Magazine Instant T n°1

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Nuits Sonores Cosplay Green guerilla Cinéma Sarkozy Mathurin Bolze Bento Destination Nîmes Musée indien Maylis de Kerangual Cuisine nippone Balcons fleuris L'INVITÉE : Yumi Karasumaru X INSTANT T Société Culture Styles N° 01  Mai - Juin 2011

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Nuits Sonores Cosplay Green guerilla Cinéma Sarkozy

Mathurin Bolze Bento Destination Nîmes Musée indien

Maylis de Kerangual Cuisine nippone Balcons fleuris

L'INVITÉE : Yumi Karasumaru

X INSTANT T

Société Culture Styles N° 01   Mai - Juin 2011

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LA CURIOSITÉ EST UNE QUALITÉPour la première fois dans l'histoire de l'humanité, ce début de 21e siècle voit la population des villes représenter la moitié de la population mondiale. Autant dire que les enjeux de la vie urbaine sont au cœur des préoccupations actuelles et à venir. La ville est tout autant territoire de libertés individuelles et de complexités collectives, de difficultés sociales et d'intensité économique, de créativité culturelle et de rapidité technologique. Face à ces enjeux, l'information prend trop souvent le parti de répondre par l'immédiateté et l'interactivité, comme si seul le présent comptait, comme si laisser toutes les paroles se diffuser suffisait. Quelle valeur peut avoir la voix d'un média, si elle ne se donne pas le choix de ses propos et du temps pour les traiter ?Avec Instant T, nous faisons le pari d'en appeler à notre curiosité pour alimenter la vôtre, à notre singularité de regard pour refléter la vôtre. Société, culture, styles : trois chapitres pour écouter, raconter, décrypter, visiter, orienter, goûter. Le tout dans un magazine qui parle d'une ville, dans ses dimensions particulières, et qui parle de la ville, avec ses multiples facettes.Nous avons choisi le Japon comme fil rouge de ce premier numéro, avec Tokyo carte blanche des Nuits Sonores, Yumi Karasumaru en artiste invitée, un reportage dans l'univers du cosplay, un gros plan sur la nourriture japonaise, dans son contenu comme dans son contenant. Avec l'actualité dramatique que connaît l'archipel nippon, nous exprimons ainsi notre solidarité pour ce pays, dans ses dimensions de vitalité et de créativité, plutôt que par des réflexes anxiogènes.

Frédéric BlacherDirecteur de la publication

Édité

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L'INVITÉE :Yumi Karasumaru

RÉALITÉ AUGMENTÉE Urbanité Guérilla jardinière en milieu urbain : activistes de natureGarden party : L’affaire du fuchsiaMarchés singuliers : tour du monde du grosActualités : Pritzker price, Confluence... Mobilité Festiv@ls d’été : organiser sa tournée sur internet Orienter Tout feu tout paille : Elsa Fontange, créatrice

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Instant T 5 place Louis Chazette 69001 LyonTél. 04 82 530 571 | Fax 04 82 530 [email protected]Édité par Comme Ulysse | SARL au capital de 5 000 euros | RCS Lyon 518 308 879

Direction de la publication et de la rédaction Frédéric Blacher | Administration et diffusion Adeline Marconnet | Rédaction Dominique Bastien, Nicolas Blondeau, Sandrine Boucher, Richard Célèbre, Audrey Hadorn, Adeline Marconnet, Sandra Moisson, Aurel Rotival, Gallia Valette-Pilenko | Direction artistique Amandine Vernay Publicité Comme Ulysse 04 82 530 571 [email protected] | Impression Imprimerie Chirat, Saint Just la Pendue

Carted'identité

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CABINET DE CURIOSITÉS Musicalités Voyages interstellaires : les Nuits Sonores 2011Actualités : les Invites, Thomas Dybdahl, Ayo / Irma, Y Salsa...Rétro : Tubes de Pérouges Projeté Sarkographie : la France se met au biopic politiqueActualités : Cannes 2011, Godard en musique... Visité La route des Indes : Indian Highway IV au MACActualités : la BD au CHRD, oui et non à l'IAC... Théâtralité Multipiste : carte blanche à Mathurin Bolze aux CélestinsActualités : Sarah Kane, le théâtre au musée... Littéralité Un pont en avant : Maylis de Kerangual on AIRBonus : Soleil couchant, prix Agostino 2011

INSOUTENABLES LÉGÈRETÉS Prêt-à-porter Cosplayer forever : un phénomène venu du JaponActualités : Chloé Revel, marché de la mode vintage, PEAH... Formalités Avec le bento, déjeuner plein pot : la boîte à mangerActualités : Gaultier, Bouroullec... Goûter Le Japon comme à la maison : plats typiques japonais à LyonActualités : terrasses de Fourvière, triathlon gourmand... Tout quitter Week-end à Nîmes : architecture, féria et bonne chère

SYNTHÉ

Prochaine parution | 15 juin 2011

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Japonentre deux rivesTexte Frédéric Blacher | Photo Yumi Karasumaru © Olivier Houg Galerie

Bien qu'expatriée en Italie, Yumi Karasumaru fait de son Japon natal le sujet d'un travail artistique où la beauté plastique révèle finement les paradoxes d'une société particulière et universelle tout à la fois.

Proximité et étrangeté. C'est l'ambivalence que l'on ressent à la vision des œuvres de Yumi Karasumaru, présentées cet hiver pour la première fois en France, chez Olivier Houg Galerie. Proximité avec un univers urbain contemporain, des rues grouillantes de monde, structurées par des gratte-ciel enchevêtrés aux enseignes publicitaires, où la frénésie d'aujourd'hui est palpable. Étrangeté de la douceur qui se dégage de ces mêmes images, par les couleurs employées, du rose bonbon au bleu azur, reliquats d'un monde encore enfantin. Qu'elle représente des vues de ville, des portraits d'adolescentes ou des poupées, Yumi Karasumaru en fait bel et bien ressortir la part d'enfance. Mais derrière la jeunesse apparemment innocente, joyeuse, insouciante, se niche l'anxiété contemporaine. Qui sont-elles ces lolitas au look savamment outré, dont le regard envoûtant provoque dans le nôtre jusqu'au malaise ? Que sont ces poupées, sinon l'allégorie d'une jeunesse encore puérile et déjà vide d'avenir ? Quel est ce monde technoïde et saturé, pastellisé comme un « shôjo » (manga pour filles) ? Issues d'un travail photographique réalisé lors de ses voyages au Japon, les œuvres de Yumi Karasumaru font l'objet d'un traitement pictural minutieux. L'artiste projette ses clichés sur la toile pour en faire ressortir à l'encre les zones d'ombre et de lumière. Chaque compartiment de l'image est rempli de couleurs. De minuscules saynètes sont ensuite dessinées, offrant au spectateur attentif une dimension supplémentaire. Comme un zoom avant/arrière permanent. Installée à Bologne, Yumi Karasumaru donne à voir son propre regard, à la fois foncièrement japonais et distancié. À la manière de l'écrivain Haruki Murakami (à ne pas confondre avec son homonyme plasticien Takashi), qui dépeint un Japon réaliste et fantastique, un pays qui sort des rails. Subtilement.

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Un art de familleMontrer l'art contemporain et pouvoir en vivre, un défi permanent pour les galeries. Souvent mal identifiées, parfois confondues avec les centres d'art, elles n'ont pas pour seule vocation la monstration des œuvres, mais bien leur commerce. C'est ce double défi qui tient au cœur de Patricia et Olivier Houg, co-directeurs d'Olivier Houg Galerie. Activistes forcenés de l'art contemporain, présents dans leur galerie comme dans les grandes foires internationales, ils montrent depuis vingt ans des travaux d'artistes pour la plupart émergents, souvent passionnants : Mathias Schmied, Tim White-Sobieski, Agnès Petri, Laurent Pernel... L'entreprise est donc familiale, avec le couple Olivier et Patricia, efficacement secondé par leur fils Romain, qui avoue en souriant que « ce n'est pas facile tous les jours ». Elle reste ancrée à Lyon, résistant aux sirènes parisiennes, parce qu'il y a encore « plein de choses à faire ici », comme le dit Patricia.

Olivier Houg Galerie 45 quai Rambaud | Lyon 2e | 04 78 42 98 50www.olivierhoug.com

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RÉALITÉ

AUGMENTÉE

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Réalité Augmentée

Texte Sandrine Boucher Photo Le rêve d’Héloïse : la friche « Superchrist » ensemencée en mars (photomontage) © Heloïse Marie

Ce sont de doux activistes qui pratiquent « l’attentat végétal » en soumettant friches urbaines, bords de parkings, recoins de terre nue à un bombardement de graines de plantes folles ou potagères. Des indices ? Ouvrez l’œil : le potiron qui colonise la plate-bande fleurie, le volubilis à l’assaut d’une façade ou ce pied de tomate qu’on nous a signalé près de la Part-Dieu…

Guérillajardinière en milieu urbain

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Urbanité

Ceux que nous avons rencontrés à Lyon s’appellent Benoît, Heloïse, Jean-Paul ou Jean-Baptiste. Quelques-uns parmi plusieurs dizaines, probablement. Certains agissent en solo, d’autres en réseau, notamment via le collectif informel Robins des graines qui a mené une première « action prairie » le 19 mars dernier, en ensemençant une friche rue Cluzan, dans le 7e. Soit une cinquantaine de personnes qui a offert des graines, étalé les lignes de compost, semé et fini par improviser une bourrée pour tasser le sol en musique. Héloïse, à l’origine de l’idée, avait un rêve tout simple, l’envie de transformer ce terrain caillouteux en prairie fleurie. « La guerilla gardening a un côté provocateur, rebelle. Oui, on s’approprie l’espace sans autorisation… pour planter des fleurs ! ». Après tout, qui le leur reprochera quand tous les discours vantent l’importance de la biodiversité, notamment végétale, pour lutter contre la pollution et les îlots de chaleur ? Benoît, membre de la même bande (plus ou moins) organisée, habité par les souvenirs du jardin de son grand-père et la fréquentation des grands auteurs, comme Pierre Rabhi, raconte son besoin de nature, des saisons, « la conscience du sol et de sa force de vie ». « Le bétonnage de la ville a créé une frustration, un besoin de retrouver la terre, d’y faire pousser quelque chose, sortir du tout minéral où on ne peut pas intervenir », analyse Evelyne Bonny, confondatrice de Brin de Guill’, qui gère le jardin d’Amaranthes. Il y aussi les solitaires. Jean-Paul, semeur depuis plusieurs années, à l’origine d’une invasion de courges près d’une Poste du 6e arrondissement, « juste pour le fun, et parce que c’est plus beau que des papiers gras ». Jean-Baptiste, auteur de ces roses trémières de trois mètres de haut, l’été dernier devant l’église Saint-Louis, qui tente la culture du topinambour sur un toit d’immeuble et avec ses enfants, disperse fleurs et légumes dans son quartier. Également membre d’un jardin collectif à Tassin, il estime nécessaire de « savoir garder une petite autonomie, notamment alimentaire » en ces temps incertains. Tout en s’émerveillant du retour si rapide des insectes et oiseaux en pleine ville, sur une glycine tout juste plantée.

Le mouvement « green guerilla » est né aux États-Unis et en Grande-Bretagne, avant de gagner l’Allemagne, la Suisse, la France : Paris, Bordeaux, Lyon... Il recouvre une grande variété de mouvements et d’actions de végétalisation urbaine : jardins collectifs (chez nous, le premier, le Vert-Luizet, a été créé dès 1998 à Villeurbanne), micro-implantations florales (Lyon 5e et 7e), et, dans une version plus « radicale », plantations sauvages, potagers de toit et lancé de bombes à graines. U

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Urbanité

L’affaire du fuchsia

L’histoire en était devenue sujette à plaisanterie. Pendant des années, ma mère s’est évertuée à tenter de faire fleurir des fuchsias sur la terrasse plombée de soleil, de la fin de matinée jusqu’aux dernier rayons du couchant. Les pauvres arbustes, qui, dans leur version sauvage, prospèrent en rideaux si hauts et si denses dans la douce et humide Irlande (si bien que l’équivalent de la DDE les passe au coupe-haies), ne survivaient pas un été dans un tel four. Capitulation en rase campagne. Aujourd’hui, la sauge de Jérusalem, qui affectionne les terres chaudes, s’y plaît. Les cactus fleurissent sans recevoir aucun soin, et rarement d'eau. Le ciste déplie ses pétales délicats. Morale de l’histoire ?À moins d’être un expert qui a vraiment beaucoup de temps libre, si vos passions vous portent à planter des espèces qui fuiraient si elles le pouvaient (ah ! le bananier déplumé au Nord de la Loire, qui gèle un hiver sur deux…), vous pourrez toujours essayer de vous battre à grand renfort de voiles d’hivernage, de systèmes d’arrosage sophistiqués, de pulvérisations diverses et variées, même bios, vous perdrez la manche ou au mieux gagnerez une bataille picrocholine qui vous donnera peu de satisfaction face à l’attention et l’effort que vous aurez déployés. Les pelouses ne sont jamais aussi belles qu’en Angleterre et les lavandes sous le soleil de Provence, quoique des jardiniers de part et d’autre de la Manche continuent à s’acharner à vouloir l’inverse… Et puis nos petites bêtes préfèrent habiter et consommer local. Comme le remarquait ce sage jardinier lyonnais : « les merles ne nichent pas dans les palmiers ».

Choisissez tout simplement des plantes faciles et

rustiques, adaptées à leur environnement. Quelques

exemples : plantes grasses et aromatiques (thym,

romarin, santolines, nepeta), au soleil et au sec, pendant qu’à l’ombre prospèreront

lierres, heuchères, fougères. Bonnes filles, il existe des variétés de graminées et

des euphorbes pour toutes les situations, sèches,

fraiches, ombre et soleil.

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Texte Sandrine Boucher

À VOIR, À FAIREExposition La ville fertile | Cité de l’architecture | Paris 16e | jusqu'au 24.07 Le marché aux plantes - 15.05 | les Bons plants - 28.05 | VilleurbanneLa place Bellecour transformée en jardin par Nature capitale | 17 > 19.06

Garden Party

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Urbanité

Marchés singuliers

Avant que le chantier de la Confluence ne fasse sortir de terre immeubles de bureau, habitations et autres centres commerciaux, le marché de gros occupait une place cardinale du sud de la Presqu’île. Quelques vestiges de cette époque subsistent, bistrots ouvriers, relais routiers et camionnettes aux pare-brises occultés.

Véritable ville dans la ville, le marché de Rungis maintient son statut de leader mondial par sa position stratégique en France et dans l'Europe. Il joue désormais la carte de l'expertise et du conseil auprès de multiples acteurs internationaux.

Deux manifestations culturelles d’ampleur, les Nuits Sonores et le Marché de la mode vintage, remettent en lumière chaque année à la même période un lieu autrefois exclusivement consacré au commerce : le marché de gros. La France a beau se targuer de posséder avec Rungis la plus grande plateforme logistique de produits frais au monde, d’autres pays possèdent des marchés aux architectures remarquables.

Installé depuis deux ans à Corbas, le marché de gros lyonnais joue la carte de l’élégance architecturale et de la qualité environnementale.

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Moins connu des touristes que celui de Ben Tranh, plus cen-tral, le marché de Binh Tay à Hô-Chi-Minh-Ville est pourtant plus important et plus authentique. On a beau être dans la plus grande ville du Vietnam, tous les vendeurs sont chinois, depuis l'origine de ce lieu de trois hectares. L'architecture rappelle que l'endroit fut un temps partie intégrante de l'Indochine française.

Déjà en déclin avant les récentes catastrophes naturelles que connaît l'Empire du Soleil levant, Tsukiji devrait encore subir le contrecoup de l'irradiation des eaux japonaises.Il est encore le plus grand marché aux poissons du monde.

Ce n'est certes pas un marché de gros mais c'est sans doute l'un des plus gros marchés ! Le Grand Bazar d'Istanbul, extraordinaire ouvrage du 15e siècle entièrement reconstruit en 1956, s'étend sur 30 hectares, regroupe plus de 4 000 échoppes et compte 18 portes ! Par ailleurs, Istanbul reçoit ce mois de mai le 27e Congrès de l'Union mondiale des marchés de gros, qui réunit les principaux acteurs du secteur.

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Urbanité

Le CAUE du Rhône propose l’exposition Paysages transformés, panorama en sept thématiques et seize projets de paysagistes de Rhône-Alpes, Auvergne, Bourgogne et Franche-Comté. Urbains, industriels ou ruraux, les sites ont fait l’objet d’une transformation physique comme sociale, d’un bouleversement de l’espace comme des regards.Paysages transformés | 17.06 > 9.07 | CAUE | Lyon 1er | www.caue69.fr

Transformations 

Voici à quoi ressemblera le Golden Tulip Lyon, hôtel 4 étoiles HQE (haute qualité environnementale) à ouvrir en septembre prochain aux abords d’Eurexpo. Une co-réalisation Cabinet Hervé Vincent / Groupe SCSP.

Luxeéco-responsable

Le chantier pharaonique de la Confluence continue à sortir de terre. La sélection de l’équipe pour l’achèvement de la place nautique est prévue pour juillet prochain. Parmi les quatre encore en lice, signalons l’attelage fort sexy des Lyonnais de Rue Royale Architectes, concepteurs du pôle Pixel de Villeurbanne et du Japonais Shigeru Ban, auteur du Centre Pompidou de Metz.

Confluenceinternationale

Équivalent du Nobel pour l’architecture, le Pritzker price 2011 est attribué au Lusitanien Eduardo Souto de Moura, concepteur du stade de Braga, construit pour l’Euro 2004 de foot, mais aussi de la Maison du Cinéma Manoel de Oliveira à Porto (photo ci-desssous). C’est la deuxième fois qu’un architecte portugais se voit attribuer la plus prestigieuse récompense de la discipline, après Alvaro Siza en 1992. Parmi les grands noms du Pritzker, citons Pei, Niemeyer, Gehry, Piano, Foster et les Français Portzamparc (concepteur du nouveau siège de la Région Rhône-Alpes) et Nouvel (dont on ne présente plus l’Opéra de Lyon).

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UtopisteUne tour plate en forme de coupole à 120 mètres de haut : voici le projet irréalisable qui vaut au jeune architecte rennais Paul-Éric Schirr-Bonnans le 2e prix du concours Evolo. Une distinction qui lui rapporte une reconnaissance internationale et... 2 000 ¤, soit dix fois moins que son investissement en temps de travail !

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Textes DB

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Mobilité

Texte Richard Célèbre

Pour être sûr de ne rien rater des festivals estivaux, mieux vaut s’organiser avant le départ, même si les applis de nos smartphones autorisent les revirements de dernière minute. Panorama des sites dédiés.

Festiv@ls d’été

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En généralLes sites d’agenda concert donnent le la avec des rubriques dédiées très complètes. Infoconcert (www.infoconcert.com) et Concertandco (www.concertandco.com) se tirent la bourre sur un même terrain et des fonctionnalités similaires. Avantage au premier, par son graphisme plus agréable et sa section « soutien ». Autres grosses machines, Leguidedesfestivals(http://leguidedesfestivals.com), pas seulement consacré à la musique et Routedesfestivals (www.routedesfestivals.com), cousin spécialisé d’Infoconcert. À éviter absolument, Europe-festivals (www.europe-festivals.com) pourtant alléchant, mais tellement mal fichu qu’il plante immanquablement l’ordinateur ! Pour les amateurs de classique, jazz et lyrique, Francefestivals (www.francefestivals.com) remplit son office tout comme les biens nommés Festivalsrock (www.festivalsrock.com) et Festivals-rock (www.festivals-rock.com) que seul un trait d’union différencie. Si l’on préfère une recherche géographique plutôt que par style, Festivals-Rhône-Alpes (www.festivals-ra.com) reste sur nos terres pendant que Ifestival (www.ifestival.fr) englobe tout le sud de l’Hexagone. Signalons enfin le communautaire FMR (www.fm-r.info), acronyme discret pour Fucking Motherfucker Rumors où les internautes se tiennent la main pour partager leurs émotions de festivaliers.

En particulierUn petit tour sur le site de cinq des festivals les plus excitants d’Europe donne la tendance : Arctic Monkeys, Arcade Fire, The Strokes et Chemical Brothers sont omniprésents quand certains prennent le risque d’annoncer Amy Winehouse ! Hors programmation, chacun essaie de se distinguer en matière de service, d’interactivité ou de marketing. Côté hébergement, les Eurockéennes de Belfort (www.eurockeennes.fr) jouent la carte « tipique » avec location de tentes d’Indiens (40 ¤ par tête pour trois jours en tipi partagé, effluves de poney incluses). D’autres mettent l’accent sur « l’éco-citoyenneté » : les bretonnes Vieilles Charrues (www.vieillescharrues.asso.fr) en dix onglets et un topo complet sur la question, l’espagnol Benicassim(http://fiberfib.com) en deux parties sur la responsabilité environnementale et la responsabilité sociale en association chaque année avec une ONG. Changement complet d’ambiance avec nos voisins helvètes du Paléo Festival de Nyon(http://yeah.paleo.ch/fr) qui affichent dès la page d’accueil un onglet merchandising menant à un site marchand sur lequel on peut s’offrir des tee-shirts à 20 francs suisses (environ 15 ¤) ! Pour finir, un petit tour en Hongrie, plus précisément à Obuda, une île du Danube au cœur de Budapest où a lieu chaque été le Sziget festival (www.szigetfestival.fr). L’occasion de découvrir la capitale magyare en profitant des packages avion (399 ¤ avec EasyJet au départ de Paris) ou bus (environ 450 ¤ avec Voyagenbus au départ de Lyon) que propose le site du festival.

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Tout feu tout pailleTexte Audrey Hadorn | Photo A. Leplatre

Chapeaux et accessoires de mode peuplent l’univers d’Elsa Fontange. Cette jeune créatrice participe à la 15e édition du Salon ID d’Art qui se déroule en mai. Rencontre.

Dans la rue étroite du Palais Grillet au cœur du 2e arrondissement, Elsa Fontange crée. Niché au premier étage d’un immeuble ancien, son tout petit atelier semble hors du temps. Canapés de velours, tapis anciens, miroirs aux cadres dorés, machine à coudre, et bien sûr les créations - chapeaux, bijoux, accessoires de modes - trônent sur de jolis meubles en bois, Elsa s’est entourée de douceur avec goût ! « Mon atelier est finalement assez bien placé, à côté du Printemps. De plus j’ai du passage grâce aux visites shopping organisées à Lyon », confie-t-elle. Voilà un an tout juste que la jeune femme a décidé de voler de ses propres ailes en fondant sa marque elsafontange. Sa notoriété, elle l’acquiert doucement, au fil des mois, grâce à Internet et aux salons auxquels elle participe. « Mon premier salon était ID d’Art, l’année dernière, les responsables m’ont fait confiance alors que je n’avais encore rien… Je leur dois beaucoup car ça a vraiment bien marché tout de suite ! », explique-t-elle. Dans l’univers d’Elsa Fontange, le rétro et le vintage trouvent une place majeure mais sa formation de costumière du spectacle, de chapelière (avec sept ans d’expérience dans le domaine tout de même) et son passage aux

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Orienter

Beaux-arts ont parfait sa créativité et sa fantaisie. Elsa a un monde bien à elle, ne ressemblant à nul autre, tout en étant portable de 7 à 77 ans même pour les petits budgets. Chapeaux, manchettes, cols, cravates, dentelles, plumes, voiles, voilettes, soie, paille, feutre, fourrure, lainage, tissus vintage… « J’aime jouer sur l’ambiguïté entre le masculin et le féminin », précise-t-elle. Les cravates pour femme en témoignent. Ainsi que toutes ses pièces qui fuient le « girly » au profit de l’élégance et un certain décalage entre la forme et les matières. Une pièce originale attire le regard dans son atelier, une crête en crin et voilette. Un sublime ouvrage qu’Elsa imagine aussi bien sur les femmes que sur les hommes. Du punk aux années 20 en passant par les costumes de théâtre, la créatrice puise dans son imaginaire débordant ainsi que dans « les vieux films en noir et blanc ». Sa marque elsafontange est assurément à suivre tant elle se distingue par son originalité et la beauté des pièces proposées desquelles émanent une poésie douce et une sensualité naïve.www.elsafontange.fr

Des créateurs venus de la France entière se retrouvent au salon ID d’Art, véritable vivier de créateurs. Art, déco, mode et design s’exposent pendant trois jours du 27 au 29 mai à l’Embarcadère, Lyon 2e. L’occasion de décou-vrir artistes et créateurs et d’avoir le plaisir de s’emparer de pièces uniques, un luxe abordable miraculeux à l’heure d’une mondialisation effrénée. Le Salon ID d’Art a lieu trois fois par an (deux fois à Lyon et une à Annecy).www.id-dart.com

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CABINET

DE CURIOSITÉS

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Musicalités

Voyages interstellairesTexte Aurel Rotival

C’est reparti pour un tour. Cinq nuits (et jours, on ne sait plus trop) de vibrations urbaines, d’effervescence électronique et d’insomnies festives. Au Marché Gare pour la toute dernière fois, dans une programmation éclectique, quantitative mais qualitative, trois scènes méritent une attention particulière.

Le mercredi, c’est devant la scène 2 qu’il faut se rendre, pour un voyage dans le temps sur des terres arides dans lesquelles les musiques électroniques ont pourtant germé parfois. On commence notre périple au tout début des années 60, avec la venue des légendaires Sonics. En 1964, leur premier album et ses sons caverneux, garage et encrassés, ses morceaux sur le surf, la jeunesse et les filles fait d’eux le tout premier groupe de punk au monde. Une influence sans doute revendiquée par Blank Dogs, projet expérimental du mystérieux Mike Sniper de Brooklyn, qui oscille entre mélodies romantiques, rythmiques robotiques et synthés atmosphériques. Des balbutiements du garage aux fantômes du post-punk, ou l’hommage de l’électro à un genre qui l’a souvent inspirée. Vendredi, on conseille une excursion sur la scène 1, où se produit le newcomer Nicolas Jaar, véritable sensation de

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ce début de décennie. Du haut de ses vingt ans, le prodige new-yorkais peut se targuer d’avoir retourné les sphères consensuelles de la planète électronique, à coups de rythmiques lancinantes, de voix improbables et de sensualité infectieuse lovée dans chaque micropulsation. Un groove éthéré mais irrésistible qui emprunte autant au jazz de Jarrett qu’au trip-hop de Massive Attack ou aux ballades pianotées de Satie. Son minimalisme hypnotique se confronte ce soir-là à la techno ambiante noire et presque pop de Matthew Dear, aux expérimentations minimales et contemporaines d’Arandel et au psychédélisme chaleureux et illuminé de Caribou. Samedi, pour finir en beauté avant d’aller se reposer aux Jardins de la Visitation, il faut partir vers la scène 3, pèlerinage obligé et rafraîchissant au pays du dubstep londonien. Joy Orbison y apporte sa fougue dansante, ses atmosphères house et ses rythmiques torrides. Un microclimat fait de basses ondoyantes et d’ambiances réchauffées, qui peut à cette occasion très vite tourner au brouillard grâce aux vibrations fluctuantes et contemplatives de Mount Kimbie, puis à la tempête tropicale avec les ondulations tribales et démoniaques du gourou Shackleton. Du dubstep dancefloor, désenchanté ou vaudou, tout l’éventail de ce genre protéiforme qui réveillait la techno il n’y a pas si longtemps.

Cette année, ce sont des hordes de musiciens, artistes et performeurs japonais qui envahissent le Musée d’art contemporain et le programme de la Carte Blanche. Entre les performances de Doravideo (batteur et VJ, le tout en même temps !) et OOIOO, le groupe de la batteuse des excentriques Boredoms, on note entre autres les projections de trois films de Mamoru Oshii, créateur du manga cyberpunk Ghost in the Shell, et d’un documentaire sur le cinéaste Takeshi Kitano.

TOKYO HITS

Nuits Sonores | 1er > 5.06 | www.nuits-sonores.com

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Musicalités

Hits classiquesDes deux frangins Capuçon, il reste le plus célèbre, non seulement en tant qu'aîné mais parce que dans le privé, il est l'époux d'une célèbre journaliste télé au nom de bagnole. Renaud et son violon sont donc à Lyon le dernier week-end de mai pour trois concerts de musique française fin XIXe - début XXe, autour de Lalo (Symphonie espagnole), Debussy (Suite bergamasque) et Ravel (Rapsodie espagnole et l'inoxydable Boléro).

Renaud Capuçon | 26, 28 et 29.05 | Auditorium de Lyon | www.onl.fr

Grand nordDélicate et aérienne, la musique du Norvégien Thomas Dybdahl alterne entre folk américain et sonorités jazzy. Chanteur du supergroupe The National Bank formé avec des membres de Jaga Jazzist et de Bigbang, il n'est jamais meilleur qu'en solo où sa voix cristalline posée sur des orfèvreries pop le rapproche de Nick Drake ou Tim Buckley.

Thomas Dybdahl25.05 - 20h30 Épicerie Moderne - Feyzinwww.epiceriemoderne.com

Guerre froideLes Californiens de Cold War Kids, hybridation de White Stripes et de U2, passent en-flammer le Transbo avec leur dernier opus Mine is yours sous le bras, album 2011 taillé pour les stades.

Cold War Kids | 11.05 - 20h30Transbordeur | Villeurbannewww.transbordeur.com

Textes RC et DB

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Success story

Influences

Sex appeal

Née à Cologne d'un père nigérian et d'une mère roumaine, Ayo découvre le violon à 10 ans et la guitare à 14. Exilée à Londres, Paris, puis New York, elle a un fils avec son compatriote reggae Patrice. Joyful, son premier opus, et le tube Down on my knees, la catapultent illico au sommet des charts.

Fela est son premier amour musical avant qu'Ayo soit comparée à Tracy Chapman. Son dernier disque Billie-Eve a été réalisé avec l'incontournable -M-, ainsi que Saul Williams et la bassiste de Bowie, Gail Ann Dorsey.

Du haut de ses 31 ans, elle fait déjà figure de doyenne sur une scène musicale friande de jeunesse extrême. Sa grâce féline et son timbre suave lui garantissent encore quelques belles années à nous charmer.

Ayo | 19.05 - 19h | Irma | 26.05 - 19h Transbordeur | Villeurbanne | www.transbordeur.com

COMPARATIF PRODUIT

Irma est née au Cameroun où elle apprend le piano dès l'âge de 7 ans. Installée en France à l'adolescence, elle poste ses chansons sur mymajorcompany, le site à qui l'on doit les épouvantables Grégoire et Joyce Jonathan. Les 70 000¤ nécessaires à la production de son premier album sont récoltés en deux jours.

Du haut de ses vingt ans, elle revendique autant des influences de musique black entre Lauryn Hill (ex-Fugees), Jackson 5 et Ben Harper que rock-folk comme Cat Power ou Eric Clapton.

Irma n'a que 20 ans et joue pour l'instant sur un naturel limite baba-cool (chemise à carreaux + guitare en bandoulière) associé à une spontanéité scénique remarquable pour une gamine hier encore inconnue.

Ayo ¦ Irma

Avenir communDevraient pouvoir passer leurs vacances ensemble cette année et chanter en duo avant 2020.

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Musicalités

L'invite du 18 juinLe « festival pas pareil » marque le coup de sa 10e édition en offrant quatre jours durant, pas moins de 18 créations dans l'espace public. Celle des Lucie Lom (La forêt suspendue à Lille en 2004) est très attendue, tout comme la jonction entre KomplexKapharnaum et High Tone, pour un concert déambulatoire sur 4 kms de scène ! Dans une programmation musicale qui, à l'exception des Têtes Raides, privilégie désormais l'émergence (inflation du tarif des vedettes oblige), le hip hop soul de Blitz the Ambassador côtoie la pop anglophone de Quadricolor et le blues électro de The Legendary Tigerman. Deux affiches afro mettent l'eau à la bouche et des vibrations plein le corps : le phénomène Staff Benda Bilili, magistral pied de nez au handicap, et Getatchew Mekuria, mythique sax éthiopien, accompagné de The Ex. Le tout gratuitement !

Les Invites | 15 > 18.06 | Villeurbanne | www.invites.villeurbanne.fr

MetrofunkyMetronomy, le groupe electro minimaliste, change de personnel en passant de trio à quatuor (avec l'arrivée de Gbenga Adelekan aux claviers et d'Anna Prior à la batterie) et réchauffe sa formule inspirée de Kraftwerk ou Aphex Twin en ajoutant du funk dans son dernier album, The English Riviera. Parfait pour la plage.Metronomy | 24.05 - 19h30 Salle du Kao | Lyon 7e

www.ninkasi.fr

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Carré d'orUne fois n'est pas coutume, l'envie nous prend de citer Enrico Macias : « Les gens du Nord ont dans le cœur le soleil qu'ils n'ont pas dehors ». Ils ont aussi le Main Square Festival qui se déroule depuis l'an dernier dans la Citadelle d'Arras, monument de Vauban classé au Patrimoine mondial de l'Unesco. Monumentale est la programmation de cette année, avec entre autres Chemical Brothers, Arcade Fire, Underworld, Portishead, Moby, Coldplay, PJ Harvey, nos chouchous de The National, mais aussi Linkin Park, Limp Bizkit et Cold War Kids. Le tout en trois jours et sur deux scènes. Pour y aller, la formule bus + pass 3 jours + camping reste la plus accessible (à partir de 259¤ avec Voyage en bus).

Main Square Festival | 1er > 3.07 | Citadelle d’Arras | www.mainsquarefestival.fr

Hasta la salsa siempreAprès l'île Barbe et son parfum de plage cubaine, après la Confluence l'an dernier pour une version gratuite et (trop) grand public, le festival Y Salsa fait face à la désaffection financière des pouvoirs publics en investissant le Transbordeur. Deux soirées au bon goût de piment doux avec Yuri Buenaventura et les seize membres de Manolito Y Su Trabuco. De la danse, de la fête et de la vraie musique !

Y Salsa | 24 et 25.06 | 20h > 5h Transbordeur | Villeurbannewww.y-salsa.com

Japanese jazzLes festivals lyonnais se mettent décidément à l'heure japonaise. Avant les Nuits Sonores, c'est le Hot Club Jazz Festival qui donne à entendre un son nippon avec Ryoko Trio, emmené par la pia-niste prodige Ryoko Nuruki, dont l'apparente fragilité s'estompe au clavier en un world-jazz furieux, dans la lignée d'Ahmad Jamal.

Ryoko Trio (Hot Club Jazz Festival) | 11.05 - 21h | Hot Club | Lyon 1er

http://hotclubdelyon.org

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Rétro 38

Musicalités

Tubes dePérougesTexte Richard Célèbre

Pour sa quinzième édition, le Printemps de Pérouges propose le best of d'un cocktail à succès : une base de lieux insolites, un zeste de musique classique et une bonne dose de chanteurs de variétés. Avec la nostalgie comme ingrédient gagnant ?

Totalement personnifié par sa directrice-fondatrice Marie Rigaud-Bernolin, le Printemps de Pérouges fut dans son jeune âge un festival de musique savante, jouée dans la magnifique église-forteresse du village médiéval de Pérouges. Pour pouvoir grandir et séduire les financeurs privés (80 % de son budget), il est devenu une redoutable cuisine show biz, essentiellement basée sur la nostalgie qui sommeille en chacun de nous.Liste des ingrédients.Réhabiliter quelques météores du passéReconnaissons qu'on n'a guère suivi la carrière de Nilda Fernandez depuis Nos fiançailles (déjà vingt ans !), que le nom de Dany Brillant continue à nous rappeler Suzette et que Chico et les Gypsies n'ont jamais réédité l'exploit de leurs prédécesseurs avec Djobi djoba.En appeler aux grands anciensAprès Nougaro, Delpech, Fugain ou Higelin, c'est le tour de Jonasz, estimable chanteur jazzy un peu oublié, et de Sheller, grand compositeur « symphoman » dont on a beaucoup aimé les concerts solo. Sauf que là encore ça remonte à 1991...Convier des seconds couteaux internationauxÀ défaut de Prince, on a droit à Bobby Mc Ferrin (Don't worry be happy) ou à Al Jarreau l'an dernier. Dans les deux cas, c'est propre, plaisant et sans aspérités.Ressusciter les mortsBon d'accord, aucun des quatre membres du groupe n'est décédé et il paraît que trois millions de leurs albums s'écoulent encore chaque année, mais quand même, Abba a splitté en... 1982 ! Depuis, des producteurs malins entretiennent le mythe avec divers ersatz de la machine à tube suédoise. Pour clore cette quinzième édition du Printemps de Pérouges, c'est Abba Génération qui s'y colle. On est prêt à parier que des milliers de têtes plus ou moins jeunes oscilleront gaiement sur Waterloo et autres Fernando. Sous les yeux comblés de la Dancing queen de Pérouges, Marie Rigaud-Bernolin.

Printemps de Pérougeswww.festival-perouges.org

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Tubes dePérouges

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Projeté

Texte Dominique Bastien | Photo La Conquête © Gaumont

À un an de la prochaine élection présidentielle, un film français de fiction s’attaque à l’accession au pouvoir de notre actuel Président. La Conquête est une première dans un genre cinématographique peu prisé sur nos terres : le biopic politique.

Xavier Durringer est un cas à part dans la « grande famille » du cinéma. D’ailleurs peut-on dire qu’il en fasse réellement partie ? Les amateurs de théâtre le savent bien, il est avant tout dramaturge, auteur d’une quinzaine de pièces qu’il met lui-même en scène. Sa filmographie débute en 1993 par La Nage indienne, avec la jeune Karin Viard, s’amplifie quatre ans plus tard avec J’irai au paradis car l’enfer est ici, un splendide polar scorsesien et habité. On pense alors tenir le metteur en scène d’un genre qui à l’époque manquait d’âme. Sauf que Durringer prend tout le monde à contrepied en allant tourner en Amérique du Sud, Les oreilles sur le dos, téléfilm d’aventures sur fond de coup d’état et dont le coup d’éclat reste la présence incandescente de Béatrice Dalle. Nouveau virage en 2004 avec Chok Dee qui met en scène Bernard Giraudeau face à l’ex champion du monde de boxe thaï Dida dans une histoire inspirée de la vie de celui-ci. Le film, mélange de parcours initiatique et d’arts martiaux, fait un four. Sept ans après, voici donc Durringer attendu au tournant avec La Conquête, récit de l’accession au pouvoir de notre actuel Président. Une expérience inédite en France et rare au-delà. Le biopic politique est un

Sarkographie

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genre qu’a beaucoup pratiqué Oliver Stone avec la délicatesse pachydermique qu’on lui connaît (Nixon, JFK) et même son W est sorti dans les salles à l’issue du mandat de Bush junior, lorsque nulles représailles n’étaient plus possibles. En Italie, Paolo Sorrentino démonte la machine démocrate-chrétienne et le système Andreotti dans Il Divo, mais là encore après la chute du vieux Giulio. Quant à Nanni Moretti, s’il incarne dans Le Caïman son propre ennemi Berlusconi, c’est plus comme pamphlétaire que comme biographe. La Conquête sera-t-il donc un jalon de la politique au cinéma, critique argumentée d’un système et de son incarnation, ou tombera-t-il comme un soufflet, à force de ne pouvoir exprimer librement son point de vue ? Restera toujours l’étrange plaisir de voir s'incarner quelques figures bien vaillantes de notre actualité par des acteurs connus : Denis Podalydès en Sarkozy, Hippolyte Girardot en Claude Guéant ou Bernard Le Coq en Chirac.

Rares sont les tentatives de biographies filmées de nos gouvernants. De Gaulle apparaît bien dans quelques téléfilms mais on est là davantage du côté de l’hagiographie. Il faut attendre le jeune Giscard pour voir un (futur) Président commander un documentaire à Raymond Depardon sur sa campagne électorale. Une fois élu, VGE n’aura de cesse de l’interdire jusqu’à ce qu’en 2002 le film 50,81%, rebaptisé 1974, une partie de campagne soit enfin visible. Côté fiction, seul Le promeneur du Champ de Mars, de Robert Guédiguian, peut se prévaloir d’un regard acide et tendre sur Mitterrand. Mais le film parle du crépuscule de l’homme plutôt que de sa quête de pouvoir et sort dix ans après la mort de son sujet.

LES PRÉCÉDENTS FRANÇAIS

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Projeté

Cannes in,Cannes aïe !

Tapis rouge, montées des marches et brochette de stars, c'est Cannes ! Passons sur la livraison annuelle de Woody Allen (Midnight in Paris), dont la bande-annonce laisse entrevoir une enfilade de clichés sur la France et dont la question essentielle reste le temps à l'écran de notre première dame. Les grosses sorties américaines de cette 64e édition cannoise sont le très attendu dernier opus du mystérieux Terrence Malick The tree of life avec Sean Penn et Brad Pitt, ainsi que le premier film de Jodie Foster comme réalisatrice Le complexe du castor, présenté hors compétition. Les habitués de Cannes sont là : Almodóvar, les Dardenne, Moretti, Kaurismäki, Lars Von Trier... Autre Danois, Nicolas Winding Refn (Pusher, Le guerrier silencieux) devrait faire sensation avec Drive, tout comme le Japonais Takashi Miike, réalisateur d'Audition, en compétition cette année avec Hara-Kiri, mort d'un samouraï.

Festival de Cannes | 11 > 22.05 | www.festival-cannes.fr

Textes AM et DB

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Le son de cinémaIl resterait donc encore des choses à dire sur Jean-Luc Godard en tant que cinéaste. Le parti pris par Louis-Albert Serrut rappelle que le cinéma n'est pas qu'un art visuel, mais aussi sonore. La matière godardienne se prête volontiers à l'exercice, avec ses combinaisons de voix humaine, de musique et de bruits, à chaque film densifiées. Le livre de Serrut offre l'occasion d'une expérience inédite, celle de vivre les films de Godard sans les voir, uniquement en les écoutant.

Jean-Luc Godard, cinéaste acousticien | Louis-Albert Serrut | L’Harmattan 43,50 ¤

Kubrick by brickDouze ans après sa mort, Stanley Kubrick est toujours là. En ce printemps, on peut même dire qu'il est omniprésent. Pendant que la Cinémathèque française lui consacre une exposition jusqu'au 31 juillet, initiative justifiée par la plasticité et l'intérêt d'analyse de ses obsessions filmiques, l'Institut Lumière emboîte le pas avec une rétrospective qui donne notamment l'occasion de voir la version longue de Shining, pendant que l'intégrale du maître sort en Bluray ce mois de mai quelques semaines après la version DVD.

Rétrospective Kubrick | jusqu’au 5.06 | Institut Lumière | Lyon 8e | www.institut-lumiere.orgStanley Kubrick, l’exposition | jusqu’au 31.07 | Cinémathèque française | Paris 12e | www.cinematheque.fr Intégrale Kubrick | Warner

Course d'animationQuand le cinéma d'animation tombe le masque et se dévoile au grand public, le hors champ prend le devant de la scène. Infiltrés en coulisses, les spectateurs peuvent assister aux projections des making of. Ce temps fort propose de voir « Entre les images » de l'idée initiale à la réalisation, en immersion totale. La succession des projections permet de ne pas perdre le fil de cette course à l'image animée et de faire le point sur les tendances du film d'animation. Les États-Unis sont les invités d'honneur de cette édition.

Festival international du film d'animation | 6 > 11.06 | Annecy 04 50 10 09 00www.annecy.org

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Visité

La route des IndesTexte : Gallia Valette-Pilenko

Malicieusement baptisée Indian Highway IV, l'exposition road-movie proposée par le MAC est une sorte de work in progress qui s’enrichit au fil de ses pérégrinations. Le projet de Julia Peyton-Johns, Hans Ulrich Olbrist et Gunnar B. Kvaran pour la Serpentine Gallery de Londres, s’est arrêtée à Oslo et Herning, continue son périple après Lyon dans cinq villes et se conclut à Delhi, logiquement.

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Voici un fort panorama de l’art indien d’aujourd’hui, qui rassemble 31 artistes, des moins connus aux plus cotés sur la scène internationale. Au premier rang desquels Subodh Gupta, figure majeure de l’art en Inde, avec deux installations, dont une très spectaculaire mais plutôt bavarde de 25 mètres de long, au titre sonnant comme une injonction Take off your shoes and wash your hands. L'occasion est belle de découvrir des artistes au langage étonnant, qui balancent souvent entre tradition et modernité. Sur 2000 m2 et deux étages, tous les supports sont utilisés, de la photographie grand format à l’installation, de la peinture à la sculpture, du minuscule au monumental : impossible de ne pas trouver une œuvre « trippante ». Dès la première salle, un cœur gigantesque accueille le visiteur, intitulé An absence of assignable cause. Il est de Bharti Kher, tout comme l’étrange sculpture-créature installée devant l’entrée du musée. Née à Londres et revenue au pays, elle explore l’évolution de la féminité en Inde, mais aussi les thèmes de l’exil, de l’immigration, des frontières. Autre artiste étonnante, Sumakshi Singh, qui colonise les espaces vides, les interstices, les mini fractures. Au premier abord, on entre dans une salle vide, comme après le décrochage d’une expo. En réalité, à mieux regarder, on découvre des micro mondes poétiques dans les fissures, chromos de l’Inde ou minuscules sculptures de champignons colorés ou de végétation imaginaire. On ne peut que constater la vitalité de l’art indien, avec la présence importante des femmes dans cette exposition (presque la moitié des artistes invités) qui donnent à voir des œuvres sensibles et réflexives, aux préoccupations universelles.

Alors que les artistes européens sont obligés d’aller draguer dans le monde entier, les créateurs indiens peuvent compter sur leur marché intérieur. D’un pays de la taille d’un continent, ils peuvent attendre que les acquéreurs soient du cru, d’autant que le pays est en pleine explosion économique. Même si les acheteurs occidentaux n’ont pas tardé à s’apercevoir de la richesse des œuvres d'artistes du sous-continent. Il faut savoir qu’en Inde, il y a très peu de musées publics (ou de musées tout court), ni de structures institutionnelles. En revanche, le circuit des galeries est plutôt développé tandis que les artistes indiens organisent des projets en réseau, se regroupent en collectifs et qu’il existe quelques lieux qui accueillent de jeunes créateurs en résidence.

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Hema Upadhyay8 Feet x 12 Feet, 2009

Courtesy Chemould Prescott Road, Bombay © Blaise Adilon

Indian Highway IV | jusqu’au 31.07 | Musée d'art contemporainLyon 6e | 04 72 69 17 17 | www.mac-lyon.com

Bharti KherCholeric, Phlegmatic, Melancholy, Sanguine, 2009-2010+ An Absence of Assignable Cause, 2007Courtesy Hauser & Wirth, Zürich et Londres © Blaise Adilon

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Visité

Lauréats du Prix HSBC de la photographie, Alinka Echeverria et Xiao Zhang apparaissent comme une cerise sur le gâteau... d'anniversaire du Réverbère. Trente ans déjà, que Jacques Damez et Catherine Dérioz, en pionnier de la rue Burdeau œuvrent sur les pentes de la Croix-Rousse, et bien au delà, à la diffusion d'une esthétique qu'ils affûtent et affinent au fil du temps.

Lauréats 2011 | 18.05 > 23.07 | Galerie Le Réverbère | Lyon 1er 04 72 00 06 72 | www.galerielereverbere.com

Des bougies pour le Réverbère

L'oxymore du titre donne le la à cette exposition. Autour d'un paradoxe assumé non sans humour, une vingtaine d'artistes questionne notre rapport au temps et à l'espace contemporain. Les repères sont dynamités dans une époque où l'information s'accélère, s'accumule et se chevauche. L'exposition agit comme un arrêt sur image pour réfléchir et infléchir le cours des choses avec dérision.

Yes, we don’t | 20.05 > 14.08 | Institut d'art contemporain | Villeurbanne | 04 78 03 47 00 | www.i-art-c.org

Oui, mais non

Pour Walter Benjamin aucune autre issue que celle de l'exil. La perte de l'aura en filigrane, en ligne d'horizon. Mais y a-t-il une deuxième chance à la fin de cette évasion contrainte, une vie après la fuite ? Berlin : 1933 – Portbou : 1940. Les 36 clichés proposés par Arno Gisinger donnent la parole à Benjamin. En écho, les citations empruntées à la correspondance du philosophe allemand fournissent titres et âme à ces lieux parcourus à la recherche d'un autre ailleurs.

Konstellation Benjamin | 18.05 > 22.07 | Le Bleu du Ciel | Lyon 1er | 04 72 07 84 31 | www.lebleuduciel.net

Lignes de fuite

L'imaginaire des nuits orientales mille et une fois fantasmé teinte les yeux des Occidentaux d'un bleu profond à partir du 19e siècle. Cette découverte de l'art de l'Islam s'impose comme une persistance ré-tinienne auprès des artistes du moment. Une ouver-ture fascinante pour des avant-gardistes en quête de cultures visuelles nouvelles.

Le génie de l’Orient - l’Europe moderne et les arts de l’Islam Jusqu’au 4.07Musée des Beaux-Arts | Lyon 1er | 04 72 10 17 40 | www.mba-lyon.fr

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Liban résistant et captivant, ce minuscule pays glisse entre les doigts de celui qui souhaiterait le comprendre. Franck Boutonnet et Philippe Somnolet n'ont pas pour autant fait marche arrière devant un peuple fait de paradoxes et contradictions. Ils l'ont côtoyé, parcouru et s'y sont attaché dans un « Je t'aime moi non plus » de 2005 à aujourd'hui. Respectivement photographe et anthropologue, ils proposent un regard croisé sur cette contradiction énervante et attirante, comme le reflet de la complexité d'une terre écorchée vive.

Mon Liban | jusqu’au 28.05 | Atelier Item | Lyon 1er | 04 78 60 07 45www.collectifitem.com

Terre de contrastes

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Visité

De vignettes en vignettes, de l'illustré jeunesse crayonné au sortir de la guerre au manga pixelisé d'aujourd'hui, l'imaginaire de la résistance parcourt le temps sans souffrir d'oubli et de désuétude. Le héros du maquis est à l'honneur de cette exposition où le CHRD et le Musée de la Résistance national montrent la pérennité de cette mémoire dans le 9e art. De la clandestinité à l'imaginaire collectif, il n'y aurait donc qu'une page ?

Traits résistants | jusqu’au 18.09 | Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation | Lyon 7e | 04 78 72 23 11www.chrd.lyon.fr

Résistance en cases

La folie d'un festivalEntre autres décrite par Érasme, peinte par Théodore Géricault et vécue par Van Gogh (ou plutôt subie par son oreille), la folie est à l'honneur de cette première édition du Festival de l'histoire de l'art. De l'artiste fou à la folie du monde, de l'art pictural aux montages vidéos, ces trois jours tentent de raisonner ce désordre psychique. Chercheurs et grand public se rencontrent autour de tables rondes faisant l'état des lieux du marché de l'art et des dernières avancées d'une discipline mise pour l'occasion à la portée de tous.

Festival de l'histoire de l'art | 27 > 29.05 | Fontainebleau | http://festivaldelhistoiredelart.com

Course de fondParce que les samedis d'Adele se sont rapidement révélés trop courts pour satisfaire la curiosité des nombreux visiteurs, les acteurs de la dif-fusion de l'art contemporain à Lyon prolongent le plaisir tout au long d'un week-end. À pied ou en Segway, cinq par-cours sont mis en place pour partir à la découverte de ces lieux où la création s'expose. Pour ne pas prendre des allures de marathon, ces deux jours sont ponctués de temps de rencontre et d'échange autour d'un verre ou d'un pique-nique. Crapahuter der-rière l'art contemporain sans s'essouffler, c'est bon pour le corps et pour l'esprit !

Week-end Adele | 28 et 29.05 | Grand Lyon | 04 72 07 84 31www.adele-lyon.fr

Charnelle et mentale à la fois, l'œuvre qu'Anish Kapoor réalise pour cette exposition au Grand Palais s'impose sans mal dans ces 13 500 m² de verrière. Cette sculpture de cire est libre et autonome. Elle naît d'elle-même, de sa puissance en se construisant jour après jour dans un espace gorgé de lumière. Un accouchement formel d'un rouge profond qui amplifie la petitesse du visiteur dans cette confrontation de proportions.

Monumenta 2011 : Anish Kapoor - Leviathan | 11.05 > 23.06Le Grand Palais | Paris | www.monumenta.com

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Théâtralité

MultipisteTexte Gallia Valette-Pilenko

Mathurin Bolze fait partie de nos chouchous depuis longtemps, depuis sa première pièce, Fenêtres. Il est en passe de devenir la coqueluche du spectacle vivant même si son projet pour le CCN de Rillieux-la-Pape n’a pas été retenu. Après Cherbourg, le voici invité à réaliser une carte blanche au Théâtre des Célestins.Le temple du théâtre s’ouvre à la famille circassienne. Pendant deux semaines, Mathurin Bolze et ses invités s'emparent du théâtre pour le transformer, le magnifier, le chambouler. La tête à l’envers et les mains sur le sol, les artistes investissent le lieu autrement, se l’approprient tout en gardant un respect pour des outils destinés au théâtre. « Ça a un vrai sens d’occuper les espaces en en bousculant les usages » explique Mathurin Bolze. Mettre à nu le théâtre pour qu’il devienne un espace d’invention et de surprises. Ainsi, la soirée d’ouverture, avec son programme surprise, promet de créer la rencontre entre les artistes et les spectateurs, pour que chacun ne reste pas figé dans sa posture. Des temps de discussions sont instaurés, les Pourparlers, chaque jeudi pour échanger, débattre et réfléchir. « Sortir du cadre de la distraction pour engager une réflexion » telle est la gageure, l’utopie !

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Auparavant, ont lieu les Impromptus / in situ avec les musiciens-improvisateurs Jean-Pierre Drouet et Louis Sclavis, une soirée créée pour l’occasion. Du goudron et des plumes est repris, c'est la bonne nouvelle pour ceux qui l’auraient raté à sa création, tout comme la venue de Transport Exceptionnels de Dominique Boivin, le ludion de la danse d’aujourd’hui. Jean-Baptiste André présente la dernière étape de son projet en cours, Modules, des formes courtes et indépendantes guidées par une problématique commune tandis que Jérôme Thomas jongle avec les notes de Roland Auzet. « Les spectacles se renvoient la balle » tout comme « les parcours des uns et des autres peuvent renvoyer à des expériences communes ». Mathurin Bolze tisse des passerelles entre anciens et nouveaux, entre danse et cirque. L’art aujourd’hui n’est-il pas irréductible aux cases dans lesquelles on voudrait ranger les artistes ? Faire bouger les lignes, est-ce être utopiste ? À vérifier dare dare avec UtoPistes...

UtoPistes | 09 > 22.05 | Les Célestins Théâtre de Lyon | Lyon 2e

04 72 77 40 00 | www.celestins-lyon.org

Le « nouveau cirque » s’immisce un peu partout. Sur les places, sous des chapiteaux (jusque là, rien d’exceptionnel), dans les centres culturels, dans les festivals, à la Maison de la Danse et maintenant au théâtre. Mais qu’est-ce qui fait courir le public vers ces circassiens nouvelle génération (même si on ne peut plus vraiment parler de « nouveau cirque », le mouvement étant né il y a déjà vingt ans) ? Le goût des sensations fortes ? La rencontre avec des univers singuliers ? Une poésie de l’espace ? Un peu tout ça à la fois. Mathurin Bolze donne sa réponse en quelques mots. « Rencontrer un foisonnement, la singularité et l’en-commun. Donner à penser, à rêver. Se retrouver autour des valeurs portées par le cirque, en dehors d’esthétiques pré-établies.Et faire avancer une question plus vaste et globale que l’homme ».

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Deux hommes jonglaient dans leur tête © Julien Piffaut

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Théatralité

Orphée féériqueMontré dans toute son ambivalence, le mythe d'Orphée est tour à tour trimballé de contradictions en complémentarités. Un spectacle visuel où le hip-hop sautille sur de la musique baroque, où la puissance d'un échassier consolide la fragilité d'un breaker unijambiste. Féline et frivole, l'insouciance d'Orphée écrit les partitions d'une chorégraphie loufoque qui interagit entre la projection vidéo et la présence physique de danseurs, chanteurs, musiciens et circassiens.

Orphée (Titre provisoire) | 18 > 27.05 | Maison de la Danse Lyon 8e | 04 72 78 18 00 | www.maisondeladanse.com

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Fin de partieSarah Kane, en dramaturge tourmentée, crie en un poème noir le manque d'amour à en crever. Dans un enchainement abstrait, les quatre personnages échangent et se croisent plus qu'ils ne dialoguent. Une résignation douloureuse que Simon Delétang met en scène par l'absurde. Le spectacle de cette violence clôture la saison du Théâtre les Ateliers, les Européennes initialement programmées en juin étant repoussées à la saison prochaine.

Manque | 10 > 20.05 | Théatre Les Ateliers | Lyon 2e

04 78 37 46 30 | www.theatrelesateliers-lyon.com

TousaumuséeAu risque de faire mentir le Carbone 14, les 25 siècles qui nous séparent de l'antiquité grecque n'ont apposé (presque) aucune ride sur les textes fondateurs. À la manière d'un archéologue, Serge Valletti met la lumière sur l'œuvre d'Aristophane, reconnu comme l'un des pères du théâtre comique. À peine besoin de les dépoussiérer, un calque sur notre société actuelle suffit à révéler la modernité de ses écrits. Pour les Nuits de Fourvière, l'auteur se penche sur Lysistrata et Les Grenouilles. Le décor est planté : l'humour au premier plan, le Musée Gallo-Romain (de Lyon, puis de Saint-Romain-en-Gal) en fond de scène. Pour que jamais cette expérience théâtrale in situ ne s'arrête, c'est dans l'intimité d'une réserve lapidaire que l'auteur, le metteur en scène et les comédiens offrent un banquet au public en fin de soirée. Il n'est pas exclu que revienne alors sur la table avec inquiétude, le thème de la grève du sexe imposée par les femmes pour retrouver la paix dans une Athènes en guerre...

Toutaristophane | 17.06 - 20h | Musée Gallo-Romain | Lyon18.06 - 20h | Musée Gallo-Romain | Saint-Romain-en-Gal04 72 32 00 00 | www.nuitsdefourviere.com

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Théatralité

X-ubéranceMinettes grivoises au minois canaille, les pin-up américaines découvertes grâce au film Tournée de Mathieu Amalric, débarquent à Bourg en Bresse pour faire le show. D'un « Poum-poum-pidou » assurément rock'n'roll, ces félines kitschs mettent tout le monde d'accord et développent l'étendu de leur sex-appeal en s'effeuillant à petit feu. L'exubérance en paravent, elles se dévoilent aussi élégantes qu'aguicheuses. La vulgarité des strip-teases des années 90 balayée d'un coup de hanche, elles remettent au goût du jour la nudité comique des music-halls américains. Avec frou-frous, mais sans chichis, ces dames là ont plus chaud aux fesses que froid aux yeux et tout porte à croire qu'elles « aiment l'amour qui fait boum » !

Cabaret New Burlesque 13 et 14.05 - 20h30 | 17 à 29¤ Ainterexpo | Bourg-en-Bresse04 74 22 12 33www.ainterexpo.com

Danse avec les gensAnnick Charlot tente de réinstaurer un dialogue là où le lien est souvent rompu entre habitat et habitants. Une parole qui s'est égarée au fil des étages des grands ensembles urbains. Avec des danseurs suspendus aux façades, le quartier de Vienne Vallée de Gère revêt des allures de fête. Quand à la nuit tombée, entre chien et loup, les habitants prennent part à la chorégraphie sur le même tempo, on se surprend à rêver doucement à l'avenir de cette cité populaire en court de réhabilitation. Un urbanisme pas si utopique qu'il n'y paraît.

Lieu d’être (Printemps de Vienne) | 20 et 21.05 - 18h30Théâtre de Vienne | 04 74 85 00 05 | www.theatredevienne.com

Quête monstrePremière pièce d'une série de dix prévue sur dix saisons, Joseph d'Arimathie s'inscrit dans le projet global Graal Théâtre. Une mise à jour contemporaine entre respect des textes originaux et divagations actuelles. Ne s'interdisant aucune fantaisie, aucun anachro-nisme, Florence Delay et Jacques Roubaud sautent de Chrétien de Troyes aux Monty Python avec une souplesse d'une élégance déconcertante.

Graal Théâtre | 08 > 19.06 | Petit Théâtre du TNP | Villeurbanne 04 78 03 30 00www.tnp-villeurbanne.com

Action / Réaction / Création !Pour leur 20h, les Subsistances proposent sur leur plateau de JT (Journal Théâtralisé) un menu bouillant d'actualité, issu d'une agriculture locale et de produits frais du matin. L'état du monde en temps réel fournit la matière première aux quatre artistes et deux auteurs invités à composer autour d'une dépêche de l'AFP choisie dans la journée. Dans une création à chaud, cet échange journaliste/artiste confirme la capacité de l'art à s'adapter à l'information. Il ne reste plus qu'à capter la bonne fréquence et avoir le temps de prendre des nouvelles du monde et de son lien à la création dans son immédiateté.

Points de vue, nouvelles du monde | 22 > 25.06 | Les Subsistances Lyon 1er | 04 78 39 10 02 | www.les-subs.com

© Eve Saint-Ramon

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Quête monstre

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Littéralité

Un pont en avantTexte Nicolas Blondeau | Photo Maylis de Kerangal © Hélie Gallimard

Prix Médicis 2010, Maylis de Kerangal est attendue aux Assises du Roman. Occasion supplémentaire de la lire, avant de la voir et de l’entendre.

Le gigantesque ouvrage qu’évoque Maylis de Kerangal dans Naissance d’un pont est celui qui se construit dans une Californie imaginaire, entre une rive moderne et une autre inexplorée. Soit un immense passage jeté au travers d’un fleuve tempêtueux, destiné à relier la civilisation d’un prétendu progrès à une enclave dite « primitive »… La symbolique pourrait paraître facile. Or, à la lecture du roman, il n’en est rien. Tout semble au contraire très réel, comme ces avancées du monde globalisé dans les rares enclaves préservées qui lui résistent. Comme l’un de ses bras urbains qui s’étendent inexorablement. La construction du pont est décrite avec une précision technique qui ne doit rien à un symbolisme facile. Et la progression des travaux est évoquée à travers une dizaine de personnages, tous dotés d’une indéniable présence. Des

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hommes et des femmes aux passés houleux qui se retrouvent sur le chantier, appâtés par le gain. La réussite majeure de Maylis de Kerangal consiste à traiter dans le même élan chaque individualité au sein d’une dimension collective, celle du chantier. Parti pris littéraire que l’on pourrait considérer comme sa marque de fabrique puisqu’on le retrouvait dans Corniche Kennedy, son précédent roman, à travers l’aventure d’une bande de jeunes kakous amateurs de plongeon. Mais Naissance d’un pont est plus ambitieux : c’est un véritable puzzle qui s’assemble sous nos yeux. On y trouve aussi bien le décideur, maire aux rêves grandiloquents, que les ouvriers venus des quatre coins du globe, l’ingénieur surdoué que le contremaître dur à cuire. Sans oublier la jeune Française, débarquée de Bécon-les-Bruyères, spécialiste du béton et des amours torrides. De son écriture directe, élégante jusque dans la crudité, Maylis de Kerangal orchestre ce maelström avec brio. Elle donne chair à ses personnages qui se croisent et se heurtent. En chacun, elle jette au plus profond la sonde psychologique. Tout en suggérant une acerbe réflexion sur notre modernité.

Corniche Kennedy et Naissance d’un pont | éditions Verticales

5e Assises Internationales du Roman | 23 > 29.05 | Les Subsistances | Lyon 1er

04 78 27 02 48 | www.villagillet.net

Le défi des Assises du Roman, depuis maintenant cinq ans, est d’intéresser à la littérature un public aussi large que possible, tout en restant d’une grande exigence quant à la qualité des écrivains invités. D’où un savant mélange entre grands noms de la littérature contem-poraine et auteurs moins connus. Ainsi, le crû 2011 nous permettra de retrouver aux côtés de têtes d’affiche tels Patrick Modiano, Alain Finkielkraut, Philippe Djian ou Richard Russo de talentueuses jeunes plumes venus de recoins éloignés de la planète. Les angles d’approche offrent aux écrivains différents moyens d’expression. Depuis la classique table ronde jusqu’à la lecture par des comédiens - cette année, Martial di Fonzo Bo et Denis Podalydès - de textes essentiels. En passant par la soirée où un écrivain commente des extraits de grands entretiens de l’INA - c’est Alberto Manguel qui s’y colle -, des rencontres littéraires au Musée des Beaux Arts et dans d’autres structures partenaires.

QUADRATURE DES ASSISES

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Littéralité

Quais du Polar 2011

Prix AgostinoComme en 2010 dans Let'sMotiv, nous publions le lauréat du Prix Agostino, qui récom-pense la meilleure nouvelle écrite à l'occasion des Quais du Polar. Cette année, le thème rendait hommage à Claude Chabrol en reprenant le titre d'un de ses films : « Juste avant la nuit ». Déjà remarqué l'an dernier, c'est l'Isérois Dominique Chappey qui cette fois remporte la mise avec Soleil couchant.

Soleil couchantDominique Chappey

C’était pourtant chouette comme idée. Mon passage préféré, c’était l’arrivée en pays inconnu. Le coup de chaleur à la sortie de l’avion, le filet de sueur entre tes omoplates. Et les deux jours à l'hôtel mis sur le dos du décalage horaire. Ensuite seulement, un petit tour dehors. Pour vérifier. Faire coller nos rêves à la réalité. Et puis sans doute, cette croisière qui remonte le fleuve. Celui qui prend des couleurs étranges au coucher du soleil. Ça me fait un mal de chien, mais je dois bien reconnaître que nos envies d’ailleurs viennent de prendre un coup dans l’aile. Nos conneries romantiques aussi.

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C’est l’épisode du shopping qui nous a mis dedans. Tu voulais voir une dernière fois les grands boulevards et les illuminations. Tu disais qu’on avait juste le temps avant de prendre l’avion. Qu’on disparaîtrait avec le jour, deux ombres dans la nuit. Ça avait quand même plus de gueule que de poireauter à la cafétéria de l’aéroport. Évidemment, j’ai cédé. Je n’ai jamais su te dire non.

Avec ton visage d’ange et tes jambes interminables. Tes yeux en embuscade derrière ta frange trop sage. Je me pinçais en permanence pour croire qu'une fille comme toi pouvait s'intéresser à un type comme moi. J'aurais mieux fait de me mettre des baffes. Et aussi de t'en coller une bonne par la même occasion. L'histoire aurait été moins belle, mais je n'aurais pas eu à choisir entre le patron et la nièce du patron.

Tout le monde tombait d’accord sur ce point. Il était périlleux, limite irresponsable de s’en prendre aux intérêts de Monsieur Wong. Personne n’envisageait de lui faire un petit dans le dos avec l’aide de sa propre nièce. Personne avant moi.

Ça m’a pris un jour sans prévenir. Pendant le briefing du matin. Monsieur Wong distribuait les ordres, tout en nourrissant les carpes géantes de son élevage personnel. Assis sur le bord du bassin, sa main reposait négligemment dans l’eau et les plus téméraires venaient chercher la nourriture jusqu'entre ses doigts. À ce moment-là, j’ai croisé ton regard et j’ai compris ce que tu m’avais dit un peu plus tôt. On lui appartenait. Tous. Et on mangeait dans sa main pour récupérer des miettes. Comme les carpes géantes qu’il soignait chaque matin.

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Littéralité

À partir de là, tout s’est enchaîné très vite. Les mathématiques imparables des multiples de cinq cents euros, la géométrie parfaite des liasses de billets qui donnaient du volume à nos sacs de voyage. Les désirs d'inconnu. Shanghai. Le fleuve bleu. J’ai même cru que l’idée venait de moi. Je voyais ça comme une jetée infinie s’enfonçant dans la mer, un chemin tout tracé qu'un jour, on choisissait de quitter. Naïvement, je croyais que les falaises autorisaient les envols, que les gardes fous autour des promontoires ne servaient qu'aux gens raisonnables. Si j'ai joué un peu trop près du bord, tu as peut-être encore ta chance. Alors, cours ! Cours, ma belle ! Ils ne te remettront pas en cage, jamais. Envole-toi vers le soleil levant. Ne t’en fais pas pour moi. Je vais rester un peu, me reposer, calmer la douleur. Je ne sais pas ce qui fait le plus mal, ta silhouette qui s’estompe ou la balle qui m’a mis à genoux ? Sous mon manteau de laine, je cherche sur mes reins un impact à tâtons et ne trouve qu’un tissu poisseux. Je nous croyais débarrassés de Monsieur Wong, je me trompais. Tenace, le tonton, et rancunier.

Tout devient flou. Des fantômes de passants s’écartent en criant. La douleur remonte le long de ma colonne vertébrale, meurt en vrille au fond de mon crâne. Surtout, ne te retourne pas, laisse-moi espérer que tu vas leur échapper. Je dois réagir, lancer un dernier baroud, partir en beauté et t'offrir une chance de filer. Même si mes genoux savonnent le trottoir des grands boulevards. Je plonge la main dans mon pardessus pour saisir mon arme, mais ne trouve qu'une poche vide.

Comme un gosse qui joue au gangster, je balaie la rue de mon bras tendu. Mes doigts singent un pistolet ridicule. Sur

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les toits ou mêlés à la foule, les petits soldats de ton oncle doivent bien se marrer. Je les cherche sans succès et m’effondre sur le dos. Malgré les cris, le bruit de la circulation et le concert assourdissant de mon cœur qui veut encore se battre, je crois percevoir distinctement le claquement sec de tes talons qui s’éloignent. S’il te plaît, mens-moi une dernière fois. Fais-moi croire que tu n’y es pour rien.

J’ai un peu froid, une grosse envie de sieste, avec un immense oreiller. Je m'efforce de garder les yeux ouverts, je ne veux pas abandonner, pas maintenant. J’étouffe. C’est le moment que choisissent les carpes du vénérable Monsieur Wong pour défiler lentement au-dessus de ma tête. Je les imite malgré moi, tente d'avaler un peu d'air. Est-ce vrai qu’elles vivent plus de cent ans ?

Un imbécile me plaque un sac plastique sur le visage, il doit croire que je fais une crise d’asthme. Je ne distingue plus la vitrine du magasin devant laquelle, quelques secondes auparavant, tu t’extasiais. Mon lourd manteau absorbe l’afflux de sang qui baigne mes reins d’une chaleur inattendue. Je n’ai plus mal.

Que fait cette jonque au milieu du carrefour ? Baignée par les derniers rayons de soleil, elle glisse sans effort sur un fleuve couleur de miel et t'emporte lentement.

Tu te tiens sur le pont et tu laisses pendre au bout de ton bras, mon arme encore brûlante.

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INSOUTENABLES

LÉGÈRETÉS

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Prêt à porter

Cosplayer foreverTexte Audrey Hadorn

Mêlez les mots « costume » et « playing », vous obtenez cosplay ! Une tendance – issue de la « sous-culture japonaise » - qui fait fureur aux États-Unis et en Europe. Immersion dans un monde parallèle.

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« Le cosplay, c’est tout un art ! », s’enthousiasme Lucas, collégien de 15 ans et cosplayer passionné à ses heures. Un art qui consiste à rentrer dans la peau de personnages, héros de mangas, de films, de jeux vidéo, de séries télévisées, de dessins animés japonais… Costumes, maquillages, perruques, les cosplayers endossent le rôle jusqu’au bout des ongles et se retrouvent en réunions, conventions ou festivals. « Je est un autre », écrivait Sartre, un adage que chaque cosplayer pourrait faire sien ! « De mon point de vue, le cosplay est surtout une façon de se libérer des codes vestimentaires et sociaux qui nous sont imposés », analyse Ana, étudiante en arts appliqués et cosplayeuse. Le cosplay apparaît comme « une forme d’évasion, pour être quelqu’un d’autre. C’est aussi un moyen de rencontrer des gens », constate Patrice, 32 ans. Toutes générations confondues, les intrépides cosplayers mêlent leur savoir sur l’art du travestissement et de l’interprétation, une hybridation entre mode et théâtre, mêlée de culture japonaise. Chacun choisit ses personnages selon les expériences et les envies. « Cela fait trois ans que je suis cosplayer, depuis un concours lors de Chibi Japan Expo Sud 2009, j'ai eu envie de tenter l'aventure et me mettre dans la peau d'un personnage de ma série adorée Bleach pour pouvoir faire plaisir aux fans », explique Marius 33 ans, président de l'association Aoi Sora Cosplay. « Je préfère incarner des personnages qui me ressemblent au niveau du caractère. Le physique ça s’arrange avec une perruque, du maquillage ou autre. Pour incarner parfaitement un personnage, il faut copier ses mimiques et sa façon de bouger », confie Margot, lycéenne en terminale. Au-delà de ce désir d’être autre, le cosplay est une activité manuelle puisque tous les cosplayers rencontrés revendiquent de fabriquer eux-mêmes leur costume. « Faire son costume n’est pas une tâche donnée à tout le monde. Cela demande du temps, parfois du talent, de la débrouille et des connaissances », admet Lucas. « Si je devais acheter mes costumes, je crois que je ne ferais tout simplement pas de cosplay tant l'intérêt serait perdu à mes yeux », ajoute Ana. Et comment le cosplay est-il perçu dans notre société ? « Notre vie sociale est en tout point semblable à celle de monsieur tout le monde, pratiquant n'importe quel autre loisir. Le cosplay est une activité peu connue, souvent en proie à des stéréotypes ! », conclut Eli, étudiante en BTS et cosplayeuse enthousiaste.

« La découverte du cosplay a été un véritable tournant dans ma vie. Cela m'a permis de réussir à m'accepter moi-même en m'affranchissant du regard des autres. Cela m'a beaucoup aidée à me sortir d'une timidité handicapante », confie Ana, cosplayeuse depuis 2008. Un sentiment partagé par beaucoup des cosplayers rencontrés. Si le théâtre a des vertus thérapeutiques reconnues depuis de nombreuses années, « le cosplay souffre de préjugés. Pourtant les réunions entre cosplayers sont saines et offrent un environnement idoine à l’épanouissement personnel et à la sociabilité », constate Antoine, médecin, dont le fils est un fanatique du genre. Alors la cosplay-thérapie, l’avenir des timides ?

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Prêt à porter

Éclosionde talent

Chaque année, le concours Hempel renifle les tendances de mode auprès des écoles du monde entier. En 2011, la représentante française est étudiante à ESMOD, s'appelle Chloé Revel et crée sur le thème de « l'infiltration » un univers inspiré par la soie lyonnaise.

« Hempel sélectionne parmi tous les concurrents une seule personne pour représenter son pays. J'ai été prévenue aux alentours de fin décembre : j'avais trois mois pour créer la collection. L'école a aménagé mes horaires pour me permettre d'être prête à temps. En mars, je suis partie pour la Fashion week de Pékin avec dans mes valises toute la collection. Elle s'inspire de la chrysalide, de l'éclosion du cocon. Pendant le défilé, les modèles devaient enlever une grosse coque en laine, comme une deuxième peau. Je suis restée une semaine sur place avec les concurrents du monde entier pour préparer le défilé. Les cinq premiers ont été récompensés d'une médaille. Moi j'ai plus modestement remporté un « country award » pour avoir bien représenté la France ! »

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Le PEAH fait peau neuveAprès plusieurs années au passage Thiaffait, le PEAH, festival saisonnier de mode, change de fréquence, avec deux éditions par an (automne-hiver et printemps-été) au lieu de quatre, et de lieu, avec la Galerie des Terreaux comme vitrine de la création. En attendant le week-end du 21 octobre, baptême de cette nouvelle formule, le mini PEAH « electro-wear » associe mode (vingt marques street et urban wear), musique (concert PEAH jeudi, apéro sonore « soul passage » vendredi au Café Cousu, guinguette Jarring Effects samedi), vidéos et installations multimédias. Trois jours de fêtes et de découvertes !

Mini PEAH | 2 > 4.06 | Passage Thiaffait et rue René LeynaudLyon 1er | www.le-peah.org

Une décennie de vintageDe la mode, du design, mais aussi de la coiffure et des voitures, c'est le Marché de la mode vintage 2011, le dixième du nom. Un week-end de shopping pas pareil, à dénicher le jean usé assorti à la veste militaire, à se munir du pliant seventies comme indispensable accessoire d'un été réussi, à réhabiliter le bigoudi au sortir du casque de coiffure. Les amateurs de beaux chassis se rinceront l'œil avec une parade en Presqu'île de Panhard décapotables, le samedi après-midi. Expos photos, défilés, ateliers pour enfants, concours de look : tout est prêt pour un voyage dans le temps passé, encore si actuel.

Marché de la mode vintage | 11 et 12.06 | ancien Marché de Gros Lyon 2e | www.marchemodevintage.com

L'Afrique c'est chicCréateurs aux valeurs éthiques, ethnies aux valeurs créatives. À l’occasion de la quinzaine du commerce équitable, la création africaine fait du passage Thiaffait son QG. Au delà des clichés boubous colorés et bijoux en bambou, le stylisme africain est vu sous l’angle du respect des valeurs environnementales et solidaires, comme de l’innovation.

Kult&Co | jusqu'au 21.05 | Village des Créateurs | Passage ThiaffaitLyon 1er | www.kulteco.net©

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Avec le bento,déjeunez plein pot !Texte Sandra Moisson | Photo DR

Plus chic que la gamelle, plus design que la boîte Tupperware®, le bento japonais a conquis les aires de pique-nique, les bureaux et les salles de repos à l'heure du déjeuner.

Partie des blogs d'amateurs de culture japonaise, la bentomania touche un public de plus en plus large qui mêle aussi bien les gourmets que les fans de design. À l'origine, le mot bento ne désigne pas la boîte mais le repas rapide qu'elle contient. C'est l'équivalent de notre bon vieux Tupperware® ou de la lunch box pour les Anglo-saxons. Ce qui le différencie ? Son design. Boîte ronde, carrée, rectangulaire. En forme de poisson ou de tête de lapin. En métal, en plastique ou en bois laqué. Le bento existe dans toutes les tailles et tous les volumes. À un ou plusieurs étages, ils peuvent être compartimentés par des séparateurs amovibles ou fixes. Aujourd'hui on peut acheter en France différents types de bentos, sobres ou décorés, à l'effigie de personnages kawaï, on le choisit en fonction de ses goûts et de ses besoins. Il n'est pas rare que les amateurs de bento deviennent de véritables collectionneurs toujours à l'affût d'une réédition de modèle vintage ou d'une série limitée.Autre particularité, l'aspect du contenu d'un bento est aussi important que son goût : un bon bento c'est avant tout un

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Formalité

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beau bento. Les Japonais sont très attachés à la qualité et à la présentation des mets qu'ils consomment. À l'école, lors des pauses-déjeuners, les enfants sont fiers de présenter à leurs camarades les bentos réalisés par leurs mamans et cela tourne souvent à la compétition. Ainsi, il n'est pas rare que les mères japonaises se lancent dans la confection de bentos des plus élaborés. Ce genre de challenge trouve son apogée dans le bento charaben. Contraction des mots character et bento, le charaben est un bento figuratif où les aliments sont façonnés en personnages, en paysages, etc. (cf Mélanie Montagné, Mes beaux bentos, ed. Tana). Au Japon, ces compositions soignées donnent lieu à des concours. Un mélange de rigueur et de fantaisie qui incarne bien la philosophie nippone.

Au Japon, le bento apparaît au 12e siècle mais c'est durant l'ère Edo (1600-1868) qu'il prend sa forme actuelle pour être dégusté au théâtre Kabuki, entre deux maku (actes), ou à l'occasion d'un pique-nique. Pendant la première moitié du 20e

siècle, les enfants japonais mangeaient à l'école les bento confectionnés par leurs mamans. Puis cette pratique, soupçonnée d'accentuer les inégalités sociales, est tombée en désuétude. Mais depuis le début des années 80, le rythme de la vie moderne et l'apparition du micro-ondes ont remis le bento au goût du jour. Restauration rapide, saine et de qualité, il est aujourd'hui à la portée de toutes les bourses.

Où acheter des bentos ?En boutiques :

Litchee Store | 19 rue Hyppolite-Flandrin | Lyon 1er

Espace Lyon-Japon | 16 rue Bellecombe | Lyon 6e

Sur internet :www.bentoandco.com | www.casabento.com | www.monbento.com

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Jean-Paul 2

Silver Lake, en hommage à un quartier de L.A. riche en architecture, est le nom de ce fauteuil à la structure de bois et d’acier découvert au Salon de Milan 2010. Il est signé Patricia Urquiola, créatrice ibérique installée en Italie et collaboratrice régulière de l’éditeur transalpin Moroso. Confrontation de matières, géométrie des lignes, tout concourt à faire du Silver Lake la pièce maîtresse d’un intérieur inspiré des années 50.À partir de 1 550¤ chez Claude Cartier Décoration | Lyon 2e

www.decorationcartier.com

Objet de désir

Le livre aussi se met à la 3D. C’est le pari osé et réussi de l’agence de design batave Van Wanten Etcetera qui a créé ces ouvrages biographiques moulés sur le visage de leur sujet. La collection Portraits écrits propose des textes sur Anne Frank ou Van Gogh, lisibles uniquement en néerlandais. À quand un équivalent français pour Balzac ou Colette ?

Sculpturelivresque

Déjà lauréats en 2005 de cette prestigieuse récompense avec le fauteuil Facett chez le même éditeur, les frères Bouroullec obtiennent de nouveau le prix Best of the best, catégorie habitat des Red Dot Design Award, pour le canapé Ploum, bientôt disponible chez Ligne Roset.www.ligneroset.fr

Chapeau à Ploum !

Après la couture et le parfum, Jean-Paul Gaultier confirme son arrivée dans le monde du design en renouvelant sa collaboration avec Roche-Bobois pour la deuxième année. Une ligne de meuble à son image, baroque et contemporaine, colorée et inspirée. Plus que le fauteuil Ben Hur, réservé aux vrais amateurs de films de gladiateurs, on craque pour le Dizainier, entre commode et coiffeuse, constitué de dix valises empilées, chapeautées par un miroir abattant. Une rareté éditée à seulement 250 exemplaires.www.roche-bobois.com

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LES ARRONDISSEMENTS DE LYON

1er et 2e De la Confluence aux pentes de la Croix-Rousse, plus de 150 points de diffusion en Presqu'île3e Cours Lafayette | Quartier Part-Dieu | Bonnel – Saxe | Garibaldi - Servient | Liberté - Préfecture | Saxe - Gambetta4e Grande rue de la Croix-Rousse | Belfort – Austerlitz | Bd de la Croix-Rousse5e Vieux Lyon : St Paul, St Jean | St Just | Point du Jour6e Cité Internationale | Rue de Sèze | Brotteaux | Vitton – Roosevelt - Lyautey 7e Quartier Guillotière | Quartier Thibaudière | Berthelot – Jules Guesde | Gerland8e Cours Albert Thomas | Av des Frères Lumière Place Ambroise Courtois | Bachut9e Gorge de Loup | Place Valmy | Rue de St Cyr | St Rambert

LES COMMUNES DU GRAND LYON

Bron | Caluire | Corbas | Décines | Oullins | Rillieux | St-Fons | St-Genis-Laval | Tassin Vaulx-en-Velin | Vénissieux | Villeurbanne

Trouver Instant T

Instant T est diffusé en libre-service dans le Grand Lyon, dans les lieux culturels et points d'information, boutiques, cafés et restaurants. Au total, près de 400 points où s'exerce l'activité, où s'affûte la curiosité.

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Le Japon comme à la maisonTexte Sandra Moisson | Photo DR

Ouvert en 2001, Chez Terra fut l'un des tout premiers restaurants japonais à proposer d'autres plats que les sushis : gyôza (raviolis grillés au porc et chou), sakamushi (coquillages au saké), buta no houjichani (porc braisé au thé japonais en sauce acidulée). Une adresse incontournable pour les amateurs de gastronomie japonaise.Autre valeur sûre, le restaurant Goman Etsu a bâti sa réputation depuis 2003 sur une spécialité de Osaka : l'okonomi yaki. Une galette de chou agrémentée de porc, calamars, crevettes ou noix de saint-jacques. En dessert, le dora-yaki (gâteau aux haricots rouges) rivalise avec le cake au thé vert.Dans un style plus raffiné, le nouveau restaurant Kiozen a déjà ses adeptes. Le voyage gustatif commence dès l'entrée avec une salade d'algues et de concombres aux graines de sésame et aux crevettes assaisonnée d'une sauce huzu citronnée. Suivi d'un tonkatsu : un filet de porc et sa sauce crémeuse au wasabi

Au pays de la rosette, les sushis sont rois. Depuis quatre ou cinq ans, les restaurants de sushis poussent comme des bambous. À la pause déjeuner, on se rue sur les maki, sashimi, yakitori, chirashi et autres japonaiseries. Moins caloriques que le hamburger, plus exotiques que le traditionnel jambon-beurre, ces spécialités ne reflètent en réalité qu'une partie de la cuisine nippone. Papilles curieuses, nous vous proposons un petit tour d'horizon des « vraies » cantines japonaises à Lyon.

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Goûter

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servi avec un chawan-mushi aux shitaké (un flan vapeur aux champignons parfumés) et une soupe akamiso aux palourdes. Et pour finir, une gelée d'oranges sur crème de sésame.Moins chic mais tout aussi authentique, le restaurant Yomogi place Sathonay est un « japanese noodle bar » ou plutôt un ramen-ya où l'on sert des ramen, des nouilles en soupe garnie de porc, bambou, soja et algue séchée. Au Japon, ce plat sain et roboratif fait partie de la cuisine familiale. Parmi les autres spécialités à découvrir : le kare-agé (poulet frit à l'ail et gingembre) ou le gyu-don (émincé de bœuf aux oignons sur un bol de riz).Autre adresse typiquement japonaise : Oto Oto, le premier izakaya de Lyon. A l'origine, l'izakaya est un bistrot à saké où les Japonais se retrouvent pour se détendre après le travail. La carte affiche une vingtaine de plats servis sur de petites assiettes façon tapas : tsukemono (légumes marinés), kinpira (carottes et salsifis sautés sésame), kakuni (poitrine de porc confit), niku jyaga (bœuf oignons pommes de terre et sauce japonaise)... Sans oublier la carte des sakés avec plus de vingt variétés.Le signe qui ne trompe pas : toutes ces adresses sont fréquentées par la communauté japonaise.

Top 5 des plats japonais et où les manger à Lyon

Des gyôza : raviolis grillés au porc et chouChez Terra | 81 rue Duguesclin Lyon 6e

04 78 89 05 04

Un okonomi yaki : galette de chou garnieGoman Etsu | 11 rue Lanterne Lyon 1er

04 78 39 31 91

Un tonkatsu : filet de porc sauce wasabiKiozen | 4 rue d'AmboiseLyon 2e

04 72 61 58 81

Un kakuni : poitrine de porc confitOto Oto | 15 rue d'Aguesseau Lyon 7e

04 37 37 84 23

Des ramen : nouilles en soupe garniesYomogi | 5 place Sathonay Lyon 1er

04 78 28 24 40

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Goûter

De Dunkerque à Menton, en passant par Cancale et Saint Jean de Luz, c’est l’ensemble du littoral français qui est à l’honneur dans Cuisine des ports, quatre volumes de recettes manuscrites compilées par la Lyonnaise Sonia Ezgulian et la Montpelliéraine Régine Lorfeuvre Audabram. Une cuisine qui métisse des saveurs terriennes et maritimes aux multiples influences.

Cuisine des ports | 4 volumes Éditions Stéphane Bachès20¤ l’un

Tout est bondans les ports

Les aficionados de Desperate Housewives le savent, dans la série, la parfaite cuisinière s'appelle Bree, alors que Gabrielle, interprétée par la microbomba latina Eva Longoria, sait à peine faire cuire un œuf. Dans la vraie vie, c'est pourtant bien elle qui sort un livre de cuisine. Y trouvera-t-on sa recette de margarita ?

Eva's kitchen | Random House

Top chef

Course de CôtesL’eau se transforme en vin à Tain l’Hermitage pour le Triathlon du Sommelier, où après 23 kms en VTT et 7 de course à pied, l’épreuve traditionnelle de natation est remplacée par une dégustation à l’aveugle des crûs locaux. Pour les moins compétiteurs, des parcours non chronométrés sont organisés dans les coteaux de l’Hermitage.

Triathlon du sommelier 12.06 | Parc du Chayla | Tain l’Hermitage | www.triathlondusommelier.fr

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Siffler sur la colline

Avant l'arrivée des Nuits de Fourvière et son cortège de décibels, voici un petit parcours en chansons des terrasses situées non loin du théâtre antique.

Un peu plus près des étoilesLes poids lourds de la gastronomie, chacun une étoile au Michelin, ont investi la montée Saint-Barthélémy pour la Villa Florentine et son chef Davy Tissot, celle du Chemin Neuf pour Christian Têtedoie sur le site de l'ancien hôpital de l'Antiquaille. Point commun : une vue exceptionnelle qui domine la ville. Quant à la table, elle se situe dans le haut de gamme vide poches. Dans un registre moins gastronomique pour un panorama tout aussi remarquable, on peut choisir le Restaurant de Fourvière, acollé à la Basilique.www.villaflorentine.com | www.tetedoie.com | www.latassee.fr

Jardin d'hiverSur le versant ouest face à l'entrée du cimetière de Loyasse, le restaurant Campagne joue la carte des saisons avec une cheminée pour l'hiver et un jardin fermé, ancien clos bouliste, pour l'été. La carte est sans aspérité, le cadre compense. www.restaurant-campagne-lyon.com

Déjeuner en paixDepuis la rénovation du Musée d'histoire de Lyon, le café Gadagne offre au visiteur fourbu un havre de tranquillité pour boire et manger dans le jardin suspendu qui domine le bâtiment Renaissance. Le week-end, les lève-tard prennent des forces avec le brunch maison.www.cafegadagne.eu/restaurant

Je t'aime à l'italienneEntre théâtre antique et quartier Renaissance, quoi de plus normal que de sentir un vent d'Italie ? Après l'institution Maurizio en haut de la montée de Choulans, dans une forme très variable, c'est Têtedoie qui complète sa mainmise sur l'Antiquaille avec Testa d'Oca. Le canelloni y est fin, la déco intérieure se la joue arty, la terrasse nous emmène au Sud.www.testadoca.com

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Week-endà NîmesTexte Adeline Marconnet et Frédéric Blacher

À un peu plus de 200 kms de Lyon, entre Rome antique et Espagne taurine, Nîmes possède une forte identité où tradition et modernité se conjuguent parfois avec fracas. Son architecture en est le plus beau reflet.

Considérée comme une petite Rome des terres gardoises, Nîmes est avant tout identifiée à ses arènes, longues de 133 mètres et hautes de 21, construites au 1er siècle de notre ère, et à sa Maison Carrée, l'un des temples de l'époque les mieux conservés du monde. Une promenade antique de la ville permet de découvrir également le temple de Diane, la tour Magne, en haut de laquelle on peut voir le Ventoux et les Alpilles, tous proches, ou la porte d'Auguste qui ouvre la cité à la voie domitienne en provenance de Beaucaire. Difficile de parler de vestiges antiques de la région sans citer le Pont du Gard, ce gigantesque aqueduc entre Nîmes et Uzès classé au Patrimoine mondial. Sauf que les dieux du tourisme

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commercial l'ont voulu, le site est accessible contre 15 ¤ la journée en période estivale !Retour en ville et plus proche de nous, la Renaissance marque l'essor économique de Nîmes, avec la soierie et le commerce des étoffes qui fait fleurir un ensemble remarquable d'hôtels particuliers (Méjean, la Beaume, Boudon, Fontfroide...) avant que la concurrence lyonnaise ne fasse évoluer la prospérité nîmoise vers le vignoble.Au 20e siècle, la période Bousquet est à la fois remarquable et controversée. Fondateur de Cacharel, président du club de foot local, Jean Bousquet conquiert la mairie en 1983, mettant fin à l'hégémonie PCF. Il n'aura de cesse pendant ses deux mandats de développer sa ville, notamment en construisant quelques ouvrages emblématiques. L'ensemble d'habitation Nemausus créé par Jean Nouvel est inauguré en 1987, alors que le Carré d'art de Norman Foster se dresse face à la Maison Carrée depuis 1993. Cette politique d'expansion (certains disent de mégalomanie) conduit le maire à sa perte et la ville au bord de la ruine.Aujourd'hui Nîmes s'appuie sur ses traditions et regarde l'avenir avec moins d'étoiles dans les yeux mais toujours plein d'appétit.

Quand le dialecte locale se pare de couleurs sévillanes, la Féria n'est pas loin. Mêlant héritage hispanique et traditions camarguaises, les festivités de Pentecôte donnent à voir un condensé de vie à la nîmoise. Aux sons des peñas et autres fanfares, c'est toute une ville qui s'embrase, mettant à l'honneur l'art de la tauromachie dans toutes ses déclinaisons (abrivados, corridas, etc.). Des arènes à la rue, la ville devient sens dessus dessous, et le taureau roi marque le rythme d'une foulée nerveuse pendant cinq jours de festivités. La Pégoulade, défilé d'ouverture, donne le ton. Les bars locaux se transforment en bodegas où l'on danse et discute toute la nuit. Et pour les vrais aficionados bien heureux de voir inscrite leur passion au Patrimoine français, un bonus de trois jours est proposé en septembre avec la Féria des Vendanges.

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Le labelPour se doter du label gastronomie du pays, il est des normes à respecter. Le conseil général a mis en place le label « Militant du Goût ». Un cahier des charges strict pour l'obtention du glorieux titre, gage de qualité. Par ici, on ne plaisante pas avec les saveurs du Gard !

Les valeurs sûresDe la picholine, reconnue « olive de Nîmes », à la gariguette, petite fraise locale, en passant par des vignobles gorgés de soleil, les terres arides ne sont pas en reste de saveurs variées. Un soupçon d'huile d'olive au fond du palais, les tentations gastronomiques sont nombreuses. Alors pour calmer toutes ces papilles excitées, un petit détour à Vergèze s'impose. La source originelle Perrier saura calmer la soif des visiteurs à seulement 20 km de Nîmes.

L'adresseInstallé dans le sud depuis les années 70, Michel Kayser est encore « le gars qui vient de l'Est ». La faute à ses origines, lui le natif de Bitche formé à Forbach. Le restaurant Alexandre garde le nom de son fondateur mais le Mosellan lui a apporté sa renommée et deux étoiles au Michelin. Face à l'aéroport de Nîmes-Garons, il développe une cuisine où le légume est toujours de saison et les sauces simples d'apparence. Tielles de Sète, brandade nîmoise, filet de taureau manade, les classiques du coin (revisités) sont bien présents avant l'écrin des gourmandises, spécialités de cet ancien chef pâtissier. À 100¤ par personne, vous pourrez vous sentir l'égal de Johnny Depp, Mick Jagger ou Jean-Louis Trintignant, entre autres illustres clients.Restaurant Alexandre | route de l'aéroport - Nîmes-Garons04 66 70 08 99 | www.michelkayser.com

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Synthé

Quand le dialecte locale se pare de couleurs sévillanes, la Féria n'est pas loin.

Restera toujours l'étrange plaisir de voir s'incarner quelques figures bien vaillantes de notre actualité par des acteurs connus : Denis Podalydès en Sarkozy, Hippolyte Girardot en Claude Guéant ou Bernard Le Coq en Chirac.

« La guerilla gardening a un côté provocateur, rebelle. Oui, on s’approprie l’espace sans autorisation… pour planter des fleurs ! »

« J’aime jouer sur l’ambiguïté entre le masculin et le féminin »

« Le cosplay, c’est tout un art ! »

Réhabiliter quelques météores du passé.

Du haut de ses vingt ans, le prodige new-yorkais peut se targuer d’avoir retourné les sphères consensuelles de la planète électronique, à coups de rythmiques lancinantes, de voix improbables et de sensualité infectieuse lovée dans chaque micropulsation.

La réussite majeure de Maylis de Kerangal consiste à traiter dans le même élan chaque individualité au sein d’une dimension collective, celle du chantier.

Le temple du théâtre s’ouvre à la famille circassienne.

Au premier abord, on entre dans une salle vide, comme après le décrochage d’une expo.

Pendant la première moitié du 20e siècle, les enfants japonais mangeaient à l'école les bento confectionnés par leurs mamans.

Au pays de la rosette, les sushis sont rois.

Qui sont-elles ces lolitas au look savamment outré, dont le regard envoûtant provoque dans le nôtre jusqu'au malaise ?

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INSTAN

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° 01 Mai - Juin 2011

1 Par rapport au précédent iPad. L’autonomie de la batterie varie en fonction de l’utilisation et des réglages. Consultez les pages www.apple.com/fr/batteries pour en savoir plus. 2 Nécessite un Mac avec FaceTime et une connexion Internet ou un appareil iOS avec FaceTime et une connexion Wi-Fi. Non disponible dans certaines zones géographiques. Consultez la page www.apple.com/fr/mac/facetime pour en savoir plus. 3 iPad Smart Cover vendue séparément. Les couvertures en cuir peuvent se décolorer légèrement à l’usage. TM et © 2011 Apple Inc. Tous droits réservés.

L’iPad 2 est arrivé.Vous l’aimerez encore plus. Venez découvrir pourquoi.L’appareil avec lequel tout a commencé vient de faire un pas de géant. L’iPad 2 est plus fin, plus léger et encore plus rapide que le modèle original, et cela avec une même autonomie de 10 heures1. Les nouvelles caméras avant et arrière vous permettent de passer et de recevoir des appels vidéo FaceTime2 et d’enregistrer de la vidéo HD sur le magnifique écran Multi-Touch de 9,7 pouces. Enfin, l’iPad Smart Cover3, vendue en option, se fixe magnétiquement et se met en place à la perfection. Découvrez le magnifique iPad 2 chez CiCenter.