Magazine Humanité 3/2014: Un bien précieux pour les plus démunis

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Ateliers chili de sensibilisation aux nouveaux médias Rendre la toile plus sûre 1 re Convention de Genève Un triomphe pour l’humanité Intempéries dans les Balkans Redonner foi en l’avenir Santé au Bangladesh Un bien pr é cieux pour les plus d é munis Humanité 3 | 2014

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Magazine de la Croix-Rouge suisse (CRS), Humanité s’adresse à tous ceux qui soutiennent l’organisation et les causes qu’elle défend.

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Page 1: Magazine Humanité 3/2014: Un bien précieux pour les plus démunis

Ateliers chili de sensibilisation aux nouveaux médias

Rendre la toile plus sûre

1re Convention de Genève

Un triomphe pour l’humanité

Intempéries dans les Balkans

Redonner foi en l’avenir

Santé au Bangladesh

Un bien précieuxpour les plus démunis

Humanité3 | 2014

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neutralImprimé

No. 01-14-249088 – www.myclimate.org© myclimate – The Climate Protection Partnership

PERFORMANCE

Humanité est imprimé sur du papier recyclé à 100%. Parce que économiser lesressources, c’est préserver l’environnement.

ImpressumHumanité, 3e édition 2014Août 2014

ISSN 1664-2015

Photo de couverture et verso: Remo Nägeli

Editeur: Croix-Rouge suisse,Rainmattstrasse 10, Case postale, 3001 BerneTéléphone 031 387 71 11, [email protected],www.redcross.ch

Dons: CP 30-9700-0Conseil sur les legs: téléphone 031 387 72 83

Notification de changement d’adresse:par courrielà [email protected] ou par téléphone au031 387 74 64

Adresse de la rédaction: Croix-Rouge suisse,Rédaction Humanité, Case postale, 3001 [email protected], www.magazine-humanite.ch

Rédaction: Tanja Reusser (rédactrice en chef),Urs Frieden (Santé et intégration), Annette Frommer(Santé et intégration), Andreas Häner (Levée de fonds),Daniela Mathis (Coopération internationale), IsabelleRoos (Partenariats avec le secteur privé), IsabelRutschmann (Communication), Katharina Schindler(Coopération internationale)

Contributions à la présente édition: Myriam Fojtu,Markus Mader, Marco Ratschiller, Alja Sieber

Abonnement: l’abonnement coûte 6 CHF par an et estoffert aux donateurs de la CRS.Parution: trimestrielleLangues: français, allemand et italienTirage: 126 900 exemplairesCopyright sur toutes les photos sans indication:Croix-Rouge suisse

Traduction: Service de traduction CRSGraphisme et impression: Vogt-Schild Druck SA,Derendingen

Prochaine édition: décembre 2014

RepoRtage – Santé au Bangladesh

4 Un bien précieux pour les plus démunis

8 terre de contrastes

12 RétRoSpective – 1re Convention de Genève

Un triomphe pour l’humanité

14 aRRièRe-plan – Ateliers chili de sensibilisation aux

nouveaux médias

Rendre la toile plus sûre

17 téMoignage – Section Lugano de la CRS tessinoise

vivre en colocation avec sa grand-mère

d’adoption

21 tÊte-À-tÊte – Vladimir Cmiljanovic, CEO de Piqur

«Privilégier la stratégie la plus efficace»

22 coUp De pRoJecteUR – Intempéries dans

les Balkans

Redonner foi en l’avenir

24 SUR le teRRain – Vietnam

Urgence dans le delta du Mékong

29 pÊle-MÊle

Un curry à midi

Jeux, dessin humoristique

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mo

Näg

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Ouvrons à tous les portes de la santé

Chère lectrice, cher lecteur,

Il n’est pas nécessaire qu’une douleur persiste bien longtemps pour que nous commencionsà nous inquiéter. Heureusement, il ne s’agit souvent que d’un mal connu et guérissable:nous sortons alors du cabinet avec un diagnostic, un bon conseil, une ordonnance... et cettecertitude: la santé est notre bien le plus précieux!

Il y a toujours eu, chez tous les peuples du monde, des spécialistes de la santé. On pense mêmeque le premier métier jamais exercé a été celui de guérisseur. Mais aujourd’hui, l’OMS estimequ’au moins 1,3 milliard de personnes n’ont pas accès à une prise en charge médicale de base. Lerespect de leur droit à la santé est tout sauf garanti. En ce XXIe siècle où la médecine est capabledemiracles, desmillions d’êtres humains vivent sous lamenace d’affections faciles à prévenir et àsoigner. Shilpi Rani (reportage en page 4) a longtemps souffert de dysenterie. Très répandue dansles pays pauvres, cette maladie diarrhéique peut rapidement entraîner la mort chez les patientsqui n’ont pas de dispensaire ni de clinique à proximité de chez eux. Ou chez ceux qui n’ont pas lesmoyens de se payer un traitement. L’un des axes majeurs du travail de la CRS dans la coopérationinternationale consiste donc à garantir le respect du droit à la santé en assurant aux plus démunisla possibilité de recourir à une prise en charge de base. Car le fait d’être seul face à la maladie estdéjà en soi une torture. Chaque être humain doit pouvoir bénéficier de soins de base à des prixabordables. Chacun doit savoir où il peut obtenir une aide médicale d’urgence.

Nous vous montrons dans ce numéro comment la CRS se bat pour favoriser l’accès aux soinsdes plus déshérités. Vous aussi, faites un geste pour aider celles et ceux qui, comme ShilpiRani, aimeraient qu’on leur ouvre les portes des dispensaires. Merci!

Avec mes salutations les meilleures,

Markus MaderDirecteur de la Croix-Rouge suisse

ÉdItORIAl

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RepORtAGe

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Un bien précieux pourles plus démunis

Santé au Bangladesh

la santé est le bien le plus précieux qui soit et l’accès aux soins, un droit fondamental. Des

préceptes qui sont pourtant très éloignés de la réalité des villages reculés du Bangladesh,

où la cRS s’attache par conséquent à sensibiliser les familles défavorisées à leur droit à la

santé et à renforcer les compétences du personnel soignant. ainsi, après avoir trop long-

temps souffert parce qu’elle ne savait pas à qui s’adresser et pensait qu’une prise en charge

médicale serait trop coûteuse, Shilpi Rani (à gauche sur la photo) a aujourd’hui retrouvé la

santé et peut à nouveau s’occuper de sa famille.

TEXTE: KaTharina SchindlEr PhoToS: rEmo nägEli

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RepORtAGe

naire de la CRS, a encouragé Shilpi Rani àaller à la clinique du village. D’abord inti-midée, se croyant trop pauvre pour pou-voir prétendre à un traitement, elle y afinalement reçu gratuitement des médi-caments qui l’ont rapidement remise surpied:«Cela a étéun tournant dans ma vie.J’ai retrouvé la santé et je peux m’occuperde ma famille. J’insiste auprès des autresfemmes du village pour qu’elles aillentaussi au dispensaire si leurs enfants ouelles-mêmes sont malades.»Dans les campagnes du district de Rajsha-hi, dans le nord du pays, la CRS et Dascohs’attachent à améliorer l’accès aux soins.Si l’on trouve de petites cliniques pu-bliques dans presque tous les villages,elles sont en effet souvent mal gérées etparfois en très mauvais état.A Yusufpur, l’établissement pouvait res-ter des semaines fermé. Rarement four-nie en médicaments, la clinique n’avaitni tensiomètre, ni thermomètre, ni ba-lance. Rien d’étonnant dans ces condi-tions à ce que les villageois aient préféréfaire appel à des guérisseurs tradition-nels, voire compter sur un miracle.

des progrès remarquablesDepuis, bien des choses ont changé.Des groupes de villageois ont été mobi-lisés pour rénover le bâtiment et en re-peindre les murs. Dans la salle d’attente,des affiches sensibilisent désormais lespatients de façon imagée aux risquesde la grossesse et aux règles d’hygiène.Surtout, le personnel soignant, qui sinon

C’est déjà la troisième fois ce matinque Shilpi Rani traverse avec sa ca-

rafe la grande cour de récréation, désor-mais écrasée sous un soleil de plomb. Sicertaines familles un peu moins pauvrespossèdent leur propre pompe, elle n’apour sa part d’autre choix que d’allers’alimenter à la fontaine de l’école. Aumoins peut-elle avoir confiance en cequ’elle boit: alors que tant de puits ban-gladais sont contaminés à l’arsenic, pré-sent à l’état naturel dans les sols, destests menés par la Croix-Rouge ont mon-tré que cette eau est tout à fait salubre.Nous sommes à la mi-mai, période la pluschaude de l’année. Dans deux semaines,il sera temps de cueillir les mangues, puisviendra l’heure de la mousson. Shilpi Rani

habite avec son mari et leurs trois enfantsdans une simple maison de paille, à la pé-riphérie du village de Yusufpur. Malgré lesrevenus tirés par le père de son activité ac-cessoire de conducteur de rickshaw, cettefamille de pêcheurs parvient tout juste às’en sortir: ne possédant pas de terre, ellecompte parmi les plus pauvres du village.Heureusement, une digue construite ily a deux ans la protège maintenant duGange, qui marque la frontière avecl’Inde. «Avant, quand la mousson faisaitdéborder le fleuve, notre maison était lapremière à être emportée, explique ShilpiRani. Aujourd’hui, il n’y a plus de danger.Les choses se sont améliorées, commedans beaucoup de domaines.»

Un tournantIl y a encore un an, la jeune maman(30 ans) était très malade. Elle souffraitdepuis des mois de dysenterie, une in-flammation extrêmement douloureuse

et potentiellement mortelle des intes-tins, accompagnée de fièvre et de diar-rhées sanglantes. Son petit dernier, âgéd’à peine quelques mois, était lui aussiaffaibli, sa mère produisant trop peu de

lait. Or, n’ayant de toute sa vie jamais bé-néficié d’une quelconque aide médicale,hormis quelques campagnes de vaccina-tion dans sa jeunesse, Shilpi Rani se sen-tait désemparée. Même pour la naissancede sa fille Shuki (11 ans) et de ses deux filsSubroto (7 ans) et Surja (1 an), seule unevieille tante était là pour l’assister.Dans ce contexte, la visite de JahangierAlam est venue à point nommé. Chargéde se rendre auprès des familles les pluspauvres du village pour les sensibiliser auxrisques sanitaires et à leur droit à une as-sistance médicale, ce collaborateur béné-vole de Dascoh, une organisation parte-

elle se sentait désemparée.

Les gestes du quoti-dien: Shilpi Rani faitla vaisselle, sa filleShuki passe le ba-lai devant la maisonfamiliale.

6 Humanité 3/2014

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RepORtAGe

prévenir plutôt que guérirDans le village voisin de Mongli, ShimaKhatun, 20 ans, prend le chemin de la cli-nique: son fils Tonmoy, qui a récemmentfait une bronchite, doit passer une visite decontrôle, et elle souhaite en profiter pourassisteràune séance de sensibilisation. Carici aussi, la CRS a amélioré la qualitédu ser-vice médical. Dans la salle d’attente, déjàbien remplie de femmes et d’enfants, unecollaboratrice de la clinique est en traind’expliquer, à l’aide de tableaux, com-ment prévenir les diarrhées et que faire siquelqu’un tombe malgré tout malade.Avant d’être traitée dans la clinique ré-novée, Shima Khatun a elle-même long-temps souffert dediarrhée chronique. Elleapprend aujourd’hui que femmes et en-fants doivent prendre plus de précautionslorsqu’ils ramassent dans les champs, gé-néralement sans aucune protection, lesbouses de vache qui seront ensuite misesà sécher avant de servir d’isolant ou de

n’a suivi qu’un cursus de base de troismois, bénéficie d’une formation. Dansle cadre d’un programme mis en placepar la CRS, les employés de la cliniqueassistent à des cours sur des thèmes im-portants comme la santé mère-enfant,l’alimentation, l’hygiène ou encore leplanning familial. Ils apprennent éga-lement à mieux décrypter les différentssymptômes et à déterminer la médica-tion la plus appropriée, contrairementà un passé récent où ils prescrivaientdes antibiotiques pour la moindre dou-leur – avec les conséquences que l’onimagine sur le développement des ré-sistances bactériennes. «La plupart desjeunes sont très motivés. Ils ont envie defaire du bon travail et nous sont recon-naissants de les y aider, indique le méde-cin Shaila Habib, qui a participé à la miseen place des modules et dirige certainsd’entre eux. En quelques mois, nousavons fait des progrès remarquables.»

près de 1,5 million de personnesbénéficient d’unmeilleur accèsaux soins médicaux de base.

combustible. «Je sais maintenant qu’il esttrès important de se laver les mains avantde faire la cuisine ou de manger. J’avaistoujours considéré le savon comme unobjet de luxe pour les riches. Mais je merends compte aujourd’hui à quel point ilest précieux pour la santé de ma famille.»

Un avenir prometteurLa CRS reprend dans 232 cliniques deRajshahi le modèle d’amélioration desprestations médicales mis en œuvre àYusufpur et Mongli et soutient les vil-lages dans leurs politiques en faveur dela santé. Près de 1,5 million de personnesbénéficient ainsi d’un meilleur accès auxsoins médicaux de base, une attentiontoute particulière étant accordée aux

familles défavorisées, afin qu’elles aussiprofitent des avancées réalisées.A travers cet engagement, la CRS contri-bue à un ambitieux projet du gouverne-ment, dont l’objectif est de lutter contredes problèmes sanitaires majeurs tels quela forte mortalité infantile et maternelle endotant le Bangladesh d’une clinique villa-geoise pour 6000 habitants. Plusieurs mil-liers d’établissements ont déjà vu le jourdans le pays. Toutefois, le soutien d’œuvresd’entraide est indispensable à leur bonfonctionnement et à la qualité des soins.

➔ redcross.ch/bangladesh

Shilpi Rani et sestrois enfants ontréussi à s’asseoir aufond de la salle d’at-tente du dispen-saire, généralementpleine à craquer.

Shima Khatun avecson mari et leur filsTonmoy devant lamaison familiale.Le personnel du dis-pensaire lui a ex-pliqué comment seprotéger des mala-dies infectieuses.

A la campagne, lesgains d’un conduc-teur de rickshawpermettent seu-lement d’amélio-rer un peu le quo-tidien: la familleRani vit avant toutde la pêche.

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Le Bangladesh n’est pas seulementl’un des pays les plus pauvres de la

planète, c’est aussi, avec 1000 habitantsau kilomètre carré, le plus densémentpeuplé (exception faite d’une poignéed’Etats insulaires et de cités-Etats).Si la nature lui a fait don de plainesalluviales extrêmement fertiles, l’eau,omniprésente, y est aussi une malédic-tion. Car chaque année à l’époque de lamousson, les grands fleuves himalayenssortent de leur lit, inondant des régionsentières, emportant les habitations, rui-nant les récoltes. Les villageois vivent

dans l’incertitude du lendemain, qui lespousse à partir tenter leur chance dansles villes. Année après année, l’insatiableDacca engloutit ainsi des dizaines de mil-liers de nouveaux arrivants; alors qu’elle

ne comptait que 6,5 millions d’habitantsen 1990, la capitale en est aujourd’hui à15 millions, dont la moitié vivent dans lechaos des bidonvilles.

terre de contrastesBangladesh

Des terres fertiles, mais une population parmi les plus pauvres du monde: le Bangladesh est

unpays de contrastes, qui s’efforce, avec le soutien d’organisations humanitaires, d’améliorer

durablement les conditions de vie de ses habitants.

TEXTE: KaTharina SchindlEr PhoToS: rEmo nägEli

Un quotidien fait de précaritéNous avons profité de notre séjour pourvisiter l’un de ces territoires de préca-rité, où la Croix-Rouge suisse (CRS)entend s’engager en faveur des en-fants en détresse. Coincés près des railsd’une ligne très fréquentée, des abrisde plastique, de bois et de paille ac-cueillent une centaine de familles de-vant se contenter d’un seul point d’eauet d’une unique latrine aux relents pes-tilentiels. Pourtant, à mon grand éton-nement, les habitants nous reçoiventavec le sourire, et malgré les conditions,

Dacca: attirés par l’espoir d’un travail, les Bangladais occupent le moindre mètre carré de libre.

1000 habitants au km2: aucun etatou presque n’est aussi densémentpeuplé que le Bangladesh.

RepORtRepORtAGe

8 Humanité 3/2014

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RepORtAGe

SARAH MeieRDepuis qu’elle a mis un terme à sa carrière,la championne d’Europe 2011 de patinageartistique, 30 ans, travaille comme journaliste.Sarah Meier est ambassadrice de la CRS.

Lorsque la CRS m’a proposé de merendre au Bangladesh, je n’ai pas dûréfléchir longtemps. J’avais confiancedans l’organisation, dans sa réputa-tion. Cela a été un choc pour moi, carje n’avais jamais rencontré des gensvivant dans une telle précarité. Surplace, j’ai découvert comment se dé-roule la collaboration avec le gouver-nement et avec l’organisation locale

Dascoh. J’ai pu également constaterde mes propres yeux que l’argent desdonateurs est bel et bien investi enfaveur de ceux qui en ont besoin. J’aiété particulièrement impressionnéepar la gentillesse de la population. Lesgens se satisfont de ce qu’ils ont. Mal-gré leur immense pauvreté, ils sontbien organisés. C’est incroyable qu’ilsarrivent à si bien s’habiller et à pren-dre soin d’eux quand on voit le peud’infrastructures sanitaires et la qua-si-absence de produits d’hygiène. LesBangladais sont fiers de leur pays, ilsvoulaient savoir s’il me plaisait et toutme montrer.J’ai été particulièrement touchéepar le destin de Shilpi, sans douteparce que nous avons le même âge.Elle vit avec sa famille dans un abri ter-riblement exigu. J’en ai été choquée.Grâce à la clinique villageoise, ellepeut au moins veiller à sa santé et àcelle de ses enfants. A l’avenir, si jesais pouvoir contribuer ne serait-cequ’un tout petit peu à aider d’autresdéfavorisés, je n’hésiterai pas une se-conde à me lancer dans d’autres pro-jets de ce type.

coMMentaiRe

compliquent la situation sanitaire dansles villages.

Une forte baisse de la natalitéCependant, le Bangladesh, qui n’aconquis son indépendance qu’en 1971,affiche aussi des évolutions positives.Ainsi les femmes n’ont-elles plus enmoyenne que 2,5 enfants, contre 6 en1980. L’espérance de vie est de 69 ans,et la mortalité infantile a nettement re-culé. De plus, même si 50% seulementdes Bangladais savent lire et écrire, letaux de scolarisation est à la hausse.Il faut également saluer les effortsdu gouvernement pour améliorer ladesserte en soins de base (reportagepage 6), ce en quoi il bénéficie du sou-tien d’un vaste programme de santé dela CRS. Mais celle-ci s’engage aussi dansd’autres domaines importants, commela prévention des catastrophes dans lesrégions à risque, l’amélioration de l’hy-giène dans les campagnes et la gestiondes ressources hydriques.

➔ redcross.ch/bangladesh

leurs vêtements sont propres. Ils ont supréserver leur dignité. «Je suis arrivée ily a un an, parce que le fleuve a empor-té ma maison et parce que je n’avaisplus de famille au village pour s’occu-per de moi», raconte Saba, 60 ans. Unejeune maman, Liza, nous explique, elle,que son bébé est né ici, au bord de lavoie ferrée.Des nuées d’enfants jouent où ils lepeuvent, c’est-à-dire sur les rails. Ilssavent que tous les quarts d’heure, ilfaut vite dégager la voie, passage d’unnouveau train oblige. Mais cela n’em-pêche pas les accidents d’être monnaiecourante. Pendant la journée, les pa-rents sont rarement là. Les pères louentleurs services comme conducteurs derickshaws, les mères partent, pour dessalaires de misère, faire des ménagesou travailler comme ouvrières dansl’une des innombrables usines tex-tiles du pays – dans les conditions dé-gradantes dont le consommateur occi-dental commence tout juste à prendreconscience.

Une idylle en trompe-l’œilLe tableau offert par les campagnesévoque un nouveau contraste: à pertede vue, les dégradés de vert des champs,des manguiers dont les branches ploientsous leurs fruits, et ici et là, un petit vil-lage aux maisons de paille et de torchis,où les hommes, aidés par des bœufs at-telés à d’antiques charrettes, sont entrain de rentrer la récolte. Mais à l’imagedes saris chamarrés dont se drapent lesfemmes, élégants cache-misère, l’im-pression est trompeuse.Car ici aussi, le quotidien est pour plusde la moitié des habitants une luttepour la survie. Les hommes travaillentpour 1 CHF par jour sur les champsde grands propriétaires terriens. L’ac-cès aux soins est très limité, et les ma-lades ne peuvent souvent compter quesur eux-mêmes. Les trois quarts des ac-couchements se font à la maison, unenfant sur vingt meurt dans sa pre-mière année. Dans ce pays essen-tiellement musulman, le poids de latradition est un lourd fardeau pourles femmes. Un tiers d’entre elles semarie avant d’avoir quinze ans, et lesnombreuses grossesses d’adolescentes

Trompeuse impression: la vie dans les cam-pagnes n’est pas idyllique, la pauvreté yest aussi très grande.

Le long de la voie ferrée, l’alignement desabris de fortune ne laisse pratiquementpas de place aux enfants pour jouer.

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Page 10: Magazine Humanité 3/2014: Un bien précieux pour les plus démunis

Directives anticipées CRSPour que votre volonté soit respectée.

Les directives anticipées CRS vous permettent de définir à l’avance les traitementsmédicaux que vous acceptez ou refusez dans la perspective d’une éventuelle incapacitéde discernement.

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en BRef

Découvrez le héros qui se cache en vous■ En répondant à huit questions, vousdécouvrirez quel type de héros vousêtes, tout en vous faisant une idéedes possibilités d’engagement propo-sées par la Croix-Rouge suisse (CRS).Tout ce qui compte pour être unhéros du quotidien, c’est d’aider lesautres. Complétez le test pour savoir

quelle héroïne ou quel héros sommeilleen vous:

➔ redcrossheroes.ch

■ Recruter 5000 nouveaux donneurs desang: tel est l’objectif de la campagne es-tivale lancée par les Services régionauxde transfusion sanguine. La conversionde la voiture-salon «Le Salon de Luxe» encentre de don du sang a été le fait mar-quant de l’opération «Montez dans letrain», mise en œuvre conjointement parTransfusion Suisse CRS et CFF Charter. Du10 au 14 juin, dans cinq gares de Suisse,une voiture spécialement aménagée a ac-cueilli des visiteurs venus se renseigner oudonner de leur sang. Véritable attractionau même titre que la locomotive CRS «Hu-manité», ce train visait à mobiliser la po-pulation en faveur d’un geste vital. Poursavoir si l’objectif a été atteint et en ap-prendre davantage:

➔ wir-spenden-blut.ch/fr/

Donner de son sangdans le train

■ La CRS assiste des requérants d’asileet des réfugiés reconnus sur mandat ducanton d’Uri. Au début de l’été, huit rési-dents tibétains, érythréens et syriens ducentre de transit de la CRS à Altdorf ontparticipé bénévolement à l’entretien dela ligne historique du train à vapeur de laFurka. Sous la supervision de spécialistes,ils ont revêtu de pierres de taille les en-trées en béton des tunnels. Leur engage-ment durable en faveur de la protectiondu paysage est salué par l’entreprise fer-roviaire, qui est tributaire du bénévolatpour assurer son bon fonctionnement.

Des tunnels enjolivés

Fin de 26 ans d’engagement au tibet■ La CRS était la seule œuvre d’entraideétrangère présente de manière ininterrom-pue depuis 26 ans au Tibet. Aujourd’hui, cetengagement touche à sa fin. Au cours desdernières années, deux délégués ont diri-gé le bureau de Shigatse; avec le concoursde douze employés tibétains, ils ont misen place et développé un programme sa-nitaire qui visait en priorité à sensibiliserla population et à former des bénévolesCroix-Rouge ainsi que du personnel médi-cal. Aussi, malgré le départ de la CRS de larégion, le savoir n’est pas perdu.Pour la seule année 2013, la desserteen eau a été étendue à 5000 personnes

supplémentaires. L’accès à l’eau potable365 jours par an constitue un véritabledéfi dans cette région aride où plusieurssommets culminent à 5500 mètres d’al-titude.Chaque année, des centaines de ma-lades atteints de cécité ont recouvré lavue après avoir été opérés de la cata-racte. Des ophtalmologues ont été for-més et se sont rendus avec leurs équipesdans des régions parfois très reculées.La CRS se retire du Tibet de manière pré-maturée. Elle prévoyait en effet de pour-suivre son engagement dans la région,mais la Chine n’a pas prolongé les contrats.

Freiwilligkeit und Vielfalt im Zeichen derMenschlichkeit: l’ouvrage de la CRS surles aspects pratiques et scientifiques dubénévolat

➔ redcross.ch/fr/publications

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DateS cléS 1863–1866

17 février 1863: fondation du CICRà Genève par le Comité des cinq:Henry Dunant, le général Dufour,Gustave Moynier, Louis Appia etThéodore Maunoir

26–29 octobre 1863: conférenceinternationale à Genève (quatorzeEtats présents). Le document fi-nal, appelant à la création de so-ciétés nationales de secours, poseles fondements des dispositionsde droit international adoptéesen 1864.

17 mars 1864: création de la sec-tion genevoise de la Croix-Rougepar le Comité des cinq (1er pré-sident: le général Dufour)

8–22 août 1864: conférence di-plomatique à Genève, convoquéepar le Conseil fédéral. Douze Etatssignent la 1re Convention de Ge-nève, destinée à protéger les sol-dats blessés sur le champ de ba-taille.

17 juillet 1866: fondation de laCroix-Rouge suisse à l’instigationdu conseiller fédéral Jakob Dubs etde MM. Moynier et Dufour

À pRopoS

Henry Dunant était un idéaliste. En1863, la neutralité du personnel sa-

nitaire et des soldats blessés ou maladesde part et d’autre de la ligne de frontest loin d’aller de soi pour ses contem-porains genevois. Le moment ne semblepas encore propice àpareille perspective.Mais Henry Dunant met un tel enthou-siasme à défendre son idée qu’il finit par

réaliser ce que d’aucuns tenaient pourimpossible. En février 1864, les premiersdélégués de la Croix-Rouge – le médecinsuisse Louis Appia et le capitaine néer-landais van de Velde – interviennent aucours de la guerre des Duchés, contri-buant à consolider le principe de neutra-lité des soignants. Pour la première foissur un champ de bataille, ces derniers

Un triomphe pourl’humanité

1re convention de genève

A force de détermination, Henry Dunant finit par convaincre

quatre collègues genevois de se joindre à lui pour fonder le

cicR et élaborer une «convention pour l’amélioration du sort

des militaires blessés dans les armées en campagne». Ce do-

cument – la 1re convention de genève – marque un change-

ment de cap radical dans une période déchirée par la guerre.

TEXTE: myriam FojTu

Conférence des délégués de 1864, présidée par le général Dufour (au centre): non autorisé à participer du fait de son statut, Dunants’est immiscé sur le cliché via un habile photomontage.

RÉtROspeCtIve

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RÉtROspeCtIve

portent un brassard blanc à croix rouge,signe de protection et d’identification.

Une nouvelle page de l’Histoireest écrite à GenèveC’est dans la salle de l’Alabama de l’hô-tel de ville de Genève que les délégués dedouze Etats signent la 1re Convention deGenève, concrétisant la conviction pro-fonde d’Henry Dunant et ouvrant la voieà un véritable triomphe pour l’humani-té. L’idée de soigner les soldats blessés etmalades sans distinction – tutti fratelli –connaît un vaste retentissement.L’esprit visionnaire d’Henry Dunant, quitransparaît dans les documents offi-ciels de l’époque, inspire aussi de nom-breux écrivains et poètes, à l’instar dela Suissesse Eveline Hasler. Dans son ou-vrage Der Zeitreisende. Visionen des Hen-ry Dunant (non traduit en français), laromancière dépeint l’opiniâtreté du Ge-nevois, dont elle reprend cette citation:

La 1re Convention de Genève (1864)est signée par les Etats suivants: Bade,Belgique, Danemark, Espagne, France,Hesse, Italie, Pays-Bas, Portugal, Prusse,Suisse et Wurtemberg.D’autres Etats présents à la conférence(Royaume-Uni, Saxe, Suède-Norvègeet USA) décident de parapher le texteultérieurement. Le Brésil, la Grèce, leMexique et la Turquie s’excusent quantà eux de ne pouvoir participer.

Quinze ans plus tard, on dénombreprès de trente Etats signataires, parmilesquels de nombreux pays européensainsi que l’Argentine, le Chili, l’Iran etla Turquie. L’idée d’humaniser la guerreacquiert progressivement une portéeuniverselle.Le principe fondateur défendu parHenry Dunant – celui d’une aide volon-taire en faveur des victimes de conflitsarmés – s’appuie sur la création de so-ciétés de secours permanentes, la neu-tralité des soignants sur le champ de

bataille, la fourniture d’une aide sansdistinction aux soldats blessés ou ma-lades, la restriction des moyens et mé-thodes de guerre, ainsi que le maintiende la dignité humaine au cours des hos-tilités. C’est sur ces conceptions huma-nitaires fondamentales que reposentaujourd’hui encore nombre de traitésinternationaux relatifs notamment auxgénocides, aux armes biologiques etchimiques, aux mines antipersonnel ouaux armes à sous-munitions.

➔ redcross.ch/1863

«le chemin se déblaieraen marchant: mais il fautmarcher!»

Manuscrit original de la 1re Convention deGenève de 1864 (Musée de la Croix-Rouge,Genève)

DiDieR BuRKHALTeRPrésident de laConfédération

FaiRe avanceR la caUSehUManitaiRe

Renforcer le respect du droit internatio-nal humanitaire passe par la création demécanismes plus efficaces. 150 ans aprèsl’adoption de la première Convention deGenève, la Suisse et le CICR s’engagentensemble pour relever ce défi pressant.

«C’est un des triomphes de l’humanité,une belle idée jetée au milieu du champde la guerre.»Ainsi s’exprimait le Conseilfédéral en septembre 1864 à propos dela Convention pour l’amélioration du sortdes militaires blessés dans les armées encampagne. Dans son message à l’inten-tion de l’Assemblée fédérale, il écrivait en-core que la Suisse, pays neutre épargnépar les guerres, «ne saurait mieux accom-plir ses obligations de droit internatio-nal de concourir au bien des autres Etatsqu’en prenant la cause des blessés».C’est dans cet état d’esprit que le Conseilfédéral convoqua il y a 150 ans, à l’ini-tiative du Comité international de laCroix-Rouge (CICR), la conférence diplo-matique qui jeta les bases du droit inter-national humanitaire. Cet événement futégalement l’acte fondateur de ce qui de-viendra, au fil du temps, une constanteet une composante essentielle de la po-litique étrangère de la Suisse, à savoir satradition humanitaire, un élément, au-jourd’hui encore, indissociable de notreidentité nationale.Depuis, la Suisse a contribué en premièreligne au renforcement du droit interna-

tional humanitaire. Elle a accueilli sur sonterritoire les conférences diplomatiquesconsacrées à l’adoption des Conventionsde Genève de 1949 et de leurs proto-coles additionnels de 1977 et 2005, dontelle est l’Etat dépositaire.Ces textes visent à protéger toutes lespersonnes qui ne participent pas ou plusaux hostilités. Or chaque prisonnier deguerre maltraité, chaque ambulance at-taquée, chaque civil tué en temps deguerre nous rappelle que ces textes sonttrop souvent violés. C’est pourquoi lesefforts de la Suisse portent aujourd’huisur un meilleur respect du droit, car lacause principale de la souffrance des vic-times de guerre n’est pas l’absence derègles appropriées, mais bien leur viola-tion généralisée.De concert avec le CICR, la Suisse mènedepuis 2012 des consultations avectous les Etats sur la création de méca-nismes efficaces pour renforcer le res-pect du droit international humanitaire.Elle propose la création d’un forum quipermettra aux Etats de décider de me-sures communes pour améliorer le sortdes victimes de la guerre. Ils seront éga-lement encouragés à dresser régulière-ment des rapports sur la façon dont ilss’acquittent de leurs obligations. Celapermettra d’identifier et d’appréhenderles enjeux globaux, et ainsi d’amorcerun changement de tendance favorableau respect du droit international huma-nitaire.La mise en œuvre du droit internatio-nal humanitaire s’avère souvent difficileau vu des situations extrêmes – cellespropres aux guerres – dans lesquellesil s’applique. Les terribles souffrancescausées par les conflits armés dans lemonde entier nous le rappellent chaquejour. Aujourd’hui, comme il y a 150 ans,la Suisse estime qu’il est de son devoirde défendre la cause des victimes deguerre.

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en complément de ses ateliers chili de gestion des conflits, la Croix-Rouge suisse (CRS) pro-

pose dans le canton de Schwyz des modules ludiques et accessibles relatifs aux nouveaux

médias. Les spécialistes s’accordent en effet sur la nécessité de sensibiliser sans tarder la jeu-

nesse à cette thématique.

TEXTE: Tanja rEuSSEr PhoToS: roland BlaTTnEr

Ils ont tous un smartphone, sauf moi!»L’argument favori des adolescents du

XXIe siècle prend tout son sens dans labouche de Jan*, 13 ans: parmi ses cama-rades, il est effectivement le seul à possé-der un«vieux»natel. En pleins pourparlersavec ses parents, il se montre confiant.Certes, la classe de 7e de l’école secon-daire du Stumpenmatt àMuotathal n’estpas représentative de la réalité à l’échellesuisse. En milieu urbain, par exemple, laplupart des enfants se familiarisent avant

13 ans avec l’utilisation des smartphoneset savent souvent mieux s’en servir queleurs parents. Il s’agit davantage d’unsigne d’appartenance que d’un phé-

nomène de «coolitude». Car si les adossans smartphone font rarement l’objetde railleries, ils n’en sont pas moins invo-lontairement mis à l’écart.En effet, les élèves communiquent entre

eux sur des chats de groupe tels queWhatsApp, sur des réseaux sociauxcomme Facebook ou Twitter, ou par pho-tos interposées.

Diffusion aux quatre ventsL’âge parfait pour sensibiliser les jeunesaux dangers de la communication à l’èrenumérique se situe aux alentours de13–14 ans. De la police à la direction del’école en passant par les enseignants etles élèves eux-mêmes, tous conviennentde l’utilité de l’atelier chili proposé par la

les ados sans smartphone sontinvolontairement mis à l’écart.

La tour de Fröbel, un jeu d’équipe pour comprendre le fonctionnement d’un réseau

Rendre la toile plus sûreateliers chili de sensibilisation aux nouveaux médias

«

ARRIèRe-plAn

*Prénom d’emprunt

14 Humanité 3/2014

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ARRIèRe-plAn

tage, qui doivent savoir que les forcesde l’ordre sont à leurs côtés. Or elles ontsouvent honte de porter plainte, ce quirenforce leur souffrance psychique. C’estprécisément ce que Bernhard Reichmuthcherche à éviter: «La question me tient àcœur. Pour le prouver, je donne mon nu-méro aux élèves, qui peuvent m’appelerà tout moment, à condition de ne pasle faire anonymement», explique-t-il eneffleurant son smartphone à travers la

poche de son uniforme. Stefan Probst,directeur de l’école, entend proposerchaque année l’atelier chili de sensibi-lisation aux élèves de 7e. D’autant plusque son établissement a vécu par le pas-sé un incident qui a essaimé jusqu’àWin-terthour. «Les réseaux sociaux restentune énigme pour de nombreux parents»,constate-t-il.

demi-tour impossibleIrena Zweifel, animatrice chili, le saitbien. Ou du moins c’est ce qu’elle croit,

CRS. Et la CRS Canton de Schwyz figureaux avant-postes. Sa directrice Vreni Kam-ber est pleinement convaincue de la per-tinence de cette nouvelle prestation: «LaCRS se met au service des personnes detout âge. Or les nouveaux médias consti-tuent un domaine où nous pouvons nousinvestir efficacement dans la protectionde la jeunesse.» Bernhard Reichmuth,chef de la prévention de la criminalité enlien avec les médias numériques à la po-lice cantonale schwyzoise, est du mêmeavis. Il salue d’ailleurs la collaboration

avec la Croix-Rouge locale. Au primairedéjà, son équipe sensibilise les parentsaux dangers qui guettent leurs enfantssur Internet: «Sur les nouveaux médias, ilest vite arrivé de commettre une infrac-tion sans s’en rendre compte. Ni les pa-rents ni leurs enfants ne sont suffisam-ment conscients des limites à observer.»Selon lui, la CRS est un partenaire fiablequi complète de façon optimale le tra-vail de prévention de la police. Celui-cis’adresse aussi aux victimes poten-tielles de cyberharcèlement ou de chan-

les ateliers chili de la cRScomplètent le travail deprévention de la police.

irena Zweifel ex-plique les prin-cipales règles àrespecter sur les ré-seaux sociaux: touttexte, photo ouvidéo mettant enscène d’autres per-sonnes ne doit êtrepublié qu’avec l’ac-cord de celles-ci.

A l’aide de cou-leurs, irena Zweifelmontre la vitesseà laquelle un mal-entendu peut sepropager.

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ARRIèRe-plAn

iRenA ZweiFeLIrena Zweifel, 47 ans,a suivi des formationsen gestion des conflitsCRS, en coaching systé-mique constructif et enorganisation ASO.

coMMent eSt né l’atelieRchili conSacRé aUx noUveaUxMéDiaS?

Le besoin a été soulevé par une écoledans laquelle nous organisons chaqueannée un atelier chili de gestion desconflits. J’ai joué un rôle clé dans laconception du volet «prévention de laviolence»de ce programme. Les deuxcours sont complémentaires, mêmes’il est tout à fait envisageable de n’ensuivre qu’un seul.

leS atelieRS chili Sont-ilSaDaptéS À toUteS leStRancheS D’âge?

Oui, la gestion des conflits peut mêmeêtre abordée au jardin d’enfants. Pource qui est de la sensibilisation aux nou-veaux médias, nous recommandons d’at-tendre l’école secondaire afin de pouvoirévoquer tous les thèmes. Les deux courssont pertinents même dans les établisse-ments ne rencontrant pas de problèmes:mieux vaut prévenir que guérir.

Mon enFant eSt accRo À Sontéléphone MoBile: qUe FaiRe?

Tout d’abord, parlez-en avec lui. Faites-lui part de vos impressions et écoutezce qu’il a à dire à ce sujet. Evaluez lessolutions envisageables ou explorezvos propres pistes. Une fois un accordtrouvé, il faut veiller au respect desnouvelles règles et fixer à l’avance lessanctions en cas de désobéissance.

tRoiS qUeStionS confie-t-elle en souriant. Comme sesados, elle utilise presque toutes les fonc-tionnalités de son smartphone, notam-ment Facebook. Elle est consciente del’évolution fulgurante de la technolo-gie; il n’est pas un jour sans qu’une nou-velle application ne se répande commeune traînée de poudre:«Il faut donc fixerdes règles de base valables quel que soitl’outil utilisé. De toute manière, l’instau-ration d’un contrôle parental total est ir-réaliste à l’adolescence.» C’est dans cetesprit qu’elle a œuvré à la conceptionde l’atelier de sensibilisation aux nou-veaux médias qu’elle anime aujourd’huià Muotathal. Insistant sur les straté-gies d’évitement, elle laisse les élèvesse rendre compte d’eux-mêmes par lejeu de ce qui peut arriver s’ils ne les ap-pliquent pas. En dehors d’un petit vo-let théorique, le cours fait la part belleà l’humour, à la complicité, au jeu et àl’interaction. Irena Zweifel a tôt fait demettre les élèves à l’aise grâce à son en-thousiasme communicatif et à un pro-gramme attrayant.

tester et découvrirLes participants s’initient au fonction-nement d’un réseau à travers des ac-tivités de groupe telles que la tour deFröbel (cf. photo). A l’aide de couleurs,ils se rendent compte de la vitesse à la-quelle une rumeur se propage, de l’ab-surdité d’une communication à sensunique et de l’impact que peut avoirune fausse information transmise de fa-çon irrévocable. Malgré l’ambiance bonenfant, la leçon est retenue, comme leprouve d’ailleurs une évaluation me-née par la Haute école spécialisée de la

Suisse du Nord-Ouest. «L’efficacité deces ateliers a été démontrée», confirmeDaniela Forni, cheffe du projet chili dansle canton de Schwyz.La non-assistance à personne en dan-ger: voilà qui fait particulièrement réflé-chir les élèves de 7e. Irena Zweifel leurexplique qu’en n’intervenant pas, ils serendent eux-mêmes coupables. Ce prin-cipe s’applique aussi à la participationpassive à un groupe sur un réseau so-cial, par exemple en cas de harcèlementou de diffamation. Même sans tenir de

propos offensants, tout membre peutêtre considéré comme complice, ce quivaut également pour les groupes privésWhatsApp.Un élève mentionne alors l’applicationSnapchat. L’occasion pour Irena Zwei-fel d’élargir ses horizons. «Ça sert à en-voyer des photos qui s’affichent unepoignée de secondes et qui ne peuventpas être enregistrées», lui explique unparticipant sous le regard avisé de sescamarades. L’application semble trèspopulaire depuis quelque temps. Ellepermet une communication muette etinstantanée sous le couvert illusoire del’éphémère. Les nouvelles technologiesévoluent à la vitesse de l’éclair; pourcette jeunesse avide de nouvelles expé-riences, elles représentent des dangersinédits. Et sans doute est-il possible de-puis longtemps déjà de stocker à jamaisces images supposées fugaces.

➔ redcross.ch/ateliers-chili

tous les membres d’un groupesont complices.

Tous unis pourprotéger la jeu-nesse: Vreni Kam-ber et Daniela For-ni (CRS Canton deSchwyz), StefanProbst (directeur del’école) et BernhardReichmuth (poli-cier)

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tÉMOIGnAGe

vivre en colocation avecsa grand-mère d’adoption

Section lugano de la cRS tessinoise

la croix-Rouge suisse de lugano joue les agences immobilières entre de jeunes étudiants

et des personnes âgées. en plus de créer du lien entre les générations dans la bonne hu-

meur, ces colocations sont bien souvent à l’origine d’amitiés durables. Sans compter que ce

mode de cohabitation rassure les proches des seniors.

TEXTE: annETTE FrommEr PhoToS: TrES camEnzind

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tÉMOIGnAGe

«quand Meriam est là, je suisbien plus heureuse.»

Dans la cuisine, c’est la franche rigo-lade. Pendant que les pâtes cuisent

sur le feu, deux femmes pleines de tem-pérament rient aux larmes. A en croireMeriam Benhamza, âgée de 28 ans et deloin la benjamine, quand elles sont en-semble, qu’elles soient en train de cuisi-ner, de se promener ou d’apprécier la vue

sur le lac de Lugano depuis la terrasse dusixième étage, elles sont toujours à rire.«C’est notre côté méditerranéen, nousaimons rire, parlons beaucoup, de toutet de rien, et nous nous disons tout»,poursuit-elle. Deux ans et demi durant,

elle a habité chez Maria Migliarese, âgéede 77 ans. C’est la Croix-Rouge de Luga-no qui les a réunies: SolidariETÀ – poursolidarité entre les générations – est unprojet qui met en relation des personnesâgées seules cherchant de la compagnieet des jeunes étudiants en quête d’unlogement bon marché. Cette solution, àpremière vue strictement pragmatique,fait en réalité la joie des participants touten répondant à leurs besoins.Quand on demande à Maria Migliare-se quelle est, à ses yeux, la meilleure ex-périence qu’elle a faite avec SolidariETÀ,son visage s’illumine: «Tout, dit-elle enriant. Quand Meriam est là, je suis bienplus heureuse. Je me sens en sécuritéet mes quatre enfants se font moins desoucis pour moi. Meriam me demande

comment je me porte, si bien que je neme sens plus seule.» Originaire d’Italie,Maria est venue en Suisse alémanique ily a 50 ans. Quand son mari a pris sa re-traite, ils se sont installés à Lugano oùils ont acheté un appartement au borddu lac. Lui a eu recours à l’offre d’ergo-thérapie de la CRS. Après sa disparition,Maria a fait appel au service de visite.C’est là qu’elle a entendu parler de So-lidariETÀ.

Une seconde familleEn octobre dernier, Meriam Benham-za a terminé ses études de communica-tion financière à l’université de Lugano.Quand la jeune Marocaine est arrivée enSuisse, elle ne voulait pas habiter seuleet dès le départ, elle était partante pour

vivre avec une colocataire qui lui rap-pellerait peut-être sa grand-mère. Troiscents francs, c’est le prix que les étu-diants paient pour une chambre. «C’estévidemment l’une des raisons, mais pasla plus importante, pour laquelle j’ai dé-posé mon dossier.» Pour Meriam, Mariaa été comme une seconde famille:«Noussommes parties ensemble en vacances,je me suis rendue dans sa famille en Ca-labre et j’ai appris la cuisine italienne»,raconte-t-elle. Et d’ajouter à propos desa grand-mère d’adoption, non sans unclin d’œil au passage: «Par contre, Ma-ria n’aime pas trop la cuisine marocaine,qui est trop épicée à son goût. Elle n’estpas adepte de nouvelles expériencesgustatives. Après tout, elle est italienne,je peux comprendre.» Fin mai, après sixmois à chercher un emploi en Suisse sanssuccès, Meriam est repartie vivre dans safamille à Casablanca car son permis deséjour arrivait à échéance. Maria a dumal à se faire au départ de Meriam, sur-tout que les prochains étudiants n’arri-veront qu’à l’automne. En attendant,elle passera l’été seule dans son appar-tement confortable et ira dans sa familleen Calabre. «Je vais bientôt rendre visiteà Meriam au Maroc», assure-t-elle.

Une adepte de la première heureSolidariETÀ a été créée il y a quatre ans.S’inspirant de colocations intergéné-rationnelles telles qu’il en existe à Pa-ris, Barcelone ou dans d’autres grandesvilles, l’initiative est fondée sur le modèle

Quand elles sontensemble, elles neratent jamais uneoccasion de rire,même si chacune ases idées bien à elleen matière de cui-sine.

Meriam Benhamza et Maria Migliarese gardent toutes deux d’excellents souvenirs de ces30 derniers mois.

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tÉMOIGnAGe

de Milan. A Lugano toutefois, la CRS adu mal à mobiliser des personnes âgées.Leurs familles craignent des difficultésavec les jeunes. Mais une fois que lesaînés ont décidé de tenter l’expérience,ils sont enchantés.C’est le cas de Caterina Wennubst. De-puis le lancement de SolidariETÀ, cetteoctogénaire loue plusieurs chambres àdes étudiants à Lugaggia, sur les hau-teurs de Lugano. C’est sa fille aînée, bé-névole à la CRS, qui lui a parlé de ce pro-

jet. Actuellement, deux étudiants, DaryaBasova et Salvatore Buttitta, vivent chezCaterina, qui apprécie la compagnie desjeunes. «Mais je suis très contente qu’ilsaient leur vie à eux et qu’ils ne soient pastoute la journée à la maison. D’ailleurs,Darya vient de prendre le bus pour Lu-gano pour donner des cours de piano»,dit-elle pour expliquer l’absence de lajeune Moscovite de 23 ans, qui étudieau conservatoire.Darya joue tous les jours sur le piano quitrône dans le salon de la grande villa. Desphotos de contrées lointaines ornent lesmurs et des statues asiatiques sont dis-posées sur les commodes. Caterina Wen-nubst est originaire des Pays-Bas. Elle parlehollandais, italien, mais aussi allemand,anglais et français, et a des notions demalais. Ses yeux s’animent dès qu’elle semet à parler de son passé riche en rebon-

dissements: elle s’est mariée à Londres àun Néerlandais originaire d’Amsterdam,comme elle. «Nous sommes partis direc-tement en Indonésie. La famille de monépoux vivait dans les colonies.»Le couple aeu sept enfants. Au début des années 50,lorsque l’Indonésie s’affranchit pour debon des Pays-Bas, la famille quitte le payspour s’installer en Suisse.

Une question de sécuritéLa passion de Caterina, c’est son grandjardin. «Le soir, on aperçoit parfois deschevreuils et des lièvres.» Mais cette vil-la située à l’écart n’est pas visitée uni-quement par des animaux. Des voleurssont déjà venus. «Heureusement, monpetit-fils les a fait déguerpir.» Malgréson grand âge, Caterina est souvent parmonts et par vaux. Aussi, c’est une sécu-rité d’avoir des étudiants sous son toit.«A mon avis, Darya n’est pas mécontenteque je m’absente de temps à autre. Dansces moments-là, elle peut jouer tranquil-lement au piano», confie-t-elle avec lesourire. Elle s’est vite liée d’amitié avecla jeune étudiante. Elles papotent dansla cuisine, se promènent dans le jardin, etCaterina n’est pas insensible aux accordsqui s’échappent du salon. D’ailleurs, si lajeune étudiante compte habiter encoreun ou deux ans chez Caterina, ce n’estcertainement pas pour son piano.

➔ crocerossaticino.ch/sezione-del-

luganese

«J’aime être entouréede jeunes.»

SiMonA SALZBoRnC’est elle qui est à l’ori-gine et à la tête de So-lidariETÀ à la sectionLugano de la Croix-Rouge. Cette Tessinoisede 55 ans s’occupeaussi gracieusementde l’encadrement detous les bénévoles de laCroix-Rouge de Lugano.

À qUi S’aDReSSeSoliDaRietÀ?

Cette initiative est destinée aux per-sonnes âgées vivant seules, disposantau minimum d’une chambre libre etcherchant de la compagnie. Il fautpar ailleurs qu’elles soient en bonnesanté car les étudiants n’ont pas àdispenser de soins. Les candidatsdoivent avoir plus de 20 ans et êtreoriginaires d’un autre canton ou d’unautre pays. Le loyer mensuel est de300 francs.

qUelleS expéRienceSavez-voUS FaiteS?

Quand la cohabitation se passe bien,tout le monde y trouve son compte,y compris les proches. Pour que celafonctionne, nous sélectionnons soi-gneusement les colocataires: nous de-mandons par exemple aux étudiantss’ils fument, sortent le soir ou aimentbien les animaux de compagnie. Lademande est forte du côté de la jeunegénération. En revanche, il est plusdifficile de motiver les personnesâgées, car elles sont moins ouvertes àla nouveauté et souvent se sont habi-tuées à la solitude. L’exemple de Ma-ria et Meriam prouve cependant àquel point l’expérience est enrichis-sante pour les deux parties. Pour mapart, j’ai plaisir à voir de telles amitiésse nouer.

l’initiative a-t-elleeSSaiMé?

La Croix-Rouge fribourgeoise a lan-cé le projet habiter/aider, qui s’inspirede SolidariETÀ. Mais là, les étudiantspaient des frais uniques. En échange,ils fournissent des services. Il est toutà fait envisageable de mettre sur pieddes colocations intergénérationnellesdans d’autres grandes villes de Suisse.Nous partageons volontiers notre ex-périence.

tRoiS qUeStionS

Caterina wennubst a ouvert les portes desa maison à une étudiante et un étudiant.

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Un geste pour lesgénérations futures.

Croix-Rouge suisseRainmattstrasse 10

Case postaleCH-3001 Berne

Téléphone 031 387 74 64

En rédigeant un testament, vous avezl’assurance que votre patrimoine seraréparti selon vos dernières volontéset que vos valeurs vous survivront. Labrochure sur les testaments éditéepar la Croix-Rouge suisse vous aideradans cette démarche.

Téléphone 031 387 74 [email protected]/legs

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Veuillez m envoyer labrochure sur les testaments

Nom

Prénom

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Téléphone

Date de naissance

❏Merci de prendre contact avec moi

Page 21: Magazine Humanité 3/2014: Un bien précieux pour les plus démunis

tÊte-À-tÊte

«privilégier la stratégiela plus efficace»

vladimir cmiljanovic, ceo de piqur

vladimir cmiljanovic, d’origine serbe, est arrivé en Suisse il y a quinze ans en tant que hand-

balleur professionnel. après avoir mené de front carrière sportive et études de chimie, il est

aujourd’hui, à 35 ans, le ceo de piqur, jeune société ayant développé une thérapie anticancé-

reuse novatrice pour laquelle des études cliniques sont déjà en cours. il nous explique pour-

quoi il a fait à la cRS un don en faveur des victimes des inondations dans les Balkans.

inTErviEw: Tanja rEuSSEr

Quels échos avez-vous de la

région, six semaines après la

catastrophe?

C’est comme s’il y avait eu untsunami. Personne n’a jamais vuune catastrophe d’une telle am-pleur, et personne ne l’avait an-ticipée. Récemment, mon pèreest allé en Serbie à un mariageauquel étaient également invi-tés des Américains et des Suisses.Lorsque le car a traversé la régionsinistrée, même les plus endur-cis n’ont pu retenir leurs larmes.Le désespoir des gens est terrible-ment palpable. Beaucoup sont dé-vastés psychologiquement, car ilsont perdu ce qu’ils avaient mis 20 ans àconstruire, à force de privations.

Avez-vous été en contact avec des

proches sur place pendant les jours où

se sont abattues ces pluies diluviennes?

Mon père a appris ce qui se passait parla famille et m’a tenu au courant. La plu-part de mes proches habitent à Belgrade,la capitale. La ville a pu être sauvée grâceaux digues construites par des milliers debénévoles. J’ai d’ailleurs été touché d’ap-prendre que les gens s’étaient montrésextrêmement solidaires. Mais j’ai aussiété choqué par les images des inonda-tions que j’ai pu voir dans les médias.

Vous avez fait un don à la cRS en

faveur des victimes dans le sud-est de

l’Europe.

Oui, et sans que je le sache ni lui demandequoi que ce soit, ma femme aussi (rires).Pourmoi, il est importantque l’affectationdes dons soit contrôlée. Je fais confianceà la CRS, en sa qualité d’œuvre d’entraideneutre, pour assumer cette mission. Jesuis persuadé que la Croix-Rouge a unebonne vision d’ensemble de la situationet sait où son aide est la plus urgente.

cela ne vous dérange-t-il pas que

la cRS ne puisse vous promettre

d’investir votre don dans votre pays

d’origine?

J’imagine qu’en Suisse, la plupart desgens originaires du sud-est de l’Europeont envie que leurs dons profitent à larégion de leur famille. Mais pour moi, cen’est pas la bonne attitude. Il faut agiravec pragmatisme et intelligence, privi-

légier la stratégie la plus efficacepour soutenir un maximum depersonnes durement touchées.Peu importe le pays. Les dégâtssont immenses, ce n’est pas enmillions que se chiffreront les ré-parations... Or les dons sont qua-siment la seule possibilité defaire face à ces coûts. Personneou presque n’est assuré.

Vous voulez mettre au point

une thérapie contre le cancer

et vous encouragez votre

entourage professionnel à

donner comme vous à la cRS.

Qu’est-ce qui vous motive?

J’ai été éduqué comme ça, c’est quelquechose qui fait partie de moi. Je rêve de-puis longtemps de trouver un remède aucancer, notamment pour les jeunes. Il y aen partie des raisons personnelles à cela.Mais pour ce qui est des Balkans, je nem’engage pas seulement parce que je suisSerbe. Bien sûr, il y a le lien émotionnel,mais je donnerais aussi pour un autre payssi ses habitants se retrouvaient dans une si-tuation aussi désespérée. Pour moi en toutcas, dans la mesure où l’on en a la possi-bilité, aider est un devoir. Je pense aus-si que les pays concernés se souviennentqu’on leur a un jour tendu la main. Il fautse soutenir les uns les autres, ne serait-ceque parce qu’aucun pays ne sera jamais àl’abri d’une catastrophe naturelle.

➔ Lisez les pages suivantes pour en sa-

voir plus sur l’engagement de la CRS.

Marié à une Bâloise et père de deux enfants, Vladimir Cmil-janovic puise notamment dans sa famille une énergie qui luipermet de rallier les autres à ses idées.

©U

nive

rsité

de

Bâle

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Redonner foi en l’avenirintempéries dans les Balkans

après les violentes crues de la mi-mai, les opérations de déblaiement ont débuté en Bosnie

et en Serbie. les habitants, nombreux à avoir tout perdu dans la catastrophe, sont tributaires

d’une aide. La Croix-Rouge suisse (CRS) a dépêché sur place l’ingénieure ReginaWenk afin de

contribuer à l’aide d’urgence et de planifier la reconstruction.

TEXTE: KaTharina SchindlEr

Regina Wenk est bouleversée. Tantpar l’ampleur des dégâts que par le

désespoir de la population. Aux côtésde l’équipe locale de la CRS, elle s’estrendue dans de nombreux villages dunord de la Bosnie. «Tout en recueil-lant les données nécessaires auprèsde communes, d’institutions socialeset de la Croix-Rouge bosnienne, nousnous sommes entretenus avec les si-

nistrés. Nous disposons désormaisd’une bonne vue d’ensemble des des-tructions et des besoins. Ces informa-tions nous aident à mieux planifier nosopérations», explique l’ingénieure de48 ans. Spécialiste de la statique desconstructions et membre de la Chaînesuisse de sauvetage, elle a suivi descours de la CRS pour se préparer à sonintervention.

Repartir à nouveau de zéroC’est dans le village de Kopanice qu’ellerencontre par hasard Ane Zuparic.Jusqu’à la catastrophe, cette septuagé-naire et son mari occupaient une petiteferme désormais réduite à un champ deruines: «Tout ce qui leur restait, c’étaitune poule caquetant dans la bassecourrecouverte de boue, raconte ReginaWenk. Lors de la guerre, ils avaient déjà

Regina wenk et son interprète emina Babovic Gojacic en pleine évaluation: la marque sur le mur de droite témoigne du niveau des eaux.

COUp de pROjeCteUR

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COUp de pROjeCteUR

dû abandonner leur ferme. Quand ils ontpu revenir il y a plus de 20 ans, ils ont dûrepartir de zéro. Et maintenant, rebe-lote», constate la collaboratrice Croix-Rouge. Et Ane Zuparic est loin d’être laseule à avoir connu pareil destin.De visite en visite, Regina Wenk ren-contre des gens qui, après s’être pro-gressivement reconstruit une existenceau sortir de la guerre, ont à nouveau toutperdu: maison, avenir et espoir. Face àune telle détresse, l’aide apportée par laCroix-Rouge est extrêmement précieuse:«Ces personnes ont besoin de preuvesde solidarité, sans quoi elles perdent foien l’avenir», souligne-t-elle.

personne ou presque n’est assuréCertains bâtiments ont été complète-ment détruits par les glissements de ter-rain. D’autres ont subi des dégâts consi-dérables, mais peuvent être asséchés etrénovés à force d’efforts et de patience.L’un des problèmes majeurs, c’est qu’enBosnie – contrairement à chez nous –,personne ou presque ne dispose d’uneassurance couvrant une part des dom-mages matériels. L’incertitude dominedonc:«Les personnes seules et démunies,qui figuraient avantmême la catastropheparmi les populations défavorisées, ontparticulièrement besoin d’aide. Elles sonttributaires de notre soutien pour réhabili-ter leur maison avant la rude saison hiver-nale», souligne Regina Wenk.

Remettre en état maisons et jardinsD’ici le début de l’hiver, la CRS entendcontribuer à la rénovation d’un maxi-mum de bâtiments rendus inhabitables

par les dégâts d’eau. Elle se concentresur le nord du pays, où elle mène de-puis plusieurs années un programmeen faveur des familles et des personnesâgées défavorisées. Pour les travaux dedéblayage, elle a déjà mis à dispositiondéshumidificateurs, nettoyeurs à hautepression, pelles, pioches, balais et vête-ments de protection.La boue a également envahi champs etjardins, annihilant les récoltes. De nom-breux animaux sont morts dans les crues.L’autosuffisance étant ici monnaie cou-rante, la nourriture viendra à manquerpour de nombreuses familles dans lesprochains mois. Jusqu’au printemps, laCRS leur fournira donc des vivres et lesaidera à remettre leur jardin en état.

Aide d’urgenceDès les premières heures après la catas-trophe en Bosnie, les six membres del’équipe de la CRS se sont attelés auxopérations d’aide d’urgence. Avec leconcours de bénévoles de la Croix-Rougelocale, ils ont distribué 17 000 conserves,250 kg de comprimés de purificationd’eau ainsi que de grandes quantitésde produits désinfectants, de matérielde nettoyage, de pelles, de couvertures,de matelas et de bottes en caoutchouc.La CRS a en outre fourni 400 déshumi-dificateurs destinés au séchage des bâti-ments. Présente depuis des années danscette région où elle a noué de nombreuxcontacts, elle a pu faire preuve d’unegrande réactivité.

Intervention de la Croix-Rougeen serbieEn Serbie aussi, la CRS participe aux tra-vaux de réfection et de reconstructionen étroite collaboration avec la Croix-Rouge autrichienne, qui dispose d’unsolide réseau dans le pays. Début juil-let, elle a dépêché une déléguée surplace afin de planifier les opérationsde reconstruction. Comme de coutumeen cas d’événement majeur, la Fédéra-tion internationale des Sociétés de laCroix-Rouge et du Croissant-Rouge acoordonné l’aide apportée par ces der-nières. Dans une optique de répartitiondes rôles au sein du Mouvement Croix-Rouge, la CRS a décidé d’attendre le dé-but de la phase de reconstruction pourintervenir en Serbie. En effet, huit autresSociétés nationales assurent déjà l’aided’urgence sur place depuis le lendemainde la catastrophe.

➔ redcross.ch/inondations-balkans

Ane Zuparic est désespérée: l’agricultrice a tout perdu dans l’inondation.

Ce tapis souillé de boue est le seul signerappelant qu’il s’agissait bien d’une piècede vie.

La CRS remercie l’ensemble de ses do-natrices et donateurs pour leur soli-darité. Elle salue particulièrement lesoutien financier apporté par Coop,Migros et par d’autres entreprises, au-torités et fondations. Pour venir rapi-dement en aide aux populations si-nistrées en Bosnie-Herzégovine eten Serbie, elle recourt en outre à desfonds de la Chaîne du Bonheur et dela Croix-Rouge autrichienne.

À pRopoS

©Amer

Kap

etan

ović

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Page 24: Magazine Humanité 3/2014: Un bien précieux pour les plus démunis

Urgence dans le deltadu Mékong

vietnam

Selon des estimations, le delta du Mékong pourrait se retrouver sous 70 cm d’eau dans une

cinquantaine d’années. aujourd’hui déjà, de nombreux villages doivent lutter contre les inon-

dations. la croix-Rouge les soutient en construisant des maisons résistantes et encourage la

prévention des catastrophes.

Ce n’est pas une bonne nouvelle quele directeur de l’école primaire de

Dat Mui, à l’extrême sud du Vietnam, ap-prend ce matin-là par téléphone: «Unedigue a cédé et les flots menacent le bâ-timent!» L’appel du comité populaire lo-cal déclenche la plus grande agitationchez 600 élèves et le personnel ensei-gnant. Il en va de leur survie. Le proviseur,

armé d’un mégaphone et de sa sirène,mène les opérations, avec pour objectif

que tous se mettent rapidement à l’abriau dernier étage. Les enfants montent lesescaliers à toute vitesse, leurs professeurs

emportent des manuels scolaires et del’eau potable. L’un d’entre eux s’emparede «papa Hô», un buste en plâtre du pèrede la nation, Hô Chí Minh.Si cette rupture de digue n’est qu’une si-mulation, et l’évacuation qu’un exercice depréparation aux catastrophes mené par laCroix-Rouge suisse (CRS), la menace n’enest pas moins réelle. Le delta du Mékong

en cas d’urgence, une évacuation par des équipes de sauvetage de la Croix-Rouge peut sauver des vies.

sUR le teRRAIn

TEXTE: PETEr jaEggi PhoToS: roland Schmid

au vietnam, la cRS encourage lapréparation aux catastrophes.

24 Humanité 3/2014

Page 25: Magazine Humanité 3/2014: Un bien précieux pour les plus démunis

sUR le teRRAIn

est unmilieu fragile:des bras de fleuve trèsramifiés,descanauxparmilliers,desbassinsd’aquaculture à perte de vue séparés seu-lement par de fines digues qui supportentd’étroits sentiers et routes. L’irrigation estrégulée par les marées. Vu du ciel, le pay-sage ressemble àune vasteétendue d’eau.

des réfugiés climatiquesSur la rive, les pieds dans la boue, NguyenVan Cuong, pêcheur et travailleur jour-nalier, montre où se trouvait autrefois samaison. Il y a vécu douze ans avec sa fa-mille; il l’avait construite de ses propresmains, en bois et en feuilles de palmier.«L’eau ne cessait de monter, jusqu’à pé-nétrer un jour à l’intérieur. On ne pouvaitplus rester», raconte-t-il. Lui et sa famillesont devenus des réfugiés climatiques. Ilne leur a pas été facile d’abandonner leurchez eux. En partant, le pêcheur a rassem-blé quelques piquets de bois de sa mai-son bientôt submergée qui servent au-jourd’hui à clôturer sa petite porcherie.Nguyen Van Cuong fait partie desquelque 50% des habitants du delta duMékong à vivre sous le seuil de pauvreté

nguyen Van Cuong (2e en partant de la gauche) et sa famille sont soulagés: grâce à laCRS, ils ont un nouveau chez eux.

ou tout juste au-dessus. «Les plus pauvressont aussi les plus démunis face aux ca-prices de la nature», indique Ton ThatKhanh, expert de l’environnement. Leurmaison de fortune les rend particulière-ment vulnérables aux typhons.La plupart d’entre eux dépendent de lapêche et vivent au bord de l’eau, ce qui

les expose encore plus au danger. La pro-vince de Ca Mau, la plus méridionale duVietnam, est souvent frappée par destempêtes tropicales pendant la saisondes pluies, d’octobre à janvier. Les pê-cheurs, qui ne peuvent prendre la mer,sont alors privés de revenus. Et la faminefrappe de nombreux foyers.L’ancienne habitation de Nguyen VanCuong n’est pas la seule du delta à avoirété engloutie par les flots. Ces deux der-nières décennies, l’Etat, avec le concoursde l’aide internationale, a dû reloger plusd’un million de personnes. La CRS a partici-pé à ces opérations en bâtissant 1300 mo-destes maisons résistant aux inondationset aux tempêtes. Parmi lesquelles celle deNguyen Van Cuong. Il habite aujourd’huiàquelques minutes en bateau de son ancienlogement. L’Etat a offert 270m2 de terrain

Les écoliers ap-prennent à garderleur sang-froid et àse mettre en sûretéau dernier étage dubâtiment.

Des maisons tropprès de l’eau etconstruites sur unsol boueux – maisoù habiter quandon vit de la pêche?

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sUR le teRRAIn

à chaque famille concernée. La nouvelleconstruction antitempête Croix-Rouge fait25 m2, les familles peuvent y ajouter desannexes simples pour agrandir leur espacehabitable.Afin de créer suffisamment de place pourl’élevage de crevettes, d’énormes surfacesde mangrove ont été déboisées – avec desconséquences dramatiques. Les mangro-ves brisent les grandes vagues et protègentdes flots, qui provoquent l’érosion. Elles ar-rêtent les sédiments, permettant ainsi à laterre de croître vers la mer. Le Pr Duong VanNi, agronome et spécialiste de l’environne-mentà l’Universitéde Can Tho:«A la pointesud du Vietnam autrefois, la terre gagnaitchaque année entre 15 et 20 mètres surla mer. Aujourd’hui, c’est l’inverse, elle estdétruite par l’érosion.»L’Etat investit beau-coup d’argent dans le reboisement. «C’estune gageure, explique le Pr Ni, parce quela population augmente. Il faudrait dépla-cer les habitants.»Il ne voit pas l’avenir avec

Un DeMi-Siècle DeMoBiliSation aU vietnaM

De tous les pays étrangers où inter-vient la Croix-Rouge suisse (CRS), leVietnam est celui dans lequel son en-gagement est le plus ancien:50 ans sans discontinuer. Pendant laGuerre du Vietnam déjà, la CRS y adéployé secours d’urgence et chirur-giens de guerre. Après la fin des hos-tilités en 1975, elle a surtout veillé àrétablir l’offre de soins de base, puis àouvrir des hôpitaux et des orphelinats.Ces structures ont accueilli nombrede victimes de l’«agent orange»–défoliant dont la toxicité est à l’origined’atteintes graves et durables à lasanté de la population. Typhons etinondations étant récurrents au Viet-nam, la CRS y enchaîne depuis lesannées 90 les opérations d’aide d’ur-gence. Grâce à elle, des villageois ontété relogés dans 3500 habitations ré-sistant aux flots et aux tempêtes.La prévention des catastrophes re-vêt une importance accrue. La CRSs’associe à la Croix-Rouge vietna-mienne pour réduire la vulnérabili-té de deux provinces méridionales:les risques sont cartographiés, desplans d’évacuation établis et descours de premiers secours dispen-sés. De plus, des mesures sont prisespour protéger écoles, cliniques etprincipaux axes de communicationdes crues et des tempêtes.

À pRopoS

sérénité:«Le ministère de l’Environnementet plusieurs instituts de recherche estimentque dans une cinquantaine d’années, lamoitié du delta du Mékong aura disparusous 70 centimètres d’eau.» Ce qui équi-vaut quasi à la moitié de la Suisse.

Une rizière fragileLe delta du Mékong est la rizière du Viet-nam. Chaque année, la région produitquelque 42 millions de tonnes de riz, quinourrissent une quarantaine de pays dansle monde. «Le delta du Mékong et quatreautres grands deltas fournissent 80% dela production mondiale de riz. Or n’ou-blions pas qu’il n’est pas le seul à subir lamontée des eaux. Celle-ci a donc une in-fluence directe sur la sécurité alimentairede la planète.»Le Pr Ni ajoute qu’en plus du changementclimatique, la déforestation est la princi-pale cause de la multiplication des ca-tastrophes naturelles. Dans 20 ans, prèsdes deux tiers des forêts auront disparudans la partie septentrionale du Mékong.«L’eau auparavant retenue par la végé-tation s’infiltre à présent de toutes partsdans le delta, faisant monter le niveau.»Aquoi s’ajoutent les pluies qui emportentla terre des zones déboisées, générantainsi de grandes quantités de sédimentsqui augmentent le lit dufleuve. Les routeset les innombrables étangs et talus deterre construits un peu partout entraventle cours naturel du fleuve. Le PrNi est aus-si préoccupé par les barrages-réservoirschinois en amont du Mékong: l’eau est

retenue pendant la période sèche, alorsque le Vietnam en manque cruellement;elle est déversée à la saison des pluies, cequi provoque des inondations.«Si rien ne change, six millions de personnessupplémentaires devront peut-être être re-logées», dit Michael Annear, qui a aupara-vant conduit des programmes de gestionde catastrophes en Asie et en Afrique et re-présente aujourd’hui la Fédération interna-tionale des Sociétés de la Croix-Rouge et duCroissant-Rouge (FICR) au Vietnam. Il estdonc capital d’investir dans la prévention.Des Sociétés nationales de la Croix-Rougeet du Croissant-Rouge ont fait le calcul etconstaté «que chaque franc investi dansla prévention permet d’économiser entre

cinq et dix francs sur les coûts liés aux ca-tastrophes», remarque Michael Annear. Ils’agit souvent de mesures simples mais trèsefficaces, comme laconstructiond’unpontqui permet aux habitants de fuir à tempsune inondation, ou des structures stablesqui leur servent d’abris lors d’un typhon.

A l’école primaire de Dat Mui, l’exerciced’évacuation s’achève en musique. Unechanson joyeuse pour apaiser les esprits.La plupart des enfants qui se rendent àl’école en bateau ne savent pas nager. Lespropos de l’ancien chef du village sont euxaussi inquiétants: «Dans quelques années,les nouvelles maisons seront peut-être ellesaussi submergées en raison de la montéeincessante du niveau de l’eau. Les diguesde protection doivent être relevées chaqueannée.» A Dat Mui et dans bien d’autresendroits du delta, une digue qui cède estun scénario catastrophe plus que plausible.

➔ redcross.ch/vietnam

L’une des maisons résistant aux flots etaux tempêtes que la CRS a construites

Michael Annear, de la FiCR, plaide en fa-veur d’une meilleure prévention des catas-trophes.

investir dans la prévention descatastrophes est payant.

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en BRef

■ Depuis 2003, la Croix-Rouge suisse(CRS) propose aux entreprises, com-munes et institutions un service gratuitde recyclage de cartouches d’encre etde toner usagées. Les consommables,revalorisés depuis 2010 avec le fidèleconcours d’Alteco Informatik SA, le sontdepuis avril 2014 avec celui de Pelikanégalement. La CRS se réjouit de collabo-rer avec cette entreprise renommée etbien établie. Après vérification au centrede recyclage de Pelikan, les cartouchessont dans la mesure du possible réinté-grées dans le circuit de production. Lasociété contribue ainsi durablement àla réduction des déchets et à l’optimisa-tion des ressources. Elle verse en outreun don à la CRS pour chaque cartoucherécupérée. Quelque 4000 entreprises re-courent à ce service et soutiennent ainsila CRS. La vôtre ne participe pas encoreà l’opération? Pour en savoir plus, ren-dez-vous sur:

➔ chaque-cartouche-compte.ch

pelikan, nouveau partenaire de la cRS

■ Constatant qu’en Suisse, les habitantsne sont pas tous aussi bien informés enmatière de santédentaire, la CRS a réaliséune vidéo de sensibilisation sur ce thème.Il s’agit d’un film muet, car les messagesde prévention doivent être accessibles àtous. Ce court métrage, qui prend le par-ti de l’humour, a été disséminé sur Inter-net via divers réseaux sociaux.

➔ redcross.ch/santedentaire

■ En cas d’ur-gence, il est es-sentiel de sa-voir intervenirde façon appro-priée en effec-tuant les gestesqui sauvent. L’ou-vrage Erste Hilfeleisten – sicher

handeln, dont la publication en françaiset en italien est prévue pour 2015, ap-prend au lecteur à catégoriser les diverstroubles et à maîtriser les événements.Il renferme aussi des informations utilessur des tableaux cliniques et symptômesne relevant pas d’une situation d’ur-gence. Il est ainsi plus aisé d’évaluer dansquelle mesure une intervention rapideest requise ou non. Un aide-mémoiredétachable permet en outre de vérifieren tout temps les différentes étapes despremiers secours. Cette publication, fruitd’une collaboration entre l’Alliance suissedes samaritains, la Société Suisse de Sau-vetage, la Rega, le Club Alpin Suisse et leSecours Alpin Suisse, est disponible en al-lemand aux éditions Careum (39 CHF).

➔ careum.ch

la puissanceévocatrice de l’image

guide des premierssecours

careum Verlag

Mit extra

Notfallheft

Erste Hilfe leistensicher handeln

■ A Landquart, 130 moniteurs Jeunessede l’Alliance suisse des samaritains (ASS)ont pris part à un stage intensif de for-mation. Un programme ambitieux dequatre jours centré sur la communica-tion, la gestion des conflits ainsi que surles principes de base de la didactique etde la conduite d’équipe avait été réser-vé aux participants. Motivés, ceux-ci ont

les samaritains, une école de la vieainsi pu acquérir des compétences quileur seront utiles tant au quotidien quedans leur engagement auprès de leurgroupe Help de la Jeunesse samaritaine.Nous tenons à remercier sincèrement lessponsors Coca-Cola HBC Suisse et PPOServices SA, qui ont fourni des boissonsrafraîchissantes et des fruits aux partici-pants.

Humanité 3/2014 27

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credit-suisse.com/volunteering

Ils soutiennent notamment le projet d’intégration de la Croix-Rouge suisse «Viens chezmoi», qui permet aux enfants de langue étrangère de se familiariser avec la langue allemandeet la culture suisse. En 2013, presque 5000 collaborateurs du Credit Suisse se sont engagéspour la communauté. Découvrez nos activités Corporate Volunteering.

Les collaborateurs du Credit Suisse s’engagenten faveur de projets d’utilité publique.

Ensemble pour une bonne cause.

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pÊle-MÊle

La route jusqu’à Mongli, dans le norddu pays, traverse des hameaux et

de vastes champs. C’est la moisson, sai-son de dur labeur pour les habitants.Nombre d’entre eux rentrent clopin-clo-pant les grandes bottes de céréales surleurs épaules. D’autres sur un rickshawou une charrette de fortune tirée pardeux bœufs.Lorsque nous arrivons au village, ShimaKhatum (cf. page 7) prépare le repas de

midi. Avec un grand couteau, la jeunefemme coupe une courge orange vif –en petits morceaux pour accélérer lacuisson et économiser du bois ou de la

bouse de vache, combustible bon mar-ché utilisé ici pour cuisiner. Puis elleépluche des oignons et écrase quelquespiments à l’aide d’une pierre. Ses gestessont précis. Elle ajoute d’autres épiceset verse le tout dans une casserole quiva mijoter dehors sur le four en terrecuite.Avec son mari et leur fils Tonmoy, ilss’installent dehors à même le sol, àl’ombre des arbres. Il n’y a pas de place àl’intérieur et la chaleur y est encore plusétouffante. Les plats, servis tièdes afinde pouvoir être dégustés sans couverts(il fait bien assez chaud comme cela!), semangent avec la main droite, d’où l’im-portance de l’hygiène.

➔ magazine-humanite.ch/recettes

Un curry à midiavec ses currys de légumes et de lentilles délicieusement relevés, souvent accompagnés

de viande ou de poisson et servis avec du riz, la cuisine bangladaise ressemble à sa voisine

indienne.

Bangladesh

cURRy De coURge etcoURgetteS et Riz BaSMati

Pour 4 personnes

1 tasse de riz basmati3 cs de beurre clarifié ou de ghî2 oignons, finement coupés1 piment vert émincé1 cc de coriandre moulue1 cc de cannelle1 cc de curcuma1 cc de cumin2 morceaux de courge et 2–3 cour-gettes, coupés en dés250 ml de bouillon de légumes1 boîte de 250 ml de lait de coco1 cc de vinaigreSel et poivre1 bouquet de coriandre grossière-ment hachée

préparationPréparer le riz en suivant les indica-tions sur l’emballage. Faire fondrele beurre ou le ghîdans une grandecasserole puis faire suer les oignons.Ajouter le piment émincé et lesépices. Laisser cuire jusqu’à ce queles parfums se développent. Incorpo-rer les dés de courge et de courgette.Laisser cuire 3 minutes. Déglacer avecle bouillon puis ajouter le vinaigre, lesel et le poivre. Porter à ébullition etpoursuivre la cuisson à feu doux pen-dant 15 minutes. Verser le lait de coco.Laisser mijoter jusqu’à l’obtentiond’une texture onctueuse. Parsemeréventuellement de coriandre fraîche.

Recette

TEXTE: KaTharina SchindlEr PhoToS: rEmo nägEli

au Bangladesh, on mange avecla main droite.

Sur ce qui lui sert de plan de travail, Shima Katun prépare toutes les épices de son curry.

Du petit bois pour allumer le four, de la bouseséchée et du bois pour les braises

Humanité 3/2014 29

Page 30: Magazine Humanité 3/2014: Un bien précieux pour les plus démunis

30 Humanité 3/2014

pÊle-MÊle

solution des derniersmots croisés:

ReCOnstRUCtIOn

félicitationsaux gagnants:Heidi Kaiser, SuhrKäthy Schär, OberbuchsitenWilli Scheidegger, WilaKatharina Tschumi, AllschwilMonika Vittur, Winterthur

solutions des autres jeux de la

dernière édition:

hUManité 2/2014

Karma, alias Marco Ratschiller, est dessinateur humoristique et rédacteur en chef du magazine satiriquenebelspalter.

Vous trouverez les solutions dusudoku, du jeu des différences et dulabyrinthe dans la prochaine éditionet sur la page Internet

➔ magazine-humanite.ch

labyrinthe Tracez le chemin qui va de l’entrée à la sortie de celabyrinthe tortueux. Si vous le faites correctement,une figure apparaîtra.

962375481

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795281643

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BAN-GLADESH

HALOS

PRONOM

EN FORMED’ŒUFCAUS-TIQUES

DIEUGAULOIS

VULGAIRE

PORTION

HURLER

RÊVEUR

VENTILE

DIEU DEL’AMOURCRO-CHETS

SUR LACROIX

CALCIUM

LUTTASBÉNIT

AUX RA-MEAUX

FILSD’ISAAC

CONDI-TION

VEDETTE

AUMONDE

GRIVOIS

SOTTISESOCIÉTÉSUISSE DESAUVE-TAGE

BAIEDU

JAPON

FILETD’EAU

1 2 3 4 5 6 8 9 10 117

Mots croisés Sudoku

Remplissez la grille de sudoku demanière à ce que chaque chiffrede 1 à 9 ne se trouve qu‘uneseule fois sur chaque ligne, danschaque colonne et dans chaquepetit carré de trois cases sur trois.

Conditions de participation au concours:Les gagnants seront avisés par écrit. Aucune correspondancene sera échangée au sujet du concours. Les prix ne peuvent êtreconvertis en espèces. Tout recours juridique est exclu.

Jeu desdifférencesIl y a dix différencesentre les deux photosci-contre. A vous deles trouver!

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C o n c e p t i s P u z z l e s 06010029341

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ConcoursUn tirage au sort sera effectué par-mi les solutions correctes des motsfléchés. Cinq gourdes SIGG de 0,6 lsont à gagner.Envoyez-nous la solution cor-recte et votre adresse par courriel à[email protected] ou parcarte postale à:

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Page 32: Magazine Humanité 3/2014: Un bien précieux pour les plus démunis

tous les êtres humains ont ledroit d’être soignés. la CRsvient en aide aux populationsdéfavorisées souffrant de ma-ladies curables.

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