Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

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PP 41614528 9,95 $ édition 2011 Montréal économique VOLUME 2 NUMÉRO 1 SCIENCES DE LA VIE | AÉRONAUTIQUE | TIC SCIENCES DE LA VIE Un écosystème en transformation TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS Montréal a les moyens de voir grand AÉROSPATIALE À Montréal, c’est l’aérospatiale!

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Sciences de la v ie, Aéronautique, TIC

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PP 41614528

9,95 $

édit

ion

201

1Montréaléconomique

VOLUME 2 NUMÉRO 1

SCIENCES DE LA VIE | AÉRONAUTIQUE | TIC

SCIENCES DE LA VIE

Un écosystème en transformationTECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS

Montréal a les moyens de voir grandAÉROSPATIALE

À Montréal, c’est l’aérospatiale!

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Montréal

vous avez un projet? [email protected] montreal2025.com 514 872-2025

Les projets prennent vie. La ville se transforme.

Montréal 2025 se construit.

Montréal, une métropole audacieuse et innovante

où les talents convergentpour créer et réussir.

métropole de créateurs

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Au cours des dernières décennies, l’économie montréa-

laise s’est profondément transformée. Aujourd’hui, la

« classe créative » contribue de façon importante à la

croissance de secteurs de pointe. Il s’agit de travailleurs

et d’entrepreneurs qui proposent de nouvelles pratiques,

de nouvelles idées, de nouvelles technologies et de

nouveaux produits. C’est particulièrement évident dans

les grappes industrielles, comme celles des sciences de

la vie, de l’aérospatiale et des technologies de l’informa-

tion et des communications.

Ce Montréal de créateurs ouvre la porte à un Montréal

de collaboration qui réunit spontanément des chercheurs,

des artistes, des gens d’affaires avides d’entreprendre

des projets communs. Ainsi, les designers de mode

habillent maintenant des personnages virtuels, les arts

du cirque s’approprient des technologies de pointe, les

biotechnologies servent l’environnement et l’aérospatiale

« devient verte ». De telles rencontres naissent les plus

grands succès.

Montréal s’affirme donc comme une métropole audacieuse

et innovante où les talents convergent pour créer et

réussir ensemble, un lieu inspirant où vivre, travailler et

se divertir, une ville où l’on peut se réaliser pleinement.

Grâce à des projets qui prennent forme partout dans l’île,

nous continuons chaque jour à bâtir cette métropole

inspirante.

Gérald Tremblay

Maire de Montréal

Montréal, métropole de créateurs,

métropole de collaboration

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4 — Montréal économique – édition 2011

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE

Un écosystème en transformation

Montréal InVivo :défis et stratégies

La richesse de larecherche montréalaise

Des constructionspour les soins de santé

Soins de santépersonnalisés

Une solidechaîne d’innovationpour les médicaments

Traiterla scoliose

Créer des tissus......et évaluer des tissus

Le Centre de recherchede l’Institut Douglas

La Citéde la Biotech

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SCIENCES DE LA VIE

Mot de la rédaction

Vers Montréal 2025

Pour des créateurs d’affaires à Montréal

5

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15

ÉDITORIAL

TIC :Montréal a les moyensde voir grand

Les PME technologiques,championnes de l’innovation

55

59

TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS

À Montréal,c’est l’aérospatiale !

Les PMEde l’aérospatiale

63

71

AÉROSPATIALE

Sommaire

ÉDITEUR:Jacques Boisvert

RÉDACTRICE EN CHEF:Danielle Ouellet

ÉQUIPE DE RÉDACTION:Catherine Flores, Danielle Ouellet, Sybille Pluvinage et Mathieu-Robert Sauvé

RÉVISION ET CORRECTION D’ÉPREUVES:Hélène Larue

DIRECTION ARTISTIQUE ET INFOGRAPHIE :Carole Bordeleau

ILLUSTRATION EN PAGE COUVERTURE :Istockphoto par Nataliya Kuvaeva

PUBLICITÉ :Zoé Lafond

IMPRESSION :Imprimeries Transcontinental S.E.N.C.2850, rue Jean-PerrinQuébec (Québec) G2C 2C8

DISTRIBUTION EN KIOSQUES :Messageries de Presse Benjamin

ENVOI DE POSTE — PUBLICATIONS :Convention no PP 41614528

ADRESSE DE RETOUR :599, boulevard Sir-Wilfrid-LaurierBelœil (Québec) J3G 4J1

Dépôts légaux — Bibliothèque et Archives Canada et Bibliothèque nationale du Québec, 2010.

La direction laisse aux auteurs l’entière responsabilité de leurs textes. Elle se dégage de toute responsabilité face au matériel non sollicité. Toute demande de reproduction doit être adressée par écrit à l’éditeur.

Élites est publié par Jacques Boisvert Communications inc.

599, boulevard Sir-Wilfrid-LaurierBelœil (Québec) J3G 4J1

Téléphone: 450 446-2006 Sans frais: 1 866 446-3185 Télécopieur: 450 446-1442

[email protected] www.jacquesboisvert.com

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ette parution d'un spécial « Montréal économique » du magazine Élites marque d'une note

d’espoir les perspectives des prochains mois. Et pourquoi pas ? La crise économique a fait

mal, c'est vrai, mais sans un regard confiant vers l'avenir, trouver le courage de poursuivre

devient une lourde tâche et les changements vers le meilleur stagnent.

L'optimisme est sans nul doute le dénominateur commun de tous les témoignages des hommes

et des femmes d'affaires, des chercheurs et des chercheuses, des dirigeants et des dirigeantes

interviewés ici par les journalistes d'Élites.

Le secteur des sciences de la vie a connu son lot de difficultés au cours de la dernière décennie,

mais aujourd'hui, tous les acteurs font converger leur énergie pour lui donner un nouveau souffle

en misant sur les avancées scientifiques de l'heure liées, notamment, à la génomique. Les compétences et les succès

montréalais dans le domaine des technologies de l'information et des communications sont encore méconnus : les efforts

pour les faire rayonner ici et à l'étranger se multiplient. Et l'aérospatiale a le vent dans les voiles! Sa croissance s'est

poursuivie malgré la récession et elle prépare l’avenir en assurant la formation de la relève à l'université, mais aussi...

dès le primaire !

Les multiples chantiers de construction qui jalonnent déjà la ville de Montréal ne sont que la pointe de l'iceberg : un tas

de projets en cours ou en émergence soutiendront le développement économique de la métropole au cours des

prochaines années. À l'heure actuelle, les transports, les finances et les technologies propres s'organisent en grappes, la

culture continue d'être alimentée par des artistes audacieux, tenaces et déterminés, tandis que la mode et le design

acquièrent leurs lettres de noblesse. Ces thèmes feront l'objet du prochain numéro thématique « Montréal économique »

d'Élites. À surveiller, pour mieux connaître la situation et, surtout, pour participer activement au déploiement d'une

nouvelle qualité de vie à Montréal.

Danielle Ouellet

Rédactrice en chef, Élites

5Montréal économique – édition 2011 —

Mot de la rédaction

DANIELLE OUELLET

Un élan d'optimisme à Montréal

C

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Gérald Tremblay

OÙ CONVERGENT VOTRE VILLE ET LE MONDE

Une fois de plus, Aéroports de Montréal met tout en œuvre afi n de privilégier la simplicité et la commodité pour ses usagers. Cette fois, c’est en planifi ant un service de navette nommé Aérotrain, qui reliera l’aéroport et le centre-ville en 20 minutes seulement. Ainsi, cette navette réduira la circulation automobile, les gaz à effet de serre, et le stress du voyagement durant

les heures de pointe et les intempéries. L’Aérotrain fait également partie d’une initiative encore plus vaste visant à améliorer le transport collectif en provenance et à destination de l’ouest de l’île. Il s’agit donc d’un lien essentiel au développement de Montréal, et d’un projet que nous sommes très fi ers de mettre sur les rails. Pour en savoir davantage, consultez le www.admtl.com

et aérogare

Oùconvergentaérotrain

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EN 2025, MONTRÉAL DEVRAIT COMPTER PARMI LESMÉTROPOLES NORD-AMÉRICAINES AFFICHANT LENIVEAU ET LA QUALITÉ DE VIE LES PLUS ÉLEVÉS.C’EST LE GRAND OBJECTIF À LONG TERME DU PLANDE MATCH MONTRÉAL 2025 ADOPTÉ EN 2005 ETREPRIS DANS LA STRATÉGIE DE DÉVELOPPEMENTÉCONOMIQUE DE LA VILLE. ÉLITES A RENCONTRÉ RICHARD DESCHAMPS, MEMBRE DU COMITÉ EXÉCUTIF DE LA VILLE DE MONTRÉAL ET RESPON-SABLE DES GRANDS PROJETS, DU DÉVELOPPEMENTÉCONOMIQUE, DES INFRASTRUCTURES ET DE LAVOIRIE, QUI BROSSE UN PORTRAIT DES ACTIONS ENCOURS ET À VENIR POUR RÉALISER CE VASTE PLAN.

Élites. Dans quelques années, leplan de match Montréal 2025

arrivera à mi-parcours et vous

livrerez sous peu la nouvelle stra-

tégie de développement écono-

mique 2011-2015. Dans quelle

direction la Ville oriente-t-elle ses

actions en vue de cette étape ?

Richard Deschamps. La visionMontréal 2025 constitue la grande

trame de fond, l'horizon à long terme

dans le cadre duquel se situent

nos grands projets. La stratégie

de développement économique

2011-2015 campe pour sa part les

actions qui seront mises en œuvre

au cours des cinq prochaines années

dans le grand champ de l’économie.

Ainsi, nous mettons actuellement

la table pour les célébrations, en 2017, du 350e anniver-

saire de la ville, du 150e anniversaire de la Confédération

canadienne et du 50e anniversaire de l'Expo 67. Les

projets en cours de réalisation sont nombreux et diversifiés.

Ils nous garantissent que la table sera bien garnie.

VersMontréal 2025

Par Danielle Ouellet

RICHARD DESCHAMPS

7Montréal économique – édition 2011 —

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TO :

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Le Quartier des spectacles, par exemple, a commencé à

transformer le centre-ville et à modifier le visage culturel

de Montréal. La construction s'y poursuit sur une super-

ficie d'un kilomètre carré, autour du noyau existant, pour

des investissements prévus de 1,9 milliard de dollars. Les

artistes y seront de plus en plus présents et les citoyens

y trouvent déjà un secteur stimulant. Nous planifions

la deuxième étape, qui sera réalisée vers l'est, entre le

boulevard Saint-Laurent et la rue Saint-Hubert. Véritable

attrait touristique en soi, cet ensemble au design haut

de gamme deviendra un carrefour incontournable de la

création et de la diffusion artistiques. Imaginez, on retrouve

dans ce quadrilatère une concentration plus élevée de

sièges de spectacle qu’à Broadway !

8 — Montréal économique – édition 2011

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE

PHOTO : VILLE DE MONTRÉAL

2010 : UNE ANNÉE RECORD POUR LE TOURISME À MONTRÉAL

>> 7,6 millions de touristes à Montréal, soit 40 % de tous les touristes venus au Québec

>> Croissance de 10,4 % du nombre de passagers embarqués/débarqués

>> Ajout, depuis 10 ans, de 17 hôtels, soit 5 000 chambres dans le Grand Montréal, pour des investissements de 300 millions de dollars

>> Croissance de 8,2 % du nombre de chambres vendues

>> Augmentation de plus de 13 % du nombre de chambres occupées entre mai et octobre

>> Croissance de 4,2 % du taux d'occupation

>> 950 000 touristes ont payé un droit d'entrée dans un musée ou ont visité une galerie d'art

>> 300 congrès, colloques, séminaires et réunions d'affaires, pour 307 000 participants, se sont tenus chaque année depuis 10 ans

>> Le tourisme à Montréal représente 40 000 emplois et 1,8 milliard versé en salaires et en avantages sociaux dans l’industrie

et chez les fournisseurs de l'industrie touristique.

Source : Charles Lapointe, président-directeur général, Tourisme Montréal, Montréal moteur du développement touristique du Québec, 7 février 2011.

É. La créativité des artistes montréalais, souvent évoquée,peut-elle devenir une force économique ?

R. D. Bien sûr. La richesse culturelle de Montréal contribueà créer un milieu de vie dynamique, ce qui constitue une

énorme force d'attraction pour la métropole, autant pour

les entreprises que pour les touristes, les spécialistes de

plusieurs domaines et les étudiants.

Mais la créativité montréalaise va bien au-delà du monde

culturel. Elle représente un pilier sur lequel nous pouvons

nous appuyer pour accélérer le développement de notre

économie et faire rayonner notre ville. Les créateurs se

trouvent bien sûr dans les secteurs de la mode et du design

(voir encadrés p. 13). Ils sont aussi au cœur des grappes

industrielles – Sciences de la vie, Aérospatiale, Technologies

de l'information et des communications – en plus du cinéma

et de la télévision, où Montréal occupe une place enviable

en Amérique du Nord et même sur la scène internationale.

Deux nouvelles grappes viennent de voir le jour, Services

financiers et Technologies propres, et la grappe Logistique

et transport est en bonne voie de concrétisation.

É. Comment la créativité se manifeste-t-elle dans ces domaines économiques ?

R. D. Le savoir et la créativité conduisent à l'innovation.Qu'il s'agisse de développer des médicaments ou des

approches pour aborder la maladie, de concevoir un

nouveau moteur ou un avion, ou encore, de mettre au point

des logiciels et des jeux vidéo, la créativité est véritable-

ment une marque de commerce de Montréal.

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É. La pénurie de main-d'œuvre est souvent évoquée.

Comment Montréal envisage-t-elle cette situation qui

peut mettre en péril la croissance de son économie ?

R. D. La décroissance démographique nous place en

effet devant ce défi important. D’ici 2012, on estime à

700 000 le nombre de postes qui seront à combler au

Québec. De plus, en 2011, 100 % de la croissance de la

main-d’œuvre reposera sur l’immigration. À moins d'actions

immédiates, nous ferons face, d'ici quelques années, à

une situation difficile. Nous sommes dans une phase de

transition. C'est pourquoi nous misons dès maintenant sur

l'accroissement de l'attractivité de Montréal en consacrant

des sommes importantes à l’amélioration de l’environne-

ment d'affaires, de l’offre touristique et de la qualité

du milieu de vie. De plus, nous ciblons la réussite de

l'intégration économique des immigrants et nous nous

employons à attirer des talents stratégiques qui comble-

ront les besoins des entreprises. À cet égard, le travail de

Montréal International, qui vend Montréal comme ville

de savoir à l'étranger, est crucial.

É.Cette approche implique que tous travaillent ensemble.

R. D. La collaboration est au cœur de la stratégie écono-

mique de Montréal, elle est absolument essentielle à

sa réussite. Heureusement, sur ce plan, Montréal se

distingue nettement de la plupart des grandes villes.

Il existe chez nous une habitude et une volonté de

collaborer qui deviennent une force en soi. Les grappes

industrielles rassemblent autour d'une même table et d'un

objectif commun tous les acteurs d’un milieu donné.

9Montréal économique – édition 2011 —

PHOTO

: VILLE DE MONTRÉAL

Nous allons plus loin, cependant, en favorisant la collabo-

ration entre tous les secteurs. Le Cirque du soleil est un

exemple lumineux de convergence des arts du cirque, de

la mode et de l'exploitation des technologies avancées.

Avec la boîte montréalaise d'animation multimédia Moment

Factory, le Cirque a créé un spectacle hybride inédit. Des

rencontres ont aussi eu lieu entre des représentants de la

Société des arts technologiques de Montréal (SAT) et de

l'hôpital Sainte-Justine : des enfants malades pourront

bénéficier de la recherche dans le domaine des arts

technologiques. Nous avons l'intention de travailler de plus

en plus à la frontière des secteurs et des technologies.

La mixité et la collaboration entre les grappes seront

fortement encouragées.

La présence à Montréal de 11 établissements universi-

taires dont quatre universités – l'Université de Montréal,

l'Université du Québec à Montréal, l'Université McGill,

l'Université Concordia – témoigne par ailleurs de l'importance

de la ville comme pôle de savoir. Les 170 000 étudiants

qui les fréquentent, dont 17 000 proviennent de l'étranger,

placent la métropole au second rang quant à la densité

d'étudiants universitaires en Amérique du Nord, tout juste

derrière Minneapolis.

Outre les artistes qui créent des œuvres d'art, de nombreux

chercheurs et étudiants ainsi que des entrepreneurs

et des travailleurs élaborent des idées nouvelles, des

projets et des produits novateurs. Il faut désormais parler

d’« économie créative ».

UN FOISONNEMENT DE CHANTIERS DE CONSTRUCTION À MONTRÉALUn total de 162 chantiers de construction dont la valeur est de 5 millions

de dollars ou plus sont en cours sur le territoire de l'agglomération de

Montréal. Parmi ceux-ci, on compte 70 projets institutionnels et com-

merciaux, 65 projets résidentiels, 29 projets de génie civil et de voirie

ainsi que 2 projets industriels.

Source : Site Internet, Ville de Montréal, Montréal en statistiques

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Il faut se rappeler comment, dès 1985, cette créativité

intersectorielle a marqué d’une certaine façon la transfor-

mation de notre tissu industriel. C’est l’histoire de quatre

jeunes à peine sortis de l’école et ayant réalisé un court

métrage d’animation par ordinateur qui a révolutionné

l’industrie. En appliquant l’infographie au cinéma, ils ont

produit un petit film révolutionnaire, intitulé Tony de

Peltrie . Pour la petite histoire, un des quatre jeunes était

Daniel Langlois. Vous connaissez le succès qu’il a connu

par la suite en créant des logiciels d’animation utilisés

notamment pour Jurassic Park. Voilà ce qu’une collaboration

entre des artistes et des concepteurs, un programmeur

informatique et le Département de mathématiques de

l’Université de Montréal peut faire !

É. Comment l'innovation se manifeste-t-elle dans la ville ?

R. D. Il suffit de se promener à Montréal pour constater

rapidement que les chantiers sont nombreux et que le pay-

sage urbain est en train de se transformer de manière très

importante. L'innovation urbaine est un moteur de déve-

loppement majeur dans la perspective de Montréal 2025.

Dans le sud-ouest, par exemple, le Havre de Montréal est

pour nous une priorité économique, qui permettra de

créer un milieu de vie dynamique où les gens pourront

se réapproprier quelque 10 kilomètres carrés d'espaces

11Montréal économique – édition 2011 —

ILLUSTRATION : V

ILLE DE MONTRÉAL

riverains et retrouver un accès au fleuve. Plusieurs défis sont

en jeu, dont l'intégration des différents développements

dans une vision d'ensemble et la réalisation des travaux

de rabaissement de l'autoroute Bonaventure.

Des chantiers majeurs qui contribueront à faire de Montréal

une technopole de premier plan sont aussi en cours. La

construction du Centre hospitalier de l'Université de

Montréal (CHUM) et celle du Centre universitaire de

santé McGill (CUSM), sans oublier le CHU Sainte-Justine

et autres grands centres hospitaliers montréalais, exigent

des investissements majeurs (voir p. 31). S'ajoutent à ces

projets ceux du Campus Outremont et du Quartier de

l'innovation autour de l'École de technologie supérieure

(ETS), qui viendront accélérer et diversifier le développe-

ment des quartiers centraux. Au total, plus de 10 milliards

de dollars seront investis dans les chantiers et dans les

campus universitaires.

De plus, une initiative majeure, Espace pour la vie - Muséums

nature, viendra consolider l'environnement scientifique

autour des établissements comme le Jardin botanique,

l’Insectarium, le Biodôme et le tout nouveau Centre sur la

biodiversité de l'Université de Montréal réalisé grâce à un

investissement de plus de 25 millions. Une grande esplanade

et des espaces dynamiques seront également ajoutés

dans ce secteur. L’Espace pour la vie accueillera en 2012

le Planétarium Rio Tinto Alcan, grâce à un investissement

de 33 millions de dollars.

É. Ces constructions sont-elles suffisantes pour assurerle développement économique ?

R. D. Elles sont essentielles, mais il ne faut pas en resterlà. L’un de nos défis sera de maximiser les retombées

économiques de ces investissements. L'immobilier et les

équipements ne suffisent pas. Pour cela, nous devons attirer

des entreprises, établir des partenariats et maximiser les

occasions d’affaires. D’ici peu, Montréal disposera d’un parc

immobilier et technologique à la fine pointe, de centres de

recherche de premier plan et d’établissements de santé qui

tirent le meilleur parti des recherches de très haut niveau.

AU DELÀ DES RETOMBÉES ÉCONOMIQUES DE

NOS ACTIONS, NOUS VOULONS AVANT TOUT CRÉER

OU RECRÉER DES MILIEUX DE VIE OÙ LES GENS POURRONT

HABITER, TRAVAILLER, S'APPROVISIONNER ET S'AMUSER.

Élites_Éditorial_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:27 Page11

Page 12: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

Tout cela devra mener à la création d'entreprises. Et nous

ne devons pas laisser passer cette occasion de faire

connaître Montréal. L'enjeu principal est de saisir les oc-

casions d'affaires qui découlent de ces installations, de les

mettre en valeur et de les vendre dans le monde.

É. Sur quels appuis le milieu des affaires peut-il compter

dans ce contexte ?

R. D. En lien avec les consultations récentes menées par

le ministère du Développement économique, de l’Innovation

et de l’Exportation, nous avons amorcé une réflexion sur

l'entrepreneuriat. Nous comptons travailler étroitement

avec le gouvernement et nos organismes de développe-

ment économique local pour replacer l'entrepreneur au

cœur du système, mieux répondre à ses besoins et ainsi

faciliter et encourager la création d’entreprises.

12 — Montréal économique – édition 2011

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE

Le Centre d’entreprises et d’innovation de Montréal (CEIM) est un incubateur, établi depuis 1996, qui aide les entreprises technologiques à démarrer et à prospérer.

Le CEIM offre une gamme complète de services-conseils et coaching pour les entreprises en technologies de l’information, nouveaux médias, technologies vertes et industrielles et sciences de la vie.

Le CEIM peut vous faire profiter d’un réseau de contacts d’affaires influents.

Le CEIM offre des espaces locatifs flexibles et à tarifs avantageux dans la Cité du Multimédia, avec salles de conférence et accès sécurisé.

C’est mieux qu’à Los Angeles

« J’ai débuté à Los Angeles. Le CEIM m’a fourni tous les conseils requis pour démarrer mon studio à Montréal : planification stratégique, coaching exécutif,crédits d’impôts, capital de risque privé... »

– Benoît Girard, président de Digital Dimension, studio d’animation 3D récipiendaire de six Emmy Awards.

Un soutien administratif inestimable

« Le CEIM m’a fourni un local, du soutien administratif et de l’aide pour mon plan d’affaires. Ils ont été patients, pas du genre à calculer. »

– André Boulet, Ph.D., président de PurGenesis, fabricant de médicaments botaniques d’ordonnance ayant son bureau de direction au CEIM et une usine en construction à Montmagny.

« Une expertise unique à votre service »

514 866-0575www.ceim.org 33, rue Prince

Montréal, (Québec) H3C 2M7

Pour plus d’informations :

La Ville compte améliorer, sur une base continue, son offre

de services aux entreprises, appuyer l'économie sociale,

encourager le développement solidaire et durable, et

mettre en place une stratégie marketing d'affaires. Des

actions pour dynamiser l'est de la ville, promouvoir les parcs

industriels et assurer la pérennité des différents secteurs

d'emplois seront déployées. À cet égard, le programme

Réussir @ Montréal - Industrie (PR@M) à l'intention des

propriétaires de bâtiments industriels connaît un bon succès :

il se poursuivra encore dans les prochaines années.

É. Montréal a-t-elle les moyens de ses ambitions ?

R. D. Nous croyons au développement et, pour accélérer

la réalisation des grands projets sur le territoire, la Ville

injecte une somme supplémentaire de quelque 60 millions

par année depuis 2007. Il ne faut pas oublier que de grands

projets comme les centres hospitaliers universitaires

Élites_Éditorial_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:27 Page12

Page 13: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

exigent des aménagements urbains majeurs de notre part.

Ce sont des investissements importants qui rapportent à

la communauté. Nous avons aussi un appui du gouvernement

du Québec, qui aura investi 140 millions de dollars entre

2008 et 2012, et qui s'est engagé à ajouter 175 millions

supplémentaires d'ici 2017 pour soutenir la mise en œuvre

du plan de match Montréal 2025.

É. Comment ces actions contribuent-elles à accroître laqualité de la vie à Montréal ?

R. D.Au delà de leurs retombées économiques, nous voulonsavant tout créer ou recréer des milieux de vie où les gens

pourront habiter, travailler, s'approvisionner et s'amuser.

Une gare de train dans l'Est, par exemple, ne devra pas

être entourée que de stationnements pour les voitures.

Nous devons créer un quartier autour de la gare où

les citoyens trouveront les services de proximité, qui

permettent d'y vivre agréablement. À cet égard, les artères

commerciales représentent un atout indéniable en termes

d’offre de services de proximité pour les Montréalais.

C’est pourquoi nous avons consenti des ressources

importantes au PR@M – Commerce, un programme de

subvention destiné aux commerces d’une quarantaine

d’artères traditionnelles, un soutien bien concret à la

vitalité commerciale.

É. L'année 2017 est donc l'objectif immédiat ?

R. D. 2017 est un tremplin pour réaliser l'objectif deMontréal 2025 : rehausser de manière très significative

le niveau et la qualité de vie des Montréalais.

13Montréal économique – édition 2011 —

En 2006, Montréal était baptisée Ville Unesco de design, intégrant ainsi le Réseau des villes créatives

établi par l'Unesco deux ans plus tôt. Marie-Josée Lacroix, directrice du Bureau du design de la Ville

de Montréal, en explique le sens : « Pour avoir accès à ce titre, il nous a fallu démontrer notre volonté

et notre capacité de nous développer comme ville de design. Cette nomination, basée sur la présence

à Montréal d'un important bassin de talents en design, devient donc un projet en soi que nous incar-

nons au quotidien dans le chantier Réalisons Montréal, Ville Unesco de design. La métropole est une

ville de design en devenir et nous faisons tout en notre pouvoir pour réaliser cette vision.

« Ainsi, plutôt que d'attribuer des contrats de design et d'architecture par appels d'offres aux plus bas

soumissionnaires, nous nous efforçons de choisir le meilleur concept en procédant par concours, pour

lesquels un investissement de 1,2 million de dollars sur trois ans a été accordé en 2009 par le Gou-

vernement du Québec, la Conférence régionale des élus de Montréal et la Ville de Montréal. Cette

stratégie vise à hausser la qualité du cadre bâti par une meilleure et plus forte intégration des designers

en amont de nos projets. »

Le design véhicule un énorme poids économique, comme l'illustre Mme Lacroix : « Les designers, architectes, urbanistes,

designers graphiques et designers d'intérieur représentaient 25 000 emplois en 2004 à Montréal – sans compter les

créateurs numériques. » Aujourd'hui, l'enjeu principal est de garder ces gens chez nous : « Ils peuvent faire une énorme

différence quant à l'attractivité et à la compétitivité de la ville. Le Bureau du design de la Ville de Montréal travaille

activement en ce sens, en étroite collaboration avec la Chaire Unesco en paysage et environnement de l'Université de

Montréal. »

POUR EN SAVOIR PLUS : realisonsmontreal.com

MONTRÉAL,

Ville Unesco de design

PHOTO

: JULIEN

BECKER

MARIE-JOSÉE LACROIXDirectrice du Bureau du design de la Ville de Montréal

Élites_Éditorial_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:27 Page13

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14 — Montréal économique – édition 2011

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE

La mode à Montréal a longtemps été uniquement associée à l'industrie de la fabrication du

vêtement, celle-ci étant une force économique importante dans les années 1960, comme le

rappelle Diane Duhamel, commissaire du Bureau de la mode de Montréal, créé il y a deux ans :

« À cette époque, quelque 50 000 personnes travaillaient dans ce domaine. » Ce type d'emplois

a diminué progressivement à mesure que la Chine occupait le terrain, mais Montréal reste la

capitale canadienne de la mode pour la production de vêtements aussi bien que pour le design,

l'innovation et la commercialisation : « On y trouve 75 % de la production et du design de

vêtements au Québec et 50 % au Canada, précise Mme Duhamel. Un bassin très important

de designers de mode et de détaillants ont pignon sur rue à Montréal, et plusieurs sont très

bien établis. Une nouvelle classe apparaît : les jeunes font leur place. »

Fait notable, cette industrie affiche une

remarquable adaptabilité : « Il existe

presque autant de modèles d'affaires

que de designers, détaillants et manu-

facturiers, remarque la commissaire.

Certains font fabriquer leurs vêtements

à l'étranger, d'autres possèdent leur

propre designer à l'interne, d'autres en-

core innovent, comme Second Clothing,

le fabricant des fameux Yoga Jeans pour

lesquels le fondateur Eric Wazana a

développé son propre tissu. »

Le réseau des détaillants reste très fort et il faut encore faire connaître l'origine montréalaise

de plusieurs d'entre eux, tels Reitmans, qui possède neuf bannières et dont le chiffre d'affaires

de 1,3 milliard en fait l'un des plus performants au Canada, mais aussi Le Château et Tristan,

pour ne nommer qu'eux.

Le milieu peut s'appuyer sur des écoles de mode, à partir du secondaire jusqu'à l'université.

Le premier programme de MBA en mode en Amérique du Nord a récemment été lancé à

l'Université du Québec à Montréal. Diane Duhamel souligne aussi la présence de la mode dans

les musées : au Musée des Beaux-Arts, qui a ouvert ses portes notamment à Yves Saint-Laurent

en 2008 et au Québécois Denis Gagnon en 2010, au

Musée McCord, avec son exposition sur la mode fémi-

nine au 19e siècle, ou encore, au Musée du costume et

du textile du Québec, situé à Saint-Lambert, qui présente

ses expositions à Montréal depuis trois ans.

POUR EN SAVOIR PLUS : modemontreal.tv

LA MODE

se porte bien à Montréal

PHOTO

: DEN

IS LAB

INE, VILLE DE MONTRÉAL

DIANE DUHAMELCommissaire du Bureau de la mode de Montréal

ERIC WAZANAFondateur de Second Clothing

Élites_Éditorial_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:27 Page14

Page 15: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

Élites. M. Leblanc, êtes-vous optimiste quant à l'avenir

économique des entreprises montréalaises ?

Michel Leblanc. Je suis très optimiste. Certains secteurs,dont le passé récent a été plutôt difficile, sont en train de

trouver un nouveau souffle. Leurs activités auront un impact

important sur la prospérité des entreprises montréalaises.

Le secteur minier, tout d'abord, plutôt calme au début de

la dernière décennie, reprend de la vigueur. La hausse du

prix des métaux est mondiale, ce qui augmente la valeur

des gisements et des entreprises. Au Québec, nous devons

saisir cette occasion et nous réappro-

prier un secteur délaissé. Profitons de

cette conjoncture favorable, tant sur

le plan économique que sur celui de

l'investissement! Bien sûr, l'exploitation

a lieu essentiellement en région, mais

la plupart des services connexes – légaux,

comptables, financiers – sont établis

dans les grands centres urbains. Après

des investissements soutenus dans

l'économie du savoir, nombre d'entre-

prises pourraient recommencer à

placer des fonds dans les mines, et les

retombées économiques pour Montréal

seraient alors très fortes. On n’entre-

voyait pas cela il y a 10 ans.

15Montréal économique – édition 2011 —

Pour des créateurs d’affaires à Montréal

Par Danielle Ouellet

MICHEL LEBLANCPrésident et chef de la direction de la Chambre de commerce duMontréal métropolitain

PHOTO

: ISTO

CKP

HOTO

PAR DZIANIS HAIKOV

Élites_Éditorial_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:27 Page15

Page 16: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

Élites_Éditorial_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:28 Page16

Page 17: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

Le secteur forestier, de son côté, est aussi à surveiller. Son

purgatoire est terminé, les décisions environnementales

et d'organisation ont été prises et le prix en a été payé.

Je le vois ressurgir en force dans une perspective d'environ

cinq ans, avec des retombées positives sur l'économie de

la métropole.

É. D'ici là, comment vendrez-vous Montréal et ses PME

à l'étranger ?

M. L. Montréal est sans conteste une ville dynamique,

avec un secteur privé créatif, axé sur la nouveauté. Mais

cela, nous le savons, ici, entre nous. Le grand défi est

d'associer ce pouvoir créatif à la création de valeur, de

devenir des créateurs d'affaires. J'aime rappeler l'exemple

de la firme GSM Project, qui, grâce à une intégration

médias-technologies, a revampé les anciens télescopes

placés dans des endroits stratégique et dans lesquels on

déposait une pièce de 25 cents pour observer le paysage.

On a modernisé ces appareils. Ils sont désormais munis

d'écrans numériques plats et on peut même ajouter des

informations concernant le lieu ou l'objet observés. Ils sont

maintenant présents aussi bien à Chicago qu'à Mumbai et

Shanghai. Il s'agit d'une réussite tant au point de vue de

l'innovation que de la stratégie commerciale. Nous devons

multiplier de tels succès.

É. Pour atteindre cet objectif, comment la Chambre de

commerce du Montréal métropolitain appuie-t-elle les

entrepreneurs montréalais ?

M. L. Au départ, nous souhaitons faire en sorte que les

gens aient envie de démarrer leur entreprise. Le site Info

entrepreneurs (infoentrepreneurs.org) est une ressource

de premier plan. Nous offrons aussi des formations sur

des questions névralgiques telles la gestion du personnel

ou l'élaboration de contrats pour des petits entrepreneurs

qui n'ont pas de services de ressources humaines ou juri-

diques au sein de leur établissement.

17Montréal économique – édition 2011 —

-9 -6 -3 0 3 6 9 12 15 18

Toutes les industries

Serv. profess., scientifiques, techniques

Santé et assistance sociale

Administrations publiques

Services publics

Autres services

Construction

Serv. entreprises, bâtiments

Services d’enseignement

Forêt, pêche, extraction

Hébergement et restauration

Agriculture

Transport et entreposage

Commerce

Finance, assurances, immobilier

Fabrication

Information, culture et loisirs

VARIATION DU NOMBRE D’EMPLOIS DANS LA RMR DE MONTRÉAL, REGROUPEMENT PAR SECTEUR, 2009-2010 VS 2007-2008 (MOYENNES DE 2 ANS, EN MILLIERS)

Source : Statistique Canada, Enquête sur la population active; compilation : Développement économique Canada

Élites_Éditorial_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:28 Page17

Page 18: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

Nous insistons aussi fortement sur l'exportation. Il est

important que les PME comprennent bien les limites du

marché québécois. Ainsi, nous repérons des acheteurs

potentiels de leurs produits à travers le monde, en Inde,

en Chine, en Russie, aux États-Unis. Nous organisons des

missions à l'étranger pour établir des contacts. De plus en

plus de PME percent les marchés étrangers, et notre défi

est de multiplier ces succès. Nous avons à leur disposition

une liste à jour, riche de 50 000 contacts d'affaires.

Pour contrer la pénurie anticipée de main-d'œuvre, nous

agissons comme « marieur » entre un immigrant reçu au

Canada intéressé à faire des stages en entreprise et

l'industrie, le tout en collaboration avec Emploi Québec.

É. Quel type d'appui attendez-vous de la part du gouver-

nement québécois pour soutenir vos actions ?

M. L. Nous avons apprécié le budget résolument « mont-

réaliste » de 2010. Cette fois-ci, nous souhaitons la rigueur

budgétaire avant tout. Le Québec doit cesser, le plus

rapidement possible, de s'endetter. Plus le gouvernement

du Québec sera solide financièrement, meilleure sera sa

cote de crédit et plus les entreprises et l’économie en

général en profiteront.

Le financement des universités nous préoccupe aussi.

C'est là que se fait l'innovation dont tous les secteurs ont

besoin, là où sont formés les talents et les spécialistes.

L'État peut difficilement faire plus. Il a répondu à notre

souhait de hausser les frais de scolarité. Les étudiants

doivent participer à la recherche d’un équilibre. Et ils ne

seront pas moins nombreux pour autant, les enquêtes

le prouvent. Il s’agit pour eux d’un investissement très

rentable.

Nous souhaitons aussi que les budgets annoncés dans la

Stratégie québécoise de la recherche et de l'innovation se

traduisent plus rapidement par des programmes et des

projets. La collaboration internationale est nécessaire et

urgente.

Nous constatons enfin que nos PME sont plus lentes

qu'ailleurs à intégrer les innovations. Ceci nous place devant

un autre défi, celui d'augmenter leur compétitivité en les

invitant à effectuer une veille technologique plus efficace

et à passer plus rapidement à l'action.

É. Quels sont les avantages stratégiques de nos PME ?

M. L. Au Québec, et en particulier à Montréal, nous nous

remettons plus rapidement de la crise économique qu'aux

États-Unis, comme j'ai pu le constater lors d'une rencontre

récente avec mes collègues de grandes villes d'Amérique

du Nord. Nous nous appuyons sur une base économique

plus optimiste. Nous avons expérimenté moins de mises

à pied, réembauché plus rapidement et créé plus d'emplois

que nous en avons abolis. Alors que nos voisins du Sud se

demandent encore comment se sortir des difficultés liées

à la dernière récession, nous nous attaquons aux enjeux

qui découleront de la croissance tels que la force du dollar

canadien, l'augmentation des prix du pétrole et la hausse

éventuelle des taux d'intérêt. Dans ce sens, nous sommes

mieux positionnés. À nous d'en profiter !

18 — Montréal économique – édition 2011

MONTRÉAL ÉCONOMIQUE

MONTRÉAL EST UNE VILLE DYNAMIQUE, AVEC UN SECTEUR

PRIVÉ CRÉATIF, AXÉ SUR LA NOUVEAUTÉ. LE GRAND DÉFI

EST D'ASSOCIER CE POUVOIR CRÉATIF À LA CRÉATION

DE VALEUR, DE DEVENIR DES CRÉATEURS D'AFFAIRES.

Élites_Éditorial_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:28 Page18

Page 19: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

Un écosystème en transformation

Sciences de la vie

La recherche et l'innovation en sciences de la vie

ont assuré à Montréal, au cours des dernières

décennies, une place de choix sur l'échiquier

mondial dans ce domaine. Aujourd'hui,

un réajustement est en cours.

Maillage plus étroit entre les

acteurs, partenariats public-

privé (PPP), financement ciblé,

recherche concertée et soins

de santé personnalisés tracent les

grandes lignes de cette réorientation.

Aux nouveaux enjeux se greffent

de nouvelles stratégies.

Dossier par Danielle Ouellet, avec Sybille Pluvinage

19Montréal économique – édition 2011 —

ILLUSTRATION : ISTOCKPHOTO PAR NATALIYA KUVAEVA

Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:35 Page19

Page 20: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

20 — Montréal économique – édition 2011

SCIENCES DE LA VIE

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Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:35 Page20

Page 21: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

21Montréal économique – édition 2011 —

Montréal InVivo :défis et stratégies

grappe des sciences de la vie et des technologies

de la santé, incarnée par Montréal InVivo, regroupe

plus de 600 organisations, dont 150 en recherche et

80 filiales d'entreprises étrangères. Elle se retrouve au

cœur des changements. Le président du conseil d'adminis-

tration, Paul Lévesque, est aussi président de Pfizer Canada :

« Avec 45 000 emplois de qualité dans le Grand Montréal,

affirme-t-il, le secteur se porte bien. Cependant, chacun

des maillons de cet écosystème – grandes entreprises

pharmaceutiques, entreprises de biotechnologie et institu-

tions de recherche universitaires – ont maintenant des

défis à relever, avec des enjeux qui leur sont propres.

Si l’on veut rester compétitifs, des changements s'imposent.

Ils sont déjà en cours. »

PLACE AUX PARTENARIATSPlusieurs molécules phares qui ont contribué à la progres-

sion des grandes entreprises pharmaceutiques arrivent

maintenant en fin de cycle. Les années d'exclusivité de

marché se terminent et le temps est venu de lancer de

nouveaux médicaments : « Jusqu'à aujourd’hui, les entre-

prises pharmaceutiques ont bien tiré

leur épingle du jeu, précise M. Lévesque.

Et la moitié de leurs activités au Canada

se déroulent à Montréal. Mais ces com-

pagnies sont, d'une certaine manière,

victimes de leur succès. Les traitements

contre le cholestérol fonctionnent bien,

tout comme ceux contre l'hypertension

ou les ulcères. Elles doivent maintenant

innover. La demande pour des traitements

contre le cancer, par exemple, est forte.

Il faut explorer d’autres avenues. »

L'industrie pharmaceutique se tourne

donc vers des partenariats. Puisqu'il est

de plus en plus difficile pour les grandes

entreprises, si grandes soient-elles, de

produire de nouveaux médicaments en raison des coûts

de la recherche et de problèmes de productivité, elles

instaurent un modèle de recherche inusité : « Nous allons

produire de moins en moins à l'interne, explique Paul

Lévesque, et nous tourner vers l'extérieur. Nous pourrons

nous associer ou donner des contrats de recherche, par

exemple, à des jeunes entreprises de biotechnologie. Ce

processus est déjà enclenché dans les laboratoires Pfizer. »

De leur côté, les petites entreprises de biotechnologie

ont aussi leurs enjeux. Ainsi, elles font face à une situation

pécuniaire qui demeure difficile. Pour elles, le financement

est le nerf de la guerre, mais la donne a changé. Là aussi,

il faut s'adapter. Mario Lebrun est directeur général de

BIOQuébec, une association sectorielle qui appuie la crois-

sance de quelque 150 sociétés membres de l'industrie

La

PAUL LÉVESQUEPrésident du conseil d'administrationde Montréal InVivo et président de Pfizer Canada

Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:35 Page21

Page 22: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:35 Page22

Page 23: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

23Montréal économique – édition 2011 —

des sciences de la vie, dont près de la moitié sont des

entreprises de biotechnologie et des organismes de

recherche en santé humaine au Québec : « Il n'y a pas si

longtemps, le gouvernement appuyait ce secteur par une

politique de financement dite de “ saupoudrage ” en misant

sur un grand nombre d'entreprises plutôt que de cibler

les plus prometteuses. Cette approche n'a plus cours,

explique-t-il. Le gouvernement s'est maintenant donné

des outils pour appuyer les entreprises qui présentent des

technologies porteuses et qui offrent un plus fort pour-

centage de réussite. Ce faisant, les entreprises moins

performantes sont tombées en cours de route, ce qui peut

donner l'impression que les choses vont mal dans ce

créneau important de l'économie du savoir. »

Pour Paul Lévesque, tout n'est pas noir, loin de là. Il cite

l'exemple de Theratechnologie (voir p. 49), qui a récem-

ment réussi à faire homologuer sa molécule phare auprès

de la Food and Drug Administration (FDA) américaine :

« Il s'agit d'une victoire importante pour les sciences de la

vie à Montréal. D'autres, comme Caprion (voir p. 25) et

Angiochem, sont aussi sur la voie du succès. C'est la preuve

que nous sommes capables de réussir, affirme-t-il, si

nous mettons nos efforts et les bonnes personnes aux

bons endroits. »

Mario Lebrun collabore avec Montréal

InVivo, mais il poursuit le lobby auprès

du gouvernement : « Nous reconnaissons

la volonté gouvernementale d’appuyer

le développement de l’industrie, notam-

ment par l’adoption de la Stratégie

biopharmaceutique québécoise. Nous

déplorons toutefois la lenteur dans le

déploiement des mesures qu’elle prévoit,

ainsi que dans la mise en œuvre des

autres initiatives annoncées, notamment

les fonds de démarrage Amorchem et

Téralys Capital. La vraie mesure des

initiatives gouvernementales se fait donc encore attendre,

plus d’une année après leur annonce. Le gouvernement

manifeste du leadership, mais les actions concrètes tardent.

Nous restons vigilants. »

UN MAILLAGE TRÈS SERRÉ L'observation des succès remportés ailleurs a mené à

une approche qui rallie désormais l’ensemble du secteur

des sciences de la vie et des technologies de la santé à

Montréal, soit un maillage très fin entre tous : « La force

de Montréal réside dans l'arrimage du secteur, affirme

Paul Lévesque. Là où les sciences de la vie performent le

mieux – Californie, Massachusetts et Caroline du Nord –,

c’est là où le maillage entre les grandes pharmas, les

biotechs et la recherche est le plus serré. Depuis deux ans,

Montréal InVivo travaille à rassembler tous ces acteurs

autour d'une même table. Actuellement, le secteur est réuni

au complet, y compris les deux paliers de gouvernement

et les bailleurs de fonds. La concertation est beaucoup

plus forte qu'à Toronto, par exemple, où l'on nous envie

cette solidarité. Cela me donne beaucoup d'espoir. »

L'époque des gros centres de recherche, des grands labo-

ratoires qui travaillent isolément, est désormais révolue :

« Les partenariats sont le modèle de demain », lance Paul

Lévesque. Au Québec, des organismes comme le Fonds

de la recherche en santé du Québec (FRSQ) concluent déjà

des ententes avec de larges regroupements européens.

Ou encore, pensons au Consortium québécois sur la dé-

couverte du médicament (CQDM), qui s'allie à de grandes

pharmas comme Pfizer, Astra-Zeneca ou Merck en vue

d'atteindre des objectifs communs. Tout comme les cellules

souches à Toronto, le secteur des soins de santé personnalisés,

MARIO LEBRUN Directeur général, BIOQuébec

LE QUÉBEC FIGURE PARMI LES 10 PÔLES

INDUSTRIELS LES PLUS IMPORTANTS DANS

LE SECTEUR DES SCIENCES DE LA SANTÉ

EN AMÉRIQUE DU NORD.

Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:35 Page23

Page 24: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

24 — Montréal économique – édition 2011

SCIENCES DE LA VIE

Montréal (QC) 94,378,1

87,8

100,9

102,2

99,4102,2

99,8

106,9

121,7101,9

114,4

99,599,5

112,7

San Diego (CA)

Boston (MA)

Londres (GB)

Francfort (DE)

Fabrication pharmaceutiqueGestion d’essais cliniques

Indutrie R-D biomédicale

Index comparatif des coûts récurrents variant selon l’emplacement (Indice : États-Unis = 100)

Note : Les coûts sensibles à l’emplacement incluent : salaires et bénéfices, transport, électricité, télécommunications, intérêts, dépréciation et taxes.

Source : Le guide de KPMG sur la localisation des entreprises à l'échelle internationale – Édition 2010.

Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:35 Page24

Page 25: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

25Montréal économique – édition 2011 —

du “ sur mesure ” pour chaque patient, a été choisi comme

le plus prometteur pour permettre à Montréal de déve-

lopper une expertise unique et de se démarquer.

Montréal InVivo s'emploie à faire travailler tout le monde

ensemble. Sa directrice générale, Michelle Savoie, insiste

sur le dynamisme de la métropole à cet égard : « Ça bouge

beaucoup. Tous les acteurs sont très au fait de la trans-

formation actuelle du secteur biopharmaceutique. » Les

axes prioritaires ont été définis par le milieu. Premier

objectif : appuyer plus fortement les domaines de recherche

les plus porteurs, en l'occurrence celui des soins de santé

personnalisés. Puis, le passage de la recherche à la com-

mercialisation s'articule autour de trois grands projets :

« Nous sommes en train de créer un réseau de mentors,

car les jeunes entrepreneurs souhaitent avoir accès à un

réseau d'aide pour démarrer leur entreprise du bon pied,

explique Mme Savoie. Le Club BioSuccès devrait être

lancé au début de l'été. Nous analysons aussi la chaîne

de financement liée à la chaîne d'innovation pour mieux

repérer les manques, et nous recensons les occasions

d'investissement dans la région de Montréal en vue d'en

informer les filières des grandes pharmas qui pourraient

être intéressées. »

L'accroissement des collaborations entre partenaires

est aussi un sujet de préoccupation de tous les instants :

« Le Consortium québécois sur la découverte du médica-

ment (CQDM) est un très beau modèle de collaboration

entre les secteurs public, universitaire et privé, remarque

Michelle Savoie, et la stratégie des soins de santé person-

nalisés sera une riche occasion d'accroître les partenariats,

avec notamment le rapprochement du secteur clinique

des petites et grandes entreprises. » Les rencontres entre

les divers partenaires se multiplient, entre autres au cours

de petits déjeuners où des chercheurs universitaires

présentent leurs travaux à des investisseurs potentiels

à l'affût d’occasions d'affaires.

D'autres actions sont menées pour

accroître la notoriété de la grappe et

soutenir les efforts d'attraction des in-

vestissements dans le Grand Montréal,

en collaboration avec des organismes

comme Montréal International et In-

vestissement Québec : « Nous devons

montrer que les forces de Montréal

vont au-delà de la brique et du mortier,

affirme la directrice générale de Mont-

réal InVivo. Le Symposium France-

Québec de novembre 2010 a été un

succès à cet égard. Il a donné lieu à la

signature de six ententes de partena-

riat en sciences de la vie.

« Enfin, poursuit-elle, nous devons miser sur les ressources

humaines et la main-d'œuvre. Pour cela, des activités de

sensibilisation de la relève sont mises sur pied et nous

instaurerons des mécanismes pour faciliter la rencontre entre

les dirigeants d'entreprises qui cherchent à embaucher

du personnel, d’une part, et les meilleures ressources

humaines disponibles, d’autre part. »

« Les acteurs du milieu n'ont jamais aussi bien réagi, se réjouit

Paul Lévesque. Et c'est pour cela que les gouvernements

nous appuient. Ils sentent que le secteur est fédéré et

concerté comme jamais auparavant. Dans ce contexte,

le rôle de catalyseur de Montréal InVivo est primordial.

Je suis très optimiste. L'avenir de la grappe s'annonce

prometteur. »

MICHELLE SAVOIEDirectrice généraleMontréal InVivo

MONTRÉAL OCCUPE LA HUITIÈME PLACE

EN AMÉRIQUE DU NORD AU CHAPITRE

DES EMPLOIS DANS LE DOMAINE

PHARMACEUTIQUE.

Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:41 Page25

Page 26: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

26 — Montréal économique – édition 2011

SCIENCES DE LA VIE

L'EXODE DES CERVEAUX A ÉTÉ UN SUJET D'INQUIÉ-TUDE ET DE RÉFLEXION IMPORTANT DANS LE MILIEUDE LA RECHERCHE AU COURS DES DERNIÈRES ANNÉES.

Le manque de financement pour monter un laboratoire

est très certainement, pour un chercheur doué, un incitatif

majeur à partir s’installer en dehors du Québec. En 2007,

année marquant le 60e anniversaire de sa fondation,

l'Institut du cancer de Montréal (ICM) décida d'agir pour

freiner l’exode. Il organisa un concert de l'Orchestre

métropolitain du Grand Montréal, sous la direction de

Yannick Nézet-Séguin, avec le pianiste Louis Lortie. En plus

d'un succès artistique, cette activité, désormais connue

sous l'appellation Concert contre le cancer, a porté fruit :

« La quatrième édition, en février 2010, à la Place des

Arts, note la directrice générale de l'ICM Maral Tersakian,

a permis d'enregistrer un bénéfice de 550 000 $.

« À ce jour, poursuit-elle, nous avons pu rapatrier cinq

chercheurs. Le tout dernier, originaire de Chicoutimi, est

un spécialiste du cancer du sein. Il revient d'Australie, et

les 50 000 $ que nous lui offrirons chaque année pendant

cinq ans lui permettront de monter un laboratoire et de

chercher du financement. » Mais ce n'est pas tout de faire

revenir les gens, il faut aussi les garder : « C'est pourquoi

nous consacrerons aussi des efforts à la consolidation de

nos acquis. »

Des concerts pour ramener les cerveaux

MARAL TERSAKIAN Directrice générale, Institut du cancer de Montréal

Un accélérateur d’entreprises dans un secteur à fort potentiel

Un , des programmes et un réseau de partenaires clés dédiés à leur succès

Un nouvelle en plein cœur de Montréal

Le Campus des Technologies de la Santé

www.ctssante.ca

Une initiative de la CDEC Rosemont–Petite-Patrie

CTSdans l al

PHOTO

: INSTITUT DU CAN

CER DE MONTRÉAL

Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:35 Page26

Page 27: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

27Montréal économique – édition 2011 —

La richesse de larecherche montréalaise

organisation de la recherche en sciences de la vie, en

particulier en santé, reflète de plus en plus la volonté

de maillage exprimée par l’ensemble des acteurs. Le

Fonds de la recherche en santé du Québec (FRSQ) est

envié ou imité, Génome Québec se positionne avanta-

geusement au Canada et dans le monde, et les centres

de recherche de l’Université de Montréal et de l’Université

McGill sont tous les deux en pleine expansion. Les ententes

au pays ou sur la scène internationale se multiplient et

permettent d’envisager l’avenir avec optimisme.

UNE PERFORMANCE À MAINTENIRVieillissement, neurosciences, santé mentale, cancer,

diabète, génomique comptent parmi les secteurs d’ex-

cellence du Québec. Quelque 3000 chercheurs et 6000

étudiants-chercheurs en sciences de la vie sont répartis

dans 19 centres, 11 groupes et 18 réseaux thématiques.

Une proportion très importante d’entre eux se trouve à

l’intérieur du Grand Montréal. Dans ce domaine, l’argent

est le nerf de la guerre. En 2008-2009,

le FRSQ a investi plus de 90 millions de

dollars pour soutenir, à parts égales, des

chercheurs et des regroupements de

recherche. Il se révèle à la fois une plaque

tournante et un facteur de succès majeur.

Yves Joanette en est le président : « L’effet

de levier est très concret, remarque-t-il.

Le Québec est la seule provinceà obtenir,

lors de concours fédéraux, une proportion

du financement plus grande (30 %) que

son poids démographique (22,5 %). »

Par ailleurs, les percées immenses de la

génomique au cours des dernières dé-

cennies, notamment avec le séquençage

du génome humain, ont un impact majeur

sur la manière de faire de la recherche en

santé au Québec. Jean-Marc Proulx est

président-directeur général de Génome

Québec : « Plusieurs médicaments très

rentables ont été découverts par hasard,

mais cette époque est révolue. La géno-

mique a fait disparaître le hasard. On a

cru, par exemple, que le génome de deux

personnes était identique à 99,9 %.

L’

YVES JOANETTEPrésident, Fonds de la recherche en santé du Québec (FRSQ)

PHOTO : YVES BARRIÈRE, FRSQ

PHOTO : ISTOCKPHOTO PAR DNY59

JEAN-MARC PROULXPrésident-directeur généralGénome Québec

Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:36 Page27

Page 28: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

28 — Montréal économique – édition 2011

« Les avancées des 10 dernières années ramènent ce taux

à 99,5 %. Le changement semble minime, mais il explique

la difficulté accrue de découvrir des médicaments

efficaces pour une personne en particulier. La génomique

devient donc un outil de découverte des mécanismes à la

base de l’invention de médicaments et de la fabrication

d’outils diagnostiques. »

Créée en 2001, Génome Québec est une organisation

qui, par le financement de projets structurants de recherche,

se veut un catalyseur d’occasions pour les chercheurs

québécois : « En fait, précise Jean-Marc Proulx avec humour,

nous sommes plus qu’un simple catalyseur, car nous

sommes impliqués aussi dans la réaction ! »

Depuis 10 ans, Génome Québec a géré des investissements

d’un demi-milliard de dollars pour financer 40 vastes projets

et établir cinq centres de technologies génomiques de fine

pointe, dont trois sont situés à Montréal. L’un d’entre eux,

le Centre d’innovation Génome Québec et Université

McGill, offre différents services d’analyse bioinformatique

aux chercheurs en génomique. En 2010, 700 chercheurs

s’en sont prévalus, soit une croissance annuelle de 15 % :

« Nous voulons faire de ce centre un leader nord-américain,

explique M. Proulx. À ce jour, 45 % des revenus proviennent

de clients à l’extérieur du Québec, une indication claire de

la qualité de notre performance. De plus, l’arrivée, en février

dernier, d’un nouveau directeur de très haut niveau recruté

en France, Mark Lathrop, est aussi l’occasion d’augmenter

de manière significative son parc d’équipements et sa

capacité de séquençage. »

Jean-Marc Proulx souligne cependant les investissements

importants consentis en Ontario et en Colombie-Britannique :

« Le départ pour l’Ontario de Tom Hudson, qui dirigeait le

Centre d’innovation Génome Québec et Université Mc Gill,

a fait très mal. En constatant de plus que la University of

« LE FINANCEMENT DES ENTREPRISES DE

BIOTECHNOLOGIE DEMEURE UN DÉFI, RAPPELLE

M. PROULX, MAIS SI LES PROJETS SONT VIABLES

ÉCONOMIQUEMENT ET BASÉS SUR UN SOLIDE

MODÈLE D'AFFAIRES, L'ARGENT VIENDRA. »

– Jean-Marc Proulx

Nous prenons tous des engagementsL E S N Ô T R E S V I S E N T L E S C A N A D I E N S AU X P R I S E S AV E C D E S M A L A D I E S G R AV E S

Chez Bristol-Myers Squibb Canada, nous avons pris l’engagement d’aider la population canadienne à vaincre des maladies graves tels le cancer, le diabète, le VIH/SIDA, les maladies du cœur, l’arthrite rhumatoïde, l’hépatite B et les troubles mentaux.

Notre entreprise est établie depuis de nombreuses années et possède une riche expérience en recherche et développement. En effet, il y a plus de 85 ans que nous venons en aide à la population canadienne en relevant les défis de santé actuels avec l’agilité, l’innovation et l’esprit d’une jeune compagnie de biotechnologies. C’est cette façon de faire qui nous permet de découvrir et de mettre au point de nouveaux traitements vitaux.

Voilà pourquoi, nous nous désignons comme LE LEADER DE LA PROCHAINE GÉNÉRATION DANS LE DOMAINE BIOPHARMACEUTIQUE.

Nous nous engageons à procurer aux Canadiens les nouveaux médicaments dont ils ont besoin et à promouvoir la recherche et les plus récentes technologies.

Nous respectons nos

engagements envers

la population canadienne.

Pour en savoir plus à notre sujet,

visitez le www.bmscanada.ca

Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:36 Page28

Page 29: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

29Montréal économique – édition 2011 —

British Columbia a récemment embauché 10 Prix Nobel,

toutes disciplines confondues, nous concluons que nous

devons être vigilants. » Les options : stimuler la masse critique

d’entreprises, attirer des investissements intelligents,

c’est-à-dire en collaboration plutôt que chacun pour soi,

appliquer les résultats de la recherche et accélérer le

passage du concept au projet et à la réalisation : « Le

financement des entreprises de biotechnologie demeure

un défi, rappelle M. Proulx, mais si les projets sont viables

économiquement et basés sur un solide modèle d’affaires,

l’argent viendra. »

« Un de nos défis, ajoute Yves Joanette, est de maintenir

notre performance. Pour cela, il faut mettre fin à la stagna-

tion des 15 dernières années dans certains programmes,

dont celui des centres de recherche en milieu hospitalier

universitaire, et réinvestir dans le futur. Nous devons évaluer

le niveau de financement du Québec dans la recherche

publique au sein des universités. Comment réagirons-

nous à la pression des autres provinces canadiennes ?

Quels sont les manques dans la chaîne de financement de

l’innovation? Les pays du BRIC – Brésil, Russie, Inde, Chine –

ont compris l’importance d’une société basée sur le

développement du savoir, ne l’oublions pas. »

Au FRSQ, des solutions émergent : « Notre modèle est

unique, précise son président. Il fait l’envie de nos collègues

ontariens parce qu’il soutient et structure l’ensemble des

domaines de la recherche en santé en capitalisant sur les

forces du Québec. La concertation est bien entamée. Une

stratégie de partenariat est déjà en place avec des asso-

ciations caritatives, comme la Société de recherche sur

le cancer, ou avec la grande industrie pour susciter de la

recherche dans des créneaux précis. Il existe par exemple

un partenariat avec une entreprise comme Pfizer, qui

est intéressée à participer au financement de la santé

personnalisée. »

UN MAILLAGE INTERNATIONAL La réalisation de l’objectif de maillage poursuivi par

Montréal InVivo passe inévitablement par l’international :

« Depuisdeux ans, les chercheurs du Québec se positionnent

de mieux en mieux dans les grands groupes internationaux,

apprécie Yves Joanette. Nous ne pouvons plus travailler

"contre" des compétiteurs. Nous devons développer

"ensemble". »

« Des ententes bilatérales émergent. Les chercheurs du

Québec travailleront avec des collègues canadiens et

français sur l’Alzheimer, l’un de nos domaines d’excellence

et une priorité pour le Québec. L’élaboration d’un projet

en génomique au moyen de regroupements de chercheurs

du Québec et de la Chine est en cours. D’autres accords

stratégiquement ciblés quant aux thèmes et à la situation

géographique sont en préparation avec Israël, l’Inde et les

États-Unis. »

Yves Joanette est particulièrement fier de l’insertion du

FRSQ au sein des réseaux européens ERA-NET (European

Research Area), « une sorte de club d’organismes subven-

tionnaires dont les règlements permettent que des

organismes nationaux ou régionaux comme le Québec

puissent se joindre à ces grands réseaux ». Au début de

2011, le FRSQ annonçait que des chercheurs québécois

allaient pour la première fois être financés par ERA-NET

NEURON, spécialisé en neurosciences et en santé mentale.

Grâce à ces appuis concrets, le neurogénéticien Guy Rouleau,

du CHU Sainte-Justine, travaillera avec des équipes fran-

çaises, espagnoles et allemandes sur la schizophrénie

et sur l’autisme tandis que l’équipe de Mosche Szyf de

l’Université McGill se joindra à des groupes allemands et

italiens pour étudier le stress périnatal et ses effets sur la

dépression. « Il s’agit d’une percée majeure pour le Québec »,

affirme le président du FRSQ, qui organisait en février

dernier à Montréal la première réunion à l’extérieur de

l’Europe de ce réseau de financement. PHOTO

: ISTOCKPHOTO

PAR

SVEN

HOPPE

Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:36 Page29

Page 30: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

30 — Montréal économique – édition 2011

La performance canadienne de Génome Québec positionne

bien l’organisme pour assurer une présence efficace dans

le monde. Le Canada se situe autour du sixième rang mondial

en génomique et le Québec a obtenu à ce jour 25 % des

fonds canadiens, compte 553 chercheurs, soit plus du

double de la Colombie-Britannique, et publie 28 % des

articles scientifiques. Pour illustrer l’importance du maillage

international, Jean-Marc Proulx cite l’exemple du projet

CART@GENE (voir p. 41), qui a été financé dans le cadre

d’une alliance avec un projet international d’envergure :

« Le projet s’est joint à P3G (Public Population Project in

Genomics), explique le p.-d.g. de Génome Québec, dont

le siège social est à Montréal. Cet organisme, qui compte

53 pays membres, a développé des outils pour harmoni-

ser les données des biobanques internationales ainsi que

les processus éthiques pour les constituer et pour y accéder.

Il s’agit d’un partenaire de premier rang. »

Yves Joanette conclut avec un regard optimiste sur l’avenir :

« Qu’il s’agisse de recherche publique ou en entreprise, de

découvertes fondamentales ou cliniques, l’ensemble des

recherches en sciences de la vie au Québec devrait per-

mettre de créer une société très compétitive. Étant donné

en plus l’excellence de notre système de santé, nous

avons ce qu’il faut pour attirer chez nous des ressources

de haut niveau afin de nous positionner avantageusement

dans le monde. »

en santé1re

L’UdeM figure parmi les meilleures universités du monde selon le classement du Times Higher Education; elle est aussi le plus grand établissement universitaire de la francophonie.

La recherche qu'elle mèneen santé vaut à l’UdeM le 1er rang des universités québécoises et la 3e place à l’échelle nationale.

L’UdeM est la seule université au pays à offrir l’ensemble des sciences de la vie.

PHOTO

: ISTOCKPHOTO

PAR DNY5

9

Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:36 Page30

Page 31: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

Des constructionspour les soins de santé

DEUX GRANDS CHANTIERS DE CONSTRUCTIONSONT EN COURS À MONTRÉAL. DANS L’EST DUCENTRE-VILLE, LE QUARTIER DE LA SANTÉ ACCUEILLERA LE NOUVEAU CENTRE HOSPITALIERDE L'UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL (CHUM) TANDISQUE LE CENTRE UNIVERSITAIRE DE SANTÉ MCGILL(CUSM) SE RÉORGANISE DANS TROIS CAMPUSHOSPITALIERS : LE CAMPUS GLEN, EN CONSTRUC-TION, LE CAMPUS DE LA MONTAGNE ET LE CAMPUS DE LACHINE. AINSI, DEUX UNIVERSITÉS DE CALIBRE MONDIAL REGROUPENT DES RÉSEAUXD'ENSEIGNEMENT HOSPITALIERS ET DE SOINS AINSIQUE DES ÉQUIPES DE RECHERCHE DE HAUT NIVEAUQUI CONSTITUENT DES FORCES CONSIDÉRABLESPOUR MONTRÉAL ET POUR LE QUÉBEC.

LE QUARTIER DE LA SANTÉLe directeur général du Quartier de la santé de Montréal,

Guy Gélineau, est heureux. De son bureau de l’est du

centre-ville, il peut apercevoir les grues en train de

s’activer. Le nouveau CHUM verra bientôt le jour. Au total,

285 000 pieds carrés seront occupés par des patients,

des médecins, des chercheurs et des industriels, des tech-

niciens et des gestionnaires. Le plan d'action développé

depuis quelques années est désormais en œuvre :

« Nous souhaitons profiter de la présence du CHUM pour

remembrer ce quartier, qui s'étend du Palais des congrès

au pont Jacques-Cartier et du boulevard René-Lévesque

au fleuve, rappelle M. Gélineau. Pour reconstituer un

quartier vivant, il faut créer une concertation entre tous

les acteurs, ce qui est en voie de se réaliser. »

31Montréal économique – édition 2011 —

ILLUSTRA

TION : N

FOE MSD

L JLP LEMAY PAR

KIN ARC

HITEC

TES

Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:36 Page31

Page 32: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

Attirer des industries autour du CHUM représente un autre

objectif : « Un millier de spécialistes en recherche appliquée

seront réunis et auront accès, en médecine spécialisée,

à quelque 400 000 patients chaque année, précise

Guy Gélineau. L'environnement est idéal pour attirer des

entreprises privées. Un pavillon de la santé est prévu

pour loger des entreprises en provenance de partout

dans le monde, qui pourront profiter de la proximité des

chercheurs et des médecins.

« Nous souhaitons enfin regrouper autour du CHUM une

masse critique inédite en matière d'expertise en santé

publique, poursuit M. Gélineau. L'École de santé publique

de l'Université de Montréal sera installée dans un édifice

tout neuf d'une superficie de 20 000 pieds carrés. La

Direction de santé publique de Montréal viendra au

Quartier de la santé tout comme l'Institut national de

santé publique, qui compte 200 personnes à Montréal.

L'ensemble formera le Campus de santé publique Norman-

Bethune, nommé d'après ce médecin canadien, précurseur

du domaine au Québec, en Espagne et en Chine. Ce campus,

qui réunira 500 experts, fait déjà l'objet d'un protocole de

maillage avec des groupes de Shanghai. L'impact écono-

mique de ce secteur à Montréal sera majeur. »

Le Dr Jacques Turgeon est directeur du Centre de recherche

(CRCHUM). Il se réjouit des nouvelles installations : « L'édifice

commence à sortir de terre. D'ici deux ans, au début de

2013, nous y serons! Le projet est exceptionnel et, chose

remarquable, il fait consensus auprès de tous les chercheurs.

Nous aurons accès à un édifice et à un parc d'équipements

32 — Montréal économique – édition 2011

SCIENCES DE LA VIE

« NOUS SOUHAITONS ENFIN REGROUPER

AUTOUR DU CHUM UNE MASSE CRITIQUE

INÉDITE EN MATIÈRE D'EXPERTISE

EN SANTÉ PUBLIQUE. »– Guy Gélineau

GUY GÉLINEAUDirecteurQuartier de la santé

JACQUES TURGEONDirecteur, Centre de recherche du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM)

PHOTO

: CHUM –

MULTIM

ÉDIA

Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:36 Page32

Page 33: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

arrimés à la vision de la science de 2011 et conçus pour

les 50 prochaines années. Les retombées économiques

sont importantes, plus de 60 millions de dollars par année.

Quelque 1500 personnes y seront actives régulièrement,

dont plus de 300 chercheurs et investigateurs. »

Il promeut un modèle de recherche qui s'intègre parfaitement

au milieu hospitalier : « Nous avons le grand avantage d'être

à la tête du vaste Réseau universitaire intégré de santé

de l'Université de Montréal (RUIS), ce qui nous donne

accès à un bassin de population important, apprécie-t-il.

Ceci est précieux pour des études épidémiologiques ou la

compréhension de maladies rares. Nos travaux s'inspirent

de problématiques vécues par les patients. Nous voulons

être très à l'écoute de leurs besoins, travailler à y répondre

et revenir avec des solutions. À des patientes qui ont un

cancer du sein et pour lesquelles nous n'avons pas de

traitement, par exemple, nous pourrons offrir de les inté-

grer à un protocole de recherche pour des traitements

expérimentaux. »

33Montréal économique – édition 2011 —

Chirurgien thoracique pneumologue,

le Canadien Norman Bethune a travaillé

à l'Hôpital Sacré-Cœur, en Espagne,

durant la guerre civile espagnole

(1936-1939) et en Chine durant la

guerre sino-japonaise (1937-1945).

Son action en médecine sociale a

conduit à l’implantation au Canada de

l’assurance-maladie universelle à la fin

des années 1960.

Source : Wikipedia Illustration : Norman Bethune (1890-1939), de Francine Auger

Norman Bethune

Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:36 Page33

Page 34: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

Du côté de McGill, d'importants tra-

vaux sont aussi en cours. Outre le

campus Lachine, où se trouve un hô-

pital, et le campus de la Montagne,

qui s'organisera essentiellement au-

tour de l'Hôpital général de Montréal,

le campus Glen deviendra le centre

névralgique des soins de santé et de

la recherche à McGill. À l'automne

2014, ce sera le grand déménage-

ment : s'y retrouveront l'Hôpital de

Montréal pour enfants, l'Hôpital

34 — Montréal économique – édition 2011

SCIENCES DE LA VIE

Royal Victoria, l'Institut thoracique de Montréal, le futur

Centre du cancer et l'Institut de recherche du CUSM,

qui compte 550 chercheurs.

En 2007, le Dr Vassilios Papadopoulos quittait Washington

pour Montréal : « La collaboration étroite entre le milieu

de la recherche et l'industrie est l'une des raisons qui m'ont

poussé à venir au Québec, rappelle le directeur de l'Institut

de recherche du CUSM. Les constructions au campus

Glen, évaluées à 1,5 milliard de dollars, constituent le plus

gros projet d'infrastructure en cours en Amérique du Nord.

En y ajoutant les développements prévus sur les deux

VASSILIOS PAPADOPOULOSDirecteur, Institut de rechercheCentre universitaire de santé McGill (CUSM)

PHOTO

: ROBE

RT DER

VAL

Trois campuspour le CUSM

Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:36 Page34

Page 35: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

autres campus, ce chiffre grimpe à 2,2 milliards. C'est très

stimulant de travailler dans ce contexte d'ouverture. »

Aux nombreuses personnes qui lui demandent à quoi

serviront tous ces investissements, le Dr Papadopoulos,

qui est membre de l'exécutif de Montréal InVivo, n'hésite

35Montréal économique – édition 2011 —

« LE PATIENT EST AU CENTRE DE NOS

PRÉOCCUPATIONS, DÈS AVANT SA NAISSANCE

JUSQU'À SA MORT. NOS RECHERCHES

DOIVENT ÊTRE ORGANISÉES AUTOUR

DE LA SANTÉ ET DE LA MALADIE. »

– Vassilios Papadopoulos

pas à répondre : « Les retombées économiques sont

majeures. Nous amenons à Montréal, bon an, mal an,

entre 130 et 150 millions de dollars en subventions ou

en contrats, précise-t-il. Et ce montant double avec les

salaires des chercheurs payés par différentes sources.

S'ajoutent aussi les petites entreprises issues des recherches,

les spin-off, ainsi que les retombées des droits de pro-

priété intellectuelle pour les découvertes. Peu d'industries

ont autant d'impact sur l'économie. »

La vision de Vassilios Papadopoulos est simple : « Le patient

est au centre de nos préoccupations, dès avant sa naissance

jusqu'à sa mort. Nos recherches doivent être organisées

autour de la santé et de la maladie. » Il faudra encore deux

ou trois décennies, estime-t-il, pour que son rêve se réalise

et que chaque personne soit suivie, de manière individuelle,

tout au long de sa vie. L'objectif est ambitieux, il va au-delà

de la simple médecine personnalisée, mais le chercheur y

croit fermement : « Nous misons sur nos forces actuelles,

nos compétences dans le domaine des maladies chroniques

comme le cancer, le diabète, l'asthme, pour commencer dès

maintenant à suivre des patients à partir d'un très jeune

âge jusqu'à l'âge adulte. De nombreuses collaborations

existent aussi avec nos collègues du Centre de recherche

du CHUM. Au delà de la guérison, nous voulons comprendre

l'origine des maladies. Mais pour cela, il faut poursuivre les

efforts. Les investissements doivent suivre la vision. Qu'il

s'agisse de recherche clinique, fondamentale ou épidé-

miologique, nous avons toujours besoin de plus d'inves-

tissements afin de garder Montréal et le Québec parmi

les meilleurs au monde », conclut-il.

PHOTOS : ROBERT DERVAL

PHOTO

: ROBERT

DERVA

L

Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:44 Page35

Page 36: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

C O N S E I L N AT I O N A L D E R E C H E R C H E S C A N A D A

Institut de recherche en biotechnologie

Le CNRC peut vous aider à accélérer vos travaux de R-D en biotechnologieSitué à Montréal, l’Institut de recherche en biotechnologie du CNRC (IRB-CNRC) est le plus important centre de recherche en biotechnologie au Canada. Jouant un rôle primordial dans la recherche canadienne en biotechnologie, il travaille en étroite collaboration avec les PME canadiennes à la commercialisation des technologies dans les domaines de la santé, de l’environnement et des bioprocédés.

Santé• Programmes sur le cancer, les maladies infectieuses

et les maladies cardiovasculaires

Environnement• Programme sur les technologies de l’environnement :

biosurveillance et bioremédiation des sols et de l’eau• Programme sur le développement durable : développement

de nouveaux bioproduits et procédés biologiques durables pour la fabrication et la production d’énergie

Bioprocédés• Un centre d'excellence reconnu à l'échelle internationale• La plus grande installation du genre au Canada • Développement, optimisation et mise à l'échelle des bioprocédés

Besoin de laboratoires? L'Installation de partenariat industriel (IPI) de l’IRB-CNRC offre l’accès direct à :

• des laboratoires clés en main pour les entreprises œuvrant en biotechnologie

• l'expertise de niveau mondial des chercheurs de l’IRB-CNRC• des équipements de pointe ultramodernes

Pour accélérer vos travaux de R–D 6100, avenue Royalmount, Montréal QC H4P 2R2

514-496-6100 • cnrc-nrc.gc.ca/irb

L’IRB-CNRC est partenaire de Montréal InVivo.

Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:36 Page36

Page 37: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

37Montréal économique – édition 2011 —

ttribuer le bon médicament à la bonne personne, au

bon moment et pour la bonne maladie, voilà qui fait

rêver médecins, chercheurs, industriels, gestionnaires de

la santé et… patients! Un rêve qui a déjà commencé à

se concrétiser un peu partout dans le monde, et que le

Québec a décidé d'embrasser à bras ouverts. Chapeautées

par Montréal InVivo, les forces vives du secteur se regrou-

pent pour atteindre un objectif commun : se positionner

comme un leader incontournable dans le domaine des

soins de santé personnalisés.

À CHACUN SON TRAITEMENTDans les années 1980, on découvre qu'environ 30 % des

femmes atteintes du cancer du sein sont porteuses d'une

mutation génétique favorisant le déclenchement de cette

maladie. On opte alors pour une nouvelle approche de

traitement. L'herceptine, qui tue les cellules malades sans

détruire les cellules saines, deviendra le premier médicament

contre le cancer à cibler une erreur génétique précise.

Ainsi, si deux patients reçoivent le même diagnostic, l'un

répondra à un certain traitement et l'autre pas.

Aujourd'hui, il existe une trentaine de tels

traitements qui ciblent une caractéris-

tique précise, surtout en cancer. Des

travaux pour en découvrir d'autres sont

aussi en cours pour des maladies cardio-

vasculaires, le diabète ou encore l'obésité :

« Pour six de ces médicaments connus,

souligne la vice-présidente, Affaires scien-

tifiques de Génome Québec, Catalina

Lopez Carrea, la Food and Drug Adminis-

tration (FDA) américaine exige des tests

génétiques préalables pour déterminer

si le traitement est approprié pour le

patient. Nous assistons à un véritable

changement de paradigme dans le sys-

tème de santé. Le Québec n'a pas le

choix, il doit emboîter le pas. »

Soins de santé personnalisés

A

CATALINA LOPEZ CORREA Vice-présidenteAffaires scientifiques, Génome Québec

PHOTO : ISTOCKPHOTO PAR BLACKWATERIMAGES

Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 17:07 Page37

Page 38: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

l'étape des essais cliniques prend une nouvelle importance :

« Nous effectuons des tests pour identifier le plus tôt

possible, dans le processus de développement, les gens

qui répondent le mieux à tel ou tel médicament, précise

le Dr Cimon. La recherche coûte très cher et nous ne

pouvons pas attendre l'étape de la commercialisation pour

ajuster le tir. Une grande partie de nos nouveaux médica-

ments sont déjà évalués de cette manière. »

La mise en commun des efforts devient essentielle :

« À travers le Fonds de la recherche en santé du Québec

(FRSQ), explique Michel Cimon, nous établissons des

ententes avec des équipes de recherche universitaires et

des entreprises de biotechnologie capables de trouver

des biomarqueurs qui permettront de mieux cibler les

traitements. Il est encore tôt pour connaître les retombées

économiques de ces changements, mais à Montréal, la

volonté de travailler ensemble est palpable, ce qui est une

excellente nouvelle. En bout de ligne, nous souhaitons, à

partir d'une simple prise de sang, dire si la personne malade

répondra ou non au traitement. »

38 — Montréal économique – édition 2011

SCIENCES DE LA VIE

LES GRANDES PHARMAS EN TRANSFORMATIONÀ Montréal, le Dr Michel Cimon est

directeur exécutif, Affaires médicales,

chez Merck, où le virage est déjà

amorcé : « Il s'agit d'une problématique

extrêmement importante pour nous,

affirme-t-il. Le système de santé

coûte très cher et les entreprises

pharmaceutiques éprouvent de plus

en plus de difficultés à se faire rem-

bourser leurs médicaments. Or, si nous

pouvons être certains à 95 % qu'un

traitement particulier est efficace

pour tel ou tel patient, nous pouvons

alors rassurer le payeur. »

L'impact sur l'organisation de la recherche est majeur.

Il ne suffit plus de développer un médicament, il faut aussi

reconnaître les personnes pour lesquelles il sera approprié.

La recherche fondamentale a toujours sa place, mais

La recherche compte… pour améliorer la performance des services de santé

Pour la protection contre la maladie

Pour une meilleure santé cardiaque

Pour une meilleure santé osseuse

Pour la protection des jeunes athlètes contre les traumatismes crâniens

Pour nos patients pédiatriques

La recherche compte

www.cusm.ca/research

MICHEL CIMONDirecteur exécutifAffaires médicales, Merck

PHOTO

: MERCK

Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:37 Page38

Page 39: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

39Montréal économique – édition 2011 —

L'EXCELLENCE À MONTRÉALLa vision de Jean-Claude Tardif, cardiologue et chercheur

à l'Institut de cardiologie de Montréal (ICM), remonte à

une dizaine d'années : « La majorité des patients que je

voyais tous les jours dans ma clinique, rappelle-t-il,

avaient des problèmes d'obésité ou de pression artérielle.

Je savais que 10 % d'entre eux allaient mourir d'une crise

cardiaque. J'ai voulu savoir lesquels. »

Pour répondre à cette question, le cardiologue devait être

en mesure de mieux connaître ses patients. Il a donc créé

la Biobanque de l'ICM : « Il y a trois ou quatre ans, nous

avons recueilli, sur une base volontaire, quelque 12 000

échantillons, de sang et autres, et nous souhaitons atteindre

le nombre de 30 000. Ce genre d'opération est toutefois

très difficile à financer, car les résultats ne sont pas

immédiats. » Le Dr Tardif est allé plus loin avec la création

du Centre de coordination clinique de l'ICM, une entreprise

qui réalise des essais cliniques pour les grandes pharmas

et pour les biotechs : « Nous faisons même des profits et

d'autres hôpitaux souhaitent emprunter ce modèle. » Avec

l'aide de donateurs, il a aussi fondé le Centre de pharma-

cogénomique de l'ICM.

Jean-Claude Tardif posait ainsi les bases d'un centre

d'excellence en médecine personnalisée : le CEPMed. À

travers l'éducation, le développement de politiques et

différents PPP, le CEPMed vise à optimiser les traitements

selon le profil spécifique d'un patient. Lié au réseau des

centres d'excellence du Canada, il est le seul centre au

pays dans ce domaine. Sa directrice, Clarissa Desjardins,

se réjouit des premiers résultats :« Les tests génétiques

coûtent très cher. Il faut viser à enlever de la pression sur

le système de santé, précise-t-elle. Nous effectuons donc

des études cliniques pour de grandes

pharmas et nous partageons les

bénéfices. L'effet de levier de nos

investissements est rentable pour

l'économie montréalaise. Le parte-

nariat avec l'entreprise Roche, par

exemple, a eu un impact de 1,3 fois

notre mise en termes d'investisse-

ments directs immédiats. » Pour l'ins-

tant, les essais cliniques financés

par le CEPMed sont centrés sur la

cardiologie, mais les activités d'édu-

cation et de promotion touchent

aussi les secteurs de l'oncologie et

de la médecine de famille.

JEAN-CLAUDE TARDIFDirecteur, Centre de recherche de l'Institut de cardiologie de Montréal (ICM)

« IL Y A TROIS OU QUATRE ANS,

NOUS AVONS RECUEILLI, SUR UNE BASE

VOLONTAIRE, QUELQUE 12 000

ÉCHANTILLONS, DE SANG ET AUTRES,

ET NOUS SOUHAITONS ATTEINDRE

LE NOMBRE DE 30 000. CE GENRE

D'OPÉRATION EST TOUTEFOIS TRÈS

DIFFICILE À FINANCER, CAR LES

RÉSULTATS NE SONT PAS IMMÉDIATS. »

– Jean-Claude Tardif

CLARISSA DESJARDINSPrésidente-directrice générale, CEPMed

Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:37 Page39

Page 40: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

40 — Montréal économique – édition 2011

SCIENCES DE LA VIE

I N R S . C A

TOUJOURS EN TÊTEau service de la santé depuis plus de 40 ans

lonhcet

formation de atropmiedèssopauqsedtneCeL

intensité de recherche.

é tnasaledeniamodelsnadeuqigo

t refsnartedteselcyce3et e2de formation , ehcrehcerederèitamneesitrepxeetne nutenoitidartehcirenuluesiulàe, SRNI’ledehcrehceredsertnecertan u,reipparF-dnamrAtutitsnI–SRNIer

intensité de recherche.

humaine, animale et environnementale.lonhcet

I N R S . C A

humaine, animale et environnementale.é tnasaledeniamodelsnadeuqigo

UNE STRATÉGIE POUR LE QUÉBECC'est dans ce contexte que Montréal InVivo a mis sur pied

l'Initiative pour développer une stratégie québécoise

concertée de médecine personnalisée, dirigée par le

Dr Howard Bergman, vice-président, Affaires scientifiques,

du FRSQ : « Le marché existe et il est même à la hausse,

dit-il. Il s'agit d'une réalité économique. Nous pouvons

miser sur des avantages indéniables grâce à des chercheurs

performants, des hôpitaux universitaires, une industrie

solide, des partenaires internationaux et un système

universel de soins de santé. »

« Notre système universel de santé nous procure un

avantage de taille, note Catalina Lopez Carrea. Grâce à ce

système et aux spécificités de la population québécoise,

il est plus facile de réaliser des études de médecine

personnalisée, le tout bien sûr dans le plus grand respect

des normes éthiques. Il est cependant plus difficile d'em-

brasser l'innovation dans son ensemble, considérant que

dans le contexte économique et démographique actuel

nous avons des moyens financiers limités. Nous menons

de l'excellente recherche, mais le passage des résultats

vers les hôpitaux et les cliniques demeure un défi .»

Des soins plus ciblés permettront-ils de diminuer les coûts

liés au système de santé ? L'argument a souvent été évoqué :

« Il serait téméraire de parler de réduction des coûts, affirme

Howard Bergman. Par les soins de santé personnalisés,

nous visons un système plus efficace qui permettra de

contribuer à améliorer la santé des Québécois avec un

meilleur contrôle des coûts. »

HOWARD BERGMANVice-président et directeur scientifique, Fonds de la recherche en santé du Québec (FRSQ)

« PAR LES SOINS DE SANTÉ PERSONNALISÉS, NOUS VISONS

UN SYSTÈME PLUS EFFICACE QUI PERMETTRA DE CONTRIBUER

À AMÉLIORER LA SANTÉ DES QUÉBÉCOIS

AVEC UN MEILLEUR CONTRÔLE DES COÛTS. »

– Howard Bergman

Les expressions « médecine personnalisée » et « soins

de santé personnalisés » sont désormais sur toutes

les lèvres et les enjeux financiers sont immenses. Le

Wall Street Journal rapportait en janvier dernier1 que

les ventes globales de médicaments et de diagnos-

tics personnalisés avaient atteint 24 milliards en

2009 et qu'on prévoyait un taux annuel d'augmen-

tation de 10 % jusqu'en 2015, bien au-delà des 3 ou

4 % envisagés. Une véritable manne pour l'industrie

pharmaceutique, en particulier pour les entreprises

de diagnostic, mais il faut tout de même l'adapter.

1. « Pharmaceutical Sector Remains Genetically Challenged »,

The Wall Street Journal, 22 janvier 2011.

Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:37 Page40

Page 41: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

En 2010, le Dr Pavel Hamet a signé de sa main quelque 10 000 lettres de

remerciement adressées à autant de personnes, choisies selon une méthode

scientifique, qui avaient répondu à l'appel de la Régie de l'assurance-maladie

du Québec en vue de participer à une évaluation détaillée de leur profil de santé

et de leurs antécédents génétiques : « Ces gens nous ont accordé de trois à

quatre heures de leur temps. C'était la moindre des choses de leur dire merci »,

rappelle le directeur médical du projet CARTA@GENE et responsable de la moitié

des 20 000 évaluations.

« Les données statistiques globales, sur le diabète ou l'hypertension par exem-

ple, ne nous donnent pas d'informations sur la condition d'une personne en

particulier quant à son alimentation, à ses habitudes de vie ou à son environ-

nement, explique Pavel Hamet, sans compter celles qui ne vont jamais chez le

médecin et dont nous ne connaissons rien. La banque de données que nous

avons constituée est extrêmement précieuse et permettra d'orienter le déve-

loppement de médicaments. Les spécimens de sang et d'urine ont été entre-

posés selon les meilleures normes éthiques et l'analyse des données est en

cours pour le diabète, l'hypertension, l'ostéoporose et l'obésité. »

Titulaire de la Chaire du Canada en génomique prédictive, Pavel Hamet caresse un grand rêve : « Le projet CART@GENE

nous donne une photo instantanée de notre population. En réévaluant la même cohorte tous les cinq ans, par exemple,

nous aurions un film continu. L'investissement initial de 35 millions de dollars nous procure une infrastructure bien rodée.

Il n'en coûterait que quelques millions par année pour la suite. » Des retombées économiques se pointent déjà. Au moment

de l'entrevue, le Dr Hamet se préparait à partir en Inde dans le cadre d'une mission économique gouvernementale :

« J'espère signer des ententes avec des entreprises pharmaceutiques, notamment concernant le diabète, un véritable

fléau dans ce pays. »

41Montréal économique – édition 2011 —

PAVEL HAMETDirecteur médical, CART@GENE

PHOTO

: LUC LAU

ZIÈR

E, CHUM

Les défis à relever sont importants : « Nous parlons

beaucoup de commercialisation, prévient le Dr Bergman,

mais il ne faut pas oublier que les biomarqueurs et les

plateformes de recherche actuels existent grâce à la

recherche fondamentale effectuée depuis 15 ou 20 ans.

De plus, non seulement faut-il faire de la bonne science,

mais il faut aussi démontrer la possibilité d'intégrer cette

nouvelle manière de faire de la médecine dans le système

de santé. » La stratégie, élaborée pour une période de

10 ans, comportera deux temps : « Nous allons commencer

par valider l'efficacité des biomar-queurs et développer

une preuve de concept d'application à notre système de

santé. Ensuite viendra l'étape de l'application. »

« Le Québec est bien positionné pour assumer un rôle de

leader au niveau international, poursuit Howard Bergman.

Nous avons une entente avec l'Agence nationale de

la recherche France, des partenariats sont envisagés

notamment avec le Luxembourg, l'Allemagne, la Chine et

l'Espagne. » Michel Cimon se dit pour sa part très optimiste :

« La demande est grande et si le Québec s'organise bien,

il pourra très certainement faire figure de pionnier. »

20 000 QUÉBÉCOIS ET QUÉBÉCOISES

répondent à l’appel de CART@GENE

Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-30 09:17 Page41

Page 42: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:37 Page42

Page 43: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

Le système de santé est en processus de changement vers une médecine

personnalisée. À Montréal, la compagnie Caprion Protéomique fait partie

des acteurs qui contribuent à accélérer ce virage. Grâce à sa technologie de

pointe, cette biotech est en mesure d’analyser l’ensemble des protéines d’une

cellule et, par conséquent, de vérifier le fonctionnement de cette dernière.

« L’étude des protéines présentes dans le sang et les tissus organiques dits

“ biomarqueurs ”, permet de détecter une maladie avant même l’apparition

des symptômes, de suivre l’agent pathogène dans l’organisme et de choisir

des traitements adaptés à chaque personne », explique Martin LeBlanc,

président de Caprion Protéomique.

La plateforme de découverte ultramoderne de Caprion est un outil particu-

lièrement convoité par les chefs de file de l’industrie du médicament tels que

Pfizer, AstraZeneca, Abbott, etc. « Les collaborations avec les entreprises

pharmaceutiques se multiplient, ajoute M. LeBlanc. En utilisant les biomarqueurs,

les laboratoires pharmaceutiques peuvent étudier plus précisément l’action

d’un médicament dans le corps et donc prendre des décisions plus éclairées

au cours du processus de développement du médicament. »

Depuis 10 ans, Caprion a développé une excellente expertise en vue de comprendre les besoins des entreprises

pharmaceutiques et de leur offrir les services appropriés. Ses partenariats avec d’importantes compagnies pharma-

ceutiques génèrent un chiffre d’affaires de plus de 10 millions de dollars par an, tout en permettant d’entrevoir

des redevances potentielles sur les médicaments développés par ses collaborateurs. Caprion Protéomique est l’un

des meilleurs fournisseurs de services biotechnologiques orientés vers la médecine personnalisée.

43Montréal économique – édition 2011 —

Distributeur canadien depuis 1986, Medicorp inc. représente maintenant plus de 50 compagnies américaines ou européennes.

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Caprion Protéomique

PHOTO

: ISTOCKP

HOTO

PAR

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Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:38 Page43

Page 44: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:38 Page44

Page 45: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

45Montréal économique – édition 2011 —

éritable centre névralgique de la recherche sur les

médicaments, Montréal offre un environnement

favorable à l’innovation, tant par ses infrastructures de

production et de recherche que par sa main-d’œuvre

hautement qualifiée et ses ressources financières.

Il y a près de deux ans, le gouvernement du Québec

dévoilait la nouvelle Stratégie biopharmaceutique québé-

coise consacrant près de 123 millions de dollars sur trois

ans au déploiement de l'industrie biopharmaceutique.

L’objectif : faire face aux défis majeurs que représentent

notamment la compétitivité internationale et la croissance

des coûts de R-D, tout en positionnant le Québec comme

une terre d'accueil pour les investissements et les entre-

prises de l’industrie du médicament.

« Le secteur biopharmaceutique est

en profond bouleversement, explique le

Dr Max Fehlmann, président-directeur

général du Consortium québécois sur la

découverte du médicament (CQDM).

Depuis les années 1980, on assiste pa-

rallèlement à une baisse du nombre de

découvertes de molécules innovantes

et à une hausse des investissements en

R-D. Aujourd’hui, très peu de molécules

parviennent à l’étape de mise en marché.

Sur 100 000 molécules identifiées à

l’étape de la recherche initiale, une seule

est commercialisée. » La production d’un

médicament est un processus long – plus

de 20 ans entre la recherche de nouvelles

molécules et leur commercialisation – et coûteux – entre

800 millions et 1,3 milliard de dollars. « Le gouvernement

a bien compris l’importance d’aider financièrement à chaque

étape de la chaîne d’innovation des médicaments », ajoute

M. Fehlmann.

V

MAX FEHLMANNPrésident-directeur généralConsortium québécois sur la découverte du médicament (CQDM)

Par Sybille Pluvinage

Une solide chaîne d’innovation

pour les médicaments

PHOTO

: ISTOCKP

HOTO

PAR

SETIXELA

Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:38 Page45

Page 46: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

46 — Montréal économique – édition 2011

SCIENCES DE LA VIE

Pour contrer ce bouleversement, un nouveau modèle voit

le jour, basé sur la synergie et la mobilisation des compé-

tences. « La clé du succès tient à la collaboration de tous

les acteurs du secteur biopharmaceutique, indique Michel

Bouvier, chercheur principal à l’Institut de recherche en

immunologie et en cancérologie (IRIC) et professeur

titulaire au Département de biochimie de la Faculté de

médecine de l’Université de Montréal. Pour rester compé-

titifs et aller chercher l’expertise nécessaire, les grands

laboratoires pharmaceutiques doivent s’ouvrir au travail

en partenariat avec de petites entreprises en biotechno-

logie et avec le milieu universitaire. » Ce système, appelé

« innovation ouverte », est, pour le Dr Fehlmann, un modèle

raisonnable. « Si tous les partenaires mettent leur argent

dans le même panier pour financer des projets risqués et

que les bénéfices sont ensuite partagés, il y a alors une

dilution des risques et davantage de projets peuvent être

financés grâce à ce modèle. Par conséquent, les chances

d’avoir un projet qui marche pour un investissement égal

augmentent. »

C’est un modèle que le gouvernement du Québec soutient,

notamment par l’appui du CQDM, cet organisme à but

non lucratif qui finance les projets de recherche novateurs

réalisés en partenariat entre les secteurs public et privé.

Depuis son ouverture en 2008, il appuie annuellement de

trois à cinq projets d’environ 2 millions de dollars chacun.

« Le Consortium est un carrefour qui contribue à renforcer

les liens entre le milieu universitaire et l’industrie. Nous misons

sur l’innovation en soutenant des projets de recherche

inusités et le développement d’outils permettant de faci-

liter la découverte de nouveaux médicaments », précise

Max Fehlmann.

MICHEL BOUVIERChercheur principal, Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC)

« LA CLÉ DU SUCCÈS TIENT À LA COLLABORATION DE TOUS

LES ACTEURS DU SECTEUR BIOPHARMACEUTIQUE. »

– Michel Bouvier

Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:38 Page46

Page 47: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

47Montréal économique – édition 2011 —

À L’ÉTAPE DE LA DÉCOUVERTE DES MÉDICAMENTSUne des solutions pour augmenter la productivité de R-D

de médicaments consiste à mettre en place, en amont de

la chaîne de production, des procédés pour repérer les

projets les plus prometteurs. « Il convient d’envisager le

développement d’outils qui permettraient d’anticiper le

manque d’efficacité ou la toxicité de nouvelles molécules

et donc de “tuer” tôt des projets avant qu’ils ne coûtent

trop cher », indique le Dr Fehlmann. À Montréal, ce genre

d’outils est largement employé à l'IRIC, comme l'explique

le Dr Bouvier : « Les projets de recherche foisonnent à

l’IRIC, mais, pour accélérer le processus de transfert des

connaissances vers la découverte de médicaments, il faut

concevoir et développer les projets les plus novateurs.

C'est dans ce but que le Centre d'excellence en commer-

cialisation et recherche en découvertes thérapeutiques

a été mis sur pied à l'IRIC. Une fois matures, les projets

peuvent ensuite être pris en charge par une entreprise

pharmaceutique ou de biotechnologie dans le cadre

d'ententes de partenariat permettant un juste partage des

revenus . Ce procédé permet à la fois de consolider les

relations entre les milieux universitaire et industriel, et d’amé-

liorer la productivité et les connaissances en recherche. »

À L’ÉTAPE DES ESSAIS CLINIQUESL’élaboration de nouvelles technologies

à l’étape des essais cliniques représente

une autre façon d’accentuer le dévelop-

pement et les retombées de la recherche.

Selon Tarik Möröy, président et directeur

scientifique de l’Institut de recherches

cliniques de Montréal (IRCM), « il est

important de diminuer de façon radicale

les échecs tardifs dans le développement de nouveaux

médicaments. Lorsqu’une molécule se rend jusqu’à l’étape

des essais cliniques avec des patients et qu’elle échoue,

les coûts financiers sont énormes. C’est pourquoi l’IRCM

offre dans ses murs la possibilité d'une collaboration

étroite entre chercheurs fondamentaux et cliniciens.

L’IRCM est un élément unique dans la chaîne d’innovation,

car ici, cliniciens et chercheurs collaborent sous un même

toit, avec des cohortes de patients plus homogènes et

très bien caractérisées en vue de construire des études

cliniques plus solides. » L'IRCM constitue un noyau

d’excellence en recherche clinique et fait partie de l’un des

19 centres soutenus par le Fonds de la recherche en santé

du Québec (FRSQ).

La FRSQ a d’ailleurs annoncé récemment la disponibilité

de nouveaux budgets en vue d'atteindre un des objectifs de

la Stratégie biopharmaceutique québécoise, soit « soutenir

le développement de l'excellence en recherche clinique

dans les centres de recherche ». Ces fonds, d’un montant

total de 2,6 millions de dollars par an, pour deux ans, sont

destinés aux centres désirant développer la recherche

clinique en collaboration avec l'industrie biopharmaceu-

tique. « Ces fonds gouvernementaux aident les chercheurs

à poursuivre des projets d’envergure en partenariat avec

les entreprises et les biotechs, et à accroître les connais-

sances en recherche fondamentale », ajoute le Dr Möröy.

« IL CONVIENT D’ENVISAGER LE DÉVELOPPEMENT

D’OUTILS QUI PERMETTRAIENT D’ANTICIPER LE

MANQUE D’EFFICACITÉ OU LA TOXICITÉ DE

NOUVELLES MOLÉCULES ET DONC DE “TUER” TÔT

DES PROJETS AVANT QU’ILS NE COÛTENT TROP CHER. »

– Max Fehlmann

PHOTO : YVES LACOMBE > INSTITUT DE RECHERCHE EN IM

MUNOLOGIE ET EN CAN

CÉROLOGIE

TARIK MÖRÖYPrésident et directeur scientifique Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM)

Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:38 Page47

Page 48: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

48 — Montréal économique – édition 2011

« IL EST IMPORTANT D’INVESTIR POUR FORMER

DES CHERCHEURS DE HAUT NIVEAU QUI

ALIMENTERONT L’INDUSTRIE BIOPHARMACEUTIQUE

AU QUÉBEC, EXPLIQUE LE DR BOUVIER.

L’ENSEMBLE DES GROUPES DE RECHERCHE

DANS CE DOMAINE AGIT COMME UN CATALYSEUR

POUR L’INDUSTRIE QUÉBÉCOISE. »

– Michel Bouvier

SORTIR DE LA VALLÉE DE LA MORT« Il existe une véritable “vallée de la mort” financière entre

l’étape de la découverte d’une molécule et sa précom-

mercialisation », affirme le Dr Fehlmann. Ce terme, couram-

mentutilisé, décrit bien la situation des biotechs. En réponse

aux défis auxquels celles-ci font face, le gouvernement

du Québec a mis sur pied, en 2009, de nouveaux fonds

majeurs de capital de risque. Le premier, Teralys Capital,

est un fonds dont la capitalisation totale visée est de

825 millions de dollars. Appuyé par la Caisse de dépôt

et placement du Québec et le Fonds de solidarité FTQ,

il est dédié aux entreprises de technologie évoluant

notamment dans le secteur des sciences de la vie. Trois

autres fonds ont été créés en partenariat avec le Fonds de

solidarité FTQ, FIER Partenaires et des partenaires privés.

Chaque fonds de 41,25 millions est destiné au finance-

ment de l’amorçage d’entreprises émergentes.

INVESTIR DANS LA FORMATIONMontréal possède une main-d’œuvre hautement qualifiée,

qui peut compter sur des programmes de formation

reconnus internationalement. Ses universités disposent

d’importantes infrastructures de recherche de renommée

mondiale telles que le Centre d'innovation Génome Québec

et Université McGill, ou encore, le Centre de pharmaco-

génomique Beaulieu-Saucier de l’Université de Montréal.

« Il est important d’investir pour former des chercheurs de

haut niveau qui alimenteront l’industrie biopharmaceutique

au Québec, explique le Dr Bouvier. L’ensemble des groupes

de recherche dans ce domaine agit comme un catalyseur

pour l’industrie québécoise. » Conscient de l’importance

stratégique de former une main-d’œuvre qualifiée, le

gouvernement du Québec apporte son appui en investissant

un montant de 320 000 $ pour développer des outils de

sensibilisation et motiver les jeunes à faire carrière dans

le secteur biopharmaceutique.

relier la science à la vie

SAVEZ-VOUS COMMENT CE DISQUE POURRA VOUS AIDER À SOIGNER UNE INFECTION PAR LA BACTÉRIE C. DIFFICILE ?

En détectant la présence de la bactérie en moins de 60 minutes au lieu des 48 heures requises par les tests classiques de microbiologie. La génomique – l’étude de l’ensemble des gènes d’un organisme – a en effet permis d’inventer le disque compact diagnostique*, une sorte de laboratoire miniaturisé utilisant des tests à base d’ADN* aussi développés grâce à cette science. Révolutionnaire, cet outil peut détecter de multiples micro organismes responsables d’infection, tels que le C. difficile, ainsi que leurs gènes de résistance aux antibiotiques en un rien de temps ! Et dans un proche avenir, les médecins pourront s’en servir dans leur cabinet même et ainsi vite vous soigner en prescrivant le traitement efficace qui vous convient. Voilà comment Génome Québec relie la science à la vie et à votre santé.

genomequebec.com

* Innovations réalisées par le Dr Michel G. Bergeron, professeur titulaire, directeur et fondateur du Centre de recherche en infectiologie de l’Université Laval à Québec, et son équipe.

Chercheurs formés par Génome Québec 671

455 Investissements en génomique au Québec

Emplois créés grâce à Génome Québec

millions $

2 170

Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:38 Page48

Page 49: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

49Montréal économique – édition 2011 —

UN SUCCÈS EXEMPLAIRE

Theratechnologies et son produit phareEGRIFTAMC

UN ENVIRONNEMENT D'AFFAIRES FAVORABLELe moteur de l’industrie biopharmaceutique demeure tout

de même l’apport des grandes entreprises. Au total, une

vingtaine de compagnies pharmaceutiques internationales

ont établi leur siège social canadien au Québec, dont la

plupart dans la région de Montréal. « L’environnement est

favorable au développement des affaires, notamment

grâce à la qualité des réseaux établis entre les secteurs

privé et public, dit le Dr Fehlmann. Malgré sa taille, Montréal

ressemble, somme toute, à un village. Contrairement aux

autres pôles du secteur biopharmaceutique, la communi-

cation y est ouverte entre universitaires et industriels. Les

acteurs du secteur biopharmaceutique sont capables de

travailler sur des terrains neutres qui sont d’intérêt commun.

C’est un outil très précieux et unique. »

La chaîne du médicament est donc bien développée à

Montréal, de la recherche à la commercialisation. La ville

jouit de ressources considérables et la Stratégie biophar-

maceutique québécoise représente un pas de plus vers la

réussite dans ce secteur. Bien sûr cette stratégie comporte

des failles. Comme le mentionnent en cœur les chercheurs :

« Un budget de 123 millions de dollars, ce n’est pas assez ! »

Et le Dr Fehlmann d’ajouter : « Ce n’est jamais assez, mais

le gouvernement est sur la bonne voie. » Montréal est l’un

des chefs de file en Amérique du Nord dans le domaine

biopharmaceutique. Et elle entend le rester…

LES AUTORITÉS DE LA FOOD AND DRUG ADMINISTRATION

AMÉRICAINE ONT DONNÉ LEUR ACCORD POUR LA COM-

MERCIALISATION DE L’EGRIFTAMC LE 11 NOVEMBRE 2010. CE

MÉDICAMENT RÉSOLUMENT RÉVOLUTIONNAIRE EST INDI-

QUÉ POUR RÉDUIRE L’EXCÈS DE GRAISSE ABDOMINALE CHEZ

LES PATIENTS INFECTÉS PAR LE VIH ET ATTEINTS DE LIPO-

DYSTROPHIE. L’EGRIFTAMC EST LE PREMIER ET LE SEUL TRAI-

TEMENT DU GENRE APPROUVÉ PAR LA FDA. IL A ÉTÉ

DÉVELOPPÉ DE BOUT EN BOUT PAR L’ENTREPRISE BIOPHAR-

MACEUTIQUE MONTRÉALAISE THERATECHNOLOGIES ET

SERA EXCLUSIVEMENT COMMERCIALISÉ AUX ÉTATS-UNIS

PAR EMD SERONO, INC., UNE SOCIÉTÉ MEMBRE DU GROUPE

MERCK KGAA.

Son autorisation de mise sur le marché est une excellente

nouvelle pour l’ensemble de l’industrie québécoise des biotech-

nologies. Depuis le grand succès de Biochem Pharma dans les

années 1990, ce secteur connaît, en effet, une période

difficile. Située à Montréal, Theratechnologies est l'une des très

rares entreprises canadiennes de biotechnologie à avoir réussi,

par elle-même, à découvrir, développer et mettre sur le marché

un médicament.

Mais son succès ne s’arrête pas là. L’entreprise a récemment

accordé à Sanofi-Aventis les droits de distribution exclusifs du

médicament en Amérique latine, en Afrique et au Moyen-Orient,

ainsi qu’à Ferrer Internacional pour sa commercialisation en

Europe, en Russie, en Corée du Sud, à Taiwan et dans certains

pays d'Asie centrale.

Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:39 Page49

Page 50: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

d’un patient, explique Carl-Éric Aubin,

professeur au Département de génie méca-

nique de l’École Polytechnique de Montréal

et titulaire de la Chaire de recherche indus-

trielle CRSNG-Medtronic en biomécanique

de la colonne vertébrale. On peut ensuite

modéliser le comportement mécanique

de la colonne. Ce nouveau procédé nous

permet de prendre le virage de la médecine

personnalisée et d’explorer de nouvelles

avenues thérapeutiques. »

Le programme de simulation personnalisé

appliqué aux corsets est l’un des projets les

plus prometteurs de l’équipe du Pr Aubin.

« En quelques minutes, nous créons le mo-

dèle 3D du patient, puis nous fabriquons virtuellement un

grand nombre de corsets. On peut ainsi prédire lequel sera

le plus efficace et quels seront les effets à long terme sur

le patient. »

Un autre programme de modélisation 3D permettra

de simuler les chirurgies correctrices de la scoliose.

L’objectif : prédire les impacts des principales manœu-

vres chirurgicales avec assez de précision et améliorer

ainsi l’efficacité des traitements.

Déjà, plusieurs partenaires industriels s’intéressent à

ces techniques numériques et sont prêts à les mettre

en marché si les résultats sont concluants.

l’École Polytechnique de Montréal, une équipe de

chercheurs en génie biomécanique s’est alliée au

Centre de recherche du CHU Sainte-Justine afin de

mettre au point de meilleurs outils pour le traitement

de la scoliose, une déformation de la colonne vertébrale.

Cette précieuse collaboration contribue à faire de Montréal

l’un des chefs de file mondiaux dans le traitement des

maladies de la colonne vertébrale.

L’équipe multidisciplinaire travaille notamment à bâtir un

programme de modélisation 3D. « Avec des techniques

d’imagerie, on peut reproduire en 3D la colonne vertébrale

Traiter la scoliose

50 — Montréal économique – édition 2011

SCIENCES DE LA VIE

À

CARL-ÉRIC AUBINProfesseur au Département de génie mécanique de l’École Polytechnique de Montréal et titulaire de la Chaire de rechercheindustrielle CRSNG-Medtronic en biomécanique de la colonne vertébrale

Élites_ScienceVie_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:39 Page50

Page 51: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

51Montréal économique – édition 2011 — 51Édition 2011 —

En 2010, une importante entreprise pharmaceutique

indienne, Piramal Healthcare Limited, s'est intéressée aux

travaux du Pr Michael Buschmann et de son équipe dans

le domaine du génie tissulaire et a notamment investi dans

la Chaire industrielle CRSNG/Piramal en biomatériaux

hybrides pour les technologies régénératives tissulaires,

qu'il dirige.

Aujourd'hui associés dans la jeune

entreprise Biomomentum, Martin

Garon et Éric Quenneville ont tous

deux complété leur doctorat en

génie biomédical sous la direction

du Pr Buschmann. « Pendant nos

études, nous avons identifié le

besoin de mesurer les propriétés

mécaniques de tissus, de peau ou

de cartilage – par exemple, leur

réponse à une compression, ex-

plique Martin Garon. Nous avons

ainsi développé le Mach-1, un

instrument qui peut être utilisé en

chirurgie orthopédique. » Lorsque

l'entreprise pour laquelle ils tra-

vaillaient a fermé son service

d'instrumentation en 2009, ils

ont racheté leurs brevets et créé

Biomomentum, dont ils sont

copropriétaires. Le succès se pointe déjà à l'horizon avec

l'obtention du premier prix, catégorie Innovation techno-

logique, au Concours québécois en entreprenariat de

2010, où l'on a reconnu le grand potentiel de l'entreprise.

Biomomentum reçoit actuellement du financement de

Développement économique Canada et de Investissement

Québec, mais il en faut plus : « Pour l'instant, précise Martin

Garon, nous nous concentrons sur les ventes du Mach-1 au

Canada (30 %), aux États-Unis (30 %) et en Europe (40 %). »

Un autre instrument d'évaluation arthroscopique, le Arthro-

BST, est pour l'instant vendu en laboratoire. Les chercheurs

espèrent obtenir une version clinique à l'été 2011. « À long

terme, entrevoit Martin Garon, nous souhaitons que

ces instruments, en plus d'être utilisés pour l'évaluation,

deviennent de véritables outils diagnostiques. »

2003, une découverte réalisée à l'École Poly-

technique de Montréal a fait les manchettes de

l'actualité québécoise lorsque le très connu hockeyeur

Serge Savard a profité des travaux de cet établissement.

Les nombreux accidents aux jambes subis au cours de sa

carrière ne lui laissaient plus le choix : il devait se soumettre

à une opération chirurgicale majeure pour qu’on remplace

l'articulation de son genou gauche. C'est alors que Santé

Canada a accordé la permission à quelques dizaines de

patients d'être traités à l'aide d'un nouveau biomatériau,

le CarGelTM, avant la fin des essais cliniques. L'intervention

a été évitée et le hockeyeur a abandonné sa canne.

Le cartilage de son genou avait pu être régénéré à l'aide

d'un nouveau tissu.

Au cœur de ce succès

se trouvent Michael D.

Buschmann et Caro-

line D. Hoemann, qui

ont mis au point une

technique de régé-

nération du cartilage

articulaire unique au

monde. Leur biogel,

un polymère appelé

chitosane obtenu à

partir des carapaces

de crustacés, est mé-

langéavec le sang du

patient et appliqué

directement sur la

lésion au cours d'une

opération très peu

invasive. Il adhère à

l'os et au cartilage

pour ensuite se dé-

grader complètement

pendant le processus

de guérison. « Il s’agit d’une technologie très innovatrice,

affirme Mme Hoemann, biologiste et professeure au

Département de génie chimique et à l’Institut de génie

biomédical. Nous sommes les premiers à avoir pensé à

guérir les cartilages directement sur le lieu de la lésion

avec un tel biogel. » Les recherches se poursuivent : « Nous

continuons d'étudier les interactions entre le polymère de

chitosane et les cellules impliquées dans la guérison des

blessures. »

Créer des tissus...En

CAROLINE D. HOEMANNBiologiste et professeure au Département de génie chimique et à l’Institut de génie biomédical

MICHAEL D. BUSCHMANNProfesseur titulaireDépartement de génie chimique

...et évaluer des tissus

MARTIN GARON et ÉRIC QUENNEVILLE

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Page 52: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

52 — Montréal économique – édition 2011

SCIENCES DE LA VIE

LE CENTRE DE RECHERCHE DE L'INSTITUT DOUGLAS EST LE PLUS ANCIEN ÉTABLISSEMENT AU QUÉBEC À TRAVAILLER EN SANTÉ MENTALE. AVEC SES 300 CHERCHEURS DE RENOMMÉE INTERNATIONALE ET

SES INFRASTRUCTURES À LA FINE POINTE, IL EST AUSSI LE DEUXIÈME PLUS IMPORTANT CENTRE AU CANADADANS CE DOMAINE. IL SE DÉMARQUE PAR SES PERCÉES SCIENTIFIQUES ET SES PROJETS NOVATEURS, SUR

LE PLAN TANT DE LA RECHERCHE QUE CLINIQUE. LES CHERCHEURS SE PENCHENT TOUT PARTICULIÈREMENTSUR LES MÉCANISMES ET LES CAUSES DES TROUBLES MENTAUX COMME LA MALADIE D’ALZHEIMER,

LA SCHIZOPHRÉNIE, LES TROUBLES DÉPRESSIFS ET L’AUTISME.

Le Centre de recherche de l’Institut Douglas

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LE CENTRE D’ÉTUDES EN PRÉVENTION DE LA MALADIE D'ALZHEIMER D’ici peu, le Centre d’études en prévention de la maladie

d'Alzheimer ouvrira ses portes à l’Institut Douglas. « Ce

centre, unique en Amérique du Nord, évaluera l’efficacité

de traitements préventifs chez les personnes possédant

des marqueurs biologiques connus pour accroître le risque

de développer la maladie d’Alzheimer », explique John Breitner,

directeur du Centre et professeur de psychiatrie à la

Faculté de médecine de l’Université McGill. Les études

issues de ce nouveau projet d’envergure permettront

de mieux comprendre les facteurs de risques associés

à la maladie d'Alzheimer afin de retarder son apparition

et sa progression.

LE CENTRE D’IMAGERIE CÉRÉBRALEL’ensemble des recherches réalisées à

l’Institut Douglas sera grandement facilité

par la création du Centre d'imagerie céré-

brale. Comme le souligne le directeur du

Centre, Martin Lepage, « avec ce nouvel

équipement, les chercheurs disposeront

d’une infrastructure de pointe qui viendra

soutenir le développement d’une expertise

déjà remarquable. Le Québec se position-

nera ainsi parmi les chefs de file mondiaux

dans le domaine de la recherche fonda-

mentale et appliquée en psychiatrie et en

santé mentale. » À l’aide d’un financement

conjoint des gouvernements provincial et fédéral de plus

de 20 millions de dollars, l’Institut deviendra le premier

établissement psychiatrique au Québec à posséder son

propre centre d’imagerie cérébrale. Cette plateforme

ultramoderne abritera de nombreuses technologies à la

fine pointe, dont deux nouveaux appareils d'imagerie par

résonance magnétique, l'un consacré aux études chez

l'humain et l'autre aux études chez l'animal. Les chercheurs

pourront ainsi plus facilement examiner le développement

du cerveau, mieux comprendre les maladies mentales et

améliorer la précision des diagnostics et des pronostics.

Ces techniques d’imagerie cérébrale ouvrent de nouvelles

perspectives dans la recherche en santé mentale.

Affilié à l’Université McGill, le Centre de recherche de

l'Institut Douglas travaille aussi, depuis 1982, en partenariat

avec le Centre collaborateur de l'Organisation mondiale

de la santé (OMS) et de l'Organisation panaméricaine de la

santé (OPS). Leur objectif est d’améliorer l'accès aux soins

en santé mentale à travers le monde.

JOHN BREITNERDirecteur du Centre et professeur de psychiatrie à la Faculté de médecine de l’Université McGill

MARTIN LEPAGEDirecteurCentre d’imagerie cérébrale

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54 — Montréal économique – édition 2011

SCIENCES DE LA VIE

Biochem Pharma, un des « plus grands

succès des biotechnologies au Canada »

grâce à son désormais incontournable

traitement contre le VIH, est en effet

issue de l'Institut Armand-Frappier, qui

lui-même porte le nom d'un pionnier de

la vaccination contre la tuberculose en

Amérique du Nord. Ajoutons à cela l'en-

treprise ViroChem Pharma, qui s'est

spécialisée dans les traitements contre

l'hépatite C et le VIH dans les années

2000, ainsi que la présence actuelle

du géant mondial GlaxoSmithKline, qui

développe et fabrique un vaccin contre

l'influenza. La tradition est bien établie.

La construction du Centre de cancérologie sur le site

de l'Hôpital de la Cité-de-la-santé de Laval, un projet de

37,5 millions de dollars en plus de 40 millions pour les

équipements et 29 millions pour le fonctionnement, vient

renforcer le secteur de l'oncologie à l’intérieur du Grand

Montréal : « Dans ce domaine aussi, nous visons la com-

plémentarité », déclare Samir Mounir.

DES ACQUISITIONS QUI RAPPORTENT Une bonne proportion des firmes de capital de risque a

décidé de cibler le financement d'entreprises plus avancées

dans leur développement. Dans ce contexte, « il est certain,

note Samir Mounir, que les plus petites éprouvent plus de

difficultés à se financer, et que le capital de risque néces-

saire pour combler le manque n'est pas vraiment disponible,

pour le moment, au Québec. Cette situation encourage

les fusions et les acquisitions. »

Les acquisitions de biotechs québécoises performantes ou

prometteuses par des entreprises étrangères se sont ainsi

additionnées depuis quelques années, particulièrement

à la suite de la crise financière de l’automne 2008. Aux

personnes qui déplorent cet état de fait, le Dr Mounir

présente une vision différente : « Nous avons gardé les

emplois au moment de l'acquisition de ViroChem Pharma,

par exemple, qui a été achetée par la société américaine

Vertex Pharmaceuticals en 2009. Celle-ci est restée

chez nous et nous profitons des investissements. » Autre

exemple, celui du Laboratoire Dr Renaud, acquis par la

branche canadienne de Valeant Pharmaceutical Interna-

tional en 2010 : « Les acheteurs ont choisi de rester ici et

de positionner la biotech comme une unité d'excellence

en dermatologie, poursuit le directeur de la Cité de la

Biotech. Ils participent ainsi activement au développement

économique. Même scénario pour Biosyntech, connue pour

son produit CarGelTM (voir p. 51). » Et que dire des difficultés

financières de LAB Recherche, firme qui offre des services

de tests précliniques pour des entreprises pharmaceu-

tiques ? Le Dr Mounir, optimiste, prône la patience : « L'en-

treprise n'a pas déclaré faillite. Attendons, il y a

peut-être une acquisition ou une fusion à l'horizon… »

ATTIRER LES MEILLEURSLa présence depuis 2007 à Laval de New World Laboratories,

dont le fondateur a été nommé homme d'affaires de

l'année aux États-Unis en 2004, n'est pas le fruit du hasard :

« Nous cherchions à attirer une entreprise de haut niveau dans

le domaine des cellules souches, de la médecine régénéra-

tive et de la médecine personnalisée, relate Samir Mounir.

« La patience n'exclut pas la proactivité, et les dirigeants

de la Cité de la Biotech s'emploient à repérer et à attirer

les meilleurs joueurs dans le secteur des sciences de la

vie et des technologies de la santé au niveau national et

international. L'intérêt de nos universités pour ce secteur,

la concentration de ressources dans le Grand Montréal et

les coûts moindres de R-D les ont convaincus. Nous avons

l'intention de poursuivre les efforts dans cette direction

et des ententes sont déjà en cours avec des groupes

d’Allemagne, d’Espagne, de France et du Canada. »

La Cité de la Biotech

SAMIR MOUNIRDirecteur BIOPOLE et Cité de la Biotech

Centre d'affaires et de sciences, la Cité de la Biotech

réunit plus de 5000 personnes réparties dans plus

de 80 entreprises regroupées à l'intérieur d'un rayon

de quatre kilomètres.

NÉE IL Y A 10 ANS D'UN PARTENARIAT ENTRE LAVAL TECHNOPOLE ETL'INRS–INSTITUT ARMAND-FRAPPIER, LA CITÉ DE LA BIOTECHNOLOGIEET DE LA SANTÉ HUMAINE DU MONTRÉAL MÉTROPOLITAIN, OU CITÉ DELA BIOTECH, S'INSCRIT DANS UNE DYNAMIQUE EN COHÉRENCE AVECCELLE DE LA MÉTROPOLE : « NOUS NOUS DISTINGUONS NOTAMMENT PARUNE FORTE TRADITION D'EXCELLENCE EN RECHERCHE SUR LES MALADIESINFECTIEUSES ET DANS LE DOMAINE DES SOLUTIONS ANTIVIRALES », EXPLIQUE SON DIRECTEUR, LE DR SAMIR MOUNIR.

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55Montréal économique – édition 2011 —

TIC :Montréal a les moyens

de voir grandL’INDUSTRIE DES TIC MONTRÉALAISE, UN MOTEUR DE L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISEAvec 5 000 entreprises, 120 000 emplois et 25 milliards

de revenus, l’industrie des technologies de l’information

et des communications (TIC) du Grand Montréal se révèle

un puissant moteur de la prospérité économique québé-

coise. Le dynamisme de ce secteur, qui représente à lui seul

70 % des emplois dans la métropole, classe celle-ci au

cinquième rang au palmarès des villes nord-américaines

ayant la plus forte concentration d’emplois en haute tech-

nologie, à égalité avec Seattle, Boston ou San Francisco.

La présence marquée d’entreprises de TIC à Montréal re-

monte aux années 1970-1980, en plein développement

économique du Québec. Pour soutenir son essor, en effet,

le secteur des institutions financières a alors un énorme

besoin d’outils et de compétences informatiques, ce qui

favorisera le développement local de grandes firmes de

services-conseils spécialisées dans le domaine. Le boom

des télécom, l’installation de l’usine IBM à une heure à

peine de Montréal, à Bromont, et, bien sûr, le vaste bassin

universitaire sont autant de facteurs ayant contribué à la

concentration d’expertises technologiques.

Dossier par Catherine Flores

Technologies de l’information et des communications

PHOTO : PROJECTION HOLOGRAPHIQUE DE SPACE & DREAM

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Page 56: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

Une masse critique et diversifiée d’entreprises, une main-

d’œuvre qualifiée et créative, des coûts d’exploitation

compétitifs et des incitatifs fiscaux avantageux expliquent

la vigueur de l’industrie québécoise des TIC. Malgré la

crise, celle-ci a affiché dans les dernières années une

croissance deux fois plus rapide que l’ensemble de

l’économie et capté pas moins des deux tiers des résultats

d’investissements étrangers de Montréal International

entre 2005 et 2008.

Loin de se reposer sur ses lauriers, la grappe industrielle

des TIC montréalaise, qui doit faire face à une concurrence

internationale accrue, se mobilise pour conserver son statut

de pôle d’innovation mondial et faire reconnaître celui-ci

hors frontières. Réunie sous la bannièreTechnoMontréal,

organisme lancé en 2007, elle met en œuvre des projets

d’envergure visant à optimiser sa croissance et son rayon-

nement, en veillant entre autres à faciliter l’arrimage entre

les secteurs privé et public.

56 — Montréal économique – édition 2011

TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS

YVES PELLETIERPremier vice-président de DMR etprésident du conseil d'administrationde TechnoMontréal

« MONTRÉAL POSSÈDE TOUS LES ATOUTS POUR

SE DÉMARQUER SUR LA SCÈNE INTERNATIONALE. »

– Yves Pelletier

25 ANS DESAVOIR-FAIRE !UNE EXPERTISE UNIQUE EN INNOVATION OUVERTE

Une organisation à la fine pointe des TI qui aide, soutient et transfère des technologies et des connaissances aux entreprises.

Un centre de recherche appliquée qui participe à la création d’applications concrètes et qui contribue à la croissance des technologies dans notre société.

Des cœurs de métier de premier plan !• Recherche et développement• Formation et transfert de connaissances• Tests de logiciels et d’interopérabilité

Une équipe d’experts, dans des domaines en pleine effervescence, qui place l’innovation collaborative au centre de sa vision d’avenir.

VISION | IMAGERIE | INTEROPÉRABILITÉ | TESTS | DÉVELOPPEMENT | PAROLE | INDEXATION AUDIOVISUELLE | INTERACTION HUMAIN-ORDINATEUR | MODÉLISATION | COLLABORATION | FORMATION | TRANSFERT | EXPLORATION SÉMANTIQUE DE CONTENU

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Récipiendaire d’un :

Contact :Françoys LabontéDirecteur, développement des affaires,R-D et commercialisation

Centre de recherche informatique de Montréal514 [email protected]

Élites_TechnologieInfo_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:44 Page56

Page 57: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

57Montréal économique – édition 2011 —

TechnoMontréal ne manque pas d’ambition. Ses actions

au sein de ses quatre grands chantiers stratégiques –

main-d’œuvre, financement, commercialisation et

innovation – aident l’industrie montréalaise des TIC

à affronter de grands défis.

UN SECRET ENCORE TROP BIEN GARDÉSelon Yves Pelletier, premier vice-président de l'intégrateur-

conseil en affaires et en technologies de l'information

DMR et président du conseil de TechnoMontréal, le

leadership de Montréal en matière de TIC demeure

« un secret trop bien gardé ».

« Montréal possède tous les atouts pour se démarquer

sur la scène internationale, déclare M. Pelletier. Sa masse

critique d’entreprises est répartie dans des secteurs

complémentaires : fabrication, logiciels, services informa-

tiques, services de télécommunications et multimédia.

En tant que première ville en Amérique du Nord pour

la densité d’étudiants universitaires par rapport à la

population totale, elle offre un bassin de main-d’œuvre

bien formée et reconnue pour sa créativité. Ajoutons

à cela l’existence d’une panoplie de programmes d’aide à

l’entreprise, l’appui du Québec à la R-D, qui est la plus

forte au Canada, des loyers relativement faibles, de

nombreux centres de recherche et un soutien public à

la collaboration entreprises-chercheurs universitaires. »

Pourtant, Montréal demeure encore très discrète dans la

mise en valeur de ses atouts à l’international. « Pire, ajoute

M. Pelletier, de nombreuses entreprises d’ici font réaliser

leurs projets à l’extérieur, par ignorance des ressources

locales ou par difficulté à y accéder. Il faut rectifier cette

situation si l’on veut conserver à Montréal les talents

créatifs, les expertises et les avancées technologiques.

Il faut pour cela des projets mobilisateurs et c’est ce que

TechnoMontréal s’engage à promouvoir. »

POUR UNE « MÉTROPOLE NUMÉRIQUE »Parmi ces projets, le plus ambitieux est sans conteste celui

de faire de Montréal une véritable métropole numérique,

en dotant la ville d’infrastructures et de fonctionnalités

TIC de calibre mondial.

« Ce projet est né d’une consultation de l’ensemble des

acteurs de l’industrie de la région métropolitaine, explique

Yves Pelletier. L’enjeu est de créer une plaque tournante

(“hub”) technologique et créative qui permettra à l’ensemble

des joueurs de l’industrie de partager leurs savoirs pour

les faire évoluer. » Un tel projet nécessite, entre autres,

un accès omniprésent à des infrastructures de commu-

nication architecturale et de haut débit sans fil.

« Cela n’a rien d’utopique, souligne M. Pelletier. La tendance

mondiale est à la gestion de l’innovation ouverte et parta-

gée (“open innovation”) entre les organisations et leurs

partenaires potentiels, jeunes entreprises, développeurs,

chercheurs universitaires, clients, fournisseurs, voire

concurrents. Nous voulons inscrire Montréal dans cette

tendance. C’est pourquoi des infrastructures technologiques

qui permettent l’échange instantané des contenus numé-

riques, ainsi que la mise en place de mécanismes collaboratifs

entre les acteurs de l’industrie, sont indispensables. »

TechnoMontréal souhaite réaliser ce projet d’ici la tenue

du prochain Congrès mondial des technologies de l’infor-

mation (WCIT), dont Montréal sera l’hôte en mai 2012.

« DE NOMBREUSES ENTREPRISES D’ICI FONT RÉALISER

LEURS PROJETS À L’EXTÉRIEUR, PAR IGNORANCE DES

RESSOURCES LOCALES OU PAR DIFFICULTÉ À Y ACCÉDER.

IL FAUT RECTIFIER CETTE SITUATION SI L’ON VEUT

CONSERVER À MONTRÉAL LES TALENTS CRÉATIFS,

LES EXPERTISES ET LES AVANCÉES TECHNOLOGIQUES. »

– Yves Pelletier

PHOTO

: ISTO

CKPHOTO

PAR ANDRZ

EJ BURAK

Élites_TechnologieInfo_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:44 Page57

Page 58: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

« Ce sera l’occasion idéale de présenter

une vitrine de l’expertise montréalaise

à l’échelle planétaire, en mettant à

l’avant-plan les innovations, les savoirs

et le savoir-faire d’ici », s’enthousiasme

M. Pelletier.

TechnoMontréal entreprend actuelle-

ment des démarches auprès des gou-

vernements provincial et fédéral et

des acteurs de l’industrie pour finan-

cer le projet Montréal Technopole

numérique. Son président est plutôt

optimiste étant donné les retombées

en termes de visibilité et d’occasions d’affaires. En plus

d’attirer plus d’entreprises et d’investissements étrangers

à Montréal, le projet devrait avantager les créneaux les

plus porteurs, tels que les jeux vidéo en ligne, l’informa-

tique mobile et l’informatique dans les nuages1, qui tous

requièrent des capacités de traitement importantes et un

large accès à la haute vitesse.

LA PÉNURIE DE MAIN-D’ŒUVRE, UNE PRÉOCCUPATION BRÛLANTELa capacité de la métropole à se doter d’une infrastructure

technologique devrait accélérer l'essor de l'industrie des

TIC, mais celle-ci risque cependant de se heurter à un

obstacle majeur : la pénurie de main-d'œuvre qualifiée. Un

défi prioritaire pour TechnoMontréal, comme le souligne

sa directrice générale, Lidia Divry : « D’ici cinq ans, 25 000

postes seront à combler. Or, la capacité d'innovation et

d'attraction de l'industrie est limitée par la capacité de for-

mer et d'attirer de nouveaux talents. »

TechnoMontréal souhaite valoriser l'image des TIC auprès

des jeunes et de leurs parents, et promouvoir des programmes

d'enseignement dans ce domaine. Avec le concours des

entreprises du secteur et d’organismes comme Techno

Compétences ou la Coalition canadienne pour une relève

en TIC, il met en œuvre de nombreuses activités d’infor-

mation au sein des établissements d’enseignement. « Pour

développer le bassin de travailleurs spécialisés à court

terme, il faut aussi se tourner vers d’autres solutions,

comme l’immigration et la réorientation de carrière par

la formation », constate Mme Divry. D’où la participation

de TechnoMontréal à l’implantation de programmes

favorisant l’insertion professionnelle des immigrants dans

les TI, à divers programmes de formation professionnelle

et à des missions de recrutement à l’étranger.

COUP DE POUCE AUX PMEL’optimisation de la croissance du secteur des TIC demande

également un accompagnement des PME, qui constituent

près de 75 % du secteur local, la plupart comptant moins

d’une dizaine d’employés. C’est l’objectif des chantiers

Financement et Commercialisation de TechnoMontréal.

« Nous agissons comme une interface entre les PME et

les bailleurs de fonds. Les stratégies de financement ont

évolué, il faut s’adapter et revoir les modèles d’affaires »,

explique Mme Divry. Ainsi, le projet Capital Innovation

réunit investisseurs et entreprises en démarrage ou

en phase de croissance. Sélectionnés par un comité

d’experts, les entrepreneurs bénéficient d’une formation

et d’un soutien pour la préparation de leur présentation

auprès des investisseurs ainsi que pour la conclusion

d’ententes. En 2010, le projet a généré 2,8 millions de

dollars en financement pour des projets allant jusqu’à

750 000 $. Par ailleurs, les « Cocktails financement

techno » favorisent les maillages entre entrepreneurs

en TIC en recherche de financement, représentants du

secteur financier et fournisseurs de services à l’industrie.

En matière de commercialisation, l’une des initiatives les

plus originales de l’organisme est le projet Croissance

Québec Techno, en partenariat avec la Fondation de

l’entrepreneurship : on offre à des chefs d’entreprises

technologiques à haut potentiel triés sur le volet une

formation et un accompagnement de haut calibre leur

permettant de mettre en œuvre des stratégies de crois-

sance rapide. Le projet comprend entre autres des sessions

sur la gestion d’entreprise données par les formateurs du

MIT Entrepreneurship Center. Il se conclut par un grand

événement de réseautage. « Les 30 entrepreneurs formés

jusqu’ici ont vu croître de 9 % leur chiffre d’affaires dès

la première année et plus encore la deuxième année »,

rapporte Mme Divry.

58 — Montréal économique – édition 2011

TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS

LIDIA DIVRYDirectrice généraleTechnoMontréal

1. L'informatique dans les nuages(clouds computing) est un concept

de stockage des applications et des données sur des

milliers de serveurs distants et interconnectés entre eux,

un nuage de serveurs, plutôt quesur le serveur de l'usager.

Celui-ci accède aux données parInternet. Cette architecture

permet entre autres de multiplierles opérations de traitement des

données sans risque de congestion.

« D’ICI CINQ ANS, 25 000 POSTES SERONT À COMBLER.

OR, LA CAPACITÉ D'INNOVATION ET D'ATTRACTION

DE L'INDUSTRIE EST LIMITÉE PAR LA CAPACITÉ DE

FORMER ET D'ATTIRER DE NOUVEAUX TALENTS. »

– Lidia Divry

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Page 59: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

AUDACE ET ORIGINALITÉ, VOILÀ LA FORMULE QUI CONDUIT INVARIABLEMENT AU SUCCÈS LES PME

DE LA GRAPPE TECHNOLOGIQUE MONTRÉALAISE. FORMANT UN ENSEMBLE DES PLUS HÉTÉROGÈNE

PAR LA DIVERSITÉ DE LEURS DOMAINES D’ACTIVITÉ, CES PME ONT EN EFFET POUR POINTS COMMUNS

UNE REMARQUABLE CRÉATIVITÉ AINSI QUE LA VOLONTÉ DE DÉVELOPPER UN SAVOIR-FAIRE UNIQUE ET

INNOVATEUR DANS DES CRÉNEAUX TRÈS SPÉCIFIQUES. LES ENTREPRISES DÉCRITES ICI, QUI S’ILLUSTRENT

CHACUNE DANS LEUR DOMAINE, REPRÉSENTENT DE BONS EXEMPLES DE CETTE TENDANCE.

Les PME technologiques,championnes de l’innovation

59Montréal économique – édition 2011 —

PHOTO : ISTOCKPHOTO PAR ANDRZEJ BURAK

Élites_TechnologieInfo_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:44 Page59

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60 — Montréal économique – édition 2011

TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS

Revolver 3L’interaction, ingrédient clé d’un marketing puissant

Quand il fonde Revolver 3 avec deux de ses amis en 2002, Stéphane Dumont a pour projet de ramener

l’humain et l’émotion dans l’univers du marketing, essentiellement tourné à l’époque vers le commerce

électronique et la technologie triomphante. Patiemment, les jeunes entrepreneurs bâtissent leur réseau de

clients et de partenaires. À partir de 2005, Revolver 3, dont l’équipe est passée à 15 personnes, commence

à être reconnue dans le domaine du marketing interactif. Fido lui confie un important projet l’année suivante,

ce qui permet à l’agence de déployer tout son talent créatif, remportant ainsi une douzaine de prix Boomerang.

« Aujourd’hui, la technologie nous permet d’instaurer des modes de communication extrêmement person-

nalisés et bidirectionnels, souligne Stéphane Dumont, président de Revolver 3. Nos solutions sont en mesure

d’accompagner le consommateur tout au long de son processus d’achat, de nourrir une conversation avec

lui, de recevoir sa rétroaction en temps réel et d’ajuster une campagne en conséquence. »

« Drôle de matière », une page thématique créée pour une exposition du Centre des sciences, compte

parmi les réalisations les plus représentatives de Revolver 3.

MindHabitsQuand la psychologie rencontre le jeu vidéo

Née de très sérieuses recherches sur la cognition sociale menées par Mark Baldwin,

de l’Université McGill, MindHabits produit des jeux vidéo visant à réduire le stress

et à améliorer la confiance en soi. « Nos jeux sont destinés à l’entraînement du

cerveau émotionnel, déclare Mark Baldwin. C’est une approche unique, qui aide

le joueur à améliorer ses expériences sociales. Ils ont été développés à partir

d’observations faites par mon équipe dans le cadre de nos travaux de recherche

universitaires, qui ont démontré un effet bénéfique de certains exercices sur

l’humeur et la capacité à gérer le stress. Notre projet a été bien accueilli dès ses

débuts par le monde universitaire. L’industrie, elle, était un peu plus sceptique.

Mais le succès de Brain Age, de Nintendo, a eu pour effet de populariser les jeux

d’entraînement pour l’esprit, ce qui nous a ouvert les portes. »

Créée en 2005, MindHabits a remporté peu après le Concours du grand jeu

vidéo canadien, ce qui a suscité l’intérêt de distributeurs et d’investisseurs.

« Une fois notre approche comprise, la réception du public est très bonne »,

témoigne M. Baldwin. Forte de ses quatre jeux proposant une centaine de

niveaux, l’entreprise adapte maintenant sa gamme de produits à différentes

plates-formes. « L’étape suivante sera de développer des jeux basés sur divers

principes de psychologie », annonce-t-il.

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61Montréal économique – édition 2011 —

ArchiDATADonnées dynamiques pour les gestionnaires de bâtiments

Architecte de formation et fan d’informatique, Dominique Dubuc a su identifier un besoin dans le domaine de la gestion

des plans et des bâtiments : l’accès à des données fiables et exploitables par les différents corps professionnels prenant

part à un projet de construction ou de gestion d’immeuble. En fondant ArchiDATA en 1995, il a pour projet d’offrir

des outils de gestion intégrés pour les différentes phases de la vie d’un immeuble, de la conception à la construction,

voire à la location et à l’exploitation. Le projet de réhabilitation du marché Bonsecours en cours à cette époque lui

donnera l’occasion de tester avec succès ces outils.

« Notre solution est un outil collaboratif basé sur une technologie géomatique unique qui fournit une salle de plans

virtuelle et un BIM (Building Information Model-3D) sur un site sécurisé, explique M. Dubuc. La plateforme ArchiDATA

convertit dynamiquement des plans papier ou AutoCAD en données informatisées. Les bases de données ainsi créées

peuvent s’intégrer aux systèmes de gestion existants et permettent d’exploiter les plans à toutes les étapes du cycle de

vie du bâtiment. » Avec des données (sous forme de plans 3D et de documents techniques) cohérentes, à jour et dont

l’intégrité est garantie, planifier les activités reliées à un immeuble, gérer des inventaires ou des équipements deviennent

beaucoup plus faciles.

Au cours des cinq dernières années, ArchiDATA a doublé ses

effectifs. Elle gère aujourd’hui plus de 170 millions de pieds

carrés, soit plus de 3 000 immeubles, et ses ventes ont aug-

menté de 66 %. Elle compte parmi ses clients des hôpitaux,

des universités, des banques et des villes, et a ouvert des

bureaux à Québec, à Toronto, à New York, au Brésil et en

Inde. L’entreprise, qui investit plus de 250 000 $ en R-D

par année, élargit sa clientèle : « Nous visons les gestionnaires

privés de grands parcs immobiliers », annonce M. Dubuc.

Space & DreamBienvenue dans le monde virtuel !

Unir les technologies du jeu vidéo, de la projection immersive

à 360 degrés et de l’interactivité, telle fut la motivation de

Guillaume Langlois, jeune ingénieur informaticien, lorsqu’il

fonda Space & Dream en 2007. « Space & Dream offre une

plongée totale au cœur d’univers virtuels, en alliant art, tech-

nologie et communication », affirme-t-il.

Les solutions développées par Space & Dream comprennent des projections holographiques interactives, des bornes

pour les magasins et espaces publics, de la signalisation numérique, des interfaces basées sur le mouvement et le toucher,

des applications pour écrans tactiles ou encore de l’immersion interactive en 3D. Le public montréalais a pu récemment

admirer certaines de ses réalisations au festival Montréal en lumière, à l’intérieur de grandes sphères lumineuses installées

près de la Place des arts.

Spectaculaires et séduisantes, ces solutions doivent cependant s’adapter aux besoins et à l’image de la clientèle.

Pour l’équipe créative de l’entreprise, le défi est d’outiller ses clients en connaissances technologiques adaptées à leur

compréhension afin d’assurer un bon processus de consultation et de conception. Trouver la main-d’œuvre possédant

la maîtrise technologique, la créativité et cette capacité à dialoguer avec les clients est d’ailleurs une gageure.

« Les défis ne sont jamais technologiques, rappelle M. Langlois, ils sont humains. »

Partenaire de Montréal International, Space & Dream souhaite rayonner hors des frontières du Québec, mais adopte

néanmoins une stratégie prudente. « Nous voulons solidifier dans un premier temps nos assises locales, déclare M. Dubuc.

La vitrine que nous offre le Centre des sciences de Montréal, ainsi que l’exposition au Musée de l’aviation d’Ottawa

ce printemps, nous permettront d’augmenter notre visibilité. »

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62 — Montréal économique – édition 2011

TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS

8D TechnologiesMachines intelligentes pour simplifier la vie urbaine

8D Technologies a fait ses débuts à la fin des années 90 en tant que fournisseur de services professionnels de

développement d’applications et de logiciels. En 2000, la jeune entreprise dirigée par Isabelle Bettez entreprend

un virage radical, en choisissant de commercialiser des solutions. « Nous avions développé une plate-forme

générique pour le marché M2M (Machine-to-Machine)/Points de vente, rapporte Mme Bettez, et il nous a

paru intéressant de produire une solution basée sur cette plate-forme et parfaitement adaptable à des besoins

particuliers de clients. »

À cette époque, un fabricant de bornes de stationnement offre à 8D Technologies l’occasion de démontrer la

puissance de sa solution. Celle-ci donnera naissance à un système de bornes interactives sans fil, dont les

unités s’alimentent par cellules solaires et par piles. Le système permet non seulement de traiter le volet

paiement, mais également la gestion des places de stationnement et des terminaux. Il comprend de plus une

application embarquée sur un ordinateur de poche et permettant la vérification, en temps réel, du statut des

places de stationnement.

Cette technologie unique en son genre remporte alors le

marché du stationnement à Montréal et commence à être

déployée avec succès aux États-Unis. Lorsque la Ville de

Montréal lance le vélo en libre-service BIXI, elle retient 8D

Technologies pour développer le système de bornes in-

teractives de paiement. « Nous avions déjà la technologie

et la compréhension des besoins, souligne Mme Bettez, il

nous a fallu moins d’un an pour trouver la solution pour BIXI. »

De grandes villes en Angleterre, aux États-Unis et en Australie

ont déjà adopté le système de bornes pour vélo en libre-

service de 8D Technologies, qui a remporté de nombreux prix.

L’entreprise se tourne aujourd’hui vers de nouveaux marchés.

« Tout ce qui peut s’acheter ou se louer à partir de terminaux,

des billets de spectacle aux billets de train, représente

une application possible de notre solution », se réjouit

Mme Bettez.

Élites_TechnologieInfo_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:45 Page62

Page 63: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

63Montréal économique – édition 2011 —

À Montréal,c’est l’aérospatiale !

haque matin, une personne sur 95 dans la région

montréalaise, ou un Québécois sur 185, se rend dans

un bureau ou une usine qui servent directement l’industrie

aérospatiale. Ce sont ainsi plus de 40 000 personnes qui

doivent leur emploi à ce secteur dans la métropole : « Avec

l’expertise présente dans la région de Montréal, on peut

construire un avion complet à l’intérieur d’un rayon de

30 kilomètres. C’est le seul endroit au monde où cela est

possible ! », s'enthousiasme Gilles Labbé, président de

Héroux-Devtek, une entreprise de Longueuil spécialisée

dans les trains d’atterrissage d’avion.

« Si l’on ajoute les emplois indirects, plus de 100 000

personnes sont liées à l’aérospatiale », précise M. Labbé,

intarissable lorsqu’il s’agit de vanter les mérites de Montréal

comme plaque tournante de cette industrie.

Depuis près de 25 ans, l’industrie aérospatiale québécoise

connaît une croissance annuelle de 9,2 % et le Grand Montréal

regroupe 98 % de l'activité québécoise du secteur. La ville

constitue la deuxième capitale mondiale en termes de

densité d’emplois, ce qui propulse le Canada parmi les top

cinq au monde au chapitre des ventes, après les États-Unis,

CDossier par Mathieu-Robert Sauvé

Aérospatiale

Élites_Aerospatiale_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:45 Page63

Page 64: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

www.rolls-royce.com

Rolls-Royce Canada, moteur du quotidien.

Chaque jour, Rolls-Royce Canada répare et entretient les moteurs d’avion de plus de

600 compagnies dans le monde. Chaque jour, Rolls-Royce Canada conçoit et

fabrique des turbines industrielles en opération dans plus de 120 pays répartis sur tous

les continents.

Gage d’excellence

10:46

Élites_Aerospatiale_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:45 Page64

Page 65: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

65Montréal économique – édition 2011 —

le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne. On y retrouve

des sièges sociaux d'organisations internationales tels

l’Association du transport aérien international (IATA), le

Conseil international de l’aviation d’affaires (IBAC) et

l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI),

autant de représentants du leadership montréalais et

québécois dans le domaine.

UNE CROISSANCE MALGRÉ LA RÉCESSIONL’aéronautique a été touchée par la dernière récession

économique, mais pas avec autant de sévérité qu’ailleurs

– dans le secteur manufacturier, par exemple. « Les ventes

d’avion ont diminué et on a dû fermer des usines. Mais avec

tous les projets de développement que nous envisageons,

on embauche aussi des centaines d’ingénieurs chaque

année », note M. Labbé, qui ajoute que la crise économique

a certainement affecté l’industrie commerciale, mais pas

le secteur militaire. « Même en récession, les commandes

des militaires n’ont pas cessé de croître. Comme une partie

de notre industrie est tournée vers ces derniers, elle n’en

a pas souffert, au contraire. » La croissance du secteur de

l’aéronautique au cours des prochaines années semble

assurée. On s’attend à une augmentation du volume du

trafic aérien de l’ordre de 5 %, pour les seuls besoins civils.

Président du conseil d'administration de la grappe

industrielle Aéro Montréal, Gilles Labbé incarne bien la

progression de l’industrie. Il est entré à l’emploi de Héroux

il y a plus de 30 ans. L’entreprise avait déjà une bonne

feuille de route et un haut fait d’armes : c’est elle qui avait

construit le train d’atterrissage du module lunaire Apollo,

le premier véhicule à porter des humains sur la Lune

en 1969. Depuis, M. Labbé a gravi les échelons de la

compagnie au rythme où le secteur s’élevait dans le ciel

de l’économie canadienne. Aujourd’hui, l’entreprise qu’il

dirige compte 1 520 employés au Québec, en Ontario,

en Ohio et au Texas.

DES JOUEURS DE PREMIÈRE FORCEPourquoi Montréal est-elle si bien positionnée ? « À cause

de la concentration de main-d’œuvre qualifiée, du système

d’éducation en bonne concordance avec les besoins de

l'industrie et de la proximité avec les grands réseaux

internationaux », répond Suzanne Benoit, directrice

générale d’Aéro Montréal.

L'aéronautique québécoise, explique-

t-elle, est une force qui s’appuie sur

quatre maîtres d'œuvre de l’industrie,

15 équipementiers et plus de 200 PME.

Malgré quelques secousses dues aux

variations de l’économie mondiale, elle

est bien en selle au Québec. « On n’est

jamais à l’abri d’un déménagement de

siège social, mais, de façon générale, ce

sont plutôt les entreprises étrangères qui

veulent s’installer ici », ajoute Mme Benoit,

qui, après une maîtrise en administration des affaires, a fait

carrière dans le développement économique et industriel dans

les secteurs public et privé avant de passer à Aéro Montréal.

« ON N’EST JAMAIS À L’ABRI D’UN DÉMÉNAGEMENT

DE SIÈGE SOCIAL, MAIS, DE FAÇON

GÉNÉRALE, CE SONT PLUTÔT LES ENTREPRISES

ÉTRANGÈRES QUI VEULENT S’INSTALLER ICI. »

– Suzanne Benoit

tous

l

GILLES LABBÉPrésident du conseil d'administrationde Aéro Montréal et président deHéroux-Devtek

Élites_Aerospatiale_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:46 Page65

Page 66: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

Le géant des géants, c’est Bombardier. Née en 1930 avec

les motoneiges du « patenteux » Joseph-Armand Bombardier

(1907-1964), la société s’est lancée à la conquête du

marché mondial de l’aviation en 1986. Aujourd’hui reconnue

comme le plus important constructeur d’avions régionaux

et de biréacteurs d’affaires, Bombardier Aéronautique est

devenue le troisième acteur au monde après Boeing et

Airbus, avec ses 19 milliards de dollars de chiffre d’affaires

et plus de 62 000 employés. Dans les ligues majeures

figurent les sociétés Pratt & Whitney Canada, fabricant

de moteurs, Bell Helicopter Textron Canada, premier

constructeur mondial d’hélicoptères civils, et CAE, leader

mondial en simulateurs de vol, tous situés entre Saint-Hubert

et Mirabel.

Gravitant autour, les équipementiers alimentent les usines

avec des produits de haute technologie. Par exemple,

Aveos Fleet Performance, situé à Saint-Laurent, qui compte

plus de 2 000 employés, assure la réparation et la révision

de moteurs et de pièces de moteur, entre autres. Avec ses

400 employés, MDA, à Sainte-Anne-de-Bellevue, est un

chef de file mondial dans le domaine de la robotique spatiale

66 — Montréal économique – édition 2011

AÉROSPATIALE

Groupement Aéronautique de Recherche et Développement en eNvironnement

La première initiative en aviation écologique au Canada

Une industrie aérospatiale plus verte pour un ciel plus bleu

www.gardn.org

oupement AérGrde Recheren eNvir

onautique oupement Aérche et Développem de Recher

en eNviren eNvir

e initiative en aviation écologique au CanadaemièrLa pr

Une industrie aérverte pour un

onnementen eNvir

e initiative en aviation écologique au Canada

ospat Une industrie aérciel plu

e initiative en aviation écologique au Canada dn.org.garwww

« MÊME EN RÉCESSION, LES COMMANDES DES MILITAIRES

N’ONT PAS CESSÉ DE CROÎTRE. COMME UNE PARTIE DE

NOTRE INDUSTRIE EST TOURNÉE VERS CES DERNIERS,

ELLE N’EN A PAS SOUFFERT, AU CONTRAIRE. »

– Gilles Labbé

Élites_Aerospatiale_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:46 Page66

Page 67: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

67Montréal économique – édition 2011 —

et travaille sur des pièces de satellites. Rolls-Royce Canada,

dont l’usine est située chemin de la Côte-de-Liesse, à

Montréal, fabrique des moteurs d'avions et des turbines

à gaz pour applications industrielles. Ses 1400 employés

offrent aussi des services de réparation et de remise à

neuf de moteurs d'avions civils et militaires.

Enfin, parmi les PME essentiellement tournées vers les

besoins directs du secteur, on en compte qui sont spécia-

lisées dans différentes composantes de l’aéronautique

(voir p. 71). Celles-ci sont représentées par l'Association

québécoise de l'aérospatiale (AQA), qui promouvoit et

favorise le développement d'affaires de ses membres.

L'industrie aérospatiale québécoise totalise un chiffre

d'affaires de plus de 12 milliards de dollars, soit 60 % de

la prodution totale canadienne.

AÉRO MONTRÉAL EN ACTIONAéro Montréal, la grappe aérospatiale du Québec, est un

forum stratégique de concertation qui réunit l’ensemble

des premiers dirigeants du secteur aérospatial québécois

issus de l’industrie, des établissements d’enseignement,

des centres de recherche, incluant les associations et les

syndicats. Elle a été mise en place pour optimiser la compé-

titivité, la croissance et le rayonnement du secteur de

l’aérospatiale. Les interventions d'Aéro Montréal s'orga-

nisent en cinq axes stratégiques et mobilisent les acteurs

autour d'autant de chantiers de travail qui touchent l'in-

novation, la chaîne d’approvisionnement, l'image, la visibilité

et le rayonnement, la défense et la sécurité nationale ainsi

que la relève et la main-d’œuvre : « La

main-d’œuvre qualifiée est actuelle-

ment suffisante, signale M. Labbé, mais

on doit préparer la relève dès mainte-

nant pour éviter de se retrouver dans

une situation de pénurie. »

Avec six établissements universitaires

dont Concordia, l’École Polytechnique,

l’École de technologie supérieure et McGill

à Montréal ainsi que l’Institut aérospatial

de Montréal, l’École nationale d’aéro-

technique et l’École des métiers de

l’aérospatiale de Montréal, la métropole a beaucoup à

offrir. Au Québec, plus de 3 600 diplômés de programmes

techniques, professionnels ou universitaires intègrent

annuellement le bassin de main-d’œuvre disponible en

aérospatiale, où les salaires sont supérieurs de 30 % à la

moyenne québécoise dans le secteur manufacturier.

En plus d’être un marché majeur pour les universités qué-

bécoises, l’industrie aérospatiale est un lieu de formation et

de recherche. En effet, universitaires et industriels travaillent

conjointement pour offrir de nombreux programmes de

formation axés sur les besoins de l’industrie aérospatiale

et sur l’innovation.

SUZANNE BENOITDirectrice généraleAéro Montréal

1Journal de l’aérospatiale du Québec, AéroMontréal.

Élites_Aerospatiale_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:46 Page67

Page 68: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

68 — Montréal économique – édition 2011

©2011 Parker Hannifin Corporation

>> Montréal est l’une des trois capitales mondiales

de l’aérospatiale avec Seattle et Toulouse.

>> Montréal est au cœur de l’activité aérospatiale

au Québec, qui représente des revenus de

12,4 milliards de dollars (2009).

>> 70 % de la R-D canadienne en aérospatiale

est menée dans la grande région de Montréal.

>> 234 entreprises emploient 40 200 personnes,

soit plus de la moitié de l’effectif canadien

en aérospatiale.

>> 80 % de la production québécoise est exportée.

>> Plus de 60 % de la production aérospatiale

canadienne vient du Québec.

Source : Ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation (MDEIE), 2009

SURVOL DE L’INDUSTRIE

aérospatiale au Québec

Élites_Aerospatiale_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:46 Page68

Page 69: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

69Montréal économique – édition 2011 —

En novembre 2008, Aéro Montréal a organisé, à l’École

de technologie supérieure de Montréal, le Sommet sur la

formation d’ingénieurs et de spécialistes en aérospatiale.

La rencontre a bien illustré combien cette collaboration

était florissante. Par exemple, le Comité sectoriel de

main-d’œuvre en aérospatiale regroupe six universités

et 12 entreprises tandis que l’Institut de formation

aérospatiale de Montréal regroupe trois instituts aéro-

spatiaux universitaires et plus de 20 entreprises.

Il y a bien sûr de la place pour l’amélioration. On a proposé

plusieurs solutions aux divers problèmes soulevés, et des

initiatives ont été prises pour y remédier. Entre autres, les

programmes de bourse aux études supérieures ont été

augmentés. Divers projets de recrutement ont aussi été

mis sur pied de façon à sensibiliser les jeunes aux carrières

en aérospatiale dès le milieu du secondaire.

PARMI EUX :>> Le Consortium de recherche et d'innovation en aérospatiale au Québec (CRIAQ), réseau d’innovation unique au monde

de partenariat industrie-universités-centres de recherche en recherche collaborative, finance et structure de nombreux

projets, dans toutes les spécialités touchant l’aérospatiale (matériaux, environnement, cycle de vie, acoustique, fabrication,

avionique, santé des aéronefs). Plusieurs projets internationaux sont aussi en cours.

>> Le Centre des technologies de fabrication en aérospatiale (CTFA), l’un des cinq laboratoires de l’Institut de recherche

aérospatiale (IRA) du Conseil national de recherches du Canada (CNRC), vise à développer un noyau de compétences

et à mettre au point des méthodes modernes de fabrication en aérospatiale.

>> L’Institut des matériaux industriels (IMI) mène des activités de recherche et de développement axées sur les matériaux,

leur formulation, leur mise en forme et le contrôle de leurs procédés. Métaux, polymères, céramiques, y compris leurs

composites et alliages, sont au cœur même de leurs travaux.

>> Le Centre technologique en aérospatiale (CTA), centre collégial de transfert de technologie (CCTT) associé à l’École nationale

d’aérotechnique (ÉNA), aide les entreprises à intégrer les nouvelles technologies de fabrication, dont l’usinage à haute

performance et les matériaux composites, en plus de mettre à leur disposition un centre d’incubation technologique.

>> Le Centre de développement des composites du Québec (CDCQ) est un centre collégial de transfert de technologie (CCTT)

faisant partie intégrante du Cégep de Saint-Jérôme et dont les activités de R-D et de transfert de technologie sont destinées

aux entreprises du secteur des composites.

Source : Site Internet, Aéro Montréal

LA RECHERCHE EN AÉROSPATIALE

Le secteur compte une dizaine de centres de recherches publics et parapublics de renom.

Il semble même qu’on ne s’y prenne jamais trop tôt pour

susciter les vocations. L’an dernier, Aéro Montréal s’est

investie dans un projet à… l’école primaire. Elle s’est alliée

avec le Conseil du loisir scientifique de la région métro-

politaine pour instaurer le concours « Ça plane pour moi! ».

Dans le cadre de ces animations en classe, les jeunes

devaient construire des planeurs en respectant certaines

lois de l’aérodynamisme. Des techniciens et ingénieurs de

Pratt & Whitney Canada ont participé aux activités et

partagé leur expérience avec les jeunes.

Gros succès dans les classes de cinquième et sixième année,

où 750 jeunes ont été rejoints. De futurs ingénieurs ?

On verra dans 15 ans.

Élites_Aerospatiale_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:46 Page69

Page 70: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

70 — Montréal économique – édition 2011

« AÉROÉTS a pour objectif de représenter, promouvoir et consolider les activités d’enseignement et de recherche de l’ÉTS afin de mieux répondre aux besoins de notre industrie aérospatiale. »

Hany Moustapha, Ph.D., professeur et directeur d’AÉROÉTS

AÉROÉTS, c’est : • 40 professeurs cumulant 250 années d’expérience en aérospatiale industrielle • Plus de 250 étudiants stagiaires par année • Plus de 40 partenaires industriels • Plus de 70 projets de recherche représentant 7 M $/an • Institut de conception et d’innovation en aérospatiale (ICIA)

323, rue PeelMontréal, Québec H3C 2G7 http://aeroets.etsmtl.ca

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« AÉROÉTS a pour objectif de représenter, promouvoir et seignement et de recherche de

Hany Moustapha, Ph.D., professeur et directeur d’AÉROÉTS

AÉROÉTS, c’est :• 40 professeurs cumulant 250 années d’expérience en

aérospatiale industrielle• Plus de 250 étudiants stagiaires par année• Plus de 40 partenaires industriels• Plus de 70 projets de recherche représentant 7 M $/an

ider les activités d ens afin de mieux répondre patiale. »

Hany Moustapha, Ph.D., professeur et directeur d’AÉROÉTS

40 professeurs cumulant 250 années d’expérience en

Plus de 250 étudiants stagiaires par annéePlus de 40 partenaires industriels

• Plus de 70 projets de recherche représentant 7 M $/an

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• Plus de 70 projets de recherche représentant 7 M $/anoréanenoitavonni’ ) AICI(elaitaps

L’AVENIR APPARTIENT AUX ENTREPRISES TOURNÉESVERS LE DÉVELOPPEMENT DURABLE. C’EST VRAIAUSSI EN AÉROSPATIALE. « L'AVION PLUS ÉCOLOGIQUES’EN VIENT », SIGNALE SUZANNE BENOIT, DIRECTRICE GÉNÉRALE D’AÉRO MONTRÉAL.

Un avion plus écologique possède un moteur de dernière

génération qui pollue moins que sa version conventionnelle.

Selon Pratt & Whitney Canada, grâce à un nouveau

système d'engrenage, le moteur baptisé Pure Power

consommera entre 12 et 15 % de moins en carburant,

réduira de 12 à 15 % les émissions de CO2 et abaissera

de 55 % les émissions d’oxyde d’azote qui participent

au brouillard et à la mauvaise qualité de l'air. En outre,

ce moteur est plus silencieux : diminution de 50 %

des bruits émis.

Le CSeries, de Bombardier, intégrera les plus récentes

percées technologiques pour ce type de moteur.

« On ne peut pas parler d’avion sans pollution, mais on

a fait de grands progrès au chapitre de l’économie

d’énergie et de la diminution des rejets atmosphériques »,

signale Mme Benoit. Le premier vol du CSeries est

prévu pour 2012 et l’entrée en service de l’appareil

pour la fin de 2013.

Pratt & Whitney terminera sous peu la construction

de l’usine de Mirabel qui assemblera le moteur

révolutionnaire. Plus de 300 personnes y travailleront.

Sur le plan de la R-D, l'École polytechnique de Montréal

accueille la Chaire IDEA en intégration du design pour

l’efficacité des avions. Financée par le Conseil de

recherches en sciences naturelles et en génie du Canada

(CRSNG), la Fondation J.-A.-Bombardier, Bombardier

Aéronautique et Pratt & Whitney Canada, elle se

consacre à l'amélioration de l'efficacité énergétique.

Selon son titulaire, Jean-Yves Trépanier, les percées

à venir seront du côté de l'économie de carburant,

de la diminution des émissions polluantes et de

l'atténuation du bruit.

TENDANCE

écologique

Élites_Aerospatiale_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:46 Page70

Page 71: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

71Montréal économique – édition 2011 —

Les PME de l’aérospatiale

PLUS DE 200 PETITES ET MOYENNES ENTREPRISESFONT VIVRE AU DELÀ DE 9 000 PERSONNES ET TOTALISENT 1,2 MILLIARD DE CHIFFRE D'AFFAIRES

u nautique vers l’aéronautique. C’est le virage qu’a

pris, en 1990, la société Delastek, de Grand-Mère.

« On ne l’a jamais regretté », lance Claude Lessard, prési-

dent de l’entreprise et propriétaire avec sa femme, Lucie

McCutcheon, de l’ensemble des actions.

Cet ingénieur en électricité, diplômé de l’Université du

Québec à Trois-Rivières, avait découvert Delastek à

l’occasion d’un emploi d’été, en 1986, et il avait été

témoin des moments difficiles traversés par l’entreprise

à la fin de la décennie 1980. « Nous étions passés de

40 employés à six seulement », relate-t-il.

Concentrée autour de la fabrication de tableaux de bord

de yachts et de bateaux à moteur, « un secteur qui prenait

l’eau », blague Claude Lessard, l’entreprise serait disparue

aujourd’hui si elle ne s’était pas repositionnée. Et elle a misé

sur les aéronefs. « Au fond, notre spécialité était le dévelop-

pement de composants électroniques de tableaux de bord.

On pouvait appliquer cette expertise à des avions et

à des hélicoptères autant qu’à des bateaux. »

Delastek, un acronyme de « développement

d’assemblage électronique », figure

aujourd’hui parmi les PME pros-

pères qui alimentent l’industrie

de l’aéronautique dans la

grande région de Montréal.

Mais quand on sait que 98 %

de ces PME sont établies à

l’intérieur cette région,

l’entreprise mauricienne

fait figure d’exception.

D

« AU FOND, NOTRE SPÉCIALITÉ ÉTAIT LE DÉVELOPPEMENT

DE COMPOSANTS ÉLECTRONIQUES DE TABLEAUX DE BORD.

ON POUVAIT APPLIQUER CETTE EXPERTISE À DES AVIONS

ET À DES HÉLICOPTÈRES AUTANT QU’À DES BATEAUX. »

– Claude Lessard

Élites_Aerospatiale_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:46 Page71

Page 72: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

72 — Montréal économique – édition 2011

AÉROSPATIALE

« Nos employés sont heureux de leur qualité de vie et

peuvent continuer d'habiter en région. Moi, je me déplace

à Montréal pour négocier les contrats, deux ou trois fois

par semaine. »

Avec un chiffre d’affaires d’environ 10 millions de dollars,

Delastek compte aujourd’hui 115 employés à Grand-Mère

et à Shawinigan, en Mauricie, et à Valcourt, en Estrie. On

y trouve une main-d’œuvre qualifiée, dont des ingénieurs

et des techniciens. Dans une région où l’économie locale

dépend principalement de la forêt, cette diversification

est appréciée.

Si la crise les a touchés ? Oui, car les ventes ont stagné alors

qu’ils étaient en pleine progression. « Nous en avons profité

pour développer de nouveaux projets, dit le président.

La R-D nous a sauvés et nous continuons d'investir de

ce côté-là. »

C’est Delastek qui a obtenu la responsabilité de fournir

l’ensemble intégré de poste de pilotage des avions CSeries

de Bombardier, ce qui assure aux employés un travail sans

interruption pour plusieurs années. « Bombardier, c’est

pour nous une excellente carte de visite. Mais on a d’autres

choses en route », conclut M. Lessard.

D'AUTRES PME PROSPÈRESLa compagnie Marquez, fondée en 1981, est une autre

de ces PME tournées vers l’industrie de l’aéronautique.

« Nous fabriquons des composantes thermoplastiques ou

composites pour des systèmes d’intérieur et de conduits

de ventilation d’avions, explique le président, Éric Faucher.

Leader nord-américain dans notre domaine, nous mettons

au point des systèmes ayant des propriétés supérieures

en termes de design, de légèreté, de résistance aux

impacts et d’ininflammabilité. »

Marquez compte actuellement 125 employés et répond

aussi aux besoins des autobus Novabus et Prévost Car

du Groupe Volvo. « La force du secteur aéronautique

nous a permis de nous positionner favorablement dans

une industrie en croissance », poursuit ce comptable entré

dans l’entreprise en 2003.

Élites_Aerospatiale_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:46 Page72

Page 73: Magazine Élites - Édition Montréal économique vol. 2 no. 1

C’est vers Marquez qu’un important fournisseur de Boeing

s’est tourné pour obtenir la tuyauterie de distribution d’air

du Boeing 787, le Dreamliner. Cette innovation a été

reconnue en 2007, au musée d’Orsay, en France, lors de

la Journée européenne des composites. Marquez a

terminé parmi les finalistes dans la catégorie « innovation

aéronautique ». « Les pièces ont démontré une résistance

remarquable en cas d'incendie, assurant une meilleure

protection de l’avion », peut-on lire dans le commentaire

du jury.

D’autres entreprises québécoises se rattachent au secteur

de l’aérospatiale pour consolider leurs assises économiques.

Parmi elles, Avior – un fabricant de structures légères faites

de métal en feuilles, de composites et d’acryliques –, qui

possède deux usines, à Laval et à Granby. En mars 2010,

cette entreprise a obtenu un important contrat de Bell

Helicopter afin de fournir les structures d’assemblage d’un

nouveau modèle d’hélicoptère (le 429). Ce seul contrat

de 35 millions de dollars a permis de créer 60 emplois

qualifiés.

73Montréal économique – édition 2011 —

Élites_Aerospatiale_FR_Mise en page 1 11-03-24 16:46 Page73