Magazine Actu Labo n°0

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La planète canadienne des biotechs actulabo Le Magazine de la Pharmacie Industrielle N° 0 Mai 2009

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Numéro 0du magazine Actu Labo

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La planète canadiennedes biotechs

actulaboL e M a g a z i n e d e l a P h a r m a c i e I n d u s t r i e l l e

N° 0Mai 2009

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à renvoyer aux Editions d'Asklépios - Annie Coupet - BP 92031 - 37020 Tours Cedex 1 - 02 47 70 60 00 - [email protected]

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Ce numéro magazine est un hors série d’Actu Labo, la lettre bimensuelle de la phar-macie industrielle. Editions d’Asklépios, SARL au capital de 30 000 € - RCS Tours -Siège social : 14, boulevard Heurteloup à Tours - Adresse postale : BP 92031 - 37020Tours Cedex 1 - 02 47 70 60 00 - [email protected] - Rédaction : François-XavierBeuzon (rédacteur en chef) - Jean-Christophe Savattier (rédacteur en chef adjoint) -

Aurélie Vouteau (assistante) - Secrétariat de rédaction : Odile Ménard - Maquette : Régis Beaune - Diffusion : Annie Coupet - Informa-tions légales : Abonnement annuel (22 numéros et les hors séries) : 450€ - Prix de ce numéro : 6 € - CPPAP : 0111 I 85872 - ISSN : 1764-1837 - Dépôt légal : mai 2009 - Directeur de la publication : François-Xavier Beuzon.

Sommaire MAI 2009

Fusions de labos,à qui le tour ?La baisse des valorisations bour-sières a déclenché une nouvellevague de fusions entre laboratoirespharmaceutiques. Après Pfizer etWyeth en janvier, Merck & Co etSchering-Plough ont suivi en mars.A qui le tour ?

pages 4 à 7

Les dernières nominations etchangements de dirigeants ausein de l’industrie pharmaceu-tique. pages 22

Carnet

Sanofi-Pasteurs’agrippe au Val-de-ReuilLa filiale vaccins de Sanofi Pasteura inauguré une nouvelle unité derépartition et de remplissage surson site normand du Val-de-Reuil.

pages 12 à 14

Genzyme fait lechoix de LyonLa biotech US investit à Lyon-Gerland dans le doublement decapacité de la fabrication deThymoglobuline.

pages 15

Servier renforce son sitede BolbecLe laboratoire français Servier vadévelopper la fabrication d’APIet la R&D industrielle sur son sitede Bolbec.

pages 16 à 18

Merk Sereno prépareCorsier à l’ErbituxMerck Serono va investir 300 M€

pour renforcer ses capacités debioproduction à Corsier-sur-Vevey,en Suisse. pages 19

En directdes usines Les biotechs

s’épanouissenten OntarioL’Ontario a développé l’un desplus importants clusters biotech-nologiques d’Amérique du Nord,grâce à des mesures fiscales assezuniques.

pages 8 à 11

Biotechs

Le façonnier tourangeau Chemi-neau a mis en place avec leconcours de l’Institut du Médica-ment (IMT) un programme degestion prévisionnelle des emploiset des carrières.

pages 20 à 21

Métiers

Stratégies

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A près quelques annéesde pause, l’ère desfusions de big pharmas

est revenue. Après Pfizer et Wyethfin janvier, Merck & Co. etSchering-Plough ont décidé defaire cause commune, le premierétant d isposé à débourser41,1Md$ pour absorber le second.Sur la base des ventes cumuléesen 2008 par les deux compagnies(42,4 Md$, dont 23,9 Md$ pourMerck & Co. et 18,5 Md$ pourSchering-Plough), cette fusiondonne naissance au n°2 mondialderrière l’ensemble Pfizer-Wyeth,juste devant les deux suissesNovartis et Roche(voir tableau). Carle deuxième évé-nement majeur del’hiver 2009 auraété la finalisationde l’accord entreRoche et sa filiale Genentech etl’officialisation du rachat par lepremier nommé du demi-milliardd’actions qui lui manquaient auprix unitaire de 95 $ : il en coû-tera 46,8 Md$ au bâlois, soit envi-ron 3 Md$ de plus que l’offreinitiale de l’été dernier. En cumu-lant les deux chiffres d’affaires (leconsolidé reste à établir), le

groupe Roche frôle la 3e marchedu podium mondial de l’indus-trie pharmaceutique, pratique-ment ex-aequo avec son voisinsuisse : 40,7 Md$ pour Roche surles bases du CA 2008, en excluantl’activité diagnostics (8,15 Md$ deCA), et 41,5 Md$ pour Novartis,y compris la part minime desdiagnostics (ils représentent, avecles vaccins, une facturationannuelle de 1,75 Md$).Ce nouvel ordre mondial améri-cano-suisse, complété dans notretableau ci-contre par Johnson&Johnson, dont nous avons retran-ché la facturation de medical

devices , rejetteles laboratoiresde l’Union euro-péenne au-delà dela 5e place, avecune nouvelle hié-rarchie où Sanofi-

Aventis dépasse de peu GSK,lui-même talonné par son com-patriote AstraZeneca. Un peu plusloin, Bayer profite de la fusionavec Schering et s’installe à la 10e

place, tandis que Takeda prendracine dans le Top 20.A qui le tour ? Si Sanofi-Aventis nesemble pas privilégier une fusionavec une autre big pharma, le

laboratoire français, retombé à la6e place mondiale, s’est néan-moins engagé dans une vigou-reuse politique de croissanceexterne. Il veut réaliser de petiteset moyennes acquisitions pour serenforcer dans les médicamentssans ordonnance (OTC), les géné-riques et les vaccins. Il a estimé à5 Md€ la valeur d'une petiteacquisition, entre 5 et 15 Md€celle d'une moyenne et au-delàde 15 Md€ celle d'une grandeopération. Une « douzaine de

La baisse desvalorisationsboursières adéclenché unenouvelle vaguede fusions entrelaboratoirespharmaceutiques.Après Pfizer etWyeth en janvier,Merck & Co.a annoncé sesfiançailles avecSchering-Ploughau mois de mars,alors qu’au mêmemoment,Genentechse décidait –enfin – à se jeterdans les brasde Roche.A qui le tour ?

Sanofi-Aventisaffiche sesambitionsdans les

génériques

Fusions de labosA qui le tour ?

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Stratégies

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projets » pourraient intéresser legroupe désormais dirigé par ChrisViehbacher, qui a créé un nou-veau poste de directeur de la stra-tégie, confié à Laurence Debroux,dont la vocation est de supervi-ser les activités de développe-ment et d'acquisition.Depuis le début de l’année, Sanofia d’abord bouclé l’opérationZentiva (620 M€ de CA en 2007),rachetant en plusieurs blocs prèsde 70 % des actions du généri-queur tchèque après avoir

déboursé un peu plus de 1 Md€.A l’issue de l’opération, et avantde retirer probablement Zentivade la cote, Sanofi-Aventis détenait94 % des actions de sa nouvelleacquisition.Début avril, le français officialisaitle rachat du brésilien Medley(153 M€ de CA), tourné majori-tairement vers les copies de médi-caments, pour une valeur d’entre-prise de 500 M€, puis celui dumexicain Kendrick Farmaceutica(26 M€ de CA). En quelques

mois, Sanofi-Aventis entrait dansle classement de tête des généri-queurs mondiaux (11e avant lesdeux opérations en Amérique duSud) et affichait clairement sesambitions sur un secteur appelé àbouger dans les semaines ou

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LE NOUVEAU TOP 20 MONDIAL(Chiffres d’affaires 2008 exprimés en dollars américains, incluanttoutes formes de traitement pour l’homme et l’animal : pharmaciede prescription, médicaments OTC et génériques, vaccins, santéanimale, mais excluant les activités de nutrition, de diagnosticet de medical devices, sur la base des taux de change en vigueurà la mi-mars 2009 : 1 US$ = 0,78 €, 0,725 £, 1,19 CHF et 98 yens)

1 - PFIZER + WYETH (USA) = 71,1 Md$

2 - MERCK & CO. + SCHERING-PLOUGH (USA) = 42,4 Md$

3 - NOVARTIS (CH) = 41,5 Md$

4 - ROCHE + GENENTECH (CH) = 40,7 Md$ (48,9 Md$ avec diagnostics)

5 - J&J (USA) = 40,6 Md$ (63,7 Md$ avec diagnostics et medical devices)

6 - SANOFI-AVENTIS (F) = 35,3 Mds$

7 - GSK (UK) = 33,5 Md$

8 - ASTRAZENECA (UK) = 31,6 Md$

9 - ELI LILLY (USA) = 20,4 Md$

10 - BAYER-SCHERING (D) = 18,5 Md$

11 - BRISTOL-MYERS SQUIBB (USA) = 17,7 Md$

12 - ABBOTT (USA) = 16,7 Md$

13 - TAKEDA (J) = 16,1 Md$

14 - AMGEN (USA) = 15 Md$

15 - BOEHRINGER-INGELHEIM (D) = 14,9 Md$

16 - TEVA (ISR) = 11,1 Md$

17 - ASTELLAS (J) = 10,1 Md$

18 - DAIICHI SANKYO (J) = 8,8 Md$

19 - NOVO NORDISK (Dan) = 7,9 Md$

20 - EISAI (J) = 7,7 Md$

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mois à venir. On sait que l’allemand Ratiopharm estsur le marché et il n’est pas exclu que d’autres géné-riqueurs de taille moyenne soient également absor-bés : on pense à certains indiens pouvant être tentéspar une fusion, comme Ranbaxy avec le japonaisDaiichi Sankyo.Mais Sanofi ne limite pas ses ambitions aux géné-riques. Le 15 avril, il annonçait la signature d’unaccord en vue de l’acquisition de la biopharm cali-fornienne BiPar Sciences, qui développe des théra-pies antitumorales sélectives pour le traitement dedifférents types de cancers. Le principal produit deBiPar est le BSI-201, un inhibiteur de l’enzyme polyADP-ribose polymérase actuellement en phase IId’essais cliniques dans le traitement du cancer dusein métastasique et du cancer de l’ovaire. Le prix deBiPar, calculé en fonction de la réalisation de paie-ments d’étapes liés au développement du BSI-201,pourrait atteindre 500 M$. En outre, Sanofi dispu-terait à GSK le rachat de l’indien Shantha Biotechs,majoritairement détenu par MérieuxAlliance depuis la fin 2006. Le prix decession avoisinerait, selon différentessources, les 178 M€.En dépit de rumeurs alimentées parla presse financière, le laboratoiredirigé par Chris Viehbacher se refu-sait toutefois à confirmer son intérêt pour la branchepharmaceutique du belge Solvay. Celle-ci, qui agénéré 2,7 Md€ de CA en 2008, serait en vente. Legroupe Solvac, qui détient 30 % du capital de Solvay(9,5 Md$ de CA avec la chimie), aurait même mis-sionné Citygroup, Morgan Stanley et Rothschildpour conduire la cession. La seule branche phar-maceutique serait valorisée entre 4 et 5 Md€. SiSanofi-Aventis devait renoncer, Novartis, Bayer-Schering – qui faisait aussi l’objet de rumeurs d’ac-quisition par le premier cité – AstraZeneca, Abbott etTakeda seraient sur les rangs.L’appétit d’acquisition du français pourrait aussis’étendre à la santé animale. La fusion de Merck &Co. et de Schering-Plough devrait amener le nou-veau n°2 mondial à mettre sur le marché sa partici-

pation de 50 % dans la JV Merial, un pure player del’industrie vétérinaire. L’autre actionnaire de cetteJV, qui n’est autre que Sanofi-Aventis, s’est déclaréintéressé.Dans les rangs des big pharmas, Bristol-MyersSquibb, convoitée par toute la planète pharma, ou EliLilly, qui a essuyé plus de 2 Md$ de pertes l’an passéen raison, pour l’essentiel, du rachat d’ImClone,pourraient faire partie des cibles des mois à venir. Onévoque aussi AstraZeneca, dont plusieurs brevetsvont tomber. L’alliance serait presque naturelle avec

l’autre britannique GSK. Une fusiondonnerait naissance à un nouveaun°2 mondial, sur les talons de Pfizer.La stratégie de GSK, passé de la 2e à la7e place mondiale sous l’effet conju-gué d’une stagnation de ses venteset de l’effondrement de la livre ster-

ling par rapport aux autres monnaies, passe d’abordpar des alliances ciblées. Comme celle que la bigpharma britannique vient de conclure avec Pfizerpour la mise en commun de leurs portefeuilles detraitements contre le VIH. La JV née de cet apportmutuel d’actifs sera détenue à 85 % par GSK et à15 % par Pfizer. Les 11 médicaments déjà sur le mar-ché lui assurent un CA de 1,6 Md£ (2,4 Md$) et lesperspectives offertes par 17 candidats, pour la plu-part issus des équipes de recherche de Pfizer et desa nouvelle acquisition Wyeth. Si les médicaments endéveloppement parviennent à franchir les étapesréglementaires préalables à une mise sur le marché,Pfizer pourra faire monter sa participation à 30,5 %.Simultanément, GSK emportait les enchères pour lerachat de la specialty pharma américaine Stiefel

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Stratégies

N'importe quelacheteur

disposant decash peut faire

une offre

Jean-François Dehecq, pdg de Sanofi-Aventis.

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Laboratories, qui commercialise des produits der-matologiques notamment contre l’acné, le psoriasiset diverses affections de la peau. GSK débourseraau total 3,6 Md$, répartis en 2,9 Md$ en cash, 300 M$en paiements indexés sur les performances futuresdu portefeuille et 400 M$ pour la reprise du passifd’un laboratoire qui frise 1 Md$ de CA (906 M$ en2007) et emploie 3 150 personnes dans le monde.Détenu par le fonds d’investissement américainBlackstone et la famille fondatrice, Stiefel était, sem-ble-t-il, également convoité par J&J, Novartis etSanofi-Aventis.Des middle pharmas peuvent aussi constituer desproies idéales à un moment où les cours sont his-toriquement bas. Car le déclencheur de ce nouveaumouvement est bien la chute des marchés finan-ciers qui rend tout d’un coup abordables les opé-rations d’acquisition. « La plupart des entreprisessont plutôt bon marché en ce moment. N'importequel acheteur disposant de cash peut faire uneoffre » souligne un analyste financier. Merck & Co. aainsi mobilisé 9,8 Md$ de cash disponible, finançantprès du quart de son opération. Quant aux sources

de financement, elles ne se sont pas taries. Aumoment du rachat de Genentech, nous avions sou-ligné que Roche avait mis une semaine pour lever30 Md$ d’emprunts. Et Merck & Co. a débloquérapidement, et manifestement sans aucune diffi-culté, une ligne de crédit de 8,5 Md$ auprès de JPMorgan Chase.Il faut dire que les fusions génèrent des économiesd’échelle qui compensent les risques de perte dechiffre d’affaires. Richard T. Clark, qui sera le patrondu nouveau Merck, a chiffré à 3,5 Md$ les gains durapprochement avec Schering-Plough à partir de2011, tandis que Roche attend de l’absorption deGenentech « entre 750 et 850 M$ » d’économiesannuelles. D’ores et déjà, le groupe bâlois a décidéde transférer la force de vente de Roche aux Etats-Unis de Nutley, dans le New-Jersey, vers le siteGenentech de San Francisco Sud, qui va égalementaccueillir des activités de R&D (virologie) de Rocheaujourd’hui installées à Palo Alto, une communeproche de San Francisco.

François-Xavier Beuzon

Moins de deux ans après le rachat de l’allemand Schering AGpar son compatriote Bayer, le laboratoire Bayer ScheringPharma vient de regrouper son siège social pour la Francesur le parc Eurasanté de Lille. Un bâtiment flambant neuf de13 000m2 va, en effet, accueillir les 200 salariés du siège so-cial de Schering, installé aujourd’hui en voisin à Lys-lez-Lannoy (59), et une partie des collaborateurs de Bayeremployés à Puteaux (92).A la grande satisfaction du président du directoire de BayerSanté, Werner de Prins, près de 60 des 200 collaborateursparisiens ont, en effet, accepté l’exil vers la métropolelilloise. Dans l’attente de la réception des locaux d’Eura-santé, une trentaine d’entre eux ont déjà emménagé dans larégion, une trentaine d’autres ayant accepté de passer pro-visoirement au télétravail et de faire périodiquement la na-vette entre Paris et Lille où le groupe amis à leur dispositiondes locaux provisoires. Progressivement, Bayer ScheringPharma a recruté une petite centaine de salariés sans ren-contrer d’excessives difficultés. Ce seront donc environ 350collaborateurs - sur site ou rattachés - qui étrenneront pro-

chainement le siège lillois. L’installation du site sur Eura-santé a probablement rassuré les salariés qui auraient pu semontrer réticents à abandonner le bassin d’emploi parisien.Ce parc d’activité de 300 ha (dont 150 ha promis aux entre-prises) dédié à la santé et aux sciences de la vie, regroupedes capacités de recherche académique très attractives etbénéficie de la proximité d’un des CHRU les plus perfor-mants de France. Ce dernier emploie plus de 13 000 sala-riés, dont 1 700 chercheurs. « Le parc compte déjà 106entreprises de santé, soit près de 2 000 emplois » nous indiquel’un des responsables d’Eurasanté. Ainsi, la biotech Genfit(environ 140 salariés), le spécialiste de l’hospitalisation à do-micile Santélys (300 personnes), l’expert en immuno-héma-tologie Diagast (140) ou la CRONaturalpha y ont élu domicile.Et l’arrivée annoncée de Bayer Schering a déjà produit seseffets puisqu’elle a directement entraîné l’installation de lasociété Data Healthcare spécialisée dans la mise à disposi-tion de forces commerciales supplétives (environ 50 sala-riés).

JCS

BAYER SCHERING PHARMA CHOISIT LILLE

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Biotechs

D ans l’Ontario, les scien-ces de la vie ont mani-festement pignon sur

rue. « Le secteur biomédical ausens large emploie plus de 40 000salariés répartis dans environ800 sociétés ; il réalise un CA deplus de 11 Md$ CAN » nousindique le Dr. Ilse Treurnicht,directrice de MaRS, un bioclusterqui gère d’importantes capacitésimmobilières et un incubateursitués en plein cœur de Toronto.La seule industrie pharmaceu-tique emploie plusde 16 000 salariéssur ce territoire etréalise un CA de5 Md$ CAN.La capitale écono-mique et finan-cière canadienne, idéalementsituée à l’orée des Etats-Unis, aréussi à amener dans sa zone d’in-fluence aussi bien quelquesgéants (AstraZeneca, Bayer, EliLilly, GSK, Sanofi Pasteur ouPfizer) que toute une théorie destart-up, parfois venues des USA –c ’ e s t l e c a s de Tr an s i t i onTherapeutics, l’une des plus talen-tueuses d’entre elles –, attirés surcette rive-ci des grands lacs parun environnement fiscal des plus

stimulants. Car, si l’Ontario peuts’enorgueillir de posséder unimpressionnant dispositif derecherche académique et des pla-teaux hospitaliers dotés de puis-santes ressources cliniques (TheHospital for Sick Children, HopitalMount Sinai, Sunnybrook HealthSciences Centre, PopulationHealth Research Institute, StemCell and Cancer ResearchInstitute), c’est sans doute autantaux mesures d’incitation fiscaleinédites qu’il doit cette étonnante

concentration detalents entrepre-neuriaux. Le créditd’impôt mis enplace à destinationdes entreprisesinnovantes – dont

une part importante est égale-ment assumée par l’Etat fédéralcanadien – « permet aux diri-geants des start-up et des phar-mas d’escompter un retour de59 $ CAN pour chaque tranchede 100 $ CAN investis dans laR&D » nous indique SandraPupatelo, la ministre du Com-merce extérieur de l’Ontario. « Ici,les coûts de l’innovation sontprobablement parmi les plus basdu monde » poursuit la ministre

qui cite, parmi les plus bellesconcrétisations, les 100 M$ CANinvestis récemment par SanofiPasteur dans la construction d’unbâtiment de recherche de15 000 m2. Construites sur le cam-pus Connaught où est établiedepuis 2000 la firme française devaccins, ces nouvelles capacitésdevraient être opérationnellesd’ici à la fin 2010.Dans ce contexte porteur et endépit de la crise financière qui arefroidi l’intérêt des investisseurspour le secteur des biotechs, les

L’Ontario adéveloppé l’undes plus importantsclusters biotechd’Amérique duNord. Les pouvoirspublics doiventce succès à desmesures fiscalesqui n’ont pasbeaucoupd’équivalent dansle monde. Et àune concentrationétonnante dechercheurs.

Le secteurbiomédical emploieplus de 40 000salariés répartisdans environ800 sociétés

Les biotechs s’épanoen Ontario

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projets – plus ou moins viables ! –sont nombreux. Le centre d’in-novation MaRS vient ainsi d’en-gager la construction d’uneseconde tranche de près de70 000 m2 qui devrait être ache-vée en 2011-2012. Ce programmeimmobilier d’un gabarit impres-sionnant développé au cœur dela capitale économique cana-dienne – 140 000 m2 auront ainsiété construits au total, à l’issuede cette seconde tranche – per-mettra de doubler les capacitésde l’incubateur qui ne parvient

plus « à répondre à la demandedes porteurs de projets biotechs »affirme le Dr. Ilse Treurnicht. « Lecentre d’innovation MaRS illus-tre parfaitement le climat trèsouvert du cluster ontarien » jugece responsable de NeurAxon, unedrug discovery focalisée sur ledéveloppement d’une nouvellegénération de traitements anti-douleur. « C’est un endroit où lespost-doc et les chercheurs discu-tent de façon très informelle avecles venture capitalists (VC’s) quidisposent de bureaux sur le site

(RBC Technologie Capital Risque,Banque de développement duCanada, MDS Capital) » poursuitce dirigeant.« En Ontario, l’esprit de chapellen’est pas du tout répandu. Ledécloisonnement est la règle, enparticulier dans le domaine dessciences appliquées » estime poursa part le Pr. Jean-Philippe Pignol.

uissent

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PCA MISE SUR LA DISTRIBUTIONAUTOMATIQUE DE MÉDICAMENTS

Lecluster canadien ne se limite pas à accompagnerle développement de biotechs ultra-sophistiquées.

Ainsi, la société PCA vient d’installer dans l’enceintede plusieurs hôpitaux canadiens, et notamment duSunnybrook Health Sciences Centre, un automate bap-tisé PharmaTrust dédié à la distribution de médica-ments prescrits. Les patients qui sortent deconsultation peuvent ainsi envoyer l’ordonnance à uncentre de « télé-pharmaciens », susceptible d’êtrejoint par téléphone. Ce dernier analyse la prescriptionpuis ordonne la livraison qui est effectuée immédiate-ment. Pour l’heure, le nombre de références reste li-mité - 2 à 3 000 médicaments pour plus de 20 000pour une pharmacie classique -, mais l’expérience pi-lote est accueillie avec beaucoup d’enthousiasme, no-tamment par les patients et les pouvoirs publics. Selonune étude réalisée à Sunnybrook, 95 % des patientsobtiennent leurs médicaments enmoins de 5minutesgrâce à ce service. Les dirigeants de PCA vont essayerd’installer cet automate dans d’autres centres hospi-taliers canadiens et se disent également prêts à ten-ter l’expérience en Europe, sur des marchés où laréglementation le permet…

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Ce médecin français, qui exerçason art à l’institut de cancérolo-gie Gustave-Roussy, développedans l’un des services duSunnybrook Health SciencesCentre, une technique très pro-metteuse de traitement radio-thérapique du cancer du sein.Aurait-il pu monter ce projet enFrance ? « Difficilement. Ce n’estd’ailleurs pas forcément unequestion d’argent mais plutôtd’attitude vis-à-vis du risque.Ici, on tente sans doute plusfacilement qu’ailleurs, sanspeur de se tromper… »L’intérêt des collectivités cana-diennes et de la puissancepublique pour les sciences de lavie trouve parfois son origine dansla nécessité de reconvertir des ter-ritoires sévèrement touchés pardes restructurations industrielles.Ainsi, à Hamilton,une ancienne citéde l’acier située àune petite heurede Toronto, la pro-vince de l’Ontario,aux côtés du gou-vernement fédé-ral, a lancé un programme dedoublement des capacités de laplate-forme clinique de l’HamiltonHealth Research Institute adosséeau centre hospitalier local (envi-ron 10 000 salariés).L’impressionnante extension deplus de 15 000 m2 sera achevée àla fin de l’année. Elle regrouperaplusieurs équipes de recherchede réputation mondiale centréessur les pathologies cardiovascu-

laires, et notamment sur le dia-bète. Cette plate-forme clinique(Cardiac Vascular and StrokeResearch Institute), qui emploiera

à terme 400 colla-borateurs, a déve-loppé une intenseactivité collabora-tive avec d’autresCRO et d’autresunités cliniquesimplantées dans le

monde (plus de 80 au total).« Nous souhaitons que les équipessoignantes, les chercheurs, les pra-ticiens, les post-doc travaillentdans le meilleur esprit collabo-ratif possible » explique Murray T.Martin, le directeur de l’HamiltonHealth Sciences, qui justifie ainsil’architecture très particulière dubâtiment tout en verre où ont étéimaginés de multiples lieux de ren-contre entre les équipes. La plate-

forme clinique bénéficiera d’uneéquipe intégrée dont le job estd’aller contractual iser des pro-g r ammes de recherche avecdes fonds privés ou des big phar-mas.La vingtaine de biotechs qui ontsollicité les services du cluster deToronto ont généré depuis ledébut 2006 une petite centaine deM$ CAN d’investissements enfonds propres. Quelques-unesd’entre elles ont consolidé leurbusiness model et sont déjà deve-nues de véritables références inter-nationales : c’est notamment lecas de Transition Therapeutics,une biopharm implantée àToronto, qui devrait amener en2010 un traitement contre la mala-die d’Alzheimer aux portes de laphase III, ainsi qu’un traitementcont re le d i abè te dans lecadre de programmes dévelop-

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Biotechs

Ici, on tentesans doute

plus facilementqu’ailleurs, sans

peur de se tromper

L’Ontario n’est pas uniquement une terre debiotechs. Les contract manufacturers se déve-loppent également dans la région des grandslacs canadiens. Ainsi, la CMO Patheon (environ677 Md$ de CA) a annoncé dernièrementqu’elle allait lancer une extension de 1 000 m2

de son usine de Toronto qui accompagneral’augmentation de ses capacités de production

de contraceptifs. Cet investissement permettra de doter l’usine d’une ca-pacité de 1,3 milliard de comprimés par an. L’extension physique est éga-lement engagée afin de libérer des capacités immobilières qui serontdestinées à d’autres fabrications, au sujet desquelles le groupe n’a passouhaité communiquer. Le sous-traitant canadien, qui emploie 4 900 sa-lariés au total, exploite en Amérique du Nord et en Europe 11 sites deproduction et 6 plates-formes de développement. En dépit de ses bonnesintentions industrielles, la CMO canadienne se trouve aujourd’hui au beaumilieu d’une bourrasque boursière. Le fonds d’investissement new-yor-kais JLL Partners tente, en effet, d’acquérir la totalité des droits de voterestreints de l’entreprise au prix de 2 $, droits de vote dont il ne détientaujourd’hui que 1,8 %. A l’heure où nous écrivons ces lignes, le comitédirecteur de Patheon recommandait aux actionnaires de ne pas acceptercette proposition, arguant qu’elle représente une moins-value de 30 %par rapport à l’historique récent du cours de Patheon.

L’ONTARIO ACCUEILLE AUSSI DES FAÇONNIERS

ENBREF

Le Canada enpole position pourl’accueil des biotechsSelon l’étude « Choix concur-rentiels 2008 » réalisée parKPMG, qui compare les coûtsauxquels sont confrontéesles entreprises dans le mon-de, le Canada était mieuxplacé que la France, l’Alle-magne, l’Italie, les Pays-Bas,le Royaume-Uni et le Japonpour les secteurs pharma etbiotech.Selon cette même étude, eten dépit de la parité des tauxde change, les coûts sontlégèrement moins élevés auCanada qu’aux Etats-Unis.

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Actu Labo : Vous êtes sans doute l’undes emblèmes du cluster ontarien.Dans quelle mesure, celui-ci a-t-ilfavorisé votre développement ?Tony Cruz : Naturellement, les incitationsfiscales ont joué un rôle important dansnotre décision de quitter les Etats-Unispour nous implanter dans l’Ontario mais cene fut pas le seul critère déterminant. Laqualité des équipes académiques, la facilitéde recruter des collaborateurs extrême-ment bien formés ont aussi été des motiva-tions essentielles. Par ailleurs, les res-sources cliniques locales sont aussi très in-téressantes, même si dans notre cas, nousdevons également faire appel à des res-sources cliniques européennes.

AL : Où en est le développement cliniquede vos produits ?TC : Notre traitement contre Alzheimer(ELNDOO5) développé avec Elan se trouveaujourd’hui en phase II et nous comptonsprochainement engager une phase III. Nousdéveloppons également un traitement pro-metteur contre le diabète avec Eli Lilly, quise trouve aujourd’hui en phase II. Le pas-sage d’importantes étapes nous a d’ailleurspermis de toucher de substantielles royal-ties et d’aborder 2009 avec un montant decash significatif.

AL : Beaucoup de biotechs voient leurscours massacrés et peinent à accéderà de nouveaux concours financiers ?Comment voyez-vous l’avenir du secteur ?TC : Le situation est, en effet, préoccupante.La mortalité risque d’être très importantepour un grand nombre de biotechs cotées.Par ailleurs, l’argent manque de plus enplus pour les start-up en création (seed ca-pital). Des deals continuent d’être signésavec des pharmas dans le cadre de co-dé-veloppement à des phases avancées, maisl’innovation pure a du mal à trouver des in-vestisseurs.

TONY CRUZ, CEO DE TRANSITION THERAPEUTICS

« LES INCITATIONS FISCALES NESONT PAS LES SEULES MOTIVATIONS »

Propos recueillis par JCS

pés respectivement avec Elan et Eli Lilly. Reste quele cluster canadien n’immunise pas contre la pusil-lanimité persistante des capitaux-risqueurs qui sévitde ce côté-ci de l’Atlantique. Le nombre de deals et lemontant engagé par les VC’s a ainsi considérable-ment chuté entre 2000 et 2008, passant de 1,2 Md$CAN investis à environ 200 M$ CAN. Dans les cou-loirs du cluster, il se murmure qu’un tiers des bio-techs de l’Ontario disposeraient de moins de six moisde cash… Etranglés par le credit crunch, il sembleque les dirigeants de biotechs n’aient plus d’autrechoix que de solliciter l’accompagnement des bigpharmas ! Tony Cruz, le CEO de Transition

Therapeutics, nous confiait lors de ce reportage que,selon lui, environ un tiers des biotechs cotées auNasdaq disparaîtraient probablement d’ici à la fin del’année 2009. « Mais faut-il vraiment le déplorer ?se demande-t-il, un brin provocateur, un nombreimportant d’entre elles méritent peut-être tout sim-plement de disparaître. Ce mouvement darwinienne doit pas être interrompu. » Notons égalementque l’animation d’un cluster ne justifie pas l’engage-ment d’une armée mexicaine. MaRS n’emploiequ’une quarantaine de salariés et affiche un budget defonctionnement de 25 M$ CAN…De notre envoyé spécial à Toronto, Jean-Christophe Savattier

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Selon Serge Falson, ledirecteur du site, le pro-gramme d’investissement

de 100 M€ qui vient de s’acheverau cœur de l’unité de productionde vaccins Sanofi Pasteur de Val-de-Reuil (27) s’est de factoconcrétisé par « la constructiond’une nouvelle usine dansl’usine ». Le projet a consisté àcréer un module (B 33) de rem-plissage de vaccins sous formeliquide (seringues pré-stériles etflacons) vers lequel ont été trans-férées des activités déjà accueil-lies dans un bâtiment obsolèteconstruit en 1973.« Les différentes étapes de pro-duction n’étaient pas suffisam-ment intégrées dans l’ancienprocess explique Pierre Frézal,directeur du projet formulationet remplissage. Nous n’avionsplus de marge d’augmentationde la productivité et de la qualitéaseptique. » Les équipes ingénie-rie et développement de SanofiPasteur se sont attelées à releverce double challenge.Désormais, un bâtiment de7 600 m2 – dont la construction adébuté en 2006 – accueille deuxnouvelles lignes hyper-automati-sées de répartition de seringues

pré-stériles et une ligne de rem-plissage de flacons.Sans dévoiler les cadences réellesde ces équipements, Serge Falsonindique qu’ils vont permettre« de doubler la capacité de rem-plissage des liquides en les por-tant à environ 200 millionsd’unités par an ». L’atout maîtreest l’utilisation d’isolateurs de der-nière génération qui limitent l’in-tervention des opérateurs à destâches de maintenance et decontrôle. Les racks de seringuessont disposés dans les convo-yeurs sans com-promettre leurstérilité puisqueles opercules fer-mant l’embou-chure des serin-gues sont ôtésjuste avant l’étape de répartition-remplissage.Autre amélioration majeure,« l’inspection visuelle automati-sée par caméra des seringues etdes flacons effectuée en bout dechaîne est une inspection à100 %, fait remarquer PierreFrézal, ce qui nous permet d’at-teindre des niveaux de qualitétrès élevés ».« Un tel équipement va nous

autoriser à gagner en polyva-lence et à réduirele time-to-marketde nos différentsproduits » estimele directeur duprojet.En effet, ces lignes

seront en mesure de traiter prèsd’une vingtaine de vaccins diffé-rents (grippe saisonnière, ménin-gite, DTCOQ) – en passantaisément d’une fabrication à uneautre – « et seraient susceptiblesde contribuer à la productionde vaccins dans le cadre d’unepandémie de type H5N1, une foisla souche identifiée par l’OMS »note Serge Falson. Il rappelle quecet accroissement des capacités

La filiale vaccins deSanofi Pasteur vientd’inaugurer unenouvelle unité derépartition et deremplissage sur sonsite normand eta engagé unprogramme detriplement de sescapacités de for-mulation. Plus de200 M€ vont êtreengagés au profitd’une usine de1 500 salariés,devenue le premiersite mondial deproduction devaccins contre lagrippe saisonnière.

Les nouvelles lignesdoubleront lacapacité deremplissagedes liquides

12 Actulabo - Mai 2009

Sanofi Pasteur s’agriau Val-de-Reuil

En direct des usines

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dans les liquides « est une étaped’un programme global qui vaencore connaître de nouvellesréalisations ». Dans une autrepartie de cette usine de 1 500 col-laborateurs, qui s’étend sur 30,5ha, se dessinent déjà les struc-tures d’un nouveau bâtimentautour desquelles s’agite unecohorte d’ouvriers et d’engins deBTP. « Ces locaux vont accueil-lir notre programme de triple-ment des capacités de for-mulation de vaccins, soit uninvestissement de 100 M€ » pré-cise Serge Falson. Afin de faireface à l’accroissement de lademande et aux impératifs deréactivité, la nouvelle unité pro-duira « tous les composants uti-

lisés dans la répartition des vac-cins combinés ». L’accroissementdes volumes va également impac-ter le centre de distribution ins-tallé sur la ZA d’Incarville, encontrebas de l’usine de fabrica-tion. L’unité de 10 000 m2 (7 000emplacements palettes), quiexpédie chaque année près de 1milliard de vaccins (350 000 colis)dans plus de 150 pays, va devoirpousser les murs. L’agrandis-sement de 2 000 m2 est à l’étudeet devrait accueillir 3 000 empla-cements palettes supplémen-taires. La plate-forme assure déjà« près de 150 000 commandespar an et doit assurer une maî-trise parfaite de la chaîne dufroid » nous explique son res-

ponsable. Ainsi, une grande partiedu process logistique, et notam-ment le stockage, est conduitsous atmosphère dirigée (5° avecune variation autorisée de + ou- 3°) ; certains vaccins, et notam-ment les OPV (Oral PolioVaccine), sont abrités avant expé-dition dans un emplacementmaintenu à - 20°. « Notre orga-nisation nous permet de livrerdans la journée les vaccins des-tinés au marché français – quireprésentent environ 50 % desvolumes – et au maximum enJ+3 pour le reste du monde »souligne le responsable du cen-tre logistique de Val-de-Reuil.Ce dernier décrit le luxe de pré-cautions pris par les équipes de

Sanofi Pasteurproduira des vaccinsà NeuvilleLe 12 mai, Chris Viehbachera posé la première pierre dela nouvelle usine de vaccinsSanofi Pasteur de Neuville-sur-Saône, près de Lyon. Ceprojet de 349 M€ vise notam-ment à produire le vaccincontre la dengue, actuelle-ment en développement, quele groupe français doit met-tre sur le marché. On saitque cette maladie tropicale,dont l’agent pathogène estun virus transmis par unmoustique, affecte 230 mil-lions de personnes chaqueannée. Sanofi Pasteur de-vrait employer 200 per-sonnes à cette nouvelleactivité d’ici à 2013, date oùl’usine sera pleinement opé-rationnelle. Le site de la ban-lieue lyonnaise est aujour-d’hui tourné vers la chimiepharmaceutique et la pro-duction de médicaments etil emploie 750 salariés aprèsle plan de suppression de118 postes annoncé en 2007.

ENBREF

Actulabo - Mai 2009 13

ppe

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Sanofi Pasteur pour s’assurer qu’aucun choc ther-mique intempestif ne viendra compromettre la qua-lité des produits : « Des poches de froid sont ainsiinstallées dans les conditionnements (à des tem-pératures variables selon la destination) pour per-mettre d’assurer le transport dans les conditionsoptimales. Des capteurs électroniques de tempé-rature sont également placés dans les colis, dansune logique de traçabilité. Les vaccins restent par-fois immobilisés plusieurs heures sur un tarmacà Abou Dhabi, explique-t-on chez Sanofi Pasteur.Il est impératif de prévoir un tel froid-tampon ».

Le programme d’extension des capacités logistiquesde Val-de-Reuil – qui traite aussi les expéditions del’usine de Marcy-l’Etoile – va aussi se concrétiserpar la mise à disposition de 3 000 emplacementspalettes à Marly-la-Ville, près de Roissy (95), dansdes locaux logistiques exploités par Sanofi-Aventis.Le programme d’investissement normand est l’unedes composantes de l’enveloppe de 600 M€ qui aété engagée par le groupe en France de 2005 à 2008.Sur la même période, Sanofi Pasteur aura investiplus de 1 Md€ dans le monde en nouvelles capaci-tés industrielles. Parmi les programmes les plusrécents figurent la construction de nouvelles uni-tés de remplissage, l’achèvement de la plus grandeunité mondiale de production de vaccin polio inac-tivé, ainsi que la création d’une nouvelle unité deproduction de vaccin contre la grippe. En 2008 aété engagée la construction d’un nouveau bâtimentpour la production de vaccins pédiatriques sur lesite de Marcy-l’Etoile.Aussi significative soit-elle, cette enveloppe paraîtmodique face aux nouvelles ambitions de la filialevaccins de Sanofi-Aventis. Wayne Pisano, le pdg deSanofi Pasteur, a, en effet, annoncé que le groupeallait investir plus de 3,6 Md€ d’ici à 2017 dans dif-férents projets, conséquence de la croissance mon-diale du marché (plus de 16 % par an). Unequinzaine de programmes d’extension de capacitéou de création ex-nihilo de nouvelles unités sontdans les cartons ou déjà lancés, comme celle deShenzhen (Chine) qui sera dédiée dès son ouver-ture, en 2012, à la production de vaccins contre lagrippe saisonnière.Lors de la visite de l’unité du Val-de-Reuil, en juin2008, Wayne Pisano nous avait confirmé la construc-tion d’une usine de vaccins contre la dengue sur lesite Sanofi-Aventis de Neuville-sur-Saône. Toujoursdans la région lyonnaise, à Marcy-l’Etoile, berceauhistorique du groupe et plus grand site mondialdédié aux vaccins, Sanofi Pasteur devrait égalementjeter les bases d’une importante plate-forme deR&D sur les cellules souches.

Jean-Christophe Savattier

14 Actulabo - Mai 2009

En direct des usines

La filiale vaccins de Sanofi-Aventisdétient, avec un CA 2007 de2,23 Md€, près de 15 % dumarchémondial du vaccin. Le groupe em-ploie plus de 11 000 collabora-teurs, dont 1 600 affectés à laR&D.Près de 5 700 salariés sont em-ployés en production, secteur oùSanofi-Aventis a investi plus de1Md€ ces cinq dernières années.Le plus grand site industriel dugroupe, qui est aussi le plus im-portant au monde consacré auxvaccins, est situé à Marcy-l’Etoile,près de Lyon : lui sera prochaine-ment adjointe une unité à Neu-ville-sur-Saône, également à côtéde Lyon.Sanofi Pasteur possède égalementsix unités sur le continent améri-

cain : Swiftwater (Pennsylvanie),Cambridge et Canton (Massachus-sets), Rockville (Maryland), To-ronto (Canada) et Pilar (Argentine).En Asie, Shenzhen (Chine) etBangkok (Thaïlande) complètentce dispositif industriel.Sanofi Pasteur exploite l’une desplus importantes gammes de vac-cins disponibles contre une ving-taine de maladies infectieuses. Legroupe a investi en 2007 près de430 M€ dans la R&D : il compteaujourd’hui 25 vaccins en cours dedéveloppement de la phase pré-clinique à la phase III.En 2007, Sanofi Pasteur a mis àdisposition plus de 1,6 milliard dedoses permettant de vacciner plusde 500millions de personnes dansle monde.

SANOFI PASTEUR DÉTIENT PRÈS DE 25 %DU MARCHÉ MONDIAL

ENBREFSanofi Pasteur

investit en ChineLe 12 octobre 2008, SanofiPasteur a lancé les travauxde sa nouvelle unité de vac-cins de Shenzhen, en Chine.Destinée à fabriquer le vaccincontre la grippe saisonnière,elle pourra aussi produirecelui contre la grippe aviaire.L’usine sera opérationnelleen 2012 et sa capacité sera, àterme, de 25 millions dedoses.

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Actulabo - Mai 2009 15

Genzyme fait le choix de LyonT out un symbole ! Le 25 septembre 2008, jour de

la pose de la première pierre à Lyon-Gerland dela future unité de bioproduction de Genzyme – uneunité de 22 000m2 qui va doubler la capacité de fabri-cation de la Thymoglobuline – Bristol-Myers Squibb(BMS) annonçait son désengagement de ses usinespharma d’Epernon (28) et de Meymac (19),employant respectivement 250 et 160 collaborateurs.Ce désinvestissement, s’il surprend par son ampleur,ne constitue pas une surprise totale. La direction dulaboratoire new-yorkais a annoncé il y a plus d’un anson intention de se séparer « d’une usine sur deuxdans le monde » et de migrer vers unmodèle 100 % biopharm. « Les labo-ratoires dont la croissance dépendde l’invention de nouveaux block-busters sont en crise, analyse FrédéricTurner, le pdg de Genzyme France,parce que l’industrie pharma estentrée dans une logique de dévelop-pement de traitements personnalisés : les produitsbiologiques sont au cœur de ce modèle. »Genzyme est un bon exemple de ce nouveau para-digme. Depuis sa création en 1981 à Boston, au cœurde la fertile « Pharma Valley » du Massachusets, lelaboratoire (3,7 Md$ de CA en 2007, 11 000 salariés)a fondé sa croissance sur la découverte de traitementscontre les maladies rares (maladie de Gaucher, deFabry) et les pathologies inflammatoires, les maladiesrénales, immunitaires et cardiovasculaires. La futureusine de Lyon-Gerland va, dans un premier temps,être dédiée à la fabrication de la Thymoglobuline, unanticorps polyclonal qui est aujourd’hui produit dansune unité industrielle Genzyme située à Marcy-l’Etoile(69) dans les locaux de Sanofi Pasteur. « Cette future

unité de bioproduction – qui représentera un inves-tissement de 105 M€ – accueillera les 230 collabo-rateurs deMarcy-l’Etoile (69) puis une cinquantained’emplois supplémentaires que nous allons créerprogressivement » confirme Frédéric Turner qui n’ex-clut pas, bien entendu, des extensions futures decapacité.Le site de Lyon-Gerland, bâti sur un terrain de 3,7 ha,se prêtera en effet aisément à d’éventuelles augmen-tations capacitaires. Des extensions d’indication dela Thymoglobuline, prescrite aujourd’hui lors degreffes d’organes et demoelle osseuse, au traitement

du diabète, de maladies hématolo-giques et auto-immunes, sont àl’étude. Par ailleurs, le produit auto-risé dans 55 pays devrait bénéficierd’AMM complémentaires sur d’autresmarchés. Rappelons que la biotechUS est installée dans près de 90 pays.Enfin, le site industriel lyonnais de

Genzyme sera placé au cœur du programme derecherche Thymo 2010 ; il vise « à améliorer les pro-cédés de fabrication des anticorps polyclonaux etnotamment les process de purification » nousindique un responsable scientifique du projet. L’usinesera ainsi probablement amenée à fabriquer des lotscliniques dans le cadre de ce programme. Les diri-geants français de Genzyme espèrent d’ailleurs bienqu’à terme le board US décidera d’implanter uneplate-forme de R&D à Lyon susceptible de tisser desliens fructueux avec les 6 500 chercheurs du biopôle.La biopharm américaine ne compte en effet qu’uneseule véritable plate-forme de R&D en dehors desEtats-Unis à Cambridge, au Royaume-Uni, qui emploieà ce jour 25 salariés (150 prévus d’ici à 2013). JCS

L’industrie pharmaest entrée dansune logique dedéveloppementde traitementspersonnalisés

La biotech US vainvestir 105 M€ àLyon-Gerland dansle doublement decapacité de lafabrication deThymoglobuline.La localisation decette nouvelle usinea été grandementfavorisée parl’attractivité dupôle decompétitivitémondialLyonbiopôle.

LLaa ffuuttuurree uunniittéé ddee bbiioopprroodduuccttiioonn ddee GGeennzzyymmee àà LLyyoonn..

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T andis que la plupart des big pharmas se dés-engagent de leurs unités de chimie fine, legroupe français Servier continue à jouer les

francs-tireurs en affirmant un modèle industriel trèsintégré. Le laboratoire a ainsi inauguré en juillet dernier unenouvelle ligne de production (44 M€ d’investisse-ment) en Normandie où il exploite une usine defabrication d’API sur deux plates-formes : la pre-mière, créée de toutes pièces dès le milieu desannées 60 sur le site désaffecté d’une ancienne usinetextile (environ 9 ha d’emprise), est installée àBolbec (76) ; la seconde se situe sur la commune deBaclair… à quelques centaines de mètres. Le sitede Baclair, construit plus récemmentau cœur d’une importante réservefoncière (de l’ordre de 18 ha), béné-ficiera des prochains programmesd’extension capacitaire déjà entéri-nés par la direction. La ligne de fabri-cation installée cet été – dédiée à lafabrication du principe actif de Protelos, un traite-ment contre l’ostéoporose – se déploie ainsi àBaclair dans un bâtiment (GF3) qui compte déjàdeux lignes multi-produits. Le déploiement de cetéquipement a été mené dans le cadre d’un pro-gramme global qui a conduit le groupe à engager auprofit d’Oril Industries – raison sociale de l’usinenormande – plus de 150 M€ depuis cinq ans. Et ce n’est pas fini ! Alain Renaud, le directeur del’usine, nous annonce qu’environ 80 M€ devraientêtre investis « d’ici à 2011-2012, toujours à Baclair,dans l’installation d’une nouvelle ligne multi-pro-duits » ainsi que dans l’édification d’un bâtiment de

conditionnement de 4 500 m2. « Cette enveloppesera répartie à parité entre ces deux projets et vanous permettre d’accroître nos capacités de fabri-cation par synthèse organique ; celles-ci s’élèventà environ 340 m3 » estime Alain Renaud qui relèvela forte augmentation des quantités produites. Eneffet, Oril Industries devrait fabriquer en 2008 plusde 2 000 tonnes de principe actif contre 1 880tonnes en 2007. « La croissance des volumes devraits’établir à 6 % par an » annonce le directeur d’unsite travaillant à 75 % pour l’usine vedette du groupeimplantée à Gidy, près d’Orléans, mais aussi pour lesautres unités industrielles de Servier établies àl’étranger.

Le bâtiment de conditionnement per-mettra, quant à lui, d’automatiser leprocessus d’ensachement des prin-cipes actifs dans des containers et dessacs de grande contenance (baggies).« Ces programmes capacitaires vien-dront s’ajouter à l’enveloppe récur-

rente d’environ 10 M€ qui est engagée chaqueannée » poursuit Alain Renaud.Les équipes d’Oril Industries (environ 800 salariés)ne se cantonnent pas à assurer l’approvisionnementdes usines de médicaments du groupe : « Nouseffectuons in situ une très importante activité deR&D industrielle qui emploie à elle seule plus de160 collaborateurs » explique Pascal Langlois, direc-teur de cette activité. La plate-forme a pour missiond’optimiser les procédés de synthèse des moléculesidentifiées par la recherche Servier et ce, dès lesphases pré-cliniques jusqu’aux phases II et III. « Ils’agit à la fois d’améliorer la qualité du produit

Le premier labora-toire européen indépendant investit massive-ment dans la fabrication d’API et dans la R&Dindustrielle. Cettepolitique, quiconduit le groupe à étendre les capacités d’OrilIndustries enNormandie, distingue profondément le groupe Servier de ses concurrents.

Près de 160salariés dédiés à la recherche

industrielle

16 Actulabo - Mai 2009

Servier renforceson site de Bolbec

En direct des usines

Page 17: Magazine Actu Labo n°0

à chaque étape de son élaboration, d’assurer lasécurité des réactions chimiques puis de proposerune sorte de maquette industrielle fiable compor-tant un nombre minimum d’étapes de produc-tion » indique Pascal Langlois. L’un des enjeuxcritiques de ces phases de recherche est « de bienmaîtriser les propriétés physiques du principe actif(dureté, friabilité, morphologie des plaquettes etdes cristaux) afin d’assurer la reproductibilité duprocédé de formulation galénique ».Les moyens affectés sont au diapason des ambi-tions : ainsi, un module de production ad hocimplanté sur le site de Bolbec a été équipé de 28réacteurs d’une capacité de 15 à 600 litres, suscep-tibles de délivrer les ingrédients requis – essentiel-lement par voie de synthèse organique et moinsfréquemment par biocatalyse (enzymes) – pour laquarantaine de projets annuels mis en œuvre. « Laplate-forme de recherche industrielle est sollicitée

chaque année afin de se pencher sur une tren-taine de molécules. Mais compte tenu des arrêtsen cours de route des programmes précédents, onpeut dire que les collaborateurs de cette unité tra-vaillent en parallèle sur une quinzaine de molé-cules » souligne Pascal Langlois. Il note que le cycle,qui débute à la réception des matières premièreset s’achève au démarrage en fabrication des pré-séries industrielles, s’étale en moyenne « sur unedurée d’au moins 18 mois ». Ces capacités d’uneimportance stratégique font l’objet d’une attentiontoute particulière : près de 14 M€ ont été injectésdans la construction sur le site de Bolbec de deuxbâtiments de 600 m2 ; ils accueilleront prochaine-ment dans de meilleures conditions « des équipe-ments de broyage-séchage et de lyophilisation déjàen place » affirme Pascal Langlois. Une simple description des moyens en témoigne :l’activité de développement et de fabrication

Les chiffres clésde ServierLe groupe créé en 1954 àOrléans par le Dr. Servieret ses 9 collaborateurscompte aujourd’hui 20 000salariés, dont 2 800 cher-cheurs (3 000 très pro-chainement).

Actulabo - Mai 2009 17

EN BREF

Les collaborateurs de la plate-forme

de recherche industrielle travaillent en parallèle

sur une quinzaine de molécules.

En direct des usines

Page 18: Magazine Actu Labo n°0

d’ingrédients ne constitue pas une activité desecond ordre. « A rebours de certains de nosgrands concurrents, le groupe souhaite conser-ver un contrôle à 100 % de la fabrication de cesAPI, précise Alain Renaud. Le Dr. Servier – le fon-dateur qui, à 86 ans, dirige toujours le laboratoirefondé en 1954 (voir ci-dessous) – a toujours jugéqu’il s’agissait de notre cœur de métier. » Ce credo

a d’ailleurs amené le groupe à envisager la construc-tion d’une nouvelle usine d’ingrédients à Waterford,en Irlande. « Il s’agira d’une unité de back-up quipourra aussi assumer, le cas échéant, de nouvellesfabrications » note l’un des responsables de ceprojet. Les études seront achevées en fin d’annéepour une ouverture envisagée en 2014.

Jean-Christophe Savattier

18 Actulabo - Mai 2009

En direct des usines

EN BREF

Près de 1 Md€

pour la R&DPrès de 82 % de la produc-tion de Servier est desti-née à l’international. En2007, pas moins de 728millions de boîtes ont étémises à la disposition despatients. Le groupe Servierconsacre 25 % de son CA(3,7 Md€ en 2008) à laR&D.

Des partenariatsavec les biotechsPeu présent historique-ment dans les biotechno-logies, Servier développedepuis quelques annéesune politique de partena-riat avec des biotechs(Gene-IT dans la bioinfor-matique, Hybrigenics dansla protéomique et Gene-Oway dans la création demodèles animaux trans-géniques). A noter aussil’accord récent avec le cali-fornien Pharmacyclics.

Actu Labo : Pourquoi vouloir à tout prixconserver des capacités industrielles en chimie fine ?Jacques Servier : Parce que je pense qu’ilest déraisonnable pour un industriel de lapharmacie de céder des talents et donnerl’occasion à des sous-traitants de s’accapa-rer son savoir-faire. Je pense d’ailleurs que

cette analyse est également valable pour lafabrication du produit fini. Ces politiquesd’externalisation sont souvent guidées pardes considérations de court terme qui nefont pas partie de la culture de la maison .

AL : Le groupe Servier est très présent àl’international mais assez discret auxEtats-Unis. Est-ce un parti-pris ? JS : Le marché américain, en dépit de sonpotentiel, est un coupe-gorge ! Les mœursprofessionnelles en vigueur sont celles del’Italie de la Renaissance ! Nos concurrentssont prêts à tout pour défendre leurs posi-tions. Dans ces conditions, nous restonstrès prudents. Nous sommes tout de mêmeprésents aux Etats-Unis via nos accordsavec Novartis.

AL : La question de la gouvernance dugroupe et de votre succession a été réglée par la constitution d’une fondation.Que vous apporte une telle structure ?JS : Cette fondation et le fait de ne pas êtredépendant des marchés financiers nous ap-portent une grande liberté. Celle-ci a unimpact positif sur notre stratégie de re-cherche et sur notre politique industriellequi n’ont pas beaucoup dévié depuis lacréation de l’entreprise en 1954.

Propos recueillis par JCS

JACQUES SERVIER :

« LES POLITIQUES D’EXTERNALISATION SONT DÉRAISONNABLES »

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Actulabo - Mai 2009 19

Merck Serono prépare Corsier à l’Erbitux

L a petite ville vaudoise de Vevey et ses 17 000habitants (mais près de 100 000 dans la conur-

bation comprenant Montreux) étaient jusqu’à pré-sent connus grâce au géant Nestlé, qui y possèdeson siège mondial, et à la société du Mont-Pèlerin,le think tank libéral né dans le village éponyme quisurplombe le lac Leman. Mais désormais, Veveypourra également tirer sa célébrité du vaste com-plexe de bioproduction que Merck Serono déve-loppe sur la commune voisine de Corsier.Le 12 novembre 2008, le laboratoire allemand aposé officiellement la première pierre de l’exten-sion du site. Après achèvement des travaux, prévupour la fin de l’année 2010, et des procédures habi-tuelles de contrôle et d’audit des autorités de régu-lation qui s’échelonneront jusqu’en 2012, cetteancienne unité de la biotech suisse Serono produiracommercialement l’anticancéreux Erbitux (cetuxi-mab) pour le monde entier (hors Amérique duNord, où ImClone et BMS se partagent la distribu-tion), ainsi que d’autres traitements biologiquespour les maladies auto-immunes et inflammatoires,actuellement en phases d’essais cliniques. Notonsqu’en 2007, la croissance des ventes de l’Erbitux aatteint 41 %. A ce jour, le site produit commercia-lement l’interféron bêta-1a, qui constitue la moléculeactive du Rebif (traitement de la sclérose enplaques), et les lots cliniques de l’Erbitux et de

quelques autres candidats médicaments. Les 300M€que Merck Serono va engager dans ce projet, dontles travaux de construction et d’aménagement vonts’étaler sur deux ans, permettront de multiplier parsix la capacité des bioréacteurs pour la porter de22 000 à 140 000 litres. La purification sera assuréesur des colonnes de chromatographie mesurantjusqu’à 1,20 m de diamètre : au total, 11 km decanalisations seront nécessaires au processus deproduction et 50 km au total, en incluant le réservoirde stockage et le réseau de traitement des déchets.Une station de traitement des eaux usées et un cen-tre de logistique complèteront le programme dedéveloppement du MSBC (Merck Serono BiotechCenter).Environ 200 emplois seront créés ; ils s’ajouterontaux quelque 380 emplois du site – dont 250 affectésà la production – pour former l’un des plus impor-tants et des plus modernes sites de bioproductionen Europe. Selon Hanns-Eberhard Erle, vice-prési-dent en charge des affaires industrielles de MerckSerono, la production d’Erbitux ne sera pas com-plètement retirée à Boehringer-Ingelheim, auquel lafirme de Darmstadt avait choisi, il y a cinq ans, desous-traiter la production de l’anticorps monoclonaldéveloppé par ImClone. Après 2012, Boehringerdevrait continuer à assurer le back-up de l’Erbitux.

François-Xavier Beuzon

Né de la fusion des activités de la biotech suisseSerono et de labranche des médicamentséthiques de l’allemand MerckKGaA, MerckSerono va investir300 M€ pour renforcer ses capacités de bioproduction àCorsier-sur-Vevey,au bord du lacLeman.

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La gestion prévisionnelle des emplois et descarrières (GPEC) n’est pas réservée aux seulesbig pharmas. Les sous-traitants de taille

médium peuvent aussi s’emparer avec profit d’unoutil qui permet aux dirigeants de mobiliser les sala-riés et d’assurer la mobilité et le renouvellementdes équipes. Un très bon exemple de cette démarche est fournipar le façonnier Chemineau, installé à Vouvray (37).En juillet 2006, le sous-traitant a ainsi engagé, à l’ini-tiative de son directeur général Xavier Monjanel etde Jean-Paul Dillies, directeur administratif et finan-cier, un projet de GPEC baptisé 3C pour « Cohérenceet Compétence chez Chemineau ». « Il n’y avait, pour notre part,aucune obligation à la mise enplace d’une GPEC puisque seules lesentreprises de plus de 300 salariésy sont contraintes par la loi », pré-cise Jean-Paul Dillies. « Mais nousavions la conviction que cettedémarche très impliquante pouvaitêtre un facteur important de progrès. » ajoute-t-il.« La GPEC a pour objectif de disposer d’outils nouspermettant de recruter, de former et d’évaluer lessalariés en anticipant aussi bien les départs à laretraite que l’impact des facteurs réglementaireset économiques » expliquent les dirigeants. Dansun premier temps, il « s’agit d’opérer un état deslieux des métiers, de leur évolution prévisible etdes besoins spécifiques de l’entreprise » poursuitJean-Paul Dillies. Puis, très vite, un projet de GPECconduit à s’interroger sur les compétences internes,sur la pyramide des âges (chez Chemineau, 16 %

des salariés partiront à la retraite dans les prochainesannées). Concrètement, ce questionnement vamener à la constitution d’une nouvelle classifica-tion des métiers – en cohérence avec la grille de laconvention collective de l’industrie pharmaceutiquequi a beaucoup évolué – et à la mise en œuvre deparcours de formation permettant de faire évoluerles salariés en fonction des besoins définis sur lelong terme. « Concrètement, un plan de GPEC per-met aussi de faire évoluer les profils des salariésrecrutés au fil de l’eau. » Et même de mener unestratégie de réévaluation salariale, « même si nousavons d’emblée expliqué qu’une GPEC n’avait pas

pour objectif premier l’augmenta-tion des salaires ». In fine, cetteréévaluation a surtout impacté lesplus bas revenus et les postes d’en-cadrement terrain.Le programme a conduit les middle-managers de l’entreprise à s’impli-quer fortement. « Ils sont, en effet,co-responsables de la cohérence de

la classification des postes, des salaires et des cri-tères d’évolution » souligne Jean-Paul Dillies. « Ilsdoivent aussi communiquer sur les logiques RH etsur la stratégie de l’entreprise. » Avant de mettreen œuvre ce délicat projet, les dirigeants deChemineau ont fait appel à l’IMT qui a développéune expertise reconnue dans cette discipline. « Nousavions déjà mis en œuvre une action pilote CQPavec le concours de l’IMT » explique Audrey Ndata,responsable formation et recrutement deChemineau, qui a conduit le projet GPEC. Un telprojet n’est pas anodin. Il met « à nu les rouages ».

Le façonnier tourangeau a misen place, avec le concours del’IMT, un pro-gramme de gestion prévisionnelle desemplois et des carrières. Cet outiltrès personnalisépermet au sous-traitant d’optimiserles ressourceshumaines et d’anticiper surl’évolution des métiers.

Chemineau veut mieux gérer les carrières

Métiers

Jean-Paul Dillies

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C’est un véritable moment de vérité qui aboutit àexposer les forces et les faiblesses de l’organisation,« les tripes de l’entreprise » selon l’expression deXavier Monjanel.« Dans un premier temps, l’IMT nous a accompa-gnés dans la rédaction d’une fiche projet permet-tant de clarifier nos objectifs, de préciser les facteursde risques et les responsabilités des différents pro-tagonistes. » Il est également crucial d’affirmer lesmessages essentiels de manière cohérente auprèsdes différents publics du laboratoire : comités d’en-treprise, managers, salariés, partenaires financiers. Aujourd’hui, le principal motif de satisfaction deséquipes de Chemineau « est d’avoir fait sentir l’in-térêt du projet et d’avoir obtenu l’adhésion des res-ponsables de service en dépit de l’investissementmental et psychologique requis par ce type d’en-gagement ». Presque trois ans après le lancement, lesmanagers se sont « réellement appropriés une nou-velle vision de leur rôle ».

De fait, les dimensions d’amélioration continue et deperformance industrielle ont été précisées et signi-fiées pour chaque emploi-type. Chemineau estaujourd’hui capable de présenter un programmed’évolution des emplois et des postes à court et àmoyen termes. « Il faut affiner et attendre la finde l’année avant d’établir un premier biland’étape » précise Jean-Paul Dillies, qui juge que l’im-pact final de ce programme ne pourra être appréciéque sur le long cours.Autre point tout à fait jugé par les dirigeants deChemineau, l’IMT n’a pas déployé à leur attentionune copie d’un programme de GPEC mené chezSanofi-Aventis ou GSK. « Lorsque j’observe le résul-tat, je dois dire que ce programme de GPEC cor-respond parfaitement à ce que nous sommes » jugeAudrey Ndata. Par ailleurs, le consultant a pris soinde mettre en œuvre une démarche permettant à laDRH et aux équipes d’opérer en toute autonomie.

Jean-Christophe Savattier

Chemineau veut mieux gérer les carrières

Opérer un état des lieux, des métiers, de leur évolution

prévisible et des besoins spécifiques de l’entreprise.

Les chiffres clésde ChemineauLes laboratoires Chemi-neau (250 salariés, 42 M€

de CA) sont détenus par laholding CH-Pharma, qui aacheté l’an passé le Labo-ratoire de la Mer (70 sala-riés, 24 M€ de CA), unspécialiste des produits de soin à base d’extraitsmarins.

EN BREF

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Carnet

Jean-Michel Robert vient d’êtrenommé directeur de la BusinessUnit maladies neurodégénéra-tives de Merck Serono France.

André Syrota est le nou-veau président de l’Inserm. De1993 à 2007, André Syrota étaitdirecteur du pôle recherchesciences du vivant au Commis-sariat de l’énergie atomique(CEA).

Emilio Emini, précédemment di-recteur de la division recherchedes vaccins de Wyeth, vientd’être nommé Chief ScientificOfficer (CSO) de celle de Pfizer.Menelas Pangalos, ancienne-ment chef de la section disco-very de Wyeth, est nommé CSOde la section neuroscience dePfizer.

Laurent Galibert succède àJean-Marc Petit à la tête du sitede Famar à St-Rémy-sur-Avre(28). Il avait la responsabilité de55 collaborateurs spécialisésdans la planification et la gestiondes activités de supply chainpour les deux unités Famar deL'Aigle (61) et St-Rémy-sur-Avre.

Julien Laporte a pris la fonctionde directeur général de FortéPharma, la division complé-ments alimentaires de Natra-ceutical. Julien Laporte étaitauparavant directeur général dela division grande consomma-tion de L’Oréal en Turquie.

Jérôme Contamine a éténommé vice-présidentexécutif et directeur fi-nancier de Sanofi-Aventis.Il avait quitté le groupeVeolia durant l’hiver.

Patrice P. Rioux est désor-mais médecin chef du labo-ratoire californien RaptorPharmaceuticals, spécia-lisé dans les plates-formesde ciblage de médica-ments. Patr ice Riouxsera responsable de l’avan-cement clinique et régle-mentaire des programmesde mise au point clinique.

Jacques de Tournemirea été nommé vice-prési-dent des relations poli-tiques et institutionnellesde Pfizer France. Depuisdeux ans, il dirigeait le bu-reau européen des affairespubliques et politiques dePfizer à Bruxelles.

John Chiminski est le nou-veau patron de CatalentPharma Solutions, un four-nisseur de technologiesavancées du secteur de lasanté. John Chiminski étaitauparavant patron de GEMedical Diagnostics, unedivision de GE Healthcarespécialisée dans l’imageriediagnostique.

Erin Gainer vient d’êtrenommée au poste de prési-dente du directoire du labo-ratoire pharmaceutique eu-ropéen HRA Pharma, spé-cialisé dans la reproductionet l’endocrinologie. ErinGainer occupait auparavantle poste de directrice de larecherche et développe-ment.

Oscar-Werner Reif vientd’entrer au conseil d’ad-ministration de la biotechfrançaise Sartorius Ste-dim Biotech. Il est en outrenommé gérant de la so-ciété Sartorius StedimBiotech GmbH (Göttingen)aux côtés de Volker Niebelet Reinhard Vogt.

Thierry Plouvier est lenouveau propriétaire desLaboratoires Poirier, à Fon-dettes (37). Ils lui ont étécédés par Françoise Poi-rier-Duchêne et PatrickPoirier, ses fondateurs.

François Baudin est le nou-veau président de Giro-pharm, un groupement depharmaciens. Il succède àRaymond Boura.

Art Levinson, le CEO deGenentech et Susan Des-mond-Hellmann, respon-sable du développementdes produits, vont quitterleur poste suite à la fusionde Genentech, avec Roche.Pascal Soriot remplaceraArt Levinson au poste deCEO de la biotech.

La biotech Biogen Idecvient d’annoncer le départà la retraite du Dr. Cecil B.Pickett, son directeur dela R&D : il continuera àsiéger au conseil d’admi-nistration de la société.

Richard Pilnik vient d’êtrerecruté par la CRO US Quin-tiles pour être le nouveauprésident de sa filiale Inno-vex. Richard Pilnik étaitprécédemment vice-prési-dent et Chief Marketing Of-ficer (CFO) chez Eli Lilly.

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