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LIFESTYLE 100| madameFIGARO LE VERT C’EST ICI, AU BRÉSIL DANS LA RÉGION DE CATUÇABA, QUE CES DESIGNERS ENGAGÉS VIENNENT SE RESSOURCER. CET ÉCRIN TROPICAL A INSPIRÉ LEUR DERNIER PROJET, UNE ŒUVRE PAYSAGÈRE EN BAMBOU, MI-CATHÉDRALE, MI-CABANE, QUI SE DRESSE DANS LE PARC D’UNE FAZENDA DE CHARME. IMMERSION… OUTDOOR. LIFESTYLEdéco DOUCE ÉCHAPPÉE arty green à Catuçaba, dans l’ancienne ferme agricole reconvertie en hôtel de charme. À gauche, Fernando (assis) et Humberto Campana devant les « Portes célestes » de l’artiste new-yorkais Pasha Radetsky. DES FRÈRES PAR SABINE BOUVET PHOTOS MANUEL ZUBLENA PHOTOS MANUEL ZUBLENA

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LE VERT PARADIS

C’EST ICI, AU BRÉSIL DANS LA RÉGIONDE CATUÇABA, QUE CES DESIGNERSENGAGÉS VIENNENT SE RESSOURCER.CET ÉCRIN TROPICAL A INSPIRÉLEUR DERNIER PROJET, UNE ŒUVREPAYSAGÈRE EN BAMBOU,MI-CATHÉDRALE, MI-CABANE, QUISE DRESSE DANS LE PARC D’UNE FAZENDADE CHARME. IMMERSION… OUTDOOR.

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DOUCE ÉCHAPPÉEarty green à Catuçaba,dans l’ancienne fermeagricole reconvertieen hôtel de charme.À gauche, Fernando(assis) et HumbertoCampana devantles « Portes célestes »de l’artiste new-yorkaisPasha Radetsky.

DES FRÈRES CAMPANAPAR SABINE BOUVET PHOTOS MANUEL ZUBLENA

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LLeurs créations respirent le Brésil ; celui des forêtstropicales et des favelas, où tout se récupère et setransforme. Repéré en Europe dans les annéesquatre-vingt-dix grâce à l’éditeur italien Edra, leurstyle – un mix de récup, de traditions artisanales et deproduction industrielle – est devenu l’emblème duBrésil contemporain. Basés à São Paulo, les deuxdesigners ont grandi à Brotas, une région d’étenduesvertes, immenses, où les cow-boys latinos viventencore de l’élevage du bétail. De ces paysagessauvages, ils ont gardé un attachement viscéral à lanature ; une empreinte qui se lit à chaque étape deleurs projets. Quand leur voisin et ami EmmanuelRengade leur demande d’imaginer une œuvreoutdoor dans sa fazenda (grande propriété agricolebrésilienne) devenue hôtel de charme confidentiel,Humberto et Fernando Campana répondent présent.Mais à la condition de n’utiliser d’autres médiumsque ceux offerts par la nature. L’occasion dedécouvrir, à travers les yeux de ces humanistes dudesign, ce petit coin de paradis.

« MADAME FIGARO ». – On vous connaît pourvos créations de mobilier et d’objets. Commentest né ce projet de cathédrale en bambou ?HUMBERTO ET FERNANDOCAMPANA. – Ce projetnous a donné l’occasion de revendiquer notre besoinde nature, et d’insister sur la nécessité de la respecter,de la préserver. Nous travaillons à São Paulo, et lemanque d’espaces verts en milieu urbain est un sujetqui nous tient à cœur. Dès qu’on le peut, on s’échappeà Brotas, à quelques kilomètres de Catuçaba.C’est notre terre d’origine, une région du Brésil trèsverte, agrémentée de trente-huit cascades. Gamins,notre passe-temps favori était de construire des

INTÉRIEUR DE CHARMEÀ l’ombre desquaresmeras(ci-contre), la fazendadistille son art devivre entre ambiancetropicale, artisanatlocal et design vintage,avec un fauteuil SergioRodrigues (en haut,à gauche) ou MartinEisler (en blanc,ci-dessus). Fauteuilen rotin des frèresCampana, et photosde Fernanda Preto.Les chambres (à droite)sont indépendantesde la maison principale,qui, elle, abrite le salonet la salle à manger(au centre).

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Cette propriété agricole desannées 1850, qui s’étend sur450 hectares, a été reconvertie enhôtel de charme et résidence d’artistes.Elle est à deux heures de São Pauloet à trente minutes de la petite ville deSão Luís do Paraitinga, au cœur d’uneforêt classée au patrimoine mondialde l’Unesco. Tarifs : de 360 € la nuit à550 € en chambre classique, petitdéjeuner et dîner inclus.5 www.catucaba.com

SÉJOURNERÀ LA FAZENDA

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cabanes. En imaginant cette installation pourEmmanuel Rengade (NDLR : propriétaire de l’hôtel),on a opté pour ce même principe de jeu deconstruction à partir d’éléments végétaux. C’était unefaçon de nous reconnecter aux sensations de l’enfance.Votre travail part toujours de l’intérêt que vous portezau matériau. Là, vous avez choisi le bambou.Humberto et Fernando. – Il est inhérent au Brésil.On le retrouve sur le bord des routes, tressé en haies,et les guerriers l’utilisaient pour faire des arcset des flèches. Il a aussi quelque chose d’universel.Pour les Asiatiques, c’est un matériau protecteur ;au Japon, il est largement utilisé en architecture,à Kyoto notamment. Avec ses centaines d’espèceset sa grande souplesse, c’est une ressourcepassionnante. Pour notre réalisation, on l’a travailléen forme d’arche, comme une cathédrale.Quelle symbolique faut-il y voir ?Humberto et Fernando. – Elle est amenée à grandiravec le temps. Son rôle est d’offrir un refuge.À l’extérieur, tout est amplitude : amplitude du vert,du paysage, du ciel, des vents… À l’intérieur,c’est le recueillement, une possibilité de vivre enconnexion avec son âme, dans le silence…

Avec nos vies à cent à l’heure, des lieux pourse retrouver seul avec soi-même sont nécessaires.Travailler avec un matériau vivant et organiqueest plutôt inattendu pour des designers...Humberto. – J’aime l’art paysager. Si nous sommesdes designers, je me considère aussi commeun jardinier. Dans mon immeuble à São Paulo,c’est moi qui m’occupe du jardin ! Notre père étaitingénieur agronome. On a toujours été bercé parles noms de plantes. Des études sur le tissu social ontmontré le rôle essentiel de la nature dans l’estime desoi. L’environnement doit faire partie de notre avenirsocioculturel. Notre dernière collection de mobilieret de miroirs éditée par une galerie parisienne*rend hommage à l’Océan (6 000 kilomètres de côte),qui nous a inspiré notre palette de bleus.Fernando.– C’est une façon de traduire un autreaspect de notre identité brésilienne. En humanisantle design, on espère avoir un impact positifsur les liens dans le processus de production.Est-on dans le registre de l’art ou dans le design ?Humberto et Fernando. – Peu importe. Ce qui comptedans notre démarche, c’est de créer l’émotiondans la fonction, et de toujours associer l’héritagede notre artisanat à nos projets. Artistes oudesigners, nous sommes avant tout des chercheurset des témoins de notre époque ! စ

ဈ *Exposition « Ocean Collection », à la CarpentersWorkshop Gallery, à Paris, jusqu’au 27 juillet.

SIGNÉ CAMPANADES ŒUVRESÀ MÉDITERCirculaire,la cathédrale debambou (ci-dessus)se dresse pourformer, à maturité,une arche. Faceau lac, l’artistenew-yorkaisPasha Radetskya placé deux chaisesmonumentales(ci-contre).

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1991 : Favela Chair, en bois récupéré dansun bidonville de São Paulo, leur chaise culte.1998 : Vermelha Chair (Edra éditeur),la chaise qui les a fait connaître en Europe.2011 : Façade végétale (6 000 plantes)de la Firma Casa, où cohabitent un showroomet une galerie, à São Paulo.2011 : Café Campana, au musée d’Orsay.2012 : Exposition « Barroco Rococó »,au musée des Arts décoratifs, à Paris.2013 : Collaboration au NoordbrabantsMuseum, à ’s-Hertogenbosch, aux Pays-Bas.

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INVITATION AU RÊVEEntre deux escapades,on déjeune surla terrasse ombragéeavant de se poserdans le hamac.Ici, l’atmosphère estcelle d’une maisonde famille.