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hors limites

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  • Muse national d'art moderne

    CentreCentre de cration industrielle Georges Pompidou

    5 990 63

    BORS Llllft ESET Li VIE 195249941: ART

    E 1994 -23 . JANVIER 1995

    9 NOVEMBRE

    6ULM% NORD Et 6ILERIE SUD

    Direction de la communicationAttache de presse :Nathalie GarnierTl : 44 78 46 48Fax : 44 78 13 02

  • Sommaire

    pages

    l'exposition

    Prsentation gnrale 3-4

    Entretien avec Jean de Loisy,commissaire de l'exposition 5-7

    Les artistes prsents 8-9

    Quelques notices d'oeuvres 10-13

    Extraits du texte de Pierre Restany 14-15

    Petit lexique des mouvements abords 16-17

    Hors Limites, c'est aussi . . ..

    - "Monument Flix Guattari",sculpture de Jean-Jacques Lebel 18- Des films et vidos 19-21- Revues Parles 22

    A paratre aux Editions du centre Pompidou 24

    Informations pratiques 25

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  • Prsentation gnrale

    Le centre Georges Pompidou prsente du 9 novembre 1994 au 23 janvier 1995l'exposition "HORS LIMITES L'art et la vie 1952-1994" dans la Galerie Nord et laGalerie Sud.

    Avec une centaine d'oeuvres, l'exposition clbre les artistes qui, aprs-guerre, ont suinventer un art nouveau, hors des conventions esthtiques traditionnelles, rsolumenttourn vers la vie.Cette aventure extrmement fconde met en vidence les relations troites qui ont puexister pendant cette priode entre musique, posie, thtre et art visuel . Elle montreaussi la volont des artistes de faire de l'oeuvre un vnement total s'adressant tousles sens et incluant les notions de processus ou de dure.Actionnisme, Nouveau Ralisme, happening, posie sonore, Fluxus, performance, artcorporel, environnements sont quelques uns des noms qui selon les priodes et les paysont t donns ces nouvelles formes d'art.Les quelque 70 artistes reprsents dans l'exposition creront (Hybert, Kaprow, Perrin)ou restitueront leurs oeuvres cls (Arman, Murakami, Gerz, Ping, Hubaut, . . .) l'originede cette nouvelle libert en art pour la premire exposition de ce type en France.Le spectateur sera confront ces dmarches de faon interactive par les oeuvres, lesfilms, les environnements, les sons qui restitueront l'impact physique que les artistescherchaient transmettre par l'utilisation et la combinaison de tous les moyensphysiques ou technologiques disponibles cette poque.

    La visite du spectateur ne se limite pas uniquement l'exposition . HORS LIMITES,c'est avant tout un tat d'esprit . Des confrences alliant le cinma ou la musique, desfilms et des vidos, des rencontres autour de la sculpture multimdia de Jean-JacquesLebel illustreront ce mixage des arts rsolument tourn vers la vie.

    L'exposition

    L'exposition est divise en deux priodes :

    1952-1968 (Galerie Nord, 1000 m2 environ)1968-1994 (Galerie Sud, 1000 m2 environ).

    Galerie NordLa premire priode aborde la naissance de ce phnomne de 1952 1968 . Elletmoigne de l'extrme libert, de l'indiffrence au march, de l'enthousiasme collectifet volontiers iconoclaste des artistes, musiciens et potes . La parution aux Etats-Unis en1952 du premier livre sur le mouvement Dada est un catalyseur certain de ce regaind'intert pour l'un des mouvements les plus subversifs de notre poque . Les artistes ytrouvent une nouvelle libert explorer . Ils tentent alors d'inventer un art nouveau horsdes frontires que les genres, les classifications, le got ou la morale paraissent fixer .

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  • Le spectateur commence par aborder le contexte potique et musical de 1952 1958.Cette production conduit les artistes ouvrir leur art d'autres perceptions que celleque peut offrir l'espace du tableau. John Cage cre en 1952 une pice silencieuse pourpiano 4'33 dont l'audace iconoclaste fera scandale . C'est l'poque des prmices dumouvement Guta au Japon qui, le premier, organise des manifestations collectives, desactions dans la rue . L'image de Murakami traversant physiquement la toile pour entrerdans la vie a rapidement un impact important sur des artistes qui y voient la mtaphorede la conduite tenir."Rentrer dans la vie" devient alors le mot d'ordre de toute une gnration d'artistes.Ds lors, sculptures vivantes signes par l'artiste, thtre orgiaque destin librerl'artiste des contraintes que la socit fait peser sur le corps, le Saut dans le vide deKlein, les machines autodestructrices de Tinguely, les pomes en forme de cri deFranois Dufrne sont, parmi d'autres, quelques tmoignages d'une nouvelle libert queles artistes conquirent peu peu. Les nouvelles technologies de l'poque et enparticulier le magntophone et la tlvision sont immdiatement utiliss dans lesinstallations . Nam June Paik, le musicien devenu vidaste cre ds 1959 des sculpturessonores et l'allemand Wolf Vostell ralise en 1958 les premiers environnementsincluant des tlviseurs . Les Nouveaux Ralistes en France, les artistes du happeningaux Etats-Unis., Fluxus en Allemagne et aux Etats-Unis, les actionnistes viennois enAutriche et de nombreux mouvements parallles en Italie, Espagne, Amrique du Sud etEurope de l'Est reprsents dans l'exposition rpondent cette nouvelle libert quichange l'art.

    Galerie SudLa rupture sociale, due aux transformations radicales de 1968, marque le dbut de ladeuxime priode de l'exposition avec des artistes comme Gilbert & George, ChristianBoltanski, Vito Acconci, Urs Lthi ou Bruce Nauman . Si l'intrt des artistes pour lelangage, l'impact physique et motif de l'oeuvre, l'utilisation des nouvellestechnologies demeurent, l'atmosphre de cration est tout fait diffrente : lesdmarches sont moins collectives et l'importance accorde avant cette priode auhasard, l'phmre disparat . En revanche, le corps devient le temple des sensations etmotions que l'artiste clbre.

    Certains comme Urs Lthi ou Michel Journiac miment le travestissement, ce que faitDavid Bowie la mme poque, clbrant ainsi le Je est un autre de Rimbaud par unedmarche volontairement drangeante . Vito Acconci confronte le regardeur uneintrospection fortement autorotique, tandis que d'autres artistes deviennent sculpturesvivantes . Lieu des conflits et des passions, le corps est galement bless par l'artiste lui-mme (Chris Burden, Gina Pane) ou encore souill en une parodie des perversionsmdiocres de l'Amrique moyenne (Mike Kelley et Paul Mac Carthy) . La jeunegnration d'artistes ne gardera de ces violentes attaques sociales que l'aspect hroquedes artistes pionniers dont ils imiteront les gestes porteurs dsormais d'une significationtoute diffrente . Leurs gestes emblmatisent cette fois le rle fragile, voire drisoire del'artiste dsignant les prjugs de la socit (Matthew Barney)

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  • Entretien avec Jean de Loisy, commissaire del'exposition *

    Quelles sont les grandes lignes de l'exposition "Hors limites - l'art et et la vie 1952-1994" ?

    C'est une extraordinaire conjonction historique d'individus, de penses, de mouvementsqui, aprs guerre, vont permettre l'art de s'ouvrir vers d'autres territoires . C'est aussiune exposition qui tente de montrer un point de vue nouveau sur une srie d'lans : cetlan, pendant quarante ans, dcloisonne les relations entre posie, musique, danse et artsvisuels alors que beaucoup de critiques d'art l'poque prchaient pour uneaccentuation de la spcificit des catgories. La particularit, l'insolence, la vitalit et lafcondit de ces artistes n'ont pas t values leur juste valeur par les historiens.Hors limites est aussi une correspondance manifeste entre les dmarches d'artistes demoins de quarante ans aujourd'hui et d'autres des gnrations prcdentes qui nousoblige relire l'histoire rcente . En rsum, cette exposition voudrait tendre un fil qui,de l'aprs guerre aujourd'hui, conduit de nombreux crateurs imaginer des oeuvresd'art dont le vecteur n'est plus la forme mais la vie mme . Des oeuvres hors descatgories traditionnelles, la frontire des disciplines, non pas destines produire desobjets offerts notre contemplation mais conues pour donner de nouvelles possibilitsde l'exprience de soi et du monde . Ces nouvelles attitudes correspondent la clbrephrase de Robert Filliou : l 'art est ce qui rend la vie plus intressante que l'art.

    D'o est ne l'ide du projet ?

    Certainement de la lecture du clbre article de Allan Kaprow : "L'hritage de JacksonPollock" . Kaprow prtend que Pollock n'a pas eu le temps d'aller au terme desconsquences de son oeuvre, qui aurait t de ne pas limiter le tableau la toile posesur le sol de l'atelier mais d'y intgrer le sol de l'atelier, les objets, les bruits de la rue,bref la vie mme . Cet article prmonitoire, crit vers 1957, engage videmment l'artdans une voie nouvelle dont l'exposition envisage quelques unes des consquences.

    Vous avez parl d'une extraordinaire conjonction, qu'entendez-vous par cela ?

    En 1950, les photos que fait Hans Namuth reprsentant Pollock en train de peindreconduisent le critique et pote Rosenberg inventer le terme d'action painting.L'accent est alors mis sur l'acte plus que sur l'oeuvre . En 1951, l'artiste RobertMotherwell publie aux Etats-Unis la premire anthologie sur Dada . Jusqu'alorspartiellement masque par le Surralisme, la redcouverte de Dada est dterminantepour beaucoup d'artistes . En 1952, toujours aux Etats-Unis, John Cage fait interprter4'33, le fameux silence qui ouvre le coeur de l'oeuvre aux bruits du monde . La mmeanne il organise avec entre autres David Tudor, Rauschenberg et Cunningham, unvnement qui associe thtre, danse et arts visuels, et qui sera considr comme leprotohappening. En 1955, un an aprs la fondation du groupe Guta au Japon,Murakami traverse en public la surface dore du tableau pour pntrer la vie . Dans un

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  • esprit voisin naissent quasiment au mme moment le Free Jazz, la Beat generation, lehappening, la posie sonore, l'actionnisme, . ..En France, depuis la fin des annes quarante, apparaissent successivement le lettrisme,le situationnisme, les actes dterminants d'Yves Klein alors que se font sentir, parmid' autres, les influences d'Antonin Artaud et Jean Dubuffet, qui tous deux ouvrent deschamps d ' investigation nouveaux, dont au premier chef le corps et les penses nonsocialises . Ces successions d 'vnements, auxquels il faudrait ajouter la prsence deMerleau Ponty et celle de Sartre, et bien sr, deux des grands rassemblements desannes soixante, le Nouveau Ralisme et Fluxus, trouvent leurs consquences en mai1968.

    L'exposition ne s'arrte cependant pas cette date ?

    Non, l ' aventure se poursuit jusqu' nos jours. La deuxime partie de l 'exposition

    conduit le visiteur de la Singing Sculpture de Gilbert et George (1969) MatthewBarney et Fabrice Hybert

    . La sparation de l'exposition en deux parties permet deressentir plus fortement le passage de comportements souvent collectifs, phmres,tablis contre l'institution, des oeuvres intgrant le concept d'action mais conues defaon trs individuelle, souvent pour le muse, avec une mise en scne de lapersonnalit dont le corps devient le point de cristallisation

    . La mise en jeu du Je et del'identit se trouve par exemple chez Urs Lthi, Christian Boltanski ou Vito Acconci.L'accs de nouvelles expriences psychologiques, par le danger ou la douleurauxquels on soumet le corps, correspond aux oeuvres de Chris Burden, Gina Pane ouBruce Nauman. Le corps est toujours l ' oeuvre dans les parodies sociales de Paul MacCarthy ou Matthew Barney . ..

    La posie sera-t-elle aussi prsente ?

    Oui, ou plus exactement la posie sonore, qui explore la relation entre le langage et lespossibilits du corps, reprsente par des artistes comme Gil

    . J Wolman, FranoisDufrne, Henri Chopin, Brion Gysin, Bernard Heidsieck . . . . On dcouvre en 1951 unsurgissement du corps, les bruits du corps envahissent un espace physique nouveau.Moment prcurseur des annes soixante, non pas tant pour l 'actionnisme que pour lesenvironnements de Vito Acconci, lui aussi issu de la posie, de Bruce Nauman, ouencore pour l'oeuvre de Mike Kelley o le langage tient un rle dcisif . Ces recherches,capitales mes yeux et dans lesquelles les crateurs franais ont tenus un rlefondamental, ont t considres comme un avatar de l'exprience littraire. Al'vidence, quand le mot sort de la page, il devient un vnement psychologique etphysique pos dans l'espace au mme titre qu'une sculpture . Je n'oublie cependant pasle rle tenu par Kurt Schwitters, Raoul Haussmann ou Antonin Artaud dans cetteaventure.Nous parlons de la posie car cette relation a t moins explore, mais l'expositiondonne une importance quivalente la musique avec John Cage, La Monte Young ouLaurie Anderson, tous d'une influence considrable par leur collaboration constanteavec les artistes .

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  • Comment prsenter quarante ans de cration ?

    L'exposition est limite aux sources et aux consquences de la performance ou duhappening sur les oeuvres . Ce n'est pas une histoire de l'action ou de la performancemais une srie d'exemples qui montrent la faon dont les oeuvres, tableaux, sculptures,films, photos, environnements ont intgr dans leur dfinition physique la notiond'vnement.Manquent videmment beaucoup d'artistes clefs de cette priode comme Oldenburg,Tanaka, Oppenheim, Rebecca Horn ; manquent aussi les expriences capitales deRichard Serra ou Bob Morris, ou les consquences de cette aventure sur des artistescomme Richard Long ou Robert Smithson etc . . . Cette exposition est la premire enFrance sur le sujet, elle est inaugurale et imparfaite, d'autres se prparent sur le mmethme ici ou l, qui complteront et corrigeront cette esquisse.

    Comment l'exposition s'inscrit-elle dans la programmation des manifestations duMuse national d'art moderne ?

    Elle rpond une cohrence que je crois passionnante pour le public qui, de l't 1994 l't 1995, associe dans la programmation les rtrospectives Joseph Beuys, KurtSchwitters et Bob Morris, trois artistes fondamentaux pour cette histoire hors limitesdes liens entre l'art et la vie, l'autre face de l'art comme le cite Pierre Restany.

    * Entretien extrait du Magazine du Centre Georges Pompidou n 83

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  • Les artistes prsents dans l'exposition

    Galerie Nord

    ARMAN (1928 -)Julien BLAINE (1942 -)George BRECHT (1926 -)William BURROUGHS (1914 -)Andr CADERE (1934 - 1978)John CAGE (1912-1992)John CALE (1940 -)Henri CHOPIN (1922 -)CHRISTO (1935 -)Franois DUFRENE (1930 - 1982)Oyvind FALHSTROM (1928 - 1976)Robert FILLIOU (1926 - 1987)Brion GYSIN (1916 - 1986)Raymond HAINS (1926 -)Raoul HAUSMANN (1886 - 1971)Bernard HEIDSIECK (1928 -)Isidore ISOU (1925 -)Allan KAPROW (1927 -)Yves KLEIN (1928 - 1962)Tetsumi KUDO (1935 - 1990)John LATHAM (1921- )Jean- Jacques LEBEL (1936 -)LEMAITRE Maurice (1926 -)George MACIUNAS (1931 - 1978)Piero MANZONI (1934 - 1963)LA MONTE YOUNG (1935 -)Otto MUHL (1925 -)Saburo MURAKAMI (1925 -)Hermann NITSCH (1938 -)Yoko ONO (1933 -)Nam June PAIK (1932 -)Michelangelo PISTOLETTO (1933 -)Robert RAUSCHENBERG (1925 -)Gerhard RHUM (1930 -)Carolee SCHNEEMANN (1939 -)Chieko SHIOMI (1938 -)Kazuo SHIRAGA (1924 -)Daniel SPOERRI (1930 -)Jean TINGUELY (1925 - 1991)Ben VAUTIER (1935 -)Jacques de la VILLEGLE (1926 -)Wolf VOSTELL (1932 -)Andy WARHOL (1928 - 1987)Gil . J . WOLMAN (1929 -)

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  • Les artistes prsents dans l'exposition

    Galerie Sud

    Marina ABRAMOVIC / ULAY (1946 -) et (1943 -)ABSALON (1964 - 1993)Vito ACCONCI (1940 -)Laurie ANDERSON (1947 -)Matthew BARNEY (1967 -)Christian BOLTANSKI (1944 -)Chris BURDEN (1946 -)Valie EXPORT (1940 -)Jochen GERZ (1940 -)GILBERT & GEORGE (1943 -), (1942 -)Jol HUBAUT (1947 -)Fabrice HYBERT (1964 -)Michel JOURNIAC (1943 -)Mike KELLEY (1954 -)Janis KOUNELLIS (1936 -)Urs LUTHI (1947 -)Paul MC CARTHY (1945 -)Pierre MOLINIER (1900 - 1976)Bruce NAUMAN (1941 -)Alarma O'KELLY (1955 -)ORLAN (1947 -)Gina PANE (1939 - 1990)Philippe PERRIN (1964 -)Huan Yong PING (1954 -)Klaus RINKE (1939 -)Pierrick SORIN (1960 -)Jana STERBAK (1955 -)Patrick VAN CAECKENBERGH (1960 -)Bill VIOLA (1951 -)Franz WEST (1947 -)Marian ZAZEELA (1940 -)Gilberto ZORIO (1944 -)

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  • Quelques notices d'oeuvres

    Saburo MURAKAMI,Entre, 1955

    L'oeuvre de Murakami, membre du groupe Guta, est le rsultat d'une action dans laquellel'artiste traverse une succession de feuilles de papier dor tendues sur chassis . Elle fut ralisepour la premire fois au Ohara Kaikan Tokyo, lors de la premire exposition Guta en 1955,anne o Murakami rejoint le mouvement.Les crans perfors sont les traces vives de cet acte violent . Il s'agit l d'un geste symboliquetant par rapport la structure habitable japonaise (cloisonne par des paravents de papier) qued'une mise distance du schma de reprsentation occidental : le tableau . Cette oeuvre illustrede manire exemplaire les propos tenus par Yoshihara Jiro (fondateur du groupe Guta) dansson manifeste de l'Art Guta en 1956 : nous avons choisi le terme de "Guta" (concret) surtoutparce que nous voulions nous positionner de manire ouverte sur l'extrieur . Ainsi la surfaceperfore que nous voyons n'est plus cet objet (le tableau traditionnel) mdiateur entre uneralit qu'il reprsente et le spectateur . C'est en cela que Guta-Concret tire son plein sens . Lesoeuvres sont des cris pousss par la matire dit encore Yoshihara dans le mme texte, parlantde Pollock et Matthieu qui sont deux rfrences pour ces artistes . La volont de laissers'exprimer la matire se ralise chez Murakami par un acte instantan qui "ne transforme pas,ne dtourne pas la matire (mais) lui donne vie ."(ibidem)

    Brion GYSINI am That I am, 1960

    On pourra entendre le pome I ani That I am dans un petit espace sonore et visuel.L'enregistrement du pome dit par l'artiste passe en boucle tandis qu'aux murs troisdiapositives sont projetes. Il s'agit d'autoportraits photographiques de Gysin sur lesquels lesmots "I am That I am" sont gratts, suivant trois compositions diffrentes . Celles-ci relventd'un systme mathmatique de permutations, fond sur la progression gomtrique . Chaquemot est un lment qui va occuper successivement toutes les positions dans la proposition.Dans une phrase de cinq lments comme ici, le nombre de combinaisons quivaut 120 (soit5x4x3x2x1).

    Gysin permute tous les lments de la chane verbale : les mots deviennent matriaux bruts,spars de tout contexte grammatical . Il les utilise la fois dans leur dimension sonore,visuelle et smantique . Son mode de cration procde du collage : c'est en 1960 qu'ilexprimente sa propre voix d'abord en l'enregistrant la radio puis avec les nouveauxmagntophones seize pistes . Ceux-ci, la diffrence des magntophones fil jusque l enusage, permettent le montage . C'est ce procd de "couper-coller" qu'utilise Gysin, aprs l'avoirappliqu pour la premire fois en 1959 sur le texte crit . Les permutations potiques sontautant vocales que visuelles, elles deviennent partitions lire . La surimpression sonorecorrespond l'effet de retour de la phrase sur elle-mme, ainsi, la syntaxe est clate, au profitd'une phrase sans dbut ni fin, dont la temporalit linaire a disparu . Ces procds sont rapprocher des recherches de Brion Gysin sur l'criture arabe . A ce sujet, il dit : L'criture acinquante ans de retard sur la peinture . Ceci doit tre "1 'art sans art". On ne peut pasm'appeler l'auteur de ces images qui sortent formes par les couleurs, n'est-ce pas ? Rattrapezle retard dans votre criture : faites-le avec des mots .

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  • Oyvind FAHLSTROMThe Little General (Pinball Machine), 1967

    Cette structure variable consiste en un bassin rempli d'eau (50 x 500 x 270 cm) sur lequelflottent une vingtaine d'lments . Il s'agit de photographies ou de srigraphies dcoupes etmontes sur plexiglas . Tires de sources iconographiques populaires : journaux, bandesdessines, publicits, ces images sont des signes immdiatement reconnaissables par tous.L 'artiste ne recherche pas un style qui lui soit propre mais il puise dans la masse des clichs lesplus communment reproduits . Il prlve les illustrations qui foisonnent dans les mdias et lescombine.Pour lui, ces " clichs" sont des modles figs dont le sens, commun, est clos sur lui-mme . Latechnique de dcoupage de silhouettes affirme cette ide de "forme-sigle" (terme de Fahlstrmpour dsigner des logo-types) emblme et signification . La conjonction d'images diffrentesest appele "Bissociation" par Oyvind Falhstrm . On trouve ainsi le sigle d'Esso comme socled'une bouteille de Coca-Cola que tient la main de la statue de la Libert

    . Il s'agit pourFahlstrm de perturber les codes conventionnels en les incluant dans une structure de jeu

    . Lesclichs appartiennent la rgle (sociale) dont ils forment la stucture fixe.La rnthode employe se rattache celle des compositions musicales de John Cage, base surl'alatoire . La variable introduite ici est la manipulation possible par le public des diffrentslments . L 'utilisation du plexiglas, lger et transparent, comme support permet une multitudede combinaisons sans cesse mouvantes : telle figure politique va naviguer proximit d'unemarque d'huile pour moteur, le Gnral de Gaulle flotte prs d'un yogi ou bien d'AvaGardner. ..Le titre voquant une figure militaire, Oyvind Fahlstrm tablit un parallle entre la stratgieguerrire et la stratgie commerciale . Cette bataille navale est une parodie de l'imprialismeamricain aux armes grande diffusion : Coca-Cola, Marilyn . . . C'est aussi une mesure desfigures emblmatiques des "grands hommes" jaugs l'aune de leur popularit "mdiatique",c 'est dire leur clbrit.La vitesse de reproduction de l'image devient technique de conqute . Le portrait devientenseigne, dans les deux sens du terme (commercial : enseigne de magasin ; guerrier : portedrapeau .)Partant de l'imagerie Pop, Oyvind Fahlstrm la destructure en donnant chacun la possibilitde donner forme l'oeuvre. Il s'agit l d'une vision utopique de la socit qu'il a formuleainsi : . . . l'ide du jeu reprsente pour moi une vision simple et fondamentale de la vie.

    Bruce NAUMANBouncing Two Balls Between the Floor and Ceiling with Changing Rythms,1967/1968, (NB, 9 mn, son)

    Ce film s'intgre dans une srie de films tourns l'aide d'une camra fixe . Celle-ci enregistredes performances ralises dans l'atelier de l'artiste.Bruce Nauman exprimente cette poque les gestes qu'un artiste peut faire dans cet espaceprcis. Ce travail est bas sur l'apprhension de l'espace par le corps . Il s'agit de la rptitiond 'activits banales, comme le pitinement ou la marche, excutes mthodiquement jusqu'puisement du corps et fin de la pellicule . L'ide de dpart tait de raliser un film sans dbutni fin, montrant une activit continue . On voit Nauman lanant deux balles au centre d'un carrtrac sur le sol . Ainsi un rythme sonore et visuel s'tablit . La balle rebondit une fois au sol etune fois au plafond, ou bien deux fois au sol et une fois au plafond. L'artiste tente d'obtenir ungeste synchrone mais ne peut en garder la constance . La fatigue lui fait lancer la balle hors duchamp dlimit . L'absurdit machinale de ces actes voque certains textes de Beckett,notamment "Molloy", qui a beaucoup marqu Bruce Nauman. Ici la performance n'est pasralise en direct mais mdiatise par le film . Le procd mme de tournage conditionne la

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  • rception de cette oeuvre par le spectateur . Il est alors tmoin d'une exprience qui a eu lieu etdont la vision provoque les mmes effets que s'il la vivait . Le but de l'artiste est de jouer surles limites d'attention de celui qui regarde.

    John CAGE33 1/3, 1969

    Cette installation musicale est ralise pour la premire fois en 1969 . Elle est montre dansl'exposition selon le principe cr par l'artiste . Comme la plupart de ses compositions, la piceest adaptable au lieu qui la reoit . Une dizaine de socles supportent chacun une platine surlaquelle se trouve un disque de jazz . Des hauts parleurs sont dissimuls dans les bases . Lepublic est invit choisir un morceau de musique, crant ainsi une composition alatoireforme des divers sons entendus . A l'instar de la dmarche de John Cage, les notionsd'indtermin, de participation du spectateur et d'intgration environnementale de l'oeuvrecaractrisent cette pice . Le public devient lui aussi crateur . Par son choix dont il estresponsable, il n'est plus seulement auditeur mais intervient dans le processus.Les sons se diffusent dans l'exposition, se mlant aux bruits provenant des autres oeuvres, desconversations et du dplacement des gens . Cette sculpture sonore interactive illustre la pensede Cage : je n'ai plus regard l'art comme une chose faite d'une communication de l'artiste aupublic, mais plutt comme une activit dans laquelle l'artiste trouvait un moyen de permettreaux sons d'tre ce qu'ils sont et tant ce qu'ils sont, d'ouvrir l'esprit de ceux qui les produisentou les coutent des possibilits autres que ce qu'ils avaient auparavant envisag.

    Chris BURDENThe Big Wheel, 1979

    Cette sculpture cintique, ncessitant l'intervention humaine, est constitue d'une grande roueen fer d'un seul bloc de 2,6 m de diamtre monte sur un axe rotatif qui la maintient environ30 cm du sol . La structure de soutien est forme de poutres en bois sur lesquelles l'axe est fix.Une moto est positionne de telle manire que son pneu arrire soit en contact avec la roue enfer . Son dmarrage entrane l'immense roue qui tourne ensuite silencieusement durant 2 heureset demie, la moto tant alors retire.

    Cette sculpture dnote l'intrt de Chris Burden pour les relations entre la vitesse, l'espace et lalumire . La Big Wheel n'est pas une oeuvre purement technologique, l'action humaine restantle facteur essentiel . En effet, comme dans les performances des annes 70, le corps est lecatalyseur d'nergie qui dclenche l'action . Toutefois ici, le corps de l'artiste n'est plus lesujet, c'est le public qui est confront la violence, devenue indirecte et mdiatise par lamachine . Celle-ci, tournant absurdement, est une mtaphore de la dpense d'nergie inutile etde la perversion de l'ide de progrs technologique.Chris Burden nous montre ici sa fascination pour l'nergie emmagasine et utilise, jouant surles limites de rsistance des matriaux comme il jouait sur celles de son corps auparavant . LaBig Wheel reste avant tout une sculpture dont la beaut hypnotique suscite une forte motion.Ses dimensions imposantes (environ 4,7 m x 3,90 m) et sa masse sont transformes par la forcemotrice de la roue, elle devient un immense cercle vibrant dans l'espace .

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  • Paul MAC CARTHY et Mike KELLEYMidlife Crisis Trauma Center and Negative Media Engram Abreaction Release Zone,1992

    Cette installation comprend une maison en bois et un moniteur vido prsent ses cts . Lemoniteur prsente une bande vido "Heidi" (60 mn) ralise par les deux artistes ; la maison debois, grandeur nature, est le dcor du chalet qui a t utilis pour le tournage du film.Dans ce film, Mac Carthy et Kelley ont adapt le roman de Johanna Spyri "Heidi", en ledtournant pour en faire une parodie . Le conte moral suisse est transplant dans l'univers desfilms d 'horreurs aux Etats Unis . L'histoire originale raconte comment la petite Heidi, orphelinerecueillie par son grand pre vivant dans les Alpes Suisses, va dcouvrir les joies de la natureet l'amiti du petit berger Peter . Elle aide par la suite une jeune citadine handicape recouvrerla sant grce un sjour alpin . Mais l'inverse du rcit bon enfant de Heidi, la petite maisonsuisse devient le sige de scnes mouvementes . On y voit les deux artistes masqusinterprtant le rle du grand pre et de la petite fille, s'aidant de prothses de cinma . Ilsintervertissent parfois leurs personnages ou bien utilisent des mannequins . On voit ainsi Heidiaffuble du masque de Madonna . La dnaturation atteint tous les personnages et Peter est, danscette nouvelle version, un pantin dbile au comportement psychotique . Les trucages, lemauvais montage et la colorisation de qualit douteuse renforcent l'aspect cinmatographiquebas de gamme.Cela participe de la stratgie visuelle employe par Paul Mac Carthy et Mike Kelley pourparodier les sries tlvises amricaines et le cinma hollywoodien de srie B . L'utilisationd'archtypes emprunts ces mdias confronte le public avec les images quotidiennes qu'il al'habitude de recevoir . Il s'agit d'une critique acide de la socit amricaine laquelle lespectateur est renvoy .

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  • Extraits du texte de Pierre Restany paratre dans lecatalogue

    (. . .) Ds le dbut des annes cinquante, en pleine apothose de l'expressionnismeabstrait, la scne culturelle new-yorkaise se pose le problme : comment pallier l'usureexpressive du geste d'action? Peinture physique, situe d'emble avec Pollock auparoxysme de sa tension intrieure, l'action painting a trs vite puis sa propremotivation . Aprs la priode des leaders, il n'y a pas eu de seconde gnration . Grandentre les grands, Pollock lui-mme abandonne en 1952 le dripping son blouissantetechnique d'claboussures de peinture maille asperges sur la toile plat par terre ,qu'il avait inaugur la fin de 1946.Problme angoissant . Cette action painting cent pour cent amricaine n'tait doncqu'un feu de paille sans lendemain? cette interrogation fondamentale, Rauschenbergapportera la plus brillante et la plus satisfaisante des rponses : la combine painting,l'insertion de l'objet trouv sur un fond pictural expressionniste . Cette oprationalchimique dbute la fin de 1953 et s'panouit pleinement en 1955, lorsqueRauschenberg trouve le terme, qu'il emprunte au langage de l'agriculture mcanise :combine est le nom que les Amricains donnent la moissonneuse-batteuse, machineagricole polyvalente.La combine painting est une illustration spectaculaire de la Theory of Inclusion deJohn Cage, le compositeur Hors limites par excellence, dont l'influence a domin, lamanire d'un gourou dada, toute la priode pr-pop des annes cinquante/soixante,jouant, New York, sur la courbe des fissions smantiques le rle de catalyseur de lasynthse dviante, qui aurait pu tre celui, entre 1915 et 1925 Paris, d'un Erik Satie, sil'humoriste quinquagnaire d'Arcueil avait eu affaire des jeunes loups aux dentsmoins longues que celles de Breton ou Tzara.Grand admirateur du Satie des musiques de Parade (1915) et d'Entracte (1924), qu'iln'hsitait pas qualifier de Webern dada, Cage fondait sa Theory of Inclusion sur leprincipe de simultanit sonore russolienne et sur le jeu du hasard . Ses confrencessimultanes sont fameuses ; elles consistaient en un dialogue avec lui-mme, entre savoix relle et sa voix enregistre au magntophone . Frapp par l'analogie entre leshexagrammes du Yi-king et la structure de ses partitions, il compose Music of Changesen jouant pile ou face chaque lment.John enseignait l't au Black Mountain College (Caroline du Nord), clbre ppinirede talents dans les annes quarante/cinquante, et c'est de l que date son amiti avecRauschenberg . En 1951, ils exploreront simultanment les limites formelles del'expressivit visuelle et sonore . Les White Paintings de Rauschenberg sont lgrementantrieures la Silent Piece de Cage . Rauschenberg a vingt-six ans lorqu'il excute saWhite Painting (sept panneaux monochromes blancs) . Le Rauschenberg de la WhitePainting en 1951, c'est le Marcel Duchamp de 1913, celui des 3 Stoppages-talon et dela Roue de bicyclette . Il a fait le silence en lui, un geste dfinitif est accompli . C'est lesigne de la catharsis, l'initiation l'thique de l'indiffrence . ( . . .)

    ( . . .) En 1952 John Cage ralise au Black Mountain College une manifestation destine occuper une place minente sur l'autre face de l'art, la concerted action, qui combinepeinture, danse, film, projections, enregistrements, radio, posie, piano, confrence,"avec le public au milieu" . Parmi les participants, on voit John Cage en smoking

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  • discourant sur Matre Eckhart, Charles Oison et M . C . Richards rcitant parintermittences, David Tudor au piano, Rauschenberg au phonographe,Merce Cunningham la pirouette, suivi obstinment d'un chien errant . Venant bienavant les festivals d'Osaka (1955 et 1957) du groupe Guta, la concerted action peutapparatre comme le premier happening ante litteram, ou du moins comme uneprfiguration du futur style Kaprow. Une diffrence majeure spare l'esprit Guta dumatre Yoshihara de la concerted action nodadaste : le poids de la rfrence zen, qui,chez les artistes japonais, conditionne un accord direct avec la nature et un absolutismedu comportement . L'usage Zen de la libert existentielle entrane un extrmismephysique dans le langage du corps, trs videnci chez Murakami, Shiraga ou Tanaka.C'est cette dimension spcifique que sont particulirement sensibles les artistes de lafonction dviante des annes quatre-vingt/quatre-vingt-dix, les contemporains desKelley, McCarthy, Romero, Sterbak, Barney, ou Hybert et Perrin, et c'est ce quiexplique le regain d'intrt qui s'attache aux manifestations originelles du groupe, enparticulier celles qui sont antrieures 1958, date de la rencontre de Yoshihara et dugroupe Guta avec Michel Tapi et Georges Mathieu rencontre qui dterminera chezles artistes d'Osaka un virage collectif vers la peinture informelle parisienne . ( . . .)

    (. . .) Comme le dit Kaprow au sujet de ses propres happenings, l'ide en a pris corps partir d'une srie de collages et d'assemblages raliss entre 1953 et 1956, et pourlesquels l'artiste employait tout ce qui lui tombait sous la main . La stimulation initialevenait de Pollock et de l'allover painting, cette peinture gestuelle dans laquelle latension est galement rpartie sur la totalit de la surface . Visitant une exposition dePollock, Kaprow avait eu la sensation physique d'entrer dans le dripping, d'tre entouret inclus dans la peinture . Avant de devenir le disciple de John Cage, Kaprow avaittudi la peinture avec Hans Hoffman et Meyer Shapiro . Il va ainsi au-del du collageschwittrien en mettant la peinture dans tous ses tats . A la projection prolifrante ducollage, Kaprow donne le nom d'environnement. Il dpasse l'espace conventionnel dela peinture . L'espace de l'environnement est celui de la vie, de la rue, de la ville, de lanature . Par cette double dfinition de deux "Artforms" spcifiques, l'environnement etle happening, Allan Kaprow se situe au coeur de l'autre face de l'art, et aussi lacharnire de l'exposition Hors limites . Il s'inscrit rsolument contre-courant de laligne esthtisante assembliste, qui trouvera sa culminance dans le pop art . Il optersolument pour l'action contre l'oeuvre, pour la dimension phmre de la libertexistentielle . Le happening nat dans la prhistoire du pop art, mais Allan Kaprow a sului assigner un destin autonome . ( . . .)

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  • Petit lexique des mouvements abords

    actionnisme viennoisGroupe d'artistes viennois, actifs entre 1962 et 1968, comprenant Hermann Nitsch, Otto Mhl, GnterBrus, Rudolf Schwarzkogler . La spcificit du groupe, se situant dans le contexte du dveloppement deshappenings, rside dans des mises en scnes violentes o le caractre sacrificiel et punitif doit ouvrir lavoie un processus de libration.

    action paintingLanc en 1952 par le critique amricain Harold Rosenberg, ce mouvement dsigne au dpart les peintresgestuels : Pollock, de Kooning et Kline. La toile devient pour ces peintres amricains d'avant-garde "unearne, un lieu d'action" . Par consquent, ce qui advient sur la toile constitue un vnement, et non uneimage . En se librant des valeurs politiques, morales et esthtiques, les artistes de l'action painting ontrussi pour la premire fois dans l'histoire de l'art supprimer la distinction entre l'art et la vie.

    body artCe mouvement apparat la fin des annes 1960 et tout au long des annes 1970 . Le corps est cette foisutilis comme support d'une action et non plus comme objet de reprsentation . Cet art implique engnral la prsence d'un public, mme restreint, avec lequel l'artiste entend tablir une communicationimmdiate (Journiac, Lthi, Rinke, Pane, Acconci, . . .) . Paradoxalement, la diffusion des actes de cesartistes ne peut se faire que par l'intermdiaire du film ou de la photo, ce qui ne permet plus ensuite lacommunication artiste-public.

    environnementTerme apparu dans les annes 1960 pour dsigner des oeuvres en trois dimensions o le spectateur estinvit circuler : du Merzbau de Kurt Schwitters aux environnements lumineux de Fontana, il peutdsigner par extension un " lieu artistiquement conu" (maison de Jean-Pierre Raynaud), une architectureludique (Elle de Niki de Saint Phalle et Tinguely), ou encore un conglomrat (assemblages d'objetscourants du Pop Art) . Certains comme Buren l'intgrent systmatiquement dans leur dmarche, d ' autresfont appel la technologie (Vostell) pour solliciter la participation du spectateur.

    fluxusDe l'anglais "flux", le mot Fluxus fait rfrence au cours ininterrompu de l'existence et manifeste lavolont de ne pas sparer l'art de la vie. Mouvement international qui se dveloppe, proprement parler,ds 1961 . Fluxus fait du mlange des domaines - musique, action, arts plastiques, verbe - l'un de sescaractres fondamentaux.Le mouvement Fluxus correspond plus un tat d'esprit la fois subversif et humoristique qu' unmouvement d ' artistes dont la liste est close . Il se caractrise aussi par l'eclectisme de ses productions(publication de livres et priodiques, reprsentations, objets, films, festivals).

    GutaGroupe de jeunes artistes japonais runis partir de 1952-53 dans la rgion de Kob autour de J.Yoshihara . Le terme guta (concret) dsigne l'intention d'aller au-del de la matire picturale par uneexpression s'laborant directement avec la matire elle-mme . Leur art se manifeste par des actions enplein air (happenings avant la lettre) . Le critique Michel Tapi les rencontre en 1958 . C'est partir de cemoment-l que le groupe Guta s'exprime sur la scne internationale . En 1972 la mort de Yoshihara,provoque la dissolution du groupe.

    happeningDans un article de 1958, Allan Kaprow conoit une forme d'art alatoire et phmre qu'il nomme lehappening (vnement en train d'avoir lieu) . Le happening devient un vnement auquel participe lespectateur, un vnement thtral spontan et dpourvu d'intrigue, en analogie aux thories de John Cageen musique . Il s'inscrit dans une dmarche libratrice de toute contrainte, aussi bien artistique quesociale, et dans une recherche de communication entre l'art et la vie . Le caractre provocateur ethumoristique du happening n'est pas sans rappeler les mouvements Fluxus et Dada . A la fin des annes1960, le happening prend deux voies diffrentes, d'une part le Body Art qui pose le corps en mdiumprivilgi, d'autre part l'action ou la performance .

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  • lettrismeMouvement fond en 1946 par Isidore Isou, avec Gabriel Pommerand, ardent dfenseur de la thorie etde la pratique de la systmatique de la lettre dans tous les domaines artistiques . Mais le Lettrisme n'estpas un mouvement littraire ou artistique, c'est un mouvement utopique de libration de l'individu par lagnralisation de la crativit dans tous les domaines.

    nouveau ralismeRegroups en France autour de Pierre Restany, les nouveaux ralistes signent leur premier manifeste en1960 . Ce mouvement rassemble une douzaine d'artistes (Klein, Arman, Hains, Spoerri, Csar, . . .) pour de"nouvelles approches perspectives du rel".Les artistes utilisent diffrentes stratgies d'appropriation du rel selon la nature de l'objet choisi(Christo, Csar, Arman et Tinguely choisissent les rebuts industriels ; Hains et Villegl utilisent desaffiches trouves dans la rue ; Spoerri, des objets de la vie quotidienne qu ' il "pige" dans des tableaux,. . .) : ils quittent ainsi le terrain de la peinture et refltent la structure socio-conomique de leur poque.

    performanceApparu vers 1970, ce terme appartenant au vocabulaire anglo-saxon peut tre traduit par"accomplissement" . L 'art de la Performance affirme la primaut de l 'acte crateur . Le terme dsignedonc toutes les ralisations publiques des courants qui requirent la prsence du spectateur pour menerl'oeuvre bien.Les premiers happenings de John Cage et les events de Fluxus constituent la source la plus dterminantede la performance dans les annes 1960.

    Posie SonoreLe futurisme italien a le premier affirm le bruit comme musique, Dada et les lettristes se sont galementintersss au son mais la vritable ide des artistes de la posie sonore est de montrer que la dmarcationqui spare la musique de la posie est arbitraire . Il s'agit selon Burroughs de "briser les catgories, delibrer la posie de la page imprime", Dufrne s'emploie lui aussi mettre en vidence la subtilit de laposie, forme d'expression cheval entre l'crit et le sonore . L'apparition du magntophone permet denouvelles manipulations du son. C'est ce que fait Heidsieck en retravaillant la bande enregistre pour"veiller notre conscience individuelle et collective" . Dans la premire revue internationale de posiesonore OU qu' il fonde en 1964, Chopin parle ce sujet de posie lectronique : nouvelle technique,nouvelle posie .

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  • Monument Flix Guattari,sculpture multimdia de Jean-Jacques LebelForum, RdC9 novembre 1994 - 23 janvier 1995

    Il y a une concordance intrinsque entre l'art processuel prn par Flix Guattari etl'exposition Hors Limites qui explore les zones frontires et interactives entre les arts etles autres activits humaines.C'est parce que Guattari a suscit l'mergence d'une pense et d'une pratique alternativesdans les sciences humaines et que l'exposition Hors Limites dcouvre des mouvementsquivalents dans la musique, la posie et les arts visuels qu'il parat juste de prsenter auvisiteur le Monument Flix Guattari, hommage de Jean-Jacques Lebel son ami et co-pilote. Gilles Deleuze "contribuera" un texte indit.

    Ce monument est une sculpture de huit mtres de haut compose d'un coeur tournant(de quatre mtres) suspendu au plafond, d'une machine automobile (une Renault 25identique celle de Guattari) . Dans la voiture, dont le moteur est remplac par desplantes vivantes, un magntophone avec la voix de Flix Guattari, enregistre lors d'unede ses performances en 1982 Polyphonix 7, racontera un rve qui a dtermin sonoeuvre et sa vie . A ct sont installs une table quipe d'une lampe, un micro et unechaise . Des moniteurs vidos diffuseront des interviews de Guattari.Cette oeuvre collective fait suite une performance intitule Quand c'est fini, c'est pastermin, produite pour la soire consacre Flix Guattari au Centre Georges Pompidoule 29 janvier 1993.

    Le monument Flix Guattari a t ralis avec le concours de la Fondation AntonioMazzotta de Milan.

    Rencontres autour du monument Flix Guattari

    de 20h30 21h30 les jeudis 10, 17, 24 novembre et les jeudis 1er, 8 et 15 dcembreForum, RdC

    Amis et collaborateurs de Flix Guattari (artistes, philosophes, crivains,musiciens, . . .) seront invits intervenir dans ce carrefour des mmoires qu'estl'Oeuvre Monument.

    Une mission de France Culture sera ralise partir de ces interventions et de celles dupublic.

    Parmi les intervenants : Raymond Bellour, crivain, Jacqueline Cahen, pote, AllenGinsberg, pote, Edouard Glissant, pote, Sacha Goldman, cinaste, Bernard Heidsieck,pote, Jol Hubaut, plasticien, Franoise Janicot, plasticiennt,Allan Kaprow, artiste,Edgar Morin, philosophe, Jean-Claude Pollack, psychanalyste, Arnaud Labelle-Rojoux,artsite, Danile Sivadon, psychanalyste, Paul Virilio, philosophe, Daniel Caux,musicologue . . .

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  • "Le cow-boy et l'indien, quelques rendez-vous avecJean-Jacques Lebel", un film de Alain Fleischer,1994

    Petite Salle, ler sous-soldu 18 au 23 janvier 1995, 15h00(le 23 janvier 21h00)

    Ce film s'efforce de rendre compte d'une oeuvre aux multiples facettes (peintures,sculptures et collages) et de retracer le parcours d'un artiste marque son poque : Jean-jacques Lebel introduit trs tt en France les premiers happenings et fait connatre lespotes de la "Beat Generation" . Il est aussi le crateur et l'animateur de Polyphonix.Coproduction : Centre Georges Pompidou, Films d'ici, France supervision et Dlgationaux Arts Plastiques .

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  • Des films et vidos

    Un cycle de vidos "HORS LIMITES OFF"

    9 novembre 1994 - 23 janvier 1995Espace vido du Muse, 3e tage

    Conue partir de la collection du Muse national d'art moderne, cette programmationregroupe les vidos qui ont trait la performance, et d'une manire plus large l'engagement de l'artiste dans sa propre cration . Une centaine de vidos serontconsultables en continu du 9 novembre au 23 janvier 1995.A partir des annes 50, les pratiques artistiques perdent dsormais leur spcificit . Lecorps de l'artiste devient le sujet, l'objet et le moteur de l'oeuvre : l'oeuvre devient acte.La vido, considre par Fluxus comme participant de l'art est la fois l'acteur, la traceet le vhicule de l'phmre .

    Si la vido permet dans un premier temps d'enregistrer simplement ces actes(happenings, performances, vnements, actions), elle donne galement lieu destravaux d'artistes qui les conoivent spcifiquement pour ce mdium . Le corps del'artiste est mis l'preuve dans des actions minimales, symboliques ou bien mis auservice d'une narration, dont les aspects sont multiples.

    Une quarantaine d'artistes sont reprsents travers cette programmation : VitoAcconci, Joseph Beuys, Chris Burden, Peter Campus, Bruce Nauman, Valie Export,Robert Filliou, Allan Kaprow, Robert Morris, Dennis Oppenheim, Nam June Paik, BillViola, Mike Kelley et Paul Mac Carthy, etc

    Des films de cinma exprimental

    9 novembre - 11 dcembre 1994Cinma du Muse, 3e tagetous les jours, sauf le mardi, 18h

    Ce programme de films exprimentaux tablit un panorama des relations qui se sontdveloppes entre cinma, performances et happenings pendant la priode 1952-1994.En raction l'expressionnisme abstrait et tout ce qui, de manire gnrale, s'apparente une position no-romantique de l'artiste, le dbut des annes 50 est marqu tant enFrance qu'aux Etats Unis par le renouveau dadaste, mettant en le hasard la drision,l'humour et la provocation.

    La dmarche de John Cage, imprgne de philosophie boudhiste, l'amne concevoir lapice Silence 4'33", concomitante du film L'Anticoncept de Gil J. Wolman, puis du filmimaginaire sans pellicule de Franois Dufrne Tambours du jugement dernier. Dechaque ct de l'Atlantique, l'artiste dsire en finir avec l'oeuvre finie, confine dans un

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  • espace prdtermin pour un public rcepteur et passif . Au dbut des annes 60, avecFluxus, le cinma retrouve un tat primitif, la joie et la navet d'un Mlis (RobertFilliou intitule d'ailleurs la compilation de ses One minute films Hommage Mlis) ol'humour se mle la volont des cinastes de pousser la patience du public dans sesderniers retranchements (Yoko Ono, Nam June Paik) . En 1963, Andy Warhol ralise sespremiers films Eat (long plan fixe du pote Robert Indiana en train de manger unchampignon hallucinogne) puis Sleep . L'oeuvre est immdiatement prsente par JonasMekas aux projections de la Filmmakers cooperative et fait date dans le monde del'underground new yorkais.

    C'est aussi cette poque qu'en reprenant l'bauche d'Antonin Artaud d'un Thtre de lacruaut "je veux un thtre qui soit une thrapie de choc", merge en Autrichel'actionnisme viennois autour de Otto Mhl, Gnter Brus, . . . Leurs actions intressentrapidement les cinastes exprimentaux de Vienne comme Kurt Kren ou Ernst SchmidtJunior . A cet actionnisme anarchiste des viennois, Gina Pane et Michel Journiacopposent une vision mystique du corps . Gina Pane enregistre elle-mme ses actions aumoyen de la vido ; Michel Journiac fait appel, comme les actionnistes viennois, auxcinastes impliqus dans la reprsentation du corps (Stphane Marti, . . .).

    Au milieu des annes 60, le cinma opre une mancipation spatiale . Ce qui est remis encause par Lematre ds 1951 est cette fois-ci systmatis : la projection devient spatiale,voire sculpturale, protiforme, c'est l'expanded cinma . Anthony Mac Call, AndyWarhol, Tony Hill sont les personnalits les plus marquantes de ce cinma "clat" . Plusrcemment, Jurgen Reble, Metamkine, Etants-donns reprennent ces expriences multi-mdia.

    Les oeuvres d'une cinquantaine d'artistes sont prsentes : Vito Acconci, Ben, JosephBeuys, Christian Boltansky, George Brecht, Robert Breer, Gnter Brus, John Cage,Merce Cunningham, Franois Dufrne, Valie Export, Albert Fine, Paul-Armand Gette,Gilbert & George, Dick Higgins, Joe Jones, Yves Klein, George Landow, GeorgeMaciunas, Robert Morris, Yoko Ono, Jana Sterbac, Wolf Vostell, etc . ..

    Direction de la CommunicationAttache de presse : Nicole Karoubi

    tl. 44 78 49 88 / fax 44 78 13 02

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  • Revues Parlesd'histoire de l'art et d'esthtique18h30, Studio 5 (5e tage)Sous la responsabilit de Jean-pierre Criqui, rdacteur en chef des Cahiers du Musenational d'art moderne

    - 10 novembre 1994The problem of context for experimental artConfrence par Allan Kaprow

    - 16 novembre 1994Confrence par Paul Schimmel

    - 5 dcembre 1994Confrence par Guy Brett

    - 7 dcembre 1994The next body : displacement, extensions, relationsConfrence par Johanna Drucker

    - 5 janvier 1995Lecture de l'exposition Hors LimitesConfrence par Catherine Perret

    -16 janvier 1995Rhetorics ofthe BodyConfrence par Herbert Blau

    Revues Parles Musique

    L'exposition Hors Limites inaugure le nouveau cycle des Revues Parles Musique . Cesmanifestations mensuelles, organises avec l'IRCAM, prendront l'aspect de tables-rondes suivies de concerts (en fonction du thme, ajout de performances, films, . . .).Ces rencontres caractre pluridisciplinaire runiront plasticiens, musiciens,philosophes et sociologues autour de thmes lis aux expositions prsentes au CentreGeorges Pompidou.

    - 8 janvier 1995Petite Salle, 16h00

    Film Laurie Anderson Home of the brave

    - 9 janvier 1995Petite Salle, 18h30

    Film Michael Snow-Albert AylerEye and hear control

    Petite Salle, 19h00

    DbatGrande Salle, 20h30

    Concert autour de John Cage

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  • A paratre aux Editions du Centre Pompidou

    Un catalogue

    Il est le premier ouvrage dit en franais sur cette nouvelle forme d'art couvrant lapriode 1952-1994. Il s'articule autour de 8 textes principaux (l'invention de laperformance au Japon, aux Etats-Unis et en France, les rapports entre Situationnisme etposie sonore, le tournant des annes 70, les rapports entre musique et performance, . . .).Textes de Pierre Restany, Jean de Loisy, Jean-Michel Bouhours, Jean-Marc Poinsot, . . ..Entretiens avec Kaprow, Spoerri, Rauschenberg, Arman, Nam June Paik, Nauman,Zorio, Boltanski, . . ..Format : 24x30 cm. 408 pages. 330 illustrations . Prix : 300 Frs.

    Off Limits

    de Allan Kaprow (traduction de l'ouvrage original)Collection SupplmentairesFormat : 13x21 cm . Prix : 100 Frs.

    Un Petit Journal

    Le Petit Journal de l'exposition comporte 16 pages avec des illustrations en noir etblanc.Prix : 20 Frs

    Attache de presse : Danile Alerstl.44 78 41 27 / fax 44 78 12 05

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  • Informations pratiques

    Tarif d'entre de l'exposition : 25 Frs

    Horaires du Centre Georges Pompidou :

    ouvert tous les jours sauf le mardidu lundi au vendredi : 12h00 - 22h00samedi et dimanche : 10h00 - 22h00

    Direction de la Communication

    Attache de presse : Nathalie GarnierTl : 44 78 46 48 / Fax : 44 78 13 02

    Les prochains rendez-vous

    Kurt Schwitters24 novembre 1994 - 20 fvrier 1995 (Grande Galerie)

    Path, premier empire du cinma26 octobre 1994 - 6 mars 1995

    Grard Gasiorowski1 er mars - mai 1995 (Galerie Sud)

    Constantin Brancusi13 avril - 21 aot 1995 (Grande Galerie)

    Ilya Kabakov "et nous vivons ici"17 mai - 4 aot 1995 (Galerie 27)

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