M2M - Réseaux et télécoms · 2017. 1. 18. · Au-delà des transports, le M2M aide à piloter...

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Une publication du réseau mondial STRATÉGIE Quel avenir pour Bouygues Telecom ? Eternel challenger, Bouygues Telecom estime que le tasse- ment de ses ventes n’est pas une fatalité. L’opérateur se bat et accélère le lancement d’offres très attractives. P. 8 Axians s’étend en Europe P. 12 Completel dégroupe P. 18 Maîtriser les connexions nomades par VPN SSL P. 34 Test : Skype est sans danger P. 62 Vers le marché de masse Les échanges automatisés entre machines et objets communicants transforment déjà notre façon de vivre, de nous déplacer, de travailler et de consommer. P. 46 N° 238 - JUILLET 2006 - ISSN 1251-8964 • 7 M2M © Siemens D.R.

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Une publication du réseau mondial

ST R AT É G I E

Quel avenir pour BouyguesTelecom ?Eternel challenger, BouyguesTelecom estime que le tasse-ment de ses ventes n’est pasune fatalité. L’opérateur se batet accélère le lancementd’offres très attractives. P. 8

Axians s’étend en Europe P. 12

Completel dégroupe P. 18

Maîtriser les connexionsnomades par VPN SSL P. 34

Test : Skype est sans danger P. 62

Vers le marchéde masseLes échanges automatisés entremachines et objets communicantstransforment déjà notre façon devivre, de nous déplacer, de travailleret de consommer. P. 46

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Les échangesautomatisés entremachines et objetscommunicantstransforment déjà notrefaçon de vivre, de nousdéplacer, de travailleret de consommer.

coûts d’exploitation. Mais il restebeaucoup d’évangélisation à faire,les industriels ne savent pas touscomment ça marche», souligneJean Falchero, président etcofondateur de Kuantic, inté-grateur et distributeur de pac-kages communicants bâtis surles cartes SIM d’Orange.

Les applications M2M sontliées à la surveillance de palettes,de systèmes thermiques ou élec-triques, d’entrepôts, voire deyachts ou de chantiers. La détec-tion de fuites ou d’intrusions,voire de vandalisme, est deve-nue une spécialité de SailServicespar exemple, qui emprunteindifféremment le réseau localsans fil ou les réseaux GSM etGPRS pour donner l’alerte en

temps réel. Les intégrateurs detels boîtiers communicants nesont autres que Monaco Marinesur la Côte d’Azur, Ouest Alarmeà Lorient, Pochon à La Rochelle :ils installent des mouchards etdes caméras miniatures à bordde bateaux surveillés à distance.

Mais il existe d’autres débou-chés, aux volumes considérables:«Au-delà de la phase pilote, ilfaut être capable de déployer plu-sieurs milliers de machines parmois pour la télémétrie et lesapplications embarquées dansl’automobile», illustre Jean Fal-chero. Dans le secteur des trans-ports, la machine va remonterdes données telles que la pressiondes pneus, la localisation duvéhicule ou le nombre de kilo-mètres parcourus sur autoroute,sans la moindre pause…

Anticiperles pannes

Lorsque les ascenseurs com-muniquent leur propre baissede performances, le dépannagepeut intervenir avant même qu’iln’y ait eu panne. «La compagnied’ascenseurs peut vendre ce typede services pour se démarquer deses concurrents, pour fidéliser sesclients et optimiser les interven-tions de ses techniciens», expliqueYves Clisson, le PDG de Tele-logos, un éditeur spécialiste del’embarqué.

Au-delà des transports, leM2M aide à piloter les systèmesd’arrosage des communes endehors des périodes de pluie, à

Le M2M vers le marché de masse

T rois éléments parti-cipent à la percée

du M2M : le matériel,les systèmes embarquéset les réseaux mobiles.Ce cocktail permet ledéploiement d’applica-tions IP entre machinescommunicantes. Lademande croissantedes entreprises estmotivée par leur quêtede productivité etd’économies sur l’ex-ploitation des machineset des infrastructures.Les obligations de

traçabilité achèventde convaincre les déci-deurs de l’agroalimen-taire, de l’industrie,des transports et de ladistribution. En outre,le vieillissement de lapopulation développela télémédecine et latélésurveillance. L’Inter-net peut donc atteindreles machines et objetsintelligents. Dans lemême temps, les progi-ciels intégrés assurentun suivi plus fin de lalogistique, en temps

réel. Ils captent les don-nées d’étiquettes intel-ligentes (RFID) placéessur les palettes ou lesproduits eux-mêmes. Le M2M ouvre un mar-ché colossal. Editeurs,intégrateurs de solu-tions et opérateursnouent des alliances.Les fournisseurs veulentcapitaliser sur les solu-tions standard (CAN-bus, GPIO, Ethernet,liens séries et USB) asso-ciées aux modems GSMet GPRS et aux compo-

sants de localisation(GPS, Galileo). Pourl’heure, la convergencefixe-mobile met souspression les opérateursmobiles. Ils tentent deformuler des offres per-tinentes pour accompa-gner l’essor rapide dumarché M2M. Leur stra-tégie consiste à s’en-tourer de partenairesspécialisés, innovantset réactifs. Et pourcause : en 2010, le M2Mpourra peser plus de10 % de leurs revenus.

Le M2M mûrit vite

Cette fois, ça y est.Le nombre d’êtreshumains sur Terreest dépassé… parcelui des machines

communicantes. Et d’ici à 2010,l’Europe comptera treize mil-liards d’objets communicants,dont une majorité d’étiquettesRFID. A cet horizon, ABIResearch estime que notre pla-nète hébergera plus de cent mil-liards d’objets communicants.

Equipementiers, éditeurs spé-cialisés et nouveaux acteurs dela convergence des services s’af-frontent déjà sur le marché descommunications machine-to-machine, ou M2M. Un marchéen plein boom, lié aux dernièresobligations de traçabilité dans

l’agroalimentaire, la grande dis-tribution, la finance, les trans-ports et l’industrie.

Deux phénomènes apparais-sent simultanément. D’une part,le développement des commu-nications cellulaires permetd’installer des machines un peupartout sans avoir à se raccorderau RTC ni même au réseau élec-trique. D’autre part, l’appari-tion de composants et de sys-tèmes d’exploitation embarquésstandard favorise l’essor demodules normalisés et réutili-sables pour remonter automa-tiquement des données sans filvers le système d’information.«Les prix et les technologies M2Mséduisent un nombre croissant declients qui souhaitent réduire leurs

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réguler les feux de circulationou à mesurer le degré de séche-resse des cultures. Les bénéficesapportés se mesurent au niveaude l’exploitation et de la main-tenance le plus souvent.

Ainsi, le projet Archange deKonica-Minolta a-t-il permis àla filiale française du fabricantnippon de se distinguer, dès l’anpassé, avec un photocopieurcommunicant. Ce système per-met de facturer le client à l’usage,via l’automatisation complètede la chaîne de valeurs M2M.En fin de mois, le nombre exactde copies réalisées sur chaquemachine est envoyé, et tous lesbesoins intimes du copieur sonttransmis à distance : «La solutionmise en œuvre par Kuantic per-met de prévenir et d’anticiper lespannes, d’alimenter le client enconsommables et de gérer sa

facturation sans avoir à envoyerquiconque sur place», révèle JeanFalchero. Une optimisation glo-bale des processus qui concerneplus de deux mille nouvellesunités par mois dorénavant.

Objets et machines communiquent

Les professionnels du M2Mdistinguent la machine de l’ob-jet communicant. L’objet dia-logue à courte distance, à tra-vers un tag RFID ou bien via unmodule intelligent conçu pourla télémétrie. La machine estplus complète, plus autonomeet peut communiquer à pluslongue distance. Elle comprendgénéralement un microproces-seur, un système d’exploitationet des applications. Par exemple,une station météorologique en

mer contrôle la houle, le vent etla toxicité de l’eau. Des calculss’effectuent localement danscette machine équipée d’un sys-tème de mesures. Elle requiertdonc une puissance plus impor-tante qu’une étiquette ou unsimple document RFID.

Le développement desmachines communicantes s’ef-fectue à base de microproces-seurs et de systèmes embarquéstels Linux ou Windows CE.Outre quelques commandes exé-cutées localement, la machinepeut piloter par elle-même descommunications RTC, satelliteou GSM.

Une vanne ou un robinet degaz ou d’électricité restent desobjets simples. Ouverts ou fer-més, ils deviennent eux aussicommunicants à distance, carl’ouverture des marchés imposedes relevés plus fréquents : «Pourune relève à distance, il est éco-nomiquement impensable dedépenser 5 euros dans chaquecompteur», note à ce propos YvesClisson.

La démocratisation du M2Mpasse par de nouveaux modemsGSM, GPRS ou même SMS quiembarquent un peu d’intelli-gence : le Français Wavecom, leFinlandais Nokia et l’AllemandSiemens proposent de telsmodems radio entourés demémoire RAM et pouvant exé-cuter un petit programme déve-loppé en C. Jusqu’ici, instruc-tions et relevés, transmis via leGSM, faisaient l’objet de codagesspécifiques. Mais les choseschangent. Les équipementierstel Cisco Systems proposent deglisser des traitements dans leréseau lui-même. Et Telelogosprépare un middleware pourcapter les informations d’objetsintelligents et les interfacer aucentre de données du client.L’apparition de ces services inter-médiaires du M2M évitera dedévelopper à nouveau des pro-grammes semblables pour rele-ver des compteurs, interrogerdes pompes, des vannes ou desphotocopieurs d’entreprise.

Pascal Sage

Wav

ecom

Un poids de plus de220 milliards d’euros

en 2010, contre 20 mil-liards actuellement, soitune croissance annuellede 49 %, estime l’Idate :le marché mondial duM2M décolle fortement.Et la France n’échappe pasau phénomène : «Nousouvrons de huit mille à dixmille lignes GSM par moispour les échanges entremachines, et nous passe-

rons bientôt à plus cin-quante mille», prévoitJean Falchero, présidentet cofondateur de Kuan-tic, une jeune pousse duM2M créée à Sophia-Anti-polis il y a trois ans. Lapercée rapide du marchécoïncide avec la démocra-tisation des packages sansfil, des offres SMS, GSM ouGPRS. Elle contraint toute-fois Kuantic à s’organiserpour faire face à un vrai

marché de masse. Parte-naire d’Orange, l’intégra-teur-distributeur se foca-lise sur le «100 % GSMembarqué». Il automatiseles procédures d’activa-tion de services et defacturation, ouvrant sestraitements aux clientsvia un extranet. En 2005,son chiffre d’affaires aété multiplié par cinq,pour atteindre 4 millionsd’euros. Dans cinq ans,

l’Europe comptera treizemilliards d’objets commu-nicants. Kuantic espèreconquérir sept pays euro-péens à court terme, dontdeux dès cette année. Lecoût du boîtier de commu-nication baisse. L’intelli-gence embarquée est enpleine mutation. Kuanticest en mesure d’accélérerles déploiements à grandeéchelle : «Avec FranceTélécom, nous pouvons

afficher un prix global,en volume, inférieur à10 euros par machineet par mois», révèle JeanFalchero. Ce tarif inclutle boîtier et les communi-cations, la plate-formede gestion des serviceset la cartographie, le toutassorti d’un financement.En matière de packagingM2M, la moindre lon-gueur d’avance vautde l’or.

Kuantic confirme l’essor rapide du M2M

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Quelle est votre perceptiondu marché M2M ?

Guillaume Calligaro : Je m’at-tends à un décollage prochaindu marché, car les besoinsexistent et sont maintenantclairement formulés. En réa-lité, les communications entremachines existaient déjàdepuis longtemps sur réseaufilaire, via le réseau télépho-nique commuté. Mais le déve-loppement d’offres M2M surGSM et surtout sur GPRSdonne un nouveau souffle aumarché en permettant denouveaux usages, comme lagestion de flotte dans lestransports par exemple. Ilreste cependant quelquesfreins à lever, notamment ence qui concerne les coûts duhardware : ils sont encore éle-vés et posent le problème duretour sur investissement,qui n’est pas toujours évidentà démontrer.

Qu’est-ce qui caractérise un projet M2M réussi ?

G. C. : Une démarche com-merciale ne rencontre le suc-cès qu’après un long remue-méninges. Pour bienpositionner une offre, il y aune étape préalable indispen-sable de compréhension desbesoins métiers. Les projetsfont intervenir des acteurs dif-férents. Dans les transports,par exemple, un intégrateur,un constructeur et un opéra-teur doivent collaborer.Chacun doit savoir précisé-

ment où se positionner danscette chaîne de services. Dans95 % des cas, il s’agit de pro-jets de communication dedonnées. Il existe quelques casoù la voix peut avoir un inté-rêt, comme dans la télésur-veillance des ascenseurs oulors d’un accident de la routepour déterminer les secours àdépêcher sur place.

Les offres M2M d’opérateurssont-elles bien dimensionnées ?

G. C. : Les trois opérateursmobiles en France proposentdes offres M2M dans leur

portefeuille data. Le revenumoyen par ligne est relative-ment faible comparé à celuigénéré par une ligne de télé-phonie mobile classique. Ilfaut compter environ 10 eurospar mois pour un forfait de5 Mo, alors que l’Arpu moyenen France est proche de40 euros par mois pour legrand public. Les opérateursespèrent se rattraper sur lesvolumes conséquents à venir,ainsi que sur la durée en géné-ral assez longue des contrats.

Y a-t-il adéquation entre l’offreet la demande ?

G. C. : Les offres M2M d’opé-rateurs mobiles peuvent

paraître surdimensionnées.Dans de nombreux cas, le tra-fic échangé par la machineconnectée est bien inférieuraux forfaits moyens proposéspar les opérateurs : le traficgénéré par un horodateur,par exemple, est inférieurà 1 Mo par mois.

Concernant le haut débitmobile, peu de secteurs enont réellement besoin. L’Edgeet l’UMTS ne vont donc pasrévolutionner le marchédu M2M.

Autre point, les tarifs d’iti-nérance internationale desdonnées demeurent exorbi-tants : il faut compter plusde 10 euros par mégaoctettransmis en roaming, ce quifreine les projets paneuro-péens. Certes, France Télécompropose des offres tarifaireshomogènes sur un certainnombre de pays européens,ce qui peut se révéler intéres-sant, notamment pour lestransporteurs internationaux.Mais les tarifs des opérateurs,

dans ce domaine, restentglobalement très élevés.

Les projets sont-ils toujoursspécifiques ?

G. C. : Le marché du M2Mest encore structuré verticale-ment, avec des spécificitésfortes liées au secteur d’acti-vité. Dans les transports, lesutilities, la distribution auto-matique ou la télésurveillance,on constate des chaînes devaleurs et des acteurs dis-tincts. Du côté des fournis-seurs, seuls les fabricants demodules de communication(Wavecom, Siemens) et lesopérateurs mobiles adressentle marché de manière trans-

verse. Les intégrateurs, quitiennent un rôle clé dans cesprojets, ont généralement unancrage sectoriel fort. Du côtédes entreprises utilisatrices,certaines disposent de res-sources internes en rechercheet développement suffisam-ment compétentes pour déve-lopper elles-mêmes les fonc-tionnalités communicantes deleurs machines. Mais ces casrestent rares aujourd’hui. Laplupart ont recours aux inté-grateurs qui viennent insérerun module communicant àun machine existante : KonicaMinolta, pour son projetvisant à faire payer les copiesà l’usage, intègre ainsi unmodule M2M en secondemonte. Dans quelques annéescependant, il est probable queles machines intégreront ennatif les fonctionnalités com-municantes grâce à des déve-loppements sur les OS embar-qués. A cet égard, les éditeursde logiciels spécialisés dansl’informatique industrielleauront un rôle majeur à jouerdans la chaîne du M2M.

Pascal Sage

Vers une intégration native des fonctions communicantesConsultant chez Arcome (groupe Solucom),cabinet de conseil spécialisé dans lestélécommunications, Guillaume Calligaro a mené plusieurs missions sur le marché desdonnées d’entreprises et a étudié les secteursd’activités clés du M2M : gestion de flottes,utilities, télésurveillance, santé, maintenanceet télépaiement.

Guillaume Calligaro,consultant chez Arcome (groupe Solucom),cabinet de conseil spécialisé dans lestélécommunications.

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“Le développement d’offres sur GSM et surtoutsur GPRS donne un nouveau souffle au marché”

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Dans le marché du M2M,ce qui séduit avant toutl’opérateur, c’est la mise

en relation des machines à tra-vers ses propres infrastructures,fixes ou mobiles. Mais, dans cedomaine des télécoms, deuxapplications sont rarement iden-tiques. Difficile donc d’indus-trialiser les offres. Les logiciels etles interfaces restent spécifiquesà chaque projet.

La problématique métier est siforte que l’opérateur risque d’yperdre son latin. En fait, il n’estpas perçu comme un conseiller,en dépit de ses efforts pour édu-quer le marché : «L’opérateur estencore la cinquième roue du car-rosse», confirme un profession-nel de l’embarqué. Du coup, il sepositionne avec des partenairesen frontal de l’entreprise, ou viaune filiale créée pour convaincreles industriels avec des tarifsadaptés à leurs projets.

Pour profiter du M2M, l’opé-rateur doit admettre ses limites.Il n’est pas forcément le mieuxplacé pour gérer des besoins ver-ticaux, conseiller et suivre lesphases d’un projet d’entreprise.En revanche, détecter les bonspartenariats devient un atoutconcurrentiel. L’opérateur mul-tiplie les contacts et les étudespour positionner la meilleureoffre au meilleur moment. Sonéquipe marketing doit suivre deprès l’évolution des demandes,le M2M et la convergence fixe-mobile présentant de multiplesramifications. «L’opérateurmobile encourage une substitutionpas toujours pertinente, parexemple pour les chaudières col-lectives en sous-sol», illustre Guil-laume Calligaro, du cabinet deconseil Arcome. Selon lui, l’in-tégration des services mobilesd’Orange et des compétencesde la branche fixe de France

Télécom place l’opérateur his-torique en position de force parrapport à SFR et BouyguesTelecom, d’autant plus qu’il sub-siste de nombreux champs d’ap-plications où le RTC, voire leDSL conviennent toujours auxéchanges entre machines.

Face à l’essor du marché, SFRtient à jouer un rôle de cataly-seur de partenaires pour obte-nir des solutions de bout enbout, tout en démontrant que leréseau sans fil est plus souple etmoins cher qu’une liaisond’abonné : «Toutes sortes demachines deviennent communi-cantes. Du distributeur de bois-sons jusqu’au semi-remorque enpassant par l’arrosage munici-pal, il existe de nombreux marchésverticaux et une myriade d’ap-plications émergentes», confirmePierre-Yves Rallet, de SFR Entre-prises. Mais de nombreux inter-venants et petits acteurs doivent

encore être fédérés pour formerune offre cohérente. Un vasteparc de machines reste encoremuet, car privé d’interface decommunication. Et quand bienmême on raccorde des horoda-teurs au site central pour four-nir des services de télégestion, ilfaut encore convaincre du retoursur investissement.

SFR crée un MVNO spécifique

La stratégie de SFR Entreprisepasse la commercialisation viaune filiale dédiée, SCM. Les par-tenaires M2M sont considéréscomme des grossistes SCM etproposent un contrat complet,incluant la partie télécommuni-cations : «Les industriels veulentoffrir des abonnements mensuelscorrespondant au service de récu-pération d’informations pour lepositionnement ou le relevé deniveaux de cuves par exemple»,explique Pierre-Yves Rallet. SCMest donc un genre de M2MVNO,un opérateur de réseau virtuelspécialisé dans le M2M.

En fait, cette entité achète descartes SIM à SFR puis les pac-kage dans une offre personna-lisée. Dans ce modèle écono-mique, il faut pouvoir disposerd’une console pour activer etmodifier les lignes de façonsimple et rapide. La hot line et lapartie transport demeurent chezSFR, mais pas l’exploitation. Encas de problème, si une machinecommunique mal, le client devrase tourner vers le fournisseurde sa plate-forme M2M. Parexemple, un transporteur setournera vers Masternaute ouFleet Technologie. Pour résoudre

Opérateurs cherchentspécialistes…L’entreprise utilisatrice veut acquérir un service de bout en bout, incluantles communications entre machines. Cela force les opérateurs à nouerdes partenariats, voire à créer une entité dédiée au M2M.

L’ÉCOSYSTÈME DU M2M

Fournisseurde plate-forme

M2M

Opérateurmobile

Prestatairede service

M2M

Fournisseurdu système

d'information

Fabricantdes machines

Utilisateurde la solution

M2M

Spécialiste de la ges-tion déléguée des

énergies, Elyo (groupeSuez) intervient sur lessites de ses clients grâceà une application mai-son remontant lesalertes d’installationsthermiques, électriquesou d’air comprimé. Encentral, trois serveursHP 9000 sous HP-UXconsolident les événe-ments dans un gestion-naire de données Infor-mix. Les alertes arriventsur les portables et PDAdes techniciens demaintenance à traversun système de déportpermettant de gérer

les messages SMS etAlphapage, mais aussid’adresser directementles télécopieurs et lesimprimantes. En outre,deux applications degestion utilisent la télé-relève des compteurs :l’outil de facturation etla gestion de l’énergie.«Les principaux objetsinspectés à distancesont des compteurs, descapteurs de tempéra-ture ou de pression,des brûleurs et desarmoires électriques»,précise Hervé Kerle-guer, de l’équiperéseaux d’Elyo. A cejour, la relève à distance

concerne moins de10 % des mesures réali-sées par l’entreprise. Enrevanche, la téléalarmeest omniprésente. EnFrance, Elyo compte pasmoins de trois millepoints de supervisiontransmetteurs. Untransmetteur corres-pond à une installationthermique, en général.Mais on trouve, dansquelques industries,plusieurs transmetteurspar site. Le principalréseau reliant les trans-metteurs au systèmecentral demeure leréseau téléphoniquecommuté (RTC), les

machines communi-cantes émanant deséquipementiers Siema,Alcatel, Trend etMonet. Le systèmea été mis en place en1993. Vieillissant, il serabientôt prolongé parun projet en coursd’étude, pour offrir unesolution plus globale,intégrant la téléges-tion. Pour l’heure, lacommande à distancedes équipements estgérée à l’aide des sys-tèmes de supervisiondu marché et mise enœuvre, de façon oppor-tuniste, en fonction desbesoins exprimés.

Elyo télécommande les installations thermiques

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la panne, il faut déceler l’originedu mauvais fonctionnement dusystème M2M. Une investiga-tion est donc menée sur toutela chaîne de services, du connec-teur électrique local jusqu’auréseau de l’opérateur. Le clients’assure ainsi d’un soutien tech-nique avec une escalade cohé-rente. Pour adapter les tarifs sansfil aux volumes généralementréduits du M2M, SCM proposedes pas d’évolution de 1 Ko etdes forfaits de 2 à 4Mo par mois.Les applications de suivi desvéhicules, de télémaintenanceou de télégestion d’équipementsélectriques ou thermiques com-binent alertes, relevés à distanceet télécommandes. Les volumesde communication deviennentplus importants, avec le nombrede traitements, la taille et lenombre de sites supervisés.

Pascal Sage

La société américaineSensorlogic fournit desapplications en mode

ASP pour gérer les échanges demachine à machine (M2M) etsuivre des échanges télémé-triques, distribués à l’échellenationale ou internationale.Elle cible en particulier les dis-tributeurs de gaz, de carbu-rants, leurs pompes et leurs au-tomates, mais aussi le secteurmédical.

Un parc croissant,des machines diverses

Airdesk, pour sa part, proposeun ensemble incluant les accèsréseau à la plate-forme M2M.Cette structure agit donc à lafaçon d’un M2MVNO, un opé-rateur virtuel spécialisé dans leM2M. Fin 2005, Airdesk comp-tait déjà cinq mille entreprisesclientes, en couvrant toute la

chaîne de services, machines etterminaux inclus.

Ces deux sociétés américainesont en commun le choix d’unéditeur français visionnaire :High Deal. Ce spécialiste de latarification sur mesure est uneémanation de France Télécomcréée en l’an 2000. La spin-off adéveloppé une solution de valo-risation des services de com-munications IP qui s’adapteparticulièrement bien aux tran-sactions M2M. Outre l’élabo-ration et le suivi des offres pac-kagées, High Deal aide à créerdes revenus récurrents, prévi-sibles et automatisés. L’effectifatteint soixante personnes etl’entreprise réalise 70 % de sonchiffre d’affaires en licences et30% en consulting et formations(sur un total de 6,7 millionsd’euros en 2005).

Une des problématiques duM2M consiste en effet à gérer

un parc croissant de machinesparfois très différentes les unesdes autres. Les outils de gestiond’infrastructure sondent trèsrégulièrement les machines pouren proposer l’inventaire men-suel. Mais ils s’arrêtent souventlà. Pour contrôler et optimiser lesusages M2M, en réseau filaireou sans fil, il faut des traitementsplus proches du temps réel : «Lesforfaits incluent plusieurs usagesde facto, et il faut parfois tariferau-delà de l’usage, préciseIsabelle Roussin, vice-présidentexécutif en charge du marke-ting de High Deal. Par rapportaux solutions de facturation clas-siques, nous nous situons enamont de la facturation pour per-mettre à l’opérateur et au pres-tataire de services M2M de déve-lopper les bons bouquets deservices.»

Souplesse et partage de revenus

Comment mettre à disposi-tion d’un groupe de machinesles offres de communicationsles mieux adaptées ? High Dealpropose de globaliser l’ensembledes machines réparties pour un

Chez EDF ou PSA comme enenvironnement psychia-

trique ou carcéral, le systèmeremonte des alertes versun centre de contrôle etdéclenche des traitementsen cas de coupure de chaîne,de fermeture ou d’ouvertured’accès surveillés», expliqueBruno Kubeczka, consultantde Funkwerk, un expert alle-mand des systèmes de commu-nication professionnels. L’ob-jectif est clair : «Nous voulonspercer dans la convergence surles projets des PME avec desoffres économiques et sansremise en cause de l’existant.»Des projets liés au M2M, à laVoIP et à la ToIP, le fournisseurprocurant routeurs et auto-commutateurs IP, téléphonesIP, Dect, Wi-Fi et bientôt descombinés mixtes. Funkwerktravaille sur plusieurs projetsliés à l’itinérance des données,pour les entreprises du railallemand et plusieurs banquespréparant la refonte d’inter-connexions et de nouveauxautomatismes. Il entend deve-nir, d’ici trois ans, l’un des cinqpremiers acteurs de la conver-gence en Europe, après Cisco,Nortel et Avaya.

Funkwerk route lesmessages d’alertes

Gérer machines et bouquets de servicesAu-delà de la surveillance de l’infrastructureet des machines, la mise en place de servicespermettant de rémunérer chaque acteur dela chaîne passe par des programmes Javaspécifiques. Une spécialité de l’éditeur High Deal.

ARCHITECTURE D’UN SYSTÈME M2M

Utilisateurset

équipements

Objetsintelligents

et communicants

Réseau localmesh

Réseau localautre

RFID

Réseau WAN

Réseau Plate-formede service

M2M

Systèmed'informationd'entreprise

Passerelle

Exploitation

Middleware

Administration

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même usage ou pour un mêmeclient. «Notre proposition devaleur consiste à donner de laflexibilité au marketing pour créerde telles offres.» En pratique, descompteurs partagés permettentde gérer, par exemple, cinquantemachines et dix messages SMSpar machine et par mois, touten autorisant le dépassement deforfait. Du coup, si une machinetombe en panne, elle pourraremonter vingt SMS, tandis queles autres vont en envoyer cinqseulement. L’exception est géréesans provoquer de pénalités pourle client.

Mais ce n’est pas tout. HighDeal aide à établir les diagnos-tics à distance, à prendre encompte les télépaiements et às’insérer dans une offre verti-cale, de télémédecine parexemple. Pour tarifer l’informa-tion remontant des machines,il faut pouvoir associer un prixà chaque message ou bien auvolume global des donnéestransportées dans le mois.

StandardsJava et JVM

Techniquement, High Deal achoisi de travailler sur les stan-dards Java et JVM pour offrirdavantage de souplesse. Ducoup, les données clients et lesoffres tarifaires peuvent repo-ser notamment sur un gestion-naire de données Oracle surplate-forme Sun ou IBM. «Leplus souvent, la chaîne de valeursM2M est assez complexe, car ellecompte différents intervenants»,explique Isabelle Roussin. Leprestataire de services, le fabri-cant de la plate-forme, les édi-teurs de logiciels et de contenus

et l’opérateur sans fil élaborentune solution M2M. Une rému-nération réaliste de chacun deces acteurs doit être imaginée.High Deal aide à formuler l’offretarifaire par rapport au béné-fice procuré au client et en tenantcompte de ce qui doit êtrereversé à chacun des prestataires.«Certains contrats prévoient un

pourcentage ou un commission-nement, d’autres un modèle desponsorship.»

Un client M2M peut doncpanacher la facture en fin demois et les cartes prépayées. Ildoit cependant maîtriser la valo-risation de la transaction et véri-fier si chaque carte est provi-sionnée avant de décrémenterle compte en temps réel.

Dans la plate-forme MMSd’Ericsson

Plus que la disponibilité desmachines, les difficultés ren-contrées sont liées à l’interfa-çage des systèmes gérant les ses-sions : «Des standards se mettenten place avec le 3GPP, pour lafacturation on line et off line viaun couche intermédiaire, unmiddleware», précise IsabelleRoussin.

Le modèle économique deHigh Deal consiste à faire évo-luer la facture avec le succès de

l’application du client. Unmodèle de licences, fondé sur lenombre de transactions, prévoitdes tranches adaptées aux usagesindustriels. Déjà intégrée dans laplate-forme MMS d’Ericsson,l’offre High Deal permet auclient final de régler son serviceau prorata des messages trans-mis ou bien à la transaction. Aufinal, les informations remontéesvers le site central dictent le prixglobal de la solution.

«Notre stratégie consiste à tra-vailler avec des partenaires tech-nologiques comme l’intégrateurCap Gemini, Netcentrex, Cirpack,IBM ou Bull», précise IsabelleRoussin.

Pour l’heure, High Dealcompte surtout des clients amé-ricains en matière de M2M.Ceux-ci réalisent l’intégrationdes composants eux-mêmes,avec une architecture et unmodèle économique distincts àchaque projet.

Pascal Sage

LA FACTURATION D’UN SYSTÈME M2M

Client A : 3 outils Client B : 2 outils

Réseau 1"La voiture est entrée dans Paris"

1 SMS

"La fenêtre est ouverte"

5 kb

"L'eau de la piscine

se refroidit"

1 SMS

8 kb

16 kb

"Il ne reste que trois bières dans la machine"

"La température est trop élevée"

Réseau 2

Pass

erel

les Passerelles

Rés

eau

M2M de l'opérateurApplications

clients

Plate-forme de médiation

Facturation

Partenaires

Cache d'intégration

Plate-forme de facturation M2Mchez un opérateur

Factures

Finance

Recettes

Coût

Gestiondu paiement

Services clients

GRC

Tarification

Phill

ips

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L’abonnement mobile àpartir de 5 euros par moiset par machine connec-

tée autorise toutes les fantaisies,comme le suivi à distance de savoiture, de son yacht ou de sonchien. Néanmoins, plusieursrègles juridiques, techniques etsociales doivent être respectéespour exploiter son projet M2M.

Sur le plan juridique, l’entre-prise doit informer ses salariéslorsqu’elle envisage la géoloca-lisation. Elle doit égalementconsulter le comité d’entreprisesi le dispositif envisagé peutcontrôler l’activité des salariésou modifier les conditions detravail. Ces préalables doiventêtre assortis d’une déclarationdes traitements auprès de la Cnil,de mesures de protection de lavie privée et de procédures d’ef-facement ou de désactivationdes étiquettes RFID. Si l’on peut«identifier une personne à partird’un dispositif associé à unemachine ou un véhicule (parexemple, une carte SIM dans unboîtier installé sur un véhicule),l’entreprise est tenue aux mêmescontraintes légales de protectiondes données personnelles que siles dispositifs sont directement

liés à la personne (par exemple,l’identification du téléphonemobile du salarié)», rappelle lelivre blanc M2M de la Fing, quimentionne les principauxrepères juridiques.

Continuité de bout en bout

Les technologies M2M per-mettent de déclencher automa-tiquement des traitements, voirede changer des paramétrages defaçon automatique. Les appli-cations de commande à distanceforment la suite logique du télé-diagnostic. Ainsi, pour amélio-rer la continuité des liaisonsétendues, de bout en bout, lasupervision de réseaux IP MPLSévolue-t-elle déjà via l’usage desondes intelligentes. Leur rôleconsiste à circonvenir les pro-blèmes détectés. Non seulement,l’équipement de surveillancedétecte une anomalie, mais, deplus, il précise d’où elle pro-vient : de la commutation, duroutage ou du serveur DNS parexemple. «Le réseau IP est unetechnologie qui a plus de vingtans. Il faut rester pragmatiquepour résoudre ses problèmes.

Notre logique consiste à procu-rer des outils d’aide à la décision.A terme, on définira des règles etdes hypothèses pour commanderun routeur et optimiser son com-portement», explique Jean-Michel Planche, le PDG deWitbe, spécialiste de la super-vision d’infrastructure à lademande. Il évoque déjà le termede robot-sonde à ses clients dela finance ou de la grande dis-tribution, plutôt que de machinecommunicante : «L’intelligencedevient ambiante. Le M2M formeune évolution naturelle de l’In-ternet. On attribue des facultésde communication aux objets,

qui prennent ainsi conscience deleur environnement. Capteurs,étiquettes RFID, réseaux sans filet liens Zigbee sont en train deproduire des objets actifs et réac-tifs avec le système d’informa-tion», ajoute-t-il.

Les boîtiers GSM/GPRS duBordelais eDevice permettentde commander une chaudière,un store ou un portail électriqueà distance, via une séquence detouches sur un téléphonemobile. L’adoption progressivedu protocole IPv6 va permettrede confier à chaque machine sapropre adresse IP. Partant de là,les usages vont pouvoir être per-sonnalisés davantage. Lesmodules de communicationstandard vont multiplier lesremontées d’informations, lestransactions et les traitementspossibles. La plate-forme de ser-vices M2M Connect d’Orange,lancée en 2004, comprend unsystème complet pour dévelop-per les applications de télémé-trie, module matériel et com-posants logiciels inclus. Outreles applications professionnelles,des usages domestiques émer-gent pour contrôler les consom-mations d’eau ou d’électricité(lire l’encadré ci-contre), sur-veiller en vidéo son domicile ouson garage et signaler la moindreintrusion en transmettantl’image ou la vidéo vers un télé-phone 3G ou vers un PDA. Lasécurité des biens et des per-

Les bonnes pratiques du M2MAvant d’abonner chaque objet ou être qui vous estcher au réseau mobile, un certain nombrede règles et de bonnes pratiques s’imposent.

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En s’abonnant auxservices en ligne

d’Edelia, filiale d’EDFet du Crédit mutuel, onpeut limiter l’incidenced’une fuite d’eau oud’une consommationexcessive d’électricité.Cette chasse au gaspipasse par des kits dedétection de fuites etd’économie d’eau, maisaussi par un boîtierradio eDevice, grefféau compteur. Celui-citransmet à distance lesdonnées vers un relais

placé dans la maisonet lui-même connectéau réseau ADSL – oubien à l’opérateurmobile via un modemGPRS. Du coup, les ser-veurs d’Edelia peuventanalyser les donnéestransmises chaque jour,puis établir un profilpour le foyer. Cela per-met de comparer lesconsommations réelleset prévues et d’êtrealerté (par e-mail oupar SMS) lorsqu’un seuilest dépassé. Le service,

généralisé à toutela France d’ici à la fin2006, coûte à partir de5 euros par mois pour

surveiller l’eau etprès de 10 euros poury ajouter l’électricité.Le gaz suivra.

Edelia surveille les consommations du foyer

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www.reseaux-telecoms.net Réseaux & Télécoms | n° 238 | Juillet 2006 53

sonnes passe aussi par le suivimédical ou le maintien à domi-cile des personnes soumises àun long traitement médical. Encouplant les technologies RFID,M2M et le lien vocal, on corré-lera des informations pourremonter une alerte plus perti-nente vers un site central.

Plusieurs pièges à éviter

L’un des principaux piègesconsiste à se tromper dedomaine, c’est-à-dire à choisirune machine complète là où unsimple objet communicantpourrait suffire. Second piègeclassique, le choix du canal decommunication. Si l’on veutsuperviser des chaudières col-lectives, généralement placéesen sous-sol, mieux vaut écarterles réseaux GSM/GPRS qui nerayonnent pas sous terre. L’en-vironnement des machinescompte beaucoup dans le choixdes liaisons de communicationadaptées. Le fonctionnement

autonome est-il nécessaire ?Dans ce cas, des données doi-vent être stockées en local, et unmécanisme de synchronisationdoit être prévu. Parmi les autreséléments importants, il faut doncbien mesurer les composantslogiciels à retenir, ainsi que lafaçon dont on les interface ausystème central, via un middle-ware ou de simples échanges demessages. Cela détermine lesinteractions avec l’applicationlogistique ou avec le progicielde gestion intégré. L’intégrationest souvent faite au cas par cas,car il est difficile de connaîtretous les métiers et toutes les

applications d’entrepriseconnectées au système M2M.

«L’approche que nous préconi-sons requiert une démarche BAM(Business Activity Monitoring)dans l’entreprise. Quelque choseque l’on ne trouve pas encore surétagère, mais que l’on sait néan-moins faire avec AON (lire page54), comme nous l’avons récem-ment prouvé, au cas par cas, pourdes applications de logistique avecdes capteurs RFID et pour desopérateurs européens», dévoileOlivier Seznec, le directeur tech-nique de Cisco pour la France.

Dans le cas de solutions évo-luées bâties sur des machines

sous Windows ou Linux, il fautprévoir, dès le début du projet,une solution d’administration.En effet, comme pour les appli-cations d’informatique mobile,cette nécessité apparaît souventaprès la mise en exploitation dela solution. Mais c’est trop tard,car les problèmes de mise à jourdes applicatifs et de maintenancedes terminaux apparaissent déjà.Anticiper la solution d’admi-nistration permet d’augmenterle taux de disponibilité des maté-riels et de réduire les coûtsnotamment liés aux déplace-ments de maintenance.

Pascal Sage

A zimov et ses lois de larobotique ont sans doute

inspiré Adam Greenfield,auteur d’Everyware, qui sug-gère cinq principes pour laconception éthique et respon-sable des systèmes d’informa-tique ambiante :1/ S’assurer que le fonctionne-ment normal du systèmeassure la sécurité de ses utilisa-teurs.2/ Informer de manière immé-diate et transparente sur l’ap-partenance, l’usage et lescapacités des systèmes, demanière à permettre aux utili-sateurs de décider en connais-sance de cause de la manièredont ils interagissent avec eux.3/ Ne pas embarrasser, humi-lier ou faire honte aux utilisa-teurs.4/ Ne pas compliquer demanière indue les actes ordi-naires.5/ Admettre le refus et ladéconnexion, tout le tempset à n’importe quel stade.

Cinq lois pourl’informatique

ambiante

Yatoopartoo : pas de croissance sans M2M

Yatoopartoo est un com-merce automatisé (ACS)proposant une large

gamme de biens de consom-mation courante. On y trouveà boire et à manger, mais ni vin,ni fruits, ni légumes. Déjàsoixante-dix points de vente sontrépartis en France, au Benelux eten Espagne, avec une vingtained’employés en tout seulement.

On les trouve en ville, dansles gares ou les stations-service :«Nous voulons être présents par-tout où les gens vivent et où ilsont des envies», expose RodolpheMorvan, le directeur de Yatoo-partoo. L’automatisme repré-sente donc un moyen plusqu’une fin. Ouvert vingt-quatreheures sur vingt-quatre, cesupermarché reste un commerceà part entière avec promotions,système de fidélisation et appro-visionnement régulier.

En pratique, le consomma-teur commande de un à septarticles face à la vitrine. Il estservi par un robot, une fois sonrèglement en espèces ou parcarte bancaire effectué. «A terme,le paiement par téléphone mobileme semble plus adapté que lacarte Moneo», prévoit le PDG.

Entre temps, l’automate récu-père boissons, cartes télépho-niques, sandwiches ou préser-vatifs commandés par le client.Les interventions humaines sont

liées aux corrections locales,lorsqu’un produit est écrasé parexemple. «Nous avons mis enœuvre l’intégration des systèmesavec une société de services. Notrefabricant de robots fournit desfichiers, et l’éditeur Telelogos nousaide à automatiser la chaîne d’ap-provisionnement via son logicielMediaTransfert.»

Prêt pourune croissance rapide

Au siège, le progiciel Gold sousUnix d’Aldata consolide lesinformations. Ce programme,utilisé en grande distribution,peut paraître surdimensionnépour la taille actuelle du réseau :«On s’est équipé d’un TGV donton utilise seulement le premierwagon. Mais nous pourrions avoircinq cents magasins sans avoir à

changer de système», justifieRodolphe Morvan.

Hormis les autorisations decarte bancaire, il n’y a presquepas de communications des-cendantes. Les flux montantsconcernent les commandes, l’ap-provisionnement et la sécurité,une centrale d’alarmes étantmise en place. Si le système fonc-tionne de façon satisfaisante àprésent, les études et le déve-loppement ont duré un an deplus que prévu. Le plan de routeYatoopartoo vise à vite ouvrirde nombreux magasins, pourdevancer ses trois rivaux sur lemarché. La Belgique comptedéjà de plus de cent ACS, la plu-part étant gérés par des indé-pendants. En France, Casino,Auchan et l’épicier Chouette sesont lancés dans la compétition.

Pascal Sage

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Les applications M2M récla-ment plus de traitementsen temps réel. Il faut donc

embarquer dans le réseau desfonctions avancées de gestion dela qualité de service, de haute dis-ponibilité et de sécurité», noteOlivier Seznec, directeur tech-nique de Cisco Systems France.Une nouvelle instrumentation serévèle en effet nécessaire pourles échanges entre machines etserveurs. Il faut pouvoir prouverque les transactions sont bientransmises et traitées confor-mément à un engagement deservice. Quoique inhabituellepour les programmeurs, l’ap-proche Application OrientedNetworking (AON) de Ciscofournit une nouvelle pistetechnique à base de moduleslogiques réutilisables.

L’application M2M s’observesur deux axes : le transport entemps réel de l’information etles messages véhiculés. L’ap-proche AON a été introduite enjuin 2005 pour concilier les pro-tocoles et formats distincts etoffrir une surveillance des tran-sactions de bout en bout.

On retrouve, dans le domaineM2M, des problématiques desécurisation, d’interopérabilité,de haute disponibilité et de ges-tion de la QoS. Lorsque lestemps de réponse se dégradent,il faut pouvoir déterminer si le

serveur ou le réseausont encauseet préciser à quel endroit inter-venir. Le cas échéant, la plate-forme M2M doit proposer unecorrection automatique. «AONpermet de travailler sur troisaspects : le routage, la sécurisationet la surveillance des messages,explique Olivier Seznec. Leréseau devient capable de recon-naître le contenu du message pourle transmettre au bon serveurselon des règles prédéterminées.»

En fonction des priorités, lasécurisation du message va pas-ser par l’authentification desmachines émettrices et/ou parun chiffrement des données(coordonnées bancaires, parexemple). Ensuite, la surveillanceeffectuée par l’infrastructurepourra certifier qu’un messagedonné a bien atteint le systèmed’information, à telle heure eten passant par tel routeur. Onprouvera aussi que le traitementa bien été exécuté et s’est achevésans erreur, pour compléter unefacture ou répondre à la machineavec de nouvelles instructionset dans un délai conforme.

Appliancesou modules

Comment s’implémenteAON ? Pour l’heure, à traversdes appliances ou des modules àenficher dans les routeurs et lescommutateurs du centre de don-nées. Une plate-forme d’admi-nistration des modules et un kitde développement applicatifcomplètent le dispositif. A terme,des traitements génériques pour-ront être embarqués dans lescomposants Asic des équipe-ments. Les programmeurs uti-lisent un AON Designer Studiopour déclarer les opérations réa-lisées par le réseau sur chaquemessage applicatif détecté.

Les équipements réseaux vontainsi pouvoir surveiller les filesd’attente de messages et aiguillerles transactions entre machines.Ils deviennent capables de détec-ter des commandes, de les fil-trer et les traiter en temps réel.Sans avoir à solliciter le moindreserveur d’applications, les mes-sages peuvent être traduits dansle format du système cible : parexemple, une file d’attente seratranscrite en middleware Tibcodans le secteur de la finance oubien transmise. En outre, lesmachines vont s’interfacer plusvite aux serveurs SMTP et FTP.

Une captationplus fine

Le leitmotiv de Cisco consisteà renforcer les applications trai-tées par le réseau : «C’est le seulélément qui unit les serveurs, lesclients, le stockage, les machineset les applications avec leur ges-tionnaire de données. Lorsquel’on place une fonction dans leréseau, tous les nœuds peuventen bénéficier.»

Hors AON, la sécurité desmessages passe par des réseauxVLAN particuliers avec une qua-lité de service définie pour assu-rer que les flux ne seront jamaisperdus. Avec AON, les fonctionsliées aux tags RFID peuvent êtreinstrumentées. Du coup, dèsqu’un élément est intercepté parun routeur d’agence, il pourraêtre routé vers un serveur donné.Des règles de filtrage pourrontintervenir dès la lecture des éti-quettes intelligentes. Le réseauidentifiera ainsi tous les pro-duits livrés sur une même palettepour ne déclencher qu’un seulévénement par exemple. Cettecaptation plus fine pourra infor-mer simultanément plusieursapplications : logistique, factu-ration, extranet… Le modulelogique va être exploité commeun service réseau, dont le butconsiste à optimiser les tempsde réponse M2M, comme leferait un cache réseau dont la

présence bénéficie à toutes lesapplications.

En fait, le M2M concerne deséchanges d’objets à serveur, puisde serveur à serveur, avant delivrer un résultat automatiqueà l’utilisateur. L’entreprise a déjàmis en place plusieurs systèmespour gérer ses traitements finan-ciers, sa production, sa factura-tion. Il s’agit de ne pas tout bou-leverser, plutôt de tout accorder.«Elle doit faire communiquer sessystèmes avec le M2M, de la com-mande jusqu’à la facturation. Elledoit s’affranchir des messages, deslogiques métiers et des protocolesdifférents. AON propose un chan-gement de modèle pour le réseau»,ajoute Olivier Seznec. En dépitd’une approche encore canton-née aux outils Cisco, il estimeque toutes les entreprises traitantdes informations complexes etde valeur gagnent à la considé-rer : «Pour les banques, la dispa-rition d’une transaction peut setraduire en lourde perte finan-cière. Dans l’industrie, la produc-tion automatisée passe aussi pardes flux d’informations en tempsréel. L’instrumentation du réseause rencontre dès qu’il y a obliga-tion de traçabilité des échanges.»

Dans une application M2M,l’infrastructure IP ne gérait quedes paquets, voire des sessionsTCP jusqu’ici. Dorénavant, ladétermination du routage desmessages de la machine jusqu’auserveur peut incomber au réseaului-même. Au-delà, l’infrastruc-ture, Cisco entend gérer la sécu-rité des messages, l’équilibragede charges et même l’accéléra-tion des requêtes SSL.

Pascal Sage

Cisco veut accompagner les messages M2MLe middleware AON de Cisco suggère un tronccommun pour le routage, la surveillance et lasécurisation des messages et transactions M2M.

Olivier Seznec, directeur techniquede Cisco Systems France.

EN SAVOIR PLUS

● Forum M2M

Du 5 au 7 décembre 2006– Palais des Congrès, Parishttp://www.m2m-forum.com/

● Livre blanc M2M

Coédité par la Fing(www.fing.org), le Syntec(www.syntec-informatique.fr)et France Télécom

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