m1 Lesourd Intro

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1 UNIVERSITE DE GENEVE DEPARTEMENT HEC Certificat de Formation Continue "Gestion de l’environnement et entreprise" LA GESTION DE L’ENVIRONNEMENT DANS L’ENTREPRISE INTRODUCTION A LA GESTION DE L’ENVIRONNEMENT JEAN-BAPTISTE LESOURD Genève, Novembre 2003

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UNIVERSITE DE GENEVE DEPARTEMENT HEC

Certificat de Formation Continue "Gestion de l’environnement et entreprise"

LA GESTION

DE L’ENVIRONNEMENT DANS L’ENTREPRISE

INTRODUCTION A LA GESTION DE L’ENVIRONNEMENT 

JEAN-BAPTISTE LESOURD

Genève, Novembre 2003

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BIBLIOGRAPHIE SUCCINCTE

• Haurie, A. (Coordonnateur), (1996), Gestion de l’environnement et entreprise, Presses Universitaires et Polytechniques Romandes, Lausanne.

• Lesourd, J.B. et Schilizzi, S. (2003), The Environment in Corporate Management, Foreword by D. Pearce (University of London); Preface by Lena Gevert (Volvo Group). Cheltenham, UK: Edward Elgar. Seconde édition paperback.

• Lesourd, J.B., Economie et gestion de l’environnement, (1996), Préface par J. Desarnauts (ATOFINA); Introduction par F. Carlevaro (Université de Genève). Genève: Droz.

• Schaltegger, S., Müller, K. et Hindrichsen, H., (1996), Corporate Environmental Accounting, New-York: Wiley.

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PEUT-ON, DOIT-ON GERER L’ENVIRONNEMENT

DANS L’ ENTREPRISES ?

• Le problème se pose évidemment de manière différente pour chaque cas particulier d’entreprise, selon :

• La nature de la production,

• La nature de la demande,

• Les préoccupations des consommateurs,

• Les obligations réglementaires et les normes technologiques auxquelles l’entreprise est soumise.

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ENVIRONNEMENT ET GESTION :PLUSIEURS NIVEAUXDE PREOCCUPATION

(1) Les entreprises sont soumises au développement d’une législation et d’une réglementation relatives à la protection de l’environnement;

(2) Le développement des atteintes à l’environnement a développé chez les consommateurs et les clients des entreprises des attitudes dont elles doivent tenir compte;

(3) Mais… gouverner c’est prévoir : une entreprise doit tenir compte dans sa stratégie à long terme de l’évolution à laquelle elle va être confrontée sur les points (1) et (2).

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GESTION PASSIVEOU ACTIVE ?

• L’entreprise face aux problèmes de l’environnement doit-elle être passive et s’en tenir aux seules obligations réglementaires ?

• Ou au contraire se montrer pro-active, en allant au-devant des attitudes que peuvent avoir ses clients et les pouvoirs publics vis-à-vis de l’environnement ?

• Une attitude pro-active, quoique plus risquée et plus coûteuse, peut éventuellement améliorer la situation de l’entreprise, et prévenir un certain nombre de situations néfastes.

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EN D’AUTRES TERMES, UNE ENTREPRISE DOIT-ELLE…

• S’en tenir aux seules obligations réglementaires ?

• Ou… effectuer des investissements qui, tout en préservant l’environnement, sont rentables ?

• Ou… effectuer des investissements qui préservent l’environnement, sans être nécessairement rentables ?

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ENVIRONNEMENTET QUALITE

• Il y a un lien fort entre gestion de l’environnement et gestion de la qualité, les méthodes et les techniques de gestion de l’une et de l’autre étant très proches;

• Ce lien se manifeste à travers ce que l’on peut appeler la qualité environnementale des biens (produits

"verts"); • Il se manifeste également à travers les systèmes de

gestion de l’environnement et leurs normes de gestion (ISO 14001) qui s’identifient aux normes de gestion de la qualité ISO 9001, ISO 9002 et ISO 9003.

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AU NIVEAU DE L’ORGANISATION INDUSTRIELLE…

• Le fait de gérer l’environnement est-il…

• Une préoccupation fonctionnelle? C’est-à-dire, doit-elle constituer une fonction spécialisée ?

• Ou opérationnelle? L’environnement doit-il s’intégrer à d’autres fonctions opérationnelles de l’entreprise? (Sécurité, production…) ?

• L’environnement est souvent couplé avec d’autres fonctions à caractère opérationnel (sécurité, gestion de ressources comme l’énergie…).

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L’ENVIRONNEMENT ET LES DIVERS SECTEURS D ’ACTIVITE

• La gestion de l ’environnement concerne tous les secteurs d ’activité, mais se diffère d ’un secteur d’activité à l ’autre :

• Dans l ’agriculture et dans les mines;

• Dans les industries lourdes, les impacts des activités sur l ’environnement sont le plus souvent importants;

• Dans les autres industries et dans les services, les impacts directs sur l ’environnement sont moins importants, mais il faut tenir compte de tout le cycle de vie du produit et, pour les services, des effets indirects.

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L’ENVIRONNEMENT ET LES DIVERS TYPES DE PRODUCTION (1)

• La gestion de l ’environnement diffère aussi selon les types de production. Il existe quatre grands types de production (selon Joan Woodward), dont chacun se situe de manière particulière vis à vis de l’environnement :

• (1) La production de masse ou de série;

• (2) La production par procédé;

• (3) La production artisanale;

• (4) La production par projet.

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LA PRODUCTION DE MASSE

• Un premier type de production (au sens de Joan Woodward) est la production de masse, dans laquelle le produit est répétitif : on produit un certain nombre d’objets indivisibles et tous identiques les uns aux autres.

• Dans la production de masse, l ’environnement se manifeste essentiellement parce qu’il sert de réceptacle des déchets par lesquels il est pollué (déchets solides, liquides ou gazeux) issus de la production elle-même. La qualité du produit est en général indépendante de l’environnement (industries mécaniques de grande série, automobile par exemple).

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LA PRODUCTION PAR PROCEDE

• Un second type de production est la production par procédé, dans laquelle le produit est répétitif, divisible et de qualité constante.

• Dans ce type de production comme dans la production de masse, l ’environnement sert de réceptacle par des déchets (solides, liquides ou gazeux) issus de la production elle-même. La qualité de ce produit est, comme dans le cas précédent, indépendante de l’environnement (industries chimiques, métallurgie lourde, industries agro-alimentaires).

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LA PRODUCTION ARTISANALE

• La production artisanale élabore un produit pouvant être analogue à ceux de la production de masse, mais par petites séries, de qualité non nécessairement constantes. Il existe aussi des productions artisanales avec un produit divisible comme dans le cas de la production par procédé, mais avec une qualité non constante, ou non reproductible.

• Ici, l ’environnement se manifeste encore en tant que réceptacle des déchets, mais dans certains cas l ’environnement fait partie du produit et de sa qualité (exemple : maçonnerie artisanale).

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LA PRODUCTION PAR PROJET

• Enfin, la production par projet diffère fondamentalement des trois types de production précédents. Elle se définit de la manière suivante :

• Le produit est unique et seul de son espèce;

• Sa production s’étale sur une période de temps significative;

• La qualité du produit dépend en général de son environnement, mais comme dans les cas précédents la production peut avoir un impact significatif sur celui-ci.

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EXEMPLES DE PRODUCTIONS PAR PROJET

• La production par projet existe depuis la plus haute antiquité : les pyramides d ’Egypte, la grande muraille de Chine, les cathédrales, sont tous des exemples de productions par projet. Avec la Révolution Industrielle, apparaissent de grands projets industriels et d ’infrastructures de transport (chemins de fer, canaux, autoroutes…).

• On distingue entre projets durs (infrastructures, ingéniérie, constructions d ’immeubles…) et projets mous (projets intellectuels ou audiovisuels tels que films, et en général produits du secteur des services…).

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L’ENVIRONNEMENT ET LES DIVERS TYPES DE PRODUCTION

• Ce que nous allons dire ici concerne tous les types de production.

• Des problèmes spécifiques et que nous n’aborderons pas ici se posent pour la production par projet (impact du projet sur l’environnement).

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L’APPROCHE TAYLORIENNE DE LA GESTION ET LA “NOUVELLE GESTION”

• Les conceptions, notamment dans le secteur de la production industrielle de masse ou continue ont été marquées par Fredrick Taylor (1911).

• L’approche taylorienne de la gestion industrielle est essentiellement orientée vers la productivité du travail, et cette productivité repose essentiellement, pour Taylor, dans une division de travail poussée à l’extrême (travail à la chaîne par exemple).

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LA DIVISION DU TRAVAIL

• Le principe de la division du travail était connu depuis longtemps, puisqu’il avait été mis en évidence dans la “Richesse des Nations” par Adam Smith, dès 1774, dans un passage bien connu où Adam Smith montre que la productivité d’ouvriers fabriquant des épingles est multipliée par un facteur de plusieurs centaines par une division du travail comportant une spécialisation entre ouvriers produisant la tête de l’épingle, étirant la pointe de celle-ci, etc…

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LE SYSTEME TAYLORIEN ET LA DIVISION DU TRAVAIL

• Fredrick Taylor, au début du XX° siècle, a systématisé le principe de division du travail et en a fait un principe opérationnel de gestion des industries de grande série. Pour Taylor, la productivité repose sur la division des tâches et la spécialisation.

• Le corollaire de ce principe de division du travail est une hiérarchie de type pyramidal, où la spécialisation des tâches ne permet pas aux employés de participer à

la gestion ou de prendre des initiatives hors de leur spécialisation étroite.

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LA STANDARDISATION DES FABRICATIONS

• Un second principe invoqué par Taylor, qui sous-tend une vision technique de la qualité, est le principe de standardisation des fabrications. Ce principe est bien adapté à la production mécanique en grande série, et il suppose une procédure automatique de fabrication des pièces qui sont toutes identiques. Compte tenu des imperfections et des erreurs humaines, il suppose également un certain pourcentage de rebuts ou de pièces non conformes aux spécifications.

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TAYLOR ET L’ENVIRONNEMENT :UN CONSTAT DE CARENCE

• Les ressources naturelles et l’environnement n’avaient que peu de place dans la vision de la gestion industrielle de l’époque de Taylor; or, cette vision a prévalu dans les grandes entreprises caractérisées par des productions de masse ou des productions par procédé jusqu’au début des années 1960-1970.

• L’environnement naturel était considéré comme extérieur à l’entreprise, et considéré, sinon comme infini, du moins comme suffisamment vaste pour pouvoir absorber toutes les pollutions et les rejets toxiques. Ce n’est donc pas une préoccupation.

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LA GESTION POST-TAYLORIENNE OU “NOUVELLE GESTION”

• Cette "nouvelle gestion" apparaît comme une réaction vis-à-vis de la gestion taylorienne.

• Elle s’intéresse davantage aux variables externes à l’entreprise, alors que la gestion taylorienne s’intéresse aux variables internes, et en particulier à la productivité.

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NOUVELLE GESTION ET QUALITE

• La “Nouvelle Gestion” s’intéresse en particulier à la qualité, dans une conception élargie par rapport à la vision purement technique qu’en a l’entreprise taylorienne. En portant la notion de qualité à son plus haut niveau - on parle de qualité totale - l’entreprise post-taylorienne se propose, d’une part, d’éliminer les coûts dûs à la non-qualité (rebuts, pertes, imperfections) et, d’autre part, d’améliorer sa position concurrentielle (alors que l’entreprise taylorienne envisage la concurrence en termes de quantité et de productivité).

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NOUVELLE GESTION ET ENVIRONNEMENT

• Cette “Nouvelle Gestion” permet la prise en compte par l’entreprise de variables externes intégrées aux préoccupations de ses clients potentiels, et même, plus largement de l’opinion publique, car l’image de l’entreprise dans l’opinion publique peut être importante et, à plus ou moins long terme, avoir des répercussions positives ou négatives sur les objectifs de celle-ci. L’environnement fait évidemment partie de ces variables externes.

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PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT ET AUTRES FONCTIONS DANS L’ENTREPRISE

• Il y a synergie, dans de nombreux cas, entre la protection de l’environnement et d’autres fonctions de l’entreprise.

• Compte tenu de l’importance des risques industriels majeurs et du fait que ces risques sont indissolublement liés à des risques importants pour l’environnement, la sécurité est l’une des ces fonctions.

• La qualité est une autre fonction pouvant donner lieu à synergie avec les préoccupations concernant la protection de l’environnement : nombre d’entreprises offrent des produits “verts”.

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EXEMPLES D’ENTREPRISES

• Migros, en Suisse, se préoccupe, au niveau de la gestion de ses stocks et de ses emballages, de la préservation de l’environnement;

• Le suédois Volvo est l’inventeur du pot catalytique avec l’Allemand Bosch; ses voitures (Volvo a récemment vendu sa division automobile à Ford) et ses véhicules sont complètement composées de produits recyclables et ses moteurs Diesel sont considérablement améloirés du point de vue des émissions de poussières. Les trois “core values” de la culture d’entreprise de Volvo sont qualité, sécurité et environnement.

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QUALITE, ENVIRONNEMENT ET TISSU INDUSTRIEL

• La gestion de la qualité implique un contrôle strict de la qualité chez tous les sous-traitants et fournisseurs et chez toutes les entreprises clientes de l’entreprise pratiquant cette gestion : ceci concerne de la même manière la gestion de l’environnement.

• La qualité environnementale des produits peut être un élément de choix parmi les concurrents d’un fournisseur ou d’un sous-traitant. De même, une réserve de responsabilité pour les dommages à l’environnement est souvent prévue dans les contrats de rachat d’entreprises.

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QUALITE ENVIRONNENTALE ET CYCLE DE VIE DU PRODUIT

• La notion de qualité environnementale d’un produit n’a de sens que si elle est appréhendée sur tout son cycle de vie (production, utilisation, maintenance, puis élimination du produit). Ceci peut être analysé par l’intermédiaire de l’Analyse du Cycle de Vie (ACV).

• Il existe, par ailleurs, des normes de gestion environnementale qui sont tout à fait parallèles aux normes de gestion de la qualité : les normes de la famille ISO 14000, lesquelles sont parallèles aux

normes de qualité de la famille ISO 9000.

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LES NORMES DE GESTION DE L’ENVIRONNEMENT : LA FAMILLE ISO 14000 ET LA FAMILLE ISO 9000

• La gestion de la qualité se rapporche de la gestion de l’environnement par les normes ISO. En particulier :

• Il y a dualité entre les normes ISO 9001-9002-9003 (normes de systèmes de gestion de la qualité) et les normes ISO 14001 (normes de gestion environnementale, qui concernent les systèmes de management environnemental (SME), certifiables;

• Les normes d’audit environnemental ISO 14010, 11, 12 sont les analogues des normes ISO 9010.

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LES STANDARDS DE LA FAMILLE ISO 14000 (1)

• ISO 14001 : Systèmes de gestion de l’environnement. Spécifications et guide d’utilisation. Cette norme, l’une des plus importantes de la famille, est ouverte à la certification.

• ISO 14004 : Systèmes de gestion de l’environnement. Lignes de conduite générales et principes, systèmes, et techniques de soutien (concerne les entreprises ne désirant pas aller à la certification).

• ISO 14010 : Lignes directrices des audits environnementaux.

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LES STANDARDS DE LA FAMILLE ISO 14000 (2)

• ISO 14020-21-22-23-24 : Étiquetage environnemental (normes relatives à l’information sur la qualité environnementale).

• ISO 14031 : Evaluation de la performance environnementale.

• ISO 14040-41-42-43 : Analyse du cycle de vie (ACV).

• ISO 14050 : Vocabulaire et terminologie.

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NORMES ISO 14000 ET NORMES EMAS

• De quoi s’agit-il ? • Les normes ISO 14000 sont des norme internationales

ISO (International Standards Organization). Elles sont universelles, elles s’appliquent à toutes les entreprises, de tous pays, dans tous les domaines d’activité.

• La norme EMAS (par certains aspects plus complète que les normes ISO 14000) émane d’une réglementation de l’Union Européenne ; elle s’applique seulement aux 15 pays membres. Elle ne s’applique qu’aux sites, et qu’aux entreprises industrielles.

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EXEMPLES D’ENTREPRISES CERTIFIEES ISO 14001

• Secteur primaire (agriculture, mines…) : WMC Ltd. (Australie).

• Secteur secondaire (industrie) : VOLVO (Suède); ST Microelectronics (France-Italie).

• Secteur tertiaire (services) : Crédit Suisse (Suisse); Swiss Re (Suisse); Barclays Bank (Royaume-Uni).

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QUESTIONS EN GUISE DE CONCLUSION

• Gérer l’environnement est devenu une préoccupation d ’un certain nombre d’entreprises et, d’une certaine manière, la gestion de l’environnement est devenue un nouveau domaine de la gestion, du point de vue académique, mais surtout du point de vue pratique. Cette préoccupation est relativement récente (les normes ISO 14000 apparaissent en 1996).

• Le peut-on ? Certainement, mais l’entreprise a des objectifs financiers tels que faire des profits.

• Le doit-on ? Poser la question revient à examiner le problème d ’un point de vue éthique.