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La limite entre fiction et réalité.

"Maman, regarde..."

Electrick Children : la critique.

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2 / 20 Sommaire

Sommaire

Philosophie : Réalité et Fiction. Rupture.

JULIETTE BANABERA

FRANÇOIS KÉMOON ­ ILLUSTRATION DE COUVERTURE.

Pages 4 à 5

Sexualités : "Maman, regarde..."

ALIWAHA

Page 6

Cinéma oublié : Electrick Children.

MÉLISANDE

Pages 7 à 8

L'invitée du mois : D.E.S I.L.L.U.S.I.O.N.S

MARION BANABERA

Page 9

Mouvement : Je suis Tchétchène, Je suis l'Humanité.

MATHILDE SACRÉ

Pages 10 à 11

Education et société : Quand l'éducation nationale affiche "Error"

MANON FOURNIER

Pages 12 à 14

Image et société : Imparfaite et fière.

SLUZTAKERS

Page 15

Spiritualité : Vous tenez "Descartes" entre vos mains.

LÉA ABATE

Pages 16 à 17

Vision du monde : Consommation des consommations, tout n'est que

consommation !

HUGO CARLOS

Pages 18 à 19

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EDITO3 / 20 Edito

Sois le changement que tu veux voir dans le Monde __ Gandhi

Doxa est le petit étendard d'un grandmouvement : celui de la Paix. Il porte lescouleurs flamboyantes du carburant novateurde la société : la Jeunesse. Ah ! ce vent d'airfrais s'abat sur nos oreilles comme uneremontrance. Le 21ème siècle éclotdifficilement. Les grandes nations ont déjàtoutes vu leur Jeunesse s'insurger. Oui, nous,les narcissiques. Nous, les désintéressés. Nous,les boutonneux, les mous, les addicts ausmartphone. N.O.U.S. La fameuse générationY que nous devrions appeler généralité Y tantla description que certains en font estréductrice et humiliante. La Jeunesse n'est plusactrice, elle est un « objet de débat ». Elle faitsa crise d'adolescence : elle est rebelle, déjouela police, se moque du gouvernement et despoliticiens. Il paraîtrait même qu'elle s'envante. Hou ! vilaine Jeunesse. Sus auxperturbateurs des intérêts privés de l'Etat, sus àla liberté d'expression ! A bas la contestation :emprisonnons les écologistes, perquisitionnonsles plus engagés et maltraitons-les. La réalitéliberticide de l'Etat d'Urgence en France nousinquiète bien plus que la menace terroriste.Quand des Français se font arrêter sous le jougd'une conformisation de la pensée, ce sont descerveaux en ébullition que l'Etat met sous lesverrous - les plus prompts à effrayer lessystèmes sclérosés. Ce sont eux les premiers àse retrouver exclus du monde de l'expressionet du changement. Pourtant, la Jeunesse ne

demande qu'à s'exprimer. Si nous avions dumal à boucler nos vingt pages au premiernuméro, pour ce second, nous en avonsbeaucoup trop ! Là est le but de Doxa : l'écouteet le respect de vos convictions. Nosrédacteurs se lisent avec le coeur. Le poids deleurs mots réside dans l'importance qu'ils leurconfèrent. Notre équipe se réunit sous uneemblème : celle du changement. Nos idéauxsont comme des étoiles pour les marins, desguides dans l'obscurité. Ils n'ont pas laprétention d'exister toujours, mais au moinsd'avoir brillé un jour. Ce sont eux qui nousélèvent vers le mieux. Notre équipe repense ouanalyse le système scolaire, depuis longtempsdépassé. Elle reconsidère l'image que nousavons de nous-mêmes, notre rapport à l'Autreet son jugement parfois destructeur. Elle porteune invitation à la contemplation et l'espoir quise gonfle de liberté. Ces écrits, touspersonnels, sont une part de notre humanité.Depuis que le projet Doxa est né, j 'ai puécouter des témoignages de personnes qui ontvécu des moments forts. De nouveaux liens sesont créés et je suis heureuse de pouvoir vousen montrer un aperçu aujourd'hui.

Ce numéro de Doxa vous propose le prismed'un avenir rêvé, fort et lumineux, et surtoutl'ébauche de ce nouveau monde : le nôtre.

Mathilde Sacré et toute la rédac'

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Élucubrations philosophiques et chaotiques

4 / 20 Philosophie

Réalité Fiction

Il est arrivé à chacund'imaginer le monde selon lescénario d'un film de science-fiction ou d'un livre, en sedisant : "ce serait tellementbien ! " ou encore "Je medemande ce que ce serait devivre là- dedans". Et si cesmondes imaginaires dedemain commençaient à fairepartie de notre réalité dèsaujourd'hui ? La réalitédépasserait alors l'ima-gination humaine pourrentrer dans l'univers duconcret. Ainsi, je me posecette question : La limiteentre la réalité et la fictionexiste-t-elle vraiment ? Grâce

aux avancées technologiquessur un laps de temps de plusen plus court, l'évolution denos sociétés qui s'étendent etla course à l'innovation, neva-t-on pas vers un monde oùseul l'imaginaire humainpourra gouverner la réalité ?Dans ce cas, peut-onréellement faire la distinctionentre le réel et l'imaginaire ?Vis-à-vis de ce problèmeépineux, j 'ai décidé de mepencher sur la question.Accrochez bien vos ceintures,nous allons faire plusieursbonds dans le temps et dansla pensée humaine.

Nous entretenons actuellement uneculture de l'image qui nous offrel'illusion de la possibilité du vrai.Face à ces mots imposants, unepetite explication s'impose. Lorsquevous revoyez pour la énième foisune trilogie culte, jamais il ne vousviendrait à l'esprit que ces mondessont tangibles. Pourtant, la part devotre imagination ne peuts'empêcher de se demander "et si . . .". Mais plus encore, un film, tel queStar Wars, offre un mondehypothétique qui vous faitappréhender demain sous le regardde l'imaginaire. Le futur devientsource de fantasmes etd'idéalisation. Certains vont mêmejusqu'à réaliser la fiction. Est-cevraiment possible, me direz-vous ?En tout cas, ces gens-là ne se sontpas posé la question.

Une question anodine à présent :Aimez-vous Star Wars ? Certainespersonnes en Angleterre,

énormément. Admirez- vous lesJedi ? Que ceux qui les apprécientse réjouissent car les jedi existent.Ces mêmes personnes qui ont tantd'admiration pour la double trilogieont décidé d'extirper la pensée jedi

“ Nous entretenonsactuellement une culture de

l'image qui nous offrel'illusion de la possibilité du

vrai. ”

de la fiction où elle était enferméeet d'en faire une religion avec sesdifférents courants idéologiques etsa propre secte. Le pire dans toutceci ? C'est que cela marche ! 500000 personnes dans le mondeprêchent la voix du jedi, un sabrelaser dans une main et le code dujedi dans l'autre. Le phénomèneStar Wars n'est pas un cas isolé.Cette reprise de la fiction dans lemonde réel s'est également vu avecle film V pour Vendetta où ungroupe de hackers internationaux a

repris le fameux masque du justicierAnonymous pour servir leur cause.Ces quelques personnes disséminéesdans le monde essaient de transformerce "si" en une réalité concrète.

Ce genre de fictions prend place dansun temps qui n'est aucunement révolu,offre une porte de sortie à l'Homme. Ilquestionne l'avenir que nous aimerionsavoir et le futur de l'humanité. Allons-nous étendre nos frontières dans toutela galaxie comme dans la série Firefly? Ces questions tendent à réduire lalimite entre la fiction et notre réalité.Elles portent certains scientifiques à sepencher sur des faits imaginairescomme les extraterrestres et à ne pasles considérer comme impossibles. Onparle bien de créer une atmosphère surMars afin de la rendre habitable. Lesinnovations techniques rendentpossible un imaginaire collectif fait demachines volantes, de robots et devoyages spatio-temporels, amenés parla fiction.

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5 / 20 Philosophie (suite)

Pourtant, se laisser diriger par sonimagination et ses fantasmes, n'est-ce pas le meilleur moyen d'être déçupar la réalité ?

La religion des Jedi ne sera pasaussi impressionnante et respectableque dans les films de GeorgesLucas. Du fait qu'elle soit réelle, elleest influencée par notre société deconsommation, notre moral, et parceux qui la pratiquent. Elle faitpartie d'un monde où la forcen'existe pas et où les sabres laser nesont pas monnaie courante. Laréalité ne sera jamais à la hauteur dela fiction et de nos fantasmes. Celapeut créer une éternelleinsatisfaction chez l'individu. A tropfantasmer sur l'impossible, on selasse de la vie. Virginia Woolf disaitque « La seule vie qui soitpassionnante est la vie imaginaire ».Et c'est peut-être vrai, mais au lieude s'efforcer à faire basculer lafiction dans la réalité, ne devrions-nous pas la laisser là où elle setrouve, c'est-à-dire dans notre tête etnous contenter du pan de réel quenous avons ? Je puis dire aveccertitude que l'influence de la fictionsur le réel est indéniable. Tous lesfilms que nous voyons, les livresque nous lisons, les jeux vidéosauxquels nous jouons nouspermettent de construire unimaginaire et de rêver un réel. Onimagine une œuvre, puis on laconfectionne afin qu'elle bascule denotre imagination au monde concret.Cela nous permet de partager cemonde intime de l'imagination avecd'autres personnes. Ces œuvrespermettront d'enrichir leursimaginaires et ainsi de suite. Toutcela pour dire que nous aussi nousnous influençons entre nous !

L'influence de la fiction peut êtrenéfaste et conduire à undétachement de la réalité, tout enétant essentielle. Notre réalité estdure, c'est un fait vu et revu, maisnous avons une chose qui permet de

nous en évader : la fiction. Parfois,et surtout pour certains enfants, c'estune porte de sortie afin d'aller audelà d'un traumatisme.L'imagination permet de composeravec la réalité et de l'endurer tout ens'équilibrant et en se préservant. Lalimite a donc son importance. Elleest présente pour ne pas vivre dansses fantasmes et soutenir l'équilibre

“La seule vie qui soitpassionnante est la vie

imaginaire.”

de notre état psychique.

Maintenant, que nous nous sommesbien échauffés la tête, concluons ! Lesavancées techniques peuventpermettre à ces mondes futuristesd'entrer dans le monde qui nousentoure. Et peut-être, que dans unsiècle ou deux, grâce aux technologieset à l'informatique, tout ce que nousimaginons fera notre réalité. Nousn'aurions plus besoin de cette limiteréalité / fiction. Nos sociétés peuventévoluer avec une nouvelle culture, quiimpliquerait la fusion entre la réalitéet cette fiction. Si nous imaginions unmonde, où lorsque nous marcherions,nous saurions que tout ce que nousvoyons fait également partie d'unmonde fictif. Comment réagirions-nous ? Sur quel mode de vie nousbaserions-nous pour coexister ? Et,pour finir, ce monde serait-il possible?

Il est temps, maintenant, de tournerla page. Je vous laisse, soit rêveur,soit sceptique, ou tout simplementmigraineux, passer à la rubriquesuivante !

Utrum des alienis cogitationibuscrotaphos philosophus !

__ Juliette Banabera

Le vent me soufflait à l’oreille, memurmurant tes mots d'amour.Amour de toi, Amour de nous.Il me portait les éclats de rire des

enfants et les secrets desamoureux.

Arbres qui ont soutenu tant decouples heureux.

Lorsqu'il sourit, nous rions,Lorsqu'il murmure, nous

frémissons,Lorsqu'il gronde, nous courons!Nous crions, nous jouons, nous

sautons !Quels fous que nous sommes, que

tu es, que je suis.Quelle folle que je suis de t'aimer

ainsi.

__ Eli

Ta Beauté est un cri perduQue taisent la braise et la nue

Sur le fleuve aux couleurs muettesTa Beauté est un cri perduDont tes longs silences émus

S'amusent en douleurs abstraitesTa Beauté est un cri perdu

Que taisent la braise et la nue.

__ Sylphide

Je vois des doigts, je vois tes[doigts

Tes doigts qui disent "tais-toi"

Je vois la plaine de tes yeux,Tes yeux qui disent "Adieu"

Mais je ne vois plus nos jours[câlins

De ceux qui disent "Reviens"

Il n'y a plus d'amour,Plus d'amour qui dit "Toujours".

__Sylphide

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6 / 20 Sexualités

"Maman regarde..."« Maman, regarde, pourquoi les deux filles elles se font un bisou sur la bouche ?

- Ne les regarde pas Lucas, c'est sale ce qu'elles font. »

Après avoir dit au revoir à mapetite amie, je me retourne etcroise le regard noir de la mère dujeune Lucas, 6 ans à tout casser,qui me toise du haut de sesLouboutins comme si j 'étais unefille sale. Un peu plus loin, un vieilhomme me regarde en secouant latête de désespoir : « Pfff ceslesbiennes alors… » Je m'éloignede la gare en soupirant. Encore desremarques sur ma sexualité.Toujours les mêmes, ça en devientlassant…

Cela fait déjà 4 mois que je suisavec ma copine. C'est la premièrefille pour qui j 'ai des sentimentsaussi forts ; c'est la première filleque j 'aime. Il est vrai qu'à la base,j 'étais hétérosexuelle, mais je n'aijamais été à l'aise avec mesanciens compagnons : à chaquefois, une tension se faisait sentirdans le couple. C'est à cause -ougrâce devrais-je dire- de cessentiments que je ressentais quej 'ai compris que je n'aimais pas leshommes. Mais c'est aussi à partirde là que les remarques blessantesont commencé à se faire entendre.

Au début ça allait, je ne percevaisque les regards inquisiteurs despassants dans la rue. Puis au fil dutemps, je me suis rendue compteque les gens parlaient autour denous : « T'as vu les gouines ? »,« Baah regarde elless'embrassent ! », « Mon dieu maisc'est dégueulasse », ou encore lesnon moins distingués : « Ah vousêtes homos ? Vous pouvez vous

embrasser pour voir ? »Ces mots devenaient blessants,ils faisaient mal, noustranchaient au plus profond denous. Chaque fois, ça faisait unpeu plus mal. Chaque fois, lecoup était dur. Pourquoi lesgens nous voient-ils commedes monstres, des personnesanormales ? Sommes-nous desdéchets de cette société quin'arrive pas à ouvrir son espritpour nous accepter ? Ou alorson ne nous accepte pas carnous n'entrons pas dans lescodes stricts de la société quisont établis par les anciennesgénérations, la religion, lesmœurs établies dans lespopulations…

Ces moments étaient vraimentdifficiles à vivre. Mais depuisce temps, nous nous sommeshabituées aux remarques.Maintenant, je suis passée au

-dessus de tout ça. A présent,toutes ces petites piques me fontrire, et je ne les prends plus aussiau sérieux qu'avant. Je memoque de ces personnes qui nenous comprennent pas ; nous nesommes pas des monstres. Nousavons un esprit largement plusouvert que tous ces gens, nousarrivons à aimer quelque chosequi n'entre pas dans la base de lavie – et tant mieux d'ailleurs ! -De plus, si Oscar Wilde déclareque « Si Adam avait étéhomosexuel, personne ne seraitlà pour le dire », je préfèrem'appuyer sur une citationbeaucoup plus amusante deColuche :

« Les homosexuels ne sereproduisent pas entre eux etpourtant ils sont de plus en

plus nombreux ! »

__ Aliwaha

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7 / 20 Cinéma oublié

Les dernières lignes du générique s’estompent et l’écran s’assombrit enfin. C’est le signe pour les

quelques spectateurs présents de quitter leurs sièges et de retourner à leurs occupations. Quant à moi, je

réussis tant bien que mal à quitter la salle et à sillonner les rues sur le chemin du retour. Seuls mes pas me

guident, mes pensées sont, elles, restées dans la salle obscure du cinéma et attendent des réponses.

Une fille de 15 ans qui pense être tombée enceinte d’une cassette de musique ; c’est tout ce qui m’aura

suffi pour me rendre béate d’admiration et marquer ma courte vie de cinéphile.

Déjà trois ans se sont écoulésdepuis la sortie d’ElectrickChildren. Un film qui mérite tantle détour, mais qui est pourtanttrès loin du succès de Twilight,chapitre 5, en termes d’entrées, lamême année. (Ah mais que lemonde est mal fait ! ). Mais quelest donc ce film, et pourquoi cenom ne ravive-t-il aucun souveniren vous ?

Electrick Children est un filmaméricain sorti en 2012 et réalisépar la talentueuse RebeccaThomas. Là non plus, son nom nevous est pas familier ? Pasd’ inquiétude, Electrick Childrenest son premier long métrage ;elle s’attellera cependantprochainement à la réalisationd’une énième adaptation deslivres de John Green (Espéronsqu’elle saura apporter une touched’originalité dans cet océan dedoublons).

Rebecca T. a pris le parti dechoisir des acteurs, là encore,inconnus du grand écran : JuliaGarner, 1 8 ans à l’époque et que

l’on a par la suite pu découvrirdans Le monde de Charlie et Sincity, ainsi que Rory Culkin déjàaperçu dans Scream, et enfin,Billy Zane qui a notammentjoué dans Titanic (oui, il n’yavait pas que Léonardo et Katesur ce bateau). Le scénario estdonc interprété en majorité pardes acteurs inexpérimentés, maisdétrompez-vous, ils ont peu àenvier aux plus grands.

Abordons à présent la trame del’histoire, qui pourra sans douteen dérouter et en refroidir plusd’un. Car oui, c’est un film d’artet d’essai (les films que l’on nepeut que visionner dans depetites salles, souvent malsubventionnées, et sans pop-corn pour couronner le tout ! ).Le scénario est donc trèspersonnel, et j ’ai le déplaisir deconstater, qu’à notre époque, lasingularité a plutôt tendance àdécourager.

L’histoire se déroule donc dansles années 90, où l’on retrouveRachel, l’héroïne, qui vit dans

une communauté mormone del’Utah, un état de l’Ouest desEtats-Unis. Sans épiloguer, lemormonisme est une religioncréée il y a moins de deux centsans, qui dérive du christianisme,avec des partisans qui viventretranchés, en communauté, loindes villes modernes et de « leurgoût prononcé pour laperversion » . Si l’on considèrebien sûr que sortir le soir entreamis, correspond à pactiser avecle diable. Rachel voit donc sa viebasculer après avoir écouté pourla première fois, avec un plaisircoupable, une cassette demusique. Elle tombe par la suitemiraculeusement enceinte et sevoit contrainte par son beau-pèred’épouser un homme respectable,le plus rapidement possible.

Rachel décide de s’enfuir à larecherche du mystérieux chanteurde la cassette et se retrouverapidement sur les pavés de LasVegas, un lieu aux antipodes de toutce qu’elle a pu connaître. Elle y faitla rencontre de personnages auxmyriades de personnalités, et qui

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8 / 20 Cinéma oublié (suite)

en plus de l’aider dans sa quête, luiapprendront à vivre. En plus detenir un scénario unique, laréalisatrice ne s’arrête pas en si bonchemin. En effet, chaque détail dansla réalisation devient un outil pourfaire de ce diamant brut une pierrescintillante.

Les décors et l’éclairage,premièrement, illustrent parfai-tement la coupe du film, qui nousfont passer d’un monde austère àune peinture psychédélique de laville.

Le film s’ouvre sur un paysage auxallures de westerns ; maisonnettesen bois, plaines à perte de vue,éclairage aux couleurs chaudes…Mais sans un petit Clint Eastwoodà l’horizon pour apporter un peude piquant, seulement le pesantsilence d’un mal-être général, et unsoleil éblouissant qui anéantiraitfaci-lement toute une colonie deGremlins.

Puis c’est un autre monde que nousdécouvrons à travers le regardfasciné de Rachel. Las Vegas ou

« sin city » (la ville du péché) esten effet garnie de casinos, decabarets, de bars et de dizainesd’enseignes, toutes éclairées auxnéons bigarrés (pas de quoi tuerun épileptique, mais à éviter sivous êtes décorateur d’ intérieur.)La musique est également unélément essentiel dans l’embe-llissement du film, et qui vientrythmer le parcours et l’ascensionde l’héroïne.

En tant que grande mélomane,pionnière à la soif inextinguiblede nouvelles découvertes musicalesméconnues du grand public, il mesera très aisé de vous faire partagerles musiques qui composent labande originale d’ElectrickChildren. Je plaisante bien sûr…

Ma culture musicale doit pouvoirse condenser dans une coquilled’huître. Mais même en temps quenovice, je ne peux que constaterl’effort fourni pour proposer unecomposition musicale si éclectiqueet harmonieuse à la fois. Pour lesamateurs du genre, elle estcomposée de quelques morceaux

rock, tel que « A Gentleman Caller »interprété par le croupe Cursive,mais également des passages popavec « Hanging On The Telephone »(la musique de la cassette) et mêmede l’acoustique pour les pluscraintifs.

Je pourrais encore disserter sur lesqualités des acteurs, de la mise enscène, des costumes.. . Car, commevous avez pu le remarquer, ce filmm’a profondément marquée, touchéeet a brisé nombre de mes a priorisur la jeunesse des années 90. Maispour vous faire votre propre avis, leplus simple est encore de prendrele risque de le regarder. Après tout,qu’est-ce qu’ 1h36 dans une vie ?Une dernière petite chose : si vousle visionnez en version française,j ’envoie Hannibal vous arracher lefoie et le cuisiner avec des fèves aubeurre et un excellent Chianti.

__Mélisande

Du nouveau dans le tatouage : Realistic Trash Polka.

Le (Realistic) Trash Polka nous vient d'Allemagne,créé par un couple atypique de tatoueur et musicien,Simone Pfaff et Volker Merschky. Ils réalisent etconçoivent leurs tatouages ensemble. En 2000, dansleur salon nommé « Buena Vista Tattoo club » (dont lapage Facebook porte le même nom), ils décident denommer ce qu'ils font Realistic Trash Polka. Leur codegraphique (ou style) se répand rapidement dans lemonde grâce à Internet. Quelques années plus tard ilsse voient donc obligés de déposer le nom. Ce stylemêle le réalisme (les éléments figuratifs) à l'industrielet fait appel à des éléments graphiques comme lestraits, les aplats, les écritures. . . Les couleurs les plussouvent utilisées sont le noir et ses nuances ainsi quele rouge, mais d'autres couleurs vives peuvents'incorporer dans quelques œuvres. D'après Volker, cestyle est une combinaison entre le réalisme et le trash ;la nature et l'abstrait ; la technologie et l'humanité ; le

passé, le présent et le futur. Il ne peut être réellementréalisé que dans ce salon, car il n'y a pas de réelletechnique ni de mode d'apprentissage ; de plus, leurtravail en binôme ne peut être « égalé ». Si vousvoulez un rendez-vous, il vous faudra par contreattendre environ deux ans, car leur carnet est déjà bienrempli. Mais d'autres tatoueurs imitent leurs codesgraphiques, ou quelques aspects de ce « style » : enFrance, nous avons par exemple Loïc Blindesign quis'inspire de l'aspect réaliste/trash.

__ Sluztakers

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9 / 20 L'article de l'invitée

D.E.S I.L.L.U.S.I.O.N.SC'était il n'y a pas si longtemps.Et pourtant ce n'est déjà plus àmoi. C'est à vous désormais.Mais pour combien de temps ?Il y a quelques années encore,je marchais, comme vous dansles couloirs blancs de Daudet,arpentant les salles aux odeursde craies. J'ai ri, comme vous,en sortant de la courd'Honneur, en passant devantles bâtiments que l'on ne voyaitmême plus à force de les voir.

Le temps passe et, nous,on trépasse. Alors, tout est

perdu ?

On était con. On était jeune.On voulait bouffer le monde, eton sortait fumer nos vieuxstecks sur les marches duLycée. On faisait semblantd'ignorer quand on aimait ensecret. Mais est-ce que votretemps sera éternité ? Et s'il estdéjà compté, que faire desminutes qu'il vous reste pourdonner un sens à ces derniersinstants, ces instantsd'innocence avant de sauter àpieds joints dans la majorité etles responsabilités ? Vous êtesen retard ? Non, c'est le mondequi est en avance. Un dernierexcès de rébellion, regarder unarbre avec ces yeux-là, encoreune fois, ou passer la soirée àcontempler un firmament quitangue sous les vapeurs acidesde la nuit. . . Il n'y a pas trente-six mille solutions, vous neserez jamais plus tel que vous

êtes, mais ce que vous avez été,vous vous en souviendrez ; et audétour d'une petite madeleine,derrière les marches d'un sentier,soudain, aux rayons évanescentsde l'aurore, alors que des annéesplus tard vous marcherez le nezpar terre, la tête enfoncée dansvotre parka sous la pluie grise del'automne, vous tomberez nez ànez avec un fantôme – votreadolescence, splendide etglorieuse sur ses anciennes ruiness'élèvera devant vous. Vousn'aviez pas regardé où vousmarchiez, plongés dans vospensées, vous étiez tout à voslivres de compte, vos enfants, vosfactures, votre chien, et vous avezoublié où vous étiez nés. Audétour d'une ruelle, sans prendregarde,

Vous êtes en retard ? Non,c'est le monde qui est en

avance.

Daudet s'est dressé, menaçant,terrible, ses marches comme unautel déshonoré, ses hautes portescomme une forteresse inquiétante.Vous aviez oublié. Vous aviezoublié d'aimer, de vous souvenir,de sentir ce vent ancien del'enfance sur votre visage. Oui, iln'y a pas si longtemps vous étiezjeunes, vous étiez beaux, vousétiez lycéens. Et voilà que commele chant de l'oiseau deChateaubriand, le monde vousheurte en pleine poire. C'est unegifle donnée par l'univers. Letemps passe et, nous, on trépasse.

Alors, tout est perdu ?

En réalité, lycéen ce n'est pasun métier, c'est un élan !

Mais non, il reste les livres, lesromans, les films de Woody Allen,les rires des enfants le dimanchematin, le souvenir de vos marelles,la caresse de votre jeunesse, lasagesse de votre vieillesse, l'odeurdes croissants dans la rue, lespizzas le vendredi soir, lesbonbons pour les caries etBaudelaire pour les désespérés.Vous aurez beau vieillir, lycéensque vous êtes, vous aurez beauchanger, pleurer, oublier Daudet etses barreaux, vos rêves et leur arc-en-ciel, il vous restera toujoursProust pour vous rappeler qu'unsouvenir, ça n'obéit qu'à soi-même.Alors oui, c'est vrai il y a la mortaussi, la désillusion, l'assomption,et tout le reste comme autant dechemins qui pavent l'enfer. Mais ily a vous aussi. Et moi, j 'ai toujourscru davantage en la feuille toutetremblante dans le vent d'automneque dans les faits divers. En vérité,lycéen ce n'est pas un métier, cen'est pas un état, ni une condition,c'est un élan, l'élan premier vers unvoyage premier. Vous êtes desUlysse. Alors, ne vous paumez pasen route.

__ Marion Banabera

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1 0 / 20 Mouvement

Je suis Tchétchène,je suis l'Humanité.

La Tchétchénie fut d'abord ce garçon au fond de la classe, silencieux comme des ruines. Un enfant granditrop vite au sourire large et aux épaules engourdies par un passé chargé. De la prudence dans le regard, dela méfiance dans l'allure ; comment ne pas sentir chez lui l'énergie de ceux qui doivent lutter pour vivre ?

« Je suis tchétchène »

Rire. Ces mots sonnaientcomme une blague, un assem-blage incongru de syllabes merappelant les surnoms que jedonnais à mes peluches. Je saismaintenant que la réalité peutêtre cruelle avec l'innocence deceux qui rient. Mon nounourss'avéra être un réfugié deguerre, qui avait troqué la haineet le sang contre la misère etl'exil.

J'ai appris à le connaître. Saprésence fut une école del'humilité, du respect et de lasimplicité. Il m'a enseigné laforce de l'amitié et de l'amoursans même s'en douter.Aujourd'hui, il ignore qu'il mepousse à écrire sur ce conflitoublié du Caucase opposant la« République » Tchétchène etla Russie depuis le 16ème

siècle.

Bombardements, viols, enlè-vements, crimes d'honneur,attentats, torture y sont monnaiecourante. D'un côté, lesTchétchènes réclament leurindépendance. De l'autre,Poutine exige le monopole dupouvoir pétrolier dans cetterégion du Caucase, au sud dela Russie. Qu'il soit un dilemmeéconomique pour l'un et politiquepour l'autre, ce conflit n'a quedes débouchés sanglants. Si jedécide aujourd'hui de vous parlerde cette guerre, ce n'est pas pouren faire une analyse détaillée.Bien que l'entreprise soitpossible, il s'agit plutôt de mettreen lumière les ravages del'immigration sous la contrainte,mais aussi toutes les leçons quenous pouvons en tirer.

Un peuple sans culture est

comme une maison sansfondation. Que l'on nous supprimenotre histoire, nos traditions etnos coutumes, nous rede-viendrions des bêtes grégaires,bêlant à peine sous les coups debâtons. Le but de Poutine est ici :créer une population vulnérableet facilement contrôlable. Il s'yapplique depuis belle lurette enprenant soin de bombarder desvestiges archéologiques ou enbrûlant de très anciens manuscrits.Tiens ! cela ne vous rappelle-t-il pas les actes de Daech,détruisant la cité assyrienne deNimroud en Irak ? Poutine n'estpas dupe, le choc invite à laservilité. Naomi Klein détaillecette stratégie du choc dans sonlivre, que je vous recommande.

Une soirée d'hiver aura suffi àreconsidérer ma vision du monde.J'étais dans la rue avec ce garçonvenu de l'autre bout du monde.

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11 / 20 Mouvement (suite)

Nous discutions de la situationtchétchène et cette scène mesemblait irréelle. L'horreur, je laconnaissais à travers la télévisionou mon ordinateur, mais durantcet instant, j 'avais la réalité sansprisme ni calque. Devant moi.

En 1999, la deuxième guerreRusso-Tchétchène éclata, cinqans après la première, laissantderrière elle une fumée de larmeset de désolation. La vie n'est plussûre à Grozny - la petite capitalede la Tchétchénie - depuis quePoutine a mis Kadyrov aupouvoir : un dictateur soumis auxcommandements du granddirigeant russe. Les villages sonten ruines. On déclare desdiplômes invalides, laissant lamajorité de la population dansune pauvreté désolante. La nuit,tout le monde se cache, car lesvautours de Kadyrov rôdent, prêtsà toquer à votre porte : emmenantune fille, un fils, un père dans unnéant dont on ne ressort presquejamais. La principale vagued'immigration tchétchène est issuede ce conflit dont la naturegénocidaire fait débat.

Je ne comprends pas le FN, je necomprends pas l'intolérance et lerejet. Pour venir en France enpartant de Tchétchénie, il fautlutter contre le vent et la neige,souvent à pied, ne pas prêterattention aux loups qui vousguettent silencieusement, essuyerl'exclusion, seule attention queles autres vous proposent, fairedes demandes dans un pays etvous faire rapatrier en Suisse dansun camp de rétention, penser quetout va recommencer, et puisfinalement, arriver en France.Mais il faut encore se battre, lespapiers n'arrivent pas. On dort

dehors. Il y a des enfants et desfemmes enceintes qui pleurentautour de vous. Vous êtesrecueillis par une association.On vous donne le logis et lecouvert. La situation s’éclaircit.Vous êtes un « Réfugié deGuerre » et vous portez ce statutcomme un étendard, le seulauquel vous puissiez vousraccrocher. Vous apprenez lefrançais, vous êtes bon à l'écoleet vous entrez au lycée. Lesseules personnes qui ne vousrejettent pas sont celles qui ontparcouru le même chemin quevous. Quand vous dites d'oùvous venez, on se tourne, onsourit, on affiche une faussecompassion ou un intérêthypocrite. Le monde essaye dese soulager la conscience enreconnaissant votre douleur. Etpuis, plus rien. Terrible fracturedes maladies : les pays richessouffrent de burn-out et de lagrisaille d'une vie sans couleur,les pays pauvres d'une misèreambiante et d'un climatd'insécurité. Toute votre vie, cesera compliqué pour trouver untravail ou des amis. Quand lesalarmes des magasins sonneront,c'est votre sac que l'on ouvrira.C'est votre nationalité ou votrereligion qui seront pointées dudoigt à la télévision. Et le soir,en allant vous coucher dansvotre appartement HLM, c'est àvotre vie « d'avant la guerre »que vous penserez. Celle danslaquelle vous viviez comme uneuropéen, chez vous, dans votrepays, avec votre famille et vosamis. Peut-être que cette hainevous détruira, vous emmènerasur les sentiers de l'extrémismeou de la violence. Peut-être enferez vous une force terrifiante,de celles qui changent le monde.

Peut-être vous rencontrerai-jedans une salle de cours. Nousdeviendrions amis. Nous neserions plus alors un Tchétchèneet une Française, mais unehumanité unie et indivisible.

Ce n'est pas l'immigration quivole notre travail, ce sont ceuxqui la provoquent. Nous avonsune infinité de leçons à tirer del'Autre, celui-là qui regarde làoù vous ne le pouvez plus, celui-là qui met des mots où vous n'enaviez pas, celui-là qui sera l'Amiet le Refuge. L'Autre est la Viequ'il nous manque et nous lerepoussons, nous vantant desavoir qu'il est un danger pournous. Quand l'Homme a-t-iloublié d'aimer son prochain ?

Je ne veux pas d'un monde oùla culture est stérile, embourbéedans la peur et le nationalismeaveugle, car cette même cultures'est construite sur lemouvement. Une énergie faitede rencontres et d'ouverture,parfois de violence et derévoltes, mais une énergie fortequi s'épanouit dans la diversité.Je veux d'un monde libre pétride valeurs et de convictions. Jesais que ce monde doitcommencer à se construire dèsà présent, car il est le seulinstant qui puisse être vécu. Lepassé et le futur ne sont quemémoire et suppositions.

Et toi lecteur, quel monde veux-tu ?

A toi qui m'a tendu la main alorsque tu n'avais plus rien. Merci.

__ Mathilde Sacré

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1 2 / 20 Education et société

Quand l'Education Nationale affiche« Error ».

Ah ! La sacro-sainte Éducation Nationale ! Tout le monde en parle. . . mais personne ne la comprend. A chaqueministre, de nouvelles mesures s'entassent peu à peu sur les anciennes, comme pour laisser son empreinte dansl'Histoire, là où, en réalité, faire table rase du passé pour aller de l'avant serait peut-être plus judicieux. En effet, quin'a jamais réagi à l'annonce d'une énième réforme avec ce fameux cri du cœur « What the F**k ?? », bien communchez nous les jeunes. A l'heure actuelle où il nous est constamment demandé, dès nos premières années de collège(si ce n'est plus tôt) de réfléchir à notre orientation, comment pourrions-nous donc nous en sortir dans ce dédalesemé d'embûches, de manipulation et d'incompréhension ? Mais comment faire comprendre cela à un gouvernementgrisonnant, dont la plupart des têtes sont chauves et ont depuis longtemps quitté les bancs de l'école pour s'endormirsur ceux de l'Assemblée ? Comment les faire réagir, dans leur esprit conservateur d'une éducation franco-françaiseenlisée dans son passé ? Alors même qu'à chaque seconde le progrès gagne du terrain, parlons de ces « erreurs » dusystème éducatif français, régressant continuellement, s'enfonçant peu à peu dans les méandres del'incompréhension et du déni général.

1) « L'orientation précoce »

Qui, parmi vous, est sorti du ventre de sa mèreen se disant qu'il serait architecte (hormisKirikou) ? Je me souviens étrangement bien dela première fois où l'on me demanda quel métierje voulais faire plus tard ; j 'étais à l'époque engrande section de maternelle. Ma réponse, loind'être très étudiée, fut « maman », ce à quoi onme répondit que ce n'était pas un travail (ça, çareste à voir).Comme tout enfant digne de ce nom, je laissaialler mes rêves d'avenir là où vont les étoiles :astronaute, archéologue, zoologue.. . Et commeles étoiles ils se dissipèrent bien (trop) vite.J'entrai rapidement, dès le collège, dans cesystème infernal dans lequel les rêves n'ont plusvraiment leur place. A peine notre année de 6eentamée que les professeurs nous rabâchèrentsans cesse qu'il fallait « penser à notre avenir etle préparer dès aujourd'hui ». Bien évidemment,même s'il nous appartient d'y penser, quelle

utopie serait-ce que de croire qu'ilnous appartiendrait de le choisir.Que nenni ! Les parents et lesprofesseurs ne voient aucuninconvénient à s'en charger pournous. « Mon fils, tu feras desétudes ! » – oui, et donc ? Et si jerêvais d'être boulanger ? – « Lesenfants, ça ne va plus, il fautremonter votre moyenne pourpouvoir passer en lycée général ! »– soit, et si je voulais étudier l'art dela menuiserie ? – « La filière S,

c'est la seule voie qui t'ouvrira lesportes de l'avenir, mais si, jet'assure. . . » – bon, là j 'en ai marre,moi je voulais juste êtrejournaliste. – Quel est donc le butde cette continuelle (op)pressionnous poussant à subir des choixque l'on a pas faits, parfois mêmeinconsciemment, à notre insu ?Pourquoi ne pas nous laisser letemps de nous trouver ?L'adolescence est déjà la périodede tous les bouleversements pour

un être, un passage difficileentre l'enfance et la vie d'adulte.A quoi cela rime-t-ild'embrouiller davantage nosesprits déjà si embrumés etpréoccupés, avec toutes cesquestions et décisions sur unavenir qu'il nous est pourl'instant impossible deconcevoir ? Ne sommes-nouspas à même de choisir par nous-mêmes notre voie, sachantqu'un but véritable est la seule

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1 3 / 20 Education et société (suite)

clé qui nous pousse à donner lemeilleur de nous-mêmes ? Il fautcroire que non. Des parents quinous répètent sans cesse qu'il ontfait le mauvais choix sepermettent de croire qu'ils sontmieux placés pour faire les nôtres.Des professeurs dépités par lesdécisions de l’ÉducationNationale nous poussent toujoursun peu plus dans sesfilets. . . « ERROR »On ne cesse de nous répéter quele temps passe trop vite pourqu'on se permette d'en perdremais on a oublié que prendre sontemps ce n'est pas perdre sontemps. C'est juste vivre au jour lejour et prendre du recul pourmieux « sauter » dans l'avenir.

2) « Intelligence, où es-tu ? »

Quelle bonne question. Qu'est-cequ'être intelligent ? Il faut croire,d'après l'opinion générale au seinde l’Éducation, que l'être« intelligent » poursuit une desfilières générales pour aspirer àdes études dans le supérieur et sevoir gratifier d'un beau diplômeen papier. . . Qui parmi vous nes'est pas vu pousser à persisterdans une voie générale ? Peu,m'est avis. Que ce soient lesparents, les professeurs ou mêmela télévision, le message est clair :l'avenir ne se construit pas avecses mains mais avec son cerveauet des bouts de papiers. Lesfilières professionnelles sontdénigrées, réservées aux élèves en« difficulté » ou échec scolaire.Ce sont des voies de dernierrecours, quand derrière toutes lesautres portes se cache un mur ; etencore, certains persistent et seretrouvent à la fin avec un bac,réussi de justesse au rattrapage etcoincés à 20 ans dans la salled'attente de Pôle Emploi« ERROR » Pourquoi tant dedédain ? La France n'est-elle pasun pays qui peut s'enorgueillird'un artisanat de qualité ? D'une

industrie productive et soignée ? Etpourtant elle s'entête à refoulerauprès de ses générations futurescet aspect si gratifiant de sonpatrimoine. Où est la logique ? Il neme semble pas falloir être enpossession d'un bac+5 pourcomprendre qu'un ingénieur sansson plombier n'aura pas l'air trèsmalin en cas de fuite, ou bien qu'unchirurgien sans son boulangerconnaîtrait des matins bien moinsappréciables. Comme dirait magrand-mère, il n'y a pas de sotmétier. Une voiture avec un moteurdoté des dernières technologies nefonctionne pas sans toutes lespetites pièces détachées quipermettent d'actionner ses roues.Une fourmilière sans ouvrièress'écroule et la reine meurt. Leprincipe reste le même. L'équilibrerepose sur la diversité. Et pourtant,à l'heure actuelle, des jeunes sur-diplômés ne trouvent pas de travail,d'autres s'étant entêtés (avec uncoup de pouce des professeurs etparents) à rester sur les bancs dulycée se retrouvent en situation dedécrochage scolaire, alors qu'àl'inverse l'artisanat et l'industrie nedemande qu'à recruter, offrant despostes d'avenir et des professionsdans lesquelles il appartient àchacun de s'épanouir à sa façon.Intelligence ? Plaît-il ?L'intelligence ne résiderait-elle pasen le respect de cet équilibre sebasant sur le libre arbitre etl'individualité de chacun, deuxvertus bafouées par une sociétéuniformisante et aveugle à sespropres besoins ?

3) « L'élitisme franco-français »

Ah ! l'élitisme ! Une vraie teigne,celui-là. On le retrouve partout,pendu à toutes les lèvres.Uniquement en France. Unexemple ?Le numerus clausus ! Ce sujethouleux revient à la charge tout lesans, affichant des chiffres ridicules.En effet, seuls 8 à 15 % des inscrits

en première année de PACES,primant ou doublant,parviennent chaque année enrampant de l'autre côté de cemur. Les autres n'auraient pasles capacités ? Loin de làdemeure la vérité. Cepourcentage n'est pas fixé parrapport aux compétencesacquises par les étudiants maisuniquement par l’ÉducationNationale. Un élève aura beaurevêtir toutes les qualités et lamotivation du bon médecin, illui suffit d'être à la 203èmeplace sur seulement 202 placesen deuxième année pour queses rêves s'écroulent. Pourquoiun tri aussi drastique dans unpays en cruel manque demédecins, alors même que lessalles d'attentes desgénéralistes ne désemplissentpas d'un iota ? De plus, leconcours en lui-même semblevide de sens. Les étudiantsavalent jusqu'au malaise despiles de connaissances et deformules afin de les recracherle jour du concours, pour peuqu'ils ne les aient pas vomiesavant. Des connaissances quileur seront inutiles par la suite,ne servant que de passoire,passoire inutile qui endécourage plus d'un. Pourtantbien loin de nous demeurent lestemps où la médecine étaitl'affaire d'une élite minoritaire,sur-cultivée face au reste de lapopulation. Loin de nousl'époque d'Hippocrate, deGallien ou de Socrate. L'écolede la Sorbonne n'est plusl'emblème de la brillanceintellectuelle et du progrès dela recherche qu'elle était.Aujourd'hui , le tri est encoreplus sélectif. Arrivent les plusaptes à un apprentissage du« par cœur » et non forcémentles plus motivés, souventdécouragés par la quantité detravail et la frustration face à lacompétition. On se retrouve

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1 4 / 20 Education et société (suite et fin)

avec des médecinsdésillusionnés, des étudiants enmédecine qui ne touchent pas depatient avant la seconde année,laissant de côté l'aspect le plusimportant de cette profession,l'humanité.Et s'il était temps d'abandonnercette idée conservatrice dupassé, pour se tourner un peuplus vers le futur, et toutes cesjeunes générations, inquiètes,affolées, incomprises. . . etcependant si pleines de bonnevolonté.

4) « Ich bin ton père »

La mesure-phare del’Éducation Nationale ?Supprimer les classes bilinguesen allemand, et le Latin, pilierde notre culture, danse lui aussien équilibre sur cette corderaide de laradiation. « ERROR » Parfoisje me demande si les têtesgrisonnantes qui nousgouvernent ont bien compris ceque signifie élitisme. Petitrappel donc, l'élitisme est « uneattitude qui consiste à favoriserl'accession des personnesjugées comme étant lesmeilleures et qui tend àdévaloriser le reste de lapopulation ». Or, si je ne

m'abuse, l'apprentissage del'allemand ou du latin est unchoix offert à tous et à toutes,sans distinction quelconque. Cene sont pas des classes réservéesaux meilleur(e)s ou qui tendent àdévaloriser les autres. Certes,elles nécessitent un travailsupplémentaire, mais en aucuncas des capacités différentes ousupérieures. Ce que l'on nouspropose là, c'est une mesurecache-misère, pour donnerl'illusion que des propositionssont faites pour pallier l'élitisme,le vrai. Le problème, c'est quecette mesure attaque et bafoue

suivre la voie de leur choix. Enréalité, ceux vraiment en difficulté,ce sont ceux issus de la basse classemoyenne. Ceux dont les parentsgagnent quelques dizaines d'euros entrop pour avoir le droit aux bourseset dont quelques centaines leurmanquent pour payer des étudesconvenables à leurs enfants.« ERROR » Les formulaires debourses sont basés sur le salaireuniquement. Qu'en est-il des crédits,pompant chaque mois une bonnepartie de celui-ci ? De plus, lesdossiers se font sur le salaire perçudeux années auparavant. Et si, entre-temps, nos parents perdent leurtravail ? Les membres de la basseclasse moyenne ne sont pas pauvressur leur fiche de salaire, certes, maisles aléas de la vie sont des facteursque l'on ne peut imprimer sur dupapier, et qui pourtant chaque annéeempêchent de nombreux jeunes depoursuivre les études de leur choix,subissant avec amertume les limitesd'un système qui ne sembleprofitable qu'aux extrêmes.

Pour conclure, je voudrais justesouligner le fait, que malgré tous sesdéfauts et bien d'autres, l’ÉducationNationale en France nous permetd'être scolarisés gratuitement, dansles valeurs de la République et desDroits de l'Homme, chance qui nel'oublions pas, reste une exception.Pour tout le reste, il nous appartientaussi à nous de réagir, de nousexprimer, et de réveiller ces vieuxcrânes chauves du Gouvernementpour leur rappeler qu'il faut vivredans notre temps et non le leur, etque pour cela il est nécessaire des'intéresser à nous, les jeunes,l'avenir.

__ Manon Fournier

notre culture et nosracines. Le latin est leberceau même de notrelangue. Jette-t-on samère à la poubelle ?Non. Il en va de mêmepour celle de notrecivilisation. D'un autrecôté, l'allemand est unelangue d'avenir, que cesoit pour une professionfuture ou pour s'épanouirculturellement. Pourquoivouloir une fois de plusnous mettre des bâtonsdans les roues ? Si celacontinue ainsi, c'est dansle fossé que la jeunesse

vivra son avenir.

5) « Pas d'études pour lesclasses moyennes »

De nos jours, les études se disentouvertes à tous, il existe mêmedes quotas dans les écoles etuniversités réservées aux jeunesdes milieux défavorisés et desZEP. Des bourses en tous genresfleurissent, rendant possiblel'accès aux universités et à unlogement pour les plus démunis.J'applaudis le geste, sincèrement.D'un autre côté, les étudiants issusde familles aisées ou de la hauteclasse moyenne n'ont pas à sefaire de soucis. Les écoles leursont accessibles et avec un peud'habileté, ils leur appartient de

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1 5 / 20 Image et société

Essena Oneill, mannequinaustralienne et Youtubeusereconnue, explique pourquoi elledisparaît des réseaux sociaux.Dans sa dernière vidéo, elledévoile les derrières destructeursde la caméra. Vous avezsûrement déjà pensé que votrevoisine en louboutins,fraîchement reteinte en blondplatine avait une vie parfaite etun corps parfait. Et. . . si oncherchait un peu plus loin ?

Il paraît parfois dans l'actu de nosréseaux sociaux des corps defilles "parfaites". Il faut savoirque la majorité de ces filles quis'exhibent ont un plus grosproblème d'ego qu'une personnelambda avec ses névroses. Ellespeuvent rechercher lasoumission, la provocation,peuvent être atteintes d'uncomplexe d'infériorité, ou encoreont le sentiment d'être un objet,et cela se remarque aussi chez lesgarçons affichant leurs têtesd'anges et leurs corps muscléstous les jours. Ces personnes,quelles qu'elles soient, cherchentseulement de l'attention : ce sonten majorité des jeunes perdus

dans l'immensité qu'est le monde.Chaque photo postée est planifiée.Si elle ne va pas, elle serasupprimée 24h plus tard tout auplus. Remarquons que depuis ledébut de l'article j 'utilise :"avoirl'air", "paraître" automatiquement.On emploie tous inconsciemmentces expressions désignant uneimpression, car naturellement onsait que l'image des gens que l'onperçoit est sûrement faussée.

La majorité des choses que nouspercevons nous apparaissentcomme parfaites, parce que notrevision est extérieure etsuperficielle. Arrêtons de nouscomparer et voyons-nousréellement. Nous sommes qui noussommes et il faut l'accepter ainsique l'assumer. On peut bien sûrs'améliorer sur quelques traits quinous dérangent, ce n'est pasinterdit, il faut seulement SEsatisfaire. On ne se trouvera jamaisparfait, et heureusement. Croyezvous qu'Einstein s'est trouvéparfait ? Et que Rimbaud a trouvéune seule fois ses écrits parfaits ?Non, d'ailleurs, un an après avoirdemandé l'édition de quelques-unsde ses poèmes, il demanda leursuppression. Vous ne ferezsûrement jamais quelque chose deparfait, et ce n'est pas grave, vousn'êtes pas parfait, rien n'est parfaitet c'est cela qui fait la beauté denotre monde. Regardez comme lanature est belle, et pourtanttellement imparfaite.Il faut simplement que vous soyezfier, fier de vous, fier de ce quevous faites, fier de ce que vousêtes, de vos idées, de ce que vous

défendez. Malheureusement lasociété actuelle n'aide pasbeaucoup à cela, nous devonsrépondre à telle ou telle attentepour obtenir telle ou telle choseafin d'avoir toujours plus d'argent.Il suffit que vous soyez accomplis,que vous soyez assuré. Alors à cemoment-là, vous pourrez vousépanouir totalement et réaliser desprojets qui pouvaient vous paraîtretellement fous. Je pense que pourcommencer à s'apprécier, il fauttout d'abord se rendre compte de cequ'on cherche sur les réseauxsociaux ou dans la vie réelle (ex :de l'attention. En général, c'estl'attention qui manque dans la vieréelle, depuis la banalisation desécrans dans notre quotidien, etl'attention portée à la naturehumaine s'affaiblit : on ne vit plusen communauté, unis. Pourtantnous sommes des animaux – avecune forme qui, quelque part, nousdifférencie du reste – et nous avonsdonc besoin d'une communautéprésente), ainsi que s'avouer nosdésirs et jalousies. Ne plus sementir, c'est déjà s'assumer et selibérer.

Aimez-vous, soyez fier de vous,assumez-vous, LIBÉREZ-VOUS !

"L'herbe est toujours plus vertechez le voisin jusqu'à ce que l'onconstate qu'elle est artificielle".

__ Sluztakers

ImparfaiteEtFière

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1 6 / 20 Spiritualité

Vous tenez "Descartes" entrevos mains !

Seul. Vous regardez par la vitre d'un bus crasseux de pétrole et d'haleine. Vous descendez un boulevard

sous des aboiements acides. Vous gardez la tête haute. Vous n'entendez rien. Vous avez décidé de ne rien

entendre. Mais vous entendez. On vous bouscule. Vous vous excusez. L'absence vous répond. Vous vous

excusez encore. Qui vous entendra ?

Qui entendra votre voix ? Quiêtes-vous pour qu'on entendevotre voix ? Il ne vous resteplus qu'à devenir quelqu'un.Oui, si vous êtes quelqu'un,vous aurez de l'argent et dupouvoir. Et si vous avez del'argent et du pouvoir, on vousentendra. Vous deviendrez unscientifique renommé et votredécouverte fantastique sauverades milliers de personnes dusida, cette vilaine maladie oùl'on est coupable de fairel'amour. Vous deviendrez unepersonnalité politique pleined'idées et de verve que l'onsaluera pour l'aboutissementde ses paroles. Qui nous sortirade cette bonne vieille crise, quinous menace de son austèrefamiliarité. Ou bien voussauverez la planète. Ah oui,c'est une bonne idée, ça, desauver la planète. C'esttellement novateur, il y atellement peu de gens qui ypensent. Et vous pourriezdevenir quelqu'un.

Vous voulez que je vous dise ?Vous n'avez pas besoin dedevenir quelqu'un. Que vouscompreniez ou non ce que jebaragouine, que cela vousintéresse ou non, qui que voussoyez, laissez-moi vous direune chose. Vous n'avez pas

besoin de devenir quelqu'un, carvous êtes déjà quelqu'un. Et sivous êtes quelqu'un, n'attendezplus de le devenir pour agir. Pourchoisir d'agir.

Agir ? Elle est drôle, celle-là.Comment voulez-vous quej 'agisse dans une sociétécorrompue jusqu'à la moelle ?Parmi tous ces gens qui voient lebout de leur nez, et puis le bout deleur nez et enfin le bout de leurnez ? Ce combat est vain. Mesamis, il ne nous reste plus qu'àsurvivre.Voilà peut-être ce avec quoi vousêtes en train de vous sermonner.Mais, mes amis, je vous en prie,ne vous contentez pas de survivre.Vivez ! Il y a peut-être des chosesqui vont mal en ce monde. Je nesaurais vous démentir. Toutefois,ce n'est pas en demeurant cloîtrésous le chapeau absurde de lapeur et de la complainte, que lalumière percera.

On veut vous faire croire à votreimpuissance. Ainsi, en vousrésignant, vous vous abandonnezà la manipulation et vous plongezla tête la première dans la terreuret la morosité, convaincus de leurnécessité. Cons et vaincus.C'est pourquoi aujourd'hui, il fautque vous sachiez que tout n'estpas perdu. Que les choses sont en

train de changer. Il y a des gensqui écrivent et qui tournent desfilms. Il y a des gens quis'interrogent. Il y a des gens quifont entendre leur voix.Avez-vous entendu parler du film« En quête de sens » sorti le 28janvier 2015 et réalisé par Marcde la Ménardière et NathanaëlCoste ? Non ? Et bien maintenant,oui. Je vous invite à vous plongerdans l'histoire de deux amisd'enfance « qui ont décidé de toutquitter pour aller questionner lamarche du monde » au cœur d'un« voyage initiatique sur plusieurscontinents » pour « reconsidérernotre rapport à la nature, aubonheur et au sens de la vie ».

La particularité de ce film est,qu'en plus de faire couler l'eau aumoulin de notre action, qu'ilremet en cause un des fondementscruciaux de notre philosophie : lefameux « Je pense, donc je suis »de notre bien-aimé Descartes. J'ensuis restée bouche bée. Et labéance a continué à s'étendre,lorsqu'au cours d'une de meslectures, j 'ai à nouveau trébuchésur la même contestation. Le « Jepense, donc je suis » qu'onpouvait sortir à toutes les sauces,mariner dans toutes les situationset brandir avec un air si savant etsi docte, ne serait doncqu'ineptie ?

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1 7 / 20 Spiritualité (suite)

Eckhart Tolle, auteur actuel duPouvoir du moment présent etfondateur d'un enseignementbasé sur la conscience dumoment présent et sur le rejet del'ego, explique que nous nesommes pas notre mental. Il écritnotamment : « Le philosophefrançais Descartes a cru avoirdécouvert la vérité la plusfondamentale quand il fit sacélèbre déclaration : « Je pense,donc je suis ». Il venait en fait deformuler l'erreur la plusfondamentale, celle d'assimiler lapensée à l'être et l'identité à lapensée. ». Autrement dit, et plusgrossièrement, cette petite voixqui vous parle sans arrêt dansvotre esprit, qui y va à chaqueseconde et en ce moment mêmede son petit jugement et de sapetite remarque assassine et qui

fait de nous une société régie parune schizophrénie aussicollective qu'inavouable, ce n'estpas vous. C'est votre mental, ceformidable outil, qui fait de vousson esclave et donc à son tourson propre outil. Bref, il y a dequoi tomber sur les fesses, jevous l'accorde. Et Descartes a dequoi prendre un sacré coup dansl'aile.Sauf que ce « Je pense, donc jesuis » n'est en réalité que laforme augustine de l'authentiquedéclaration de notre philosophe.Descartes n'a pas dit « Je pense,donc je suis » qui serait unedéduction remettant en cause lavalidité de son raisonnement. Ila émis l'intuition première « Jesuis, j 'existe en tant que chosepensante ». Là est toute ladifférence. Nous ne sommes

alors plus assujettis par notremental. Et c'est exactement cequ'expriment Marc de laMénardière et Nathanaël Coste àtravers leur film et EckhartTolle par son livre et sonenseignement.

Ainsi, plus de conflit. Lesphilosophes d'antan contribuentà notre philosophie actuelle, sanss'y opposer, mais dans lacontinuité d'une humanité qui n'aplus à se déchirer mais às'unifier, dans sa chair commedans sa pensée. Et comme « lapensée crée le monde », voustenez à présent « Descartes »entre vos mains, des cartes entrevos mains pour être conscient devotre pensée et changer lemonde. Seulement.

__ Léa Abate

Quelques chiffres pour relativiser nos peurs actuelles

En 2005, le « Center for Disease Control » aux USA a publié les statistiques suivantes:

1 chance sur 126 de mourir d’une crise cardiaque1 chance sur 169 de mourir d’un cancer

1 chance sur 400 d’avoir une malade cardiaque1 chance sur 520 d’attraper un cancer

1 chance sur 1 245 de vous faire assassiner si vous viviez dans une grande ville dans les années 19901 chance sur 2 900 de mourir dans un accident

1 chance sur 7 000 de mourir dans un accident de voiture1 chance sur 9 200 de vous suicider

1 chance sur 12 400 d’attraper la maladie d’Alzheimer1 chance sur 18 100 de mourir assassiné1 chance sur 21 004 de mourir du SIDA1 chance sur 43 000 d’attraper une hernie

1 chance sur 88 000 de mourir dans un attentat terroriste1 chance sur 1 500 00 d’être victime d’un attentat terroriste contre un centre commercial, partant du

principe qu’il y aurait un attentat par semaine et que vous consacrez deux heures par semaine à faire voscourses.

1 chance sur 55 000 000 d’être victime d’une attaque terroriste contre un avion de ligne, partant duprincipe qu’il y aurait une attaque par mois et que vous prenez l’avion une fois par mois.

Selon Louis T, 95% des victimes du terrorisme sont des musulmans et 82% de ces victimes sont situéesdans 5 pays : Iraq, l’Afghanistan, le Pakistan, le Nigeria et la Syrie. De quoi reconsidérer les amalgames.

Combien d'argent les Etats-Unis dépensent-t-ils pour la lutte anti-terroriste ? 1 , 5 milliard de $.Paradoxal ? Réfléchissez.

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1 8 / 20 Vision du monde

Consommation desconsommations, tout n'est

que consommation !Le carcan moral qui bluffait lasociété à coups de mythes s’estpeu à peu dissipé au XXe siècle.Les rouages modernes de lascience et du progrès ont sonné leglas des pesanteurs sacrées. LeXXIe siècle a été pourtant sabréle 11 septembre 2001 , sansivresse.Comment nommer cettesensation étrange, emplie de mal-être, qui parcourt nos regardsaujourd’hui ? La monotonie desinformations est un mois denovembre permanent, triste et quine s’arrête pas. N’y-a-t-il pas unéchec à chercher dans cettesociété de consommation qui a levent en poupe ?Peu à peu, les classes populairesont renié ce dieu créateur au seulprofit d’un consumérisme fou. Lebois des crucifix est devenu unepoussière à vendre et l’on pourrabientôt propulser son homme entête d’affiche dans une grandesurface, tant que la chose sevend. Non pas que je déplorel’abandon de la religion ; jeconstate que l’augmentation duniveau de vie a soustrait touteaspiration spirituelle, tout commepolitique. L'existence se doitd'être immédiate et jouissive. Ceprocessus s’est accompagné de lalente disparition de la paroleclaire.Ce texte déstructuré, gratuit etsubjectif est une tentative très

dérisoire d’atteinte à cette chosedifforme qu’est ce monde del’achat général de tout ou rien.

La mort du politique.

Q’importe si l’on hait lesindifférents, la société entièresemble répondre de cet adjectifaujourd’hui. Les figures desderniers partisans paraissent bienridicules dans les travers de cettesociété qui porte dorénavantdans sa parure le dégoût pour lachose politique.La politique est devenue cettegérance que l’on méprise. A ce

mot Politique, on fixe l’avenir,l’amélioration de la vie.Pourtant, les conditions dudéveloppement de la penséepolitique sont brouillées. Pireque le sentiment d’être dégoûtépar les sphères dirigeantes etleurs têtes, celui d’en êtredésintéressé prospère.

Un des facteurs de ce retrait del’espoir politique est à trouverdans le basculement idéologiquedes partis de la gauchegouvernementale. Débuté avecla politique du premier ministreTony Blair et le parti travailliste

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1 9 / 20 Vision du monde (suite)

anglais, il s’est propagé en Franceou en Italie avec les gouver-nements de Manuel Valls et MatteoRenzi. La base populaire de cespartis a disparu au profit d’unmilieu composé d’une petitebourgeoisie politisée. Une partiedes classes populaires s'estéloignée vers l’extrême droite,l’autre s’est lassée des urnes.

La gauche et la droite « sont pareils». Cet argument est probant. Larévolte des laissés-pour-compte,des blasés du système s’exprimepar la haine de l’autre et l’ imbé-cillité générale à défaut d’un projetalternatif crédible. L’extrême droitefrançaise trouve en ce rejet uneressource pour amplifier sapuissance électorale. Elle broie sonfond idéologique dans une penséede teinte sociale, comme elle l’atoujours fait.Ce renoncement général à l’enga-gement est la victoire du désespoir.

Des mots à moudre dans labrume.

La disparition de la consciencepolitique culmine avec la fin dulangage. Tout d’abord, la télévisionet sa fausse objectivité a effrité lamatrice de l’opinion politique, lejournalisme. « Le cinéma crée lamémoire, la télévision crée l’oubli» disait Jean-Luc Godard.Le journalisme se devrait doncaujourd’hui d’être « objectif », àdéfaut d’être pluraliste. Lepluralisme, c’est la diversité desopinions. Mille voix dissonantesqui composent la libertéd’expression. L’objectivité, c’est lavictoire de la pensée dominante.Cette objectivité provient del’aspect technique de la télévision.Il existe un peu plus de vingt-cinq

chaînes, soit vingt-cinq voix. Deplus, ils répondent tous à la loidu marché et diffusent la mêmeparole au travers de quelquesvisages omniprésents. Lesfemmes et les hommes quis’expriment à vingt heuresn’ont-ils pas d’opinions ?Refusons les raisonnementsstupides et appliquons unerigueur de pensée à cettearnaque télévisuelle.

De la fin du religieux aux joiessi éphémères.

L’idée serait que la société deconsommation permettrait auxHommes de s’épanouir, ayantabandonné le conflit socialcomme moteur de la société.L’ idée est bien faite. Mais çaserait sans compter que les êtreshumains ne sont pas forcementtous abrutis par les joies futilesdes centres commerciaux et desgadgets électroniques derniercri. La spiritualité, ne pouvants’exprimer par le politique, semorfond en malaise et gangrèneles hommes. Les plus faiblesd’esprits, imbéciles parmi lesconscients se laissent manipulerjusqu’à être emportés dans leursterreurs religieuses.

Dans les temps sombres quidominent la France, on pro-clame le travail le dimanche.Pensons cette réforme uninstant. Les travailleurs dudimanche ne seront pas cadres,médecins, professeurs, chefsd’entreprises mais bien desemployés de supermarchés, descaissiers. Le travail le dimanche,c’est le travail des pauvres pourleur survie et les achats desriches pour leur éphémèrebonheur terrestre. Ceci est la

figure de proue dugouvernement. Le Dimanche,jour de Dieu, devenu celui de larépublique puis du rien. Onremplace à petit feu les acquissociaux par ce vide malsain.

Pier Paolo Pasolini explique que« la société de consommation aréussi là ou le fascisme aéchoué, c’est-à-dire à uneuniformisation de la société ».Le poète et cinéaste italienénonçait il y a un demi-siècleune réalité qui n’a cessé des’affirmer en Europe et ailleurs.On ne peut penser autrement lastructure sociale tant la sociétéde consommation a triomphé.L’Humanité tangue à la manièrede fruits sur un arbre. Chaquefleur pollinisée est une culturedifférente qui nous paraîtsemblable. Les fruits se doiventd’y rester fixés car la terre quientoure le vieux pommier estinfertile. Ils s’y raccrochent dansla nuit noire, ayant conscienced’être voués à chuter.L’Humanité doute d’elle-même.Pourtant, les systèmes deproduction et de consommationne sont nullement remis encause. Les grandes messes duclimat ne sont que les bafou-illages d'un instant, demainoubliés. De ce monde ténébreuxet triste, sauvons ce qui peutl’être, ou bien battons-nous yjusqu’à voir éclore encore unephase de Progrès dans ce belarbre que la tempête rend simélancolique.

__ Hugo Carlos

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Société Du Froid

C'était terrible d'autant l'entendrehurlerdans ma tête, cette petite voixqui disaitque le froid, dans très peu detemps, m'emporteraitsi je ne parvenais pas à meréchauffer.

Alors je ne cessais de me serrerplus fortpour tenter de garder la chaleurde mon corpsdans cet hiver où le froid nousfaisait du tortà nous tous, que vous regardiezdormir dehors.

Sentir vos regards se poser surma tenteet savoir que vous continueriezd'alleret me laisseriez dans le noir,dans l'attente

de savoir si, très bientôt, j 'auraisà manger

Là était toute l'horreur de lamisèredans laquelle nous avons passécet hiver ;là aparaissait vraiment l'injusteguerred'un sans-abri contre la faim etla Terre.

Cette terre qui nous aabandonnés làet qui semble oublier ce tristecombatdès que l'un d'entre nous, à boutde vie, s'en vaet que l'un de vous tient son filsà bout de bras.

Et l'homme qui nous lapide deson regard,et la femme qui passe, sanss'apercevoirque ses enfants remplissent de

jeux leurs placardsalors que les nôtres ne peuventen avoir. . .

Je suis l'une des sans-abri dugrand Parisqui ne demande qu'un peud'amour dans sa vie,qu'un peu d'eau, de solidarité etde riz,pour ne pas revivre le cauchemardécrit.

Je suis l'une des "sans-cadeaux"de la vraie vieet dans toute ma misère je vousécrisafin de vous faire part de l'enferque l'on vitNous, les petits SDF dans cegrand Paris.

__ Amélie HULL, écrit le 1 5janvier 2015, poème de 8strophes en alexandrins

"Lors du bac blanc de français de l'année dernière, j 'ai écrit un poème sur le thème de la misère. Au vu desévénements actuels, je trouve que la misère est un bon sujet à développer. Quoi qu'il en soit, j 'aimeraisvous faire part de ce poème qui signifie beaucoup pour moi et j 'aimerais que, si un jour vous décidiez de

traiter ce sujet, vous publiiez ce poème.[. . . ] Ma mère a vécu comme SDF pendant plus d'une année suite à son divorce. J'ai dû alors vivre chezmon père et, étant donné mon jeune âge, mes parents ne m'ont pas trop informée de la situation de mamère. En apprenant quelques années plus tard que ma mère avait vécu sous une tente, j 'ai encré [sic] untraumatisme dans ma tête. A l'occasion du bac blanc sur la misère, les mots n'ont donc pas eu de difficulté

à sortir."

Mener à bien un journal n'est pas chose aisée et l'expérience peut se révéler angoissante, mais dès lasortie du premier numéro, je fus la première surprise à constater l'entrain que certaines personnesmanifestaient à l'égard de notre projet qui devint le leur peu de temps après. Je remercie tous nos chersparticipants pour la qualité de réflexion et d'écriture qu'ils nous proposent. Je remercie également nosmuses et nos critiques acerbes ou mielleux pour leur présence. Si Doxa vous plaît : écrivez-nous ! Sivous voulez nous rejoindre : écrivez-nous ! Si Doxa vous donne des vertiges et provoque chez vous descrises de violence aiguë : appelez le 1 5.

[email protected]

Société Du Froid