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Groupe Régional WASH (Eau Hygiène Assainissement) Afrique de l’Ouest & Centrale Lutte antivectorielle contre le moustique Anophèles dans le cadre de la lutte contre le paludisme GUIDANCE TECHNIQUE Le vecteur du paludisme : le moustique Anophèles ‘Connaitre son ennemi’ Comprendre le vecteur du paludisme dans des contextes variés et changeants Les méthodes de lutte antivectorielle ‘Viser juste’ Croiser les taux d’incidence épidémiologiques (actuels et/ou précédents), les indicateurs entomologiques, la typologie des gites larvaires et les pratiques comportementales pour intervenir de manière optimale et efficace sur le vecteur du paludisme Une coordination multidisciplinaire ‘Vers une stratégie régionale de lutte antivectorielle’ Engager un combat collectif, coordonné et pluridisciplinaire depuis le domicile jusqu’au niveau gouvernemental contre les moustiques anophèles Version du 7 Avril 2017 Pour le Groupe Régional WASH, Afrique de l’Ouest et Centrale https://www.humanitarianresponse.info/en/operations/west-and-central-africa/water-sanitation-hygiene

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Groupe Régional WASH (Eau Hygiène Assainissement)

Afrique de l’Ouest & Centrale

Lutte antivectorielle contre le moustique Anophèles

dans le cadre de la lutte contre le paludisme

GUIDANCE TECHNIQUE

Le vecteur du paludisme : le moustique Anophèles

‘Connaitre son ennemi’

Comprendre le vecteur du paludisme dans des contextes variés et changeants

Les méthodes de lutte antivectorielle

‘Viser juste’

Croiser les taux d’incidence épidémiologiques (actuels et/ou précédents), les indicateurs entomologiques,

la typologie des gites larvaires et les pratiques comportementales pour intervenir de manière optimale et

efficace sur le vecteur du paludisme

Une coordination multidisciplinaire

‘Vers une stratégie régionale de lutte antivectorielle’

Engager un combat collectif, coordonné et pluridisciplinaire depuis le domicile jusqu’au niveau

gouvernemental contre les moustiques anophèles

Version du 7 Avril 2017

Pour le Groupe Régional WASH, Afrique de l’Ouest et Centrale

https://www.humanitarianresponse.info/en/operations/west-and-central-africa/water-sanitation-hygiene

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Préambule

GUIDANCE TECHNIQUE - Lutte antivectorielle contre le moustique Anophèles dans le cadre de la lutte

contre le paludisme

Cette guidance technique peut être utilisée par toutes les parties prenantes de la lutte antivectorielle contre

le moustique Anophèles, des opérateurs de terrain aux acteurs de la surveillance épidémiologique, en

passant par les acteurs de la recherche appliquée en entomologie. Il s’adresse particulièrement aux acteurs

WASH dans le but de renforcer leurs capacités et celles de leurs partenaires opérationnels dans le domaine

de la lutte antivectorielle contre le moustique Anophèles. Ce document ne concerne bien sûr qu’une partie

de ce que couvre plus largement la lutte antivectorielle dans son ensemble en général.

Face à l’énorme fardeau du paludisme dans la région d’Afrique de l’Ouest et Centrale, tous les secteurs, y

compris le secteur WASH, doivent accroitre leurs actions de lutte antivectorielle autant dans le cadre de

réponses humanitaires d’urgence que de programmes de développement en lien avec la santé publique.

Cet outil a pour objectif de donner une meilleure compréhension technique de la lutte antivectorielle contre

le moustique Anophèles, de proposer des méthodes d’actions ciblées et efficaces et de servir de base à la

construction d’une Stratégie Régionale intégrée de lutte antivectorielle contre le moustique Anophèles.

Cet outil insiste fortement sur le besoin d’une approche qui soit intégrée avec les acteurs de santé publique,

de l’entomologie et de la surveillance épidémiologique et qui vient en complément des actions dites

conventionnelles de lutte antivectorielle. En ce sens, de nombreuses indications sont faites dans ce

document aux autres guides et publications déjà développés et fort utiles.

Cet outil se focalise principalement sur les actions dites mécaniques de lutte contre le vecteur du paludisme

(selon la phase aquatique ou aérienne de son cycle de vie). Il met volontairement de côté la lutte chimique

car elle ne correspond pas aux domaines de compétences des acteurs WASH (informations mises en annexe).

De même, les moyens de protection individuelle (hors moustiquaires imprégnées) sont seulement énumérés

en annexe à titre indicatif.

Ainsi, la guidance technique est également un travail préalable à un cadre de mise en œuvre d’actions de

lutte antivectorielle contre le moustique Anophèles selon les contextes d’intervention (prévention,

préparation et réponse à une flambée). La Stratégie Régionale intégrée aidera à aboutir à terme à sa

transcription en des plans d’actions opérationnels par pays.

Les acteurs impliqués dans la production de la présente Guidance Technique sont présentés et remerciés en

annexe.

Travail de coordination supervisé par ACF International, sous financement du Global WASH Cluster

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Sommaire

Préambule ...................................................................................................................................... 2

1. Fiches Techniques du Vecteur du Paludisme : le moustique Anophèles ...................................... 4

1.1 Le paludisme en Afrique de l’Ouest et Centrale............................................................................... 5

1.2 Informations générales sur le moustique Anophèles ...................................................................... 6

1.3 Le mode de piqure du moustique Anophèles .................................................................................. 8

1.4 Les zones de gites larvaires de l’Anophèles ..................................................................................... 9

2. Les méthodes de lutte antivectorielle ..................................................................................... 10

2.1 Les interventions intra-domiciliaires classiques ............................................................................. 11

2.2 La modification de l’habitat ............................................................................................................ 15

2.3 L’engagement communautaire et les changements de comportements ...................................... 18

2.4 Commentaire spécifique à propos des méthodes de lutte biologique et chimique ...................... 20

3. Une collaboration multisectorielle pour un ciblage et une efficacité optimale ......................... 22

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Annexe 1 – Cycle de développement du moustique Anophèles.............................................................. 26

Annexe 2 – Différences clés entre le moustique Anophèles et le moustique Aedes............................... 27

Annexe 3 – Cas d’études .......................................................................................................................... 28

Annexe 4 – Liste de Vérification ‘Ne pas Nuire’ pour la lutte chimique .................................................. 30

Annexe 5 – Méthodes complémentaires de Protection Individuelle et Familiale ................................... 31

Annexe 6 – Bilan rapide d’une coordination sectorielle .......................................................................... 32

Annexe 7 – Bibliographies et références documentaires ........................................................................ 33

Annexe 8 – Personnes consultées ............................................................................................................ 34

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‘… Connaitre son ennemi…’

1. Fiches Techniques du Vecteur du Paludisme : le moustique Anophèles1

L’approche entomologique est primordiale pour la lutte antivectorielle et le choix d’actions appropriées et efficaces. En effet, la complexité des spécificités et les comportements variables entre les espèces d’Anophèles met en lumière l’importance cruciale de la collaboration active avec les équipes entomologistes locales pour des réponses adaptées au contexte local.

Ce chapitre propose de décrire les caractéristiques générales du moustique Anophèles, mais également ses différentes spécificités et ses variations possibles selon les espèces d’Anophèles.

Ce chapitre est divisé en 4 parties : 1- un rapide résumé des caractéristiques de la maladie ; 2- les informations générales sur le moustique Anophèles ; 3- les modes de piqures et 4- les gites larvaires.

Zone de couverture mondiale du paludisme (OMS, 2016) Le moustique Anophèles

Repas du moustique Anophèle (An. Gambiae) Les larves d’Anophèles se maintiennent en surface

Le moustique Anophèles en position de repos (A)

1 Sources : Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ; Center for Disease Control (CDC) et autres sources diverses tirées de la

littérature sur le moustique Anophèles et le paludisme

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1.1 Le paludisme en Afrique de l’Ouest et Centrale

Malgré de nombreuses initiatives et des succès importants durant ces 15 dernières années, la prévalence du paludisme reste très forte avec 212 millions de cas, dont près d’un demi-million (429 000) décès, dont 70% sont des enfants en Afrique2.

Environ 3,2 milliards de personnes – soit près de la moitié de la population mondiale – sont exposées au risque de paludisme. [Pour des informations détaillées du fardeau du paludisme par pays, se référer au document de l’OMS : World Malaria Report – Chapitre : Country Profiles].

L’Afrique subsaharienne continue de supporter la part la plus lourde, et de manière disproportionnée, de la charge mondiale du paludisme, avec 88% des cas et 92% des décès sur l’année 2015.

Le paludisme est dû à un parasite, le Plasmodium, qui entre dans l’organisme humain par la piqure de moustiques Anophèles. Les humains peuvent être infectés par 5 espèces du parasite Plasmodium. 2 d’entre elles sont particulièrement dangereuses :

o P. falciparum, responsable de la quasi-totalité des décès, très répandu en Afrique,

o P. vivax, très répandu hors Afrique, mais présent dans les régions Nord (Mauritanie, Mali et au Maghreb)3.

Les 3 autres espèces du parasite sont : P. ovalae (principalement en Afrique de l’Ouest, il contamine les personnes négatives au test sanguin Duffy, soit la plupart des résidents d’Afrique sub-Saharienne, expliquant sa forte prévalence régionale), P. malariae et P. knowlesi (mais non présent en Afrique).

Le paludisme touche principalement les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes, les populations pauvres et les groupes de population défavorisés avec un accès limité aux soins (difficulté d’accès aux établissements de santé et/ou de paiement des traitements médicaux).

Etant plus exposés, les habitants de zone à forte endémicité peuvent développer une immunité leur permettant de lutter contre les infections palustres4. Dans les zones à fort taux de P. falciparum, les personnes adultes développent rarement un paludisme sévère. Cette immunité peut néanmoins être perdue pendant la grossesse, en cas d’infections d’autres maladies, de malnutrition, de stress et de fatigue.

Les femmes qui ont développé une certaine immunité contre P. falciparum (et P. vivax) peuvent perdre la protection durant la grossesse (surtout lors de la première), avec des risques sur la survie du bébé et d’elle-même. Dans les zones endémiques du P. falciparum, les nouveau-nés bénéficient de la protection immunitaire de la mère pendant quelques mois puis deviennent très vulnérables.

Des flambées sont possibles auprès des populations non-immunisées dans des zones de faible transmission, comme lors de déplacements massifs de populations non exposées vers des zones endémiques ou en cas de circonstances climatiques exceptionnelles.

Le paludisme se transmet sous les climats tropicaux et subtropicaux. La température et le taux d’humidité sont particulièrement importants : P. falciparum a besoin d’une température ambiante supérieure à 20° pour effectuer son cycle dans le moustique et se retrouver dans ses glandes salivaires afin d’être injecté avant la mort du moustique dans l’organisme d’un nouvel hôte humain.

Le phénomène du changement climatique semble modifier ces limites (exemple du paludisme en altitude à des hauteurs plus élevées dans les régions montagneuses d'Afrique de l'Est et à Madagascar).

De manière générale, le paludisme est souvent lié aux variations saisonnières, avec un pic de transmission en saison des pluies. Dans les régions plus chaudes et plus proches de l’Equateur, la transmission est plus élevée tout au long de l’année.

2 Chiffres 2015 3 Il est observé de plus en plus de cas de P. Vivax. 4 Liées au paludisme

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On parle généralement de flambées ou de pics ou de recrudescence de cas plutôt que d’épidémie5.

Dans les pays endémiques, la transmission de la maladie reste néanmoins inexistante dans certains contextes : haute altitude (env. 2 000 m), saisons froides, en zone désertique (hors oasis).

Dans de nombreuses régions du monde – principalement en Asie à ce jour - le parasite est déjà devenu résistant aux médicaments antipaludiques, principalement ceux à base de dérivés d’artémisinine.

Les efforts entrepris depuis 15 ans ont permis une baisse de 62% des décès et une diminution importante du nombre total de cas de paludisme. La Stratégie Technique Mondiale de Lutte contre le Paludisme 2016-2030 vise à réduire les taux de mortalité palustre et l'incidence de la maladie d’au moins 90 % d’ici 2030.

1.2 Informations générales sur le moustique Anophèles

L’Anophèles est le seul moustique qui transmet le paludisme. L’Anophèles n’est pas le même type de moustique que celui qui transmet le virus Zika, la Fièvre Jaune, la Dengue, le Chikungunya (Aedes) – [Cf. Annexe 2 – Différences clés entre le moustique Anophèles et le moustique Aedes].

Environ 480 espèces de moustique Anophèles sont actuellement identifiées à travers le monde, dont 150 en Afrique subsaharienne. A titre d’exemple, une vingtaine d’espèces Anophèles ont été identifiées au Sénégal. Il a été répertorié 60 espèces, dont une douzaine (12) d’espèces d’Anophèles présentes en Afrique subsaharienne, qui transmettent le parasite Plasmodium à l'être humain.

Les Anophèles femelles adultes sont responsables de la transmission du paludisme. Après la reproduction, l’Anophèles femelle va chercher à se nourrir de sang par piqure aux animaux qui gardent la température de leur corps constante (homéothermes) – Voir plus loin 1.3 Le mode de piqure du moustique Anophèles.

L’Anophèles mâle se nourrit de nectar de fleurs ou de sucre. Il n’intervient donc pas dans la transmission de la maladie. Toutefois, la femelle ne cherchant à se nourrir (de sang) qu’une fois fécondée afin de murir ses œufs, l’Anophèles male joue un rôle au moment de la reproduction, d’autant plus que la femelle ne s’accouple qu’une seule fois dans sa vie (recherches en cours sur la lutte génétique pour rendre les males stériles).

L’Anophèles femelle est infectée lors d’un repas/piqure auprès d’une personne porteuse de gamétocytes du parasite.

Hormis de rares cas constatés en Asie du sud (Plasmodium knowlesi se trouvant à la fois dans des singes et des humains), il n’y a pas de transmission de la maladie d’un animal infecté à un être humain (via un moustique). Toutefois, la présence animale, comme le bétail par exemple, augmente la densité de population de moustiques et, en conséquence, accroit la possibilité de piqures et le risque de transmission de la maladie à la population locale.

Le moustique Anophèles alterne une vie aquatique et aérienne et passe par 4 stades dans son cycle de vie : œuf, larve, nymphe (ou pupe) et adulte (ou imago).

Les 3 premiers stades du cycle de vie ont lieu en milieu aquatique et varient entre 7 jours et 5 semaines selon l'espèce et la température ambiante (cycle total moyen de 7 à 13 jours dans des conditions favorables) – Voir 1.4 Les zones de gites larvaires de l’Anophèles.

5 Augmentation de la morbidité qui dépasse nettement ce qui est normal pour la région ; taux de létalité du paludisme à falciparum excessifs (> 1 % pour l’ensemble des cas et > 20% pour les cas graves).

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Ensuite, le stade adulte qui se déroule en milieu aérien dure environ 1 semaine pour le mâle et jusqu'à 2 mois pour la femelle (durée moyenne = environ 1 mois).

Contrairement au moustique Aedes qui peut transmettre des virus (comme celui de la dengue) à sa descendance (de l’adulte à l’œuf), le parasite Plasmodium n’est pas transmis par voie parentale. Les œufs et les larves de l’Anophèles ne sont donc pas infectés.

Les jeunes adultes (femelles) ingèrent le parasite pour la première fois lorsqu'ils se nourrissent du sang d’une personne infectée. Il faut entre 9 à 20 jours (en moyenne 12 à 13 jours) au moustique pour devenir infectant.

Une fois infecté, le moustique Anophèles le restera à vie (durée de vie moyenne de la phase adulte = environ 1 mois).

Une différenciation dans le comportement des différentes espèces d'Anophèles est leur degré d’acceptation de vie dans un milieu habité par les êtres humains.

La longue durée de vie (longévité), l’agressivité et la forte préférence pour l’être humain (anthropophile) de 2 espèces d’Anophèles du continent africain (An. gambiae s.l. et An. funestus) expliquent en partie que près de 90% des cas de paludisme surviennent en Afrique.

Les moustiques présentent des capacités d’adaptation aux changements à long terme, comme l’absence d’un environnement classique pour le développement de nouveaux moustiques. Par exemple, des larves d’Anophèles peuvent désormais se développer dans des eaux très chargées. Aussi, l’utilisation d’insecticides sélectionne les espèces résistantes d’une population vectorielle donnée (l’insecticide tue les espèces sensibles et les espèces résistantes prolifèrent).

De même, il a été observé une augmentation de la résistance aux insecticides d’imprégnation des moustiquaires et d’usage en santé publique (pyréthrinoïdes). De nouvelles moustiquaires contenant des nouveaux produits capables d’endiguer la résistance des moustiques (jusqu’à sa prochaine adaptation probable) sont en cours d’essai.

La transmission du paludisme n’est possible que lorsque le moustique Anophèles peut se reproduire mais aussi lorsque le parasite peut suivre son cycle de vie complet dans l’organisme du moustique infecté. Cela signifie que le moustique doit avoir une bonne longévité pour permettre au parasite de poursuivre son cycle et avoir ainsi une bonne capacité vectorielle.

La lutte antivectorielle consiste donc à :

o Réduire la population de moustique (densité et longévité)

o Empêcher/ réduire les piqures (contacts homme – vecteur)

o Réduire la prolifération des gites larvaires.

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1.3 Le mode de piqure du moustique Anophèles

La vie de l’Anophèles femelle est rythmée par la recherche de repas sanguin, la digestion, la maturation

des œufs et la ponte.

Après la copulation, les moustiques Anophèles femelles recherchent leur nourriture (sang) dès le crépuscule et pendant la nuit : certaines espèces piquent pendant la nuit ou aux premières heures du matin tandis que d’autres prennent leur repas au crépuscule et en début de soirée.

Les moustiques sont attirés par les odeurs (et le dioxyde de carbone) que dégage le corps humain. Les odeurs de certaines hormones secrétées par la femme enceinte sont aussi très attirantes. Les moustiques préfèrent les couleurs foncées, et plus spécialement le noir, mais peuvent piquer quelle que ce soit la couleur des vêtements.

Il a été observé que les moustiques Anophèles modifient leurs comportements et ont tendance à piquer de plus en plus en dehors des créneaux horaires habituels pour être en mesure par exemple de piquer les gens avant qu’ils ne dorment (et qu’ils soient sous moustiquaire).

Certaines espèces d’Anophèles préfèrent piquer à l’intérieur des bâtiments (endophagie) alors que d'autres (comme l’A. Arabiensis) favorise l’extérieur des bâtiments (exophagie). Certaines espèces piquent essentiellement les humains (anthropophile) et rarement le bétail, alors que d’autres piquent préférentiellement le bétail ou aussi bien le bétail que les humains.

En général, l’Anophèles préfère se reposer à l’intérieur des bâtiments (endophilie), souvent dans les coins sombres des pièces (chambres, latrines, douches), dessous les lits et meubles. Un espace ventilé ou climatisé peut réduire le risque d’être piqué, sans toutefois garantir une absence totale de risque comme l’utilisation d’une moustiquaire le permet.

D’autres espèces préfèrent se reposer durant la journée à l’extérieur dans des abris naturels ou dans la végétation (exophilie).

Après une période comprise entre 9 et 20 jours (en moyenne 12-13 jours), le moustique infecté devient capable de transmettre à son tour le parasite à chaque piqure à un nouvel individu pendant le reste de sa vie. Si un individu devient infecté (avec ou sans symptômes cliniques), il pourra alors transmettre l’infection à un nouveau moustique en cas de piqure (s’il porte des gamétocytes). C’est ainsi que le cercle vicieux continue.

L’Anophèles peut voler jusqu’à un rayon moyen de 2 kms (voire plus en cas de vents favorables). Il

peut aussi voyager très loin de sa zone initiale dans les avions, voitures, bateaux, etc.

La transmission du paludisme sans piqure de l’Anophèles femelle infectée peut aussi se faire lors des transfusions sanguines ou d’organes. La transmission peut aussi se faire pendant la grossesse de la mère à son bébé (avant ou pendant l’accouchement).

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1.4 Les zones de gites larvaires de l’Anophèles

Après s’être gorgée de sang, l’Anophèle femelle part à la recherche d’un site de repos pour la digestion de son repas, soit à l'intérieur (endophile) soit à l'extérieur des maisons (exophile), dans toute une série d'abris naturels abrités, selon le comportement de repos des populations de l’espèce vecteur.

2 jours plus tard, elle part à la recherche d’un point d'eau pour pondre entre 30 et 300 œufs.

Les œufs sont pondus isolément à la surface de l’eau. Les œufs ne résistent pas à la sécheresse/dessiccation (contrairement au moustique Aedes).

Le passage de l’œuf à la forme adulte peut prendre jusqu’à 2 semaines : ils éclosent entre 36 et 48 heures en climat tropical et en 2 à 3 semaines en climat tempéré.

Les larves peuvent compléter leur cycle dans des eaux stagnantes temporaires (retenues d’eau ou flaques d’eau saisonnières) durant la saison des pluies.

Chaque espèce de l’Anophèles présente des exigences écologiques particulières et exploite une variété de surfaces aquatiques pour leur ponte. Par exemple :

o A. gambiae s.str se développe plutôt dans de petites collections temporaires d’eaux claires, ensoleillées et sans végétation ;

o A. arabiensis cohabite avec An. gambiae mais peuple les environnements plus secs ; o A. funestus peuple les mares permanentes ou semi-permanentes ombragées ainsi que les

étangs ; o A. nili se développe dans les anses calmes sur les bords des rivières à courant assez rapide ; o A. moucheti se développe dans les fleuves à courant lent, dans le bloc forestier d’Afrique

Centrale ; o Certaines espèces comme A. melas et A. merus se développent dans les eaux saumâtres des

zones côtières ou des mangroves, tolérant une concentration en sel comprise entre 5 et 37 g/l.

Les réservoirs naturels d’eau stagnante non fortement polluées (de préférence, ensoleillées et avec de la végétation) et de différentes tailles comme les mares, les marécages et les flaques d’eau sont des zones potentielles de gites larvaires.

De nos jours, l’Anophèles peut se reproduire en 8 jours dans de petites quantités d’eau à domicile.

Les réservoirs artificiels (comme les rizières, les systèmes d’irrigation peu profonds, les terrains agricoles, etc.) ou à plus petite échelle, à domicile peuvent aussi être des gites larvaires s’ils ne sont pas couverts.

Les cours d’eau avec des zones de débit très faible (notamment les rives ou les zones de barrage créées par les déchets solides) peuvent également accueillir des gites larvaires.

De manière générale, l’Anophèles se développent dans des eaux de faible profondeur (hauteur maximale de quelques cm jusqu’à une dizaine de cm).

L’Anophèles préfère l’eau claire mais on note qu’il commence à se reproduire, en cas d’absence d’autres options, dans de l’eau turbide et même polluée.

Les larves s'alimentent et se maintiennent au repos à la surface de l’eau, respirant par leurs stigmates situés sur l'avant dernier segment abdominal. Elles doivent pour respirer se maintenir parallèles à la surface de l’eau, ce qui est caractéristique des Anophèles.

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‘… Viser juste…’

2 Les méthodes de lutte antivectorielle

Le paludisme est considéré comme une maladie ‘évitable’ et qu’on peut soigner. Les efforts importants du secteur de la santé ont permis une baisse drastique de la prévalence de la maladie. La lutte contre le moustique Anophèles (lutte antivectorielle) fait partie intégrante de la réussite de la lutte contre le paludisme. Les expériences dans le domaine de la lutte antivectorielle sont d’ailleurs nombreuses.

Les initiatives de pays, en particulier en milieu urbain, permettent de retenir des leçons intéressantes pour continuer à améliorer la qualité de la lutte contre le paludisme. De nombreuses initiatives de recherche permettent également d’apporter des éléments scientifiques utiles, que les programmes de lutte antivectorielle – et en particulier ceux des acteurs du secteur WASH – doivent savoir exploiter pour en tirer le meilleur profit.

En plus des recherches scientifiques qui permettent d’avancer dans la compréhension de certains phénomènes, des outils et des guides techniques sur le sujet de la lutte antivectorielle ont été développés. Néanmoins, les nombreuses avancées acquises par la capitalisation des expériences et les travaux scientifiques ne semblent pas trouver leur application pratique de manière optimale en ce qui concerne le domaine de la WASH et son intégration dans une approche multisectorielle.

Le niveau de préparation du secteur WASH à la lutte antivectorielle contre le paludisme reste relativement faible, d’autant plus si on le compare avec les efforts considérables du secteur WASH qui sont déployés sur les autres enjeux majeurs régionaux de santé publique. Pourtant le secteur WASH a un rôle crucial à jouer dans le contrôle de cette maladie liée à l’Eau l’Hygiène et l’Assainissement6.

En tant que vecteur de la maladie, la lutte contre le moustique Anophèles, aux stades de sa vie à la fois aquatique et aérienne, revêt une importance primordiale pour la prévention et le contrôle du paludisme. La Stratégie Technique Mondiale de Lutte contre le Paludisme 2016-2030 fixe le cadre général de la lutte antivectorielle et la repose sur 3 piliers principaux :

1. Garantir l’accès universel à la prévention, au diagnostic et au traitement du paludisme 2. Accélérer les efforts vers l’élimination et vers l’obtention du statut exempt de paludisme 3. Faire de la surveillance du paludisme une intervention de base.

Les méthodes de lutte antivectorielle sont classées en plusieurs catégories, que l’on peut regrouper de la manière suivante :

1. La lutte chimique ainsi que la lutte biologique (basée sur l'introduction d'organismes pouvant

être des prédateurs ou des parasites, concurrencer ou réduire les populations des espèces ciblées) et la lutte génétique (technique de l'insecte stérile et des moustiques génétiquement modifiés)

2. La gestion de l'environnement, avec les interventions intra- et extra-domiciliaires et la lutte

contre les nuisances par la réduction des sources de propagation (modifications de l’habitat).

Les méthodes liées à la première catégorie ne concernent pas les champs d’action du secteur WASH ; elles sont donc rapidement évoquées dans ce document (références documentaires fournies). Lorsqu’elles sont mises en œuvre de manière pertinente, justifiée, responsable et efficace, ces actions chimiques, biologiques et génétiques de lutte antivectorielle restent appropriées dans de nombreux contextes. Il n’est donc pas question ici de les occulter mais de laisser ses considérations techniques détaillées à d’autres documentations, à laquelle il est fait référence dans la Guidance Technique.

Les méthodes de lutte antivectorielle décrites ci-après concernent donc principalement les actions dites mécaniques, concernant la gestion de de l’environnement et la modification de l’habitat. 6 Classifications usuelles des maladies liées à l’Eau l’Hygiène l’Assainissement : 1- Water-borne infection ; 2- Water-washed infection ; 3- Food-borne infection and 4- Vector-borne infection (dont le paludisme).

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2.1 Les interventions intra-domiciliaires classiques

La lutte antivectorielle met en place des barrières mécaniques et chimiques afin d’agir sur les formes larvaires et adultes de l’Anophèles. Les 2 méthodes phares de la lutte antivectorielle contre l’Anophèles, préconisée par l’OMS et à efficacité prouvée dans de nombreuses situations, sont : les moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action (MILDA) et la pulvérisation – ou aspersion - intra-domiciliaire (PID) d’insecticides à effet rémanent à l’intérieur des habitations.

En limitant au maximum le contact entre les moustiques et les individus, ces actions de protection individuelle et familiale ont pour objectifs à la fois (i) d’éviter les piqures de moustiques et de (ii) réduire la longévité des moustiques adultes dans le but de diminuer le nombre de moustiques infectés (= avec le parasite ayant pu compléter son cycle de développement).

En Afrique, 59% des populations à risque ont été couvertes : soit par 1 MILDA, soit par 1 PID, soit par les 2 (2014). Le chiffre dépasse les 80% dans 9 pays (dont Burkina Faso, Gambie, Ghana, Guinée-Bissau et Sénégal). Toutefois, comme la durée de vie des MILDA est d’environ 3 ans, le taux de couverture peut varier selon les années. Une moustiquaire imprégnée garde un niveau d’insecticide suffisant jusqu’à 20 lavages.

Proportion de la population couverte par 1 MILDA ou 1 PID (2014)7

Moustiquaires imprégnées d'insecticide à longue durée d’action - MILDA

o L’OMS recommande de ‘… distribuer des MILDA à toutes les populations à risque…’ pour effectuer une couverture universelle et ‘… Le moyen le plus efficace et le moins coûteux d’y parvenir est de les fournir gratuitement, afin que tout le monde y ait accès dans les mêmes conditions...’

o La distribution gratuite s’organise principalement à travers les programmes nationaux des ministères de la Santé (PNLP ou autres), à travers le financement de plusieurs bailleurs de fonds (notamment le Fonds Mondial).

o Avec l’adoption de politiques d’accès universel aux MILDA dans les pays endémiques, le nombre de personnes dormant sous moustiquaires imprégnées a considérablement augmenté en Afrique sub-saharienne depuis 2000 : de 2% en 2000 à 55% en 2015. Toutefois, il reste de gros efforts à fournir pour atteindre les 80% recherchés (protection communautaire grâce à suffisamment d’insecticides).

o La carte ci-après montre les disparités de la proportion de la population dormant sous MILDA8.

7 Sources : World Malaria Report, 2015 8 Sources : World Malaria Report, 2015

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Proportion de la population dormant sous MILDA

o Les populations à risque concernent l’ensemble des personnes vivant dans des zones à risque. Le ciblage se fait soit par individu soit par couchage, selon les décisions par pays.

o Il existe 2 voies principales de distribution des MILDA : (i) les campagnes de masse ciblant la totalité de la population et (ii) des mécanismes de distribution continue (ex : routine, CPN, au moment des campagnes de vaccination, dans les écoles, à certaines populations ciblées, etc.). Chaque pays utilise ces 2 directions pour assurer la couverture universelle et aussi cibler des populations à plus haut risque, comme les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans.

o Les femmes enceintes sont ciblées lors de leur première consultation au centre de santé (distribution de routine, gratuite d’une moustiquaire imprégnée au moment de la consultation prénatale).

o Dans certains pays, chaque personne qui consulte pour le paludisme reçoit une moustiquaire imprégnée gratuite. D’autres pays ont mis en place un système d’approvisionnement complémentaire pour toute personne qui en fait la demande, payant au centre de santé ou dans certains lieux de vente.

o Une MILDA garde un niveau d’insecticide suffisant jusqu’à 20 lavages. o En parallèle, les campagnes de communication sont recommandés pour sensibiliser la population à

leur bonne utilisation pour que chaque personne, et notamment les groupes de personnes les plus à risque, dorme toutes les nuits sous une moustiquaire imprégnée.

o La durée de vie d’une moustiquaire imprégnée est en général de 3 ans. Cela dépend notamment de la bonne utilisation (nettoyage, séchage à l’ombre, réparation des trous, etc.).

o Après 3 ans, les familles reçoivent-elles de nouvelles MILDA ou doivent-elles s’en procurer sur le marché ? Il s’agit d’un point important à identifier dans chaque zone d’intervention pour analyser le besoin de nouvelle distribution gratuite lors des périodes à risque (et/ou d’une campagne de communication de masse et de proximité). En tenant compte de la longévité des moustiquaires adultes, les pays souhaitant maintenir leur couverture en MILDA le plus haut possible, programment des campagnes de distribution de masse tous les 3 ans pour renouveler la présence des moustiquaires parmi les populations à risque.

o L’OMS ne recommande pas l’utilisation des méthodes de marketing social pour l’obtention de moustiquaires (sur base de la promotion à l’accès universel).

o Le moustique Anophèles a su développer une résistance aux insecticides employés sur les moustiquaires, notamment les produits à base de pyréthrinoïdes (cf. paragraphe 2.4 pour plus d’informations). De nouvelles MILDA sont en train d’arriver sur le marché avec un ‘booster’ pour endiguer cette résistance ; d’autres produits sont également en cours de validation.

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Pulvérisation Intra-Domiciliaire – PID (ou Aspersion Intra-Domiciliaire – AID)

o La PID est un moyen très efficace pour réduire rapidement la transmission du paludisme. La pulvérisation d’insecticides à effet rémanent se fait à l’intérieur des habitations (contre le mur, dans les endroits sombres).

o L’efficacité du produit aspergé contre les murs intérieurs des habitations est généralement de 3 à 6 mois mais certains peuvent rester jusqu’à une année en fonction de la formulation de l’insecticide utilisé et du type de surface aspergée. Il faut néanmoins prévoir des campagnes régulières pour la ré-application d’insecticide contre les murs.

o La PID est utile pour les espèces d’Anophèles endophages et endophiles (piquant à l’extérieur + qui viendra se reposer à l’intérieur après avoir pris son repas sanguin) également exposées longuement à l’insecticide.

o Pour obtenir un résultat optimal, il faut pulvériser de l’insecticide dans au moins 80% des habitations ou structures collectives de la zone concernée.

o La couverture des habitations touchées par la PID semble avoir baissé au fil des années. Dans les pays qui considèrent la PID comme action prioritaire, 70% des habitations sont concernées dans les pays d’Afrique sub-saharienne alors que seulement 6% le sont dans les pays qui n’en ont pas fait une priorité d’action (pour faire face aux épidémies ou dans des zones très restreints comme des campements de réfugiés).

o La résistance des moustiques aux pyréthrinoïdes peut expliquer ces chiffres car l’utilisation d’autres produits est plus couteuse (ressources financières pour faire des campagnes de PID à haute couverture et à fréquence soutenue). En termes de valeur pour investissement, les bailleurs de fonds préfèrent en général les campagnes de distribution de MILDA donnant une couverture d’environ 3 ans.

o La PID peut avoir des contraintes pratiques qui freinent la systématisation ou la réussite de cette intervention : besoin d’enlever les meubles, ne pas repeindre les murs (malgré les traces laissées par la pulvérisation), etc. A l’opposé, lorsque la PID est préférée, les gens perdent l’habitude de dormir sous des MILDA.

Critères d’aide à la décision

La stratégie de lutte antivectorielle qui ne doit pas être considérée comme une approche standardisée et systématique doit valider la pertinence des 2 actions préconisées ou de l’une ou de l’autre. Il est important de baser les choix d’intervention sur l’analyse détaillée de la situation selon le contexte spécifique de la crise.

Des études ont montré que la PID peut s’avérer d’une efficacité limitée dans la baisse de la maladie dans les zones de forte couverture en MILDA. L’OMS préconise le choix d’une des 2 actions phares à un niveau maximal plutôt qu’une combinaison des 2. En cas de résistance accrue aux insecticides, l’utilisation des 2 méthodes peut néanmoins avoir de meilleurs résultats (à condition que les produits insecticides soient différents).

Et les autres mesures de protection individuelle ?

Intervenir sur les capacités de survie du vecteur est plus efficace que de réduire l’ampleur des contacts possibles. Autrement dit, si la majorité de la communauté les utilise correctement, la présence de moustiquaires imprégnées et la pulvérisation d’insecticides dans les maisons auront de meilleurs résultats que les mesures de protection individuelle (répulsifs, vêtements longs, etc.). De plus, ces produits sont des biens de consommation qui sont périssables et qui ont un cout non négligeable (inabordable pour les ménages à faible revenu).

Ces mesures de protection individuelle ne sont donc pas préconisées dans une optique de distribution de masse aux familles vivant dans des zones à risque. Toutefois, les campagnes de sensibilisation peuvent informer les ménages de la possibilité de coupler les actions primordiales (MILDA, PID, modifications de l’habitat) avec ce genre de produits commerciaux. Ces mesures de protection individuelle restent en effet

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des méthodes complémentaires et efficaces, qui peuvent s’avérer intéressantes selon les possibilités/faisabilités de mise en œuvre. Une liste non exhaustive est présentée en annexe 5.

Si à titre exceptionnel, les produits de protection individuelle font partie d’un programme de lutte antivectorielle, les acteurs luttant contre le paludisme doivent bien considérer lors de la prise de décision, les enjeux à garantir leur renouvellement dans le foyer et leur utilisation optimale. Il faut pour cela assurer la nécessité de (i) convaincre les usagers à l’achat de ces équipements (et de l’impact du bénéfice sur la santé par rapport au cout d’achat) et (ii) définir une stratégie de distribution de ces produits selon les degrés de priorité (urgence de la crise, populations vulnérables, etc.).

Limites actuelles des interventions intra-domiciliaires classiques

Avec la priorisation donnée ces 2 dernières décennies aux campagnes de distribution de moustiquaires imprégnées, les 15 dernières années ont montré une baisse de 37% du nombre de nouveaux cas parmi les populations exposées à l’échelle mondiale et une baisse significative du taux de mortalité de 65% chez les enfants de moins de 5 ans. Toutefois, même avec ces efforts sur ces 2 actions phares de la lutte antivectorielle, la réduction du paludisme en Afrique de l’Ouest et Centrale apparait atteindre un seuil plancher actuellement.

En effet l’Anophèles développe désormais des résistances aux produits insecticides utilisés en santé publique. De même, alors que la méthode s’avère productive dans certains cas de figure, le recours aux produits chimiques (insecticides adulticides et larvicides, etc.) comporte des limites et ne répond pas aux attentes de contrôle maximal de la maladie, tout en posant des inquiétudes sur les impacts à la fois sanitaire et environnemental des produits utilisés. Enfin, la concentration des actions sur les nuisances provoquées par les moustiques plutôt que le ciblage des cas rapportés ne semble pas permettre le contrôle efficace des épidémies de paludisme.

Afin d’aller vers des objectifs ambitieux d’élimination du paludisme, les actions classiques de lutte antivectorielle doivent donc être accompagnées par plus d’interventions supplémentaires (décrites ci-après dans le paragraphe 2.2 La modification de l’habitat) qui requièrent des capacités d’expertise opérationnelle qui correspondent très bien à celles des acteurs WASH.

Même s’il n’est pas novice en la matière et qu’il entreprend régulièrement des actions de lutte antivectorielle de manière ad-hoc selon les besoins (principalement lors de crises humanitaires jusqu’à maintenant), le secteur WASH doit incorporer cette dynamique nouvelle de collaboration multisectorielle dans un souci de renforcement / amélioration de ses propres capacités actuelles. Ce travail d’amélioration des actions WASH actuelles permettront de meilleures performances, des impacts plus marqués et durables ainsi qu’un accroissement significatif de l’ampleur des actions et de la contribution du secteur WASH à la problématique du paludisme en Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale.

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2.2 La modification de l’habitat

Les activités de contrôle des nuisances vont chercher à changer l'environnement dans le but d'empêcher ou de minimiser la propagation du vecteur et le contact homme – vecteur, par la suppression des zones d’eaux qui fournissent des habitats larvaires. Associées aux interventions intra-domiciliaires, de telles actions doivent constituer les piliers de la lutte antivectorielle, pour ce qui concerne les acteurs WASH.

Le moustique Anophèles, dont 3 étapes sur 4 de son cycle de vie concernent le milieu aquatique, prolifère grâce aux eaux stagnantes, qui peuvent être naturelles (mares, marécages, etc.) ou artificielles (créées par les activités humaines). Les facteurs qui influent la prolifération du vecteur concernent des enjeux géographiques et environnementaux (comme le climat, les zones humides, la végétation, la densité de population humaine, etc.) et humains (comportements individuels et collectifs).

Pour réduire au maximum les facteurs à risque de prolifération du vecteur de la maladie par des actions de réduction de la transmission du parasite entre les humains et les moustiques, la lutte antivectorielle doit par conséquent agir en parallèle à 2 niveaux :

(1) Les modifications de l’environnement de vie des populations sont typiquement des actions dites de ‘sanitation’9, qui sont directement en lien avec le secteur Eau Hygiène Assainissement.

(2) Les modifications de comportements pour des pratiques sans risque rentrent dans le cadre des activités de communication et de promotion de l’hygiène.

Le moustique Anophèles utilise une large panoplie d'habitats larvaires confinés, à la fois naturels et fabriqués par l'homme. La nécessité d’une lutte antivectorielle mécanique contre le vecteur du paludisme semble actuellement sous-estimée alors que l’Anophèles peut désormais se reproduire en 8 jours dans de petites rigoles d’eau turbide, à l‘intérieur des concessions, et non plus seulement dans les plans d’eaux stagnantes ou les bras de cours d’eau limpide.

Pour des résultats optimaux, la lutte antivectorielle environnementale doit idéalement cibler tous les sites de développement du moustique dans sa phase aquatique ainsi que les zones de prédilection de l’Anophèles adulte dans sa phase aérienne. Cependant, il n’est souvent ni rentable ni réalisable de tenter de lutter sur l’ensemble des gites larvaires, au sein même d’une communauté. Certains gites larvaires peuvent produire un plus grand nombre de moustiques adultes selon les espèces, alors que d'autres seront moins productifs. Cela implique une priorisation des zones selon le contexte local, impliquant de fait une non-standardisation systématique des réponses.

Quand la limitation des ressources impose comme bien souvent de faire des choix, les efforts de lutte doivent prioriser les habitats de moustiques Anophèles qui sont les plus productifs et donc considérés d’un point de vue entomologique comme plus importants. De telles stratégies de ciblage requièrent une compréhension profonde de l'écologie vectorielle locale et des attitudes et habitudes des populations résidentes en relation avec les possibles gites larvaires (en lien avec le paragraphe 1.4. Les zones de gites larvaires de l’Anophèles). Pour une efficacité et un impact optimisés, les interventions de lutte antivectorielle doivent se baser sur les données épidémiologiques et entomologiques locales plutôt que sur les plaintes de nuisance des moustiques.

En matière de priorisation des choix techniques, les méthodes de lutte antivectorielle sur la gestion de l'environnement proposent des aménagements environnementaux, qui peuvent être des transformations physiques rapides (en cas de réponse d’urgence à une flambée) et/ou durables (prévention à long terme) afin de réduire les gites larvaires de l’Anophèles.

▪ Dans une optique d’assainissement et de salubrité à long terme du cadre de vie, des travaux d’infrastructure, comme la construction d’un réseau d’évacuation des eaux usées et/ou pluviales, prendront du temps et requièrent une technicité et des couts importants. Néanmoins, une fois les travaux réalisés, l’impact sera plus fort et plus durable en termes de réduction des risques.

9 Le terme anglais Sanitation englobe les activités de : gestion des excrétas, gestion des eaux usées issues de l’utilisation de l’eau

pour les besoins domestiques, gestion des déchets et autres contrôles des vecteurs.

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▪ D’autres actions, aux effets sans doute moins durables, peuvent être effectués par les populations locales à moindre cout et sans capacité technique particulière (creusement de tranchées, puisards, ramassage des ordures, etc.). pour ces actions, le travail d’implication communautaire, pouvant se matérialiser par des approches innovantes que le secteur WASH développe sur ses programmes WASH, est crucial et souvent très long pour obtenir des effets à plus long terme.

L’annexe 3 synthétise l’analyse de 2 études de cas intéressantes, établies dans le cadre de la réalisation de la Guidance Technique. Elles mettent en lumière des aspects nouveaux relatifs aux actions mécaniques de lutte antivectorielle. Elles permettent aussi de dégager des leçons importantes pour une meilleure approche de la lutte antivectorielle dans une optique de prévention et de réponse aux flambées. Elles confirment l’importance majeure d’une approche intégrée et plus approfondie de la lutte antivectorielle.

Le choix des solutions techniques les plus appropriées dépendra de plusieurs paramètres :

a) Présence de quelle espèce d’Anophèles et dans quels types d’habitat (investigations entomologiques sur la nature du vecteur et ses comportements trophiques)

b) Evaluation sur le terrain des risques sanitaires selon les conditions existantes (dysfonctionnements physiques et problèmes de gestion et/ou de maintenance des services WASH)

c) Pertinence, impact et efficience de la résolution du problème identifié.

Evacuation des eaux pluviales

o Existence d’infrastructures d’évacuation des eaux : +++ Canaux d’évacuation dans les rues (bétonnés ou en terre) +++ Gouttières aux toitures ou rigoles en bas des habitations + Réservoir fermé de collecte d’eau de pluie

o Niveau satisfaisant de fonctionnement et maintenance des infrastructures : +++ Nettoyage fréquent des canaux d’évacuation +++ Remblayage fréquent pour égaliser les empreintes de pas de la population et du

bétail +++ Bonne gestion des chantiers de construction pendant les évènements pluvieux

(combler les excavations, utilisation de sacs de jute pour le durcissement du béton, etc.

+++ Nettoyage fréquent des gouttières +++ Pompage des eaux stagnantes dans les rues inondées

Gestion des déchets solides

o Existence d’infrastructures de collecte des déchets : +++ Bacs d’ordures ménagères +++ Poubelles fermées dans les habitations

o Niveau satisfaisant de fonctionnement et maintenance des infrastructures : +++ Système fonctionnel et régulier de collecte des ordures ménagères +++ Nettoyage communautaire des déchets dans les rues et lieux de vie publics +++ Absence de déchets solides dans les habitations +++ Stockage des pneus, et autres objets favorisant des mini flaques lors des pluies +++ Vidange des pots de fleurs ou autres récipients (surtout s’ils ont été identifiés

comme gites larvaires)

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Drainage des eaux usées

o Existence d’infrastructures d’évacuation des eaux : +++ Dalle bétonnée autour des points d’eau publics +++ Puisard d’infiltration aux points d’eau publics et autres robinets extérieurs ou

canalisations enterrées (vers réseau d’eaux usées ou tranchées d’infiltration) +++ Puisard d’infiltration pour les douches et aires de lavage

o Niveau satisfaisant de fonctionnement et maintenance des infrastructures : +++ Absence d’eaux stagnantes provoquées par une mauvaise évacuation des eaux

usées +++ Absence de trop-pleins de puisards d’infiltration +++ Réparation des fuites de canalisations des réseaux d’eau potable + Absence de trop-pleins de fosse septique

Pour les zones humides

o Des cours d’eau sans eaux stagnantes : +++ Favoriser l’écoulement et la vitesse du courant en supprimant les zones de

ralentissement du cours d’eau (travaux manuels temporaires ou canaux bétonnés) +++ Ramassage des déchets qui obstruent le cours d’eau et créent des zones de

stagnation du courant + Approfondir les bords de cours d’eau pour éviter des profondeurs de quelques cms,

favorables au développement des larves d’Anophèles o Aménager les bords d’étendues d’eau (marigots, bassins de rétention en zone urbaine) :

+++ Approfondir les bords de cours d’eau pour éviter des profondeurs de quelques cms, favorables au développement des larves d’Anophèles

+ Aplanir les zones d’abreuvage du bétail en bord de mares

Pour les aspects techniques, de nombreuses fiches techniques existent à propos des activités de drainage et d’assainissement. La partie ‘Lutte antivectorielle’ du site du Groupe Régional WASH Afrique de l’Ouest et Centrale répertorie quelques documents principaux.

Comment choisir les actions prioritaires de lutte antivectorielle ?

La décision des méthodes les plus adaptées se fait systématiquement en fonction du contexte et des investigations de terrain. Il est recommandé de suivre le mécanisme suivant :

Ciblage et identification de la zone d’action prioritaire en fonction des données épidémiologiques

provenant des sites sentinelles ou des seuils d’alerte communiqués par les acteurs de terrain

Investigations entomologiques de terrain qui vont conclure à l’identification de l’espèce

d’Anophèle, son caractère endophage/exophage, ses lieux de prédilection de reproduction et de

repos, la présence des gites larvaires, etc.

Choix de l’intervention de base : MILDA ou PID ou MILDA + PID

Actions complémentaires de lutte antivectorielle à définir selon les gites larvaires à contrôler

Décision d’actions larvicides complémentaires

Définition des messages prioritaires à faire passer à la communication et choix des méthodes de

communication.

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2.3 L’engagement communautaire et les changements de comportements

La mobilisation communautaire joue un rôle majeur dans l’impact de la lutte antivectorielle.

(i) Les bonnes pratiques individuelles dans chaque famille et dans toute la communauté permettent de réduire les risques de prolifération du vecteur du paludisme et de contrôler le niveau de propagation de la maladie.

(ii) L’engagement communautaire est le gage d’actions collectives réussies, restant le meilleur moyen de prévention à l’échelle d’une population donnée : zone d’influence du moustique sur 2-3 kms ; présence de gites larvaires et de zones de prédilection du moustique adulte dans les lieux de vie collectifs ; utilisation des capacités communautaires ; etc.).

Des actions quotidiennes dans son lieu de vie

Hormis les chantiers de drainage ou d’assainissement, à grande échelle urbaine (réseau d’assainissement, vaste programme de collecte des déchets ménagers, canaux d’eau de ruissellement, etc.), les moyens efficaces de lutte antivectorielle au niveau des ménages concernent majoritairement des actions simples de gestion quotidienne, accessibles à tous, pour garantir un environnement de vie salubre.

Pour la réduction efficace de la transmission du parasite, il existe une variété de bons comportements à adapter pour chaque personne et chaque famille (cf. ci-dessous).

Les mesures principales de protection contre les piqures pour soi-même et sa famille :

o Dormir systématiquement sous moustiquaires imprégnées (MILDA) pendant la nuit o Bien utiliser les moustiquaires imprégnées : absence de trous, nettoyage approprié, etc. o Selon les caractéristiques de l’habitat, fermeture des portes et installation de moustiquaires aux

ouvertures de fenêtres, etc. – [Non applicable partout – selon la configuration des habitations] o Autres moyens de protection individuelle– [Non applicable de partout, selon les capacités

financières des ménages] (cf. Annexe 5)

Des pratiques préventives à domicile de baisse de la densité du moustique Anophèles :

o Maintenir la pulvérisation intra-domiciliaire avec des pratiques quotidiennes comme aérer les pièces

o Destruction des gites larvaires potentiels (autant que possible/réalisable) : Couvrir les récipients d’eau Ramasser les déchets (plastiques, boites de conserves, pneus, etc.) Remblayer les trous éventuels devant les habitations Assurer un cadre de vie propre et sans eaux stagnantes autour de l’habitation Vidage hebdomadaire des contenants de stockage, des vases de fleurs, etc. Remplir de terres les trous, pots et autres containers vides Gestion ou suppression aux alentours des habitations des plantes qui recueillent l'eau sur les

aisselles de leurs feuilles Eviter la promotion d'interdiction de cultures domestiques comme les champs de maïs situés

derrière les habitations Selon le besoin d’actions collectives et de visibilité, couper l’herbe chez soi et aux alentours.

Les méthodes de communication et le rôle des structures communautaires

Sachant que l’être humain est l’hôte du parasite du paludisme et que l’Anophèles est un vecteur qui peut se déplacer sur une grande distance (2kms), les comportements individuels ont un impact significatif sur la lutte collective contre la maladie. De plus, un comportement individuel préventif de la part des membres de la famille vivant dans un environnement de vie hygiénique chez soi, ne peuvent pas garantir une protection suffisante contre la maladie. Les bénéfices découlant des bonnes pratiques individuelles sont en effet étroitement liés à la capacité de la communauté à s’approprier ces bons comportements pour le bien-être de tous. La sensibilisation doit donc cibler les attitudes personnelles dans un cadre communautaire plus large (comportements individuels et collectifs).

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Pour promouvoir des comportements adaptés, à l’échelle individuelle et collective, les techniques de communication pertinentes pour la prévention du paludisme sont de même nature que celles utilisées par les acteurs WASH dans le cadre de programmes Eau Hygiène Assainissement.

Adaptables aux caractéristiques du contexte local et aux capacités de mise en œuvre, elles peuvent avoir des portées différentes :

(i) Diffusion large et immédiate, touchant le maximum de personnes dans un temps court mais à l’impact de courte à moyenne durée [applicable en cas de risque imminent ou pendant une période de recrudescence des cas] ; et/ou

(ii) Ciblage des groupes de populations concernés et collaboration proche et renforcée avec les communautés dans une optique de contrôle de la maladie sur le long terme. Dans ce cas-là, les pratiques dites participatives et de proximité sont plus efficaces mais demandent plus d’efforts de mise en œuvre.

Dans tous les cas, les types de communication peuvent se résumer à :

- Communication de masse : messages télés ou radiophoniques, envoi de SMS, presse, haut-parleurs / crieurs dans les lieux collectifs, panneaux d’information, etc. – Se référer aux programmes de prévention existants (localement ou au niveau national) pour utiliser les messages (et les supports de communication relatifs) déjà créés et assurer une bonne coordination (pour éviter les doublons, manques, etc.)

- Communication en direct : visites à domicile, discussions/causeries de groupes, formations de formateurs (personnes relais dans la communauté)

- Communication dans les structures communautaires : travail avec le personnel de santé, avec les écoliers, etc.

Les canaux de communication les plus efficaces localement proviendront sans doute des organisations à base communautaire et les structures locales sur place (centres de santé, écoles, établissements religieux, séances traditionnelles de discussions, etc.) qui constituent des ressources locales importantes et appropriées, quel que ce soit le type de communication choisi.

La formation des relais communautaires peut s’appuyer sur les outils développés par les Programmes Nationaux de Lutte contre le Paludisme, comme ceux du Sénégal : ‘Guide de formation sur le paludisme pour le relais communautaire’ et ‘Manuel du relais communautaire sur le paludisme’.

Des études ont montré l’importance des campagnes de sensibilisation de changement de comportements, notamment sur la bonne utilisation des MILDA, soulignant le rôle clé des visites régulières par des agents communautaires ou de santé pour repasser les messages.

Descriptif de l’entomologie communautaire10

L’approche d’entomologie communautaire est un concept novateur, en cours de développement. L’IRSS travaille en étroite collaboration avec d’autres organismes de recherche en Afrique et obtient ainsi les leçons d’expérience d’autres zones/pays pour consolider leurs travaux de recherche opérationnelle. Les conclusions ne sont donc pas encore disponibles ; toutefois les premiers résultats semblent indiquer la pertinence et l’efficacité du travail avec les communautés. Il est utile de présenter l’entomologie communautaire rapidement ci-dessous en attendant plus d’informations :

Les actions principales concernent la formation de volontaires dans la communauté pour reconnaitre des essaims d’Anophèles, signaler une alerte de période à risque nécessitant des actions communautaires de lutte antivectorielle, collecter des échantillons de larves et de moustiques adultes pour analyses en laboratoire.

Ainsi, les équipes (limitées) d’entomologistes et d’acteurs de la lutte antivectorielle n’ont pas besoin de se déplacer systématiquement et des actions préventives peuvent être mises en place avant l’arrivée des

10 Projet pilote 2016-2017, IRSS, Bobo-Dioulasso, Burkina Faso

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services spécialisés en lutte antivectorielle. Envisagée à plus large échelle, cette approche permettrait de dupliquer les actions en impliquant fortement les communautés elles-mêmes dans la lutte antivectorielle.

Ces interventions communautaires, qui font partie des méthodologies usuelles du secteur WASH (formations participatives et suivi et accompagnement de volontaires communautaires, visites terrain d’appui, campagnes de sensibilisation participative ou de porte-à-porte, etc.), pourraient être développées par l’intermédiaire des acteurs WASH, après avoir reçu une formation spécifique initiale par des spécialistes en entomologie.

2.4 Commentaire spécifique à propos des méthodes de lutte biologique et chimique

Conjointement à l’aménagement de l’habitat, l’utilisation de larvicides dans des gites larvaires non contrôlables (mares, étangs, etc.) ainsi que la pulvérisation spatiale dans les communautés peuvent s’avérer être une composante de la lutte antivectorielle pendant une recrudescence des cas. L’OMS recommande que ‘… les mesures de lutte contre les larves sont très spécifiques du lieu et de l’écologie. Les traitements larvicides ne sont recommandés que dans les zones où les gîtes larvaires de moustiques vecteurs du paludisme sont peu nombreux, fixes et identifiables, et où les sites sont faciles à localiser, à cartographier et à traiter…’.

Sans prendre la responsabilité de concevoir, planifier et réaliser des interventions de lutte chimique, les acteurs WASH peuvent néanmoins participer à des initiatives menées par le gouvernement et ses partenaires habilités à utiliser ces méthodes. Les activités de lutte chimique avec des larvicides et/ou des adulticides doivent être réalisées sous la stricte supervision du Ministère de la Santé et de l'OMS, d’autant plus si elles ont lieu par l’intermédiaire d’organisations locales / communautaires.

Par son caractère potentiellement néfaste sur l’environnement et la santé, l’utilisation de produits chimiques (insecticides, larvicides, etc.) doit être menée avec la plus grande prudence. A ce sujet, une liste de vérifications ‘Ne pas nuire - do no harm’ (présentée en Annexe 4) doit être effectuée avant la décision de lancement de telles activités.

En outre, le choix des produits chimiques doit être validé par des investigations scientifiques qui prouvent l’adéquation du produit sur le moustique. Ces enquêtes sont menées par les services d’entomologie en laboratoire, après des prélèvements d’échantillons sur les zones concernées.

L'application de quelconque méthode chimique doit être strictement guidée par les recommandations de l'OMS (schéma d'évaluation des pesticides – Site internet WHOPES 11 ) en lien avec les informations entomologiques localement disponibles. Cet outil de référencement des pesticides recommande 12 composés et formulations pour lutter contre les larves.

Il est difficile et coûteux d'appliquer des larvicides chimiques sur du long-terme. La meilleure utilisation des larvicides chimiques réside dans les situations où la maladie et la surveillance vectorielle indiquent l'existence de certaines périodes à haut risque, et dans des localités où les épidémies peuvent se produire. La gestion des gîtes larvaires peut être particulièrement utile dans les zones urbaines et périurbaines d’Afrique subsaharienne, mais elle risque de manquer d’efficacité dans les zones rurales d’Afrique, où les gîtes larvaires sont nombreux, changeants et très dispersés.

11 http://www.who.int/whopes/

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Larvicides (tiré d'une webinar de The Mentor Initiative, spécialiste des formations sur le paludisme : www.thementorinitiative.org) : o Facile à appliquer, sans grande formation nécessaire, ne nécessitant pas d'équipement spécial.

o Les opérations larvicides doivent être répétées toutes les 6 à 8 semaines pour des grands récipients d'eau.

o Les opérations larvicides peuvent ne pas être durables dans les zones endémiques mais peuvent être hautement efficaces en contexte épidémique.

o Les larvicides sous forme sableuse ou granulée sont idéales pour les programmes à base communautaire, la pulvérisation nécessitant une importante sensibilisation communautaire dans la mesure où les agents pulvérisateurs doivent porter un équipement de protection personnel.

Résistance aux insecticides

D’après l’OMS, ‘… récemment une résistance des moustiques aux pyréthrinoïdes a fait son apparition dans de nombreux pays. Dans certaines zones, on a détecté une résistance aux 4 classes d’insecticides utilisées en santé publique. Pour la pulvérisation d’insecticides à effet rémanent à l’intérieur des habitations, il est recommandé d’utiliser les différentes classes d’insecticides en alternance afin d’éviter de sélectionner la résistance.

Les régions d’endémie palustre en Afrique subsaharienne suscitent néanmoins de grandes préoccupations en raison de hauts niveaux de transmission de la maladie et de nombreux signalements de résistance aux insecticides. L’utilisation de 2 insecticides de mode d’action différent permet de réduire le risque de sélection et de propagation de la résistance.

De nouvelles moustiquaires imprégnées et de nouveaux produits insecticides sont actuellement testés. La détection d’une résistance aux insecticides devrait donc être une composante essentielle de tous les efforts nationaux de lutte antipaludique, afin de garantir la mise en œuvre des méthodes de lutte antivectorielle les plus efficaces. Le choix d’un insecticide pour les pulvérisations à l’intérieur des habitations devrait toujours être une décision prise sur la base des données locales récentes concernant la sensibilité des vecteurs cibles aux insecticides…’

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‘… Vers une stratégie régionale de lutte antivectorielle…’

3 Une collaboration multisectorielle pour un ciblage et une efficacité optimale

Les différentes méthodes d’intervention spécifiques au secteur WASH en matière de lutte antivectorielle contre l’Anophèles, à partir de la compréhension des comportements du moustique Anophèles selon ses différentes phases aquatiques et aériennes, doivent se mettre en place dans un cadre d’intervention général qui permet d’engager un combat collectif, coordonné et pluridisciplinaire depuis le domicile jusqu’au niveau gouvernemental contre les réservoirs de moustiques anophèles.

Ce chapitre reprend brièvement les points clés de cette approche multisectorielle à renforcer, en mettant en lumière rapidement les aspects fondamentaux que sont l’intégration de la surveillance épidémiologique et de la surveillance entomologique ; les parties prenantes qui ont un rôle majeur ; les contextes d’interventions principaux ; les facteurs de risque à prendre en compte et les ‘points d’actions’ principaux avant et pendant une réponse de lutte antivectorielle.

Tous ces aspects sont abordés de manière détaillée dans

la Stratégie Régionale Intégrée de Lutte Antivectorielle12.

Priorités opérationnelles pour la surveillance

Une lutte antivectorielle efficace passe par un meilleur ciblage des actions à travers l’analyse des cas rapportés. Les sites sentinelles de surveillance - en place ou à créer - servent de relais sur le terrain pour signaler les alertes en temps voulu. Le suivi épidémiologique permet également de mesure le besoin en capacités et ressources qui est nécessaire en fonction du niveau d’alerte, ainsi que la réussite des actions de lutte contre le paludisme.

La mise en œuvre réussie d’une approche d’intervention basée sur le ciblage des cas rapportés, nécessite de surmonter les enjeux de capacités réelles en termes de surveillance épidémiologique. Aussi, la définition de seuil d’alerte pour le déclenchement rapide et efficace d’actions de lutte antivectorielle selon le pays ou la zone d’intervention, pourrait être liée à des indicateurs prédéfinis (suivant la Stratégie Régionale WASH & Mosquito Vector control, retranscrite de manière opérationnelle selon le ou les contextes de chaque pays).

Surveillance entomologique pour des réponses ciblées

La qualité de la surveillance du vecteur du paludisme influe considérablement sur l’impact de la réponse apportée par la lutte antivectorielle. Couplée à la surveillance épidémiologique des cas, elle aide à identifier les zones et les groupes de population les plus vulnérables pour un ciblage prioritaire au moment le plus opportun.

D’un point de vue stratégique, une surveillance fiable fournit des évidences et permet aux programmes d’agir de façon optimale car ils peuvent :

Allouer les ressources et capacités opérationnelles de manière prioritaire aux populations qui en ont le plus besoin, pour des interventions les plus efficaces et afin d’obtenir un impact maximal en termes de santé publique

Participer au travail de monitoring et servir d’outils primordial d’aide à la décision.

De même que pour la surveillance épidémiologique, la mise en œuvre d’une approche d’intervention basée sur l’évaluation du contexte entomologique pose l’enjeu des capacités réelles en termes de surveillance entomologique.

12 Voir le document ‘Stratégie Régionale WASH & MOSQUITO VECTOR CONTROL – Version francaise’

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Les groupes de population bénéficiaires prioritaires

Les groupes de population les plus vulnérables au paludisme (et par extension au risque d’en être atteints gravement) sont :

Les nourrissons et les enfants de moins de 5 ans, Les femmes enceintes, Les personnes malades, Les familles à revenus les plus pauvres et celles éloignées des centres de santé. Toute personne en déplacement (voyageurs ou réfugiés/migrants/ déplacés) se retrouve en

situation de risque fort, d’autant plus si l’intensité du paludisme dans son lieu de provenance est moins fort.

Cette liste n’est pas exhaustive et doit faire l’objet d’une évaluation systématique selon les contextes de crise et leur ampleur.

Les parties prenantes de la lutte antivectorielle contre le moustique Anophèles

Services étatiques nationaux et décentralisés (Ministère de la Santé, PNLP, services communaux d’Hygiène, etc.)

Les agences des Nations Unies (WHO ; UNICEF) ; l’OOAS ; le Fonds Mondial

Les instituts de recherche et les universités

Les ONG internationales et nationales

Les organisations à base communautaire, les structures scolaires et religieuses

Les ménages

Les différents phasages et contextes de crise

Les épidémies de paludisme sont bien souvent corrélées à d’autres vulnérabilités en cours dans les zones touchées. Concentrant près de 90% des cas mondiaux de paludisme, la région d’Afrique de l’Ouest et Centrale est d’autant plus touchée qu’elle est confrontée à de multiples crises humanitaires soudaines et durables, aboutissant le plus souvent à une problématique de crises complexes avec superposition des vulnérabilités affectant les populations victimes de conflits armés, d’insécurité alimentaire, de malnutrition, de catastrophes naturelles et d’épidémies.

La problématique de la lutte antivectorielle contre le moustique Anophèles s’inscrit sur 2 échelles différentes :

(i) Les contextes dits stables avec des recrudescences régulières de cas, et (ii) Les contextes dits instables avec parfois des années sans transmission ainsi que les contextes

d’urgence humanitaire qui sont souvent le socle de nouvelles flambées importantes.

Dans tous les cas, la période en amont de la saison à risque est primordiale à aborder dans la question de la lutte antivectorielle contre l’Anophèles. Valable aussi bien dans les contextes d’urgence que dans une optique de prévention à long terme, elle implique de considérer fortement les actions de réduction de risques et de préparation en cas de riposte.

Les contextes d’intervention diffèrent selon la situation locale. Les phases de prévention, préparation et réponse aux flambées n’incluent pas les mêmes priorités, objectifs, moyens et voire le public ciblé que des actions dans un contexte endémique. De même, le risque de recrudescence des cas et les capacités de réponse doivent être ajustés en cas de contexte de crise humanitaire (catastrophes naturelles, conflits, déplacement de populations, etc.). Dans tous les cas, les actions doivent suivre une logique d’intervention adaptée aux contextes d’intervention.

Au regard de l’enjeu en santé publique du contrôle des épidémies en situation de crise, les organisations humanitaires mettent en œuvre des interventions contre le paludisme. Ces actions ad-hoc se résument pour la plupart à des réponses d’urgence non systématiques, localisées et/ou ponctuelles, selon l’état du contexte dégradé (camps de personnes déplacées / réfugiées ; inondations ; etc.) ou en raison de la présence d’autres vulnérabilités inquiétantes (comme des épidémies de diarrhées, un taux élevé de malnutrition aigüe sévère, etc.). Les interventions humanitaires, notamment en santé environnementale /

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WASH pour lutter contre les flambées (prévention ou réponse) restent peu documentées et généralement associées à d’autres crises humanitaires en cours.

Les facteurs de risque à prendre en considération lors du développement d’actions de lutte antivectorielle pendant une flambée

Présence de l’Anophèles : Toutes les zones avec présence de vecteurs sont à risque pour la transmission du parasite. La surveillance épidémiologique et les investigations entomologiques aident au ciblage prioritaire des zones d’intervention (en phase de préparation et en phase de riposte).

Variables saisonnières (géographiques et climatiques) : Les variables climatiques comme les précipitations, la température et l'humidité relative sont des indicateurs de la présence de l’Anophèles. L'altitude et la végétation jouent également un rôle. La capitalisation des expériences locales est un facteur clé, tout en gardant à l’esprit l’aspect évolutif de la maladie lié notamment à la forte capacité d’adaptation du moustique Anophèles et les modifications futures liées au changement climatique.

Contexte de crise humanitaire et prévalence des autres enjeux sanitaires : précarités et soudaineté de la crise ; niveau de malnutrition aigüe ; prévalence d’autres maladies ; déplacements de population ; etc.

Contexte urbain versus contexte rural : y compris les zones périurbaines

Habitat : qualité de l’environnement sanitaire autour de l’habitation ; présence d’eaux stagnantes à domicile ; équipements disponibles ; luminosité et niveau d’aération des pièces.

Activités professionnelles : présence de bétail ; irrigation & rizières ; etc.

Capacités nationales et locales : le manque de capacités et de ressources disponibles pour soutenir les programmes de lutte antivectorielle est un facteur de risque dans la transmission du pathogène.

Résistance à l'insecticide : La résistance des vecteurs aux insecticides s’avère être un obstacle important des efforts de lutte antivectorielle classiques, d'où la nécessité d'avoir des informations locales sur les caractéristiques de l’Anophèles et les données entomologiques existantes (y compris le profil de résistance) afin de mieux cibler les méthodes de lutte antivectorielle.

Les principaux ‘points d’actions’ de la lutte avant et pendant une réponse à une épidémie

Coordination intersectorielle entre le Ministère de la Santé et les autres groupes sectoriels

Analyse situationnelle (incluant les informations épidémiologiques, les éléments entomologiques, le niveau de résistance aux insecticides, la gestion des produits chimiques et le cadre réglementaire national) pour l’identification des facteurs à risque, propres au contexte et permettant la cartographie des sites à haut risque dans l’optique de cibler les interventions prioritaires

Evaluation des besoins en matière de lutte antivectorielle pour la préparation et la réponse à une épidémie dans ce contexte (en simultané avec l’analyse situationnelle)

Définition d’une stratégie opérationnelle (‘plan de préparation ou de riposte’) de lutte antivectorielle, spécifique et appropriée au contexte et réaliste par rapport aux capacités en place et/ou à renforcer, fixant les objectifs à atteindre, les activités à mettre en place et les indicateurs de suivi et d’évaluation de la qualité de la réponse

Sélection des méthodes de lutte antivectorielle les plus adaptées sur la base des investigations initiales (analyse situationnelle et évaluation des besoins) et intégration les éléments d’aide à la décision venant de la surveillance épidémiologique et de l’entomologie

Priorisation des axes de communication auprès des acteurs locaux et de la population (incluant la définition des objectifs et des méthodologies concernant l'engagement communautaire dans toutes les activités de lutte antivectorielle)

Renforcement des capacités par l’identification, la formation et la mobilisation des partenaires locaux et des groupes communautaires afin d'améliorer la connaissance en matière de lutte antivectorielle et de garantir l’appropriation des activités par la communauté

Liste des intrants nécessaires pour la mise en œuvre des activités de lutte antivectorielle

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Suivi et évaluation des actions de lutte antivectorielle et la mise en œuvre des réajustements nécessaires selon l’évolution de la situation sur le terrain, incorporant le suivi épidémiologique et la réactualisation de la situation entomologique (y compris le suivi de la résistance aux insecticides)

Plaidoyer institutionnel et recherche et mobilisation de financements

Capitalisation des expériences.

Pour aller jusqu’où ?

Alors que la Stratégie Technique Mondiale de Lutte contre le Paludisme 2016-2030 vise à réduire les taux de mortalité palustre et l'incidence de la maladie d’au moins 90 % d’ici 2030, l’élimination est définie comme l’interruption de la transmission locale d’une espèce de Plasmodium bien spécifiée, dans une zone géographique définie, suite à des efforts délibérés. Il faut appliquer des mesures continuelles pour éviter le rétablissement de la transmission, jusqu’à atteindre l’éradication (incidence mondiale permanente de zéro cas d’infection palustre provoquée par des parasites infestant l’homme suite à des efforts délibérés).

Selon l’OMS, le rythme des progrès dans un pays en particulier dépend de la robustesse du système de santé national, du niveau des investissements dans la lutte antipaludique et d’un certain nombre d’autres facteurs, comme les déterminants biologiques, l’environnement et les réalités sociales, démographiques, politiques et économiques du pays en question.

Dans les pays ayant une transmission modérée à forte du paludisme, les programmes nationaux de lutte antipaludique visent à réduire au maximum le nombre des cas et des décès dus à cette maladie. Quand les pays approchent de l’élimination, les systèmes de surveillance renforcée contribuent à ce que chaque infection soit détectée, traitée, investiguée et notifiée au registre national du paludisme. Les patients ayant un diagnostic de paludisme doivent être traités rapidement avec des médicaments antipaludiques efficaces, afin de protéger leur propre santé mais aussi d’éviter une transmission ultérieure de la maladie dans la communauté. Des guides techniques sont élaborés pour les zones dites d’élimination, notamment pour garder un état de vigilance élevé notamment en termes de lutte antivectorielle.

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Liste des Annexes

Annexe 1 – Cycle de développement du moustique Anophèles

Annexe 2 – Différences clés entre le moustique Anophèles et le moustique Aedes

Annexe 3 – Cas d’études

Annexe 4 – Liste de Vérification ‘Ne pas Nuire’ pour la lutte chimique

Annexe 5 – Méthodes complémentaires de Protection Individuelle et Familiale

Annexe 6 – Bilan rapide d’une coordination sectorielle

Annexe 7 – Bibliographies et références documentaires

Annexe 8 – Personnes consultées

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Annexe 1 – Cycle de développement du moustique Anophèles

Les différentes phases de vie de l’Anophèles

Le cycle biologique de l’Anophèles – IRD, 2009

Le cycle du parasite – CDC

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Annexe 2 – Différences clés entre le moustique Anophèles et le moustique Aedes

Différences Visuelles

Anopheles Aedes Œufs

A la surface de l’eau Collés contre les parois

Larves Parallèle à la surface de l’eau A un angle par rapport à la surface

de l’eau

Pupae Peu de différence visuelle

Adulte Ailes tachetées Parallèle au sol

Ailes uniformes

Stries blanches sur l’abdomen et

pattes baguées

Pour plus d’informations, voir le tableau ‘7 14 Vector Control Criteria for Recognition of the different mosquitoes’ genera (Anopheles, Aedes, Culex)’, MSF Public Health Engineering in precarious situations.

Différences de comportements

Anophèles Aedes

Résistance à la dessiccation des œufs

Très faible Jusqu’à plusieurs mois

Piqure De nuit Tôt le matin et de 6h à 19h

Transmission parentale du parasite

Non (besoin de piquer un individu contaminé + période de latence)

Oui

Capacité de vol 2 kms et + si vent Environ 150 m

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Annexe 3 – Cas d’études

Exemple 1 [Quartier Pikine, zone péri-urbaine de Dakar, Sénégal] : Un programme d’assainissement urbain

pour lutter contre le paludisme…

Par le passé, cette zone périurbaine fortement peuplée de la capitale du pays était régulièrement touchée par des flambées importantes de paludisme. Sans système approprié d’évacuation collectif des eaux usées, les rues étroites étaient sous les eaux pendant la saison des pluies. Les campagnes de distribution de moustiquaires imprégnées ont nettement amélioré la protection contre les piqures quand les gens dorment. Toutefois, la population restait exposée en début de soirée ou lors d’évènements culturels nocturnes spécifiques (transmission dite résiduelle).

Depuis quelques années, le quartier a fait l’objet d’un vaste programme d’assainissement des rues, avec la construction d’un réseau fermé d’eaux usées et d’eaux pluviales. Les cas de paludisme ont depuis baissé de manière drastique.

Avec l’absence d’eaux stagnantes permanentes en saison des pluies dans les rues, la construction d’infrastructures d’assainissement a ainsi supprimé un réservoir important du vecteur du paludisme. En parallèle, les campagnes de sensibilisation ont insisté sur l’hygiène des ménages qui doit être respecté pour une lutte collective efficace. L’opportunité de garantir un cadre de vie propre (et salubre) que ce programme d’assainissement a pu créer renforce les initiatives communautaires et la volonté des habitants à garder un environnement sain.

Les zones de développement des moustiques se sont maintenant reportées sur les bassins de rétention (zone de stockage des eaux pluviales – niveau d’eau permanent sur toute l’année), mais il devient nettement plus facile de contrôler le développement des gites larvaires. Par exemple, il peut être appliqué des larvicides sur les bords des bassins en période critique, en amont de flambées potentielles.

Ce contrôle peut être précisément marqué par des visites de surveillance entomologique et par le suivi des cas rapportés de paludisme (rôle des ‘Sites Sentinelles’). Les services municipaux d’hygiène restent mobilisables en cas de besoin d’actions urgentes, plus isolées et spécifiques, donc plus efficaces.

Cet exemple de contrôle efficace du paludisme dans une zone à risque met en avant ainsi la pertinence et l’impact d’une approche mixte, basée sur des travaux d’assainissement de grande ampleur (contexte urbain) et des efforts au niveau communautaire pour un travail de proximité et selon les besoins localisés et prioritaires. Sans l’investissement conséquent d’un programme de construction d’infrastructures de grande échelle, l’impact d’actions au niveau communautaire aurait malgré tout gardé un grand intérêt, mais sans effets similaires à long terme.

D’un point de vue du plaidoyer, il apparait pertinent de mettre en valeur les bénéfices à long terme de travaux d’assainissement urbain associés à des actions communautaires. En outre, les effets multiplicateurs d’un tel programme d’assainissement urbain (‘retour sur investissement’ positif sur la durée) sont à valorisés. En effet, au-delà d’un impact certain sur le paludisme, il améliore également l’environnement sanitaire de manière efficace et durable (baisse des maladies liées à l’hygiène et à un environnement salubre). Des mesures de l’impact sur base d’études scientifiques appuyant les bénéfices engendrés par ces actions complémentaires de lutte antivectorielle par rapport à leur efficience permettraient de mieux promouvoir ces actions de lutte contre le paludisme, auprès des parties prenantes concernées, des autorités nationales aux bailleurs de fonds internationaux.

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Exemple 2 [Quartier Dioulassoba, Bobo-Dioulasso, Burkina Faso] : Adaptation du moustique Anophèles

dans des eaux chargées et rôle non négligeable de la mauvaise collecte des déchets ménagers tout au

long de l’année…

Au cœur de la ville de Bobo-Dioulasso, le quartier de Dioulassoba est traversé par un cours d’eau pérenne (le Houet). La qualité de l’eau de rivière est très dégradée (eau fortement chargée et eutrophisée). Les eaux usées des habitations (évacuations de douches et eaux de cuisine + par endroits, trop pleins de fosses de toilettes) se rejettent dans le cours d’eau sans traitement (eaux grisâtres / noirâtres) par l’intermédiaire de rigoles creusées dans les ruelles.

Cette zone de la ville est très touchée par des recrudescences systématiques de cas de paludisme. Tout au long de l’année, la densité des moustiques reste très importante. Une étude entomologique de l’IRSS (Centre Muraz, Bobo-Dioulasso) a mis en lumière un phénomène nouveau : la présence de larves d’Anophèles dans ce cours d’eau très pollué (à ce stade, proportion minoritaire par rapport aux larves Culex).

Ces nouveaux gites larvaires, présents tout le long des cours d’eau, sont possibles à cause de :

(1) l’adaptation de l’Anophèles à des eaux polluées

(2) la présence très importance de déchets solides.

Le manque de système fonctionnel de collecte des ordures ménagères entraine un vaste rejet de sacs plastiques et autres déchets solides dans le cours d’eau, créant de multiples mini-barrages qui font stopper l’écoulement des eaux.

La capacité des larves d’Anophèles à se développer dans des eaux chargées est un enjeu inquiétant de santé publique, avec la multiplication des gites larvaires potentiels (présence permanent de rigoles d’eaux usées dans les quartiers périphériques des villes) et le risque inhérent d’élévation du taux de morbidité de paludisme en dehors de la saison des pluies.

Cet exemple illustre de l’importance de la collecte et de la bonne gestion des déchets ménagers au niveau des quartiers. Il pointe aussi la nécessité de la bonne gestion des zones de stockage et de traitement / enfouissement des déchets pour éviter la présence de sacs plastiques et autres déchets solides dans l’environnement (réservoirs propices en saison des pluies mais également facteur primordial du ralentissement de l’écoulement des cours d’eaux).

Par rapport à la problématique de développement des larves dans les cours d’eau, il faut absolument améliorer l’écoulement du cours d’eau en :

(i) Nivelant la pente des cours d’eau et aménageant les bords des cours d’eau (ii) Empêchant tout ralentissement et création de mini-zones d’eau stagnantes dans la rivière (en lien

étroit avec la gestion maitrisée des déchets solides).

Avec la forte possibilité de l’accroissement de la tendance de l’adaptation de l’Anophèles aux eaux chargées, l’assainissement des quartiers péri-urbains (fosse domestique et canaux enterrés d’évacuation des eaux) a une place importante dans la lutte antivectorielle.

En plus d’un impact fort en saison des pluies, une collecte des déchets ménagers et des ruelles assainies dans les quartiers périurbains des villes (à forte densité) restent des paramètres clé de réussite pour stopper la création de gites larvaires (eaux polluées ou non).

D’un point de vue plaidoyer, des efforts d’assainissement urbain et de collecte des ordures ménagères amènent des effets démultiplicateurs importants en termes de santé publique, au-delà du seul abaissement des seuils de cas de paludisme.

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Annexe 4 – Liste de Vérification ‘Ne pas Nuire’ pour la lutte chimique

(Similaire à celle de la Guidance Technique sur la lutte antivectorielle contre le moustique Aedes)

Rappel : Sans prendre la responsabilité de concevoir, planifier et réaliser des interventions de lutte chimique, les acteurs WASH peuvent néanmoins participer à des initiatives menées par le gouvernement et ses partenaires habilités à utiliser ces méthodes. Les activités de lutte chimique avec des larvicides et/ou des adulticides doivent être réalisées sous la stricte supervision du Ministère de la Santé et de l'OMS, d’autant plus si elles ont lieu par l’intermédiaire d’organisations locales / communautaires.

▪ L’appui du secteur WASH à la lutte antivectorielle chimique peut se faire à partir d’une requête officielle et précise du Ministère de la Santé et/ou de l’OMS.

▪ Un appui technique de la part des structures gouvernementales compétentes (PNLP, service d’hygiène de municipalité, etc.) et des bureaux scientifiques d’entomologie (Institut Pasteur, IRSS, etc.) est fortement recommandé pour l’adéquation et la bonne utilisation des produits de pulvérisation et autres.

▪ La méthode d’utilisation du produit dit aussi être adaptée (pulvérisation spatiale versus pulvérisation localisée ; pulvérisation sur adultes en vol ou au repos ; etc.).

▪ Penser à bien évaluer la persistance du produit, son impact écologique et la fréquence nécessaire d’utilisation avant de valider son choix.

Plus d’infos sur le site : http://www.who.int/whopes/en/

En cas de décision prise d’interventions de lutte chimique :

Si commande, transport, livraison et/ou appui terrain concernant des insecticides (larvicides ou adulticides) :

1. Présence du produit dans la liste des produits autorisés (Oui / Non)

2. Indication du nom commercial + de la composition chimique du produit ? (Oui / Non)

3. Contenants ou sachets scellés avec date d'expiration valide spécifiée ? (Oui / Non)

4. Spécification des conditions de transport et de stockage du produit ? (Oui / Non)

5. Spécification des matériels et équipements requis pour l’utilisation du produit ? (Oui / Non)

6. Présence d’une notice d’utilisation ou mode d'emploi du produit ? (Oui / Non)

7. Spécification du nom des partenaires ou acteurs réceptionnant le produit ? (Oui / Non)

8. Validation de l’efficacité du produit par des services entomologistes sur la zone concernée

(Oui / Non)

Si formation sur la lutte antivectorielle chimique :

9. Mention des nom(s) des personnels, partenaires ou communautés ciblées ? (Oui / Non) 10. Mention des nom(s) des équipes et formateurs agréés ? (Oui / Non)

S'il y a un seul « Non » dans la liste, alors il y a un risque de préjudice

Le secteur WASH ne doit pas répondre favorablement aux requêtes d’appui à la lutte antivectorielle chimique en cas de présence d’un « Non ».

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Annexe 5 – Méthodes complémentaires de Protection Individuelle et Familiale

Ces méthodes complémentaires de protection individuelle et familiale peuvent ne pas être adaptées à des populations à très faible revenu. De plus, elles ne proposent une protection maximale. Certaines recommandations ci-dessous peuvent néanmoins être utiles selon les contextes d’intervention.

Vêtements

o Les vêtements, qui minimisent l'exposition de la peau (manches longues, pantalons) au crépuscule et en soirée quand l’Anophèles est le plus actif, offrent un peu de protection contre les piqûres de moustique. Ils peuvent être à encourager au travers de campagnes de sensibilisation

o Porter des vêtements de couleur claire car l’Anophèles est mieux attiré par les couleurs sombres.

Les répulsifs sur la peau

o Les répulsifs peuvent être appliqués sur la peau qui reste exposée. L'usage de répulsifs doit se faire strictement conformément aux instructions du fabricant. Il faut suivre les protocoles de sécurité internationaux et nationaux pour la sécurité notamment des enfants et des femmes enceintes.

o Des conseils appropriés sur les instructions d'utilisation doivent être fournis pour assurer la sécurité, surtout des populations qui n'ont pas pour habitude d'utiliser de répulsifs.

o Les répulsifs doivent contenir du DEET (N, N-diethyl- 3-methylbenzamide), IR3535 (3-[acide N-acetyl-N-butyl]-aminopropionique ester éthylique) ou Icaridin (acide 1-piperidinecarboxylicque, 2-(2-hydroxyethyl)-1ester metho-propylique)

o Les répulsifs suivants sont considérés d'une utilisation sûre pendant la grossesse : DEET, IR3535 et KBR3023 (icaridine, aussi connu sous le nom de picaridine) lorsque les instructions sont suivies à la lettre et attentivement

o DEET : la durée de l'effet dépend de la formule et de la concentration et aussi de l'environnement dans lequel il est utilisé. Les concentrations inférieures à 20% nécessitent en général des applications répétées au long de la journée.

o L’OMS ne recommande pas de promouvoir le marketing social pour ce genre de produits.

Les répulsifs appliqués sur les vêtements (uniformes scolaires, habits de travail, etc.)

o Des études ont montré que des vêtements imprégnés de perméthrine longue durée sont en mesure de protéger contre les piqûres de moustique. Toutefois, le moustique arrive à développer une certaine résistance.

o La perméthrine est l'ingrédient le plus communément utilisé. D’autres, comme la bifenthrine, deltaméthrine, cyfluthrine, le DEET (N,N-diethyl-3-methylbenz-amide) et KBR3023 (icaridine), ont également été testés en matière d'application sur des vêtements protecteurs et ont montré des effets en fonction de la susceptibilité du vecteur local présent. Le DEET peut être appliqué sur les vêtements mais peut abîmer les tissus synthétiques comme la soie et les matières plastiques.

o La perméthrine, le DEET et le KBR3023 (Icaridine) peuvent être utilisés par les femmes enceintes : encourager l'utilisation de ces répulsifs lorsque appliqués aux vêtements.

Les produits type aérosol

o Là où il arrive de se faire piquer en intérieur, les produits insecticides aérosol, les serpentins et autres vaporisateurs peuvent aussi réduire les piqûres

Les installations au domicile :

o Les installations au domicile qui réduisent l'accès au moustique réduiront les piqûres. Ceci inclut : Les moustiquaires aux fenêtres et aux portes Les rideaux traités à l'insecticide L’utilisateur de ventilateurs La climatisation.

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Annexe 6 – Bilan rapide d’une coordination sectorielle

[Epidémie de dengue, Ouagadougou, Burkina Faso] : analyse rapide des grandes lignes de la lutte

antivectorielle

Face à l’ampleur des données épidémiologiques collectées (disponibles tardivement), le mini-plan de riposte développé pour faire face à une épidémie d’un niveau sans précédent dans le pays intègre des actions de lutte antivectorielle :

Identification et destruction des gites larvaires sur la commune d’Ouagadougou

Pulvérisation spatiale avec un seul produit chimique

Campagne de communication

Pas de distribution de MILDA ou PID

Même si les actions diffèrent quelque peu de celles de la lutte antivectorielle contre l’Anophèles, regardons d’un peu plus près les possibilités d’action concernant la destruction des gites larvaires de l’Aedes car la démarche est riche d’enseignements.

Tout d’abord, les actions mécaniques d’élimination des gites larvaires de l’Aedes concernent des actions spécifiques* qui diffèrent de celles de l’Anophèles. Ces spécificités restent peu connues ; la Guidance Technique spécifique à l’Aedes ayant été faiblement diffusée aux acteurs de la lutte antivectorielle dans le pays. Elles démontrent par conséquent le besoin de diffusion et d’assimilation des guidances techniques développées au niveau régional et des séances de formation aux personnes clés semblent également essentielles à court terme.

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- * Actions spécifiques à la lutte contre les gites larvaires Aedes (contexte Ouagadougou) :

- Les récipients de stockage de l’eau pour le ménage étant le type de gite larvaire par excellence, il faut bien vider au moins une fois par semaine les récipients de stockage d’eau sans oublier de frotter les parois car les œufs se collent aux parois ; ou alors laisser les récipients 48h en plein soleil. Idéalement les recouvrir.

- Vider les autres récipients de stockage d’eau + pots de fleurs + pneus, sacs plastiques, etc. (même si l’absence de pluies limite l’importance de ces réservoirs)

- Assurer une campagne de communication/sensibilisation en direct, en porte-à-porte, au moment des visites domiciliaires de contrôle, qui vient en complément des messages de communication de masse déjà en place (TV, radio, etc.).

- Certains espaces publics comme les écoles, les marchés ou des maquis bien fréquentés, etc. sont à considérer selon l’évaluation des risques ou la présence de gites constatés sur le terrain.

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De manière générale, on peut tirer les enseignements principaux qu’il vaut mieux axer les efforts de lutte antivectorielle sur la destruction (mécanique, voire avec des larvicides) des gites larvaires dans les concessions et clusters identifiés.

L’élimination des gites larvaires au niveau des ménages et du voisinage est une priorité car (1) l'Aedes ne vole pas plus de 150m et (2) la transmission verticale (transovarienne/parentale) du virus font que les larves d’une femelle infectée le sont aussi. Aussi, sans temps de latence entre un individu et un moustique, une personne infectée sur un lieu autre que chez soi va transférer de manière rapide le réservoir vers son habitation, avec le risque inhérent de contamination dans la propre famille de la personne infectée.

Planifiée pour l’ensemble de la capitale du pays, les actions ont peu de chance d’être efficaces au vu de l’ampleur de la tache dans une période limitée d’actions rapides. On voit bien que la stratégie de riposte doit par conséquent être ciblée et favoriser les zones d’habitations des cas rapportés pour une lutte prioritaire contre le vecteur (et non pas l’ensemble de la nuisance ‘moustique’).

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Guidance Technique Lutte Antivectorielle Paludisme

Groupe Régional WASH, Afrique de l’Ouest et Afrique Centrale Page 33

Annexe 7 – Bibliographies et références documentaires13

o WHO – Rapport sur le Paludisme dans le Monde Résumé, 2015

o IRD - Les anophèles : Biologie, transmission du Plasmodium et lutte antivectorielle, 2009

o WHO – Stratégie Technique Mondiale de Lutte contre le Paludisme 2016-2030

o WHO - A Toolkit for Integrated Vector Management in Sub-Saharan Africa, 2016

o WHO - Handbook for integrated vector management, 2012

o WHO - Monitoring & Evaluation Indicators for Integrated Vector Management, 2012

o WHO – Vector Control Methods for use by individuals and communities, 1997

o WHO / Global Malaria Programme – Insecticide-treated Mosquito Net: WHO Position Statement

o WHO - WHO recommendations for achieving universal coverage with long-lasting insecticidal nets in malaria control, 2013

o WHO - Indoor residual spraying: an operation manual for indoor residual spraying (IRS) for malaria control and elimination, 2013

o OXFAM - Low cost drainage for emergencies

o PNLP / Intrahealth - Manuel du Relais Communautaire, Sénégal 2015

o WHO – Disease Surveillance for Malaria Control: an operational manual, 2012

o Global WASH Cluster (prepared by CARE and ProAct Network) - Reducing the Environmental Impacts of Vector Control Chemicals in Emergencies

o WEDC - Emergency Vector Control using Chemicals, 1999

o MSF – Public Health Engineering in precarious situations, 2010

… et pleins d’autres documentations sur le sujet !

https://www.humanitarianresponse.info/en/operations/west-and-central-africa/water-sanitation-

hygiene

http://washcluster.net/topics/vector-control/

http://www.who.int/malaria/areas/vector_control/complementary_methods/fr/

https://www.cdc.gov/malaria/

http://www.who.int/whopes/en/

13 Pour la plupart, disponibles sur internet

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Guidance Technique Lutte Antivectorielle Paludisme

Groupe Régional WASH, Afrique de l’Ouest et Afrique Centrale Page 34

Annexe 8 – Personnes consultées

Les personnes ci-dessous ont contribué par leur implication et leur temps disponible à la production de ce document, au travers d’entretiens, de leur participation aux travaux de groupe et/ou de la relecture du document. Qu’ils en soient chaleureusement remerciés :

UNICEF WCARO o Francois BELLET, Coordinateur du Groupe Régional WASH Afrique de l’Ouest et Centrale

o Marie-Reine FABRY, Regional Health Malaria Specialist

o Julie GAUTHIER, Cholera Specialist, WASH in Emergencies

UNICEF Siège, New York o Valentina BUJ, Global Malaria Advisor

o Laure ANQUEZ, WASH Specialist, Vector Control

Ministère de la Santé, Sénégal o Professeur Ibrahima SECK, Conseiller Technique #1

PNLP Sénégal o Dr Fatou BA, chef de bureau Lutte antivectorielle

o Dr Libasse GADIAGA, entomologiste

o Mamadou WADE, entomologiste

Université Cheikh Anta Diop de Dakar o Professeur Ousmane FAYE, Entomologiste

Institut Pasteur : o Dr Ibrahima DIA, Chef Entomologie, Sénégal

OMS : o Dr Madi BA, Bureau Régional Afrique de l’Ouest

UNICEF Burkina Faso : o Dr Xavier PITROIPA, Section Santé, Entomologiste

IRSS : o Professeur DABIRE Roch, Directeur de Recherche

o Dr DIABATE Abdulaye, Docteur en entomologie

o SAWADOGO Simon Péguédwindé, entomologiste

o OUARDI Ali, Technicien de Laboratoire Entomologie

IRD : o Karine MOULINE, Bureau de Bobo-Dioulasso

ECHO : o Damien BLANC, Expert WASH Afrique de l’Ouest

CRS : o Suzanne VAN HULLE, Senior Technical Advisor for Malaria

o Jean-Philippe DEBUS, Régional Technical Advisor for Water Environment and Sanitation

MSF : o Geza HARCZI, Support Régional Médico-Opérationnel aux Urgences

o Cécile RENAUDIN, Experte Eau et Assainissement

Save the Children : o Théophalle BOUTROLLE, Regional WASH Advisor & Chef de file Intérim du Groupe Régional WASH Afrique

de l’Ouest et Centrale

Global WASH Cluster / ACF International : o Yvan GRAYEL, Consultant Field Support Team, Appui à la coordination régionale auprès du Groupe Régional

WASH Afrique de l’Ouest et Centrale

… Ainsi que le Groupe Régional Santé d’Afrique de l’Ouest, les spécialistes WASH des bureaux pays UNICEF, la section

C4D du bureau régional UNICEF, le bureau régional d’ACF et ACF Burkina Faso, World Vision, IOM et CNRS Dakar.

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Travail de coordination supervisé par ACF International, sous financement du Global WASH Cluster