L’utopie résiLiente de tony garnier

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L’UTOPIE RÉSILIENTE DE TONY GARNIER Utopie et prospective dans l’œuvre de Garnier : la postérité et l’actualité de la Cité industrielle Vendredi 18 octobre 2019 15H - 17H ENSA Lyon Entrée libre Table ronde organisée dans le cadre des Journées nationales de l’architecture et animée par Pierre Gras

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L’utopie résiLiente de tony garnierUtopie et prospective dans l’œuvre de Garnier : la postérité et l’actualité de la Cité industrielle

Vendredi 18 octobre 201915H - 17HENSA LyonEntrée libre

Table ronde organisée dans le cadre des Journées nationales de l’architecture et animée par Pierre Gras

Illustration :N12-376.jpg. Tony Garnier, [s. d.] La cité industrielle, plan - Inv. 1952-39-bisImage © Lyon MBA – Photo Alain Basset

L’utopie résiLiente de tony garnierUtopie et prospective dans l’œuvre de Garnier : la postérité et l’actualitéde la Cité industrielle

L’École nationale supérieure d’architecture de Lyon, en partenariat avec la Maison de l’architecture Rhône-Alpes, se propose de revisiter le riche univers de l’œuvre théorique de Tony Garnier, Une Cité industrielle, en croisant les regards de chercheurs et de praticiens sur la postérité et l’actualité des propositions de l’architecte des abattoirs de La Mouche, du stade de Gerland, de l’hôpital Edouard Herriot et de la Cité des États-Unis à Lyon.

Organisés dans le cadre des Journées nationales de l’architecture et de la célébration des 150 ans de la naissance de Tony Garnier (1869-1948), ces échanges permettront de montrer la pertinence de la réflexion prospective de Tony Garnier, entreprise dès la fin du XIXe siècle, en matière d’environnement et d’espaces publics comme dans le domaine de la qualité de l’habitat ou dans la programmation des transports collectifs. Cette démarche originale a facilité, dans l’agglomération lyonnaise, l’émergence d’une ville moderne au XXe siècle et sa transposition partielle au XXIe siècle, dans un contexte métropolitain où “l’utopie réalisée” persiste malgré les fortes mutations de son environnement urbain.

interVenants & tHéMatiQues

Le site des abattoirs de La Mouche à l’origine. Ne subsistent aujourd’hui que l’ancienne halle aux bestiaux, une arche et les trois pavillons situés devant la halle (présents partiellement en bas de l’image à gauche). Photo coll. part

Un impensé historiographique ? La postérité incertaine de Tony Garnier

Philippe DUFIEUX

Les avis restent partagés sur l’importance de Tony Garnier dans la construction et la définition de l’urbanisme contemporain, depuis le projet visionnaire d’Une Cité industrielle (1899-1917), jusqu’à son application partielle à Lyon dans le cadre des grands chantiers d’équipements menés par la municipalité d’Édouard Herriot. La place de l’architecte dans l’historiographie contemporaine relève du paradoxe. Considéré de son vivant parmi les plus grands architectes de son temps – de Le Corbusier à Auguste Perret pour s’en tenir aux seules figures françaises – Garnier a traversé une longue période d’enfouissement au point que sa contribution à la construction de la modernité comme à la définition de l’urbanisme contemporain ait été relativisée par certains auteurs, avant d’être véritablement redécouverte dans le courant des années 1980. Un tel constat ne manque pas de surprendre alors même qu’en Italie, en Angleterre comme aux États-Unis, l’architecte lyonnais n’a jamais quitté les cimaises de la modernité…

Philippe Dufieux est professeur d’histoire de l’architecture à l’École nationale supérieure d’architecture de Lyon, chercheur au LAURe/EVS (UMR 5600). Ses travaux portent principalement sur l’histoire de l’art et de l’architecture aux XIXe et XXe siècles. Délégué régional Auvergne Rhône-Alpes de Docomomo France, il est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages parmi lesquels Les Maisons de Georges Adilon. Projets et réalisations 1960-1990 (2011), Antoine-Marie Chenavard (1783-1887) architecte lyonnais, aux Presses universitaires de Rennes (2016), René Gagès (1921-2008), la permanence de la modernité (2017) et L’Art de Lyon avec Jean-Christophe Stuccilli (2017) aux éditions Mengès-Place des Victoires. Il est responsable de l’axe Patrimoine et durabilité au sein du LAURe/EVS (UMR 5600) dédié en particulier aux problématiques de mutabilité de l’architecture du XXe siècle et anime au sein de l’École nationale supérieure d’architecture de Lyon un séminaire (Le Devenir de l’architecture du XXe siècle) qui interroge la transformation de l’architecture contemporaine.

La Cité industrielle : ville ou organisation du territoire ?

Alena KUBOVA

En 1922, dans le texte intitulé les « Projets d’urbanisme », Karel Teige, chef de file de l’avant-garde tchèque, affirme : « Tony Garnier a compris qu’il ne s’agit pas seulement de concevoir des façades, il sait que l’essentiel est le plan ». En Tchécoslovaquie, plus peut-être que dans d’autres pays d’Europe, la nécessité d’inventer une ville comme lieu de production industrielle polarise l’intérêt des architectes. Reste à savoir ce que signifient tant le terme que l’idée de Cité industrielle. Ce qui résonne dans ce débat, c’est la fragilité du paradigme urbain de ville ou de cité industrielle. Dans un contexte marqué par le centralisme politique, le plan économique confère au projet de territoire une importance nouvelle, projet dans lequel le statut de la ville industrielle n’apparaît pourtant pas clairement. En arrière-plan se dessine la question de la désurbanisation. Faut-il alors croire en l’avenir de la Cité industrielle ? Il s’agit avant tout de prendre en compte l’envergure d’une expérimentation qui a marqué profondément la conception de la ville moderne.

Architecte ingénieur et historienne, membre du laboratoire de recherche MHA à l’École nationale supérieure d’architecture de Grenoble, Alena Kubova-Gauché a enseigné à l’École nationale supérieure d’architecture de Lyon de 1994 à 2014. Elle intervient régulièrement à l’Université technique de Kosice et à la Faculté d’architecture de Prague. Elle a notamment publié L’avant-garde architecturale en Tchécoslovaquie, 1918-1939, Un salon tchèque : architecture contemporaine et design en République tchèque, Ville-Région-Métropole, Paris, Lyon, Saint-Étienne, Prague du XXe siècle. Architecture et Ville, avec Jana Claverie. En 2016 est paru l’ouvrage Ville industrielle versus paysage habitable, Tchécoslovaquie 1918-1956 aux Éditions de La Villette.

Un regard photographique et critique

Anne-Sophie CLÉMENÇON

À partir d’une sélection d’images issues de son fonds photographique, cette intervention d’Anne-Sophie Clémençon se propose de souligner l’intérêt architectural et urbain des bâtiments de Tony Garnier, leur beauté, mais aussi leur fragilité. Ces témoignages s’étendant de 1978 à aujourd’hui, les évolutions de ces bâtiments (mise en valeur, démolitions, changements de fonctions, paupérisation) sont parfaitement visibles. Il s’agit de révéler la réalité construite de cette œuvre, comme un contrepoint aux échanges plus abstraits qui vont avoir lieu lors de la table ronde et des commémorations du 150e anniversaire de la naissance de l’architecte.

Historienne de l’architecture, de l’urbanisme et des formes urbaines, elle est chercheure associée au laboratoire Environnement Ville Société, après avoir été chercheure CNRS à l’École normale supérieure de Lyon. Ses principaux travaux portent sur la fabrication de la “ville ordinaire”, produite sans grands architectes ni dans le cadre de grandes opérations urbaines, et ses relations avec les modèles dominants. Ils portent aussi sur le patrimoine architectural de l’agglomération lyonnaise du XIXe au XXIe siècle, qu’elle a contribué à identifier et protéger. Elle a écrit de nombreux ouvrages, et notamment coordonné le livre Les gratte-ciel de Villeurbanne (Éditions de l’imprimeur, 2004) et publié La ville ordinaire (Parenthèses / CAUE du Rhône, 2015). Elle a lancé ou participé à des programmes de recherche comme « L’art urbain en Rhône-Alpes » (1990) ou « La protection des pentes de la Croix-Rousse » (1992). Elle développe également une activité de photographe d’architecture et de ville.

Le stade de Gerland et la Halle Tony Garnier : comment appréhenderla reconversion/restauration d’un patrimoine ?

Albert CONSTANTIN

On peut appréhender la reconversion / restauration d’un patrimoine par la connaissance de son histoire, sa compréhension, voire son interprétation. Cette intervention abordera deux grands projets du quartier de Gerland, dans le VIIe arrondissement de Lyon. Pour le stade des sports athlétiques, il a été nécessaire de confronter l’évolution des contraintes sportives aux lignes de force du projet initial de Tony Garnier. Pour la Halle, il est intéressant de comprendre comment Tony Garnier reprend les principes structurels de la Galerie des Machines pour les « absorber » dans une architecture néoclassique. Dans le cadre de l’intervention menée sur ce bâtiment, « chaque élément du programme a été perçu comme une opportunité à l’anoblissement du bâtiment pour assurer sa pérennité et son rayonnement » (extrait de Albert Constantin, «Transformation 1998-2000 », Aedes éd., 2000.

Albert Constantin est architecte. Membre de l’académie d’architecture, il a créé l’Atelier de la Rize puis AIA-Atelier de la Rize architectes. Il a travaillé sur plusieurs projets patrimoniaux du XXe siècle comme la restauration du stade de Gerland, de la Halle Tony Garnier, de la Manufacture des tabacs, de la Halle Borie, des Archives Municipales de Lyon et, plus récemment, du Grand Hôtel Dieu.

Le quartier des États-Unis : comment agir sur une “utopie réalisée” ?

Régine CHAREYRE

Le quartier des États-Unis, réalisé à Lyon par Tony Garnier entre 1917 et 1934, comporte 1 500 logements sociaux. Il constitue, par sa conception originale et son ampleur, l’un des archétypes d’un habitat social de qualité dans l’agglomération lyonnaise, progressivement érigé au rang de patrimoine. À l’occasion d’un vaste projet de réhabilitation, comment l’architecte peut-il se saisir de cette «utopie réalisée» pour intégrer une démarche qualitative et de confort de niveau contemporain sans nier l’histoire et la contribution à la modernité de l’œuvre originale ? Comment transformer tout en respectant l’héritage architectural tout en dialoguant avec les habitants ? Une voie complexe, mais néanmoins praticable…

Régine Chareyre est architecte DPLG, diplômée de l’ENSAL. L’agence qu’elle a créée en 1981 avec Jean-Luc Pagnier, C&P ARCHITECTES, développe études et projets dans les domaines du logement social, de la santé, de l’enseignement, privilégiant les approches contextuelles et urbanistiques. En matière de réhabilitation, l’agence pratique des démarches transversales, qui intègrent les problématiques urbaines, architecturales, patrimoniales, sociales, les modes d’habiter et les usages, d’association des habitants au développement du projet. Elle a réalisé de nombreux équipements hospitaliers et de santé, réhabilité plusieurs programmes de logements sociaux et mené des projets jusqu’en Chine (Xiamen). Une première tranche de réhabilitation de 275 logements du quartier des États-Unis, dont les travaux doivent démarrer prochainement, lui a été confiée par le maître d’ouvrage Grand Lyon Habitat.

Responsable scientifique et animateur de la table ronde

Pierre GRAS

Docteur en histoire de la ville et des formes urbaines, journaliste, écrivain et consultant, Pierre Gras a publié de nombreux ouvrages consacrés à l’architecture et au patrimoine architectural et urbain, parmi lesquels Le Corbusier voyageur (avec Thierry Paquot, L’Harmattan, 2008), Le patrimoine du Grand Nancy (éditions du Patrimoine, 2009) et Tony Garnier (éd. du Patrimoine, collection Carnets d’architectes, 2013). Maître de conférences associé à l’École nationale supérieure d’architecture de Lyon (2012-2019), il est désormais intervenant extérieur et chercheur associé au laboratoire Laure-EVS, où il est responsable de l’axe « Métropolisation et environnements habités ». Il est également membre du conseil scientifique du programme « Les leçons de Rome » (ENSAL, 2015-2020).

Illustration :N12-373.jpg Tony Garnier, 1917 Une cité industrielle : la terrasse sur la vallée - Inv. 1952-35Image © Lyon MBA – Photo Alain Basset

ENSA Lyon 3 rue Maurice Audin 69512 Vaulx-en-Velin04 78 79 50 50www.lyon.archi.fr

Table ronde organisée par l’ENSAL en partenariat avec la Maison de l’architecture Rhône-Alpes - Archipel centre de culture urbaine, dans le cadre du 150e anniversaire de la naissance de Tony Garnier et des Journées nationales de l’architecture.

Réalisation :ENSAL - Service Diffusion. Octobre 2019Illustration de couverture :N12-373.jpg. Tony Garnier, 1917 Une cité industrielle : la terrasse sur la vallée - Inv. 1952-35Image © Lyon MBA – Photo Alain Basset