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  • Lumières noires

  • Yak Rivais

    Lumières noires

    Médium 11, rue de Sèvres, Paris 6

  • © 1991, l'école des loisirs, Paris

    Composition: Sereg, Paris (Bembo 13/17) Dépôt légal : septembre 1991

    Imprimé en France par Jean Lamour à Maxéville

  • À Orwell.. .

  • 1

    Les papules

    - Allô! la Terre! Ici la navette! Il faut que je

    vous parle ! Appelez le général Baxter !

    - Je l'appelle. Il arrive.

    — Ici le général Baxter. J'écoute.

    - Ici la navette. Il faut que je vous parle,

    mon général.

    - Que se passe-t-il, Krauser? — Woodward parle sans arrêt. Son état men-

    tal me préoccupe. Il nous rebat les oreilles depuis

    des heures de son voyage de noces en Inde, il y a

    quatre ans, et surtout du Taj Mahal, un monu- ment de là-bas.

    - Je connais. Alors ?

    — On en a assez de son Taj Mahal, mon

    général. Je pourrais vous le décrire sans l'avoir

    jamais vu: son bulbe de marbre blanc, la plate- forme au bord de la rivière Yamuna, les quatre

    minarets, la chambre funéraire et les cénotaphes

  • incrustés de pierres précieuses. C'est sans doute très beau, mais ras le bol !

    — Où en est Woodward?

    — Il délire. Il ne sait plus où il est. Il confond

    la navette et son Taj Mahal. C'est vrai qu'il y a une ressemblance : le bulbe et le réservoir de car-

    burant ont un air de parenté, de même que les

    kiosques latéraux et nos deux «boosters» auxi- liaires.

    — Mais Woodward?

    — Il ne sait même plus que nous revenons

    d'un voyage de vingt mois autour de Mars. Il ne

    se rend pas compte que nous serons sur Terre dans trente heures. Il s'imagine avec sa femme au

    Taj Mahal, et il patauge dans le bonheur!

    — Est-il dangereux ?

    — Je l'ignore. Il est couché, sanglé dans son

    sac. Je lui ai administré un sédatif. — Et Lynnson ?

    — Il la prend parfois pour sa femme. Elle est à bout de nerfs.

    — Où est-elle ?

    — Ecoutez, mon général... Est-ce qu'on peut brouiller notre conversation ?

    — Non. Parlez. Que se passe-t-il?

  • - Woodward est malade, mon général. C'est

    son délire qui le pousse à parler du Taj Mahal

    parce que le monument lui rappelle un événe- ment heureux de sa vie. Mais il y a autre chose...

    — Parlez. Quoi donc ?

    - Des papules verdâtres sont apparues sur la

    peau de son visage et de ses mains. Je le soupçonne d'en avoir aussi sur le corps. Ces papules semblent

    indolores. Elles disparaissent lorsque la peau entre

    en contact avec un objet, comme une goutte

    d'eau fuit d'un support solide vers un buvard. - Woodward s'en plaint-il ?

    — Non, mon général. Je crois qu'il est heu-

    reux dans son Taj Mahal fantastique.

    — Nous vous placerons en quarantaine à

    l'atterrissage. D'ici là, que Woodward reste cou- ché.

    - A vos ordres, mon général... Excusez-

    moi, mon général, Lynnson m'appelle, je re- viens !

    — Que se passe-t-il? Krauser! Krauser! Bon

    sang, on ne l'entend plus, avons-nous perdu le contact? Krauser! M'entendez-vous ! Krauser! Ici la

    Terre! Répondez!

  • — Allô! la Terre...

    — Krauser ! Où étiez-vous passé ? — Mon général, la maladie de Woodward a

    évolué... Les papules... — Quoi? Parlez!

    — Lynnson vient d'observer qu'elles se trans-

    mettaient à n'importe quelle matière de l'appa- reil! Le sac de couchage de Woodward en est

    infesté ! Cela grouille et roule comme des mil-

    liers de billes de mercure ! La paroi de la navette auprès de la couchette de Woodward est égale- ment contaminée !

    — Bon sang! Et Woodward? — Il délire. Il dort...

    — Passez-moi Lynnson.

    — Bonjour, mon général. Ou bonsoir. Je ne

    sais plus l'heure d'en bas, chez l'Oncle Sam. Je

    ne sais plus bien où nous sommes... — Calmez-vous, mon petit. Le voyage a été long

    et éprouvant, mais vous serez bientôt chez vous,

    et je sais que Russell vous attend pour vous passer

    la bague au doigt. Ne vous faites pas de souci... — Non, mon général, mais l'état de Wood-

    ward...

  • — Tranquillisez-vous, nous vous ramènerons

    saine et sauve. Repassez-moi Krauser.

    — Au revoir, mon général.

    — Krauser?

    — Oui, mon général.

    — Vous allez profiter du sommeil de Wood-

    ward pour l'arrimer à sa couchette. Nous nous

    passerons de copilote pour l'atterrissage. Vous

    avez des bracelets magnétiques ? — Oui, mon général. Lynnson, veux-tu me

    donner les bracelets de fixation? Merci.

    — Passez-les à Woodward aux poignets et

    aux chevilles. Il ne doit plus quitter sa cou- chette, vous m'avez compris ? Sous aucun pré- texte !

    — Oui, mon général. Mais il reste vingt-neuf heures de vol.

    — On va essayer de vous ramener plus tôt.

    On devrait être en mesure de vous récupérer au

    prochain passage dans une dizaine d'heures. Je reste en contact. A bientôt. Coupez la communi-

    cation, Bradley. Est-ce qu'ils peuvent nous enten- dre ?

    — Négatif, mon général. Communication inter-

  • rompue entre la navette et la Terre. Qu'est-ce qui se passe là-haut, mon général ?

    — Il se passe qu'ils ont chopé une saleté de maladie inconnue et qu 'ils nous la rapportent !

    — Mon général. Le voyant s'allume. Krauser vous rappelle.

    — Branchez-le. Allô! Krauser? — Allô! la Terre ! Ici la navette ! Nous avons

    immobilisé Woodward, il ne s'est rendu compte de rien. Il parle de rétablir autour des tom- beaux du Taj Mahal une barrière en argent massif qui s'y trouvait à l'origine. Il est complète- ment fou.

    — Et Lynnson ? — Elle a pris un somnifère et elle s'est cou-

    chée. — Bien.

    — Mon général, est-ce qu'on ne peut vrai- ment pas brouiller la conversation ?

    — Impossible, Krauser, nous avons des accords internationaux. Parlez.

    — Eh bien, c'est Lynnson qui a passé les bra- celets à Woodward pendant que je connectais les ordinateurs de stabilisation au contrôle automa-

    tique...

  • — Et alors ?

    - Mon général, je suis allé vérifier qu'elle

    dormait et je... Elle a des papules sur les mains! — Bon Dieu !

    - Je lui ai fait une piqûre parce qu'elle com-

    mence à délirer. Elle parle de Disney World, du château, de Peter Pan, de Donald. Vous com-

    prenez, c'est à Disney World qu'elle a rencontré Russell. Elle fait comme Woodward. Elle res-

    sasse l'événement le plus heureux de sa vie. Je lui

    ai passé des bracelets de fixation à elle aussi. — Vous avez bien fait.

    - Mais je m'attends au pire, parce que j'ai

    touché les papules.

    - Krauser! Ne vous laissez pas aller! Tout le monde aura besoin de vous pour l'atterrissage !

    — Je le sais. Mais les papules grouillent à pré-

    sent sur la combinaison de Lynnson, et, du fait de l'apesanteur, elles flottent un peu partout

    autour d'elle. Elles se posent sur les appareils. J'ai

    essayé de nettoyer avec un chiffon, mais j'ai contaminé le chiffon. Cela ressemble à un

    liquide sans en être. On dirait une colonie d'ani-

    malcules qui tendent invariablement à se regrou-

    per. J'ai fermé les portes de la cabine de sommeil

  • p o u r évi ter l ' invasion de l 'habitacle de pilotage. — B o n n e initiative.

    — Mais les papules t raversent la po r t e ; j e les vois suinter à travers la cloison de métal.

    — Krauser! Avez-vous essayé de p rendre u n bain ?

    — Le sac à eau est con taminé , m o n général.

    J 'ai verrouil lé le sas d'accès.

    — Bien.

    — Je reste seul dans l 'habitacle.

    — N o u s vous t i rerons de ce mauvais pas.

    — Je ne m ' e n fais pas, vous savez. Je suis

    h e u r e u x . Les parois de la nave t te se c o u v r e n t de

    papules et les dessins qu 'el les f o r m e n t en r o u -

    lant m e rappe l len t ceux que j 'avais admirés

    autrefois à T e o t i h u a c á n , au M e x i q u e . C 'é ta i t il

    y a u n e qu inza ine d 'années . J 'avais treize ans.

    M e s parents é ta ient divorcés , j e n 'espérais plus

    r evo i r m o n pè re et j e détestais l ' ami de m a

    mère . Mais u n j o u r , p o u r m o n anniversaire,

    papa m ' a t t e n d a i t à la sort ie du col lège et il m ' a

    e m m e n é au M e x i q u e . N o u s avons vu la pyra- m i d e d u Soleil à T e o t i h u a c á n . C e fut u n

    voyage merve i l l eux , le plus beau de ma vie.

    Papa disait q u . . .

  • — Krauser! Vous déraisonnez! Qu'est-ce que

    c'est que cette histoire de pyramide ? — Hein ?

    — Vous divaguez! Comme Woodward et

    Lynnson ! Ressaisissez-vous ! — Oui, mon général... Je... Quand atterri-

    rons-nous ? — Bientôt. Êtes-vous lucide?

    — Oui, mon général.

    — Vous devez résister au délire ! Il y va de votre survie à tous les trois !

    — Oui, mon général. — Souffrez-vous de maux de tête? De ver-

    tiges ?

    — Négatif Je me sens bien. Je me rappelle, à

    Teotihuacán, il y avait un... — Krauser! — Allô! Oui?

    — Krauser! Est-ce que vous avez des papules vous aussi ?

    — Oui. Je n'avais pas remarqué. J'en ai sur les

    mains. Elles s'en vont quand je les essuie à ma combinaison. Elles restent sur la combinaison. Il

    y en a aussi sur le tableau de bord, et sur les parois de l'habitacle. Une couleur verte comme

  • les mousses de la pyramide du Soleil. Etes-vous

    allé au Mexique, mon général ? J'y suis allé avec papa pour mes treize ans, c'était en...

    — Krauser!

    — Le site est franchement impressionnant ! La

    cité des Dieux s'étend sur vingt kilomètres car-

    rés. Elle est dominée par la pyramide du Soleil et

    le temple de Quetzalcóatl, le serpent à plumes... — Krauser ! Bradley ! Envoyez-lui un violent si-

    gnal sonore dans les écouteurs ! Krauser ! Ecoutez- moi! Krauser!

    — Aïe ! Les appareils se dégradent, mon géné- ral. Je reçois de sacrés effets Larsen.

    — Krauser! Vous rapportez aux Terriens une maladie inconnue ! En êtes-vous conscient ?

    — Je... Oui. Les papules grouillent dans l'habi-

    tacle. Elles traversent les cloisons. J'entends

    Woodward parler du Taj et Lynnson chanter des chansons de Walt Disney. Ils sont fous et moi,

    je... Mon général ? Est-ce que j'ai commencé à dé- lirer?

    — Krauser! Avez-vous des bracelets magné-

    tiques à portée de main? — Affirmatif

    — Ligotez-vous les chevilles et les poignets.

  • Arrimez-vous au poste de pilotage. Ne réfléchis-

    sez pas. Obéissez avant que ce maudit délire ne

    vous reprenne ! Krauser !

    — C'est fait, mon général. Je...

    — Tranquillisez-vous. Nous nous occuperons de tout.

    — Je... Des milliers de papules m'environnent comme une colonie écœurante. Elles traversent ma

    combinaison, j'en ai probablement sur le corps... — Le matériel est-il endommagé ? — Non. Si. Une conduite d'eau chaude a

    crevé. L'eau se transforme en papules. Mon

    général! Il ne faut pas nous laisser revenir sur

    Terre! Ecoutez-moi pendant que je suis sain d'esprit! Ne nous ramenez pas ! Ou alors, rame-

    nez-nous sous un mauvais angle pour que la

    navette explose et que nous disparaissions! — Calmez-vous, Krauser. — Tout le monde croira à un accident ! — Calmez-vous!

    — Papa aussi a eu un accident, après notre voyage. Nous avions été si heureux tous les

    deux, sans ma mère et son amant. Papa voulait me garder auprès de lui, mais il a eu un accident. Et moi, j'ai été...

  • — Bradley, coupez la communication.

    — Communication coupée, mon général.

    — Combien de temps encore avant le passage de la navette à la verticale de la base ?

    — 4 minutes et 27 secondes.

    — Apprêtez-vous à accélérer la vitesse de la navette.

    — A accélérer ? Mon général ! Non ! — C'est un ordre !

    — Vous les renverriez dans l'espace !

    — Combien de temps avant l'accélération ?

    — Non ! Ils quitteraient l'orbite terrestre et ne

    pourraient jamais revenir, mon général !

    — Combien de temps ! Répondez ! — 3 minutes et 32 secondes. 31-30-29... Mon

    général ! Ne faites pas ça ! Peut-être leur maladie est- elle curable sur Terre !

    — Nous ne ferons pas courir le risque à l'huma-

    nité ! Combien de temps reste-t-il ? — 3 minutes et 8 secondes. 7-6... Mon général...

    Pardonnez-moi... Je ne serai pas capable d'appuyer

    sur la commande de mise à feu...

    — Je le ferai. Achevez les préliminaires. — Ils ne reviendront jamais, mon général ! Jamais ! — Assez bavardé ! Vous avez entendu Krauser

    réclamer lui-même cette solution ! Vous ferez monter

  • l'accélération de 8 kilomètres par seconde à 11. Dans

    combien de temps la mise à feu ? — 1 minute et 47 secondes. 46-45-44...

    — Sitôt l'accélération produite, vous enverrez en

    salle de presse un communiqué suivant lequel la navette vient d'effectuer une mauvaise manœuvre.

    Combien de temps encore ? — 1 minute et 12 secondes. 11-10...

    — Mettez-moi en communication avec la

    navette... Allô! Krauser? Ici la Terre. Krauser, m'entendez-vous ?

    — On avait couché près de la cathédrale de

    Mexico. Papa m'avait appris un poème d'Octa-

    vio Paz, tu te rappelles? «La nuit tombe sur

    Teotihuacán. / Au sommet de la pyramide, les

    garçons fument de la marihuana, / Jouent de rauques guitares. / Quelle herbe, / Quelle eau- de-vie nous donnera la vie ? »

    — Il ne nous reçoit plus. Pauvre garçon. Coupez

    la communication, Bradley. Compte à rebours. Quel interrupteur dois-je presser ?

    — Le rouge, mon général, mais...

    — Compte à rebours ! — 24-23-22-21... Mon Dieu! Cette navette

    sera leur tombeau !

  • - Et le plus coûteux qui puisse exister de nos

    jours, Bradley ! Plus coûteux que leur Taj Mahal ou

    la pyramide de Teotihuacán en leur temps ! - 7-6-5-4-3-2-1...

    - FEU!

  • 2

    La cathédrale de Chartres

    C'était un grand jour pour Lionel, la consécra-

    tion de son génie, depuis que la S. T. A. M. L. A.

    était à pied d'oeuvre.

    Les rois du pétrole avaient formulé des exi-

    gences nouvelles. Pour paiement de leur pré-

    cieux or noir, voilà qu'ils réclamaient des pays

    acheteurs un monument de leur patrimoine

    national. L'émotion avait été grande lorsqu'un

    soir, à la télévision, leur plénipotentiaire avait officiellement réclamé... la cathédrale de Char-

    tres.

    La France était désemparée. Au même

    moment d'ailleurs, l'Allemagne, la Belgique, l'Italie, la Hollande, avaient été sommées de

    céder respectivement le féerique château de Neuschwanstein, l'hôtel de ville d'Oudenarde,

    la tour de Pise, le campanile d'Utrecht. L'Angle-

  • terre, moins dépendante, perdrait malgré tout un château du Northumberland.

    Les gouvernants s'efforçaient de retarder les

    échéances. Ils avaient fait admettre pour clause rédhibitoire toute éventuelle altération du

    monument, qui résulterait du démontage, ou du

    transport. Ainsi estimaient-ils avoir tourné le

    problème.

    C'était compter sans la S. T. A. M. L. A.

    Cette société (Société de Transport Aérien par

    Moins Lourd que l'Air), fondée quelques mois

    auparavant par Lionel, venait de procéder au

    plus spectaculaire transport de tous les temps : un

    iceberg acheminé du Groenland au Golfe Per-

    sique. Les rois du pétrole et le génial inventeur

    s'étaient-ils rencontrés? Toujours est-il que Lio-

    nel offrit de transporter les monuments achetés

    sans démontage.

    L'émotion était grande.

    J'avais suivi de loin les premiers pas de la

    S. T. A. M. L. A. jusqu'à ce que mon cousin

    Marelli, en poste au ministère de la Culture,

    obtienne pour moi une place de technicien dans

    l'affaire qui se préparait. Tout de suite, je fus

    impressionné par Lionel. C'était un grand

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