Lu pour vous

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Lu pour vous Patrick Colné a , Jean-Louis Estrade b , Jean-Luc Nephtali c a 21, rue Père-Corentin, 75014 Paris, France b Chemin du Postillon, 36100 Issoudun, France c 11, rue Bachelet, 75018 Paris, France Le drainage lymphatique manuel pour améliorer la exion active du genou après PTG & Ebert JR, Joss B, Jardine B, Wood DJ. Randomized trial investigating the efcacy of manual lymphatic drainage to improve early outcome after total knee arthroplasty. Arch Phys Med Rehabil 2013;94(11):210311. doi: 10.1016/j. apmr.2013.06.009. Quarante-trois patients (53 genoux) ont bénécié ou pas de drainage lympha- tique manuel au 28, 38 et 48 jour post- opératoire d'une PTG, en plus de la kinésithérapie conventionnelle. À 6 semaines, cette pratique améliore la exion active de façon signicative. Population-cible Patient ou patiente de 45 à 90 ans, avec un indice de masse corporelle inférieur à 40 (an de permettre les repérages anatomiques pour la goniométrie), sans comorbidités susceptibles d'altérer les résultats de l'étude. Intervention Le même chirurgien spécialisé a posé la même prothèse, selon la même voie d'abord para-patellaire médiale. Prise en charge en kinésithérapie Elle débute le jour d'après la chirurgie, se déroule deux fois par jour les trois premiers jours et une fois par jour du 48 jour jusqu'à la date de sortie de l'hôpital. La prise en charge classique quoti- dienne a consisté en l'apprentissage de la déambulation avec cannes, de la respiration profonde et de la toux, le travail isométrique du quadriceps, des ischio-jambiers et des fessiers, la exion et extension actives de la cheville à des ns circulatoires, trois séries d'exercices d'auto-rééducation active du genou en décubitus, assis et debout, 20 minutes de cryothérapie, deux fois une heure d'arthromoteur. Le groupe expérimental a bénécié en plus de 30 minutes de drainage lympha- tique manuel entre 12 et 14 heures. Mesures et indicateurs Réalisées entre 10 et 12 heures, puis entre 14 et 16 heures, elles ont consisté en mesures de la douleur, des amplitu- des et du volume du membre inférieur, à j3, j4 et j40. Le score Knee Injury and Osteoarthritis Outcome Score (KOOS) a été utilisé avant opération et à 6 semaines. Le même examinateur mesurait matin et soir les mêmes patients, était en aveu- gle de leur allocation, mais il pouvait ne pas être le même d'un jour à l'autre. Le type de DLM Il débute en proximal, vise à favoriser la circulation du canal thoracique, avec respiration abdominale lente, favorisée par un contact abdominal, mise en déclive relative du membre, encouragement à la dorsi-exion du pied, stimulation ganglionnaire au tri- gone fémoral, manœuvres d'appel en direction du genou, puis de résorption en direction proximale, 3 à 4 allers- retours étant réalisés lors des 30 minu- tes de drainage. Résultats sur la exion du genou Les auteurs considèrent que cette inter- vention supplémentaire permet une amélioration de l'ordre de 108 au 408 jour après chirurgie, soit au-delà de ce qu'il est habituel d'obtenir à un an, alors que l'amplitude de exion à la sortie de l'intervention est fortement associée à celle retrouvée un an après l'interven- tion (Fig. 1). Ils soulignent qu'une exion au-delà de 1108 est un facteur prépondérant dans la satisfaction du patient opéré, de part les amplitudes nécessaires dans les activi- tés de la vie quotidienne (938 pour se lever d'une chaise, 1058 pour monter les escaliers, 1078 pour les descendre, 1178 pour ramasser un objet au sol). Résultats sur les autres ciences Il n'y avait pas de liens avec les gains en extension active, la douleur, le volume Figure 1. Chronologie pré- et postopératoire. Auteur correspondant : J.-L. Estrade, Chemin du Postillon, 36100 Issoudun, France. Adresse e-mail : [email protected] (J.-L. Estrade) Kinesither Rev 2014;14(147):1112 Actualités / Revue de presse http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2014.01.001 11

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Auteur correspondant :J.-L. Estrade,Chemin du Postillon, 36100 Issoudun,France.Adresse e-mail :[email protected](J.-L. Estrade)

Kinesither Rev 2014;14(147):11–12 Actualités / Revue de presse

http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2014.01.001

Lu pour vous

Patrick Colné a, Jean-Louis Estrade b, Jean-Luc Nephtali c

a21, rue Père-Corentin, 75014 Paris, FrancebChemin du Postillon, 36100 Issoudun, Francec11, rue Bachelet, 75018 Paris, France

Le drainage lymphatique manuelpour améliorer la flexion activedu genou après PTG& Ebert JR, Joss B, Jardine B,

Wood DJ. Randomized trialinvestigating the efficacy ofmanual lymphatic drainage toimprove early outcome after totalknee arthroplasty. Arch PhysMed Rehabil 2013;94(11):2103–11. doi: 10.1016/j.apmr.2013.06.009.

Quarante-trois patients (53 genoux) ontbénéficié ou pas de drainage lympha-tique manuel au 28, 38 et 48 jour post-opératoire d'une PTG, en plus de lakinésithérapie conventionnelle. À6 semaines, cette pratique améliore laflexion active de façon significative.

Population-ciblePatient ou patiente de 45 à 90 ans, avecun indice de masse corporelle inférieurà 40 (afin de permettre les repéragesanatomiques pour la goniométrie), sanscomorbidités susceptibles d'altérer lesrésultats de l'étude.

InterventionLe même chirurgien spécialisé a posé lamême prothèse, selon la même voied'abord para-patellaire médiale.

Prise en charge en kinésithérapieElle débute le jour d'après la chirurgie,se déroule deux fois par jour les troispremiers jours et une fois par jour du 48jour jusqu'à la date de sortie de l'hôpital.La prise en charge classique quoti-dienne a consisté en l'apprentissagede la déambulation avec cannes, de larespiration profonde et de la toux, letravail isométrique du quadriceps, des

ischio-jambiers et des fessiers, la flexionet extension actives de la cheville à desfins circulatoires, trois séries d'exercicesd'auto-rééducation active du genou endécubitus, assis et debout, 20 minutesde cryothérapie, deux fois une heured'arthromoteur.Le groupe expérimental a bénéficié enplus de 30 minutes de drainage lympha-tique manuel entre 12 et 14 heures.

Mesures et indicateursRéalisées entre 10 et 12 heures, puisentre 14 et 16 heures, elles ont consistéen mesures de la douleur, des amplitu-des et du volume du membre inférieur,à j3, j4 et j40. Le score Knee Injuryand Osteoarthritis Outcome Score(KOOS) a été utilisé avant opérationet à 6 semaines.Le même examinateur mesurait matin etsoir les mêmes patients, était en aveu-gle de leur allocation, mais il pouvait nepas être le même d'un jour à l'autre.

Le type de DLMIl débute en proximal, vise à favoriserla circulation du canal thoracique,avec respiration abdominale lente,favorisée par un contact abdominal,mise en déclive relative du membre,

Figure 1. Chronologie pr

encouragement à la dorsi-flexion dupied, stimulation ganglionnaire au tri-gone fémoral, manœuvres d'appel endirection du genou, puis de résorptionen direction proximale, 3 à 4 allers-retours étant réalisés lors des 30 minu-tes de drainage.

Résultats sur la flexion du genouLes auteurs considèrent que cette inter-vention supplémentaire permet uneamélioration de l'ordre de 108 au 408jour après chirurgie, soit au-delà de cequ'il est habituel d'obtenir à un an, alorsque l'amplitude de flexion à la sortie del'intervention est fortement associéeà celle retrouvée un an après l'interven-tion (Fig. 1).Ils soulignent qu'une flexion au-delà de1108 est un facteur prépondérant dans lasatisfaction du patient opéré, de part lesamplitudes nécessaires dans les activi-tés de la vie quotidienne (938 pour selever d'une chaise, 1058 pour monter lesescaliers, 1078 pour les descendre, 1178pour ramasser un objet au sol).

Résultats sur les autresdéficiencesIl n'y avait pas de liens avec les gains enextension active, la douleur, le volume

é- et postopératoire.

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du membre inférieur. Les auteurs n'ontpas eu la possibilité de faire une étudeavec une puissance suffisante ; la fle-xion active, indicateur principal del'étude, a pu être reconnue commevariant significativement entre les grou-pes. Les indicateurs secondaires(extension active, douleur) n'ont paspu l'être, peut être du fait de ce manquede puissance.

Jean-Louis Estrade

Adresse e-mail : [email protected]

Comparaison de l'activité desmuscles fessiers lorsd'exercices fonctionnels chezdes sujets avec et sansinstabilité chronique de lacheville& Webster KA, Gribble PA. A

comparison of electromyographyof gluteus medius and maximusin subjects with and withoutchronic ankle instability duringtwo functional exercises. PhysTher Sport 2013;14(1):17–22.

Contexte et objectifIl est de pratique courante de se focali-ser sur la musculature de la jambe etautour de la cheville, lors d'exercices derééducation après entorse de cheville,ou dans le cadre d'une instabilité chro-nique. Cependant, en raison de la réac-tion tardive de ces muscles par rapportau mécanisme traumatique, il a été pro-posé de s'intéresser à la musculatureproximale du membre inférieur pour ten-ter de prévenir des récidives d'entorsesou les dérobements récurrents.De récentes études ont montré desmodifications de l'activation et de laforce des muscles de la hanche chezdes sujets présentant une instabilité decheville.D'autres études ont cherché à identifierles exercices permettant un fort recrute-ment des muscles de la hanche chezdes sujets asymptomatiques. Parmi cesexercices figuraient des exercices enchaîne fermée, en appui unipodal etavec rotation du tronc.L'objectif de cette étude était de déter-miner le niveau d'activation du moyenfessier (MF) et du grand fessier (GF),

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lors d'exercices de rééducation enchaîne fermée, chez des sujets avecet sans instabilité chronique de cheville(chronic ankle instability – CAI).

MéthodeLes participantsUn groupe témoin de 9 sujets asympto-matiques (8 femmes, 1 homme) et ungroupe avec instabilité de cheville(groupe CAI) de 9 sujets (8 femmes,1 homme) ont participé à cette étudede laboratoire.Les critères d'inclusion pour le groupeCAI étaient : une ou plusieurs entorsesde cheville dans les 6 derniers mois,avec douleur et boiterie pendant aumoins 24 heures ; un score � 90 % auquestionnaire Functional Ankle DisabilityIndex (FADI), ou � 80 % au FADI-Sport.Pour le groupe témoin, les sujets nedevaient pas avoir eu d'épisode d'entorsede cheville et devaient avoir un score de100 % au FADI et au FADI-Sport.Les critères d'exclusion pour les deuxgroupes étaient : des antécédents chi-rurgicaux du membre inférieur, unegrossesse, et des problèmes neurologi-ques pouvant affecter l'activité muscu-laire et la coordination des mouvements.Les exercicesLes exercices proposés étaient :� la fente en rotation : à partir d'uneposition debout, faisant face versl'avant, les sujets devaient porter lemembre inférieur concerné en rota-tion externe, les orteils pointant surle côté à 908, et effectuer une fentedans cette direction latérale jusqu'àatteindre 608 de flexion du genou.Le sujet devait ensuite revenir à laposition initiale, les deux pieds ausol. Ceci était compté comme unerépétition du mouvement ;

� le squat unipodal en rotation : à partird'une position en appui unipodal sur lemembre inférieur concerné, bras ten-dus vers l'avant en flexion d'épauleà 908, les sujets devaient fléchir legenou d'appui et pivoter en latéral,positionnant ainsi la hanche en rota-tion médiale, pour atteindre un repèreavec les deux mains, et revenir à laposition initiale. La position du repèrecorrespondait, verticalement, à lahauteur du condyle fémoral latéraldes sujets par rapport au sol, et

horizontalement à la longueur desmembres supérieurs.

La procédure expérimentaleLes sujets ont effectué dix répétitions dechaque exercice durant lesquelles l'acti-vité moyenne des moyen et grand fes-siers (MF et GF) a été recueillie parélectromyographie de surface (EMG).Cette activité EMG a été comparéeentre les groupes et entre les exercices.

RésultatsConcernant l'activation du GF, il y avaitune interaction groupe/exercice statisti-quement significative. Lors du squat enrotation, le groupe CAI a montré uneplus faible activation du GF (51,1� 31,0 %) par rapport au groupe témoin(78,6 � 44,8 %). Dans le groupetémoin, l'activité du GF était plus élevéelors du squat en rotation (78,6� 44,8 %) par rapport à la fente en rota-tion (57,6 � 31,9 %).Il n'y avait pas de résultats statistique-ment significatifs concernant l'activité duMF.

Conclusion des auteurs, limita-tions et implications cliniquesCes résultats ont montré qu'il peut exi-ster un mauvais contrôle de la muscu-lature postéro-latérale de la hanchechez les sujets avec instabilité de che-ville. Ces modifications neuromusculai-res sont de plus en plus documentéesdans la littérature.En raison de l'activation plus faible duGF dans le groupe CAI par rapport augroupe témoin, lors du squat en rotation,et parce que cet exercice a permis uneactivation significativement plus élevéedu GF par rapport à la fente en rotation, ilpourrait être intéressant d'inclure lesquat en rotation dans les programmesde rééducation de la cheville instable.Cependant, pour les auteurs, des étudesprospectives permettant de connaîtrela chronologie des adaptations neuro-musculaires et impliquant un nombreplus important de sujets seraient néces-saires avant d'émettre des recommanda-tions définitives en rééducation.

Jean-Luc Nephtali

Adresse e-mail : [email protected]