Londres (London)

Le 1er mai 2008, les Londoniens élisent un nouveau maire.

Une élection attendue pour une ville

qui n’est pas seulement la capitale du Royaume-Uni,

mais une ville mondiale (2e place financière du monde).

Le principal enjeu de cette élection est donc de concilier

intérêts internationaux de Londres et besoins de sa population. (d'après "le Dessous des Cartes" – avril 2008)

Londres en tant que capitale concentre :

- les institutions politiques (en bleu sur la carte), avec

Westminster, le siège du Parlement ;

Downing Street, le bureau du Premier ministre ;

Buckingham Palace évidemment, le siège de la monarchie britannique ;

Londres capitale du Royaume-Uni

- le pouvoir économique (en rouge) lui est concentré dans la City,

mais de plus en plus dans le quartier des Docklands ;

- il y a aussi une trentaine d’universités (en vert) ;

- de très nombreux grands musées (en violet) comme le British Museum, la National Gallery,

Et, sur la South Bank (en bleu) qui est réhabilitée, la Tate Modern.

Londres capitale du Royaume-Uni

La ville exerce une forte attractivité :

- sur le tourisme, près de 25 millions de visiteurs par an ;

- sur l’activité économique (la ville a un PIB plus élevé que celui de la Suisse) ;

- Londres concentre plus de 12,5 % de la population du pays,

soit plus que la population de l’Ecosse et de l’Irlande du Nord réunis.

Londres, une ville attractive

Londres est à la confluence d’au moins trois systèmes d’échanges :

- l'Europe, avec l’Union européenne dont le Royaume-Uni est membre depuis 1973 ;

- l’Atlantique avec les États-Unis, avec la langue anglaise en commun, mais aussi cette relation

spéciale sur les questions de politique étrangère, et de libéralisme économique ;

- enfin le Commonwealth, c’est-à-dire les 54 Etats de son ancien empire colonial.

Londres à la confluence de trois systèmes d’échanges

Londres a été le centre d’un immense Empire pour lequel elle gérait

mouvements de capitaux à longue distance, placements outre-mer,

investissements et rapatriements de bénéfices, assurances sur les risques maritimes :

en fait toute une technique d’ingénierie financière

qui a peu à peu placé cette ville comme un centre mondial de la finance.

Londres et le Commonwealth

La City est un petit territoire autonome situé sur la rive nord de la Tamise.

Elle a son propre maire :

le maire de la City n’est pas celui de Londres ;

c’est lui qui détermine les stratégies devant conforter la City

au 1er rang des places financières internationales.

la City, une ville dans la ville

Elle accueille sur son petit territoire plus de 250 banques étrangères ;

le siège de la banque d’Angleterre (la Livre n’est pas dans la zone euro) ;

la Lloyd’s, 1er assureur maritime mondial, et 1er marché mondial de l’assurance ;

la London Stock Exchange : Londres est le 1er marché des changes au monde, devant New York,

et 1re place boursière en nombre de sociétés côtés.

la City, une ville dans la ville

La ville est placée sur le fuseau horaire de Greenwich,

c'est-à-dire le méridien zéro qui lui permet de travailler en temps réel

le matin avec les compagnies situées en Asie ;

et l’après-midi avec celles de New York et de Toronto.

Londres entre New York et Tokyo

Londres a 7,5 millions d’habitants

répartis dans les 33 "boroughs"

avec une population

socialement, économiquement, mais aussi ethniquement

très diverse.

Population de Londres

Une grande partie des Pakistanais et Bangladais vit concentrée à l’est de la City (rouge).

Alors que les populations d’origine indienne (orange) sont plus dispersées dans la capitale :

cela s’explique par leur niveau de qualification souvent plus élevé,

ce qui leur permet une intégration plus rapide.

Londres, ville cosmopolite

Les Caribéens (rose) qui sont venus dans les années 1940 pour travailler dans le secteur public,

se sont installés dans les quartiers pauvres de Lambeth et Lewisham.

Ils ont été suivis par des Africains de l’Est dans les années 1960, venus de l’Afrique anglophone.

Les Chinois (en mauve) plutôt venus de Hong-kong, colonie anglaise jusqu'en 1997,

vivent dans les quartiers du centre.

Londres, ville cosmopolite

Aujourd’hui, la ville attire les Polonais, les Lituaniens, les Bulgares, nouvellement entrés dans

l’Union européenne (en vert) ou encore de riches Arabes, des Saoudiens, des Koweitiens ;

ou bien des milliardaires russes (en bleu)…

Qui sont tous intéressés par l’attractivité financière mais aussi fiscale de la ville.

Londres, ville cosmopolite

Les Français se sont installées pour une grande partie à Kensington,

près du Lycée Français dans ce que les Britanniques appellent d’ailleurs Froggy Valley (vert foncé).

En résumé, Londres est une des villes les plus cosmopolites au monde,

plus de 200 langues y sont parlées, 35 % d’habitants nés à l’étranger,

une diversité que la municipalité cherche à mettre en valeur..

Londres, ville cosmopolite

Le quartier bangladais de Brick Lane situé à un jet de pierre de la City a reçu

des financements de la ville pour développer un "Banglatown", sur le modèle des "Chinatown".

Le caractère ethnique de la population d’un quartier est valorisé.

On y trouve des commerces, des restaurants branchés proposant une cuisine "des Indes" ;

le nom des rues est traduit en bengali.

le Quartier de Brick Lane à Londres

Sauf que cette valorisation des communautés a un revers très simple :

cela rend bien plus difficile le sentiment d’appartenir à la nation britannique.

Comment ne pas faire le lien avec les attentats de Londres en juillet 2005 qui ont fait 56 morts,

commis par 3 jeunes britanniques d’origine pakistanaise, et un Britannique d’origine jamaïcaine :

quatre enfants de la Nation issus de l’immigration post-coloniale

le Quartier de Brick Lane à Londres

Autre défi pour la ville : elle a l’un des niveaux de pauvreté les plus hauts du Royaume-Uni.

En 2005, plus de 50 % des enfants habitant le "Inner-London" vivaient sous le seuil de pauvreté.

Or, les logements sociaux sont concentrés à l’est du centre de la ville, près de zones dynamiques.

Les aménagements avantagent par conséquent d’abord les besoins de "Londres - ville mondiale«

plutôt que de répondre aux besoins de ces populations précarisées.

Londres, une ville pauvre ?

Dans le quartier de Saint-Pancras, l’aménagement du nouveau terminal TGV Eurostar

qui a ouvert en novembre 2007,

a conduit à la construction de bureaux, de commerces, d’hôtels et d’appartements de luxe,

empiétant sur une ancienne zone d’habitat ouvrier.

Cela a chassé les Londoniens les plus pauvres, et détruit le tissu social de ce quartier populaire.

Saint-Pancras : le nouveau quartier de l’Eurostar

Les infrastructures prévues pour les JO,

comme le village des athlètes, le centre aquatique, le stade olympique

sont situées à proximité de la gare de Stratford désormais reliée à l’Eurostar.

Tout cela va changer le visage de la ville, en déplaçant son centre de gravité plus à l’est,

au Nord de l’autre grand quartier d’affaires de Londres : les Docklands.

les J.O. à Londres en 2012

Alors ce quartier de Stratford est très touché par le chômage,

et les Jeux Olympiques devraient favoriser la création d’environ 50 000 emplois.

Mais ces Jeux olympiques représentent un investissement très élevé :

plus de 9 milliards de livres (soit l’équivalent de 13 milliards d’euros).

Près de 3 fois le budget initialement prévu.

les J.O. à Londres en 2012

Donc il faut que le Maire de Londres puisse justifier ces investissements,

en assurant d’abord évidemment le bon déroulement des Jeux Olympiques.

Puis en préparant la reconversion de certains sites olympiques,

par exemple le village des athlètes, qui accueillera ensuite certains corps de métiers qui ont du mal

à se loger, comme les personnels de santé ou bien ceux qui travaillent dans l’enseignement.

les J.O. à Londres en 2012

Londres, est une des villes les plus chères du monde.

Le coût du logement y est 2 fois plus élevé qu’à Paris ;

l’abonnement mensuel pour les transports en commun est deux

fois et demie plus cher qu’à Paris. Et tout cela pèse énormément

sur le budget des ménages à faibles revenus.

La qualité de la vie à Londres est également moins bonne

que dans la plupart des métropoles européennes ;

et l'empreinte écologique est l’une des plus fortes au monde :

les Londoniens habitent sur 170 000 hectares

mais ils consomment l’équivalent de 21 millions d'hectares,

soit l'équivalent de toutes les terres productives du Royaume-Uni !

Le paradoxe est là :

Londres est l’une des villes les plus riches du monde,

et affiche un des plus hauts niveaux de pauvreté du Royaume-Uni.

Ken Livingstone, le maire de Londres,

et candidat à sa propre succession estime :

“Être pauvre est bien pire ici que n’importe où ailleurs”…

On dirait du Charles Dickens !