L’offre agrotouristique revisitée: comment concevoir des expériences touristiques inédites

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L’offre agrotouristique revisitée Comment concevoir des expériences touristiques inédites Cahier de travail (avec articles publiés initialement dans la revue TOURISME) Formateur: Claude-Jean Harel, MA MAHI Conseil de l’agriculture et de l’agroalimentaire pour le développement de la région de Québec Manoir Montmorency, le 29 janvier 2008

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Cahier de travail développé pour l'atelier "L’offre agrotouristique revisitée: comment concevoir des expériences touristiques inédites", pour le Conseil de l’agriculture et de l’agroalimentaire pour le développement de la région de Québec, au Manoir Montmorency, le 29 janvier 2008.

Transcript of L’offre agrotouristique revisitée: comment concevoir des expériences touristiques inédites

L’offre agrotouristique revisitée

Comment concevoir des expériences touristiques inédites

Cahier de travail(avec articles publiés initialement dans la revue TOURISME)

Formateur: Claude-Jean Harel, MA MAHI

Conseil de l’agriculture et de l’agroalimentaire pour le développement de la région de Québec

Manoir Montmorency, le 29 janvier 2008

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L’authenticité : du savon à la séduction

Ernest Labrèque, spécialiste du tourisme patrimonial, fait remarquer que nous avons souvent tendance à utiliser les mots « folklore » et « authenticité » de façon interchangeable. Pour lui, l’authenticité est beaucoup plus riche de sens et pour illustrer son propos, il donne l’exemple de la Savonnerie Olivier, de Pierre Pelletier. Cette entreprise novatrice fait partie de la Société internationale du réseau Économusées, qui facilite la rencontre entre artisans et consommateurs.

Au coeur de l’Acadie, à Bouctouche, au Nouveau-Brunswick, M. Pelletier et son épouse Isabel ont créé une entreprise qui exploite 11 fabriques de savon, dont sept au Québec.

« Nous fabriquons du savon comme le faisait ma grand-mère », dit-il. « Évidemment, nous avons adapté le processus au fil des ans; ma femme est chimiste et elle s’intéresse de très près à l’aromathérapie et à l’évolution des produits de santé. Notre entreprise est donc en constante évolution, mais nous ne perdons jamais de vue le concept qui consiste à prendre en main sa beauté et son mieux-être. Nous utilisons pour cela l’histoire du savon, et maintenant nous avançons encore plus loin dans cette veine grâce à un projet de recherche et de développement sur l’histoire de la… séduction! Autrement dit, sur la façon de séduire l’autre et sur la manière dont elle a changé avec le temps! »

M. Pelletier sait que sa femme et lui découvriront bientôt quelque chose qui plaira aux consommateurs : « Nous essayons d’enseigner aux gens comment se faire beaux. Nos produits figurent parmi les meilleurs du monde; ils sont aussi naturels qu’ils puissent l’être, étant fabriqués à l’aide d’ingrédients comme l’huile d’olive biologique, le beurre de cacao, la cire d’abeilles et les huiles essentielles. Nous fabriquons aussi le savon directement devant les visiteurs, démonstrations et explications à l’appui. »

Chaque établissement de la Savonnerie Olivier possède sa propre histoire. À leur arrivée, les visiteurs découvrent qui sont ou étaient les fondateurs, pourquoi ils se sont installés dans ce lieu et quelles ressources ils ont utilisées pour la fabrication.

Pour décortiquer l’économie de l’expérience

Imaginez une estrade sur laquelle sont posées une chaise de réalisateur de Hollywood et une table couverte de produits que l’on trouve ordinairement dans les supermarchés. Devant une salle comble, remplie d’entrepreneurs, l’auteur et penseur touristique Joseph Pine avance le principe selon lequel « toutes les offres économiques sont factices » et que les producteurs de ces offres ont beaucoup à gagner en y « mettant de l’authenticité ».

M. Pine explique ensuite qu’il est « plus facile d’être authentique si vous ne dites pas que vous l’êtes. » Essentiellement, si vous offrez efficacement de l’authenticité, vos clients ou vos invités devraient la percevoir. M. Pine compare alors des produits et des entreprises, et il demande à l’auditoire d’évaluer l’authenticité de diverses marques. Sa manière de déterminer comment certaines marques sont plus porteuses d’authenticité que d’autres est saisissante. Il

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montre, par exemple, une barre de savon naturel, partiellement enveloppée dans un emballage minimaliste qui permet au consommateur de la toucher et de la sentir.

La transparence est essentielle pour rendre « réelles » des offres factices. C’est ce que Joseph Pine appelle être « fidèle à soi-même ». La communication est au coeur du message de M. Pine, qui affirme que l’efficacité avec laquelle l’authenticité d’une expérience sera présentée dépend de la capacité de chacun de faire valoir sa propre identité – qui prend racine dans celle de l’entreprise. Son message porte essentiellement sur l’importance d’être ce que vous prétendez être.

À mesure que les biens et services traditionnels se banalisent, les entreprises doivent, selon lui, orchestrer des expériences et promouvoir des transformations pour se différencier et produire de la valeur économique : « Les entreprises clairvoyantes, qui maîtrisent cette nouvelle réalité, peuvent valoriser leur offre, leur clientèle et leur entreprise de façon entièrement nouvelle. »

M. Pine est cofondateur de Strategic Horizons LLP, un groupe de réflexion américain qui étudie les mutations profondes de l’économie. Il a présenté un atelier à la conférence de la North American Farmers’ Direct Marketing Association (NAFDMA), qui a eu lieu en janvier 2007 à Calgary.

L’authenticité : créer des liens avec la clientèle

« Je suis simple boutiquier, dans un immeuble qui, par bonheur, échappe au pic du démolisseur depuis 130 ans », explique Dave Forestall, propriétaire de Slocum & Ferris, au marché central de Saint John (Nouveau-Brunswick). Féru d’histoire, M. Forestall a grandi à Saint John, mais ce n’est qu’après dix ans d’absence qu’il a vraiment apprécié les immeubles patrimoniaux que cette ville maritime a laissés en héritage. Ainsi, lorsque Slocum & Ferris (qui n’a pas bougé depuis 1895) a été mis en vente, il a pensé, avec son épouse, qu’il était tout naturel de l’acheter.

M. Forestall décrit ce marché comme « l’antithèse des centres commerciaux », dans lequel il cherche tout autant à engager la conversation avec le client qu’à faire une vente. Il raconte l’histoire d’une dame dont la famille venait de déménager de Los Angeles à Saint John et qui a avoué qu’elle était absolument accro de Saint John car, pour la première fois de sa vie, dans une ville où elle a habité, – dès l’instant où elle est entrée dans l’immeuble – quatre ou cinq vendeurs ont accueilli son fils en l’appelant par son prénom. « Les commerçants du marché essaient de créer des liens avec les clients », explique M. Forestall, « qu’il s’agisse de visiteurs ou de gens de la place; nous pensons que cela fait partie de notre travail. »

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Prélude: le tourisme expérientiel démystifié

1. L’économie de l’« expérience », c’est bien plus qu’une mode. C’est la réalisation que le monde du commerce dans lequel nous évoluons est passé d’un domaine où les produits et services standardisés que nous consommions jusqu’à récemment sur la base des bénéfices qu’ils nous apportaient sont dorénavant consommés sur la base des contacts et émotions qu’ils engendrent auprès des consommateurs. Une base dont de plus en plus d’intervenants de l’industrie sont conscients, donc où il y a davantage de compétition.

Énumérez les motifs cités par vos clients qui les poussent à faire affaire avec vous :

Quels genres de rapports cette relation vous permet-elle d’établir avec eux?

2. On dit souvent en tourisme que ce sont les partenariats engendrés qui font le succès des entreprises. En agriculture, on utilise plutôt l’analogie des maillons d’une chaîne dans la chaîne des valeurs dont font partie les producteurs agricoles.

Décrivez les maillons dans votre chaîne de valeur:

3. Les chaines de valeurs sont inspirées par un savant équilibre de données de recherche et d’analyses de marchés, d’incubation de nouveaux produits, de stratégies de vente, de mécanismes de distribution et d’indicateurs de satisfaction auprès de la clientèle.

Quel avantage compétitif la chaine de valeur dans laquelle votre entreprise s’inscrit permet-elle d’insuffler à votre offre agrotouristique actuellement?

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Le développement et l’authenticité

Authenticité. Ce mot est utilisé de plus en plus dans le milieu du tourisme, alors que les voyagistes et les destinations se débattent pour savoir ce qu’il signifie – aussi bien pour eux que pour les consommateurs.

L’authenticité pourrait se définir comme la nécessité impérative de refléter l’identité locale. Les gestionnaires touristiques de villes comme Canmore, en Alberta (où le tourisme génère une activité économique massive dans ce qui était autrefois une ville minière) sont très au courant de cet impératif; la nécessité de préserver un « sentiment d’appartenance » importe beaucoup pour des gens comme le directeur exécutif de Tourism Canmore, John Samms :

« Dirais-je que ce que l’on offre à Canmore est authentique? Les sentiments que vous éprouverez à la vue du centre-ville dépendront de vos antécédents. Les mines de charbon ont fermé en 1979 et la ville s’est presque éteinte. Puis, le centre-ville a évolué, s’est ressaisi et a recommencé à croître, devenant le centre d’une collectivité, par opposition à celui d’une station de villégiature. Donc, dans ce sens, j’utiliserais le terme ‘authentique’. Canmore évoque chez le visiteur la notion de communauté, au lieu de lui présenter une sorte de décor qui aurait été préparé ou conçu pour lui plaire. »

Étant donné la période de mutation et de croissance rapide que traverse actuellement Canmore, M. Samms estime que le défi actuel est de préserver cet aspect inaltéré. D’un côté, il doit continuer à promouvoir l’authenticité, mais de l’autre, il contribue à orchestrer le changement.

« C’est là le paradoxe du tourisme », fait remarquer M. Samms. « La solution consiste à mobiliser la collectivité, tout en conservant une approche marketing qui a pour but d’attirer des gens qui partagent les principales valeurs de la communauté », dit-il. « Ce principe est essentiel si nous voulons que notre industrie soit viable, car si nous ne parvenons pas à attirer des visiteurs qui partagent les valeurs de notre collectivité, cela augure mal pour notre industrie. Si nous avons vraiment l’intention de faire appel à des marchés dont nous savons qu’ils sont compatibles avec nous, il sera ensuite possible de faire valoir cette façon de penser aux gens qui s’occupent de développement. »

Cette approche ressemble à celle qu’a adoptée la ville de Saint John, au Nouveau-Brunswick. Lori Jensen travaille à Tourisme Saint John : « Nous avons toujours pensé que nous offrions une expérience unique, ici, car il s’agit de la plus vieille ville incorporée du Canada. Nous associons une grande partie de notre authenticité aux sites patrimoniaux et aux immeubles historiques du secteur; pour nous, l’authenticité correspond à l’expérience unique que peut offrir votre ville. »

Mais ce n’est pas tout. Mme Jensen pense que le patrimoine architectural de la ville n’est qu’un des aspects de l’authenticité, et que l’hospitalité doit lui servir de complément. « Nous sommes très fiers de notre histoire, mais somme toute, ce sont les gens que vous rencontrez, pas seulement les infrastructures et les services, qui font la différence », explique Mme Jensen. « Nous venons tout juste d’interviewer trois propriétaires d’entreprise qui, à notre avis, proposent des expériences uniques et authentiques. L’un d’eux est collectionneur d’oeuvres d’art et d’antiquités, l’autre vend ses produits au vieux marché central, tandis que le

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troisième est un restaurateur d’origine allemande qui a immigré ici il y a quelques années et qui offre des mets ethniques nouveau genre qui commencent vraiment à s’implanter ici à Saint John. Nous avons essayé de faire valoir ces atouts dans des articles et des bulletins touristiques, pour que l’on sache qu’ils existent. »

Cette approche pourrait se révéler beaucoup plus efficace que le simple marketing, comme peut en témoigner Jill Vandall, partenaire de la Tourism Company, de Toronto : « L’authenticité est cruciale pour un certain nombre de raisons. Elle différencie les destinations et les villes. L’authenticité doit être bien pensée, car elle ne peut pas être mise en scène au point où elle étouffe tout ce qui peut se produire spontanément. Les gens veulent souvent la découvrir eux-mêmes; ils ne veulent pas se rendre compte qu’on la leur vend. Un élément essentiel de l’authenticité consiste à convaincre les visiteurs d’explorer les environs, à [recourir] aux personnes qui ont vécu une partie de l’histoire et qui la racontent à leur manière. C’est une excellente manière d’utiliser les ressources de nos personnes âgées, dans les centres-villes. »

Les Cantons-de-l’Est : la vie cantonale à son meilleur

La région des Cantons-de-l’Est, au Québec, illustre sans doute le mieux la qualité de l’expérience touristique véhiculée par le mot « villégiature ». Ce mot désigne le genre de vacances bucoliques que l’on passe en milieu champêtre et dans de petits villages d’où semble émaner un profond sentiment d’appartenance – assez puissant, semble-t-il, pour rajeunir l’âme.

Les Cantons-de-l’Est offrent cela et plus encore. La région se targue d’être la première destination cycliste au Québec, avec ses 500 kilomètres de pistes de la Véloroute des Cantons. (Cette route est divisée en sept circuits conçus de manière que les cyclistes puissent connaître les coins les plus pittoresques de la région.) Par ailleurs, le Chemin des Cantons est un nouveau circuit automobile de 415 kilomètres qui serpente dans la campagne, traversant 31 municipalités, d’Ulverton à Bromont.

Pour enrichir encore davantage leur expérience, en suivant le Chemin des Cantons, les automobilistes peuvent se procurer deux CD qui font revivre l’histoire de la région, qui a donné à ce secteur une saveur distinctive. Après la guerre de l’Indépendance américaine (1775-1783), les terres vierges qui s’étiraient le long de la frontière ont été cartographiées par les Britanniques; ces derniers les ont mises à la disposition des Loyalistes qui s’étaient exilés de ce qui allait devenir les États-Unis d’Amérique. L’architecture régionale est fortement influencée par ces premiers colons, qui venaient surtout de Nouvelle-Angleterre; après 1850, les francophones ont commencé à s’établir dans la région et forment maintenant la majorité de la population.

Le visiteur trouvera dans les Cantons-de-l’Est des villages pittoresques et une variété d’expériences touristiques remarquables. Vous pouvez, par exemple, prendre place à bord du magnifique train touristique Orford Express pour admirer les paysages bucoliques des régions de Sherbrooke, Magog, Eastman et Bromont, où les montagnes, les vallées, les prairies et les lacs sont un véritable enchantement.

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À Lac-Drolet, non loin de Lac-Mégantic, on peut également visiter l’Argus Bleu, un musée d’insectes exposant plus de 1 600 espèces naturalisées provenant de quelque 50 pays. À l’Épopée de Capelton (anciennement appelée Mines Capelton), le Tour du prospecteur et des Visites nocturnes aux flambeaux sont au programme, dans une mine de cuivre désaffectée vieille de 140 ans.

Reflets d’un patrimoine presque exotique

Cet été, au Vignoble de l’Orpailleur, il y aura des ateliers sur le métier du tonnelier et une nouvelle exposition sur la récolte du liège et la fabrication de bouchons. De nombreuses activités sont prévues pour cette année dans les 14 vignobles situés le long de la Route des Vins des Cantons-de-l’Est.

Au village de Fitch Bay, les âmes romantiques pourront découvrir Bleu Lavande, premier producteur de lavande au Canada, où sont cultivés 220 000 plants. Pour 2007, une dizaine de nouveaux produits cosmétiques et culinaires seront en vente à la boutique. Tous les mardis de juillet et d’août, les visiteurs peuvent pique-niquer dans les champs de lavande en écoutant de la musique classique. Les Mardi Bleu Classique (nom donné aux concerts) sont produits en collaboration avec le Centre d'Arts Orford.

On peut se demander comment une telle éclosion d’expériences touristiques a pu se produire dans les Cantons-de-l’Est. Nous avons posé la question à Melissa Provencher, du Manoir Hovey de North Hatley. L’Auberge Ripplecove & Spa et le Manoir Hovey sont deux auberges cinq étoiles

situées en bordure du lac Massawippi, à une heure de route environ au sud-est de Montréal et à 20 minutes du Vermont. Ces deux établissements lancent en mai un forfait cyclisme, pour lequel les chefs cuisiniers des deux auberges prépareront un lunch gourmand composé de spécialités locales emballées dans un sac à dos isolé (compris dans le prix du forfait). Le soir, les invités pourront se régaler sans complexe à la table gastronomique des deux auberges, dont les salles à manger surplombent les extrémités opposées du lac Massawippi. Après deux nuitées passées à la première auberge, les invités pourront pédaler doucement vers la seconde auberge, le long de routes secondaires panoramiques, pendant que leur voiture et leurs bagages seront transférés par service de voiturier avant leur arrivée.

Mme Provencher dit que ce forfait peut être adapté à tous les âges, car la distance parcourue est établie par les cyclistes eux-mêmes : « Nous avons prévu environ 20 kilomètres, du Manoir à l’Auberge Ripplecove. Si les cyclistes sont habitués à de plus grandes distances, nous les aidons à préparer leur itinéraire. »

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Diversifier le marché

« Nous prévoyons que la plupart des gens viendront de Montréal, de Québec ou d’ailleurs », poursuit-elle. « Nos auberges attirent depuis longtemps pas mal de clients des États-Unis, mais ils seront peut-être moins nombreux pour le forfait cyclisme. Nous commençons à offrir ce forfait, mais jusqu’ici, environ 60 % de nos invités venaient des États-Unis, le reste de la clientèle étant généralement composée de Québécois, d’Allemands et d’Européens. »

Mme Provencher dit qu’en raison du taux de change (avec le dollar américain), les Américains visitent moins la région, et que les villages environnants s’en ressentent : « J’ai constaté que certaines boutiques de cadeaux qui dépendent du tourisme ont fermé, notamment à Knowlton et Sutton; il faut donc continuer à faire valoir le caractère unique de nos villages pour trouver de nouvelles sources de revenus. Pour notre auberge, la raison pour laquelle il semble y avoir tant d’activités sur le plan touristique, dans les Cantons-de-l’Est, c’est que nous estimons nécessaire d’atteindre un public plus jeune qui s’intéresse passionnément à nos racines, car nous appartenons vraiment à un village historique. »

D’ajouter Mme Provencher : « Nous nous efforçons d’attirer de jeunes consommateurs sans pour autant délaisser nos clients qui viennent ici depuis 20 ans. C’est comme dans tout autre secteur qui doit affronter des défis économiques; il faut faire preuve d’innovation et trouver de nouvelles idées et de nouveaux forfaits pour attirer ces nouveaux clients. »

Heureusement, dit Mme Provencher, la région des Cantons-de-l’Est déploie des efforts supplémentaires pour promouvoir les produits régionaux.

Ces produits sont inspirés par la culture, la façon de voir le monde, les paysages, les métiers d’autrefois et les contrastes entre les expériences vécues au quotidien par les consommateurs et celles que vivent les résidents des destinations hôtes. Les touristes veulent devenir des résidents temporaires et connaître des plaisirs qu’ils ne peuvent pas s’offrir chez eux.

Les Cantons-de-l’Est peuvent, semble-t-il, offrir ce genre d’expérience, avec confiance et authenticité.

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Module #1: Les activités et préférences de voyage en chiffres et en images

4. Si on pouvait choisir un mot pour décrire ce que les consommateurs recherchent lorsqu’ils voyagent, ce mot serait probablement la « découverte ».

Quelles occasions de découverte votre entreprise agrotouristique offre-t-elle aux consommateurs?

Quelles occasions de découverte offrez-vous à vos partenaires?

5. L’authenticité des expériences vécues s’inscrivent parmi les plus grandes valeurs dont disposent les producteurs agricoles et les communautés rurales. Il est tout à fait logique de s’en inspirer pour développer et effectuer la mise en marché de produits touristiques originaux.

Qu’est-ce qu’une expérience authentique pour vous?

Énumérez les aspects authentiques des expériences que vous mettez en scène dans le cadre de vos activités agrotouristiques?

Comment tirez-vous avantage de ce caractère authentique dans vos entreprises quotidiennes actuellement?

Pouvez-vous identifier des occasions de le faire qui sont présentement inexploitées?

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Le profil changeant des touristes

Aujourd’hui, les gens ont plus d’argent et moins de temps, selon le rapport sur l’évolution du tourisme mondial 2006-2007. Les voyageurs ont moins de temps pour leurs loisirs, mais ils veulent vivre des expériences mémorables, même si la majorité d’entre eux sont toujours constamment en quête d’économies.

Les voyageurs d’aujourd’hui, qui comprennent de plus en plus de célibataires, de femmes, de grand-parents accompagnés de leurs petits-enfants et de grandes familles (plusieurs générations), se préoccupent moins des destinations qu’ils visitent, et demeurent par conséquent moins loyaux envers certaines destinations que par le passé. Le désir d’adopter de saines habitudes de vie et le besoin de s’échapper d’un environnement de travail très stressant ont eu pour effet de stimuler la demande de produits tels que les spas et le tourisme de mieux-être, les activités de plein air, les croisières et les voyages éducatifs.

On constate un engouement croissant pour l’écotourisme, l’authenticité, l’interaction avec les habitants et l’établissement d’un lien émotionnel et culturel avec ces derniers. Les consommateurs souhaitent avoir plus de contrôle sur l’organisation de leurs voyages, en particulier pour les voyages d’agrément. La technologie leur fournit les moyens d’exercer un tel contrôle et de personnaliser leurs plans. On observe même l’apparition de cette tendance en Chine, où les jeunes gens instruits préfèrent les arrangements plus souples aux vacances organisées.

Cet article provient du site à www.hotelnewsresource.com/article25986.html.

Enquète sur les activités et les préférences en matière de voyages (EAPV)

Le marché touristique canadien : L’agrotourisme chez les touristes effectuant un voyage de plus de 24 heures

Rapport de recherche

Le 3 décembre 2007

SOMMAIRE

Au cours des deux dernières années, 11,4 % (2 891 876) des Canadiens d’âge adulte qui ont fait un voyage de plus de 24 heures, voire de plusieurs nuitées, ont participé à une activité agrotouristique. Cueillir des fruits dans une ferme ou en plein champ était l’activité la plus populaire (8,3 %), suivie par dîner dans une ferme (3,7 %) et visiter des exploitations agricoles au temps de la moisson ou d’une autre activité agricole (2,1 %). Participer à une activité agrotouristique à l’occasion d’un voyage était la onzième activité culturelle et de divertissement la plus fréquente parmi les Canadiens en voyage d’agrément au cours des deux dernières années. Parmi les touristes qui ont participé à des activités agrotouristiques, 21,5 % (621 453) ont indiqué que cette activité était la principale raison les ayant incités à faire au moins un voyage au cours des deux dernières années.

Les touristes qui ont participé à des activités agrotouristiques sont plus susceptibles d’être des femmes (54,6 %) et le groupe d’âge des 35 à 44 ans prédomine. La plupart des touristes

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sont mariés et ils sont plus susceptibles que la moyenne d’avoir des enfants à charge (18 ans ou moins) habitant au foyer. Ils sont moins aisés que les autres segments d’activité et leur revenu de ménage (72 288 $) est le moins élevé parmi les adeptes des 21 types d’activités culturelles et de divertissement répertoriés.

Les touristes participant à des activités agrotouristiques voyagent surtout au Canada. Parmi les adeptes des 21 types d’activités culturelles et de divertissement, ils viennent en septième place parmi les touristes les plus susceptibles de faire un voyage dans leur propre province ou région (90,7 %), en douzième place parmi les touristes les plus susceptibles de faire un voyage dans une province ou une région adjacente (56,4 %) et en quatorzième place parmi les touristes susceptibles de faire un voyage dans une province ou une région non adjacente (36,5 %) au cours des deux dernières années. Toutefois, ils sont moins susceptibles que la moyenne de voyager à l’étranger. Parmi les adeptes des 21 types d’activités, ils sont les moins susceptibles de visiter les États-Unis (52,8 %) et se classent au dix-neuvième rang parmi les touristes les plus susceptibles de visiter le Mexique (13,5 %) et sont les moins susceptibles de visiter les Caraïbes (14,8 %).

Les touristes qui participent à des activités agrotouristiques s’adonnent à un plus grand nombre d’activités que le Canadien moyen en voyage d’agrément. Ils participent fréquemment à des activités étroitement associées à l’agrotourisme (p. ex., dégustations, attractions paysagistes, manifestations équestres et westerns) ainsi qu’à d’autres activités à caractère participatif (p. ex., activités en milieu autochtone). Ils s’adonnent fréquemment à des activités en milieu sauvage (p. ex., équitation, pêche) et à des activités axées sur la famille (p. ex., cyclisme, sports et jeux). Ils prennent des vacances économiques, qui comportent souvent du camping, et qui offrent des possibilités de s’instruire, de la nouveauté et beaucoup de choses à voir et à faire pour les adultes et les enfants.

Les touristes qui participent à des activités agrotouristiques sont les moins susceptibles parmi les adeptes des 21 types d’activités culturelles et de divertissement répertoriés d’avoir recours à Internet pour planifier leurs voyages (61,5 %) et faire des réservations (38,3 %). On peut le mieux les cibler par le biais des médias touristiques ainsi que des médias reliés au foyer (p. ex., sites Web reliés au foyer, magazines sur l’artisanat, les antiquités et les objets de collection, émissions culinaires).

Les expositions contribuent à l’économie touristique

Les salons et expositions au Canada contribuent à la fierté et à l’identité locales, mais aussi à l’économie touristique.

Pendant l’été, les principales expositions sont l’Exposition nationale canadienne à Toronto, le Stampede de Calgary, Capital EX à Edmonton et Pacific National Exhibition à Vancouver. Ces expositions « sont la Mecque de la petite entreprise » affirme Monte Stewart de Business Edge dans un article récent : « Le Stampede, plus important spectacle extérieur au monde », qui a rapporté des recettes de 49,37 millions de dollars à son conseil sans but lucratif l’an dernier, fait souvent appel à des grandes sociétés, dont les entreprises pétrolières et gazières. Cette année, l’Exposition nationale canadienne devrait attirer environ 1 450 000 visiteurs en l’espace de 18 jours ».

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Mais même les petites expositions sont de grandes entreprises. J’ai a parlé à Glen Duck, directeur exécutif de la Saskatchewan Association of Agricultural Societies and Exhibitions (SAASE). « Les expositions présentées dans les petites collectivités font depuis toujours partie intégrante de celles-ci », dit-il. « La plupart des expositions existent depuis au moins 100 ans. »

Il fait état, par exemple, de la dernière de ses sociétés agricoles membres, la Carlton Trail Ag Society, qui organise le Festival de la cerise de Bruno chaque année. « Bruno, qui compte une population d’environ 500 habitants, attire 2 500 personnes annuellement à ce festival. Les expositions créent des lieux de rassemblement et attirent une foule de visiteurs ».

Certaines localités organisent un rodéo; d’autres, des événements différents. La SAASE, qui compte 62 membres en Saskatchewan, a effectué une étude d’impact économique il y a quelques années pour évaluer les avantages découlant de toutes les expositions dans la province. Elle a constaté que 101 millions de dollars sont dépensés dans les expositions annuellement, et 192 millions lors d’événements organisés dans toutes les autres activités que les sociétés agricoles tiennent pendant l’année.

Selon Duck, beaucoup d’emplois sont créés : « L’industrie des expositions en Saskatchewan compte 400 employés à temps plein ou partiel et 800 travailleurs saisonniers ou occasionnels. « Cependant l’important, ce sont les 200 000 heures et plus que consacrent des bénévoles locaux à l’organisation des expositions et des activités. Elles ont une incidence économique considérable », affirme-t-il.

« Lorsque les gens vont dans les expositions, ils mangent dans les restaurants locaux, séjournent dans les hôtels locaux, achètent de l’essence et à manger. Ils campent sur place, achètent du bétail et dépensent donc de l’argent sur localement. »

Compte tenu de leurs retombées économiques, si les expositions n’existaient pas, il faudrait les inventer.

Une mise en marché plus ciblée pour changer les habitudes des consommateurs

Le Québec maritime a été fondé en 1997 par cinq associations touristiques désireuses de promouvoir leur région dans des marchés hors Québec.

Christian Ouellet, agent de recherche de l’organisation, a constaté une transformation importante depuis 2002 quant à la façon dont les consommateurs s’informent sur les produits touristiques : « Les consommateurs font de moins en moins appel aux agents de voyage pour obtenir des produits touristiques; ils sont maintenant plus autonomes lorsque vient le moment de planifier un voyage, une situation en grande partie attribuable à l’Internet. »

M. Ouellet fait référence à une étude de 2005 menée auprès des visiteurs dans la région qui révèle que les deux tiers des répondants avaient eu recours à l’Internet pour organiser leur voyage. « L’Internet devient un outil de planification, mais également de marketing, très important, souligne-t-il, ce qui oblige le Québec maritime à modifier ses pratiques. De plus en plus, nous employons l’Internet pour attirer nos clients. Cette année, nous avons collaboré avec Tourisme Québec et la Société des établissements de plein air du Québec pour

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présenter de courtes vidéos sur les sites dédiés à la météo et au plein air illustrant l’expérience du Québec maritime. Nous voulions ainsi attirer l’attention des internautes et les diriger vers nos sites où nos produits touristiques sont décrits de façon plus détaillée. »

Les internautes, qu’ils soient « contemplatifs » ou « amateurs de plein air », sont dirigés vers des sites différents. « Cette approche, explique M. Ouellet, favorise une segmentation du marché qui nous permet de mieux connaître notre clientèle. Elle s’harmonise également avec notre sondage à la sortie qui vise 1 500 touristes provenant de l’extérieur du Québec (Canada anglais, États-Unis et Europe). »

« Grâce à cette information, nous pouvons brosser un tableau de nos visiteurs. Cela nous permet non seulement de déterminer le lieu d’origine de ces touristes, mais également la région, la ville, le quartier et la rue où ils demeurent. Avec l’aide des statistiques dont nous disposons (comme celles de Statistique Canada), nous établissons le profil des gens qui résident à cet endroit, leur revenu familial, le nombre d’enfants qu’ils ont, s’ils font partie de la population active ou s’ils sont à la retraite. En ayant une meilleure connaissance de nos visiteurs, il devient alors plus facile de communiquer avec eux. »

Selon M. Ouellet, le rendement de sa stratégie de marketing s’est amélioré. Son équipe a également noté de précieuses observations sur la clientèle visée, notamment un intérêt accru pour l’environnement. « Il faut offrir des expériences touristiques de qualité qui respectent le client ainsi que l’environnement. »

L’authenticité représente également une nouvelle tendance. « Aux paysages magnifiques, vient maintenant s’ajouter un intérêt accru pour la nature, l’hospitalité et la culture, et plus précisément ce qu’on appelle la ‘culture gratuite’ (par opposition aux musées et ateliers d’artisans). » Nos souvenirs de voyage reposent souvent sur des échanges avec des gens qui se trouvaient, avec nous, dans des lieux inconnus.

C’est là que réside l’esprit du voyage, un élément que nous avons parfois tendance à négliger.

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Module #2: Le point sur la forfaitisation entre partenaires de l’industrie touristique

6. Il y a plusieurs facteurs dans les marchés touristiques, comme les transactions accrues sur Internet et la réduction des commissions dans l’industrie, qui affectent la nature même des relations commerciales dans le secteur du tourisme. Comment les consommateurs se rendront chez vous, les distances à parcourir, les délais entre le moment d’effectuer une réservation et l’heure d’arrivée sont autant de facteurs en constante évolution qui « engendrent des dynamiques de plus en plus complexes à gérer pour les cadres de l’industrie. » (Cline 2002).

Faite la liste des services que vous offrez comme composantes de l’expérience que vous mettez en scène pour vos clients :

Veuillez identifier vos compétiteurs et les composantes de l’expérience qu’ils offrent:

Comment faites-vous l’acquisition de nouveaux clients en ce moment?

Quels moyens employez-vous pour conserver ces clients? (Comment gérez-vous cette relation avec le client?)

Quelles sont les habitudes et préférences de vos clients?

Y a-t-il des produits et services ciblés que vous seriez en mesure d’offrir par l’entremise d’applications de commerce électronique, ou grâce à un des partenaires de votre chaine de valeurs actuels ou avec l’aide de nouveaux partenaires potentiels?

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Le tourisme bénévole, à la canadienne

Dans les revues touristiques, de nos jours, l’expression « tourisme bénévole » semble revenir très souvent. Qu’il s’agisse du périple planétaire de Bill Clinton, de la mission d’Angelina Jolie, du dernier-né de la famille Lonely Planet (Volunteer: A Traveller’s Guide to Making a Difference Around the World) ou de la multitude de sites Web, les vacances de bénévolat sont en vogue.

Et en plus, elles produisent d’importantes recettes touristiques. En 2005, la Travel Industry Association of America a découvert que près du quart des voyageurs s’intéressaient aux vacances de bénévolat. En 2006, Euromonitor International a prédit que le tourisme bénévole serait l’un des segments les plus dynamiques des trois ou quatre prochaines années.

Au départ, les Canadiens associent souvent le tourisme bénévole à une aide apportée par des gens de pays riches à des pays du Tiers-monde ou en difficulté. On peut effectivement lire d’innombrables articles sur ce que Condé Nast Traveler a appelé « l’ère des voyages vertueux », dans lesquels le Canada n’est pas mentionné souvent. Par contre, l’Amérique du Sud et l’Afrique le sont.

« Dans l’esprit des gens, explique Rogier Gruys, spécialiste des produits à la Commission canadienne du tourisme (CCT), le tourisme bénévole est exotique. Ils s’imaginent dans un village, en train de creuser un puits. » Comme la qualité de vie des Canadiens est une des meilleures du monde, il semble effectivement qu’il faudrait faire un peu plus d’efforts pour attirer le marché du tourisme bénévole.

Ou peut-être que non, laisse entendre John Vanden Heuvel, de WWOOF (World Wide Opportunities on Organic Farms), le plus important organisme bénévole du Canada (www.wwoof.ca). M. Vanden Heuvel dit que le programme WWOOF, qui permet aux voyageurs de faire de l’agriculture biologique, fonctionne à plein régime sans la moindre publicité. « Le bouche-à-oreille est de loin notre meilleur outil publicitaire », dit M. Vanden Heuvel. Mais le service est primordial : « Nous ne sommes pas là pour rendre le programme plus gros, prospère ou meilleur. Nous offrons de bons services et un produit de qualité [et un guide de 52 pages], et nous répondons presque immédiatement aux courriels. »

Comment peut-on, alors, faire du Canada une destination de bénévolat, si notre pays n’est pas dans le besoin? Or, M. Vanden Heuvel rejette l’idée selon laquelle la perception que les gens ont de notre pays nuit à notre compétitivité sur le marché mondial du tourisme bénévole : « Nous attirons beaucoup d’Européens parce qu’ils se font du Canada une image romantique peuplée de grands espaces vierges. »

Pour M. Vanden Heuvel, le tourisme bénévole se marie avantageusement à d’autres tendances, comme celle de l’écotourisme. Beth Kelly Hatt, d’Aquila Tours, au Nouveau-Brunswick, est d’accord : au Canada, le tourisme bénévole fonctionne, pourvu qu’il ait une connotation écologique.

Avec des produits comme l’étude des baleines au large de la forêt pluviale du Grand Ours, en Colombie-Britannique, et l’analyse des fluctuations du carbone dans l’Arctique, les stages de bénévolat au Canada sont aussi écologiques qu’on pourrait le souhaiter. Ces produits

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permettent aux bénévoles de mettre en valeur diverses compétences : « Au Canada, les gens peuvent faire de la recherche », déclare M. Gruys.

Au départ, le mot « recherche » peut paraître rebutant, mais cette activité est souvent très passionnante. Au Canada, tourisme bénévole signifie tout ce qui nous a fait connaître—le territoire et la nature—et toutes ces choses par lesquelles nous souhaitons être connus—les gens, l’aventure, les récits. Qu’il s’agisse de faire des biopsies de baleines bleues dans le golfe du Saint-Laurent ou des fouilles archéologiques à la forteresse de Louisbourg, les touristes bénévoles peuvent facilement donner suite à leurs aspirations.

Tourisme à la carte : l’émergence des « forfaits individuels de groupe »

Les bébé-boumeurs redessinent encore une fois le paysage touristique, poussant des exploitants novateurs à élaborer de nouveaux types de produits pour les voyageurs d’âge moyen qui exigent plus de flexibilité et des forfaits plus personnalisés.

Une des tendances les plus intéressantes est celle des touristes qui conçoivent eux-mêmes leur voyage. Par opposition à un voyage tout planifié d’avance, ce genre de forfait permet aux touristes de choisir des excursions et des activités en fonction de leurs goûts particuliers. Il peut s’agir de promenades, de dégustations de vins, de magasinage, de parties de golf, bref, de toute activité qui intéresse suffisamment les touristes pour être rentable. « Vous êtes dans l’autocar avec un groupe de personnes, mais ce n’est jamais le même groupe de gens qui vous accompagne », explique Gord Phillips, président du Economic Planning Group, qui a observé le phénomène. « Cela peut paraître paradoxal, mais la meilleure façon de le décrire, c’est de l’appeler ‘forfait individuel de groupe’. »

D’innombrables études sur les caractéristiques des bébé-boumeurs arrivent presque toutes à la conclusion que ce renflement démographique motive encore la création de nouveaux produits et services. Les bébé-boumeurs arrivent à l’âge de la retraite, certes, mais ils veulent toujours vivre individuellement des expériences enrichissantes. Les adeptes du forfait à la carte sont généralement exigeants, expérimentés et instruits. Collectivement, ils savent ce qu’ils veulent et peuvent se débrouiller seuls, mais ils préfèrent la commodité, le contact social et la sécurité que leur offrent les voyages de groupe.

Les forfaitistes emboîtent finalement le pas, déclare Joe Veneto, spécialiste des forfaits et du marketing touristiques : « Nous avons repéré cette tendance il y a 10 ans, et les voyagistes suivent enfin le mouvement. » Il donne l’exemple du programme Road Scholar d’Elderhostel, qui offre la « prochaine génération des possibilités d’apprentissage et de voyage ». Ce programme comprend des voyages haut de gamme, personnalisés et organisés pour de petits groupes; il permet aux adultes de participer à des activités et de vivre des expériences spéciales qu’une personne seule pourrait difficilement obtenir.

Elderhostel n’est pas le seul à suivre le mouvement. La société Brewster est l’un des nombreux exploitants canadiens à courtiser ce segment.

Selon Joanna Buckingham, gestionnaire des ventes et du marketing, la flexibilité et la personnalisation sont des facteurs clés. Brewster offre à ses clients de concevoir et d’adapter leur itinéraire, leur horaire et leur budget en fonction de leurs besoins. Toutes les vacances en

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autocar peuvent aussi être combinées à des trajets en train ou en automobile, ainsi qu’à des excursions guidées. « C’est à eux de choisir,

Explique-t-elle. Ils commencent par un itinéraire de base et peuvent ensuite ajouter ou soustraire des journées, changer d’excursion ou prendre une meilleure chambre d’hôtel. Ce peut être aussi simple qu’une journée de golf ou aussi complexe qu’une croisière en Alaska. »

Ces forfaits attirent des touristes qui ne se voient pas voyager en autobus. Selon Dennis Campbell, PDG d’Ambassatours, une entreprise du Canada atlantique, ces forfaits attirent deux types de voyageurs entièrement différents : « Les premiers ont déjà voyagé en groupe mais souhaitent maintenant obtenir plus de flexibilité. Ils ont peut-être 80 ans, mais ils sont en meilleure santé, plus jeunes d’esprit et plus actifs; ils veulent savoir ce qui se passe à l’extérieur de l’autocar. »

Un musée dont les invités deviennent des « employés »

Depuis plusieurs années, le Upper Canada Village offre des programmes populaires pour les jeunes, qui permettent aux enfants de s’immerger dans la vie des années 1860. Maintenant, les adultes peuvent aussi faire partie de la vie du village, lorsqu’ils participent à un « Séjour au village pour adultes ». Du samedi après-midi jusqu’au dimanche après-midi, certains week-ends de 2007, les adultes peuvent devenir des habitants d’un village du 19e siècle.

Agente de marketing au Upper Canada Village, Jancis Sommerville aime rappeler que l’établissement crée des tendances depuis sa fondation, en 1961 : « Nous avons toujours offert des attractions de premier ordre, et tous nos interprètes portent des costumes d’époque. Nos moulins, nos fermes, nos animaux, voire nos jardins, sont strictement authentiques et fonctionnels, de sorte que nos invités peuvent plonger directement dans le passé », poursuit-elle. « Nous avons lancé cette dernière initiative l’an dernier. Les adultes peuvent maintenant revêtir des costumes et apprendre comment accomplir certaines des tâches artisanales, travailler au moulin ou préparer des mets patrimoniaux. »

Mme Sommerville pense que cette initiative est une évolution naturelle pour l’établissement et que cette évolution arrive au moment opportun, car elle permet aux invités de faire partie du musée. « Nous franchissons une étape de plus », dit-elle en terminant.

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Module 3 #: Tout est dans le récit (le rôle de la thématique)

7. Quand on parle de l’expérience touristique, une des facettes qui émergent généralement c’est la saveur qui lui donne son caractère. Elle teinte l’image touristique qui est évoquée; elle est elle-même aussi teintée par l’image touristique de l’attrait, de la destination, de la région. Les thèmes confèrent souvent le caractère évocateur formulé naturellement quand on est chanceux. La plupart du temps, cependant, les producteurs d’expériences touristiques doivent investir des efforts considérables pour développer cette thématique et lui conférer toute son âme. À ce moment, les technique de productions de récits utilisées en journalisme peuvent nous aider à mettre de l’avant des concepts originaux.

Si vous aviez à « vendre » une idée de reportage à des représentants de la presse (locale, régionale, nationale ou spécialisée), afin de rejoindre des consommateurs qualifies à la recherché d’expériences distinctives dans les marchés que vous ciblez, quels thèmes exploiteriez-vous pour les convaincre de venir gouter aux expériences agrotouristiques que vous offrez pour la première fois?

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Les produits canadiens ont besoin d’être rafraîchis

Claire Bessette de Jonview s’occupe du segment des voyages en groupe pour le Canada et des produits de groupe et autonomes pour le Canada atlantique. Elle a acquis une connaissance précieuse de ce qui est à la mode et de ce qui ne l’est pas, des facteurs déterminants dans les secteurs des circuits en autocar et en groupe.

« Pour les Européens, le Québec n’est plus tellement à la mode, contrairement à l'Asie et à l'Europe de l'Est. L’ouverture des pays de l'Europe de l'Est est un attrait pour les voyageurs européens, compte tenu d’une multitude de facteurs, dont la proximité et la compétitivité des prix (surtout des tarifs aériens) », dit Mme Bessette. « La Thaïlande, qui a souffert après le tsunami, a tout fait pour attirer de nouveau touristes, y compris offrir des produits irrésistibles et des expériences de grande qualité. »

Mme Bessette signale toutefois que le Québec, en tant que destination, est unique, en raison de la dimension linguistique qui ouvre tant de possibilités pour des organisateurs et des fournisseurs de voyages en autocar. « Je m'occupe des voyages en groupe des Européens francophones, notamment des Français, des Belges et des Luxembourgeois. Les fournisseurs doivent être extrêmement imaginatifs et novateurs.

Il faut inculquer aux étrangers le désir de venir ici, et créer le besoin de visiter maintenant le Québec et le Canada », dit-elle.

« Nous ne sommes pas une destination dite ‘à risque’. Rien ne presse de venir ici. Dans dix ans, le Canada sera encore là, comme toujours, poursuit Mme Bessette, alors qu’ailleurs, comme en Chine, les gens pensent qu’il faut y aller avant que ça change. »

Mme Bessette croit que le Canada n’est pas considéré comme un lieu exotique. « Nous devons changer cette perception et devenir exotiques et, à cette fin, nous avons besoin de l'aide de tout le monde. L'industrie du tourisme évolue constamment, nous devons suivre les tendances du marché, sinon nous mourrons. »

« Si nous avons une idée pour inciter les gens à venir ici, nous devons la poursuivre », souligne Mme Bessette. « Il faut mettre à contribution les fournisseurs et les offices de tourisme et élaborer une offre touristique qui permettra au Canada de mieux frapper l’imagination des gens. »

Il faut rafraîchir, développer et investir, disent des spécialistes du tourisme

Les exploitants d’entreprises touristiques canadiennes doivent investir dans des expériences plus exclusives et de gamme plus élevée s’ils veulent soutenir la concurrence qui émerge ailleurs dans le monde, peut-on lire dans un article de Geoffrey Scotton, du Calgary Herald (18 avril 2007).

« Il faut que nous améliorions la qualité de nos produits touristiques », a déclaré Peter Armstrong, pdg de Rocky Mountaineer Vacations, dans une allocution prononcée devant la chambre de commerce de Calgary et dont l’article fait état. « La première chose que nous avons apprise, c’est que vous pouvez vous réinventer et créer un nouveau produit – et en toucher d’énormes dividendes. »

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M. Armstrong dit aussi que l’industrie canadienne doit investir pour offrir de nouvelles expériences passionnantes et invitantes. Sinon, elle risque de continuer à perdre des parts de marché. Selon l’article, Derek Coke-Kerr, directeur exécutif de Travel Alberta, l’industrie doit effectivement investir pour diversifier ses produits. « On ne peut pas commercialiser les montagnes à l’infini », a déclaré M. Coke-Kerr. « Le secteur privé doit, sur le plan des investissements, participer beaucoup plus au développement d’autres produits [et] attractions. »

Deux voyages en Colombie-Britannique au palmarès du National Geographic

Le magazine National Geographic Adventure a intégré deux forfaits britanno-colombiens à sa liste des 25 meilleures nouvelles aventures au monde.

Cycling the Okanagan Valley est offert par Austin-Lehman Adventures, du Montana. Selon le magazine, la vallée de l'Okanagan est un mélange grisant de sommets enneigés, de lacs bleu cobalt et de vignobles luxuriants que la plupart des Américains n'ont pas encore découverts et qui offrent au visiteur la chance de goûter--avant que cela se sache--aux vins et aux nombreux sentiers de cyclisme et de randonnée de cette région semi-aride.

Ce voyage a été commercialisé en partie grâce à la contribution de l'association touristique Thompson Okanagan et du directeur des ventes de voyages d'agrément de la CCT, à Seattle, Ken Erickson. « Ce forfait allie la pratique du vélo et du kayak à la dégustation de vins », précise M. Erickson. « L'aventure commence au centre de ski Big White, près de Kelowna, et se poursuit le long de la vallée de l'Okanagan, où sont offertes de nombreuses activités de plein air. Austin-Lehman a inscrit trois départs à son catalogue de 2007. »

L'autre expérience canadienne qui a été sélectionnée, Paddling the Great Bear Rainforest Coast, est offerte par la Pacific Northwest Expeditions, de Nanaimo. Le magazine explique qu'en février dernier, une région de 1 214 057 hectares de forêt humide, en Colombie-Britannique, a été mise à l'abri de la coupe excessive après une longue lutte pour la protection des forêts séculaires.

Selon le magazine, l'entreprise organise des expéditions de kayak depuis 1998. À ses forfaits de 2007 participeront des scientifiques et des écologistes qui décriront l'évolution de la réserve et feront valoir la nécessité de protéger des espèces menacées comme l'ours blanc

Kermode, cousin de l'ours noir. Les participants seront invités à voyager d'un site de kayak à l'autre à bord d'un bateau de bois de 95 pieds qui a été modernisé et qui comprend six cabines, une cuve thermale installée sur le pont et un chef cuisinier qui a pour mission d'apprêter le poisson du jour. »

Pour plus de détails, veuillez consulter www.nationalgeographic.com/adventure/index.html

On prévoit une forte hausse du tourisme des jeunes

Les jeunes voyageurs âgés de 16 à 24 ans constituent le secteur de l’industrie du tourisme qui connaît la croissance la plus rapide, selon les nouvelles statistiques de la World Youth Student

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& Educational Travel Confederation (WYSE), présentées sur le site TravelVideo.TV le 27 février 2007. Selon la WYSE, qui représente plus de 20 % des visiteurs internationaux, les jeunes voyageurs aventureux font de plus longs voyages, dépensent davantage, cherchent des destinations différentes et vivent des expériences plus diversifiées que la moyenne des touristes. Il n’est pas surprenant de constater que l’industrie les considère de plus en plus comme la relève du tourisme international.

L’organisme a récemment conclu avec l'Organisation mondiale du tourisme des Nations Unies un partenariat visant la promotion et le développement de cette industrie très lucrative, en encourageant les gouvernements à appuyer activement les produits et services liés au tourisme des jeunes.

L'attrait du Canada : le point de vue d'une voyagiste française

Dominique Albouy, directrice des produits Canada et Alaska de Grand Nord Grand Large (GNGL), est une participante régulière aux salons touristiques canadiens. Axée sur les vacances actives, l'enrichissement personnel et les thèmes polaires, son entreprise parisienne s'est frayé un chemin au milieu d’un secteur achalandé.

« Nous avons toujours proposé des programmes centrés sur la nature – dont le traîneau à chiens. C'était l'activité de nos débuts, au Québec; ensuite, nous y avons ajouté les expéditions aux baleines, la randonnée et le canot. Une évolution toute naturelle nous a amenés dans l'Ouest du Canada, à la recherche d'activités différentes, mais compatibles avec celles que nous proposons dans l'Est, afin d'attirer les Français qui, ayant déjà visité le Québec, ont réalisé que le reste du Canada offre d'autres expériences tout aussi enrichissantes. »

Il est vrai que les consommateurs français sont séduits par l'accueil que leur réserve le Québec (et par le contexte linguistique); cependant, Mme Albouy fait remarquer que l'on trouve, de plus en plus, des professionnels du tourisme s'exprimant en français dans toutes les provinces, ce qui facilite la vie de ses clients.

« Il reste que la nature est le mot magique qui motive les touristes français à visiter le Canada, selon Mme Albouy. Les consommateurs souhaitent voyager, oui, mais il leur importe aussi d'emporter quelque chose de plus que l'impression du déplacement d'une destination à l'autre. Même si l'histoire du Canada n'a pas toute la richesse de la civilisation européenne, les gens s'intéressent à tout ce qui touche l’histoire et la culture. Les Premières nations, alors qu'elles reprennent leur place, sont un bon exemple : on cherche à comprendre leur périple. »

« Par chance, dit Mme Albouy, l'offre de produits autochtones au Canada s'est enrichie dernièrement. Cependant, nous faisons toujours face à certaines difficultés sur le plan de leur accessibilité : nos clients s'intéressent aux expériences autochtones, sans nécessairement souhaiter les vivre dans un contexte primitif. Néanmoins, de plus en plus de consommateurs sont attirés par le côté autochtone du Canada. »

Les problèmes de prix demeurent : les destinations pour ce type de produits sont souvent d'accès plutôt difficile et elles se prêtent mal aux forfaits. Mais Mme Albouy est convaincue que les consommateurs attirés par ces produits seront de plus en plus nombreux : « C’est peut-être un signe du temps. De plus en plus de voyageurs français sont sensibles aux

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problèmes du réchauffement de la planète et autres phénomènes qui les incitent à se demander s'ils ne devraient pas prendre des vacances plus actives et parfois plus simples. Ils seraient en quête d'un rajeunissement de l'esprit, d'un sens allant au-delà de ce qu'on peut découvrir dans l'ombre des palmiers sur une plage des Caraïbes. »

Est-ce que des vacances actives au Canada offrent l'occasion de découvrir un nouveau sens dans sa vie? Une vie tout aussi riche, inspirée par l'authenticité? Pour Dominique Albouy, cela ne fait aucun doute.

Marché français : le Canada reprend du poil de la bête

Si les nouvelles en provenance des marchés européens ont surtout été maussades ces derniers temps, on ne peut pas en dire autant de la France, qui connaît une reprise assez vigoureuse, selon la directrice générale de la CCT France, Sandra Teakle.

« Nous avons connu en 2006 un accroissement de la capacité aérienne Canada-France, grâce à de nouveaux partenaires comme Zoom Airlines, qui offre des vols directs entre Paris, Calgary et Vancouver. Ils ont fait 21 rotations en tout et ils en annoncent 42 pour 2007. » Corsair, qui dessert Montréal et Moncton, est un autre transporteur aérien qui s’est distingué.

Depuis l’automne 2006, Air Transat est aussi revenu sur ce marché avec deux vols par semaine vers Québec.

« Le marché des voyages de groupe est également en hausse; après une année record en 1996 (460 000 visiteurs français), le marché a périclité et 2003 a été notre pire année, quand seulement 277 000 visiteurs français sont venus au Canada. Nous pensons que les résultats de 1996 découlaient en partie du fait que la tendance à la dépendance, dans le marché des voyages de groupe, favorisait le Canada. »

Mme Teakle explique qu’après cette année record, d’autres marchés émergents ont fait d’importantes percées dans le segment des voyages de groupe. « Par conséquent, le Canada est resté sur la touche pendant quelque temps. Mais aujourd’hui, 10 ans plus tard, nous constatons un retour du pendule. »

En ce qui concerne les produits qui font pencher le marché français vers le Canada, Mme Teakle constate que « le Québec est encore notre plus gros vendeur, notre meilleur ‘point d’entrée’, à cause de la langue et de nos rapports historiques. Beaucoup de voyages de groupe sont organisés par les comités sociaux; en France, si une entreprise emploie plus de 50 personnes, elle doit injecter un pourcentage de la masse salariale dans des activités comme des camps d’été, des cours de langue et des voyages pour le personnel. »

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Module #4: Réaliser le reportage vécu

8. Peut-être envisagez-vous développer une tactique de marketing en collaboration avec un partenaire non-traditionnel qui vous permettra de mettre en commun vos ressources collectives; peut-être est-ce plutôt un produit agrotouristique exclusif que vous avez en tête. Peu importe, vous devriez élaborer votre expérience thématique comme une succession d’événements ou de moments conçus pour « illustrer » et valider le thème ou le focus de votre récit ou reportage.

Qu’il s’agisse d’un festival, d’un forfait expérientiel, d’une route thématique ou d’un itinéraire, une approche axée sur ces instants orchestrés vous permettra de concevoir des solutions originales qui tiendront compte des aspirations de vos clients.

Veuillez identifier les marchés que vous ciblez:

Veuillez décrire la série d’événements qui illustre le mieux votre reportage vécu :

Quel réseau de distribution visez-vous et quels points de vente avez-vous en tête?:

Comment quantifies-vous la valeur commerciale de cette expérience ou comment mesurez-vous sa valeur pour le consommateur?

Comment croyez vous que cette offre contribue au succès de votre stratégie de gestion de la relation avec vos clients?

Comment envisagez-vous motiver les partenaires-maillons de votre chaine de valeur de façon à ce qu’ils vous appuient dans votre démarche de mise en scène d’expérience agrotouristique? Comment vont-ils en profiter?

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Le succès astronomique d'un gîte touristique

Les planètes et les étoiles du secteur du tourisme s'alignent selon les tensions qui caractérisent l’univers touristique et il semble que les marchés à créneaux (autrefois les trous noirs du secteur) se mettent à briller, tels des supernovas. Le gîte touristique/observatoire de Jack et Alice Newton constitue sans doute l’exemple le plus concret d’un nouveau phénomène qui devrait s’accroître avec le temps.

Jack, gérant de grand magasin à la retraite, s’intéresse depuis toujours à l’astronomie. Ses observations sont bien connues par ses pairs.

Jack et Alice rêvaient d’accueillir un jour des visiteurs du monde entier et de partager leurs connaissances avec eux. « C’est quelque chose qui nous passionne », souligne Alice. « Nous remarquons que les parents cherchent parfois des vacances à saveur scientifique qui permettent aux enfants de participer et à tous les membres de la famille d’apprendre ensemble. »

Les Newtons cherchaient un endroit au Canada où il y avait peu de lumière artificielle et où le ciel était souvent dégagé. Ils ont construit leur gîte touristique unique sur le mont Anarchist à Osoyoos, en Colombie-Britannique. Imaginez une grande maison de deux étages nichée à flanc de montagne, à 1 500 mètres du fond de la vallée, et munie d’un télescope de 16 pouces contrôlé par ordinateur, installé dans un observatoire sur le toit. Même en plein jour, Jack peut y observer environ 600 étoiles.

« Nos visiteurs ont toujours l’occasion d’observer les étoiles et d’apprendre à photographier leurs découvertes en suivant notre cours facultatif. Ils peuvent ensuite rapporter sur CD-ROM de superbes images de nébuleuses, de galaxies et de planètes. Nous offrons également des séances d’observation du soleil en matinée, avec des filtres H-alpha. »

La collection de photographies de Jack témoigne de la qualité de son établissement. Les visiteurs du site Web du gîte touristique (www.jacknewton.com) peuvent voir ces images saisissantes. Les soirs nuageux, Jack utilise l’un des nombreux observatoires du monde qui permettent aux astronomes invités d’avoir accès à leurs installations. « Il fait toujours beau quelque part », affirme-t-il. L’écran géant de cinéma maison et la technologie audiovisuelle du gîte touristique deviennent alors des outils d’observation par excellence.

Voilà un exemple parfait du type d’expérience touristique qui se démarque de ce qu’on trouve déjà sur le marché. La réputation de Jack dans le domaine de l’astronomie représente un atout irrésistible dans certains cercles. Il a été un précurseur dans le domaine de la photographie amateur CCD (dispositif de couplage de charge), en particulier dans l’élaboration de l’imagerie tricolore à haute résolution. Les photographies de Jack sont bien connues des lecteurs des magazines Astronomy, Sky & Telescope et Sky News. De plus, il écrit souvent dans plusieurs magazines, calendriers et journaux du monde entier; ses travaux ont été publiés dans des publications comme Newsweek, le Canadian Geographic Magazine, Photo Life et l’ouvrage Field Guide to the Night Sky de la société Audubon. Il est l’auteur ou le coauteur de plusieurs ouvrages sur l’astronomie et ses travaux sont connus dans le monde entier.

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Jack est un conférencier populaire qui a été invité partout au Canada et aux États-Unis pour présenter ses superbes photographies. En 1995, il s’est rendu dans le Sud de l’Angleterre et au pays de Galles, où il s’est adressé à plus de 1 000 membres de la British Astronomical

Society au cours d’une série de onze conférences et ateliers pendant 21 jours. Il a dirigé des expéditions d’observation d’éclipses solaires dans le monde entier, notamment en Russie, en Indonésie et au Mexique. Jack a également guidé un groupe de 300 amateurs d’astronomie au Pérou pour observer la comète de Halley.

En l’honneur de Jack et d’Alice, l’astéroïde 30840 a été nommé Jackalice par l’UAI (Union astronomique internationale). Jusqu’à maintenant, Jack a découvert 17 supernovas. Il ne faut donc pas s’étonner de la popularité du gîte touristique-observatoire; les visiteurs espèrent tous être présents lors de l’apparition de la prochaine supernova.

Regard neuf sur une tradition des Prairies

Pour beaucoup d’entre nous, notre dernière sauterie champêtre appartient sans doute à un lointain passé. Or, une famille de l’Alberta a décidé d’offrir une nouvelle expérience aux gens qui meurent d’envie de danser le rigodon sur le plancher d’une grange.

Le Great Canadian Barn Dance de la famille Kunkel, de Hill Spring, en Alberta, est en quelque sorte l’antithèse du club champêtre; c’est un établissement sans prétention, situé au milieu de nulle part, qui est devenu l’un des rendez-vous familiaux les plus excentriques du Canada.

Inspiré d’abord par son père Lloyd, qui a lancé le concept durant les années 80, Trevor Kunkel, son frère et leur famille prennent graduellement en main une affaire dont la réussite se répand comme un feu de broussailles.

« Nous avons toujours fait du divertissement », avoue-t-il. « Papa a commencé quand il était jeune. Nous avons fait partie de son groupe et nous avons joué dans la région de Calgary pour quelque temps. Nous avons ensuite lancé notre propre groupe, tandis que papa continuait de son côté. Il était sur le point de prendre sa retraite en 1985 quand il a eu l’idée d’organiser des danses à la ferme – comme celles que nous avions l’habitude de fréquenter dans notre jeunesse. »

Le destin a frappé à la porte de Lloyd un jour où sa famille animait un repas de crêpes, à Calgary. Un étranger s’est présenté : « Je m’appelle Fred Brooks et je viens d’acheter la propriété de Jack Adey, au nord de Hill Spring. J’ai une grange là-bas, et ne je ne sais pas quoi en faire. »

Les yeux de son père se sont allumés, se rappelle Trevor. « Mon père et Fred se rendirent à la grange. Il y avait encore des vaches et des chevaux à l’intérieur. Nous avons offert de la louer; nous l’avons nettoyée un peu et nous avons commencé à organiser des danses. » La

famille Kunkel a immédiatement saisi les possibilités : « Deux cents personnes pouvaient entrer là-dedans. Ce gentil monsieur avait réparé le plancher, et ses enfants jouaient à l’étage

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avant qu’on la prenne en charge. En 1991, nous avons acheté la grange et la trentaine d’acres qui venaient avec. »

Des gens commencèrent à téléphoner et à arriver en caravanes pour demander s’ils pouvaient stationner dans le champ pendant la nuit, au lieu de retourner au camping. Les Kunkel ont alors ajouté un camping de 10 places. « Nous en sommes maintenant à 90 places. Il y a ici un petit lac où nous allons faire du canot et ramer. Au début, nous organisions des danses tous les vendredis soirs de juin, juillet et août. »

« Après un certain temps, le propriétaire a commencé à penser qu’il y avait un peu trop d’activité autour d’ici, alors il nous a permis d’acheter le reste de la propriété et 60 acres de terrain », poursuit Trevor. « Nous avons coulé du béton au rez-de-chaussée, où se trouvaient les stalles. Nous avons subdivisé la surface et ajouté le chauffage, une cuisine et une boutique de cadeaux, puis nous avons aménagé une jolie petite aire à l’extérieur de la grange où les gens peuvent s’asseoir pour admirer le lac. Nous avons aussi ouvert un gîte du passant et construit des chalets. »

De mai à octobre, les Kunkel se produisaient aux festivals de musique durant l’été et à des danses, l’automne. Il y avait aussi le Noël du cowboy. « Nous habitons ici depuis 1998, alors il est devenu plus facile de travailler à plein temps en ajoutant des spectacles pour le dîner», confie Trevor Kunkel. « Maintenant, ma femme et mes fils chantent et jouent dans ces spectacles. C’est devenu fou. »

Lorsqu’on lui demande en quoi le produit de la famille Kunkel se distingue des autres, il évoque rapidement la décision que Lloyd a prise au tout début : ne pas servir d’alcool. Sa motivation première peut avoir été de nature religieuse, explique Trevor [son père étant de confession mormone], mais ce qui aurait pu faire échouer une salle de danse s’est transformé en une bénédiction : « Notre clientèle a augmenté à cause de cette décision. Dans les 20 dernières années, quatre personnes seulement nous ont dit ‘Ah bon, vous ne servez pas d’alcool; nous partons tout de suite’. »

Il importe effectivement beaucoup, dans cette exploitation, de rester fidèle à soi-même. L’authenticité n’est pas incompatible avec l’innovation. « Les gens viennent et nous leur offrons notre buffet de rosbif à volonté. À 18 h, papa les accueille et bénit la nourriture, puis ils passent au buffet et commencent à manger. Après le repas, nous donnons un petit spectacle avec quelques volontaires. Les gens commencent à rigoler et à s’amuser, ce qui donne le ton à la soirée. À 19 h, ils montent à l’étage et la leçon de danse commence. On leur apprend les rudiments de la danse en ligne et le two-step. Puis, la charrette à foin emmène ses passagers en promenade autour du lac. À 20 h, l’ensemble musical prend la relève et nous jouons jusqu’aux environs de 23 h 30. »

Ce fut un coup de dés pour les Kunkel; il leur fallait un nombre minimum d’invités, et Hill Spring n’est pas exactement situé au centre de l’univers. Mais l’attrait de l’exploitation semble irrésistible : « C’est incroyable. Nous sommes situés au diable vert, mais nous sommes, d’une certaine façon, au beau milieu de tout, car il y a, non loin d’ici, trois sites du patrimoine mondial et un musée de calibre international consacré à la voiture hippomobile. Les enfants étant surstimulés, de nos jours, un retour aux sources les calme. Nous réunissons tous les invités sous un toit, nous leur offrons à manger et leur jouons de la musique entraînante. Ils

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ont le temps d’apprécier la compagnie des autres. Et ils peuvent constater la transformation qui s’opère chez leurs enfants. »

Le contact avec les enfants importe beaucoup, mais la danse rassemble tout le monde. « Les personnes âgées nous apprécient aussi, car elles revivent leur passé », poursuit-il. « Tout le monde y trouve son compte. Maman et papa peuvent se détendre parce qu’ils savent que c’est un endroit sûr. C’est un peu comme aller à la ferme de l’oncle Jack pour une réunion de famille, mais sans la famille! »

Pique-niquer sous un phare : nouvel éclairage sur une tradition très ancienne

Lorsqu’une entreprise touristique comme Lighthouse Picnics, réunit les petits plaisirs de la vie dans un village côtier de Terre-Neuve-et-Labrador, une visite des lieux peut presque se transformer en révélation.

Il y a quatre ans, Jill Curran et Sonia O’Keefe se sont lancées dans une aventure audacieuse. Elles ont commencé à exploiter un commerce de pique-nique panoramique au vieux phare de Ferryland, à une heure environ au sud de St. John’s. Le phare date de 1870 et fonctionne toujours, mais il a été automatisé en 1970. Des familles qui y habitaient l’ont fait fonctionner pendant un siècle; ce phare est un refuge intemporel, installé dans un décor magnifique.

On a d’ici l’une des vues les plus spectaculaires de la presqu'île Avalon. L’été, on peut très souvent apercevoir des baleines au large du cap Ferryland. « Durant notre toute première année, en 2003, nous faisions tout à l’extérieur du bâtiment. À ce moment-là, nous faisions la cuisine à Ferryland, nous transportions tout jusqu’ici et nous installions un stand, des parasols, des paniers, et tout le reste. Ça a fait jaser », admet Jill Curran. « Les gens nous disaient : ‘Vous allez quitter votre emploi permanent pour faire quoi?’ Mais ça a très bien marché. Nous n’avons même pas été obligées d’annoncer, ce qui est un autre des grands secrets du succès. »

Le simple fait de s’y rendre est une expérience en soi. Après 25 minutes de marche le long d’une piste qui s’avance entre deux rivages jonchés de rochers spectaculaires, vous arrivez au phare. « Les gens entrent, s’identifient et jettent un coup d’oeil sur ce que nous offrons. Notre menu est limité, mais nous le modifions tous les jours. Nous n’utilisons que les produits locaux les plus frais et, autant que possible, des produits biologiques et équitables. Tout le pain est fait ici, la limonade, tout. Les invités reçoivent une nappe à pique-nique et un fanion. Il y a des livres qu’ils peuvent apporter pour faire un brin de lecture en attendant leur repas, et ils n’ont qu’à trouver un emplacement et à s’asseoir. Nous préparons la nourriture et nous la leur apportons directement.

« Les fanions nous ont été suggérés par une cliente. Le mot ‘cliente’ paraît un peu trop guindé, parce que beaucoup de gens qui ont encouragé notre entreprise sont devenus des amis. Une de ces amies, qui nous rend visite constamment, a dit : ‘Les filles, il vous faut un système.’ Comme vous pouvez le constater, il n’y a pas de tables numérotées de un à cinq. Elle nous a donc suggéré d’utiliser un codage couleur. Il fallait donner aux clients quelque chose qui nous permettrait de les identifier, car ça devenait ridicule. Nous avions l’habitude d’écrire ‘couple avec deux enfants—l’un avec manteau rose’. Nous passions beaucoup de temps à décrire nos clients. Elle nous a suggéré d’utiliser des pavillons signalétiques. C’est donc ce que nous utilisons maintenant, d’autant plus qu’ils s’adaptent très bien au thème du

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phare. Nous utilisons les fanions pour apporter la bonne commande à nos groupes de pique-niqueurs. »

Lighthouse Picnics a tout de suite fait parler d’elle dans le milieu du développement commercial de St. John’s, surtout à cause de l’authenticité rafraîchissante de ce nouveau service. Rien de surprenant, car la réussite de l’opération a été presque instantanée.

« La nouvelle a commencé à se répandre », se rappelle Jill Curran. « Durant l’hiver de 2003, nous avons commencé à rénover les locaux d’habitation du phare. Le bâtiment avait été fermé pendant 21 ans; il fallait remplacer les planchers et les murs, et l’eau courante n’avait jamais été installée. Par chance, nous avons retenu les services d’un excellent entrepreneur, qui s’est chargé de superviser le projet pour nous. Nous avons ouvert en mai 2004 et la collectivité nous a beaucoup appuyés. Depuis l’ouverture, les gens nous ont apporté des photos d’eux-mêmes qui avaient été prises au fil des ans, et nous avons récupéré des objets anciens qui venaient du phare et qui avaient été entreposés dans des maisons de la localité. Ces objets sont exposés pour nos visiteurs; nous essayons de montrer un peu le rôle que le phare a joué dans la vie des gens de Ferryland. »

Mme Curran et sa partenaire ont mis le doigt sur un aspect fondamental de la vie, dans une région où les pique-niques sont depuis longtemps un rituel. « Le pique-nique est une tradition bien ancrée dans beaucoup de sociétés, mais tout particulièrement à Terre-Neuve. Le dimanche [ou à d’autres occasions], les gens ont toujours pris le temps de s’arrêter, de cuisiner et de s’asseoir pour profiter d’un bon goûter en bonne compagnie. Nous n’avons fait qu’ajouter un peu de nouveauté à une très vieille coutume, et la beauté des lieux rend la journée intéressante pour la plupart des gens. »

Il faudrait donner beaucoup de crédit aux deux jeunes femmes, car elles ont eu l’intelligence de croire qu’elles pouvaient commercialiser les pique-niques en leur ajoutant une valeur réelle—en les rendant plus accessibles qu’ils ne l’ont jamais été pour les touristes. Jill y croit passionnément : « C’était notre objectif dès le départ. Au début, nous étions seulement deux; mais aujourd’hui, au plus fort de l’été, neuf personnes travaillent avec nous. Nous avons toujours la volonté de servir des aliments de qualité et d’offrir une expérience de qualité. Il ne s’agit pas simplement d’arriver en coup de vent et de se jeter sur vos aliments; il s’agit plutôt de dire ‘venez vous asseoir pour admirer l’océan et les baleines et vous détendre.’ Voilà notre concept. »

Comme pour toutes les grandes idées, la préparation des pique-niques est assez exigeante. Jill nous confie que « nous devons apporter la nourriture et rapporter nos déchets. Si notre puits s’assèche, nous devons apporter de l’eau pour laver la vaisselle. Nous transportons toute notre eau potable et d’autres provisions. Je mesure seulement 5 pieds 2 pouces, alors il a fallu que je prenne du muscle!

« C’est beaucoup de travail. Nous étions ici vers six heures, ce matin, pour préparer le pain, parce que nous savions que la journée serait très occupée, […] et, hier, nous sommes partis à minuit. Faut vraiment aimer ce qu’on fait pour se dévouer à ce point-là. »

Je soupçonne que certaines des personnes qui viennent au phare de Ferryland sont attirées autant par la possibilité de rencontrer certains des meilleurs ambassadeurs du patrimoine

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culturel de Terre-Neuve-et-Labrador qu’elles le sont par les mets et la vue. Cette entreprise est une grande source d’inspiration.

Elmhirst’s Resort : une exploitation à l’avant-garde et à saveur locale

Peu de gens ont consacré autant d’énergie à l’industrie du tourisme que Peter Elmhirst. Il a siégé aux conseils d’administration de la Commission canadienne du tourisme, de l’Association de l’industrie touristique du Canada et de l’Institut canadien de recherche sur le tourisme. Quand on le rencontre, il donne l’impression d’être un personnage éminent mais modeste et de posséder un grand savoir-faire. Il a fait d’Elmhirst’s Resort l’un des établissements les plus réputés de la région des lacs de l’Ontario. Ses fils Greg et Stephen s’occupent maintenant de l’exploitation, tandis que sa partenaire, Anne Marshall, lui confie la mission d’enseigner à d’autres certains des préceptes que lui a inspirés sa longue carrière.

« Ces jours-ci, je tiens en quelque sorte le rôle de fermier, d’aviateur et de réparateur », signale-t-il en reconnaissant à quel point sa famille et lui sont chanceux d’avoir pu exploiter depuis plus de 100 ans ce centre de villégiature, au bord du lac Rice. Avant tout, il se perçoit comme le gardien d’une ressource fabuleuse.

« On aimerait penser que tout ce qu’on a accompli résulte d’une sorte de plan génial, mais finalement, on se rend compte que l’on a passé toute sa carrière à courir pour s’adapter aux mutations de l’industrie », admet M. Elmhirst. « Je pense que très peu de gens peuvent dire qu’ils avaient prévu, il y a 30 ou 40 ans, comment les choses se passeraient aujourd’hui. Dans notre cas, les générations précédentes nous ont transmis un patrimoine et nous avons la responsabilité de laisser l’entreprise dans le meilleur état possible pour la génération suivante. »

Selon M. Elmhirst, il faut avant tout qu’une propriété soit aussi attirante qu’elle puisse l’être aux yeux des invités. « Il ne faut pas regarder chaque lopin de terre en se demandant si on peut y installer un parc à roulottes. C’est une terre qui a été cultivée par notre famille depuis plusieurs générations. »

Aujourd’hui, la ferme est directement au service de sa clientèle : « Nous avons une écurie assez grande et nous gardons des Clydesdales pour les promenades en voiture à chevaux. Mais l’aspect le plus important de l’exploitation agricole, c’est de loin le fait que le boeuf que vous mangez à nos tables a été mis au monde, élevé et mené à terme ici même. La seule fois que l’animal quitte la ferme, c’est pour se rendre à un abattoir accrédité par le gouvernement, où nous surveillons le dépeçage de chacune des bêtes. Après avoir été vieillie, la viande ne sort même pas du réfrigérateur à moins que le chef, moi-même ou mon fils ne soyons sur place. Ça, c’est tout un engagement. »

Non seulement les Elmhirst gardent-ils sur leur propriété plus de 50 bovins Black Angus, mais pour eux, l’utilisation de produits locaux ou canadiens ne s’arrête pas là : « Il en va de même pour notre cave à vins, qui ne contient que des produits canadiens […]. Beaucoup de gens ont pensé que nous prenions un gros risque en décidant de ‘canadianiser’ entièrement notre cave à vins. Mais la réaction a été absolument fabuleuse. Les gens ne partent pas tous d’ici en disant qu’ils ont bu le meilleur vin de leur vie, mais plusieurs comprennent qu’ils ne

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sont pas obligés d’acheter des vins importés. Les étrangers peuvent aussi goûter à des produits canadiens au lieu de boire des vins qu’ils peuvent obtenir chez eux. »

Cet engagement à l’égard de la production locale va encore plus loin : le centre de villégiature est même équipé d’une chaudière à maïs qui sert à chauffer le bâtiment central et la piscine. « Nous achetons du maïs à des agriculteurs locaux », dit M. Elmhirst. « L’automne, nous chauffons aussi avec de la paille de soya. C’est tout à fait unique et cela correspond à notre philosophie. » En outre, des gens d’affaires viennent voir le système de chauffage et en examinent le pour et le contre avec M. Elmhirst avant de prendre une décision d’achat.

À l’avant-garde – toujours

Difficile de parler du centre de villégiature Elmhirst sans mentionner la contribution d’Anne Marshall. Bien que cet article ait pour but de célébrer les réalisations de Peter Elmhirst, vous comprendrez à quel point le rôle de Mme Marshall est important en écoutant la façon dont elle décrit son partenaire :

« Au fil des ans, Peter a développé le marché européen avant que ce soit à la mode; il a vendu des expéditions dans la brousse à des Européens et à des Américains, offert des voyages d’observation de l’ours polaire de la baie d’Hudson et mis au point des tournées en VTT et des safaris de motoneige dans une région où le couvert de neige est incertain. Il a voyagé d’un bout à l’autre du pays en motoneige, descendu en canot des rivières isolées et emmené de nombreux Européens faire leur premier voyage transcanadien en petit avion; il semble être à l’avant-garde dans tous les domaines. »

« Il y a quelques années, Peter s’est rendu compte que de plus en plus de gens veulent savoir d’où viennent leurs aliments », poursuit Mme Marshall. « C’est ainsi que nous avons intégré des poules en liberté au centre de villégiature; les enfants trouvent cela génial et les gens peuvent manger des oeufs frais tous les jours. Nos jardins produisent des tomates patrimoniales, des fines herbes et des légumes frais. Nous tenons ainsi notre engagement à l’égard de la fraîcheur et des produits locaux. Cela a l’air simple, mais cela enrichit un système de valeurs qui permet aussi de répondre aux besoins du nouveau marché des voyages. »

Les paroles de Mme Marshall font un peu ressortir l’admiration réciproque et l’identité de vues qui caractérisent les propos de M. Elmhirst :

« Nous avons essayé de faire en sorte que notre propriété conserve autant que possible ses liens avec le terroir et nos valeurs traditionnelles », explique-t-il. « Le reste du Canada est également très présent dans nos produits; nos expéditions en avion conçues sur mesure, qui permettent d’explorer le pays d’un bout à l’autre, partent directement d’ici, au bord du lac, et contribuent à donner à tous nos clients un avant-goût de ce que nous sommes (même si ce genre d’expérience est hors de portée pour la plupart des bourses). »

S’adapter à la conjoncture – toujours

M. Elmhirst se souvient d’avoir acheté de ses parents, au début des années 70, un camp de pêche de 15 pavillons dont la clientèle était composée de cols-bleus américains. « À la fin de la décennie, j’ai compris que si nous continuions à exploiter l’entreprise comme elle l’avait été

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durant les deux ou trois dernières décennies, nous n’allions probablement pas traverser les trois prochaines. Nous avons donc dû augmenter énormément notre gamme de produits en passant d’un commerce strictement estival à une exploitation fonctionnant à l’année et en lançant un service de restauration. »

« À cette époque, notre clientèle n’était pas intéressée par des restaurants ou par des services à l’année. Elle s’intéressait à la pêche, un point c’est tout. Alors, il a fallu trouver de nouveaux débouchés, prospecter le marché européen – il y a de cela 25 ans – et essayer d’offrir le centre de villégiature à un marché qui ne nous connaissait pas du tout. En 1979, notre chiffre d’affaires provenait à 98 % du marché américain; [or] cette année, ce montant représentera probablement moins de 5 % de notre chiffre d’affaires. »

« J’avoue que notre chiffre d’affaires porte maintenant sur quatre saisons, ce qui n’était pas le cas en 1979. Il faut aussi y ajouter l’alimentation, les boissons et les conférences. Nous accueillons toujours beaucoup d’Américains durant quelques semaines, en été, mais les Britanniques sont beaucoup plus nombreux. Ainsi, la croissance de l’entreprise résulte entièrement d’activités que nous n’exercions pas autrefois. Était-ce un éclair de génie? Pas du tout! Mais nous avons réalisé que les choses changent et que si nous n’essayons pas de changer et d’interpréter les tendances et les goûts des consommateurs, nous allons vite dépérir. »

M. Elmhirst a le don d’interpréter même les tendances les plus insaisissables. Il a remarqué, par exemple, la popularité grandissante des fromages du terroir : « Nous avons ouvert une cave de fromagerie et nous avons maintenant une quinzaine de fromages artisanaux au menu. La croissance est énorme dans ce domaine. » Mais il faut aussi savoir quand s’arrêter : « D’un autre côté, nous avions des motomarines il y a cinq ou six ans, mais nous les avons abandonnées il y a maintenant trois ans, parce qu’elles avaient fait leur temps. Il ne faut pas trop s’attacher à quoi que ce soit, parce que les choses changent trop rapidement. »

Il reconnaît que sa participation à des organismes touristiques lui a permis d’apprendre beaucoup de choses. « J’ai appris, par exemple, qu’il est plus facile de voir ce qui s’en vient que de voir ce qui s’en va. Si vous vous donnez la peine de participer, vous trouverez une mine de renseignements. Mais ne vous attendez pas à ce qu’on vous l’envoie par la poste. Vous devrez l’extraire vous-même. »

C’est ce qu’il a fait. Pour Peter Elmhirst, l’avenir est source d’inspiration et d’information; chemin faisant, il a inspiré et informé toute une génération de gens d’affaires du milieu du tourisme.

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Quelques publications en ligne disponibles gratuitement (en anglais):

“Agritourism: An Economic Opportunity for Illinois”Rural Research Report, Illinois Institute for Rural Affairshttp://www.iira.org/pubsnew/publications/IIRA_RRR_577.pdf

“Agri-Tourism Workbook: Guide to Discovering New Ways to Build a Successful Agriculture Business Through Direct Farm Marketing”Agri-Business Council of Oregonhttp://www.aglink.org/members/programs/agritourismbook/Agri-Tourism%20Workbook.pdf

“Considering an Agritainment Enterprise in Tennessee?”Agricultural Extension Service, University of Tennesseehttp://www.utextension.utk.edu/publications/pbfiles/pb1648.pdf

“Consumer Demand for Agricultural and On-Farm Nature Tourism”University of California Small Farm Centerhttp://www.sfc.ucdavis.edu/agtourbrief013006.pdf

“Cultural Heritage Tourism”National Trust for Historic Preservationhttp://vision3.com/stuff/culturalHeritage/site/stories.htm

“Cultural Heritage Tourism Practical Applications. A Guide to Help Arizona’s History and Heritage Institutions Develop Heritage-Based Tourism Attractions”Arizona Humanities Councilhttp://azhumanities.org/pdf/chtwrkbk.pdf

“Defining Tomorrow’s Tourism Product: Packaging Experiences”Canadian Tourism Commissionhttp://www.tirc.gov.yk.ca/pdf/TommorowsTourismProductPackagingTAMS.pdf

“Preserving Our Past Through Heritage Tourism: Developing a Heritage Industry”Utah Division of State Historyhttp://history.utah.gov/heritage_tourism_toolkit/general_information/documents/htplan.pdf

“Taking the First Step: Farm and Ranch Alternative Enterprise and Agritourism Resource Evaluation Guide”Southern Maryland Resource Conservation and Development (RC&D) Boardhttp://www.nrcs.usda.gov/technical/RESS/altenterprise/FirstSteps.pdf

Western Profiles of Innovative Agricultural Marketing: Examples from Direct Farm Marketing and Agri-Tourism EnterprisesWestern Extension Marketing Committee, Cooperative Extension, University of Arizonahttp://cals.arizona.edu/arec/wemc/westernprofiles.html