Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart,...

64
Le Roman de Renart Livret pédagogique HACHETTE Éducation Établi par Marie-Hélène ROBINOT-BICHET , certifiée de Lettres modernes

Transcript of Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart,...

Page 1: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

Le Roman

de Renart

L i v r e t p é d a g o g i q u e

HACHETTEÉducation

Établi par Marie-Hélène ROBINOT-BICHET,certifiée de Lettres modernes

Page 2: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes des articles L.122.-4 etL.122-5, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usageprivé du copiste et non destinées à une utilisation collective », et, d’autre part, que « lesanalyses et les courtes citations » dans un but d’exemple et d’illustration, « toute repré-sentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteurou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite ».Cette représentation ou reproduction par quelque procédé que ce soit, sans l’autorisa-tion de l’éditeur ou du Centre français de l’exploitation du droit de copie (20, rue desGrands-Augustins, 75006 Paris), constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par lesarticles 425 et suivants du Code pénal.

© Hachette Livre, 1999.43, quai de Grenelle, 75905 PARIS Cedex 15.ISBN : 2.01.167837.4

Conception graphique

Couverture et intérieur : Médiamax

Mise en page

Médiamax

Illustration

Harvey Stevenson

Page 3: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

3

R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S 5

R e n a r t v o l e l e s b a c o n s d ’ Y s e n g r i n . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

R e n a r t e t C h a n t e c l e r l e c o q . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

R e n a r t e t T i b e r t l e c h a t . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 3

R e n a r t e t T i é c e l i n l e c o r b e a u . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 5

R e n a r t e t l e s a n g u i l l e s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 9

Y s e n g r i n , m o i n e e t p ê c h e u r . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 3

L a p l a i n t e d ’ Y s e n g r i n . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 6

L e s f u n é r a i l l e s d e d a m e C o p e t t e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 9

R e n a r t d e v a n t l e r o i . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 3

R e n a r t , c o n d a m n é à ê t r e p e n d u , s e f a i t p è l e r i n . . . . . . . 3 6

L’ a s s a u t d o n n é à M a u p e r t u i s e t l a c a p t u r e d e R e n a r t . . 4 0

L e d u e l d e R e n a r t e t Y s e n g r i n . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 3

R e t o u r s u r l ’ œ u v r e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 7

D O C U M E N TAT I O N C O M P L É M E N TA I R E 49

H i s t o i r e l i t t é r a i r e d u R o m a n d e R e n a r t . . . . . . . . . . . . . . . 4 9

S t r u c t u r e d e l ’ œ u v r e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 0

P R O P O S I T I O N S D E S É Q U E N C E S D I D A C T I Q U E S 52

E X P L O I TAT I O N D U G R O U P E M E N T D E T E X T E S 58

P I S T E S D E R E C H E R C H E S D O C U M E N TA I R E S 63

B I B L I O G R A P H I E C O M P L É M E N TA I R E 64

S O M M A I R E

Page 4: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,
Page 5: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S

5

Avertissement : la correction des questions « À vos plumes » et « Mise enscène » est le plus souvent laissée à l’appréciation du professeur.Les indications de pages mentionnées dans le livret pédagogique renvoientaux questionnaires du livre de l’élève.

◆ QUE S’EST-IL PASSÉ AVANT LA NAISSANCE

DE RENART ET D’YSENGRIN ?1. Renart et Ysengrin sont tous les deux nés sous la baguette d’Ève. Celle-ci, qui voulait donner une compagne à la brebis d’Adam, ne réussit qu’à fairesortir de la mer « un loup […] qui saisit la brebis et se sauva à toute vitesse vers laforêt voisine ». Des coups de baguette d’Ève naissent des animaux sauvagesmalfaisants et nuisibles aux nombres desquels le goupil.Adam et Ève sont lesdeux premiers êtres humains créés par Dieu ; ils vivaient au Paradis terrestreet ils en ont été chassés après la faute commise par Ève. Son image reste donc,dans l’idée des hommes et des femmes du Moyen Âge, liée à celle du mal.

2. Renart et Ysengrin sont des animaux ; le premier est un goupil, le secondun loup. Ysengrin est l’oncle de Renart. Leur filiation les rapproche deshommes : le goupil a été baptisé Renart parce qu’il ressemble « à Renart, unhomme passé maître dans l’art de toutes les fourberies » ; le loup tire son nomd’Ysengrin, « si grand pillard et si grand voleur » que « tous ceux qui volent de nuitcomme de jour sont donc appelés Ysengrin ». À travers le monde animal qui va leurêtre présenté, les élèves découvriront le monde humain.

3. Renart, le goupil, est rusé, malfaisant, trompeur, fourbe, menteur.Ysengrin, le loup, est voleur, pillard.

◆ AVEZ-VOUS BIEN LU ?4. Renart se rend trois fois chez Ysengrin : la première fois, malade et affamé,il s’y rend dans l’espoir de déguster trois beaux bacons dont le « fumet […]l’avait attiré » (l. 15). Devant le refus de son oncle de lui faire goûter sesbacons, Renart décide de s’en emparer par la force : le vol est la raison de sa

R E N A R T V O L E L E S B A C O N S D ’ Y S E N G R I N ( p . 1 4 )

Page 6: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

deuxième visite (« Renart n’insista pas […] et les cacha dans la paille de son lit »,l. 31 à 35). Afin de savourer sa victoire, il revient une troisième fois auprèsd’Ysengrin et Hersent (l. 47 à 77). Officiellement, il vient complimenterYsengrin de sa ruse. En fait, il vient se moquer de sa naïveté et de sa bêtise.

5. Nous faisons connaissance de dame Hersent, épouse d’Ysengrin et tantede Renart. Si son rôle n’est ici que mineur, il ne faut pas oublier que c’estson viol par Renart qui déclenchera la guerre entre les deux compères.

◆ ÉTUDIER LE VOCABULAIRE

6. Le terme « goupil » est tiré du bas latin vulpiculus, i, m. (formé pardérivation à partir du latin vulpes, is, f.) et signifie « renardeau », « renard ». Lenom « renard » a, quant à lui, été formé vers 1240 à partir du nom propre« Renart » lui-même formé à partir du francisque Reginhart.Le nom propre « Renart », substantivé en « renard », a, dès le milieu du XIIIe siècle, éliminé progressivement le nom « goupil » devant le succèscroissant remporté par le Roman de Renart.

◆ ÉTUDIER LE DISCOURS

7. La situation de communication : au début du texte, le pronom personnelsujet « je » (l. 4) renvoie au narrateur et le pronom personnel COD « vous »(l. 1) aux auditeurs comme en témoigne le verbe « écoutez ».

8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un destrouvères qui, de château en château ou de ville en ville, racontait lesaventures de Renart aux seigneurs ou aux habitants des villes qui en étaientles récepteurs.Cette question permet de s’assurer que les élèves ont bien saisi que le Romande Renart a d’abord été transmis oralement par les trouvères qui l’apprenaientpar cœur avant de faire l’objet d’une transposition écrite.

9. La partie dialoguée se repère à la présence des tirets et au passage à la ligneà chaque changement de personnage. On peut en profiter pour rappeler auxélèves la définition du terme « réplique » ou la leur donner s’ils ne laconnaissent pas encore.

10. On ne peut comprendre l’histoire sans le dialogue car il est un élémentessentiel de la narration.

6

R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S

Page 7: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

7

R e n a r t v o l e l e s b a c o n s d ’ Y s e n g r i n

Situation initiale Situation finale

Renart Affamé, malade, Détenteurs des trois désireux d’obtenir bacons qu’il a volés.les bacons.

Ysengrin et Hersent Heureux possesseurs Dépouillés de leurs de trois beaux bacons. bacons, leur maison

dévastée.

12. C’est la décision prise par Renart de voler les bacons d’Ysengrin quimodifie la situation initiale.

13. La liste des événements qui permettent de passer de la situation initialeà la situation finale est la suivante :– Renart vole les bacons d’Ysengrin ;– Ysengrin découvre le vol de ses bacons ;– Renart vient chez Ysengrin se moquer de lui.

14. Cette question plus difficile que les autres peut être donnéefacultativement ou être traitée en classe.À partir des questions précédentes il s’agit de rappeler aux élèves ce qu’estun texte narratif puis de dégager le schéma narratif général qui sera réutilisélors des travaux d’écriture :– la situation initiale, qui correspond le plus souvent aux premières lignes durécit, donne des précisions sur les personnages, le lieu, l’époque et lescirconstances de l’action ;– une modification, à laquelle on donne le nom d’élément modificateur ouperturbateur, vient transformer l’équilibre initial ;– une suite d’actions (encore appelées péripéties) découle de cettemodification et son but et d’amener à un nouvel équilibre ;– la situation finale achève le récit en établissant un nouvel ordre qui peutêtre identique, meilleur ou pire que celui de la situation initiale.

(Une étape supplémentaire peut être rajoutée juste avant la situation finale :l’élément de résolution, fait qui permet de conclure l’histoire.)

◆ ÉTUDIER L’ÉCRITURE

11.

Page 8: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

◆ ÉTUDIER UN THÈME : LA RUSE

15. Lors de sa première visite, Renart conseille à Ysengrin, qui a fortimprudemment suspendu ses bacons à la vue de tous, de les cacher et de direqu’on les lui a volés afin de ne pas être obligé d’en donner à tous ceux quilui en demanderont (l. 18 à 22). Lors de sa deuxième visite, il complimenteYsengrin et Hersent d’avoir suivi ses conseils ; il les félicite même d’être alléplus loin qu’il ne leur avait conseillé en démolissant le toit de leur maison (l. 68 à 70). La ruse de Renart consiste donc à faire passer le vol qu’il acommis pour un subterfuge, une ruse, un stratagème d’Ysengrin qui seplaindrait d’un vol dont il n’a pas été victime !

16. Renart a utilisé la bêtise et la naïveté d’Ysengrin ; tout autre animalmoins crédule ne se serait pas laissé berner par les propos de Renart. L’auteurest complice de Renart et place les loups sous le signe de la bêtise.

◆ AVEZ-VOUS BIEN LU ?1. et 2. Le premier des personnages à apparaître dans ce récit est « MessireConstant Desnois, un riche vilain ». Il est le propriétaire des poules et du coqqu’il cherche, à la fin du texte, à récupérer des griffes de Renart (l. 5 et 6).Vient ensuite Renart, le goupil ; il cherche une occasion de se nourrir etvoudrait bien s’emparer d’une des volailles de Messire Constant.Malheureusement, le coq dont il a fini par s’emparer lui échappe et il échouedans son entreprise (l. 191). Dame Pinte, « la plus sage de toutes » (l. 32) estl’épouse de Chantecler, le coq (l. 153). Elle lui prodigue ses conseils pleinsde bon sens et lui explique le sens de son rêve. Ennemi juré de Renart quile convoite, Chantecler réussit à sortir sain et sauf des pattes de son adversaireen inventant une ruse capable de faire desserrer les dents au goupil (l. 180 à 183). Le dernier des personnages est « la bonne femme de la ferme » qui donnel’alerte lorsque Renart se sauve en emportant Chantecler.

3. Chantecler est le type même du coq, fier et vaniteux. Sa vanité apparaîtdans son comportement physique (« la plume abaissée », « le cou tendu », il

R E N A R T E T C H A N T E C L E R L E C O Q ( p . 2 5 )

8

R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S

Page 9: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

s’avance « fièrement ») destiné à le faire remarquer dans son attitude à l’égarddes autres protagonistes de cette histoire.Il juge dame Pinte comme un être inférieur, incapable de réfléchir et decerner la réalité des choses : « Taisez-vous, sotte que vous êtes […] la haie n’est-elle pas très serrée ? » (l. 45 à 47) ; il s’offre comme son protecteur, avec hauteuret condescendance : « Dormez tranquille ; je suis là pour vous défendre. », l. 47.Il néglige aussi bien les sages conseils qu’elle lui donne que ses explicationsconcernant le rêve qu’il a fait.Face à Renart, il reste un moment sur la défensive (l. 131), mais ne peut résister en fin de compte au désir vaniteux de prouver à Renart qu’il estaussi bon chanteur que son père (l. 145). La vanité l’emporte sur la raison etle bon sens.Son attitude face au rêve prémonitoire qu’il a fait trahit là aussi sa vanité : àune époque où les hommes attachaient une importance capitale à tout ce quiétait du domaine du rêve et du merveilleux, il refuse de se laisserimpressionner par un songe (l. 99) et veut prouver ainsi qu’il est capable defaire mieux que le commun des mortels.

4. Renart, qui a réussi à pénétrer dans l’enclos de Constant Desnois aprèsune observation attentive des lieux et de la situation (l. 11 à 22), fait preuvede patience et de ruse en cherchant tout d’abord à se saisir du coq lorsquecelui-ci est endormi (l. 105 à 110).Voyant qu’il a manqué son but et que saforce physique ne lui sera d’aucun secours, il utilise la psychologie.Il cherche tout d’abord à rassurer le coq qui, il le sait, s’est rendu compte qu’ilvoulait le saisir ; il utilise « sa voix la plus douce » pour se dire « heureux [de le]voir en bonne santé » (l. 115) et pour rappeler le lien de parenté qui les unit.Puis, saisissant le fait que Chantecler « entonna une chanson » (l. 117), il luiparle de son père (l. 120) et cherche à éveiller en lui le sens du lignage et dela race desquelles il doit se montrer digne. Il pique sa vanité et son amourpropre en lui assurant que son défunt père chantait mieux que lui ; il luiconseille, afin de faire aussi bien que son père, « d’ouvrir la bouche et de fermerles yeux » (l. 124-125).Voyant que Chantecler n’est pas encore prêt à accéderà ses désirs et qu’il demeure sur la défensive, il réitère ses bonnes paroles etrappelle à nouveau leur lien de parenté (« Mais non, mon ami […] vous êtesmon très proche parent », l. 127 à 130). Il pique une nouvelle fois l’amour proprede Chantecler qui, en souvenir de son père, ne peut faire autrement que des’exécuter ; emporté par son chant, le coq ferme les yeux… Renart aussitôtle saisit et s’enfuit (l. 147).

9

R e n a r t e t C h a n t e c l e r l e c o q

Page 10: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

◆ ÉTUDIER LE VOCABULAIRE

5. Le nom « Chantecler » est formé du verbe « chanter » et de l’adjectif « clair »,orthographié « clerc » du Moyen Âge au XIVe siècle. Ce nom convient au coqqui veut prouver qu’il chante d’une voix claire, nette et qui porte.

6. « Prémonitoire », adjectif formé à partir de praemonitum, supin du verbepraemoneo (annoncer d’avance, prévenir), signifie « qui avertit d’un événementqui va se produire ». Cet adjectif est bien celui qu’il convient d’utiliser icipour le rêve de Chantecler. « Annonciateur », « précurseur », « avant-coureur »peuvent être considérés comme synonymes.

◆ ÉTUDIER LE DISCOURS

7. et 8. Les passages au présent sont les suivants :– « Renart s’approche […] les poules, qui l’ont vu tomber, se dépêchent de se sauver »(l. 14 à 26). Dans ce premier passage, le présent de narration est utilisédans un récit écrit aux temps du passé, à la fois pour rendre les faits plusvivants et pour les mettre en relief. Ici, il est donc employé pour insister surla manière dont le goupil, torturé par la faim, cherche à entrer dans l’enclospour y saisir une poule et la dévorer ;– « Pinte, la plus sage de toutes, celle qui pond les plus gros œufs » (l. 32-33). Leverbe « pondre » est utilisé au présent de vérité générale : il rapporteune action vraie et valable de tout temps concernant Pinte. Certains manuelsutilisent dans ce cas le terme de présent permanent ;– « C’est que nous avons eu bien peur. […] Dormez tranquille. » (l. 34 à 47).Même dans un récit au passé, les dialogues sont au présent puisqu’ilsrapportent directement et intégralement les paroles des personnages tellesqu’elles ont été dites.

9. Nombreux sont les éléments qui permettent de situer le cadre de l’action :« Une ferme située au milieu des bois et abondamment peuplée de poules et de coqsbien gras, de canes et de canards, de jars et d’oies. » Et à l’intérieur de celle-ci :– une maison, « près de la clôture » qui « regorgeait de viande salée, de bacons, etde lard » et de « blé » ;– un verger qui possède « en abondance cerises, pommes et quantité d’autres fruits » ;– enfin, un jardin où « Messire Constant tenait ses poules en lieu sûr ».Quant aux préoccupations de Renart, elles tournent autour d’une mêmeidée : comment attraper les poules sans se faire prendre (« Mais les épines […]avant d’avoir attrapé quoi que ce soit », l. 14 à 20).

10

R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S

Page 11: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

On peut prolonger le rôle de la description et expliquer son but : faireconnaître un lieu inconnu dans lequel l’action conduit le héros, donner lesconditions de son action, expliquer les hésitations de Renart qui veut parerau danger en analysant la situation, insister sur la richesse de la ferme qui nepeut que tenter un goupil affamé, retarder l’action pour créer chez le lecteurun effet d’attente qui va faire redoubler son attention.

◆ ÉTUDIEZ LE GENRE DU TEXTE

10. �� À trompeur, trompeur et demi.Cette morale, qui illustre bien la leçon à tirer de ce texte, s’appuie sur laphrase : « Renart, l’universel trompeur, fut à son tour trompé » (l. 184).Faire utiliser aux élèves les connaissances acquises en sixième et leur fairetrouver que cet extrait appartient au genre de la fable.

◆ ÉTUDIER L’ÉCRITURE

11. �� un retournement de situation.Alors que Renart, grâce à son habilité, vient de s’emparer de lui et l’emportepour le manger (l. 147-148), Chantecler réussit à trouver un stratagème luipermettant de retrouver la liberté (l. 179 à 190). Renart, ridiculisé par soncomparse, devient la risée de l’auditeur et du lecteur qui s’amuse à ses dépens.

12. «Taisez-vous, sotte que vous êtes, dit fièrement Chantecler […] Je suis là pourvous défendre. » (l. 45 à 48) : dans ce passage, le comique est un comique decaractère ; il est lié à la mise en évidence de la sotte vanité de Chantecler,composante intrinsèque de son caractère.« Il monte sur la pointe d’un toit. Là, un œil ouvert et l’autre clos, […] il s’endorme. »(l. 51 à 54) : ici, c’est le comique de gestes lié à l’attitude de Chanteclersur le toit qui provoque le rire.« Mais non, mon ami. Chantez sans crainte, clignez l’œil.[…] car vous êtes mon trèsproche parent. » (l. 127 à 130) : ici enfin, le rire est obtenu par le comiquede mots ; chacun sait que le goupil manie à merveille l’ironie et qu’il penseexactement le contraire de ce qu’il dit.

◆ ÉTUDIER UN THÈME : LA VIE À LA CAMPAGNE

13. La vie quotidienne à la campagne est évoquée avec précision. La fermede Messire Constant Desnois, « située au milieu d’un bois », est le modèle decelle d’un riche paysan. Elle comporte « un jardin » dans lequel le paysancultive des choux (l. 25), un verger qui donne « en abondance cerises, pommes et

11

R e n a r t e t C h a n t e c l e r l e c o q

Page 12: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

quantité d’autres fruits » (l. 10). La basse-cour est « abondamment peuplée de pouleset de coqs bien gras, de canes et de canards, de jars et d’oies » (l. 4 à 6). Les « grandesquantités de blé » (l. 9) que possède le vilain indiquent l’importance que celui-ci avait dans l’alimentation quotidienne. (Le froment et le seigle étaientsurtout consommés sous forme de pain, tandis que d’autres céréales, tellesl’orge ou l’avoine, étaient consommées sous forme de bouillies.) L’approchedu goupil, l’effroi que sème son arrivée parmi les poules, la peur de la vieillefemme lorsque Renart emmène le coq (l. 160), la chasse que lui donnent lespaysans (l. 161) témoignent de la crainte que les vilains nourrissaient à l’égarddu goupil qui dévastait à intervalles très réguliers leur poulailler.Le coq, dont l’attitude sur le fumier (l. 49) et sur le toit est observée avecréalisme, fait partie du paysage de la vie quotidienne.

◆ LIRE L’IMAGE

16.Trois personnages sont placés au premier plan :Renart le goupil,Chanteclerle coq et Pinte la poule. Au deuxième plan, deux poules symbolisentl’ensemble des poules de Constant Desnois.

17. Le choix du plan dans lequel sont placés les personnages correspond àleur rôle dans l’histoire : au premier plan se trouvent les trois personnagesprincipaux, au second plan, les personnages secondaires.

18. Renart est présenté aux aguets, prêt à bondir sur Chantecler dès que lapossibilité lui en sera donnée. Chantecler est représenté très fier sur sonfumier tandis qu’une inquiétude semble se lire dans l’attitude de Pinte.

19. Renart, pour tenir compte des différents moments de l’histoire, estvraisemblablement représenté à la fois devant la clôture du jardin qu’ilcherche à franchir (l. 20) et sous le chou à l’abri duquel il guette Chantecler(l. 25). Le coq et les poules sont représentés dans le jardin.Au fond, les arbressont ceux du verger de Constant Desnois.L’origine étymologique de ce mot : à travers le nom « minium », il vient dulatin miniatum, supin du verbe minio, as, are, avi, atum qui signifie « enduit derouge ». La miniature était à l’origine une lettre ornementale rouge tracée auminium et située à certains endroits d’un manuscrit : titre, début de chapitreou de paragraphe… Puis la lettre a eu d’autres couleurs.À la suite d’une fausse étymologie tirée du latin minus (petit) on a utilisé ceterme pour désigner une petite composition (portrait, scène champêtre…)réalisée selon des techniques diverses sur différents supports.

12

R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S

Page 13: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

◆ AVEZ-VOUS BIEN LU ?1. Renart voudrait bien tuer Tibert comme en témoigne l’expression « je nete vois jamais sans désirer que ce soit pour la dernière fois » (l. 11). Cette questiondoit être donnée avec la question 6. On expliquera aux élèves que Tibert est,au même titre qu’Ysengrin, l’ennemi intime de Renart qui lui voue unehaine féroce.Tibert n’est pas un être faible, il est de taille à tenir tête à Renart.Tibert, animal rusé et hypocrite, est de taille à s’opposer à Renart par la ruse.

2. Renart renonce à attaquer Tibert parce qu’il est « harassé de fatigue et jeûnedepuis longtemps » (l. 17). Face à un Tibert « frais et dispos » (l. 18), il se sent enposition d’infériorité et préfère renoncer à un combat qu’il sait perdu d’avance.

3. Pour parvenir à ses fins, il préfère d’abord se faire de Tibert un ami en luiproposant de devenir son allié dans sa lutte contre Ysengrin et en lui faisantmiroiter un riche butin (l. 22 à 28).

4. Là encore, nous pouvons admirer « la prudence et la ruse » de Renart (cf.Renart et Chantecler).

5. Renart ne réussira pas dans son entreprise : il sera pris au piège auquel ilvoulait prendre Tibert. Il ne parviendra pas à faire tomber Tibert dans le piègequ’il « découvre, au beau milieu de l’ornière qui borde le bois » (l. 37-38) et ce,même s’il tente par deux fois de l’y conduire (l. 39 à 61) ;Tibert, saisissantune occasion providentielle, poussera vers le piège dans lequel se prendra son« pied droit ».

◆ ÉTUDIER LE VOCABULAIRE ET LA GRAMMAIRE

6. �� je ne te vois jamais sans avoir envie de te tuer.

7. L’expression « foi jurée » signifie que les deux compères s’engagent l’un enversl’autre à être fidèles à l’engagement qu’ils ont pris, à respecter la parole donnée.Ces deux questions mettent en évidence la signification profonde dupassage : les deux animaux se haïssent ; leur entente, « la foi jurée » ne peuventêtre que de très courte durée et l’expression est ironique.

◆ ÉTUDIER LE DISCOURS

8. – « harassé de fatigue » (l. 17) : épuisé de fatigue ;

R E N A R T E T T I B E R T L E C H A T ( p . 3 6 )

13

R e n a r t e t T i b e r t l e c h a t

Page 14: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

– « vaillants soldats » (l. 24) : courageux soldats ;– « je ne vous ferai pas défaut » (l. 30) : je ne vous abandonnerai pas, je ne voustrahirai pas ;– « il reprend du champ » (l. 55) : il recule.Le langage soutenu est fréquent dans ce texte qui, s’il n’est une fable, est uneimitation comique des chansons de geste et des romans de chevalerie.

◆ ÉTUDIER LE GENRE DU TEXTE

9. La morale de l’histoire est donnée par le proverbe : « À trompeur, trompeuret demi » (l. 72).

10. « Car c’est double plaisir de tromper le trompeur. » (Le Coq et le Renart, II, 15.)Tibert éprouve une double satisfaction : Renart pris dans le piège, le voilàdébarrassé de son adversaire ; de plus, il s’est vengé du piège que Renart luiavait tendu.« Tel est pris qui croyait prendre » (Le Rat et l’Huître, VIII, 9) : cette moraleexprime bien l’idée que le Renart a été victime de son propre piège.« Trompeurs c’est pour vous que j’écris : / Attendez-vous à la pareille. » (Le Renartet la Cigogne, I, 18) : cette morale, au-delà de l’épisode de Renart et Tibertmet en garde ceux qui voudraient se comporter comme Renart ; la punitionarrivera plus vite qu’ils ne pensent. Cette morale se veut une leçon de sagesse.

◆ ÉTUDIER L’ÉCRITURE

11. Le comique de situation intervient au moment où Renart seretrouve pris au piège ; la situation qui semblait favorable à Renart seretourne complètement : Tibert, que Renart cherchait à faire tomber dans un piège, réussit à y envoyer son adversaire.Le comique de caractère apparaît avec les deux protagonistes quimanient la ruse et l’hypocrisie avec la même dextérité (Tibert a vu le piège,l. 49, mais tente de faire croire à Renart qu’il n’a rien vu ; Renart « comprendque sa ruse est découverte », l. 57 ; chacun cherche à gagner du temps pourtrouver le moyen de l’emporter sur son adversaire).Le comique de mots provient du décalage entre les paroles faussementdoucereuses de Tibert et le discours vindicatif de Renart.

12. L’épisode pourrait basculer vers le tragique lorsque le paysan manque dedécapiter Renart (l. 78).

14

R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S

Page 15: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

◆ ÉTUDIER UN THÈME : LA PERSONNIFICATION

13. Renart, le goupil, et Tibert le chat sont présentés comme des hommes.La description qu’en fait l’auteur donne le ton : la fourrure de Renart estprésentée comme une « robe rousse » (l. 7) ;Tibert a de « longues moustaches »,« des dents bien aiguisées », « des ongles longs et effilés ».Leurs attitudes et leurs comportements sont eux aussi décrits comme ceuxd’êtres humains : Renart, épuisé par le jeûne, n’est pas en état de se querelleravec Tibert qui, lui, montre un air décidé (l. 13 à 21).Tous deux, à l’instar desêtres humains, sont dotés de la parole dont ils usent avec subtilité.Ces deux vaillants soldats se déplacent à cheval !

◆ MISE EN SCÈNE

15. Bien tenir compte de la description qui est faite de Tibert et ne pasoublier que lorsque Renart l’aperçoit il joue avec sa queue. On prévoira deuxtableaux : le premier se déroulera sur un chemin bordé de larges fossés. Ledeuxième montrera Tibert et Renart chevauchant sur des montures. Devantcelle de Tibert, un piège. On peut envisager que les deux compagnonsdescendent de cheval juste avant le troisième essai de Tibert. L’arrivée deschiens les conduit à remonter en selle. Ils inversent alors leurs chevaux, ce quipermet à Renart de se trouver pris au piège.

◆ AVEZ-VOUS BIEN LU ?1. Renart et Tiécelin souffrent tous les deux de la faim. «Tout dans ce lieu auraitcharmé [Renart] s’il avait eu à manger » (l. 7 et 8) précise l’auteur avant d’ajouterque « sire Tiécelin […] n’ [avait] rien mangé depuis le matin » (l. 8 et 9).Se nourrir est un des problèmes fondamentaux du Moyen Âge où les disetteset les famines sont fréquentes. Même en période de prospérité, la part faiteaux céréales est trop importante et il en résulte de graves carencesalimentaires qui affaiblissent la population. La faim justifie toutes les ruses ettoutes les traîtrises. La faim, le problème majeur des animaux du Roman deRenart, n’est que la traduction d’un phénomène de société.

R E N A R T E T T I É C E L I N L E C O R B E A U ( p . 4 3 )

15

R e n a r t e t T i é c e l i n l e c o r b e a u

Page 16: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

2. L’élément important du paysage est le hêtre ; il est le lieu essentiel de cerécit dans lequel s’opposent Renart et Tiécelin. C’est avec précision qu’est,en effet, situé le cadre de l’action : «Tiécelin s’éloigna […]. Les voilà réunis : l’unen haut, l’autre en bas », l. 21 à 23.

3. Renart semble, à première vue, désirer le fromage. En fait, il n’en est rienet c’est le corbeau qu’il veut dévorer. Lorsque le fromage tombe à ses pieds,Renart « frémit de plaisir […] ; c’est Tiécelin lui-même qu’il veut » (l. 48-50).

4. La tactique utilisée par Renart face à Tiécelin est proche de celle qu’il avaitutilisée face à Chantecler. Il pique la vanité et l’amour propre de Tiécelin enlui rappelant que Rohart, son défunt père, était un « fameux chanteur » (l. 32) ;puis il lui demande de lui chanter « une petite ritournelle » (l. 35-36). Il espèreainsi que Tiécelin, pris par son chant, oubliera qu’il tient un fromage etdesserrera son étreinte. Lorsque le fromage tombera il n’aura plus qu’à leramasser. Par deux fois (l. 39 à 41 et l. 43 à 45), il demande à Tiécelin dechanter plus haut, c’est-à-dire de se concentrer davantage sur son chant.Lorsque le fromage est à ses pieds, il dit être blessé et avoir besoin d’aide pourse débarrasser du fromage qui est dangereux pour les blessures (l. 54). Croyantavoir ainsi endormi les craintes de Tiécelin, il cherche à saisir le corbeau… qui,heureusement, n’y laisse que « quatre de [ses] plus belles plumes » (l. 71 et 72).

5. Renart ne parvient pas à ses fins : il arrache seulement « quatre de [ses] plusbelles plumes à Tiécelin » (l. 71 et 72) et doit se contenter de manger un« fromage qu’il trouve trop petit » (l. 79).

◆ ÉTUDIER LE VOCABULAIRE

6. et 7. « Sire » fut d’abord un titre donné à certains grands seigneurs ; àpartir du XIe siècle, certains bourgeois l’employèrent comme titrehonorifique. « Sire » était aussi le titre utilisé pour s’adresser au roi de France.Aujourd’hui ce terme subsiste dans les expressions « un pauvre sire »(personne peu considérée) et « un triste sire » (individu peu recommandable).« Messire » est un titre que l’on donnait aux nobles jusqu’au XVIe siècle. Iln’est plus utilisé aujourd’hui.« Seigneur » désigne celui de qui dépendent des terres, des personnes. Sousl’Ancien Régime, ce titre était porté par les nobles. Dans le vocabulairereligieux, il est synonyme de Dieu.Aujourd’hui, « seigneur » n’est utilisé quedans des acceptions historiques et religieuses.

16

R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S

Page 17: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

« Seigneurial » est l’adjectif décliné de « seigneur » et la « seigneurie » désignele territoire dépendant d’un seigneur.« Monseigneur » est un titre honorifique réservé à des personnes de hautrang appartenant à l’Église ou à la noblesse. Il est encore utilisé aujourd’huidans cette acception.« Monsieur » est un titre donné à un homme quelconque à qui l’on écrit ouà qui l’on s’adresse.

◆ ÉTUDIER LE DISCOURS : UN TEXTE ARGUMENTATIF

8. Cette question doit amener les élèves à découvrir un type de texte qu’ilsont rarement étudié en sixième.Renart cherche à toucher Tiécelin en se plaignant de souffrir du genou et enfaisant semblant de ne pouvoir se lever seul. Il se déclare incommodé par« l’odeur épouvantable et insupportable du fromage ». Puis, se réclamant de l’avisdes médecins, il prétend que ce fromage met sa vie en danger car il est« dangereux pour les blessures des jambes ». Enfin, après avoir demandé à Tiécelinde descendre pour le débarrasser du fromage, il utilise un dernier argumentdestiné à assurer son succès en se présentant comme un pauvre animalvictime de la méchanceté des hommes puisqu’il s’est « l’autre jour blessé lajambe dans un maudit piège ». Les arguments employés par Renart portentleurs fruits puisque Tiécelin vient à son secours.Il est possible d’introduire le terme « compassion » et d’en donner ladéfinition (compassion : sentiment qui porte à partager les souffrancesd’autrui) aux élèves si le niveau de la classe le permet. Si certains élèves sontlatinistes, on peut insister sur l’étymologie : compassio, onis, f. (souffrancecommune), mot latin formé à partir d’une forme dérivée de la prépositioncum et du nom passio, onis qui veut dire « souffrance ».

◆ ÉTUDIER L’ÉCRITURE

9. L’importance du hêtre est mise en évidence par la phrase : « Un hêtre y étaitplanté. » Cette courte phrase, placée entre deux longues phrases, rompt lerythme de l’écriture, focalisant l’attention du lecteur. Alors que la phraseprécédente présentait de façon assez imprécise l’endroit, celle-ci, très concise,livre l’information importante. La construction passive permet de placer lehêtre en début de phrase pour le faire ressortir. Le hêtre, seul élémentfondamental, se détache de tout le paysage précédemment présenté qui, danscette courte phrase, n’est repris que par l’adverbe « y ».

17

R e n a r t e t T i é c e l i n l e c o r b e a u

Page 18: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

10. Pour présenter le goupil et le corbeau, l’auteur utilise deux phrases trèsrythmées, reposant sur la succession de verbes d’action conjugués au passésimple (« franchit », « gagna », « tourna », « se vautra » pour le goupil et « sortit »,« plana », « se posa » pour le corbeau) et utilisés de manière à alléger la phrasesans répétition de sujet. Chaque verbe non pronominal est suivi d’un seulcomplément ce qui donne une suite de courtes propositions juxtaposéesrendant avec exactitude la rapidité avec laquelle chacun des animaux parvientà l’endroit où il s’installe provisoirement : Renart dans l’herbe,Tiécelin dansl’enclos. La simultanéité des actions, qui est présentée par la locutionconjonctive « pendant que » et suggérée par le parallélisme de constructiondes deux phrases, contribue elle aussi à donner vie et entrain à la scène.

11. L’auteur utilise le nom « cri » (l. 38) et deux fois le verbe crier (l. 42 et46). Le lecteur ressent bien le décalage qui existe entre les prétentions ducorbeau qui n’est qu’un braillard et les flatteries du Renart. De ce décalagenaît un effet de comique.

12.

◆ LIRE L’IMAGE

15. Le hêtre, qui apparaît en gros plan à droite sur l’image et sur lequel estperché le corbeau, correspond bien aux détails donnés par le texte.

18

R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S

Situation initiale Tiécelin le corbeau et Renart le goupil ontfaim (l. 1 à 11).

Élément modificateur Le corbeau vole un fromage et vient se perchersur un hêtre (l. 11 à 29).

Actions Renart demande à Tiécelin de chanter de plusen plus fort (l. 39 à 45).Tiécelin chante et laisse tomber le fromage (l. 46 à 50).Renart cherche à attirer le corbeau qu’il veutmanger (l. 51 à 66).Renart laisse échapper le corbeau (l. 66 et 67).

Situation finale Renart doit se contenter du fromage (l. 77 à 81).

Page 19: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

16. Le texte ne mentionne ni maison, ni enclos, ni chemin, comme il estpossible d’en découvrir sur l’image.Par contre,nulle trace des deux montagnes,de la plaine fleurie ou de la rivière dont il est question au début du passage.

17. L’illustrateur a choisi de représenter le début du passage qui dit que lesdeux animaux sont réunis, « l’un en haut, l’autre en bas » (l. 22 et 23). Pourrendre compte de la double personnalité de Renart, à la fois humaine etanimale, il l’a revêtu d’une tenue comparable à celle des paysans de l’époque.

◆ AVEZ-VOUS BIEN LU ?1. C’est toujours la faim qui pousse Renart à quitter Maupertuis (l. 1 à 10) :« Renart, dans sa maison était à bout de provisions ; il n’avait plus rien àdépenser et ne trouvait plus de crédit chez les marchands » ; « Un jour de grandefaim, le goupil quitta Maupertuis et se glissa parmi les joncs entre la rivière et lebois » ; « La faim au ventre, il ne savait où chercher de la nourriture. »

2. Renart, pour assouvir sa faim, dérobe des harengs (l. 42) et des anguilles (l. 45) à « des marchands qui reviennent des bords de la mer ».

3. À la vue de la charrette chargée de poissons, Renart n’a qu’une idée, s’enapproprier la plus grosse quantité possible. Il décide donc de faire le mort (l. 28) afin que les marchands, croyant ajouter à leur cargaison, le jette sur lacharrette, au milieu des poissons (l. 36 et 37). Une fois installé, c’est pour lui unjeu d’enfant de se nourrir des harengs (l. 41 à 43) puis de dérober les anguillesdont il décide de régaler sa famille (l. 44 à 47).

4. Pour la première fois, le goupil a l’homme comme adversaire et pour lapremière fois, il remporte une victoire complète. Il n’utilise pas ici la flatteriecomme avec Chantecler et Tiécelin ; comme avec Tibert, il endort laméfiance des marchands pour mieux les tromper ensuite. Renart fait toujourspreuve de ruse – il trompe les marchands – et de prudence – il ne s’attardepas plus que nécessaire sur la charrette : juste le temps de reprendre des forceset de voler de quoi nourrir les siens.

5. À l’extrême fin du récit, Renart est présenté pour la première fois enépoux et en père de famille (l. 66 à 70). Hermeline, sa femme, apparaît, ainsique ses deux fils aînés : Malebranche et Percehaie. Le plus jeune, Rovel,

R E N A R T E T L E S A N G U I L L E S ( p . 5 0 )

19

R e n a r t e t l e s a n g u i l l e s

Page 20: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

n’apparaîtra que plus tard. Renart est présenté comme un bon père et un bonépoux que sa famille attend avec impatience. Ce n’est donc qu’en dehors desa maison et de sa famille qu’il accomplit des actions malfaisantes.

◆ ÉTUDIER LE VOCABULAIRE ET LA GRAMMAIRE

6. Dans la même famille de mots que « ruse », on trouve les termes « rusé »(adj.) et « ruser » (verbe).« Bêtise », « niaiserie », « stupidité », « imbécillité », « idiotie » sont desantonymes ; tous ces mots sont des noms féminins.Il existe de nombreux synonymes :– langue soutenue : artifice, cautèle, duperie, feinte, fourberie, matoiserie,malignité, perfidie, rouerie (noms féminins), subterfuge et stratagème (nomsmasculins) ;– langue courante : astuce, habileté, hypocrisie, malice, manœuvre,tromperie ;– langue familière : combine, roublardise.

◆ ÉTUDIER LE DISCOURS

7. On étudiera un récit au passé pour amener les élèves à découvrir l’utilisationde l’imparfait et du passé simple dans ce type de texte. L’acquisition de cettenotion sera vérifiée avec la question n° 17.Les verbes conjugués à l’imparfait : « c’était », « faisait », « était », « faisait »,« savait ».Les verbes conjugués au passé simple : « quitta », « se glissa », « finit »,« s’accroupit », « se coucha ».

8. Les verbes rapportant les actions de Renart sont conjugués au passé simple.

9. Les verbes présentant le décor, « c’était », « faisait », comme ceux présentantla situation de Renart, « c’était », « faisait », ou les réflexions de Renart, « ilne savait où chercher de la nourriture », sont à l’imparfait.

10. Dans un récit au passé, le passé simple est utilisé pour raconter les actionsdu ou des personnage(s) qui font progresser l’action et que l’auteur place aupremier rang. L’imparfait est utilisé pour tout ce que l’auteur place au secondplan : description du décor ou des personnages, explications, sentiments.

◆ ÉTUDIER LE GENRE DU TEXTE

11. Le comique de gestes apparaît dans la manière dont les marchandstraitent un goupil qu’ils croient mort alors qu’il est vivant : « Ils le poussent du

20

R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S

Page 21: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

pied, le pincent, le tournent et le retournent sans crainte d’être mordus. Ils le croientmort » (l. 30 et 31) ; « Ils le saisissent par les pieds, le lancent entre les paniers et seremettent en route » (l. 36 et 37).Le comique de caractère tient essentiellement à l’opposition entre Renart,« l’universel trompeur », et les marchands naïfs.Le comique de situation qui porte sur l’ensemble du texte est lié au décalageentre ce que croient les marchands – Renart est mort – et la réalité – Renartest vivant et leur joue un tour. Le lecteur qui sait ce qu’ignorent lesmarchands rit de la naïveté dont ils font preuve face à un goupil qui joue sonrôle avec sang froid et détermination. Ce comique se manifeste aussi bienlorsque les marchands soupèsent et examinent Renart que lorsque Renart segoberge à l’arrière de la charrette tandis qu’à l’avant, les marchands sefélicitent de leur chance et vendent la peau du goupil avant de l’avoir tué (l. 30 à 37). Enfin, il est présent dans la dernière partie du texte, lorsqueRenart, lourdement chargé des anguilles dérobées aux marchands, saute de lacharrette en leur lançant des insultes (l. 47 à 53).

12. Dans cette scène, la principale source du comique provient donc de lasituation : le lecteur sait ce qu’ignorent les marchands.

◆ ÉTUDIER L’ÉCRITURE

13. C’est de l’automne que parle l’auteur lorsqu’il dit : « C’était l’époque oùle doux temps d’été déclinait et faisait place au rigoureux hiver. »

14. �� une périphrase.

15. L’auteur débute son récit par une note poétique.

◆ ÉTUDIER UN THÈME : LA PERSONNIFICATION

16. Renart est présenté comme un animal lorsqu’il joue le mort à la barbedes marchands (l. 24 à 35) et lorsque ceux-ci le jettent sur la charrette.L’auteur présente également Renart vivant comme un homme (« Renart, danssa maison », l. 3 ; « Que l’on ferme bien toutes les portes », l. 71 et 72), ayant lespréoccupations d’un homme (« il n’avait plus rien à dépenser et ne trouvait plusde crédit chez les marchands », l. 4 et 5) et se nourrissant comme un homme(« sans avoir besoin de sel ou de sauge »). Sa famille est calquée sur une famillehumaine (l. 66 à 70). Renart est doté de la parole et d’une capacité àraisonner (« celui-ci ne s’inquiète guère ; il sait qu’entre faire et dire il y a souventun long trajet », l. 39 et 40).

21

R e n a r t e t l e s a n g u i l l e s

Page 22: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

La manière dont il se déplace est quant à elle chargée d’ambiguïté, et peutconvenir aussi bien à un être humain qu’à un animal.Finalement, dans tout cet extrait, Renart est davantage présenté sous les traitsd’un humain que sous les traits d’un homme.

◆ À VOS PLUMES !17. La correction de cet exercice est laissée à l’appréciation du professeur.

18. Pour évoquer le printemps, il est possible de s’inspirer de la phrase duRoman de Renart : « C’était l’époque où le rigoureux hiver déclinait et faisaitplace au doux temps d’été. »On peut ainsi exprimer l’arrivée de l’été par la phrase suivante : « C’étaitl’époque où le frais printemps avait disparu et où l’automne pluvieux étaitencore loin. » On peut aussi décrire cette saison en se référant à une desactivités agricoles de l’été, comme cela est fait pour l’hiver dans l’épisodeYsengrin, moine et pêcheur (p. 56, l. 107). Cela pourrait donner : « C’était peu de temps avant l’Assomption, quand on pense à battre le blé sur l’aire. »Au Moyen Âge, les dates étaient données en fonction des fêtes religieuses.Les phrases suivantes peuvent annoncer l’arrivée de l’hiver : « C’était peu dejours avant Noël, quand on pense à saler les bacons. » (Renart, moine et pêcheur,l. 107 et 108) ; « C’était l’époque où la neige vient blanchir la campagne. »De nombreuses autres solutions sont possibles.

19. La correction de cet exercice est laissée à l’appréciation du professeur.

◆ LIRE L’IMAGE

20. La première miniature correspond au moment où Renart, « des deuxpattes de devant, […] s’élance au milieu de la route, les anguilles autour du cou » (l.48 et 49). La position du marchand, tourné vers l’arrière de la charrette, peutindiquer que le marchand se réjouit de son chargement ou, au contraire, qu’ilse retourne parce que Renart est en train de lui signaler le vol qu’il acommis.La deuxième miniature montre Renart à l’entrée de Maupertuis. Ledessinateur considère le côté humain de Renart puisque la représentation deMaupertuis est celle d’un château fort médiéval. Renart porte autour du coule collier d’anguilles dérobé aux marchands.

22

R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S

Page 23: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

◆ AVEZ-VOUS BIEN LU ?1. Face à Renart qui a tout (l. 1 à 7),Ysengrin a « chassé tout le jour sans rienprendre » (l. 8 et 9).2. Ysengrin aborde Renart sous prétexte de lui apporter « de bonnesnouvelles » (l. 21) mais veut une part des agapes qui se préparent chez Renart.3. Ysengrin accepte de devenir moine pour obtenir à manger comme entémoignent les lignes 82 à 85.4.Ysengrin accepte de suivre Renart jusqu’à l’étang parce qu’il n’a toujoursrien mangé. Bien que déjà victime d’un mauvais tour de Renart qui, en letonsurant, lui a brûlé le crâne, il n’hésite pas à le suivre dans l’espoir de trouverà manger. Il se déclare prêt à « [faire] tout ce qu’on attend de [lui] » (l. 101).5. Pour la première fois, Renart paraît méchant plus que rusé. Sa conduite àl’égard d’Ysengrin n’est pas motivée par la faim mais seulement par lasatisfaction – cruelle – de profiter au maximum de la bêtise d’Ysengrin quin’est pas, à la différence de Tibert, de taille à lutter avec lui en ce qui concernela ruse et l’intelligence.

◆ ÉTUDIER LA GRAMMAIRE

6. A et d – B et a – C et b – D et c.

◆ ÉTUDIER LE DISCOURS

7. Dans le dialogue entre Renart et Ysengrin (de « Voyons, dit-il » l. 20 à« Ouvrez-moi. », l. 41) les répliques se terminent par des phrases interrogatives,déclaratives ou impératives. Ces différents types de phrases indiquent que lespersonnages sont bien dans une relation de dialogue avec un échange d’aviset de points de vue. La phrase interrogative sert à demander une explication(« Qui êtes-vous ? », l. 25 ; « Qui vous ? », l. 27 ; « Il y a des moines chez vous ? »,l. 32…) à laquelle répond la phrase déclarative qui sert à donner l’informationattendue (« Assurément […] je suis devenu moine chez eux », l. 35…) ou à laretarder (« Je suis moi », l. 26). Les phrases impératives qui terminent lesrépliques du loup traduisent la volonté de celui-ci d’obtenir que Renart lelaisse entrer (« Ouvrez-moi », l. 22 et 41 ; « Ouvrez », l. 30 ; « Hébergez-moi etdonnez-moi », l. 38) ; celles prononcées par Renart traduisent au contraire sondésir de gagner du temps et d’empêcher Ysengrin d’entrer chez lui. Les

Y S E N G R I N , M O I N E E T P Ê C H E U R ( p . 6 1 )

23

Y s e n g r i n , m o i n e e t p ê c h e u r

Page 24: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

phrases exclamatives qui sont du fait d’Ysengrin uniquement sont destinéesà émouvoir Renart.

8. Le narrateur s’adresse aux auditeurs : « Immédiatement, il conduit Ysengrin surle bord d’un étang où il lui arriva l’aventure que nous allons vous raconter » (l. 105et 106).Le narrateur exprime son opinion : « Renart, toujours prêt à jouer un mauvaistour à Ysengrin » (l. 74) et « Renart, qui connaît tant de ruses » (l. 124).On fera remarquer aux élèves la présence discrète mais constante dunarrateur. Ces deux phrases tiennent l’auditeur en haleine : il ne doit pasrelâcher son attention car le plus important est à venir. Il sait, qu’une foisencore,Ysengrin va se retrouver victime de Renart.

◆ ÉTUDIER LE GENRE DU TEXTE

9. Rappeler aux élèves que la farce, à la différence de la comédie, utilise uncomique très visuel et très appuyé pour déclencher immédiatement le rire.La vraisemblance n’a que peu d’importance.Ici, l’auditeur rit des ruses grossières d’Ysengrin qui prétend « apport[er] debonnes nouvelles » à Renart (l. 21), puis, quelques répliques plus loin, sans soucide vraisemblance, venir prendre des nouvelles de Renart (l. 41), alors quechacun sait qu’il n’a qu’une seule idée en tête, obtenir de la nourriture.Les attitudes de Renart et d’Ysengrin sont aussi des sources de rire,particulièrement lorsque Renart tonsure Ysengrin qui, au travers d’uneouverture pratiquée dans la porte, « allonge le cou, avance la tête » (l. 90 et 91)tandis que « Renart renverse le pot et l’inonde d’eau bouillante » (l. 91 et 92). Etl’auteur n’en reste pas là : tandis que ce malheureux Ysengrin hurle dedouleur (l. 93 et 94), Renart ne trouve rien de mieux à faire que de lui tirerla langue (l. 95) !La bêtise d’Ysengrin est là aussi pour nous faire rire : il est prêt à acceptern’importe quoi par gourmandise et ne réfléchit absolument pas pour savoirsi ce que Renart lui raconte est vraisemblable : il accepte aussi bien l’idée queles moines sont de passage à Maupertuis que celle de passer la nuit à pêcheravec sa queue. Et pourtant Ysengrin affirme qu’il comprend la raison de cettepêche (l. 114 à 135) ! Ysengrin se trouve dans des situations ridicules : lorsqu’il accepte de se laissertonsurer, lorsqu’il est assis sur la glace, le seau accroché à la queue, lorsqu’il sesauve après avoir dû laisser sa queue dans l’eau gelée, n’ayant eu la vie sauveque grâce à l’intervention d’un paysan qui voulait le tuer.

24

R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S

Page 25: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

Certains dialogues ne permettent pas au récit d’avancer et sont là pour fairerire : « Qui êtes-vous, beau sire ? / – Je suis moi / – Qui vous ? » (l. 25 à 27) ;l’auteur, quand il le peut, place aussi des jeux de mots : « – Vous n’êtes pas enétat pour le moment ? / – Je suis en état de grand appétit » (l. 44 et 45).Les chutes du paysan sont du domaine de la farce.La prolongation de cette question est la question 13.

◆ ÉTUDIER L’ÉCRITURE

10. (Cette question paraît devoir être traitée avec les élèves.) L’ironie deslignes 114 à 135 consiste en la triple répétition du verbe « comprendre », misdeux fois dans la bouche d’Ysengrin et une fois dans la bouche de Renart.Ysengrin est persuadé d’avoir saisi comment fonctionne ce type de pêcheaux anguilles : il se fait l’artisan de son propre malheur en croyant faire preuved’intelligence. Le « vous comprenez aisément » de Renart est bien sûr ironique.

11. La répétition du verbe « comprendre » souligne la bêtise d’Ysengrin.

◆ ÉTUDIER UN THÈME : LA VIE À LA CAMPAGNE

12. De nombreux renseignements concernent la nourriture. On consomme,outre les anguilles, des « barbeaux, les tanches et les anguilles » (l. 116).L’ignorance d’Ysengrin qui dit ne pas connaître cette sorte de viande (l. 60)ne semble pas vraiment s’expliquer historiquement. Les villageoisconsomment également des bacons, grosses pièces de lard salé (cf. aussi Renartvole les bacons d’Ysengrin).Cette nourriture est consommée exceptionnellement.D’autres renseignements expliquent comment les paysans subsistent à lamauvaise saison : le salage de la viande dont nous parle l’auteur (l. 107 et 108)est un moyen de la conserver pour les périodes difficiles. La pêche estpratiquée même dans l’eau gelée comme en témoigne l’aventure d’Ysengrin.Les paysans chassent ; les plus aisés d’entre eux, à l’image de Messire Constantdes Granges, chassent à cheval. Comme en témoigne la frayeur du « garçontenant deux lévriers » (l. 162) le Moyen Âge est marqué par la peur du loupqui revient périodiquement.

◆ À VOS PLUMES !13. Ysengrin, comprenant qu’il ne pourra entrer chez Renart. – CompèreRenart, vous avez parlé de poissons. Je ne connais pas cette viande. Est-ellebonne ? Pourrais-je en avoir un seul morceau, simplement pour goûter ?

25

Y s e n g r i n , m o i n e e t p ê c h e u r

Page 26: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

Renart. – Très volontiers, et bénie soit notre pêche aux anguilles si vousvoulez bien en manger. (Il prend alors sur la braise deux morceaux parfaitementgrillés, mange le premier et offre l’autre à son compère.) Tenez, bel oncle, approchez ;nos frères vous envoient cela dans l’espoir que vous serez bientôt des nôtres.Ysengrin. – J’y penserai. La chose est possible. Mais pour Dieu, donnezdonc !Renart. – Voici. Eh bien ! Que vous semble ?Ysengrin. – Mais c’est le meilleur manger du monde. Quel goût, quellesaveur ! Je me sens bien près de la conversion. Ne pourriez-vous pas m’endonner un second morceau ?Renart. – Par nos bottes ! Si vous vouliez être moine, vous seriez bientôtmon supérieur : car je n’en doute pas, avant peu de temps, nos moines vousaurons élu abbé.Ysengrin. – Vous vous moquez de moi.Renart. – Non vraiment ! Vous feriez le plus beau moine du couvent.Ysengrin. – Alors, vous me donneriez autant de poisson que je voudrais ?Renart. – Autant que vous voudriez.Allez, faites-vous tonsurer.Ysengrin. – Cela me décide.Allez, compère, rasez-moi vite.

◆ LIRE L’IMAGE

14. Les personnages sont répartis sur trois plans : au premier plan, leprotagoniste du récit, Ysengrin le loup la queue prise dans l’eau gelée del’étang ; au deuxième plan, Messire Constant des Granges, l’épée à la main,escorté de son chien ; au troisième et dernier plan, un des chasseurs.

15. et 16. Sur la tête du loup se lit la terreur que lui inspire le paysan ; surcelle du paysan se lit une détermination farouche qui témoigne de son désird’en découdre avec le loup et qui est l’exacte représentation de la phrase :« Messire Constant […]Ysengrin en deux » (l. 170 et 171). Le chien est repré-senté en position d’attaque.Ysengrin, vêtu d’une cape, est considéré commeun être humain. Il s’agit d’un combat d’égal à égal.

◆ AVEZ-VOUS BIEN LU ?1. Pierrot est Pierre de Saint-Cloud (cf. p. 1).

L A P L A I N T E D ’ Y S E N G R I N ( p . 7 3 )

26

R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S

Page 27: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

2. Dans cette partie, le successeur de Pierre de Saint-Cloud va raconter « lejugement rendu à la cour du roi Noble sur la querelle de Renart avec messire Ysengrinet dame Hersent, sa noble épouse » (l. 4 à 6).

3. La scène se passe à la cour du roi Lion au printemps, à une date prochede l’Ascension (à cette époque les dates étaient données en fonction des fêtesreligieuses).

4. C’est Ysengrin qui porte plainte auprès du roi. Il accuse Renart d’avoirviolé dame Hersent, d’avoir insulté et malmené les louveteaux (l. 15 à 19).

5. Noble demande à Ysengrin d’abandonner sa plainte (l. 21).

6. Le narrateur qualifie Renart de « trompeur et [de] mauvais larron » (l. 11).Les animaux dans leur ensemble lui reprochent « sa ruse et son orgueil » (l. 12et 13) ; le taureau rappelle que « Renart a commis tant de crimes, outragé tant debêtes » et parle de « cet insigne larron », de « cet odieux trompeur », de « ce méchantroux de Renart » (l. 38 à 42).Renart est la cause de tous les maux que subissent les animaux.

◆ ÉTUDIER LE VOCABULAIRE ET LA GRAMMAIRE

7. Voici les verbes et expressions introduisant les répliques du dialogue :«Ysengrin […] parla en ses termes » (l. 14), « lui répondit » (l. 20), « Brun l’oursprit alors la parole » (l. 24), « dit alors Bruyant le taureau » (l. 36), « était d’un autreavis » (l. 45), « elle répondit » (l. 60), « l’âne, qui s’écria » (l. 82), « et déclara »(l. 90), « la cour conclut en ces termes » (l. 97), « Sire Noble le roi de répondre »(l. 101), « reprit Noble » (l. 115).

8. L’infinitif de narration est à la ligne 101 : « Sire Noble le roi de répondre ».

◆ ÉTUDIER L’ÉCRITURE

9. Une nouvelle fois, une périphrase est utilisée pour désigner une saison.Aulieu de dire « le printemps », il dit (l. 7 et 8) : « L’histoire dit que l’hiver étaitfini ; l’aubépine fleurissait et la rose commençait à s’épanouir. »

10. Ce procédé est utilisé dans Renart et les anguilles pour présenter l’automne(p. 46) et dans Ysengrin, moine et pêcheur pour présenter l’hiver (p. 56).

◆ ÉTUDIER LE DISCOURS ARGUMENTATIF

11. Pour convaincre le roi, Brun lui rappelle qu’il est le garant de la paix(« C’est à vous, […] l’union entre vos barons », l. 29 et 30) et qu’il doit faire

27

L a p l a i n t e d ’ Y s e n g r i n

Page 28: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

respecter les droits de chacun : « Si Ysengrin accuse Renart », il doit faire« prononcer jugement sur la querelle ». Il lui rappelle l’incompatibilité d’unrèglement de comptes personnel avec la paix jurée, expliquant ainsiqu’Ysengrin n’ait pas cherché à se venger seul de Renart (l. 25 à 29). Pourdonner davantage de force à son raisonnement, il utilise des impératifs(« faites », « envoyez »).

12. Grimbert le blaireau, pour plaider la cause de Renart, minimise soncrime et demande que le mal soit ramené à de justes proportions (l. 46 et 47).Renart n’a pas agi par désir de nuire mais par amour, « un amour bienexcusable » (l. 49) selon lui. Il insiste sur le fait qu’il n’y a eu aucun dégâtmatériel (l. 47 et 48). Il veut désolidariser Hersent d’Ysengrin : il prétend quedame Hersent ne se serait jamais plainte (l. 50 et 51) si Ysengrin n’étaitintervenu et ajoute, pour la dissuader de porter plainte, qu’elle va être « l’objetde toutes les conversations et de tous les quolibets » (l. 55).

13. Hersent va plus loin que Grimbert : elle clame son innocence et celle deRenart en prétendant que « jamais Renart n’a eu [d’elle] la moindre faveur ».Elle se dit prête, pour prouver sa bonne foi, à subir le jugement de Dieu, sousla forme de « l’épreuve du fer chaud ou de l’eau bouillante » (l. 64 et 65). Elleinvoque les saints et Dieu (l. 67 et 68), à une époque où il est impensablequ’un coupable puisse se mettre sous leur protection. Pour émouvoirl’auditoire, elle rappelle que, depuis ses « noces somptueuses », elle a toujoursvécu en loyale épouse (l. 74 à 80).

◆ ÉTUDIER LE GENRE DU TEXTE

14. �� le passage du monde humain au monde animal.Il y a imitation comique quand un loup se rend à la cour d’un lion pourporter plainte du viol de sa femme ou quand une louve se dit prête à subirle jugement de Dieu ! La préférence que Noble marque à l’égard de Renartet le refus qu’il manifeste de retenir la plainte justifiée d’Ysengrin est unecaricature des rois qui ne regardent pas si leurs barons sont loyaux ou traîtresmais ne considèrent que les services qu’ils peuvent leur rendre.

15. Ce texte est une satire de la justice puisque les auteurs dénoncent, àtravers le comique né de la parodie, le mauvais fonctionnement de la justicequi permet au malfaiteur d’échapper au châtiment.

28

R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S

Page 29: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

◆ ÉTUDIER UN THÈME : LA JUSTICE

16. Pour rendre la justice, le roi convoque en son palais (l. 8 à 10) la courqu’il préside ; les membres en sont les barons, c’est-à-dire les nobles les plusproches du roi. L’accusé doit se présenter devant la cour pour y être entenduavant d’être jugé (« vous entendrez ses réponses, et, si votre cour le condamne, vousfixerez le montant de l’amende qu’il devra régler », l. 93 à 95). Après la plainteportée contre l’accusé (ici,Ysengrin accuse Renart d’avoir violé son épouse),le roi prend avis et conseil auprès de ses barons qui donnent leur point devue, chacun à leur tour (ici s’expriment successivement Brun l’ours, Bruyantle taureau, Grimbert le blaireau). En l’absence de l’accusé, dame Hersent,impliquée dans les faits, donne sa version des événements. La justice ignoreles enquêtes : l’accusé apporte la preuve de son innocence en jurant sur unobjet sacré et en faisant jurer avec lui un maximum de personnes.

◆ AVEZ-VOUS BIEN LU ?1. L’arrivée, « sous la conduite de Chantecler », de « dame Pinte et trois autresgélines » venant demander justice au roi pour la mort de dame Copette tuéepar Renart, empêche l’affaire de « tourner à l’avantage de Renart » (l. 5 à 14).

2. Chantecler, Pinte et les trois poules portent plainte contre Renart. C’estPinte qui parle au nom de tous (l. 27 à 41).

3. Pinte accuse Renart du meurtre de sa sœur Copette et du meurtre de sescinq frères de père (l. 23) et de trois de ses quatre sœurs de mère (l. 24).Seules, Copette et elle, avaient eu la vie sauve jusqu’à ce jour.

4. Noble décide de convoquer Renart pour le punir comme doivent l’être « les traîtres, les assassins et les voleurs de nuit » (l. 64). Il envoie sire Brun lechercher et lui demande de n’avoir pour le traître aucun ménagement (l. 100à 103).

5. Noble organise les funérailles de Copette.

6. Le lendemain de l’enterrement de dame Copette, un premier miracle alieu sur sa tombe : le lièvre Couart qui avait été saisi par les fièvres lorsqueNoble s’était mis en colère (l. 53 et 54) revient miraculeusement guéri d’une

L E S F U N É R A I L L E S D E D A M E C O P E T T E ( p . 8 1 )

29

L e s f u n é r a i l l e s d e d a m e C o p e t t e

Page 30: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

visite sur sa tombe (l. 106 à 110).Ce miracle est bientôt suivi d’un deuxième :Ysengrin, qui souffrait d’un tintement dans l’oreille, se rend sur la tombe dedame Copette et en revient guéri (l. 111 à 118) ! À une époque où lemerveilleux fait partie du quotidien et où chacun croit aux miracles quepeuvent accomplir les saints et les rois – le roi n’était-il pas censé guérir desécrouelles ? –, il est clair que Renart n’est plus en odeur de sainteté !

◆ ÉTUDIER LE VOCABULAIRE

7. Un coup de théâtre est un rebondissement surprenant, un renversementbrutal de la situation, qui a pour conséquence une modification de l’action.L’arrivée de Chantecler, Pinte et les trois poules est un coup de théâtre : alorsque jusque là le roi Noble avait pris parti pour Renart, et était décidé à classerl’affaire, il change d’avis ; la douleur de Pinte le conduit à réexaminer le casde Renart.

8. Le nom donné aux trois poules met en évidence une caractéristiquephysique, la couleur de leurs plumes. Le nom donné au roi met en évidenceun trait de caractère physique et moral. La noblesse physique et morale estindispensable chez un roi. En ce qui concerne le lapin, son nom – Couart –,aujourd’hui orthographié « couard », souligne sa lâcheté.

◆ ÉTUDIER LE DISCOURS

9. Pinte veut amener Noble à s’intéresser à son malheur :– Pinte présente ses trois compagnes et elle-même comme d’innocentesvictimes que plus rien ne rattache à la vie et qui ne souhaitent que la mort ;– après avoir accroché son auditoire en disant qu’elle ne tient plus à la vie,elle en rappelle la raison ; elle est la seule survivante d’une famille déciméepar Renart (l. 23 à 28) ;

– elle s’adresse à Copette, la dernière victime de Renart ; elle insiste sur lesqualités de sa sœur (« combien vous étiez grasse et tendre », l. 30 ) et la prend àtémoin de ses souffrances (« Et que deviendra votre sœur dolente et éplorée ? »,l. 30 et 31) ;– Pinte, malgré son absence, s’adresse à Renart pour lui reprocher sesméfaits ;– enfin, c’est au roi lui-même qu’elle s’adresse en le désignant comme legarant de l’ordre et comme le protecteur des plus faibles qui ne peuvent sevenger eux-mêmes (l. 38 à 41). Noble ne peut résister à un tel plaidoyer

30

R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S

Page 31: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

d’autant que Renart, en se rendant coupable de meurtre, a agi en hors-la-loiet menace la puissance et le pouvoir royal.Cette question permet d’expliquer l’emploi de l’apostrophe aux élèves.L’apostrophe (« Ô mort, viens nous saisir », l. 21 et 22) par laquelle elle s’adresseà la mort confère à son discours un style solennel qui ne peut que retenirl’attention de Noble, même si au début de son adresse, elle en avait d’abordappelé aux barons (« Ah ! par dieu […] gentilles bêtes », l. 19 et 20).Cette apostrophe est reprise par une nouvelle apostrophe, tout aussisolennelle que la première : elle est adressée à Copette et correspond à latroisième étape de son discours. Nouvelle apostrophe à l’égard de Renart.L’apostrophe qui permet de s’adresser directement à une personne présenteou absente se combine avec le style direct. Elle a une valeur à la fois lyriqueet emphatique qui convient bien au discours de Pinte qui est à la fois lamanifestation de son émotion et une demande officielle au roi.

◆ ÉTUDIER LE GENRE DU TEXTE

10. L’enterrement est une parodie de la cérémonie des funérailles.Le passage du monde humain au monde animal en est l’indispensableélément : il permet de faire rire en caricaturant les rites de l’enterrement.L’enterrement est celui d’une poule, le prêtre qui revêt l’étole et qui estchargé de la cérémonie n’est autre qu’un ours (l. 75 à 78) ! Il est assisté danssa tâche d’un taureau (Bruyant prépare la sépulture), d’un limaçon, d’unchien et d’un cerf (sire Tardif, sire Röenel et sire Brichemer chantent l’office,l. 80 et 81). L’assistance est composée du roi (un lion) et de ses barons (lesanimaux).Du décalage entre le groupe hétéroclite des officiants et des assistants et lasolennité habituelle de la cérémonie naît l’humour qui permet la parodie.Le cercueil de plomb, la dalle de marbre et l’épitaphe qui insiste sur la saintetéde la défunte poule livrée au martyre comme les premiers chrétiens, ajoutentà cette imitation caricaturale des funérailles. Le comportement de dame Pintequi fond en larmes ou de Chantecler qui raidit les pattes de désespoir sontautant de gestes théâtraux qui, par leur exagération, nous forcent à sourire.

◆ ÉTUDIER L’ÉCRITURE

11. La phrase dans laquelle est décrit le meurtre de Copette est : « Renartl’avait malmenée […] et enfin séparé l’âme du corps. » (l. 12 à 14).

31

L e s f u n é r a i l l e s d e d a m e C o p e t t e

Page 32: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

L’utilisation de détails réalistes donne des explications techniques sur lamanière dont a procédé Renart et insiste sur sa cruauté. Il s’agit presque d’unrapport de police ! C’est avec les dents que Renart s’est attaqué à l’aile de la malheureuse, puis à la cuisse. Enfin, image savoureuse qui permet devisualiser la cruauté de Renart, la séparation de l’âme et du corps.

12. La reprise anaphorique de l’adverbe « combien » (« Combien de fois… »,« Combien de robes… », « Combien de fois », l. 32 à 35), précédant par trois foisdes phrases interrogatives de construction similaire, est utilisée à des finspersuasives. Pinte, qui veut amener le roi à la venger du meurtre de sa sœur,doit faire entendre sa plainte à un souverain qui n’est pas acquis à sa cause.Cette anaphore et ce martèlement rythmique s’inscrivent dans le cadre plusgénéral du discours que Pinte adresse au roi et se mettent au service de l’idéecentrale de celui-ci : obtenir vengeance du meurtre de sa sœur.

◆ ÉTUDIER UN THÈME : LES CHEVALIERS

13. À l’origine, le chevalier est un combattant suffisamment riche pour sepayer un équipement militaire coûteux : un destrier (lourd cheval debataille), un haubert (lourde cotte de maille de fer), un heaume (casquequi protège le visage) et un écu (bouclier de bois renforcé au centre d’unearmature métallique pour mieux résister aux coups de l’adversaire).Peu à peu, ce critère financier ne sera plus le seul : ne deviendront chevaliersque ceux dont les pères seront chevaliers ; la chevalerie se confondra avecl’ordre de la noblesse. Cet ordre, le deuxième derrière le clergé, assure ladéfense du royaume. Vers l’âge de dix-huit ans, le jeune noble quis’entraîne à se battre depuis l’âge de sept ans et a fait ses preuves d’abordcomme damoiseau ou valet, puis, depuis l’âge de quatorze ans,comme écuyer, devient chevalier.Lors d’une cérémonie solennelle appelée adoubement (du verbe adouberqui veut dire frapper) le jeune homme est armé chevalier par un parrain, lui-même chevalier. La cérémonie a lieu soit sur le champ de bataille, soit auchâteau. Dans ce cas, elle est précédée de la veillée d’armes, nuit de prièredans la chapelle du château. L’épée que recevra le futur chevalier est placéesur l’autel pour y être sanctifiée. Après la messe et le traditionnel festin, lejeune homme reçoit de son parrain l’épée et le baudrier (bandede cuir qui se porte en écharpe et qui soutient l’épée) ; puis il est chaussé deséperons d’or (dorés), revêt le haubert, reçoit le heaume, l’écu et la lance. La

32

R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S

Page 33: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

cérémonie de l’adoubement se termine par la colée, coup donné sur lanuque par le parrain avec le plat de la main.Pendant que le parrain administrela colée, il prononce la formule suivante : « Au nom de Dieu, de saint Michel etde saint Georges, je te fais chevalier ! »Le nouveau chevalier fait ensuite une démonstration de sa force et de sonadresse en transperçant des mannequins figurant des soldats.Le fait d’être chevalier implique l’obéissance aux règles fondamentales de lachevalerie : bravoure, vaillance, courtoisie, loyauté, générosité et protectiondes faibles. Malheureusement cet idéal n’est pas respecté par tous.

◆ AVEZ-VOUS BIEN LU ?1. Ysengrin reproche à Renart d’avoir violé Hersent sa femme et d’avoirinsulté ses louveteaux (p. 68). Chantecler accuse Renart du meurtre de dameCopette (p. 75), d’avoir voulu le manger (cf. Renart et Chantecler).

2. Les animaux éprouvent de la haine et de la fureur (l. 9-10).

3. À son arrivée, Renart, calme et tranquille, méprise les barons. Il espère, parson attitude supérieure et désinvolte, désarmer ses adversaires.

4. Renart ne parvient pas à convaincre Noble de son innocence. Noblerefuse de se laisser une fois encore berner par Renart (« la tromperie et la rusene sont plus de saison », l. 52 et 53) et lui promet la « punition de [ses] nombreuxméfaits » (l. 53 et 54). Il n’hésite pas à le traiter de « félon », de « meurtrier » etde « voleur » (l. 56 et 57), résumant ainsi l’opinion générale de l’assemblée.

5. �� Renart présente sa défense au roi.

◆ ÉTUDIER LE VOCABULAIRE ET LA GRAMMAIRE

6. a et B – b et A – c et C.

7.Voici des expressions synonymes de « regards fiers et dédaigneux » :�� regards hautains et méprisants ;�� regards arrogants et blessants.

8. Phrases interrogatives dans la tirade de Renart :– « Peut-on s’en étonner […] il n’écoute pas ses meilleurs barons ? », l. 20 à 22(interrogation totale) ;

R E N A R T D E V A N T L E R O I ( p . 9 0 )

33

R e n a r t d e v a n t l e r o i

Page 34: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

– « Si Brun a été surpris […] pourquoi ne s’est-il pas vengé lui-même ? », l. 27 à 29 (interrogation partielle) ;– « N’a-t-il pas des mains […] assez agiles ? », l. 29 et 30 (interrogation totale) ;– « Et si le digne Tibert […] en quoi puis-je être responsable ? », l. 31 et 32(interrogation partielle) ;– « de quoi se plaint donc Ysengrin ? », l. 35 et 36 (interrogation partielle) ;– « Est-ce une raison pour me pendre ? », l. 35 (interrogation totale).

◆ ÉTUDIER LE DISCOURS

9. La thèse que soutient Renart est celle de son innocence : il affirme n’êtreresponsable d’aucun des crimes dont on l’accuse.

10. Dans la première partie (l. 15 à 25), Renart essaie de rentrer en grâceauprès du roi. Il se présente comme le meilleur de tous ses serviteurs etaccuse les autres de le calomnier, reproche au roi de délaisser l’avis de sesmeilleurs barons – le sien en l’occurrence – pour ne tenir compte que decelui de ses mauvais conseillers.Dans la deuxième partie (l. 26 à 37), Renart, qui sait que la meilleure défenseet l’attaque, ne laisse pas parler ses adversaires. Avant que les plaignantsrappellent les forfaits qu’il a commis, Renart rejette toute responsabilité : cen’est pas lui qui a battu Brun, mais le vilain Lanfrois, ce n’est pas lui qui a rouéTibert de coups, mais le prêtre chez qui Tibert s’apprêtait à dérober des souris(l. 31 et 32).Renart ne peut pas être jugé pour des crimes qu’il n’a pas commis.S’il reconnaît aimer Hersent, il estime que sa conduite à son égard est honnête.D’ailleurs Hersent ne lui aurait rien reproché si Ysengrin ne s’en était mêlé.Dans la troisième partie (l. 36 à 49), Renart cherche à se faire passer pour unevictime. Après avoir rappelé ses bons services, il abandonne son attitudeorgueilleuse et se présente comme un vieillard fatigué, usé par la vie etincapable de faire le mal ; sa pendaison serait donc un crime.Renart a totalement transformé les données du problème : de criminel, il estdevenu victime !

◆ ÉTUDIER L’ÉCRITURE

11. Il est préférable de traiter cette question en classe avec les élèves.Ces phrases interrogatives ne sont pas de vraies interrogatives. Jamais Renartne s’est attendu à ce que Noble lui réponde. Renart présente ce qu’il pensesous forme interrogative, sans jamais avoir l’intention d’instaurer un débat.

34

R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S

Page 35: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

Ces interrogations, dites oratoires, sont en fait des affirmations catégoriques.Leur but est de mettre ces dires en exergue, quel que soit le coupleémetteur/récepteur considéré. Si l’on considère le couple Renart/Noble, lebut de ces interrogatives est de maintenir en éveil la curiosité de Noble quise sent directement interpellé. Si l’on considère le couple narrateur/auditeur,ces interrogatives rendent le discours de Renart plus vivant et permettent àl’auditeur de ne pas relâcher son attention.

◆ À VOS PLUMES !14. La solution proposée n’est qu’une suggestion.(Renart s’avance vers le roi et s’agenouille devant lui.) Sire roi, je vous salue,comme celui qui vous a rendu, à lui seul, plus de services que tous vos autresbarons réunis. (Renart se relève.) On m’a calomnié auprès de vous (il fait un pasen direction des barons qu’il désigne d’un geste de la main) ; mon malheur a vouluque je n’aie jamais été assuré de votre bienveillance une journée entière. Onme dit que, sous la pression de ceux qui vous entourent, vous voulez me fairecondamner à mort. (Il revient vers le roi auquel il fait face.) Peut-on s’en étonner,quand le roi ne croit que les gens malfaisants, quand il n’écoute pas sesmeilleurs barons ? Ceux que la nature a fait naître serfs, si on les laisse s’éleverà la cour, ne cherchent qu’à dire des autres tout le mal possible, espérant entirer un bénéfice.Je voudrais bien savoir de quoi Brun et Tibert m’accusent. (Renart vient seplacer près de Brun et Tibert qui se tiennent côte à côte.) Si Brun a été surpris parle vilain Lanfroi alors qu’il mangeait son miel et si celui-ci l’a battu, pourquoine s’est-il pas vengé lui-même ? (Tibert s’éloigne.)N’a-t-il pas des mains assez larges, des pieds assez grands, des dents assezfortes, des reins assez agiles ? (Renart rejoint Tibert.) Et si le digne Tibert a étépris et roué de coups pendant qu’il mangeait rats et souris, en quoi puis-jeêtre responsable ? (Renart se déplace vers Ysengrin.) En ce qui concerneYsengrin, en vérité, je ne sais que dire. S’il prétend que j’aime sa femme, il aparfaitement raison. Mon amie, la noble dame Hersent, ne me reproche rien(Renart s’approche de dame Hersent et lui baise la main) ; de quoi se plaint doncYsengrin ? Est-ce une raison pour me pendre ? Non, sire. Dieu et votrepouvoir royal m’en préserveront.(Renart revient se placer face au roi.) Car je puis le dire en toute assurance : jen’ai vécu que pour vous témoigner, envers et contre tous, dévouement etfidélité. (Renart s’agenouille à nouveau devant le roi.) J’en prends à témoin saint

35

R e n a r t d e v a n t l e r o i

Page 36: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

Georges, patron des preux chevaliers. Maintenant que l’âge a brisé mes forces(Renart se relève avec difficulté et lenteur, s’exprime lentement), que ma voix estfêlée et que j’ai même de la peine à rassembler mes idées (Renart cherche sesmots), il est peu généreux de me convoquer à la cour et d’abuser de mafaiblesse ; mais, le roi commande, et j’obéis. Me voici devant lui ; il peut mefaire arrêter, me condamner à être brûlé ou à être pendu. (Renart retrouvevigueur et tonus pour prononcer cette phrase.) Toutefois, à l’égard d’un vieillard,une vengeance manquerait de charité, et si une bête telle que moi étaitpendue sans jugement, on en parlerait longtemps.

◆ AVEZ-VOUS BIEN LU ?1. Renart est condamné à être pendu par l’assemblée des barons (l. 9 et 10).C’est le roi qui est chargé de faire appliquer la sentence prise par sa cour : ildemande donc « Qu’on dresse le gibet » (l. 11).

2. Les animaux, qui pensent ne plus rien risquer puisque Renart va êtrependu, en profitent pour se venger des mauvais traitements que celui-ci leura fait subir : « Cointereau le singe lui fait la grimace et le gifle ; impatients, les autres,à qui mieux mieux, le tirent et le poussent. De loin, Couart le lièvre lui jette unepierre. » (l. 14 à 17). Bref, les animaux se comportent comme n’importe quellefoule en présence d’un criminel.

3. Après le retour en grâce de Renart, aucun des animaux n’ose ouvrir labouche. Chacun obtempère aux désirs du roi, qui en mettant la croix surl’épaule de Renart, qui en lui apportant le bourdon et l’écharpe (l. 50 à 52).

4. Les barons se montrent lâches et serviles, toujours prêts à contenter Nobleet à lui obéir sans protester. Seul compte leur intérêt qui ne peut se satisfaired’un désaccord avec le pouvoir royal ; ils se conduisent en parfaits courtisans.

5. Pour se sortir de ce mauvais pas, Renart demande au roi de lui donner« les moyens de [se] réconcilier avec Dieu » (l. 25), c’est-à-dire de se rendre enTerre Sainte sur le tombeau de Jésus (l. 25). (Expliquer aux élèves l’impor-tance qu’avait le salut de leur âme ; cf. question 12.) Il promet au roi que plusjamais personne n’aura à se plaindre de lui (l. 44 et 45).

RENART, CONDAMNÉ À ÊTRE PENDU, SE FAIT PÈLERIN (p. 98)

36

R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S

Page 37: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

6. Une fois encore, Renart ne tient pas sa promesse. À peine a-t-il quitté lacour qu’il s’en prend à Couart (l. 71 à 87) dont il veut se régaler ; puis, pournarguer le roi, il jette en sa direction les insignes de pèlerin avant de semoquer de lui (l. 95 à 110).

7. Lorsqu’il se voit trahi, Noble demande à ses barons de se lancer à lapoursuite de Renart et de le lui ramener afin que la sentence puisse êtreexécutée (l. 107 à 111).

8. Les barons échouent dans leur mission et Renart gagne Maupertuis (l. 130à 143).

◆ ÉTUDIER LE VOCABULAIRE ET LA GRAMMAIRE

9.Voici les mots et expressions appartenant au champ lexical de la tendresse,de l’affection : « honore » (l. 133), « vénère » (l. 133), « entouré, caressé, embrassé »(l. 137), « on soigne ses plaies, on les lave avec du vin blanc » (l. 138), « on l’assoitsur un coussin moelleux » (l. 139).

10. Dans l’adjectif « impatient », le radical est l’adjectif « patient » et le préfixe est « im- ». Il s’écrit ainsi devant m, b, p. Ce préfixe a un sens denégation.

11. Les trois autres orthographes que peut prendre ce préfixe sont « in- »,« ir- », « il- » ; voici des couples de mots formés sur le modèle patient/impatient : dépendant/indépendant, croyant/incroyant, régulier/irrégulier,réalisable/irréalisable, logique/illogique, lisible/illisible…

◆ ÉTUDIER LE DISCOURS

12. Renart, pour convaincre le roi Noble de lui laisser la vie sauve,commence, avec beaucoup de psychologie, par reconnaître ses fautes (« Jesuis, je l’avoue, un grand pêcheur. ») ; puis il lui demande de l’aider à assurer lesalut de son âme en acceptant qu’il devienne croisé. Renart sait qu’aucun roichrétien, défenseur de Dieu et de l’Église, ne peut refuser à quiconque de serendre à Jérusalem pour un pèlerinage ou pour une croisade, puisqu’il estadmis que ce sont des moyens d’obtenir le pardon de ses fautes. Par ailleurs,il n’est pas non plus possible à un chrétien d’empêcher un autre chrétiend’assurer son salut éternel puisque l’Église enseigne que l’obtention de sonsalut est le but vers lequel doit tendre tout homme ; pour cela, il doit luttertoute sa vie contre le mal et le Diable afin que, le jour du Jugement dernier,

37

R e n a r t , c o n d a m n é à ê t r e p e n d u , s e f a i t p è l e r i n

Page 38: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

lorsque seront pesées les bonnes et les mauvaises actions, les bonnes actionsl’emportent et lui permettent de gagner le Paradis.

13. Les arguments utilisés par Grimbert pour soutenir son cousin sont d’untout autre ordre. Il insiste sur la solidarité du lignage, sachant que le plusgrand du royaume ne peut qu’être sensible à cet argument, les liens du sangétant très forts au Moyen Âge. Puis il rappelle que Renart est un excellentguerrier, prêt à tout pour son roi (« Et puis, avant six mois […] homme d’armesque lui », l. 36 à 38).

14. La phrase de Noble qui montre qu’il est conscient de sa faiblesse à l’égardde Renart est : « Je ne devrais pas te croire » (l. 47).

◆ ÉTUDIER L’ÉCRITURE

15. Le procédé d’écriture qui consiste à additionner une suite de mots placésentre virgules s’appelle une énumération.

16. Si cette énumération permet au lecteur d’évaluer la puissance de l’arméede Noble au nombre impressionnant des barons qui se lancent à la poursuitede Renart, elle met aussi en évidence l’assemblage hétéroclite descombattants (un loup, un ours, un grillon…) et prête ainsi à rire. D’autantplus que l’auteur attribue le rôle de porte-étendard chargé de conduire lestroupes sur le chemin de la victoire à Tardif, le minuscule limaçon dont lenom évoque plus la lenteur que la rapidité !

◆ ÉTUDIER UN THÈME : CROISADES ET PÈLERINAGES

17. Les chrétiens peuvent obtenir le pardon de leurs fautes par la confession,la charité ou par des dons à l’Église. Ils peuvent aussi, comme exercice depénitence, choisir de se rendre, à pied, en pèlerinage au tombeau d’un saint(le pèlerinage le plus célèbre est celui qui conduit à Saint-Jacques-de-Compostelle) ou mieux, au tombeau du Christ à Jérusalem. Pour ceux quine peuvent s’y rendre, il est possible de payer quelqu’un qui va à leur placedemander pardon de leurs fautes.Après les invasions turques, au milieu du XIe siècle, la Terre Sainte tombe auxmains des Musulmans. Le pèlerinage devient très difficile et se transforme enune véritable expédition militaire. Les pèlerins portent une croix cousue sur

38

R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S

Page 39: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

leur vêtement ; de là vient le nom de croisé et de croisade. Désormais, pauvreou puissant, chacun a l’espoir d’assurer son salut en allant délivrer le tombeaudu Christ à Jérusalem.Les papes et les monarques ne vont pas rester extérieurs au système etorganisent les croisades auxquelles tout l’Occident chrétien participera. Lepape Urbain II prêche la première croisade en 1095 à Clermont-Ferrand. En1099, les croisés s’emparent de la ville de Jérusalem.Les chefs des croisés, dontle plus célèbre est Godefroy de Bouillon, créent des royaumes en Terre Sainte.Mais dès le XIIe siècle, les Chrétiens sont expulsés d’Orient et Jérusalem est reprise en 1187. Les états créés sont définitivement perdus en 1291 et cela malgré huit croisades auxquelles ont participé les rois les plus célèbresdes royaumes d’Occident : Philippe Auguste – troisième croisade – et Saint Louis pour la France – huitième croisade ; Richard Cœur de Lion pourl’Angleterre…Malgré leur échec final, les croisades établirent des liens commerciauxdurables à travers la Méditerranée.

◆ LIRE L’IMAGE

19. Le passage du texte qu’illustre plus précisément cette miniature est lesuivant (l. 132 à 135) : « Sa femme, qui l’honore et le vénère, avertie par les trompesde l’armée royale, vient recevoir son époux à la première entrée, en compagnie de Rovel,son plus jeune fils. »

20. Les personnages sont placés face-à-face, chaque groupe occupant unemoitié de l’espace ; à gauche, Renart, à droite Hermeline et Rovel. Renartlève la tête vers Hermeline tandis que celle-ci le regarde. Le petit Rovel lèvela tête vers son père. Leurs trois têtes sont proches les unes des autres ets’inscrivent dans le centre inférieur de la miniature, point vers lequelconvergent nos regards.

21. En plaçant face-à-face Renard, sa femme et son fils, le miniaturistetraduit bien le fait qu’Hermeline se porte à la rencontre de Renart. Enreprésentant Renart la tête levée, le miniaturiste exprime la fierté que celui-ci éprouve à se faire admirer par sa femme et par son fils ; la tête levée dujeune Rovel, qui est ainsi placé dans une attitude similaire à celle de son père,symbolise à la fois l’admiration qu’il éprouve et le fait qu’il sera son dignesuccesseur.

39

R e n a r t , c o n d a m n é à ê t r e p e n d u , s e f a i t p è l e r i n

Page 40: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

◆ AVEZ-VOUS BIEN LU ?1. Noble et ses barons se voient obligés de donner l’assaut à Maupertuis oùRenart a trouvé refuge après avoir bafoué le roi et ses barons ; après avoir étécondamné puis gracié par Noble qui avait accepté qu’il se fasse pèlerin,Renart avait insulté le roi et sa cour, puis s’était enfui vers Maupertuis sansque les barons puissent le rattraper.

2. Noble et ses barons assiègent Maupertuis pendant « six mois » (l. 47).

3. Malgré son intelligence, Renart perd l’avantage pour avoir le plaisir dedéfier l’adversaire : alors qu’il était bien à l’abri dans son château, il en sortpour prouver qu’il est le plus fort et mettre ses adversaires à mal.Trop sûr delui, il oublie finalement de ligoter Tardif qui libérera les autres et le capturera.Cet état d’esprit lui a déjà fait perdre Chantecler (Renart avait voulu défierle paysan lancé à sa poursuite) et dans l’épisode précédent le lièvre Couart(celui-ci s’échappe pendant que Renart défie le roi et la cour).

4. Tout comme dans l’épisode précédent, les animaux qui pensent ne plusrien avoir à craindre de Renart se vengent des mauvais traitements qu’il leura fait subir en le frappant à qui mieux mieux (l. 83 à 87).

5. Une fois encore Grimbert le blaireau, cousin et fidèle soutien de Renarttente de le sortir de la situation délicate dans laquelle il se trouve. Pour retarderl’heure de la pendaison et dans l’espoir que Renart trouve finalement unesolution pour s’en sortir, il lui demande de faire son testament (l. 101 et 102).

6. Tout en faisant son testament, Renart a trouvé une nouvelle ruse pouréchapper à la pendaison : cette fois, il ne se fera pas croisé, mais moine ouchanoine (l. 124 et 125) !

7. Noble, se souvenant encore de la trahison de Renart, refuse d’accéder à son désir suivant le conseil d’Ysengrin, il décide de le pendre sans attendre(l. 130-131).

◆ ÉTUDIER LE VOCABULAIRE ET LA GRAMMAIRE

8. Le champ lexical du château fort est le suivant (l. 1 à 9) :« château »,« fossés »,« murailles », « tours », « palissades », « forts », « donjons », « pont-levis », « chaîne ».

L’ASSAUT DONNÉ À MAUPERTUIS ET LA CAPTURE DE RENART (p. 109)

40

R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S

Page 41: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

9. Le champ lexical de la nourriture est le suivant (l. 27 à 32) :« vivres »,« coqs »,« des gélines »,« des œufs »,« des fromages »,« des brebis et des vaches »,« une source ».

10. « Saisi[r] » (l. 83), « attrape[r] » (l. 84), « empoigne[r] » (l. 85), « agrippe[r] »(l. 86) sont des verbes synonymes de « prendre ». On peut les définir de lamanière suivante :– saisir : prendre quelque chose ou quelqu’un avec la main et le retenir avecvigueur et avec force ;– attraper : atteindre et saisir ;– empoigner : prendre et serrer avec la main ;– agripper : tenir quelque chose ou quelqu’un très fortement.

◆ ÉTUDIER LE DISCOURS

11. Dans cette phrase, l’émetteur est toujours le trouvère qui, de château enchâteau, raconte les aventures de Renart.Le récepteur est toujours l’auditeur quiécoute le trouvère. Le conteur par cette formule crée une connivence avec lelecteur, le fait rentrer plus étroitement dans l’histoire et rend le récit plus vivant.

12. Trois moments du discours narratif sont identiques ou presque dans lesdeux extraits :– l’agression à laquelle se livrent les animaux sur un Renart qu’ils jugentdésormais incapable de leur nuire puisque condamné à mourir (Renart,condamné à être pendu, se fait pèlerin, l. 14 à 17 et Le siège de Maupertuis et lacapture de Renart, l. 83 à 87) ;– l’aide de Grimbert, le blaireau, cousin de Renart (Renart, condamné à êtrependu, se fait pèlerin, l. 32 à 42 et Le siège de Maupertuis et la capture de Renart,l. 97 à 102) ;– le désir de Renart d’obtenir le pardon de ses fautes en se tournant vers lareligion et en devenant croisé, dans l’un des cas, moine, ou chanoine dansl’autre (Renart, condamné à être pendu, se fait pèlerin, l. 22 à 27 et Le siège deMaupertuis et la capture de Renart, l. 123 à 126).Ces répétitions, bien loin d’ennuyer l’auditoire, le sécurisent : ces rappels depassages précédents lui permettent de bien se mettre en mémoire les aventuresde Renart et créent une connivence partagée entre narrateur et public.

◆ ÉTUDIER L’ÉCRITURE

13. Cette question est à donner avec les questions 8 et 9 qui permettent uneapproche de la réponse. La description du château et la liste des provisions

41

L ’ a s s a u t d o n n é à M a u p e r t u i s e t l a c a p t u r e d e R e n a r t

Page 42: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

que Renart y enferme montrent que tout est prévu pour résistervictorieusement aux assauts de Noble. Pour les classes plus faibles, on donneraà faire à la maison les questions 8 et 9 et on traitera en classe avec les élèvesla question 13.C’est tout d’abord par l’accumulation de noms appartenant aux champslexicaux du château fort et de la nourriture, qui se dressent comme autant debarrières entre Renart et ses adversaires, que l’auteur insiste sur la positionfavorable de Renart par rapport à ses adversaires. Puis, c’est l’utilisationd’adverbes intensifs et d’adjectifs de champ lexicaux proches de ceux desnoms qui renforce l’accumulation de noms insistant sur l’idée que Renart estinvulnérable : « très solide », « bien entretenus », « très épaisses et très résistantes »,« l’eau coule très claire et très pure ». C’est encore l’utilisation d’expressionscomme « en quantité », « en grand nombre », « à profusion » qui vient rappelerque Renart ne viendra pas à bout de ses provisions ; à la fin de chacun desdeux paragraphes, l’un consacré au château et l’autre aux provisions deRenart, l’auteur utilise des subordonnées de conséquences, « si haut qu’aucunarc d’arbalètes… » (l. 7), « si bien situé que… » (l. 33), destinées à prouver lajustesse de son raisonnement.

14. La violence physique dont Renart est victime est le fait d’assaillants dontles noms sont clairement précisés (Ysengrin, Brun, Roënel, Tibert, Tardif,Pelé) : cela l’insère dans un cadre réaliste et concret qui la rend d’autant plusdure que les adversaires sont clairement identifiés. Pour marquer que chaqueanimal en fait une question personnelle, l’auteur consacre une phrase àchacun d’eux : il choisit pour chacun un verbe différent dans la manière qu’ilsont de le saisir (question 10) et utilise un trait propre à chacun pour traduireson attaque. Chacune de ces phrases, de longueur et de construction presqueidentiques, s’inscrit comme la matérialisation des coups successifs portés surRenart.

◆ ÉTUDIER UN THÈME

15. Les femmes ne sont pas épargnées. Leur incapacité à être fidèles est miseen cause. La constatation de Renart, « Elle aura vite fait de m’oublier lorsque jeserai mort », prend, à cause des phrases qui suivent, une portée comique etsatirique : qu’une femme se remarie soit ! chacun sait que la date de troisjours est une exagération et que bien rare sont les femmes qui le jour del’enterrement de leur mari se mettent en quête d’un nouvel époux !

42

R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S

Page 43: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

16. D’après ce passage il est possible de se faire une idée de la manière dontétaient répartis les biens d’un seigneur après sa mort. En vertu du droitd’aînesse, le fils aîné succédait à son père et héritait de ses terres et de son titre(l. 104). Il semble que les autres enfants et la femme n’étaient pas déshérités(l. 105 à 111) et qu’il était possible de laisser une part de ses biens à quelqu’und’autre que ses descendants directs.

◆ QUE S’EST-IL PASSÉ ENTRE-TEMPS ?1. L’arrivée d’Hermeline qui obtient de Noble la libération de Renart souscaution (« je vous donnerai tous ces biens si vous acceptez de lui faire grâce », l. 14)modifie radicalement le cours de l’action : puisque Renart est libre, il vapouvoir vivre de nouvelles aventures.2. Sous couvert de bonté, de générosité et d’amitié (« Pour l’amour de Dieu etpar amitié pour vous », l. 26), Noble se montre cupide : il est intéressé par « letrésor d’or et d’argent » de dame Hermeline.3. Les animaux craignent que Renart ne recommence ses crimes et sesméfaits (l. 36 et 38) ; ils redoutent des crimes plus importants que par le passécar ils savent que Renart se vengera.

◆ AVEZ-VOUS BIEN LU ?4. Les différentes étapes du duel sont :– Renart et Ysengrin jurent sur le reliquaire qu’ils ont dit la vérité (l. 1 à 26) ;– les préparatifs des combattants (l. 24 à 38) ;– première attaque : succès de Renart (l. 39 à 61) ;– deuxième attaque : succès de Renart (l. 62) ;– succès d’Ysengrin : Renart laissé pour mort (l. 106 à 121) ;– Renart revient à lui (l. 125).5. Renart n’est pas honnête lorsqu’il jure « qu’il n’a pas le moindre tort dans laquerelle » qui l’oppose aux autres animaux. En ce qui concerne Ysengrin, illui a volé ses bacons (Renart vole les bacons d’Ysengrin), l’a tonsuré à l’eaubouillante, et, en l’obligeant à pêcher dans l’eau glacée de l’étang, lui a faitperdre sa queue (Ysengrin, moine et pêcheur) ; certes,Ysengrin s’est quelque peu

L E D U E L D E R E N A R T E T Y S E N G R I N ( p . 1 1 9 )

43

L e d u e l d e R e n a r t e t Y s e n g r i n

Page 44: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

vengé en dévorant le jambon volé au paysan (Renart,Ysengrin et le jambon)mais l’outrage principal commis par Renart – le viol de dame Hersent et lamise à mal des louveteaux (p. 68) – reste impuni.Chantecler, même s’il s’est joué de Renart, ne peut que lui en vouloir des’être attaqué à lui (Renart et Chantecler). Tibert qui a réussi à échapper aupiège que Renart lui avait tendu (Renart et Tibert) veut venger les coups debâtons que le goupil l’a conduit à recevoir en l’emmenant chez un curédévorer des souris (cf. le résumé des ambassades à Renart).Tiécelin pleure sonfromage (Renart et Tiécelin). Brun crie vengeance pour la peau de son museau(cf. le résumé des ambassades à Renart). Pinte et Chantecler veulent vengerle meurtre de dame Copette (Les funérailles de dame Copette).

6. C’est, en définitive, Renart qui est vainqueur. La mort à laquelle il aéchappé lui donne tous les espoirs possibles.

◆ ÉTUDIER LE VOCABULAIRE

7. De nos jours, on appelle « roman » un récit assez long, inventé oureconstitué à partir d’éléments réels, dans lequel le cadre, l’époque et lespersonnages sont détaillés. Il évolue autour d’un événement ou d’une séried’événements.

8. À l’époque du Roman de Renart, un « roman » est un récit d’aventures écriten langue vulgaire. On nomme ainsi, par opposition au latin, la langue parléeà cette époque par l’ensemble de la population (cf. « vulgaire » vient du latinvulgus, i. (n) qui signifie « le commun des hommes, la foule »). Cette langueintermédiaire entre le latin et le français que connaissent les élèves est appelée« roman » ou « ancien français ». On considère qu’elle est parlée en France,avec évidemment des modifications, du Xe siècle au XVe siècle.

◆ ÉTUDIER LE DISCOURS

9. Le narrateur est un personnage extérieur à l’histoire, puisque le récit estécrit à la troisième personne du singulier.

10. La phrase par laquelle le narrateur s’adresse au public est : « Voyonsmaintenant ce qu’il saura faire » (l. 38).

11. La phrase est : « Difficile de dire qui l’emportera », (l. 81). En commentantla conduite des personnages et en prenant à témoin le public, le narrateurétablit entre lui et son auditeur, ou entre lui et son lecteur, une complicitéqui rend le récit très vivant.

44

R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S

Page 45: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

◆ ÉTUDIER L’ÉCRITURE

12. Les mots et expressions appartenant au champ lexical de la lutte, de laviolence et de la cruauté dans le récit du combat sont les suivants :– l. 73 à 89 : « arracher le cœur », « Puis il retourne à la charge », « il va frapperRenart à la tête », « profitant du moment où Ysengrin se découvre, [Renart] l’atteintde son bâton assez fortement pour lui casser le bras gauche », « [ils] se battent corps àcorps, […] de leurs flancs », «Ysengrin a pourtant les dents les plus aiguës ; […] etlui poche les yeux de son bâton » ;– l. 100 à 114 : « Renart [fait] pleuvoir […] les poils et la peau », « Renart a doncl’avantage […] et lui monte sur le ventre », «Ysengrin ne lui épargne pas les coups.[…]Ysengrin se relève ».

13. Ce récit est une caricature des duels puisque les deux combattantséchangent des coups de bâtons au lieu des coups d’épées, puis se mordent, segriffent, se pincent… Par ailleurs, il peint avec un réalisme exagéré laviolence des attaques des deux combattants : il privilégie la mise en valeur detous les détails les plus saisissants et les plus impressionnants par leur brutalitéet leur bestialité. Le passage du monde humain au monde animal est une descomposantes de cette caricature.Les expressions qui mettent en évidence ce côté caricatural sont : « arracher lecœur » (qui n’est pas à prendre au deuxième degré), « [ils] se battent corps à corps,[…] de leurs flancs », « Ysengrin a pourtant […] plus profondes », « il lui brise lesdents,[…] et lui poche les yeux de son bâton » (l. 81 à 88), « [Renart lui arrache]les poils et la peau », « Renart a donc l’avantage […] Ysengrin lui maintient le brasderrière le dos, le couche à terre et lui monte sur le ventre » (l. 105 à 110).

◆ ÉTUDIER LE GENRE DU TEXTE

14. Ce texte est une parodie et une satire du duel. Parodie parce qu’imitationcomique et caricaturale des duels ; satire parce qu’au-delà de la caricatureapparaît la dénonciation du ridicule d’une coutume qui ne débouche surrien. Preuve en est, avec la fin de l’épisode : si Ysengrin semble à premièrevue vainqueur, son adversaire, laissé pour mort, revient à la vie…

◆ ÉTUDIER UN THÈME : LA CRITIQUE DES FEMMES

15. Au beau milieu du duel, Renart ne peut s’empêcher de critiquer ànouveau les femmes en qui, dit-il, on ne peut avoir confiance (l. 9) : « Vous

45

L e d u e l d e R e n a r t e t Y s e n g r i n

Page 46: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

m’avez cherché querelle […] de tous les désordres » (l. 90 à 99). D’autres œuvresdu Moyen Âge mettent en scène des femmes qui ont causé bien des soucis àleur mari. Parmi celles-ci, Le Vilain mire ou Le Dit des perdrix. Au XVe siècle,La Farce du Cuvier met en scène un mari tyrannisé par sa femme qui finira,grâce au hasard, par récupérer sur elle l’autorité qu’il avait perdue.

◆ LIRE L’IMAGE

17. Renart et Ysengrin sont représentés à cheval, comme des êtres humains.Le miniaturiste a tenu compte de la personnification.

18. Chaque combattant est armé de la même façon : il est monté sur undestrier, porte une cote de maille, un écu et une épée. Par contre, aucun desdeux ne porte de heaume (cf. question 13, Les funérailles de dame Copette).

19. Renart tue Ysengrin d’un coup d’épée en plein cœur. Cela n’est pasconforme au récit qui présente les deux combattants s’affrontant à coups debâton, à mains nues ou encore à coups de dents… De plus, ce n’est pasRenart qui porte un coup fatal à Ysengrin, mais Ysengrin qui laisse Renartpour mort. Cette miniature, plus qu’une illustration du combat, se veutl’illustration de la victoire de Renart dont témoignent les dernières lignes dutexte.

46

R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S

Page 47: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

Pour les questions à choix multiples, plusieurs réponses sont parfois possibles.

1. e), c), f), a), g), b), d).

2.Ysengrin porte plainte en premier contre Renart (cf. Le jugement de Renart,La plainte d’Ysengrin).

3. Faux.

4. C’est la mort de dame Copette qui décide Noble à juger Renart (Lesfunérailles de dame Copette).

5. a) Après son jugement, Renart échappe à la mort en disant qu’il veut se fairepèlerin (Renart, condamné à être pendu, se fait pèlerin).b) Après sa capture à Maupertuis, Renart échappe à la mort grâce àl’intervention d’Hermeline (L’assaut donné à Maupertuis et la capture de Renart).c) Après le duel avec Ysengrin, Renart échappe à la mort en se faisant moine(Le duel de Renart et Ysengrin).

6. Faux.

7. c) oncle et neveu.

8. a) et 3 ; b) et 4 ; c) et 2 ; d) et 1.

9. Voici les moyens utilisés par les auteurs pour obtenir la personnificationdes animaux :– la parole (tous les épisodes) ;– les sentiments (amour, amitié, haine, colère…) ;– l’habitation (Maupertuis est décrit comme un véritable château fort,cf. L’assaut donné à Maupertuis et la capture de Renart) ;– la famille (Ysengrin et Renart ont femme et enfants) ;– la société (Noble est à l’image du roi médiéval ; Ysengrin, Renart et lesautres animaux sont ses barons ; l’ours Brun fait office de chapelain…) ;– les animaux se déplacent à cheval (cf. Renart et Tibert ; la reprise trèsfréquente de l’expression « ils piquent des éperons »).

10.Voir grille page suivante.

11. On choisira deux des auteurs du groupement de textes (Ésope, Phèdre,Marie de France, La Fontaine, Henri Richer, Lessing, Pierre Perret).

R E T O U R S U R L ’ Œ U V R E ( p . 1 2 2 )

47

R e t o u r s u r l ’ œ u v r e

Page 48: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

12. b) et c).

13. Une vingtaine d’auteurs ont collaboré à la rédaction du Roman de Renart.

14. a), b), d).

15. Parodie : imitation comique qui accentue les défauts d’une institution,d’une coutume (La plainte d’Ysengrin, Les funérailles de dame Copette, Le duel deRenart et Ysengrin en sont les principaux exemples).

16. Satire : critique moqueuse d’une personne, d’une société ou d’un fait desociété (L’assaut donné à Maupertuis et la capture de Renart, Le duel de Renart etYsengrin).

17. d) et e).

48

R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S

C

H

A

N

T I É C E

L

B

O

N

L I N

E

S

Y

G R I

P

N

T

E

M B

R

U

Y

A

N

T

E R T

R

A

N

E

R

R

I

NUR

A

T

D

I

F

B

E

C O U A R

L

E

R

Page 49: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

D O C U M E N T A T I O NC O M P L É M E N T A I R E

49

◆ LES PRÉDÉCESSEURS

Les antécédents littéraires du Roman de Renart dans la littérature latine duMoyen Âge sont indiscutables.Vers la fin du Xe siècle, l’Ecbasis Captivi (L’Évasion d’un captif), composé,semble-t-il, par un religieux d’un monastère de Toul, conte l’histoire d’ungoupil qui fait écorcher son adversaire le loup pour obtenir la guérison dulion ; à la fin du XIe siècle, le poème De lupo raconte l’aventure d’un loup quidevient moine et pèlerin. Enfin, vers 1152, l’Ysengrimus du Flamand Nivartraconte les aventures de Reinardus le goupil et Ysengrimus, le loup ; les nomsdes différents animaux et de très nombreux épisodes de cette œuvre serontrepris par les auteurs du Roman de Renart.Par ailleurs, il existe un indéniable lien de parenté entre Le Roman de Renartet les récits d’animaux issus des fables antiques et rassemblés au Moyen Âgedans des recueils baptisés isopets en l’honneur d’Ésope. Le plus célèbre de cesrecueils est celui de Marie de France.

◆ LES CONTINUATEURS

La renommée du Roman de Renart gagne les pays étrangers. À la fin du XIIe

siècle ou au début du XIIIe, l’Alsacien Heinrich der Glichesaere compose unrécit intitulé Reinhart Fuchs (Reinhart le Renart) qui s’inspire de plusieurs desbranches françaises du Roman de Renart parues avant cette date.Vers 1250, le Flamand Wihlem traduit la branche I du Roman de Renart (LeJugement de Renart) sous le titre de Vanden vos Reinaerde (Sur Renart le Goupil).Une version remaniée et complétée paraît au XIVe siècle et est imprimée à lafin du XVe siècle. Cette version sert de base à une traduction allemande édi-tée au XVe siècle (Reynke de Vos) et que Goethe utilisera pour écrire sonReineke Fuchs (1793). En 1830, Jacob Grimm écrira une œuvre intituléeReinhart Fuchs.Au milieu du XIIIe siècle, apparaît en Italie un poème intitulé Rainardo etLesengrino. À la même époque, est écrite en Angleterre une œuvre intitulée

H I S T O I R E L I T T É R A I R E D U R O M A N D E R E N A R T

Page 50: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

50

D O C U M E N T A T I O N C O M P L É M E N T A I R E

Of the Vox and the Wolf ; au XIVe siècle, Geoffrey Chaucer reprend l’épisode deRenart et Chantecler dans un des Contes de Canturbery.Dans la seconde moitié du XIIIe siècle, Renart reste, en France, le héros d’un certain nombre de poèmes. Mais ce héros est bien différent de son prédécesseur. Dans son poème Renart le Bestourné (écrit entre 1261 et 1270),Rutebeuf vise dans la personne de Renart les ordres mendiants et l’hypo-crisie religieuse. Les mêmes attaques et les mêmes intentions se retrouventdans Renart le Nouvel, composé en 1288 par le Lillois Jacquemart Gelée.Le Couronnement de Renart (1295),œuvre d’un Flamand, dénonce le triomphede la ruse et la toute-puissance de l’argent. En 1319, un clerc de Troyes écritRenart le Contrefait dans lequel Renart s’emporte contre les mœurs corrom-pues du siècle et prend le parti du bien contre le mal.

◆ UNE STRUCTURE TRÈS COMPLEXE

Chacun des épisodes du Roman de Renart, écrits par une vingtaine d’auteursde 1170 à 1250, appartient à ce que les savants nomme une branche, c’est-à-dire une série d’histoires de Renart qui forme un ensemble indépendant.Chaque branche est suivie d’un numéro (II,Va…). Ces numéros ont été attri-bués aux branches par les critiques littéraires modernes et notamment parErnest Martin en 1882. La branche qui porte le numéro I est celle quioccupe la première place dans le manuscrit, celle qui porte le numéro deuxoccupe la deuxième place et ainsi de suite.Très rapidement, les savants se sontrendu compte que, pour des raisons logiques et chronologiques, la branchequi porte le numéro I n’était pas la plus ancienne, et à force de recherches etde travail, ils sont parvenus à trouver un ordre à travers l’apparent chaos desdifférents manuscrits.

◆ PRÉSENTATION CHRONOLOGIQUE

Les épisodes présentés dans le Bibliocollège sont en gras.

Chronologie établie par J. Dufournet et A. Méline.

Deuxième moitié du XIIe siècle :Branche II : Renart et Chantecler. Renart et la mésange.Renart et Tibert. Renart et Tiécelin. Renart et la louve.

S T R U C T U R E D E L ’ Œ U V R E

Page 51: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

51

Branche Va : Les plaintes d’Ysengrin et de Brun.Branche III : Renart et les anguilles. Ysengrin moine etpêcheur.Branche IV : Renart et Ysengrin dans le puits.Branche XIV : Renart et Tibert chez le vilain.Branche V : Renart,Ysengrin et le jambon. Renart et le grillon.Branche XV : Renart,Tibert et l’andouille.Branche I : Le jugement de Renart.Branche X : Renart médecin.Branche VI : Le duel de Renart et Ysengrin.Branche VIII : Le pèlerinage de Renart.Branche XII : Renart et Tibert au monastère.Branche Ia : Le siège de Maupertuis.Branche Ib : Renart teinturier et Renart jongleur.Branche VII : Renart et le milan Hubert.Branche XI : Renart empereur.

Première moitié du XIIIe siècle :Branche IX : Renart et le vilain Liétard.Branche XVI : Renart et le vilain Bertaud.Branche XVII : La (fausse) mort de Renart.Branche XIII : Renart se fait appelé Chufflet.Branche XXIII : Renart magicien.Branche XXIV : Naissance de Renart et Ysengrin. Renart voleles bacons d’Ysengrin.Branche XXV : Renart et le héron.Branche XXVI : L’andouille jouée à la marelle.Branche XXI :Ysengrin et le vilain.Branche XVIII :Ysengrin et le prêtre Martin.Branche XIX :Ysengrin et la jument Raisant.Branche XX :Ysengrin et les deux béliers.

Une dizaine d’autres branches seront rédigées entre 1205 et 1250 ; certainesne comporteront même pas la présence de Renart et rien de réellement nou-veau ne sera écrit.

D O C U M E N T A T I O N C O M P L É M E N T A I R E

Page 52: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

52

P R O P O S I T I O N SD E S É Q U E N C E S D I D A C T I Q U E S

AXES DE LECTURE OUTILS DE LA LANGUE EXPRESSION ÉCRITE OU ORALE

Séance 1 : la structure du récit.

• Texte : Renart vole Vocabulaire : • Réutilisation du les bacons d’Ysengrin. – sens de « narratif » ; schéma narratif• Axe d’étude : mise – lexique du schéma (question n° 18).en évidence des narratif. • Oral : résumé du différentes étapes texte en respectantdu schéma narratif les étapes du schéma(questions n° 11, 12, narratif.13, 14).

Séance 2 : une fable comique.

• Textes : Renart • Maniement du • Rédaction d’une et Chantecler, Renart dictionnaire : étude définition du mot et Tibert. d’un article du « fable ».• Axes d’étude : dictionnaire en prenant • Illustration d’un – identifier le récit ; le mot « fable » pour proverbe (Renart et identifier la morale exemple. Tibert, question (Renart et Chantecler, • Grammaire : emplois n° 14).questions n° 10 et 11 ; du présent (Renart et Renart et Tibert, Chantecler, questionsquestions n° 9 et 10) ; n° 7 et 8).– le comique et ses procédés (Renart et Chantecler, questions n° 12 et 13 ; Renart et Tibert, questions n° 11, 12 et 13).

SÉQUENCE 1 Étude du genre de l’œuvre

Page 53: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

53

• Textes : La plainted’Ysengrin,Les funérailles de dameCopette.• Axes d’étude :– le discoursargumentatif (La plainte d’Ysengrin,questions n° 11, 12, 13 ;

• Vocabulaire :« parodie », « thèse »,« arguments ».• Grammaire : reprisede l’imparfait et dupassé simple.

• Utilisation dudiscours argumentatif(La plainte d’Ysengrin,question n° 16).• Reprise du récit au passé (Les funéraillesde dame Copette,question n° 15).

AXES DE LECTURE OUTILS DE LA LANGUE EXPRESSION ÉCRITE OU ORALE

Séance 3 : un thème littéraire, le renard et le corbeau.

P R O P O S I T I O N S D E S É Q U E N C E S D I D A C T I Q U E S

• Texte : legroupement de textesautour de Renart etTiécelin.• Axes d’étude : unmême schéma narratifaboutit à des histoiresdifférentes ; desauteurs au fil dessiècles.

• Sujet.• Attribut.

Utilisation du schémanarratif mis enévidence pour écrireune histoire différente(question n° 18).

• Textes : Renart et lesanguilles,Ysengrin,moine et pêcheur.• Axe d’étude : récitau passé, dialogue.

• Grammaire : valeursde l’imparfait et dupassé simple (Renart etles anguilles, questionsn° 7, 8, 9, 10).• Vocabulaire : « ruse »(Renart et les anguilles,question n° 6).• Types de phrases(Ysengrin, moine etpêcheur, question n° 6).

• Transposition aupassé d’un texte auprésent (Renart et lesanguilles, question n° 17).• Transformation d’un texte en undialogue de théâtre(Ysengrin, moine etpêcheur, question n° 16).

Séance 4 : récit/dialogue.

Séance 5 : parodie et discours argumentatif.

Page 54: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

54

Les funérailles de dameCopette, question n° 9) ;– la parodie (La plainted’Ysengrin, question n° 14 ; Les funéraillesde dame Copette,question n° 10) ;– mise en évidence ducomique de certainsdiscours argumentatifs,particulièrement lecomique du discoursde Hersent (La plainted’Ysengrin).

• Textes : Renart devantle roi, Renart, condamné àêtre pendu, se fait pèlerin.• Axes d’étude :Renart arrogant(Renart devant le roi,question n° 6), traître,menteur (Renart,condamné à êtrependu…, questions n° 5, 6, 7, 8), rusé etpsychologue (Renart,condamné à être pendu…,question n° 12), maisun bon père de famille(Renart, condamné à êtrependu…, dernierparagraphe).

• Grammaire : lesphrases interrogatives(Renart devant le roi,question n° 7).• Vocabulaire : lechamp lexical de latendresse (Renart,condamné à êtrependu…, question n° 9).

• Expression écrite :monologue de Renart (Renart,condamné à êtrependu…, question n° 18).• Utilisation dudiscours argumentatif(Renart devant le roi,questions n° 13 et 14).

P R O P O S I T I O N S D E S É Q U E N C E S D I D A C T I Q U E S

AXES DE LECTURE OUTILS DE LA LANGUE EXPRESSION ÉCRITE OU ORALE

Séance 6 : la personnalité de Renart.

Page 55: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

55

AXES DE LECTURE OUTILS DE LA LANGUE EXPRESSION ÉCRITE OU ORALE

P R O P O S I T I O N S D E S É Q U E N C E S D I D A C T I Q U E S

• Textes : L’assautdonné à Maupertuis et la capture de Renart,Le duel de Renart etYsengrin.• Axes d’étude :– la situation decommunication(L’assaut donné àMaupertuis et la capturede Renart, questionn° 11 ; Le duel deRenart et Ysengrin,questions n° 9, 10,11, 12) ;– la fonction du textedescriptif (L’assautdonné à Maupertuis etla capture de Renart,questions n° 13, 14 ;Le duel de Renart etYsengrin, questions n° 13, 14).

• Grammaire :pronoms personnels.• Vocabulaire : champlexical du château fortet de la nourriture(L’assaut donné àMaupertuis et la capturede Renart, questions n° 8, 9).

Texte descriptif(L’assaut donné àMaupertuis et la capturede Renart, question n° 17).

Séance 7 : la situation de communication.

Page 56: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

56

P R O P O S I T I O N S D E S É Q U E N C E S D I D A C T I Q U E S

• Textes (au choix) :Renart vole les baconsd’Ysengrin (questionsn° 11, 12, 13, 14),Renart et Tiécelin(question n°12).• Axe d’étude : miseen évidence desdifférentes étapes du schéma narratif.

Temps du récit :valeur de l’imparfait etdu passé simple, leprésent de narration.

• Réutilisation duschéma narratif(Renart vole les baconsd’Ysengrin, question n° 18 ; Renart et Tiécelin,question n°19).• Oral : résumé d’undes textes enrespectant les étapesdu schéma narratif.

AXES DE LECTURE OUTILS DE LA LANGUE EXPRESSION ÉCRITE OU ORALE

• Textes (au choix) :Renart et Chantecler(question n° 3), Renartet Tibert (question n° 4), Renart et lesanguilles, Ysengrin,moine et pêcheur.• Axes d’étude : enplus des questionsprécédentes, faireétablir aux élèves laliste de tous les défautset ridicules visés.

• Maniement dudictionnaire :définitions de « défaut »et « ridicule ».• Grammaire :l’attribut (début).• Vocabulaire : Renartet les anguilles, questionn° 6 (famille de« ruse »).

Rédaction dedéfinitions (« vice »,« ridicule »…) enutilisant l’attribut.

Séance 1 : la structure du récit.

Séance 2 : les défauts et ridicules.

SÉQUENCE 2 Le Roman de Renart : une satire

Cette séquence qui dure quatre semaines (une semaine par séance) peut êtrepratiquée avec une bonne classe en fin de cinquième. Elle suppose que lesélèves aient lu au préalable l’œuvre dans son intégralité.Cette séquence vise à faire comprendre aux élèves que la satire est une critique de la société qui se fait au travers d’une histoire et en utilisant laparodie et le comique.

Page 57: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

57

P R O P O S I T I O N S D E S É Q U E N C E S D I D A C T I Q U E S

• Textes (au choix) :Renart et Chantecler(questions n° 12 et 13),Renart et Tiécelin(question n° 11),Renart et les anguilles(questions n° 11 et12), Ysengrin, moine etpêcheur (question n° 9).• Axes d’étude : lesprocédés comiques etleur rôle.

Dialogue : les types de phrase (Ysengrin,moine et pêcheur,question n° 6).

• Rédaction desdéfinitions desdifférents types decomique.• Rédaction d’un petit épisode comiquemettant en scène deux animaux etutilisant différentstypes de comique.

• Étude de lapersonnification.Textes (au choix) :Renart et Tibert(question n° 13),Renart et les anguilles(question n° 16).• Étude de la parodie.Textes (au choix) :La plainte d’Ysengrin(question n° 14),Les funérailles de dameCopette (question n° 10), Le duel deRenart et Ysengrin(questions n° 14 et 15).

• Grammaire :l’attribut (fin).• Vocabulaire :– étude du nom desanimaux et rapportavec leur caractère(Les funérailles de dameCopette, question n° 8).Cette question peutêtre étendue auxautres animaux ;– recherche dans ledictionnaire de ladéfinition du terme« parodie ».• Discoursargumentatif : La plainted’Ysengrin (questions n° 11, 12, 13).

• Rédaction de ladéfinition de« parodie ».• Expression orale :débat sur la parodie etla satire aujourd’hui.

AXES DE LECTURE OUTILS DE LA LANGUE EXPRESSION ÉCRITE OU ORALE

Séance 3 : la personnification et la parodie.

Séance 4 : le comique.

Page 58: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

58

E X P L O I T A T I O ND U G R O U P E M E N T D E T E X T E S

On proposera une exploitation du groupement de textes sous forme dequestions à soumettre aux élèves.Le but de cet exercice est de faire prendre conscience aux élèves qu’un mêmeschéma narratif débouche sur des récits différents.

1. Précisez les étapes de chaque fable du groupement de texte(pages 136 à 142) en remplissant pour chaque texte un tableauidentique à celui-ci :

Ésope (fabuliste grec, 620-560 av. J.-C.)

Situation initiale

Élément modificateur

Actions

Situation finale

Situation initiale Un corbeau perché sur un arbre tient un morceau de viande volé (l. 1-2).

Élément modificateur Un renard l’aperçoit (l. 2).

Actions Le renard loue la beauté physique du corbeau (l. 3 à 5).Le renard lui demande de montrer que sa voix est en rapport avec son physique (l. 6).Le corbeau veut montrer sa voix (l. 7).Le corbeau ouvre le bec et lâche la viande (l. 7).

Situation finale Le renard se saisit de la viande (l. 8).

Page 59: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

Phèdre (fabuliste latin, 15 av. J.-C.-50 apr. J.-C.)

Marie de France (1154-1189)

59

Situation initiale Le corbeau vole le fromage (v. 1 à 7).

Élément modificateur Le corbeau rencontre un renard (v. 8 à 10).

Actions Le renard loue la beauté physique du corbeau (v. 11 à 16).Le renard lui demande de montrer que sa voix est en rapport avec son physique (v. 17-18).Le corbeau décide de chanter (v. 19-22).Le corbeau ouvre le bec et lâche le fromage (v. 23 à 25).

Situation finale Le renard s’empare du fromage (v. 26 à 28).

E X P L O I T A T I O N D U G R O U P E M E N T D E T E X T E S

Situation initiale Un corbeau perché sur un arbre voulait manger un fromage volé (l. 4-5).

Élément modificateur Le renard l’aperçoit (l. 6).

Actions Le renard loue la beauté physique du corbeau (l. 7 à 9).Le renard lui demande de montrer que sa voix est en rapport avec son physique (l. 9-10).Le corbeau veut montrer sa voix (l. 10).Le corbeau ouvre le bec et lâche le fromage (l. 11).

Situation finale Le renard s’empare du fromage.Le corbeau se plaint de son sort (l. 12-14).

Page 60: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

60

E X P L O I T A T I O N D U G R O U P E M E N T D E T E X T E S

Le Roman de Renart : Renart et Tiécelin le corbeau

La Fontaine (1621 –1695)

Situation initiale Tiécelin, le corbeau, et Renart, le goupil, ont faim.

Élément modificateur Le corbeau vole un fromage et vient se percher sur un hêtre (l. 14 à 21).

Actions Renart demande à Tiécelin de chanter de plus en plus fort (l.39 à 45).Tiécelin chante et laisse tomber le fromage (l. 46 à 48).Renart cherche à attirer le corbeau qu’il veutmanger (l. 51 à 65).Renart laisse échapper le corbeau (l. 66-67).

Situation finale Renart doit se contenter du fromage (l. 77 à 80).

Situation initiale Maître Corbeau, perché sur un arbre, tient un fromage dans son bec (v. 1-2).

Élément modificateur Maître Renart arrive, attiré par l’odeur (v. 3).

Actions Le renard loue la beauté physique du corbeau (v. 4 à 6).Le renard lui demande de montrer que sa voix est en rapport avec son physique (v. 7 à 9).Le corbeau décide de chanter (v. 10-11).Le corbeau ouvre le bec et lâche le fromage (v. 12).

Situation finale Le renard s’empare du fromage et donne une leçon au corbeau (v. 13 à 17).

Page 61: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

Henri Richer (1729)

Lessing (1729 - 1781)

61

Situation initiale Un corbeau a volé de la viande empoisonnée (l. 1 à 3).

Élément modificateur Le corbeau rencontre un renard (l. 5).

Actions Le renard flatte le corbeau en le comparant à l’aigle de Zeus qui lui apporterait sa ration de viande (l. 6 à 13).Le corbeau offre sa viande au renard (l. 14 à 16).Le renard attrape la viande et la dévore (l. 16 à 18).

Situation finale Le renard crève (l. 19-20).

E X P L O I T A T I O N D U G R O U P E M E N T D E T E X T E S

Situation initiale Maître Renard mange du lard (v. 1 à 3).

Élément modificateur Maître Corbeau le voit (v. 1).

Actions Maître Corbeau dénigre ce qu’il mange (v. 3 à 5).Maître Corbeau lui conseille d’autres nourritures (v. 6 à 13).Maître Renard part à la recherche des poules (v. 14 à 16).Maître Renard échoue dans sa tentative (v. 17 à 19).Maître Renard veut récupérer le lard (v. 20).

Situation finale Maître Corbeau mange le lard.

Page 62: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

62

E X P L O I T A T I O N D U G R O U P E M E N T D E T E X T E S

Pierre Perret (ne pas tenir compte des refrains)

2. Quel titre portent ces textes ?Tous ces textes ont pour titre Le Corbeau et le Renard, sauf l’extrait du Romande Renart qui s’intitule Renart et Tiécelin le corbeau ; il est ici logique de com-mencer par le nom Renart puisqu’il est le héros du roman.3. Dans quelle fable le rôle des animaux est-il inversé ?C’est dans la fable d’Henri Richer que le rôle des animaux est inversépuisque celle-ci se présente comme la réponse du corbeau au renard.4. Quelle fable se termine différemment des autres ?Dans la fable de Lessing, la punition du flatteur est irréversible puisqu’il estcondamné à mort.5. Dites la morale de quelle fable pourrait être résumée parchacune des phrases suivantes.a) Les humains succombent facilement aux flatteries.b) Tout flatteur doit être puni.c) L’intelligence l’emporte sur la sottise.d) Les trompeurs doivent s’attendre à être trompés.Les morales des fables de Marie de France, La Fontaine et Pierre Perret pour-raient se résumer par : « Les humains succombent facilement aux flatteries. » « Tout flatteur doit être puni » pourrait résumer la morale de Lessing.« L’intelligence l’emporte sur la sottise » pourrait résumer les morales d’Ésope et Phèdre.« Les trompeurs doivent s’attendre à être trompés » pourrait résumer lamorale de la fable d’Henri Richer.

Situation initiale Maître Corbeau, perché sur un arbre, tient un fromage dans son bec (v. 1-2).

Élément modificateur Maître Renart arrive, attiré par l’odeur (v. 3-4).

Actions Le renard loue la beauté physique du corbeau (v. 5 à 8).Le renard le complimente sur son chant (v. 14-15).Le corbeau ouvre le bec et lâche le fromage (v. 16 à 19).

Situation finale Le renard s’empare du fromage (v. 20-21).

Page 63: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

P I S T E S D E R E C H E R C H E SD O C U M E N T A I R E S

63

◆ Le professeur de français peut consacrer une heure à l’étude du textephotocopié du début du Serment de Strasbourg (842) prononcé par Louis leGermanique (déchiffrage, transcription, traduction) puis à une brève expli-cation de l’évolution de la langue française (souvent la transcription et la traduction sont données dans le manuel d’Histoire-Géographie de 5e).

◆ Voici des propositions d’exposés :– Aliénor d’Aquitaine (cf. l’article de l’Encyclopédie Hachette multimédia) ;– les moines (les différents ordres religieux, la journée d’un moine. Les élèvespeuvent utiliser leur manuel d’Histoire-Géographie comme base de cesexposés) ;– La Chanson de Roland ;– les romans courtois.

◆Dans le cadre des Parcours diversifiés, on peut étudier les thèmes suivants :– en liaison avec la musique : Le jeu de Robin et Marion, d’Adam de la Halle ;le chant grégorien ;– en liaison avec l’histoire : le château fort ; la vie quotidienne dans les cam-pagnes au XIIIe siècle.

Page 64: Livret pédagogique - BIBLIO - HACHETTE · 8. À l’époque du Roman de Renart, l’émetteur-narrateur était un des trouvères qui, de château en château ou de ville en ville,

64

B I B L I O G R A P H I EC O M P L É M E N T A I R E

◆ ÉDITIONS

Le Roman de Renart, publié par Ernest Martin, 3 vol., Strasbourg et Paris,1881-1887, fondé sur le manuscrit A.Le Roman de Renart, édité par Mario Roques (Classiques français du MoyenÂge), 6 vol., Paris, Champion, 1948-1963, fondé sur le manuscrit de Cangé.Le Roman de Renart, édité par N. Harano, Hiroshima, 1972, fondé sur lesmanuscrits C et M ; repris dans la grande édition du Roman de Renart,N. Fukumoto, H. Harano et S. Suzuki, tome I,Tokyo, France Tosho, 1983.

◆ ADAPTATIONS EN FRANÇAIS MODERNE

Micheline de Combarieu du Grès et Jean Subrenat, Le Roman de Renart,édition bilingue, 2 vol., Paris, 10/18, 1981.Jean Dufournet et Andrée Méline, Le Roman de Renart, 2 vol., Garnier-Flammarion, Paris, 1985.Maurice Toesca, Le Roman de Renart, Paris, Stock Plus, 1979.

◆ ÉTUDES

Roger Bellon, « La parodie épique dans les premières branches du Roman deRenart », dans Épopée animale, fable, fabliau, P.U.F, Paris, 1984.Robert Bossuat, Le Roman de Renart, Hatier, Paris, 1957, 1971.Jean Dufournet, Petite introduction aux branches I, Ia et Ib du Roman de Renart,C.D.U., Paris, 1971.John Flinn, Le Roman de Renart dans la littérature française et les littératuresétrangères au Moyen Âge, University of Toronto Press,Toronto, 1963 et P.U.F.,Paris, 1963.Lucien Foulet, Le Roman de Renart, Champion, Paris, 1914, 1968.Léopold Sudre, Les Sources du Roman de Renart, Bouillon, Paris, 1893.E. Suomela-Härmä, Les Structures narratives dans le Roman de Renart, annalesAcademiae Scientarum Fennicae, Dissertationes humanarum literarum, 26),Helsinski, 1981.Ginnar Tilander, Remarques sur le Roman de Renart, Göteborg, 1923 etLexique du Roman de Renart, Göteborg, 1924, Champion, Paris, 1971.