Livret Jazz

14

description

Livret intérieur d'un boitier de CD de Stan Getz. Il retrace l'histoire du jazz et comprend une frise qui se déplie au centre.

Transcript of Livret Jazz

Page 1: Livret Jazz
Page 2: Livret Jazz
Page 3: Livret Jazz

Rarement, les associations entre compagnies phonographiques et musiciens de jazz s’apparentent à ces histoires d’amour frappées du sceau de la fidélité, ou même à des liaisons durables.

Arguments commerciaux, politique ondoyante d’un côté, ambitions légitimes des autres, qui les poussent volontiers à aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte, autant de motifs propres à transformer un mariage de raison en un flirt saisonnier. Situation

qui, une fois arrivée l’époque des rétrospectives, révèle que les marques de disques sont bien en peine de pouvoir offrir le moindre panorama — sinon exhaustif, du moins cohérent — des activités de l’un de ceux qui furent leurs poulains, l’espace d’un printemps. Les exceptions se comptent sans peine sur les doigts d’une main, et le présent album en constitue l’une des plus irréfutables.

Page 4: Livret Jazz

Pendant plus de vingt ans, Stan Getz et le label Verve eurent partie liée : chacune des facettes de son jeu est représentée, aucun de ses tournants stylistiques n’a échappé à l’attention des directeurs artistiques successifs, qui d’ailleurs, ne se privaient pas d’en provoquer quelques uns, avec l’assentiment d’un musicien pour lequel la routine n’est pas une ligne de conduite convenable.

Lorsqu’en 1952 Norman Granz prend en main sa carrière, Stan Getz possède déjà un nom. À vingt-cinq ans, sur la brèche depuis presque une décade, il a réussi à se

Page 5: Livret Jazz

tailler une place au soleil. Son passage, en 1947, dans l’orchestre de Woody Herman aura été une étape décisive grâce au solo qu’il y interpréta au cours de Early Autumn, un arrangement concocté à son intention par Ralph Burns. Jamais encore semblable sonorité n’était sortie d’un saxophone ténor. Aérienne, presque immatérielle, elle servait un discours méditatif empreint d’une indicible mélancolie. Une sorte de quête en direction d’une impossible pureté.

Stella by Starlight relève encore de cette esthétique : une vision empreinte d’un romantisme impénitent qui correspondait

à la nature profonde de Getz. De ce fait, il sera l’un des plus attachants interprètes de ballades qui soient. Il sait par des paraphrases plus séduisantes que la mélodie même, leur insuffler une nouvelle jeunesse. With the Wind and the Rain, My Funny Valentine, I Didn’t Know What Time it Was, Melinda, sont ici les objets de tous ses soins, acquérant une force et une noblesse jusque-là dissimulées derrière un attrait perceptible au premier degré.

Page 6: Livret Jazz

avec Dizzy Gillespie, sur Exactly Like You ou Wee, dans lequel est aussi partie prenante un Sonny Stitt bien décidé à ne pas faire de cadeau à son confrère.

Toujours prêt à se remettre en question, à voir jusqu’où il peut aller trop loin, Getz est en fait un aventurier impénitent. Avec l’m Late, I’m Late, il réussit tout simplement un tour de force. Et signe un chef-d’œuvre. Sur une partition très travaillée d’Eddie Sauter, il doit se jeter à l’eau

L’univers de Stan Getz n’est pas fait uniquement d’émotion pudique, encore qu’il soit bien difficile de trouver versions plus poignantes de I Remember Clifford, Round Midnight ou Goodbye, le thème d’adieu lié à Benny Goodman, l’un de ses anciens employeurs. L’“époque Verve” aura été, pour Getz, celle de la libération, du rejet de ses inhibitions, celle qui lui aura permis d’échapper à une image de marque trop réductrice. Il se révélera un redoutable adversaire/partenaire, au cours des joutes le mettant aux prises,

Page 7: Livret Jazz

et improviser la partie non écrite d’une œuvre fermée, complexe.

Est-ce sous le prétexte que son plus grand succès commercial aura été la Bossa-Nova qu’il ne faudrait pas prendre en compte l’aléatoire de cette démarche? Si la saveur douce amère de cette musique de Brésiliens, amoureux du jazz cool, convenait comme un gant à Getz, il fallait oser la prendre en charge avec ses devoirs et ses règles, sur lesquelles plus d’un se cassèrent les dents.

Desafinado, Manha De Carnaval, Corcovado, The Girl From Ipanema sont maintenant autant de classiques, mais qui d’autre, au début des années 60, aurait osé s’y impliquer aussi totalement ? L’album se termine avec Communication 72, un projet ambitieux signé Michel Legrand. Encore une entreprise dont le moteur est l’audace.

Page 8: Livret Jazz

Toujours et partout, Stan Getz reste Stan Getz, sollicitant les contextes les plus divers, relevant les défis les plus fous. Divers et unique. L’explication ? Elle réside dans cette confidence, faite tout récemment à Don Waterhouse et rapportée dans Jazz Journal : “Je n’ai jamais joué une note que je ne ressente pas intimement et je voudrais que ce soit mon épitaphe ! Dans la vie, je peux mentir, mais je ne le peux pas dans ma musique.”

Alain Tercinet

Page 9: Livret Jazz
Page 10: Livret Jazz
Page 11: Livret Jazz
Page 12: Livret Jazz

• STELLA BY STARLIGHT (N. Washington - V. Young) 2:42Duke Jordan (p), Jimmy Raney (g), Bill Crow (b), Frank Isola (d).New York, Decembre 1952

• COOL MIX (B. Brookm eyer) 3:04Bob Brookmeyer (v-tb), Johnny Williams (p), Bill Crow (b), Alan Levitt (d).New York, April 1953

• EXACTLY LIKE YOU (J. McHugh - D. Fields) 4:58Dizzy Gillespie (tp), Oscar Peterson (p), Herb Ellis (g), Ray Brown (b), Max Roach (d)Los Angeles, December 1953

• WITH THE WIND AND THE RAIN (J. Lawrence - C. Edwards) 3:46Jimmy Rowles (p), Bob Whitlock (b), Max Roach (d).Los Angeles, January 1954

• IT DON’T MEAN A THING (D. Ellington - 1. Mills) 5:30Bob Brookmeyer (v-tb), Johnny Williams (p), Bill Anthony (b), Art Mardigan (d).Los Angeles, November 1954

• NIGHT IN TUNISIA (D. Gillespie - F. Paparelli) 6:07Conte Candoli (tp), Lou Levy (p), Leroy Vinegar (b), Shelly Manne (d).Los Angeles, August 1955

• A HANDFUL OF STARS (T. Shapiro - J. Lawrence) 3:17Lou Levy (p), Leroy Vinegar (h), Shelly Manne (d)Los Angeles, August 1955

Page 13: Livret Jazz

• OVER THE RAINBOW (H. Arlen - E.-Y. Harburg) 5:20Bert Hallberg (p), Gunnar Johnson (h), Andrew Burman (d).Stockholm, December 1955

• WEE (ALLEN’S ALLEY) (D. Best) 8:27Dizzy Gillespie (tp), Sonny Stitt (as), John Lewis (p), Herb Ellis (g), Ray Brown (b), Stan Levey (d). Los Angeles, October 1956

• SMILES(L. Roberts - J. W. Callahan) 4:45Lou Levy (p), Leroy Vinegar (b), Stan Levey (b).Los Angeles, August 1957

• BLUES FOR HERKY (S. Getz) 3:44Oscar Peterson (p), Herb Ellis (g), Ray Brown (b).Los Angeles, Octobe~r 1957

• BALLAD (G. Mulligan) 5:43Gerry Mulligan (bs), Lou Levy (p), Ray Brown (b), Stan Levey (d).Los Angeles, October 1957

• YOU’RE BLASE (O. Hamilton - B. Siever) 3:56Ella Fitzgerald (vcl), Franck Devol and his Orchestra.Los Angeles, October 1957

• MY FUNNY VALENTINE (R. Rodgers - L. Hart) 8:35J. J. Johnson (tb), Oscar Peterson (p), Herb Ellis (g), Ray Brown (b), Connie Kay (d).Los Angeles, October 1957

Page 14: Livret Jazz

C

M

J

CM

MJ

CJ

CMJ

N

boitierCD.pdf 10/02/2009 22:34:33