Livret historique 2007 - Charles...

56
à l’institut de la longévité le centre hospitalo-universitaire gériatrique Charles-Foix 1869 2008 ... ... de l’Hospice des Incurables ... ...

Transcript of Livret historique 2007 - Charles...

à l’institut de la longévité

le centre hospitalo-universitairegériatrique Char les-Foix

18692008

......

de l’Hospice des Incurables

......

2

Le centre hospitalo-universitaire Charles-Foix :la référence en gériatrie

“La vieillesse n’est rien ; tout dépend de l’hospitalitéque vous lui donnez et de l’écho qu’elle trouve en vous”.

Paul Valery (1871-1945)

3

Sommaire

Avant-propos p. 4

Introduction p. 6

Les premiers donateurs p. 7

L'Hospice des Incurables p. 8

Les conditions d'admission p. 12

1891 : l'hospice s'agrandit p. 14

Arrêt sur image ... p. 15

1924, un chef de service à l'Hospice d'Ivry : Charles Foix p. 21

L'hospice en temps de guerre : petites histoires d'Histoire p. 24

1953 : Jean Vignalou p. 27

Berceau de la gériatrie moderne p. 31

Un savoir-faire incontesté p. 34

Mieux comprendre l’histoire pour mieux préparer l’avenir p. 40

Vieillir, une pratique sociale p. 41

Réorganiser l’offre de soins aux personnes âgées p. 41

Annexes

Empreintes et témoignages p. 42

Quelques chefs de service de l'Hospice d'Ivry p. 51

Un parc exceptionnel p. 52

La chapelle p. 54

Les directeurs ; un logo des symboles p. 55

4

Avant-propos

Bien vieillir plus longtemps

L’institut de la longévité ouvre en 2009 à l ’hôpital CharlesFoix.L‘hôpital Charles Foix, berceau de la gériatrie moderne et l’undes plus grands centres hospitalo-universitaires gériatriquesd’Europe, est un lieu de référence pour la prise en charge médicale des personnes âgées.Il s’inscrit naturellement dans le développement économique de la région Ile-de-France mais aussi du départe-ment et des villes d’Ivry-sur-Seine et de Vitry-sur-Seine ; il participe aussi au développement hospitalo-universitaire dusud-est de Paris avec l’université Pierre et Marie Curie Paris-VI etl’université Paris-XII. C’est donc tout naturellement qu’il a étéretenu pour accueillir cet institut.

L’institut de la longévité va jouer un rôle très important en termes de recherche fondamentale et clinique, en termes d’enseignement et de valorisation grâce à des partenariats scientifiques, institutionnels et industriels.

C’est un projet ambitieux, unique en France, initié et porté par plusieurs partenaires :- l’université Pierre et Marie Curie Paris VI - l’AP-HP et l’hôpital Charles Foix- les collectivités territoriales

- le Conseil régional d’Ile-de-France- le Conseil général du Val-de-Marne- les villes d’Ivry-sur-Seine, de Vitry-sur-Seine.

Ces partenaires sont regroupés au sein de l’Association du Pôle Allongement de la vie à Charles Foix et ont été rejoints par l’Inserm et le CNRS, la Fondationnationale de gérontologie, la préfecture du Val-de-Marne, le Comité de développement du Val-de-Marne, l’association pour le développement économique Seine Amont, sanofi-aventis, l’université Paris XII.

Il vise le développement de la recherche en amont et en synergie avec la recherche hospitalière, l’accueil de nouvelles équipes hospitalo-univesitaires etindustrielles pour l’évaluation technologique ; il doit enfin faciliter l’implantationd’entreprises innovantes et renforcer la formation pour les professionnels.

Dominique De WildeDirectricedu groupe hospitalier Charles Foix - Jean Rostand

Des professionnels spécialisés dans les pathologies du vieillissement, desexpertises cliniques, des activités d’enseignement, de recherche.

L’hôpital Charles Foix est un lieu de référence et son histoire nous le rappelle. Ila aujourd’hui l’ambition de faire partager ses savoir-faire et de s’appuyer sur lesdifférents réseaux de proximité pour améliorer la prise en charge des patientsâgés.

Il s’engage à retarder l’hospitalisation, favoriser le maintien ou le retour à domi-cile et proposer des types de prise en charge variés qui correspondent aux nou-veaux besoins de la population :

- développement des activités ambulatoires (consultations et hôpitaux de jour), dessoins de suite et de réadaptation spécialisés (oncologie gériatrique, orthopédie, pneu-mologie, post-chirurgie digestive), des actions de prévention, d’éducation sanitaireet thérapeutique

- renforcement des partenariats avec la médecine de ville, les professionnelsextra-hospitaliers, les réseaux médico-sociaux, les maisons de retraite et les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes du Val-de-Marne et du sud de Paris pour des prises en charge spécifiques. L’hôpital est leurcontact privilégié pour la formation de leurs équipes (infirmiers, kinésithérapeutes et personnels médico-techniques) et leur apporte son savoir-faire pour renforcer leurs compétences.

L’hôpital Charles Foix engage de grands chantiers de rénovation et de restructuration pour améliorer l’accueil, la prise en charge hôtelière des résidents et les conditions de travail du personnel, tout en optimisant les ressourcesdisponibles.

L’enjeu est d’importance : l’hôpital met tout en oeuvre pour affirmer sonpositionnement au sein de l’offre de soins locale, régionale et nationale.

Au moment de l’ouverture de l’institut de la longévité, j’ai souhaité actualiser cetopuscule historique, réalisé à l’occasion du cent-cinquantenaire de notreInstitution, et y apporter des éclairages récents sur nos projets et activités.

Je souhaite remercier ici tous ceux qui, dans leur activité quotidienne, participentà la construction de l’hôpital Charles Foix de demain.

5

6

Introduction

Le visiteur franchissant pour la première fois l’entrée massivede l’hôpital Charles Foix se trouve face à l’apparente sévéritéd’un lieu rectiligne, presque solennel, allégé toutefois par la

grâce des fleurs enjolivant la cour d’honneur en toutes saisons.

Pour qui sait prendre un peu le temps de la découverte, celieu coupé d’arcades, ponctué de fontaines, riche d’arbres imprégnésd’histoire autant que les pierres, révèle alors des choses étonnantesau passant doté de l’indispensable qualité propre aux rêveurs : lacuriosité.

Au-delà de la douleur, hôte inévitable de lieux comme celui-ci, au-delà du vieillissement, de la fin de vie et des images parfoistrès dures qu’ils engendrent, on éprouve en ce lieu clos un charmeétrange, presque “envoûtant” et dont il est difficile de se déprendre.

Charles Foix n’a pas toujours été nommé ainsi. L’ombresévère de «l’Hospice des Incurables» a précédé l’hôpital CharlesFoix, centre de soins, d’enseignement et de recherche.

En ce lieu, les choses ont changé. Au début du siècle précé-dent, les malades, nombreux (jusqu’à 2500), souffraient au moinsautant de pauvreté que de pathologies diverses ; les pensionnairesétaient astreints à des corvées (épluchage, nettoyage du linge) ; ceuxd’entre eux qui souffraient d’une indisposition prenaient leur médecine avant de s’occuper à de menus travaux...

Quelques années y ont suffi…

Je vous propose de les parcourir. C’est un plaisir d’autantplus rare que l’hôpital a gardé, ici et là, au détour d’un mur vénérableou d’une fontaine, au creux d’un jardin, quelques griffures laisséespar sa longue histoire. A vous de les découvrir.

Prêts ? Alors allons-y !

Joëlle Pétillot

Le cardinal François deLa Rochefoucauld futlongtemps considéré

comme l’initiateur de l’Hospicedes Incurables, dont les tracesétaient encore visibles dans l’ancien hôpital Laennec, rue deSèvres, à Paris.

Ce n’est pas exact.Rendons à César ce qui luiappartient, et à un dénomméFrançois Joulet de Châtillon cequi lui revient de droit : d’avoirété l’inspirateur du cardinal etson prédécesseur en matière dedonation. Aussi un mot sur lepersonnage s’impose-t-il alorsque les anciens historiens deParis ne citent même pas sonnom.

Issu d’une ancienne famille depetite noblesse picarde, FrançoisJoulet bénéficia d’une amitié delongue date entre ses proches etla famille de Rosny. Un certainMaximilien de Béthune, baronde Rosny, «poussa» FrançoisJoulet, humble prêtre à la courd’Henri IV, qui le nomma

bientôt «aumônier ordinaire duroi», le 3 août 1593.On notera au passage queMaximilien de Rosny a laisséquelques traces dans la grandehistoire, sous le nom de Sully !

Devenu en 1603 coadjuteur del’évêque de Coutances, FrançoisJoulet fonda vingt ans plus tardune chaire de lecture et decontroverse contre les hérésies«pour ce que les progrès desHuguenots le peinaient beau-coup...».

Il mourut le 30 septembre 1627,faisant de l’administration del’Hôtel-Dieu sa légataire univer-selle, par testament en date du11 novembre 1625, «avec tous lessortz principaux des rentes sur laville ou particuliers, greffes etgages, pour commencer un hospitalde maladies incurables».

Le cardinal de LaRochefoucauld complètera lelegs de François Joulet sept ansplus tard, après une autre bien-faitrice, à l’origine d’une impor-tante donation en 1632 :Marguerite Rouillié.

Louis Brièle, auteur au débutdu siècle dernier d’un petitouvrage sur l’origine de l’hos-pice, précise «avoir constaté avecétonnement que le nom de FrançoisJoulet ne figure pas sur la table depierre où sont gravés les noms desbienfaiteurs de l’hospice, à l’inté-rieur de la chapelle».

7

Les premiers donateurs

«Le Cardinal de LaRochefoucauld,

longtemps considéré commel’initiateur de l’Hospice

des Incurables …»

«Le visiteur franchissant pour la première fois l’entrée massive de l’hôpitalCharles Foix …»

Voici donc cette injustice partielle-ment réparée. Souhaitons qu’elle lesoit totalement et qu’une lignesupplémentaire à la liste évoquéecompense cet oubli. Toutefois,la postérité n’a été ingrate qu’àdemi, puisque la Cour d’honneurde l’hôpital porte son nom, demême qu’une cour de l’hôpitalLaennec.

La construction de l’hos-pice commença en 1634,en bordure d’un chemin

intitulé «Chemin de Paris au vil-lage de Sèvres», devenu depuisl’actuelle rue de Sèvres. L’hôpitalLaennec garde encore des tracesde ce premier hospice dans sonétat ancien.

Parallèlement était érigé «l’hôpitalgénéral», fortement carcéral de vocation, et répartissant la«vieillesse-hommes» à Bicêtre etla «vieillesse-femmes» à laSalpêtrière. L’ensemble de cestravaux ralentit considérable-ment l’avancée de l’hospice, quine fut terminé que de longuesannées plus tard. 400 malades,hommes et femmes, y furentbientôt accueillis. Le nombre desindigents augmentant, il futdécidé en 1802 le transfert deshommes au Couvent desRécollets, près du Canal Saint-Martin.

Il y eut alors deux hospices desIncurables, les femmes étantrestées dans celui de la rue deSèvres.

En 1849, la création del’Assistance Publique, regrou-pant les Services de Soins, lesServices d’Assistance à domicile,l’hébergement des enfants, lesaliénés, etc…, fait suite au rapport Dufaure.

La question du transfert desincurables hommes et femmes,devenus trop nombreux au seinde leur lieu d’accueil respectif,s’inscrivit bientôt comme unedécision d’importance pourcette institution toute neuve.

Il fut alors arrêté que les incura-bles hommes et femmes seraientregroupés dans un hospice sis auvillage d’Ivry. (On dénombraiten 1849, 497 lits incurableshommes et 642 aux incurablesfemmes).

Deux mots du quartier...

Dans ce but, l’AssistancePublique se porte acquéreur,en 1851, du vaste domaine deMonsieur Serize, à Ivry.

L’Hospice des Incurables estalors construit sur l’emplace-ment du château du 1er écuyer

L’Hospice des Incurables

“La construction de l’hospice commença en1634, en bordure de

l’actuelle rue de Sèvresavant qu’il soit transféré

au village d’Ivry lors de la création de

l’Assistance Publiqueen 1849.”

1869Achèvement des bâtiments.Dans un contexte dramatique(occupation prussienne puisinsurrection de la Commune deParis), les débuts sont cahotiquesavec l’accueil de malades puisleur évacuation... L’inaugurationne se fera que quatre ans plustard.

8

La plaque François Joulet, porte 8 à la Triade

de Louis XV, Camille deBeringhem, seigneur d’Ivry auXVIIIème siècle qui avait proba-blement agrandi un hôtel seigneurial du XVIème siècle(signalé sur un document duXVIIème siècle).

Un texte (archives nationales)mentionne les propriétés de JeanIV Chartrain “seigneur d’Ivry etdu fief Saint-Frambourg en partie” en 1538 : “l’hôtel seigneurial, auquel il y a colom-bier... assis en la rue Colombier”(actuelle rue Raspail, entre la ruedu Colombier et la placeParmentier).

La rue Fouilloux, derrière l’actuel centre dentaire, était initialement une allée du château,dont subsiste encore l’orangerie,bien cachée par les hauts mursd’immeubles anciens de l’avenuede la République, face à la placeParmentier.

1864, commencement des travaux...

Arrivons au XIXe siècle, en 1864exactement, date de commence-ment des travaux pour laconstruction du futur hospice.Ils sont décrits trois ans plustard dans le «Compte moral etfinancier de l’AssistancePublique pour l’exercice 1867,présenté au Conseil de sur-veillance par le directeur decette administration».

L’Hospice des Incurables, à Ivry,(…) a été continué en 1867. Uneforte impulsion donnée aux travauxa permis de mener de front l’édification des bâtiments princi-paux dans la division des hommes etcelle des femmes, sans négliger laconstruction des services généraux.La somme des travaux exécutésdans cette campagne a dépassé unmillion. Le nouvel hospice pourraêtre ouvert dans le courant de 1869.

C’est l’architecte ThéodoreLabrouste, concepteur entreautres de Tenon et Lariboisière,qui en assure les plans et ladirection.

Les hommes furent transférésen juin 1869 du couvent desRécollets, les femmes arrivèrenten octobre de la même année,depuis l’hospice de la rue deSèvres.

9

L’Hospice des Incurables

L’orangerie du château subsiste encore.

La capacité d’accueil del’Hospice des Incurables d’Ivrys’élevait alors à 2500 lits, l’hospi-talisation étant exclusivement àl’étage dit «des dortoirs». Lesrez-de-chaussée étaient occupéspar des réfectoires et les ateliersoù travaillaient les personnesâgées.

En septembre 1870, l’Hospicefut rattrapé par l’Histoire : lesévénements de la communecontraignirent l’administration àfaire évacuer l’établissement. 500pensionnaires demanderont asileà leurs familles, les autres étantrépartis dans d’autres structures(ce qui montre au passage quetrès peu d’entre eux, un cinquième seulement, pouvaientcompter sur des proches.

Beaucoup se trouvaient dans unbien grand isolement).

Ce fut probablement du fait deces temps troublés que l’hospicene fut inauguré qu’en 1873, parle Président de la République dumoment, le Maréchal de MacMahon.

10

L’Hospice des Incurables

1873L’Hospice d’Ivry est inauguré par le Maréchal de Mac Mahon.

1886 : guide des visiteurs à l’hospice des Incurables d’IvryLes lignes ponctuées conduisent à toutes les parties de l’établissement.

(E signifie escalier ; B, rez-de-chaussée, etc.)

La congrégation religieusedes sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, très représentée ausein de la plupart des hôpitaux à l’époque, s’activait auchevet des malades.

Les salles portaient alors le nomde saintes dans les bâtimentscôté cour des femmes (SainteMadeleine, Sainte Julienne,Sainte Marguerite…) et, paral-lèlement des noms de saints côtécour des hommes : (SaintVincent, Saint Napoléon (!),Saint Louis…). Les religieusesétaient environ quatre-vingts.

Le témoin de cette fondationecclésiastique est l’ancien oratoire des sœurs, devenu l’actuel amphithéâtre des coursde médecine.Les lits existants sont de deuxcatégories : les uns créés et entre-tenus avec les ressources propresde l’Assistance Publique, ou, plusexceptionnellement, du ministrede l’Intérieur, du préfet de laSeine, ou du préfet de Police ;les autres dus aux libéralités de

«fondateurs», et souvent au nomde ces derniers (article du DocteurRicaud in «Le monde illustré»,ex. non daté).

Beaucoup de ces bienfaiteurs sesont réservés le droit de désignerles titulaires de lits fondés. Ilarrive qu’ils délèguent ce droitau curé de leur paroisse.

L’Impératrice Eugénie disposaitainsi d’un nombre de places élevé à l’hospice d’Ivry.Elle avait solennellement marquéson attachement à l’institutionen plantant un marronnier der-rière la chapelle, le jour même del’inauguration des bâtiments.Ce bel arbre est toujours là, dansl’actuel jardin, entouré par lesservices de radiologie et derééducation. L’ensemble desbâtiments a pris tout naturelle-ment le nom d’Eugénie, lors del’implantation de la nouvellesignalétique, en 1993.

11

L’Hospice des Incurables

L’arbre planté en 1873par Eugénie lors de l’inauguration de

l’hospice a prospérédepuis...Plusieurs

générations de jardiniers y ont contribué.

1978Le centre hospitalier privé d’Ivry estrattaché à l’hôpital Charles Foix etprend le nom de Jean Rostand à lamémoire du généticien disparu.Le groupe hospitalier Charles Foix -Jean Rostand voit alors le jour.

1975L’Hospice d’Ivry prend le nom deCharles Foix

L’oratoire transformé aujourd’hui en amphithéâtre de cours.

Des vieillards…

Les vieillards (appelés Administrés)alors admis à l’Hospice témoi-gnaient de la plus grande indi-gence : le premier mal justifiantune admission est d’abord la pau-vreté. L’hôpital de l’époque s’ins-crit dans la tradition de charitédont il est issu : la nouvelle dyna-mique de l’assistance, fondée surle droit, induira peu à peu, avecl’organisation de l’AssistancePublique, la mise en œuvre d’unepolitique sanitaire et sociale.*

Mais nous n’en sommes pasencore là.

Les demandes d’admission auxlits, autres que ceux de fondation, sont adressées auDirecteur général de l’AssistancePublique.

Le demandeur, entre autres obliga-tions administratives doit faire l’objet d’un certificat constatant«qu’il est inscrit sur les contrôles desbureaux de bienfaisance et qu’il enperçoit effectivement les secours».

Pour être apte à entrer àl’Hospice, le pétitionnaire doitêtre âgé de 70 ans révolus. Unefois dans l’établissement, ildevient un administré.

… et des enfants

Le 1er juin 1889, soit quatreannées après le départ des sœurs,un asile d’enfants incurables fut créé, au nom de la 5ème

Commission du Conseil municipal.

Cette création avait déjà faitl’objet d’une demande par leDirecteur général de l’AssistancePublique en 1885.

Les enfants furent installés dansles locaux laissés vacants par lacommunauté religieuse.Le projet de délibération (procès-verbal) fait état de ses (futurs)petits pensionnaires en ces termes :«56 garçons de 4 à 20 ans, estropiés,boiteux, contracturés, paralytiques,gibbeux (...) à l’exclusion des idiots,des sourds-muets, et des aveugles.»...

12

Les conditions d’admission

Quelqu’un a gravé dans la pierre le nom de Camille,plus jeune arrivant à l’hospice, sur l’ancien oratoire dessoeurs de Saint-Vincent-de-Paul. Ce lieu est, depuis,l’amphithéâre des cours de médecine, et porte le nom duProfesseur Jean Vignalou.

L’ouverture de la section eut lieule 18 novembre 1889, et contrai-rement à ce que laissait entendrele projet initial, elle comptaitparmi ces très jeunes gens dessourds-muets à qui leur institu-teur, Monsieur Talazacfaisait la dictée par signes.Quant aux aveugles, ils saventlire, écrire, compter sous la dictée etmême lire la musique. **Un administré de l’hospice,ancien tailleur, apprenait sonmétier à ceux des enfants capa-bles de recevoir ses conseils,dans l’espoir qu’ils pussent gagnerleur vie au dehors, vie qui jusque-làs’était montrée envers eux biencruelle...Le directeur de l’époque,Monsieur Enjolras, avait pristrès à coeur ce devoir d’éduca-tion. Il organisait régulièrementdes fêtes, goûters, concerts, et

voulut étendre aux vieillardseux-mêmes le bénéfice de l’enseignement des enfants,notamment en matière musicale.

Un orchestre fut constitué, qui fai-sait honneur à ses initiateurs, undénommé Monsieur Marsoulan,entièrement dévoué aux petits pensionnaires, et leur instituteurMonsieur Talazac, déjà cité.Ainsi, le plus souvent possible,les petits donnaient-ils un concertaux aïeux. ***Rappelons, pour mémoire, quele terme de vieillard ou d’aïeuls’appliquait à des personnes de70 ans, parfois moins...

Pourtant, ici comme ailleurs...

Pour clore cette évocation surune note plus souriante, leDocteur A. Richaud, cité ici àplusieurs reprises, trace, de la viequotidienne à l’Hospice, unepeinture si vivante que les condi-tions d’existence de ceux qu’onappelait «les Administrés» sontaisément imaginables. L’éminentpharmacien de l’Hospice conclutson exposé en parlant de l’étudequ’on pourrait faire sur l’amour à Ivry :eh oui, on aime encore à Ivry, on y flirte,on s’y marie, et parfois on s’y querellepour les soixante dix printemps d’une belle...****

1905Quartier des incurables.Ces enfants infirmes ouhandicapés étaientconfiés à l’administra-tion. Un instituteur leurfaisait la classe dans l’actuel amphithéâtreJean Vignalou. Ilsavaient même constituéune fanfare.

13

Les conditions d’admission

* Cf introduction d’Anne NARDIN, conservateur du musée de l’AP-HP,in Depuis cent ans, la société, l’hôpital et les pauvres, AP-HP/Doin éditeur.** L’Hospice des Incurables à Ivry, Docteur A. RICHAUD, Le Monde Illustré.Le Docteur RICHAUD fut le pharmacien de l’Hospice de 1897 à 1913.*** L’Hospice des Incurables à Ivry, Docteur A. RICHAUD, Le Monde illustré.**** Ibid.

Ivry, le 22 mars 1894“Le 1er octobre a eu lieu une distribution de prix aux jeunes incurables ; des gâteaux et duvin de bagnols (10 °) ont été dis-tribués”.Historique de l’établissement -1983 ; D-285

“Les administrés se sont plaints derecevoir des rations insuffisantes(...).Peut-être y aurait-il lieu d’améliorer lerégime alimentaire ; mais il ne m’appartient pas de m’écarter de cerégime réglementé par arrêté”.Lettre du directeur de l’hospice d’Ivry auDirecteur général, 12 mars 1885

Fondation d’Heur

L’établissement ouvrit le 25 juillet1891. Sa construction était due à la libéralité de MonsieurAlexandre Victor d’Heur, quilègua à l’administration del’Assistance Publique unesomme de 1 350 000 francs.

Il était destiné à recevoir lesmalades pauvres des deux sexes des quartiers du Val-de-Grâce ou du jardin des Plantes, mariés, veufs ou célibataires.*

La fondation comptait 40 lits dedortoir (20 lits hommes,20 lits femmes, 10 chambres deménage).

10 personnes composaient lepersonnel :1 surveillante, 1 suppléante,1 concierge et sa femme, 6 garçonset filles de service. Les personnesainsi énumérées faisaient partie dupersonnel dit «secondaire», paropposition au personnel médical.

Vient ensuite le personnel «à lajournée», composé d’1 chauffeurpendant l’hiver, 1 cuisinièrelogée, 1 jardinier pendant 3mois, 1 administré pendanttoute l’année.

Fondation Chemin Delatour

Une autre bienfaitrice, Madameveuve Chemin-Delatour, avaitinstitué l’Assistance Publique salégataire universelle, à charge parelle de construire et entretenir àParis, ou dans le département dela Seine, une maison de retraitedestinée à 30 vieillards hommesdomiciliés à Paris, de préférenceayant exercé pendant cinq ans lemétier de balancier.**

Monsieur Vibert, architecte de l’Assistance Publique, pré-para un projet de constructionqui fut remanié après sa mort

par son homologue, MonsieurLebrun.

Commencée au cours dudeuxième semestre de 1898,la construction prit fin endécembre 1899, pour un coûtde 399 000 francs. La maisonouvrit en 1900. Pour y êtreadmis, il fallait être âgé de 65 ansau moins, ou atteint d’infirmitésincurables empêchant de travailler.

La moitié des pensionnaires yétaient admis gratuitement, les15 autres lits n’étant attribuésque moyennant une pensionannuelle de 150 francs.Les deux fondations furent pla-cées tout naturellement sousl’autorité du Directeur del’Hospice d’Ivry, MonsieurEnjolras.

14

1891 : l’Hospice s’agrandit

1976Les fondations d’Heur etChemin Delatour sont démolies ;un nouveau bâtiment estconstruit

1874LaFondationd’Heuret

CheminDelatour

augmententla capacité d’hospitalisation.

© M

.Lag

rang

e

* L’Assistance Publique à Paris, sesbienfaiteurs et sa fortune mobilière,Ed. Berger Levrault, 1904, parMARESCOT du THILLEUL, receveurgénéral de l’AP à Paris.** ibid.

15

L’Hospice compte alors 2 212 lits réglementaires, dont 77 de médecineet 36 en chirurgie.

2 043 sont occupés par des vieillards et infirmes, 56 par des enfants…700 lits sont entretenus sur des revenus de fondations spéciales.

Personnel à la journée72 ouvriers et ouvrières, dont 2 maçons, 1 peintre, 1 plombier,2 menuisiers, 1 serrurier, 1 tailleur, 6 mécaniciens et chauffeurs,1 cuisinier, 5 jardiniers, 2 étuvistes, 46 buandiers et buandières, 3 lingères.131 administrés hommes et femmes sont occupés dans les différentsateliers et indemnisés.200 autres épluchent les légumes «moyennant une légère rétribution».

Personnel administratif 1 directeur, 1 économe, 1 commis rédacteur, 2 expéditionnaires,1 garçon de bureau et 1 commissionnaire.

Personnel médical11 personnes : 1 médecin, 1 chirurgien, 2 internes, 2 internes provisoires, 2 externes, 1 pharmacien et 2 élèves.

162 personnes composent le personnel dit secondaire1 instituteur, 8 surveillant(e)s, 17 sous surveillant(e)s, 1 garçon d’amphi-théâtre, 16 suppléant(e)s et 119 infirmier(e)s, garçons et filles de service.

l’Hospice aux environs de 19001885La laïcisation entraîne le départ desreligieuses, soeurs de Saint-Vincent-de-Paul. Le nom des salles est modifié et l’on voit se substituer aux saints et aux saintesdes philosophes, des médecins...

Culture3 bibliothèques : 2 pour les internes, 1 pour les administrés ; deuxbibliothécaires.

Arrêt sur images ...

A Ivry, l’entretien des effets d’habillement du personnel (150 personnes)et des administrés (1900 personnes) est assuré depuis l’ouverture del’établissement par 6 administrées tailleurs payées à raison de 1 franc parjour et par 20 administrées à 0,40 franc par jour.

Lettre du Directeur général 1890

Instruction du 28 janvier1894 prescrivant dorénavant l’emploi d’un pain particulier ditpain de soupe pour les soupes grasses - mesure excellente qui laisseau bouillon toutes ses qualités et sonparfum.Historique de l’établissement 1983 ; D-285

“Les administrés de l’hospice ontété hier visiter l’ExpositionUniverselle de Paris. Ils étaient aunombre de 197 (...) accompagnéspar 11 agents du personnel secon-daire sous la conduite de M. commisexpéditionnaire. Ils sont partis del’établissement à 11h après avoirdéjeuné à 10h et ont été de retourà 7h.(...). Le service des bateaux aété parfaitement assuré.(...). Tousse sont montrés heureux de leurpromenade et très sensibles à l’attention dont ils ont été l’objet”.Lettre du directeur de l’hospice desincurables au Directeur général,17 août 1900

16

Arrêt sur images ...

Salle Biala de Belleville.(le nom d’un des nombreux donateurs)Les administrés n’avaient que fort peu d’intimité.Pas de chambre mais une salle commune ; pas desalle à manger mais un réfectoire (1900).

1889Vue générale del’hôpital.

Marais.Un terrain de plusd’un hectare estcultivé toute l’année par 3 maraîchers.En 1898 : 393 kilosde légumes et 319 kilos de fruitsfrais sont récoltés.

Chambre à la Fondation d’Heur avec cabinet de toilette, rideaux etdessus de lit coordonnés.

Dans les hospices, l’oisiveté estdélétère. Totalement pris encharge, les administrés doivent,en échange, plusieurs heures detravail qui donnent droit à unpetit pécule. L’esprit de travailest récompensé par des sorties

supplémentaires. En 1938, ladurée hebdomadaire est limitéeà 36 h sur la base d’un volontariatdepuis la fin du siècle précédent.A partir de 1962, des ateliersartisanaux sont créés : le travaildevient thérapeutique.

17

Arrêt sur images ...

1900 - L’épluchage.L’épluchage, ainsi que diverses autres tâches ménagères (raccommodage, couture) étaient à cette époque confiées aux administrés en échange d’une rémunération.L’administration vantait les mérites thérapeutiqueset socialisateurs d’une telle pratique qui évoqueraitplutôt aujourd’hui une atmosphère carcérale.

1900 - Les cuisines.Dès cette époque, les installations de la cuisine étaient imposantes.On y préparait déjà plus de deux millions de repas par an.

L’unité centrale deproduction aujourd’hui

18

Arrêt sur images ...

1900 - Le chemin de ronde.

1900 - La courd’honneur

François Joulet de Châtillon.

Coursive extérieure.

1900 - Le blanchissage et l’essorage.

19

Arrêt sur images ...

1900 - L’entrée.

1900 - L’avenue.

1898 - La porcherie.3906 kilos de viande sont produits par an.

La cour intérieure dubâtiment.Les bâtiments abritaient côteà côte : l’écurie, l’atelier, lapompe à incendie, l’oratoireprotestant... et le portier.

L’entrée générale de l’hôpital était sur le secteurd’Ivry avant d’être déplacée sur le secteur deVitry en 1987 ; l’accès véhicules fut dès lors dissocié de l’accès piétons et visiteurs.La loge se trouvait à la place du service desadmissions.Un lieu d’accueil visiteurs fut créé dans le hallColbert : la réalisation de l’architecte BrunoDonzet met en valeur la beauté de la voûte cen-trale en créant un véritable lieu de vie, là où iln’y avait qu’une zone de passage.Rapport d’activité 1987

Arrêt sur images ...

1910 - Grande crue de laSeine.L’école après le retrait de 3,20 m d’eau.

1910 - Le chemin de ronde, la 5ème unité.

Traces de la crue de 1910 sur le bâtiment Louis Ramond (photo en bas à gauche).

Né 1er Février 1882, filsd’un médecin béarnaisrenommé dans sa ville

de Salies de Béarn, le petitCharles, orphelin de père debonne heure, fût élevé par samère. Il semble que sa vocationmédicale ne l’ait nullementempêché de courir bois et prés,de jouer passionnément à lapelote basque et d’écrire despoèmes, tout en menant de soli-des études à Orthez, chez lesPères de Betharam.

L’époque voulait qu’on ne pûtcommencer sa médecine, en tantque natif du Béarn, ailleurs quedans le service de Paul Reclus,grand chirurgien de Laennec...

Charles Foix fut son externe,puis l’interne de plusieurs méde-cins de renom, parmi lesquelsLegendre, Sicard et Achard.

Interne médaillé d’or en méde-cine, il choisit le service dePierre Marie à Bicêtre : en 1912,il devenait son chef de labora-toire à la Salpêtrière.Ce fut durant cette période qu’ilrencontra l’un de ses plus chersamis, Robert Debré.

La vocation neurologique deCharles Foix s’affirma à Bicêtre,après s’être amorcée chez lesProfesseurs Souques, Brissaudet Sicard.

Reçu aux divers concours desHôpitaux de Paris, il espérait unenomination rapide de Médecindes Hôpitaux. La guerre de 1914bouleversa ses projets et c’est àl’Armée d’Orient qu’il essaierade soulager les souffrances desblessés, dans divers lieux, dont leCentre neurologique deSalonique.

Rentré en France en 1919,nommé aussitôt Médecin desHôpitaux, il prit la consultationde Necker, puis celle de l’Hôtel-Dieu, tout en continuant d’assu-rer la direction du laboratoire deson maître Achard.

En 1922, il continua ses travauxtout en dirigeant le service destuberculeux de l’Hospice deBicêtre, grâce à son ami Harvierqui lui avait ouvert les portes du

quartier de la “Pologne”, oùétaient hospitalisés les grandsmalades neurologiques.L’activité leucocytaire et le pouvoir leuco-activant dusérum, la dissociation albumino-cytologique dans le liquide céphalo-rachidien, avaient fait l’objet de sespremières recherches.

Les quatre années passées àl’Hospice d’Ivry virent l’édifica-tion d’une œuvre considérable,commencée à Bicêtre.

Pierre Hillemand, alors soninterne, écrivit bien des annéesplus tard : «on reste effaré devant uneproduction scientifique aussi impor-tante, et élaborée en aussi peu detemps. Ses conceptions toutes nouvellesavaient bouleversé en de nombreuxpoints la neurologie classique».

* Il décrivit avec précision l’ana-tomie jusque-là très mal connuedes artères cérébrales et de leursterritoires. Ses travaux furentconfirmés, quarante ans après,par l’artériographie.

* Charles Foix et son œuvre, in Cliomédica, Vol. 11, p. 269, 1976.

21

Charles Foix1924 : un chef de service à l’Hospice d’Ivry

Superposant la clinique à l’ana-tomie pathologique, il fut le premier à établir une grande synthèse des connaissancesneurologiques en isolant etdécrivant les grands syndromesvasculaires cérébraux.

En 1923, nommé agrégé, il pritle service des chroniques del’Hospice d’Ivry.

Dans l’esprit de ce jeune patron,Ivry était une étape avant dedevenir le chef du grand servicede Bicêtre. Attirés par sonrayonnement, de nombreux neurologistes étrangers se joignaient aux élèves dans ce quidevint rapidement «l’Ecoled’Ivry».

Les séances de la Société de neu-rologie étaient animées par degrandes voix, entre autres celles de Babinski, PierreMarie, Clovis Vincent (ce der-nier, prédécesseur de CharlesFoix à Ivry) ; elles se déroulaientdans un climat d’attention passionnée, d’autant plus queCharles Foix traitait toujours lesproblèmes évoqués sur desbases tout à fait nouvelles.

Devenu son collaborateur etami, Pierre Hillemand le décrivitcomme suit :«un grand esprit, une imaginationdébordante, tempérée par l’étude desfaits, une mémoire extraordinaire, unpuissant esprit de synthèse… Enmême temps, (…) une conception toutepersonnelle du monde extérieur, dont ilignorait les contingences, (…) uneinaptitude absolue à se soumettre auxservitudes de la vie. Il avait le méprisde l’étiquette, des soucis vestimentaires :c’est ainsi que le problème d’une tenueparfaite pour sa leçon d’agrégation neput être résolu que grâce à un complotfamilial…»

Mais l’œuvre de Charles Foix nefut pas seulement scientifique.Excellent dessinateur, il prenaitplaisir à illustrer des textesanciens. Gagné très jeune par levirus de la poésie (il versifiait à12 ans), il brûla malheureuse-ment tout ce qu’il a produitjusqu’à l’âge de 30 ans.

Seule demeure, d’aprèsHillemand, une chanson, deve-nue classique dans les salles deGardes, et toujours chantée àl’époque…

L’essentiel de son abondanteproduction se situe toutefoisdans un registre plus grave,prenant ses sources dans lamythologie grecque et la mystiquechrétienne (à l’image de sonpère, Pierre Foix, qui finança sesétudes médicales en traduisantdes textes antiques, Charles Foixétait un helléniste).Il publia trois volumes de poésiedramatique : une trilogie antique,un Prométhée, un recueil intitulé«les Bassarides» traitant dumythe d’Orphée.

Il laissa, à sa mort, dix volumesnon publiés. Le long article deLudo Van Bogaert, paru aprèssa mort dans «la presse médicale»se fait l’écho de ces écritscomme un exemple d’une «rareélévation de pensée (…), unevariété de rythme, et une facenouvelle de son intelligence, une

22

1924 : un chef de service à l’Hospice d’Ivry

Au début du 19ème siècle, lanouvelle médecine cliniquetrouve dans les établissementsréservés aux vieillards les condi-tions permettant de construireun savoir sur les “maladies duvieillissement et la physiopatho-logie du vieillissement.Quelques grandes personnalitésillustrent cette nouvelle discipline : Cruveilhier, Charcot...Au 20ème siècle, le terme degériatrie est créé par le médecinaméricain Ignaz Nascher (1863 - 1940).Mais en France, le contextepolitique et social, parallèlementà l’évolution galopante des technologies médicales, concentrel’attention sur les disciplinesd’avenir. La gériatrie va peiner àaffirmer son identité et sesambitions. C’est maintenant unespécialité reconnue, innovante et pionnière dans son approche etses méthodes.

de celles à laquelle il attachait leplus d’importance».Il mourut à 45 ans d’un ulcèreduodénal, laissant une œuvrescientifique d’une rare densité,de même qu’une œuvre littéraireà la fois grave et sereine.

Cet homme attachant, médecin-poète, père de 5 enfants dont ledernier vint au monde après sondécès, avait écrit, dans un recueilde poèmes en prose, cetteémouvante prière terminale :

Lorsque la mort s’approcherade moiEt que je sentirai ses griffessous l’ultime caresse de lavie,J’espère, si je ne souffre pastrop,L’accueillir sans amour etsans haine, Comme un très naturel retourà quelque chose de plus haut.

Principaux travaux deCharles Foix

BiologieLa phagocytose, l’activité leuco-cytaire, le pouvoir opsonisant, lepouvoir leuco-activant deshumeurs (1911)L’équilibre hémolytique et l’hémoglobinurie paroxystique(1912-1913)

NeurologieLa dissociation albumino-cyto-logique (avec le ProfesseurSicard, 1910- 1912)Les syncinésies des hémiplégi-ques (1916)L’automatisme médullaire, lephénomène des raccourcisseurs(avec le Professeur Pierre Marie,1910-1915)Les aphasies de guerre et les syn-dromes aphasiques (avec leProfesseur Pierre Marie, 1917)Topographie cranio-cérébrale(avec le Professeur PierreMarie et Y. Bertrand, 1916)L’apraxie, l’anesthéso-agnosie etl’atopognosieLe tonus musculaire, le tonus etles réflexes de posture (1922-1926)Etudes diverses sur les syndro-mes cérébelleux, avec leProfesseur Pierre Marie (1912-1918), et J. Thiers (1918)Sclérose intra-cérébrale cento-lobaire et symétrique, avec leProfesseur Pierre Marie (1913)et Julien Marie (1927)Syndromes vasculaires (en colla-boration avec Masson,Hillemand, Mme Schiff-Wertheimer etc..1923-1927)

Anatomie cérébrale et régionmésencéphalo-sous-optique,avec J. Nicolesco (1926)

Publications didactiquesTraité des maladies du sang(Gilbert et Weinberg) : rôle dusérum dans la phagocytose (avecle Professeur Achard).Traité de médecine et de théra-peutiqueNouveau traité de médecine(Aphasie, syringomyélie etc...)Précis de pathologie médicale,maladies du système nerveux,avec le Professeur Sicard.Cette énumération est trèsincomplète...

Oeuvre littéraireTrilogie (variations sur diffé-rents mythes grecs : Adonis,Dionysos, Silène).Prométhée (vers libres composésdurant son séjour enThessalonique, pendant la 1ère

guerre).Les Bassarides, drame inspiré duthéâtre antiqueLecture sur la poésie, faite lorsde son admission à l’Académiede Béarn, et parue après samort.

23

1924 : un chef de service à l’Hospice d’Ivry

Paul Valéry, que Charles Foix avait rencontré quelques jours avant samaladie, lui écrivit en ces termes :«Votre principe est musical et nous représentons le désir éternel deconcevoir musicalement, c’est-à-dire en ordonnant conformémentaux lois élémentaires de la sensibilité toute pure, les Idées elles-mêmes...»

Nous n’avons quasimentaucune trace permet-tant d’imaginer la vie

quotidienne à l’Hospice, à l’époquede la grande guerre. Sans doute,comme ce fut le cas lors de laCommune, les administrés furent-ils répartis dans différents établis-sements, ou dans leur famille.

L’Hospice fut probablementréquisitionné pour apporter dessoins aux blessés ; nous verronsplus loin que deux bâtiments aumoins gardèrent, plusieursdizaine d’années, la trace de cettepériode, via leur appellation.

Nous avons par contre deséchos de la guerre de 1939-1945, au travers du Carnet deBord de l’Hospice pour l’année1944.

C’est un document élaboré,parfois au jour le jour, par unrédacteur scrupuleux, puisqu’ils’agit de Mr Lecomte, alorsdirecteur de l’établissement.(c’est en tout cas lui qui en est lesignataire...). Il retrace les annéesnoires de l’occupation puis les

soubressauts et enfin l’immensesoulagement de la Libération deParis. Ce cahier, dactylographiésur un papier de fragile consis-tance (restrictions obligent...)présente un grand intérêt etdonne un éclairage parfois inat-tendu aux divers événements liésà cette période douloureuse.

Ainsi les noms figurant sur desplaques régulièrement fleurieslors de la commémoration du 25 août, reprennent-ils, à la lec-ture de ce carnet, des contoursémouvants parce qu’humains,et très proches de nous (voirencadré page suivante).

Pour autant qu’il soit possibled’en juger, la guerre de 1939 -1940, l’occupation allemande, nesemblaient pas avoir changébeaucoup le quotidien des«Administrés».

Certains d’entre eux portenttoutefois, à cette époque, le nomd’expectants. Il s’agit de ceuxqui sont en attente d’une placeen maison de retraite payante.

L’Hospice comptait alors 2647 lits, répartis entre lits de

fondations, lits de la ville deParis et du département, lits aucompte de l’Assistance Publique.Il existait un distinguo entre«lits de malades» et «lits de pensionnaires», les premiersétant répartis en 25 lits demédecine, 30 de chirurgie et55 de «chroniques» (110 lits autotal).

Pour les pensionnaires souffrants,48 lits de médecine étaient pré-vus à l’Infirmerie, de mêmeque 8 lits de chirurgie.

A noter : 49 lits de crèche pourles enfants du personnel étaientintégrés aux 2647 lits del’établissement, sur les registresde l’époque.

Vieille Pologne, nouvellePologne

Ces noms, donnés respective-ment aux bâtiments actuelsRobert Degert (qui abrite lesservices techniques d’architec-ture) et Corentin Celton (quiaccueille une partie de la crècheet les mutuelles), remontaient àla guerre de 1914 - 1918, lorsqueles pavillons accueillaient des soldats polonais blessés au front.

24

L’Hospice en temps de guerre

Petites histoires d’Histoire

Monument aux morts dans le hallColbert.

Robert Degert Marie Jézéquel

Historique de l’Hospice, année1944 , extrait :«Le 5 Juillet 1944, la police française,(Brigade Spéciale) perquisi-tionne au domicile de Mr Figard,logé à l’Hospice, à la suite del’arrestation de son beau-fils,Robert Degert, membre desForces Françaises de l’Intérieur,et découvre un important dépôtd’armes...»

Robert Degert, livré aux allemands par la police françaisesera fusillé, à 21 ans, le 1er Aout1944 sur un trottoir deMontrouge...Du fait de son beau-père,préposé, et de sa mère, surveil-lante, tous deux logés sur place,le jeune Robert était appelé enriant par les voisins « l’enfant del’hospice».

«Marie Jézéquel, A.S.H., estarrêtée le 1er Août 1944 par lapolice française, et livrée auxallemands.»Marie Jézéquel, envoyée endéportation un peu plus tard,n’en revint jamais.

Organisation des secours...

Mr Lecomte organise un postede réception et, au dehors, despostes de secours à l’intentiondes Forces françaises de l’inté-rieur (FFI) blessés au cours deleur engagement contre les alle-mands. Matériel et pansementssont fournis par l’hôpital.

Mr Lecomte partira quelquesjours plus tard pour prendre sesfonctions de secrétaire généralde l’Assistance Publique.

...et accueil de prisonniersdans la chapelle...

Le 23 août 1944, des prisonniersrusses, évadés du fort d’Ivry,sont recueillis et cachés dans leclocher de la chapelle parMr Degrelle, économe et directeurintérimaire.

Ces soldats participeront bientôtaux combats pour la libération.

Une maternité à l’Hospice

Elle fut improvisée sur lademande de Mr Gosnat,Président du Comité deLibération d’Ivry, suite à l’impossi-bilité totale pour les ambulancesde circuler.

4 sages-femmes furent déta-chées de Baudelocque et deTarnier, les instruments étantfournis par l’hôpital Cochin.5 naissances furent déclarées.

Sous les bombes

Le 26 août 1944 à 23h10,l’établissement fut sévèrementtouché par un bombardement.

Un dénommé Lambert, peintrede la Régie, au volant d’une voiture équipée en ambulance,fut blessé très grièvement,de même que 7 pensionnaires et le surveillant de la Loge,Mr Besse.

Les secours furent rapidementorganisés, les blessés arrivantnombreux d’Ivry et de Vitry.

L’appartement du directeur futtotalement anéanti, Mr et MmeLecomte, présents sur les lieux,«s’en tirant par une chance vraiment extraordinaire.»

25

L’Hospice en temps de guerre

Plaque à la mémoire des disparus desgurerres 1914-1918 et 1939-1945.

26

L’Hospice en temps de guerre

26 août 1944Les troupes allemandes, chassées de Paris par les armées alliées, ne partirent pas sans tenter d’infliger unedernière fois souffrance et destruction.Les hôpitaux ne furent pas épargnés ; on voit ici des traces de schrapnells sur la galerie entre le bâtiment del’Arche et la chapelle.

Devoir de mémoireHistorique de l’hospice, année1944, extrait

«Le 3 Octobre, le Comité deLibération réuni au completdécide, à l’unanimité, de donnerle nom de «Pavillon Celton» à lanouvelle Pologne, celui de«Pavillon Robert Degert» à lavieille Pologne, ainsi que celui de«salle d’opération Jacques-Charles Bloch» à la salle d’opé-ration de l’établissement.»

Jacques-Charles Bloch chirur-gien de l’Hospice d’Ivry du 26 décembre 1940 au 12 décembre1941, date de sa mort, s’est suicidéau moment où la police venait leprendre à son domicile.

Usine

L’entretien des bâtiments esttoujours très difficile à assurer,du fait d’une pénurie générale,notamment en charbon. Aprèsle bombardement du 26 août, lepersonnel travaille d’arrache-piedpour assurer aux malades et auxemployés un minimum deconfort.

Jardins

1944 va clôturer définitivementle cycle de production de primeurs à l’hospice d’Ivry, lesrésultats s’avèrant insuffisants.Qu’on en juge :- pois : 52 Kg- pommes de terre : 833 Kg- haricots : 36 Kg- oignons : 66 Kg - ail : 32 Kg- betteraves : 50 Kg- salade : 50 Kg- choux : 125 Kg

“En 1953, lorsque Mr JeanVignalou est affecté àl’Hospice d’Ivry, (...) leservice de médecine etl’infirmerie médicale del’Hospice étaient installésen deux salles de femmeset une salle d’hommes,dans les locaux de l’actuelservice de rééducation. Ils’agissait de salles com-munes.

Ces locaux hébergeaient égale-ment le service de chirurgie,le bureau du “patron”, laconsultation de médecine...Le chef du service de médecineavait aussi la responsabilitémédicale de l’ensemble desAdministrés, ainsi que 3 sallesdites de chroniques : Coquillardet Gombault pour les femmes,Pierre Caron pour les hommes,le tout installé dans le pavillonqui est actuellement le service demédecine, qui fut antérieure-ment le bâtiment de la commu-nauté religieuse, occupé ensuitepar les enfants infirmes, et quiavait servi depuis de magasin, devestiaires...

A cette époque, tous lesAdministrés admis à l’Hospiceétaient examinés dans ces sallesde chroniques : une fiche d’observation était rédigée et lesaccompagnait lors de leur trans-fert dans les divisions (rappelonsque «division» était le nom

donné à ce que nous appelonsmaintenant «unité» NDLR).

Il n’est pas inutile de réfléchirquelques instants sur le fonc-tionnement de l’établissementdans de telles conditions.Les entrants faisaient l’objetd’un examen systématique et serépartissaient ensuite dans lesdivisions (...). Ceux dont l’étatnécessitait un régime particulierétaient admis dans l’actuelle 2ème

unité.Par ailleurs, l’activité médicaledes divisions était en réalité sous la responsabilité de la surveillante générale. En cas demaladie, elle rédigeait un «bon»pour que «Monsieur l’externevisite Madame X...» avec l’indi-cation, bien sûr, de la salle...Ces externes ou internes degarde étaient responsables dutraitement et éventuellement del’admission à l’infirmerie del’Hospice”.«Ceci fonctionnait de lamême manière dans lesautres hospices et je l’aiconnu en tant qu’interne provisoire en 1944 aux «petitsménages» et en 1945 à l’hos-pice d’Ivry...»

On en connaissait bien lesinconvénients : le délai apportéaux hospitalisations, la difficultéd’obtenir des renseignementsprécis sur l’état médical anté-rieur de la personne.

27

1953 : Jean Vignalou

Il y a environ 2500 lits de vieillards ou d’infirmes dans cequi est encore l’Hospice d’Ivry,lorsque “Monsieur” le DocteurJean Vignalou y est affecté.

Bien des années plus tard, en 1986exactement, le Professeur PaulBerthaux, son continuateur,donna à Charles Foix, dans legrand amphithéâtre de l’écoled’infirmières, une conférence sur l’histoire de l’établissement, ens’attardant longuement sur lerôle joué par Jean Vignaloudans la transformation de l’hospiceen hôpital-hospice, puis en hôpital.

Plutôt que d’en livrer ici unevague synthèse, il nous paraît plusintéressant de le citer ; le long pas-sage concernant cette période,vécue par le narrateur lui-même,à qui la gérontologie doit beau-coup, lui donne tout son prix.

Ecoutons-le. :

L’action de Jean Vignalou atendu progressivement à régu-lariser cette activité, à augmen-ter, par plusieurs réalisations,la qualité et la diversité dessoins.

Dès 1957, le bâtiment où étaientles salles de chroniques est élevéd’un étage (salle LouisRamond). Le secrétariat et lesconsultations descendent ausous-sol de la même aile.Ainsi se libéraient les locaux del’ancienne infirmerie et consulta-tion de l’hospice, qui furent àcette époque attribués à la chirurgie et la radiologie.

La politique de médicalisationdes divisions allait de pair avecles interventions répétées pourque soit permise l’admissiondans les salles du service demédecine, de malades venant del’extérieur, c’est-à-dire des com-munes environnantes et arron-dissements voisins. Il n’était possible, à l’origine, d’admettreque deux malades extérieurs parsalle de l’infirmerie.

D’autre part, il était nécessaire,dans la même optique, de développer la consultation ;d’emblée, Jean Vignalou attacha un intérêt particulier aux rela-

tions avec les médecins deville ; ils venaient, ennombre croissant, assisteraux consultations ; ilsenvoyaient des malades àl’hôpital pour avis et, la plupart du temps, celui-cileur était donné le jourmême par lettre : uneinnovation à l’époque.

De même, Jean Vignaloucréa à Ivry le deuxièmeenseignement post-uni-versitaire de la région parisienne, alors qu’iln’existait pas à l’époquedans les hôpitaux de laville de Paris.

Enfin, il était nécessaire que lesdivisions permettent des soinssur place, et c’est ainsi que furentcréés ces postes plein-temps demédecins hospitaliers qui prirentprogressivement en charge cesdivisions.

C’est également à la demande etaux démarches de Jean Vignalouqu’est dû l’achèvement en 1966du centre de rééducation, et del’actuelle pharmacie, qui permità l’époque l’extension et l’amé-lioration de la chirurgie.

En 1971, en collaboration avecl’Association gérontologique duXIIIème arrondissement de Paris,et avec l’aide de l’administrationde l’Assistance Publique, fut crééun hôpital de jour qui est restélongtemps le seul pour les personnes âgées, et l’Unité géria-trique aiguë dont on peut direqu’elle forme avec l’hôpital dejour et les unités de soins desuite et de réadaptation et delongue durée, sous la responsa-bilité du même chef de service,le Dr Mireille Laurent, unensemble gériatrique unique enFrance. L’infirmerie de 40 lits

28

1953 : Jean Vignalou

1971Création du 1er hôpital de jour àl’hôpital d’Ivry

1950 - Chirurgiesalles Broca et Cruveilhier

(salle Bacon) qui recevait, depuis1960 les patients malades desdifférentes unités est alors fermée.

Deux apparitions architecturalesfortuites fournirent à cet effortmédical un soutien non négli-geable :

- en 1958, la construction desbâtiments auxquels on donna lenom du Professeur Achard, àl’emplacement de l’actuel centrede restauration, fut l’occasion deconcevoir un mode de surveil-lance nouveau des malades âgéspar une équipe soignante forméedans ce but.

- en 1963, c’est la constructiondes pavillons Loëper (à l’empla-cement actuel de l’Orbe) qui ont une vocation particulière de liaison avec la Pitié-Salpêtrière.

Ces deux ensembles étaient tem-poraires et ouverts pendant lespremières années uniquementen période hivernale...

Grâce en particulier à leur instal-lation en rez-de-chaussée, ilspermirent des expériences et parla suite des réalisations qui sediffusèrent.

C’est ainsi qu’au pavillon Loëperse développa la kinésithérapie etun atelier dit d’ergothérapie.

Dans ce même pavillon apparu-rent plus tard un atelier de peinture et un de sculpture animés par des artistes.

- en 1975, à la demande desmédecins d’Ivry soutenus parleurs collègues des hôpitaux deParis, l’Hospice d’Ivry devientl’hôpital Charles Foix, du nomdu neurologue ayant accompli àIvry la plus grande partie de sonoeuvre.

Deux ans plus tard, l’administra-tion prend en charge l’hôpitalprivé d’Ivry, et y installe le service de chirurgie de CharlesFoix, ainsi que les annexes desservices de gynécologie et de cardiologie de la Pitié-Salpêtrière.C’est le Dr Dominique Pathier quiouvre le service de gynécologie-obstétrique en 1978 à la fin de sonclinicat.

Suivent alors des transferts enchaîne :

- un service de rééducation, aveclits d’hospitalisation, est installédans les locaux de l’ex-chirurgiede Charles Foix, tandis que lelaboratoire de microbiologieprend place dans l’ancien centrede rééducation.

- une nouvelle activité se déve-loppe, celle des explorationsfonctionnelles, dont l’officialisa-tion se confirme à cette époque :il avait toujours paru indispensa-ble, en effet, que les personnesâgées du centre de rééducationbénéficient des explorations,en particulier cardiaques, pulmo-naires, cérébrales...

29

1953 : Jean Vignalou

“La gériatrie est en somme unachèvement et peut-être lapartie la plus difficile de lamédecine interne qui nécessitele plus d’expérience et le plusd’affinement du sens clinique.Il est (...) hautement souhaitablequ’il y ait une spécialisationhospitalière”.

Jean Vignalou 1979

- en 1976, les fondationsd’Heur et Chemin-Delatoursont démolies et font place à unbâtiment moderne, selon leconcept architectural des USN :Unités de Soins Normalisées.

- enfin, en 1978, ouvre le service dit «Unité psycho-gériatrique” (UPG) résultantde la réflexion des médecinsd’Ivry et de l’Association géron-tologique du XIIIème arrondisse-ment, sur les soins psychiatri-ques fréquemment nécessairesaux personnes âgées d’un tel établissement.

La meilleure solution parut êtrela création d’un petit servicede 17 lits, et surtout le recrute-ment d’un chef de service ayantune compétence d’interniste etde psychiatre, et qui eut progres-sivement la responsabilité del’ensemble de la psychiatrie del’hôpital, mais toujours selon lamême politique d’ouverture surl’extérieur, par sa consultationet la possibilité d’hospitalisation.

* NDLR : cf p. 41

30

«Monsieur le ProfesseurJean Vignalou n’a pas étéseulement le concepteurd’une politique d’hospitali-sation d’ouverture del’Hôpital sur l’extérieur.

Il fut aussi un enseignantet c’est à Ivry que fut crééun enseignement post-uni-versitaire en gériatrie ; c’estaussi à Ivry que furentconçus les diplômes d’uni-versité de gérontologie quiessaimèrent dans toute laFrance».

Paul Berthaux*

Le jardin et la salle à manger de l’unité de géronto-psychiatrie.

1953 : Jean Vignalou

31

Berceau de la gériatrie moderne

* Cf Architecture du grand âge ; variations architecturales sur la fin de vie, éd. duMoniteur/AP-HP, Paris 1988

L’hôpital Charles Foix a étémoteur pour la reconnaissanced’une spécialité gériatrique tantd’un point de vue médical quedes modalités de prise en charge.

Forum Jean VignalouLe 4 juillet 1988 ouvrait leForum Jean Vignalou, réalisationunique dans les domaines dusoin, de la formation et duconseil, créé pour redonner àdes patients en attitude de repli,le plaisir de vivre jusqu’au boutde la vie.La personne âgée résidant en soinsde longue durée s’y rend sur pres-cription médicale, agit et s’inscritdans un projet.

Les animations sont adaptées en fonction des capacités de cha-cun.

Implanté sur l’emplacementd’une ancienne salle commune,(la salle d’Holbach), le Forum estné de l’initiative conjointe de MrSylvain Siboni psychologue, etdu Docteur Beck, chef de service.

En 1987, l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris lançait ungrand concours d’architecturepour imaginer des lieux où ilferait bon vieillir.

...”La notion “d’unité” d’ins-titution, de séparation dessecteurs sanitaire et social,éclate pour laisser la placeà des réflexions sur la maisonnée, sur les rapportsdu personnel et du pensionnaire, sur la placede la personne âgée dans laville, sur le partenariatentre structures de gestion

différentes ; même la mort,sujet tabou par excellenceest regardée en face.”*

L’orbeLe 17 janvier 1991, au lieu etplace des pavillons Loëper, étaitinauguré le pavillon de l’Orbe,conçu par l’architecte AndréBruyère.

Ce lieu, dont l’idée maîtresse estbasée sur des lieux de soins inti-mement mêlés aux lieux de vie,prend le contrepied de tout ce

La souvenanceFresque monumentale de 3,20 m sur 2,20 m, cette fresque a été réaliséepar les personnes âgées du Forum Jean Vignalou et inaugurée en 2004 :une multitude de messages, de souvenirs que chacune et chacun ont puexprimer différemment, l’usage de la parole devenant fort difficile lorsque l’on est atteint de la maladie d’Alzheimer. Elle fut présentée à laCité des sciences et de l’industrie en 2006 lors d’une grande expositionsur la maladie d’Alzheimer.

qui était propre à un serviced’hospitalisation traditionnel :pas de couloirs, choix pour lepatient de communiquer ou nonavec le voisin de lit par une disposition particulière des espa-ces, jardin intérieur, expositionpermanente des oeuvres despensionnaires avec la présencedes ateliers de créativité pourpersonnes âgées.

“...Préservant une fonctionnalitéabsolue (2 unités de 40 lits chacune), l’architecte a faitpreuve d’une grande tendresseenvers les vieillards : douceurdes courbes, jeux de lumièrerasante sur les plafonds ondulants.L’organisation intérieure est unvillage, la chambre une maison-née...; ... passé le seuil de laporte, la place du bourg accueilleactivités et services...”*Une large concertation entre leséquipes soignantes et l’architectea précédé sa réalisation.

Le CEGAPSous l’impulsion du Pr Moulias, lecentre d’évaluation gérontologiqueet actions de prévention” ouvre le23 janvier 1991, après une journéeportes ouvertes destinée au personnel.Cette structure est novatrice :elle permet une évaluation globale des problèmes médicauxet sociaux des personnes âgéesen perte d’autonomie, en colla-boration avec l’entourage et lemédecin traitant qui continuerad’assurer le suivi médical et lesoutien à domicile.Un bilan est réalisé par uneéquipe de médecins gérontolo-gues assistés de spécialistes com-pétents dans diverses disciplines.Infirmières, aides-soignants etservice social complètent cetteéquipe.“...Avec le CEGAP, l’AP-HP espère générer des économies surles dépenses...hospitalières (moinsd’hospitalisation en urgence) ...”**

La TriadeConçue selon un projet architec-tural de Catherine Weissman,reposant sur une séparation deslieu d’intimité et des lieux d’ani-mation, la Triade, inaugurée le 3 juin 1993, tire son nom detrois plots reliés chacun aux bâtiments anciens par une passe-relle transparente.L’organisation générale est baséesur le déplacement du maladeentre les lieux d’hospitalisationet les lieux de vie. La prise encharge de la personne âgée, avecl’aide de sa famille, dans unestructure compatible avec lemaintien de la vie sociale, a sous-tendu le projet architectural demême que le souci d’assurer auxpatients en soins de suite uneréadaptation qui leur permettrasoit le retour à domicile, soitdans une autre structure, avec lameilleure autonomie possible.

32

Berceau de la gériatrie moderne

* Cf Architecture du grand âge ; variations architecturales sur la fin de vie, éd. duMoniteur/AP-HP, Paris 1988** Revue de l’infirmière n° 3, février 1992

L’OrbeDu latin orbis, cercle, se dit de l’espace que parcourt uneplanète dans l’étendue de soncours : l’orbe de Vénus ;le grand orbe que la terre faittous les ans autour du soleil.

L’hôpital de jour géronto-psychiatriqueDepuis le début de l’année 1997,une unité fonctionnelle du ser-vice de géronto-psychiatrieaccueille environ 10 patients parjour.

Cet hôpital de jour s’adresse auxpersonnes qui présentent unesouffrance psychologique etpour lesquelles les moyens habi-tuels de soins peuvent semblerinsuffisants ou, au contraire,trop lourds.

La collaboration avec le médecintraitant est constamment recher-chée par le service.

Le rythme de fréquentation vade un à trois jours par semaine,et la prise en charge individuelleest assurée par un psychiatre etun psychologue.

La Triade : trois plots reliés par une passerelle (à gauche)aux bâtiments anciens (à droite).

Berceau de la gériatrie moderne

“ Dans les années 1970, l’architecture militaire de l’établissementétait renforcée par le fait que l’hôpital était réparti en “divisions”, chacune étant dirigée par une “générale” !. On parlemaintenant d’unités et de cadres...”Professeur François Piette

1977 : propos d’une centenaire à son chef de clinique :“c’est gentil docteur de m’avoir écrit un poème pour mes 100 ans ;j’espère que vous allez continuer chaque année”.Elle est décédée à 109 ans.Professeur François Piette

Le Forum Jean Vignalou.

33

34

Berceau de la gériatrie moderne

Architecture : les dates clés1869Fin des travaux1873Inauguration officielle1889ConstructionFondation d’Heur etChemin Delatour1958Construction dupavillon Achard1963Construction dupavillon Loëper1966Construction de l’école d’infirmières1978Construction de l’USN1990Construction de l’Orbe1992Construction de la Triade2009Ouverture de l’institut de lalongévité

1 2

4

1, 2, 3 - la cour d’honneur4 - le bâtiment Jean-Baptiste Pussin

3

35

Un savoir-faire incontesté

Le CAAPAun espaceconseils &accompagnementpour les aidantsfamiliaux depatients âgéspour mieux vivre,pour mieux comprendre,pour mieux gérerla maladie.

L’hôpital aujourd’hui

L’hôpital Charles Foix proposel’ensemble des activités permet-tant la prise en charge médicalede la personne âgée quelles quesoient sa pathologie et sa dépen-dance.Il favorise le maintien et leretour à domicileLa population vieillit et l’hôpitalCharles Foix prend en charge unnombre plus important de mala-des âgés, dépendants, polypatho-logiques ou ayant des maladiesspécifiques (Alzheimer parexemple). Il dispose d’une acti-vité d’onco-gériatrie, labelliséepar l’Institut national du cancer(INCA).Il se réorganise pour augmenterles activités ambulatoires(consultations et hôpitaux dejour), développer ses activités desoins de suite et de réadaptationspécialisés, permettre une meil-leure lisibilité de son offre desoins, une simplification et uneplus grande efficacité de sonfonctionnement.

Il développe partenariats etréseaux- pour améliorer la prise encharge des patients avec lamédecine de ville, les profes-sionnels extra-hospitaliers et lesréseaux médico-sociaux- pour renforcer leurs compé-tences en partageant ses savoir-faire et expertises.

Il propose des types de priseen charge variés qui corres-pondent aux nouveaux besoinsde la population grâce à desactions de prévention, d’éduca-tion sanitaire et thérapeutique.

5 pôles depuis 2007

- le pôle court séjour - soins desuite et de réadaptationmédecine gériatrique, nutrition,onco-hématologie, plaies et cicatri-sations, unité de soins palliatifs etde prise en charge de la douleur,soins de suite et de réadaptationd’oncologie gériatrique ; des soinsde suite et de réadaptation d’orthopédie, de pneumologie et de post-chirurgie digestive sont en développement

- le pôle activités spécialiséestransversales et ambulatoiresCe pôle regroupe des activitésdiagnostiques et thérapeutiquespour l’ensemble de l’hôpital etdes partenaires extérieurs ;centre de bilans et de consulta-tions, géronto-psychiatrie, odon-tologie, rééducation et urodyna-mique), pharmacie. En 2009, lamédecine physique et de réadap-tation sera transférée à l’hôpitalRothschild mais l’hôpital CharlesFoix conservera des activités derééducation

- le pôle soins de longue duréeet relations avec les EHPAD(établissement d’hébergementde personnes âgées dépendan-tes) : soins médicaux et techniquesdes patients polypathologiquesdépendants, projet de soins et devie individualisés et adaptés,accompagnement des familles etdes proches

- le pôle médico-techniquebiologie médicale (biochimie,hématologie, microbiologie),imagerie médicale (un scanneren 2009), explorations fonction-nelles neurologiques et cardio-vasculaires

- le pôle mère-enfant qui en2009 va déménager de l’hôpitalJean Rostand à l’hôpital Bicêtredans une maternité de type III.

L’enseignement et larecherche

L’hôpital Charles Foix prépareau DESC de gériatrie et à lacapacité en gérontologie ainsiainsi qu’à neuf diplômesuniversitaires- DU de gérontologie- DU plaies et cicatrisation- DU de géronto-psychiatrie- DU d’infectiologie du sujet âgé- DU de nutrition du sujet âgé- DIU des troubles de lamémoire : neurologie et psychiatrie- DIU maladie d’Alzheimer ettroubles apparentés- DIU maladies cardiovasculai-res du sujet âgé- DIU technologie au service dela santé des personnes âgées eten situation de handicap.

Il accueille un Institut de formation en soins infirmiers qui forme des infirmiers et aides-soignants.L’hôpital Charles Foix développela recherche pour améliorer lesprises en charge et les pratiquesmédicales et soignantes.

L’institut de la longévitéouvre en 2009 : il va travaillerde concert avec des chercheurs(université Pierre et Marie Curie,Inserm, CNRS), des entreprisesspécialisées dans le biomédicalet les aides techniques.

36

Un savoir-faire incontesté

La gériatrie :une discipline ;les avancées successives

1914 : création du terme degériatrie1922 : le Dr Granjux créé leterme de séniculture1967 : 1ères journées annuellesde gériatrie par l’associationgérontologique de l’hôpitald’Ivry1972 : 1er cours de “sociologiedu 3ème âge” à l’université deParis VII-Jussieu1988 : l’arrêté ministériel du 29 avril créé la capacité degériatrie1989 : création du DEA debiologie du vieillissement ;création du DEA vieillissementet société à Paris V1997 : l’arrêté ministériel du 4 mars introduit dans le 2ème

cycle des études médicales denouveaux “thèmes d’enseigne-ment jugés prioritaires” parmilesquels figure la gérontologie2004 : la gériatrie devient unespécialité à l’égal des autresdisciplines ; l’arrêté ministérieldu 12 février institue lediplôme d’études spécialiséescomplémentaires de gériatrie,dit du groupe 2.

Médecine interne gériatrique :Pr Piette

Gérontologie :- Fondation d’Heur :

Dr Beinis- Calmette et Guérin :

Dr Gallinari- La Triade : Pr Belmin- Arche-Village : Dr Pautas- l’Orbe et Babinski :

Dr Meaume

Psycho-gériatrie : Dr Pellerin

Médecine physique et de réadaptation : Pr Robain

Odontologie : Dr Maman

Radiologie : Pr Marsault - Dr Just

Explorations fonctionnelles :responsable : Dr Sebban

Hématologie : Pr Aiach

Biochimie : Pr Beaudeux

Bactériologie : Pr Jarlier

Pharmacie : Dr Sarfati

Anesthésie : Pr Coriat

Gynécologie-obstétrique :Dr Pathier

Les activitéscliniques et

médico-techniques

La modernisation

Ce sont des opérations d’entretiengénéral du patrimoine maisaussi de grands chantiers de rénovation et de restructuration pour :

- améliorer le confort des résidents et les conditions de travail des personnels (chambres à un lit avec sanitaires,postes de soins, lieux d’accueil etd’animation...)...

- développer les capacités d’accueil et répondre auxbesoins sanitaires de la population.

Ce sont aussi :- le transfert de l’odontologiedans des locaux neufs et fonctionnels- la mise en sécurité incendiede l’ensemble des bâtiments.

Enfin, la construction de deux établissements d’hébergementpour personnes âgées dépen-dantes, habilités aide sociale, de70 lits chacun dédiés à la lourdedépendance, verront prochaine-ment le jour. L’opérateur retenuest l’association “Refuge descheminots” qui gère aujourd’hui8 EHPAD en France.

37

Un savoir-faire incontesté

L’institut de la longévité

L'hôpital va accueillir l’institut de lalongévité, projet unique en Franceporté par l’université Pierre et MarieCurie et des partenaires scientifiques,institutionnels, associatifs et des collectivités territoriales

Les objectifs de cet institut et les programmes de recherches visent à lapromotion du “bien vieillir” et au maintien de l’autonomie ; ses activitésseront centrées sur la prévention desmaladies neuropsychiatriques, cardio-vasculaires et des cancers. L’institutde la longévité va permettre unevéritable émulation autour de la

gérontologie grâce à la recherchefondamentale et clinique, l’innova-tion, la valorisation technologiqueet la formation des professionnelsgrâce à l’installation d’un centre derecherche, d’une pépinière d’entre-prises pour les biotechnologies et lesgérontotechnologies.

Ce projet comprend 3 phases :

- 2009 : ouverture (dans les anciennescuisines de l’hôpital) du centre derecherche et de développement enneurobiologie du vieillissement etdirigé par le Pr Mariani ; il sera centrésur l’étude des grandes fonctionsdu système nerveux (mémoire,orientation dans l’espace, motricité,

rythmes cérébraux), de leurs troubleséventuels (démence, troubles dusommeil...) et sur la mise au point destratégies de réparation du systèmenerveux

- 2012 : installation du centre de ressources translationnelles à proxi-mité qui sera axé sur des projetstransversaux biologiques et clini-ques autour des neurosciences, desmaladies cardio-vasculaires et del’oncohématogériatrie

- à terme, accueil d’une pépinièresd’entreprises en biotechnologies eten gérontechnologies pour lemaintien de l’autonomie, la sécurisa-tion des déplacements, l’améliorationde la vie en institution.

2009 : arrivée d’un scannerIl viendra compléter leparc radiologique existant.

38

L’animation tente de réinsuffler de la vie dans un univers désormais médicalisé :spectacles, concerts... et grande fête annuelle des résidents au printemps.

“ On ne veut pas être tranquille, on veut vivre, rire, chanter la vie, on ale coeur qui bat comme vous tous (...).N’oubliez jamais que nous sommes toujours vivants”.Lettres d’anciens jeunes à de futurs vieuxDes femmes : lettre au personnel, aux familles, 2005

“Animation et ateliers dccréation sont des activitésde soins qui nécessitent laparticipation de l’ensemblede l’équipe soignante ; cesactivités apportent uneamélioration de la qualitéde vie des personnes âgéesen institution”.*

* Les soins en long séjour - Y. Wolmark,B. Forette, P. Berthaux - L’hôpital à Paris,n° 62 - 1991

Le projet de vie

Les personnes âgées sontaccueillies pour des séjourslongs notamment en soins delongue durée.

Le groupe hospitalier CharlesFoix - Jean Rostand s’engagedans toutes les actions qui permettent de rompre leurisolement et d’améliorer leur viequotidienne.

Il s’appuie sur la participationdes personnels, des familles etdes associations de bénévolespour :

- faciliter l’intégration progres-sive des patients, l’accueil et l’information

- concilier les impératifs médi-caux et soignants avec les habitudes, rythmes de vie et lesdésirs des personnes âgées

- développer la culture, l’anima-tion, la communication avecl’extérieur et la convivialité

- conserver une vie sociale,garder un lien avec les autres etêtre reconnu en tant citoyen.

Un savoir-faire incontesté

Un savoir-faire incontesté

Les ateliers de création“...Espaces de liberté et d’expression, les résidentsdécouvrent la peinture, lasculpture, la musique ;ces moments d’évasion leurpermettent de se réinvestiret de restructurer leur quotidien......Les oeuvres produitessont des manifestations devie, d’émotions libérées...”.

L’âge de créer, ParisCenturion 1991 - R.Laforestrie en hommage àP. Berthaux

Les oeuvres des personnes âgées habillent dorénavant le mur de la nouvelle cafétéria.

Programme de la matinée théâtrale et musicale del’hospice d’Ivry 23 juin 1889(archives de l’AP-HP) 39

40

On connaît mon attachement à la gériatriedepuis que le Professeur Jean Vignalou,et son assistant Paul Berthaux, m’avaient pro-

posé, en septembre 1958, de m’occuper du “centre de désencombrement” nouvellement créé à Ivryappelé Pavillons Achard.

J’ai été le premier de leurs internes à entrer dans“l’équipe des médecins d’Ivry”, équipe dirigée par JeanVignalou (le responsable) et Paul Berthaux (le concepteur de la gériatrie à l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris).

Ce présent opuscule décrit exactement l’évolution del’hospice et la période de “Monsieur Vignalou”, décisivepar la transformation d’un hospice classique (hébergementet infirmerie inefficaces), en centre de soins, de rechercheclinique et d’enseignement (centre hospitalo-universi-taire).

Les modalités de cette rupture, d’un lieu d’enfermementoù les vols et les négligences laissaient indifférents lesmédecins et l’administration, vers un lieu de rechercheclinique nouveau, dans un domaine négligé, en mêmetemps qu’une prise en considération des personnes âgéesen situation de handicap ou de dépendance, n’a été possible que par une équipe très bien dirigée et totale-ment engagée.

C’est ainsi que le Professeur Berthaux a indiqué les premières transformations lors d’une conférence surl’histoire de l’établissement en 1986.

C’est bien le coeur de la nouvelle histoire écrite par cetteéquipe, et ne l’oublions pas, par tous les personnels de soins, ce métier si difficile au contact desmalades âgés et isolés.

Comprendre pour expliquer, acquérir l’autorité pourconvaincre les responsables, réussir un développement cohérent des structures nécessaires, faireune place à la recherche clinique et fondamentale, ont étédes objectifs évidents pour nous.

Le temps a permis de les atteindre, parce que cet esprit dutravail en équipe et la nécessité de le continuer ont puêtre transmis aux deux générations suivantes.

Ces mots encore pour remercier ce “travail de mémoire”sur une oeuvre collective et humaine qui a reposé surdeux seuls noms Jean Vignalou et Paul Berthaux quisont à l’origine de carrières professionnelles réussies desmembres de leur équipe, tous à leur niveau.

Docteur Hervé BeckJuillet 2007

Mieux comprendre l’histoire pourmieux préparer l’avenir

NDLR : le Dr Beck fut chef de service à l’hôpital Charles Foixde 1958 (à l’ouverture des pavillons Achard) jusqu’à son départ àla retraite en septembre 1989. Il avait également sous sa responsabilité la “6ème division” où a été créé le Forum JeanVignalou pour l’accueil en animation des malades âgés de l’ensemble des “divisions” de l’hôpital. Son successeur a été le Dr Claude Gallinari.

L’allongement sans précédent del’espérance de vie et l’augmentationconstante du nombre de personnesâgées renouvellent le questionnementsur la vieillesse. Pendant longtemps,sujet réservé à la méditation desphilosophes et des poêtes : Cicéron,Ronsard, Montaigne, Hugo..., lavieillesse est devenue l’affaire d’experts et de spécialistes : les biologistes décrivent ses mécanismes,les sociologues analysent ses com-portements, les économistes calculentson coût... Ce qui relevait de l’expé-rience intime est devenu objet d’étudeet de savoir.

...Les statisticiens français du derniertiers du XIXème siècle se réjouis-saient, malgré le malthusianisme del’époque de l’augmentation de lapart des vieux dans la populationfrançaise. Ils la percevaient commel’un des heureux effets des progrèsde la longévité. Les statisticiensactuels, eux, s’en désolent. C’estmoins l’âge que le nombre de vieuxqui inquiète, faisant redouter tout à la fois, l’effondrement du système des retraites, le conserva-tisme frileux ou le déséquilibre descomptes de la Sécurité sociale...Economiquement, jamais peut-êtreune société n’aura tant fait pour sesaînés qui sont tous - ou presque -nourris, logés et soignés mais la vieil-lesse fait peur et et elle est rejetée.De la victoire remportée sur l’ad-versité que représente l’allonge-ment de l’espérance de vie, victoirepour laquelle toutes les générationsqui nous ont précédés ont lutté,

nous avons fait un problème quenous ne savons plus commentrésoudre....Dans nos sociétés..., la tendance estde nier toute intensité à cette nou-velle période à vivre. Une société,où l’apprentissage est limité auxpremiers âges de la vie, offre unesituation inédite historiquement.Les potentialités sont désormaisattribuées à la seule jeunesse, le déve-loppement intellectuel et spiritueld’un homme n’est plus envisagécomme une progression de l’être, etla vieillesse est devenue le tempsoù, après avoir monté la côte, il fautla redescendre.

...Un pohilosophe comme VladimirJankélévitch nous le rappelle : levieillissement n’a rien à voir avecune raréfaction de l’être. C’est une

forme de vitalité déclinante qui nediffère pas quantitativement maisqualitativement des autres âges.L’altération est le processus parlequel la conscience devient autre,autre et non pas moindre*.

...Une politique du vieillissementnécessite de favoriser le développe-ment des potentialités humaines à tous les âges, en reconsidérant l’articulation des étapes du cycle devie : la vision linéaire à rythme ternaire doit faire place à un cyclede vie plus flexible et pluriactif. Legrand âge en rappelant la limiteextrême de la vie permet à chaquehomme d’exister et de “devenir” dansun processus d’altérité reconnu.

*La Mort, Flammarion, 1977, p. 20

41

Vieillir, une pratique socialeBernadette Puijalon, anthropologue, université Paris 12

Extrait du catalogue de l’exposition du musée de l’AP-HP “Voyage au pays de Gérousie”

En 2005, on dénombrait en France près de 10 millions de personnes âgées de65 ans et plus, soit 16 % de la population totale. Parmi elles, le poids despersonnes très âgées augmente régulièrement depuis 50 ans. Ainsi, si les personnes âgées de 80 ans et plus représentaient 13 % des 65 ans et plus en1950, en 2005 ce chiffre était de 27 %. Ce n’est pas le nombre absolu des personnes âgées qui pose problème, comme voudrait nous le faire croire uneconception catastrophique du vieillissement des populations, mais plutôt les difficultés à faire évoluer les pratiques de soins pour faire face aux besoinssanitaires de ces groupes d’âge et à leur demande.La réorganisation des réponses sanitaires au vieillssement de la population estune nécessité. Dans cette réorganisation, l’hôpital doit jouer un rôle et contribuerau maintien de l’autonomie des personnes âgées....

Réorganiser l’offre de soins aux personnes âgées

Dr Bernard Cassou, chef du service Centre de gérontologie SaintePérine, AP-HP, professeur de santé publique à l’université de

Versailles - Saint QuentinExtrait du catalogue de l’exposition du musée de l’AP-HP

“Voyage au pays de Gérousie”

42

Ce sont eux qui ont mis enplace l’UPG

“C’est aussi à l’initiative des Pr Vignalou et Pr Berthaux quel’unité de psychogériatrie voit lejour. Ils en confie la direction en1978 au Dr André Boiffin, un deleurs internes en médecine, qui aprèsun internat de psychiatrie, s’était installé à Orléans”. Pr Jean-Pierre Bouchon

La charte de la personneâgée dépendante

C’est aussi grâce au ProfesseurMoulias que le CEGAP fut mis enplace et, en raison de sa forte impli-cation pour le respect et la dignitédes personnes âgées, que la 1ère chartedes droits et libertés de la personneâgée dépendante a vu le jour en1987 sous l’égide de la Fondationnationale de gérontologie.Martine Simon-Marzais

Podologie et hôpital de jour

Je voudrais citer aussi le ProfesseurPiera, chef du service de médecinephysique et de réadaptation pour sesitravaux et son enseignement sur lepied de la personne âgée et la priseen charge de pédicurie-podologie.Martine Simon-Marzais

L’amélioration du confort devie des patients en long séjour

Je pense également à l’introductionde l’usage unique sur tout l’hôpitalen mai 1982 : une intiative deMadame Potonnet, surveillantegénérale en lingerie et de MonsieurFessler, directeur adjoint des servi-ces économiques et financiers.Martine Simon-Marzais

La lutte contre l’infection est dèslors considérablement aidée (lenettoyage des sols est facilité) ;les vêtements sont moins souillésce qui redonne une dignité auxmalades dont certains peuventmaintenant se mouvoir sansappréhension ; ils dormentmieux ; les odeurs ont pratique-ment disparu ; les alèzes encaoutchouc, inconfortables, nesont plus utilisées ; la toilette esteffectuée avec un matérieladapté (gants et serviettes àusage unique). Les économies deblanchissage, de tri et de trans-port, ont permis de financer desopérations relatives à l’habille-ment des malades, à l’équipe-ment de l’hôpital en essuie-mains et achats d’oreillers et detraversins lavables.Rapport d’activité 1983

Annexe 1Empreintes et témoignages

* NDLR : le Professeur Robert Mouliasprend sa suite en 1979.

Le Professeur Jean-PierreBouchon effectue toute sa carrière à Ivry. Externe en 1956chez Monsieur Vignalou etMonsieur Berthaux, il revienten 1961 en tant qu’interne ; ilest chef de clinique en 1964 etest nommé chef du service demédecine interne de 1984 à2002. Il a notamment contribuéau développement de l’ensei-gnement en gériatrie et du réseaudes médecins généralistes.

Un binôme qui fit la renommée de l’hôpital

“Paul Berthaux fut un génie de lamédecine ; il arrive en 1953 àCharles Foix en même temps que leProfesseur Vignalou et est sonjeune assistant. Il devient chef du service de la 4ème unité en 1970*. Les travaux cliniques, de recherche et d’enseignement du binômeVignalou/Berthaux firent la renommée de l’hôpital.On assiste avec cette premièregénération de grands gériatres à un brassage d’idées scientifiques, médicales et d’organisation”.

NDLR : la gériatrie est née et vas’imposer.

Empreintes et témoignages

43

“Le service d’achat aumalade”

Il est mis en place en 1993 surune partie des services et montetrès vite en charge. Cette activitéqui répond aux souhaits des personnes âgées, des plus dépen-dantes en particulier, leur permet d’acquérir vêtements,produits d’hygiène et de parfu-merie...ce dont elles ont besoinou qui leur ferait plaisir.

Le centre de floriculture

Il a été décidé de regrouper en1966 les installations de l’hôpi-tal de La Rochefoucauld, spécia-lisées dans la production de plan-tes dites estivales à Ivry sur6800 m2 occupés à ce jour pardes pépinières.

Leur mise en place implique laconstruction d’un ensemble deserres, de bâches de culture,d’une chaufferie.

Conseil d’administration du 25 avril 1966

“Le personnel pouvait y acheter desplantes et des fleurs une fois par an ; lecentre de floriculture en distribuaitrégulièrement dans les services”.Catherine Dutertre

Aujourd’hui, le centre de flori-culture est fermé. Les terrainslibérés accueilleront à terme lesarchives de l’AP-HP.

Les bâtiments étaient répartisen unités :

la 1ère unité : l’Archela 2ème unité : le Villagela 3ème unité : Babinskila 4ème unité : la Triadeles 5ème et 6ème unités : Calmette etGuérin

“En 1989, la 3ème unité fut le premierservice a être entièrement rénové :des chambres à deux lits avec cabinet de toilette”.Catherine Dutertre

“A la 6ème unité, au 2ème étage, près del’avenue de la République, il y avaitune crêperie ; elle était ouverte àtous”.Isabelle Médevielle

“La coop”

Le centre de loisirs s’installe en1987-1988 à la place de la“coop”, une petite boutique oùtous pouvaient trouver confise-ries, livres...

Le self

Avant de rejoindre son emplace-ment actuel, le self fut d’abordinstallé au rez-de-chaussée del’Arche, puis à celui de laFondation d’Heur.

Empreintes et témoignages

1996 : suppression de la dernièresalle commune de l’hôpital

Conférence de consensussur les escarres : le rôledéterminant de l’hôpital

“L’hôpital a une grande fierté :son implication en 2001 auniveau national dans la confé-rence de consensus sur la préven-tion et le traitement des escarres.

Françoise Fabre, directrice dessoins infirmiers, convaincue dutravail effectué par le Dr SylvieMeaume, s’est vue confier la mission d’organiser cette confé-rence. De très nombreux expertsde Charles Foix ont joué un rôledéterminant dans ce travail”.

Martine Simon-Marzais

2007 : la mise en place d’un atelier de confort et de bien-être à l’Orbe

Le toucher-massage relaxant est une technique pour éliminer les tensionsquotidiennes ressenties par les patients, développe la concentration,l’écoute, l’échange... Il sera progressivement proposé aux autres unités dessoins de longue durée.

Un cadre spécialisé en animation

Son recrutement en 1994 permet la mise en place d’anima-tions dites centrales et favoriserala coordination et la promotiondes initiatives des différentesunités.

Le cercle Vignalou

Créé en 1986, c’est un lieud’échanges, de rencontres et deformation ; il est ouvert à l’en-semble des personnels, aux asso-ciations de familles et de béné-voles. En 1987, le problèmeessentiel de l’hôpital demeure larénovation des anciennes unités.L’ensemble des personnes a été

amené à participer à l’élabora-tion d’un projet de modernisa-tion des salles d’hospitalisation.Elle a permis une approche pluspertinente de la personne âgée,axée sur les besoins réels duvieillard dépendant. Cette expé-rience s’est révélée positive etsera élargie et développée dansles années suivantes.Rapport d’activité 1987

L’implantation du centre den-taire

Le décret du 22 septembre 1965a prévu l’implantation du cadredes odontologistes dans les centres hospitaliers régionaux.

En effet, jusqu’à cette date, cettecatégorie n’existait pas dans lesCHR, et par conséquent àl’Assistance publique.

Entre 1965 et 1970, trois centresd’enseignement, de soins errecherches dentaires ont étéimplantés à Albert Chenevier,Louis Mourier et Charles Foix.Par ailleurs, deux institutions pri-vées sont intégrées à l’Assistancepublique : le centre dentaireGarancière et le centre dentaireJean Deliberos.

Procès verbal, Conseil d’admi-nistration 1966

Le centre de consultations et detraitements dentaires de CharlesFoix ouvre en 1971. Il est dirigépar Mademoiselle Klingler,professeur à l’école nationale dechirurgie dentaire. Il comporte20 boxes de soins*.

Rapport d’activité 1971

44

Empreintes et témoignages

Le comité d’éthique de l’hôpital Charles Foix

Mis en place en 1982 parmi lestous premiers comités d’éthiquelocaux, celui de l’hôpital CharlesFoix a souhaité le développe-ment de la recherche en gériatrienotamment promouvoir lesnouvelles technologies et lesprogrès de la thérapeutique.En effet, la polypathologie despersonnes âgées imposait une protection médicale particulière-ment rapide et spécifique.

Gérontologie et société, n° 58,octobre 1991

L’esthéticienne hospitalière

Le 1er poste a été créé àCharles Foix en 1987 ; oncompte aujourd’hui 5 esthéti-ciennes à l’AP-HP.“C’est un moment de détente, deréconfort, de plaisir, de bienêtre... mais aussi une aide àretrouver ou à conserver unebonne image de soi...Isabelle MédevielleEpilation, soins du visage,manucurie, maquillage, lessoins esthétiques font partieintégrante des soins.

Le coiffeur

“Il y avait autrefois un coiffeurpour hommes qui passait réguliè-rement dans les services avec satondeuse !” .Isabelle MédevielleUn professionnel passe main-tenant une fois par semainedans les 5 salons installésdans les services.

* NDLR : le service compte aujourd’hui31 fauteuils

45L’équipe de Jean Vignalou à Ivry 1956 (collection particulière)

De gauche à droite :Pr Jean VignalouDr LemarchalPr Paul Berthaux

Empreintes et témoignages

A droite, le Dr Hervé Beck

46

Empreintes et témoignages

Le corps médical en 2007

Séance du Comité consultatif médical du 6 novembre 2007de gauche à droite : Pr Belmin, Dr Lahiji, Dr Pequignot, Pr Mariani, Dr Peyron, Dr Maman, Dr Pellerin, Dr Sarfati, Dr Glomot,Dr Sebban, Pr Wolikow, Dr Just, Pr Piette, Dr Beinis, Dr Pautas, Dr Gallinari, Dr Lahlou, Dr Senet, Dr Fouassier

Les soins palliatifs et le traitement de la douleur

Sous l’impulsion de BrunoCadart, externe à la 1ère unité, leDr Annick Sachet s’oriente surla prise en charge de la douleuret l’accompagnement des mou-rants.“A partir de 1990, le serviceacquiert un savoir-faire qui devientvite une référence au sein de l’hôpital”. Le Dr A. Sachet estappelée dans les autres unités oùelle dispense son enseignement,son expérience auprès des interneset des soignants. L’équipe de la1ère unité est appelée à témoignerdans d’autres hôpitaux. A partirde 1998, des vacations sont données pour créer une équipemobile composée de médecins(Dr Sachet et Dr PascaleFouassier), d’un psychologue etd’une infirmière. L’unité desoins palliatifs de 4 lits (8 litsdepuis 2007) ouvre en 2000 ;elle comprend également uneconsultation.“L’équipe mobile est régulièrementsollicitée par l’ensemble des servicespour un compagnonnage et une for-mation au lit du malade. Soins pal-liatifs et prise en charge de la dou-leur font aujourd’hui partie de la formation dispensée aux interneschaque semestre.L’ouverture vers le domicile, les maisons de retraite et les profes-sionnels extérieurs est en cours”.Dr Annick Sachet

“Mieux vivre à Charles Foix”: l’association des familles

En 1983, la 1ère unité porte uneattention particulière aux liensavec les familles et une associa-tion des familles et des amis despensionnaires du service estcréée. Des liens très étroits s’éta-blissent avec les bénévoles. Audépart, ce sont quelques bonnesvolontés qui ne cessent de récla-mer une amélioration des condi-tions de vie des pensionnaires.Très vite, l’association regroupetous les services.

Parler, écouter, rassurer, résou-dre certaines difficultés..., sonrôle est aujourd’hui reconnu parla loi du 4 mars 2002 sur lesdroits des malades ; porte-paroledes familles, elle est l’interlocu-teur de la direction et participeainsi à la commission des rela-tions avec les usagers et de laqualité de la prise en charge.

2004 : l’hôpital reçoit le PrixHélioscope

Une récompense de laFondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France pour le travail transversal effectué surl’amélioration de la prise encharge des personnes décédéeset l’accompagnement de leursfamilles.Plusieurs subventions de cetteFondation ont également permisl’aménagement de la courEugénie avec bancs de jardins,l’achat de matériels pour l’ateliertoucher-massage relaxant, l’ateliermusical et le jardin ludique àl’Orbe, l’acquisition de parasolspour le service de géronto-psychiatrie, de 18 fauteuils derepos pour différents services, desmatelas anti-escarres avec houssespour l’unité de soins palliatifs.

Un minibus pour l’hôpital de jour thérapeutique

Offert en 2005 par le MAEH(Mouvement pour l’améliorationde l’environnement hospitalier),il est venu s’ajouter aux opéra-tions conduites depuis près de20 ans par cette association ausein de l’hôpital : la création duparc animalier, du jardin dessens, la décoration de l’hôpitalde jour et l’installation de bancsdans la cour d’honneur.

47

Empreintes et témoignages

1999 : naissance du CLUD(Comité de lutte contre la dou-leur) et du RED (Rencontreséthique et déontologie)

Deux groupes de travail deréflexions transversales surl’amélioration des pratiquesprofessionnelles et de la qualitéde la prise en charge.

1968 : une nouvelle école d’infirmières et d’aides-soignantes avec internatLa construction s’achève en1968. Elle reçoit 173 élèves de1ère année.

1985 : la fonction d’intendanteC’est un nouveau métier dont lerôle est la coordination et leconseil auprès des responsablesde chaque grand secteur hospita-lier (alimentation, linge, maté-riel). La fonction est exercée parune surveillante diplômée del’Institut d’enseignement supé-rieur des cadres hospitaliers.Rapport d’activité 1985

Evolution de l’âge moyen desmalades entrés en longséjour*1971 : 77,6 ans1976 : 80,38 ans1981 : 81,58 ans2006 : 85 ans

48

Empreintes et témoignages

Les bénévoles

Plusieurs associations très actives(une cinquantaine de bénévoles)sont présentes sur l’hôpital pouraméliorer le quotidien des personnes âgées : l’Associationpour l’animation, la FondationClaude Pompidou (anciennementles Blouses jaunes),les Petits Frères des Pauvres,la Visite des malades en établis-sements hospitaliers (VMEH),Jusqu’à la mort, accompagner lavie (JALMALV), OHR ANNA,l’association hospitalité Notre-Dame-du-Salut.

Une gériatrie d’excellence*

...”Ainsi donc la gériatrie à l’Assistance Publique bouge ; lesrecherches concernent tous les domaines, depuis l’évaluationde la dépendance, sa prévention, jusqu’à l’apport des tech-nologies pour pallier la dépendance. Approche pluridiscipli-naire, approche d’espoir : la dépendance n’est que relative,la dignité peut et doit subsister jusqu’au bout.Soigner, c’est d’abord restaurer cette dignité. Accepter deregarder le grand âge en face, est une façon de s’assumer”...

*Alain Gille, directeur des équipements de l’AP-HP - Gestions hospitalières n° 291, déc 1989

* Rapports d’activité annuels

2008- subvention pour l’achat de matelas anti-escarres à l’unité de soins palliatifs et l’aménagement à neuf du salon decoiffure de la Triade grâce à l’opération“plus de vie” de la Fondation Hôpitauxde Paris-Hôpitaux de France- 4 grands écrans plats pour les lieux de vieofferts par la société Sharp et Come back- une pergola grâce à AG2R

Des tenues vestimentaires personnaliséesPour les patients hospitalisés en soinsde longue durée, les tenues vestimen-taires personnalisées ont été progres-sivement introduites. Ceci a entraînéla création dans chaque unité d’unelingerie pour l’entretien, la couture, lerepassage. Ces lingeries ontaujourd’hui disparu ; seule subsisteune lingerie centrale ; les vêtementsdes résidents sont maintenant entrete-nus soit par leurs proches soit parl’hôpital ; leur reprisage est confié à uncentre d’aide par le travail “l’élanretrouvé”.

Evolution du nombre de lits àl’hôpital Charles Foix*1968 : 28211976 : 2129

1988 : 1541 et 30 places de jour2006 : 784 et 31 places de jour

49

Des cadres supérieurs et cadres de santé en 2007de gauche à droite :

Jean-Louis Sergent,Catherine Petit,Chantal Chevance,Evelyne Frandaz,Nicole Blacque-Belair,Françoise Lamberdière,Lucette Keromnes,Yveline Gaudin,Zoulikha Saïdi,Patrick Colin,Anne Peyé,Marie-Noëlle Gamard,Monique Garçon,Martie-Thérèse Tailleur,Elisabeth Doyen-Brunet

Empreintes et témoignages

Réunion des cadres en 2008

de gauche à droite :

en bas :Géraldine Dubois, Isabelle Raynal,Fabienne Monsoreau,

au centre :Françoise Ertel, Marie-ChristineGuyon, Yveline Gaudin,Soraya Fekkar, FrançoiseLamberdière, Sandrine Denis,Patrick Colin, Nicole Blacque-Belair,Christian Meunier,Martine Simon-Marzais

derrière :Valérie Gillet, Elisabeth DoyenBrunet, Evelyne Housseini,Monique Lagoutte (IFSI),Isabelle Dagneaux,Christina Van den Deale,Fabienne Durand

50

Empreintes et témoignages

le directeur de l'hospice informe le Directeur généralde séances régulières de lecture pour les aveugles,assurées par les administrés.

1882

un journaliste de la presse locale se fait passer pourun administré afin de décrire de l'intérieur lesconditions d'hébergement de l'hospice.

1892

les administrés adressent unepétition au Directeur général del'AP pour protester contre le rem-placement de leurs bas de lainepar des chaussettes.

1896

l'association " La libre penséesocialiste des hospitalisés desdeux sexes de l'hospice d'Ivry " fait part de son existence au Directeur général.

1905

pétition des administrés à proposd'une demande de pain au déjeûner.

1924

Textes archives AP-HPGroupe de la libre pensée socialiste de l’hospice d’Ivry.Déclaration de principes, 1905 (Archives AP-HP)

51

Il est impossible de les citertous. Mais quelques uns d’entreeux nous sont plus familiersparce qu’ils ont laissé leur nom àune salle.

Ainsi Duplay, Médecin del’Hospice en 1873 : rappelonsque l’Hospice est desservi parles soeurs de Saint-Vincent-de-Paul à l’époque ; il n’y a qu’unmédecin qui prend uniquementen charge les malades de l’infir-merie.

Une salle du pavillon Eugénieporte son nom mais il peut s’agirégalement de Simon Duplay,(fils ?) médecin lui aussi et célèbrechef de service à Lariboisière(cf. le «Passé Simple» qui lui estconsacré).

En 1884, un chirurgien estadjoint au médecin pour lesmalades : Mr Monod.

Le 1er janvier 1887, le DocteurGombault est chef de service àIvry.

Une salle portera son nom plu-sieurs années (cf. p. 27 du pré-sent ouvrage, extrait de la confé-rence du Pr Berthaux).

En 1897, un pharmacien, leDocteur Richaud, est nommé à l’Hospice.Il y restera jusqu’en 1913 et s’in-téressera de près à la vie quoti-dienne des malades.

Il écrira un article assez densesur le sujet dans «Le MondeIllustré», dont sont cités ici delarges extraits.

En 1911, Jean-Athanase Sicardsuccède à Achille Souques,(cité à plusieurs reprises dans le chapitre consacré à CharlesFoix ).

Le 1er février 1922, Eugène-Désiré Pestel sera le premierchef du service d’électro-radiologie de l’Hospice. Il le seraencore en 1941.

Jacques-Charles Bloch estnommé chef du service de chi-rurgie en 1941.

Il se suicidera un an plus tard,préférant mourir que d’être prispar les allemands (cf. p. 26).

Mr Morel-Fatio sera chef duservice de chirurgie à partir de1960.

Son nom, comme celui de Mr Henry, pharmacien à l’hospice à partir de 1948 et qui y restera jusqu’au bout de sa carrière en 1986, est familier à beaucoup d’«anciens» qui lesont connus et qui travaillentencore actuellement à CharlesFoix...

Quelques chefs de service à l’Hospice d’Ivry 1869-1975

Annexe 2

Al'origine, les jardins del’hôpital étaient descours : une cour pour les

hommes, une cour pour les fem-mes, organisation traditionnelledes hospices de vieillards.

C'est avec la naissance de lagériatrie en tant que disciplinemédicale en construction queces cours vont devenir des jardins ; ils vont connaître uneévolution parallèle à celle de laprise en charge des personnesâgées.

Avec les Professeurs JeanVignalou et Paul Berthaux naîtla gériatrie moderne et l'hôpitalgériatrique fait son entrée dansle domaine sanitaire.

C'est au long de ces années queles jardins vont trouver un lienavec la thérapeutique.

Trois grands jardins donnent àl'hôpital Charles Foix une partde son identité architecturale.

La cour d'Honneur face à lachapelle (cour François Joulet deChâtillon, initiateur de l’Hospiceen 1632) est un jardin à la française aux proportions harmonieuses et majestueuses.

La cour végétale à l’est del'hôpital (l'ancienne cour deshommes) est en réalité un jardinoù sont exposées des œuvresd'art et où a lieu tous les deuxans une manifestation artistique“Jardins secrets” organisée parl'association artistique KP5 etfinancée par le conseil généraldu Val de Marne.

Une autre partie de ce jardin estdévolue à une structure originale“le Forum Jean Vignalou” quireçoit pour la journée despatients de soins de longuedurée.Des activités thérapeutiques dejardinage sont proposées etadaptées aux malades atteints dela maladie d'Alzheimer.

52

Un parc exceptionnelAnnexe 3

La cour végétale

à gaucheLa cour d’Honneur

Enfin, la cour animale àl'ouest de l'hôpital (l'anciennecour des femmes) dispose,comme son nom l'indique, d'unpetit parc animalier et d'un jardin des senteurs.

Ce dernier, financé par leMouvement pour l'Améliorationde l'Environnement Hospitalier(MAEH) est à proximité de l'hôpital de jour thérapeutique.Il permet aux personnes âgéesaccueillies dans cet hôpital dejour de bénéficier d'activités thérapeutiques dans un cadreoriginal.

53

Au sein d’une surface hospitalièretotale de 17 hectares, ces jardinssont, comme l'établissement,inscrits à l'inventaire supplémen-taire des monuments historiquesdepuis 1997.

Ils contribuent à donner à l'hôpital, à ses malades, ses personnels et ses visiteurs, unenvironnement serein et agréable.

Ils sont aussi, et plus particulière-ment la cour animale, ouverts surla ville puisque quelques habitantsdu voisinage de l'hôpital y viennent régulièrement.

Les jardins de l'hôpital CharlesFoix participent aussi à des manifestations festives comme la fête annuelle des résidents au printemps, et culturelles avec chorégraphie, musique ou théâtre.

La cour animaleavec jardin des senteurset parc animalier

54

Dédiée à Notre Dame del’Annonciation, la chapelle est laplus grande du Val-de-Marne.Elle est aussi l’une des toutespremières à avoir été dotéed’une charpente métallique.A l’intérieur se trouve, dans letransept droit, le cénotaphe enmarbre du Cardinal de LaRochefoucauld.

La sévérité apparente de l’œu-vre est atténuée par la douceurde l’ange (jeune enfant ?) quitient la cape du Cardinal enprières.

L’ensemble est dû au talent dePhilippe de Buyster, sculpteurfrançais né à Anvers en 1595,mort à Paris en 1688.

Nommé en 1651 membre del’Académie, il est aussi l’auteurde plusieurs statues ornant les façades ou les jardins deschâteaux de Versailles, Vaux-leVicomte, l’église du Val-de-Grâce, le Louvre.

Le mausolée du Cardinal futson œuvre la plus importante.

Le monument était initiale-ment destiné à l’église SainteGeneviève.

Annexe 4La chapelle

L’orgueSon buffet en 2 parties, la disposition très originale desjeux (dont certains ont unedouble fonction) répartis sur 3 claviers et un pédalier, la présence très rare d’un jeu àanches libres, la qualité musicalede ses timbres... sont quelquesuns des éléments originaux quifont de cet orgue, construit parla Manufacture Merklin &Schutze en 1869, un témoinexceptionnel du patrimoinemusical du XIXème siècle.

Dans la sacristie, deux tableauxdes XVIIème et XVIIIème sièclesviennent d’être restaurés

55

M. RICHER 1868-1872

M. RAMELET 1872-1875

M. PHELIP 1875-1878

M. PRIEUR 1878-1880

M. COLIN 1880-1884

M. LABOUGRIE 1884-1897

M. ENJOLRAS 1897-1908

M. CHAMPROUX 1908-1911

M. MORA 1911-1925

M. BIDAULT 1925-1933

M. FLAMENT août-octobre 1933

M. DETHARE 1933-1940

Mme BENOIT 1940-1941

M. LECOMTE 1941-1944

M. DEGRELLE 1944-1945

M. BASSON 1945-1948

M. PADOVANI 1948 - 1961

M. HENNEBERT 1961-1968

Mme RUELLAN DU CREHU 1968-1972

M. DEGARDIN septembre-novembre 1972

Mle BOUYGUES 1972-1977

Mme DONDOUX 1977-1983

M. SOUDAN 1983-1988

M. PAPADACCI STEPHANOPOLI 1988-1993

M. BURDET 1993-2003

Mme DE WILDE 2003-2008

Mme DESJARDINS 2009-

Un logo, des symbolesSigne de reconnaissance,un logo est une image de marquequi concrétise une identité et lesmessages forts de l’activité d’uneinstitution ou d’une entreprise.

Joëlle Pétillot se souvient :“L’idée de deux extrêmes de la vie (la naissance pour Jean Rostand, lavieillesse pour Charles Foix) et d’uneantinomie forte entre ces deux struc-tures, l’une pavillonnaire, compliquéedans ses circulations, l’autre mono-bloc, la notion du temps très particu-lière surtout à Charles Foix ont guidéla réflexion à l’époque.C’est pourquoi ont été retenues :- l’idée de l’arbre, symbole de la solidité, de la vie et en même tempsde la lenteur de son développement- celle du labyrinthe en raison de la complexité de son parcours, dumétier hospitalier- l’opposition noir et blanc pour lescontraires de Charles Foix et de JeanRostand”.

Annexe 6Annexe 5Les directeurs à partir de1868

Mise à jour avec l’autorisation de l’auteur de la 1ère édition : 150 ans d’histoire à Charles Foix - Joëlle Pétillot - 1999

Remerciements au Docteur Hervé Beck, au Professeur Jean-Paul Bouchon, au Professeur François Piette,au Docteur Annick Sachet, à Martine Simon-Marzais, à Nicole Pivert, à Marie-France Pisonero, à Yveline Gaudin,

à Daniel Hofnung, chargé d’études à la Direction des bâtiments communaux de la mairie d’Ivry-sur-Seinepour leurs témoignages et leur relecture attentive

ainsi qu’au musée et au service des archives de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris.

Remerciements également à la Direction du siège de l’AP-HP, à la MACSF, à sanofi-aventis pour leur contribution grâce à laquelle cet opuscule est aujourd’hui publié ;

le contenu de ce fascicule n’engage en aucun cas leur responsabilité.

Crédit photographique :Alexandre Judas : p. 14, p. 18, p. 30 en haut, p. 31, p. 34 (3)Bibliothèque de l’hôpital Charles Foix : p. 27, p. 44 et 45communication Charles Foix : p. 16, p. 17Jacques Lairie : p. 19 l’entrée et l’avenue, p. 21 haut, p. 28 haut Philippe Langonnet : p. 3 à droite, p. 7, p. 8, p. 9 en bas, p. 11, p. 12, p. 20, p. 24, p. 25, p. 26, p. 29, p. 30 en bas,p. 32, p. 33, p. 38, p. 39, p. 51, p. 52, p. 53, p. 54François Marin : p. 4, p. 9 en haut, p. 46O. de la Motte Rouge : p. 7, p. 18, p. 33 haut gauche et bas droit, p. 34 (1-2-4), p. 55 Patricia Simon : p. 19 en haut, p. 16Service des Archives-photothèque de l’AP-HP : p. 10, p. 13, p. 14, p. 16, p. 17, p. 18, p. 19, p. 20, p. 21, p. 28, p. 39,p. 50 Illustrations p. 2, 3 : O. de la Motte Rouge

Réalisation : Marie-Agnès Garo, responsable de la communication © 2008 Groupe hospitalier Charles Foix - Jean Rostand - AP-HP