LIVRES D'IMAGES - CNLJ - La joie par les...

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LIVRES D'IMAGES I Chez Albin Michel Jeunesse., d'Isabelle Carrier : A l'endroit, à l'envers (79 F). Un nouvel album sur les contraires dont l'originalité repose sur un système de doubles pages à déplier qui créent la sur- prise et provoquent le rire. De José Stroo & Marijke Ten Cate : Gentil Tigre (79 F). Un album sur le thème de l'amitié et de la solidari- té. Gentil tigre passe ses journées à soigner ses amis jusqu'au jour où lui-même a bien besoin de repos... Les illustrations qui évoquent la gravure sur bois ne manquent pas de charme et donnent du relief à cette histoire gentillette. Deux titres de Lucy Cousins dans la collection Un livre animé : Cache- cache Mimi et Le Panda de Miini (49 F chaque) dont l'animation repose cette fois sur de simples caches ; dans la collection Un Livre pêle-mêle : Minii se déguise (59 F) qui - sur le principe des pages cartonnées décou- pées en 3 languettes - aurait pu faire preuve de plus d'originalité : on retombe dans les sempiternelles pirates, clowns, danseuses, etc. Reve- nons ici sur les trois titres chroniques dans le dernier numéro pour préciser qu'il ne s'agissait pas de nouveautés mais de rééditions de titres parus en 1990 chez Ouest-France. De Nick Denchfield et Ant Parker : Charlie Poussin et Oscar la truffe (65 F chaque). Charly Poussin est très gros... mais il a de qui tenir ! Quant à Oscar, il est terrible... Un graphisme haut en couleur très stylisé et une dernière double page spectacidaire qui se déplie pour at- teindre 4 fois le format initial et amener une chute amusante. Bali, réveille-toi ! ill. Jan Jutte, Autrement Jeunesse I Aux éditions Anthèse (30 avenue Jean-Jaurès, 94117 Arcueil cedex), de Gian Berto Vanni et Lowell A. Siff : Love (120 F). Voir rubrique « Chapeau ! », p. 9. I Chez Autrement jeunesse, de Jan Jutte : Bali, réveille-toi ! (79 F). Tip a bien du mal à réveiller Bali, son ami l'éléphant. Il a pourtant tel- lement envie de jouer avec lui. L'his- toire sert de prétexte à un jeu sur la composition des illustrations : la dif- férence de taille entre les deux per- sonnages permet de rythmer la mise en pages en faisant alterner les plans serrés sur une partie de l'éléphant et les doubles pages dans lesquelles ce dernier peut apparaître en entier. Le trait expressif, le travail sur les couleurs renforcent la cohérence du propos et le dynamisme de l'album. De Rémy Simard, ill. Pierre Pratt : Monsieur Ilétaitunefois (79 F). Il a beau être extrêmement sympa- thique, il n'en demeure pas moins exaspérant, ce petit bonhomme qui vient systématiquement vous inter- rompre dès le début de votre histoire ! Il faut dire qu'avec un nom pareil, il répond à l'appel ! Un bon petit album qui repose sur une idée toute simple - que l'on retrouve dans certains contes comme le Olala du « Savoir magique » d'Afanassiev - et que Pierre Pratt, décidément bien inspiré, a su illustrer avec bonheur. La chute, bien amenée, amuse autant qu'elle surprend et boucle parfaitement l'histoire. I Chez Bayard, deux titres de Tira Egan, trad. Marie-Hélène Delval : Ça va barder ! (75 F). Bill, un hip- popotame excellent pâtissier, tient un restaurant. Il est secondé par un canard un peu « zinzin » qui - in- conscient du danger - sera le seul à oser tenir tête à trois affreux tigres provocateurs (entrés malgré le pa- nonceau leur interdisant l'accès). Une gigantesque bagarre à grands coups de pâtisseries maison sauvera de justesse le héros naïf et les fauves, conquis par les talents culinaires de Bill, deviendront par la siùte de dé- licieux clients. Comme quoi on peut changer d'avis ! Sympathique. Une Petite ville pas si tranquille (75 F). Tout le monde vivait bien tranquillement à Hippopoville, jus- qu'au jour où le roi déclara solennel- lement qu'il léguerait son royaume à N° 187 JUIN 1999/13

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LIVRES D'IMAGES

I Chez Albin Michel Jeunesse.,d'Isabelle Carrier : A l'endroit, à

l'envers (79 F). Un nouvel album

sur les contraires dont l'originalité

repose sur un système de doubles

pages à déplier qui créent la sur-

prise et provoquent le rire.

De José Stroo & Marijke Ten Cate :

Gentil Tigre (79 F). Un album sur

le thème de l'amitié et de la solidari-

té. Gentil tigre passe ses journées à

soigner ses amis jusqu'au jour où

lui-même a bien besoin de repos...

Les illustrations qui évoquent la

gravure sur bois ne manquent pas

de charme et donnent du relief à

cette histoire gentillette.

Deux titres de Lucy Cousins dans la

collection Un livre animé : Cache-

cache Mimi et Le Panda de Miini

(49 F chaque) dont l'animation repose

cette fois sur de simples caches ; dans

la collection Un Livre pêle-mêle :

Minii se déguise (59 F) qui - sur le

principe des pages cartonnées décou-

pées en 3 languettes - aurait pu faire

preuve de plus d'originalité : on

retombe dans les sempiternelles

pirates, clowns, danseuses, etc. Reve-

nons ici sur les trois titres chroniques

dans le dernier numéro pour préciser

qu'il ne s'agissait pas de nouveautés

mais de rééditions de titres parus en

1990 chez Ouest-France.

De Nick Denchfield et Ant Parker :

Charlie Poussin et Oscar la truffe

(65 F chaque). Charly Poussin est

très gros... mais il a de qui tenir !

Quant à Oscar, il est terrible... Un

graphisme haut en couleur très

stylisé et une dernière double page

spectacidaire qui se déplie pour at-

teindre 4 fois le format initial et

amener une chute amusante.

Bali, réveille-toi ! ill. Jan Jutte, Autrement Jeunesse

I Aux éditions Anthèse (30 avenue

Jean-Jaurès, 94117 Arcueil cedex),

de Gian Berto Vanni et Lowell A.

Siff : Love (120 F). Voir rubrique

« Chapeau ! », p. 9.

I Chez Autrement jeunesse, de Jan

Jutte : Bali, réveille-toi ! (79 F).

Tip a bien du mal à réveiller Bali,

son ami l'éléphant. Il a pourtant tel-

lement envie de jouer avec lui. L'his-

toire sert de prétexte à un jeu sur la

composition des illustrations : la dif-

férence de taille entre les deux per-

sonnages permet de rythmer la mise

en pages en faisant alterner les plans

serrés sur une partie de l'éléphant et

les doubles pages dans lesquelles ce

dernier peut apparaître en entier.

Le trait expressif, le travail sur les

couleurs renforcent la cohérence du

propos et le dynamisme de l'album.

De Rémy Simard, ill. Pierre Pratt :

Monsieur Ilétaitunefois (79 F). Il a

beau être extrêmement sympa-

thique, il n'en demeure pas moins

exaspérant, ce petit bonhomme qui

vient systématiquement vous inter-

rompre dès le début de votre

histoire ! Il faut dire qu'avec un

nom pareil, il répond à l'appel ! Un

bon petit album qui repose sur une

idée toute simple - que l'on retrouve

dans certains contes comme le Olala

du « Savoir magique » d'Afanassiev -

et que Pierre Pratt, décidément bien

inspiré, a su illustrer avec bonheur.

La chute, bien amenée, amuse

autant qu'elle surprend et boucle

parfaitement l'histoire.

I Chez Bayard, deux titres de Tira

Egan, trad. Marie-Hélène Delval :

Ça va barder ! (75 F). Bill, un hip-

popotame excellent pâtissier, tient

un restaurant. Il est secondé par un

canard un peu « zinzin » qui - in-

conscient du danger - sera le seul à

oser tenir tête à trois affreux tigres

provocateurs (entrés malgré le pa-

nonceau leur interdisant l'accès).

Une gigantesque bagarre à grands

coups de pâtisseries maison sauvera

de justesse le héros naïf et les fauves,

conquis par les talents culinaires de

Bill, deviendront par la siùte de dé-

licieux clients. Comme quoi on peut

changer d'avis ! Sympathique.

Une Petite ville pas si tranquille

(75 F). Tout le monde vivait bien

tranquillement à Hippopoville, jus-

qu'au jour où le roi déclara solennel-

lement qu'il léguerait son royaume à

N° 187 JUIN 1999/13

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N O u V ucelui qui fera pousser la plus bellepastèque. La solidarité naguère demise entre voisins fait alors place àune concurrence mesquine et dé-loyale jusqu'à la chute finale. Clas-sique.

I Chez Casterman, de WiebkeOeser, trad. Christine Dellise : LesVoiliers de Valérie (98 F). Unalbum déroutant qui laisse une im-pression de malaise. A l'instar deslivres dont vous êtes le héros, l'au-teur propose trois fins différentes àson histoire : une petite fille passel'après-midi à construire un bateaupirate. A peine mis à l'eau, celui-ciest englouti par un poisson vorace.L'enfant se trouve alors devant troisattitudes possibles : la résignation, lavengeance ou la rêverie. Le manquede linéarité rend la lecture difficilepour l'âge auquel l'album sembles'adresser et le propos un peufumeux. Quant à l'illustration quisemble réalisée à coup de crayons decouleurs rageurs, elle laisse toutaussi perplexe.

De Gabrielle Vincent, dans la sérieErnest et Célestine : Un Caprice deCélestine (75 F). Décidément - est-ce un effet de lassitude ? la série a20 ans... - les derniers titres n'arri-vent pas à nous convaincre. Làencore le style extrêmement syncopéde la narration et le côté très psy dupropos finissent pa r devenirpesants. Ici, Célestine tient absolu-ment à ce qu'Ernest se travestisseen femme et la promène dans unepoussette : quête de la mère ?

I Chez Circonflexe, dans la collec-tion Albums, de Bob Kolar, trad.Catherine Bonhomme : Tu viensjouer ? (72 F). Un album séduisantgraphiquement - une multitude depetits personnages s'animent sur des

doubles pages dynamiques aux tona-lités joyeuses - mais complètementdesservi par un texte dégoulinant debons sentiments sur le thème del'amitié. Dommage.

De Nina Laden, trad. CatherineBonhomme : Meuhtisse et Picochon(72 F). Un pastiche grotesque poursensibiliser les enfants à la peinturedes deux géants de l'art moderne...Matisse et Picasso à travers leur lé-gendaire rivalité. Nous sommescensés rire à la représentation deMatisse en vache et à celle de Picassoen cochon et trouver désopilants lesjeux de mots qui s'ensuivent : Meuh-tisse est évidemment traité de vachefolle et Picochon de tête de lard.Passons sur les navrantes « repro-ductions » des principaux tableauxdes peintres - même « Guernica »n'est pas épargné - et déplorons letraitement réservé à l'art contempo-rain. Si ce n'est pas du mépris, ça luiressemble et ce n'était sans doutepas l'intention de l'auteur.

De Dan Yaccarino : Si j'avais unrobot (65 F). Un petit garçon rêved'un robot qui se chargerait de toutce qu'il n'aime pas faire : mangerses légumes, ranger sa chambre,dire bonjour à tante Louise, etc. Unscénario classique remis au goût dujour par un illustrateur très connuoutre-Atlantique dont le graphismeaux arrondis et aux tonalitéschaudes séduit d'emblée.

Rupture de ton et lecture aux toutautres enjeux avec Grand-Père(72 F), de Gilles Rapaport. L'analyserepose sur des critères bien diffé-rents pour ce livre dont le sujet - ladéportation et les camps de concen-tration - dépasse le cadre du simplelivre d'images. Au-delà du témoi-gnage individuel (même si la dédicacelui donne un caratère manifeste-

ment personnel), loin de toute inten-tion documentaire, même s'il s'agitde faire savoir ce que fut l'histoire,ce livre est d'abord le fruit d'unevolonté de transmission, pourtoucher le plus grand nombre etpartager « une mémoire qui n'estpas la nôtre, qui n'est pas seulementcelle d'un homme, mais de millionsd'êtres. » Le texte est écrit avectoute la distanciation nécessairepour dire non seulement ce qu'unhomme a vécu - ce grand-père quivient de disparaître et n'a parlé quetrès tard - mais aussi ce qui fut lesort de millions de victimes et ce quiconcerne les générations d'aujour-d'hui. Rien n'est dit explicitement(le mot juif n'apparaît pas), il n'y aaucune date mais la seide histoire deGrand-Père, son terrible voyagedans un wagon à bestiaux, la « vie »en camp de concentration et la pertede sa femme qui elle, ne survivrapas. Les illustrations à l'encre, enbleu et noir, d'une froideur absolue,traduisent l'horreur en suggérantplus qu'en montrant. Par exemplesur la couverture, juste une touchede jaune - sans forme d'étoile - à lapoitrine. Cette absence de toute ré-férence directe semble s'inscriredans l'idée qu'il faut sensibiliser lesjeunes générations pour que la bar-barie ne puisse se reproduire. Unlivre très fort qui, par son sujet et lamanière dont il est abordé, s'adresseà des enfants déjà bien informés ouayant la possibilité d'en parler avecdes adultes prêts à le faire.

Dans la collection Aux couleurs dumonde, de Joan Steiner : Trompe-l 'œi l (72 F) . Voir r u b r i q u e«Chapeau! »,p. 10.

Dans la collection Aux couleurs dutemps, d'Egon Mathiesen : Oswaldle singe (69 F). Voir rubrique« Chapeau ! », p. 8.

14 / LA REVUE DES LIVRES POUR ENTANTS

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N O u V A U

I Signalons la nouvelle édition d'Aupays d'Amandine... dine dine(350 F), de Philippe Claudet etD. Dufresne dans la collectionBrailli-Brailla aux éditions LesDoigts qui rêvent spécialisées dansles livres tactiles et en braille.

I Après Histoire d'Edouard.,L'Ecole des loisirs poursuit sontravail de « réédition » de l'œuvrede Philippe Dumas avec César lecoq du village (78 F) précédemmentédité chez Flammarion en 1978.Saluons cette initiative qui nouspermet de retrouver dans leurformat d'origine ces savoureuxalbums. Regrettons malgré tout quele texte ait été ici simplifié dans sonvocabulaire et parfois alourdi dansl'expression. La richesse et la viva-cité du trait de Dumas restent quantà elles intactes.

D'Olga Lecaye : Le Ballon (82 F).Randonnée. Tomi a perdu son beauballon rouge qui roule, roule àtravers la montagne. Tomi, PetitOurs et Balthazar se lancent à sapoursuite, tour à tour arrêtés dansleur course par la gourmandise.Le texte un peu faible est compensépar la sensualité poétique qui sedégage des illustrations d'Olga Lecayetraversées de zones d'ombres et delumière, des formes et des couleursdes vastes paysages de montagne.

De Grégoire Solotareff : 3 Sor-cières (78 F). Attention le rire peutprovoquer un changement d'étatquand on ne le pratique pas régu-lièrement ! C'est ce que prouventles mésaventures de Scolly, Squellyet Scory qui ont fondé l'association« Trois S ». S comme sœurs oucomme sorcières, et comme... touteune série de mots plus sinistres lesuns que les autres, des mots aveclesquels les lecteurs vont se délec-

3 Sorcières, ill. G. Solotareff, L'École des loisirs

ter. Il y a un peu des Trois bri-gands de Tomi Ungerer dans cetalbum, par le thème bien sûr, maisaussi dans les dessins, notammentles chapeaux et les silhouettes enombres des grandes images où do-minent le jaune, le rouge sombre etle bleu des sorcières au grand nez.La morale de l'histoire ? Sourirecommence aussi par un S.

A L'Ecole des hisirs-Archimède, deDominique Mwankumi : Prince dela rue (74 F). Un album attachantqui met en scène deux enfantscongolais qui, pour subsister, fabri-quent et vendent des jouets en fil de

fer dans les faubourgs de Kinshasa.Le happy-end final (l'un des deuxenfants va connaître un succès inat-tendu grâce à un instrument demusique qu'il a fait lui-même) s'il estun peu artificiel apporte la touched'espoir nécessaire. Les lumineusesillustrations à l'aquarelle de Domi-nique Mwankumi traduisent uneréelle atmosphère. Un bel album.Seul bémol : la note documentaire enfin d'ouvrage qui laisse perplexequant au destinataire, le vocabulaireemployé («... la mégapole livrée à ladébrouillardise de l'économie infor-melle... ») ne semblant manifeste-ment pas s'adresser aux enfants.

N° 187 JUIN 1999 /15

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À L'École des bisirs-Loulou et Com-pagnie, d'Alex Sanders : DeboutBob ! (48 F). Petit album cartonnépour les petits sur l'heure difficiledu réveil. Le décalage final entre laquestion de la mère et la réponse esttrès drôle. Simple et efficace. A si-gnaler du même auteur : Ne pleurepas Bob ! (48 F).

I Chez Gallimard Jeunesse, deTony Ross, trad. Anne de Boucho-ny : Je veux une petite sœur(76 F). La désormais célèbre petiteprincesse accepte avec joie l'idéeque sa mère attende un bébé... àcondition que ce soit une fille. Legrand-père battra en brèche les ar-guments sexistes de sa petite-fille etles parents sauront la rassurer surla place qu'elle continuera d'occu-per dans la famille. Un sujet clas-sique traité avec l'humour habituelde Tony Ross.En Folio Benjamin, d'AllanAhlberg, trad. Anne deBouchony, ill. EmmaChichesterClark :MadameCampa-gnol lavétérinaire(26 F). Une jeune femme divorcéeaimerai t bien r encon t re r un

l'album s'adresse. Difficile d'ad-mettre que l'édition française ne soitpas capable de proposer en perma-nence et dans leur format d'origineles livres d'un auteur tel queWilliam Steig tout aussi fondamen-tal qu'Ungerer ou Sendak.

I Chez Gautier-Languereau, deNiki Daly, trad. Marie-FranceFloury : Kwela, kwela, Jainela !(79 F). Auteur sud-africain, NikiDaly raconte un petit épisode d'uneenfance au Cap. Alors que sa mère adépensé une fortune dans l'achatd'un tissu pour la robe qu'elle doitporter à un mariage, Jamela ne peuts'empêcher de s'en parer pour allerparader en ville. Evidemment, lesplendide tissu ne résistera pas à

nouveau compagnon, mais encorefaut-il que celui-ci réponde aux exi-gences de ses deux enfantsQuoique... la première impressionest souvent la meilleure...

De William Steig, trad. CatherineDeloraine : Caleb et Kate (29 F).On ne sait si l'on doit se réjouir devoir enfin réédité Caleb et Kate ouse désoler de le voir ainsi comprimédans un format de poche inadaptéqui rend la lecture peu attrayantepour les jeunes enfants auxquels

l'épreuve et l'on sent poindre ledrame... Tout finira pourtant pars'arranger. Une jolie histoire auxillustrations pleines de vie, bienqu'un peu desservies par des cou-leurs aux tons trop sucrés.

I Chez Kaléidoscope, de Jean-Michel Billioud, ill. Michel Gay :Une Affreuse rage de dents (79 F).Un crocodile avec une rage dedents, ça souffre énormément. Seulun dentiste pourrait le soulager,mais qui acceptera de le soigner ? Ilne faut jamais faire confiance à uncrocodile ! L'album fonctionne surla répétition et la progression d'unesituation dont le comique repose surla mise en images expressive deMichel Gay. On le retrouve ici aussiconvaincant que par le passé.Simple, drôle et efficace.

De Malachy Doyle, trad. ElizabethDuval, ill. Paul Hess : Le GrandChâteau de Tire-Larigot (79 F). Unalbum qui, bien que semblant

sortir des années cinquante,apporte un petit je-ne-sais-quoide fraîcheur. Un petit garçonrend visite à un drôle de bon-homme qui rebapt ise à samanière les mots du quotidien.Ce parti pris - qui pourrait pa-raître gratuit - prend tout sonsens à la page où l'enfant devantune situation d'urgence emploieprécipitamment tous ces mots dansune accumulation totalement lou-foque mais extrêmement drôle.Une histoire que l'on a immédiate-ment envie de lire aux enfants.

De Tana Hoban : Regarde bien(89 F). Voir rubrique « Chapeau ! »,p. 8.

D'Hiawyn Oram, trad. lsabel Fin-kenstaedt, ill. Mark Birchall : LeManteau qu'il faut (79 F). Parents

16 / LA REVUE DES LIVRES POUR ENFANTS

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et amis ont beau essayer deconvaincre Panzé (c'est un singe)que son nouveau manteau lui va àmerveille, c'est quand même lui lemieux placé pour le savoir, non ?Et, malgré de nombreux essais, il sesent vraiment mal à l'aise. Et s'ilessayait de l'échanger... Une histoi-re à laquelle de nombreux enfantspourront s'identifier, servie parune illustration caricaturale un peuraide qui traduit bien le sentimentd'inconfort.

De Sheena Knowles, traduit de l'an-glais par Isabel Finkenstaedt, illus-tré par Rod Clément : EdouardPémeu (79 F). Mais qu'il est drôlecet émeu dans son application àimiter les animaux qu'il envie ! Ilfaut le voir sortir du bassin de l'ota-rie, les plumes du crâne encore dé-goulinantes et l'air benoîtement sa-tisfait, rugissant comme le lion ouinconfortablement alangui sur unebranche, son cou démesuré pendantdans le vide... Les commentaires desvisiteurs du zoo l'entraînent d'unecage à l'autre jusqu'à son propreenclos où une surprise de taille l'at-tend. Un dessin désopilant qui joue

Beau corbeau, ill. M. Vautier, Thierry Magnier

admirablement avec les limites de lapage pour créer le mouvement et dessituations tordantes !

I À La joie de lire, dans la collec-tion Albums pour les petits, deGermano Zullo, ill. Albertine :Marta et la bicyclette (82 F). Unevache orange, totalement indiffé-rente aux trains, rêve de devenir cy-cliste. A force d'efforts et de persé-vérance elle deviendra championnemais fera aussi des émules, et Martan'a que faire d'être comme lesautres : elle veut garder son origina-lité. Une petite histoire fantaisisteaux illustrations pleines de vie, defraîcheur et d'humour.

• Chez Thierry Magnier, de Natha-lie Lété : Tout nu tout vêtu (89 F).Un livre pêle-mêle assez inventifdans ses propositions mais pour lemoins déconcertant sur le plan gra-phique.

Six nouveaux titres dans la collec-tion Tête de lard (39 F chaque).De Jean-Pierre Blanpain : Moncochon. Mon cochon n'aime pas sa

couleur, il se voudrait vert commela forêt, jaune comme le soleil, bleucomme le ciel, etc. Les métamor-phoses sont amusantes et la chuteplus encore. Quant au fond vichyrosé, on aurait aimé qu'il rappelledavantage les papiers d'emballagesde charcuterie et moins les sacs Tati- papier glacé oblige.

De Bénédicte Guettier : Le PetitPouët. Un tout petit bonhommenous livre ses états d'âme. L'intérêtréside principalement dans l'imagequi joue sur le point de vue et l'al-ternance d 'échel les . On peuttrouver à redire sur l'humour com-plaisant du Petit Pouët lorsqu'il sesent moche comme un « loulou dunez » mais les autres pages sontdrôles, particulièrement la dernière.

D'Antonin Louchard et CharlotteMollet : Mon oreiller. Une invita-tion au voyage à travers différentsmoyens de transport : soulier,patin, vélo, voiture, train, bateau,avion et surtout celui qui les réunittous, l'oreiller, tremplin vers lesommeil, qui offre tant de possibili-tés ! Le texte fonctionne comme unecomptine, les illustrations offrent un

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N O u V A U T

mélange de techniques modernes

- fonds ou éléments tramés, collages,

jeu sur les perspectives - et an-

ciennes, évoquant là encore la

gravure sur bois, dans une gamme

chromatique d'une grande richesse.

D'Antonin Louchard et Moreno :

Dans la galette, il y a... des tas de

choses qui se terminent en « ette » !

Et plus on en trouve, moins il reste

de galette, bien sûr. L'illustration

mélange graphisme et montages pho-

tographiques.

De Mireille Vautier : Beau corbeau.Un petit album qui dénonce l'exclu-

sion et fait l'éloge de la différence

avec une remarquable économie de

moyens. Mireille Vautier est passée

maître dans l'art de parler simple-

ment de choses difficiles. La conci-

sion du texte, la force et la poésie de

son trait au pinceau qui évoque les

dessins d'enfants, rendent son

propos totalement convaincant. Une

réussite.

De Voutch ; La Planète bizarre. Une

planète où tout marche à l'envers.

C'est amusant mais un peu court.

I Chez Nord-Sud, de Carol Roth,

trad. Michelle Nikly, ill. Valeri Gor-

bachev : Quelle nuit Matty ! (89 F).

Matty va passer la nm't chez sa mar-

raine, mais il n'a pas l'habitude de

dormir seul. Il décide alors d'aller

chez un ami, mais impossible de

trouver le sommeil : l'écureuil gri-

gnote, l 'ours ronfle, le hérisson

pique... Un album assez convention-

nel mais qui réunit les mêmes quali-

tés que dans le précédent titre Matty

et les cent méchants loups : histoire

simple et efficace sur le principe de

la randonnée, illustration sans pré-

tention mais tendre et expressive,

thème parfaitement enfantin.

• Chez Nord-SudIMichael Neuge-

bauer dans la collection Un livre

d ' images Nord-Sud, de Jane

Goodall, trad. Géraldine Elschner,

ill, Julie Litty : Le Bon docteurblanc (89 F). Le bon docteur blanc

est un petit chien. Sa présence à

l'hôpital dans le service des enfants

cancéreux a apporté aux enfants un

tel réconfort que leur état s'est

amélioré de façon spectaculaire. Le

bandeau rouge apposé sur la cou-

verture le proclame haut et fort :

« Cette histoire si extraordinaire

qu'elle paraisse, s'est réellement

passée... ». Faut-il pour autant

adhérer au propos ? Cette façon de

vendre paraît assez racoleuse et le

traitement mélodramatique du

sujet extrêmement maladroit : texte

et illustration rivalisent de mièvre-

rie et présentent l 'expérience

comme une espèce de méthode-

miracle. On ne doute pas de l'im-

portance du réconfort moral dans

le traitement des malades mais

laisser entendre que la seule pré-

sence du chien suffise pour amener

une guérison complète et qu'en son

absence rien n'est possible paraît

pour le moins contestable.

De Sabien Jorg, t rad . Danièle

Simon, ill. Alexander Reichstein :

Mina le petit ours (89 F). Mina se

sent bien incomprise dans safamille. Elle aimerait tellement

avoir un ours en peluche qu'elle en

tombe malade. Un médecin particu-

lièrement inventif et psychologue lui

raconte alors une drôle d'histoire

qm se présente comme un encart à

l'intérieur de l'album avec l'utilisa-tion d'un papier différent, une typo-

graphie différente, un style gra-

phique et un sens de lec ture

différents. Guérie, la petite fille

porte un autre regard sur son en-

tourage. Original et intéressant.

D'Adèle Sansone, trad. Danièle

Simon, ill . Alan Marks : Monpoussin vert (89 F). Un nouvel

album sur le thème de l'adoption.

Une cane en mal de poussin couve

un œuf déniché par le chien de la

ferme : ce sera son poussin, qu'im-

porte qu'il soit vert et qu'il ait des

écailles à la place des plumes ! C'est

l'amour qui compte plus que la filia-

tion biologique. Drôle, attachant et

sans prétention.

I Aux éditions Paquet (4 rue Hesse,

1204 Genève, Suisse), de Yann Fastier :

Gamelle (59 F). Petit album sans

texte, à l'italienne, mettant en scène

les avatars d'une petite boîte de

conserve partie découvrir le vaste

monde. Un dessin au trait, en brun et

blanc, (avec ombres tramées) parfai-

tement maîtrisé et expressif.

I On ne peut que se réjouir de voir

réédités au Père Castor-Flamma-

rion dans leur format d'origine trois

albums de John Burningham : l'in-

contournable et indémodable Préfè-rerais-tu..., Train de nuit et Aupays des nuages (87 F chaque).

Début prometteur qui laisse augurer

d'une suite car on ne peut imaginer

que La Promenade de Monsieur

Gumpy ne soit plus disponible !

Grand-Papa nous manque et Où est

passé Jules ? Pour n'en citer que

quelques-uns parmi les t i t res

épiùsés. L'éditeur n'a que l'embar-

ras du choix. A nous de l'encoura-

ger. Lecteurs, à vos commandes !

I En Pocket Junior, Kid Pocket

Rouge, de William Steig, trad. Ca-

therine Deloraine : Shrek ! (28 F).

Même problème que pour Caleb et

Kate en Folio Benjamin, le format

poche ne convient guère aux albums

- redisons-le, essentiels - de William

18 / U REVUE DES LIVRES POUR ENFANTS

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N O u V A

Gardez h culotte .', LU. F. Bertrand, Éditions du Rouergue

Steig et en l'occurence ce titre esttoujours disponible en formatalbum chez Mango Jeunesse.

I Aux Éditions du Rouergue, deFrédérique Bertrand : Gardez laculotte ! (68 F). Dans la même veinequ'Ore ne copie pas, ce nouvelalbum inter-générations poursuitl'étude hautement documentée de lavie scolaire. L'auteur s'attaquecette fois à la sacro-sainte visite mé-dicale ! Et nous de nous esclafferdevant les recommandat ionsmaintes fois répétées de l'ensei-gnant, l'air goguenard piùs de moinsen moins rassuré des élèves à l'ap-proche de la date fatidique - jusqu'àl'angoisse totale qui s'empare del'enfant à l'appel de son nom -, les

injonctions de la secrétaire médi-cale, la représentation floue (onpense à Woody Allen) de celui quidevra porter des lunettes et, biensûr, celle du penaud et incontour-nable étourdi qui a oublié le fameuxpetit flacon... On s'y croirait !Humour garanti.

D'Agnès Boukri, ill. Emilie Chollat :Tout va bien ! (72 F). Nous atten-dions avec impatience un nouvelalbum d'Emilie Chollat tant son gra-phisme nous avait séduits dans LeDéfilé. Elle change ici un peu de re-gistre, accentuant le style humoris-tique au détriment d'une certaineélégance de mise en pages pourmieux servir le propos de l'histoire :Maman et les enfants partent en va-cances. Papa reste travailler. Situa-

U T

tion classique, vision convention-nelle de la vie familiale qui permet-tra aux auteurs de multiplier lesclichés pour mieux en jouer. Le stylesouvent allusif du texte, quelquefoisen parfait décalage avec la réalitédonnée à voir par les illustrations, lamise en vis-à-vis des activités paral-lèles des uns et des autres, l'abon-dance de détails et clins d'oeil amu-sants des illustrations, le dynamismede la mise en pages, le travail sur lecadrage et les notions de point devue (plongées - contre-plongées, etc.)accentuent la drôlerie des situationset raviveront de nombreux souvenirschez les lecteurs, petits et grands.

De Christine Destours : Messieurspropres (68 F). Ils s'en donnent dumal pour tout nettoyer dans lamaison ! Ils ? Ce sont les cinq doigtsde la main - l'union fait la force -astucieusement représentés à l'aidede montages photographiques réa-lisés à partir de doigts de gants encaoutchouc découpés et mis enscène dans une image elle-mêmeconstituée des multiples matériauxliés au ménage : éponge, torchon,poussière, balai, etc. Original, in-ventif et amusant.

De Sophie Mandon, ill . YannFastier : Bob le déboussolé (68 F).Soutenu et accompagné de ses amis,Bob veut retrouver ses racines,normal pour un tournesol. Traver-sant les contrées, il s'adapte tantbien que mal aux différents us etcoutumes en cours jusqu'au jour oùil retrouve ses congénères. Il croitavoir enfin trouvé sa place, avant decomprendre que le bonheur n'estpas de faire ce qu'on attend de vousmais de savoir ce pourquoi l'on estfait et de vivre auprès de ceux qu'onaime. Un petit album au graphismetout simple, efficace et expressif.

N° 187 JUIN 1999/19

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Maman était une enfant calme.

Maman était petite avant d'être grande, V. Larrondo, C. Desmarteau, Seuil Jeunesse

De Zazie Sazonoff, photographies

de Fred Chapotat : La Fête àNeuneu (72 F). Une entrée en

fanfare dans le monde du cirque en

compagnie du père Neuneu. Les

créations en volume photographiées

par Fred Chapotat - que l'on connaît

déjà à travers son travail avec Les

Chats pelés - nous entraînent joyeu-

sement à la rencontre de la femme-

obus « plutôt canon » !, en haut des

montagnes russes, à bord du train

fantôme et à la découverte de mondes

fantastiques. Envoûtant.

De Lamia Ziadé : Rayon beauté

(68 F). Ils se sont rencontrés au

rayon hygiène-beauté du super-

marché. Il ainie le riz, elle préfère les

nouilles et après avoir partagé un

plat de nouilles au riz dans un restau-

rant japonais, ils se sont mariés à la

mairie et ont commencé à utiliser le

même tube de dentifrice qui servira

bientôt à toute la famille. Fantaisie,

audace graphique, coloris « kitsch »,

mélanges de styles (graphisme, photo,

tissus), un album qui décoiffe !

Dans la collection 12x12 (35 F

chaque), d'Olivier Douzou : Capi-taine. Succès assuré auprès des

tout-petits, grands amateurs d'hu-

mour scatologique.

De Lynda Corazza : Petit, GRAND.Les pots de petit suisse et de yaourt

ont inspiré Lynda Corazza qui

s'amuse à les transformer en autant

de voitures, maison, train, sans

oublier le passage rituel dans la vie

des petits du petit pot au grand pot

et le clin d'œil aux adultes avec le

Petit Suisse et le grand Bulgare !

De José Parrondo : Mon œil. Un

chien court sur pattes et à vue basse

prend des vessies pour des lanternes

en n'identifiant qu'une infime

partie des personnages qu'il ren-

contre. Ainsi un os se révèle être le

bout de la trompe d'un éléphant, le

pied d'un réverbère, une jambe,

etc. Comme le chien, l'enfant ne dé-

couvrira l'élément dans son en-

semble qu'en tournant la page. Le

moment le plus drôle étant bien sûr

la paire de lunettes qu'il néglige

d'un air hautain, trouvant l'objet

totalement dénué d'intérêt. Tout

bête et d'autant plus convaincant.

De Jochen Gerner : Harry Staute.« Les sons émis par la voix sont les

symboles des états de l'âme et les

mots écrits les symboles des mots

émis par la voix et de même que

l'écriture n'est pas la même chez

tous les hommes, les mots parlés ne

sont pas non plus les mêmes bien

que les états de l'âme dont les ex-

pressions sont les signes immédiats

soient identiques chez tous comme

sont identiques aussi les choses dont

ces états sont les images ». Difficile

Aristote ? Beaucoup plus drôle en

tout cas lorsqu'il est interprété par

Jochen Gerner qm nous propose ici

une lecture phonétique et imagée

(les sons donnant d'autres sens) qui

vaut son pesant de cacahuètes.

Mais... à qui s'adresse-t-on ?

I Au Seuil Jeunesse, de Fred Ber-

nard, illustré par François Roca :

Monsieur Cloud nuagiste (59 F).

20 / LA REVUE DES LIVRES PODR ENFANTS

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Monsieur Cloud est « nuagiste »(d'où son nom, clin d'œil à l'anglais)dans une fabrique de parapluies.Son travail consiste à faire pleuvoirles nuages. Or, sa machine a bienramené les nuages au-dessus de la

Où l'on verra que sciences et poésiepeuvent faire bon ménage. Les illus-trations de François Roca en noir etblanc (qui semblent réalisées sur dela carte à gratter) sont particulière-ment intéressantes : tout à la fois in-quiétantes et poétiques. Le texte,composé dans une jolie typographiesur papier crème, est tout aussiprenant. Un bel objet.

De Lionel Koechlin, 01, PhilippePetit-Roulet : Le Tricycle de Pelu-chon ; La Peinture de Peluchon(42 F chaque). Pauvre Peluchon,souffre-douleur des trois affreux,lâches et méchants frères Loulous.Heureusement Papa Ours n'estjamais bien loin et il est magicien !Après un passage extrêmement re-marqué par la publicité, PhilippePetit-Roulet abandonne la Twingopour le tricycle et revient au livrepour enfants. On se demande un peupourquoi Koechlin n'a pas mis enimages lui-même ses nouveaux hérosmais le duo fonctionne bien et nouslivre des petits albums tout simples etun personnage attachant auquelbeaucoup d'enfants pourront s'identi-fier. Les personnages de Petit-Rouletdessinés au trait sur des fonds pastelfont un peu penser au Coby de Maris-cal pour les jeux olympiques de Bar-celone. Espérons que Peluchon engrandissant trouvera d'autres res-sources que la magie de son père pourfaire face à l'adversité.

De Valérie Larrondo et ClaudineDesmarteau : Maman était petiteavant d'être grande (65 F). Undémenti désopilant au discours que

tiennent habituellement les mères defamille à leurs rejetons quand ils'agit de leur inculquer quelquesprincipes. Enfants modèles préten-dent-elles ? Les illustrations haute-ment expressives prouvent tout lecontraire. Une lecture jubilatoirequi amusera autant les enfants queleurs parents.

De Nathah'e Lété, dans la collectionTête-à-queue : Découvre lesanimaux familiers ; Découvre lesanimaux sauvages (49 F chaque). Ungraphisme beaucoup moins déroutantque dans le pêle-mêle évoqué plushaut nous permet d'apprécier uneautre facette du travail de Nathah'eLété et l'élégance de sa palette decouleurs. L'aspect ludique du livreaccordéon qui invite à constituer denouvelles espèces chimériques tellesqu'un Croco-zelle, un Cha-tor etautres Rhin-oque (quelquefoiscontrées par l'épaisseur du carton)garantit le succès de l'entrepriseauprès des enfants.

I Chez Syros Jeunesse, de PulasBiswas et Anushka Ravinshankar :Libérez Petit-Tigre ! (69 F).Curieux de tout ce qui l'entourePetit-Tigre s'aventure de plus enplus loin jusqu'à sa rencontre avecune chèvre. Effrayé, il se réfugiedans un arbre . Des chasseursl'aperçoivent et, intrigués par soncomportement, le déclarent dange-reux et décident de le capturer.Mais qu'en faire ? Sous couvertd'une petite histoire toute simple,cet album d'origine indienne quiporte le logo d'Amnesty Internatio-nal interroge l'enfant lecteur : faut-il avoir peur de ceux que l'on neconnaît pas ou que l'on ne com-prend pas ? L'album séduit d'em-blée par son illustration au gra-phisme stylisé. Deux couleurs : unnoir et un très beau rouge briquequi tranchent sur le blanc ivoire dela page et accentuent le dynamismeet la simplicité du récit composédans une belle typographie remar-quablement mise en pages.

B.A.:A.E.

Libérez Petit-Tigre .', P. Biswas, A. Ravinshankar, Syros Jeunesse

N° 187 JUIN 1999/21