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LIRE LA BANDE DESSINEE AVEC TINTIN

• Pour reconnaître les procédés Pour reconnaître les procédés de la bande dessinéede la bande dessinée

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Se donner un code

• Pour se repérer dans une bd, on emploie quelques termes :

• La page est numérotée• La planche est l’ensemble de

cases qui figurent sur la page• Chaque planche est constituée de

4 bandes• Les cases sont au nombre de 3 ou

4 par bandes.• On désignera donc les bandes par

des lettres (a, b, c, d) et les cases par des chiffres (1,2,3,4).

• Il existe, même chez Hergé, des exceptions… Mais prenons un exemple simple.

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Un début de récit…

• Nous lisons de gauche à droite. Ce n’est pas anodin. Observez la bulle A2. Tintin entend le bruit et s’interroge.

• La situation initiale n’aura duré qu’une case, celle de la promenade joyeuse avec Milou.

• L’élément perturbateur est cet avion (nous reviendrons sur ce moyen de transport pour envisager la planche finale).

• Et déjà des péripéties. Et le suspens…

• A la fin de cette planche, Tintin semble bien mort. Observez les cases D 3 des divers albums, et vous remarquerez des constantes.

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Un autre début

• Le dialogue était limité dans la planche inaugurale de L’île noire, il en va autrement pour la planche que vous observez.

• Une « loi » du genre est cependant respectée, laquelle ?

• Revenons à quelques principes simples : une planche inaugurale répond à des questions importantes : qui ? Où ? Quand ? C’est le cas ici grâce à l’encadré narratif ou texte explicatif en A1.

• C’est aussi toute la discussion entre Tournesol et Haddock. Un dialogue de sourds, propice aux jeux de rimes et donc au gag. Retrouvez ces rimes. Même Milou joue sur les mots…

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Une dernière planche inaugurale

• Vous retrouvez la loi déjà envisagée. Sur une planche très sonore puisqu’on commence par un gros plan sur le téléphone. Et bien sûr par un gag assez connu.

• Le téléphone nous rappelle qu’on ne voit pas tout, et qu’imaginer est aussi important que voir : cela se nomme le hors - champ, et ce hors - champ joue un rôle essentiel dans tout récit en image ou image (cinéma, bd, photo). Le hors champ peut figurer dans le cadre mais être caché.

• L’anecdote qui ouvre cet album a son unité d’action, de lieu, de temps et de personnage (ici Nestor). On parlera donc de scène.

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Pour situer, une fois de plus (la dernière)

• Un bon scénariste, et c’est le cas d’Hergé comme celui, au cinéma d’Hitchcock, peut capter l’attention du lecteur spectateur en créant une fausse piste. Les Dupond(t) sont des personnages bien utiles pour cela. Ici, tout commence par un article de presse qui sert d’encadré narratif.

• On a l’impression d’entrer directement dans l’intrigue (in medias res, au milieu de l’action).

• Notons, en passant l’importance de Milou qui se gratte souvent en quelques planches. Façon aussi d’exister auprès du héros.

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Une planche finale, pour boucler

• Rappelez –vous l’avion, au début de L’île noire. En voici un autre pour terminer.

• Il est important dans tout récit, de donner une forme et si possible, de boucler la boucle, pour que la situation finale fasse écho à la situation initiale.

• Cette dernière page donne l’explication aux divers mystères planant au sujet de l’île noire : la page de journal remplit cette fonction de résolution précédant la situation finale. Elle évite de longs propos des personnages. A l’époque, la presse ne connaissait que le noir et blanc.

• Quant aux Dupond(t), ils avaient toujours des problèmes de chapeau.

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Une autre planche finale

• Rappelez-vous la première case de cet album. Et regardez la dernière.

• Rappelez-vous l’importance de Milou auprès de son maître qui a souvent le beau rôle. Et observez le fox terrier en C1 et en D1. Ses paroles et sa mimique sont très éloquents…

• La télévision est bien utile pour expliquer ce qui s’est passé. Sauf lorsqu’elle interroge Tournesol…

• Notons encore un procédé important : notre ami Séraphin Lampion regarde l’écran en noir et blanc avec sa belle -mère. Et qui voit, en vision subjective ?

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Jouer sur le rythme grâce au montage

• Raconter une histoire est d’abord lui donner un rythme. Au cinéma comme en bd, c’est affaire de montage, c’est-à-dire, ici, d’enchaînement de cases. Une case n’a d’intérêt que par rapport à celle qui la suit ou la précède.

• Dans cette planche, deux récits se croisent : d’une part, les Bordures traquent Tintin et Haddock. Tout se passe par téléphone. D’autre part, les voyageurs de l’avion se battent avec un morceau de sparadrap, que l’on retrouvera tout au long de l’album.

• Observez la multiplication des cases et le passage de l’avion aux personnages bordures. Lorsque deux actions se déroulent en même temps en des lieux différents,on parle de montage alterné. Pour que le rythme soit mieux rendu encore, Hergé a placé des encadrés narratifs indiquant l’heure. Comme dans les films de Hitchcock dont le suspens est rythmé par l’horloge.

• Entre chaque case, le blanc est une ellipse : le temps passe mais on le devine sans que ce soit écrit ou dessiné.

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L’art d’accommoder les bulles

• Donner à entendre est tout un art. Cela semble évident mais si vous observez les bulles….

• Il y a ce pauvre homme qui éternue (en rouge), Haddock que cela surprend, et son !, il y a ce qui se dit à voix haute et ce qui se pense en monologue intérieur (en bleu). Et Haddock se raconte une belle histoire. Jusqu’au moment où un objet placé en amorce, au premier plan provoque un juron et quelques pictogrammes de marin. L’insert de raccord (ce pied qui bute sur la valise) fait le lien entre la rêverie généreuse du capitaine et sa chute dans les bras de Szut (Chut ou Zut ?). Observez les contours des bulles : ces métaphores sont très parlantes : elles suggèrent l’émotion, l’énervement ou la surprise.

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L’échelle des plans

• Le nombre de case et de bandes par planche n’est pas figé.

• Ainsi lorsqu’il faut utiliser le plan général ou plan d’ensemble. En voici deux exemples tirés de l’Affaire Tournesol. Sur la case du haut, on s’amusera de certains détails proches de la caricature. Ainsi du glacier torticolli, de l’homme à longue-vue ou de Séraphin Lampion qui pérore.

• On s’amusera aussi du parallèle entre le caméraman de télévision sur sa grue, et de l’amateur sur son échelle. Et de l’opposition entre silence et vide du parc, agitation derrière les grilles closes. La vision en plongée est aussi un procédé ironique du narrateur illustrateur.

• Procédé que l’on retrouve dans le plan général du bas. Cette fois-ci le jeu sur la profondeur de champ montre les dégâts engendrés par la voiture devenue folle.

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L’échelle des plans (suite)

• Pour donner du rythme, on l’a vu, le montage est essentiel. Cela ne suffit pas. Il convient aussi de varier l’échelle des plans. Si le plan général invite à la contemplation, des plans rapprochés permettent une lecture d’image plus rapide. C’est le cas ici : un plan moyen montre une partie du décor urbain, des habitants étonnés par le bruit des sirènes. Un autre plan d’ensemble montre la maison, puis un très gros plan montre une main, image provoquant l’inquiétude. Nous sommes vite rassurés par la voix et le dialogue qui suit. Les gros plans montrant Haddock et sa chère bouteille (ici du vin du Jura) nous sont familiers. Mais notre attention est attirée par un gros plan sur Milou. Il retourne sous les décombres et en rapporte un parapluie : celui de Tournesol que les héros recherchent depuis un certain temps, le croyant à Genève.

• Notons une fois de plus l’usage qui est fait de la presse, comme encadré narratif.

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De l’importance du raccord

• « Le raccord est la répétition d’un élément visuel ou textuel qui sert de relais, de lien entre deux images »

• Vous avez ici un exemple intéressant : Haddock a découvert l’histoire de son ancêtre François de Haddoque. Il en raconte des épisodes fameux à Tintin et les joue, pris par l’action. Vous remarquerez la similitude entre les postures de Haddock et de son ancêtre, en B2 et C1. Notez aussi le plan américain qui nous masque les jambes de Haddock en A3. Il n’est pas très caractéristique de ce plan inventé dans le western, pour des raisons que vous devinez…

• L’alternance entre plans moyens montrant Haddock seul ou avec Tintin et plans généraux donne son rythme au récit du capitaine. L’effet de retour en arrière est remarquable car à peine visible : l’emploi du présent et de phrases nominales exclamatives le gomment.

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Toujours le rythme

• La bd s’apparente au cinéma puisqu’une case ne saurait exister sans celle qui la précède ou la suit, comme une image existe par rapport à l’autre. Dans cette planche, on voit d’abord du point de vue du narrateur omniscient.

• En six cases (+ une sur la page qui précède) l’espion repéré fuit. Il est sans cesse en course et fait le raccord d’une case à l’autre. Un gros plan en B2 donne les informations essentielles. Une case en point de vue subjectif (Tintin voit) nous éclaire : une clé et un paquet de cigarettes au nom écrit en cyrillique mettent nos héros sur la piste. La dernière case rappelle que la menace est omniprésente, le danger ne venant cependant pas de gauche, si encore on peut parler de danger …

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Et pour terminer, ou presque

• Eh oui, on pouvait craindre le pire. Il est arrivé, avec ses blagues à deux sous, du fond de l’image. Séraphin Lampion, le casse – pied emblématique. Pendant qu’Haddock s’énerve, Tintin a le temps de déchiffrer sur le paquet de cigarettes ce qui lui importe. Séraphin fouille dans ses papiers en désordre : deux actions se produisent en alternance mais dans le même cadre. Presque un montage dans le plan. Le gag introduit avec et par Lampion se termine par un désordre plus grand encore, dans les papiers.

• Une ellipse spatiale nous montrent les héros à l’aéroport. En amorce, au premier plan, un personnage inquiétant, au crâne rasé. Nos héros ne se doutent de rien, mais nous savons ce qu’ils risquent. Dans le suspens, Hitchcock le montre et l’explique, il faut avoir le spectateur avec soi, conscient de la menace qui pèse sur le héros…