Lire en vendée 27 decembre2013

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et des amis de l’Historial de la Vendée Revue de la Société des Écrivains de Vendée 27 décembre 2013 - mars 2014 Échos Musées Lire en Vendée L’expo Clemenceau

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et

des amis de l’Historial de la Vendée

Revue de la Société des Écrivains de Vendée

n° 27

décembre 2013 - mars 2014

Échos Musées

Lire en Vendée

L’expoClemenceau

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Certes, le virtuel, qui se passe d’intermédiaire, grignote de nom-breux secteurs économiques et la librairie, les journaux et le livre n’échappent pas à cette redoutable concurrence. Certes, nous sommes nombreux à préférer le papier, mais chez les jeunes nés après 1985, le mouvement est inéluctable. Car eux sont « nés dans l’ordi, lisent dans l’ordi ! » Et ils dédaignent le

papier. Et rien de moins sûr qu’ils changent d’avis en vieillissant, tant cette révolution apparaît inéluc-table. Quoique... Le papier aura peut-être une se-conde vie que nous ne soupçonnons pas aujourd’hui, que nous ne verrons peut-être pas.

En attendant, c’est une réalité. Mais s’il est une province où le papier résiste encore, c’est bien la Vendée. Ce département est réfractaire de tradition. Les salons du livre fleurissent (Montaigu, Noirmou-tier et Grasla en pointe cette année), les écrivains aussi, sans parler des éditeurs de notre terroir, de plus en plus exigeants, audacieux même !

La Vendée a aussi ses leaders : Jean Yole et Louis Chaigne avant-hier, Michel Ragon et Gilbert Prou-teau hier, Yves Viollier aujourd’hui, Bordage aussi, ce grand spécialiste de la science-fiction du genre fantasy.

Question : quels seront nos leaders de demain ? de jeunes talents apparaissent, mais pas encore de chefs de file. Est-ce le Net qui nous les donnera?

Ou la tradition ? Philippe GILBERT

Mais d’autres salons ont depuis fleuri sur notre département, livrant par leur fréquentation un dy-namisme d’exception au rapport écrivains-public. Et cette année encore, le salon du livre de mer à Noir-moutier (juin) et le salon du livre de Grasla (juillet) ont confirmé ce statut. Il fallait voir l’étonnement de Claude Michelet, le fameux auteur de Des grives aux loups, leader de l’École de Brive, invité d’hon-neur du salon en pleine forêt de Grasla :

Chez nous en Corrèze, ça fonctionne, mais chez vous en Vendée, ça marche du tonnerre de Dieu !

La Vendée est une terre littéraire, avec un public qui ne manque désormais pas d’occasions d’appro-cher des auteurs vedettes, mais aussi des auteurs et des éditeurs qui habitent le terroir. Dans la forêt des Brouzils, puisque nous l’évoquons, le public est venu nombreux, malgré la canicule. On peut encore mieux faire en termes de fréquentation, admet Wilfrid Montassier, le président de cette jeune manifesta-tion. Mais le Printemps de Montaigu ne s’est pas fait en un jour ! Nous continuerons à oser un salon du livre en territoire rural ».

Car en Vendée, les auteurs maisons ont et leurs éditeurs et leur public, des lecteurs de proximité goûtant aux descriptions de proximité. Ce, dans tous les genres, du polar à la nouvelle. La qualité est inégale, et les mieux vendus ne sont pas forcément les meilleurs, vaste débat ! Quoi qu’il en soit, les auteurs enracinés nous rapprochent concluait Claude Michelet à Grasla.

Ph. G.

Claude Michelet (à gauche) épaté par la dynamique vendéenne en littérature lors du salon de Grasla en juillet dernier. À ses côtés, Yves Viollier, qui a reçu le prix Charette lors de cette mani-festation. Derrière, Wilfried Montassier et François Bon. Entre tradition et virtuel

Le papier est peu à peu avalé par le virtuel,la Vendée résiste, mais pour combien de temps encore ?...

LES AMIS DE L’HISTORIAL

DE LA VENDÉE

LES ÉCRIVAINS

DE VENDÉE

La Vendée, terre littéraire

Certes, depuis quelques années, le Printemps du livre de Montaigu a donné l’élan à la littérature au plus près de son public

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C’est le journal d’une femme médecin qui, en 1981, gagne clandestinement l’Afghanistan pour une mission humanitaire. C’est le moment de l’in-vasion soviétique, celui de la résistance autour du commandant Massoud assassiné le 9 septembre 2001, deux jours avant les attentats du 11 septembre à New-York. Un journal écrit voici maintenant plus de trente ans et bien plus qu’un journal. Un témoi-gnage essentiel sans doute, mais aussi, et peut-être surtout, un hymne à ce pays envahi et violenté, à la poignante beauté de ses vallées et des montagnes de l’Indu Kush, au courage, à la misère et au combat des Afghanes et des Afghans. Car après l’Armée so-viétique, il y eut les talibans...

Frédérique Jaumouillé a vécu cinq mois parmi les moudjahidin de la légendaire vallée du Panshir. Elle raconte l’attente au Pakistan avant de passer la frontière, les journées de voyage à dos de cheval, les mines meurtrières au bord du chemin, le rugisse-ment des Mig et le bourdonnement des hélicoptères soviétiques, les premiers blessés, les amputations, les bombardements, la peur. L’enfer parfois, « une atmosphère de fin du monde ». Ces jours et ses nuits sont racontés simplement, d’une écriture dépouil-lée, sans effets, qui soulève pourtant à chaque page l’émotion et la compassion.

Au-delà de la réalité permanente d’une guerre atroce, Frédérique Jaumouillé s’est totalement im-mergée dans le quotidien des Afghans. Elle soigne, mais aussi, elle veille, elle fait la cuisine, elle encou-rage et réconforte. Elle aime en un mot et ce qui aurait pu n’être qu’un témoignage parmi d’autres prend, à cause de son humanité, une tout autre di-mension.

Gilles Bély

Peuple afghan où es-tu?Frédérique JaumouilléLes Chantuseries, 259 p., 20 €

Pourquoi les arbres se sont tus ? Les maisons se sont figées ?

Pourquoi pendant des jours et des jours, la vie s’est terrée ?

s’interroge l’auteur dans quelques strophes poétiques,

un psaume plutôt, écrites dans son abri précaire

L’interrogation, hélas – l’histoire récente nous l’a appris – demeure

dans de trop nombreuses régions du monde

Prix des Écrivains de Vendée

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L’impasse du SéjourGérard GlameauLe Jarosset, 356 p., 15€

Une jolie écriture balancée et poétique pour les tribulations de François, un peu perdu, un rien paumé même, à la recherche de son identité. La renaissance passe

par l’impasse du Séjour où se forge une solidarité

joyeuse au gré des rencontres ; l’amour s’en mêle, de quoi sortir le naufragé de l’eau...

C’est sans compter sur le destin malin qui com-plique toujours tout...

Une recherche aussi pour l’auteur qui se lance ici dans un premier roman qui ne manque pas d’ima-gination et promène son petit monde de la façon la plus inattendue.

Gérard nous confie enfin qu’il « aimerait un jar-din où il pourrait faire pousser des mots ». E. T.

Ceux des Bords de l’AuzanceHenry-Pierre Troussicot Hérault, 23 €

« Joue la vache » a été écrit en février 1972. « L’Alambic des Ardil-lères » en septembre 2010. Les 14 nouvelles de ces « chroniques ven-déennes » courent sur 40 années d’écriture et elles sont du même

jus. Le regard d’Henry-Pierre Troussicot sur « le temps perdu », celui de son enfance, n’a pas changé. Ils est toujours aussi émerveillé, aussi habité. C’est

tout un monde haut en couleurs qui renaît sous sa plume. On devine le gamin du pays des Achards, témoin de la comédie des adultes et ouvrant grand ses yeux et ses oreilles. Il ressuscite les battages, les veillées, les parties de cartes, avec leurs mots drus, leur patois, leurs réparties savoureuses, leurs rires, leurs colères. C’est joyeux. Ça boit. Ça mange. Ça chante. Ça jure. Ça meurt. Ça vous a un goût de « fête », comme l’écrit Gilles Bély. C’est la vie qui passe, comme le Tour de France aux Moulières. Il est passé ? Non, Henry-Pierre Troussicot en a gardé la trace au fond du cœur et il le réinvente pour nous.

Y. V.

Ludovic Clergeaud, métayer (1890-1956)Florence RegourdGeste, 401 p., 25 €

C’est le portrait très fouillé d’un personnage atypique, étonnant, détonnant même dans la Vendée du premier vingtième siècle, et ou-

blié aujourd’hui, que dresse l’historienne Florence Regourd, présidente du Centre de Documentation sur l’Histoire du Mouvement Ouvrier et du Travail (CDHMOT). Celui de Ludovic Clergeaud, métayer autodidacte du Sud-Vendée et premier conseiller général socialiste du département, en 1937. Petit métayer de Marsais-Sainte-Radégonde, il était le fils d’un métayer quasiment illettré. Né en 1890, il s’engage très tôt dans le socialisme et la Libre pensée.

Pacifiste et franc-maçon, il participe à la nais-sance du PC vendéen, avant de revenir à la vieille maison, la SFIO dont il sera longtemps secrétaire de la Fédération de Vendée. Dans une Vendée conser-vatrice et très à droite, il participe avec une constance exemplaire à des joutes électorales difficiles. Il ten-tera aussi d’organiser, sans grande chance de succès, un syndicalisme paysan de gauche. Après la guerre de 1939-1945, il ne se retrouvera pas dans la mise en place du syndicalisme agricole unitaire autour de la FDSEA. Son action sera dès lors davantage poli-tique: reconnu localement pour son engagement social, il est réélu, dès le premier tour, conseiller général de L’Hermenault. Anticlérical sans être anti-religieux, Ludovic Clergeaud aura été jusqu’au bout fidèle à son idéal. Il meurt le 18 septembre 1956, à Marsais. G. B.

Ils étaient dans la sélection...

Reviens MuzunguHervé Perton la Boucle, 17 €

La quarantaine a bel et bien été un tournant décisif dans ma vie de femme... un nouveau souffle , où ma vie prenait enfin un véritable sens... » dit Stéphy, jeune capitaine de la Police. La voilà, en effet, sol-

licitée pour une mission au Rwanda. Elle s’envole

pour Kigali. Et c’est à l’occasion d’une banale ex-cursion en direction du lac Kivu à bord d’un quatre quatre que son destin va basculer. Un accident. Elle heurte une moto. Et le Rwanda va l’empoigner, la retenir. Elle va décider d’y construire sa vie. « Re-viens Muzungu ! » c’est un cri d’amour pour ce pays. Et Hervé Perton a choisi d’écrire ce roman bien fait pour nous faire découvrir ce pays qu’il aime, une autre vie, loin de la société de consommation, le goût des autres, l’hospitalité africaine. Y. V.

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Sommaire

Notre Jury, avec Pierre LatasteClaude BéziauJacques BernardJean de RaigniacEveline ThomerYves ViollierGilles BélyMichel Dillange, président d’Honneur, malheureusement absent

À la rédaction, s’investissent également beaucoup,Alain PerrocheauPhilippe GilbertLydie GaboritRené Moniot-BeaumontChristophe VitalAnne CousseauSerge PerrotinFrédérique Maury Raulo, Régine Albert, Anne Clusel, Catherine Blanloeil, Michel Chamard, André Hubert Hérault, Claude Mercier, Laurence et Jean-Claude Vacher, Thérèse Davesne et d’autres encore, à l’occasion...

La revue des Gueux

Les Gueux :

6 Hommage à Guy Perraudeau 11 Yves, Viollier, Prix Charette 13 Un libraire, André Duret 15 L’abbé Louis Delhommeau 19 Basile Clénet 23 La Vendée au cinéma 29 Léon Pervinquière

33 Clemenceau à l’Historial 41 Activités et expositions du Musée 47 Les frères Martel 53 Nos sélections 76 Le coin du Centre Vendéen de Recherches Historiques 80 Les Écrivains de la mer

et

des amis de l’Historial de la Vendée

Revue de la Société des Écrivains de Vendée

100 ans d’histoiredu port des Sables-d’Olonne, XIXe – XXe

Roland MornetGeste, 414 p., 23 €

Roland Mornet est de La Chaume. Le port qui réunit les deux agglomérations est un élé-

ment important de sa vie, de sa culture, il lui doit une grande partie de son parcours professionnel.

La pêche était le poumon économique de ce havre qui a énormément évolué en un siècle.

Dans cette année du centenaire du Prix Gon-court 1913 de Marc Elder, l’auteur nous livre une autre tranche de vie du peuple de la mer : les cent ans du port des Sables-d’Olonne.

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Lire en Vendée a pour mission de faire connaître les œuvres littéraires vendéennes.

Merci de communiquer vos ouvrages à :Société des écrivains de Vendée, Bibliothèque pour tous85280 La Ferrière

Lire en Vendée est une publication de la Société des Écrivains de VendéeMise en pages : J. R.Impression : Imprimerie Offset 5 Édition, La Mothe-AchardCe numéro est tiré à 6 000 exemplaires.Site Internet : www.ecrivains-vendee.fr

Le peuple de la mer, La BourrineMarc ElderEditions du régionalisme, 230 p., 22,95 €, nombreuses illus-trations ; 164 p., 14,95 €

Les familles de La Chaume et des Sables vont y retrouver leurs ancêtres, les curieux évolueront dans un monde qu’ils découvriront au fil des nombreuses pages de ce livre et des promenades le long des quais, des jetées et sur les grèves pour ne pas dire les plages. Un journaliste a dénommé l’auteur de «navigateur en archives» oui ! mais je suis persuadé que le marin-historien partage en les écrivant toutes ces histoires avec son âme d’homme du large.

Le capitaine Mornet s’est limité dans le temps, mais je le soupçonne d’avoir dans son grand coffre à souvenirs de marin bien plus qu’il nous a proposé.

Soyez-en certain, qu’à quelques années près, Roland Mornet a aussi vécu des histoires maritimes pas ordinaires et qu’un jour elles apparaîtront dans le sillage de son écriture.

RMB

Ces rééditions sont bienvenues, à un moment où le Goncourt que reçut l’écrivain d’origine nantaise date de cent ans ! Ce prix reçu pour Le peuple de la mer fut décrié car Marcel Tendron, alias Marc Elder, le reçut au détriment d’Alain Fournier et Marcel Proust, s’il vous plaît ! Composé de trois nouvelles se déroulant sur Noirmoutier et l’îlot du Pilier, Le peuple de la mer a gardé de la verdeur, notamment avec le personnage de la Gaude, la belle sablaise, cette « splendide femelle qui matait les hommes, qui matait la vie, redoutable comme une force incons-ciente de la nature ».

Pourtant, le chef d’œuvre est La Bourrine, qui fut publiée en 1932, peu avant la mort de Marc Elder (1884-1933). Il y romance la vie du peintre Milcendeau en évoquant le logis humble et noble des Maraîchins. Cette réédition arrive vraiment à point pour réhabiliter un grand auteur.

Ph.G.

LES AMIS

DE L’HISTORIAL

DE LA VENDÉE

LES ÉCRIVAINS

DE VENDÉE

n° 27

décembre 2013 - mars 2014

Échos Musées

Lire en Vendée

L’expoClemenceau

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Les sorties d’Éveline, Lydie et les autres

L’Épine, le 12 septembre 2013, notre 1er Week-End Littér’HER Jeunesse s’est très bien déroulé. Malgré la canicule, nous avons reçu 1172 visiteurs.Notre second Week-end aura lieu les 12 et 13 juillet 2014 à l’espace Hubert Poignant à Noirmoutier en l’île avec nocturne le samedi soir jusqu’à 21 heures.

Ce 21 septembre 2013, huitième Rentrée littéraire d’automne organisée par l’Arée en partenariat avec la Ville de Saint-Gilles-Croix-de-Vie offrait un bel éventail d’itinéraires variés, avec les quinze auteurs accueillis dans les salles Marcel Baudouin dont les tableaux étaient dûs à Paul Gandrieu. Les voies de la création passent par la mémoire et l’histoire, l’imagination et la fiction, la musique et la peinture, les arts et les sciences.

Belle rencontre entre artistes à la Foire du Port. Le clown et les journalistes ont élu ce stand, le stand coup de cœur... Les 2, 3, 4 juin aux Sables d’Olonne.Monette Marchais, sculptrice, exposait ses Sablaises en coiffes et sabots, dont certaines sont au Musée Sainte-Croix et d’autres à la mairie des Sables. Serge Thomer ses livres sur bois. Eveline Thomer présentait ses ouvrages dont le dernier Un amour marin.

1er mai très frais à Jard sur Mer. Les écrivains ont délaissé la belle promenade face mer et se sont retrouvés dans la salle des fêtes et surpris les lecteurs nombreux sont venus à leur rencontre. Belle journée, bien organisée par la mairie, Nadège et les bénévoles.Un salon qui fidélise écrivains de plus en plus nombreux, environ 70 pour cette édition 2013, et un public ravi de retrouver leurs auteurs régionaux. La journée a été rythmée non pas par le ressac des vagues comme les années précédentes, mais par des vagues incessantes de lecteurs enthousiastes et chaleureux. Très original le livre chevalet qui tient debout sur le plan de travail !

Un monde fou ce samedi 6 juillet pour cette 5 e édition des Plumes Vendéennes, malgré une chaleur torride.organisée par Corinne, Thierry, Élisabeth et Christine à la maison de la presse des Sables d’Olonne. Un vif succès, toujours, malgré la crise du livre qui oblige les libraires à baisser rideau les uns après les autres.Conférences, animations, dédicaces, un rendez-vous très prisé des vacanciers et des Sablais, très justement entre la gare et la plage.

14 auteurs au Chantuseries le 31 août 2013, 5 invités et une foule de visiteurs pour ce deuxième Salon du Livre du Poiré. Une foule d’heureux aussi pour un éditeur qui cumules prix !

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Hommage à Guy Perraudeau

Guy Perraudeau s’en est allé, avec sa discré-tion habituelle, au cœur de l’été. Il avait encore des projets plein la tête. Je l’avais eu au téléphone quelques jours avant. Il allait revenir avec Rolande en août dans sa maison de Beaulieu-sous-la-Roche. Nous devions nous voir. Les Écrivains de Vendée ont perdu un ami. Guy était des nôtres depuis le début. Il nous donnait régulièrement un article sur les grandes figures de la culture vendéenne. De Bor-deaux où il était installé avec sa famille, il était atten-tif à tout ce qui se passait autour du livre en Vendée. Dans sa ville, il était une figure incontournable de la culture. Il a reçu pour des entretiens tous les écri-vains qui passaient par la grande librairie Mollat. Il nous rejoignait à nos rassemblements pendant l’été. Je l’ai retrouvé souvent dans son lycée Saint-Genès où il avait été professeur et où il continuait d’être un animateur d’idées. Nous accompagnions l’écriture des élèves de Seconde et de Première. Les recueils de nouvelles publiés à cette occasion étaient accompa-gnés de cette phrase de Nathalie Rheims qu’il aimait répéter aux jeunes : « L’écriture m’a fait naître au monde autrement, éclairant ma vie de cette lumière dont je renais. »

Il avait succédé à Louis Chaigne à la rubrique Livres du Courrier Français et de L’Echo de l’Ouest. Il en a tenu la chronique jusqu’à cet été. Michel, son fils, écrivain lui aussi, a bien voulu rédiger un billet pour nous sur son père. C’est sans doute le plus bel hommage que nous pouvions rendre à Guy, notre ami. Mon ami.

Yves Viollier

La perte d’une amitié est toujours ressentie dou-loureusement. C’est la fin d’un partage, d’une com-munauté d’idées, de projets aussi.

Il a exercé une carrière de professeur à Bordeaux. Par vocation sans doute, car, plus qu’un autre, c’était un dispensateur de savoir, cherchant à étendre ses connaissances pour mieux les apporter aux autres. Toutefois, l’enseignement ne lui suffisait pas et le journalisme lui a permis d’élargir ses fréquentations et de prendre contact avec l’actualité littéraire. C’est ainsi qu’il a été chroniqueur dans différentes publi-cations, animateur d’émissions, membre de jury, présentateur d’auteurs lors de conférences ou de si-gnatures, etc.

Tout cela s’est fait au détriment de l’oeuvre litté-raire que son talent aurait dû réaliser. Il a cependant écrit des monographies sur le Bordelais comme en Vendée et de nombreux articles dans diverses revues.

Sa curiosité s’exerçait dans tous les domaines. Ainsi, nous avions évoqué les problèmes que po-saient les parties anciennes de l’église de Beaulieu sous la Roche, village où il avait ses racines et au-quel il a consacré plusieurs études. Enfin son esprit éclectique se donnait libre cours dans la rédaction de l’Almanach de la Vendée dont il était le plus prolixe des rédacteurs.

Ses élèves et ses amis savent combien la Vendée a perdu avec la disparition de cet homme chaleureux, ouvert et trop discret.

La Société des Écrivains de Vendée est en deuil.

Michel Dillange

Il avait encore des projets plein la tête; il était attentif à tout ce qui se passait

autour du livre en Vendée,une figure incontournable de la culture

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Écrire sur l’un ou l’autre de ses parents qui vient de nous quitter est probablement l’exercice le plus délicat. Néanmoins, je veux bien rédiger quelques phrases sur mon père, Guy Perraudeau.

L’aventure bordelaise

Je ne dirai rien de l’homme que nous connûmes à la maison, du père qu’il fut. C’est notre jardin ex-traordinaire, que nous tenons à conserver secret, ma mère, mes sœurs et moi.

Tout d’abord, Guy le Vendéen naquit à Bordeaux en 1925 : mon grand-père était militaire. Deux de ses tantes habitaient la cité girondine, aussi, le jeune instituteur d’Avrillé – commune où il rencontra ma mère – n’hésita pas à « descendre » vers la Garonne quand elles l’informèrent qu’un poste se libérait en 1948, à Saint-Genès. Il fera toute sa carrière comme professeur, dans l’établissement des frères des écoles chrétiennes.

L’aventure bordelaise ne lui fit jamais oublier que les racines de la famille Perraudeau, aussi loin que les archives départementales remontent – c’est-à-dire, en ce qui nous concerne, au XIVe siècle – sont à Fontenay et sa proximité (Pissotte, Longèves). En outre, ses parents vivaient leur retraite à Challans où nous allions durant les vacances.

Cette tension entre Gironde et Vendée le tra-vaillait. Je me souviens d’une conversation que nous eûmes, il y a deux ans, lors de laquelle il me disait avoir la sensation de se sentir parfois étranger du lieu où il se trouvait : Vendéen à Bordeaux et Bordelais en Vendée. Je lui faisais part du même sentiment : lorsqu’autrefois mes camarades de classe parlaient de vacances à St Jean, il s’agissait pour eux de St Jean de Luz quand je pensais à St Jean de Monts !

Les Vendéens de Bordeaux

Quand on vit excentré des siens, se retrouver entre gens d’un même terroir est une manière de se sentir moins seul. Les membres de l’association des Vendéens de Bordeaux se retrouvaient à intervalles très irréguliers dans la salle du premier étage d’un café du centre de Bordeaux. Naturellement, cette association vivait bon an mal an, avec un président sympathique certes mais plus intéressé par le titre que par la fonction. Guy, éternel vice-président – car il ne voulut jamais se présenter contre le titulaire – en était la cheville ouvrière, l’âme organisatrice. Les soirées récréatives, les sorties touristiques, nous étions de toutes les manifestations.

Cette association permit surtout de faire la ren-contre d’une toute jeune famille vendéenne venue s’installer à Bordeaux et avec qui nous sympathi-sâmes : la famille Gautier.

Les amitiés

Guy aimait découvrir les gens. L’amitié qu’il portait pouvait être mêlées d’admiration, de conni-vence ou de complicité, c’est selon, mais toujours de fidélité.

Michel Gautier, rencontré dans les années 60 aux Vendéens de Bordeaux, fut de ceux-là. Nous nous voyions souvent, le dimanche après-midi. Nous jouions à la luette et parlions parlanjhe, avec cette curieuse impression d’être une poignée de ré-sistants poitevins dans l’immensité de l’aggloméra-tion bordelaise. Michel terminait sa thèse sur Bereau et publiait ses premiers poèmes en parler bas-poite-vin. Quelques années plus tard, la famille Gautier regagna la Vendée. Les liens d’amitié demeurèrent aussi forts.

Yves Viollier fut également un ami d’une constante fidélité. Guy et lui se rencontrèrent lorsque Yves publia ses premiers romans au Cercle d’Or. L’un et l’autre étaient dans une même com-munauté de pensée, fondée sur des valeurs parta-gées de croyance, de tolérance, de culture et d’hu-manisme. Lorsque mon père lança, dans les années 2000, le projet « Lisez Genès », pour faire lire et écrire les lycéens de Saint-Genès, il fit appel à Yves. Le romancier devint le parrain de cette opération littéraire, reconduite avec bonheur chaque année.

La place manque mais il faudrait parler d’autres amis : Jean Huguet, qui lança courageusement le Cercle d’Or (et fut, également, mon premier édi-teur) ; Michel Dillange que j’ai parfois rencontré à Beaulieu dans la grande salle à manger ; Michel Ragon, ami de jeunesse de Fontenay ; Gabriel De-launay, père de la ministre Michelle Delaunay, Ven-déen qui exerça la fonction de préfet à Bordeaux ; le linguiste Pierre Barkan ; le journaliste Valentin Roussière, tant d’autres.

L’écriture et l’animation

L’écriture était sa passion. Il fut dans les an-nées 50, correspondant de Ouest-France, à Chal-lans, durant les deux mois d’été. Dans les années 60 commença sa collaboration au Courrier-français qui ne cessa jamais. Dans les années 80, il anima

Hommage à Guy Perraudeau

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Maurice Hellio nous a quittés au mois d’octobre 2013. Il était encore présent au Printemps du livre de Montaigu et au salon de Saint-Gervais pour le dédicacer. Maurice Hellio avait publié Mektoub, c’était écrit (Editions Amalthée) l’année dernière. « C’est probablement le seul livre que j’écrirais », avait alors précisé Maurice, très lucide. « Mais je suis soulagé de l’avoir fait. »

Ce natif de Noirmoutier était depuis longtemps installé à Challans, il eut même son entreprise de transports face à la gare. Son seul et unique livre évoque la Guerre d’Algérie qu’il a faite comme chef de harka et y connut plus souvent qu’à son tour le coup de feu contre les Fellaghas. Dans cet unique livre il racontait sa « sale » guerre, la politique qui met fin au conflit en 1962, « tous mes soldats har-kis qui vont alors être tués, assassinés ». Parmi eux, son meilleur ami, qui s’était battu pour la France en 1940, tué et dépecé, les morceaux de son corps jetés dans la Méditerranée. « J’ai longtemps refoulé mes souvenirs. Ce livre je le dédie à tous mes gars harkis. Je sais maintenant que je peux partir en paix au pa-radis d’Allah. »

Ce livre, fort bien écrit, était aussi minutieuse-ment documenté, le coup de plume maîtrisé sans que la passion qui l’étreignait ne soit éteinte. Il prônait sa nostalgie de la république algéro-française chère à Albert Camus et n’aurait pas fait plaisir au Général De Gaulle.

Maurice Hellio est parti au paradis l’esprit tran-quille, à l’âge de 75 ans. Ses cendres ont été déposées dans une urne au cimetière Saint-Michel de Noir-moutier.

Ph.G.

moult débats à la FNAC de Bordeaux et à la librai-rie Mollat. Il devint également chroniqueur dans plusieurs stations de radios bordelaises, dont RCF, la radio catholique. La Vendée n’était pas en reste puisqu’il écrivit pour Di ME Z-OU, revue du pays des Achards, Bello Loco, celle de Beaulieu, et donna des articles pour Olona, la SEV, etc.

Ajoutons à cela qu’il rédigea des monographies sur des cités de la région bordelaise, Arcachon, Saint-Émilion, et vendéennes, Avrillé, Challans, Beaulieu sous la Roche.

Guy Perraudeau mena une vie heureuse et ri-chement remplie. Le professeur de mathématiques, devenu Bordelais par les hasards de la vie profession-nelle, demeura obstinément Vendéen par les liens de la famille et de l’amitié.

Michel Perraudeau

Hommage à Maurice Hellio

Guy Perreaudeau avec Gabriel Delaunay, Préfet d’Aquitaine

Maurice Hellio a eu le temps d’écrire sa sale guerre

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Yves ViollierMême les pierres ont résisté

le Prix Charette, dont l’histoireest encore courte, décerné chaque année

par le Refuge du Livre de Grasla, n’avait jamais encore souligné à ce point la parfaite concordance entre ses exigences, entre le lieu, le temps et l’action

L’essence même de la tragédie classique.

À l’unanimité, les membres du jury, réunis sous la présidence de Mi-chel Chamard, ont couron-né le roman d’Yves Viollier, Même les pierres ont résisté, paru chez Robert Laffont.

Sous les ombrages de la forêt de Grasla, parmi ces ombres qui l’habitent tou-jours, ce roman se souvient de ce qui a été longtemps oublié. Ce qui fut perfide-ment occulté par l’histoire officielle pendant un siècle et demi, parce que cela salissait l’image intouchable de la Révolution. Ense-veli aussi dans la mémoire des Vendéens de 1794 qui avaient été martyrisés par les colonnes infernales de Turreau, qui n’ont pas pu en parler et qui, pourtant, ont pardonné à leurs bourreaux. Avant de trouver dans l’épreuve, le sursaut spirituel, incarné plus tard dans le dynamisme et la foi dans l’avenir d’un pays meurtri que l’espoir n’a jamais abandonné.

L’histoire de la forêt de Grasla est connue. Deux mille personnes vont s’y réfugier pour échapper au massacre programmé, un massacre sans responsables identifiés, comme l’a montré Alain Gérard. Yves Viollier s’est à nouveau immergé dans cette période tragique de notre Vendée. Souvent, il est venu, seul, méditer sous les chênes, au bord des trous d’eau, dans les chemins creux, pour s’imprégner de ce que vécurent ici les Vendéens aux abois. Les combat-tants, les vieillards, les femmes, les enfants.

La vengeance est absente de ce roman, comme elle l’était sans doute chez ces réfugiés misérables qui survivaient malgré tout, malgré le danger, le froid, la mort qui rôdait autour d’eux. Ceux-là, quelques-uns du moins, ont survécu. Ils ont choisi, au nom de leur foi, de pardonner et de reconstruire ce qui avait été brûlé, écrasé, anéanti. Ce sont ces visages-là qu’Yves Viollier a mis au centre de son roman. Et d’abord celui de Marie-Pierre, cette jeune femme, qui illumine le village enfoui, parce qu’elle est par-tout, auprès des futures mères, des nouveau-nés, des blessés, de ceux qui vont mourir. Le miracle de Grasla, c’est avant tout celui de l’amour qui dépasse les frontières les plus infranchissables et les plus san-glantes et qui abolit le désespoir. Et c’est sans doute le message que la Vendée peut aujourd’hui encore, avec ce roman, adresser au monde.

G. B.

Étonnant qu’une Allemande se soit intéressée à l’écrivain Yves Viollier. Étonnant mais révélateur de la dimension de « notre » romancier vendéen.

Agrégée de littérature à Bonn, Docteur en philo-logie romane et langue française, Inka Wissner est in-tervenue durant le dernier Printemps montacutain, lors des nombreux colloques organisés en parallèle du salon. L’œuvre du Vendéen de Château-Fromage lui a servi de thèse pour une approche double, litté-raire et linguistique. Une thèse érudite sur laquelle le Numéro 20 de Recherches Vendéennes a eu la bonne idée de revenir. Et largement.

Dans sa thèse, l’agrégée allemande s’est surtout intéressée aux diatopismes de l’œuvre de Viollier, c’est-à-dire les régionalismes et les particularismes vendéens, pourquoi il y recourt… Si elle a rencontré l’auteur à de nombreuses reprises, elle a aussi entre-pris une étude littéraire approfondie de toute son œuvre, du premier au dernier livre.

L’œuvre de Viollier objet d’une thèse par Inka Wissner,

agrégée à Bonn, elle a décortiqué l’œuvre de l’écrivain de Château-Fromage, à la recherche des diatopismes. Surprenante analyse

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Lancé par Huguet sur Paris

Inka Wissner rappelle que le Chaumois Jean Huguet (1920-2005), qui gérait les Éditions du Cercle d’Or, l’envoya chez un plus grand éditeur, notamment chez Delarge puis chez Flammarion.

Nous sommes entre 1979 et 1986, de Retour à Malvoisine au Grand cortège, quand il recourt à une toile de fond « réaliste et spécifique à la région, la Vendée catholique, conservatrice, rurale et agri-cole ».

Mais elle insiste sur la « manifestation de l’iden-tité vendéennne », remarque que le langage diato-nique vendéen est très discret. Tandis que chez Laf-font où il rentre en 1988, sous l’aile du directeur littéraire Jacques Peuchmaurd, et avec le label École de Brive, l’orientation est modérément régionaliste, Vendée mais aussi Charente (Les pêches de vigne, 1994), parfois policier, parfois aux Caraïbes ou en Europe centrale comme sa fameuse saga de Jeanne la Polonaise (1988-1990).

En 2002, toujours chez Laffont, les intentions deviennent grand public, abordent largement le thème du catholicisme, pour partir jusqu’en Irlande (La chanson de Molly Malone, 2006) et en Union Soviétique (La Flèche rouge, 2005). Tandis que son large public, qui tournait d’abord à la cinquantaine, s’est rajeuni à la trentaine au milieu des années 1990. Et Yves Viollier insiste auprès d’Inka Wissner, sa motivation première est « l’amour avec un grand A ». Et il se veut « un écrivain du réel ». Et son posi-tionnement littéraire est donc : le réalisme.

Réaliste mais accessible

L’accessibilité stylistique est une vertu première chez l’emblématique auteur vendéen, une écriture « imagée, chaleureuse, bouleversante… ». Oui, mais alors, les fameux diatopismes (régionalismes) qui font la thèse de cette prof allemande ?

Selon la thèse, « ils ne représentent pas seule-ment un style ou une image ». Alors que Viollier repousse l’idée de la « reproduction linguistique », même si le Français de sa région a sa grande impor-tance, le patois (qu’il maîtrise passivement) pouvant refléter l’âme du pays par sa richesse. Donc, dans l’utilisation, Viollier mime et transcende. Mais au fi-nal, les diatopismes ne sont pas un enjeu pour lui. Il en a évité l’usage extensif dans ses derniers romans.

Nous l’avons dit, cette thèse est érudite. Mais le large article que propose le Numéro 20 de Re-cherches Vendéennes est aussi une manière de mieux rentrer encore dans l’œuvre du « patron ven-déen » de la littérature d’aujourd’hui. D’autant que la maquette de mise en page de la revue annuelle du centre vendéen de recherches historiques (CVRH) et de la société d’émulation de la Vendée est nouvelle (Michel Chamard présente cette nouvelle formule).

Yves Viollier est sur la couverture, ainsi qu’une illustration B.D. de la Marquise de La Rochejaque-lein, signée Fanny Lesaint, bédéiste, qui explique sa démarche dans ce numéro. Le lourd tribut de Fon-tenay à la Guerre de Vendée, l’amazone de Charette Mme de Bulkeley, sans oublier un Noël à Saint-Ger-vais en 1582 et quelques épisodes de la Seconde Guerre mondiale à l’île d’Yeu, sont également au sommaire de cet ouvrage tout à fait recommandable.

Indispensable même (voir le coin du CVRH en fin de ce numéro).

Ph.G.

Yves Viollier, Prix Charette au Refuge de Grasla

Inka Wissner et Michel Chamard, lors du colloque

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Des BD, des mangas, des comics, de la littérature jeu-nesse. Une pincée de régionalisme, de la carterie, un rayon « Bien – être », la li-brairie 85000 de La Roche-sur-Yon se dis-tingue aisément dans le paysage vendéen. »

Les étudiants qui ont travaillé sous la conduite d’André

Duret, professeur d’histoire et géographie à Luçon, docteur en histoire, maître de conférences à l’Ices et à Rennes, spécialiste de l’histoire moderne (17e – 18e siècles) ne l’imaginaient probablement pas en vendeur de BD. Pas plus sans doute que ses amis de la très sérieuse revue Au fil du Lay qu’il anime depuis plus de trente ans, en compagnie mainte-nant du géographe Jean-Pierre Chaillou. Comment le professeur est-il un jour devenu libraire ? « Les méandres de la vie », explique celui qui a voulu se re-mettre en cause et relever un autre challenge. Et qui avoue volontiers que la littérature jeunesse « n’était

pas son fort ». La BD ? Il l’a apprivoisée à partir de son versant historique et des pop-up qu’il considère comme des oeuvres d’art..

Librairie 85000, à La Roche-sur-Yon, le temple de la BD

Nous ne sommes pas généralistes, et c’est notre force, assure André Duret,le pilote de ce temple de la bande dessinée

Très en vue sur le parvis des Halles depuis 2006, la librairie 85000 a changé de place quatre fois en trente-cinq ans, sans beaucoup quitter son ancrage initial. André Duret reprend l’activité en 2010, sans bouleverser son orientation mais en la réaménageant de fond en comble. Les différents secteurs, animés par l’un des trois salariés, Aude, Pierrick et Yasmina, sont clairement balisés: le capitaine Haddock rayon BD, la cabane enchantée côté jeunesse. Les habitués vont droit au but, les nouveaux clients savent tout de suite où aller...

La spécialisation de la librairie la conduit né-cessairement à cibler ses publics. Les lecteurs indi-viduels bien sûr, mais aussi les bibliothèques, mu-nicipales ou indépendantes, les médiathèques du pays yonnais et de quasiment toute la Vendée, de

Pouzauges à Challans, en passant par Luçon, Le Poiré-sur-Vie ou La Mothe-Achard. De même que les écoles, les collèges et les lycées. Une fois par semaine, la librairie propose des rencontres à thèmes pour les médiathèques qui peuvent ainsi dé-couvrir les nouveautés du moment.

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demain ce que les lecteurs voudront qu’elles soient. Ils y trouveront les conseils de spécia-listes pointus. On ne peut pas être polyvalent et per-formant en tous domaines. Ici, nous avons choisi de proposer un choix important à nos lecteurs, même si le stock coûte cher. Dans le domaine de la BD, il est essen-tiel de répondre tout de suite à la demande des pas-

sionnés, de mettre entre leurs mains la collection complète des albums qu’ils veulent acquérir.»

Dans le Saint des Saints de 85000, le bureau discret où il travaille, André Duret, né natif des Pi-neaux-Saint-Ouen, revient à sa chère revue qui s’in-téresse en ce moment aux réfugiés des Ardennes en pays Mareuillais. Nous en reparlerons ici une autre fois...

G. B.

Le secteur régionalisme est aussi mis en évi-dence : « nous nous appuyons sur des productions de qualité, comme les éditions de Geste et du CVRH »,

précise André Duret.

Naturellement, on pose la question du pari : est-ce bien rai-sonnable de se lancer dans l’aventure du com-merce, quand les librai-ries souffrent dans tous les domaines, sous la pression de la vente par internet et du livre nu-mérique? André Duret apporte une réponse concrète: l’Association des libraires indépen-dants des Pays de la Loire. « Elle réunit 50

des 90 librairies indépendantes de la région. C’est vital pour la Vendée où nous sommes aujourd’hui moins de dix indépendants ». Cette association répond aux questions techniques de ses adhérents, tout en étant l’interlocuteur de la profession auprès du conseil régional et de la DRAC.

Les librairies continueront d’exister. Il n’y a pas de raison d’opposer le papier à l’écran, c’est complé-mentaire, affirme le patron de 85000. Elles seront

J’ai poussé la porte de la librairie

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L’abbé Delhommeau, en compagnie de Mgr Paty,

Successeur de l’abbé Delhommeau en tant qu’archiviste du Dio-cèse, le Père Henri Baudry, avec le recueil des Lettres d’émigration de Mgr de Mercy.

L’abbé Delhommeau dans la bibliothèque de l’Évêché: une réor-ganisation rigoureuse et toujours précieuse.

À l’ Hôtel de Ville de Luçon, le 28 février 1997, la remise de la rosette d’Officier des Arts et Lettres. Autour de l’abbé Delhom-meau, Michel Crucis, Président du Conseil général, Daniel Tran, Proviseur du lycée Atlantique, Mgr Charles Paty,, évêque de Lu-çon. Philippe de Villiers, Secrétaire d’État auprès du Ministre de la Culture et de la Communication

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Abbé Delhommeau

Les archives de toutes les paroisses et de l’évêché, les fichiers du clergé, des églises et des chapelles, l’or-ganisation de la bibliothèque diocésaine, la publi-cation du catéchisme de Richelieu, celles des lettres d’émigration de Mgr de Mercy...

L’abbé Henri Baudry, son successeur d’au-jourd’hui, et Julien Boureau, Conservateur des Antiquités et Objets d’Art de la Vendée, l’un de ses « fils spirituels », évoquent pour Lire en Vendée sa personne et ses travaux.

L’abbé Louis DelhommeauL’œuvre titanesque d’un archiviste diocésain

L’abbé Louis Delhommeau (1913 - 2002) a réalisé, pour l’Histoire de la Vendée, une œuvre colossale :

Au Vatican, avec le Pape Jean-Paul II.

Louis Delhommeau est né à Cugand, dans une famille d’ouvriers papetiers, le 2 juillet 1913. Or-donné prêtre en 1937, il sera d’abord vicaire à Coëx et Fontenay-le-Comte, curé de La Caillère, puis de Mouilleron-le-Captif. Son ministère bifurque en 1952, lorsqu’il obtient de son évêque, Mgr Cazaux, un congé pour se consacrer à l’orgue et à la mu-sique religieuse, sa première passion. En 1956, il entreprend la recherche de documents concernant l’histoire du diocèse de Luçon. Il commence par les abbayes : Lieu-Dieu-en-Jard, la Grainetière, Saint-Pierre de Maillezais. Nommé archiviste-adjoint en 1961, il succèdera au père Deriez, en 1970, en tant que titulaire. Entre temps, en 1963, il est nommé Conservateur des Antiquités et Objets d’Art de la Vendée.

Les paroisses et le diocèse

Le Père Henri Baudry n’a pas, à vrai dire, long-temps cohabité avec l’abbé Delhommeau qui l’avait fait venir. Il dissèque avec précision son œuvre. Et d’abord les archives paroissiales. Pendant vingt ans,

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pas seulement celle de l’Église ou du diocèse. A commencer par « L’instruction du Chrestien », du cardinal duc de Richelieu, sorti des presses de l’Imprimerie royale du Louvre en 1618, et que les éditions Siloë ont publié en janvier 1997. Il a écrit l’introduction de cette édition moderne. L’original est toujours conservé à Luçon et une très belle édi-tion en a été offerte au Pape Jean-Paul II, lors de sa venue à Saint-Laurent-sur-Sèvre, le 19 septembre 1996. L’Académie française honorera ce travail le 3 décembre 1998. Maurice Druon, son secrétaire per-pétuel, lui remet la médaille de vermeil de l’Insti-tution, créée par Richelieu. Mgr François Garnier, qui l’accompagne à cette occasion, le présente alors comme « le serviteur du goupillon salué par le sabre de la Garde Républicaine »....

À l’occasion du Bicentenaire de la Révolution, grâce à ses recherches chez les Lazaristes à Paris, l’archiviste rassemble et publie les 182 lettres d’émi-gration que Mgr de Mercy adressait à ses vicaires gé-néraux, émigrés eux aussi, à M. Paillou notamment (Siloé, 1993). Sur cette période, l’abbé Delhom-meau a aussi publié en 1992 « Le Clergé vendéen face à la Révolution » (Siloë), un ouvrage majeur pour la compréhension des guerres de Vendée.

Toutes les églises de Vendée

L’abbé Delhommeau est aussi un vulgarisateur éclairé. En témoigne, entre autres, son passion-nant ouvrage « Églises de Vendée » (Éditions du Marais, 1967). Il y retrace dix siècles d’architec-ture religieuse, depuis la fondation de l’abbaye de Maillezais jusqu’à l’érection de Sainte-Bernadette, à La Roche-sur-Yon. Il n’hésite pas à donner son avis, fort critique, sur les constructions du XIXe siècle, marqué par l’art pastiche néo-grec et néo-chrétien et l’envahissement du néo-gothique. Il fustige par-ticulièrement « les sanctuaires surchargés de Four-vière et Notre-Dame-de-la-Garde et, en Vendée, la prétentieuse église d’Aizenay »... Plus surprenant, le béton armé du XXe siècle trouve davantage grâce à ses yeux. Il salue d’ailleurs l’aggiornamento litur-gique de Vatican II, « propice pour désencombrer les nefs et les sanctuaires de tout un bric-à-brac qui s’y était accumulé... »

Comme un moine bénédictin

Julien Boureau, Conservateur des Antiquités et des Objets d’Art de la Vendée, considère l’abbé

il a sillonné les 305 paroisses de Vendée, recueilli, clas-sé, invento-rié. Ce fichier occupe 1,50 m d’étagère aux Archives diocé-saines. Un outil très précieux qui permet de retrouver les traces de prêtres vendéens partis au Canada ou d’expliquer ce que doit à l’Al-gérie l’une des

cloches de l’église Sainte-Bernadette de La Roche-sur-Yon... L’abbé Delhommeau n’a pas souhaité rassembler en seul lieu les archives locales qui sont restées dans les paroisses. « D’abord, il aurait fallu installer 800 mètres de rayonnages à Luçon... au risque de les voir toutes disparaître en fumée. Alors qu’il y a peu de chances que le feu se déclare dans 300 presbytères à la fois... »

L’abbé Delhommeau a bien sûr classé systéma-tiquement les archives de l’évêché, appauvries ce-pendant lors des guerres de religion et de la période révolutionnaire. Car il n’y pas d’évêque résidant à Luçon pendant 30 ans... Il faut souligner aussi son travail sur la liberté scolaire – le grand combat de Mgr Cazaux - et les conciles Vatican I et Vatican II. De 1982 à 1990, l’archiviste passe chaque année trois mois à Rome. Logé à Saint-Louis des-Français, il se plonge dans les Archives secrètes du Vatican, exhumant des documents très anciens, notamment les bulles concernant les évêchés de Luçon et Maille-zais. Louis Delhommeau établit aussi un guide des sources vaticanes à propos de la période révolu-tionnaire dans l’Ouest, guide qui sera préfacé par le grand historien Jean Favier. Son fichier du clergé vendéen, accessible sur le Net, permet de remonter jusqu’en 1290, 1300...

Le catéchisme de Richelieu

L’abbé Delhommeau a noirci des milliers – des millions ? - de pages. Il a aussi permis la publication d’ouvrages qui marquent l’Histoire de la France,

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Delhommeau comme un « père spirituel » : « Il nous a lancés, Lau-rent Charrier et moi, dans nos trajectoires et il nous a toujours suivis et conseillés dans nos études et nos recherches. » Il sou-ligne sa rigueur scien-tifique, celle d’un moine bénédictin. « Il a été l’initiateur du patrimoine dépar-

temental pour l’orfèvrerie religieuse, la statuaire et le peinture. Il a fait inscrire près de 1 000 objets, alors qu’il y en avait fort peu avant lui. »

Julien Boureau a souvent conduit l’abbé Del-hommeau vers les églises et les chapelles du départe-ment : « Il partait toujours des archives, et se rendait seulement après sur les lieux ». Ces recherches trou-vaient aussi un aboutissement pour le grand public, grâce à ses nombreuses chroniques dans « Le Cour-rier français ».

L’hommage que Julien Boureau a rendu à son maître et prédécesseur, un an après sa mort, dans la revue régionale « 303 » (n°78, septembre 2003), retrace très fidèlement et très complètement l’œuvre de Louis Delhommeau tout autant que sa personna-lité: « un serviteur et un homme de foi qui a sauvé les témoignages de notre patrimoine, un person-nage passionnant et un missionnaire passionné au service de la mémoire ». Il y raconte en particulier l’inventaire des 570 mètres de rayonnage, tout au long des 38 mètres de la bibliothèque de l’évêché. Et de le citer: « Je ne vous dirai pas combien d’heures, de jours, de semaines et de mois, j’ai passés à cette besogne ingrate, En soutane bien sûr, montant et descendant, Dieu seul sait combien de fois par jour, une échelle plate de quatre mètres pour descendre les livres placés sur les dix rayons de chaque travée... »

Louis Delhommeau s’éteint le 22 octobre 2002, à la Maison du clergé du Landreau, aux Herbiers. Il repose dans le cimetière de Cugand, son pays natal. Lors de sa réception à l’Académie, Mgr François Garnier évoquera « l’archiviste discret, tout de gris vêtu, honoré par d’éminents lettrés, historiens et lin-guistes brodés de vert et d’or ».

G. B.« Lire en Vendée » remercie le Père Henri Baudry, archiviste du Diocèse, et Julien Boureau, Conservateur des Antiquités et Objets d’Art, pour leur contribution à cet hommage et l’aimable mise à disposition de leur iconographie.

La médaille de vermeil de l’Académie française, remise pour sa publication du Catéchisme de Richelieu.

Abbé Delhommeau

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Basile, Ferdinand, Arthur, Marie Clénet naquit à La Chaize-le-Vicomte le 21 juillet 1881, d’une fa-mille originaire de La Gaubretière où elle connut les massacres de la période révolutionnaire et fournit plus tard plusieurs membres au clergé vendéen, dont Pierre-Isaac, curé de La Chaize-le-Vicomte pendant 40 ans, Jules-Isidore, vicaire de la même paroisse pendant 20 ans et Antoine, curé de Martinet égale-ment pendant 40 ans de 1845 à 1890.

Croyant pour lui aussi à une vocation religieuse, il entra au petit séminaire des Sables d’Olonne, tout en passant du temps aux Lucs-sur-Boulogne, autre haut lieu du martyrologe vendéen, ses parents le confiant au curé Boudaud afin qu’il perfectionne son latin. Mais après un séjour à Jersey, chez les Jé-suites chassés, il revint plus enclin à l’écriture qu’au sacerdoce. Il revint alors à la ferme de la Grande-Hardie de La Chaize-le-Vicomte dont il reprit l’ex-ploitation.

Passionné de chasse, il recevait de grands équi-pages de vénerie en bordure de la grande forêt de La Chaize. En 1906, après s’être marié, il participa avec d’autres pionniers, comme Batiot ou Rampillon, à l’introduction de la race Charolaise en Vendée. Mais il savait aussi dégager de longs moments de ré-flexion, afin de mener à bien sa passion de l’écriture.

Les œuvres se succédèrent à partir de 1913, à peine interrompues par la Guerre 14-18, essentielle-ment tournées vers le théâtre, et lui permirent d’être joué aussi bien en Vendée qu’à Paris ou même à Bruxelles. Mais, membre de l’Action Française, il fut très marqué par la condamnation de ce mouvement par le pape Pie XI. Dans les années 30, il collabora au journal « La Vendée », côtoya l’élite culturelle des peintres et écrivains du département, parmi lesquels, les peintres André Astoul et André-Charles Nauleau, les écrivains Jean Yole et Louis Chaigne, et même le musicien Ernest Guyonnet. La préfecture de la Ven-dée lui demanda de faire partie de la commission chargée de représenter la province Poitou-Charentes à l’exposition internationale de 1938 à Paris.

Il s’était installé à la Vergne de Saint-Florent-des-Bois en 1928, mais perdit son épouse en 1935.

Après la Guerre 39-45, il se remaria avec une femme écrivain et s’installa près de Pau, publiant plusieurs ouvrages avec elle. Il mourut accidentel-lement en 1963 à Billière, et vit son souhait exaucé d’être enterré à Lourdes, puisque sa sépulture se trouve dans cette ville au cimetière de l’Égalité.

Basile ClénetSur le théâtre de l’épopée vendéenne

Paysan, homme engagé et poète

Ballade vendéenne

Un jour, notre VendéeFut la belle accordée : Un preux fier, aguerri, Noble et beau, tout de flamme, Voua son cœur, son âme,Comme à sa gente dame ! Ce fut Monsieur Henri.

La Vendée était belle Catholique et fidèle, Monsieur Henri l’aimait, Et de la moindre peine, Troublant la paix sereine De l’âme vendéenne, L’amoureux s’alarmait.

Mais le jour où la dameEssuya de l’infâmeUn trop cruel affront, Ce héros d’épopée, Prit dans sa main crispéeSa lumineuse épée Pour abriter son front.

Et notre vieille histoire Conserve en sa mémoireLa fin d’amour si beau. Quand la belle asservieFut sans souffle et sans vie, Morte, elle fut suiviePar le preux au tombeau.

Et sur les froides dallesQue foulent nos sandales, Les saints du ParadisSèment, c’est tout à croire, De lauriers de victoireEt des graines de gloireQui lèvent fleur de lys.

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Basile Clenet

Une œuvre dominée par le théâtre

L’œuvre de Basile Clénet est abondante et lui valut de devenir membre de la Société des Gens de Lettres. Basile Clénet est d’abord connu comme homme de théâtre et poète. Si la poésie n’occupe pas la majeure partie de son œuvre, elle est cepen-dant bien présente. Par les poèmes épars qui pa-rurent dans La Revue du Bas-Poitou, mais aussi par la rédaction des pièces de théâtre qui sont le plus souvent en vers. Ensuite, par la publication aussi, en 1931, du recueil « Gloires vendéennes » et dix ans plus tard du poème-plaquette « Notre-Dame de

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tenelles en Saint-André-d’Ornay», et « Notre-Dame reine de France », qui obtint le prix Montyon dé-cerné par l’Académie Française, puis en 1947, « Le ciel et la France » et enfin 1956, un livre écrit avec sa seconde épouse Marie-clotilde Clénet et Henri Bor-deaux : « Génie antique et christianisme : Histoire-lettres à travers les civilisations anciennes ». Il creusa ainsi jusqu’au bout le sillon de la tradition et de la défense de ses convictions religieuses, les étayant avec une certaine noblesse à une époque où la Ven-dée n’avait pas encore connu de véritable évolution.

Plusieurs décennies après l’ère romantique et post-romantique, Basile Clénet n’en est pas moins un chantre séduisant de la légende vendéenne. Sa particularité est de ne pas se contenter des mots pour la faire revivre. Il la met en scène au sens propre du mot, dans la mesure où sa poésie personnelle s’ex-prime d’abord par le théâtre qu’il alimenta, entre autres, de nombreuses pièces sur l’histoire de la Ven-dée. Son œuvre d’écrivain est donc avant tout celle d’un auteur de théâtre. Les glorieux événements de l’épopée vendéenne, vécus par des membres de sa propre famille avaient dû l’influencer, au point que sa première jouée en 1913 à Bruxelles, se nom-mait « Les géants de la Vendée ». D’autres suivirent, après que la parenthèse de la guerre, lui eût permis de créer au château d’Amboise un drame histo-rique intitulée « Au bord de la Marne ». Suivirent en 1920 un poème dramatique en quatre actes et mis en musique par Pierre Bastide : « Les charmes d’Armide  »  ; une comédie en un acte en 1921 : « Les cerises », une pièce inspirée de Musset en 1922 : « Sur trois marches de marbre rose » ; un drame en trois actes en 1924 : « L’enfant prodigue ou le retour

à la terre » ; en 1925 : « mimi Pinson est une blonde » pour une mu-sique d’Ernest Guyon-net ; en 1926  : « Le duc d’Orléans et le duc de Guise  » ; un drame historique en trois actes et quatre tableaux : « Charrette » ; le drame lyrique en deux actes  : « Les anges » et « Un prêtre vendéen sous la Révolution », tous les deux mis en mu-sique en 1928 et 1929

par l’abbé Courtonne ; un drame moderne en trois actes en 1930 : « Fleur de France »  ; le drame historique en quatre tableaux en 1938 « Richelieu » ; le livret d’un opéra pour Pierre Bastide

France ». Pour cet homme qui écrivait : « Je suis un gars de la Vendée / Et j’en suis fier. », on notera la double préoccupation de la légende vendéenne, qu’il incarnait de toute sa personne, et la louange de la Vierge Marie, dont il avait toujours mis le culte en avant. Le chroniqueur qui présente « Gloires ven-déennes » évoque Clénet comme « un vieux chouan qui serait un troubadour épique ». De ses rythmes harmonieux, au travers des quatre grandes parties du livre, intitulées « La Maison de France », « Poésies de France et de Vendée », « Histoire de la Vendée » et « La Vendée contemporaine », il rattache les talents de nos terroirs à la grande France royale et perpétue le retentissement de l’épopée de 93, en prolongeant de belle façon l’admiration des générations pour ces glorieux héros qui n’ont cessé de hanter la poésie née de notre terre.

Passionné par l’histoire et par la religion, Clénet a aussi publié en 1926 « L’Eglise et l’intelligence ou l’Eglise dans ses rapports avec les lettres, les sciences et les arts ». En 1945 parurent « L’abbaye des Fon-

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Basile Clenet

Chant des grands valets

Ohé ! Les patrons de la ferme ! Ohé ! Voici les grands valets! Vaillants et forts, nous tenons ferme, Partout dans les foins, dans les blés.Nous savons tenir la charrue, Tracer la raise et le sillon, Faucher les blés et l’herbe drue; Remplacer s’il faut le patron.

Nous sommes debout quand l’aurore Teinte les cieux d’un feu vermeil. Et nous sommes debout, encoreAprès le coucher du soleil.Larges et dures sont nos têtes, Nos bras comme nos têtes sont forts, Et nos pieds foulent des conquêtesD’herbages et de moissons d’or.

Jamais l’ouvrage ou la besogneAu grand valet n’a fait peur ; Pour l’abattre, il frappe, il cogneHaletant, couvert de sueur. Un valet trime la semaineAussi longtemps que luit le jour, Et, le dimanche, il se promèneAu doux pays de ses amours.

en 1942 : « Marie Mancini » ; et le drame lyrique en trois tableaux mis en musique par P. Lescure en 1945 : « Béatrice ». On le voit la liste est longue et les titres convergent presque tous vers le drame et l’histoire.

Le théâtre de Clénet fut souvent bien accueilli dans une France encore attachée à une vision tra-ditionnelle, particulièrement dans les grandes capi-tales régionales. Les représentations n’eurent pas lieu, en effet, qu’à Bruxelles ou à Paris, mais aussi bien dans les villes thermales qu’à Nantes ou à La Roche-sur-Yon, où le public était tout acquis aux convictions de l’auteur. La Dépêche vendéenne ne tarit pas d’éloges sur la représentation de « L’enfant prodigue » joué dans des décors d’André Astoul : « L’enfant prodigue, c’est un jeune paysan vendéen, qui, dévoyé par les funestes idées du jour, abandonne les siens, ses travaux, sa terre, s’en va en grande ville où une à une s’évanouissent ses chimères, et revient au pays, repentant, pour reprendre la route tracée par ses pères ». Et d’ajouter « L’auditoire s’attendait à une œuvre de maître. Il ne fut pas déçu (...) C’est une œuvre forte au plus haut point pathétique et moralisatrice ». Les critiques sont élogieuses. Elles récompensent un auteur qui porta haut la tradition vendéenne, catholique et royaliste, et fut le chantre de l’épopée jusqu’aux deux tiers du XXe siècle, à l’époque où la Vendée entam sa révolution cultu-relle…

Alain Perrocheau

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Après Gaby Morlay, Harry Baur et le film Méléfices dans le précédent numéro de Lire en Vendée (N°26), le journaliste cinéphile s’intéresse cette fois ci à deux Sablais, Florelle et Léo David, et au Marquis de la Falaise. Tous trois appartiennent à l’histoire du 7e Art

Florelle (1898-1974) était née un 9 août aux Sables-d’Olonne, précisément à la Chaume sur le quai nommé aujourd’hui Georges V. Elle passe les premières années de sa vie entourée de sa famille, le « clan » Rousseau, avec notamment sa grand-mère, « la mère Rousseau », propriétaire de la buvette du même nom. En 1908, son père, Elysée, décide de « monter » à Paris, plein d’ambitions. La jeune Odette et sa mère, Diadéma, l’accompagnent dans cette aventure. Odette découvre alors l’univers des music-halls grâce à Diadéma, caissière à la Cigale. À douze ans, la chance lui sourit pour remplacer au pied-levé un jeune professionnel dans le sketch « Le Marseillais et la parigote ». C’est ainsi qu’en travesti, tout a commencé un jour de 1911, pour ce drôle de petit bout de femme (1,62m) qui respirait la joie de vivre et d’aimer, fit un don total de sa personne à ce métier qu’elle adopta par inclination. « Irrésis-tible vocation pour une carrière basée sur le travail intensif, passionné, obstiné », écrivit J.V. Cottom, le directeur de l’hebdomadaire Ciné-Revue (29 avril 1976), qui l’avait personnellement connue.

La petite Odette, pas encore Florelle (qui lui alla si bien, qu’elle choisit elle-même, n’aimant pas son nom Odette Rousseau, trouvant la consonance trop bourgeoise, pas assez titi !) va continuer à jouer plu-sieurs années les petits garçons, à l’Ambigu dans une revue d’enfants, puis en tournée avec le même spec-tacle en Allemagne et même en Orient.

Pendant la Première Guerre Mondiale, elle par-ticipe à diverses revues, passant ensuite au cabaret, chez les chansonniers. Elle a une très jolie voix, la jeune Florelle, une voix qu’elle ne cesse de perfec-tionner, mettant sur pied tout un répertoire. En 1920, elle affronte pour la première fois le cinéma, avec Gonzague, de Henri Diamant-Berger, avec Albert Préjean. Elle retrouve Diamant-Berger dans L’affaire de la rue de Lourcines (1922) et dans Jim Bougne, boxeur (1923)… Mais le cinéma muet ne l’enchante guère. Recommandé par Maurice Cheva-lier, elle est présentée à Mistinguett dont elle devient la doublure dans la revue Ça c’est Paris, la suit en Amérique centrale et du sud. Elle se mariera d’ail-leurs à un Mexicain, liaison de courte durée.

Revenue à Paris en 1925, elle reprend au Mou-lin-rouge une version de Ça c’est Paris, qu’elle chante ensuite en cinq langues à travers l’Europe. En 1925, elle est considérée comme une rivale directe de Mis-tinguett, se différenciant d’elle par une sensibilité plus nuancée et une très jolie voix au sommet de son art. Florelle la remplace d’ailleurs lorsque celle-ci rompt avec la direction du Moulin-Rouge. Elle retrouve Henry Garat à l’Empire, Henry Garat qui jouera aussi un grand rôle dans sa vie sentimentale. « On parle même d’amours volcaniques et il est vrai que celles-ci sont faites de ruptures et de réconcilia-tions, d’orages et de grands serments renouvelés », poursuit J.V Cottom dans sa série des « Immortels du cinéma » dans Ciné-Revue.

C’est Georg-Wilhelm Pabst, devenu un metteur en scène de premier plan en Allemagne, qui l’a fait rentrer par la grande porte du cinéma avec L’Opé-ra de quat’sous aux débuts du parlant, qui lui plait beaucoup plus. Pasbt l’a engagé en 1931 dans la version française, aux côtés d’Albert Préjean et Gas-ton Modot. Elle tournera aussi la version espagnole

Dans Les Misérables, elle joue Fantine aux côté d’Harry Baur, le monstre sacré d’avant-guerre.

Gloire et malédiction pour Florelle

À la fois chanteuse, danseuse et actrice, Odette Rousseau, dite Florelle, native de La Chaume, connut la gloire aussi bien au music-hall qu’au cinéma. Puis sa carrière se brisa après la guerre.

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dont elle possède la langue. Car, comme souvent au début du parlant aux techniques balbutiantes, les films sont réalisés en deux sinon trois versions (le doublage post-synchronisé viendra cependant vite après). Et Pasbt a dirigé les deux versions. La version française est désormais considérée comme un des premiers chefs d’oeuvre de l’art cinématographique parlant. Tiré d’une pièce de Berthold Brecht qu’il a lui-même adapté, tourné à Berlin alors capitale ciné-matographique, L’Opéra de quat’sous est d’un esprit anticonformiste, plein d’humour noir, satire viru-lente de la société anglaise à l’époque victorienne, mais aussi une incursion aux frontières de l’expres-sionnisme par certains de ses procédés et que justi-fient l’étrange sujet qui nous fait pénétrer dans les bas-fonds imaginaires d’un Londres sans âge. Flo-relle y joue le rôle de Polly Peachum, la sulfureuse diva. Elle y est merveilleuse. Pourtant, le célèbre ci-néaste voulait Madeleine Renaud, qui n’est pas libre. « Il lui fallait une femme très jolie, blonde, or j’étais

long métrages en 1931, autant en 1932, auprès des plus grands : Robert Siodmark dans Tumultes ; Pasbt qu’elle retrouve dans L’Atlantide ; en 1932, Alexandre Korda dans La dame de chez Maxim’s, film qui mal-gré l’esprit de Florelle n’ajouta rien à la renommée de Korda qui prit le chemin d’Hollywood ; Raymond Bernard (de ceux pour qui le passage du muet au parlant s’effectua sans difficulté) dans Les misérables, où elle joue Fantine aux côtés d’Harry Baur (Jean Valjean), Charles Vanel (Javert), Charles Dullin et Marguerite Moreno (Les Thénardier), une distribu-tion de premier ordre ; Fritz Lang dans Liliom, aux côtés de Charles Boyer (1934) ; Jean Renoir dans Le crime de Monsieur Lange, avec Jules Berry et René Lefèvre (1936)…. Elle tourne quarante films en moins de dix ans, y apporte sa fantaisie, sa joie de vivre, sa vivacité, son bagout. Elle est aussi capable d’émouvoir, de soutirer des larmes mais on le lui de-mande plus rarement. C’est une carrière de premier plan et elle ne délaisse pas la chanson. Elle repré-sente la femme libérée et on prend modèle sur elle, notamment quand les femmes arborent ses pyjamas colorés et vaporeux.

C’est une gloire cependant oubliée aujourd’hui mais, plus ingrat encore, dès après la deuxième guerre mondiale. La même malédiction qui a frappé Jean Gabin. Pourtant, tout comme Gabin, l’attitude de Florelle est exemplaire, héroïque même. Durant l’Occupation, elle cache des Israélites dans son caba-ret à Montmartre, puis elle exploite des cafés au Ma-roc et en Côte-d’Ivoire en faisant de la Résistance, tandis que les Allemands saccagent à plusieurs re-prises son appartement parisien. Florelle, comme Gabin, propres sur eux, représentent-ils la mauvaise conscience du peuple et du show-biz français ?

Au cinéma, La Vendée

Elle joue et chante dans L’Opéra de quat’sous, chef-d’œuvre du début du parlant signé Pabst.

Juste avant la 2e Guerre Florelle représente la femme libérée et on prend modèle sur elle.

rousse », racontera plus tard Florelle. « Pasbt me fit comprendre que ce rôle n’était pas pour moi. Mais deux jours avant le premier tour de manivelle, il s’ar-rache les cheveux : personne sous la main ! On lui reparle de moi. En deux heures, je deviens blonde, tourne un bout d’essai. Pasbt, cette fois enthousias-mé, m’engage, tout en s’excusant de n’avoir pas eu confiance en moi plus tôt ».

Mais L’Opéra de Quat’Sous, futur grand clas-sique de l’écran, connaît les foudres de la censure, sortira avec un grand retard. N’empêche, la Ven-déenne enchaîne les tournages, pas moins de huit

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Si Gabin trouvera Le Grisbi qui mettra l’étincelle à une nouvelle carrière, il n’en sera pas de même pour Florelle, qu’on revoit dans Les caves du Majes-tic, de Richard Pottier en 1945, puis guère que dans trois autres films dans les années qui suivirent, les derniers étant Oasis, d’Yves Allégret, avec Michèle Morgan en 1955, Gervaise, de René Clément en 1956, et la même année Le sang à la tête, de Gilles Grangier, où elle a pour partenaire… Jean Gabin. Visage fané mais émouvant…. Une adaptation d’un roman de Simenon (Le fils Cardinaud ) dont le tour-nage a lieu à La Rochelle.

Puis Florelle se retire définitivement du milieu, quitte Paris, avec amertume : « je ne veux plus avoir de contacts avec mon passé. Pourtant, je n’avais pas dis mon dernier mot. Que de rôles j’aurais encore pu jouer ».

Odette Rousseau, dit Florelle, revient là où elle est née, aux Sables d’Olonne, reprend la tradition familiale en ouvrant un café (« Chez Florelle ») à côté du Casino des Pins, vit assez modestement, roule en 2 CV avec sa mère qui est âgée. Elle meurt au vieil hôpital de la Roche-sur-Yon (actuellement le conseil général) le 28 novembre 1974. Une quarantaine de personnes seulement assiste à son enterrement. Mé-lancolique sortie pour cette belle et talentueuses ar-tiste, dont la voix si fraîche égrenait « la complainte de Mackie » et « la chanson du pirate », couplets célèbres de L’Opéra de Quat’sous. L’écrivain vendéen (né à la Chaume) Jean Huguet a consacré une ma-gnifique biographie (en 1997) à Odette Rousseau, dite Florelle.

Ph.G.

Né aux Sables d’Olonne, fils du ténor Léon Da-vid, Léo David (1911-2002) eut une belle carrière de chanteur lyrique notamment aux Bouffes Pari-siens, temple de l’opérette, au théâtre Pigalle aussi, jouant notamment aux côtés de Jules Berry. De tels contacts lui permettent alors de faire quelques in-cursions dans le cinéma. Il fit ainsi partie de la distri-bution du film Accusé, levez-vous, de Maurice Tour-neur (1930), aux côtés de Gaby Morlay (cette autre vendéenne) et Charles Vanel ; Vaccin 48 (1934), avec Alice Tissot et Robert Goupil ; Les compagnons de Saint-Hubert, de Georgesco (1936), avec Orbal et Dandy. Surtout, il joue dans Untel, père et fils, de Ju-lien Duvivier (en janvier 1940), avec Louis Jouvet, Michèle Morgan, Françoise Rosay et « l’immense » Raimu, dont Léo sera le secrétaire-chauffeur, saura surtout s’accommoder du caractère de la star.

Le film fut tourné à Nice, studio de la Victorine et sera achevé la veille de l’invasion allemande. Il ne sortira qu’en octobre 1945. De retour aux Sables d’Olonne, Léo David deviendra un infatigable ani-mateur de la station, notamment grâce à ses talents de metteur en scène de revues, offrant aussi sa plus belle fête à l’aviation locale, oeuvrant à la naissance du club de rugby et du groupe folklorique Le Nouch qui, sous son impulsion, acquièrera une réputation internationale.

Il faut lire la belle biographie que l’écrivain

Léo David aux côtés de « l’immense Raimu »

Ce Sablais fit quelques belles prestations dans le cinéma, tournant notamment avec Raimu sous la direction de Duvivier. Mais il préférait les planches. Et sa ville.

Léo David et sa fille interviewés par Jacques Bernard, l’auteur de la biographie.

Le touche-à-tout Léo David en 1984.

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D’origine Vendéenne, né à St-Cyr-l’École (Yvelynes), mort dans un accident d’avion aux Ba-léares, le riche et séduisant marquis de La Falaise (1898-1972) venait souvent dans son château à la Barre, à Saint-Florent-des-Bois. Cet aristocrate ven-déen approcha le cinéma de manière fulgurante, d’abord en fondant sa société de production en 1925 ; puis en se mariant à l’actrice américaine Glo-ria Swanson, qu’il rencontra en 1925 lors du tour-nage à Paris de Madame Sans-Gêne, dont il divorce en 1931. Puis il se remariera à Constance Bennett qui est alors une des stars les plus cher payé d’Hol-lywood (elle jouera notamment dans Le couple invi-sible en 1937 avec Cary Grant et dans La femme aux deux visages, de Georges Cukor, avec Greta Garbo, son dernier film) dont il divorcera en 1940.

Jacques Bernard a consacrée en 2004 à ce Sablais d’exception, dont il était devenu très proche.

Titre : « La vie passionnante de Léo David » (VPCC). Lire également « Étonnants Vendéens », de Claude Mercier (Edition de l’Etrave, 2012).

Ph.G.

Henry de La Falaise, marquis gentleman d’Hollywood

La vie de cet aristocrate originaire de Saint-Florent-des-Bois est un film hollywoodien. D’ailleurs, il se maria à deux stars, dont Gloria Swanson.Il fut aussi producteur et réalisa des films dans la jungle asiatique

Au cinéma, La Vendée

Henry de la Falaise au bras de sa première femme, la star hollywoodienne Gloria Sawnson.

La Marquis de la Falaise et Constance Bennett, sa seconde femme, également une grande actrice hol-lywoodienne.

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La confusion entre les Guerres de Vendée et la Chouannerie n’est pas réservée qu’à certains élus, pour rebondir sur une récente actualité. Des Ven-déens mêmes s’y trompent parfois. Aussi, l’occasion se présente pour dénouer l’équivoque. D’abord la chouannerie explose quand la Vendée est morte ! La chouannerie est enfant de Bretagne, Sarthe et Mayenne. La Vendée est une révolte spontanée, née de sa terre.

Il n’est pas anodin de s’intéresser à la guerre ci-vile de 1793 pour comprendre au plus près l’âme vendéenne, son traumatisme, son pardon aussi, son exception deux siècles plus tard. D’autant qu’avec l’accroissement de la population, les Vendéens ins-tallés récemment sont légions.

Pour s’informer, rien ne vaut la lecture. Certains ouvrages, des romans écrits par des Vendéens, pré-sentent aussi une certaine objectivité sur des événe-ments qui ont été longtemps occultés, mais où notre Première république s’est tout de même déshono-rée en pratiquant des massacres à grande échelle, à partir de janvier 1794, avec le passage des Colonnes infernales. Alors que la Vendée était vaincue, à terre, après la bataille de Savenay le 23 décembre 1793 !

Il faut d’abord lire Ouragan sur la Vendée, d’Élie Fournier, contant le tragique destin des 4 sœurs Vaz de Cuello et de leur mère, qui vécurent la Virée de Galerne et finiront guillotinées à Nantes. Le bour-reau ne s’en remettra pas, mourant trois jours plus tard. Le logis où vivait cette famille existe toujours, à quelques kilomètres du Poiré-sur-Vie. La plume de l’abbé Fournier est vibrante, authentique.

La bataille de Cholet ou La guerre en sabots, est signée Gilbert Prouteau (1917-2012). Le prodige vendéen natif de Nesmy met en scène cette bataille décisive, qui s’est jouée à peu de chose, avant qu’un cri n’envoie tous les battus « à la Loire », qu’ils fran-chiront pour cet exode biblique de la Virée de Ga-lerne. 100 000 hommes, femmes, enfants, animaux en direction de la Normandie… Dans son ouvrage paru en 1994, Prouteau y fait parler, et les généraux vendéens et les généraux républicains, tout en res-tant dans le tempo de cette bataille en octobre 1793.

La Chasse aux loups, La grande meute, Même les pierres ont résisté. Trois titres sous la houlette d’Yves Viollier. Lui aussi est un incontournable. L’ancien prof de Français au Poiré-sur-Vie a écrit en 1988 les

Au cinéma, la Vendée

Il fut aussi metteur en scène, notamment de deux documentaires. Dans un livre de souvenirs « Les années magnifiques » (1986, Editions N°1) qu’écrivit sa troisième femme Emmita, Colom-bienne d’origine, elle évoque ce passé qui remonte au début des années trente : « … Après avoir par-ticipé, à la tête de la production étrangère, à son premier film en Français, Le roi s’amuse, Henry se marie avec Constance Bennett, puis part pour Bali, où il met en scène et produit Le Gong, histoire des danseuses sacrées du Grand Temple. Ce film est un des premiers en couleurs de l’histoire du cinéma, connaîtra un vif succès aux Etats-Unis. Faulkner écrira sur lui un article enthousiaste. Mais son tour-nage du Gong vaut à Henry des crises de paludisme dont il souffrira longtemps ».

Peu après, Henry de La Falaise part pour l’Indo-chine tourner Kliou (qui signifie « tigre » en moï), une étude d’une réelle beauté sur les indigènes moïs et leurs rapports avec la nature et les animaux.

Les scènes d’animaux sauvages sont, pour la pre-mière fois dans l’histoire du cinéma, tournées de très près : un python y broie une antilope à vingt-cinq pas de la caméra, et on y voit les tigres renifler les opérateurs. Le tournage dure une année, dans les hauts-plateaux de Djering, aux limites du pays in-soumis.

Le marquis vendéen reste des heures les jambes dans l’eau, la tête et les bras dévorés par les mou-tiques, le corps couvert de sangsues, à attendre l’heure propice pour tourner ou capturer les fauves.

« À la fin du film, Henry est terrassé, cette fois, par la maladie de Buski, transmises par les sangsues, et reste plusieurs mois entre la vie et la mort. Quand je le rencontre à New-York, il n’est sorti de l’hôpital que depuis quelques mois. Pour Kliou, il a gagné le Lion d’or à Venise et un premier prix au festival de Moscou ». C’est Emmita dans le texte des « Années magnifiques », ouvrage qui rencontra un succès de librairie à sa sortie.

Henry de la Falaise a aussi écrit un livre « Mai 40, la bataille des Flandres, mémoire d’un combat-tant », racontant son expérience de la guerre qu’il fit comme officier de liaison dans un corps expédition-naire britannique.

Ph.G.

Les bons conseils du père Philibert

Les œuvres emblématiques des Guerres de Vendée

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deux premiers romans cités. Dans ceux-là, avec les « mou-tons blancs » de Château-Fro-mage, le lecteur est au cœur de la bataille de Luçon en août 1793 et encore plus de la virée de Galerne d’octobre à décembre 1793. C’est une couleur aussi qui domine dans ces deux livres épiques. Car Viollier écrit comme s’il peignait, fécond comme un

flamand. Cette couleur est rouge.L’histoire des Vendéens qui se cachent en forêt

de Grasla et reconstituent le village, avec un hôpital est en revanche méconnue et Viollier la restitue dans son dernier livre, Même les pierres…, qui sera prix Charette en juillet dernier. Ce livre est aussi celui du pardon.

Il faut également absolument lire Les mou-choirs rouges de Cholet, de Michel Ragon dont on connaît la limpidité du style. Ragon tend la toile de désolation que fut la Vendée après la Guerre ci-vile de 1793 à 1796. Roman emblématique écrit par l’anarchiste libertaire natif de Fontenay-le-Comte. Énorme succès littéraire à sa sortie. Important pour mieux comprendre ce refus du mot République chez les Vendéens un siècle durant. Livre à lire, par exemple, dans la collection Omnibus, Gens de Ven-

dée les Mouchoirs… côtoyant Les louves de Machecoul, d’Alexandre Dumas, Monsieur de Lourdines, d’Alphonse de Châteaubriant et La terre qui meurt de René Bazin.

Rouge toujours, Un cœur d’étoffe rouge, de Jean Hu-guet (1920-2005), est le livre le plus connu du Chaumois. Son analyse est brillante ; L’en-jomineur (trois volumes) de

Pierre Bordage est également passionnant. Ce grand spécialiste de la SF et de l’anticipation se risque avec bonheur dans le style fantasy pour vivre la Révolu-tion, en Vendée, mais aussi à Paris. L’enfant de la Réorthe a donné un second souffle au « genre ro-mancé » des Guerres de Vendée.

Encore deux propositions : Capitaine de paroisse est une pièce de théâtre signé Jean Yole. Jean Yole a écrit de grandes choses et son Capitaine… est l’un des tout meilleurs, histoire qui oppose deux frères, qui oppose farouchement « Bleus » et « Blancs » ! Le temps de cette lecture, il faut oublier le sénateur traditionaliste qui vota les pleins pouvoirs à Pétain.

Le père Philibert

Car l’écrivain est grand.Enfin, 1793, de Victor Hugo. Hugo entretint

lui-même la confusion. Tout au long de son roman, il appelle Vendéens les Chouans et les Bretons. Une confusion presque freudienne. Sa mère Sophie Tré-buchet n’était-elle pas vendéenne dont les origines se retrouvent à la Garnache ? Et ne cachait-elle pas des prêtres quand elle rencontra le beau militaire Léopold Hugo ? Ce dernier fut d’ailleurs écœuré par la Guerre de Vendée, ce que raconte Gilbert Mercier dans un bon livre peu connu, Hugo de Lorraine et de Vendée.

Et arrêtons là ! Évidemment, il y en a d’autres. Ce ne sont que des conseils et les conseilleurs, c’est bien connu, ne sont pas les payeurs.

Et pourtant, et pourtant… Honte à moi si je ne me fends pas d’un ultime conseil : Les mémoires de la Marquise de La Rochejaquelein, manuscrit que le préfet Prosper de Barrante, à la demande de la Marquise, retravailla sous la Restauration pour sa publication au milieu des années 1820. Sa dernière édition en poche est excellente.

Ph. G.

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Pervinquière, méconnu géologue aventurier, mort voilà un siècle

Il est né et mort à La Roche-sur-Yon, mais si le géologue découvreur de la Tunisie, Léon Pervinquière (1873-1913) est connu dans le Sahara, il reste inconnu du grand public français, même dans son département natal

Reste le livre de Jean-Marc Viaud pour redécou-vrir ce géologue né il y a 150 ans, disparu voilà 100 ans.

Au Cinéma, René Bazin et la Vendée

Le film de Jean Choux enfin restauré et disponible...

Un DVD « passion » vient de paraître grâce à l’Association des Amis de René Bazin et la Cinéma-thèque de Vendée, avec

La Terre qui Meurt, film de Jean Choux, 1926La Terre qui Meurt, film de Jean Vallée, 1936Présentation de René Bazin, par Élisabeth Mas-

son, Jacques Richou et Armel Bazin, arrière-petits-enfants du romancier

La Terre qui Meurt, une aventure, par Jean-Claude Mauvoisin-Delavaud.

Gabriel de Sairigné, cousin de Léon Pervinquière

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Léon Pervinquière

C’est en étudiant des fossiles sur Soullans et Commequiers similaires à ceux découverts en Tu-nisie à une période charnière du crétacé, que le géo-logue et documentaliste (aux Archives départemen-tales) Jean-Marc Viaud a découvert Pervinquière. Un Vendéen ! Qui va le passionner et dont il a fait un livre (avec Gaston Godard), intitulé De la Vendée au Sahara (éditions CVRH, 22 €), sorti en 2007.

Depuis, Jean-Marc Viaud anime de temps à autre des conférences sur ce personnage, parfois en présence de descendants de Léon Pervinquière. Cette famille qui est une saga, partie de Bretagne pour venir en Anjou et s’installer à Luçon et Fonte-nay-le-Comte au XVIIe siècle. Parmi les illustres que révèle l’arbre généalogique : Séverin Pervinquière (1760-1828) qui sera Constituant le 20 juin 1789, au Serment dans la salle du Jeu de Paume ; le général Belliard ; les Sairigné (des Moutiers-les-Mauxfaits) ; les Cochon de Lapparent, des Deux-Sèvriens dont l’un, géologue, influencera la jeune Léon. Et dont un descendant, L’abbé Lapparent, découvrira les traces de dinosaures au Veillon en 1963.

Il se ressource à la Baudonnière (Marsais-Sainte-Radegonde), enseigne à la Sorbonne, habite rue de Vaugirard à Paris, se marie, publiera plusieurs ou-vrages, retournera en Tunisie, notamment en mis-sion en 1909, avec son « facétieux » cousin Gabriel Brunet de Sairigné (le père du héros mort en Indo-chine en 1947, qu’une statue honore aux Moutiers-les-Mauxfaits). Un récit plaisant restituant l’atmos-phère d’une mission scientifique au début du XXe siècle, édité dans le livre de Viaud et Godard, qui fait 282 pages au total, illustrations comprises.

Une ultime mission le pousse vers le désert sa-harien. Le gouvernement français l’envoie délimiter la frontière entre la Tunisie et la Tripolitaine, l’ac-tuelle Lybie, alors sous domination ottomane, mais qui va devenir italienne la même année après des bombardements sur Tripoli. Pervinquière parvien-dra cependant à traverser le Grand Erg Oriental et, après avoir planté la 233e et dernière borne, arriver à Ghadamès, la perle du désert, dans laquelle aucun Européen n’avait pénétré avant 1876. Il y restera 7 jours, écrira La Tripolitaine interdite, jamais réédité.

Bornes aux confins du Sahara

Léon ? Un héros aussi à sa façon, dont le métier de géologue fut son aventure extraordinaire. Né Rue La Fayette à La Roche-sur-Yon en 1873, le jeune Léon va suivre son père au gré de ses mutations (il travaille à la Conservation des Hypothèques) et poursuivra sa scolarité à La Rochelle, notamment à l’école Fénelon, où il obtient son bac sciences. Puis c’est la Sorbonne. Il hésite sur le thème de sa thèse, l’Espagne peut-être… Mais son grand frère marin lui a donné le goût des grands espaces. Ce sera la Tunisie centrale, le Haut-Tell, alors très peu connu. Il y va plusieurs fois, entre 1897 et 1902, présente sa thèse en 1903, accompagnée de nombreux cli-chés photographiques, insoupçonnable richesse au-jourd’hui.

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Postérité inscrite

Léon mourra l’année suivante, jeune, à 39 ans, probablement d’une maladie contractée par l’eau en Tunisie. Il s’éteint dans le chef-lieu vendéen, à son domicile, qui est alors situé au 14 de la place de la préfecture (actuelle place Mitterrand). Clin d’œil de l’histoire, le jour où il meurt, le 11 mai 1913, La Roche-sur-Yon fête son centenaire, qui avait été retardé de 5 ans pour raisons politiques. Le défilé du carnaval avec un sphinx est même passé sous les fenêtres de son domicile.

Il repose au cimetière du Point du Jour. Du mé-connu Pervinquière, des fossiles portent son nom. Il a laissé (jusqu’en 1956) son nom à un bordj saharien (Fort-Pervinquière). Il a aussi laissé ses collections, près de 6 000 échantillons à l’université de Jussieu (144 tiroirs). Et ses découvertes de la région du Kef, ont rendu ce territoire charnière pour l’étude de la fin du Secondaire, moment-clé où se sont produites d’importantes extinctions, dont les dinosaures.

Ph. G..

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33Échos-Musées - décembre 2013 - avril 2014

Échos-MuséesLes amis de l’Historial de la Vendée

La nature pour passionClemenceauPublications

Le colloque du CVRH et les charniers du Mans

Les frères Martel Henri Martinie Georges Clemenceau, Claude Monet et Alice Butler sur le pont japonais, Giverny Juin 1921 Épreuve argentique Collection Musée Clemenceau

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34 Échos-Musées - décembre 2013 - avril 2014

Clemenceau et les artistes modernesManet, Monet, Rodin…Exposition du 8 décembre 2013 au 2 mars 2014Les Lucs-sur-Boulogne, Historial de la Vendée

Clemenceau, homme de convictions et d’action

Cette exposition présentée à l’Historial est in-contestablement en Vendée « l’événement culturel » de l’hiver 2013-2014, événement de portée natio-nale comme le démontre le label décerné par le Mi-nistère de la Culture et de la Communication. La France s’apprête par de nombreuses manifestations à célébrer le centième anniversaire de la Première Guerre mondiale ; Georges Clemenceau, « le Père la Victoire », sera mis à l’honneur, compte tenu de son rôle déterminant pour avoir mis un terme au conflit ; à l’Historial, nous avons proposé de porter un regard sur l’une des facettes plutôt méconnue de l’homme. Ce regard presque inédit met en lumière un intellectuel, un homme d’une grande culture, doué non seulement d’un talent d’orateur et d’écri-vain, mais qui fut aussi amateur d’art et collection-

neur. Ayant eu à croiser de nombreux artistes tout au long de sa carrière, Georges Clemenceau, comme toujours est un homme de conviction et de com-bat, lorsqu’il est convaincu du talent d’un artiste, il en prend la défense et met à son service son pou-voir d’homme d’État, de parlementaire, de ministre ou de président du Conseil. Georges Clemenceau, l’homme d’action, souvent sans concession, virulent ou violent nous apparaît, surtout lors de sa retraite en partie vendéenne, sensible, faisant preuve d’une amitié sans faille, se laissant aller à la contemplation. Rassemblant un nombre important d’œuvres et de documents dont quelques grands chefs d’œuvre, l’exposition, grâce à de nombreux partenariats, enrichie d’un important catalogue qui deviendra ouvrage de référence, d’applications multimédia et d’un film documentaire spécialement réalisé pour l’occasion, ouvre la voie d’une année Clemenceau. Elle constitue un temps fort de la programmation éclectique de l’Historial, devenu au fil des années un un site culturel incontournable pour la Vendée et le grand Ouest.

Christophe VitalDirecteur du patrimoine culturel,Conservateur en chef des musées,Conseil général de la Vendée

Auguste Rodin, Buste de Georges Clemenceau, 1911, terre cuite, Paris, musée Rodin (inv. S. 1671) © Paris, musée Rodin Photographie/Christian Baraja

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Clemenceau et les artistes modernes

Clemenceau attaché à la Vendée

Tout au long de sa vie, Georges Clemenceau témoigna d’un profond attachement à sa terre na-tale dans laquelle plongeaient ses racines familiales depuis le XVe siècle. Né au coeur du bocage vendéen à Mouilleron-en-Pareds le 28 septembre 1841, il fut inhumé le 25 novembre 1929, le lendemain de son décès, à Mouchamps, au lieu-dit Le Colombier.

Georges Clemenceau passa sa prime jeunesse et une partie de son enfance durant les vacances sco-laires dans la maison de ses grands-parents mater-nels, rue de la Chapelle à Mouilleron-en-Pareds, où il avait vu le jour. Puis il vécut enfant dans la propriété paternelle au château de l’Aubraie à Féole, près de La Réorthe. Il y revint durant ses études puis, devenu médecin, s’y installa quelques mois en 1869 à son retour des Etats-Unis avec sa jeune épouse américaine. Cette dernière y mit au monde

leurs trois enfants. Par la suite - bien que G. Cle-menceau menât sa carrière politique à Paris - il re-vint fréquemment vers sa Vendée natale pour s’y res-sourcer et y puiser son inspiration. À la mort de sa mère en 1903, son frère Paul hérita de la propriété familiale, G. Clemenceau revint peu à l’Aubraie puis il cessa de s’y rendre à partir de 1916 suite à une querelle politique avec ce dernier.

Après son revers politique de 1919 et son échec aux élections présidentielles, Georges Clemenceau amorça son retrait de la vie publique, il voyagea à l’étranger et chercha un pied-à-terre en Vendée : « Une cabane de paysan au bord de la mer, c’est tout ce qu’il me faut » écrivait-il. Il finira par trouver cette « bicoque », telle qu’il la désignait lui-même, à Saint-Vincent-sur-Jard, en lisière de la forêt de Longeville, face à l’Océan. Il la rebaptisa malicieusement « Bélé-bat » et s’y installa comme locataire « à vie » en août 1920 : « J’ai pris possession de mon ciel, de ma mer et de mon soleil » écrivait-il. Il y fera désormais et jusqu’à sa mort, deux séjours par an : trois semaines au printemps, trois mois en été. Il y accumula des

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Noël Dorville, Georges Clemenceau à la tribune du Sénat,1918, crayon sur papier, Les Lucs-sur-Boulogne, Historial de la Vendée© Conseil Général de la Vendée – conservation départementale des musées –cl. Patrick Durandet

souvenirs, des objets de collections, y reçut ses amis et y rédigea quelques-uns de ses ouvrages dont son testament littéraire, Au soir de la pensée. Il médita longuement, face à la mer : « Au lieu d’aller parler à mes contemporains qui ne m’ont que trop entendu, je converse avec des herbes, avec des fleurs, avec la mer, avec la brise et la rosée parce qu’il n’y a pas d’examen et que chacun se comprend sans parler. Quand la mer est haute et grondante, je vais à ma terrasse de sable et je reste le plus longtemps pos-sible sans penser ». À sa mort, la maison fut acquise par l’État en 1932. Elle est gérée aujourd’hui par le Centre des Monuments Nationaux et ouverte au public toute l’année. Un autre lieu célébrant la mémoire du Grand Homme subsiste. Il s’agit du seul monument à son effigie qu’il accepta d’inaugu-rer de son vivant. Le sculpteur François Sicard fut choisi par G. Clemenceau lui-même qui exigea de ne pas figurer seul mais au milieu de six fantassins : « Ce n’est pas moi qui suis intéressant, ce sont les

Claude Monet, La Cathédrale de Rouen, le portail vu de face. Harmonie brune, 1894, huile sur toile, Paris, musée d’Orsay © Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais/Patrick Scmidt

poilus ». Ce Monument au « Père la Victoire » fut inauguré en sa présence le dimanche 2 octobre 1921 à Sainte-Hermine, à moins de cinq kilomètres de l’Aubraie.

Enfin au Colombier à Mouchamps, demeurent les deux tombes jumelles de Georges Clemenceau et de son père. Elles reposent, encloses derrière leurs grilles métalliques, sous une stèle sculptée par F.Sicard, réplique de la stèle de Samos, représentant la déesse de la Sagesse, Athéna, appuyée sur sa lance pointée vers le sol.

Florence Rionnet

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Claude Monet (1840-1926)Nymphéas, 1904Huile sur toile,Le Havre musée d’art moderne André Malraux

Atelier Nadar, Georges Clemenceau(1874), photographie, tirage moderne à partir d’un

négatif sur verre collodion, Charenton-le-Pont, Médiathèque de l’architecture et du patrimoine

© Ministère de la Culture- Médiathèque du Patri-moine, Dist. RMN-Grand Palais/Atelier Nadar

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Les animations prévues à L’Historial autour de l’exposition Clemenceau et les artistes modernes, Monet, Manet, Rodin…

L’éducation du regard et l’accès à la connaissance qu’elle permet serviront de fil conducteur aux ac-tions pédagogiques et ludiques proposées à l’Histo-rial dans le cadre de l’exposition.

Pendant la durée de l’exposition, le musée sera exceptionnellement ouvert tous les jours de 10h à 18h (y compris les lundis – fermeture les 25 dé-cembre et 1er janvier).

Les jeudis, l’exposition sera accessible jusqu’à 20h et un programme d’événement nocturnes sera proposé aux publics. A 18h30 tous les jeudis, une visite commentée de l’exposition sera proposée par les médiatrices du musée.

Des événements en jour-née…

Visites commentées thématiques autour de la personnalité de Clemenceau et ses liens avec les ar-tistes.

Visites sensorielles de l’expositionOrganisation d’ateliers autour de l’impression-

nisme, de l’écriture et du dessin de presse pour diffé-rentes tranches d’âge (payant sur inscription) :

Jeudi 26 décembre et mercredi 26 février : « Comprendre l’impressionnisme » pour les enfants de 5 à 7 ans

Vendredi 3 janvier « Le dessin de presse et la ca-ricature » à partir de 14 ans

Samedi 1er février et 1er mars : Atelier d’écriture, à partir de 14 ans

Conférences : Clémenceau et les arts le dimanche 12 janvier à 14h30 et Clemenceau et Monet le di-manche 9 février à 14h30.

Des nocturnes les jeudis soirs en janvier et février…

Cycle de projections pour compléter et enrichir la visite de l’exposition.

Lectures théâtralisées et ludiques de lettres issues de la correspondance entre Monet et Clemenceau :

les 23 janvier, 13 et 27 février.Mise à disposition d’applications numériques et

de multimédias ludiques et interactifs spécialement conçues pour l’exposition.

Prêt d’IPOD pour la découverte de l’exposition, quizz en accès libre, application « sur les pas de Cle-menceau »…

Multimedias hors expositionAudio guide (Ipod touch)

Un audio-guide sera proposé aux visiteurs à l’en-trée de l’exposition. Il proposera une visite complé-mentaire espace par espace. Il permettra également d’écouter un ou plusieurs commentaires d’œuvres phares de chaque espace d’exposition.

Caricatures (Vitrine tactile)Un jeu sera proposé autour de la caricature et

des oeuvres en lien avec le thème de l’exposition. Le but sera d’associer la bonne caricature avec la bonne oeuvre.

« Sur les pas de Clemenceau » (À télécharger sur les stores Smartphone)

Cette application aura pour objectif de créer un réseau entre différents lieux de mémoire clemencistes en France. (14 lieux ont été sélectionnés) L’utilisa-

teur y trouvera un descriptif du lieu de mémoire ainsi que les informations utiles.

Le + de cette application est de proposer à l’utilisateur un contenu caché (photo-graphies, anecdotes) dispo-nible que si l’utilisateur est

présent sur site.Pour cela nous nous sommes inspirés du « Geo-

caching ». Sortie prévue pour janvier 2014Serious Game

(Ipad). Le « Serious Game »

est un jeu dont le but est d’apprendre en s’amusant. À travers ce jeu, l’objectif est de tester les connaissances du visiteur sur G. Cle-

menceau. Un quiz avec différents niveaux de diffi-cultés sont proposés.

Sortie prévue pour janvier 2014Le jeu proposera plusieurs thèmes :L’Écrivain et journaliste, L’amateur d’art,

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Projet pour le Monument à Clemenceau par François Sicard, érigée à Sainte-Hermine, Vendée, inauguré en 1921, photogra-

phie, fonds Gruet-Vizzavona © RMN / François Vizzavona

L’homme d’État, Le voyageur, Le naturaliste.

Un film documentaireLes victoires artistiques de Clemenceau (26 mn.)Production : Conseil général de la Vendée ; Scé-

nario et mise en scène : Christophe VitalTourné pendant l’été à Saint-Vincent-sur-Jard

dans la « bicoque », à Paris, dans l’appartement de la rue Franklin, à l’Orangerie, à Meudon au musée Rodin et à Giverny dans les jardins de Claude Mo-net, ce film évoque la passion avec laquelle G. Cle-menceau défendit ses amis artistes au premier rang desquels Claude Monet. Une sélection de ses lettres permet d’évoquer les dix dernières années de sa vie ; mêlant colère, humour et tendresse, le « vieux tigre » nous révèle un homme sensible, animé par un projet qui lui tient à cœur : réunir à Paris, à l’Orangerie des Tuileries, les panneaux décoratifs des nymphéas.

Le film sera diffusé en continu dans l’audito-rium du musée et peut constituer une bonne intro-duction à la visite.

notamment à travers les buttes coquillères de Saint-Michel-en-l’Herm, prémices d’un intérêt grandissant atteignant son apogée lors de « l’âge d’or des naturalistes » au XIXe siècle.

En effet, les plus grands scientifiques français mais aussi étrangers vinrent y étudier le sol, la faune et la flore. Comment ne pas citer Bachelot de la Py-laie, zoologiste et botaniste féru d’algues au point d’être surnommé par les habitants de l’Ile d’Yeu, le « Père Goémon » ?

Cercle répétiteur de Gambey de 14 pouces de diamètre, vers 1820, Saint-Mandé, prêt de l’Institut National de l’Information Géographique et Forestière (H.1.5)© Saint-Mandé, Institut National de l’Information Géographique et Forestière, Photographie/Laurent Viven-sang

25 avril – 1er septembre 2014Historial de la Vendée

L’intérêt des naturalistes pour la Vendée s’est manifesté très tôt,

La Nature pour Passion

Comment oublier les visites des célèbres ento-mologistes Adolphe de Graslin et Albert Fauvel, du botaniste suisse de Candolle et bien d’autres encore ? Leurs successeurs prendront le relais avec enthou-siasme, tels Georges Durand, pluridisciplinaire dé-tenteur d’une des plus prestigieuses collections na-turalistes de France ; Joseph Charrier, son ami de toujours, botaniste et collectionneur invétéré ; ou bien encore Henry des Abbayes, dont les travaux sur les lichens conservent encore à ce jour une renom-mée internationale.

La Vendée est une zone naturelle tampon entre le Nord et le Sud de la France, d’où la présence du mimosa, par exemple, sur l’île de Noirmoutier, mais

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La Nature Pour Passion

Le « bazilic ou dragon volant », animal imaginaire recherché par les détenteurs de cabinets de curiosités aux XVIe et XVIIe siècles, extrait du manuscrit Histoire naturelle des végétaux et des miné-raux avec un abrégé des météores (1700), par Elie II Richard (Ms 2715)© Médiathèque d’Agglomération de La Rochelle, cl. Jean-Louis Mahé

aussi d’autres espèces que l’on trouve habituellement dans des régions bien plus éloignées. La conjonc-tion d’un climat agréable et d’un sol varié entraîne une biodiversité typique, intéressante pour les spé-cialistes. C’est pourquoi, depuis la fin des années 1960 et dans un mouvement national, le devenir de ce biopatrimoine si riche et particulier est devenu une préoccupation majeure, au point de créer des réserves naturelles, à l’instar de Georges Durand avec la réserve de Champclous ou de Michel Bros-selin avec celle de la Pointe d’Arçay. Cette prise de conscience s’accompagne de la nécessité de faire l’in-ventaire du monde en Vendée.

Cette exposition, accompagnée d’un catalogue traitant de sujets de fond et de focus sur des points plus précis, fera appel à de nombreux prêts, tels que l’un des plus gros fragments au monde de la météorite de Chantonnay, conservé au Kunsthistoriches Mu-seum de Vienne, en Autriche ; un manuscrit inédit du mathématicien François Viète, « ad harmonicon coeleste libri quinque priores », prêté par la Biblio-thèque Nationale Centrale de Florence, en Italie ; les collections zoologiques, botaniques, minéralogiques du Muséum National d’Histoire Naturelle, de Paris, avec notamment les collections de Georges Durand ; la présence de spécimens « types » à partir desquels furent décrites de nouvelles variétés, à l’instar des coquillages corses de Benjamin-Charles Payraudeau ou ceux provenant de l’Océan Pacifique, rapportés

Joseph Charrier présentant une partie de ses herbiers de plantes et de mousses au journal Sud-Ouest, en novembre 1960.© Médiathèque d’Agglomération de La Rochelle, Fonds Jean Gaillard

par Jean-René-Constant Quoy ; ou bien encore les premiers dessins animaliers de Jean-Jacques Audu-bon, retrouvés par le Muséum d’Histoire Naturelle de La Rochelle et les instruments astronomiques de l’Observatoire de Paris.

Enfin, une mise en scène ludique, intégrant des espaces d’expérimentations à l’attention du public, permettra aux visiteurs, et plus particulièrement les enfants, d’entrer de plain pied dans un sujet d’une grande richesse.

Séverine Bechet

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Chaissac, les acquisitions de l’Historial

Couvercle de lessiveuse, de et peinte par Gaston Chaissac (1955)Sainte-Florence-de-l’Oie

Peinture à l’huile sur tôle ; diam. 480 mmCliché Patrick Durandet. © Conseil général de la Vendée – Conservation départementale

des muséesCollection Historial de la Vendée, Les Lucs-sur-Boulogne

Table de couture, de et peinte par Gaston Chaissac (1955) Sainte-Florence-de-l’Oiepeinture à l’huile sur bois ; H. 460 mm ; l. 295 mmCliché Patrick Durandet. © Conseil général de la Vendée – Conservation départementale des muséesCollection Historial de la Vendée, Les Lucs-sur-Boulogne

Peinture à l’huile sur sa tablette de machine à coudre de cordonnier formé par l’assemblage de 4 morceaux de bois. Le premier morceau formant une marche rouge, le 2ème en forme de verre à pied jaune, le 3ème morceau gris, le 4ème morceau formant comme un cadre rose à un visage à œil vert et pupille noire sur joue grise et l’autre joue bleue. Le nez mobile est jaune et la bouche rouge. L’œuvre est signée sur la joue grise « Chaissac ».(en Couverture)

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En 2010, les tra-vaux de la place des Jacobins, au cœur de la ville du Mans (Sarthe), avaient permis la découverte de 9 charniers attri-bués à cette bataille. Il s’agit des premiers témoignages archéo-logiques de la Virée de Galerne, tragique exode outre-Loire de la Grande Armée catholique et royale

lors de la guerre de Vendée.La fouille a été réalisée par l’INRAP en 2010 et

2011, sous la responsabilité de Pierre CHEVET et l’étude a été menée conjointement par Élodie CA-BOT, anthropologue, et Ludovic SCHMITT, his-torien. La confrontation des découvertes archéolo-giques aux données historiques permet de préciser et d’enrichir la connaissance de cet évènement.

Sophie Corson

Le colloque « L’empreinte de la guerre de Ven-dée » organisé par le CVRH s’est déroulé les 24 et 25 octobre. Vingt-cinq chercheurs ont présentés les résultats de leurs travaux à plus de 200 participants.

Parallèlement, du 7 juin au 4 novembre était proposée, dans la galerie de peintures de la guerre de Vendée une exposition présentant les premières données de la fouille archéologique des charniers de la bataille du Mans des 12 et 13 décembre 1793.

L’actualité de la Recherche sur la guerre de Vendée mise à l’honneur à l’Historial

Entre colloque et exposition, le mois d’octobre a été l’occasion de présenter à l’Historial de la Vendée les derniers résultats des travaux de recherche en histoire et archéologie sur la guerre de Vendée

Quinconce des Jacobins, Le Mans, fosses 8 et 9 en cours de fouille

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Expositions, catalogues

Clemenceau et les artistes modernes. Manet, Monet, Rodin… : exposition, Historial de la Vendée8 décembre 2013 - 2 mars 2014

sous la direction de Christophe Vital, textes Patricia Plaud-Dilhuit, Armelle Weirich, Rosella Froissart-Pezone et al.Somogy, 2013, 288 p. 32,00€

Homme de combat et de conviction, le ven-déen Georges Clemenceau fut aussi le défenseur des plus grands artistes de son temps, tels Manet, Monet, Maillol, Rodin ou Whistler…Cet ouvrage, qui accompagne l’exposition d’intérêt national or-ganisée par le Conseil général de la Vendée à l’His-torial, offre un regard inédit sur l’homme d’État plus connu comme parlementaire, ministre, président du conseil, journaliste et même écrivain. Georges Cle-menceau s’y révèle amateur d’art, collectionneur, critique, mécène ou « faiseur de musées ». La fin de sa vie fut marquée par un retour en Vendée dans la petite maison qu’il loua à Saint-Vincent-sur-Jard et par la profonde amitié qu’il voua à Claude Monet. Il encouragea ce dernier à peindre et à achever les panneaux des Nymphéas pour le musée de l’Oran-gerie dont il fut le véritable artisan. Le « Tigre » nous apparaît ainsi comme un être sensible, amoureux de la nature et de l’impressionnisme.

De Chaissac à Hyber, parcours d’un amateur vendéen : exposition, Historial de la Vendée, 2013

Sous la direction de Christophe Vital, Snoeck, 2013, 111p., 20 €

Carte blanche confiée à H. Griffon, président du Fonds régional d’art contemporain des Pays de la Loire, l’exposition raconte l’histoire d’une pas-sion pour l’art, avec les œuvres qui l’ont faite. Ce parcours subjectif, traversé cependant par des thé-matiques majeures de l’art contemporain, présente une cinquantaine d’œuvres hétérogènes (peintures, collages, photographies, expositions). Il évoque les premiers chocs esthétique d’Henri Griffon au musée de l’Abbaye Sainte-Croix jusqu’à sa présidence au FRAC et retrace son éveil à l’art à travers les décou-vertes de Chaissac et de Lefranc, des rencontres et des amitiés qu’il noue avec les artistes, tels Arroyo, Télémaque ou Boisrond…jusqu’au Vendéen Fabrice Hyber.

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L’HISTORIAL conserve l’ensemble le plus impor-tant des œuvres de Jean et Joël Martel parmi les collections publiques

La conservation des musées s’est très tôt intéressée à l’œuvre de ces deux sculpteurs.

Ayant organisé une importante exposition en 1996 à l’hôtel du département et publié un ouvrage chez Gallimard, le service a acquis pour le dépar-tement, peu après cette rétrospective, un ensemble exceptionnel provenant de l’atelier de la rue Mallet-Stevens, du 10 rue Mallet-Stevens, dans le 16e arron-dissement de Paris. Ce choix visionnaire a permis d’enrichir l’Historial de la Vendée où la plupart des pièces sont exposées dans un espace dont la concep-tion évoque l’architecture de l’atelier parisien

Parmi ces œuvres, nous pouvons citer les sta-tues monumentales provenant de l’atelier, le Nu à la draperie dit aussi nu de l’UAM (Union des Ar-tistes Modernes). Il s’agit là d’un plâtre original de la sculpture en pierre reconstituée se trouvant à Mont-de-Marsan.

Dans la même région, Jean et Joël Martel ont exécuté des grands bas-reliefs pour le casino de Saint-Jean de Luz. L’Historial en possède deux intitulés La pelote basque et Les travaux des champs (ci-dessous). Ces deux scènes de genres, de plus de 200 kg, en plâtre patiné à la gomme sont caractéristiques de la façon stylisée dont sont traités leurs œuvres.

Entre plume et pinceautrès belle exposition à l’abbaye Sainte-Croix aux Sables d’Olonne après celle de L’Adresse Musée de la Poste,12 octobre 2013 - 26 janvier 2014Fage, 188 p., 25 €

À ne pas manquer cette autre exposition avec en-core et toujours Chaissac, fierté du musée Sablais. Encore de la correspondance, ici avec Dubuffet avec une représentation importante d’œuvres des deux ar-tistes. qui ss sauront, plus facilement que d’autres, plus déroutants, vous initier et vous faire aimer l’art moderne.

Chaissac Dubuffet

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Les frères Martel

le musée conserve une maquette ayant servi au projet de monument à Milcendeau,

L’accordéoniste

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L’espace dédié aux deux frères jumeaux présente également les ma-quettes monu-mentales en plâtre, à l’échelle 1 des figures du Monu-ment à Debussy accompagnées du projet grandeur nature de bas re-

lief, titré La tapisserie de pierre, ainsi que de nom-breuses statuettes, tels que L’accordéoniste ou Le coq présentés ici.

Plus proche de nous, en Vendée, le musée conserve une maquette ayant servi au projet de monument à Milcendeau, grâce à un don de Mme Langer-Martel. Ils représentant des maraîchins et un couple en yole, dont on peut reconnaître les costumes traditionnels. D’un élément symbolique, le moulin, il ancre sa sculpture dans l’Histoire vendéenne.

Nous pouvons également mentionner, un très beau dessin au fusain donné également par ma-dame Langer Martel du Monument aux morts de La Roche-sur-Yon représentant au premier plan un groupe de soldats avec au centre, plus en arrière, le christ.

Anne Cousseau

La pelote basque

La tapisserie de pierre,

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dérivés (zinc, acier, cuivre, duralumin, aluminium). Découpées, pliées, enroulées, rivetées, soudées, elles conduisent aux formes nouvelles et rythmées du Joueur de scie musicale (1927) et défendent les cou-leurs de la modernité.

Cette ‘planisculpture’ inspirée par le joueur de scie musicale Gaston Wiener est exécutée par la Dé-coration métallique à partir de feuilles de zinc de la Compagnie royale asturienne des Mines.

Ces sculpteurs originaires de Nantes passent leur enfance dans le domaine familial du Mollin, près de Challans. Ils produisent un art prolifique de grande qualité et leur parfaite gémellité fait qu’on ne sait jamais ce qu’a signé l’un et ce qu’a signé l’autre. Ob-tenant des commandes de monuments aux morts, de portraits, d’art sacré et d’art animalier, ils mènent également des recherches éclectiques et ludiques vers l’architecture d’intérieur, les arts décoratifs et la publicité. Ils participent aux grandes expositions internationales de 1925, 1931 et 1937 et sculptent le relief de l’autel de la chapelle du prestigieux pa-quebot Normandie lancé en 1935.

Mélomanes et musiciens (piano, violoncelle, accordéon...), ils évoluent à Paris dans un milieu artistique séduisant, fortement imprégné par la fré-quentation d’artistes de renom : Robert Mallet Ste-vens, Pierre Chareau, Malkovsky, Jean Burkhalter, Le Corbusier, Charlotte Perriand, Chana Orloff, Jean Borlin, Sonia Delaunay, Tamara de Lempicka, Gaston et Jean Wiener…. Dans leur atelier de la rue Mallet-Stevens (1927), ils reçoivent beaucoup, organisent des concerts, des récitals de danse, des expositions et des conférences.

Membres du mouvement de l’Union des Ar-tistes Modernes (UAM) qui prône en 1929 un idéal de société moderniste, ils s’imprègnent de l’esthé-tique fonctionnaliste du ‘beau pour tous’. Ils appar-tiennent également à la mouvance plus classique de l’Art déco. Ce style encore lié à la ‘décoration’ avec l’utilisation de matériaux précieux, de bois de placage, de marqueterie d’ivoire, de galuchat ou de nacre, se situe dans le prolongement de la grande tradition française de l’ébénisterie du XVIIIe siècle. L’œuvre sculpté des Martel se positionne entre cette tradition classique et l’esprit moderne lancé par l’UAM. Leur ingénieuse inspiration se renouvelant sans cesse, ils créent même des ‘planisculptures’, volumes obtenus à partir de feuilles de métal et ses

Les frères Martel ambassadeurs de la Vendée

L’art des années trente revient en force et l’œuvre des frères Jan et Joël Martel (1896-1966) constitue un élément important de l’histoire de la sculpture de l’entre-deux-guerres.

Ils utilisent la pierre, le marbre, le bronze ou le bois, mais aussi de nouveaux matériaux tels que le métal chromé ou nickelé, le verre, le miroir et des matières plastiques comme le lap et la galalithe. Parmi ces symboles de la modernité, le lakarmé fait figure de favori. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une ‘laque armée’ peu pondéreuse qui mêle du plastique, un jus de plâtre et un conglomérat de sable. La surface des sculptures en lakarmé offre la surprenante apparence d’une patine imitant le bronze poli. Une illusion Canada Dry, en somme. Réalisé dans cette matière, le Profil de femme (circa 1925) qui illustre la couverture du catalogue de l’ex-position Jan et Joël Martel en 1996 se range parmi les plus belles réussites des sculpteurs.

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Joueur de scie musicale (1927) inspirée par le joueur de scie musicale Gaston Wiener.

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Jan et Joël Martel sculpteurs 1896-1966, catalogue d’exposition réalisé à l’initiative du Conseil Général de Vendée et coproduit par les villes de Mont de Marsan, Boulogne-Billancourt et Rou-baix à l’occasion du centenaire de la naissance des frères Martel.Ed. Gallimard-Electa, Paris, 1996.

La collection du musée Despiau-Wlérick à Mont de Marsan expose une autre pièce en lakar-mé, l’étude du Monument de Mouchamps dédié au Commandant Guilbaud (1930), aviateur né à Mouchamps. Le traitement volumétrique n’hésite pas à présenter une silhouette ‘cubistisée’. Dans le jardin, leur Nu à la draperie dit de l’Exposition de 1937 contribue au renouveau de la sculpture mo-numentale en combinant un classicisme moderne et un académisme audacieux (1937). Cette figure en plâtre armé se dressait dans le jardin du pavillon de l’Union des Artistes Modernes à l’Exposition inter-nationale des arts et techniques réalisé par l’archi-tecte Georges-Henri Pingusson, devant le mur où se détachaient les lettres UAM signées Pierre Legrain.

Les Martel ont également la satisfaction de voir leurs œuvres éditées par la manufacture nationale de Sèvres, en biscuit ou en céramique craquelée vo-lontiers polychrome. Les céramistes Fau et Guillard exécutent des faïences, des céramiques et des sta-tuettes. Ils ne négligent pas les challenges et on se souviendra longtemps des arbres en béton armé qui se remarquaient à l’Exposition des arts décoratifs et modernes de 1925 dans le jardin cubiste de Mallet-Stevens.

Nés d’une mère vendéenne originaire de Bois de Cené, ces ‘enfants du pays maraîchin’ réalisent des sculptures représentant des musiciens et des dan-seurs du Marais. L’amour de la musique et l’atta-chement à leur terre natale est indissociable de leur

œuvre sculpté. Le Monument à Claude Debussy, édifié boulevard Lannes à Paris (1932), ou les sculp-tures de musiciens ou danseurs vendéens en témoi-gnent. Ardents défenseurs du patrimoine de la Ven-dée et associés au fondateur du musée national des arts et traditions populaires l’ethnologue Georges Henri Rivière, ils collectent des objets des travaux des champs et ont le souci de porter la mémoire des chansons et des danses vendéennes dont l’influence est grande sur le revivalisme folklorique de la fin des années trente. Ils pratiquent parfaitement les danses populaires et ils créent en 1935 le premier groupe folklorique des ‘Danseurs et chanteurs du Marais vendéen’, produisant plus de 150 enregistrements de disques et se déplaçant en tournée en France et à l’étranger. La même année est créé le Syndicat d’Ini-tiative de Challans, dont Joël Martel est le premier président.

Challans est embelli par quatre œuvres des sculpteurs jumeaux : le fronton du théâtre Le Ma-rais (1950), le Calvaire du Puits Jacob (1951), la statue Perrette et le pot au lait (1961) située dans l’enceinte de l’école maternelle du Bois du Breuil et le bas relief Hommage à Charles Milcendeau (1947) réalisé en collaboration avec l’architecte Jean Bossu. Le Conseil Général de la Vendée a mis en place des panneaux avisant les touristes de deux circuits libres consacrés à la présentation de ce patrimoine d’ex-ception.

Situé dans le jardin de l’ancien hôtel de ville de Challans, le ‘monument-mur’ dédié à Milcendeau porte l’inscription ‘Au peintre du pays maraîchin’. Des figurines en haut-relief symbolisent le Marais,

Relief Hommage à Charles Milcendeau (1947) réalisé en colla-boration avec l’architecte Jean Bossu, dans le jardin de l’ancien hôtel de ville de Challans.

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de part et d’autre du buste de profil de l’artiste, élève de Gustave Moreau et maître du réalisme social. À gauche, des scènes de fauchage et de battage au fléau, la silhouette d’une ‘passeuse en yole’ et un moulin à vent. A droite, des couples de danseurs, une femme assise sur une cage à volaille et une ‘bourrine’. Un nouvel hôtel de ville ayant été construit à Challans, l’ancienne mairie de 1913 a pris en 2009 le nom d’Espace Jan et Joël Martel. Y sont installés l’Office du Tourisme, le Comité de Jumelage et la Société d’histoire et d’étude du pays challandais.

A la Roche-sur-Yon, Les Martel sont les auteurs des Danseurs Bocains, toujours visibles place Gam-betta. Cette commande de 1952 mérite de bénéfi-cier d’une bonne connaissance du grand public. La danseuse du Bocage ne sacrifie ni son costume ni sa coiffe au dieu moderne de la simplification. Comme son partenaire, elle garde un certain souci de détail et montre un intérêt pour le mouvement.

La pleureuse du monument aux morts d’Olonne-sur-Mer.Archives Béatrice Haurie, photo David Rabiller, 2008.

Les autres monuments réalisés en Vendée par les jumeaux sont tous marqués par cette tendance régionaliste. A Saint-Hilaire-le-Vouhis, un bas-relief allégorique représentant un poilu mort est pleuré par des femmes et encadré des noms des morts de la guerre (1923). Celui de Saint-Gilles-sur-Vie s’ins-crit dans le même registre. En revanche celui de La-Roche-sur-Yon est leur premier ‘monument-mur’. Sur le relief les soldats ont un casque, mais ne sont pas armés. Celui des Clouzeaux représente une ven-déenne en vêtements traditionnels, symbolisant les femmes impuissantes devant la guerre qui emporte fils et époux (1947).

Les Martel apportent leur contribution à l’art sacré. En Vendée, il leur revient la Vierge à l’enfant de Saint-Jean-des-Monts (1951) et la plaque votive pour l’église Notre-Dame du Pellerin (vers 1955).

Portraitistes, les sculpteurs trouvent la balance entre les lignes pures typiques et un style soucieux du détail au réalisme plein d’humour. Ils réalisent une trentaine de portraits, dont celui du médecin vendéen et ethnologue Marcel Baudoin (1930). Pra-tiquement sans cou, la tête est posée sur un impo-sant quart de cylindre. L’organisation des plans et le traitement des volumes marquent le visage de larges zones d’ombre et de lumière. ‘L’original’ est au ci-metière de Saint-Gilles–Croix-de Vie où est inhumé le grand ami des sculpteurs. D’autres exemplaires se trouvent à la mairie de la Barre-de-Monts ainsi qu’au musée vendéen de Fontenay-le-Comte. Le bas-relief du médecin, sénateur et écrivain vendéen Jean Yole leur est également confié, au moulin des Alouettes dans le canton des Herbiers (1956).

Danseurs bocains, pierre reconstituée rose, 1952, la Roche-sur-Yon, place Gambetta.

Parmi les premières créations des Martel, les monuments commémoratifs et biographiques sont le produit de l’affirmation régionaliste à travers la modernité des formes. En Vendée, les sculpteurs réalisent les monuments aux morts de La Roche-sur-Yon, d’Olonne-sur-Mer et de Saint-Gilles-Croix-de-Vie qui datent tous trois de 1922. Celui d’Olonne-sur-Mer est le premier édifié avec la colla-boration de l’architecte Jean Burkhalter (1922). A la silhouette massive et statique d’une veuve ou d’une mère ayant perdu son fils, se juxtapose l’hommage de la Vendée traduit par le costume local : coiffe, cotillon et long châle.

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Un art animalier très original est au cœur de toute leur œuvre. Les lignes simplifiées des ani-maux mettent en évidence l’utilisation du nombre d’or, dans le tracé de construction des figures. La Belette de 1919 est le premier exemple probant de cette recherche. L’analyse est poussée tellement loin que les surfaces obtenues sont lisses, arrondies et coupées d’arêtes aiguës. A partir de 1947, d’autres œuvres leur sont commandées par des communes vendéennes. Les Sables-d’Olonne leur confient pour un jardin public un groupe de grande dimension en pierre reconstituée, Le Loup et l’agneau et Le renard et la Cigogne. Les Oiseaux de Mer à Saint-Jean-de-Monts datent de 1964. C’est la dernière œuvre mo-numentale des sculpteurs.

Au sud de la Vendée du côté de Vouvant célèbre pour sa Tour Mélusine, ils réalisent pour le monu-ment du barrage de Mervent une monumentale fée Mélusine agitant sa queue de poisson et peignant ses longs cheveux blonds. Inaugurée en 1958, cette sculpture en pierre reconstituée est aujourd’hui dé-truite.

Étude de la Mélusine, plâtre

En conclusion, un regard même rapide sur l’œuvre des frères Martel laisse découvrir une in-tense activité créatrice et une véritable identité artis-tique en Vendée qu’ils connaissaient parfaitement. Un grand sens du rythme, traduit notamment par des évocations de la danse et de la musique, occupe une place importante dans les préoccupations ré-gionalistes de ces artistes géniaux. On comprend pourquoi la sculpture de Vendée doit tant à leurs recherches.

Béatrice HaurieDocteur en Histoire de l’Art

Les Oiseaux de Mer, boulevard de la plage, Saint-Jean-de-Monts (1964).

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ment dans les librairies ven-déennes ou que vous pouvez aussi prendre gratuitement à l’Historial ou vous faire en-voyer en ajoutant 10 €/an au prix de votre cotisation.

Un événement nouveau était intervenu en fin d’année 2012 avec la tenue à l’Histo-rial d’un premier colloque or-ganisé par le Centre Vendéen de Recherches Historiques

et l’Historial sur Les Vendéens et la seconde Guerre mondiale. Vous avez été très nombreux à assister à ce colloque particulièrement docu-menté sur l’engagement des Vendéens en cette période.

L’année 2013 à l’His-torial aura aussi été riche en événements avec trois

grandes expositions tempo-raires :

Félicie de Fauveau du 15 février au 19 mai 2013.

De Chaissac à Hyber juin à octobre 2013 (ex-position d’art contem-porain).

Georges Clemen-ceau et les artistes mo-dernes décembre 2013 à mars 2014.

Les Amis de l’Historial de la Vendée02 51 47 61 61- www.ami-historial-vendee.com, e-mail : [email protected]

ADHÉSION : 12 €Article 2 – Objet et moyens d’actionL’association dénommée “ASSOCIATION DES AMIS DE L’HISTORIAL DE LA VENDÉE” a pour but :1 – de donner son appui à la réalisation et au fonctionnement de l’Historial de la Vendée aux Lucs-sur-Boulogne (Vendée), en contribuant à l’enrichissement de ses collections, à l’amélioration de ses aménagements et, en général, au développement de son action matérielle et morale, de son rayonnement auprès du public, tant en France qu’à l’étranger.Les moyens d’action de l’association consistent notamment à aider à l’acquisition d’objets et d’œuvres propres à enrichir l’Historial de la Vendée dans ses différentes activités : musée, photothèque, phonothèque, etc… Elle s’attachera à provoquer des acquisitions et des dons de personnes physiques ou morales, à organiser des conférences, des expositions ou des manifestations diverses, à aider à la réalisation de toute publication intéressant l’Historial.

L’année 2012 a suivi le rythme habituel d’activi-tés variées pour notre association et l’année 2013 lui a emboîté le pas sur la même lancée.

Un colloque s’était tenu aussi en septembre 2012 avec le Groupement Vendéen d’Études Préhis-toriques.

Nous avions été nombreux à entourer en mai le personnel de l’Historial pour la traditionnelle Nuit des Musées.

Laurence Vacher nous avait concocté une visite des archives en avril et une visite de Luçon en sep-tembre, avec une affluence particulièrement nom-breuse.

Le Rallye auto organisé le 8 mai avec la Fondation du Patrimoine a réuni pour la première fois plus d’une cen-taine de participants ; autre témoignage de l’assiduité de nos membres.

Notre conférence organi-sée par Patrice Vignial avec la venue en novembre de l’aca-démicien Jean-Marie Rouart

pour son dernier livre sur Napoléon, conférence bis-sée avec le même succès le lendemain pour les amis de la Flocellière.

Un seul numéro en 2012 de la revue Lire en Vendée-ÉchosMusées, numéro disponible gratuite-

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Saint-Loup

Oiron

Sortie de printemps 2013 à Oiron et au château de Saint-Loup sur Thouet, 75 participants au ral-lye 2013 autour de Mouchamps, encore la nuit des Musées, notre assemblée générale le 20 août à l’His-torial, et à nouveau un colloque pour le 220e anni-versaire des événements de 1793, une co-produc-tion CVRH - Historial de la Vendée, pour laquelle les Amis de l’Historial de la Vendée ont appuyé la logistique.

Demandez également nos derniers numéros Lire en Vendée - Échosmusées, les derniers exemplaires, et quelques numéros précédents, sont disponibles à l’Historial.

Les sorties des Amis

Les Amis de l’Historial

Bulletin d’adhésion année 2014, 12 € / personneà adresser aux Amis de l’Historial, Conservation des Musées, 18 rue Luneau, 85 000 La Roche-sur-Yon, avec votre chèque à l’ordre des Amis de l’Historial.

M. Mme Mlle

NOM : Prénom :

Adresse :

Code postal : Ville :

Tél : E-mail : (IMPORTANT POUR VOUS JOINDRE, merci)

Je rajoute 10 € pour recevoir directement les numéros 26 et 27 de la revue, revue disponible GRATUITEMENT dans les librairies vendéennes.

L’association peut également recevoir des dons, bénéficiaires des déduc-tions fiscales liées aux associations.

Les Amis de l’Historial - décembre 2013 - avril 201452

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Vivre, disent-ilsEmmanuelle Le Cam Soc et Foc

C’est un gros travail Vivre, disent ilsEt puis la maladie Mourir comme on aura vécu.

Accompagnés des très beaux collages colorés

Naviguer dans les margesLuce GuilbaudSoc et Foc

Bourgeons bourgeonnant fièrement portés par les branchespromesse de vert et d’ombrede fleurs de fruits de musiquesbourgeons feuilles endormies l’arbre prodigue écoute en lui germer ses frissons de pensée

Quoi encore ? Marie-Claude Bellande

La réponse reste en boucheLa réponse ne sortira pasPeut-être, m’aurait-on dit, alors

que je souhaitais mieux.»

Sous cette apparente agressivité de son titre, Marie-Claude Bellande nous livre un

recueil tout à fait personnel qui célèbre la vie et ré-vèle, dans un langage simple et délié, une vraie sin-cérité de femme. Émotions et pensées, sentiments et conseils se déroulent s’appuyant sur les jeux du rythme qui naît des répétitions de mots en début de vers (anaphores) ou de structures de phrase. Peut-être l’exercice devient-il trop systématique au fil des pages et donne-t-il une dimension artificielle qui n’était pas voulue ?

Alain Perrocheau

Naviguer dans les marges, ce doit être l’une des fonctions du poète. Luce Guilbaud, professeur d’arts plastiques et poète tente cette expérience. Elle regarde d’un œil étonné les merveilles du quotidien, mais se laisse porter à loisir vers les exubérances vé-gétales aussi bien que vers les brumes du mystère pour comprendre et transmettre. Elle aime le « tu », pour guider ou pour conseiller, comme le pédagogue oriente l’enfant. Pour une fois, ce n’est pas elle qui dessine, mais les illustrations de Maïté Laboudigue sont captivantes et prolongent joliment les poèmes pour faire de ce petit bijou un livre d’art. A. P.

de Ghislaine Lejard, voici de courts poèmes d’appa-rente facilité, épurés de toute épithète encombrante, qui cachent une vraie expérience de la poésie au quotidien. Il transpire à chaque page ce quotidien qui rend la vie souvent moins simple que les poèmes qui la disent, et parfois tragique.

Une transcription impressionniste apaisante qui ouvre des perspectives.

A. P.

Nos sélections, poésie

Découverte d’un poète vendéen, Marcel de BrayerEmmanuel François

Qui connaît le poète vendéen né en 1842 et mort 33 ans plus tard ? maire de Saint-André Goule d’Oie de 1870 à 1875, Marcel de

Brayer revit grâce à un travail biographique excellent d’Emmanuel François pour ce poète de talent, peu publié, resté presque inconnu. Deux parties avec la vie et la généalogie du poète puis une anthologie de son œuvre. Belle découverte révélée par l’auteur encouragé par Thierry Heckmann, directeur des Ar-chives de la Vendée.

Préface Jean-François Tessier. Régine Albert

La tête tombéeMegumi NemoSoc et Foc

Ma tête s’est enlevée quand je flânais en désespérant

Que fait la tête quand on la perd ? Voici un petit

livre dépliant qui tente de répondre à cette question trop grave pour être traitée sans facétie. La forme, pensée par Megumi Nemo, diplômée de l’école des Beaux-Arts de Tokyo, se conjugue aux courts poèmes et aux illustrations minimalistes en noir et blanc pour nous entraîner dans une pirouette sur-réaliste. L’essentiel n’est pas de perdre la tête mais de la retrouver pour apprécier de ne l’avoir pas perdue. A. P.

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Quand les déesses étaient celtes 3919 Veni, vidi, viciFrançoise BidoisThe book

J’eus un rêve, un désir, une envie : Peut-être un jour, peut-être une nuit…

Françoise Bidois écrit comme elle respire. Voilà que paraissent ses treizième et quatorzième recueils sur ces quatre dernières années. L’air qui circule au

travers de ces pages est celui qui la fait vivre et lui donne la jubilation attendrie de la parole et la jubila-tion attendrie de la vie. Écrire, res-pirer et vivre sont ainsi une seule et même chose. Elle avait déjà écrit « Quand les dieux seront celtes », elle récidive sur cette thématique qu’elle semble affectionner. Elle vante les déesses celtes, mais dépasse rapidement la dimension historique pour dire simplement l’hu-main. Rêves et confidences s’échangent avec bien-veillance et suavité. A. P.

Comme en semant Philippe QuintaSoc et Foc

Comme en semant le grainton cœur veut pour récolte une joie sans ombreTes yeux petit être la lui cueilleront

C’est aux jeunes, aux très jeunes lecteurs que Philippe Quinta s’adresse en priorité,

pour dire « ce que petit enfant j’ai connu comme toi ». Un père et son enfant, il lui livre le monde, à petites touches, à demi mot, pour ne jamais gâ-cher l’intime qui les unit. Tendresse au fil des mots simples et complicité qui se tisse sur la trame des images du quotidien qui les entoure. Les magni-fiques dessins de Claudine Loquen qui accom-pagnent les poèmes, ont une richesse de couleurs et de formes qui idéalise et renforce longtemps cette relation privilégiée.

A. P.

Naissance – Chimère – Réflexion Bernard Thouzeau

Trois recueils de belle présentation qui veulent nous faire partager des instantanés de vie. Bernard Thouzeau nous livre son âme, dans un lyrisme opu-lent dont le flux nous promène au hasard de ses sentiments, de ses suggestions et de ses interroga-tions. Peut-être la facture classique, obsédée par les rythmes et les rimes, empêche-telle la densité qu’on voudrait voir imprégner et enrichir les poèmes ?

A. P.Si vous les rencontrez, laissez-les exprimerLeur bonheur de vivre avec le verbe aimer.

De tout mon êtreFrançoise BidoisÉdilivre,166 p.

Connaissez-vous Françoise Bi-dois ?

Elle nous arrive de Bretagne, surtout de la Bretagne des fées, elfes et autres petits personnages grimaçants qui peuplent nos ré-

gions. Des contes de son précédent ouvrage « Ra-conte-le à mon cheval », elle passe à la découverte

de son être. Avez-vous réfléchi à ce qu’étaient votre tête, vos mains, votre nez,vos pieds, sans oublier le cœur, la langue, l’oreille et les yeux ? Le texte me fait penser à cette figurine chinoise qui représente trois petits singes avec cette philosophie : « Ne rien voir ! ne rien dire ! ne rien entendre ! ». Eh bien, l’auteur au contraire nous montre comment prendre la vie quand les événements vous font voir tout en noir. Le tout est illustré avec de jolis contes et nouvelles, toujours les farfadets complices de Françoise Bidois. Histoires « pour de rire » est en sous titre de l’ou-vrage. RMB

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de tous. Chaque été, vous pouvez la rencontrer dans les soirées Poésies et Musiques sur la plage de Boisvinet de Saint-Gilles-Croix-de-Vie : un grand moment de la poésie en Vendée. Rolande Haugmard est aussi nouvelliste. Ses recueils de poésies, de nouvelles et d’ aphorismes sont des ouvrages aux reliures artis-tiques et originales, les lire procure un véritable plai-sir, émotion bien connue des amateurs du bien-dire et des bibliophiles. RMB

Poésie

Je ne vous appellerai jamais mamanMireille DechaumeÉdilivre, 200 p.,

Le récit sans rancœur et sans haine d’une enfant martyrisée par une marâtre brutale et non aimante – « J’aurais dû t’étrangler au pas-sage » – , qui lui fait subir les pires

horreurs. Ballottée entre les institutions dans une indifférence générale et les déménagements fami-

Le Mystère du Gué GorandKarine et Didier Giroud-PiffozL’Onde, 78 p., 11 €

Un conte, un vrai, comme ceux de Grimm ou d’Andersen ou de Vendée, avec des elfes, des fées, des bons et des méchants, des sorts et des malédictions lancés mais dé-joués par l’amour et les forces du

bien. Très belle écriture.

Libres sentiers, Destins croisés, Microbulles...Rolande Haugmard Le Petit Véhicule

Si un jour, vous vous trouvez non loin des plages de Croix-de-Vie, vous allez, peut-être, rencon-trer une dame, une dame de la

poésie. Le monde qu’elle décrit n’est pas celui que chacun observe, c’est le sien. De ses voyages, souvent à l’autre bout de la planète, elle en conçoit des apho-rismes qui résument en quelques mots les vérités qu’elle puise au contact d’autres peuples de la terre. Vérités qui lui servent de philosophie et sont à l’usage

Au fil des lieux et des ansArmand PacteauImprimerie Froger de Chantonnay, 30 juillet 1996

C’est avec grand plaisir que je découvre ce charmant petit re-cueil de 20 poèmes, pas un de plus, datés de 1956 â 1996, de facture tout-à-fait traditionnelle, mais qui

savent vous toucher profondément. Poèmes d’importance diverse : Certains,

courts, simples notations puissamment évocatrices. D’autres, plus longs, tout aussi vibrants d’émotion. Nous sommes en plein dans une Vendée vivante, émouvante, celle de « ceux qui sont nés en vingt » mais pas en vain.

L’édition est de qualité et j’ai bien aimé les il-lustrations particulièrement bienvenues dues à la plume alerte de René Pacteau, fils du poète.

Un petit livre discret à avoir dans sa bibliothèque pour le relire à moments perdus, mais aussi pour y trouver de beaux poèmes à dire et bien dire devant un auditoire de gens de goût.

Pierre Lataste

Romans

liaux, véritable Cosette au sein de cette famille de 11 enfants, vivant parfois seule avec son père alcoolique souvent ramassé par les flics et bouclé pendant plu-sieurs jours, Mireille raconte son enfance, terrible.

Ce livre est là pour exorciser la souffrance et re-mercier aussi ce mari récemment décédé, avec qui elle a vécu pendant 12 ans, et qui lui a fait découvrir le bonheur. Mère de famille, elle assure qu’on peut ne pas reproduire ce qu’on a vécu.

Catherine Blanloeil

ConteJe ne me souvenais plus que ce gué avait été mis

en place par les fées elfes et qu’il était maintenant possible de traverser sans être emporté par les flots, je vais pouvoir y retourner et le prendre, ce gué.

Avec un peu de chance j’y retrouverai quelques farfadets à veiller sur les pierres...

J. R.

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Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 201456

Rouge a disparuChristian BillonPublibook, 22 €. christian-billon.publi-book.com

« Rouge » disparaît au Cam-bodge où les Khmers rouges ont sévi « trois ans, huit mois, vingt jours ». Son ami d’enfance, le prin-

cipal personnage du livre, part à sa recherche. Nous sommes dans les années 80, les premières du régime provietnamien imposant la présence de l’armée de Hanoï dans ce pays.

« Rouge » est le surnom de Christophe le rou-quin, dans l’humanitaire à Médecins du bout du monde. Où et quand a-t-il disparu ? De suspenses en rebondissements, l’auteur nous fait parcourir des

Les oiseaux blancs de Man-hattanXavier ArmangeOrbestier, 34 p., 15 €

La chute du Mur de Berlin et les attentats du Word Trade Cen-ter de New-York, en septembre

2001, marqueront pour toujours la mémoire de nos

L’effractionPierre YborraÉdilivres, 304 p., 21 €,

C’est parce que j’aime beau-coup le style de Pierre Yborra que je me permets d’être critique avec son œuvre. Car c’est le 5e livre qu’a déjà sorti ce natif d’Algérie

(Guyotville), jeune pied-noir débarqué à la Roche-sur-Yon en 1962. Le style Yborra ? Une façon Al-phonse Boudard de vous embarquer dans ses souve-nirs et, désormais, dans ses romans.

Son défaut ? Il en fait parfois trop, surjoue, comme Boudard. Mais allez donc contenter ces cri-tiques qui se font conseilleurs ! Je lui reprochais dans son avant dernier, Au 4 de la rue rapide, de ne plus

C’est maintenantAline Gross-BatiotL’Harmattan, 66 p., 10 €

Désormais installée à Badiole, près de La Roche-sur-Yon, cette enseignante en lettres n’a pas fait dans la facilité en signant sa pre-

mière fiction, l’histoire d’un amour tant attendu, la solitude irréparable des êtres, la quête de la qualité de l’instant…. La narration de sa longue nouvelle est audacieuse, décalant l’action sur ce qui la précède, mais pas toujours réussie. L’émotion en souffre, aussi brillant que soit l’exercice. Mais Aline Gross-Batiot peut persévérer, elle en a le potentiel. Qu’elle fasse vivre ses mots à elle, qu’elle se dépouille.

Ph. G.

en faire assez ! Et maintenant, avec L’effraction, il en ferait un peu trop... Mais son histoire, à peine ima-ginée, est de belle élaboration, dont l’intrigue vous mène par le bout du nez dans cette Vendée d’après-guerre qui se reconstruit et se modernise, son héros préférant devenir instituteur que paysan.

Mais Yborra n’est jamais dans la nostalgie, tou-jours dans l’humour. Mieux, on se marre franche-ment, car il est aussi facétieux; et un rien salace ; mais toujours débordé par sa curiosité, même quand il s’agit pour Yves, son héros, d’affronter des casse-pieds, notamment un dénommé Philippe ! Il les attire. Et en tire le meilleur suc pour nous réjouir par son fameux style à la Alphonse Boudard. Toutes ces remarques faites, on vous conseille fortement L’effraction.

Ph. G. pays dont les capitales et les campagnes nous de-viennent familières au fil des pages : la Thaïlande, le Viet Nam, le Laos et le Cambodge, dernière contrée où il a été en poste ; et nous voilà à Phnom Pen, Siem Rap et autres villages perdus dans la jungle. D’où un carnet de voyages extrêmement documen-té sur un fait divers –un enlèvement- qui devien-dra malheureusement banal des années plus tard. D’inquiétudes en turpitudes, des pages d’Histoire sont remarquablement restituées. C’est une immer-sion au cœur d’une Asie qui, aujourd’hui encore, a du mal à tourner la page sur les horreurs qui ont été son quotidien.

Mais où est « Rouge » ? La question se pose régu-lièrement. Est-il mort ? Est-il vivant ? Car il s’agit aussi d’une intrigue policière…

Frédérique Mory

contemporains. Bouleversé par la tragédie de New-York, une ville qu’il aime, Xavier Armange, auteur et imagier, délivre, en dépit du drame, un message d’espoir. Des oiseaux blancs s’envolent dans le ciel de Manhattan, bravant la verticalité affolante des tours. Ils montent vers le soleil, dans l’espérance d’un jour nouveau. Un livre d’images et de mots simples, radical et émouvant, pour ne pas oublier et croire malgré tout en l’avenir. G. B.

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Romans

Le 11 à 11 heures rue DroiteChristian BerjonLes Chantuseries, 138 p., 15 €

Où il est question entre autres d’un globe-trotter humanitaire en année sabbatique, d’un commis-saire de police, d’un vieux mon-

sieur et d’un couple de jeunes motards. Tout ce petit monde gravite plus ou moins autour du Café de la

Marine, dans un port de pêche de par chez nous. La rue Droite est tranquille jusqu’au jour où l’on dé-couvre un cadavre dans une belle villa... Pourtant, le premier roman de Christian Berjon n’est pas triste. L’arracheur de dents a laissé place au romancier. Photographe, chanteur, fondateur des éditions Soc et Foc, Christian Berjon ajoute une nouvelle palette à son arc. Son regard malicieux se pose sur les gens et sur les choses, embrouille à souhait les situations, avec un sens aigu de l’intrigue et une jolie pointe d’humour. G. B.

Je, Tu, Ile Jean Chabaud The Book, 255 p., 14.96 €

L’histoire est racontée à la première personne du singulier, les personnages font rapidement connaissance et se tutoient ; les évé-nements principaux se déroulent

sur l’île de Ré. Valentin, Isabelle et sa fille, Anne-So-phie, racontent, tour à tour. La première partie du récit est l’histoire d’un amour qui commence par un coup de foudre et ne cesse de grandir entre Isabelle

et Valentin qui était venu pour réparer sa gazinière. Les choses se compliquent lorsque le mari d’Isabelle, bien qu’homosexuel, manifeste l’intention de garder sa femme. Il meurt de façon assez mystérieuse et son corps disparaît de la morgue. Commence alors sa recherche et celle d’une explication.

Roman policier ? Mais l’enquête rationnelle de la gendarmerie ne donne rien. On pénètre alors dans un univers de forces surnaturelles. Valentin est victime d’un accident suivi d’un coma qui lui révèle l’explication. Isabelle en découvre une autre, inat-tendue mais dépourvue de tout mystère.

Lydie Gaborit

Un trait de khôl au bord des yeuxLaurence Fontaine KerbellecPublibook, 102 p., 13 €

Dans ce livre biographique, Laurence Fontaine Kerbellec ra-conte l’exil de ses parents. Une fa-mille venue d’Andalousie et instal-lée depuis 3 générations sur le sol

algérien, qu’elle a fait sien avec bonheur. Pourquoi pas ? Mais très vite, l’ouvrage apparaît plus comme

une thérapie, indispensable à l’auteure, et ne nous apprend malheureusement rien de plus sur le drame des Pieds-Noirs, lors de l’indépendance de juillet 1962. Le style est décousu, les redites nombreuses, et il faudrait commencer le livre par la fin pour ne pas s’ennuyer. On perçoit dans les non-dits, une volonté de ne heurter personne ; la lecture devient plate et monotone. Heureusement, chaque chapitre s’ouvre sur des extraits de nouvelles de Guy de Mau-passant, d’une pure merveille. Dommage, le sujet est tellement beau.

Anne Clusel

Mon Roi d’un anFrançois II 1559-1560Philippe MestreFrance-Empire, 228 p., 20 €

François II, qui succède à son père Henri II, époux de Catherine de Médicis, a épousé Marie Stuart, reine d’Ecosse ; de santé fragile, il meurt après une longue agonie

laissant le trône à son frère Charles.Nous le découvrons avec Gilles de Virmont, son

page (confident, favori...) dès l’âge de onze ans. Le livre fourmille d’anecdotes, d’intrigues, de potins, de vengeances, et de petites histoires. Où diable Phi-lippe Mestre va-t-il chercher tout celà ?

On y croise Nostradamus, on frissonne quand Ambroise Paré massacre le jeune roi (pour tenter de le sauver), on en apprend de belles sur les secrets d’alcôves (acrobatiques) d’Henry II et de Catherine de Médicis. Juste quelques épisodes sanglants an-noncent les guerres de Religion avec les Guise et, chez les protestants, Antoine de Bourbon, les Condé et les Coligny.

Quant au page devenu Chevalier de l’Ordre de Saint Michel et marquis, il suit en Ecosse la jeune veuve de François II, Marie Stuart. Il est épris de Milly, l’une de ses filles d’honneur, mais ne pourra l’épouser. Son père la destinant à un autre…

Un très bon moment de lecture. Frédérique Mory

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Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 201458

Les 7 démons de la sagesseJean-Yves RevaultTredaniel, 16 €

Prolifique l’écrivain natif de Doué-la-Fontaine, installé depuis une quinzaine d’années dans le vieux Apremont, une petite mai-son aux volets bleus ! Prolifique et éclectique dans ses thèmes aussi !

Jean-Yves Revault a publié des contes (admirable

petite fille et la tordue) des expériences personnelles, comme l’accompagnement de fin de vie (L’accom-pagnant, tout aussi admirable) et même des récits de voyage comme son dernier. Le pèlerin Revault, chat littéraire aux neuf vies (il a même créé une méthode de thérapie par l’écriture), va affronter 7 démons, de Compostelle à Jérusalem à pied. Un voyage ini-tiatique où il affronte ses démons pour trouver le pardon, cette belle mais difficile vertu. Le style est de nouveau alerte, son écriture une guérison.

Ph. G.

La maison BlancheCamille Coudrier7 écrit, 46 p., 21, 90 €

Camille Coudrier dans ce pre-mier roman nous entraîne dans un voyage astral pendant que Sophie est plongée dans un profond coma après une chute.

Sa soeur Anna découvre ses quatre cahiers, et

sans quitter son chevet, se plonge dans une dérou-tante lecture où elle découvre une sœur qu’elle ne connaît finalement pas. C’est la vie d’une famille avec ses aléas, ses joies et ses peines, ses vacances en Vendée.

C’est aussi un témoignage fort de ce que su-bissait les femmes des générations précédentes. En pointillé, une jolie voix nous dépeint une vie paral-lèle légère, légère... et paradisiaque.

E. T.

Madagascar et les mines de la tentationPhilippe ManjotelLes 2 encres. 245 p., 18 €

L’auteur, dont le port d’attache se situe aux Sables d’Olonne, effec-tue une brillante carrière au sein d’une grande banque africaine. Pa-rallèlement, il assouvit avec talent

sa passion d’écrire. Né un premier avril, il possède un humour inné qui le conduit à rédiger des comé-dies policières où son personnage récurant, le détec-tive Jo Risel, mène des enquêtes atypiques avec un

sens de la provocation très affirmé.À Madagascar, les appétits sont aiguisés par la

présence de fabuleuses mines. L’or et les pierres pré-cieuses engendrent une tourmente infernale où les crimes se multiplient. Jo Risel, accompagné de son acolyte habituel, le commissaire Delmas, s’évertue à débrouiller « l’imbroglio malgache » et à trouver les meurtriers, dans un dénouement inattendu.

Après Un piolet dans les mojettes et 2 morts à 0, ce troisième roman, plus dépaysant que les précédents, montre que Philippe Manjotel, possède désormais une intéressante personnalité d’écrivain.

Jacques Bernard

Un siècle trop tardStéphane LoiseauDurand-Peyrolles, 240 p., 18 €

Bien sûr, Loiseau a dû lire Wells pour appréhender la quatrième dimension, celle du temps ! Et il y a toujours un risque à faire ac-cepter au lecteur l’invraisemblable. Mais, comme chez Marcel Aymé,

une fois accepté, tout redevient alors normal. Et la réussite de cet auteur est là, nous faire accepter que

son bateau une fois construit (belle description de l’ambiance du port des Sables d’Olonne) puisse se retrouver après sa traversée du Golfe de Gascogne et du Détroit de Gibraltar, à Marseille, en …1923 ! Amour, mystère, décalage, tableau rare de Van Gogh, tout est en place pour un polar pas comme les autres, pour un retour incertain en 2013. Ce livre est une réussite, sans fioriture dans le style, vif et alerte, avec une vraie ambiance maritime et des per-sonnages plutôt bien campés.

Ph. G.

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59Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014

Romans

CŒUR FONDUFrancis BeaufourSociété des Écrivains, 20 €

Un beau roman, tout en finesse. Qualifier ce livre de roman senti-mental serait incomplet, réducteur. C’est une histoire moderne et réa-liste, comme il pourrait en arriver à chacun de nous. Les personnages sont confrontés à des événements

graves, mais hélas banals : accident de la circulation, divorce, agression, troubles cognitifs… L’auteur nous plonge dans leur ressenti, leurs angoisses, leurs

efforts pour les surmonter avec une précision et une vraisemblance remarquables. Il s’inspire de son vécu de restaurateur pour camper les protagonistes au plus près de la réalité. Chacun est confronté à sa propre histoire, notamment sentimentale. Il ne leur manque ni chaleur humaine ni sensualité. Le héros atteint d’amnésie s’efforce de reconquérir son épouse, mêlant persévérance et pudeur, malgré le souvenir d’une ancienne liaison qui le trouble.

Notre région “Vendée - Charente-Maritime”, offre un cadre naturel à ce récit dont l’intensité dra-matique croît à la façon d’un thriller.

J. B.

Le Gourmet diabétiqueYves de Saint-JeanAqualyne, 298 p., 14,90 €

La foudre s’est abattue sur ce grand gaillard d’1,88 m et 85 kg, lorsqu’il avait 57 ans. Nom de cette foudre : le diabète. Et sans crier gare, Yves de Saint-Jean a pesé 110 kg. « D’abord, mes premières images en retour sont celles de priva-

tion, de ne plus faire partie du même monde, que me conforte le témoignage de beaucoup de diabétiques qui cachent leur maladie à leurs proches. » Mais ce Nor-mand d’origine, installé à Sallertaine, est opiniâtre. Il va prendre ce vilain taureau par les cornes, se faire conseiller par une diabétologue, réviser tout ce qu’il

apprend sur cette maladie. L’interdit ne fonctionne pas. Se priver entraîne le contraire car psychologique-ment c’est insupportable, on craque ! Les médicaments ne fonctionnent guère plus selon lui. Il ne se privera d’aucune nourriture mais il ne dérogera plus à cette règle : être raisonnable ! Notre Normand est un ar-tiste, il a déjà écrit et peint, il va élaborer ses 20 com-mandements du bien manger et établir des recettes pour respecter cet équilibre. Le résultat est heureux. Quand il sort son livre en avant-première à Challans cet été, il fait un tabac ! D’abord il a l’accent de la sincérité. Et il n’est pas écrit par un médecin, ni un spécialiste, ni un gourou, mais bien par un homme au cœur de la tourmente de cette maladie ! Et les propos de Saint-Jean sur le bien manger semblent valables même pour les non-diabétiques. Une façon de prévenir aussi. Ph. G.

La MigrouneFrançoise Dubost-LucianiAmalthée, 270 p., 20.90 €

C’est l’épisode qui précède un livre déjà paru, Sans Tarcissius.

C’est aussi la même ambiance surannée qui étonne ; avec tout de même la découverte de la Mi-groune, surnom affectif, person-

nage principal très attachant qui évolue dans ce

monde provincial ou colonial si renfermé, cloison-né, étroit, étriqué, vil à un point assez incroyable.

Mais on s’attache vite à la vie de cette Migroune si cocasse, si particulière ; nous la suivons tirer son épingle du jeu dans ce monde sans horizon ; belle leçon de vie, ou comment sortir de l’eau en toutes circonstances, notre monde moderne n’étant finale-ment pas forcément plus ouvert qu’il y a un siècle.

Le décalage est tout de même détonnant pour une belle plongée dans le temps et dans la vie d’une jeune fille qui doit prendre sur elle pour survivre. J. R.

L’enfant métisseFrançoise Dubost-LucianiAmalthée, 175 p., 15.40 €

Toujours le même univers pro-vincial confiné, quarante ans plus tard et toujours le même regard acéré, perçant, sur les personnages de l’époque, en commençant par

planter le cadre, la rue de l’Estrapade, avec une des-cription au vitriol de tous les habitants de la rue. Folcoche n’est pas loin.

Égrenée au fil de petites évocations successives la vie ordinaire d’une petite fille dont on se demande comment elle a pu se sortir indemne d’un tel amas d’étroitesse, qui nous semble bien décalé mais est en fait malheureusement toujours d’actualité.

J. R.

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Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 201460

Des femmes émoisPascal PratzDurand-Peyrolles, 165 p., 15 €

On ne doute pas du ta-lent de ce Nantais d’origine qui a son pied-à-terre en pays maraîchin où il habite le plus souvent. Mieux, au fil des 13 bouquins qu’il a écrit, son style assez conquérant s’est affiné

pour trouver sa juste mesure avec Promenades en

luttes, version intime, avec classes, paru en 2012. Trois longues nouvelles où il revenait sur les com-bats libertaires de sa jeunesse.

Avec Des femmes émois, il s’aventure dans des nouvelles classées érotiques. Un peu trop vite d’ailleurs, car ces histoires sont tout en délicatesse et Pratz n’a pas oublié les émois de l’adolescence, émotions de son époque, les années soixante puis soixante-dix. Emois de la découverte de la femme, du corps, de l’âme, qu’il traduit finement, y incluant les maladresses de la jeunesse. Pascal Pratz a vrai-ment du talent, pas encore reconnu à sa juste valeur.

Ph. G.

NouvellesAu fil du tempsHervé Perton191 p., 15 €

Voici un recueil de 12 nou-velles qui prend le temps comme dénominateur commun. Du chro-nopracteur au Futur antérieur, en passant par Eau de vie, Membre

actif, Pouvoir génétique, Seconde de trop, Gynécratie,

Billet doux, Flash-bac(k), Éternel, Guerre aqueuse, Passé antérieur, Hervé Perton se montre, tour à tour, grave, jovial, acide ou décontracté. Il nous entraîne dans son monde où se mêlent tendresse et émo-tion, rêve, fiction et réalité. Vous lirez ces nouvelles en quelques heures alors qu’il a fallu trois ans pour les écrire, affirme-t-il. Il est certain que le temps passe vite. Mais presse-t-il vraiment ? That is the question, au-rait répondu Shakespeare.

J. B.

Datura & Soleil Noir Christoph Chabirand Orphie, 223 p. 10 €

DATURA À La Réunion, Joséphine est

une superbe créole, belle et véné-neuse, comme la fleur de datura. Elle est nymphomane et la pre-

mière partie du récit est consacrée à la description de son corps, à l’histoire de la jouissance qu’il lui

procure, au pouvoir qu’il lui donne sur les hommes fortunés dont elle profite. Lorsqu’elle est soupçon-née d’être l’auteure d’un crime, le suspense est celui d ‘un roman policier.

SOLEIL NOIR Félix est pianiste sur le bateau qui relie La Réu-

nion et l’île Maurice. Il refuse de collaborer à un trafic de drogue. Les dealers le punissent en s’en pre-nant à sa famille. Il entreprend de se venger ....

Beaucoup de sexe et de violence. L. G.

Le concours de nouvelles des « Amis de Jean Huguet »

L’Association des Amis de Jean Huguet vient de publier le recueil des nouvelles primées à l’occasion de son concours 2012-2013 sur le thème des « aventuriers du vent,

entre la mer et l’infini ». 70 nouvellles ont été adres-sées au jury qui a décerné son premier prix à Eric

Gohier pour « Seul à bord ». Le prix spécial du jury récompense Marie-Christine Quentin, pour « A la recherche du vent perdu ». Maëlle Tripon, 16 ans, auteure de « Petit pirate » remporte la palme chez les jeunes.

Pour en savoir plus :« Les Amis de Jean Huguet », 12, rue du Mou-

lin, 85100 Les Sables-d’OlonneCourriel: [email protected] internet: amisdejeanhuguet.moonfruit.fr/

G. B.

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61Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014

RégionalismeLABAYANoirmoutier, Yeu, baie de Bour-gneuf & côtes vendéennesCartes marines depuis 1313Patrick de VillepinL’Armentier, 354 p., 55 €

Les précédents ouvrages de Patrick de Villepin sur Noirmou-

tier ne sont déjà plus accessibles qu’aux chercheurs bibliophiles chevronnés, ils sont déjà dépuisés.

Olonne-sur-MerLouise Robin, Vincent Jacques, Noël Fouque, David BizeulBeaupré, 320 p., 39.90 €

Une autre merveille, pour un patrimoine plus récent ; là encore, un livre d’art et d’histoire de Louise

Robin, déjà co-signataire du livre exemplaire sur les

En voitures anciennes à travers la VendéeAndré Hubert HéraultJoëlle BaronHérault, 80 p., 20 €

Quand les passions vont de pair...

André Hubert est éditeur, écri-vain et adore toutes sortes de choses dont les lieux et les voitures de rêve. Sa rencontre avec une illus-tratrice de talent lui permet lui aussi de réaliser un

magnifique album illustré multipliant la couverture en 80 pages tout aussi évocatrices.

La fiche technique sur ces belles mécaniques est succincte et vous épargne la consommation de ces vieilles limousines ; l’histoire des lieux est évoquée plus en détail : le patrimoine roulant pour découvrir le patrimoine vendéen. C’est une aventure !

Qualité et concision des textes qui accompa-gnent des images hors pair, déjà évidentes sur le tout petit format de notre vignette.

Un livre d’art et de rêve, une cadeau d’amitié d’André Hubert et Joëlle... J. R.

Les Vacances de Guy(1917-1921)Robert de GouttepagnonGuy de RaigniacBonnefonds, 256 p., 20 €

Lecteurs émotifs, attention ! Un bien beau livre, ce cahier de va-cances, illustré de multiples dessins

et aquarelles de l’oncle Robert, ce journal de bord de Guy de Raignac (1909-1987), sauvé grâce à l’ordi qui en restitue l’atmosphère, et presque le toucher. Les éditeurs ont ensuite rajouté des photos d’une époque révolue mais qui a bel et bien existé et eu la bonne idée de « traduire » ce cahier d’enfant, même si l’écriture en était déjà extrêmement lisible..

C’est simple, le temps se suspend, les cailles et

les perdreaux planent dans les champs, Saint-Hi-laire-le-Vouhis est encore un bourg rural plein de vie… le petit Guy y goûte ses vacances, yeux grand ouverts, énonçant ses vérités simples d’enfant.

Dans la préface, Jean de Raigniac rend un bel hommage à son père mais aussi à Robert de Goutte-pagnon (1868-1951), que ces cahiers permettent de découvrir. Président des Caisses rurales et ouvrières de Vendée (futur Crédit mutuel), également cofon-dateur de l’école d’agriculture de la Mothe-Achard. À sa sépulture, un discours de Jean Yole en personne pour lui rendre hommage.

Quel étrange et radieux sentiment en renfermant ce beau livre, qui dégage une odeur ! Une odeur de trèfle incarnat qui se mélange à celle d’imprimerie. Ce livre est une Madeleine de Proust ! On vous avait prévenus : lecteurs émotifs, attention !

Ph. G.

Ce n’est pas le cas de notre auteur éditeur, mais son nouveau livre disparaîtra plus vite encore telle-ment c’est le livre de nos rêves, tout sur les cartes de nos côtes avec de merveilleuses gravures exhumées elles aussi de tous les fonds existants ; un travail de bénédictin et d’artiste, des couleurs plein les yeux et pourtant un travail rigoureux, avec index tables...

Bien sûr, vous dévorerez d’abord les images, toutes, pour voir comment c’était, comment on les voyait, nos côtes et nos villages, nos marins, nos car-tographes, nos bateaux...

Quelle Merveille ! J. R.

villas et édifices balnéaires des Sables d’Olonne, avec une évocation archéologique, du patrimoine naturel et architectural, des artistes, des familles d’armateurs ou de pirates ; de magnifiques photographies, gra-vures, dessins, peintures.

Un trésor pour notre beau patrimoine, et encore une réussite remarquable d’éditeur, à mettre sur toutes les tables de salons de la côte ! J. R.

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Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 201462

Agenda Vendée 2014Francis Gardeur, Roland MornetGeste, 13,90 €

Une couverture ambiance marais, encastrant un Vendéen

indigné et révolté de 1793 – et non pas un chouan,

Le Grand Almanach de VendéeGeste, 9,90 €

Les almanachs sont éternels, mais ils savent néanmoins se renou-veler... L’almanach de Geste 2014 en fournit un très bon exemple.

Il multiplie avec bonheur les entrées : portraits de personnalités vendéennes plus ou moins connues,

recettes, contes et légendes, Histoire et petites his-toires, coups de projecteur sur des sites connus ou beaucoup plus secrets, horoscope, devinettes et cita-tions, il y en a pour tous les goûts, tant la Vendée se montre inépuisable. On y trouve l’incontournable recette du jambon vendéen aux mogettes, aussi bien que les souvenirs d’un huttier du marais et l’histoire des chats ferrés de Petosse... À garder sous la main tout le long de l’année qui vient.

G. B.

comme un travestissement pitoyable et mensonger continue à le faire accroire à des fins partisanes ou mercantiles – voilà l’agenda 2104. Des photos aé-riennes du département lui servent d’introduction. Pratique et esthétique, il se distingue par un herbier élégant et très réussi, des textes courts qui en disent beaucoup sur les plantes et les arbres auprès desquels nous vivons tous les jours. G. B.

Se souvenir de l’île d’YeuMaurice EsseulGeste, 203 p., 39,90 €

Découvrir l’île d’Yeu, au temps de nos aïeux, c’était encore la grande

aventure, écrit Maurice Esseul. Cette aventure revit grâce à ce bel album de

cartes postales anciennes, rassemblées pour l’essen-tiel par Jacques Gelas, professeur émérite des uni-

versités, qui réside une partie de l’année dans l’île. Ces cartes postales, pour la plupart des années 1900, servent, déjà, à la promotion touristique. Elles mon-trent surtout les activités maritimes de l’île, primor-diales pour son économie, et toujours présentes dans le cœur des Islais. Les plus récentes, des années 1950, marquent la rupture avec le passé et la muta-tion moderne d’une île de plus en plus tournée vers le tourisme.

G. B.

L’eau et les châteaux du Poitou historiqueJean-Paul Charbonneau144 p., 19, 50 €

Vendéen d’origine et médié-viste, passionné par les questions d’hydraulique et le patrimoine régional, Jean-Paul Charbonneau

aborde un versant original de l’Histoire du Poitou, les relations de ses châteaux avec l’eau qui les pro-tège, les nourrit et les décore. Une histoire plutôt ignorée, aussi importante que celle de l’architecture

ou des jardins de ces lieux de pouvoir et de plai-sir. La première partie, très documentée, explique l’importance de l’eau dans l’implantation du châ-teau, les outils de sa maîtrise. Elle pose une question esentielle : de l’étang ou du château, lequel a précédé l’autre? L’inventaire des 95 sites répertoriés autour de l’eau « utile » et de l’eau « futile » fait une juste et large place à ceux de la Vendée d’aujourd’hui : Apremont, l’Aubraie de Clemenceau, la Bonnelière, Bourneau, la Citardière à Mervent, Commequiers, la Grève, le vieux château côtier de l’Ile d’Yeu, Saint-Mesmin, Vouvant et bien d’autres.

G. B.

La Vendée, 365 joursEveline Thomer, François-Xavier GreletGeste, 365 p., 26 €.

Découvrir un visage de la Ven-dée, chaque matin. Un bonheur

simple, en tournant jour après jour, les pages de ce bel album qui invite à la découverte, jamais assou-

vie, de notre pays. Le concept, déjà très apprécié, s’est singulièrement et très heureusement étoffé. Les textes d’Eveline Thomer enrichissent les images et leur donnent du sens. Les citations d’auteurs, par-fois inattendus, sont les bienvenues.

J’ai bien aimé les mots de Manuel Froger (26 juillet) : « La plus grande et la plus belle qualité de la Vendée, c’est qu’elle ne sait pas se faire oublier... »

G. B.

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63Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014

Pétrus d’Herbadillade Bélesbat aux Vikings, 2000 ans de JardPierre Gilbert,Le Patrimoine du Pays Jardais, 129 p.,

Une très belle couverture, simple, expressive, qui donne tout de suite envie d’ouvrir ce petit

livre. Et si au départ l’étrange apparition de Petrus, marin d’Herbadilla, il y a deux mille ans, a de quoi

Photos... Miroir des motsLittoral VendéenClaude Cayado, Pascale Allétru120 p., 27 €

Il est bien paru ce très beau cahier annoncé dans le précédent numéro, avec de

Le Marais poitevinchanté par Jules GuérinMichel GautierGeste

Michel Gautier n’a pas son pareil pour tirer de l’oubli des fi-gures fortes et pittoresques du pays poitevin. Il nous invite ici à la ren-

Régionalismecontre d’un poète du terroir, Jules Guérin (1840-1907), fait vivre son pays à travers des textes célé-brant les coutumes, les gens, les fêtes et les saisons de l’Île d’Elle et des alentours.

L’auteur a transcrit en français les poèmes écrits à l’origine en langue poitevine (présente à coté dans le livre). Les textes évoquent avec bonheur la vie quo-tidienne, ses soucis et ses plaisirs assaisonnés d’un grain d’humour. Attablez-vous et dégustez !

Régine Albert

superbes photographies et plein de petits quatrains qui s’envolent et jouent avec les vagues, les oiseaux et le ciel... comme les quatre skippers du Vendée-Globe en préface.

Nous nous envolons nous aussi, beaucoup plus loin que les côtes de Vendée...

J. R.

surprendre, on entre vite dans le jeu de l’auteur qui poursuit avec le dit Petrus un dialogue passionnant.

Et nous voilà partis sur les rivages merveilleux de ce Sud-Vendée tant de fois remodelé pat les caprices de l’Océan, partis très loin dans le temps, et bien que l’auteur se défende d’avoir voulu faire de son livre un ouvrage historique, il nous amène à nous poser des tas de questions sur les rapports entre la Légende et l’Histoire.

Un livre que tous les vrais amateurs d’histoire locale se doivent de lire et de méditer.

Pierre Lataste

Vendéens et ChouansPour Dieu et pour le RoyFabian de MontjoieHérault, 430 p, 29 €

Dans la collection de docu-ments et de souvenirs historiques rassemblés par l’auteur, des pièces de la plus haute importance : un portrait inédit de Monsieur Henri

et le scapulaire qu’il portait au combat ; le dernier document signé de la main de Georges Cadoudal

ou une lettre signée du général Moreau. Des docu-ments familiers et poignants comme la lettre écrite à Hoche par le comte de Chambreuil, le martyr de Quiberon. D’Armand de la Rouerie à Georges Cadoudal, d’Henri de La Rochejaquelein à Sol de Grisolles, du chevalier Charette à Mercier la Vendée en passant par Charlotte Corday, Lescure, Stofflet, Scépeaux, Boihardy, Boisguy... les signatures les plus illustres font revivre les hommes qui se cachent der-rière ces documents, apportant un nouvel éclairage sur cette époque et expliquant certains faits demeu-rés obscurs.

AHH

Les vitraux vendéensmémoire de lumièreFrançois Hélie de la Harie38 p., 12 €

Témoignages émouvants du siècle dernier sur les guerres de

Vendée tout en lumières et couleurs, sentiments et larmes. On en parle beaucoup de ces vitraux et de ces guerres ; ce petit manuel ou bande dessinée rassemble les faits les plus épiques ou émouvants, choisis par l’Église pour raconter et immortaliser le sacrifice et la foi des Vendéens.

J. R.

Page 64: Lire en vendée 27 decembre2013

Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 201464

Curiosités géologiques du littoral vendéenP. Bouton, C. Roy, J.-M. Viaud, G. Godardbrgm éditions, 121 p., 19 €

La géologie n’est pas une science facile à faire partager. Les trois au-

teurs vendéens de ce guide illustré, l’hydrogéologue Claude Roy, Jean-Marc Viaud, l’autodidacte pas-sionné, et Gaston Godard, chercheur à l’Institut de Physique du Globe, l’admettent bien volontiers. Tout comme Pascal Bouton, géologue de terrain, amoureux de la Vendée. La géologie est bien plus

Louis XIII et la bataille de l’isle de RiéPatrick AvrillasGeste, 213 p., 39,90 €

Épisode assez méconnu mais pourtant très important pour l’Histoire, en avril 1622, les troupes de Louis XIII infligent à

Benjamin Rohan de Soubise, le chef des protestants, une lourde défaite dans l’isle de Rié qui n’était pas

encore rattachée au continent. Bataille sanglante, les maraîchins y participèrent ; le célèbre cartographe Claude Masse estima qu’il s’agissait peut-être là de la population la plus féroce du royaume... Étape essen-tielle vers la fin des guerres de Religion, elle marque l’affirmation de la monarchie absolue. L’auteur nous dit tout sur cette bataille, croisant avec bonheur les regards des historiens et des artistes, peintres, gra-veurs ou maîtres-verriers. L’iconographie est tout simplement remarquable. Elle illustre en particu-lier les profonds changements intervenus sur la côte vendéenne depuis quatre siècles. G. B.

facile à comprendre lorsqu’elle explique les curiosi-tés du littoral, curiosités devant lesquelles nous pas-sons souvent sans nous y arrêter. En peu de mots, savants certes, mais accessibles, avec des images et des cartes parlantes, s’éclairent des lieux qui nous parlent : la pointe d’Arçay, les falaises de Chaillé-les-Marais, le Gois, les galets de la baie de Cayola, les empreintes des dinosaures au Veillon, les mégalithes de Jard et d’Avrillé. Et bien sûr la discordance de la pointe du Payré, là ou les couches du Jurassique de l’ère secondaire recouvrent le vieux socle hercynien. J’aime beaucoup le chapitre où les géologues expli-quent les rapports passionnants entre ces pierres et les hommes de toutes les époques. G. B.

Souterrains de VendéeJérôme et Laurent TrioletGeste, 170 p., 20 €

Hors du temps dans les sous-sols de Vendée, voyages fabuleux et impossibles, ou quasiment, il n’est

pas aisé de s’aventurer dans les sombres souterrains et d’y avancer par reptations pour en franchir les goulots, sans se laisser apeurer par les chauves-souris. Les Triolet les ont étudiés et investis 25 ans durant,

allant au-delà des mythes et du folklore, découvrant des souterrains refuge, ou équipés de système de défense, ou qui servirent de refuge durant le guerre civile de Vendée en 1793. Ils auraient abrité des trésors, des silos à grains, des systèmes d’aération, ou encore des pièges. Ils en ont répertorié une cin-quantaine et tentent d’en raconter l’histoire. Le plus étonnant, à leurs yeux de spécialistes, celui creusé dans la calcaire de la plaine vendéenne sous l’église de Petosse. Jérôme et Laurent Triolet ont sorti de nombreux ouvrages sur leur spécialité dont Souter-rains et croyances (Ouest-France).

Ph. G.365 + 1 devinettesMaryvonne BarillotGeste, 143 p. 18 €

Tant moe l’ ét chàud, Tant moe l’ ét fràe, Qu ‘et o qu ‘ol ét? Plus il est chaud, plus il est frais. Qu’est-ce que c’est ? Le pain, bien sûr. C’est l’une des 366 devinettes en par-lanjhe bas poitevin que nous pose

Maryvonne Barillot, conteuse et animatrice sur la radio D4B, à Melle. Elle a rassemblé dans ce recueil

bilingue, donc très facile à lire, même par les « nuls » en parlanjhe, ces devinettes qui animaient les veil-lées et créaient, mine de rien, un lien particulier entre les grands-parents et leurs petits- enfants. Elles embrassent le vaste champ des lieux et des objets de tous les jours, abordent les sujets les plus saugrenus, aiguisent la curiosité et constituent un pan essentiel du patrimoine oral de la région.

Une autre – facile – pour vous exercer: Çhi çh ‘at daus ales é çhi vole pas ? Qui a des ailes mais ne vole pas ?

G. B.

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Les grandes heures du sport vendéenPhilippe BeauveryGeste, 235 p., 30 €

La Vendée, terre de sportifs. À l’heure dorée des milliardaires russes ou qatariens qui rêvent

d’Europe et de Monde, l’espace du département semble bien petit pour célébrer les exploits de ses champions. Il faut pour cela beaucoup de pas-sion, un attachement viscéral au pays, une empa-thie envers ces bénévoles anonymes qui, chez nous,

font vivre le sport dans les villes et les bourgs, un enracinement de quarante ans dans ce monde des terrains de foot, des salles plus récentes, des routes et des rêves océans. Correspondant sportif à Ouest France depuis 40 ans, l’auteur raconte avec précision les grandes heures du sport vendéen. Ses figures de proue : Robert Varnajo, Roland Berland, Jean-Re-né Bernaudeau,Thomas Voeckler, Félicia Ballanger au vélo ; Philippe Jeantot à la voile, Max Bossis au foot, les épopées des basketteurs de la Vendéenne, de Challans, et bien d’autres encore. Tout y est : récits, photos, fiches techniques. La Bible du sport vendéen des soixante dernières années. G. B.

Régionalisme

Coup de foudre, Laurence Meyer, 60 p.,

Maurice Béjart avait hérité de son père le seul don qu’il ne possédait pas : la danse. La fille aînée de Gilbert Prouteau a aussi hérité d’un don que n’avait pas son touche-à-tout de père : la photographie !

Prouteau (1917-2012), metteur en scène, ne savait pas se servir d’une caméra, ne prenait jamais de photos. Il préférait avoir un bon chef-opérateur et se faire photographier !

Laurence Meyer sait photographier. 35 clichés en noir et blanc, un homme et une femme, à travers les âges, les saisons de la vie, des regards intenses, interrogateurs, l’amour qui avance parfois masqué, quand il n’est pas aveugle ! La vie à deux, l’affaire la plus merveilleuse d’une vie, la plus encombrante aussi. Et puis qu’est l’amour ? semblent dire ces compositions. Faut-il craindre la lucidité ?... Elle a aussi un joli coup de plume, dont elle ne peut qu’avoir hérité de son poète et romancier fulgurant de père. Elle le prouve en deux textes qui font son Coup de foudre. Bizarre, aucun éditeur n’est indiqué. Ni le prix. Et pourtant Le Figaro et Le Monde l’ont encensé. Ce livre doit un être un joyau rare, un objet d’art, mais pas introuvable. Ph. G.

Photographies

La cité hors du temps Xavier Armange Oskar, 357 p.

De 11 à 111 ans, est-il pré-cisé en quatrième de couverture. Assurément, ce livre devrait plaire aux adolescents : les personnages, Sarah et Marin sont élèves de troi-sième au collège et c’est dans le

cadre de leur stage d’observation en entreprise qu’ils se trouvent en Jordanie. Le crash de leur hélicop-tère, en plein désert d’Arabie, n’est que la première

de leurs aventures. ils sont continuellement en dan-ger de mort et toujours de façon différente mais ne perdent jamais leur humour. Ils se retrouvent dans une cité mystérieuse dont les habitants vivent comme dans la Rome antique. Si notre civilisation a apporté des améliorations dans le domaine matériel, de nombreuses allusions à des événements contem-porains permettent de douter qu’il en soit de même sur le plan moral. Le récit est à la fois passionnant et léger avec des éclats de rire aux moments les plus ter-ribles, une invincible croyance en la vie. Insouciance ou sagesse? - Et si c’était les enfants qui donnaient des leçons aux adultes...

L. G.

Jeunesse

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Mes sourires du mondeClaude BéziauSociété des écrivains, 268 p., 29 €

On ne présente plus Claude Béziau, journaliste et grand repor-ter au Figaro Magazine. Pendant plus de vingt ans, il visité 162 pays, en a davantage retenu les visages des hommes et des femmes que les

paysages. Empathie naturelle, professionnelle aussi, chez les journalistes qui veulent regarder au-delà de

Soldats en AlgérieJean MichenaudOuest-France, 174 p., 15 €

Un récit de plus sur la guerre d’Algérie ? Quelle erreur ! Cet ouvrage est remarquable, bien construit, plein d’anecdotes et de témoignages, agrémenté de mul-

tiples photos. C’est du vécu. Un tableau des mis-sions de l’armée française dans ce conflit, le dépay-sement des appelés du contingent et des militaires de carrière devant se battre dans un univers géogra-phique et social inconnu. On participe aux actions des commandos parachutistes et des troupes d’élite aux ordres de Massu et Bigeard. On mène la lutte

Chronique du Bien VieillirDocteur Edmond Chaillou150 p., 15 €

Pourquoi parler d’ennemi en parlant de la vieillesse se demande Edmond Chaillou qui nous pro-pose un ouvrage optimiste sur les années après 60 ans, qui peuvent

être heureusement très longues.

Les bonnes recettes de Pa-taponJany Rosset, Catherine CarréTéqui, 16,80 €

50 recettes bio réalisées pour les enfants de 5 à 10 ans et présen-tées dans une mise en page adaptée à l’âge des lecteurs. Illustrations variées et de qualité

En préface, le docteur Philippe Loron précise que, si les médecins s’occupent de nous soigner

lorsque nous sommes malades, de plus en plus ils se préoccupent d’empêcher que nous tombions ma-lades. Une bonne alimentation, saine et variée, va en ce sens. Dans le présent ouvrage, les textes de sainte Hildegarde, religieuse bénédictine germanique du XIe siècle, sont appliqués par Patapon à de bonnes recettes.

Jany Rosset, écrivain spécialiste de sainte Hilde-garde, a déjà publié avec succès près de 350 recettes chez Téqui. Jany et Catherine collaborent,à la revue Patapon (magasine catholique des enfants dès 5 ans) d’où sont extraites quelques-unes de ces recettes.

Original, éducatif et sympa. J. B.

contre la rébellion tout en s’imprégnant des efforts de l’œuvre de pacification. Avec, en annexe, un rappel de la conquête par les Français en 1830, les Pieds-noirs, la torture, l’exode des Européens et un bilan de la guerre côté français et côté algérien.

Cinquante ans après la fin du conflit, ce livre semble de nature à combattre ce qui reste de préju-gés tenaces, de rancunes chroniques et de douleurs passées. C’est le souhait de l’auteur qui veut croire en une réconciliation réelle et fraternelle.

Jean Michenaud a été soldat en Algérie du-rant deux années. Avec son régiment opération-nel, basé en Grande Kabylie, il a participé à de nombreuses opérations et a été chargé de la créa-tion d’une école pour les enfants des villages. Jacques Bernard

la carte postale convenue. Une série de visages, du Groënland à Zanzibar, de la Birmanie aux îles de Pâques : Le sourire abolit les fossés des langues et des religions. D’un étranger, il fait un ami, un frère.

De courts récits accompagnent ces photos sans fard, que la mise en page en cahiers éloigne mal-heureusement trop du regard et des souvenirs du reporter. Mais que de force et de tendresse ! Claude Béziau ne fait pas le tri, mais laisse entrevoir sa sen-sibilité particulière pour les pays les plus mystérieux, ceux de l’Asie et de l’Océanie. G. B.

Divers

D’abord des témoignages de personnalités cé-lèbres ou non, à différents âges de leur vie... Inté-ressants, émouvants, instructifs, optimistes surtout, ils se rejoignent, on y parle de sérénité, de grande liberté, de curiosité...

Puis un abécédaire avec des clés, des recettes, des conseils, des idées. Un livre bien fait qui corrige l’image trop souvent négative, voire péjorative de la vieillesse.

E. T.

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Terres inverséesou L’infini du MondeCatherine-Louise de MaupeouAmalthée, 100 p., 12.30 €

Fulgurante, cette envolée vi-sionnaire dont on n’apprend la ré-férence qu’a la dernière ligne avec une date marquante, et pourtant

une sorte de discours de cérémonie distillé à plaisir avec un vocabulaire choisi, riche et varié, un rien

Des Nantais NantisChristian DenisECD, 116 p., 12 €

Je l’ai acheté à sa sortie, par un sixième sens et sans service de presse car Christian est un rat, un raconteur qui n’a pas son pareil

Le macchabée du phare perduChristaline OcéanAstérie, 136 p., 13,50 €

Quelle bonne surprise ! Nous la connaissions à travers ses poèmes ; nous la découvrons auteur de po-

lar. Un cadavre est trouvé sur la plage des Sables d’Olonne, entre deux eaux, là où les vagues vien-nent mourir sur le sable humide. Une enquête à rebondissements s’ensuit. La trame est bien menée. L’auteur(e) a le sens du dialogue. Son récit est al-lègre. Le suspense est ménagé.

On en redemande. Vivement le deuxième ! Jacques Bernard

précieux pour mieux savourer les mots envoûtants qui nous transportent dans un monde étrange.

Le judicieux parallèle entre deux mondes, on est de revue, engendre un angle très révélateur de l’ina-nité de nos occupations et de nos préoccupations. Un regard décalé et fantastique à la Dali sur la vie culturelle en Vendée ou ailleurs où l’on ne se recon-naît malheureusement que trop ! C’est tout l’art de la dérision développé à l’infini en fugues intermi-nables et pourtant si plaisantes à entendre.

Du grand art ! J. R.

Science fiction

pour narrer l’inénarrable, les tribulations de ces noirs héros que vous connaissez déjà tous et que je ne dénoncerai pas...

Les Nantais sont à l’honneur, ou de sortie ou à l’affiche et bien habillés dans le style habituel, roué et rieur, d’un courroucé qui lâche sa bile et son hu-mour à chaque page ; les inconditionnels se nanti-ront aussi du vingt-cinquième tome qui ne devrait pas tarder à sortir. J. R.

Policiers

Le Rubis maltaisJacques BernardVPCC 9,95 €

Ça commence par une croisière en Méditerranée et l’achat d’un collier orné d’un rubis sur une croix de Malte, destiné à la belle Felicia. C’est un roman policier. Et

le bijou va quitter les épaules de la jolie à l’occasion de la fête de la gendarmerie des Haubiers.

Jacques Bernard, au volant de sa Mercedes classe E, Vitamine, nous lance sur ses traces à une autre fête, celle des Vendéens de Paris et de rebon-dissements en rebondissements on se retrouvera à Amsterdam et Bruges. Voyages, voyages, drogue, meurtres... Il l’écrit lui-même : « Suspense garanti. Un divertissement constant que vous ne quitterez pas avant la dernière page ! » Le ton, on s’en doute, ne se veut pas grave. Et le cou de Felicia finira par retrouver sa parure.

Y. V.

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Essais

Journal d’un critique d’art désabuséMichel RagonAlbin Michel, 18 €

Magnifique Michel Ragon ! Il dit qu’il ne va pas bien, que le temps passé lui pèse comme le boulet à un forçat. Et il donne un journal que beaucoup de jeunes

gens d’aujourd’hui pourraient envier, d’une jeunesse inouïe. Il évoque tous ces amis qu’il a fréquentés au cours de sa longue carrière de critique d’art.

Il « court » encore les galeries avec une avidité et un œil qui fait penser à celui du vieux Mauriac dans

les salons parisiens, sans concession. Il s’interroge sur la lucidité de Baudelaire s’adressant à Manet : Vous n’êtes que le premier dans la décrépitude de votre art. Et il enfonce le clou : Et si l’histoire de la peinture s’arrêtait en effet à Delacroix et à Courbet ? Il nous donne à savourer quelques scènes d’intimité, un dî-ner au Dôme avec son ami Sabatier : Nous assumons, l’un et l’autre, nos longues vieillesses... Il a toujours bon appétit et choisit le vin, plus un alcool au dessert. Il s’insurge contre l’imposture d’un art contemporain perverti par le fric et le vide. Sa colère fait plaisir à lire. Il se livre peut-être bien plus qu’il ne croit sur son quotidien ordinaire.

Ce Journal tenu entre 2009 et 2011 a beaucoup à nous dire sur notre temps. Y. V.

Chemins de SagesseLouis LavelleÉdition, introduction et notes par Bernard Grasset, 140 p., 18 €

Ces chemins posent les jalons d’une vie en harmonie avec le monde, autrui et l’absolu. En grec, philosophia, amour de la sagesse, mais qu’est-ce que la sagesse ? Uni-

quement un savoir qui incite à la prudence et à bien se conduire ? Non, même si elle a été conçue diffé-remment selon les écoles, elle implique un rapport à la vérité, une compréhension de ce qui est. L’auteur nous en présente de multiples formes : Sagesse et Bible, Sagesse et tragédie, Sagesse et temps, Sagesse et désir, Sagesse et vertus, Sagesse et dépouillement, Sagesse, amour et esprit, avec toujours de belles phrases qui donnent à réfléchir. Dense et bien fait. Il y a fort à parier que chacun y trouve son propre chemin ! E. T.

De loin et NeboRacheltraduction de l’hébreu, Bernard GrassetArfuyen, 14 €

Les cris que je hurlais, désespérée, souffranteAux heures de détresse et d’abandon,Se sont transmués en brûlant chape-let de mots,

En blanc livre de mes chants.

Après la traduction d’un premier recueil en 2006, Regain, Bernard Grasset récidive avec De loin (1930) et Nébo (1932), publié un an après sa mort.

Elle était née en Russie en 1890, elle a rejoint la terre de Palestine. Ses poèmes sont des merveilles. Ils sont à la fois dans la tradition de la poésie hé-braïque et d’une étonnante modernité. Ils parlent de la nostalgie de la terre perdue, de l’amour, du destin, de la paix, de la liesse de vivre. Ils sont des poèmes de toujours. Ils résonnent comme Le Cantique des cantiques. Ils sont comme une source d’eau vive. La traduction de Bernard Grasset est impressionnante d’adhésion à l’oeuvre de Rachel. Elle vibre. Y. V.Chemin de feu

Bernard Grasset, Geneviève Rochtraduction de l’hébreu, Bernard GrassetLe Lavoir saint-Martin, 20 €

Bernard Grasset au-rait-il besoin de compagnonnage pour faire chanter sa corde poétique ? Il s’associe cette fois avec avec Geneviève Roch, peintre au style qu’on peut quali-fier d’expressionniste, pour l’accompagner dans un dialogue spirituel plein de feu. Chaque tableau a son

poème en vis-à-vis. Il ne s’agit pas d’un commentaire ou d’une explication de la toile. Bien plutôt d’une libre expression poétique, à partir de. Et c’est parti-culièrement réussi. L’un apporte à l’autre sa charge visuelle et émotionnelle. L’un éclaire l’autre. Les poèmes sont en prose, à l’écriture concise, comme celui-ci qui accompagne une Pieta :

Rien qu’une main posée sur un corps mort. Un regard de tendresse. Le voile du silence recouvre les blanches paroles. Et le cœur frémit d’une histoire si an-cienne et si proche... Bernard Grasset est un boulever-sant poète de la ferveur. Y. V.

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d’évocations sur l’histoire et le patrimoine d’un canton. Vieux articles, vieux grimoires, vieilles pierres mais un esprit bien actuel et bien présent sur tout ce qui compte et fait la richesse d’une terre. Une aubaine pour le can-ton, qui ravira aussi tous les ama-teurs... et il y en a ! J. R.

Vendée du nord-ouest, hier et aujourd’huiSociété d’histoire et d’études du Pays Challandais262 p., 30 €. Tél. 02 51 49 42 45

Spécial 40e anniversaire.Si Louis XIII, pour sa venue à

Challans en 1622 fait l’objet, et de la couverture et d’un large article,

Jacqueline Auriol, l’aviatrice, née Douhet à Chal-lans, est également aux premières loges de ce bul-letin annuel « spécial 40e anniversaire », évocation signée Thomas Merlet.

Impossible de citer tout le monde tant ce bul-letin foisonne, mais on notera l’article concernant l’histoire de tournages de films dans le nord-ouest Vendéen, notamment La foire aux femmes, au milieu des années cinquante, inspiré d’un roman du « sul-

Le Pays JardaisPierre Gilbert, Jacques Grol-leau, Marc GuastapagliaPatrimoine du Pays Jardais, 64 p., 12 €.

Une autre revue de pays, plus récente, avec toujours la même couverture mais avec des re-cherches historiques très fouillées

DI ME Z-OU, n° 18 et 19Histoire et tradition du Pays des AchardCollectif, 52 p., 6 €.

Cette revue prend de l’étoffe et du galon. Une belle reliure, belle édition, belles illustrations, et toutes sortes de découvertes ou

sur l’histoire, le patrimoine et la vie d’un canton.C’est le journal de bord d’une association très

impliquée dans l’identification, la recherche et la sauvegarde du patrimoine local. Pierre Gilbert sou-hait ainsi mettre en valeur et rendre accessible la cave voutée qui jouxte l’église presque millénaire. La restauration de l’église est lancée, mais que fera-t-on pour la cave ? J. R.

fureux » Gilbert Dupé. Ce film ne fit pas scandale en pays maraîchin comme, dix ans auparavant dans le bocage, La ferme du pendu, du même auteur. On retiendra également les articles sur l’histoire de la Crosnière, à Beauvoir; sur le village de Sion sur la corniche vendéenne ; sur l’histoire aussi de Michel Thomas, personnage hors-normes évoqué par Théo Rousseau, qui fut le premier président de la Société d’histoire challandaise. Enfin, il ne faut également pas oublier de savourer les souvenirs de guerre de l’écrivain Jean-Paul Bourcereau, témoignage de l’Occupation à Challans alors qu’il était môme ; et la légende du coffre de Mariette, qui remonte aux Guerre de Vendée, à Soullans, légende dont Henri Phélippeau démêle le vrai du faux. Cette malle est d’ailleurs exposée dans l’Espace Martel, à Challans, où siège la société chère à son président Michel Gruet.

Ph. G.

Revues

ENERGIES : TRANSITION ET CONTINUITERevue Administration, n° 237130 p., 12,50 € [email protected]

Réalisé en partenariat avec l’Union des Ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts, ce numéro apporte une réflexion sur un su-

jet essentiel aujourd’hui dans nos sociétés : l’éner-gie et l’importance capitale pour notre avenir des

décisions prises par les responsables à tous niveaux. En quelques années, les données ont considérable-ment évolué, compte tenu des éléments prévisibles ou non qui nous environnent ; il convenait donc d’actualiser les connaissances des lecteurs sur les dif-férents aspects de ce sujet sensible.

À noter dans la rubrique Histoire que, en cette année qui marque le 70ème anniversaire de la créa-tion du Conseil National de la Résistance et de la mort de Jean Moulin, la Revue ADMINISTRA-TION évoque deux grandes figures du Corps pré-fectoral résistantes et déportées.

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Le Souvenir vendéenn° 264, 75 p., 8 €. 02 41 62 11 31 ; www.souvenirvendeen.org

Très bien écrit, fort bien docu-menté, informations historiques recoupées, l’équipe éditorialiste tient aussi sa ligne, à savoir que la guerre civile de 1793 en Ven-dée fut « une guerre de religion […] c’est bien la détermination de remplacer l’homme chrétien par un homme nouveau qui a suscité la réaction vendéenne », affirme Michel Chatry, le directeur de la publication.

L’image aussi du Souvenir Ven-déen a évolué. Loin le cliché rin-gard qu’on lui collait voilà encore quelques temps. En cette année de 220e anniversaire du soulèvement, La revue du souvenir démontre également une réflexion de mé-moire qui a pris le dessus sur la passion. Et pour qui il faut raison garder devant les mots, génocide, populicide… Massacres, ça c’est sûr !

Tout à propos, ce numéro 264 est revenu sur le passage de Lech Walesa en Vendée, établissant les parallèles entre la Vendée et la Pologne, ces deux contrées parmi les plus chrétiennes du monde. C’est l’historien Alain Gérard qui rappelle que non seu-lement Jean-Paul II vint ici (à Saint-Laurent-sur-sèvre, en 1996), mais aussi un certain Pawel Jasienica (1909-1970). Ce Polonais a résisté à l’Occupation nazie, puis à la mainmise communiste sur son pays. Il est arrêté en 1948 mais, en 1956, il participe à l’organisation de la représentation catholique au parlement polonais. Dès lors, sa réflexion se tourne vers la Vendée, car face au terrorisme d’État, « Jasie-nica refuse l’escalade dans l’horreur ».

C’est en 1967 qu’il se déplacera dans le bocage, notamment à Pouzauges, pour approfondir sa médi-tation sur le pardon.

Et Alain Gérard de conclure : « on se voit mieux dans le regard de l’autre, surtout lorsqu’il vous res-semble assez pour vous comprendre, et pas trop pour rester conscient des différences ».

Que pour ces pages croisées Vendée/Pologne, on pourrait s’abonner à la revue ! Et pourtant dans ce numéro, on notera la fort intéressante évocation de Michel Chatry sur Louis-Philippe et la Vendée en 1830 d’après Alexandre Dumas ; et l’annexe sur Cathelineau (page 39) signé Jehan de Dreuzy. Entre autres.

Ph. G.

Revues

LOGEMENT ET TERRITOIRESRevue Administration, n° 238156 p., 12,50 €[email protected]

Le Comité de Rédaction de la Revue ADMINISTRATION ouvre un dossier aux multiples im-plications : face à la croissance de la population, à son vieillissement, à la précarisation de certains de ses

SECURITE : NOUVELLES EXIGENCESRevue Administration, n° 239144 p., 12,50 €

Sujet sensible que celui de la sécurité aujourd’hui : bouleverse-ments sociologiques, incivilités et violences en constante augmen-

tation, montée en puissance des responsabilités transférées par l’État à d’autres intervenants, déve-

loppement très rapide des moyens de surveillance informatique, irruption de crises à caractère inter-national, enjeux considérables de pouvoirs finan-ciers et politiques… Ces nouvelles donnes et ces nouveaux acteurs imposent de nouvelles exigences de sécurité. Comment peut-on y répondre ? Hauts responsables de l’État mais aussi élus, responsables territoriaux, responsables associatifs, chefs d’entre-prise apportent leur témoignage. De la diversité de leur témoignage naissent l’intérêt et la richesse de la lecture de ce numéro.

membres, à la crise, comment faire régresser la crise du logement ? Depuis « l’hiver 54 » et l’appel de l’abbé Pierre, il n’est pas un Gouvernement qui ne se soit attelé à cet enjeu sociétal en proposant des réformes concernant le foncier, le crédit, la fiscalité, le droit des uns et des autres… Tous les articles de ce numéro apportent un éclairage utile à la compré-hension du sujet.

À lire également, dans la rubrique Histoire, la suite de l’évocation de Préfets résistants et déportés.

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Les Passagers de la RivièreSur les pas de Louis-Marie Grignion de Montfortdessin, Estelle Gendreau. scénario, Catherine Roquant-Pouzet. Chrisolène : 60 p., 14,50 €

Quatrième réalisation de la jeune maison d’édi-tion vendéenne Chrisolène, dont les albums, très ludiques, à la découverte du patrimoine vendéen, ont un vrai succès auprès des petits vacanciers et des jeunes vendéens.

Y en a un qui va louper la migrationBérangère Le GallMarmaille et compagnie, 44 p., 12 €

C’est l’histoire illustrée et mi-nimaliste d’un drôle d’oiseau bleu qui apprend à voler et qui a bien du mal à y parvenir. Un jour, il ren-

contre des dodos mauves qui, eux, ne le peuvent pas du tout. Le voici embarqué dans leur migration... Un album original et tout simple pour les petits. G. B.

La bande dessinéeNée de la rencontre avec une classe de cinquième

du collège Notre-Dame du Port à l’Île d’Yeu, à l’oc-casion du 300e anniversaire de la venue du mis-sionnaire sur l’île, cette BD très réussie s’adresse aux 10/13 ans et leur transmet un joli message dans un conte à rebondissements et suspense qui tient nos chères têtes blondes en haleine.

Lors d’une sortie scolaire, un violent orage dévie la route de deux jeunes collégiens que tout oppose ; une fantastique aventure pour Clara et Arthur qui se réfugient dans une grotte en attendant que la pluie cesse : Arthur, passionné de lecture, trouve un par-chemin, veut le comprendre. Clara plus futile, un peu capricieuse, complique tout... L’aventure com-mence, les plonge dans le passé et les conduit sur les pas d’un homme de foi hors du commun, prêtre et missionnaire sous le règne de Louis XIV, à Pa-ris, à Poitiers, mais aussi en Vendée à l’Ile d’Yeu ; belle page d’histoire sur Louis-Marie Grignion de Monfort, né le 31 janvier 1673 à Montfort-sur-Meu en Bretagne et décédé le 28 avril 1716 à Saint-Lau-rent-sur-Sèvre en Vendée, fondateur de plusieurs congrégations.

Une belle, fantastique histoire, un voyage mys-térieux et initiatique dans le temps et l’âme secrète des enfants pour les faire grandir, mieux se com-prendre...

Nos deux héros trouveront-ils la voie du retour ? E. T.

Cathelineau Coline Dupuy, Régis Parenteau-Denoël , couleurs Anna Artège 60 p., 14,50 €

Général des Armées vendéennes à 34 ans après toutes ses victoires, son ami curé, historien, raconte... Qualité des dessins, des personnages, des paysages et des monuments, une « vraie BD », pour s’initier à l’esprit des Guerres de Vendée, pour tous.

AM et JR

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Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 201472

ANGOR T5Scénario : Jean-Charles GaudinDessin & couleurs : Dimitri ArmandEditions : Soleil

À Angor, trois adolescents, Talinn, Evrane et le jeune Corky fuient leur village pour vivre la grande aventure. Par hasard, ils entrent en possession d’un mystérieux collier qui leur permet de se « translater » instantanément dans leur futur corps d’adulte. Mais l’engouement initial provoqué par cette découverte laisse rapidement place à l’inquiétude d’habiter un corps trop « grand » pour leur esprit…

Le scénariste Jean-Charles Gaudin boucle le cycle d’Angor dans un feu d’artifice d’actions, de courses poursuites et de rebondissements. Il n’en oublie pas pour autant ses personnages et offre à chacun une conclusion en forme de happy end qui réjouira les lecteurs de tout âge.

Le dessinateur nantais Dimitri Armand conclue sa première série en beauté. Le dynamisme de sa mise en page, ses décors fouillés et ses personnages séduisants ont trouvé avec ce cycle de fantasy un magnifique terrain de jeux.

SP

PHOENIX T3Scénario : Jean-Charles GaudinDessin : Frédéric PeynetCouleurs : Delphine RieuEditions : Soleil

Après Jon et Kameron, nous découvrons dans ce dernier opus ce que sont devenus les trois autres enfants de l’île ja-ponaise. Une île qui fut le théatre d’une étrange expérience menée par l’armée américaine au début des années 80. Une expérience qui provoqua pour chacun des habitants trauma-tismes physiques et émotionnels doublés de pouvoirs surna-turels. Caractéristiques que semblent également posséder un vieux scientifique de l’US Navy et un sérial killer…

Jean-Charles Gaudin clôt son récit avec un album dense où chaque question soulevée depuis le début du cycle trouve ici sa réponse. Le besoin de refermer les différents arcs narratifs en un seul tome se fait cependant au détriment de certains personnages dont le profil psychologique et le devenir ne sont qu’esquissés. Mais l’important est bien la résolution finale du mystère. L’amateur d’énigmes scientifiques et de complots ne sera pas déçu.

Le dessin classique de Frédérique Peynet est toujours aussi précis et élégant. La mise en couleur de Delphine Rieu, au diapason, apporte cohérence et esthétisme à l’ensemble

Serge Perrotin

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THALUULA T2Scénario : CrisseDessin : Ood SerrièreCouleurs : StambeccoEditions : Soleil

Une petite île au milieu du Pacifique. Thalulaa et sa sœur trouvent un jeune homme blond aux tatouages celtiques échoué sur une plage. Les jeunes filles recueillent cet étranger amnésique. Ensemble, ils vont pénétrer dans les entrailles du volcan qui domine l’île et se perdre dans les mailles du temps…

Didier Crisse, avec Thalulaa, s’adresse à un jeune public qui risque d’être un peu déstabilisé par la complexité des paradoxes temporels mis en place par le scénariste. Un décalage d’autant plus perturbant que le graphisme, tout en rondeur de Ood Serrière, et les couleurs vives de Stambecco, renforcent l’impression d’être en présence d’un album jeunesse. L’ensemble reste cependant divertissant et nous montre un peuple et une culture du Pacifique peu abordés en bande dessinée.

SP

LES DEMONS D’ARMOISE T2Scénario : Gaudin et ClerjeaudDessin : CollignonCouleurs : StambecoEditeur : Soleil

Jehanne d’Arc n’est pas morte sur le bûcher de Rouen. Huit ans après, elle fait route vers Tiffauges afin de sauver son compagnon d’armes Polongy des griffes de Gilles de Retz et de son suppôt satanique, le moine alchimiste Prelati. La route, longue et semée d’embûches, est propice à l’évocation de l’enfance de Jehanne. Une petite fille exceptionnelle à plus d’un titre…

Gaudin et Clerjeaud enfoncent le clou du fantastique dans un récit qui n’a plus d’historique que les noms des protagonistes et leurs atours. Ils entrouvrent ainsi les portes d’un monde où cohabitent humains et doubles monstrueux. En faisant le choix d’un scénario à ellipses ils instillent un trouble qui devient confusion lorsque les choix du dessinateur sont malheureux. La mise en scène et les cadrages de Collignon sont parfois peu lisibles. Certaines cases demandent une lecture attentive pour en comprendre le sens. Confusion accentuée par des personnages (une Jehanne étonnamment masculine et des compagnons de route interchangeables) pas toujours reconnaissables. Comme si le dessinateur les avait trop vite esquissés et pas suffisamment caractérisés. Le travail du coloriste Stambeco apporte heureusement clarté et lisibilité aux planches.

Malgré ces quelques défauts formels, ce second tome est suffisamment intrigant pour donner envie au lecteur (vendéen ou non) de retrouver le Tiffauges du XVe siècle pour un troisième et dernier tome.

SP

La bande dessinée

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Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 201474

Un été au ParadisMichel PhilippoÉdilivre, 270 p., 23.50 €.

Ce livre nous entraîne sur les chemins de l’enfance dans l’at-mosphère des années 60. Une écriture juste et très sensible pour nous conter la rencontre de deux enfants cet été 64. Nos

deux héros, Gelven, non voyant, pauvre orphelin, placé dans une famille qui le maltraite, Petit Pierre,

La Virée de GalerneReynald Secherle génocide des Vendéens sur la rive droite de la Loire reynald-secher-edi-tions.com, [email protected] € + port,

Pour le 220e anniversaire de la traversée de la Loire par les Ven-déens, le 17 octobre 1793, connue

sous le nom de Virée de Galerne, Raynald Secher a réalisé ce documentaire : Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi le Comité de salut public et la Conven-tion décident d’exterminer les Vendéens, jusqu’à ce qu’enfin cette race impure soit anéantie...

derniers livres...

Amours, délices et… larmesDonatien MoisdonÉcrituriales, 148 p., 12 €

Cet auteur est Français par son père, Anglais par sa mère, retraité de l’enseignement ins-tallé sur le polder de Bouin, aux limites du pays de Retz. Dona-

tien Moisdon avait déjà écrit L’école du serpent, récit teinté de la psychologie et du plaisir féminin. Il avait même été pressenti pour le prix Fémina.

Son dernier livre est un recueil de nouvelles dont la première nous entraîne dans le sillage d’un homme de 70 ans à l’heure des bilans. Son bilan est le naufrage de son mariage avec une Américaine de-venue une garce abominable. Il lui reste l’élégance. Et Moisdon n’en manque pas dans la limpidité de son récit mené à la première personne du singulier. Osé, jamais vulgaire, le ton est également libertin, mais aussi amoureux de la liberté. Sans pitié pour les femmes castratrices et les hommes faibles. Plutôt intimiste et même féministe. Aucune nouvelle ne laisse d’ailleurs indifférent même si elles sont éclec-tiques dans les thèmes.

Ph. G.

Il est un autre tempsDominique DurandDurand Peyrolles, 286p., 18 €.

Un retour dans le passé !Clara, jeune médecin d’une

trentaine d’année en Bretagne ne s’est pas remise du décès de son père l’année de ses douze ans ; elle panique maintenant lors de

la disparition énigmatique de son grand-père.

Elle descend dans son atelier et là, en appuyant sur un bouton par inadvertance, elle se retrouve l’année de ses douze ans.

Une écriture sobre, répétitive... nous confie Eve-line Thomer.

Ce livre contient tout ce que j’aime du mystère, de l’intrigue, de l’amour, du suspense et toujours cette fin imprévisible... écrit une lectrice inconditionnelle,

On devrait toujours se méfier de ce qu’on ne connaît pas... conclut l’éditeur.

un peu gros, mal dans sa peau et que les enfants du village ont pris pour bouc émissaire, vont faire connaissance dans des circonstances terribles. Leur rencontre improbable les engage dans un tourbillon de mésaventures, mais grâce à l’obstination de Pe-tit Pierre leur destinée va irrémédiablement chan-ger...

...en bien.Une jolie fresque avec des personnages atta-

chants et hauts en couleur, un livre chargé d’émo-tion, jusqu’à nous tirer des larmes et pourtant très optimiste.

E. T.

Le roman de Saint LouisPhilippe de VilliersAlbin Michel, 528 p., 22 €

Vient de sortir, nous en par-lerons dans le prochain numéro.

Je rêvais de retrouver la trace et l’image d’un Saint Louis à l’humanité sensible, un Saint Louis de chair, à figure humaine...

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75Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014

Noirmoutier, l’inventaire inachevéÉric Bouhier Photographe, Alain Bouhierillustrations Alain RoirandLitote en tête, 350 p., 24.90 €

Se plonger dans l’inépuisable littérature sur l’île, aller à la pêche

aux souvenirs auprès des anciens et des amoureux de leur terre d’origine ou d’accueil, nostalgiques sou non, dans le passé, le présent et l’avenir d’une île sans cesse en mouvement. Raconter ce que l’on a

L’héritage brûlant des KERAUTRATJosette Barbault-Hovasse

Le château de Goëlane, son ambiance de faux semblants,

Le Canton de Challans, Tome II : des années 1930 aux années 1970Pays de Challans -Vendée Patrimoine380 p., 30 €

Changements dans le quo-tidien des maraîchins, de culture essentiellement paysanne, et de leurs mentalités. Leur déplacements étaient difficiles avec des voies de communications inexistantes ou en très mauvais états, accentuées par des hivers pluvieux, obligeant l’utilisation de la yole.

En Haute MerBertrand Lemairele génocide des Vendéens sur la rive droite de la LoireCCFO, [email protected] p., 24 € + port,

Ouvrage assez insolite par la di-versité des hérauts de ce livre ; le fil

conducteur en est le Père de Montfort, il constitue

RAPHAËLLE ou le sang blanc des TSARINES,Josette Barbault-HovasseAmalthée

Pour vivre au grand jour avec son enfant, réhabiliter son nom et

l’honneur des siens, Raphaëlle doit se débarrasser de son geôlier russe Ivan, qui la poursuit sans relâche avec l’ordre formel de la tuer. Cette destinée mar-quée au fer rouge est la pièce maîtresse de l’intrigue, mêlant passé et présent, Tsar de Russie et haute cou-ture, où chaque détail est un bijou : un médaillon remis à Raphaëlle par son père…

un destin hors du commun. Saga familiale sur trois générations, dans un mélange de cultures et de dé-paysement, de la brume des rivières bretonnes aux confins du désert, de la belle époque à nos jours ; quelle influence laissera l’héritage de Victor Kerau-trat, bénéfique ou maléfique ?

Ils passeront de la rusticité des conditions de vie au marais à la fée électricité, l’eau courante, la mé-canisation, adhéreront aux différents groupements coopératifs, laiteries, beurreries et fromageries.

Challans voit sa population exploser au détri-ment de ses consœurs, dont les jeunes délaisseront une agriculture difficile, pour rejoindre des entre-prises challandaises en plein essor. Ces chefs d’en-treprises conduiront Challans au devant de la scène, dans de multiples domaines : économiques bien sûr, mais aussi sportifs, culturels et artistiques.

Communiqués

découvert, appris, les souvenirs qui ressurgissent, ce qui nous a intrigué ou amusé. Les sites, documents, particularités, anecdotes, histoires, témoignages sont si nombreux, on est vite pris de vertige.

Noirmoutier, L’inventaire inachevé est un hom-mage à toutes celles et tous ceux qui font vivre l’île, aux gardiens de sa mémoire. Il fait partie de ces re-cueils popularisés sous le nom de « miscellanées » ou « cabinet de curiosités », dont le but est de donner envie au lecteur, averti ou non, de partir lui-même à la découverte des personnages, des lieux, des his-toires, des ouvrages cités, et de tout ce qui fait de notre île un lieu unique et si attachant.

l’événement d’une « librairie-médiathèque familiale et religieuse» qui fête cette année son quart de siècle, en devenant éditeur/diffuseur pour cette occasion exceptionnelle.

Sous forme d’interviews, Bertrand Lemaire nous familiarise avec la vie du Père de Montfort, au cours de séquences brèves, illustrées de dessins originaux, dus à l’artiste Yann le Goaec.

La nouvelle approche de ce grand missionnaire confirme un géant de sainteté et d’humilité...

CCFO

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76 Le coin du CVRH - décembre 2013 - avril 2014

Le coin du CVRH Centre vendéen de recherches historiques

Une très bonne nouvelle ! L’université Paris IV Sorbonne, sous le parrainage de laquelle a été créé en 1994 le Centre vendéen de recherches historiques, a reconduit le partenariat qui l’unit au Centre et au Conseil général de la Vendée.

Le 4 août dernier est entrée en vigueur la nou-velle convention du Groupement d’intérêt public qui gère le CVRH, sous la présidence d’Olivier Guillot, professeur émérite à la Sorbonne. J’ai été confirmé dans mes fonctions de directeur du CVRH. Alain Gérard, qui a piloté le Centre dès sa création, ayant souhaité prendre sa retraite d’ingénieur de recherches à Paris IV, est remplacé comme directeur scientifique par Olivier For-cade, professeur d’histoire contemporaine à la Sorbonne.

Spécialiste d’histoire des conflits, notamment la Première Guerre mondiale, Olivier Forcade est par ailleurs directeur des presses universitaires de la Sorbonne et dirige la Maison de la recherche de cette université. C’est dire s’il est l’homme de la situation comme conseiller auprès de notre Centre et de son pôle d’éditions.

Michel Chamard

À la rencontre de…Marie-Noëlle Baudouin-Matuszek

« Elle est d’une curiosité universelle », dit d’elle l’une de ses proches, Françoise Hildesheimer, bio-graphe réputée de Richelieu. Quoi de moins éton-nant pour une spécialiste de la Renaissance en France que d’avoir une foule de centres d’intérêt, à l’instar de Pic de La Mirandole ?

À défaut d’avoir proposé de soutenir neuf cents thèses, comme le fameux savant florentin du Quat-trocento, Marie-Noëlle Baudouin-Matuszek a dé-pouillé méthodiquement le fonds des archives du Parlement de Paris, ce qui en fait l’un des meilleurs connaisseurs de cette institution pour le seizième siècle.

Ancienne élève de l’École des chartes, archi-viste-paléographe, elle a fait partie de la commission des ordonnances des Rois de France, et à ce titre, a assumé la publication des actes de Henri II. Elle a également à son actif la direction de l’exception-nel catalogue de l’exposition consacrée par le musée du Sénat à Marie de Médicis, épouse de Henri IV et mécène du palais du Luxembourg, où siège au-jourd’hui la Haute assemblée.

Parmi ses autres champs d’activité, une étude en cours sur les joyaux d’Anne d’Autriche, la préser-vation du patrimoine français, l’enseignement du français aux immigrés, l’exploration des caves mé-diévales de Paris… Sans oublier d’être « une grand-mère très occupée ».

Ingénieur de recherche émérite au CNRS, Ma-rie-Noëlle Baudouin-Matuszek est membre du Centre Roland Mousnier, qui organise à la Sor-bonne les recherches concernant l’époque moderne et auquel est lié le Centre vendéen de recherches his-toriques. C’est ainsi qu’elle a été amenée à publier aux Éditions du CVRH l’édition scientifique de la « Chronique du Langon » et de deux autres témoi-gnages sur les guerres de religion en Bas Poitou.

M. C.

Le mot d’actualité

Cette année, le CVRH était présent pour la première fois aux Rendez-vous de l’histoire à Blois. De belles rencontres.

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77Le coin du CVRH - décembre 2013 - avril 2014

87, rue Chanzy, 85000 La Roche sur Yon www.histoire-vendee.com - [email protected]

02 51 47 74 49

« Recherches vendéennes » consacre tout natu-rellement l’essentiel de sa vingtième édition – c’est un cap significatif – à la guerre de Vendée, à l’occa-sion du vingtième anniversaire du soulèvement de mars 1793. Une nouvelle maquette, de nouvelles signatures, quelques planches de la BD (à paraître) de Fanny Lesaint sur la marquise de La Rochejaque-lein signalent la vingtième livraison de la revue.

Le thème principal, la guerre de Vendée, s’arti-cule autour d’événements importants et d’acteurs un peu moins connus. Dans le droit fil de son oœuvre, Alain Gérard revient sur la libération des 4 000 pri-sonniers « bleus » lors de la prise de Fontenay par les insurgés vendéens, le 25 mai 1793. Bien avant le pardon de Bonchamps, à Saint-Florent-le-Vieil, après la défaite de Cholet. Une décision incompré-hensible, et d’un point de vue militaire, dangereuse même pour la suite de la guerre. Pour Alain Gérard, ce geste incroyable, donne du sens à la révolte des insurgés vendéens, ouvrant ainsi sur une victoire morale à long terme. Pierre Gréau évoque aussi cette bataille de Fontenay, alors capitale du Bas-Poitou, qui incita le Comité de Salut public à envoyer des renforts dans le territoire insurgé.

Dans la nuit de Noël 1793, 400 fidèles ont-ils vraiment été massacrés dans l’église de Pouzauges? C’est ce qu’accréditerait une lettre d’un officier répu-blicain, Baptiste Nogaret, lettre retrouvée en 1976, publiée en 1980 par Jean Lagniau dans la revue du Souvenir Vendéen, puis en 1991 dans le mensuel « La fin de la Rabinaïe » et quelques jours après par « Ouest France ». Jean-Maurice Clercq a mené l’en-quête. L’histoire locale étant muette sur cette affaire, il n’affirme rien mais conclut que la baisse inexpli-quée de la population pouzaugeaise à cette époque rend crédible la possibilité d’un tel massacre.

Côté figures, on se souviendra de Céleste de Bul-keley, l’amazone la plus connue de la cour de Cha-rette. On découvrira davantage Pichard du Page, victime républicaine de la Terreur à Fontenay-le-Comte, le curieux destin du général Canuel, passé du camp des révolutionnaires à celui des royalistes, la farouche fidélité aux Bourbons du général de la

Frégéolière qui joua un rôle important dans le Bau-geois.

La Révolution fut aussi la cause directe du schisme de la Petite Ėglise, sujet de la célèbre thèse du chanoine Auguste Billaud. Un de ses petits-ne-veux présente ici le rapport de cette thèse, soutenue en 1962, à la Sorbonne.

La deuxième partie de la revue propose un allé-chant et très éclectique menu à la carte: les batailles navales oubliées du siège de La Rochelle, quelques épisodes moins connus de la seconde guerre mon-diale à l’Ile d’Yeu, la migration de 1826 à 1831 des paysans du Marais de Monts vers Saint-Michel-en-l’Herm, pour mettre en valeur les prises gagnées sur la mer, la brève aventure industrielle des moulins à papier sur la Sèvre Nantaise.

Le linguiste Pierre Rézeau présente pour sa part un curieux Noël poitevin du XVIe siècle, précisé-ment localisé à Saint-Gervais, qui met naïvement en scène les nobles et les manants de la paroisse.

« Recherches vendéennes » fait enfin la part belle à la littérature. Autour de Georges Simenon et de son roman « L’Inspecteur Cadavre » dont l’action se déroule dans les marais du Mazeau. Avec enfin l’approche littéraire et linguistique de l’œuvre d’Yves Viollier qu’Inka Wisner a présentée lors du colloque « La Vendée littéraire » en avril dernier.

G. B.

Le colloque organisé à l’Historial de la Vendée par le CVRH et parrainé par la Sorbonne s’est at-telé à une problématique assez peu abordée dans sa globalité et ses aspects très divers: l’attitude des Vendéens pendant la seconde guerre mondiale. Au-trement dit, comment les Vendéens ont-ils réagi à la défaite de 1940 et aux années d’occupation? Furent-ils comme on l’affirme parfois vichystes, sinon col-labos ? Quelle part ont-ils pris à la Résistance ? Loin des clichés et des idées reçues, les actes du colloque

1793-2013 : la Vendée dans les mé-moiresRecherches vendéennes n°20CVRH, 364 p., 26 €

Les Vendéens face à la seconde guerre mondialeColloque du 23 novembre 2012CVRH, 229 p., 20 €

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78 Le coin du CVRH - décembre 2013 - avril 2014

Le coin du CVRH Centre vendéen de recherches historiques

Le soulèvement des Vendéens de 1793 n’est pas un événement isolé, un mouvement sans postérité. Tout au long du XIXe siècle, et même au XXe, en Europe et ailleurs, des paysans se sont levés pour dé-fendre leurs territoires et leurs convictions face aux forces révolutionnaires et aux bourgeoisies citadines qui tireront finalement profit de la situation. En oc-tobre 2009, un colloque international s’est tenu à La Roche-sur-Yon, sous la direction de Yves-Marie Ber-cé. Le CVRH vient de publier les actes de colloque.

révèlent une Vendée qui cache les enfants juifs, ac-cueille généreusement les réfugiés des Ardennes, prend toute sa part à la Résistance intérieure et en paie douloureusement le prix.

L’Occupation de la Vendée par l’ennemi était hautement improbable. Loin des frontières, le dé-partement pouvait se croire à l’abri de la guerre. Il fut pourtant placé totalement en zone occupée, le littoral étant soumis aux rigueurs accrues de la zone interdite. Malgré l’occupation, la Vendée va résister et de diverses manières.

Des Vendéens choisiront de poursuivre le com-bat au sein de la France libre. Parmi eux, le colonel Gabriel de Sairigné, héros de Narvik et Bir Hakeim, puis en Italie et en France, durant la campagne d’Al-sace notamment. En Indochine enfin, où il meurt en mars 1948 lors d’une attaque du vietminh, à la tête de ses légionnaires. Il est, avec le maréchal de Lattre, Jacques Blasquez et Horace Savelli, Benjamin Fa-vreau, Marcel Lebois et Stéphane Piobetta, l’un des sept Compagnons de la Libération vendéens.

En zone occupée, la Résistance intérieure a compté aussi sur l’héroïsme de nombreux Ven-déens. Michel Chamard a ainsi retracé l’engagement de Pierre Mauger, futur député-maire des Sables-d’Olonne. A 17 ans, il tente de gagner l’Angleterre, mais sera arrêté et interné en Espagne. Il deviendra plus tard le principal lieutenant du colonel Rémy, fondateur du réseau de renseignement Confrérie Notre-Dame. Il a ainsi joué un rôle important dans l’opération qui permit de couler le redoutable cui-rassé allemand Bismarck. Arrêté par la Gestapo en 1943, Pierre Mauger sera déporté au camp de la mort de Mauthausen où les Américains le libéreront en mai 1945. Un autre Sablais, Emmanuel Garnier, patron-pêcheur, syndicaliste et radical-socialiste, fondateur de coopérative et d’école maritime, four-nit à la Résistance de précieux renseignements sur la défense allemande entre Loire et Gironde. Arrêté le 7 avril 1944, il meurt étouffé dans le dernier convoi français pour Dachau.

Si les maquis de Dompierre et de Mervent sont les plus connus, d’autres ont aussi oeuvré pour la Libération. Alain de Gaillard, qui sera, après la ma-réchale de Lattre, maire de Mouilleron-en-Pareds, a évoqué celui de La Chapelle-aux-Lys, encadré par des officiers de métier.

La Résistance passive s’est incarnée dans la soutien aux communautés éprouvées par le conflit,

les 20 000 réfugiés des Ardennes accueillis en Ven-dée, les enfants juifs cachés à Chavagnes-en-Paillers, à Saint-Valérien et dans d’autres communes, aussi bien en milieu catholique que laïque.

Enfin, la question toujours épineuse et toujours passionnelle de l’attitude du clergé vendéen alors si influent– celle surtout de l’évêque du moment, Mgr Cazaux – face à l’occupant a fait l’objet de plusieurs communications. La vie paroissiale aux Herbiers, l’abbé Pierre Arnaud, résistant et déporté, mort au camp de Neuengamme en novembre 1944, et bien sûr l’évolution des positions de Mgr Cazaux qui servit à Verdun sous Pétain qu’il admire, et auquel il adhère, au moins jusqu’à l’occupation de la zone libre et de l’instauration de la politique de collabora-tion. Dès lors, il n’évoquera plus comme auparavant « le chef miraculeux » et se recentrera sur l’action pastorale. Le clergé vendéen exercera ensuite un rôle modérateur pour écarter les tentations de la colla-boration et du marché noir, ainsi que les excès de l’épuration.

Un carton de Maurice de La Pintière, illustra-teur vendéen (1920 - 2006), déporté pour faits de Résistance, illustre la couverture des Actes de ce col-loque. Dépassant les caricatures et les clichés, ils au-ront apporté un éclairage précieux sur une période de l’histoire vendéenne qui, à bien des égards, mé-rite d’être encore étudiée.

G. B.

Les autres VendéesActes du colloque international des 2 et 3 octobre 2009CVRH, 324 p., 20 €

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79Le coin du CVRH - décembre 2013 - avril 2014

87, rue Chanzy, 85000 La Roche sur Yon www.histoire-vendee.com - [email protected]

02 51 47 74 49

Soulèvements dans le Midi languedocien, dans le Berry, autour de Sancerre. À Naples, en Flandre, en Navarre, au Tyrol, au Mexique avec les Cristeros, un peu partout des révoltes paysannes ont éclaté au XIX ème siècle. D’autres Vendées donc? Elles n’ont pas toutes, loin s’en faut, un lien direct avec l’insur-rection de 1793 et y sont même parfois totalement étrangères. Mais elles ont ceci de commun avec elle qu’elles reposent sur les mêmes causes et que, vain-cues, elles ont longtemps disparu de l’histoire offi-cielle, toujours écrite par les vainqueurs. Insurrec-tions populaires et spirituelles, elles ont lutté pour la liberté de conscience.

Ce colloque a précisé les caractères communs de ces soulèvements: leur caractère spontané, un refus massif et communautaire, une forte domi-nante rurale, l’importance du sentiment religieux, une opposition fondamentale à un État qui veut changer la société. Partout, le pouvoir paraît surpris par l’insurrection, incapable d’y faire face dans un premier temps, ce qui explique les succès initiaux des insurgés. Et aussi l’atroce répression qui frappa les Vendéens aussi bien que les Cristeros mexicains. Des crimes de guerre qui débouchent sur des Ora-dours. Plus tard, la Russie, la Chine, le Cambodge connaîtront les mêmes horreurs.

Plutôt destiné à un public de spécialistes inter-nationaux – d’où la publication d’une intervention en italien – le colloque réhabilite en particulier l’at-titude des paysans souvent représentés comme des marionnettes manipulées par l’Eglise et les nobles. Il fait aussi justice d’un autre préjugé tenace, même chez nous: Vendéens et Chouans, c’est du pareil au même... On ne s’étonnera donc pas de voir Andréas Hofer, prenant en 1809, à Innsbruck, le gouverne-ment de la province, présenté comme « un Chouan du Tyrol ». Pas plus que l’assimilation des paysans belges révoltés de Malines à des « Chouans fla-mands ».

Les actes de ce colloque seront utiles à une ré-flexion qui plonge dans l’histoire des trois derniers siècles. Ils rejoignent aussi l’actualité, avec la reprise des persécutions religieuses en Afrique et au Proche-Orient.

G. B.

Trois récits composent ce panorama des guerres de religion en Bas-Poitou. D’abord, une chronique de Pierre Brisson, officier royal fontenaysien, parue en 1578, l’ « Histoire et vray discours des guerres civilles Ès pays de Poitou, Aunis, Xaintonge et An-goumois de 1574 à 1576 ». Rééditée par La Fon-tenelle de Vaudoré, elle décrit très précisément les faits d’armes qui se sont déroulés durant ces deux années, notamment le siège de La Rochelle par les ducs d’Anjou et d’Alençon et celui de Fontenay par le duc de Montpensier.

La seconde chronique relate une période plus tardive. Rédigée par un anonyme, elle court de l’édit de Nemours (9 juillet 1585) qui interdit tout autre culte que celui de l’Eglise catholique à la mort, à la prison de Fontenay-le-Comte, le 10 mai 1590, du cardinal de Bourbon que les ligueurs avaient pro-clamé comme roi sous le nom de Charles X. C’est la chronique de la guerre des trois Henri en Bas-Poi-

La Vendée au temps des guerres de re-ligionMarie-Noëlle Baudouin-MatuszekCVRH, 425 p., 24 €

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80 Les écrivains de la mer - décembre 2013 - avril 2014

Les pages des écrivains de la Mer

Prix littéraires maritimes

Curieusement la Vendée est un département où la littérature est un des éléments importants du patrimoine culturel.

Le nombre des écrivains y résidant est impor-tant et celui des auteurs disséminés en France se réclamant du bocage, du marais ou de la plaine n’est pas négligeable : demandez au président des Écrivains de Vendée combien ils sont, je lui laisse la joie d’annoncer ce nombre remarquable. Devons-nous parler des salons du livre des plus petits aux plus grands ? Non, mais ils sont reconnus par les écrivains qui les fréquentent, originaires des quatre coins de la France (expression curieuse : la France a-t-elle quatre coins ?). Un domaine moins connu, mais très actif est celui des prix littéraires dont le jury est composé de Vendéens, écrivains ou non ; ces récompenses sont, souvent, liées au départe-ment, à un salon, une association.

tou: Henri de Valois - le roi de France Henri III-, Henri de Bourbon, roi de Navarre, le futur Henri IV, et Henri de Lorraine, duc de Guise, qui est assassiné à Blois, le 23 décembre 1588, sur l’ordre d’Henri III. A la suite de cet assassinat, les ligueurs désertèrent le Bas-Poitou pour se retirer dans des lieux plus sûrs. « Les protestants en rendirent de grandes actions de grâce à Dieu », écrit le chro-niqueur. Ce récit s’attache aux nombreuses allées et venues du futur Henri IV dans le territoire de l’actuelle Vendée: Luçon, Bournezeau, Montaigu, Saint-Gervais, Sainte-Hermine et bien sûr le châ-teau de La Mothe-Freslon, en Champ-Saint-Père, où il faillit mourir de pleurésie.

À ces deux récits, La Fontenelle réunit en 1841, sous le titre de « Chroniques fontenaysiennes », une « Histoire du Langon », restée jusque là ma-nuscrite, rédigée par un notaire catholique de la localité, Antoine Bernard. C’est un témoignage exceptionnel, au ras d’une réalité villageoise qui passe de la religion unique à une dualité porteuse de bouleversements sociaux et économiques. Les huguenots pénètrent par surprise dans la cathé-drale de Luçon, le 30 avril 1562. Le mardi 2 juin, ils arrivent au Langon dont ils saccagent l’église. On assiste, quelques semaines plus tard, à une bataille de chants sacrés entre catholiques et pro-testants dans cette même église...

Le récit du notaire ne se limite pas aux péri-péties des guerres. Il rapporte un tremblement de terre en 1572, l’apparition d’une comète en 1577, les inondations qui noient brebis et agneaux, la grêle, la sécheresse et le gel, la famine, l’obliga-tion pour les habitants de curer l’Achenau-le-Roi – notre Ceinture des Hollandais aujourd’hui - qui évacue vers la mer les eaux du marais. Maître Bernard, « très regretté des habitants du Langon », meurt le 30 novembre 1581.

Marie-Noëlle Baudouin-Matuszek, archiviste-paléographe au CNRS, présente cette monumen-tale édition critique, facilement accessible. Elle a notamment travaillé sur les ordonnances des rois de France et le mécénat artistique des reines de France. Dans sa très substantielle introduction à l’ouvrage, elle remarque qu’aucun des trois récits ne parle de l’édit de Nantes. Sans doute parce que leurs auteurs étaient catholiques. Et que pour eux, il s’agissait davantage d’un soulagement après la folie meurtrière des guerres de religion.

G. B.

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81Les écrivains de la mer - décembre 2013 - avril 2014

maritimes imposent une discipline, une règle du jeu, des images codées avant que ne se dévoile une sorte d’enseignement au second degré, partagées par gra-vitation comme celui des sages antiques dans les jar-dins d’Athènes : l’accompagnement de l’imaginaire de l’auteur par celui du lecteur. » Voilà ce que l’on pouvait lire en 1992 dans l’enquête sur le livre ma-ritime du Salon du livre maritime de Concarneau.

Et bien parlons des prix, d’hier et d’aujourd’hui, qui couron-nent ces livres et leurs auteurs. Il n’est pas question de rentrer dans les motivations, les règlements, les aspirations des fondateurs et membres des jurys, mais de réali-ser une petite revue non chronolo-gique de ces récompenses que les auteurs adorent, j’oubliais les édi-teurs aussi. Curieusement, quand

on reprend l’histoire des prix depuis une trentaine d’années, on constate la disparition ou la non-réac-tivation de certains. Rappelez-vous le prix du Yacht-Club de France, le Dauphin d’or, disparu je ne sais plus quand. Vous avez aussi le Prix Belem créé en 2006, c’est Isabelle Autissier qui fut l’ultime et seule lauréate en 2007.

Actuellement une quinzaine de prix couvrent la production livresque du large, en voici le détail re-levé par Alain Coudray, administrateur général des Affaires maritimes et membre de l’Institut français de la mer :

Le plus ancien est le Grand prix de l’Académie de marine, il est inscrit dans ses statuts et remis en

En cette année du centenaire du Goncourt 2013 attribué à Marc Elder pour Le peuple de la mer, j’ai-merais vous présenter les prix littéraires maritimes de la France. Désolé, mais il est impossible de trou-ver des synonymes au mot prix, il sera largement utilisé dans ce texte.

D’abord une question peut se poser : la littéra-ture maritime existe-t-elle ?

Il y a quelques années, il avait été demandé aux visiteurs d’un salon du livre de classer, selon eux, les meilleurs romans maritimes : L’île au Trésor de Stevenson; Le loup des mers de Jack London; Deux ans sur le gaillard d’avant de Dana; Capitaines cou-rageux de Rudyard Kipling; 20 000 lieues sous les mers de Jules Verne; La croisière du cachalot de Frank Bullen; Lord Jim de Joseph Conrad; Moby Dick de Melville; etc. Voici une belle preuve que le public différencie parfaitement la littérature de mer des autres genres. Ce qui me conforte, quand j’en parle comme un genre littéraire à part entière. Voici un historique des prix de littérature maritime de France et particulièrement de Vendée :

« La littérature de mer tire sa vitalité de l’expé-rience directe et sa vertu de l’enseignement qui s’y délivre sous certaines conditions. Les grands textes

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Les pages des écrivains de la Mer

automne au début de l’année aca-démique. Il récompense un ou-vrage traitant tout sujet intéressant la marine ou la mer. La littérature n’y est pas souvent à l’honneur.

1970, l’Association des écri-vains de langue française (ADELF) crée Le Grand Prix de la Mer. Ce prix vient d’être réactualisé en Grand Prix Littéraire de la Mer en

septembre dernier et la Maison des écrivains de la mer y est associée.

L’Association des anciens élèves de l’École navale vise à encoura-ger ses membres à la production littéraire, créé en 1981 ce prix est maintenant ouvert à tous les livres valorisant la mer. Il a été rebaptisé Prix Éric Tabarly en 2009.

Depuis 1982, le Prix Corail du livre de mer est décerné lors du Fes-

tival Mondial de l’image sous-marine de Marseille. 1983, c’est au tour du Cercle de la mer, situé

à Paris, de récompenser « la qualité littéraire d’un ouvrage de nature à éveiller l’intérêt et l’attrait pour les choses de la mer ».

Le prix Place de Fontenoy a été créé par l’Asso-ciation amicale des administrateurs des Affaires ma-ritimes en 1985. Il récompense un ouvrage mettant en relief les activités maritimes et leur interactivité. Depuis 2008, le mot ouvrage a été remplacé par œuvre.

L’association des officiers de réserve de l’armée de mer (ACORAM) remet depuis 1987 un prix pour un ouvrage historique, littéraire, scientifique ou technique qui valorise le monde maritime mili-taire ou civil. Son appellation est : Prix Marine.

Passons aux années 90,1991, c’est le Prix Encre de Marine qui voit le

jour à l’initiative du Préfet maritime de la 3ème Ré-gion. Remis au moment du Salon du livre de Tou-lon.

Concarneau 1992, le célèbre Salon du livre maritime attribue plusieurs prix dont le Prix Henri Queffélec, celui du beau livre ma-ritime et celui de la bande dessinée. (À remarquer que Concarneau fera école dans d’autres salons avec leur ‘trilogie’ de Prix).

La célèbre boutique de Saint-Servan, La Droguerie de marine

met en place le Prix Faubert de Coton en 1996, il sera délivré deux fois et renaîtra en 2005 dans

le cadre du salon des Étonnants Voyageurs sous le nom de Prix Gens de mer. Le prix veut valoriser les différents aspects de la littéra-ture liée à la mer.

Les années 90 se terminent avec la création du Prix du livre insulaire du Salon d’Ouessant. Il couronne la fiction, la poésie, l’essai, etc., le sujet conducteur est,

bien entendu, les îles.Le Prix du Salon nautique de Paris est décerné

en 2002, il devient en 2008 le prix Livre du Nautic et récompense un roman, un essai ou un beau livre « ayant pour cadre ou sujet l’univers de la mer ».

En 2007, est créé le Prix Mémoires de la mer à l’initiative des associations de la Corderie Royale et de l’Hermione. Cette récompense veut encourager, historiens, romanciers, dessinateurs ou réalisateurs à raconter et enrichir la connaissance de l’aventure humaine de la mer.

En Vendée, cette année-là quatre prix naissent : celui d’Écume de mer de la Fédération nationale du Mérite maritime et de la Médaille d’honneur

des marins, dont le jury se réunit chaque année à Saint-Gilles-Croix-Vie dans la Maison des écri-vains de la mer; les prix du Salon du livre de mer de Noirmoutier qui se déclinent a c t u e l l e m e n t comme suit : Prix Marc Elder, Bulles de mer pour les B.D. et du Beau livre. À signaler les dix

ans du prix Nouvelles du Large de la Bibliothèque de La Conserverie de Saint-Gilles-Croix-de-Vie qui récompense une nouvelle d’inspiration maritime; les candidats proviennent du monde entier, c’est une excellente performance.

Existe-t-il d’autres organismes qui s’intéressent aux écrits à l’eau salée ? Peut-être !

Nous savons la production littéraire maritime pas au mieux de sa forme actuellement, ce qui oblige les jurys à attribuer leurs récompenses à des ouvrages, même s’ils sentent bon le large, qui n’ont

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pas les caractéristiques d’un récit ou d’une fiction. J’avoue que j’ai quelquefois du mal à trouver le bon roman, les bonnes nouvelles, l’excellent récit qui me donneront l’envie d’embarquer pour dépasser, même en rêve, une nouvelle fois l’horizon de la côte vendéenne.

René Moniot Beaumont

Il était parrainé par Patrick Poivre d’Arvor qui présen-tait son dernier livre « Seules les traces font rêver ». L’asso-ciation « Lecture et Culture de l’île » avait bien fait les choses. Elle avait

planté le chapiteau sur le Place d’armes, en face du vieux château. Une centaine d’auteurs étaient invi-tés et, dès le samedi matin, les lecteurs ont répondu présent au rendez-vous.

Il y avait, bien sûr, les mordus de la mer. Mais tous n’étaient pas forcément venus pour ça. Ils s’en allaient au marché et, en passant, ils s’arrêtaient sous le chapiteau. La manifestation était au cœur de la ville. L’air était à la fête. La fanfare défilait dans rue. En même temps qu’ils ont acheté leur pain et leur poisson, ils ont fait leur provision de livres...

De confidentiel les années précédentes, le salon

L’île de Noirmoutier a vécu au rythme des mots et des vagues les 15 et 16 juin 2013 !

Le 5ème Salon du Livre de Mer de l’Ile de Noirmoutier, sous le pavillon « La mer et l’aventure », s’est déroulé sur la place d’Armes à Noirmoutier L’association « Lecture et Culture de l’île » avait bien fait les choses

Valence Bazire et Christian Male sur le stand des Écrivains de Vendée à Noirmoutier

est devenu une belle manifestation populaire fré-quentée par 8000 visiteurs.

Il abordait toutes les thématiques liées à la mer, à travers les romans, les récits, les beaux arts, l’histoire, la gastronomie ou la littérature jeunesse. Un cycle de conférences intitulé « La mer, un océan de connais-sances » était donné aux Salorges.

Deux prix ont été attribués.

Le prix Marc Elder au roman de Guillaume Dalaudier « Les passagers du Paragon (In Octavo éditions)

Et le prix Bulles de mer, à la bande dessinée de Marc Bourgne « Les pirates de Baratana » (éditions Glénan)

La fête a été réussie. Rendez-vous en juin 2015 pour le prochain salon du livre de mer.

Y. V.

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100 ans d’histoiredu port des Sables-d’Olonne, XIXe – XXe

Roland MornetGeste, 414 p., 23 €

Roland Mornet est de La Chaume. Le port qui réunit les deux agglomérations est un élé-

ment important de sa vie, de sa culture, il lui doit une grande partie de son parcours professionnel.

La pêche était le poumon économique de ce havre qui a énormément évolué en un siècle.

Dans cette année du centenaire du Prix Gon-court 1913 de Marc Elder, l’auteur nous livre une autre tranche de vie du peuple de la mer : les cent ans du port des Sables-d’Olonne.

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Lire en Vendée a pour mission de faire connaître les œuvres littéraires vendéennes.

Merci de communiquer vos ouvrages à :Société des écrivains de Vendée, Bibliothèque pour tous85280 La Ferrière

Lire en Vendée est une publication de la Société des Écrivains de VendéeMise en pages : J. R.Impression : Imprimerie Offset 5 Édition, La Mothe-AchardCe numéro est tiré à 6 000 exemplaires.Site Internet : www.ecrivains-vendee.fr

Le peuple de la mer, La BourrineMarc ElderEditions du régionalisme, 230 p., 22,95 €, nombreuses illus-trations ; 164 p., 14,95 €

Les familles de La Chaume et des Sables vont y retrouver leurs ancêtres, les curieux évolueront dans un monde qu’ils découvriront au fil des nombreuses pages de ce livre et des promenades le long des quais, des jetées et sur les grèves pour ne pas dire les plages. Un journaliste a dénommé l’auteur de «navigateur en archives» oui ! mais je suis persuadé que le marin-historien partage en les écrivant toutes ces histoires avec son âme d’homme du large.

Le capitaine Mornet s’est limité dans le temps, mais je le soupçonne d’avoir dans son grand coffre à souvenirs de marin bien plus qu’il nous a proposé.

Soyez-en certain, qu’à quelques années près, Roland Mornet a aussi vécu des histoires maritimes pas ordinaires et qu’un jour elles apparaîtront dans le sillage de son écriture.

RMB

Ces rééditions sont bienvenues, à un moment où le Goncourt que reçut l’écrivain d’origine nantaise date de cent ans ! Ce prix reçu pour Le peuple de la mer fut décrié car Marcel Tendron, alias Marc Elder, le reçut au détriment d’Alain Fournier et Marcel Proust, s’il vous plaît ! Composé de trois nouvelles se déroulant sur Noirmoutier et l’îlot du Pilier, Le peuple de la mer a gardé de la verdeur, notamment avec le personnage de la Gaude, la belle sablaise, cette « splendide femelle qui matait les hommes, qui matait la vie, redoutable comme une force incons-ciente de la nature ».

Pourtant, le chef d’œuvre est La Bourrine, qui fut publiée en 1932, peu avant la mort de Marc Elder (1884-1933). Il y romance la vie du peintre Milcendeau en évoquant le logis humble et noble des Maraîchins. Cette réédition arrive vraiment à point pour réhabiliter un grand auteur.

Ph.G.

LES AMIS

DE L’HISTORIAL

DE LA VENDÉE

LES ÉCRIVAINS

DE VENDÉE