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R E P E R E S L’ INSERTION PAR L’ACTIVITÉ ECONOMIQUE, UN MÉTIER Les cahiers d’ IRIS 38 Editions du CARIF Poitou-Charentes

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38 Editions du CARIF Poitou-Charentes

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Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

Témoins directs des effets du chômage et de l’exclusion sur les per-sonnes accueillies dans nos structures, nous constatons que la repriseactuelle de l’emploi ne bénéficie pas à toutes, et que restent dans lafile d’attente celles qui ne répondent pas aux exigences immédiatesdes entreprises.

Mais si ce chômage d’exclusion persiste, certains secteurs d’activité(BTP, restauration...) sont aujourd’hui confrontés à une pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Cela démontre à l’évidence que l’inadéquation entreoffre et demande de travail ne peut être annihilée par le seul retour àla croissance économique.

Le rôle et l’utilité du secteur de l’insertion par l’activité économiques’en trouvent évidemment mis en lumière et renforcés. En s’inscrivantdans une stratégie de lutte contre l’exclusion et une dynamique d’emploi pour tous, les SIAE ont toujours œuvré pour réduire le fosséentre les personnes écartées durablement du monde du travail et lemarché de l’emploi. Elles leur permettent, dans le cadre d’un parcoursd’insertion, d’acquérir les compétences attendues par les employeursen terme de qualification, d’expérience et de comportement professionnels.

Ce métier aurait pu être décrit au travers des activités économiquesdéveloppées par les SIAE : celles-ci sont en effet primordiales pour leurpermettre de développer l’offre d’insertion. Ces structures se sontd’ailleurs positionnées délibérément sur le secteur concurrentiel enrevendiquant les mêmes règles du marché que les entreprises classiqueset offrir ainsi aux personnes qu’elles accueillent des postes de travailidentiques.

E D I T O

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Cependant, l’activité économique n’est que le support de l’action deredynamisation sociale et de requalification professionnelle. Aussiavons-nous choisi, dans ce cahier, de présenter du secteur de l’Inser-tion par l’Activité Economique une approche des savoir-faire et habi-letés particulières que les SIAE ont acquis au fil des années en matièrede gestion des parcours socioprofessionnels ; c’est-à-dire la capacité àorganiser pédagogiquement le cheminement des personnes en vue del’acquisition des qualifications requises pour l’exercice d’une profes-sion donnée dans les conditions ordinaires d’emploi.

Comme tout choix, celui-ci est arbitraire et réducteur, mais nous lepensons cohérent avec l’objectif que nous poursuivons, à savoir, faireconnaître le métier de l’insertion par l’activité économique en mon-trant et en explicitant ce que recouvre l’accompagnement d’un par-cours socioprofessionnel, point commun à toutes les SIAE quelles quesoient leur option en matière de statut ou la diversité de leurs activitéséconomiques.

Bernard MARTIN,Président d’IRIS

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I. INTRODUCTION GENERALE 7

A. L’INSERTION PAR L’ACTIVITE ECONOMIQUE, POURQUOI ? 7

B. L’INSERTION PAR L’ACTIVITE ECONOMIQUE, POUR QUI ? 10

C. L’INSERTION PAR L’ACTIVITE ECONOMIQUE, COMMENT ? 11

II. L’INSERTION PAR L’ACTIVITE ECONOMIQUE : SON ROLE ET SES ACTEURS 13

A. SON RÔLE : ACCOMPAGNER DES PARCOURS SOCIOPROFESSIONNELS 13

1. INSTAURER UNE DYNAMIQUE 131.1. S’en sortir, une volonté initiale 13

1.2. Se mettre à l’œuvre 14

2. UTILISER LA DYNAMIQUE POUR CO-CONSTRUIRE UNE PROGRESSION 152.1. De la mobilisation de ses ressources... 15

2.2. ...à l’émergence et la co-construction du projet 15

B. SES ACTEURS : LES SIAE 18

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III. LE PARCOURS D’INSERTION, UN CHEMINEMENT PAR ETAPES 25

A. ACCUEILLIR 25

1. ECHANGER POUR APPRENDRE A SE CONNAITRE 251.1. Instaurer une relation de confiance 25

1.2. Prendre en considération la demande de la personne 26

1.3. Présenter la structure 26

2. LES CARACTERISTIQUES DE L’ACCUEIL EN SIAE 262.1. Une écoute pour renouer des liens 26

2.2. Un lieu d’information 27

2.3. Un lieu de conseil individualisé et de mise en relation 28

B. RECRUTER 28

1. PRESELECTIONNER LES CANDIDATURES 291.1. Le poids du territoire 29

1.2. Les critères de sélection liés à la personne 30

2. LA PROCEDURE DE RECRUTEMENT 322.1. L’acte de candidature 32

2.2. L’entretien individuel 32

2.3. La commission d’embauche 32

3. UNE EMBAUCHE DOUBLEE D’UN ENGAGEMENT MUTUEL 33

C. REQUALIFIER 34

1. INTEGRER LE NOUVEAU SALARIE 361.1. La découverte du fonctionnement d’une entreprise 36

1.2. La découverte des postes de travail de la SIAE 37

2. RENDRE LE TRAVAIL FORMATEUR 382.1. Utiliser la dimension technique du travail 38

2.2. Utiliser la dimension socialisante du travail 42

3. RENOUER AVEC LA FORMATION 443.1. Développer ses savoirs de base 45

3.2. Perfectionner ses savoir-faire techniques 46

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D. REDYNAMISER 47

1. RESTAURER UNE IMAGE POSITIVE DE SOI 481.1. L’importance de la relation entre la SIAE et la personne 48

1.2. La résolution des problèmes connexes 49

1.3. La mobilisation des ressources personnelles

dans le cadre professionnel 52

2. UTILISER LA DYNAMIQUE COLLECTIVE 522.1. Les représentants du personnel : l’expression de la citoyenneté 53

2.2. Les ateliers de recherche d’emploi :

l’expression des choix professionnels 53

2.3. Les activités extra-professionnelles : l’expression de la créativité

54

E. EVALUER, VALIDER 55

1. EVALUER 561.1. Evaluer les savoir-faire professionnels 56

1.2. Evaluer la dynamique de la personne 58

1.3. L’importance de l’évaluation dans la construction du parcours 60

2. DE L’EVALUATION A LA VALIDATION DES COMPETENCES 622.1. La validation des compétences, un enjeu 62

2.2. Des pistes de validation ouvertes aux SIAE 63

F. PREPARER LE DEPART 67

1. FAVORISER LA DÉMARCHE VERS L’EMPLOI 671.1. Soutenir la personne dans sa recherche d’emploi 68

1.2. Mobiliser les partenaires pour multiplier

les chances d’intégration en entreprise 68

1.3. Développer des coopérations avec les entreprises 70

2. POURSUIVRE LE PARCOURS D’INSERTION 732.1. Le soutien d’organismes spécialisés 73

2.2. La coopération entre SIAE 74

2.3. Le départ en formation 75

CONCLUSION GENERALE 77

GLOSSAIRE 79

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BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE 83LE COMITÉ DE RÉDACTION COMPOSÉ :

• des membres du Bureau d’IRIS : - Michel ADAM (RIVES ET BOIS)- Geneviève BERNARD (GROUPE ADRESSE)- Alain BERNICARD (OCEAN ET BOIS)- André BOUTTIER (ARU)- Laurence FOUIN (TREMPLIN)- Bernard MARTIN (Président d’IRIS)- James RENAUD (CAPEE)

• animé et coordonné par l’équipe technique IRIS :- Béatrice AUDOUSSET, chargée de mission “métier de l’insertion par l’activité

économique”- Laurence BEAUDOIN, chargée de mission “information, documentation”- Alain RIBAGER, directeur d’IRIS

ONT ÉGALEMENT CONTRIBUÉ À CET OUVRAGE :

• les responsables, accompagnateurs et encadrants techniques des SIAE qui nous ont faitpartager leur vision du métier qu’ils exercent :

- Frédéric BARRANGER (accompagnateur - TREMPLIN)- Jany BONHOME (accompagnatrice - ADRESSE)- Marie-Paule DEMION (directrice - MULTISERVICES LOUDUNAIS,

EURL LOUDUN INTERIM)- Christine DEPUTIE (chargée de mission insertion par l’économique -

DEUX-SÈVRES DÉVELOPPEMENT)- Valérie FENNETEAU (coordinatrice du suivi socioprofessionnel - ATELIERS DU

BOCAGE)- David LAGARDE (encadrant technique - ADRESSE)- Stéphanie MABILEAU (chargée du développement du partenariat extérieur

pour l’emploi - ATELIERS DU BOCAGE)- Alain MARCHAU (encadrant technique - TREMPLIN)- Sylvaine MARCHE-GUILLOUX (directrice - SATE 86)- Marie-Odile PUAUD (accompagnatrice - TRI PLUS)- Christine VIMPERE (accompagnatrice - CAP’EMPLOI INTERMEDIAIRE)

• les SIAE qui ont participé aux travaux d’IRIS utilisés pour le cahier : ACTIF, ADPAHS, AGIRE/EREICA, AIR/EIPI, ALESIE, APTGV, ATELIERS LAVERGNE, EIVE, ENVIE 16, JOB’SERVICES, PAYS DES VALS DE SAINTONGE,VAPEUR EXPRESS, VIVRACTIF.

NOUS REMERCIONS LES MEMBRES DU COMITÉ DE LECTURE POUR LEUR AVISET ÉCLAIRAGE SUR LE TRAVAIL MENÉ.

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A. L’INSERTION PAR L’ACTIVITE ECONOMIQUE, POURQUOI ?

Les années 70 marquent une rupture du modede croissance économique : au régime de crois-sance stable et prévisible prédominant des“Trente Glorieuses“ succède un régime de crois-sance aléatoire.Cette mutation profonde du système écono-mique et social va interdire l’accès au marchéde l’emploi à des milliers de femmes etd’hommes, en limitant la capacité d’absorp-tion du marché du travail, induisant l’appari-tion de nouvelles formes de chômage et d’ex-clusion.Au chômage de nature conjoncturelle ou fric-tionnelle succède un chômage de nature struc-turelle dont les formes perceptibles sont :• un chômage de masse par le volume de la

population active qu’il frappe,• un chômage d’exclusion qui présente deux

caractéristiques. D’une part, il touche lespopulations les moins “qualifiées” ou lesmoins “expérimentées”; d’autre part, il revêtun caractère durable.

Le marché de l’emploi se révèle alors incapabled’intégrer une frange croissante de personnesen capacité de travailler mais considérées main-tenant comme inemployables. Ce phénomène est d’autant plus grave quenotre société s’est construite sur le modèle

dominant du salariat, l’emploi stable à tempscomplet étant devenu la valeur de référence etd’intégration à la vie économique et socialede notre pays.

Face à cette situation de chômage d’exclusion,le secteur de l’insertion par l’activité écono-mique s’est développé et structuré dans le tempspour offrir des solutions alternatives et com-plémentaires à celles qui existaient et pallierainsi l’inadaptation des politiques de lutte contreles exclusions.

La reprise économique actuelle et les politiquesimpulsées ces dernières années permettent àde nombreux chômeurs de retrouver le cheminde l’emploi. Cependant, dans ce nouveau contexte, l’ex-clusion des personnes les plus fragilisées restetoujours d’actualité. Le retour de la croissancene suffit pas à enrayer le chômage et à sup-primer l’effet “ file d’attente “, notamment pourceux qui cumulent des handicaps pour leurretour à l’emploi. Conséquence de cette évolution, les structuresd’insertion par l’activité économique accueillentaujourd’hui un public de plus en plus en diffi-culté. La persistance de ce phénomène d’ex-clusion renforce la légitimité de l’action du sec-teur de l’insertion par l’activité économique,reconnu officiellement par la loi de lutte contreles exclusions du 29 juillet 1998.

I - Introduction générale

7

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B. L’INSERTION PAR L’ACTIVITE ECONOMIQUE, POUR QUI ? Il n’existe pas de définition ou de typologiesatisfaisante pour caractériser les personnesexclues du marché de l’emploi.Les “exclus“ ne forment pas un groupe homo-gène. En marge de la société, ils n’ont de com-mun que le côté négatif de leur situation :

• précarité ou absence d’emploi,• rupture sociale, isolement,• détresse morale et matérielle.

L’incapacité pour ces personnes à occuper unemploi dans une entreprise ordinaire ne tientpas uniquement à leurs caractéristiques indi-viduelles (marginalité, handicap physique oupsychologique reconnu) mais au fait que l’em-ploi, tel qu’il existe aujourd’hui, s’est éloignéd’elles. Elles ne sont plus recrutées par les entreprisesen raison d’une part, du décalage de leurscompétences par rapport aux besoins expri-més par le secteur économique et, d’autre part,de l’évolution du marché qui n’est plus enmesure d’offrir une situation de plein emploi.

Si l’on ne peut décrire qui sont les exclus, lesfacteurs qui freinent leur intégration dans l’em-ploi peuvent être identifiés :

• faible qualification, • bas niveau d’étude,• inadéquation entre la formation dispen-

sée dans le système scolaire et ce qui estexigé par les entreprises,

• absence d’expérience professionnelle,• trop longue période d’inactivité,• qualification obsolète ou inadaptée au

marché du travail,• sentiment de déclassement.

Cette exclusion du système de référence prin-

cipal de la société entraîne en cascade d’autresproblèmes, financiers, sociaux et psycholo-giques qui éloignent encore davantage les per-sonnes du marché de l’emploi.C’est pour ces personnes “sans emploi, ren-contrant des difficultés sociales et profession-nelles particulières“1 que vont être conçues etorganisées les actions du secteur de l’insertionpar l’activité économique.

“Véritable acide de la socialité, l’exclusionronge l’estime de celui qu’elle touche et accroîtle mépris des autres à son égard jusqu’à bri-ser les liens de la Fraternité sans laquelle il nepeut y avoir de démocratie digne de ce nom.Aujourd’hui, l’exclu a le droit de vivre, mais ilne peut pas exister, ce qui le met dans une situa-tion paradoxale parfaitement pathogène danslaquelle il ne lui est pas dit mais il lui est signi-fié : “Vous êtes comme tout le monde, maisvous n’êtes pas pareil aux autres, les inclus, lesvrais citoyens, puisque vous êtes un exclu”.[...] Dégoûté de lui parce qu’il est exclu, dégoû-tant les autres qui le dégoûtent de l’exclure,celui que l’exclusion atteint s’enferme en lui,en dedans de son exclusion qui l’enveloppe,comme pour s’en protéger. Obligé de galérerau lieu de vivre, il se ferme à tout pour se pro-téger des coups du sort et des émotions. Pourramer sans faiblir, il se veut sans projet et sanscœur. Pour ne pas être traumatisé ni atteintdans son affectivité, il se ferme tellement auxévénements extérieurs et aux rencontres pos-sibles que sa réinsertion devient de plus enplus problématique au fur et à mesure que ladurée de son exclusion s’allonge...”.

La maison des exclus/Dr. Jean Maisondieu Paris :Bayard, 1997

10 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

1 - Article L.322-4-16 du code du travail

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Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

C. L’INSERTION PAR L’ACTIVITE ECONOMIQUE, COMMENT ? Les SIAE ont été les premières à utiliser l’acti-vité marchande dans un cadre concurrentiel àdes fins sociales. Par leur positionnement déli-béré dans le champ concurrentiel, les SIAE pro-duisent de la richesse et contribuent à sa redis-tribution en fournissant de l’emploi comme touteentreprise. La vente de leurs produits et pres-tations assure l’essentiel de leurs ressources.

La viabilité et la solvabilité de l’activité éco-nomique de la SIAE sont les conditions néces-saires qui lui permettent d’exercer son métierprincipal : utiliser l’emploi salarié pour accom-pagner individuellement, redynamiser socia-lement et requalifier professionnellement lespersonnes privées d’emploi et, de ce fait,exclues durablement de toute participation àla vie sociale et économique de notre société.

Pour exercer ce métier, les SIAE proposent à

leurs salariés une offre structurée et claire asso-ciant situations de travail, acquisition de savoirs,savoir-faire, savoir-être, et accompagnementindividualisé afin de favoriser leur retour à l’em-ploi à travers ce que l’on appelle communé-ment “le parcours socioprofessionnel”. Le métier de l’insertion par l’activité écono-mique est devenu au fil des années une nou-velle approche du processus de formation despersonnes. La SIAE, à la fois employeur et formateur, co-construit avec son salarié un parcours d’ap-prentissage pour favoriser l’acquisition des com-pétences attendues sur le marché du travail.

La démarche adoptée est de décrire au traversdu cheminement d’une personne, de l’accueilau départ de la structure, le métier de l’inser-tion par l’activité économique en précisant àchaque étape ce que signifie “accompagnerune personne dans un parcours socioprofes-sionnel“ en termes d’objectifs, de pratiques,de moyens.

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12 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

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LA S.I.A.Een action

s’insérer

préparer son nouveau départ

s’estimer

se motiver

se former,(ré)apprendre

s’intégrer

être accueilli(e),rencontrer

LA PERSONNEen insertion, transition

L’accompagnement d’un parcours socioprofessionnel

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Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

A. SON RÔLE : ACCOMPAGNER DES PARCOURSSOCIOPROFESSIONNELSLe parcours en SIAE est là pour permettre àune personne de passer d’une attitude subieet assignée par les circonstances à une atti-tude volontaire pour répondre à son souhait,son envie, sa volonté affichée de s’ensortir.

Mais s’en sortir, ce n’est pas se contenter del’emploi provisoire proposé par la SIAE. Eneffet, si la SIAE se borne à offrir un emploi decourte durée, qui confère certes un statut, uneutilité, une sécurité matérielle relative par lesalaire versé mais pour une durée brève, ellene fait qu’entretenir une relation d’assistancedéjà mal vécue par la personne. Son rôle est, au contraire, d’amener la per-sonne à dépasser cette situation de dépen-dance pour devenir plus autonome afin qu’elleprenne un nouveau départ dans sa vie pro-fessionnelle comme dans sa vie personnelle.

Ce nouveau départ repose avant tout sur sacapacité à se projeter, c’est-à-dire à se remo-biliser pour définir progressivement des choixet trouver les moyens de les concrétiser. Cettecapacité à se projeter se construit dans le cadred’une dynamique instaurée puis entretenue,transversale à toutes les étapes du parcours.

1. INSTAURER UNE DYNAMIQUE

L’erreur la plus courante est de penser que dèsque la personne est entrée dans la SIAE, elleest prête pour une progression linéaire vers lasortie - mot terrible et redouté par elle - à tra-vers des étapes précalibrées.Le parcours standard n’existe pas. Sa structu-ration, ses étapes sont fondées sur le respectdu rythme, des capacités, des potentialités dechacun. Il est le résultat d’une dynamique interne etexterne à la fois, à partir de laquelle le che-minement, l’évolution, la progression de la per-sonne se feront de façon singulière au fil dutemps et avec des moyens multiples.

1.1. S’en sortir, une volonté initialeLa motivation est le point de départ de la remo-bilisation de la personne. C’est elle qui laconduit à s’impliquer dans une démarche et,le plus souvent, à se présenter à la SIAE, pours’en sortir, rompre avec cette période d’inac-tivité. Cette volonté de changer sa situation est unpréalable même à l’entrée dans la SIAE.Mais la motivation de s’en sortir ne suffit pastoujours pour parvenir à envisager l’avenir sousun autre jour.

L’absence d’emploi, le manque de ressourcesfinancières entraînent une certaine résignation,

II. L’insertion par l’activité économique

SON RÔLE ET SES ACTEURS

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et interdisent de fait tout projet ; on subit peuà peu sa situation et l’on vit au jour le jour.

Cette capacité à envisager l’avenir, à savoirce que l’on souhaite faire demain n’est ni immé-diate, ni évidente. Elle est à reconstruire, pas à pas, pendant letemps de la transition.

“Nos salariés ne se projettent pas dans le temps.Pour eux, ils sont sans avenir. Ils sont dansl’immédiat et seule la satisfaction immédiatecompte”.

Encadrant technique d’une entreprise d’insertion

1.2. Se mettre à l’œuvre

a) le temps de l’arrivée et de l’accep-tation du nouveau contexte

Dans ces conditions, les choix personnels nepeuvent s’exprimer. La personne ne peut êtreen mesure de s’impliquer dans la constructiond’un projet alors même qu’elle méconnaît sesressources, ses potentialités, qu’elle ne sait pascomment les mobiliser.Dans un premier temps, la SIAE crée les condi-tions favorables qui permettront à la personnede se remobiliser, de prendre conscience desressources qu’elle peut tirer d’elle-même, deses capacités, de son potentiel.

L’emploi proposé au sein de la SIAE constitueun point d’accroche essentiel pour la remobi-lisation des personnes. Il est une premièremarque de confiance. La perspective de tra-vail, de rémunération contribue à redonner dusens, le sentiment d’une utilité. En outre, l’écoute, les marques d’attention por-tées, les conseils donnés dès l’accueil contri-

buent également à redonner de l’importanceà la personne. C’est à la fois un temps de tra-vail et un temps de réassurance.

“A cette étape, c’est avant tout le travail et lesalaire qui comptent. Le parcours ne veut pasdire grand chose pour eux sur le moment”.

Encadrant technique d’une entreprise d’insertion

En même temps que ce cadre offre de nou-velles perspectives, il constitue un nouveaucontexte synonyme de changements, decontraintes auxquels il faut s’habituer, s’adap-ter. C’est le temps de l’arrivée et de l’ac-ceptation du nouveau contexte, plus sti-mulant (des choses à faire et à découvrir) etplus contraignant (des horaires, des collègues,des consignes...) que la période précédente,hors de l’emploi, qui comportait moins decontraintes, peu de règles, mais aussi peu destimulations.

b) le temps de l’intégration et de lasocialisation professionnelle

Progressivement, le salarié est en mesure dese situer dans ce nouveau contexte.

“En général, au bout d’un mois, le salarié sesitue dans l’entreprise. Il arrive à savoir si letravail, l’ambiance, les personnes rencontréeslui plaisent et si cela coïncide avec ce qu’il souhaite”.

Encadrant technique d’une entreprise d’insertion

Le cadre de la SIAE l’aide à remettre ses capa-cités en jeu, à les mettre en valeur. Les rela-tions de travail se développent : la cohabita-tion avec les autres professionnels et personnes

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Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

en insertion va devenir échanges verbaux,attention à l’autre, puis entraide et coopéra-tion. C’est le temps de l’intégration et dela socialisation professionnelle.

Puis le temps de la reprise de confianceen soi : le salarié redécouvre ainsi, petit àpetit, ses potentialités, ses compétences, sesaptitudes, ses atouts dans le travail. Le moral revient. Plus assuré, le regard qu’ilporte sur lui-même commence à changer. Laredynamisation est en bonne voie : une dyna-mique est instaurée.

2. UTILISER LA DYNAMIQUE POUR CO-CONSTRUIRE UNE PROGRESSION

La SIAE rebondit sur cette dynamique en ame-nant la personne à s’impliquer davantage, àengager des démarches qui contribueront à fairenaître un projet à partir de l’intérêt suscité.

2.1. De la mobilisation de ses ressources...

La redécouverte du “champ des possibles“laisse progressivement place aux temps desapprentissages : “non seulement je fais monboulot mais j’accepte à nouveau l’idée d’ap-prendre et d’avoir à progresser“.

La personne progresse dans l’exercice de sontravail quotidien, mais en plus, elle acquiertdes connaissances, des compétences et uneautonomie dans son organisation. Rendue actrice de sa progression, elle produitses propres compétences, engage des démar-ches personnelles.

Cette volonté d’avancer se traduit par un enga-gement, fondé sur la réciprocité des échanges

entre la personne et ceux qui l’accompagnent. Les désirs, les souhaits, les envies donnent lieuà l’expression de choix qui servent de base àla mobilisation des ressources respectives dechacun. “L’important, ce n’est pas [encore] de savoiroù l’on va, mais comment on y va. [...] L’at-tention se porte donc d’abord sur le comment,le choix de l’itinéraire et les processus d’évo-lution plus que sur le but du voyage”.1

La personne s’engage sur une mobilisation deses ressources personnelles ; la structure metà disposition des moyens individualisés, adap-tés pour permettre la concrétisation des choixde chacun.

“On leur dit qu’on va faire le maximum. Deleur côté, on leur demande de l’honnêteté, dese remobiliser et d’engager des démarches”.

Responsable d’une association intermédiaire

2.2. ...à l’émergence et la co-construction du projet

La SIAE laisse le temps à la personne de s’ap-proprier les démarches proposées. La mobili-sation progressive de ses ressources entraînechez elle un développement, une mise en valeurde ses capacités aussi bien sur un plan per-sonnel que professionnel.

Ce développement ne procède pas d’unelogique linéaire : il est jalonné de déclics etde périodes de doutes, d’avancées rapides etde découragement, de réussites mais aussid’échecs. Il s’inscrit dans un processus quinécessite plus ou moins de temps selon cha-

1 - Accompagnement social et insertion /UNIOPSS - Paris :SYROS, 1995

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16 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

cun. Le déclic ne se réalise pas toujours lorsdu passage en SIAE. Cependant, le tempspassé en SIAE n’est jamais vain. Le ou les pro-jets qui n’ont pu aboutir en SIAE se concréti-seront plus tard. Un temps de maturationplus long est parfois nécessaire pour que ledéclic se produise.

En fonction du comportement de la personne,de son implication, des événements qui inter-fèrent dans le cadre professionnel comme per-sonnel, les choix, les ressources mobilisées parla structure comme par la personne serontréajustés en permanence. Les évaluations pra-tiquées régulièrement permettent de repérerfinement la progression de chaque individu.La SIAE peut ainsi réagir de façon souple àl’évolution de chacun.

“C’est avec le temps que l’on dit les choses ; lesévaluations montrent que le nombre de pointsforts des salariés augmentent. Cela se traduitsur le terrain par plus d’autonomie, une res-ponsabilité plus grande, plus de confiance dela part des encadrants techniques ; c’est ainsique les salariés ressentent cette évolution etprennent conscience de leur parcours”.

Accompagnateur socioprofessionnel d’une entreprise d’insertion

Puis vient le temps des projets : petit pro-jet de sortie en fin de semaine, projet de démé-nagement, projet de couple, projet de métier,de formation... peu importe l’ampleur du pro-jet et son positionnement.

L’importance est accordée à la capacité retrou-vée de la personne à se projeter, désirer, anticiper. La SIAE va accompagner l’élaboration de ceprojet à partir du repérage des goûts, des capa-cités, des possibilités offertes sur le marché del’emploi, du chemin à parcourir pour y par-venir. La personne et la SIAE posent les jalons,réunissent les moyens pour concrétiser ce pro-jet ; elles préparent ainsi le départ : départ dela SIAE mais surtout départ dans la vie vers lavoie choisie.

Le métier de la SIAE consiste à mettreen rythme les différents temps de cha-cun de ses salariés. C’est en effet dansce cadre d’entreprise, commun à tousles salariés, que des itinéraires s’éla-borent de façon singulière. Cette miseen rythme des parcours est au cœur dumétier des SIAE.

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17Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

LA DYNAMIQUE DE PARCOURS DE FRANCK

Franck, né en 1966 est père de six enfants. Sans qualification, il est sorti du système scolaire en fin de 3e SES. Depuis, il a alterné petits boulots, contrats aidés, périodes de chômage. A son entrée au sein de l’entreprise d’insertion TRIPLUS, il perçoit le RMI.

• Le temps d’arrivée et d’intégrationRecruté à mi-temps d’octobre 96 à mars 97, Franck travaille sur l’ensemble des déchetteries. L’occupationdes postes de travail ne pose pas de problèmes particuliers. Cependant, il s’exprime peu, reste sur la défen-sive. Confronté à des problèmes de dettes, il est dans un premier temps incité à reprendre contact avec l’assistantesociale du quartier, démarche qu’il réalisera.

• Le temps de la reprise de confiance en soiPetit à petit, Franck émet le souhait de travailler le plus souvent à l’extérieur, sur la plate-forme de com-postage et les déchetteries. Il demande par ailleurs à augmenter son temps de travail. Son contrat est renouvelé : il passe à 3/4 temps.

• Le temps de l’apprentissageLa vacance du poste de cariste l’incite à se positionner sur cet emploi. Il passe donc sa licence en avril 97pour occuper ce poste.Puis, il exprime le désir de conduire des engins de chantiers. En juillet 97, une documentation se rapportantà la formation “ conducteurs d’engins des travaux publics “ du Lycée Agricole de Venours lui est remise. Ilest également mis en contact avec un ancien salarié qui participe à cette formation. Intéressé, il rechercheavec l’accompagnatrice les moyens d’y entrer.

• Le temps du projet professionnel et de la sortieL’entreprise d’insertion se renseigne sur le niveau des tests de sélection. Une remise à niveau en mathéma-tiques et en français apparaît indispensable pour entrer. Franck effectuera, sur son temps de travail, cette pré-paration aux tests au sein de l’organisme de formation l’Entraide Sociale Poitevine de janvier 98 à Mai 98.Il réussit les épreuves d’entrée au lycée de Venours en juillet 98.

Bien que pressenti par une entreprise pour travailler sur une station de compostage, Franck refuse, préfé-rant la formation qualifiante de conducteur d’engins.Pour effectuer sa formation, Franck doit démissionner et rompre son contrat de travail : il ne peut ainsi niprétendre aux indemnités ASSEDIC, ni bénéficier des AFR (Allocation Formation de Reclassement). Les démarches administratives (inscription ASSEDIC, ANPE, constitution d’un dossier CNASEA) le contraignentà quitter son emploi plus tôt que prévu ; il subit une perte de salaire de 1400 francs.L’EI l’accompagne alors auprès du service social pour obtenir une aide financière ponctuelle, indispensableen période de rentrée scolaire de quatre de ses enfants.

Malgré ces difficultés, Franck a suivi avec satisfaction sa formation et réussi son diplôme de “conducteur d’engins“.

TRIPLUS, entreprise d’insertion, Vienne

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B. SES ACTEURS : LES SIAELa loi d’orientation relative à la lutte contre lesexclusions du 29 juillet 1998 a défini le cadrelégal de l’insertion par l’activité économiqueet le rôle des différents acteurs de l’insertionpar l’activité économique.

Leur métier : l’insertion par l’activité économique

Les structures d’insertion par l’activité écono-mique exercent le même métier : remettre despersonnes qui connaissent des difficultés par-ticulières d’accès à la vie professionnelle, encapacité d’occuper tout emploi relevant deleurs compétences. Pour ce faire, elles assurent aux personnesqu’elles embauchent un accueil, un parcourssocioprofessionnel fondé sur une expériencede travail, une formation en situation de pro-duction, ainsi qu’un accompagnement indivi-dualisé, adapté à la situation de la personne.

Les activités économiques qu’elles exercent surle marché concurrentiel sont mises au service

du développement des compétences de leurssalariés. La production de biens et services estle support principal de la pédagogie des SIAE.

Qui sont-elles ?

On regroupe sous le terme de structure d’in-sertion par l’activité économique (SIAE) :

• les entreprises d’insertion (EI),• les entreprises de travail temporaire d’in-

sertion (ETTI), • les associations intermédiaires (AI), • les régies de quartier (RQ), • les chantiers d’insertion (CI).

Si toutes exercent leur métier pour une finalitécommune, elles présentent néanmoins des spé-cificités qui tiennent à la nature des activitésqu’elles développent et aux cadres réglemen-taires et juridiques dont elles dépendent. Ces éléments conditionnent en grande partiel’offre d’insertion qu’elles proposent à leurssalariés. Ils font de ces structures des outils com-plémentaires et variés, qui offrent des possi-bilités de parcours multiples aux personnesaccueillies.

18 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

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19Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

L’ENTREPRISE D’INSERTION (EI)SON ACTIVITE ECONOMIQUE SUPPORT

L’entreprise d’insertion se situe dans le secteur concurrentiel ; elle produit des biens et servicesmarchands en vue de leur commercialisation. Les activités économiques qu’elle développe sont variées : BTP, récupération-recyclage, nettoyage, acti-vité artisanale, commerce-distribution, restauration, activité industrielle...La mise en situation de travail sur les différents postes de l’entreprise d’insertion est utilisée pour accom-pagner individuellement, redynamiser socialement et requalifier professionnellement les personnes excluesdu marché du travail.

STATUT JURIDIQUELes entreprises d’insertion peuvent adopter la forme juridique de leur choix : statut associatif (loi 1901),société anonyme (SA), société à responsabilité limitée (SARL) (coopérative ou non).

LES CONTRATS DE TRAVAIL UTILISESLes salariés sont recrutés sur un contrat de travail à durée déterminée renouvelable deuxfois dans la limite maximale de 24 mois (CDDI).Outre ces contrats à durée déterminée d’insertion, les salariés peuvent être employés également surd’autres types de contrats de droit commun : contrat initiative emploi, contrat d’apprentissage,contrat de qualification (jeunes ou adultes)...

SON CADRE REGLEMENTAIRE• Une convention conclue avec l’Etat. • Un agrément préalable des personnes par l’ANPE.• L’emploi de personnes rencontrant des difficultés sociales et professionnelles

particulières.

SES RESSOURCES FINANCIERESLe chiffre d’affaires issu de la production marchande constitue la ressource principale de l’entreprised’insertion.L’activité de requalification et d’accompagnement socioprofessionnel de ses salariés en insertion est finan-cée dans le cadre d’une convention conclue avec l’État. Cette convention prévoit pour les personnes agréées par l’ANPE et dans la limite du nombre de postesde travail défini : • une exonération des cotisations sociales patronales dans la limite du SMIC1,• un financement forfaitaire de 50 000 francs par an et par équivalent temps plein.Dans le cadre de la loi Aubry 2 sur la réduction du temps de travail, les entreprises d’insertion ayantconclu un accord RTT bénéficient : • d’un financement forfaitaire de 58 500 F par an et par équivalent temps plein,• d’un allégement de cotisations sociales patronales sur les bas et moyens salaires dans la limite de

1,8 SMIC.Dans ce cas, elles perdent les exonérations totales de cotisations sociales patronales prévues à l’articleL. 322-4-16 du code du travail.D’autres financements particuliers peuvent être mobilisés pour des actions complémentaires d’accom-pagnement des personnes dans leur parcours (Ministère de la justice, collectivités territoriales, FSE...).

TEXTES DE REFERENCE• Articles L.322-4-16 et L.322-4-16-1 du code du travail (Loi 98-657 du 29/07/98)• Décret n°99-107 du 18/02/99• Arrêtés du 23 mars 1999 et du 19 mai 2000

1 - Les entreprises ordinaires bénéficient de l’exonération sur les bas salaires. Seul le différentiel exonération spécifique moins exonération sur les bas salaires est à prendre en compte en matière de ressource financière apportée à l’insertion par l’activité économique.

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L’ENTREPRISE DE TRAVAIL TEMPORAIRE D’INSERTION (ETTI)SON ACTIVITE ECONOMIQUE SUPPORT

L’entreprise de travail temporaire d’insertion se situe dans le secteur concurrentiel. Elle utilise exclu-sivement la mise à disposition en entreprise.Les missions réalisées dans des entreprises et des activités différentes permettent d’accompagner indivi-duellement, de redynamiser socialement et de requalifier professionnellement les personnes exclues dumarché du travail. L’entreprise de travail temporaire d’insertion est particulièrement adaptée pour des personnes en capa-cité d’intégrer rapidement une entreprise, auxquelles le marché n’offre pas de postes immédiats en contratà durée déterminée ou indéterminée : elle leur offre un volume de travail nécessaire pour préserver leursacquis et capitaliser une expérience professionnelle, en attente d’une meilleure proposition.

STATUT JURIDIQUELes entreprises de travail temporaire d’insertion peuvent adopter une forme juridique associative(loi 1901) ou de société commerciale.

LES CONTRATS DE TRAVAIL UTILISESLes salariés de ces entreprises sont recrutés sur des contrats de travail temporaire (ou contrats demission) qui respectent l’ensemble des règles régissant le travail temporaire et ce, par dérogation, pourune durée maximale de 24 mois au lieu de 18 mois.Ils peuvent être employés également sur d’autres types de contrats de droit commun : contrat de qualifi-cation, contrat d’adaptation...

SON CADRE REGLEMENTAIRE• Une convention conclue avec l’Etat. • Un agrément préalable des personnes par l’ANPE.• L’emploi de personnes rencontrant des difficultés sociales et professionnelles

particulières.

SES RESSOURCES FINANCIERESLe chiffre d’affaires, issu des prestations de services vendues, constitue la ressource principale del’entreprise de travail temporaire d’insertion.L’activité de requalification et d’accompagnement socioprofessionnel de ses salariés en insertion est finan-cée dans le cadre d’une convention conclue avec l’État. Cette convention prévoit pour les personnes agréées par l’ANPE et dans la limite du nombre de postesde travail défini : • une exonération des cotisations sociales patronales dans la limite du SMIC1,• un financement forfaitaire de 120 000 francs pour l’accompagnement de l’équivalent de 12 salariés

en insertion employés à temps plein.D’autres financements particuliers peuvent être mobilisés pour des actions complémentaires d’accom-pagnement des personnes dans leur parcours (Ministère de la justice, collectivités territoriales, FSE...).

TEXTES DE REFERENCE• Articles L.322-4-16 et L.322-4-16-2 du code du travail (Loi 98-657 du 29/07/98)• Décret n°99-108 du 18/02/99• Textes relatifs à la réglementation applicable aux entreprises de travail temporaire (article L.124 et sui-

vants du code du travail)• Arrêtés du 23 mars et du 5 août 1999

20 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

1 - Les entreprises ordinaires bénéficient de l’exonération sur les bas salaires. Seul le différentiel exonération spécifique moins exonération sur les bas salaires est à prendre en compte en matière de ressource financière apportée à l’insertion par l’activité économique.

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L’ASSOCIATION INTERMEDIAIRE (AI)SON ACTIVITE ECONOMIQUE SUPPORT

L’association intermédiaire se situe dans le secteur concurrentiel. Elle peut intervenir dans l’en-semble des secteurs d’activités et mettre à disposition des salariés pour tout type d’emploi (hors tra-vaux dangereux), sur un territoire précisé dans la convention qu’elle signe avec l’Etat. Elle utilise, pour cela, la mise à disposition, à titre onéreux, auprès de particuliers, des col-lectivités et des entreprises. Les mises à disposition qui s’exercent auprès d’employeurs différents(entreprises, particuliers...) et au sein d’activités variées (jardinage, travaux de second-œuvre de bâti-ment...), sont utilisées pour accompagner individuellement, redynamiser socialement et requalifier pro-fessionnellement les personnes exclues du marché du travail.

STATUT JURIDIQUEAssociation loi 1901

LES CONTRATS DE TRAVAIL UTILISESL’association intermédiaire signe un contrat de travail avec le salarié et conclut un contrat de mise àdisposition avec l’utilisateur (particulier, entreprise ou collectivité).Les salariés sont embauchés sur des contrats à durée déterminée dits contrats d’usage, conclus pourla durée de la mission à réaliser. Ces contrats peuvent s’enchaîner successivement pour un même sala-rié, sans qu’il soit nécessaire de respecter un délai de carence entre chaque contrat.

SON CADRE REGLEMENTAIRE• Une convention conclue avec l’Etat.• L’emploi de personnes rencontrant des difficultés sociales et professionnelles parti-

culières.• Une réglementation des mises à disposition réalisées auprès d’entreprises :– la conclusion d’une convention de coopération avec l’ANPE,– l’agrément des personnes, délivré par l’ANPE pour toute mise à disposition d’un salarié

en entreprise pour l’exécution d’une tâche précise d’une durée supérieure à 16 heures,– une limitation de durée : l’ensemble des missions réalisées en entreprise est limité à 240 heures

sur 12 mois pour un même salarié. La mise à disposition d’une même personne dans la même entrepriseet sur un même poste de travail ne peut dépasser une période maximale d’un mois en continu. Elle peutcependant faire l’objet d’un seul renouvellement après accord de l’ANPE,

– le salarié mis à disposition en entreprise ne peut percevoir une rémunération inférieure à celle que per-cevrait dans l’entreprise concernée un salarié de qualification équivalente occupant le même poste detravail, hors ancienneté.

SES RESSOURCES FINANCIERESLe chiffre d’affaires issu des prestations de services vendues, constitue la ressource principale de l’as-sociation intermédiaire.L’activité de requalification et d’accompagnement socioprofessionnel de ses salariés en insertion est finan-cée par une exonération totale des cotisations patronales de sécurité sociale pour l’emploi de salariéstravaillant jusqu’à un plafond annuel de 750 heures1.Son activité d’accompagnement peut également être complétée par un financement de la DDASSlorsqu’elle a conclu une convention spécifique avec le préfet en qualité de prestataire de service autitre de l’Appui Social Individualisé (ASI).D’autres financements particuliers peuvent être mobilisés pour des actions complémentaires d’accom-pagnement des personnes dans leur parcours (Ministère de la justice, collectivités territoriales, FSE...).

TEXTES DE REFERENCE• Articles L.322-4-16 et L.322-4-16-3 du code du travail (Loi 98-657 du 29/07/98)• Décret n°99-109 du 18/02/99

1 - Les entreprises ordinaires bénéficient de l’exonération sur les bas salaires. Seul le différentiel exonération spécifique moins exonération sur les bas salaires est à prendre en compte en matière de ressource financière apportée à l’insertion par l’activité économique.

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LA REGIE DE QUARTIER (RQ)SON ACTIVITE ECONOMIQUE SUPPORT

Appartenant au secteur mixte, la régie de quartier est une association de loi 1901 qui associe desreprésentants des collectivités territoriales, des bailleurs sociaux et des habitants d’un quartier. Elle poursuit une double démarche d’entreprise et de développement social et communautaire. Son rôle,en tant que structure de proximité, est en effet de restaurer les liens sociaux au sein du quartier. Pour exercer son métier, la régie de quartier passe des contrats aux conditions du marché avec lesbailleurs sociaux et les collectivités locales. Les activités supports qu’elle développe contribuent à rendreservice aux habitants du quartier et à apporter une réponse locale aux problèmes de l’emploi. Il s’agirapar exemple de la réhabilitation de logement, de l’entretien de l’habitat, des espaces verts ou des par-ties communes d’immeubles, de la maintenance ou des réparations diverses...

STATUT JURIDIQUEAssociation loi 1901

LES CONTRATS DE TRAVAIL UTILISESLes salariés sont recrutés sur des contrats de travail divers : • contrats de droit commun : contrat à durée indéterminée, contrat initiative emploi, contrat de

qualification, contrat d’adaptation...• contrats de travail à durée déterminée renouvelables deux fois dans la limite maximale de

24 mois (CDDI) lorsque la régie de quartier est conventionnée au titre d’entreprise d’insertion,• contrats emploi-solidarité, contrats emplois consolidés dans le cadre d’un chantier

d’insertion.

SON CADRE REGLEMENTAIRESeule l’adhésion à la Charte Nationale des Régies de Quartier et au Comité National deLiaison des Régies de Quartier (CNLRQ) autorise l’utilisation du label “régie de quartier“. Cependant, les régies peuvent être conventionnées comme structure d’insertion par l’activité économiquedans la mesure où elles ont pour objet spécifique l’insertion des personnes en difficulté. Dans ce cas, ily a nécessité : • d’une convention conclue avec l’Etat,• l’emploi de personnes rencontrant des difficultés sociales et professionnelles parti-

culières,• d’un agrément préalable des personnes par l’ANPE pour toutes les embauches sur les postes

conventionnés, y compris pour les CES ou CEC, si la régie a des activités d’utilité sociale.

SES RESSOURCES FINANCIERESIl n’existe pas comme pour les autres structures, de financements publics spécifiques à la régie de quartier.L’essentiel de ses ressources provient des prestations de services vendues aux donneurs d’ordre présentssur le territoire : collectivités locales, bailleurs sociaux, habitants, associations, entreprises.Lorsque la régie de quartier est conventionnée comme entreprise d’insertion, l’activité de requalificationet d’accompagnement socioprofessionnel de ses salariés en insertion est financée dans le cadre d’uneconvention conclue avec l’État. Cette convention prévoit pour les personnes agréées par l’ANPE et dansla limite du nombre de postes de travail défini, une exonération des cotisations sociales patronales et unfinancement forfaitaire de 50 000 francs par an et par équivalent temps plein1.D’autres financements particuliers peuvent être mobilisés pour des actions complémentaires d’accom-pagnement des personnes dans leur parcours (Ministère de la justice, collectivités territoriales, FSE...).

TEXTES DE REFERENCE

• Charte nationale des régies de quartier• Articles L.322-4-7 et L.322-4-8 du code du travail (CES, CEC) • Articles L.322-4-16 (I et II), L.322-4-16-1 du code du travail et décret n°99-107 du 18/02/99 pour

les régies de quartier conventionnées comme entreprises d’insertion• Article L.322-4-16 (IV) du code du travail et décret n°2000-502 du 7 juin 2000 (secteur mixte)

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1 - Les entreprises ordinaires bénéficient de l’exonération sur les bas salaires. Seul le différentiel exonération spécifique moins exonération sur les bas salaires est à prendre en compte en matière de ressource financière apportée à l’insertion par l’activité économique.

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LE CHANTIER D’INSERTION (CI)SON ACTIVITE ECONOMIQUE SUPPORT

Le chantier d’insertion est souvent réalisé à l’initiative des collectivités territoriales. Il se situe dans le secteur non concurrentiel.Il offre aux personnes accueillies une expérience professionnelle en situation de travail, ainsi qu’un accom-pagnement socioprofessionnel individualisé, fondé sur le développement d’une activité d’utilitésociale organisée à l’échelle d’un territoire (canton, quartier, commune, département...). Lesactivités supports consistent le plus souvent à mettre en valeur un patrimoine collectif naturel ou bâti. La mise en situation de production favorise une (re)mobilisation personnelle et professionnelle, une décou-verte des métiers, un (ré)apprentissage à la vie professionnelle, permettant une approche du marché del’emploi par les salariés accueillis.

STATUT JURIDIQUEAssociation loi 1901

LES CONTRATS DE TRAVAIL UTILISESLes salariés sont recrutés, en grande majorité, sur des contrats emploi-solidarité ou des contratsemplois consolidés.

SON CADRE REGLEMENTAIRE• Une convention conclue avec l’Etat, lorsque le chantier emploie des personnes en CES ou CEC.• Un agrément préalable des personnes par l’ANPE pour les personnes embauchées en CES

ou CEC.• L’emploi de personnes rencontrant des difficultés sociales et professionnelles parti-

culières.

SES RESSOURCES FINANCIERESIl n’existe pas, comme pour les autres structures, de financements publics spécifiques au chantier d’in-sertion. Les ressources peuvent être très diversifiées et proviennent : • des recettes issues de la vente des biens et services et des prestations réalisées dans le cadre des acti-

vités développées, liées à l’exécution d’un contrat passé généralement avec des organismes publics,parapublics ou associatifs,

• de financements mobilisés pour des actions d’accompagnement des personnes dans leur parcours(Ministère de la justice, collectivités territoriales, FSE...).

TEXTES DE REFERENCE• Articles L.322-4-7 et L.322-4-8 du code du travail (CES, CEC)• Article L.322-4-16 (III)• Article L.322-4-16 (IV) du code du travail et décret n°2000-502 du 7 juin 2000 (secteur mixte)

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A. ACCUEILLIRAccueillir, c’est établir une relation interper-sonnelle de qualité entre une personne qui seprésente et celle chargée de l’accueil1. C’estaussi prendre le temps de faire connaissance,de mesurer les possibilités de chacun et dedécider de la pertinence de s’engagerensemble ou non dans la construction d’un par-cours socioprofessionnel.

La fonction “accueil“ est présente à des degrésdivers dans toutes les SIAE. Alors que l’accueilne se réalise qu’au moment du recrutementdans les entreprises d’insertion, il est perma-nent et organisé dans les régies de quartier,les entreprises de travail temporaire d’inser-tion et les associations intermédiaires2. Cesdernières reçoivent en moyenne à ce stade 3 à 4 fois plus de personnes qu’elles ne pour-ront en faire travailler.

1. ECHANGER POUR APPRENDRE A SE CONNAITRE

1.1. Instaurer une relation de confianceLa richesse et la qualité de l’accueil résidentdans la capacité de l’équipe de la SIAE à éta-blir, dès les premiers instants, un contact cha-leureux qui mette la personne en confiance.

Cette relation de confiance passe par la

reconnaissance de la démarche de la personneet de l’importance qu’elle revêt pour elle. L’empathie, l’attitude ouverte dénuée d’a prioride l’accueillant est déterminante pour établirprogressivement le dialogue et apprendre àse connaître.

“Le fait d’être reconnue comme digne d’at-tention par ses interlocuteurs, de se voir témoi-gner des marques de politesse et de cour-toisie, incite la personne à exprimer sa situa-tion sans crainte d’être jugée ou rejetée, àdemander des informations sur les possibili-tés de l’organisme et sur ses conditions d’ac-cès. Un accueil de qualité permet égalementà la personne de reprendre contact sanscrainte pour entreprendre les démarches envue, d’accéder aux prestations de l’orga-nisme concerné. Bien sûr, ceci demande dutemps et ne peut se réduire à une mise enfiche“3.

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III. Le parcours d’insertion

UN CHEMINEMENT PAR ETAPES

1 - L’accueil selon le type et l’organisation de la structurepeut être réalisé par une ou plusieurs personnes : unaccompagnateur socioprofessionnel, un animateur, unesecrétaire en charge du premier accueil, ou directementle responsable de la structure, que nous appellerons icil’accueillant.2 - Le code du travail reconnaît aux associations inter-médiaires le rôle d’accueil des personnes sans emploiainsi qu’une mission plus large de suivi et d’accompa-gnement des personnes qu’elles ne peuvent embaucherimmédiatement. Cependant, la loi du 29 juillet 1998 n’apas précisé les conditions de financement de cette fonc-tion spécifique.3 - Un élément clé, le parcours individualisé/Jean-LouisAliaga - Paris : Centre Inffo - Actualité de la formationpermanente, n°129, mars Avril 94 - p.51

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1.2. Prendre en considération la demandede la personneC’est au moyen d’un ou de plusieurs entretiens,le plus souvent individuels, que la SIAE permetà la personne d’expliquer sa situation profes-sionnelle et personnelle, de préciser les raisonsde sa venue et sa motivation, de clarifier sesbesoins et ses attentes.

L’écoute attentive du professionnel, ses ques-tions, sa capacité à reformuler les propos dela personne pour s’assurer d’une bonne com-préhension, sont autant d’éléments importantspour tenir compte de l’itinéraire de vie retracépar la personne et poser les bases possiblesd’un parcours.

1.3. Présenter la structureLa personne, de son côté, ne peut être en capa-cité de choisir et d’utiliser à bon escient la SIAEque si elle en connaît son “mode d’emploi“.

Il appartient également à la SIAE de livrer lesinformations clés et de permettre à la personnede la questionner à son tour, pour qu’elle entre-voit les possibilités de l’utiliser dans le cadrede son cheminement.

L’accueillant présente la finalité et le fonction-nement de la structure ; les activités supportsqu’elle exerce.

Il en précise également les limites en expli-quant à la personne que le temps passé n’estqu’une période de transition utilisée pour seremobiliser, construire des compétences nou-velles, bâtir un projet. Ce dernier élément estprimordial pour ne pas laisser croire à la per-sonne qu’elle sera embauchée définitivementet lui donner ainsi de faux espoirs qui ris-

queraient de la conduire à une nouvelledéception.

2. LES CARACTERISTIQUES DE L’ACCUEIL EN SIAE

Dès l’accueil, les SIAE mettent à dispositiondes moyens diversifiés, plus ou moins étendusselon leur spécificité et leur organisation, pou-vant être utilisés en partie ou en totalité par lespersonnes, en fonction de leurs besoins.

2.1. Une écoute pour renouer des liens Les personnes se présentent le plus souventdans une SIAE parce qu’elles sont en quêted’un emploi ; certaines d’entre elles y revien-nent simplement pour un conseil, une oreilleattentive, se voir témoigner une attention, uneécoute dans ce lieu de proximité.

Les régies de quartier et les associations inter-médiaires proposent un accueil permanent.Situées en milieu urbain ou en milieu rural, cesstructures de proximité sont au plus près desgens :

• en milieu rural, la SIAE offre la possibilité derompre l’isolement et d’avoir à sa disposi-tion un interlocuteur capable de fournir desinformations et une orientation plus difficileà obtenir en campagne,

• en milieu urbain, elle est un moyen de renouerle lien social qui s’est effiloché au fil desannées dans les quartiers touchés par la pré-carité, l’exclusion, la stigmatisation.

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L’accueil à la régie de quartier ARU

“Dans sa pratique, la régie de quartier d’An-goulême tisse et attache la dimension socialeet la dimension économique. C’est donc natu-rellement que l’accueil des habitants s’effec-tue en pied d’immeuble dans un lieu de proxi-mité, ouvert et convivial.Certaines personnes du quartier souffrentd’isolement, d’autres ont besoin d’un soutienmoral, d’autres ont simplement envie de s’ex-primer, de parler. La régie est un lieu d’écoute, d’échange. Nousnous efforçons d’accorder à chacun l’atten-tion qu’il mérite, de relayer le cas échéantvers les structures, les acteurs pouvantrépondre à la demande exprimée. De très nombreuses demandes d’emploi sontfaites à la régie de quartier identifiée comme“l’entreprise“ du quartier. Nous sommes biensûr dans l’incapacité d’y répondre mais nousaccordons à chaque personne un accueil indi-vidualisé et nous essayons de lui proposerune première orientation au plus près des pré-occupations repérées”.

ARU, régie de quartier, Charente

2.2. Un lieu d’information La SIAE est également un lieu où l’on peut êtreinformé en fonction de ses besoins et de sasituation.

Ces informations peuvent concerner :

• la vie professionnelle lorsqu’elles portent, parexemple, sur les principales mesures d’aideà l’emploi, les dispositifs les plus courantsd’accès à la formation, les offres d’emploi,

• la vie personnelle pour des questions administratives, de santé, de logement, d’iso-lement ou d’ordre financier...La SIAE est un relais d’information qui pré-sente les lieux d’accueil, d’écoute, de soinoù la personne et son entourage peuvent serendre et trouver des réponses plus adap-tées à leur situation,

• la structure elle-même quand l’accueil indi-viduel est complété par une information collective.

L’accueil collectif à la SATE 86

“L’animateur présente la SATE 86, son objec-tif d’agir pour les demandeurs d’emploi, sonrôle d’intermédiaire entre les organismessociaux, les employeurs, les demandeursd’emploi. Tout cela est illustré avec des sché-mas, car c’est assez technique. Certaines per-sonnes sont illettrées. Il faut donc essayerd’être simple dans les illustrations.On leur explique que nous sommes leuremployeur. “On peut vous aider à résoudredes problèmes ce que ne fait pas un employeurclassique mais il ne faut pas nous considérercomme des copains“. On est comme un entraî-nement pour eux. C’est un contrat de travail.Ils ont le statut de salarié. On insiste sur le faitque l’association intermédiaire n’est qu’unpassage pour eux, un sas et qu’ils ne trouve-ront jamais un CDI ici.On aborde le système de mise à dispositiondans l’association intermédiaire et les règlesà respecter”.

SATE 86, association intermédiaire, Vienne

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Qu’elle soit donnée au cours d’un entretienindividuel, d’une réunion collective, par l’in-termédiaire d’une plaquette ou d’un livret d’ac-cueil, l’information est primordiale afin de gui-der la personne dans ses démarches person-nelles et professionnelles.

2.3. Un lieu de conseil individualisé etde mise en relation

Lorsque les besoins, les attentes des personnesne peuvent trouver de réponse au sein de lastructure et que l’information ne suffit pas àinciter la personne à entreprendre desdémarches de façon autonome, la SIAE est unlieu de conseil personnalisé.

Ponctuellement, la SIAE accompagne la per-sonne dans l’accomplissement de certainesdémarches :

• apporter son aide à la rédaction d’un curri-culum vitae, à la formulation d’une lettre demotivation ou pour accomplir des démarchesadministratives simples visant à rétablir desdroits sociaux (inscription ANPE, ASSEDIC,montage de dossiers d’aides...),

• la SIAE se sert de son réseau pour orienteret mettre en relation la personne vers les par-tenaires (ANPE, AFPA, mission locale, PAIO,services sociaux, associations diverses) dontla compétence sera en adéquation avec lesattentes de celle-ci.

La fonction d’accueil procède d’uneapproche globale de la personne. Elle estune première étape qui lui sert d’aiguillageafin de poursuivre son chemin avec ousans l’aide de la structure.Centré sur l’écoute, l’information et l’orien-tation, l’accueil suffit parfois à remobiliserles personnes. Pour d’autres, cette étapea mis en évidence que les réponses recher-chées ne se trouvent finalement pas ausein de la SIAE. Dans ces deux situations,le choix de ne pas poursuivre ensemblesera fait.

En revanche, lorsque les deux parties esti-ment qu’elles sont en mesure de construireun projet ensemble, la phase d’accueil seconclut par un recrutement.

B. RECRUTER

Comme toute entreprise, une SIAE élaboreune stratégie de recrutement en fonction deses besoins, ses objectifs et sa finalité. Elleajuste son recrutement en puisant dans lepublic éligible à l’IAE et recherche les per-sonnes qui assurent le meilleur compromisentre ses impératifs de production et sa mis-sion d’insertion.

En SIAE, le recrutement consiste donc à repé-rer les besoins et les potentialités du candidat,à vérifier qu’elle constitue le meilleur tremplinpour son insertion professionnelle et qu’ils pour-ront ensemble définir les composantes d’unvéritable parcours d’insertion socioprofes-sionnelle.

28 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

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1. PRESELECTIONNER LES CANDIDATURES

1.1. Le poids du territoireLa SIAE se situe dans un bassin d’emploiqui présente ses propres caractéristiquessocio-économiques. Il lui appartient de lesprendre en compte dans sa stratégie derecrutement.

a) La prise en compte des besoins des populations des territoires

Les besoins des populations guident les acteursdu territoire - associations, organismes sociaux,institutionnels - dans la recherche de stratégiesvariées qui favorisent l’insertion socioprofes-sionnelle et l’intégration dans l’emploi. L’action des SIAE s’inscrit dans cette dynamiquelocale.Cependant, si toutes les SIAE agissent pourcette finalité partagée, elles n’ont pas voca-tion à répondre à toutes les situations d’ex-clusion, qui recouvrent des réalités variées. Cesdernières nécessitent la mise en place demoyens différenciés, adaptés aux besoins etproblèmes rencontrés par les personnes exclues.

Les données socio-économiques du territoire,le repérage des actions déjà développées enréponse aux besoins sociaux amènent la SIAEà cibler les populations en difficulté pour les-quelles elle peut proposer une réponse com-plémentaire ou alternative à celles existantessur le bassin d’emploi.Certaines SIAE privilégieront ainsi l’accueil desfemmes, d’autres celui des jeunes et choisironten conséquence de développer une activitééconomique support adaptée. D’autres comme les régies de quartier s’adres-seront plus particulièrement aux habitants dela cité dans laquelle elles se situent.

D’autres encore opteront pour un mixage dessituations de leurs salariés lors de leur recru-tement : âge, sexe, expériences de vie et pro-fessionnelles différentes...

L’APTGV, une entreprise d’insertion créée pour favoriser l’intégration

des gens du voyage

L’APTGV est une entreprise d’insertion qui aété créée pour accompagner dans leur inté-gration socioprofessionnelle les gens duvoyage - jeunes ou adultes - devenus séden-taires ou semi-sédentaires. Le constat dresséétait que presque aucune famille de cette caté-gorie sociale ne vivait de revenus profes-sionnels, beaucoup étant dépendantes d’al-locations et de prestations diverses. La miseau travail était donc perçue comme un sup-port entraînant de fait l’insertion sociale.Pour répondre aux besoins spécifiques de cespersonnes, l’APTGV a développé une activitésupport en lien avec les compétences et la“culture“ de ces populations : le travail de lavannerie, le rempaillage et le cannage, l’en-tretien des espaces verts et le bûcheronnage.Le savoir-faire existant de cette population estvalorisé et perfectionné dans le cadre d’uneactivité professionnelle salariée. De plus, parson exercice, les personnes conservent la pos-sibilité de s’auto-déterminer (pas trop de rela-tion hiérarchique dans le travail). L’emploi salarié leur permet de se procurerleurs ressources de subsistance, d’être enfinautonomes. Ce revenu est réinjecté dans uneéconomie familiale. Il vise le bien-être indi-viduel, mais surtout celui du groupe et de sasurvie.

APTGV, entreprise d’insertion, Charente-Maritime

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b) Les acteurs du territoireLes SIAE, fortement ancrées dans le bassind’emploi, développent leur réseau et élaborentune stratégie de recrutement qui tient comptedes actions des différents acteurs du territoire.

Les partenaires1 avec lesquels les SIAE ont l’ha-bitude d’échanger sont en effet informés et asso-ciés au recrutement. Ils demeurent les principauxprescripteurs des SIAE, car ils ont déjà une bonneconnaissance du parcours des personnes.

“Dans un premier temps, lors du recrutement,nous rencontrons les référents qui ont orientéla personne, que ce soit les travailleurs sociaux,les assistants sociaux, les services de tutelle,l’animateur du chantier d’insertion”.

Responsable d’une entreprise d’insertion

Les stratégies et les modalités de recrutementsont donc hétérogènes d’une SIAE à une autre,puisque fortement liées à la configuration duterritoire sur lequel les structures se situent.

1.2. Les critères de sélection liés à la personne

Les critères de sélection ou pré-requis précisentles conditions d’entrée dans un parcours socio-professionnel. Ils sont intégrés dans une défi-nition plus large des postes de travail qui pré-sente le contenu général des activités, les tâchesà réaliser, les compétences à construire pen-dant le parcours.

Les critères administratifs généralement usitésdans les organismes institutionnels (bénéficiairedu RMI, chômeur longue durée, bénéficiairede l’allocation de solidarité spécifique...) necaractérisent pas les difficultés des personnes.

Ils masquent une grande hétérogénéité socialeque les SIAE doivent évaluer et prendre encompte.

L’orientation et la dynamique mise en œuvrepar la SIAE, l’amène à opérer des choix à l’in-térieur d’une population donnée, selon des cri-tères spécifiques.

– la situation des personnes Les SIAE prennent en compte certains critèressociaux liés à la situation des candidats : mobi-lité, santé, problèmes financiers, problèmesfamiliaux, problèmes de logement, l’expérienceprofessionnelle passée, les souhaits et les obli-gations de chacun. Pour ce faire, elles portent une attention parti-culière au parcours d’insertion engagé par lespersonnes par le biais d’autres dispositifs d’in-sertion.

– la motivation C’est un critère primordial dans le processusde recrutement des structures d’insertion.“La motivation de la personne, ou tout du moinssa capacité à se motiver, apparaît comme undes socles nécessaires à la survie de l’entre-prise d’insertion et fondamentale pour la pro-gression de la personne. Ce diagnostic estiméimpossible à faire par certains, vu le flou dece critère, semble reposer pour les autres res-ponsables sur l’attrait particulier qu’ils ont pourle dynamisme, l’insistance volontariste des pos-tulants, c’est-à-dire une volonté affichée de s’ensortir“2.

30 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

1 - ANPE, travailleurs sociaux, centres communaux d’ac-tion sociale, chargés de mission des PLIE, missions locales,PAIO, animateurs de CLI, autres structures d’insertion...2 - Les pratiques d’accompagnement dans les entreprisesd’insertion / DRTEFP Île de France - Horizons Île de France,hors série n°33, décembre 1996 - p.18

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31Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

La motivation recouvre différents aspects : moti-vation à acquérir telle ou telle connaissanceou savoir-faire dans un métier, motivation à tra-vailler, motivation d’ordre personnel (subveniraux besoins de sa famille...). L’expression deces motivations fait apparaître le ou les objec-tifs déclarés du candidat.Cependant, la motivation n’est pas toujoursdétectable dès le premier entretien. La mise en situation de travail contribue aussi à ladéclencher.

Mais les contraintes économiques et l’intégra-tion des structures d’insertion au secteur concur-rentiel font qu’elles doivent parfois privilégierles personnes qui leur paraissent les plus motivées.

– les aptitudes professionnelles pourl’activité économique de la SIAE(savoir-faire et savoir-être)

Les personnes recrutées doivent être en capa-cité de travailler. Certains postes de travaildemandent des aptitudes physiques, compor-tementales, techniques dont il faut parfois tenircompte pour ne pas mettre les personnes ensituation d’échec. Certaines SIAE vérifient ainsileurs aptitudes à occuper le poste de travailproposé.

L’ensemble des critères énoncés n’est pas rigideet ne forme pas un cadre strict dans lequel lespersonnes les plus exclues du marché du tra-vail ne trouveraient pas non plus dans les SIAE,une réponse, un lieu de remise au travail pro-gressive. Même si pour ces personnes, l’accèsà l’emploi n’est pas immédiat après leur pas-sage en SIAE, cette dernière restera une étapedans la construction d’un projet qui pourra sepoursuivre dans d’autres organismes.

Ces critères ne sont pas mis en place pour jugerla personne mais pour évaluer la situation danslaquelle elle se trouve, situer ses besoins, ses envies, ses manques ainsi que ses potentialités.

La sélection des candidats dans l’entreprise d’insertion

ENVIE 16

La présélection des candidats est assurée parALESIE1 sur recommandation des travailleurssociaux. Le candidat est engagé s’il satisfait àcertains pré-requis nécessaires pour exercerune activité manuelle à caractère “technique“.La chargée de mission “entreprise“ reçoit lescandidats, les oriente le cas échéant et pro-pose deux ou trois personnes. Un entretien alieu avec la directrice qui tente de vérifier :

• si la personne ne rencontre pas de contre-indication médicale concernant l’exercicedes travaux liés à l’activité d’ENVIE,

• si elle est éligible, c’est-à-dire si la résolu-tion de sa problématique peut se faire surun parcours en entreprise d’insertion,

• sa réelle motivation et si son projet est com-patible avec celui d’ENVIE.

A l’issue de cet entretien, certains candidatsse voient proposer une évaluation de 4 heuresen atelier sous la tutelle des chefs d’équipeafin de mieux percevoir leur potentiel pra-tique et manuel.

ENVIE 16, entreprise d’insertion, Charente

1 - ALESIE est une union locale de structures d’insertionpar l’activité économique de la Charente.

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2. LA PROCEDURE DE RECRUTEMENT

2.1. L’acte de candidatureLe plus souvent possible, le candidat postule defaçon traditionnelle, à savoir, l’envoi d’un cur-riculum vitae et d’une lettre de motivation. Eneffet, la démarche personnelle du candidat estplus opérationnelle. Elle permet de mesurer lacapacité de la personne à faire des recherchesd’emploi ; elle officialise la candidature et par-ticipe à la re-socialisation de l’individu.

La procédure de recrutement peut être aussiplus souple, l’entretien individuel approfondi,faisant souvent office de candidature.

D’autres formes de prise de contact peuvent sepratiquer dans les SIAE, notamment par l’inter-médiaire de l’ANPE et des partenaires sociaux. En effet, lorsqu’une SIAE a un poste ou unemission à proposer, elle en informe l’ANPE,qui est devenue, depuis la loi de lutte contreles exclusions, le partenaire obligé des SIAE.

Pour bénéficier des financements prévus dansles textes, ces dernières ne doivent recruterdorénavant que les personnes ayant reçu l’agré-ment de l’ANPE après un diagnostic de la situa-tion sociale et professionnelle des candidats1. Cette nouvelle obligation n’entache pas pourautant les relations déjà nouées avec d’autrespartenaires, mais elle est plutôt l’occasion demutualiser des compétences diverses au service de l’insertion socioprofessionnelle surun même bassin d’emploi.

2.2. L’entretien individuelLors de l’entretien individuel, les différents pointsde la candidature sont examinés à la lumièredu profil de poste prédéfini, de son curriculum

vitae et des informations transmises par lesprescripteurs.Dans les SIAE, l’objectif est de regarder avecle candidat si le travail proposé correspond àses souhaits, à son projet professionnel, lors-qu’il le formule, et à ses compétences afin d’évi-ter de le placer sur un poste qui ne lui corres-pondrait pas et le mettrait en situation d’échec.

2.3. La commission d’embaucheCertaines SIAE animent une commission d’em-bauche. Cette commission examine les candi-datures recueillies par l’ensemble des parte-naires chargés de l’accueil, de l’orientation,du placement, de l’accompagnement et dusuivi des personnes sans-emploi.La commission d’embauche est un moyen :• de cibler les personnes prioritaires,• de favoriser la circulation d’informations entre

les SIAE et leurs partenaires et de s’assurerainsi de la correspondance entre les besoinset les compétences des postulants et les pos-sibilités d’accueil et de requalification des SIAE,

• d’assurer une gestion prévisionnelle de main-d’œuvre au sein des SIAE.

Les commissions d’embauche ou de recrute-ment “jouent un rôle de responsabilisation àla fois au niveau du postulant et au niveau despartenaires“.2

La collaboration des différents acteurs sociauxgarantit une cohérence dans le parcours d’in-sertion d’une personne. Celle-ci est parfoisaccompagnée par plusieurs “référents“3 : ainsi,

32 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

1 - à l’exception des associations intermédiaires pour lamise à disposition de personnes auprès de particuliers etd’entreprises (missions de moins de 16 heures).2 - Les bénéficiaires des entreprises d’insertion : quelsparcours, quels effets / Elise Dos Santos - Poitiers : CREAHI,1994 - p.103 - Référent : professionnel qui est chargé du suivi de la per-sonne (assistante sociale, animateur de CLI ou de PAIO ...)

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Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

les échanges d’informations occasionnés parla commission d’embauche sur la situation(administrative, sociale, familiale...) de la per-sonne, les démarches personnelles et profes-sionnelles qu’elle a accomplies (formation,

santé, logement, recherche d’emploi...) per-mettent à chacun des référents de mieuxconnaître la personne. Des solutions indivi-duelles et adaptées à la situation de chacunpeuvent ainsi être trouvées.

3. UNE EMBAUCHE DOUBLEE D’UN ENGAGEMENT MUTUEL

Embaucher dans une entreprise ordinaire signi-fie, pour l’employeur et le futur salarié, établirun contrat de travail qui mentionnera les élé-

33

Le fonctionnement d’une commission de recrutement

La candidature de chaque personne recrutée à TREMPLIN ou TRI PLUS est étudiée au sein d’unecommission de recrutement composée : • des organismes d’accueil : mission locale, équipe de prévention, ANPE, Entraide Sociale

Poitevine...,• des services sociaux de l’État ou des collectivités : assistantes sociales, Comité de

probation, chargés d’insertion professionnelle du PLIE,• d’associations partenaires : association intermédiaire, CHRS...Compte tenu de la périodicité des contrats, les deux entreprises d’insertion de Poitiers sont ame-nées à réunir cette commission deux à trois fois dans l’année.TREMPLIN et TRI PLUS informent l’ensemble des partenaires du recrutement qui va avoir lieudans la structure. Cette information porte sur :• le nombre de postes à pourvoir,• la nature des postes à occuper,• le profil des personnes accueillies au sein de l’entreprise.Les partenaires, en fonction de ces critères, diffusent ces informations aux personnes qu’ilsaccompagnent. Dans les faits, le référent qui connaît la personne et son projet l’encourage àprendre contact avec la structure.Les postulants sont ensuite reçus en entretien d’embauche par les accompagnateurs sociopro-fessionnels des structures. A l’issue de ces entretiens, une liste de candidats est dressée.Cette liste sera discutée par l’ensemble des partenaires lors de la commission de recrutement. Danscette commission, chacun des participants apporte les éléments d’information sur le parcours despersonnes retenues sur la liste. Les membres de la commission effectuent leur choix au regard dela logique de parcours d’insertion de la personne et des réponses que pourra lui apporter l’entre-prise d’insertion grâce à la situation de travail et à l’accompagnement socioprofessionnel.

TREMPLIN, TRI PLUS, entreprises d’insertion, Vienne

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ments habituels (la nature du poste, le tempsde travail, la rémunération...).

Le contrat de travail existe également dans unestructure d’insertion mais il se double d’unengagement mutuel dans la construction d’unparcours d’insertion socioprofessionnel.Du point de vue du salarié qui vient d’être recruté,la signature du contrat de travail est importantecar elle lui procure un statut de salarié très convoité,après parfois plusieurs années de chômage, mêmesi ce nouveau statut n’est que transitoire.

L’originalité des SIAE est de s’engager, dès lasignature du contrat, à mettre en place diffé-rentes actions et moyens (mise en situation deproduction, apprentissage sur le lieu de travail,accompagnement socioprofessionnel, bilan pro-fessionnel, accès à des actions de redynami-sation, de formation ... ) dans le but d’amélio-rer et de développer l’employabilité du salariétout en lui laissant le temps d’intégrer progres-sivement les moyens mis à sa disposition.

De son côté, ayant toutes les informations utilessur la structure qui l’accueille et ses missions,la personne accepte l’idée que dans un oudeux mois, elle aura la possibilité de construire,chemin faisant, son projet professionnel au seind’une structure qui la conseillera, l’orientera,l’accompagnera dans le cadre d’un parcoursd’insertion socioprofessionnelle.

Il sera alors possible, à l’issue de cette pre-mière période, de conclure une succession decontrats d’objectifs marquant les étapes du par-cours socioprofessionnel de la personne ausein de la SIAE.

Les choix de recrutement des SIAE sontguidés par un seul et même objectif quivise la redynamisation sociale et la requa-lification professionnelle. Leur pari est d’at-teindre cet objectif tout en assurant leurviabilité économique sur des secteurs d’ac-tivité concurrentiels.

C. REQUALIFIER 1

Partant du postulat que personne n’est inem-ployable - sauf handicap grave - et qu’il y aplusieurs manières de retrouver, conserver etdévelopper son employabilité, les SIAE ontinvesti le champ du ré-apprentissage par lapratique.

Employeurs et formateurs, les SIAE utilisent lamise en situation de travail pour permettre àleurs salariés de construire les compétenceset les habiletés attendues sur le marché du tra-vail. Ces acquisitions de savoir-faire sont asso-ciées au développement des facultés d’adap-tabilité, d’un comportement professionnel etd’une expérience.

Mais toute situation de travail, quelle qu’ellesoit, n’est pas formatrice par elle-même et necontribue pas nécessairement à améliorer l’em-ployabilité. C’est pourquoi, les SIAE s’attachent à organi-ser les situations de travail de manière à cequ’elles deviennent formatrices.

34 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

1 - Le terme qualifier est ici employé dans le sens de laconstruction des compétences nécessaires pour occuperun poste de travail, à partir de l’expérience de travail etnon en référence à l’acquisition théorique de connais-sances.

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35Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

Chacune des structures, compte-tenu de sa spé-cificité, co-construit avec son salarié cette actionde requalification professionnelle aux objec-tifs différents : redécouvrir des gestes simpleset un quotidien organisé ; découvrir un métiermal connu ; se réentraîner à l’exercice d’uneactivité déjà exercée ; faire naître une moti-vation ; faire émerger des compétences igno-rées ; développer sa capacité à s’adapter àdes employeurs différents...

Agissant seules ou ensemble, selon les cas, lesdifférentes SIAE d’un bassin d’emploi mobilisentleurs moyens au service de leurs salariés. Ellesles complètent en développant des partenariatsavec des entreprises ou des organismes de for-mation grâce auxquels elles peuvent proposerà leurs salariés des acquisitions de compétencesou des formations qualifiantes, en complémentdu travail effectué au sein de la structure.

L’employabilité, une notion évoluant au fil du temps1

Depuis son apparition au début du siècle, ladéfinition de l’employabilité a beaucoup évo-lué utilisant, selon l’époque, des critères liésà la personne ou à son environnement.

Le terme apparaît en Angleterre en 1900.L’objectif était de séparer les personnesemployables de celles inemployables “pouréviter que des pauvres non motivés, tra-vailleurs occasionnels, indisciplinés etinstables ne viennent constituer de faux chô-meurs“2 . Cette distinction s’appuyait sur descritères médicaux, sociaux et sur l’aptitudede chaque individu à occuper un emploi etnotamment sa motivation.

Aux Etats-Unis, selon que les personnes répon-dent aux trois critères suivants : l’âge (16 à64 ans), l’aptitude physique et le comporte-ment (volonté exprimée de travailler), les chô-meurs sont soit orientés vers des emplois fédé-raux, soit vers l’assistance.

En 1940, Nixon introduit d’autres critères quine sont plus seulement liés à la personne (qua-lité productive de l’individu), mais égalementliés au marché de l’emploi et aux aspectslégaux et conventionnels de l’accès au travail.

Aujourd’hui deux sens sont donnés à la notiond’employabilité : • Une définition statistique donnée par lesociologue Raymond Ledrut : “l’employabi-lité désigne (...) l’espérance objective ou laprobabilité plus ou moins élevée que peutavoir une personne à la recherche d’un emploid’en trouver un“.• La montée du chômage a apporté undeuxième sens à cette notion en intégrantdorénavant les critères d’embauche desemployeurs. Ainsi, l’employabilité se définitcomme étant “l’attractivité d’un individu auxyeux de l’employeur potentiel“3.

1 - Le travail et l’emploi, un contenu et un contenant /Michel Adam - La Rochelle : CARIF, 1997 Repères n°24,(Les cahiers d’IRIS) p. 25 ; Analyse des facteurs d’em-ployabilité des bénéficiaires du revenu minimum d’in-sertion/Martine Roque, Jean-Bernard Chapelier - Poi-tiers, DRTEFP, 1994, p. 12 2 - Employabilité de crise et crise de l’employabilité / B. Gazier- 1989, p.503 - Représentation et employabilité en début de vie active/Ferrieux - Paris, 1992 (thèse de doctorat)

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1. INTEGRER LE NOUVEAU SALARIE

Dans les différents moments que compte unparcours d’insertion, la phase d’intégrationdans la SIAE constitue une période d’obser-vation importante tant du point de vue de lapersonne que de la structure.Observation du point de vue de la personnecar elle assimile peu à peu le rôle et les fonc-tions de la structure, elle repère les différentsinterlocuteurs qui la suivront tout au long duparcours. Observation du point de vue de la SIAE quirepère les forces et les faiblesses du salarié etdécouvre ses besoins en matière de qualifica-tion et de compétences professionnelles.

Cette première étape, qui peut durer dequelques semaines à trois mois selon les per-sonnes et les structures, va être l’occasion defixer les premiers objectifs à atteindre :• objectif de découverte du fonctionnement de

la SIAE, des services qu’elle peut rendre,• objectif de découverte des postes de travail

que la SIAE propose directement (entreprised’insertion, régie de quartier, chantier d’in-sertion...) ou indirectement (association inter-médiaire et entreprise de travail temporaired’insertion).

1.1. La découverte du fonctionnementd’une entreprise

Après plusieurs années de chômage pour cer-tains, la méconnaissance de l’entreprise et l’in-expérience pour d’autres, l’immersion dans lemonde du travail devient une épreuve à partentière.

A la fois convoitée (besoin de trouver un emploi,d’obtenir le statut de salarié) et redoutée (se

(re)mettre au travail), la mise en situation de tra-vail semble revêtir, pour la personne qui la vit,la forme d’un rite initiatique : on lui présenteles règles de fonctionnement de la structure, onlui donne quelques conseils pour l’aider à trou-ver sa place au sein de l’équipe de travail.

Le premier objectif est de réussir la mise au tra-vail. Alors, on ne bouscule pas, on écoute. Onlaisse le temps à la personne de se stabiliser,de digérer les échecs qu’elle a pu rencontrertout au long de son chemin de vie. Cette période d’intégration est là pour retrou-ver progressivement un rythme de travail,rompre l’isolement qui caractérise souvent l’en-vironnement des personnes en tissant des liensavec ses nouveaux collègues.

“Quand il arrive, le jour de son embauche, jelui présente globalement la structure, son fonc-tionnement, le rôle de chaque membre de l’équipesans lui donner toutes les informations. Je restegénéral pour pouvoir susciter des questions. C’estvolontaire de ma part, car ça lui laisse la libertéde poser des questions, d’aller vers les autres ;cela révèle également son intérêt à venir cheznous et à s’intégrer dans ce cadre nouveau. Celava donc dépendre des personnes. Certains s’in-tègrent à l’équipe en deux jours, d’autres en deuxmois, ça n’a pas d’importance, l’important estqu’il y ait une évolution”.

Encadrant technique d’une entreprise d’insertion

“Nous présentons toujours la mission aux sala-riés pour les rassurer. Il nous arrive parfois deles accompagner pour leur première mise à dis-position”.

Responsable d’une association intermédiaire

36 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

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37Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

L’immersion dans l’entreprise va être l’occa-sion pour la personne de mesurer ce que laSIAE peut lui apporter pour construire sespropres réponses tout au long de son parcours.

1.2. La découverte des postes de travail de la SIAE

a) Via la mise en situation de travailLes SIAE vont choisir avec soin les premières misesen situation de travail, utiliser leurs diversités pourque le salarié découvre les différentes activités etacquiert une vision globale de la structure.Les postes de travail sont divers d’une SIAE àl’autre car les secteurs d’activité qu’elles occu-pent sont eux-mêmes très différents : bâtiment,récupération-recyclage, espaces verts, net-toyage, services aux personnes, mission d’in-térim auprès des entreprises locales...Les conditions d’exercice des activités peuventêtre également diversifiées au sein de la struc-ture. En effet, le salarié peut être amené à tra-vailler seul ou en équipe, avec différents col-lègues ou différents encadrants, dans des lieuxdifférents sur des chantiers ou au domicile departiculiers.Il peut aussi occuper plusieurs postes de tra-

vail par roulement dans les entreprises d’in-sertion ou par missions successives dans lesassociations intermédiaires ou les entreprisesde travail temporaire d’insertion.

“Une fois que l’on est sur le chantier, et en fonc-tion des caractéristiques du chantier, des tâchesà réaliser, je fais mon possible pour que le nou-veau salarié travaille avec moi ; même à côtéde moi physiquement. Tout en travaillant, jel’observe et amène la discussion (...). Je lui poseaussi des questions sur le plan technique, surce qu’il a déjà fait ou déjà vu, (...) sur ses pro-

jets (...). Cette discussion permet d’avoir uneinformation par les réponses qu’il donne et nousguide dans ce que l’on va mettre en place aveclui. Par exemple, s’il me dit qu’il a déjà peint,alors je lui confie une activité de peinture etl’on va vérifier ensemble quels sont ses acquis”.

Encadrant technique d’une entreprise d’insertion

Le rôle de l’encadrant technique dansla découverte du poste de travail

“Il s’agit de choisir avec soin le premier postede travail que va occuper tel ou tel arrivant,pour que ce premier travail se réalise sous lesigne de la réussite et non de l’échec queconnaissent trop bien les personnes accueillies.Préciser tout d’abord l’objectif du travail àaccomplir, son utilité, donc donner du sensà l’action. Montrer ensuite les gestes profes-sionnels qui conduisent au bon résultat, doncprouver en acte que c’est possible. Puis gui-der avec doigté en étant ni trop présent etcritique, ni trop absent et complaisant. Lais-ser tâtonner, expérimenter, mais inviter l’autreà regarder son travail et à le juger par lui-même... à s’auto-évaluer, donc à rectifier toutce qui doit l’être et ce qui peut l’être sansattendre forcément l’avis (vécu parfois commeun verdict) de son encadrant.Aider la personne à mettre en jeu ses capa-cités, sa confiance, à travailler sur les erreursqui ne sont pas des fautes, déculpabiliser,discuter, écouter le découragement ou ladéprime mais inlassablement encourager,avec une patience exigeante et un goût incu-rable pour le travail bien fait”.

Administrateur d’une entreprise d’insertion

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b) Via la formation aux postes de travail Certaines SIAE accompagnent cette phase d’im-mersion par des modules d’intégration aux dif-férents postes de travail proposés. Positionnéessur des secteurs d’activité nécessitant des compétences spécifiques, elles assurent uneformation aux techniques de base présentantles caractéristiques des différents postes de tra-vail, les matériaux, les outils utilisés, les règlesde sécurité ... Cet apprentissage des techniqueset connaissances de base s’avère indispen-sable avant d’intégrer pleinement la personnesur le poste de travail, ceci pour des raisonsde sécurité mais aussi pour vérifier la motiva-tion du salarié et ses aptitudes sur ce poste.

“Nous mettons en place une étape préalable dedécouverte : il s’agit d’une phase où l’on découvreles personnes et pendant laquelle on réalise unepré-formation au métier d’agent de déchetterie,de façon à ce qu’ensuite, elles ne se retrouventpas embauchées sur le poste d’agent de déchet-terie sans savoir quoi faire. Cette phase nous per-met aussi d’inventorier les problèmes rencontrés”.

Responsable d’une entreprise d’insertion

Toute la phase d’intégration a été marquée parl’observation des apports et des échanges mutuelsqui peuvent exister entre le salarié et la SIAE.

2. RENDRE LE TRAVAIL FORMATEUR

Le parcours d’insertion qui s’est esquissé dansun premier temps sous le signe de l’intégrationdu salarié par la mise en situation de travailet la fixation des premiers objectifs, va pou-voir s’organiser et s’étoffer, en visant la requa-lification professionnelle du salarié, et en fixantde nouveaux objectifs dans le but d’aboutir à

terme à la construction par le salarié de sonprojet professionnel. L’engagement mutuel défini entre la structureet le salarié se concrétise tout au long du par-cours, par la fixation d’une succession d’ob-jectifs partagés, formalisés ou non par un écrit,mais toujours exprimés.

“La notion de travail par objectif est impor-tante. L’intérêt du contrat d’objectif est qu’ilpermet de nommer le type de parcours que lesalarié va réaliser dans la SIAE. Et nous, nousnommons les moyens que nous sommes enmesure de lui proposer. Il s’agit d’un engage-ment mutuel défini, avec une échéance puisquenous nous fixons des étapes”.

Responsable d’un regroupement de structures

2.1. Utiliser la dimension technique du travail

Le parcours d’insertion s’inscrit dans unelogique de trajectoire vers l’emploi. C’est dansun cadre bien défini que les personnes vontpouvoir progressivement retrouver des repères,des réflexes professionnels. Ces repères, donnés par la structure et accep-tés par la personne, apparaissent indispen-sables pour qu’elle parvienne à réactiver, àvaloriser puis à développer ses compétencesprofessionnelles.

a) Partir du travail à réaliser...En fonction de la production à réaliser par laSIAE, le cadre de travail va systématiquementêtre présenté et explicité au salarié. Pour cha-cune des mises en situation de travail propo-sées, les SIAE vont, à partir des contraintes deproduction, définir avec la personne des objec-tifs palpables et réalisables.

38 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

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40 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

En association intermédiaire et en entreprisede travail temporaire d’insertion, l’efficacitéde la mise à disposition d’un salarié commencepar une bonne prise de commande. Précise,elle permet de mesurer la complexité des tra-vaux et de définir le profil de la personne quisera en capacité de les réaliser.

La prise de commande dans une ETTI

“Lors d’une mission d’intérim, on demande auclient de définir le plus précisément possiblela nature des tâches, le contexte de la mission,les conditions de travail, la qualification deman-dée... On précise les résultats à atteindre.On décrit la tâche à la personne, le résultat etla qualité à atteindre et on lui demande si ellese sent apte à la réaliser. On précise au sala-rié qu’il a le droit d’arrêter la mission si les condi-tions de travail définies ne sont pas respectées. Cet échange avec la personne en amont dela mise à disposition est un moyen de nom-mer les enjeux, de préciser et de retracer lesengagements dans le contrat. Ce contrat ver-bal permet à la personne de se situer. Le contrat de travail reprend les élémentsnégociés : la définition de la tâche, le niveaude qualification, le temps de réalisation, lapériode de souplesse”.

INTERIM ADRESSE, Charenteentreprise de travail temporaire d’insertion

En entreprise d’insertion, en régie de quartierou en chantier d’insertion, c’est l’encadranttechnique1 qui, en tant que responsable desobjectifs de production et d’apprentissage,choisit et adapte les situations de travail.

“Sur un chantier, l’activité se décompose en plu-sieurs tâches. Je connais les tâches que tel ou telsalarié est capable de réaliser pour progressersans pénaliser la production (...). En fonctiondes objectifs de réalisation du chantier et de lacapacité de l’équipe à les atteindre, je vais répar-tir individuellement les tâches et fixer des objec-tifs de production atteignables par l’équipe”.

Encadrant technique d’une entreprise d’insertion

Cette définition précise du travail à réaliser per-met de fixer des objectifs opérationnels parta-gés par la structure et la personne. Ainsi déterminés, ils donnent la possibilité à lapersonne de se représenter la tâche à accompliret d’appréhender le résultat à atteindre dans laproduction. La structure, de son côté limite l’échecde la mise en situation de travail, préjudiciableà la dynamique de la personne comme à l’exé-cution de la commande économique.

b) ... pour favoriser l’apprentissageLa SIAE essaie de concilier les objectifs d’ap-prentissage de chaque salarié et les objectifsde production de la structure. Elle construit etmet en œuvre une “formation-production“ indi-vidualisée qui consiste à organiser et à amé-nager le travail pour transformer la situationde production en situation d’apprentissage etce, tout en étant garant de la qualité et desdélais de la production.

La formation en situation de travail vise doncà se servir de la production pour faciliter l’ac-quisition des savoir-faire nécessaires à l’exer-cice d’un métier.

Organisées dans le temps, les mises en situationde travail favorisent l’apprentissage, le ré-appren-

1 - Le chef d’équipe, chef de chantier, mais dans tous lescas tuteur.

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41Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

tissage puis le perfectionnement des compétencestechniques mises en œuvre dans un métier.

Dans son activité quotidienne, le salarié : • (re)découvre et perfectionne ses gestes pro-

fessionnels, • intègre progressivement les risques physiques

liés à l’activité exercée et assimile les règlesde sécurité indispensables dans le travail,

• apprend à choisir les outils les mieux adap-tés, à les utiliser, à les entretenir,

• retrouve un rythme de travail, une cadencede production,

• maîtrise les méthodes et le processus de pro-duction pour pouvoir s’organiser progressi-vement...

c) Une démarche pédagogique La réalisation concrète d’un travail permet ausalarié d’utiliser et de construire des compé-tences dans une situation donnée. Cela nesignifie pas pour autant qu’il sera capable d’uti-liser les mêmes techniques dans d’autres cir-constances.

Pour aider ses salariés à transférer leurs com-pétences d’une situation de travail à une autreet à visualiser leur apprentissage, certainesSIAE mettent en place une organisation du tra-vail et des moyens adaptés : inventaire despostes de travail, des tâches, fiches de poly-valence, cahiers d’objectifs opérationnels, entre-tiens, encadrement.

Ces “outils“ sont utilisés par les structures pouraider le salarié à organiser et à structurer sontravail, lui permettre de compléter et de for-maliser l’apprentissage sur le tas, d’apprendreà transférer ses compétences.

Les guides d’activités d’ENVIE 16

Dans chaque poste de travail, le chef d’équipepasse entre 1h et 2h par jour avec chaqueopérateur pour lui apprendre directement lestechniques d’intervention et de recondition-nement des appareils électroménagers. Il s’appuie sur les guides d’activités. Il enexiste quatre : la sécurité électrique, le “froid“,le “lavage“, la “cuisson“.Ces guides ont pour but : • de permettre aux salariés d’acquérir de

compétences techniques de base et uneméthode de travail,

• de les entraîner dans une dynamique deformation,

• d’éclairer leur apprentissage en situationde travail.

ENVIE 16,entreprise d’insertion, Charente

– Utiliser la variété des situations de travail

Lorsque les activités économiques supports sontdiversifiées, les SIAE utilisent cette variété desmises en situation de travail pour que leurssalariés développent une certaine polyvalencesur le métier et une adaptabilité de plus en plusrecherchée par les entreprises.

En amenant les salariés à changer de poste,de lieu, d’activité, d’équipe de travail, les SIAEles obligent à ne pas s’enfermer dans des habi-tudes et à rester dans une dynamique de for-mation.

Les salariés découvrent en outre des conditionsde travail variées et les différentes facettes d’unmétier, d’une activité, qu’ils pourront être ame-nés à exercer à leur départ de la structure.

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L’entreprise de travail temporaire d’insertionet l’association intermédiaire sont les SIAE quipermettent de travailler plus particulièrementcet aspect dans un cadre pluri-entreprises.

– Les référentiels d’activitésIls définissent précisément les tâches à accom-plir dans une situation de travail déterminée.Ils servent de base objective au salarié pourévaluer ses compétences au regard des objec-tifs déterminés.

– Les fiches d’objectifs opérationnels Elles décrivent les situations de travail. Les fichestechniques qui présentent le matériel, les condi-tions de travail constituent des repères profes-sionnels en précisant, structurant et renforçantles engagements respectifs.

– Un accompagnement dans le travail

L’encadrant technique est la personne qui passele plus de temps avec les salariés dans le cadrede la production. Il gère les conditions favorablesà l’apprentissage pour chacun des salariés.Son rôle consiste notamment à : • traduire les objectifs de production en objec-

tifs pédagogiques, • apprendre les gestes à accomplir en prenant

le temps de les montrer, de les expliquer pourque le salarié les reproduise à son tour,

• évaluer les séquences de formation en situa-tion de travail,

• susciter la motivation des salariés,• identifier leurs besoins et leurs souhaits de

formation,• aider les personnes à mettre en œuvre leurs

capacités, à retrouver confiance, • les amener à travailler sur leurs erreurs, à

progresser.

2.2. Utiliser la dimension socialisante dutravailAu delà des compétences techniques, l’occu-pation d’un emploi en entreprise implique quele salarié réponde aux exigences sociales dutravail, de l’entreprise et de sa culture. C’estla dimension socialisante du travail qui toucheau comportement, au savoir-être de la per-sonne.

En SIAE, on prend le temps de présenter etd’expliquer les règles aux salariés, ce qui n’estpas le cas dans l’entreprise ordinaire. Elles fontparfois l’objet d’un but à atteindre pour la per-sonne, l’objectif étant de l’amener à réintégrerprogressivement les “normes“ de fonctionne-ment de l’entreprise.

42 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

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a) Se conformer aux différentescontraintes de l’entreprise

Pour permettre aux salariés de reprendre unrythme, d’intégrer les notions fondamentalesde l’emploi (respect des horaires, des consignes,d’un emploi du temps ou d’un planning de plu-sieurs semaines), certaines structures aména-gent une durée progressive de travail, laissantainsi le temps au salarié de s’organiser.

“Dans le cadre de l’activité de nettoyage de notreentreprise d’insertion, nous employons une majo-rité de femmes. Lorsqu’elles arrivent, elles tra-vaillent sur un contrat à temps partiel. Elles dis-posent ainsi de temps pour réorganiser progres-sivement leur vie de famille. Ensuite, nous leurfaisons des propositions de travail complémen-taires chaque fois que nous estimons qu’elles sontprêtes à augmenter leur volume de travail”.

Responsable d’une entreprise d’insertion

“A la première mission, on envoie les personnesdans les organismes déjà sensibilisés à notreaction. On fait attention à cela de manière à lesmettre en confiance dans un environnement quileur correspond. On teste les personnes sur despetites missions pour repérer leurs compétences.On ne les mets pas tout de suite en entreprise carmême si elles sont motivées et de bonne volonté,elles n’ont pas toujours le “vernis” nécessaire”.

Responsable d’une association intermédiaire

b) Vivre des relations humaines dans le cadre professionnel

La SIAE se sert du travail pour que les per-sonnes développent leur capacité à communi-quer, à s’intégrer. Ces objectifs sont concrète-ment traduits dans les mises en situation de tra-vail et les activités proposées.

La SIAE devient ainsi le lieu de restaurationdes liens sociaux où les personnes, d’horizonsdifférents, apprennent à se côtoyer, à cohabi-ter, à communiquer et à coopérer les unes avecles autres.

L’accompagnateur socioprofessionnel, l’enca-drant technique sont à l’écoute des salariés,prêts à expliciter les règles de savoir-être, lescontraintes et les exigences du travail enéquipe, à rappeler les devoirs comme les droitsde chacun.

“Lorsqu’au bout d’un mois, une personne neparle pas, qu’elle est introvertie, qu’elle resteisolée, nous l’encourageons à travailler enéquipe”.

Encadrant technique d’une entreprise d’insertion

3. RENOUER AVEC LA FORMATION

La mise en situation de travail peut aussi démon-trer par elle-même au salarié l’intérêt de se former.L’expérience et le savoir-faire demeurent desatouts maîtres pour optimiser ses chances d’ac-cès à l’emploi.Les entreprises ont besoin de personnes adap-tées aux postes de travail, tels qu’elles les pro-posent. Le parcours réalisé en SIAE suffit sou-vent à obtenir ces résultats. Cependant, il estparfois nécessaire d’inciter les personnes àsuivre une formation complémentaire.

44 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

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45Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

3.1. Développer ses savoirs de basePour permettre au salarié de développer sessavoirs de base, des formations de remise àniveau sont proposées par les structures, enpartenariat avec un ou plusieurs organismes.Pour l’un, il s’agira de se remettre à niveauafin de préparer une qualification ou undiplôme au métier qu’il souhaite exercer ; pour

La formation, une solution pour répondre simultanément aux besoins de ses salariés et de ses clients

“L’emploi sur Loudun et sa région a subi de profondes mutations aux cours des dix dernièresannées. Les industries comme la mécanique productique, la métallurgie et la transformation demétaux, le BTP se sont développées et restent créatrices d’emplois.En démarchant les entreprises du Loudunais, nous nous sommes aperçus rapidement de la dif-ficulté pour les employeurs de trouver une main-d’œuvre qualifiée sur les emplois qu’ils pro-posaient (maçon, couvreur, plombier-chauffagiste, chaudronnier, soudeur, serrurier/métallier,opérateur régleur, conducteur d’installation). C’est sur ces emplois que les besoins sont réelset qu’il faut faire porter l’effort de formation.Parallèlement, nous rencontrons des difficultés à placer les demandeurs d’emploi de notre struc-ture sur les missions d’intérim proposées par ces entreprises. C’est à partir de ce constat quenous avons décidé de mettre en place un dispositif de formation qualifiante.En 1999, nous avons mis en place une formation technique “initiation au soudage MAG“ avecl’ASFO86.En janvier, nous avons pris contact avec 21 personnes pour valider la motivation des candi-dats, définir ensemble le projet professionnel et tenir compte de la situation individuelle de cha-cun, des difficultés à résoudre. A l’issue de cette information, un rendez-vous a été pris avec 5personnes, 3 d’entre elles ont été retenues pour suivre la formation qui se déroulait en mai etjuin. Les trois participants ont obtenu la qualification de “soudage MAG “. A l’issue de leur for-mation, ils ont directement été mis à disposition en entreprise. Le résultat est positif car les personnes satisfont au travail qui correspond à la qualificationqu’elles ont obtenue : • Bruno, en mission d’intérim pendant 1 mois est maintenant en CDD dans la même entreprise,• David, placé d’abord en intérim est maintenant en CDD dans une autre entreprise,• Samuel s’est vu proposé un CDI après sa période d’intérim.A la demande des entreprises, nous mettons en place une nouvelle formation soudure. La pro-chaine information collective concerneraune vingtaine de personnes. Nous espérons former ainsi 10 personnes au cours de l’année2000”.

EURL Loudun Interim, entreprise de travail temporaire d’insertion, Vienne

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l’autre, il s’agira d’être plus autonome dansson travail ou dans sa vie quotidienne en appre-nant ou réapprenant à lire ou à écrire...

“Les personnes s’engagent dans une formationde remise à niveau pour des raisons différentes.Lorsqu’elles ont le projet d’entrer en formationqualifiante et qu’elles n’ont pas le niveau requisà l’issue d’un test d’entrée en formation AFPA,l’entreprise d’insertion leur permet d’enclen-cher une remise à niveau afin d’accéder ulté-rieurement à la formation qualifiante. On remetsur les rails les personnes qui ont un projetdéterminé. Dans ce cas, la remise à niveau estune sorte de passage obligé pour la réalisationde leur projet professionnel.D’autres salariés s’engagent dans une remiseà niveau pour mieux s’exprimer, mieux maî-triser l’écrit. C’est un moyen d’insertion sociale.Elle permet aux personnes de mieux parler, delire et de comprendre les consignes qui leur sontcommuniquées, d’aider leurs enfants dans lecadre de leur scolarité, d’avoir plus de facilitéà rechercher un emploi”.

Accompagnatrice socioprofessionnelle d’une entreprise d’insertion

3.2. Perfectionner ses savoir-faire techniques

a) via une formation en lien avec le métier support de la SIAE

Pour compléter les compétences construites ensituation de travail, certaines SIAE réalisent,seules ou avec des partenaires (organismes deformation, entreprises), des apports formalisés. Les objectifs de ces actions de formation sontguidés par les besoins de compétences requisdans le cadre de la production. La formation vise alors à préparer les salariés

au travail à réaliser. Elle contribue égalementà conceptualiser une pratique que le salarié aexpérimentée, à l’enrichir et à la perfectionner.

“En association intermédiaire, nous n’avonspas de tuteur. Ce sont les exploitants agricoles,nos clients, qui, dans un premier temps se sontinterrogés avec nous sur les possibilités de for-mer les personnes. Nous avons mis en place uneformation à la taille de la vigne, et cette for-mation technique est prolongée auprès de cestuteurs qui acceptent d’accueillir les salariéspendant un certain temps”.

Responsable d’une association intermédiaire

b) via l’entreprise pour une formation sur mesure

Limitée à ses domaines d’activités, la SIAE nepeut fournir à ses salariés que les compétencesliées aux postes correspondants à ces domaines.C’est pourquoi le salarié et la structure s’em-ploient à rechercher à l’extérieur des solutionsadéquates qui permettront au salarié de s’ache-miner vers la réalisation de son projet.

L’entreprise offre un champ d’apprentissage quipeut, comme en SIAE, être aménagé en vue depermettre au salarié de développer ses com-pétences sur le métier qu’il souhaite exercer.

Un partenariat entreprise d’insertion/entreprise pour la

formation des salariés en insertion

VAPEUR EXPRESS est une entreprise d’insertiondont les activités économiques supports sont lerepassage du linge des particuliers, la revalo-risation et la vente des textiles d’occasion.

46 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

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47Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

L’expérience de travail a permis à une dessalariés de réactiver ses compétences dansle métier de vendeuse qu’elle pratiquait avantde connaître une longue période de chômage. Elle souhaite exercer à nouveau ce métier etse spécialiser dans la vente de textile.Une convention de partenariat/formationentre VAPEUR EXPRESS et le magasin CARREFOUR permettra le détachement desalariés pour qu’ils réalisent un stage de for-mation en entreprise.Un jour par semaine, et ce pendant une duréede 3 à 6 mois, la personne sera formée ensituation de travail, sur les techniques com-merciales utilisées chez CARREFOUR, sousla tutelle du chef de rayon textile.Les tâches enseignées ainsi que les étapesde l’apprentissage sont définies conjointe-ment entre l’encadrement de VAPEUREXPRESS et le tuteur de CARREFOUR, sur labase d’un référentiel interne à CARREFOUR.Tout au long de la formation du salarié, desrencontres régulières ont lieu entre VAPEUREXPRESS et CARREFOUR afin d’évaluer laprogression de la personne et d’effectuer lesuivi du partenariat.La formation de la personne fait l’objet d’uncertificat de compétences signé par les deuxpartenaires, listant les niveaux obtenus pourles différentes tâches définies dans le réfé-rentiel. Outre l’intérêt que ce document repré-sente pour s’assurer des savoir-faire acquis,il est un réel atout pour le salarié pour safuture recherche d’emploi. Il permet égale-ment au magasin CARREFOUR de repérer,en cas de besoin, ses éventuels futurs sala-riés, des salariés qu’il aura lui-même formés.

VAPEUR EXPRESS, entreprise d’insertion, Deux-Sèvres

Il n’existe pas de voie unique pour permettre aux salariés de redevenir“employables“.La réussite de ces ré-apprentissages résideprincipalement dans l’articulation desmoyens mis à la disposition des salariés.Ces moyens se mobilisent, s’aménagentet se coordonnent en fonction des besoinsque le travail et l’accompagnement contri-buent à faire émerger. Adaptés et réajus-tés en permanence, ils permettent à la personne de modeler et de construire sonparcours socioprofessionnel dans unedynamique qui lui est propre ; à la SIAEd’accompagner cette construction.

D. REDYNAMISER

Au-delà de la requalification professionnelle,les SIAE s’emploient à redynamiser les per-sonnes : elles leur permettent de passer d’unesituation assignée par les circonstances à uneattitude volontaire, fondée sur leur responsa-bilité et leur autonomie. Elles constituent unespace où l’on accompagne chacun dans lareconstruction d’une identité à la fois socialeet professionnelle. Certaines SIAE ont choisi d’employer desaccompagnateurs socioprofessionnels poureffectuer ce travail de redynamisation socialealors que d’autres préfèrent externaliser l’ac-compagnement en misant plus sur le réseauassociatif et institutionnel environnant. L’orien-tation choisie dépend essentiellement des finan-cements dont dispose la SIAE.

Cependant, qu’il soit interne à la structure ouréalisé par des partenaires, le travail d’ac-compagnement consiste à utiliser les mesures

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et dispositifs existants, à favoriser les complé-mentarités entre les organismes ayant compé-tence à résoudre des problèmes psycholo-giques, de logement, de santé...

Au sein des SIAE, le rôle de l’accompagnateursocioprofessionnel est de repérer les freins quiempêchent la personne de réintégrer le mar-ché de l’emploi tout en s’appuyant sur le poten-tiel et la motivation de celle-ci à prendre sondestin en main ; c’est aussi l’aider à se situerdans le dédale des mesures, des dispositifs etdes institutions pour l’amener progressivementà faire valoir ses droits de citoyen ; c’est fina-lement intégrer le salarié dans une dynamiquede groupe utilisée comme moteur de sa propremotivation et de sa créativité.

1. RESTAURER UNE IMAGE POSITIVE DE SOI

Les galères vécues, les échecs répétés condui-sent le plus souvent la personne en difficultéd’accès à l’emploi à se définir sous l’angle desdifficultés qu’elle vit. Avec le temps, ces diffi-cultés finissent véritablement par être créatricesd’identité pour elle : ses ressources person-nelles, ses atouts, ses potentialités restent enfouiset n’ont plus l’occasion de s’exprimer.

“La situation classique que nous rencontrons enassociation intermédiaire, c’est la personne quia une compétence mais qui l’a oubliée, qui a euun métier, qui l’a exercé longtemps, qui ne le saitplus, qui n’a plus confiance, qui ne sait plus sevendre, qui ne sait plus se rendre au boulot, quine sait plus s’y comporter. On est là pour luiredonner confiance et la remotiver au travail”.

Responsable d’une association intermédiaire

Dans ces conditions, les choix personnels nepeuvent émerger. De son côté, la SIAE ne peutdemander à la personne de s’impliquer dansla construction d’un projet ou d’être en capa-cité d’envisager l’avenir sous un autre jour tantqu’elle porte sur elle cette image négative.

1.1. L’importance de la relation entre la SIAE et la personne

Inverser le courant pour redonner une imagepositive à la personne est un travail difficilequi demande des qualités d’écoute, de com-préhension, de disponibilité.

Pour aider la personne à construire une imagepositive d’elle-même, l’accompagnant va noueravec l’accompagné une relation de confiancequi se fonde sur l’idée que tout individu peutconnaître un jour des situations fragilisantes leconduisant peu à peu vers l’exclusion.

Le fait de partager les mêmes difficultés faceà l’emploi que les autres salariés en insertion,de ressentir l’intérêt que porte les permanentsà sa propre progression provoque une com-munauté de situation propice à une action deremobilisation sociale et professionnelle.

“La confiance s’établit petit à petit. On garan-tit la confidentialité. La personne se rendcompte qu’on est là pour l’aider et l’accompa-gner dans ses démarches et non pas pour lajuger”.“Les salariés n’ont pas d’a priori vis-à-vis deleur collègue de travail, chacun prend l’autretel qu’il est même s’il existe comme dans touteentreprise des désaccords entre salariés”.

Accompagnatrice socioprofessionnelle d’une entreprise d’insertion

48 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

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49Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

Une relation fondée sur une communauté de situation

“Le lien social ne s’enracine pas dans unecommunauté d’origine (ethnique, religieuse,sociale) mais dans une communauté de situation (association de chômeurs, entreprised’insertion, association de quartier...) [...] Lareprésentation sociale qui sous-tend l’ac-compagnement est celle-ci : les individus sontplus ou moins fragiles face aux facteurs d’ex-clusion qui peuvent potentiellement atteindre n’importe qui. Dans ce cadre l’accompagnantest quelqu’un qui, pour différentes raisons,est moins fragile que l’accompagné, mais quia en commun avec l’accompagné de parta-ger les mêmes risques (“nous sommes tousdes chômeurs en puissance...“). Les déterminismes sociaux, lorsqu’ils sont évo-qués, sont d’abord analysés comme descumuls de situations fragilisantes, avant d’êtreinterprétés comme le résultat de l’apparte-nance à des groupes sociaux spécifiques“.

Accompagnement social et insertionUNIOPSS - Paris : Syros,

1995 - p 65 et 66

“Le travail de groupe réalisé a favorisé unereconnaissance mutuelle entre les gens,notamment entre ceux qui n’étaient pas trèséloignés de l’emploi et ceux qui étaient auchômage depuis plus de temps et quin’avaient pas de qualification. Ils ontconstaté qu’ils avaient les mêmes préoccu-pations et qu’ils n’étaient pas différents lesuns des autres”.

Accompagnatrice socioprofessionnelle d’une association intermédiaire

1.2. La résolution des problèmes connexes

Accompagner une personne vers le marché del’emploi, ce n’est pas seulement l’aider àconstruire un projet professionnel et dévelop-per ses compétences techniques mais c’est aussirésoudre avec elle et à sa demande des pro-blèmes connexes qui peuvent être des besoinsvitaux comme se loger, se soigner, accéder àses droits. Sans la résolution de ces difficultés, la remiseau travail risque d’être à nouveau un échecparce que les multiples dimensions de l’inser-tion n’auront pas été appréhendées. Grâce àl’emploi retrouvé et au revenu qu’il procure, lapersonne entre dans une démarche de réso-lution des problèmes qui constituaient autantde freins à son insertion professionnelle.

“On comprend qu’une personne ne réussisse pasune mission ou qu’elle ne se présente pas. On nesanctionne pas. On donne des chances si la per-sonne est motivée et si elle vient en entretien.C’est l’occasion de mettre à jour un problèmed’illétrisme, une difficulté face à la hiérarchie”.

Responsable d’une association intermédiaire

Vis-à-vis de l’extérieur, l’information simple surle rôle et les fonctions de chaque administrationet institution que la personne est amenée à ren-contrer lui permet d’avancer un peu plus dansle déchiffrage de son environnement et rend pluslisible le monde dans lequel elle évolue.Le travail en partenariat et l’ancrage de la SIAEdans un réseau local regroupant des orga-nismes sensibilisés au secteur de l’insertion parl’activité économique, permettent de fournirdes réponses adaptées aux besoins des per-sonnes et de faire avancer certains dossiers.

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a) La santé Certaines personnes présentent des problé-matiques médicales souvent liées à leur his-toire de vie, à leur activité professionnelle pas-sée ou à de longues périodes sans activité.

“Nous ne pouvons répondre que partiellement,n’étant pas médecins, nous n’interrogeons pasles gens. Cependant, ceux-ci peuvent nousconfier leurs problèmes de santé, ils nous par-lent facilement d’un problème de dos, d’uneintervention chirurgicale, d’un accident ; enbref, de tout accident ou maladie invalidantequi limite leurs possibilités professionnelles. Parcontre, nous pouvons déceler des problèmes decarences (alimentaires, mauvaises conditionsde vie). Une santé négligée est un frein à larecherche d’emploi et un danger pour les per-sonnes et leur famille (éducation sanitaire défec-tueuse) et constitue un réel problème social”.

Responsable d’une association intermédiaire

Les associations intermédiaires de la Vienne se regroupent

pour embaucher un médecin

Les associations intermédiaires de la Vienneont créé, en collaboration avec la DDTEFP,un groupement d’employeurs pour salarierun médecin à mi-temps. Tout en offrant aux structures un système devisites moins coûteux et plus souple, cette solu-tion est aussi le moyen de proposer un suivimédical adapté aux besoins et difficultés querencontrent les salariés en insertion.D’autres perspectives, qui dépassent l’obli-gation légale de visite médicale, sont d’oreset déjà envisagées par les associations inter-médiaires :

• la vérification de l’aptitude générale au tra-vail et non pas seulement au poste,

• la formation des salariés à la préventiondes risques (postures, ports de charge...),

• des informations collectives sur les possi-bilités de soins (dentaires, ophtalmolo-giques...) et leur financement, sur les orga-nismes proposant des services médicaux...

N’étant pas suivies sur le plan médical avantleur entrée dans une structure d’insertion, cer-taines personnes manquent d’informations surla santé et leur droit aux soins.Des actions de prévention sont parfois misesen place en partenariat avec les Caisses Pri-maires d’Assurance Maladie ou les MutualitésSociales Agricoles.

“Nous avons organisé des visites préventives (ana-lyse de sang, questionnaire médical...) au plusprès des gens (chef-lieu de canton) qui leur don-naient droit au vu des résultats à une visite médi-cale gratuite chez le médecin de leur choix. C’estun succès depuis trois ans. Les médecins locauxprennent le temps d’accueillir, d’écouter les per-sonnes souvent éloignées des systèmes de soin”.

Accompagnatrice socioprofessionnelle d’une association intermédiaire

b) Le logementCertaines personnes en insertion ont de faiblesrevenus (la source de revenu principale étantsouvent le RMI et dans une moindre mesure lesallocations de chômage), ou ne peuvent justi-fier de revenus réguliers. L’emploi et l’accom-pagnement en SIAE est souvent l’occasion pourles salariés hébergés dans leur famille, dansun foyer, dans un CHRS d’accéder à des loge-ments décents ou autonomes.

50 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

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51Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

Le rôle de l’accompagnateur socioprofession-nel ne sera pas d’engager les démarches à laplace de la personne pour trouver un loge-ment, mais de faire le lien avec son réseau departenaires notamment lorsque le salariéméconnaît le rôle et le champ de compétencesdes organismes concernés.

Le partenariat entre l’entreprise d’insertion TRI PLUS et le collectif Poitevin pour le logement (CPL)

Le CPL a été créé en 1992 à l’initiative de 5 associations de Poitiers intervenant dans larecherche de logements pour des personnes en difficulté. Le CPL a pour objet de favoriserl’accès ou le maintien dans un logement décent du parc locatif privé des personnes en situa-tion de précarité. Les prestations du CPL sont diverses et adaptées à l’évolution de la régle-mentation et de la conjoncture économique et sociale liées au logement. Ainsi, le CPL pro-pose un parc de logements en sous-location qui permet à des familles démunies d’accéderà un logement dont le loyer a été négocié à la baisse et également la possibilité de logerdes personnes qui ne pourraient pas accéder à la location directe sans étape préalable.

François - Né en 1974 - Demandeur d’emploi longue durée - Sans qualification professionnelle -Suivi par la Mission locale d’insertion - Pas de moyen de locomotion - Pas de logement personnel.

“François réside avec son amie chez ses parents ; il vient à TRI PLUS en mobylette (location del’atelier MOB). Très rapidement, François nous fait part de son souhait de quitter le domicilefamilial (beau-père alcoolique et violent). Notre partenariat avec le Collectif Poitevin pour leLogement nous permet de lui procurer un logement de 20 m2 environ (chambre - douche - WC).L’accompagnatrice du CPL s’assure du paiement régulier du loyer et du bon comportement deslocataires. Mais très vite, ce logement s’avère trop exigu.Pendant 8 mois, François est très assidu à son travail, il effectuera des heures complémentaires.En mars 1998, une absence de 45 heures est relevée (déprime liée à l’exiguïté du logement).

Nous accompagnons François et son amie dans leurs démarches pour obtenir un appartementplus grand. Un dossier est déposé à l’OPARC de Buxerolles. Plusieurs rendez-vous permettrontde faire avancer le dossier.Au mois de mai 1998, un appartement F2 lui est attribué à Bellejouanne. A partir de cette date,François équipera son logement de mobiliers récupérés à TRI PLUS“.

TRI PLUS, entreprise d’insertion, Vienne

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c) Les difficultés financièresVivant dans une insécurité matérielle persis-tante, certaines personnes ont des difficultésfinancières importantes et ne peuvent plus faireface à leurs dettes ou à une dépense impré-vue. Lorsque les remboursements deviennentsi importants qu’ils consomment la presquetotalité du revenu, cela peut avoir pour effetune démotivation et une démobilisation fortede la personne.

Face à ce genre de situation, l’accompagna-teur socioprofessionnel conseille le salarié etle soutient dans ses démarches afin de négo-cier avec les banques un échelonnement desdettes ou obtenir une aide financière qui luipermettra, par exemple, d’acheter une voiture.

“Lorsque les personnes doivent payer des dettes(électricité, téléphone, taxe d’habitation...), jevais chez l’huissier avec elles pour négocier unpaiement échelonné. L’accompagnateur sert demédiateur. Lorsque l’on est présent, l’interlo-cuteur s’aperçoit que les personnes sont accom-pagnées dans leurs démarches ; une autre rela-tion s’instaure.Lorsqu’elles sont dans le dispositif RMI, j’es-saie de rétablir leurs droits. Souvent, elles neles connaissent pas, elles n’ont pas signalé leursituation de bénéficiaire du RMI. Par exemple,une personne au RMI n’a pas à payer de taxed’habitation”.

Accompagnatrice socioprofessionnelle d’une entreprise d’insertion

1.3. La mobilisation des ressources personnelles dans le cadre professionnel

La mise en situation de travail reste le supportprincipal de reconstruction des personnes. Elle

est utilisée par les SIAE pour faire émergerchez elles leurs potentialités, leur créativité,leurs goûts pour telle ou telle activité, leur capa-cité d’initiative....

Cependant, d’autres techniques de dévelop-pement personnel sont également mises enœuvre pour aider les personnes à intégrer uneimage positive d’elle-même. Certaines se focalisent sur le projet profes-sionnel, d’autres sur la sphère personnelle del’individu. Le rôle de l’accompagnateur estalors d’aider les personnes à prendreconscience de leurs aptitudes.

Les SIAE centrent davantage ces techniques dedéveloppement personnel vers l’orientation etla définition d’un projet professionnel. Pour cela,elles s’appuient sur un réseau de partenairestels que l’ANPE, l’AFPA, les CIBC, les PLIE ...

L’atout des SIAE est de donner un espace danslequel peuvent s’exprimer les choix de la per-sonne parce qu’elle est prise en compte, écou-tée et valorisée par l’accompagnateur et quetous les moyens sont mis en œuvre pour faireémerger ses choix et les concrétiser.

2. UTILISER LA DYNAMIQUE COLLECTIVE

En s’appuyant sur la communauté de situationspartagées par l’ensemble des salariés en inser-tion, les SIAE utilisent la dynamique collectivepour les inciter à se remobiliser. Les élections de représentants du personnel,les ateliers de recherche d’emploi ou l’anima-tion d’activités extra-professionnelles en consti-tuent trois exemples parmi les formes variéesque peuvent revêtir les actions collectives misesen œuvre au sein des SIAE.

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53Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

Le comité d’entreprise des Ateliers du Bocage

Né d’une obligation légale, le comité d’en-treprise (CE) ne concernait que l’entreprised’insertion “ATELIERS DU BOCAGE“. Pour-tant, les autres structures liées à l’EI ont rapi-dement été associées à cette démarche. Ainsi,le CE représente à la fois les ATELIERS DUBOCAGE, les chantiers d’insertion CHAN-TIERS PEUPINS et la Communauté EMMAÜSPEUPINS. Créés en 1997, c’était l’occasionde rapprocher les personnes des différentssites et des différentes structures. Il y avait unevolonté affichée que tout le monde soit repré-senté, toutes les catégories sociales, tous lestypes de contrat, tous les secteurs d’activité,les salariés et les encadrants.Dans un premier temps, l’activité était limitéeaux colis de Noël. Puis avec les réélectionset une meilleure information sur l’objet du CE,les réunions ont repris une fois par mois.Les personnes en insertion élues au CE s’im-pliquent bien. Cela a permis à certainesd’émettre des revendications et de les faireremonter à la direction.Des thèmes se développent en sous-commis-sions tels que les 35 heures, la politique sala-riale, le règlement intérieur, une plus grandetransparence des décisions et des fonctionsde chacun au sein de l’EI, mais aussi lesdépenses nécessaires à la réalisation de telleou telle production. En effet, les salariés sou-haitent être responsabilisés par rapport auxdépenses.Par ailleurs, certains membres du CE ontdemandé une formation de représentant dupersonnel.

ATELIERS DU BOCAGE, entreprise d’insertion, Deux-Sèvres

2.1. Les représentants du personnel : l’expression de la citoyenneté

Le droit d’expression est fondamental pour toutepersonne. Cependant, il s’amenuise au fur età mesure que l’exclusion s’installe. Réintégrerpleinement sa place dans la société s’accom-pagne nécessairement du droit à exercer sacitoyenneté.

L’exercice de la citoyenneté peut s’effectuerdans certaines structures par la mise en placede représentants du personnel. L’utilisationd’une dynamique collective est parfois un bonmoyen de faire prendre conscience à la per-sonne qu’elle peut agir sur son environnementpar la revendication de ses droits. L’immersiondans un groupe dont l’objet est la défense desintérêts des salariés favorise l’expression indi-viduelle et collective et fait renaître un senti-ment d’utilité.

2.2. Les ateliers de recherche d’emploi : l’expression des choix professionnels

La dynamique collective dans le travail joueun rôle important pour remotiver les personnes.L’accompagnateur socioprofessionnel joue surcette dynamique pour réinscrire les personnesdans des lieux d’échange qui ne touchent passeulement la situation de travail en elle-même,mais également l’orientation et la constructiondu projet professionnel.

Certaines structures d’insertion mettent en placedes ateliers collectifs de recherche d’emploi.Par la mise en commun des projets profes-sionnels et la stratégie de recherche d’emploide chacun, une synergie se crée entre les

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membres de l’atelier. Dans ce cas, la dyna-mique de groupe s’installe grâce à la proxi-mité de situation que vivent les personnes ;elles ont pour point commun de partager lamême galère et de vouloir en sortir.

L’atelier de recherche d’emploi de Cap’emploi intermédiaire

“A Jarnac, un groupe a travaillé sur la boîteà outils du demandeur d’emploi. La questionétait : comment on fait pour trouver du bou-lot ? Dans ce genre d’atelier, personne n’ar-rive vierge. Chacun connaît quelque choseet l’apporte au groupe. L’animateur n’a pasà tout apporter. Les gens se sont apportésmutuellement des choses. L’objectif de l’ani-mateur est de travailler sur les échanges entreles personnes. Cela crée de la confiance enl’animateur, mais aussi entre les personnes.Elles savent qu’elles peuvent s’appuyer surles autres. Dans le cadre de cet atelier, elles sont alléesvoir l’ANPE qui leur faisait si peur. L’ANPEleur a ouvert les portes officiellement, c’est-à-dire qu’elles étaient attendues, invitées, ellesavaient pris rendez-vous. On leur a montrétout un tas d’outils. Aujourd’hui, elles ont uneidée de l’ANPE qui est moins négative. Elles ont travaillé un an tous les 15 jours pourmettre en place cette boîte à outil. On a puconstater que les personnes avaient fait duchemin depuis la création de l’atelier. Ellescomprennent bien ce que chaque institutionapporte, à qui elles peuvent s’adresser. Laboîte à outils est presque achevée et les per-sonnes aimeraient qu’elle serve aux autres“.

CAP’EMPLOI INTERMÉDIAIREassociation intermédiaire, Charente

2.3. Les activités extra-professionnelles :l’expression de la créativité

Le renforcement des liens entre les individuss’appuie également dans certaines structuressur l’organisation d’activités extra-profession-nelles telles que l’expression théâtrale, la réa-lisation d’un journal ou simplement l’aména-gement d’un lieu de convivialité où les gens serencontrent et échangent.

Ces activités sont aussi structurantes et valori-santes pour l’individu que la mise en situationde travail. Il retrouve progressivement une placedans la société qui n’est plus celle d’un assisté,mais d’une personne autonome pleinement inté-grée dans son environnement.

Le journal de Cap’emploi intermédiaire

Le groupe de Segonzac a débouché sur lacréation du journal. On a démarré avec desgens qui avaient de gros problèmes de lec-ture et d’écriture dont un qui se disait illettré.Cependant, il était le moteur du groupe. Ilvoulait absolument que l’on parle des sala-riés de Cap’emploi. Il y avait déjà une lettred’information pour les clients. Les salariésdisaient : “ce n’est pas normal qu’on ne parlepas de nous“. Ce groupe voulait travaillersur autre chose, dire “qu’est-ce qu’on estd’autre en dehors d’être chômeurs“, “on ena marre d’être vu comme des chômeurs“. Lespersonnes étaient demandeuses et ontconstruit le contenu du journal.Cela nous semblait plus intéressant de tra-vailler sur quelque chose de positif (raconterdes choses sur sa vie en dehors du chômage)que de travailler sur des manques autour del’illettrisme. D’autant plus que les ateliers de

54 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

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55Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

lutte contre l’illettrisme sont éloignés. Les gensne sont pas mobiles et ne sont pas deman-deurs. On aborde seulement la question del’illettrisme au moment d’aborder la forma-tion car pour se former, il faut pouvoir liremême si c’est une formation technique. C’estune remise en question longue et difficile.Certains baissent les bras. L’atelier sur le journal se faisait le soir. Nous-mêmes, on ne savait pas faire un journal.Chacun a amené le journal de sa commune.On a cherché ensemble. On a fait des brain-storming pour savoir quels messages ils vou-laient faire passer. Ils ont travaillé par binôme.Celui qui ne sait pas écrire est interviewé parcelui qui a préparé quelques questions. Ona décidé des articles que l’on allait garder.L’AI a distribué le journal aux institutions eteux sont allés le donner à tout le monde dansleur commune. C’est très valorisant. Ils sonttrès fiers de leur travail. C’est pas Cap’em-ploi qui a fait le journal, c’est eux. L’impri-merie de la MSA a imprimé les journaux gra-tuitement. Ils sont allés visiter l’imprimerie etont vu comment cela marche. Cela était trèsformateur. Ils se considéraient comme les jour-nalistes de la MSA. On ne les regarde pascomme chômeurs. Ce genre d’action modi-fie le regard des autres et c’est ce qui est leplus important pour eux.

CAP’EMPLOI INTERMÉDIAIRE,association intermédiaire, Charente

Le travail de redynamisation intervient àtous les moments du parcours. Son ressortprincipal est de se conjuguer avec l’em-ploi. Le travail reste en effet l’outil princi-pal sur lequel les structures s’appuient pourconstruire et proposer des actions de remo-bilisation complémentaires.L’action de redynamisation s’appuie surdes outils et des moyens qui sont propresà chaque structure. Ils sont mobilisés, amé-nagés, adaptés et réajustés en permanenceaux besoins des personnes. Individualisés,ils tiennent compte du rythme de pro-gression de chacune et s’articulent pourdonner une cohérence d’ensemble au par-cours d’insertion socioprofessionnelle.

E. EVALUER, VALIDER

Evaluer, c’est attribuer de la valeur. La valeurest au centre de l’insertion par le travail : • valeur de la personne d’une part, que les

galères de toutes sortes ont conduite le plussouvent à un sentiment profond de dévalo-risation, qu’il faut combattre avec doigté,patience et détermination,

• valeur du travail d’autre part, qui développeles compétences à travers l’apprentissage,l’exigence et l’effort.

C’est cette revalorisation “globale“ que vise lepassage en SIAE : revalorisation des compé-tences, revalorisation de l’estime de soi qui,peu à peu, amèneront la personne à mobili-ser ses ressources, à évoluer et à être de nou-veau en capacité de retrouver un emploi.Pratiquée tout au long du parcours, l’évalua-tion donne des repères pour déterminer et co-construire un parcours individualisé.

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Elle est indispensable pour s’assurer d’une adé-quation entre les moyens mis en œuvre, les réajus-ter quand cela est nécessaire en fonction de l’évo-lution observée ; constater ces mêmes évolutionset reconnaître le chemin parcouru. La validation des compétences, par son carac-tère officiel, ouvre des pistes intéressantes pourfaciliter l’accès à l’emploi des personnes issuesd’un parcours.

1. EVALUER

Parce que le retour vers l’emploi passe par l’ac-quisition de compétences et par l’autonomiedans la vie professionnelle comme dans la viepersonnelle, les SIAE vont construire et prati-quer l’évaluation sous deux angles : • évaluation des savoir-faire et savoir-être pro-

fessionnels, acquis par la personne tout aulong de son parcours d’une part,

• évaluation de la dynamique évolutive de lapersonne d’autre part.

1.1. Evaluer les savoir-faire professionnels

L’évaluation des savoir-faire professionnels per-met de repérer les compétences exercées, deles confronter à celles nécessaires pour occu-per un emploi afin d’en mesurer les écarts. Ellesera faite à partir du travail réalisé et au regarddes objectifs préalablement définis.

a) Quelles compétences professionnelles évaluer ?

Les SIAE s’attachent à observer la façon dontla personne réalise le travail, les tâches confiées. L’évaluation portera sur : • les savoir-faire techniques et les connais-

sances spécifiques aux postes de travail dela structure,

• les comportements et les aptitudes néces-saires pour utiliser efficacement ses connais-sances dans les situations professionnellesproposées (l’adaptabilité, la réactivité, lerythme de travail, la capacité à travailler enéquipe, à assimiler des consignes, àapprendre, à communiquer...),

• les comportements et les attitudes plus géné-raux liés à l’occupation de tout emploi, detoute situation professionnelle (la ponctua-lité, l’assiduité, l’implication, l’initiative).

“L’évaluation technique est concrète pour lesalarié puisque le résultat est vérifiable, mesu-rable en terme de rendement, de qualité, dequantité. Il n’y a pas d’ambiguïté”.

Accompagnateur socioprofessionnel d’une entreprise d’insertion

b) Comment les compétences professionnelles sont-elles évaluées ?

Les méthodes, les outils, les moments choisispour évaluer les savoir-faire professionnelsseront différents d’une structure à une autre,puisqu’ils sont adaptés à l’organisation et aufonctionnement de la structure d’une part, auxsalariés, d’autre part. La personne en insertion est associée à l’éva-luation qui est faite sur son travail et son com-portement professionnel ; elle peut être aussiamenée à s’auto-évaluer.

– L’évaluation réalisée par la SIAEEn entreprise d’insertion, lorsque le salarié estaccompagné dans son travail par un tuteur ouun encadrant, l’évaluation des capacités tech-niques s’exercera principalement sur le chan-tier, par des discussions sur l’exécution destâches, le résultat de réalisation.

56 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

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57Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

“On vérifie les compétences à partir des don-nées classiques liées au métier du bâtiment.Suite au travail demandé, on va vérifier que latâche a été correctement réalisée, que l’ensembledes consignes a été assimilé par le salarié, qu’ila su organiser son travail”.

Encadrant technique d’une entreprise d’insertion

Lorsque le salarié travaille de façon autonome,l’évaluation a lieu après la mission. Le pointde vue du client sur le déroulement du travaild’une part, celui du salarié d’autre part, per-mettent d’apprécier les compétences.

“On interroge systématiquement le salarié aprèssa mission. Les informations sont portées surla fiche de mission, et on appelle le client pourrecueillir sa vision sur le résultat, sur le com-portement du salarié. On voit s’il y a une dif-férence entre le point de vue du salarié et celuidu client”.

Responsable d’une association intermédiaire

– L’évaluation réalisée par des partenaires

Les évaluations des capacités techniques despersonnes peuvent également être réalisées endehors de la structure. Les SIAE recourent, lorsqu’elles en ont la possi-bilité, à l’utilisation des dispositifs d’évaluationexistants, comme les évaluations en entreprise,l’Evaluation des Capacités et Compétences Pro-fessionnelles (ECCP), les bilans techniques AFPA,les bilans de compétences à dominante technique.

“Ces bilans sont réalisés pour aider la personneà s’orienter vers un métier, lui permettre deretravailler son projet professionnel à partir

d’un bilan sur son expérience, ses acquis, sescentres d’intérêts”.

Accompagnatrice socioprofessionnelle d’une entreprise d’insertion

Sur des métiers, des tâches précises, l’évalua-tion est parfois organisée en partenariat avecles entreprises mais également les structuresd’insertion avec lesquelles travaille la SIAE.

“Lorsque la personne souhaite se confirmerdans un métier, on rencontre l’entreprise avecl’ouvrier en fin de mission pour évaluer ce qu’ilsait faire, ce qu’il ne sait pas faire. On se sert de grilles construites à partir duROME1. On part du descriptif de toutes lestâches qu’un ouvrier doit savoir réaliser et onrepère son niveau de compétences (...).Je demande au chef d’entreprise “quelles sontles tâches qui ont été accomplies par le sala-rié ? Dans quel délai ? Par rapport à la quali-fication demandée, pensez-vous que la qualifi-cation est réelle ou pas ?” Je demande à l’ou-vrier s’il est d’accord avec les propos du chefd’entreprise. Cela permet de redéfinir la qua-lification de l’ouvrier, avec un respect de laparole de l’un et de l’autre (...).L’évaluation nous permet d’avoir un avis surles compétences de la personne (...).On a besoin de temps pour rediscuter le contratavec l’ouvrier, le requalifier ou travailler uneorientation”.

Accompagnatrice socioprofessionnelle d’une entreprise de travail temporaire d’insertion

L’évaluation, pratiquée de façon externe, est unmoyen de compléter la connaissance sur leshabiletés et compétences de la personne, notam-

1 - Répertoire Opérationnel des Métiers et des Emploisde l’ANPE

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ment sur des métiers techniques et/ou des tâchesqu’elle ne peut exercer au sein de la structuredurant son parcours. Complémentaire aux éva-luations internes, elle permet de :• tenir compte des compétences et habiletés

acquises par la personne dans d’autres situa-tions professionnelles, lors de ses expériencesde travail antérieures, par exemple,

• vérifier le niveau scolaire et le potentiel despersonnes qui souhaitent s’engager dans unprojet de formation, un métier,

• valider un projet ou des orientations profes-sionnelles d’un salarié, notamment lorsqu’ilchoisit un métier différent de celui de la SIAE,

• compléter l’évaluation des capacités tech-niques de la personne.

c) Quels sont les apports d’une évaluation technique ?

L’évaluation permet : • de valoriser l’expérience de la personne et

de lui faire prendre conscience de ses pointsforts, comme de ses points faibles,

• d’amener la personne à se représenter le seuilde compétences à atteindre au regard desexigences professionnelles des employeurset l’inciter à travailler ses points faibles,

• de constater les évolutions en cours d’emploiet de réajuster les objectifs.

“Lorsqu’une mission s’est mal passée, on fait lepoint avec le salarié pour en comprendre lesraisons. L’échange nous permet de comprendred’où vient l’échec, de voir s’il s’agit d’un pro-blème de qualification, de comportement ou sic’est la tâche à réaliser qui ne convenait pas. Ilpermet de dire les choses, de rebondir avec lapersonne en redéfinissant les bases de départ.”

Accompagnatrice socioprofessionnelle d’uneentreprise de travail temporaire d’insertion

Réalisée dans le temps, l’évaluation des savoir-faire techniques accompagne, guide la dyna-mique de la personne, dynamique à laquellela personne et la structure vont porter une atten-tion particulière.

1.2. Evaluer la dynamique de la personneEvaluer la dynamique de la personne, c’estrepérer, mesurer les changements, les évolu-tions et choisir la stratégie à mettre en placeen conséquence.

L’attention portée à la personne, l’écoute, larelation de confiance instaurée par l’accom-pagnateur socioprofessionnel, l’encadrant tech-nique et l’équipe de la SIAE permettent d’ap-précier l’évolution de chacune et ce, à travers : • ses attitudes, son comportement, sa présen-

tation,• les demandes, les questions formulées, • les démarches personnelles et profession-

nelles qu’elle engage, • les changements, les événements intervenant

pendant la transition, • les projets, les goûts, les aspirations, les idées

qu’elle communique, • sa vision de l’avenir, sa façon d’envisager

les choses sous un autre jour...

Ces éléments sont appréciés dans la situationde travail dans laquelle la personne entre eninteraction avec ses collègues. La SIAE repère,observe comment la personne s’investit dansle(s) poste(s) de travail proposé(s) et commentelle se situe au cœur de la structure. On por-tera davantage l’attention sur la façon dont lesalarié parvient à assumer son travail, à établiret à gérer des relations avec les autres et à uti-liser la structure, les compétences de l’équipede permanents pour préparer son avenir.

58 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

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59Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

LE RÉFÉRENTIEL D’ÉVALUATION “L’ÉVOLUTION D’UNE PERSONNE EN TRANSITION DANS UNE SIAE“

Ce référentiel construit par IRIS à partir de la méthode ECARTS1, permet d’approcher la dynamique de la personne à par-tir de trois dimensions principales. – S’APPROPRIER UNE SITUATION PROFESSIONNELLE • Assumer son travail :Le salarié fait-il preuve de motivation ? Est-il à l’heure tous les matins ? Montre-t-il de l’intérêt pour le travail qu’il effectue ? Prend-il des initiatives ? S’adapte-t-il à des situations nouvelles ? Parvient-il à s’organiser dans son travail ? • Etablir des relations avec les autres :Le salarié cherche-t-il à établir un contact avec ses collègues ? Sait-il créer et gérer une relation à deux ? Sait-il trouver sa place au sein d’un groupe ? • Se situer dans la SIAE et l’utiliser pour son avenir :A-t-il intégré les principes de fonctionnement ? S’implique-t-il dans le fonctionnement de la structure en s’intéressant à laqualité du travail, en participant aux activités, ateliers proposés ? Utilise-t-il la structure pour construire son projet pro-fessionnel ? Sollicite-t-il l’accompagnateur pour l’aider dans ses démarches, l’encadrant pour apprendre dans son travail ?

– TROUVER UN ÉQUILIBRE PERSONNEL• Une attention portée au mieux-être physique ou psychique :Le salarié soigne-t-il sa présentation pour le travail ? dans sa vie quotidienne ? S’alcoolise-t-il encore si c’était le cas ? A-t-il entamé une démarche de soins (dentaires, vue) ? A-t-il souhaité adhérer à une mutuelle ? A-t-il sollicité un bilan de santé ?• Une attention portée à la communication, à l’expression :Le salarié s’exprime-t-il clairement ? Adapte-t-il son langage à l’interlocuteur ? Sait-il écouter les autres ? Pratique-t-il d’autres formes d’expression comme le sport, la musique, le dessin, le théâtre ? • L’attention portée au développement de l’autonomie de la personne :Le salarié parvient-il à gérer ses ressources matérielles ? Fait-il des choix clairement exprimés dans sa vie professionnelle, dans sa vie privée ? A-t-il confiance en lui ? Connaît-il ses points forts, ses points faibles ?

– PRÉPARER SON AVENIR SOCIOPROFESSIONNEL• S’intéresser à l’avenir et faire des projets :Le salarié a-t-il des projets ? Engage-t-il des démarches pour que ses projets se réalisent ?• Connaître et s’adapter à son environnement social :Le salarié sait-il utiliser les différents services qui lui permettent de bénéficier des aides auxquelles il a droit ? Faut-il au contraire l’accompagner pour faire valoir ses droits ? Est-il entouré ? A-t-il une famille ? des amis ? Participe-t-il à des activités ? • Construire une démarche vers l’emploi :Le salarié connaît-il le marché de l’emploi, les secteurs d’activités qui embauchent ? Se représente-t-il les types d’em-plois auxquels il peut prétendre ? Connaît-il et utilise-t-il les différents moyens pour trouver du travail (ANPE, travail temporaire, relations professionnelles) ?

1 - Elaboration Coopérative et Adaptée de Référentiels pour Tracer des Stratégies

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1.3. L’importance de l’évaluation dans la construction du parcours

Savoir évaluer est une compétence profes-sionnelle indispensable à la SIAE. Pratiquéerégulièrement, elle constitue un support utile àla personne et à la SIAE pour organiser etaccompagner la transformation vécue en SIAE.

a) L’évaluation initiale : un rôle de repérage

Pratiquée en début de parcours, l’évaluationpermet de repérer, de découvrir les pré-acquisde la personne, en lien notamment avec lesmétiers proposés par la structure, de mieuxconnaître ses centres d’intérêt, d’aborder avecelle les difficultés et problèmes sociaux ou pro-fessionnels auxquels elle est confrontée.C’est sur cette base que pourra être aménagéet organisé le parcours de la personne.L’accueil, l’embauche sont l’occasion pour lastructure d’avoir un premier aperçu des com-pétences de la personne à travers l’entretienet les documents fournis (CV, bulletins de paye, certificats de travail, attestations de formation...).La mise en situation de travail permet à la SIAEet à la personne de “ tester “ et de vérifier lescompétences annoncées.

“Pour la première mission, on envoie les per-sonnes dans les organismes sensibilisés à notreaction de manière à regarder le comportement,la présentation et les compétences. Lorsqu’il s’agit de compétences pointues, onteste la personne sur des petites missions, onpose des questions techniques (...).On repère ainsi les bricoleurs du dimanche etceux dont c’est le métier...”.

Responsable d’une association intermédiaire

b) L’évaluation formative : un rôle de soutien

Le parcours d’insertion se compose d’étapessuccessives, individuelles, qui mêlent objectifsà atteindre et évaluations des résultats obtenus.Tout au long du parcours en SIAE, le travail etla progression de la personne sont évalués parrapport aux objectifs définis étape par étape.Ces évaluations permettent de visualiser et demesurer la progression accomplie par la personne. Elles donnent des points de repèresur le chemin parcouru et celui restant à par-courir. Elles servent de support pour rediscu-ter les objectifs, définir des orientations plusadaptées, ajuster des contextes...

“L’outil d’évaluation est un outil concret de dis-cussion. C’est le moyen d’expliquer à chaquepersonne ce qu’on veut faire avec elle, ce qu’onpeut lui proposer. Il permet de passer un “deal”avec la personne, de se fixer des objectifs surlesquels on est d’accord. La personne impliquéeest alors en mesure de les tenir. Les encadrantstechniques ont des points d’appui solides pourstructurer le parcours d’insertion”.

Accompagnateur socioprofessionneld’une entreprise d’insertion

c) L’évaluation finale : un rôle de bilan de parcours

Réalisée en fin de parcours, elle permet dedéterminer si la personne a atteint un niveaude compétences professionnelles suffisant pourl’exercice d’une activité ; de vérifier aussi quela personne est assez autonome pour se pré-senter sur le marché de l’emploi.Ce bilan, réalisé par la SIAE ou en partena-riat avec un organisme de formation, est unmoyen de reconnaître la progression et de com-mencer à préparer son départ.

60 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

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61Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

LE RÔLE DE L’ÉVALUATION DANS LE PARCOURS DE JACQUES

Jacques est une personne avec laquelle on a perçu immédiatement la nécessité d’un parcours long.

Octobre 98 : une première évaluation, un mois après son recrutement Jacques assume son travail, même s’il est absent de façon cyclique. Bien qu’étant intégré socialement dans la struc-ture, malgré de bonnes relations avec les autres, il ne se sent à l’aise qu’en petit groupe et perd ses repères dès quequelqu’un de nouveau arrive. Il accepte difficilement les remarques des autres, entre en conflit rapidement. Sur leschantiers, il manque de confiance en lui, ne voit que ses faiblesses et se dévalorise en permanence. Il utilise le travail pour se remettre en route mais ne se projette pas au-delà du premier contrat de 4 mois. Ses pro-blèmes de santé sont un frein à tout projet professionnel comme personnel. Cette perspective de retour à la case départl’angoisse, il refuse d’y penser. Il voit son avenir dans la solitude.L’objectif défini après cette évaluation collective a été de lui permettre de se stabiliser, de se revaloriser. On l’a mis dansdes situations de travail où l’on savait que ça allait être positif pour lui : il a travaillé sur des petits chantiers de pein-ture, en petite équipe, chez des particuliers, car il avait une bonne relation avec les clients ; il travaillait bien.

Décembre 98 : la deuxième évaluationOn a constaté une évolution. Jacques retrouve une certaine stabilité. Il se sent capable d’évoluer, d’apprendre et accepteles remarques des encadrants. Il s’exprime davantage : il se valorise, prend des positions, manifeste davantage sonindividualité. Il fait des choix personnels : il poursuit son suivi psychologique, réduit ses médicaments ; il exprime lesouhait de déménager, de refaire du vélo. Dans le travail, il commence à reprendre confiance en lui. L’équipe perçoitque la peinture n’est pas une activité qui lui convient. Il semble plus à l’aise sur les chantiers de nettoyage, d’entre-tien des locaux. Il n’a cependant pas de projet professionnel bien déterminé.Suite à cette évaluation nous avons décidé de lui permettre de s’auto-évaluer : il avait perçu qu’il était capable d’évo-luer, mais il manquait encore de confiance en lui et se dévalorisait. L’auto-évaluation lui permettait de s’apprécier telqu’il était ; c’était un moyen de l’aider à se revaloriser en l’invitant à parler de lui. Pour nous c’était un moyen de mieuxcomprendre le regard qu’il portait sur lui , de voir si des choses n’avaient pas été exprimées.Dans les faits, il s’est très bien évalué. Il a eu la faculté d’analyser ce qui était positif chez lui. La discussion a rejointl’évaluation faite par l’équipe notamment sur les évolutions constatées sur le plan personnel, le déroulement du tra-vail. L’échange a aussi confirmé sa préférence pour une activité sur le nettoyage. Pour lui, il pouvait retrouver du tra-vail grâce à son expérience passée. C’était une activité qu’il maîtrisait. Travailler seul lui correspondait. A posteriori,on a décidé de le mettre sur des chantiers de nettoyage pour l’amener à préciser son projet professionnel.

Mai 99 : la troisième évaluation Cette troisième évaluation confirme un début d’autonomie. Jacques assume complètement son travail de nettoyagemême s’il a besoin d’être conforté par l’avis de l’équipe ; il reste parfois centré sur ses problèmes. Il accentue ses démarches vers l’extérieur, envisage l’après, en se positionnant sur les offres d’emploi proposées. Il fautcependant l’aider à accomplir ces démarches, l’orienter.A ce stade, l’objectif est de préparer la fin du contrat en le mettant en situation de recherche d’emploi afin de testerses capacités, ses freins.

Octobre 99 : il est embauché en contrat à durée indéterminée.

Tremplin, entreprise d’insertion, Vienne

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Certaines SIAE matérialisent cette étape duparcours par la délivrance d’un document : leportefeuille de compétences, un certificat oule curriculum vitae mis à jour sont autant d’ou-tils qui attestent la capacité “à faire“ de la per-sonne et l’aident à exprimer ses compétences.

“On a monté un stage de formation techniqueà la taille de la vigne (avec un organisme deformation). On a mis en place un tutorat afinde prolonger le temps d’apprentissage. Deuxexploitants agricoles ont accepté ce rôle detuteur. A la fin de la formation, il y a une éva-luation par le formateur et les agriculteurs.On leur remet une pochette avec une fiched’évaluation qui atteste des compétencesacquises. C’est un document bien présenté quidonne un caractère officiel. On leur dit demettre également tous les certificats de travailqu’ils ont, car ils ne gardent pas souvent cegenre de documents. On délivre le livret defaçon officielle avec la presse locale ; le prési-dent le leur remet avec un petit mot. C’est trèsvalorisant pour les personnes”.

Responsable d’une association intermédiaire

2. DE L’EVALUATION A LA VALIDATION DES COMPETENCES

Si l’évaluation permet à la SIAE et à la per-sonne de mesurer les compétences acquises etles progrès réalisés pendant le parcours, lavalidation est un moyen de les certifier à l’ex-térieur de la SIAE par un titre ou un diplôme.

La validation fait intervenir une tierce partie quia autorité pour certifier les compétences pro-fessionnelles de la personne, en se référant àune grille d’évaluation reprenant les compé-

tences attendues sur tel ou tel poste de travail.Elle s’effectue donc en dehors de tout contextede formation professionnelle initiale ou conti-nue et s’appuie sur les compétences acquisestout au long de la vie personnelle, profession-nelle et culturelle de la personne.

La validation des acquis, qui était autrefois uni-quement du ressort de l’Education Nationale,s’ouvre à d’autres voies depuis les années 70.Ainsi, d’autres ministères sont habilités à vali-der les compétences. Les branches profession-nelles ont également leur propre certification.

2.1. La validation des compétences, un enjeu

a) pour la personne : une ouverturesur le marché de l’emploi

Pour bon nombre de salariés en insertion, laformation initiale ou professionnelle est sou-vent synonyme d’échec. Ayant peu ou pas dequalification, la difficulté à retrouver un emploiest d’autant plus grande car le diplômedemeure un passeport important. A compé-tences égales, les employeurs ont tendance àchoisir les personnes les plus diplômées.Le parcours d’insertion en SIAE a permis à lapersonne d’acquérir des compétences profes-sionnelles par un autre biais que la formationtraditionnelle. La confiance retrouvée en sacapacité à occuper un emploi, la validationdes acquis couronne les efforts produits et participe à la restauration d’une image de soipositive.

“Les personnes sont toujours très fières d’avoirle livret de compétences. Elles ont l’attestationet l’évaluation technique. Elles peuvent le mon-trer aux employeurs. Généralement, elles par-

62 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

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63Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

tent de rien, elles n’ont jamais fait de CV. Là,elles ont une reconnaissance de leur capacité.C’est pas du vernis, c’est pas usurpé ; elles ontvéritablement une attestation même si ellessavent qu’elles doivent améliorer tel ou telpoint”.

Responsable d’une association intermédiaire

“La validation est un élément de réussite. C’estpositif de réussir pour des personnes qui ont tou-jours été en échec scolaire. Quand on a une per-sonne qui obtient simplement une licence cariste,elle entre dans une dynamique de réussite et l’onpeut la brancher sur autre chose. Elle tournela page de l’échec scolaire. C’est très important.C’est très valorisant sur le plan personnel. Lessalariés ont une autre image d’eux-mêmes”.

Accompagnatrice socioprofessionnelle d’une entreprise d’insertion

Un titre ou un certificat validant les compé-tences justifie du savoir-faire du salarié auprèsd’un employeur potentiel. Cette certificationest en quelque sorte un gage de qualité pourl’employeur. La certification est souvent lesésame qui ouvrira la porte de l’entreprise.Par ailleurs, elle favorise la mobilité profes-sionnelle au sein du marché de l’emploi carla reconnaissance des compétences facilite letransfert des savoir-faire d’un poste de travailà un autre.

b) pour la SIAE : une reconnaissanceofficielle de son métier d’employeur-formateur

La validation des compétences professionnellesacquises pendant le parcours d’insertion enSIAE, complétée par la formation traditionnelleest une façon de reconnaître le travail de requa-

lification professionnelle et de redynamisationeffectuée par les SIAE.Dans le champ de la formation, l’insertion parl’activité économique constitue une nouvellevoie d’apprentissage.

Les partenariats expérimentés entre les SIAEdu Poitou-Charentes et les organismes de for-mation professionnelle soulignent l’intérêt dedévelopper cette complémentarité.

Le rôle d’employeur-formateur des SIAE ne vientpas concurrencer le travail des organismes deformation mais propose une alternative pourredonner le goût de l’apprentissage à des per-sonnes qui, jusqu’ici, étaient en situationd’échec scolaire et professionnel.

2.2. Des pistes de validation ouvertes aux SIAE

Conscientes de l’importance d’une reconnais-sance du travail effectué par les personnes pourse remettre “à flot“, certaines SIAE ont recher-ché les possibilités de validation des acquisprofessionnels et les partenariats à mettre enplace.Actuellement, deux voies sont expérimentéespar les structures : les partenariats avec lesorganismes de formation et la validation desacquis par les branches professionnelles.

a) Validation par les organismes de formation

– Les formations en alternanceLe contrat de qualification (jeune et adulte), lecontrat d’apprentissage sont souvent des outilsprivilégiés du partenariat SIAE/organisme deformation pour la population accueillie dansles SIAE car ils mettent en œuvre un programme

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pédagogique basé sur l’alternance entre for-mation en salle de cours et expérience sur leterrain.

Les personnes sans qualification trouvent dansces formules un moyen d’acquérir une expé-rience professionnelle tout en préparant uneformation diplômante. Pour des jeunes en situa-tion d’échec scolaire, la formation en alter-nance constitue une alternative intéressante etleur procure un diplôme reconnu. Le diplômeest alors très valorisant pour le jeune.

Le partenariat TREMPLIN/AFPA

Depuis 1998, l’entreprise d’insertion Trem-plin, positionnée sur le secteur du bâtiment,a développé un partenariat avec le centreAFPA du Vigeant pour enclencher en com-mun des démarches de qualification. Ce par-tenariat s’est concrétisé à travers la mise enplace de contrats de qualification, l’objectifétant l’obtention du Certificat de FormationProfessionnelle de Peintre en Bâtiment par unpublic jeune en très grande difficulté et trèssouvent en situation d’échec scolaire.Afin d’adapter la formation aux caractéris-tiques du public et lui permettre d’accéder àla reconnaissance de ses acquis par l’ob-tention du CFP, Tremplin et l’AFPA ont déve-loppé une pratique innovante : à partir duréférentiel formation du métier de peintre, ila été déterminé les actions “formatrices“ quipouvaient se dérouler dans l’entreprise d’in-sertion, et les actions plus théoriques qui néces-sitaient une formation au centre AFPA (tech-nologie, dessin...).Il s’agissait donc de préciser les responsabi-lités de chaque partenaire, organisme de

formation et entreprise, pour accompagneren complémentarité les publics sur la voie dela qualification et de l’insertion profession-nelle.Ce partenariat a permis de limiter les heuresde formation réalisées en centre, en recon-naissant le travail d’encadrement et de for-mation réalisé par l’EI. Ainsi, une vingtainede jeunes, pour lesquels l’entrée en forma-tion qualifiante n’était pas envisageable audépart, ont obtenu leur diplôme de peintre.

TREMPLINentreprise d’insertion, Vienne

– Les certificats de compétences professionnelles (CCP)

L’expérimentation menée depuis 1996 par laDGEFP en partenariat avec l’AFPA et l’ANPEsur la certification des compétences profes-sionnelles répond positivement à la demandedes SIAE de voir valider les compétencesacquises par leurs salariés.

Cette démarche vise à tester la correspon-dance entre la structuration des compétencesdes métiers, telle qu’elle figure dans le réper-toire ROME de l’ANPE et les outils d’évalua-tion de l’AFPA. Ainsi les certificats de com-pétences professionnelles permettraient auxsalariés en insertion de faire valider leurs com-pétences professionnelles par un organismeextérieur en les mettant dans une situation detravail la plus proche possible d’une situationde travail courante.

La capitalisation de plusieurs certificats de com-pétences professionnelles complétés ou non parde la formation aboutit à la délivrance d’un titredu Ministère de l’Emploi et de la Solidarité.

64 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

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65Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

L’expérimentation des CCP dans les Deux-Sèvres

En 1997, l’ADIS (Association Départemen-tale pour l’Insertion et la Solidarité) met enplace un projet baptisé DESPRO (Dévelop-pement des emplois de services par la pro-fessionnalisation) dans le cadre d’un pro-gramme européen.

Ce projet est destiné à développer la qualitédes emplois de services aux particuliers notam-ment auprès des ménages actifs. Il initie uneprofessionnalisation des intervenants salariés,en s’appuyant sur les associations intermé-diaires et d’emplois familiaux des Deux-Sèvres.La professionnalisation des personnes issuesdes dispositifs d’insertion est activée par lamise en place d’évaluations et par la réali-sation d’une cartographie individuelle descompétences. Un module éthique est réaliséavec la phase d’évaluation.Ce parcours, réalisé en partenariat avec l’AFPAde Niort, a donné lieu à l’élaboration de cinqmodules de formation (préparer et organiser lesrepas familiaux ; nettoyer, ranger, entretenir lelogement ; entretenir le linge ; assister une per-sonne dépendante ou âgée ; accompagner unepersonne dans ses activités de la vie sociale etdans ses loisirs ; observer, analyser, agir ;hygiène et ergonomie ; alimentation).

Ces modules de formation, combinés avecl’expérience professionnelle, permettent auxpersonnes d’obtenir des certificats de com-pétences professionnelles :• entretenir le logement et le linge,• préparer les repas familiaux, faire les

courses,

• assister une personne dépendante ou âgée,• assurer la garde active des enfants et des

bébés à leur domicile.Les CCP sont mis en œuvre à partir de réfé-rentiels existants et aboutissent au titre d’assis-tante de vie. La production est évaluée par unjury de professionnels habilités par la DDTEFP.En 1998 et 1999, ce dispositif a permis d’éva-luer et de former 80 personnes issues des dis-positifs d’insertion du Niortais.

ADIS, ensemblier d’insertion, Deux-Sèvres

b) Validation des acquis par les branches professionnelles : le certificat de qualification professionnelle (CQP)

Les années 80 voient la mise en place des pre-miers certificats de qualification professionnellepar les branches professionnelles. Les parte-naires sociaux définissent de nouveaux modesde validation des acquis afin de promouvoirles qualifications demandées dans les entre-prises.

Les CQP ont vocation à préparer au plus prèsà une qualification définie par la profession etdirectement opérationnelle en entreprise. Ilssont définis, en accord avec les partenairessociaux en terme de capacités professionnelles.Les SIAE utilisent très peu ce mode de valida-tion des acquis. Plusieurs raisons peuvent êtreavancées :• la difficulté d’accéder à l’information,• les branches professionnelles n’ont pas

toutes défini des CQP. La branche profes-sionnelle des industries métallurgiques etminières a été une des premières à se doterdes CQPM,

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• la difficulté de combiner tous les facteursnécessaires à la mise en œuvre d’un CQP àsavoir, la demande du salarié de s’engagerdans une formation qualifiante, le position-nement de la SIAE sur un secteur d’activitécouvert par un CQP, le choix d’un organismede formation capable de répondre au pro-gramme pédagogique défini par la brancheprofessionnelle.

Néanmoins, ce mode de validation constitueune voie intéressante pour les SIAE, car ellefait correspondre qualification professionnelleet besoins des entreprises. C’est en effet la réflexion que mène les SIAEsur leur bassin d’emploi : marier l’action derequalification professionnelle des demandeursd’emploi avec les besoins en compétences pro-fessionnelles des entreprises locales.

L’utilisation du CQPM1

Dans le cadre de son activité, l’entreprised’insertion TRI PLUS accepte de former unjeune à la préparation du CQPM “conduc-teur de système de production automatisé“.Il a un niveau CAP de mécanique généralesans avoir cependant le diplôme. Suivi parla mission locale, il a déjà engagé unepré-qualification. Il est à nouveau demandeurd’une formation qualifiante. Le CQPM répondà sa demande et propose de nombreuxdébouchés sur le marché de l’emploi. Toutela difficulté est de trouver un organisme deformation et un employeur capable d’assu-rer le tutorat.La mission locale l’oriente donc vers TRI PLUS.En contrat de qualification sur le centre de

tri, il a pour mission la maintenance et l’en-tretien de la chaîne de tri et de la presse.Le contenu de la formation est défini parl’ASFO 86 et comprend une partie théoriqueet une partie pratique en entreprise. Il répondaux objectifs professionnels suivants :• effectuer des opérations de diagnostic fai-

sant suite à un arrêt ou à undysfonctionnement,

• effectuer des opérations de maintenancede premier niveau,

• dialoguer efficacement avec le personnelde maintenance et l’assister dans ses inter-ventions.

La formation est validée par un jury profes-sionnel composé d’un employeur et d’un for-mateur de l’ASFO et aboutit à la délivranced’un Certificat de Formation Professionnellede niveau V, homologué par le Ministère del’emploi et de la solidarité, le CQPM n’étantdélivré que pour les entreprises de la métal-lurgie. Dans ce cas, le jury est composé d’unreprésentant de l’UIMM (l’Union des Indus-tries Métallurgiques et Minières).Grâce à ce titre et à l’expérience profes-sionnelle acquise à TRI PLUS, le jeune trouvefacilement un travail dans l’entrepriseMichelin.

TRI PLUS, entreprise d’insertion, Vienne

66 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

1 - Certificat de Qualification Paritaire de la Métallurgie

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67Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

L’évaluation comme la validation de l’ex-périence professionnelle sont des champsencore nouveaux tant pour les acteurs dela formation professionnelle continue quepour les SIAE.Disposant souvent de peu de moyens, lesSIAE font cependant preuve d’imaginationpour faire reconnaître et faire valoir lescompétences de leurs salariés. Les solutions nouvelles de validation nais-sent d’une coopération voulue par les dif-férents acteurs de l’insertion profession-nelle, de la formation continue et des ser-vices publics de l’emploi sur leur territoire. Parce qu’elles sont porteuses pour les per-sonnes en insertion, les expériences réa-lisées gagneraient à être étendues pourélargir les perspectives d’emploi des sala-riés à l’issue de leur parcours.

F. PREPARER LE DEPART

Les SIAE, situées sur le marché concurrentiel pourleurs activités économiques supports, se sépa-rent de leurs salariés dès qu’ils ont repris de laconfiance, retrouvé une certaine autonomie,acquis des compétences nouvelles, voire mûrileur projet professionnel. Ce paradoxe en termede gestion d’entreprise n’est que la résultante deleur finalité sociale : conduire leurs salariés versl’emploi et l’autonomie. Le départ se prévoit qua-siment dès l’arrivée du salarié. Dès l’accueil etle recrutement, on lui signifie que son passageen SIAE est limité à 24 mois maximum. La SIAE est consciente du délai dont elle dis-pose pour remobiliser la personne. Maisl’échéance se heurte souvent au désir du sala-rié de rester dans la SIAE et d’être embauché

à durée indéterminée. Le salarié refuse parfoisla réalité de cette échéance. C’est pourquoi,le moment du départ est généralement unedécision prise à l’initiative de la SIAE, déci-sion fondée sur la progression du salarié. Le départ est donc une étape qui se préparecomme les autres étapes dans une logique decontinuité du parcours, en tenant compte dudegré d’autonomie du salarié, de ses besoinset attentes vis-à-vis du marché de l’emploi, desa qualification à l’issue de son parcours, desa fragilité aussi. L’appréciation de ces diffé-rents éléments, effectuée conjointement par laSIAE et le salarié, indique si une sortie vers l’em-ploi est envisageable ou si d’autres démarchesdoivent être engagées vers d’autres organismes.

1. FAVORISER LA DÉMARCHE VERS L’EMPLOI

Lorsque l’évaluation montre que les salariéssont “employables“1, les SIAE les accompa-gnent dans leur démarche vers l’emploi. Là encore, l’accompagnement réalisé revêt desformes différentes d’une structure à l’autre. Ilconsiste à mettre en place des outils spécifiquesà la recherche d’emploi et à mobiliser l’environ-nement des SIAE comme par exemple l’ANPE,le PLIE ou d’autres réseaux locaux. Certaines SIAEs’appuient sur les relations économiques nouéesavec les entreprises locales pour multiplier les pos-sibilités d’intégration de leurs salariés.

L’accompagnement réalisé dépend essentiel-lement des sources de financement spécifiques,de la proximité ou non des partenaires, de laqualité des coopérations sur un même terri-toire. En milieu rural, les personnes ont parfoisdes problèmes de mobilité. Les partenaires

1 - C’est-à-dire les salariés qui, au terme de leur parcourssont capables d’occuper un emploi en entreprise ordinaire.

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comme les agences locales pour l’emploi sonttrop éloignés pour faire bénéficier les deman-deurs d’emploi de leurs outils. Quant aux PLIE,ils sont réservés aux villes les plus peuplées.Isolées, certaines SIAE décident donc de mobi-liser leurs ressources internes et créent elles-mêmes leurs propres outils d’accompagnementà la recherche d’emploi.

1.1. Soutenir la personne dans sa recherche d’emploi

En interne, c’est plus souvent dans le cadred’un atelier de recherche d’emploi, ou sim-plement en entretien individuel, que la plupartdes SIAE conseillent leurs salariés, les aidentà compléter leur curriculum vitae.L’actualisation du CV amène le salarié à nom-mer les compétences acquises, à les formuler parécrit. Il en reste une trace visible, accompagnéeparfois d’un document (livret, attestation, porte-feuille) attestant des compétences du salarié.

C’est aussi pour la structure un moyen de res-ponsabiliser le salarié sur son devenir. L’atelier de recherche d’emploi le fait égale-ment avancer dans ce sens. Il permet de tra-vailler sur les représentations de la personnepar rapport à ses nouvelles compétences et delui prouver qu’elle est en mesure de postuler àdiverses offres d’emploi. Lorsque les personnes ne sont pas encore prêtesà quitter la SIAE, elles peuvent ainsi constaterque certains secteurs d’activité recrutent, cequi les encourage à développer leurs compé-tences et les incite à se positionner sur desoffres d’emploi.

“L’EI organise des ateliers de recherche d’em-ploi pour les personnes en fin de contrat qui seréalisent en plusieurs séances (tous les 15 jours).

Entre deux réunions, les personnes effectuentelles-mêmes leurs démarches de recherche d’em-ploi. L’accompagnateur suit leur progressiondans leurs investigations”.

Accompagnatrice socioprofessionnelle d’une entreprise d’insertion

“Il y a 2 ans, on a fait un atelier pour accompa-gner un groupe de 12 personnes qui étaient prêtesà sortir de l’AI mais ne voulaient pas rejoindrele marché de l’emploi classique. On a travaillésur l’écriture d’annonces d’offres de services. Cesannonces sont destinées à paraître dans les jour-naux professionnels. Souvent les personnes nesavent pas se vendre. Il fallait donc les aider àécrire ces annonces avec leur langage. Sur les 12personnes, 9 ont trouvé rapidement un emploipermanent. Le fait même de travailler là-dessus,cela les a autorisées à sortir”.

Responsable d’une association intermédiaire

Le soutien aux personnes dans leur recherched’emploi implique de façon indéniable descoopérations avec les organismes ayantvocation à rapprocher l’offre et la demanded’emploi.

1.2. Mobiliser les partenaires pour multiplier les chances d’intégration en entreprise

L’ANPE est le partenaire incontournable pourson rôle de diffusion des offres d’emploi, deprospection et d’information sur les secteursd’activité et de mise en relation des candidatsavec les entreprises.La signature de convention de coopérationavec les agences locales de l’ANPE constitueun enjeu pour renforcer l’efficacité des par-cours d’insertion socioprofessionnelle.

68 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

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INSERER PAR L’ACTIVITE ECONOMIQUE ET INSERER DANS L’ECONOMIQUE

deux actions indispensables et complémentaires mais au rôle et au sens différents

Objectif visé

Les personnes concernées

Comment ?

Qui ?

Les moyensutilisés

Pour quel résultat ?

La limite d’actionLa capacité des entreprises à créer de l’emploi.La capacité du marché à absorber la main-d’œuvre.

69Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

INSERER PAR L’ACTIVITE ECONOMIQUEAccompagner individuellement et requalifier pro-fessionnellement les personnes pour qu’elles puis-sent dans un second temps accéder au marchéde l’emploi.

Les personnes sans emploi, en capacité de travailler,mais dont les chances de retrouver un emploi sontminimes étant donné le fonctionnement du marchédu travail.

Il s’agit de se servir de l’activité économique déve-loppée par une structure située sur un marchéconcurrentiel pour restaurer dans un temps limitél’employabilité de la personne.

Les Structures d’Insertion par l’Activité Economique.

Le parcours socioprofessionnel caractérisé par : • l’occupation d’un emploi salarié pour une durée

déterminée,• une formation par le travail : acquisition de com-

pétences sur le tas,• un accompagnement socioprofessionnel dans la

résolution des problèmes qui freinent le retourà l’emploi et la construction d’un projet socio-professionnel.

Un résultat qualitatif : les personnes sont deve-nues attractives pour l’entreprise ordinaire.

INSERER DANS L’ECONOMIQUEPermettre aux personnes d’accéder directementau marché de l’emploi.

Les personnes qui, telle qu’elles se présentent, peu-vent intégrer l’entreprise ordinaire immédiatement.

Il s’agit de mettre en relation les personnes“employables” qui recherchent un emploi avec lesorganismes (entreprises) qui offrent un emploi.

L’ANPE, les chargés de missions du PLIE, les équipesIOD, certains organismes de formation.

Faire le lien entre la personne, son projet, ses com-pétences et l’emploi offert par l’entreprise. Assurer éventuellement un accompagnement et unsuivi de la personne dans ses démarches derecherche d’emploi.

Un résultat quantitatif : les moyens mis en œuvreont permis de placer les personnes accueilliesen entreprise.

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70 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

L’échange d’information et la coproductiond’actions complémentaires entre le secteur del’insertion par l’activité économique et l’ANPE- notamment l’accès aux prestations de l’ANPE -peuvent contribuer à élargir les possibilités deretour sur le marché du travail et à l’emploidurable des personnes.

“Le chargé de mission ANPE me transmet desinformations sur les secteurs d’activité qui sontsusceptibles d’embaucher. Par exemple, der-nièrement, j’ai demandé de l’information surles entreprises qui passaient aux 35 heures etqui étaient susceptibles d’embaucher.Par ailleurs, les analyses réalisées sur le bas-sin d’emploi nous permettent d’avoir des infor-mations sur les postes les plus demandés dansles 6 derniers mois, les statistiques sur lesdemandeurs d’emploi ou une analyse globalesur la situation de l’emploi donnant les pers-pectives de recrutement par secteur d’activité”.

Accompagnatrice socioprofessionnelled’une entreprise d’insertion

Les SIAE travaillent également avec les réseauxde partenaires (PLIE, équipes IOD, chargés demission entreprise des CCI, des mairies, asso-ciations...) présents sur leur bassin d’emploi.

Les PLIE, par exemple, peuvent proposer des offresd’emploi aux personnes qu’ils suivent et ont unemission de prospection des entreprises sur leurbassin d’emploi. Ce travail de prospection desentreprises est important pour les SIAE car il rendcompte du dynamisme de certains secteurs d’ac-tivité et donc des débouchés pour leurs salariés. Ces réseaux locaux constituent des relais impor-tants pour apporter conseils et suivi aux per-sonnes dans leur recherche d’emploi commepour leur intégration.

1.3. Développer des coopérations avec les entreprises

a) L’intégration dans l’emploi au seinde l’entreprise ordinaire Les relations économiques1 et/ou socioforma-tives2 que les SIAE nouent avec les entreprises,contribuent à favoriser le retour ou l’accès aumarché de l’emploi des salariés en insertion. L’accompagnement réalisé par la structure,quant à lui, facilite l’intégration du salarié dansl’entreprise ordinaire.– La période d’essai dans l’entreprise Lorsque les SIAE et les entreprises ont pris l’ha-bitude de travailler ensemble, que le climat deconfiance s’est instauré au fil de leurs relations,il n’est pas rare que ces dernières informentles structures de leur besoin de main-d’œuvre,les invitant à positionner les salariés qu’ellesestiment en capacité de tenir le poste proposé.

Dans la plupart des situations, la période d’es-sai, est souvent le moyen le plus utilisé pourpermettre une intégration progressive du sala-rié dans l’entreprise. Selon les structures, ellerevêtira des formes différentes : contrat à duréedéterminée de remplacement, missions courtesd’intérim, détachement du salarié dans l’entreprise... Pour l’entreprise, ce temps permet de tester etde vérifier les compétences du salarié au seindu poste en vue de son embauche ; au sala-rié de démontrer ses compétences et ses atouts.

1 - Dans les relations et partenariats économiques, seulesles activités économiques supports sont directementconcernées dans la relation : vente de biens et services,relation de sous-traitance, de co-traitance... 2 - Dans les relations et partenariats socioformatifs, seulle métier d’employeur-formateur des SIAE est directe-ment concerné : les relations entre les SIAE et l’entrepriseporteront spécifiquement sur les moyens destinés à favo-riser la formation et l’intégration professionnelle des sala-riés en insertion.

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71Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

ENVIE 16/CLIMEFROID, PARTENAIRES POUR L’EMPLOI

En juillet 1997, la chargée de mission entreprise d’ENVIE 16 enregistre une offre d’emploi de dépanneur en petit et grosélectroménager dans l’entreprise CLIMEFROID située à 17 Km d’Angoulême. C’est la création d’une nouvelle branched’activité pour cette entreprise de froid et climatisation. Un des salariés d’ENVIE 16 est intéressé par le poste. Cependantpour l’occuper immédiatement, il lui manque des compétences techniques.ENVIE 16 propose de mettre en place des modules de formation pour adapter les compétences du candidat au poste.L’entreprise d’insertion demande un délai de 3 mois. Le responsable de CLIMEFROID accepte et s’engage de son côté àsigner un contrat de travail de 24 mois, début novembre 1997.

D’août à octobre 1997 : Le salarié d’ENVIE 16 suit une formation en communication (prise de communication téléphonique, accueil de la clientèle aumagasin, établissement de diagnostic sur les pannes...) ; il se qualifie sur des aspects techniques (répare les appareils de tech-nologies récentes, fait toutes les interventions du service après-vente chez les clients d’ENVIE 16 et établit des factures...). Leresponsable de CLIMEFROID est tenu au courant du travail effectué chaque semaine. Il rencontre son futur salarié à deuxreprises.

Novembre 1997 :Le contrat de travail est signé (contrat à durée déterminée de 24 mois, dans le cadre d’un contrat aidé). L’entreprise d’inser-tion continue à accompagner le salarié, celui-ci pourra utiliser la documentation technique d’ENVIE 16. En cas de problèmes surun appareil chez un client, il pourra le ramener à ENVIE 16 et le réparer sous la tutelle des encadrants techniques.

Février 1998 :L’entreprise CLIMEFROID veut faire suivre une formation complémentaire sur la connaissance des produits et l’approcheclientèle (communication) à son salarié. ENVIE 16 prépare et propose un plan de formation (200 heures) financé dansle cadre du contrat aidé, celui-ci devant être validé et signé par l’ANPE. ENVIE 16 recherche l’organisme de formation leplus adapté, négocie le coût et le calendrier, et assure le suivi et les relations employeur/organisme de formation/ANPE.

Septembre 1998 :Le responsable de CLIMEFROID, souhaitant qualifier ses salariés, interpelle ENVIE 16 sur les fonds action formation àfaire intervenir.L’ex-salarié d’ENVIE 16 accepte de suivre une formation en froid et climatisation à 100 km d’Angoulême d’une duréede 16 semaines sur 12 mois.

Janvier 1999 : L’accompagnement du salarié est terminé.Le responsable de l’entreprise CLIMEFROID s’est engagé à signer un contrat à durée indéterminée à son salarié à la findu contrat à durée déterminée.

ENVIE 16, entreprise d’insertion, Charente

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72 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

En faisant appel à la structure, l’entreprise limiteainsi les risques liés à tout recrutement. La structure, de son côté, connaît les salariés.Il lui appartient de montrer que ses salariés ontacquis des compétences professionnelles etsont directement employables à la fin de leurparcours. Elle est donc à même d’assurer lepré-recrutement pour l’entreprise en lui garan-tissant une adéquation entre le profil de la per-sonne et les compétences requises par le poste.

“Une entreprise, après quelques missions réa-lisées via l’association intermédiaire, medemande de réaliser un pré-recrutement pourun ouvrier qualifié N2. Il travaillera pendantun mois ou deux dans l’entreprise pour êtreensuite embauché.Ce salarié a travaillé pendant 15 ans dans lebâtiment en tant que maçon puis il s’est retrouvéau chômage. Cela fait 3 ans. Il a une situationfamiliale difficile, des problèmes financiers. Ila des compétences, il connaît les enjeux de cepré-recrutement”.

Accompagnatrice socioprofessionnelle d’une association intermédiaire

Ces propositions peuvent être réalisées au“coup par coup“, dans un cadre informel enfonction des postes offerts par l’entreprise.Elles peuvent aussi revêtir un caractère plus for-mel, lorsque la SIAE et l’entreprise bâtissent unpartenariat socio-formatif dont l’objet spéci-fique est de favoriser l’intégration des salariésen insertion, via la signature de conventiond’intégration, par exemple.

La convention d’intégration professionnelle conclue entre

l’entreprise d’insertion TRI PLUS et l’entreprise GENET

La société GENÊT, filiale de SITA assuredepuis 1991 sur le District de Poitiers la col-lecte des ordures ménagères et l’enfouisse-ment d’une partie de ce gisement. En octobre1996, GENÊT a débuté la collecte sélectivede ces emballages en porte-à-porte. Selonune volonté commune du District et de GENÊT,l’exploitation du centre de tri de ces embal-lages a été confiée à l’entreprise d’insertionTRI PLUS. Les rapports commerciaux entre GENÊT etTRI PLUS sont définis dans le cadre d’uneconvention de sous-traitance.Ce partenariat, d’abord économique, sedouble d’un partenariat socio-formatif par lasignature d’une convention d’intégration pro-fessionnelle dans laquelle GENÊT s’engaged’une part à embaucher du personnel en inser-tion, sous CDD, pour les remplacements decongés d’été sur des postes de rippeurs, àhauteur de 1500 heures et, d’autre part, àexaminer prioritairement les candidatures pré-sentées par TRI PLUS, en vue d’un reclasse-ment sous CDI pour les postes disponibles dela catégorie ouvrière de l’agence de Poitiers.A ce jour, le partenariat insertion/intégrationde TRI PLUS/GENÊT a permis l’intégrationde quatre ex-salariés de TRI PLUS à l’issue deleur parcours, à des postes de rippeurs, avecune évolution possible pour l’un des deux auposte de conducteur de camion-benne.

TRI PLUS, entreprise d’insertion, Vienne

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73Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

– L’intérim, une transition entre la SIAE et l’entreprise

De plus en plus d’entreprises font appel au tra-vail temporaire pour repérer la main-d’œuvrecompétente, ce qui amène les structures à orien-ter leurs salariés en capacité d’occuper unemploi vers l’intérim.

“L’intérim favorise l’embauche des personnes.Une entreprise avec laquelle on travaille régu-lièrement, qui s’est toujours dite satisfaite denos placements, va embaucher une personne trèsprochainement. Cette personne avait une petiteexpérience en maçonnerie parce qu’elle avaittravaillé sur des chantiers d’insertion. C’étaitsa première expérience en entreprise. En situa-tion d’échec, il était important qu’elle travailleet qu’elle soit reconnue. Le chantier était éloi-gné, elle a accepté de prendre sa mobylette ; puiselle s’est acheté un scooter. Elle a commencé entant que manœuvre-maçon pendant quinzejours. Entre temps, l’activité de l’entreprise aaugmenté, la personne a poursuivi ses missionspour finalement être embauchée définitivement”.

Accompagnatrice socioprofessionnelle d’une association intermédiaire

“Lorsque l’on sent que la personne est prête àtravailler dans le secteur marchand, qu’uneentreprise est prête à l’accueillir, il nous arrivede rompre le contrat à durée déterminée d’in-sertion et de la mettre en mission d’intérim.Cela lui permet de repérer le rythme de travaildemandé en entreprise, de vérifier que ce qu’ellea acquis comme expérience au sein de l’entre-prise d’insertion, c’est validé ou non”.

Accompagnatrice socioprofessionnelled’une entreprise d’insertion

b) L’intégration par la formation dispensée par la SIAE à la demande de l’entreprise

Faciliter le départ du salarié, cela peut-êtreaussi compléter ses compétences pour lesbesoins de recrutement d’une entreprise.

Certaines SIAE élaborent et dispensent une for-mation “sur mesure“ au poste de travail afinde compléter et de perfectionner les compé-tences d’un salarié en vue de son intégrationdans l’entreprise.

Cela permet à l’entreprise et à la SIAE de travailleren lien direct en apportant la formation par le tra-vail et les débouchés aux salariés en insertion.

2. POURSUIVRE LE PARCOURS D’INSERTION

Prendre un nouveau départ dans la vie socialeet professionnelle, ne se réduit pas à l’accèsau marché de l’emploi. Pour un certain nombrede salariés, le départ de la structure se fait pard’autres voies : la formation, la poursuite dedémarches pour résoudre des problèmes, l’em-ploi dans d’autres structures d’insertion, et cecipour continuer à construire, pas à pas, un pro-jet professionnel...

Là encore, les structures vont accompagner lapersonne, réunir les moyens adaptés pourgarantir la continuité et la cohérence de la pro-gression de la personne.

2.1. Le soutien d’organismes spécialisés Le passage en structure d’insertion sert ausside révélateur. Le travail en entreprise, l’ac-compagnement peuvent mettre à jour desinaptitudes - difficultés physiques, handicappour l’exercice d’un métier - ou des problèmes

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d’ordre divers, non réglés ou resurgis encours d’emploi - alcoolisme, toxicomanie,troubles psychiatriques - qui nécessitent dela part des salariés, la mise en œuvre dedémarches plus adaptées, préalables à l’éla-boration d’un projet professionnel et à larecherche d’un emploi. La SIAE fait appel àson réseau, passant le relais à des orga-nismes spécialisés pour permettre à la per-sonne, si elle l’accepte, d’être aider dans larésolution de ses problèmes.

“Pour les personnes qui ne sont pas capables àl’issue de leur parcours de réintégrer le mar-ché de l’emploi, on s’appuie beaucoup sur lesCES et les chantiers d’insertion. C’est un bonmoyen de proposer un accompagnement lourdet de les mettre au travail sur des travaux dif-férents, ce que l’on ne peut pas faire ici”.

Accompagnatrice socioprofessionnelled’une association intermédiaire

2.2. La coopération entre SIAELa coopération entre structures d’insertion faci-lite l’enchaînement des étapes du parcoursd’une personne, évite la rupture en garantis-sant à la personne une progression dans laconstruction de son projet, un revenu, un emploiégalement. Elle évite le “retour à la casedépart“, tant redouté par les salariés.

– Choisir la structure la mieux adaptée

“On avait recruté un salarié qui, le premiermois, était souvent absent. On savait qu’il avaitdes difficultés pour se lever. On a été toléranten lui demandant de faire quelques efforts. Ille faisait 8 jours, mais il ne tenait pas plus long-temps. Il y avait un problème latent que l’onn’arrivait pas à définir. Il trouvait toujours un

prétexte. Des lettres d’avertissement ont étéenvoyées. Au bout de 4 mois, je lui ai dit ques’il continuait comme ça, son contrat ne seraitpas renouvelé. C’était à lui de décider. Dansles faits, il ne pouvait pas tenir le rythme detravail demandé. On a fait un compromis : onne lui a pas renouvelé son contrat mais on s’estengagé à le faire travailler dans le cadre del’association intermédiaire pour qu’il se remetteprogressivement au travail”.

Accompagnatrice socioprofessionnelle d’une association intermédiaire

– Développer une coopération pour l’emploi

Le maintien de l’employabilité est un enjeu impor-tant autant pour la personne que la SIAE. C’estpourquoi, les SIAE tentent dans la mesure du pos-sible d’apporter des solutions aux personnes quisouhaitent accéder directement au marché del’emploi à l’issue de leur parcours d’insertion afinde ne pas casser la dynamique instaurée.

Les SIAE font donc appel à d’autres structuresd’insertion implantées sur le même bassin d’em-ploi afin de proposer à leurs salariés des mis-sions de courte durée. Ainsi, des entreprisesd’insertion font appel aux associations inter-médiaires ou aux entreprises de travail tem-poraire d’insertion.

Ces dernières sont communément associées àla fin du parcours d’insertion car elles s’adres-sent essentiellement à des personnes qui ontdes compétences professionnelles suffisantespour postuler sur des missions en entreprises.Les missions courtes en entreprise de travailtemporaire d’insertion laissent du temps à lapersonne pour rechercher par ailleurs un emploistable tout en maintenant son employabilité.

74 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

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75Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

“Certaines personnes sont employables à l’is-sue de leur parcours d’insertion, mais il n’y apas d’emploi. Dans ce cas, l’entreprise fait tra-vailler la personne sur des courtes missions ausein de l’entreprise d’insertion via d’autres SIAEde notre bassin d’emploi. On souhaiterait la pré-sence d’une entreprise de travail temporaired’insertion sur le district pour proposer à nossalariés des missions d’intérim. Cela leur per-mettrait de se positionner sur des missions enentreprises et de maintenir leurs compétences”.

Responsable d’une entreprise d’insertion

2.3. Le départ en formationLe passage en SIAE, on l’a vu, peut permettreaux salariés de retrouver le goût d’apprendre.Lorsque les personnes ont des aptitudes pourun métier donné, ou qu’elles souhaitent exer-cer un métier précis, qu’elles ont la capacitéà suivre une formation qualifiante et diplô-mante, cette formule peut leur être proposée.Cette solution est une alternative qui donne un“plus“ aux personnes concernées.Là encore, le partenariat avec les principauxorganismes de formation (l’AFPA, le GRETA,les branches professionnelles), la connais-sance des formations offertes, mais égale-ment les évaluations techniques réaliséesjouent un rôle important dans les choix deformation du salarié.Les structures aident les salariés à monter leurdossier, à rechercher les moyens de financerleur formation, à leur permettre de percevoirun revenu pendant sa durée afin qu’ils puis-sent la mener jusqu’au bout.

“Régis, 38 ans, célibataire, possédait 10 ans d’expé-rience en tant que magasinier mais il n’avait pas tra-vaillé depuis 8 ans. Régis a réalisé un contrat d’inser-

tion dans une EI, suite à un stage d’orientation et dedéfinition de projet, au cours duquel il avait envisagéune qualification d’agent d’hôtellerie.Son contrat dans l’EI a permis de valider son projetprofessionnel et de préparer les test d’entrée à l’AFPA.Ayant réussi ses tests, Régis a intégré dès la fin de soncontrat, la formation qualifiante d’agent d’hôtellerie àl’AFPA d’Orléans, où il a obtenu son Certificat de For-mation Professionnelle de Serveur. A l’issue de sa for-mation, il obtient très rapidement un emploi, grâce àses nouvelles compétences reconnues”.

Responsabled’une entreprise d’insertion

La préparation du départ de la SIAE sefait le plus possible en partenariat avecles acteurs locaux. L’insertion par l’activité économique est unsecteur d’activité qui fonctionne d’autantmieux si d’autres dispositifs ou organismesviennent le compléter en fonction desbesoins spécifiques de chaque salarié (pro-blèmes sociaux, recherche d’emploi, for-mation...). C’est pourquoi, les partenariatsque nouent les SIAE sont d’une importancecapitale pour proposer des solutions adap-tées et cohérentes à l’issue du parcoursd’insertion.Les SIAE réalisent un suivi : elles restent encontact avec les personnes qu’elles ontaccompagnées. La dynamique instauréeest fragile, elle doit être alimentée pour nepas s’éteindre.Le suivi n’est jamais imposé aux personnes.Elles sont libres de tourner la page pourprendre un nouveau départ. Certaines per-sonnes reviennent naturellement dans laSIAE pour un conseil, une information ousimplement donner des nouvelles à l’équipepermanente qui leur a toujours témoignédu soutien.

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77Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

En quinze ans d’expériences et de pratiques,le secteur de l’insertion par l’activité écono-mique a démontré que l’exclusion n’était niune situation irréversible, ni une fatalité.

L’emploi est synonyme d’intégration dans notresociété. Son absence reste la cause d’exclu-sion la plus répandue, notamment pour les per-sonnes les moins armées face à un marché del’emploi changeant et exigeant.

L’adaptation à de nouvelles formes de travail,aux qualifications et compétences profession-nelles recherchées par les entreprises, l’ac-quisition d’une expérience significative pourêtre immédiatement opérationnel, sont autantd’atouts pour trouver et conserver sa place surle marché de l’emploi.

Une vie de salarié sera dorénavant faite deruptures, de changement d’employeurs, demétiers ou de postes de travail, nécessitantl’apprentissage de compétences nouvelles.

Cette acquisition de compétences s’inscrit dansun processus permanent de formation qui s’ali-mente tout au long de la vie. “La formation pro-fessionnelle tout au long de la vie est un véri-table enjeu de société, une arme pour s’adap-ter rapidement aux changements, progresserindividuellement, lutter contre l’exclusion“.1

Les SIAE s’inscrivent pleinement dans cette

conception alternative de la formation profes-sionnelle. Le secteur de l’insertion par l’activitééconomique est devenu de fait une troisièmevoie de la formation professionnelle, originaleet complémentaire à celles existantes.

• Originale dans le choix de leurs supports deformation : c’est le travail qui est utilisé pourformer et acquérir des connaissances et descompétences transférables dans “l’entreprise“,donc, négociables sur le marché du travail.

• Complémentaire parce que particulière-ment adaptée aux personnes en rupture avecles systèmes traditionnels de formation ini-tiale et continue.

Les SIAE ont su adapter leurs réponses auregard des besoins économiques et sociauxde leur bassin d’emploi : leurs activités éco-nomiques supports sont le reflet des besoinsen main-d’œuvre des entreprises locales ; leurstratégie de recrutement tient compte descaractéristiques sociales des populations duterritoire. Ainsi, à leur échelle, les SIAE mènentun combat contre l’exclusion et la précarité.

Néanmoins, une lutte ne se mène pas seul etimplique la coopération des différents acteurs

Conclusion générale

1 - Le livre blanc sur la formation professionnelle : dia-gnostics, défis et enjeux/Secrétariat d’Etat aux droits desfemmes et à la formation professionnelle - Mars 99

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78 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

du territoire. Le renforcement de ces coopé-rations est un enjeu fort des dix prochainesannées afin de renforcer et prolonger lesactions des uns et des autres en faveur de l’in-tégration durable des personnes sur le mar-ché de l’emploi.

L’efficacité des parcours d’insertion sociopro-fessionnelle dépend en effet de la coproduc-tion d’actions fondée sur des partenariats tis-sés avec : • les organismes et les équipes de pla-

cement comme l’ANPE, médiateurs entreles salariés en capacité d’occuper un emploiet les entreprises,

• les entreprises dont la capacité à créerde l’emploi et à valider les compétencesacquises au cours de la vie professionnellesont primordiales pour favoriser l’intégrationdes salariés issus d’un parcours. “La com-pétence professionnelle est une combinaisonde connaissances, savoir-faire, expérienceset comportement s’exerçant dans un contexteprécis. Elle se constate lors de sa mise enœuvre en situation professionnelle à partirde laquelle elle est validable. C’est donc àl’entreprise qu’il appartient de la repérer, del’évaluer, de la valider et de la faire évoluer1“,

• les acteurs de la formation (initiale etprofessionnelle), indispensables pour déve-lopper et consolider les savoirs et connais-sances générales nécessaires à l’occupationd’un poste de travail, mais aussi pour vali-der et certifier les connaissances et compé-tences acquises dans les SIAE.

Les élus locaux, les représentants del’Etat dans les départements ont égale-

ment un rôle essentiel à jouer dans la lutte contreles exclusions en permettant que de telles coopé-rations puissent émerger et se développer ausein de chaque bassin d’emploi. Il est de leurressort de fixer le cadre de l’action en propo-sant des politiques à la mesure des difficultésd’accès à l’emploi que rencontrent les personnes.

Certes, la reprise économique et les politiquesimpulsées ces dernières années ont permis àde nombreux chômeurs de retrouver le cheminde l’emploi. Cependant l’exclusion des per-sonnes les plus fragilisées reste toujours d’ac-tualité. Elles bénéficient peu de l’embellie éco-nomique tant elles sont éloignées de l’emploi.

Nous ne pouvons nous satisfaire d’une éco-nomie qui laisse en marge une partie de lapopulation. C’est pourquoi, l’insertion par l’ac-tivité économique doit être l’outil à privilégierpour permettre à ces personnes d’acquérir descompétences professionnelles et de profiter,elles aussi, des fruits de la croissance. C’estégalement le moyen de pallier les pénuries demain-d’œuvre que connaissent certains sec-teurs d’activité aujourd’hui en formant sur letas des personnes directement opérationnelles.

Les expériences des SIAE du Poitou-Charentescitées dans ce cahier et impliquant de nom-breux partenaires sont le reflet du dynamismedes acteurs locaux de notre région et de leurcapacité de mobilisation. Il leur appartient depoursuivre dans cette voie sans perdre de vueque la personne est au cœur des différents dis-positifs d’insertion et de formation profession-nelle. La cohésion et la complémentarité desdifférents acteurs sont plus que jamais indis-pensables pour donner des réponses satisfai-santes aux personnes en situation d’exclusion.

1 - Cahier n°7 du colloque “ objectif compétences “ duMEDEF - Deauville - Octobre 1998

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79Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

ADIS Association Départementale pour l’Insertion et la SolidaritéADRESSE Association De Relance Economique et Sociale pour les Sans-Emplois

AFPA Association de Formation Professionnelle pour AdultesAFR Allocation Formation Reclassement

AI Association IntermédiaireAITJ Association Intermédiaire pour le Travail des Jeunes

ALESIE Association Locale d’Entreprises Spécialisées dans l’Insertion par l’Economique

ANPE Agence Nationale Pour l’EmploiAPPUI Association pour le Placement du Personnel

d’Utilisation IntercommunaleAPTGV Accueil Promotion des Tsiganes et Gens du VoyageARIES Association Réinsertion Insertion Economique Solidarité

ARU Association Régie UrbaineASI Appui Social Individualisé

ASSEDIC Association pour l’Emploi dans l’Industrie et le CommerceATTJ Association travail Temporaire pour les Jeunes

AUDACIE Association pour l’Union et le Développement des Actions Châtelleraudaises de l’Insertion par l’Economique

BTP Bâtiment et Travaux Publics

CAPEE Comité des Alternatives Poitevines pour l’Entraide et l’EmploiCARIF Centre d’Animation et de Ressources sur l’Information de la FormationCAVA Centre d’Adaptation à la Vie ActiveCCP Certificat de Compétences ProfessionnellesCDD Contrat à Durée DéterminéeCDDI Contrat à Durée Déterminée d’Insertion

CE Comité d’EntrepriseCEC Contrat Emploi ConsolidéCES Contrat Emploi SolidaritéCFP Certificat de Formation Professionnelle

Glossaire

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80 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

CHRS Centre d’Hébergement et de Réadaptation SocialeCI Chantier d’Insertion

CIBC Centre Interinstitutionnel de Bilan de CompétencesCIE Contrat Initiative Emploi

CIRIE Coordination Inter-Réseaux de l’Insertion par l’EconomiqueCLI Commission Locale d’Insertion

CNASEA Centre National d’Aménagement des Structures et Exploitations Agricoles

CNCE-GEIQ Comité National de Coordination et d’Evaluation des Groupements d’Employeurs pour l’Insertion et la Qualification

CNEI Comité National des Entreprises d’InsertionCNIAE Comité National de l’Insertion par l’Activité EconomiqueCNLRQ Comité National de Liaison des Régies de Quartier

COORACE Fédération des Comités et Organismes d’Aide aux Chômeurs par l’Emploi

CPL Collectif Poitevin pour le LogementCQP Certificat de Qualification Professionnelle

CQPM Certificat de Qualification Paritaire de la MétallurgieCRAPT Centre Régional d’Appui Pédagogique et Technique

CREAHI Centre Régional d’Etude et d’Action pour les Handicaps et l’Insertion

DDASS Direction Départementale des Affaires Sanitaires et SocialesDGEFP Direction Générale de l’Emploi et de la Formation ProfessionnelleDRTEFP Direction Régionale du Travail de l’Emploi

et de la Formation Professionnelle

ECARTS Elaboration Coopérative et Adaptée de Référentiels pour Tracer des Stratégies

EI Entreprise d’InsertionENCP Evaluation du Niveau de Compétences Professionnelles

ENVIE 16 Entreprise Nouvelle Vers l’Insertion par l’Economique de CharenteETTI Entreprises de Travail Temporaire d’Insertion

(ancienne dénomination : Entreprise d’Intérim d’Insertion)

FNARS Fédération Nationale des Associations de Réadaptation SocialeFSE Fonds Social Européen

GEIQ Groupement d’Employeurs pour l’Insertion et la Qualification

IOD Intervention entre l’Offre et la Demande

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81Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

IRIS Initiative Régionale pour l’Insertion et la SolidaritéOPARC Office Public Aménagement et de Construction

PAIO Permanence Accueil Information OrientationPLIE Plan local d’Insertion par l’Economique

RMI Revenu Minimum d’InsertionROME Répertoire Opérationnel des Métiers et des Emplois

RQ Régie de Quartier

SA Société AnonymeSARL Société Anonyme à Responsabilité Limitée

SATE 86 Société d’Aide aux Travailleurs sans EmploiSES Section d’Education Spécialisée

SIAE Structure d’Insertion par l’Activité EconomiqueSMIC Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance

TREMPLIN TRavail EMPLoi INsertionTUC Travaux d’Utilité Collective

UIMM Union des Industries Métallurgiques et MinièresUNIOPSS Union Nationale Interfédérale des Oeuvres

et Organismes Privés Sanitaires et SociauxUREI Union Régionale des Entreprises d’Insertion

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82 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

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83Edition Carif Poitou-Charentes Les cahiers d’Iris

Le pari de l’emploi pour tous, un risque à partagerFNARS - Economie et humanisme, hors série n°6, mai 1998

Politiques socialesMarie-Thérèse Join-Lambert, Anne Bolot-Gittler, Christine Daniel, Daniel Lenoir, Dominique Méda - 2e éd. Paris : Presses de Sciences Po et Dalloz, 1997 - (Amphithéâtre)

Insertion sociale et professionnelle : des formations en émergenceCentre Inffo - Actualités de la formation permanente, n°152, janvier-février 1998

Les pratiques d’accompagnement dans les entreprises d’insertionDRTEFP Ile de France - Horizons Ile de France, hors série n°33, décembre 1996

Les bénéficiaires des entreprises d’insertion : quel parcours, quels effets ?Elise Dos Santos - Poitiers : CREAHI, 1994

Le travail et l’emploi, un contenu et un contenantMichel Adam - La Rochelle : CARIF, 1997 - (Repères n°24, les cahiers d’IRIS)

Analyse des facteurs d’employabilité des bénéficiaires du revenu minimum d’insertion

Martine Roque, Jean-Bernard Chapelier - Poitiers : DRTEFP, 1994

L’emploi par la formation, les populations en grande difficultéBernard Martin - Lyon : Chronique sociale, 1993 - (l’Essentiel)

Moderniser sans exclureBertrand Schwartz - Paris : La découverte, 1994 - (Essais)

Accompagnement social et insertionUNIOPSS - Paris : SYROS, 1995

Bibliographie indicative

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Ce fascicule est édité par le CARIF Poitou-Charentes15, rue Alsace Lorraine - 17044 La Rochelle Cedex 1

✆ 05 46 00 32 32 - N° ISSN : 1262-0408Février 2001

I.R.I.S.Union Régionale des Structures d’Insertion par l’Activité Économique

de la Région Poitou-Charentes23, boulevard du Grand-Cerf - 86000 POITIERS

Tél. : 05 49 88 07 29 - Fax : 05 49 88 43 98E-mail : [email protected]

Internet : www.iris.asso.fr

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84 Les cahiers d’Iris Edition Carif Poitou-Charentes

La maison des exclusDr. Jean Maisondieu - Paris : Bayard, 1997

La validation des acquis professionnels Henriette Perker, Françoise Manceaux - 2e éd. Paris : Centre Inffo, 1998 - (Le point sur)

Le régulateur sémantique de l’insertionAlain Georgel, CREAHI, CRAPT, 1996

Les pratiques sociales des entreprises d’insertionCNEI - Paris, 1998

Insérer par l’activité économique : l’accueil, le suivi, l’accompagnementDossier COORACE, n°3, avril 1992

Les constructions sociales de l’insertion par l’économique : histoire, publics accueillis, activités

Bernard EME - Paris : Commissariat général du plan, 1996

Entreprises d’insertion : emploi et formationCentre inffo - Actualité de la formation permanente, n°134, janvier-février 1995

Le livre blanc sur la formation professionnelle : diagnostic, défis et enjeuxSecrétariat d’État aux droits des femmes et à la formation professionnelle - Mars 1999