L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

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L’INDEPENDANCE DES AUDITEURS, LES SERVICES DE CONSEIL ET LA QUALITE DE L’AUDIT : UNE ETUDE CANADIENNE. Mémoire Rachid Alhassane Magagi N Maîtrise en sciences de l’administration-comptabilité Maître ès sciences (M.Sc.) Québec, Canada © Rachid Alhassane Magagi N, 2015

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L’INDEPENDANCE DES AUDITEURS, LES SERVICES DE CONSEIL ET LA

QUALITE DE L’AUDIT : UNE ETUDE CANADIENNE.

Mémoire

Rachid Alhassane Magagi N

Maîtrise en sciences de l’administration-comptabilité

Maître ès sciences (M.Sc.)

Québec, Canada

© Rachid Alhassane Magagi N, 2015

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Résumé

Depuis la loi Sarbanes-Oxley (SOX), l’indépendance des auditeurs est plus que jamais au

cœur des préoccupations du régulateur comptable (CCRC ou Conseil canadien sur la

reddition de comptes, 2004). Ces inquiétudes ont donné naissance, entre autres, à des

restrictions des services de conseils fournis par l’auditeur. Dans ce mémoire, nous étudions

la relation empirique entre les honoraires de conseil et la qualité de l’audit (à travers la qualité

du résultat). Alors que les études similaires menées en contexte étatsunien indiquent des

résultats mixtes (Kao et al, 2014), il nous a paru opportun de savoir ce qu’il en est au Canada

d’autant plus que, par rapport aux États-Unis, l’auditeur canadien subit un risque légal

moindre (Bhattacharya, 2006 ; Bédard et al, 2012).

Sur la base de 5 388 observations couvrant la période 2004-2011, nos analyses montrent une

relation non significative entre les honoraires de conseil et les accruals discrétionnaires. Dans

l’ensemble, les résultats peuvent s’expliquer la rigueur des contrôles mis en place (contrôle

de qualité du CCRC et la supervision des comités d’audit) et des préoccupations d’ordre

"réputationnelles" qui conduisent l’auditeur à préserver la qualité du résultat. Toutefois, étant

donné que les résultats ne sont pas tranchés (relations non significatives), il est difficile de

tirer une conclusion définitive sur la qualité de l’audit. Ce mémoire contribue ainsi à la

littérature et au débat sur les services de conseil et leur pouvoir sur l’objectivité de l’auditeur.

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Table des matières

RESUME.......................................................................................................................................... III

TABLE DES MATIERES ................................................................................................................V

LISTE DES TABLEAUX ............................................................................................................. VII

INTRODUCTION ............................................................................................................................. 1

CONTEXTE, LITTÉRATURE PERTINENTE HYPOTHÈSES ................................................ 5

CONTEXTE CANADIEN .............................................................................................................5

REVUE DE LA LITTERATURE: ....................................................................................................7

1. Les théories .................................................................................................................7

2. Les services de conseil et la qualité de l’audit .............................................................8

Les services de conseils et la qualité perçue de l’audit. ........................................................... 9

Les services de conseil et le rapport de l’auditeur. ................................................................ 11

Les services de conseil et les retraitements. ........................................................................... 13

Les services de conseil et les accruals. .................................................................................... 14

3. DEVELOPPEMENT DES HYPOTHESES ........................................................................ 20

Les hypothèses .......................................................................................................................... 20

Hypothèse1 ................................................................................................................................ 20

Hypothèse 2 ............................................................................................................................... 21

Hypothèse 3 ............................................................................................................................... 21

A. METHODOLOGIE : .............................................................................................................. 21

1. Le modèle ................................................................................................................. 21

2. Qualité des états financiers ................................................................................... 23

3. Variables testées ...................................................................................................... 24

4. Les données .............................................................................................................. 30

B. RESULTATS. .......................................................................................................................... 31

1. Statistiques descriptives .................................................................................................. 31

2. Corrélations ..................................................................................................................... 32

3. Résultat des régressions .................................................................................................. 32

4. Analyses additionnelles .................................................................................................... 34

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vi

DISCUSSION ET CONCLUSION ................................................................................................ 37

BIBLIOGRAPHIE .......................................................................................................................... 41

ANNEXES .............................................................................................................................. 63

ANNEXE A : justification des variables ................................................................................. 63

ANNEXE B : relation entre les indicateurs ............................................................................ 80

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Liste des tableaux

Tableau 1: données .............................................................................................................. 51

Tableau 2 : Statistiques descriptives. ................................................................................... 52

Tableau 3 : tableau de correlations ..................................................................................... 53

Tableau 4: Resultats de regression pour toute la période (Modèle 1). ............................... 54

Tableau 5 : Resultats de regression pour toute la période (Modèle 2) ............................... 55

Tableau 6 : Resultats de regression sur deux périodes (Modèle 1) .................................... 56

Tableau 7 : Resultats de regression sur deux périodes (Modèle 2) .................................... 57

Tableau 8 : Analyses supplémentaires : Catégories d’honoraire ......................................... 58

Tableau 9 : Analyses supplémentaires : synthèse ................................................................ 59

Tableau 10 : Analyses supplémentaires: Rangs 10 des NAFEE par année. .......................... 60

Tableau 11 : Analyse supplémentaires : regression selon le signe des accruals

discrétionnaires. .................................................................................................................. 61

Tableau 12 : Analyses supplémentaires : Régressions utilisant les modèles de Jones

modifié et Jones ajusté par la performance comme variable dépendante. ........................ 62

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INTRODUCTION

Ce mémoire étudie l’impact des services de conseil sur l’indépendance des auditeurs

canadiens. En 2002, et à la suite de plusieurs scandales financiers, le gouvernement

étatsunien a adopté la loi Sarbanes-Oxley (SOX) qui a introduit des règles strictes visant

à renforcer l’indépendance des auditeurs. Parmi ces règles figure une restriction des

services de conseil fournis par les auditeurs. Cependant, aux États-Unis la nécessité d’une

telle mesure est critiquée, ce qui soulève la question de l’impact des restrictions sur la

qualité de l’audit (Krishnan et al, 2010). En effet, il convient de se demander si ces

nouvelles règles ont amélioré l’indépendance « de fait » de l’auditeur étatsunien

(Schmidt, 2012). Les études récentes menées aux États-Unis montrent que la nature de la

relation entre les honoraires de conseil et la qualité de l’audit reste incertaine (Kao et al,

2014 ; Gramling, 2010 ; Krishnan et al, 2010).

Par ailleurs, même si les scandales se sont déroulés aux États-Unis, la loi SOX a eu un

impact international. En effet, le désir de maintenir la confiance et la réputation des

marchés financiers n’est pas l’apanage du régulateur américain. C’est ainsi qu’une vague

de mimétisme s’est installée et plusieurs pays ont adopté des règles plus ou moins

identiques à la loi SOX. Au Canada, ces règles ont pris la forme de trois règlements (52-

108, 52-109 et 52-110). Pris collectivement, ils reprennent l’essentiel de la loi SOX.

Cependant, au vu des différences contextuelles, on peut se demander si ces règles sont

adaptées au marché canadien. En effet, contrairement à la loi SOX, les règles canadiennes

ne résultent pas directement d’un questionnement de l’indépendance de l’auditeur (Baker

et al, 2008).

Dans ce mémoire, nous évaluons l’efficacité des règles canadiennes qui encadrent la

fourniture des services de conseil à travers l’étude de la relation entre les honoraires de

conseil et la qualité de l’audit. En effet, même si l’environnement règlementaire est

comparable aux États-Unis, pour l’auditeur, l’environnement légal (notamment en

matière de responsabilité civile et pénale) étatsunien reste globalement plus risqué qu’au

Canada (Bhattacharya, 2006 ; Bédard et al. 2012). Aussi, en notre connaissance, aucune

étude sur la relation entre les services de conseil et la qualité de l’audit n’a été menée en

contexte canadien.

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Notre étude s’intéresse à la période couvrant les années 2004 à 2011. En effet, au Canada

les règlements sur l’indépendance de l’auditeur et les services de conseil ont été introduits

en 2004 (contre 2002 aux États-Unis). En exploitant 5 388 observations/année, nous

trouvons qu’au Canada les niveaux moyens des honoraires de conseil et d’accruals

discrétionnaires sont plus élevés par rapport aux États-Unis. Après avoir contrôlé quinze

(15) variables susceptibles d’affecter les accruals discrétionnaires, nous trouvons une

relation non significative entre les honoraires de conseil (ratio d’honoraires et logarithme

d’honoraires) et les accruals discrétionnaires.

Ensuite, une autre analyse s’intéresse aux entreprises canadiennes qui sont aussi cotées

aux États-Unis. En effet, dans la mesure où elles sont sujettes aux mêmes exigences que

les entreprises américaines, on peut penser que la relation entre les honoraires de conseil

et les accruals discrétionnaires soit davantage négative à cause notamment du risque de

litige plus élevé (Bhattacharya, 2006 ; Bédard et al, 2012). Pour les deux mesures

d’honoraires (le ratio d’honoraires et logarithme des honoraires de conseil), les résultats

montrent que les firmes cotées aux États-Unis ont un effet supplémentaire négatif et

significatif dans la relation entre le ratio d’honoraires et les accruals initialement trouvée.

Aussi, lorsque nous divisons notre échantillon selon que l’entreprise est cotée aux États-

Unis ou non, un test de différence confirme qu’il y’a une différence significative entre les

deux échantillons. Cela va donc dans le sens de notre hypothèse. Cependant,

contrairement à l’analyse principale (qui exploite le modèle de Jones, 1991), si on utilise

les deux mesures supplémentaires d’accruals (modèle de Jones modifié et le modèle de

Jones ajusté par la performance) les résultats montrent qu’il n’y a pas d’effet

supplémentaire associé aux firmes cotées aux États-Unis. Cela suggère que l’indicateur

affecte, peut être marginalement, la nature de la relation entre les honoraires de conseil et

les accruals discrétionnaires.

Aussi, étant donné que durant la période dite SOX (estimée à la période 2004-2008 au

Canada), les projecteurs étaient braqués sur les auditeurs, on peut s’attendre à ce que

ceux-ci soient plus prudents (Feldmann et Read, 2010). Nous avons divisé notre

échantillon en deux. Le premier échantillon couvre la période 2004-2008, et le second

s’étend sur 2009-2011. Pour les deux mesures d’honoraires, nos résultats montrent qu’il

n’y a pas de différence significative entre les deux périodes.

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Enfin, des analyses supplémentaires ont été menées à travers les trois catégories

d’honoraires (honoraires pour services liés à l’audit, services fiscaux et autres services de

conseil) pris séparément. Pour nos deux mesures d’honoraires (ratio d’honoraires et

logarithme des honoraires), nous trouvons une relation non significative entre les accruals

et deux catégories d’honoraires (honoraires pour services liés à l’audit et autres services).

Pour les honoraires fiscaux, les résultats varient selon la mesure utilisée. En effet, lorsque

nous utilisons le ratio d’honoraires, la relation est positive et significative alors que

lorsque nous utilisons, le logarithme des honoraires, la relation devient négative et

significative.

Dans l’ensemble, nos résultats suggèrent qu’il n’y a pas d’altération de la qualité du

résultat.. Toutefois, étant donné que les résultats ne sont pas tranchés (relations non

significatives), il est difficile de tirer une conclusion à savoir s’il y a transfert de

connaissances et en conséquence, amélioration de la qualité de l’audit.

Plusieurs contributions peuvent être attendues de cette étude. D'abord, nombre de

régulateurs ont exprimé des préoccupations vis-à-vis des honoraires de conseil et de leur

impact sur l’indépendance des auditeurs. La présente étude permet donc d'apprécier le

niveau de pertinence des règles canadiennes qui régissent la fourniture des services de

conseils. Le caractère strict des règles actuelles suggère qu’elles sont adéquates pour

contrôler l’indépendance des auditeurs. En effet, la finalité des contrôles (contrôle de

qualité du CCRC et la supervision des comités d’audit) demeure, au sens large, la

protection des parties prenantes utilisateurs de l'information comptable et financière. En

ce sens, la gestion du résultat est un excellent indicateur la qualité du résultat et de la

rigueur de l’audit. Ensuite, pour les ordres professionnels d’audit, les résultats de cette

étude permettent d'apprécier le niveau et le sérieux dans l'application des codes d'éthique

et de déontologie en général, et des normes d'indépendance «de fait» en particulier. Cela

donne aussi, au besoin, une idée sur l’efficacité des dispositifs de contrôle de qualité au

sein des cabinets. En effet, malgré les inquiétudes des régulateurs et de certains

investisseurs vis-à-vis de ces honoraires, les professions comptables ont généralement nié

l’existence d’une menace (Arvind et Pranil, 2013). Cette étude est donc l’occasion

d’apporter une contribution au débat.

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Enfin, dans la mesure où l'approbation aussi bien du niveau que des types de services de

conseil fournis par l'auditeur est du ressort des comités d'audit, les résultats de la présente

étude permettent d'éventuellement revoir les critères sur lesquels ils se basent pour

approuver la fourniture de ces services par l'auditeur. En effet, ils ont aussi la

responsabilité d'assurer la qualité des informations comptables et financières (indiquée

ici par les accruals discrétionnaires), d'où l'intérêt d'avoir une vision intégrée. Ainsi, si

les services de conseil altèrent la qualité de l’audit, les comités d’audit devraient éviter

d’approuver l’acquisition de ces services auprès de l’auditeur et privilégier d’autres

fournisseurs. À l’inverse, si les services de conseil améliorent la qualité de l’audit, et s'ils

croient que la perception des auditeurs ne sera pas affectée significativement, les comités

d’audit peuvent accepter l’achat de ces services auprès de l’auditeur.

Le reste du travail s’articule de la manière suivante : après une description du contexte

règlementaire, une revue de la littérature afférente et les hypothèses de l’étude (A), la

seconde partie décrit la méthodologie, les moyens utilisés pour répondre à la question de

recherche (B) et la dernière partie expose et discute les résultats (C).

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CONTEXTE, LITTÉRATURE PERTINENTE HYPOTHÈSES

CONTEXTE CANADIEN

Au Canada, les règles qui régissent la fourniture des services de conseil et l’indépendance

des auditeurs sont comparables à celles instaurées aux États-Unis. Ainsi, depuis 2004 et

conformément au code de déontologie (règle 204 sur les normes d’indépendance), il est

interdit aux auditeurs canadiens de fournir un certain nombre de services de conseil aux

sociétés cotées. Il s’agit plus précisément des services de tenue de livres, de technologie

d’information, d’évaluation (d’actifs ou actuarielle), d’audit interne, de fonction de

gestion, de recrutement, de finance d’entreprise et de services juridiques. Aussi, dans la

même logique que la loi SOX, et à défaut d’être interdits, les autres types de services de

conseil sont soumis à l’approbation préalable des comités d’audit (règlement 52-110). Il

s’agit par exemple des services fiscaux, des services liés à l’audit, des traitements

comptables ou encore des services liés au contrôle interne (ICCA, 2004).

Depuis 2004, les honoraires de conseils font l’objet d’une obligation de publication au

Canada. Ainsi, on peut retrouver l’ensemble des honoraires de conseils approuvés par les

comités d’audit dans les notices annuelles, sous les trois rubriques suivantes :

« Honoraires liés à l’audit externe », «Honoraires pour services fiscaux» et « Autres

honoraires ».

Aussi, afin d’assurer un audit de qualité pour les firmes cotées, le conseil canadien sur la

reddition de comptes (CCRC) procède à des inspections dans les cabinets d’audit (des

inspections similaires à celles du PCAOB aux USA). L’objectif étant d’examiner la

conformité de chaque cabinet d’audit aux normes professionnelles de comptabilité et

d’audit, en vérifiant notamment si le système de contrôle de la qualité de chaque cabinet

a été convenablement conçu et efficacement mis en œuvre.

Au Canada, et comparativement aux États-Unis, on peut donc observer des similitudes

d’une part, pour ce qui est des règles régissant l'indépendance des auditeurs et la

fourniture des services de conseil, et d’autre part en ce qui concerne les mécanismes visant

à superviser l’application de ces règles. Toutefois, pour l’auditeur, une différence apparait

en matière de risque de réputation et de litige.

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Plusieurs arguments permettent de soutenir l’idée d’un risque de litige plus faible au

Canada qu’aux États-Unis. D’abord, une étude menée par Bhattacharya (2006) indique

qu’aux États-Unis, la Securities and Exchange Commission fait appliquer les règles qui

régissent des valeurs mobilières plus rigoureusement qu’au Canada (à travers les

Commissions des valeurs mobilières de l’Ontario et des autres provinces). Si on

s’intéresse aux seules règles qui régissent la qualité de l’audit, on peut penser que

l’auditeur canadien est moins rigoureusement encadré que l’auditeur étatsunien. Par

conséquent, par rapport aux États-Unis, l’indépendance de l’auditeur canadien est plus

susceptible d’être affectée par la fourniture des services de conseil. Ensuite, les

caractéristiques de l’environnement légal canadien soumettent l’auditeur à une

responsabilité légale moindre. En effet, la responsabilité civile contractuelle et délictuelle

de l’auditeur est régie à la fois par le droit écrit (Québec) et la Common law (partie

anglophone). Or dans le cadre de la common law, les juges disposent d’un fort pouvoir

d’interprétation et les poursuites sont plus probables (Piot et Schatt, 2010). Par ailleurs,

en 1994 Clarkson et Simunic (1994) ont procédé à une étude comparative sur les

introductions en bourse et en ont déduit que le contexte canadien est moins litigieux.

Enfin, Bédard et al (2012) ont relevé l’existence d’une prime (dans les honoraires d’audit)

associée à une intercotation des sociétés canadiennes et australiennes sur le marché

étatsunien. Les résultats de leur étude attribuent cette prime à la complexité de l’audit et

à un risque de litige plus faible au Canada.

D’après Reynolds et Francis (2001), la protection de la réputation et le risque de litige

dominent, pour l’essentiel, l’effet que peut avoir une éventuelle dépendance économique

sur l’objectivité de l’auditeur. Par conséquent, on peut penser que ces risques orientent la

prépondérance de telle ou telle autre théorie (sur la relation entre services de conseil et

indépendance des auditeurs) dans un contexte donné. Aussi, en face de dirigeants

opportunistes, les auditeurs financièrement dépendants dans un contexte moins litigieux

sont moins réticents à céder à des requêtes (implicites ou explicites) mettant en cause leur

objectivité. Si ces requêtes prennent la forme de gestion du résultat et que les risques se

concrétisent, les entreprises canadiennes devraient afficher des gestions de résultats plus

importantes que les entreprises américaines par exemple. Dans l’ensemble, cela implique

que les honoraires de conseil affectent davantage l’indépendance des auditeurs canadiens

que celle des auditeurs américains. C’est d’ailleurs une des motivations de l’étude.

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REVUE DE LA LITTERATURE:

1. Les théories

Deux visions s’affrontent pour expliquer la nature de la relation entre les honoraires de

conseils et la qualité de l’audit. Certains auteurs (par exemple, Gleason et Mills, 2011)

pensent que les services de conseil ont un fort pouvoir d’altérer l’objectivité de l’auditeur.

D’autres auteurs (comme Dopuch et al, 2003) croient au contraire que ces services sont

inoffensifs, voire bénéfiques à la qualité de l’audit. Dans ce qui suit, nous essayerons

d’exposer les différents arguments associés aux deux visions.

Pour les tenants de la première vision, la marge supplémentaire générée par ces services

nuit à l’indépendance de l’auditeur et ultimement à la qualité de l’audit. Cette nuisance

peut être à la fois évidente (ou psychologique) et subtile. Évidente, parce que comme

toute entreprise, le cabinet d’audit est à la recherche de profit, ses ressources sont

mobilisées pour maintenir ou augmenter celui-ci (Bamber et Iyer, 2007). La nuisance des

services de conseil à l’indépendance peut prendre une forme plus subtile, notamment à

travers l’existence de quasi-rentes (DeAngelo, 1981). L’idée des quasi-rentes consiste,

pour l’auditeur, à utiliser les revenus ultérieurs de services de conseil pour compenser une

réduction des honoraires d’audit. Dans ce cas, l’auditeur s’insère dans une logique

d’investissement, ce qui est souvent incompatible avec l’indépendance (Gleason et Mills,

2011). Cette vision est souvent soutenue par les régulateurs pour justifier les mesures

restrictives.

Pour les tenants de la seconde vision, les services de conseil n’altèrent pas l’indépendance

des auditeurs et peuvent même améliorer la qualité des états financiers. L’argument

principal est que les services de conseil engendrent un risque qu’on pourrait qualifier de

"réputationnel" (Dopuch et al, 2004). Conscients de la méfiance que génèrent ces services

(perception de l’indépendance) sur le marché, les auditeurs peuvent protéger leur

réputation en évitant de fournir des services de conseil. S’ils les fournissent, les

vérificateurs seront plus vigilants, voire intransigeants dans le cadre du processus d’audit.

Cela entraine donc une meilleure indépendance «de fait». L’autre explication réside dans

le fait que l’achat de ces services auprès de l’auditeur de la société génère un transfert de

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connaissances mis à profit pour améliorer la qualité de l’audit et en conséquence celle des

états financiers. Cette deuxième vision est défendue par les professionnels comptables et

d’audit (Arvind et Pranil, 2013).

2. Les services de conseil et la qualité de l’audit

DeFond et Zhang (2014) ont menés une revue de la littérature sur la notion et les mesures

de la qualité de l’audit. Ainsi, les auteurs ont exposé six façons d’apprécier la qualité de

l’audit lorsque l’étude porte sur l’offre d’audit (dans notre cas l’indépendance de

l’auditeur) : la qualité du résultat, les opinions relatives à la continuité d’exploitation, les

retraitements, la perception des parties prenantes, les caractéristiques de l’auditeur (BIGX

et spécialisation) et certaines caractéristiques du contrat auditeur-client. Notre revue de

littérature portera sur les trois premières mesures. En effet, dans la mesure où ils

supportent les avantages et inconvénients qui sont complémentaires (DeFond et Zhang,

2014), la combinaison des trois mesures permet de mieux évaluer la nature de la relation

entre les honoraires de conseil et la qualité de l’audit. D’abord, même si la mesure basée

sur les retraitements capture directement la qualité de l’audit, les cas de firmes sujets au

retraitement restent relativement rares. Ensuite, la mesure basée sur les accruals a

l’avantage de pouvoir être utilisée sur un large échantillon, mais elle souffre d’un risque

d’erreur non négligeable. Enfin, la mesure basée sur la continuité d’exploitation capture

très bien l’indépendance de fait, mais elle limite aussi la généralisation.

Dans cette étude, nous nous intéressons à la qualité de l’audit du côté de l’offre, c'est-à-

dire la qualité de l’audit offerte par l’auditeur qui fournit un certain niveau de services de

conseil. Plus précisément, nous essayons d’évaluer l’indépendance de fait de cet auditeur.

L'indépendance «de fait» a trait à l'état d'esprit de l'auditeur dans le cadre de la mission

d’audit. Il s'agit ainsi d'un état intrinsèque. D'après Dopuch et al (2004), cela signifie que

l'auditeur possède une « indépendance d'esprit » lors de la planification et de l'exécution

d'une mission, et que le rapport d'audit qui en résulte est impartial. Johnstone et al (2001)

soulignent qu'il y a deux conditions préalables aux risques d'indépendance «de fait» :

d'abord, il doit y avoir une incitation de l'auditeur à ne pas déclarer la vérité (les services

de conseil pouvant jouer ce rôle) et d'autre part, une situation fondée sur le jugement doit

avoir lieu (l'audit est par essence une succession de situations fondées sur le jugement).

Même s'il est difficile d'observer directement l'état d'esprit de l'auditeur, on peut

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néanmoins observer les conséquences liées à l'altération de ce type d'indépendance, avec

une marge d'erreur plus ou moins importante. Si les honoraires de conseil affectent

négativement l'indépendance «de fait» (du fait par exemple d'une dépendance

économique), cela devrait se traduire par une altération de la qualité de l’audit à travers

une des mesures identifiées plus haut (DeFond et Zhang, 2014).

Les services de conseils et la qualité perçue de l’audit.

L’indépendance en apparence est liée à la croyance que peut avoir un tiers utilisateur de

l’information comptable et financière sur l’indépendance de l’auditeur. Les études sur le

sujet sont donc le plus souvent fondées sur des enquêtes (questionnaires) visant à

recueillir directement les avis d’investisseurs avisés, banquiers où toute autre partie

prenante, ou sur des études expérimentales ou encore à travers la réaction du marché.

Aux États-Unis, une enquête menée en 2000 par Penn et al (2000) indique déjà que 80 %

des investisseurs perçoivent l’audit comme étant de meilleure qualité lorsque l’auditeur

connait bien l’entreprise. 59 % pensent que cette connaissance est meilleure s’il fournit

des services de conseil. Sur la base de données antérieure à SOX, aux États-Unis, Frankel

et al (2002) ont trouvé que le ratio des honoraires de conseil, mesure du niveau de

dépendance, est négativement associé à la performance boursière ou au cours de l'action.

Abstraction faite des limites d’opérationnalisation de l’étude, cela veut dire que bien

avant la mise en place des restrictions de services de conseil, la fourniture des services de

conseil est mal perçue au point d’être financièrement sanctionnée. Ces résultats ont

toutefois été contredits par l’étude d’Ashbaugh et al (2013). En effet, après avoir revu les

indicateurs, les auteurs ont trouvé de relation non significative entre les honoraires de

conseil et l’indépendance perçue. Dans le même contexte, Krishnan et al. (2005) ont

étudié l’impact de la fourniture des services de conseil sur l’indépendance perçue des

auditeurs (mesurée par l'ERC : Earning Response Coefficient). Ils ont trouvé qu’en 2001,

contexte d’information financière accrue, les utilisateurs perçoivent les honoraires de

conseil comme menaçant l’indépendance de l’auditeur. Ghosh et al (2009) ont étudié la

relation entre l’indépendance en apparence et le ratio d’honoraires d’audit sur un large

échantillon (2001-2006) et ont trouvé que, contrairement aux idées reçues, il n’y a pas

véritablement de lien entre les honoraires de conseil et l’indépendance en apparence des

auditeurs (mesurée par le : Earning Response Coefficient). Plus récemment, Schmidt

(2012) a examiné un large échantillon de litiges (de 2001 à 2007). L’auteur a trouvé que

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les allégations qui défendent la thèse d’une altération de l’indépendance de l’auditeur due

à l’importance des honoraires de conseil versés ont plus de chance d’aboutir à un

dédommagement. De même, le montant des dommages et intérêts est plus important. En

d’autres termes, les plaignants (souvent des investisseurs) perçoivent très mal les

honoraires de conseil au point d’en faire un argument « payant » auprès d’un tribunal.

Nous remarquons ainsi que les études menées sur des échantillons d’avant 2002 semblent

être plus tranchées sur le fait que ces services altèrent l’indépendance perçue des

auditeurs. Cela est conforme avec la conclusion de la revue de la littérature de Quick et

Warming (2009). En effet, selon ces auteurs, la majorité de ces études (menées sur des

données d’avant 2002) ont trouvé une relation négative entre les services de conseil et

l’indépendance perçue des auditeurs.

Dans un tout autre contexte, au Danemark, les actionnaires, les dirigeants d’organisme de

crédit et les journalistes semblent percevoir ces services comme ayant un effet négatif sur

l'indépendance de l’auditeur (Quick et Warming-Rasmussen, 2004). Selon Dart (2011),

les investisseurs britanniques les perçoivent d’ailleurs comme menaçant plus

l’indépendance que la durée du mandat. En Allemagne, Quick et Warming-Rasmussen

(2009) ont étudié la perception des investisseurs allemands de l’impact de ces services

sur l’indépendance de l’auditeur L’étude a révélé que la perception du degré d’altération

de l’indépendance dépend significativement du type d’activité de conseil. Les

conclusions de l’étude nous paraissent intéressantes puisqu’elles proposent implicitement

que la règle encadrant ces services soit différenciée, si ce n’est pas déjà le cas. L’existence

de cette règlementation différenciée entre les services fiscaux (autorisés) et les autres

services (non autorisés) a constitué une des motivations de plusieurs études : Bédard et

Paquette (2011) aux États-Unis et Habib (2012). D’après l’étude de Mishra et al (2005),

la décision de la SEC de faire publier séparément les autres services liés à l’audit, les

services fiscaux et les autres services semble affecter la perception des investisseurs

(ratifiant le choix de l’auditeur). En effet, l’étude a trouvé que les services liés à l’audit

sont mieux perçus que tous les autres services.

Aussi, la notion d’indépendance est assez subjective. En effet, il est raisonnable de penser

que le signe lié à la perception diffère selon que les sujets de l'étude soient les auditeurs,

Page 19: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

11

l'audité (McCracken et al. 2008), les investisseurs, les banques ou autres utilisateurs de

l'information comptable et financière.

Enfin, dans l’ensemble, on peut s’aligner sur l’idée selon laquelle les services de conseil

altèrent ou impactent négativement l’indépendance perçue des auditeurs. Cependant, la

perception de l’indépendance semble meilleure après les restrictions des services de

conseil (Ghosh, et al, 2009).

Les services de conseil et le rapport de l’auditeur.

Le rapport d’audit est une mesure plus directe de la qualité de l’audit. En effet, la

littérature définit la qualité de l’audit comme étant la probabilité de détecter et rapporter

les manquements à la qualité comptable (DeAngelo, 1981). La qualité de l’opinion met

donc l’accent sur la seconde dimension, c’est-à-dire la capacité de l’auditeur à émettre

une opinion conforme à la réalité économique (DeFond et Zhang, 2014).

Plusieurs études indiquent que la fourniture de services de conseil peut conduire à

l'émission d'une opinion biaisée. Notamment, l’émission une opinion exempte de toute

observation alors qu’il en est autrement dans les faits. Déjà avant la loi SOX, dans une

étude menée sur des entreprises en Australie, Wines (1994) concluait que les entreprises

qui payent des honoraires de conseil reçoivent plus fréquemment des opinions sans

aucune réserve. Dans le même pays, Craswell et al (2002) n’ont pas trouvé de relation

significative entre la dépendance économique de l'auditeur et la propension à émettre

opinion avec une réserve. En Nouvelle-Zélande, Hay et al (2006) n'ont trouvé aucune

relation significative entre les services de conseil et la probabilité d'émettre une opinion

avec réserve. D'après l'étude de Firth (2002) menée au Royaume-Uni, les entreprises qui

achètent relativement plus de services de conseil sont plus susceptibles d'obtenir une

opinion exempte de toute observation. Cela peut avoir deux explications : l'altération de

l'indépendance « de fait » ou l'efficacité des conseils fournis. Dans la même logique, en

Norvège, un contexte caractérisé par un faible risque de litige et de réputation (par rapport

aux États-Unis), Hope et Langli (2010) ont étudié la relation entre le niveau de

dépendance économique et la probabilité d'émettre une opinion modifiée (avec

observations). Les résultats montrent qu’il n’y a aucun lien significatif entre les deux

concepts.

Page 20: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

12

Par ailleurs, l’observation sur la continuité d’exploitation constitue une dimension de la

qualité du rapport d’audit (Defond et Zhang, 2014). D’après Griffin et Lont (2010), il

s'agit d'une des observations les plus sévères que peut émettre l'auditeur. Elle remet en

question la survie de la société dans un futur proche. À ce niveau, la revue de la littérature

portera dans un premier temps sur le contexte étatsunien et ensuite à travers les autres

pays.

En utilisant des données d'entreprises américaines couvrant la période 2001-2004,

Robinson (2008) a trouvé une relation significative et positive entre les honoraires pour

services fiscaux et la défaillance d'émettre une opinion avec observations lors d'un audit

précédent une déclaration de faillite. Cependant, sur une période plus récente (des

données post-SOX, 2004–2006), Geiger et Blay (2013) ont examiné l’effet du potentiel

de croissance des honoraires de conseil sur la probabilité d’émettre une observation sur

la continuité d’exploitation. Les auteurs ont conclu une relation négative. Dans le même

contexte, Griffin et Lont (2010) ont trouvé une relation négative entre le niveau des

honoraires de conseil et la probabilité d'émettre une opinion sur la continuité

d'exploitation. De son côté, Li (2009) a étudié la relation entre l'importance du client,

appréciée par rapport aux honoraires de conseil et l'indépendance des auditeurs mesurée

par la propension à émettre une opinion sur la continuité d'exploitation. Sur la base de

données d'entreprises américaines couvrant à la période 2001-2003, l'auteur n'a pas pu

dégager de relation statistiquement significative entre les deux concepts. En complément

à l’étude de Li (2009), Kao et al (2014) ont étudié la même relation sur la période dite

post-SOX (2003-2011). Les résultats confirment qu’il existe une relation non

significative. Pour conclure sur le contexte étatsunien, Carson et al (2013) ont mené une

revue de littérature sur la relation entre la dépendance générée par les honoraires et la

probabilité d’émettre une opinion sur la continuité d’exploitation en contexte étatsunien.

D’après les auteurs, les études sur le sujet n’arrivent pas à supporter l’idée selon laquelle

la dépendance générée par les services de conseil affecte les décisions sur continuité

d’exploitation.

Dans les autres contextes (autres que les États-Unis), les résultats semblent converger

(Fargher et Jiang, 2008). En Australie, Fargher et Jiang (2008) ainsi que Firth (2002) ont

trouvé une relation négative entre la dépendance économique et la probabilité d’émettre

Page 21: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

13

une opinion sur la continuité d’exploitation. En Grande-Bretagne Basioudis et al. (2008)

ont aussi trouvé une relation négative entre la dépendance économique et la probabilité

d’émettre une opinion sur la continuité d’exploitation. Enfin en Nouvelle-Zélande, Hay

et al (2006) n’ont pas pu trouver de relation significative.

Les services de conseil et les retraitements.

Les retraitements constituent les cas les plus manifestes de la perte de qualité des états

financiers. Aux États-Unis, Paterson et Valencia (2011) ont étudié l'effet séparé de quatre

catégories d'honoraires de conseil (honoraires pour services récurrents, non récurrents,

autres services et services fiscaux) sur les retraitements. Les résultats de l’étude indiquent

une relation positive avec toutes les classes d'honoraires à l'exception des honoraires

fiscaux récurrents. En effet, la relation est négative entre les honoraires fiscaux et les

retraitements. Ce qui est compatible avec la théorie de transfert de connaissances. L’étude

de Kinney et al (2004) menée sur des observations des années 1995 à 2000 a analysé la

relation entre les retraitements et trois types d’honoraires de conseil (pour services

fiscaux, d’audit interne et conception de système d’information). Les résultats montrent

une relation négative et significative entre les retraitements et les honoraires fiscaux.

Cependant pour les deux autres mesures, aucune relation significative n’a été trouvée. Ce

qui soutient l’idée selon laquelle les services fiscaux améliorent la qualité de l’audit

(Paterson et Valencia, 2011).

Plus récemment, en utilisant les retraitements pour défaillances d'audit couvrant la

période 2001-2007 aux États-Unis, Schmidt (2012) a trouvé une relation positive entre le

ratio d’honoraires de conseil sur facture totale de l’auditeur et les poursuites après

retraitements. Dans le même contexte, Agrawal et Chadha (2005) ont analysé l’effet des

services de conseil sur la probabilité de retraitement avec un échantillon de 318

entreprises appariées. Aucune relation significative n’a pu être dégagée. Enfin, L’étude

de Bloomfield et Shackman (2008) menée sur 250 cas de retraitements sur la période

2001-2002 apporte une légère nuance. En effet, les résultats montrent que la relation est

positive et significative seulement lorsque le montant d’honoraires totaux (honoraires

d’audit et de conseil ) est utilisé comme mesure de l’indépendance. Dans le cas où c’est

le ratio d’honoraires qui est utilisé, la relation est peu significative.

Page 22: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

14

Tout comme la tendance générale, pour cette mesure aussi les résultats sont

contradictoires (Bloomfield et Shackman, 2008 ; Kinney et al, 2004). Cependant une

majorité d’études indiquent l’existence d’une relation positive.

Les services de conseil et les accruals.

Ce mémoire s’intéresse à la mesure basée sur la qualité du résultat. Outre les avantages

(application à un large échantillon, reflète la nature continue de la qualité d’audit)

identifiés par DeFond et Zhang (2014), l’inquiétude de la SEC pour la gestion de résultat

a motivé nombre de ces études à l’utiliser comme indicateur de la qualité de l’audit

(Levitt, 2000). La qualité du résultat est donc souvent utilisée comme indicateur de

l'altération de l'indépendance de l'auditeur. Cela peut s'expliquer par le fait qu'en plus

d'être le reflet de l'activité, le résultat est l'indicateur financier auquel se réfère souvent

l'investisseur. Les accruals constituent la mesure de la qualité du résultat la plus fréquente.

D’après Ferguson (2006), le recours aux accruals s'explique par le fait que le résultat

synthétise l'information d'une période d'activité et sert de base à l'évaluation de l'ensemble

de l'entreprise. Aussi, une enquête menée par Graham et al (2005) auprès de 400

directeurs financiers montre que c'est le résultat (51% des répondants), et non le Cash-

Flow (12 %), qui est considéré comme l'indicateur de performance le plus important,

surtout pour les sociétés cotées. Ajouté à cela le fait que les accruals sont la source de la

subjectivité des dirigeants, on comprend aisément l'engouement et la motivation des

auteurs ayant privilégié cette mesure.

Afin d'apprécier l'impact sur la qualité de l'information comptable, la très grande majorité

des études se sont attardées sur la qualité du résultat et plus précisément sur les «

accruals».

Aux États-Unis, Frankel et al (2002) ont trouvé une relation positive entre les honoraires

de conseil et les accruals. Cela suggère que les honoraires de conseil altèrent

l’indépendance des auditeurs. Toutefois, l’étude d’Ashbaugh et al. (2003) contredit celle

de Frankel et al, (2002). Les résultats montrent en effet que la conclusion de Frankel et al

(2002) est sensible au design de recherche utilisé. Dans la même logique et après avoir

introduit la croissance de la société comme variable de contrôle, Reynolds et al (2004)

n’ont pas trouvé de relation significative entre les honoraires de conseil et les accruals.

Page 23: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

15

Par ailleurs, l’étude de Dee et al (2006) suggère que la nature de relation entre honoraires

de conseil et accruals diffère selon la taille de l’entreprise (les clients les plus influents

ayant un meilleur pouvoir de négociation). En effet, d’après leurs résultats, pour les

grandes entreprises (S&P 500), la relation est positive avec une gestion agressive du

résultat alors que les entreprises moins grandes, la relation implique une gestion

conservative (à la baisse). Pour Krishnan et al (2010), il est question de pouvoir identifier

les entreprises qui ont la plus forte probabilité d’altérer l’indépendance de l’auditeur dans

le contexte dit pré-SOX. Les résultats indiquent que les entreprises ayant

considérablement diminué leurs honoraires de conseil (après la loi SOX) altèreraient plus

probablement l’indépendance des auditeurs (avant la loi). Une autre différence exploitée

est la taille des auditeurs. En effet, Gul et al (2006) ont aussi trouvé une relation positive

entre les honoraires de conseil et la gestion du résultat. Toutefois, la relation n’est

significative que pour les entreprises auditées par les quatre grands cabinets (BIG4).

Causholli et al (2013) proposent de considérer la nature multi périodique de la relation

auditeur-client. Les résultats de leur étude suggèrent que la qualité de l’audit (mesurée

par les accruals) est très faible pour les entreprises qui ont acquis peu de services de

conseil sur une période donnée, mais dont les honoraires de conseil augmentent la période

d’après. Par ailleurs, l’étude de Koh et al (2012) menée sur un échantillon d’entreprises

américaines dont les données se rapportent au contexte particulier de 1978-1980 a trouvé

une relation négative entre les honoraires de conseil et la gestion du résultat. Cahan et

Zhang (2006) ont aussi trouvé une relation négative entre les services de conseil et la

gestion dite conservative (à la baisse) du résultat. Toujours aux États Unis, plusieurs

auteurs, n’ont pas pu dégager de relation statistiquement significative entre les services

de conseil et l’indépendance « de fait » mesurée par la gestion du résultat. On peut citer

l’étude de Larcker et Richardson (2004); Chung et Kallapur (2003) ainsi que Dee et al

(2006). Pour terminer avec le contexte américain, des mécanismes de gouvernance autre

que l’audit permettent aussi de nuancer la nature de la relation. Dans ce sens, Gul et al

(2003) ont trouvé que l’actionnariat des dirigeants affecte négativement la relation

positive qu’ils ont trouvée entre la gestion du résultat et la dépendance économique

générée par les honoraires versés à l’auditeur. Autrement dit, plus les dirigeants sont

propriétaires (ou actionnaires) moins les honoraires versés à l’auditeur ont le pouvoir

d’altérer l’indépendance de celui-ci. Cela peut s’expliquer par une convergence d’intérêt

entre le statut de dirigeant et celui d’actionnaire. Dee et al (2002) ont aussi examiné le

Page 24: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

16

lien entre les accruals positifs et la fourniture de services de conseil. Sur la base d’un

échantillon de sociétés du S&P (Standard & Poor), les résultats indiquent que les

entreprises qui payent des honoraires de conseil relativement élevés affichent une gestion

de résultat plus agressive.

Dans l’ensemble, on peut remarquer qu’il n’y a pas de verdict tranché sur la relation entre

les honoraires de conseil et les accruals aux États-Unis. Il en est ainsi parce que la nature

de la relation est complexe, ce qui requière davantage de recherche afin de préciser notre

compréhension (DeFond et Francis 2005).

En contexte non étasunien, les études essayent de tenir compte des spécificités

règlementaires afin d’apprécier la nature de la relation entre honoraires de conseil et

gestion du résultat. Le risque de poursuites judiciaires, de réputation et l’environnement

d’étude ont un effet non négligeable sur le comportement des auditeurs (Francis, 2011).

Ainsi dans un environnement à haut risque de litige, la théorie dite « réputationnelle »

devrait prévaloir. Par exemple, au vu des conséquences des différents scandales

financiers, pour les auditeurs américains cet environnement est souvent classé à haut

risque de litige. Par contre, des pays comme la Norvège ou la Nouvelle-Zélande sont

considérés comme étant à faible risque de litige pour les auditeurs. Dans ce sens, en

Nouvelle-Zélande, Vineeta et al (2011) ont trouvé une relation positive entre le niveau

des honoraires de conseil et la gestion du résultat. Toutefois, malgré un faible litige, Hope

et Langli (2010) ont trouvé une relation positive, mais non significative en Norvège. En

Nouvelle-Zélande, Cahan et al (2008) ont confronté deux indicateurs des services de

conseil à la qualité du résultat. Dans ce contexte particulier, les résultats indiquent aussi

une relation positive. Cette relation est davantage valable dans le cas des accruals positifs.

En Grande-Bretagne, Ferguson et al (2004) ont essayé de contourner le biais lié aux

indicateurs en utilisant trois indicateurs différents pour la qualité du résultat et trois

indicateurs pour les honoraires de conseil. Les résultats montrent une relation positive

entre les services de conseil et les accruals à l’exception des services fiscaux pour lesquels

la relation est négative.

En Australie, Ruddock et Taylor (2006) ont trouvé une relation négative entre les services

de conseil et la gestion dite conservative (à la baisse) du résultat. Ruddock et Taylor

(2006) soulignent toutefois que cette relation n’est valable que pour les entreprises

Page 25: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

17

auditées par les Big6. Ce qui est conforme avec l’idée que les grands cabinets d’audit

(Big X) offrent un audit de meilleure qualité, du moins de par son caractère objectif.

Toujours en Australie, Ruddock et Taylor (2005) n’ont pas trouvé de relation entre le

ratio d’honoraires et la gestion du résultat. Ils concluent que l’absence de lien significatif

peut s’expliquer par un transfert de connaissances et des préoccupations d’ordre

réputationnelles qui conduisent l’auditeur à préserver son indépendance.

En suède, Tobias (2012) a mené son étude auprès d'entreprises privées Suède et a trouvé

une relation négative. En matière de services de conseil, ce qui est valable pour les

entreprises privées ne l’est pas forcément pour les entreprises publiques. En effet, les

entreprises privées sont souvent de petite taille, ce qui leur donne un faible pouvoir

d’influence par rapport au portefeuille client de l’auditeur. Aussi d’après Hope et al

(2010) les risques de poursuites vis-à-vis des auditeurs sont plus faibles pour ces

entreprises.

Enfin, au Bangladesh (Habib et Islam, 2007), en Taïwan (Hsihui Chang et al, 2013) et

en Espagne (Pedro et Momparle, 2011), des contextes relativement différents, les études

montrent qu’il n’existe aucun lien significatif entre les accruals et les honoraires de

conseil.

Les résultats exposés dans la revue de littérature jugent la pertinence des inquiétudes

suscitées par les honoraires de conseils et celle des mesures préventives et autres sanctions

prévues (surveillance du comité de vérifications et normes professionnelles). Cependant,

une certaine complexité entoure la démarche ayant mené à ces résultats (Annexe B). En

effet, plusieurs particularités doivent être prises en considération : l’hétérogénéité des

indicateurs, l’environnement règlementaire du pays d'étude, la culture (notamment

éthique) des auditeurs, les indicateurs utilisés aussi bien pour la gestion du résultat que

pour le niveau de dépendance économique, la taille de l’échantillon et la période d’étude

(dont la situation peut changer)….De ce fait, chacune de ces études est unique et par

conséquent l'homogénéité des conclusions (relation positive ou négative) à travers les

divers contextes ne peut aucunement autoriser une généralisation. Nous aborderons ces

aspects en vue de comprendre profondément la nature de ces résultats. Il s’agit ici des

Page 26: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

18

aspects qui ne sont pas directement pris en charge (via les variables de contrôle) par la

plupart des études menées sur la relation entre honoraires de conseil et gestion du résultat.

Les indicateurs hétérogènes : Habib (2012) a analysé les résultats d'une série d'études

indépendantes sur la relation entre les honoraires de conseil et la qualité des états

financiers. Ainsi, l'auteur a essayé d'évaluer l'effet net des services de conseil fournis par

l'auditeur sur la qualité des états financiers à travers une méta-analyse. L'effet " net "

puisque la fourniture de ces services a des conséquences mixtes aussi bien théoriquement

qu'empiriquement. L'intérêt de son étude est donc d'avoir fait aussi un état des indicateurs

utilisés par la littérature pour apprécier la qualité des états financiers. Les résultats de

cette méta-analyse nous suggèrent que la « vraie » association ou le lien net entre les

honoraires de conseil et la qualité des états financiers est négatif, très faible et est

attribuable à la diversité d'indicateurs utilisés. Ce qui est conforme avec votre revue de la

littérature.

Les différences contextuelles ou culturelles : elles ont motivé l'étude de Patel, et al

(2002) qui partent de l'hypothèse disant qu'au vu des différences culturelles, l'opinion des

auditeurs australiens est moins susceptible d'être affectée par la dépendance financière

que celle des auditeurs indiens ou chinois-malaisiens. Les résultats empiriques ont

confirmé ce fait. Dans la même logique, Antle et al. (2003) ont confronté les données

américaines (antérieures à l'interdiction) et celles de la Grande-Bretagne, les résultats

montrent une relation positive et significative dans les deux contextes, malgré une

différence qui aurait pu apparaître. En effet, dans la mesure où la publication était

obligatoire au Royaume-Uni depuis1992 (contre 2000 aux États-Unis), et que celle-ci

améliore la qualité du résultat, il aurait dû y avoir une nuance dans les conclusions.

D'autres points de différences avaient aussi été précisés par les auteurs : la corruption

(souvent pour les dirigeants en situation critique), la taille de l’économie, les mécanismes

et « jeux » entourant la fixation des honoraires et la nature du marché pour services de

conseil.

Parmi les aspects culturels identifiés comme pouvant affecter la relation, on peut noter :-

Le caractère litigieux de l’environnement d’exercice peut aussi affecter le comportement

de l’auditeur vis-à-vis de ces honoraires, et donc la relation qu’il pourrait y avoir entre les

Page 27: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

19

honoraires de conseil et la gestion du résultat. Ainsi dans un contexte très litigieux, on

s’attendrait à ce que l’auditeur tienne compte des risques de poursuites et de réputation

élevés. Par conséquent, les honoraires de conseil auront peu de chance d’affecter

l’indépendance de l’auditeur. Plusieurs études avaient essayé de tenir compte de cet

aspect (DeAngelo 1981; Chung et Kallapur 2003). Dans ce sens, en Nouvelle-Zélande,

un contexte considéré comme étant moins litigieux, Vineeta et al (2011) ont trouvé une

relation positive entre le niveau des honoraires de conseil et la gestion du résultat.

La période d’étude : elle doit être prise en compte lorsqu’on essaye de tirer une

conclusion sur un ensemble d’étude. En effet, l’environnement règlementaire évolue dans

le temps et affecte le comportement des acteurs (auditeurs, comités ou dirigeants). Aux

Etats-Unis par exemple, la période 2000-2003 a été marquée par de profonds

changements : augmentation des poursuites contre les auditeurs, une large couverture

médiatique (Fargher et Liwei, 2008) et des règles d’indépendance plus strictes (dont la

loi SOX). Depuis, des auteurs parlent de période post-SOX. On peut raisonnablement

s’attendre à ce que les résultats soient influencés. L’étude de Krishnan. et al (2010) est

illustrative de cet aspect. En effet, les auteurs ont étudié la relation dans une logique de

validation de la politique sélective de la SEC vis-à-vis des services de conseil. En d'autres

termes, il s'agissait de savoir si la loi SOX avait effectivement interdit les services qui

nuisaient à l'indépendance de l'auditeur. Même si la relation était positive (d'autres sont

donc à interdire), ils ont conclu que ces services sont associés à une manipulation moins

importante de résultat (après) qu'avant l'émission de la loi SOX. Précison aussi que la

plupart des études que nous avons analysé se sont basés sur des données d’avant la loi

SOX (pré-SOX).

La taille et la représentativité de l’échantillon : peuvent aussi influencer les conclusions.

À titre illustratif, aux États-Unis, Lim et Tan (2008) ont étudié la relation entre les ratios

d’honoraires et la gestion du résultat (basée sur le modèle de Jones ajusté par la

performance) sur un échantillon de 4,943 observations et ont conclu une relation positive,

mais non significative. Avec les mêmes indicateurs, dans le même contexte, mais sur un

échantillon de 384 firmes, Gul et al. (2007) ont trouvé une négative. Cependant, d’autres

exemples contredisent cet effet. Toujours aux Etats-Unis, l’étude de Frankel et al. (2002)

sur 2,472 observations et celle de Larcker et Richardson (2004) menée sur le double des

observations (5,103 observations) ont toutes deux rapporté une relation positive et

significative. Chung et Kallapur (2003) (1,853 observations) et Mitra (2007) (71

Page 28: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

20

observations) avaient utilisé les mêmes indicateurs, couvrant à peu près la même période,

mais concluent une relative positive mais non significative.

3. DEVELOPPEMENT DES HYPOTHESES

Les hypothèses

Au regard de la revue de littérature précédemment développée (résultats mixtes, risque

de perte d’indépendance plus importante et contexte moins litigieux qu’aux États-Unis),

nous proposons de tester les hypothèses suivantes :

Hypothèse1

Selon le contexte, on peut raisonnablement s’attendre à ce que l’une des deux visions (la

théorie de la dépendance et celle du transfert de connaissance) soit empiriquement

vérifiée. L’incertitude entourant cette question constitue la principale motivation de cette

étude. En effet, malgré les garde-fous mis en place (restrictions, responsabilisation des

comités d’audit, mauvaise perception de la part des investisseurs) pour écarter cette

menace, des inquiétudes persistent quant à l’effet de ces honoraires sur la qualité des états

financiers. Ces inquiétudes proviennent essentiellement des régulateurs, des

universitaires et de certaines associations comptables. Aux États-Unis, les études sur la

relation entre les honoraires de conseil et la gestion du résultat indiquent des résultats

mixtes.

Au Canada, un contexte caractérisé par un risque de perte de dépendance plus important,

on peut s’attendre que les résultats penchent vers une altération de l’indépendance. En

effet, les caractéristiques de l’environnement légal canadien soumettent l’auditeur à une

responsabilité légale moindre (Bédard et al, 2012 ; Piot, 2010) par rapport aux États-Unis.

Aussi, une étude menée par Bhattacharya (2006) indique qu’aux États-Unis, la SEC

(Securities and Exchange Commission) fait appliquer les règles qui régissent des valeurs

mobilières plus rigoureusement qu’au Canada (à travers les Commissions des valeurs

mobilières canadiennes). Ainsi, la responsabilité légale au Canada est faible, par

conséquent les honoraires de conseil peuvent altérer l’indépendance de l’auditeur. D’où

notre première hypothèse.

Page 29: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

21

H1: La relation entre les honoraires de conseil et les accruals discrétionnaires est positive.

Hypothèse 2

Dans la mesure où des firmes canadiennes cotées aux États-Unis, elles sont sujettes aux

mêmes exigences que les entreprises américaines. On s’attend donc à ce que les

entreprises qui sont aussi cotées aux États-Unis affectent négativement la relation

précédemment trouvée à cause notamment du risque de litige qui est plus élevé

(Bhattacharya, 2006 ; Piot, 2010 ;Bédard et al. 2012). D’où notre seconde hypothèse :

H2: La relation positive entre les honoraires de conseil et les accruals discrétionnaires est

plus faible pour les firmes qui sont aussi cotées aux États-Unis.

Hypothèse 3

D'après Feldmann et Read (2010), les années ayant suivi la loi SOX sont atypiques en

raison de l’intensité des projecteurs dirigés sur la profession d’audit. Durant la période

2004-2008, période qui suit directement l’adoption des règles canadiennes (équivalents

de la loi SOX), on peut comprendre que les auditeurs soient plus prudents (Huang et al,

2007). Par conséquent, la relation entre nos deux variables (ratio d’honoraires et les

accruals) risque d’être moins positive (voir négative). Cependant, après cette période on

peut s’attendre à ce que ces honoraires aient à nouveau le pouvoir d’altérer

l’indépendance des auditeurs. C’est pourquoi nous proposons de diviser notre échantillon

en deux. Le premier échantillon couvre la période 2004-2008, et le second s’étend sur

2009-2011. D’où la troisième hypothèse :

H3 : La relation entre les honoraires de conseil et les accruals discrétionnaires est

davantage positive sur la période 2009-2011 qu’au cours de la période 2004-2008.

A. METHODOLOGIE :

1. Le modèle

Page 30: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

22

Sur la base des différents modèles qu’on retrouve dans la littérature, nous avons choisi

de considérer les modèles ci-dessous. Ces modèles intégrent des variables de contrôle

qui se sont revelés être significativement associés aux accruals. Aussi, nous utilisons

deux types de variables dépendantes : ratio d’honoraires (modèle1) et logarithme des

honoraires (modèle2).

Modèle 1 : Ratio d’honoraires

|DACC| = α + β1NAS-FEES + β2NAS-FEES*USA + β3 TAILLE+ β4 ENDETTEMENT + β5

BIG4 + β6 NOUV_AUDIT + β7 CROISSANCE + β8 PERTE + β9 FUSION+ β10 FINANCE

+ β11 M/B + β12 CFO β13 LITIGE + β14 USA+ β15 PERFORMANCE (+ β16 ANNEE+ β17 SIC)

+ e.

Modèle 2 : Logarithme des honoraires

|DACC| = α + β1LN_NAS + β2LN_NAS*USA + β3 TAILLE+ β4 ENDETTEMENT + β5

BIG4 + β6 NOUV_AUDIT + β7 CROISSANCE + β8 PERTE + β9 FUSION+ β10 FINANCE

+ β11 M/B + β12 CFO β13 LITIGE + β14 USA+ β15 PERFORMANCE (+ β16 ANNEE+ β17 SIC)

+ e.

|DACC| = valeur absolue des accruals discrétionnaires (modèle de jones, 1991).

NAS.FEES = ratio d’honoraires de conseil (honoraires pour services fiscaux et pour autres

services) / facture totale.

NAS.FEES*USA= Croisement entre le ratio d’honoraires et la variable USA

LN_NAS= logarithme du montant d’honoraires de conseil (honoraires pour services fiscaux

et pour autres services) .

LN_NAS*USA= logarithme de (1 + la variable USA multipliée par le montant des

honoraires de conseil).

TAILLE= Actif total.

ENDETTEMENT = dette totale / actif total.

BIG4 = Variable binaire qui prend la valeur 1 si la société est auditée par un Big4 et 0 sinon.

NOUV_AUDIT = La variable « nouvel auditeur » est binaire (0,1). Elle prend la valeur 0 si

l’entreprise à nomée un nouvel auditeur et 1 sinon.

CROISSANCE = Le chiffre d’affaires de l’année t divisé par celui de l’année t-1.

PERTE = une variable binaire qui prend la valeur 1 lorsque l’entreprise rapporte une perte, 0

sinon.

FUSION= variable binaire qui prend 1 si la société est engagée dans une opération de fusion

ou acquisition 0 sinon.

FINANCE = 1 si FUSION est égal à 0 et si l’une des conditions suivantes est respectée :

--hausse de plus de 20 % des dettes financières,

-hausse de plus de 10 % du nombre d’actions émises

M_B: market to book = le ratio entre la valeur de marché des capitaux propres sur leur valeur

comptable.

CFO: Cash-flow = cash flow d’opération / Actif total.

Page 31: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

23

LITIGE : 1 si la société appartient aux secteurs définis, 0 sinon. codes SIC : 2833-2836

(secteur médical), 3570-3577 (informatique), 3600-3674 (electric), 5200-5961(secteur de

detail-retail) and 7371-7379 (programmation informatique).

USA: la variable prend la valeur 1 lorsque l’entreprise est cotée sur le marché étatsunien et

0 sinon.

PERFORMANCE : le rapport entre EBIT et le total actif

SIC : variable de classification qui prend les valeurs du SIC à un chiffre. Cela correspond

donc aux SIC : 2 3 4 5 7 8.

ANNEE: variable de classification qui prend les valeurs de l’année fiscale.

2. Qualité des états financiers

La variable utilisée est la qualité du résultat. Il s’agit d’une des caractéristiques de la

qualité des états financiers. D’après DeFond et al (2014), cette variable relie la qualité

des états financiers à celle de l’audit. En effet, un audit de qualité améliore la qualité du

résultat, qui à son tour augmente la crédibilité des états financiers. Aussi, afin apprécier

la qualité du résultat, les études se basent souvent sur des mesures qui permettent de

détecter les gestions opportunistes du résultat. Cela se base sur l’hypothèse selon laquelle

un audit de qualité restreint les manipulations du résultat. Dans le cadre de ce travail, les

termes gestion du résultat et la manipulation du résultat sont utilisés indifféremment.

Aussi, en vue d’éviter toute ambigüité et faciliter l’opérationnalisation, nous considérons

la gestion du résultat comme l’abus par les dirigeants, des discrétions comptables à leur

disposition, en vue d’attendre un résultat cible. Il s’agit ainsi de la différence entre le

résultat rapporté dans les états financiers et le « résultat objectif », c’est-à-dire

indépendant du jugement orienté des dirigeants. Dans la mesure où il est difficile

d’observer le « résultat objectif » et celui « manipulé », des auteurs ont conçu différents

modèles permettant de les dissocier. La mesure de la manipulation est souvent basée sur

les accruals, qui sont la source de la subjectivité des dirigeants. Nous utilisons donc les

accruals comme mesure de la qualité des états financiers.

Plusieurs modèles permettent de calculer les accruals (Jones, 1991 ; Jones modifié, 1995 ;

Jones ajusté par la performance, 2005). Par ailleurs, Kothari et al (2005) ont démontré

que la version ajustée par la performance (performance-matched) est plus efficace pour

les firmes ayant un résultat positif, ce qui n’est pas notre cas. En effet, la moitié de nos

observations comporte des pertes. Nous choisissons d’exploiter les accruals basés sur le

Page 32: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

24

modèle de Jones (1991) pour mesurer la qualité des états financiers. L’annexe A1 fournit

des détails sur la mesure utilisée.

Il convient par ailleurs de noter certaines limites liées à la validité des modèles qui mesure

la gestion du résultat. En effet, des auteurs ont proposé d’étudier la consistance des

modèles utilisés et leurs conclusions sont mitigées. Par exemple, les tests d’hypothèses

effectués par Takashi Y. et David A.Z. (2004) ont relevé une fréquence élevée d’erreur

de Type1 (30%) et de type II (> 5 %). En d’autres termes, des études pourraient avoir

identifié des gestions de résultats par erreur. D’un autre côté, Peasnell et al (2000) qui

ont aussi testé les modèles de Jones (1991) et Jones modifiés concluent que ces derniers

sont très efficaces pour détecter d’éventuelles manipulations de résultats. Les avis donc

divergent sur la question.

3. Variables testées

Les honoraires de conseil :

Les services de conseil indiquent, par simplification, les services autres que ceux d’audit

fournis par l’auditeur. Plusieurs auteurs ont tenté d’apporter une définition au concept.

Selon Firth (1997), il s’agit de l’emploi d’un prestataire externe, en occurrence l’auditeur,

pour émettre des recommandations aux dirigeants d’une entreprise et/ ou effectuer des

plans ou encore mettre en œuvre un certain nombre d’actions pour le compte des

dirigeants. Crabtree et al (2004) ont considéré les services de conseil comme étant "tous

les honoraires non facturés directement à l'audit, y compris la mise en œuvre des

systèmes, la modification des systèmes, la préparation d'impôts, de consultation et

honoraires d'audit interne".

Selon de Cahan et al (2008,), il y a quatre éléments pouvant différentier les services de

conseil de ceux d’audit. Ces différences expliqueraient ainsi l’avantage de les acheter

auprès de l’auditeur. Tout d'abord, contrairement à l’audit, les entreprises ne sont pas

tenues par la loi d'acheter des services. Ensuite, les dépenses liées aux services de conseil

sont discrétionnaires et cette discrétion est exclusive à la direction. Aussi, ces services

sont achetés en paquets indépendants (c’est-à-dire que le client peut demander

uniquement des services fiscaux, ou seulement des services liés au contrôle interne).

Enfin, à la différence du marché de l'audit, qui est dominé par les grandes entreprises

Page 33: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

25

(BIG 4), le marché des autres services est plus compétitif. Par conséquent, on peut

postuler que les services de conseil sont comme la plupart des biens et de ce fait, dans le

cas de l’auditeur la satisfaction du client peut primer sur son indépendance. Dans le cadre

de cette étude, nous entendons par autres services fournis par l’auditeur, l’ensemble des

services autorisés au sens de l’ICCA (2010).

Les honoraires versés à l’auditeur sont publiés dans la notice annuelle sous quatre

rubriques (règlement 52-110) :

Honoraires d’audit : Il s’agit des honoraires associés aux missions d’audit,

d’examen et d’attestation annuelle.

Honoraires liés à l’audit externe : désignent les honoraires versés pour les

services de certification et les services connexes qui sont raisonnablement liés à

l’exécution de l’audit annuel et de l’examen trimestriel des états financiers.

Honoraires pour services fiscaux : il s’agit ici des honoraires versés à l’auditeur

au titre des services professionnels en matière de conformité fiscale, de conseils

fiscaux et de planification fiscale.

Autres honoraires : renvoient aux honoraires associés aux autres produits et

services fournis par l'auditeur externe qui n’entrent dans les trois premières

rubriques.

Les honoraires de conseil considérés dans ce mémoire sont les honoraires publiés dans la

notice annuelle sous les rubriques suivantes : « Honoraires pour services fiscaux » et

« Autres honoraires ». Toutefois, il est possible que certains services non autorisés soient

rendus.

Plusieurs indicateurs sont exploités pour mesurer la dépendance économique. Le ratio

d’honoraires (rapport entre honoraires de conseil et total des honoraires) mesure la

dépendance économique générée par l’importante marge des honoraires de conseil. Ce

ratio capture l’importance relative des services de conseil par rapport aux services d’audit.

En effet, les honoraires de conseil étant plus profitables, les auditeurs en tiennent compte

dans leur rapport avec les entreprises clientes (Ashbaugh, 2003). De ce fait, les marges

générées par les services de conseil constituent une menace à l’objectivité de l’auditeur.

Le montant total des honoraires versés à l’auditeur (TOTFEE) mesure quant à lui la

dépendance économique générée par l’ensemble des honoraires versés à l’auditeur. Ainsi,

Page 34: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

26

cet indicateur mesure non seulement la dépendance économique, mais aussi les autres

menaces à l’indépendance de fait telles que le plaidoyer et l’autoévaluation (Bédard et

Paquette, 2010). Dans le cadre de ce mémoire, nous avons choisi d’apprécier la relation

avec le ratio d’honoraires (rapport entre honoraires de conseil et honoraires totaux) et le

logarithme des honoraires.

Aussi, afin de tenir compte d’une éventuelle différence liée à une intercotation aux États-

Unis, nous proposons d’exploiter une variable d’effet. Cette dernière est issue d’un

croisement entre le ratio d’honoraires et la variable catégorielle qui prend la valeur 1 si

l’entreprise est cotée aux États-Unis et 0 sinon. L’interaction entre cette mesure et les

mesures des services de conseil vise à vérifier notre seconde hypothèse (H2).

Les variables de contrôle :

L’étude de la relation entre honoraires de conseil et gestion du résultat nécessite un

contrôle de l'influence d’autres variables pouvant interférer. D’où les variables suivantes :

La taille de l’entreprise (TAILLE) : Selon Nelson et al. (2002) les auditeurs ont

tendance à ignorer certaines manipulations faites par les grandes entreprises. Toutefois,

des études montrent que les grandes entreprises manipulent moins leurs résultats (Coulton

et al. ,2007). Dans le cadre de ce travail, et conformément à la divergence des études

antérieures (Frankel et al. 2002 ; Ashbaugh et al, 2003 ; Coulton et al. ,2007 ; Habib et

Islam, 2007), nous considérons que le sens de la relation entre la taille de l’entreprise et

la gestion du résultat est incertain. La mesure utilisée est le logarithme de 1 plus le total

de l’actif.

Niveau d’endettement (ENDETTEMENT) : Selon Piet et al (2006), les entreprises

endettées manipulent plus leurs résultats afin de se donner une meilleure image vis-à-vis

des apporteurs de fonds ou de respecter tout simplement leurs engagements (covenants).

En effet, l’existence de dettes financières élevées peut expliquer la volonté des entreprises

d’éviter des couts supplémentaires liés au retard de remboursement ou au non-respect des

engagements liés à ces dettes. La gestion agressive du résultat permet donc aux

entreprises d’éviter des couts supplémentaires. Dans le cadre de cette étude, on s’attend

théoriquement à une relation positive entre l’endettement financier et la gestion du

résultat (Ashbaugh et al, 2003). La mesure utilisée est le rapport entre la dette totale et

l’actif total.

Page 35: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

27

La taille de l’auditeur (BIG4) : Mahdi et al (2011) ont trouvé que la gestion du résultat

mesurée par les accruals anormaux est négativement associée à la taille de l’auditeur. Ce

qui implique que les grands cabinets sont plus intransigeants vis-à-vis de la gestion du

résultat, même si certains apportent des résultats contradictoires. D'après Francis et al

(1999), les entreprises qui sont perçues comme ayant tendance à manipuler les résultats

se cachent derrière la réputation des grands cabinets (BIG X) pour rétablir leur crédibilité.

Pour ce qui nous concerne, on s’en tient à une relation significativement négative entre la

taille de l’auditeur et la gestion du résultat (Frankel et al. 2002). Il s’agit ainsi d’une

variable binaire qui prend 1 si la société est auditée par un Big4 et 0 sinon.

Nouveau mandat (NOUV_AUDIT) : Théoriquement, une longue durée de relation entre

audité et auditeur peut entrainer un des deux comportements suivants vis-à-vis de la

gestion du résultat : soit sa familiarité avec les activités de l’entreprise l’amènent à

détecter et réprimander d’éventuelles gestions du résultat, soit comme le soulignent

Ruddock et Taylor (2005), l’auditeur devient très familier avec le management au point

de permettre une gestion du résultat. Par exemple d’après l’étude de Frankel et al (2002)

la durée du mandat est positivement associée à la gestion de résultat. Nous nous

alignerons sur ce dernier résultat. Pour la mesure, la variable est binaire (0,1). Elle prend

la valeur 0 si l’entreprise a nommé un nouvel auditeur et 1 sinon.

Croissance de la société (CROISSANCE) : Pour les sociétés à forte croissance, les

investisseurs ne s'attendent souvent pas à un important résultat (politique de dividendes).

On peut penser que les dirigeants seraient alors moins tentés par la manipulation des

résultats. Toutefois, Penman et Zhang (2002) soulignent que les investissements liés à la

croissance sont parfois financés par des pratiques visant à réduire le résultat, qui

correspondent à de la gestion de résultats. Chi-Wen et al (2005) ont utilisé deux

différents indicateurs de la gestion du résultat, la part du résultat réel dans le résultat

publié et la manipulation comptable sur une population de sociétés américaines

(Compustat : 1988-2001). Et leur résultat confirme l'existence d'une relation positive

entre la croissance et la gestion du résultat. Nous supposons donc que la relation est

positive. L’indicateur est le rapport entre le chiffre d’affaires de l’année fiscale (t) et celui

de l’année fiscale précédente (t-1).

Page 36: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

28

Perte (PERTE) : Cette variable permet de capturer le fait que la profitabilité incite les

dirigeants à gérer le résultat. L’étude du lien entre la profitabilité et les honoraires de

conseil nous semble en ce sens un excellent indicateur de la menace à l'indépendance des

auditeurs. Ici, nous proposons de le contrôler en tant que déterminant à la gestion du

résultat. En effet, les dirigeants qui ne veulent pas afficher de pertes ont parfois recours à

une gestion agressive du résultat. On s’attend donc à une relation négative entre cette

variable et la gestion du résultat. Plusieurs autres études ont exploité cette variable

(Brown, 2001 Ashbaugh et al, 2003). L’indicateur est une variable binaire qui prend la

valeur 1 lorsque l’entreprise rapporte une perte et 0 sinon.

Fusion (FUSION) : Les entreprises qui ont fusionné sont souvent enclines à maquiller

les comptes pour optimiser les taux d’échange des titres. L’argument est tout aussi valable

dans le cas d’une opération d’acquisition. On s’attend donc à une relation positive entre

cette variable et la gestion du résultat. Plusieurs auteurs ont identifié cette variable

(Ashbaugh et al, 2003 ; Coulton et al. ,2007 ; Habib et Islam, 2007). L’indicateur est une

variable binaire qui prend 1 si la société est engagée dans une opération de fusion ou

acquisition et 0 sinon.

Financement (FINANCE) : Cette variable vise à considérer le recours à des sources de

financement importantes, autres que la fusion, qui pourraient motiver la gestion du

résultat. On s’attend donc à une relation positive entre cette variable et la gestion du

résultat. Elle est utilisée par la plupart des études ayant exploité le modèle de gestion du

résultat (Firth 1997, Hung et al, 2007, Lemaux, 2010). La variable prend la valeur 1 si

FUSION est égale à 0 et si l’une des conditions suivantes est respectée : hausse de plus

de 20 % des dettes financières ; - hausse de plus de 10 % du nombre d’actions émises.

Autrement, la variable prend la valeur 0.

Ratio market to Book (M_B) : Ce ratio permet de tenir compte de l’impact des

perspectives futures de l’entreprise (Ashbaugh et al, 2003). En effet, l’attente du marché

vis-à-vis du résultat est davantage marquée chez certaines entreprises que chez d’autres.

D'après Chung & Kallapor (2003), plus ce ratio est élevé, plus les dirigeants manipulent

les résultats. On s’attend donc à une relation négative entre cette variable et la gestion du

résultat. La mesure correspond au rapport entre la valeur de marché des capitaux propres

sur leur valeur comptable.

Page 37: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

29

Les cash-flows (CFO) : Nous incluons les flux de trésorerie comme variable de contrôle

parce que des études antérieures montrent que les modèles de gestion du résultat basés

sur les accruals n’extraient pas complètement les accruals non discrétionnaires qui sont

corrélés avec la performance de la firme (Frankel et al, 2002; Ashbaugh et al, 2003). On

s’attend donc à une relation négative entre cette variable et la gestion du résultat. La

plupart des études impliquant la gestion du résultat ont inséré cette variable dans leur

modèle (Chung et Kallapur, 2003 ; Larcker et Richardson, 2004). La mesure correspond

au cash-flow d’opération ajusté par la taille de l’entreprise (total actif).

Les secteurs litigieux (LITIGE) : Il s’agit de tenir compte des secteurs dits litigieux, qui

pourraient avoir une tendance moins prononcée à gérer ses résultats. Ils ont été définis

par Francis et al. (1994). Il s’agit donc des firmes avec les codes SIC : 2833-2836 (secteur

médical), 3570-3577 (informatique), 3600-3674 (électrique), 5200-5961(secteur du

détail) et 7371-7379 (programmation informatique). On s’attend donc à une relation

positive entre cette variable et la gestion du résultat. Plusieurs études l’ont utilisé comme

variable de contrôle (Ashbaugh et al. 2003 ; Michael et al, 2006; Bloomfield et

Shackman, 2008). L’indicateur correspond à 1 si la société appartient aux secteurs définis

et 0 sinon.

Performance financière de la société (PERFORMANCE) : Plusieurs études suggèrent

d’intégrer le ratio d’excédent brut d’exploitation sur total actif, afin de capturer et

contrôler la performance financière de l’entreprise. Les entreprises moins performantes

étant davantage tentées à gérer leurs résultats (LeMaux, 2010). Toutefois, la nature de la

relation entre cette variable et la gestion du résultat est incertaine (Habib et Islam, 2007 ;

Choi et Lee, 2009). L’indicateur correspond au rapport entre le résultat d’exploitation

(EBIT) et le total actif.

Secteur d’activité (SIC) : le niveau d’accrual peut varier d’un secteur à l’autre. Pour les

études américaines, la discrimination s’est portée sur les codes SIC à 2 chiffres. Ici, nous

considérons les SIC à un chiffre, car les secteurs canadiens sont de petite taille. Il s’agit

ici d’une variable de catégorielle qui prend les valeurs du SIC.

L’année fiscale (FISCAL_YEAR) : Notre étude couvre plusieurs années fiscales. D’où

l’intérêt de contrôler d’éventuelles différences d’une année à l’autre. L’indicateur est une

Page 38: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

30

variable de classification qui prend les valeurs de l’année fiscale (2004 à 2011). C’est-à-

dire les 8 années de l’analyse.

4. Les données

Nous avons dans un premier temps recueilli des données brutes sur COMPUSTAT

couvrant la période 2004-2011. Si on fait le parallèle par rapport aux États-Unis, nous

nous intéressons donc à la période Post-SOX. En effet, comme indiqué plus haut, les

reformes canadiennes ont été introduites en 2004 (règlement 52-108).

Nous sommes partis d’un échantillon initial de 11 562. Il constitue l’ensemble des

données disponibles sur COMPUSTAT dont la variable « Actif Total » n’est pas

disponible. Ensuite, nous avons éliminé 2644 observations qui correspondent aux secteurs

financiers (SIC=6) et publics (SIC9). Pour les honoraires, les variables ont été recueillies

sur la base de données SEDAR. Après fusion, nous avons éliminé 1445 observations dont

les variables d’honoraires sont manquantes. Puis, 1993 observations ont été éliminées

pour absence des autres variables (accruals et variables de contrôle) de notre modèle.

Aussi, nous avons identifié et supprimé 92 observations aberrantes (dont la distance de

cook associée à la variable accrual est supérieure à 1) . À la fin, nous nous retrouvons

avec un échantillon final de 5 388 observations/année.

Page 39: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

31

B. RESULTATS.

1. Statistiques descriptives

Le tableau 2 expose les statistiques descriptives des différentes variables. Les accruals

discrétionnaires (Jones 1991 en valeur absolue) sont de 0.235 (0.11) en moyenne

(médiane) contre 0.083 (0.049) pour l’étude de Krishnan et al (2011) et 0.078 (0.038)

pour celle de Dee et al (2006). Cela supporte l’idée selon laquelle les entreprises

canadiennes gèrent davantage leurs résultats. Ensuite, la moyenne du logarithme

d’honoraires est de 8.87 contre 5.15 pour l’étude de Lim et Tan (2008) menée aux États-

Unis. Aussi, par rapport aux États-Unis, la moyenne et la médiane du ratio d’honoraires

(rapport entre les honoraires de conseil et le total des honoraires versés à l’auditeur) sont

supérieures au Canada. Ainsi, le ratio d’honoraires moyen est de 0.265 (médiane=0.23)

alors que pour la période 2004-2005 Krishnan et al (2011) mentionnent un ratio moyen

de 0. 172 (médiane=0.15). Toutefois si l’on considère les montants en dollars (et

abstraction faite des différences de devises), le montant moyen versé aux auditeurs à titre

d’honoraires de conseil est plus faible au Canada (200 830 CAN contre 609 000 USD aux

États-Unis). La même remarque peut être faite pour ce qui est du total des Honoraires

(707 045 CAD contre 2 828 000 USD). Cela peut s’expliquer par le fait que les sociétés

canadiennes sont globalement de taille moindre. Si on considère les montants, la moyenne

des honoraires de conseil est de 375 759 CAD pour les firmes canadiennes cotées aux

États-Unis et 181 542 CAD pour les autres. À ce niveau aussi, il y’ a un effet lié à la taille

des entreprises canadiennes. Il est aussi possible que les firmes en intercotation aux États-

Unis, payent une prime supplémentaire qui pourrait être due au risque de litige (Choi et

al, 2008 ; Bédard et al, 2012).

Pour les variables de contrôle, on a une moyenne de 4.4 pour la variable “taille”

(TAILLE), 0.13 pour la variable ENDETTEMENT. Aussi, à peu près 77 % des

observations (entreprise/année) sont audités par les BIG4 et il n’y a eu que 7.4 % de

changement d’auditeur (NOUV_AUDIT). Pour la variable “croissance ajustée”

(CROISSANCE), la moyenne est de 112.9%. En moyenne, 49 % des entreprises affichent

des pertes (PERTE), 20.7 % avaient eu recours à des acquisitions ou fusions (FUSION)

et 32 % ont un financement externe important (moyenne de la variable FINANCE=0.32).

La variable définie par “le rapport entre la valeur de marché et la valeur au livre” (M_B)

a une moyenne de 2.28 et la variable CFO a une moyenne de -0.018. À peu près, 16 %

Page 40: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

32

des entreprises appartiennent aux secteurs définis comme litigieux (LITIGE). Enfin, 13

% des observations proviennent d’entreprises canadiennes cotées aux États-Unis (USA)

et la moyenne de la PERFORMANCE est de -0.10.

2. Corrélations

Le tableau 3 montre les corrélations entre les différentes variables de notre modèle. Dans

l’ensemble, les corrélations entre variables sont très faibles, ce qui nous met à l'abri

d’éventuels problèmes de multicolinéarité. Aussi, les VIFs (Variance Inflation Factors)

sont nettement inférieurs à 10 (10 étant la norme selon Gujarati, 2003). Le VIF le plus

élevé est de 1,886.

3. Résultat des régressions

Le tableau 4 présente les résultats de la régression portant sur l’ensemble de la période et

utilisant le ratio d’honoraires (NAS.FEES) comme variable dépendante. Le modèle est

globalement significatif (F=44.57 ; Pr <0.001). Le coefficient de détermination (R2) est

de 27.5 % contre 15 % pour l’étude de Chung et Kallapur (2003) et 17 % pour l’étude de

Dee et al (2006). Notre coefficient est donc relativement plus élevé que celui des autres

études. Les résultats montrent que contrairement à notre première hypothèse (H1), il

n’existe pas de relation positive significative entre les honoraires de conseil et les

accruals. Nous trouvons une relation positive, mais non significative entre le niveau

d’honoraires de conseil et les accruals discrétionnaires en valeur absolue. Le coefficient

associé à cette relation est de 0.0145 avec une probabilité supérieure à 10%.

Le tableau 5 présente les résultats de la régression portant sur l’ensemble de la période et

utilisant le logarithme des honoraires de conseil (LN_NAS) comme variable dépendante.

Le modèle est globalement significatif (F=44.99 ; Pr <0.001). Le coefficient de

détermination (R2) est de 27.37% contre 15.4¨% pour l’étude Ferguson et al (2004). Notre

coefficient est donc relativement plus élevé. Les résultats montrent que contrairement à

notre première hypothèse (H1), il n’existe pas de relation positive entre les honoraires de

conseil et les accruals. À l’inverse, nous trouvons une relation négative, mais non

significative entre le niveau d’honoraires de conseil et les accruals discrétionnaires en

valeur absolue. Le coefficient associé à cette relation est de -0.0015 une probabilité

supérieure à 10%.

Page 41: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

33

La variable issue du croisement entre les honoraires et la variable USA

(NAS.FEES*USA et LN_NAS*USA) permet d’avoir l’effet supplémentaire pour les

entreprises qui sont aussi cotées aux États-Unis. En effet, d'après notre seconde hypothèse

(H2), on s’attend à ce que les entreprises qui sont aussi cotées aux États-Unis affectent

négativement la relation précédemment trouvée. Les résultats montrent que,

conformément à notre hypothèse, les firmes cotées aux États-Unis ont un effet

supplémentaire négatif et significatif sur la relation entre les honoraires de conseil et les

accruals, ce, pour nos deux mesures d’honoraires. Les coefficients sont de -0.2267

(significatif à 5%) pour la variable NAS.FEES*USA et de -0.0066 (significatif à 5%)

pour la variable LN_NAS*USA. L’effet est donc négatif et significatif pour nos deux

mesures d’honoraires. Cela suggère que l’effet est différent selon que les entreprises sont

cotées ou non cotées aux États-Unis.

Le tableau 6 présente les résultats des régressions par période (2004-2008 et 2009-2011),

avec le ratio d’honoraires (NAS.FEES) comme variable dépendante. Pour les deux

périodes, les modèles sont globalement significatifs (avec respectivement F=29.04*** et

F=36.20***). Les coefficients de détermination (R^2) sont de 27.99 pour la première

période et 28.49 % pour la seconde. Les coefficients associés à NAS.FEES sont de 0.0061

(non significatif) et 0.0343 (non significatif) respectivement pour la première période et

pour la seconde période. Le test de différence montre que la différence entre les deux

périodes est positive, mais non significative (t-value=0.57). Cela va donc à l’encontre de

notre troisième hypothèse (H3), qui suggère une différence entre les deux périodes.

Le tableau 7 présente les résultats des régressions par période (2004-2008 et 2009-2011),

avec le logarithme des honoraires de conseil (LN_NAS) comme variable dépendante.

Pour les deux périodes, les modèles sont globalement significatifs (avec respectivement

F=29.58*** et F=39.09***). Les coefficients de détermination (R^2) sont de 28.13 %

pour la première période et 28.49% pour la seconde. Les coefficients sont de -0.0021 (non

significatif) et 0.0009 (non significatif) respectivement pour la première période et pour

la seconde période. Tout comme pour le ratio d’honoraires, les résultats vont à l’encontre

de notre troisième hypothèse (H3), il n’y a pas de différence positive et significative entre

les deux périodes (t-value=0.53).

Page 42: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

34

Par ailleurs, on peut aussi remarquer que les variables de contrôle sont associées aux

accruals discrétionnaires. Pour notre premier modèle (Tableau 4), à l’exception de celle

impliquant les variables BIG4, NOUV_AUDIT, PERTE FINANCE ET M_B, toutes les

relations entre les accruals et les variables de contrôle sont significatives. Pour le second

modèle (Tableau 5), plusieurs relations se sont avérées significatives. Il s’agit de la

TAILLE (-), l’ENDETTEMENT (+), la CROISSANCE (+), la PROFITABILITÉ (-), la

FUSION (+), la variable CFO (-), la variable LITIGE (-), la variable USA (+) et la

variable PERFORMANCE (-). Ainsi, pour les deux modèles, les signes associés à toutes

les variables de contrôles (significatifs) sont conforme à nos prévisions.

4. Analyses additionnelles

En plus des principaux résultats précédemment exposés, nous avons mené des analyses

additionnelles. En effet, nous avons procédé à des régressions par catégorie d’honoraires

de conseil et effectué une analyse séparée selon que la firme est cotée aux États-Unis

(USA) ou non (CAN). Les tableaux (8 et 9) en annexe nous fournissent une synthèse des

différents résultats.

La première analyse porte sur les trois catégories (honoraires liés à l’audit, honoraires

fiscaux et autres honoraires) de services de conseil pris séparément. Comme le montre le

tableau 8, pour nos deux mesures d’honoraires de services conseils (ratio d’honoraires et

logarithme des honoraires), nous trouvons une relation non significative entre les accruals

et deux catégories d’honoraires (honoraires pour services liés à l’audit et autres services).

Pour les honoraires fiscaux, les résultats varient selon la mesure utilisée. En effet, lorsque

nous utilisons le ratio d’honoraires, la relation est positive et significative alors que

lorsque nous utilisons, le logarithme des honoraires, la relation devient négative et

significative. Dans l’ensemble, cela confirme les résultats de notre analyse principale.

Ensuite, pour les honoraires de conseil, notre analyse principale intègre uniquement les

honoraires fiscaux et les autres honoraires de conseil. D’autres analyses portent sur

l’ensemble des trois catégories des honoraires de conseil (incluant donc les honoraires

liés à l’audit). Pour les deux mesures d’honoraires exploitées dans l’analyse principale

(NAS.FEES et LN_NAS), les résultats montrent que les relations avec les accruals restent

non significatives (tableau 9). Aussi, l’effet supplémentaire des firmes cotées aux États-

Page 43: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

35

Unis (Diff USA, tableau 9) est significatif pour le ratio d’honoraires. Cela confirme aussi

les résultats de notre analyse principale.

Aussi, nous avons divisé notre échantillon selon que l’entreprise est cotée aux États-Unis

ou non (tableau 9, Can et USA). Lorsqu’on considère les honoraires de conseil incluant

les honoraires pour les services liés à l’audit, les résultats montrent une relation (avec

NAS.FEES et LN_NAS), mais non significative pour l’échantillon canadien, alors que la

relation est significative pour l’échantillon constitué d’entreprises étatsuniennes.

Lorsqu’on considère les honoraires de conseil sans inclure les honoraires liés à l’audit,

pour les firmes cotées uniquement aux Canada, nous trouvons des relations non

significatives. Nous trouvons une relation négative et significative entre le logarithme des

honoraires (LN_NAS) et les accruals discrétionnaires pour les firmes cotées aux États-

Unis. Toutefois, le test de différence montre que la différence n’est pas significative (t-

value= -0.89). Cela confirme donc les résultats de l’analyse principale.

Aussi, nous avons utilisé deux mesures supplémentaires d’honoraires de conseil (montant

d’honoraires NAS et rapport entre le montant d’honoraires et le total actif NAS_TA).

Qu’on considère les honoraires avec ou sans les services liés à l’audit, les résultats

montrent des relations non significatives entre les honoraires de conseil et les accruals.

Ensuite, afin de contrôler l’effet taille ou l’importance des ratios d’honoraires, une autre

analyse porte sur les rangs 10 du ratio d’honoraires par année (tableau 10). Les résultats

confirment l’existence d’une relation non significative. Cela confirme donc les résultats

de notre analyse principale.

Puis, nous avons mené une analyse supplémentaire en tenant compte du signe des accruals

discrétionnaires. Comme l’indique le tableau 11, les résultats montrent des relations non

significatives entre les ratios d’honoraires et les accruals discrétionnaires. Cependant, il

y a une différence significative selon que les firmes sont cotées aux États-Unis ou non.

Cela confirme ainsi les résultats de notre analyse principale.

Enfin, nous avons effectué des régressions en tenant compte de deux autres modèles

d’accruals (modèle de Jones modifié et le modèle de Jones ajusté par la performance).

Les résultats (Tableau 12) confirment partiellement les résultats de notre analyse

principale. En effet, il n’y a pas de relation significative entre les honoraires de conseil

Page 44: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

36

(ratio d’honoraires et logarithme des honoraires) et les accruals discrétionnaires ((modèle

de Jones modifié et le modèle de Jones ajusté par la performance). Cependant,

contrairement à l’analyse principale (qui exploite le modèle de Jones, 1991), si on utilise

les deux mesures supplémentaires d’accruals (modèle de Jones modifié et le modèle de

Jones ajusté par la performance) les résultats montrent qu’il n’y a pas d’effet

supplémentaire associé aux firmes cotées aux États-Unis. Cela suggère que l’indicateur

affecte la nature de la relation entre les honoraires de conseil et les accruals

discrétionnaires. Pour l’effet des firmes cotées aux États-Unis (H2), les résultats sont

incohérents avec notre analyse principale. Par conséquent, on ne peut pas tirer une

conclusion définitive pour l’hypothèse 2.

Page 45: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

37

DISCUSSION ET CONCLUSION

Récemment, l’indépendance des auditeurs a été au cœur des préoccupations du régulateur

canadien (CCRC). Dans ce mémoire, nous étudions l’impact des honoraires de conseil

sur l’indépendance des auditeurs (couvrant la période 2004-2011). Pour ce faire, nous

avons analysé la relation entre le ratio d’honoraires et la qualité du résultat à travers trois

hypothèses. D’abord, lorsque nous considérons l’ensemble de la période, nos résultats

sont uniformes à travers les mesures d’honoraires utilisées (ratio d’honoraires et

logarithme des honoraires de conseil). En effet, nous trouvons une relation non

significative entre les accruals et les deux mesures d’honoraires. Cela suggère que dans

l’ensemble, l’importance relative des honoraires de conseil versés à l’auditeur n’altère

pas la qualité du résultat. Une autre analyse porte sur les entreprises qui sont aussi cotées

aux États-Unis. On s’attend à ce que ces firmes affectent négativement la relation initiale

entre les accruals et les honoraires de conseil. Nous trouvons que les firmes cotées aux

États-Unis affectent la relation de façon significative (la relation négative et

significative). Ensuite, les résultats montrent que, contrairement à notre hypothèse, sur la

période 2009-2011, la relation entre les honoraires de conseil et les accruals

discrétionnaires n’est pas significativement différente qu’au cours de la période 2004-

2008 (juste après a loi SOX, et où les projecteurs étaient braqués sur les auditeurs). Par

ailleurs, dans l’ensemble, les analyses supplémentaires menées par catégories

d’honoraires confirment les résultats de notre analyse principale. Cependant,

contrairement à l’analyse principale (qui exploite le modèle de Jones, 1991), si on utilise

les deux mesures supplémentaires d’accruals (modèle de Jones modifié et le modèle de

Jones ajusté par la performance) les résultats montrent qu’il n’y a pas d’effet

supplémentaire associé aux firmes cotées aux États-Unis. Cela suggère que l’indicateur

pourrait affecter la nature de la relation entre les honoraires de conseil et les accruals

discrétionnaires. Dans ce sens, aux États-Unis, Reynolds et al. (2004) ont trouvé une

relation négative non significative entre le ratio d’honoraires et la gestion du résultat

mesurée par le modèle de Jones. La relation devient positive lorsqu’on ajuste le modèle

de Jones par la performance.

Globalement, les résultats de nos analyses montrent que les honoraires de conseil

n’altèrent pas la qualité de l’audit sur la période de notre étude (2004-2011). Cela indique

Page 46: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

38

qu’il n’y a pas d’impact sur l’indépendance des auditeurs. En effet, nos résultats peuvent

s’expliquer par des préoccupations d’ordre réputationnelles qui conduisent l’auditeur

canadien à préserver son indépendance. Aussi, on peut penser que les normes

professionnelles d’indépendance et les différents contrôles de qualité (contrôle de qualité

du CCRC et la supervision des comités d’audit) ont joué un rôle dissuasif non négligeable

à ce niveau.

Ces résultats contribuent à la littérature sur les honoraires de conseil et l’indépendance de

l’auditeur en apportant une vue sur le contexte canadien. Nos résultats s’alignent avec

celle de plusieurs autres études sur les honoraires de conseil et l’indépendance des

auditeurs. En effet, aux États-Unis, plusieurs études ont trouvé une relation négative et

non significative entre les honoraires de conseil et les accruals (par exemple, Reynolds et

al. 2004, Dee et al. 2006, Gul et al. 2007).

Par ailleurs, cette étude souffre de plusieurs limites. D’abord, idéalement, on aurait voulu

tester directement la relation, mais l’indépendance n’est pas observable. On est donc

obligé de passer par des mesures intermédiaires qui augmentent les risques d’erreurs.

Malgré la fiabilité relativement acceptable de la mesure utilisée, nos interprétations

risquent malheureusement d’en souffrir. On pourrait aussi questionner la fiabilité des

honoraires de conseil recueillis. En effet, dans la mesure où ils affectent la perception de

l’indépendance de l’auditeur, ce dernier peut, avec la complicité de la direction, transférer

certains honoraires de conseil en honoraires d’audit (ou inversement). Aussi, le modèle

omet une dimension humaine de l’indépendance qui a des effets non négligeables sur la

relation étudiée. En effet, l’indépendance de fait implique avant tout l’auditeur, donc les

valeurs qu’il porte aussi bien au niveau individuel qu’au niveau du cabinet voire de l’ordre

professionnel. Enfin, une autre limite pourrait concerner la liaison temporelle entre

l’année de la fourniture des services de conseils et celle de l’altération de l’indépendance.

La présente étude s’est attardée sur la relation entre les honoraires de conseil et la gestion

du résultat. Pour plus de précision dans nos conclusions sur la qualité de l’audit, et comme

le suggèrent DeFond et Zhang (2014), la relation pourrait être appréciée à travers d’autres

indicateurs de la qualité de l’audit (continuité d’exploitation, retraitement). Aussi, on

pourrait évaluer l’impact de la gouvernance sur les relations. Cela ferait l’objet d’études

ultérieures.

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39

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Page 59: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

51

TABLEAUX

Tableau 1: données

2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2004-

2011

Compustat

(avec Actif Total)

1274 1364 1481 1477 1461 1461 1524 1520 11562

-(SIC6 et SIC9) 309 338 340 319 327 330 348 333 2644

-Données

manquantes :

Audit Analytics.

153

162 177 184 188 191 198 192 1445

-Variables

manquantes : accrual

et variables de

controles

211

249

303

293

232

210

232

263

1993

-Données abérrantes 11 14 14 12 13 10 09 09 92

Échantillon final 590

601 647 669 701 720 737 723 5388

Page 60: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

52

Tableau 2 : Statistiques descriptives.

Statistiques descriptives (5388 observations)

Variables Moyenne 25e centile Médiane 75e centile Écart-type

|DACC| 0.235 0.044 0.110 0.271 0.321

LN_NAS 8.87 8.39 10.38 11.64 4.31

NAS.FEES 0.265 0.036 0.23 0.277 0.220

NAS 200 830 15 800 68 821 199 828 414 349

TAILLE 4.362 2.608 4.311 5.927 2.303

ENDETTEMENT 0.130 0.000 0.044 0.215 0.175

BIG4 0.773

NOUV_AUDIT 0.074

CROISSANCE 1.129 0.730 1.035 1.262 1.242

PERTE 0.489

FUSION 0.207

FINANCE 0.315

M_B 2.280 0.842 1.540 2.717 3.984

CFO -0.018 -0.056 0.047 0.128 0.317

LITIGE 0.157

USA 0.125

PERFORMANCE -0.1001 -0.1055 0.019 0.087 0.417

Page 61: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

53

Tableau 3 : tableau de correlations

Variables 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16

(1) DACC 1 -0.04 0.003 -0.19 -0.06 -0.12 0.03 0.01 0.102 -0.02 0.101 0.028 -0.02 -0.23 -0.10 0.043

(2) NAS.FEES -0.04 1 0.033 0.108 0.049 0.178 -0.01 0.059 -0.09 0.075 -0.05 -0.03 -0.03 0.082 0.042 -0.10

(3) NAS.FEES*USA 0.003 0.033 1 0.143 0.036 0.054 -0.02 0.000 -0.00 0.039 -0.00 0.063 0.005 -0.02 0.027 0.701

(4) TAILLE -0.19 0.108 0.143 1 0.264 0.391 -0.08 0.088 -0.35 0.238 -0.12 -0.07 0.068 0.411 -0.10 0.154

(5) ENDETTEMENT -0.06 0.049 0.036 0.264 1 0.144 -0.02 0.046 -0.11 0.114 0.031 -0.04 -0.00 0.034 -0.04 0.055

(6) BIG4 -0.12 0.178 0.054 0.391 0.144 1 -0.10 0.099 -0.20 0.140 -0.11 -0.04 -0.01 0.236 0.055 0.032

(7) NOUV_AUDIT 0.030 -0.01 -0.02 -0.08 -0.02 -0.10 1 -0.00 0.081 -0.01 0.025 0.001 0.001 -0.06 0.021 -0.02

(8) CROISSANCE 0.018 0.059 0.000 0.088 0.046 0.099 -0.00 1 -0.08 0.132 0.006 -0.02 -0.01 0.101 0.004 -0.02

(9) PERTE 0.102 -0.09 -0.00 -0.35 -0.11 -0.20 0.081 -0.08 1 -0.19 0.216 0.035 0.030 -0.44 0.042 0.020

(10) FUSION -0.02 0.075 0.039 0.238 0.114 0.140 -0.01 0.132 -0.19 1 -0.34 -0.02 -0.05 0.143 -0.03 0.014

(11) FINANCE 0.101 -0.05 -0.00 -0.12 0.031 -0.11 0.025 0.006 0.216 -0.34 1 0.073 0.018 -0.22 -0.02 0.018

(12) M_B 0.028 -0.03 0.063 -0.07 -0.04 -0.04 0.001 -0.02 0.035 -0.02 0.073 1 -0.00 -0.15 0.091 0.097

(13) CFO -0.23 0.082 -0.01 0.411 0.034 0.236 -0.06 0.101 -0.44 0.143 -0.22 -0.15 1 -0.01 -0.16 -0.06

(14) LITIGE -0.10 0.042 0.027 -0.10 -0.04 0.055 0.021 0.004 0.042 -0.03 -0.02 0.091 -0.01 1 -0.06 0.021

(15) USA 0.043 -0.10 0.701 0.154 0.055 0.032 -0.01 -0.02 0.020 0.014 0.018 0.097 -0.00 -0.06 1 -0.14

(16)

PERFORMANCE -0.2 0.1 -0.01 0.46 0.05 0.23 -0.05 0.10 -0.45 0.151 -0.14 -0.09 -0.03 0.664 -0.14 1

Les correlations en Gras sont significatif (<0.01). Lles corrélations au dessus et en dessous de la diaoganale sont les mêmes.

Page 62: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

54

Tableau 4: Resultats de regression pour toute la période (Modèle 1).

VARIABLES

Signe prévu

2004-2011

Paramètres Estimées Erreur-type

Intercept (+) 0.1907 0.0261***

NAS.FEES (+) 0.0145 0.0259

NAS.FEES*USA (-) -0.2267 0.1085**

TAILLE (+/-) -0.0231 0.0033***

ENDETTEMENT (+) 0.0881 0.0311***

BIG4 (-) -0.0027 0.0117

NOUV_AUDIT (+) 0.0220 0.0172

CROISSANCE (+) 0.0120 0.0050**

PERTE (-) -0.0709 0.0108

FUSION (+) 0.0293 0.0101***

FINANCE (+) -0.0059 0.0099

M_B (-) -0.0018 0.0012

CFO (-) -0.2051 0.0284***

LITIGE (-) -0.0246 0.0122**

USA (+) 0.0350 0.0183**

PERFORMANCE (+/-) -0.0407 0.0189**

FISCAL_YEAR Inclus Inclus

SIC Inclus Inclus

F-value 44.57***

Adjusted R2 27.48%

N (Nombre

d’observations)

5388

*, **, *** indiquent que le paramètre est significatif respectivement aux niveaux 0.10, 0.05, ou

0.01.

Les erreurs types sont des erreurs standards robustes regroupées par sociétés.

Les variables SIC et FISCAL_YEAR ont des effets fixes.

L’annexe A décrit l’ensemble des variables.

Page 63: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

55

Tableau 5 : Resultats de regression pour toute la période (Modèle 2)

VARIABLES

Signe

prévu

2004-2011

Paramètres Estimées Erreur-type

Intercepte (+) 0.2022 0.0270***

LN_NAS (+) -0.0015 0.0014

LN_USNAS (-) -0.0066 0.0028**

TAILLE (+/-) -0.0213 0.0034***

ENDETTEMENT (+) 0.0884 0.0308***

BIG4 (-) -0.0000 0.0119

NOUV_AUDIT (+) 0.0207 0.0173

CROISSANCE (+) 0.0120 0.0050**

PERTE (-) -0.0717 0.0109***

FUSION (+) 0.0302 0.0102***

FINANCE (+) -0.0058 0.0099

M_B (-) -0.0020 0.0012

CFO (-) -0.2045 0.0285***

LITIGE (-) -0.0234 0.0122**

USA (+) 0.0700 0.0310**

PERFORMANCE (+/-) -0.0420 0.0189**

FISCAL_YEAR Inclus Inclus

SIC Inclus Inclus

F-value 44.99***

Adjusted R2 27.37%

N (Nombre d’observations) 5388

*, **, *** indiquent que le paramètre est significatif respectivement aux niveaux 0.10, 0.05, ou

0.01.

Les erreurs types sont des erreurs standards robustes regroupées par sociétés.

Les variables SIC et FISCAL_YEAR ont des effets fixes.

L’annexe A décrit l’ensemble des variables.

Page 64: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

56

Tableau 6 : Resultats de regression sur deux périodes (Modèle 1)

VARIABLES

Signe

prévu

2004-2008

2009-2011

TEST

Paramètres

Estimées

Erreur

type

Paramètres

Estimées

Erreur

type

t-value

Intercepte (+) 0.1244 0.0304*** 0.2074 0.0397*** -

NAS.FEES (+) 0.0061 0.0326 0.0343 0.0397 0.57

NAS.FEES*USA (-) -0.1208 0.1418 -0.4044 0.1470*** -1.43

TAILLE (+/-) -0.0269 0.0045*** -0.0185 0.0047*** 1.28

ENDETTEMENT (+) 0.0889 0.0434** 0.0847 0.0409** -0.07

BIG4 (-) -0.0096 0.0148 0.0007 0.0188 0.44

NOUV_AUDIT (+) 0.0237 0.0220 0.0135 0.0267 -0.30

CROISSANCE (+) 0.0059 0.0068 0.0207 0.0076*** 1.44

PERTE (-) -0.0607 0.0145*** -0.0802 0.0168*** -0.86

FUSION (+) 0.0437 0.0132*** 0.0085 0.0166 -1.63

FINANCE (+) -0.0049 0.0136 -0.0096 0.0139 -0.24

M_B (-) 0.0007 0.0017 -0.0047 0.0019** -1.99**

CFO (-) -0.2053 0.0359*** -0.1918 0.0486*** 0.22

LITIGE (-) -0.0220 0.0144 -0.0288 0.0197 -0.29

USA (+) 0.0240 0.0228 0.0471 0.0276* 0.66

PERFORMANCE (+/-) -0.0365 0.0259 -0.0607 0.0271** -0.64

FISCAL_YEAR Inclus Inclus Inclus Inclus Inclus

SIC Inclus Inclus Inclus Inclus Inclus

F-value 29.04*** 36.20*** 33.46

Adjusted R2 27.99% 28.49% 30.44

Nombre

d’observations

3196 2192 5388

*, **, *** indiquent que le paramètre est significatif respectivement aux niveaux 0.10, 0.05, ou

0.01.

Les erreurs types sont des erreurs standards robustes regroupées par sociétés.

Les variables SIC et FISCAL_YEAR ont des effets fixes.

L’annexe A décrit l’ensemble des variables.

Page 65: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

57

Tableau 7 : Resultats de regression sur deux périodes (Modèle 2)

VARIABLES

Signe

prévu

2004-2008

2009-2011

TEST

Paramètres

Estimées

Erreur

type

Paramètres

Estimées

Erreur

type

t-value

Intercepte (+) 0.1403 0.0313*** 0.2148 0.0415***

-

LN_NAS (+) -0.0021 0.0016 -0.0009 0.0021 0.53

LN_NAS*USA (-) -0.0053 0.0039 -0.0072 0.0044* -0.30

TAILLE (+/-) -0.0247 0.0045*** -0.0171 0.0048*** 1.18

ENDETTEMENT (+) 0.0881 0.0433** 0.0855 0.0405** -0.04

BIG4 (-) -0.0059 0.0148 0.0030 0.0190 0.37

NOUV_AUDIT (+) 0.0211 0.0219 0.0147 0.0270 -0.19

CROISSANCE (+) 0.0058 0.0068 0.0208 0.0076*** 1.46

PERTE (-) -0.0611 0.0145*** -0.0814 0.0169*** -0.90

FUSION (+) 0.0453 0.0132*** 0.0095 0.0165 -1.67*

FINANCE (+) -0.0047 0.0136 -0.0093 0.0140 -0.23

M_B (-) 0.0004 0.0017 -0.0048 0.0020** -1.97**

CFO (-) -0.2031 0.0361*** -0.1936 0.0485*** 0.15

LITIGE (-) -0.0207 0.0145 -0.0282 0.0197 -0.33

USA (+) 0.0591 0.0422 0.0674 0.0504 0.12

PERFORMANCE (+/-) -0.0381 0.0258 -0.0608 0.0272*** -0.60

FISCAL_YEAR Inclus Inclus Inclus Inclus Inclus

SIC Inclus Inclus Inclus Inclus Inclus

F-value 29.58*** 39.09*** 33.33

Adjusted R2 28.13% 28.49 30.61

Nombre

d’observations

3196 2192 5388

*, **, *** indiquent que le paramètre est significatif respectivement aux niveaux 0.10, 0.05, ou

0.01.

Les erreurs types sont des erreurs standards robustes regroupées par sociétés.

Les variables SIC et FISCAL_YEAR ont des effets fixes.

L’annexe A décrit l’ensemble des variables.

Page 66: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

58

Tableau 8 : Analyses supplémentaires : Catégories d’honoraire

Résultats par catégorie d’honoraires

VARIABLES

Signe

prévu

2004-2011

Paramètres Estimées Erreur-type

LN_SLA + -0.0002 0.0011

SLA/TOTFEE 0.0174 0.0386

LN_FISC + -0.0034 0.0013**

FISC/TOTFEE + 0.0990 0.0404**

LN_OF + -0.0012 0.0009

OF/TOTFEE + 0.0239 0.0416

Ce tableau présente les résultats des régressions menées par catégories d’honoraires (pour services liés

à l’audit SLA, services fiscaux, FISC et autres services, OF) et par types de mesures (logarithme LN et

ratio par rapport aux honoraires totaux, /TOTFEE).

LN_SLA = logarithme de (1+honoraires liés à l’audit).

SLA/TOTFEE= rapport entre honoraires liés à l’audit et le total des honoraires.

LN_FISC= logarithme de (1+honoraires fiscaux).

FISC/TOTFEE= rapport entre honoraires fiscaux et le total des honoraires.

LN_OF= logarithme de (1+autres honoraires).

OF/TOTFEE= rapport entre autres honoraires et le total des honoraires.

Page 67: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

59

Tableau 9 : Analyses supplémentaires : synthèse

Synthèse

Années 2004-2011/ 5388 observations

Modèle Mesure CAN Diff USA

Avec SLA Sans SLA Avec SLA Sans SLA

Toutes NAS.FEES 0.0255 0.0145 -0.1176* -0.2267**

LN_NAS 0.0006 -0.0015 -0.0054 -0.0066**

NAS 0.0000 -0.0000 0.0000 -0.0000

NAS_TA 0.00001 0.0000 -0.0000 -0.0000

CAN et USA CAN USA

NAS.FEES 0.0303 0.0257 -0.1002* -0.1322

LN_NAS 0.0024* -0.0009 -0.0111** -0.0104***

NAS 0.0000 0.0000 0.0000 -0.0000

NAS_TA 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000

Ce tableau présente une synthèse des résultats de regressions utilisant quatres types de mesures

d’honoraires (le ratio d’honoraires NAS.FEES, le logarithme d’honoraires LN_NAS, montant

d’honoraires NAS et rapport entre montant d’honoraires et le total actif NAS_TA) et différenciant les

pays (Canada, CAN et Etats-Unis, USA).

SLA=Services liés à l’audit.

NAS.FEES=honoraire de conseil divisé par le total des honoraires.

LN_NAS=logarithme de (1+honoraires de conseil).

NAS=montant brut des honoraires de conseil.

NAS_TA=rapport entre honoraires de conseil et l’ actif total.

Page 68: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

60

Tableau 10 : Analyses supplémentaires: Rangs 10 des NAFEE par année.

VARIABLES

Signe prévu

2004-2011

Paramètres Estimées Erreur-type

Intercept (+) 0.1920 0.0259***

Rangs (+) -0.0001 0.0019

Rangs*US_FILER (+) -0.0078 0.0036**

TAILLE (+/-) -0.0222 0.0036***

ENDETTEMENT (+) 0.0888 0.0312***

BIG4 (-) -0.0019 0.0118

NOUV_AUDIT (+) 0.0218 0.0173

CROISSANCE (+) 0.0119 0.0051**

PERTE (-) -0.0717 0.0109***

FUSION (+) 0.0298 0.0103***

FINANCE (+) -0.0060 0.0099

M_B (-) -0.0019 0.0012

CFO (-) -0.2052 0.0285***

LITIGE (-) -0.0243 0.0122**

USA (+) 0.0478 0.0242**

PERFORMANCE (+/-) -0.0414 0.0190**

FISCAL_YEAR Inclus Inclus

SIC Inclus Inclus

F-value 45.98***

Adjusted R2 27.43%

N (Nombre

d’observations)

5388

*, **, *** indiquent que le paramètre est significatif respectivement aux niveaux 0.10, 0.05, ou

0.01.

Les erreurs types sont des erreurs standards robustes regroupées par sociétés.

Les variables SIC et FISCAL_YEAR ont des effets fixes.

L’annexe A décrit l’ensemble des variables.

Page 69: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

61

Tableau 11 : Analyse supplémentaires : regression selon le signe des accruals

discrétionnaires.

VARIABLES

Signe

prévu

Accruals Positifs

Accruals Négatifs

Paramètres

Estimées

Erreur

type

Paramètres

Estimées

Erreur type

Intercepte (+) 0.1938 0.0508*** -0.2097 0.0363***

NAS.FEES (+) 0.0415 0.0328 0.0235 0.0408

NAS.FEES*USA (-) -0.4089 0.1897** 0.1242 0.1717

TAILLE (+/-) -0.0247 0.0045*** 0.0248 0.0043***

ENDETTEMENT (+) 0.0406 0.0408 -0.1371 0.0419

BIG4 (-) 0.0011 0.0156 -0.0014 0.0175

NOUV_AUDIT (+) 0.0354 0.0224 -0.0172 0.0261***

CROISSANCE (+) 0.0004 0.0063 -0.0199 0.0070**

PERTE (+) -0.1261 0.0163*** 0.0315 0.0146***

FUSION (+) 0.0077 0.0133 -0.0478 0.0150**

FINANCE (+) 0.0006 0.0136 0.0123 0.0133

M_B (-) -0.0010 0.0020 0.0014 0.0015

CFO (-) -0.3308 0.0464*** 0.1263 0.0389***

USA (+) 0.0735 0.0283*** 0.0026 0.0240

PERFORMANCE (+/-) 0.0432 0.0387 0.0842 0.0229

FISCAL_YEAR Inclus Incls Inclus Inclus

SIC Inclus Inclus Inclus Inclus

F-value 40.68*** 21.81***

Adjusted R2 36.24% 22.59%

Nombre

d’observations

2745 2643

*, **, *** indiquent que le paramètre est significatif respectivement aux niveaux 0.10, 0.05, ou

0.01.

Les erreurs types sont des erreurs standards robustes regroupées par sociétés.

Les variables SIC et FISCAL_YEAR ont des effets fixes.

L’annexe A décrit l’ensemble des variables.

Page 70: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

62

Tableau 12 : Analyses supplémentaires : Régressions utilisant les modèles de Jones

modifié et Jones ajusté par la performance comme variable dépendante.

VARIABLES

Signe

prévu

Accruals : modèle de

Jones modifié

Accruals : modèle de Jones

ajusté par la performance

Paramètres

Estimées

Erreur-

type

Paramètres

Estimées

Erreur-

type

Variable indépendante : ratio d’honoraires

NAS.FEES (+) -0.0417 0.0522 0.0136 0.0296

NAS.FEES*USA (-) 0.0270 0.1584 -0.1099 0.0998

Variable indépendante : logarithme du montant d’honoraires

LN_NAS (+) -0.0052 0.0051 0.0005 0.0016

LN_USNAS (-) 0.0057 0.0047 -0.0020 0.0025

Variable in dépendante : rangs 10 des NAFEE par année

Rangs (+) -0.0050 0.0053 0.0006 0.0018

Rangs*USA (-) 0.0109 0.0071 0.0011 0.0038

*, **, *** indiquent que le paramètre est significatif respectivement aux niveaux 0.10,

0.05, ou 0.01.

Les erreurs types sont des erreurs standards robustes regroupées par sociétés.

Les variavles SIC et FISCAL_YEAR ont des effets fixes.

L’annexe A décrit l’ensemble des varibles.

Page 71: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

63

ANNEXES

ANNEXE A : justification des variables

ANNEXE (A1) Indicateur des services de conseil Résultat et Revue de la littérature

Variable

(indicateur)

Commentaires Disponibilité des

données

Fees ratio = Honoraire

de conseil/ facture totale

NAF/TOTFE ou

FEERATIO

Ce ratio capture l’importance relative des

services de conseil par rapport aux services

d’audit, ce qui affecte par ailleurs

l’indépendance perçue de l'auditeur

(Ashbaugh et al. 2003). D’après Bédard et

Paquette (2010), il s’agit également d’une

mesure utilisée par les décideurs tels que les

investisseurs institutionnels lors de

l'évaluation du niveau acceptable des

services de conseil.

La limite de cett indicateur est de ne pas

tenir compte du fait que le lien financier

entre l’auditeur et l’audité ne provient pas

uniquement des honoraires de conseil

(Ruddock, C. et Taylor, S. 2005), d’où

l’usage du TOTFEE. cet indicateur mesure

non seulement la dépendance économique

totale, mais aussi les autres menaces à

l’indépendance de fait telles que le plaidoyer

et l’autoévaluation (Bédard et Paquette,

2010).

SEDAR

Page 72: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

64

ANNEXE (A2) : Variable gestion du résultat : Opérationnalisation Modèle de Jones

(1991)

Étape 1

Variable

ACC/ TA_1 = ao l / TA_1 + a1, (V-SALES)

/ TA_1 + a2 PPE / TA_1 + e,

Le modèle choisi est la

version de Jones. Après une

premier traitement, il s’est

avéré que les trois versions

(Jones, Jones Modifié et

Jones ajusté par la

performance) de gestion du

résultat donnaient à peu près

les meme résultats

Nous nous en tenons donc à

la version de Jones (1991).

Étape 2

-ACC = total « accruals » = NI - FTE avec

Rt ou NI = Résultat ou résultat

d’exploitation

FTE = flux de trésorerie d’exploitation,

L’ensemble de ces

informations sont disponibles

sur :

Compustat =>

Amérique du Nord =>

Fundamental Annuel =>

Bilan – Compte de résultat-

tableau des flux

TA-1 = Actif Total du début de l’année

SALES = variation ventes ou chiffre

d’affaire de la société

AR = variation des comptes clients

PPE = immobilisation corporel

Étape 3 Estimation des paramètres une régression (MCO) de

l’ensemble des observations

permet de dégager les

paramètres du modèle

Étape 4

Le terme « e » correspondant aux

« accruals » Discrétionnaire

On peut considérer la valeur

absolue ou les signes. Dans le

dernier cas on parlera de

gestion agressive (+) ou

conservatrice (-) du résultat

Page 73: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

65

ANNEXE (A3) : VARIABLES DE CONTROLE

Variable Justification

Signe

Indicateur

cueillette et

référence

La Taille de

l’entreprise: )

TAILLE

Selon Nelson et al. (2002) les auditeurs ont tendance à ignorer

certaines manipulations faites par les grandes entreprises.

Toutefois, des études montrent que les grandes entreprises

manipulent moins leurs résultats (Coulton et al. ,2007). Dans le

cadre de ce travail, et conformément à la divergence des études

antérieures (Frankel et al. 2002 ; Ashbaugh et al, 2003 ; Coulton

et al. ,2007 ; Habib et Islam, 2007), nous considérons que le sens

de la relation entre la taille de l’entreprise et la gestion du résultat

est incertain. La mesure utilisée est le logarithme de 1 plus le

total actif.

(+)

Total Actif

Disponible sur

Compustat :

Fundamental

annual- Bilan:

AT - Assets - Total

Endettement :

ENDETTEMENT

Selon Piet Sercu et al (2006), les entreprises endettées

manipulent plus leurs résultats afin de se donner une meilleure

image vis-à-vis des apporteurs de fonds ou de respecter tout

simplement leurs engagements (covenants). En effet, l’existence

de dettes financières élevées peut expliquer la volonté des

entreprises d’éviter des couts supplémentaires liés au retard de

Disponible sur

Compustat

Fundamental

annual- Bilan:

Page 74: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

66

ANNEXE (A3) : VARIABLES DE CONTROLE

Variable Justification

Signe

Indicateur

cueillette et

référence

remboursement ou au non-respect des engagements liés à ces

dettes. La gestion agressive du résultat permet donc aux

entreprises d’éviter des couts supplémentaires. Cependant, Jaggi

et al (2002) ont étudié et trouvé la preuve que ces manipulations

peuvent aussi consister à une baisse du résultat, et que cela

dépend de la solvabilité de société. Dans le cadre de cette étude,

on s’attend théoriquement à une relation positive entre

l’endettement financier et la gestion du résultat (Ashbaugh et al,

2003). La mesure utilisée est le rapport entre la dette totale et

l’actif total.

(+)

Dette total

Actif Total

AT - Assets - Total

LT Liabilities -

Total

Taille de l’auditeur

BIG4

Mahdi et al (2011) ont trouvé que la gestion du résultat

mesurée par les accruals anormaux est négativement associée à

la taille de l’auditeur. Ce qui implique que les grands cabinets

sont moins intransigeants vis-à-vis de la gestion du résultat,

même si certains apportent des résultats contradictoires. D'après

Francis et al (1999), les entreprises qui sont perçues comme

Variable Binaire

Qui prend 1 si

la société est

Disponible sur

Compustat

Miscellaneous

Items :

Page 75: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

67

ANNEXE (A3) : VARIABLES DE CONTROLE

Variable Justification

Signe

Indicateur

cueillette et

référence

ayant tendance à manipuler les résultats se cachent derrière la

réputation des « Big » pour rétablir leur crédibilité. Pour ce qui

nous concerne, on s’en tient à une relation significativement

négative entre la taille de l’auditeur et la gestion du résultat

(Frankel et al. 2002). Il s’agit ainsi d’une variable binaire qui

prend 1 si la société est auditée par un Big4 et 0 sinon.

(-) audité par un

Big5, 0 Sinon

AU - Auditor

Durée du mandat

NOUV_AUDIT

Théoriquement, une longue durée de relation entre audité et

auditeur peut entrainer un des deux comportements suivants

vis-à-vis de la gestion du résultat : soit sa familiarité avec les

activités de l’entreprise l’amènent à détecter et réprimander

d’éventuelles gestions du résultat, soit comme le soulignent

Ruddock et Taylor (2005), l’auditeur devient très familier avec

le management au point de permettre une gestion du résultat.

Par exemple d’après l’étude de Frankel et al (2002) la durée du

mandat est positivement associée à la gestion de résultat. Nous

nous alignerons sur ce dernier résultat. Pour la mesure, la

(+)

La variable

durée du mandat

est binaire (0,1).

La durée du

mandat est

considérée

comme longue

lorsque

l’auditeur n’a

pas été changé

Disponible sur

Compustat

Miscellaneous

Items :

AU - Auditor

Page 76: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

68

ANNEXE (A3) : VARIABLES DE CONTROLE

Variable Justification

Signe

Indicateur

cueillette et

référence

variable est binaire (0,1). La durée du mandat est considérée

comme longue lorsque l’auditeur n’a pas été changé

récemment, c’est-à-dire la période qui précède l’année fiscale

considérée.

récemment (N-

1).

Croissance de la

société :

CROISSANCE

La croissance est entendue comme l'augmentation du chiffre

d'affaires ou de l’actif. Pour les sociétés à forte croissance, les

investisseurs ne s'attendent souvent pas à un important résultat

(politique de dividendes). On peut penser que les dirigeants

seraient alors moins tentés par la manipulation des résultats.

Toutefois, Penman et Zhang (2002) soulignent que les

(+)

Le chiffre

d’affaires de

Disponible sur

Compustat

Page 77: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

69

ANNEXE (A3) : VARIABLES DE CONTROLE

Variable Justification

Signe

Indicateur

cueillette et

référence

investissements liés à la croissance sont parfois financés par des

pratiques de « conservation » qui correspondent à de la gestion

de résultats. Chi-Wen et al (2005) ont utilisé deux différents

indicateurs de la gestion du résultat, la part du résultat réel dans

le résultat publié et la manipulation comptable sur une

population de sociétés américaines (Compustat : 1988-2001). Et

leur résultat confirme l'existence d'une relation positive entre la

croissance et la gestion du résultat. Pour notre part, nous

supposons donc que la relation est positive. L’indicateur est le

rapport entre le chiffre d’affaires de l’année fiscale (t) et celui

de l’année fiscale précédente (t-1).

l’année t divisé

par celui de

l’année t-1

CAt

CAt-1

Fundamental

annual- Bilan:

REVT-Revenue –

Total

Profitabilité :

Cette variable permet de capturer le fait que la profitabilité

incite les dirigeants à gérer le résultat. .L’étude du lien entre la

profitabilité et les honoraires de conseil nous semble en ce sens

un excellent indicateur de la menace à l'indépendance des

auditeurs. Ici, nous proposons de le contrôler en tant que

une variable

binaire qui

prend la valeur 1

lorsque

l’entreprise

Disponible sur

Compustat

Page 78: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

70

ANNEXE (A3) : VARIABLES DE CONTROLE

Variable Justification

Signe

Indicateur

cueillette et

référence

PERTE

déterminant à la gestion du résultat. En effet, les dirigeants qui

ne veulent pas afficher de pertes ont parfois recours à une

gestion agressive du résultat. On s’attend donc à une relation

positive entre cette variable et la gestion du résultat. Plusieurs

autres études ont exploité cette variable (Brown, 2001

Ashbaugh et al., 2003). L’indicateur est une variable binaire qui

prend la valeur 1 lorsque l’entreprise rapporte une perte et 0

sinon.

(+) rapporte une

perte, 0 sinon

Fundamental

annual:

NI -- Net Income

(PERTE)

Page 79: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

71

ANNEXE (A3) : VARIABLES DE CONTROLE

Variable Justification

Signe

Indicateur

cueillette et

référence

Fusion

FUSION

Les entreprises en fusion sont souvent enclines à maquiller les

comptes pour optimiser les taux d’échange des titres.

L’argument est tout aussi valable dans le cas d’une opération

d’acquisition. On s’attend donc à une relation positive entre cette

variable et la gestion du résultat. Plusieurs auteurs avaient

identifié cette variable (Ashbaugh et al., 2003 ; Coulton et al.

,2007 ; Habib et Islam, 2007 ). L’indicateur est une variable

binaire qui prend 1 si la société est engagée dans une opération

de fusion ou acquisition et 0 sinon.

(+)

Variable Binaire

Qui prend 1 si

la société est

engagée dans

une opération de

fusion ou

acquisition 0

Sinon

Disponible sur

Compustat

Fundamental

annual :

Acquisition method

Page 80: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

72

ANNEXE (A3) : VARIABLES DE CONTROLE

Variable Justification

Signe

Indicateur

cueillette et

référence

FINANCEMENT

FINANCE

Cette variable vise à considérer le recours à des sources de

financement importantes, autres que la fusion, qui pourraient

motiver la gestion du résultat. On s’attend donc à une relation

positive entre cette variable et la gestion du résultat. Elle est

utilisée par la plupart des études ayant exploité le modèle de

gestion du résultat (Firth 1997, Hung et al, 2007, Lemaux, 2010).

La variable prend la valeur 1 si FUSION est égale à 0 et si l’une

des conditions suivantes est respectée : hausse de plus de 20 %

des dettes financières ; - hausse de plus de 10 % du nombre

d’actions émises. Autrement, la variable prend la valeur 0.

1 si FUSION est

égal à 0 et si

l’une des

conditions

suivantes est

respectée :

-hausse de plus

de 20 % des

dettes

financière

- hausse de

plus de 10 % du

nombre

d’actions émises

Disponible sur

Compustat

Fundamental

annual:

-DLTT -- Long-

Term Debt

-Common Shares

Outstanding

Page 81: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

73

ANNEXE (A3) : VARIABLES DE CONTROLE

Variable Justification

Signe

Indicateur

cueillette et

référence

M/B= market to

book

M_B

Ce ratio permet de tenir compte de l’impact des perspectives

futures de l’entreprise (Ashbaugh et al, 2003). En effet, l’attente

du marché vis-à-vis du résultat est davantage marquée chez

certaines entreprises que chez d’autres. D'après Chung &

Kallapor (2003), plus ce ratio est élevé, plus les dirigeants

manipulent les résultats. On s’attend donc à une relation

négative entre cette variable et la gestion du résultat. La mesure

correspond au rapport entre la valeur de marché des capitaux

propres sur leur valeur comptable.

(+)

le ratio entre la

valeur de

marché des

capitaux

propres sur leur

valeur

comptable

M/B

Total actif

Disponible sur

Compustat

Fundamental

annual:

- MKVALT --

Market Value -

Total

-AT - Assets –

Total

-Common/Ordinary

Equity – Total

L’influence de nouvelles règles : cas des IFRS

Il s'agit ici de savoir si, comparativement aux normes

professionnelles locales, les IFRS favorisent davantage la

L’utilisation des

normes IFRS

Page 82: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

74

ANNEXE (A3) : VARIABLES DE CONTROLE

Variable Justification

Signe

Indicateur

cueillette et

référence

Normes

internationales

IFRS

gestion du résultat. En effet, si les IFRS affectent le niveau de

la gestion du résultat, cela risque d'affecter aussi la relation

entre ce dernier et le niveau des honoraires de conseil. Or, les

normes internationales et les normes dites locales offrent aux

investisseurs des degrés de protection différents, cela implique

donc des possibilités de gestion du résultat plus ou moins

importantes.

Théoriquement, on s'attendrait à ce que l'adoption des IFRS

améliore la qualité du résultat Tendeloo et Vanstraelen (2005).

C’est d'ailleurs un des arguments en faveur de leur adoption.

Cependant, les études empiriques rapportent des évidences

mixtes, rendant une conclusion sur l'effet net incertaine.

Lippens (2010) a exploité un échantillon d'entreprises cotées

sur 6 ans (2000-2006) provenant de plusieurs pays (Finland

Belgique, Italie, Danemark, Suède et Nouvelle-Zélande).

L'étude a conclu que la gestion du résultat augmente après

l'adoption des IFRS. Barth et al (2008), ont aussi étudié la

(+)

Variable

nominale qui

prend la valeur1

si lorsque la

norme est

l’IFRS 0 sinon

Disponible sur

Compustat :

ACCOUNTING

STANDARDS

Page 83: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

75

ANNEXE (A3) : VARIABLES DE CONTROLE

Variable Justification

Signe

Indicateur

cueillette et

référence

relation sur plusieurs pays (Australie, France, et UK.) et les

résultats suggèrent que les entreprises qui ont adopté les IFRS,

affichent une gestion du résultat moins importante. Mais aux

États-Unis, Carey et Simnett (2006) ont évalué la qualité des

états financiers élaborés par les sociétés qui ont adopté les IFRS

et celle des sociétés qui ont publié avec le PCGR. Ainsi, ils ont

trouvé que, la qualité de l'information financière n'est pas

affectée par l'utilisation de normes IFRS ou US GAAP, mais

plutôt par la qualité d’application de la loi et des règles

régissant le reporting dans un pays. Les résultats sont donc

mitigés

Le Canada a adopté en 2011 les normes IFRS, cela a

probablement affecté (augmenté ou diminué) les possibilités de

gestion de résultat des gestionnaires. La présente étude tient

compte de cet aspect en examinant distinctement les données

période par période. Permettant ainsi de comparer la période

pré-IFRS à celle post-IFRS.

Page 84: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

76

ANNEXE (A3) : VARIABLES DE CONTROLE

Variable Justification

Signe

Indicateur

cueillette et

référence

Cash-flow

CFO

Nous incluons les flux de trésorerie comme variable de contrôle

parce que des études antérieures montrent que les modèles de

gestion du résultat basés sur les accruals n’extraient pas

complètement les accruals non discrétionnaires qui sont

corrélés avec la performance de la firme (Frankel et al, 2002;.

Ashbaugh et al, 2003). On s’attend donc à une relation négative

entre cette variable et la gestion du résultat. La plupart des

études impliquant la gestion du résultat ont inséré cette variable

dans leur modèle (Chung et Kallapur, 2003 ; Larcker et

Richardson, 2004). La mesure correspond au cash-flow

d’opération ajusté par la taille de l’entreprise (total actif).

(+)

CFO

Total Actif

Disponible sur

Compustat

Fundamental

annual :

AT - Assets – Total

OANCF -

Operating

Activities Net Cash

Flow.

Les secteurs

litigieux.

Il s’agit de tenir compte des secteurs dits litigieux, qui pourraient

avoir une tendance moins prononcée à gérer ses résultats. Ils ont

(+)

1 si la société

appartient aux

Disponible sur

Compustat

Page 85: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

77

ANNEXE (A3) : VARIABLES DE CONTROLE

Variable Justification

Signe

Indicateur

cueillette et

référence

LITIGE

été définis par Francis et al. (1994). Il s’agit donc des firmes avec

les codes SIC : 2833-2836 (secteur médical), 3570-3577

(informatique), 3600-3674 (électrique), 5200-5961(secteur du

détail) et 7371-7379 (programmation informatique). On s’attend

donc à une relation positive entre cette variable et la gestion du

résultat. Plusieurs études l’avaient utilisé comme variable de

contrôle (Ashbaugh et al., 2003 ; Michael et al, 2006;

Bloomfield et Shackman, 2008). L’indicateur correspond à 1 si

la société appartient aux secteurs définis et 0 sinon.

secteurs définis,

0

Sinon

Fundamental

annual:

CODES SIC

Les entreprise

cotées aux Etats-

unis

USA

La variable permet de tenir compte des entreprises Canadiennes

cotées aux Etats-unis. Bédard et Courteau (2014).

( ? )

la variable

prend la valeur 1

lorsque

l’entreprise est

cotée sur le

marché

étatsunien et 0

sinon..

Page 86: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

78

ANNEXE (A3) : VARIABLES DE CONTROLE

Variable Justification

Signe

Indicateur

cueillette et

référence

performance

financière de la

société

PERFORMANCE

Plusieurs études suggèrent d’intégrer le ratio d’excédent brut

d’exploitation sur total actif, afin de capturer et contrôler la

performance financière de l’entreprise. Les entreprises moins

performantes étant davantage tentées à gérer leurs résultats

(LeMaux, 2010). Toutefois, la nature de la relation entre cette

variable et la gestion du résultat est incertaine (Habib et Islam,

2007 ; Choi et Lee, 2009). L’indicateur correspond au rapport

entre le résultat d’exploitation (EBIT) et le total actif.

(-)

EBIT

Total Actif

Compustat

Fundamental

annual:

AT - Assets – Total

EBITDA --

Earnings Before

Interest.

Industrie

SIC

le niveau d’accrual peut varier d’un secteur à l’autre. Pour les

études américaines, la discrimination s’est portée sur les codes

SIC à 2 chiffres. Ici, nous considérons les SIC à un chiffre, car

les secteurs canadiens sont de petite taille. Il s’agit ici d’une

variable de classification elle prend les valeurs du SIC.

(

Variable de

classification

elle prend les

valeurs du SIC

Disponible sur

Compustat

Fundamental

annual :

Standard Industrie

Classification.

Page 87: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

79

ANNEXE (A3) : VARIABLES DE CONTROLE

Variable Justification

Signe

Indicateur

cueillette et

référence

Année Fiscale

FISCAL_YEAR

Notre étude couvre plusieurs années fiscales. D’où l’intérêt de

contrôler d’éventuelles différences d’une année à l’autre.

L’indicateur est une variable de classification qui prend les

valeurs de l’année fiscale (2004 à 2011). C’est-à-dire les 8

années de l’analyse.

Variable de

Classification

2004,2005,…20

11

Disponible sur

Compustat

Fundamental

annual:

Fiscal_year

Page 88: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

80

ANNEXE B : relation entre les indicateurs

LES TYPES

D’INDICATEURS

FEERATIO :

(NAF/AF) (NAF/TOTFEE)

TAXFEES RATIO

TAX/TOTAL

LnNAS ou NAS/ TA TOTFEE

Jones (1991) Jones

Modifié : (Deshow et

al., 1995).

USA /(+) Frankel et al (2002).

USA /(+) Ashbaugh et al. (2003).

USA /( -)Kevin .K et al (2012).

USA/ ( ) Larcker et Richardson

(2004).

USA /( ) Koh, Rajgopal et

Srinivasan (2009).

UK/ (+) Reynolds et al. (2004).

UK /(+) Michael .J. et al (2006).

UK/ (-) Antle et al. (2002).

Australie / ( ) Coulton et al.

(2007).

Australie/ ( ) Ruddock, C. et

Taylor, S. (2005)/

Suède / (-) Tobias Svanstrom

(2012).

France / ( ) LE Maux (2010).

USA/ ( -) (service SI)

Kevin .K et al (2012)/

1980

UK/ (+ ) Ferguson. et al

(2004).

Nouvelle Zélande / (+)

Cahan,et al (2008).

Suède /(-) (entreprises

privés) Tobias

Svanstrom (2012).

USA/ ( ) Chung, H. et

Kallapur, S. (2003).

UK/(+) Michael .J. et al

(2006).

Australie /(+)Ruddock, C. et

Taylor, S. (2005).

Page 89: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

81

LES TYPES

D’INDICATEURS

FEERATIO :

(NAF/AF) (NAF/TOTFEE)

TAXFEES RATIO

TAX/TOTAL

LnNAS ou NAS/ TA TOTFEE

Performance

Matched

USA/ ( ) DeFond et al. (2002).

USA/ ( agressive ) Ashbaugh et al.

(2003).

USA / ( ) Chung et Kallapur

(2003).

USA/ ( ) Larcker et Richardson

(2004).

USA/ ( ) Dee et al. (2006).

Bangladesh/ ( ) Habib et Islam

(2007).

Taiwan/ ( ) Hsihui Chang et al

(2013).

France/ ( ) LE Maux (2010).

Espagne/ ( ) Pedro et

Momparle (2011).

USA ( )/ Ashbaugh et al.

(2003).

Bangladesh/ ( ) Habib et

Islam (2007).

Bangladesh /( ) Habib et

Islam (2007).

Earning conservatism USA/ (-) Cahan et Zhang (2006).

Australie / ( ) Ruddock, C.et al

(2006).

USA/ (+) Hua-Wei H.

et al (2007). seulement

si les honoraires sont

très élevés).

USA/(+) Krishnan et al

(2010)

Australie/ (-) Ruddock,

C., Taylor, S. et Taylor,

S. (2004). => pour les

big6)

Page 90: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

82

LES TYPES

D’INDICATEURS

FEERATIO :

(NAF/AF) (NAF/TOTFEE)

TAXFEES RATIO

TAX/TOTAL

LnNAS ou NAS/ TA TOTFEE

Earning Increasing USA/ (+) Dee et al (2006). (pour

les grands clients alors que pour les

petites c’est plus la baisse de

résultat)

USA/ ( ) Dee et al

(2006).

Restatement USA/ (-) Kinney et al (2004).

USA ( ) Agrawal et Chada (2005)

USA/ ( ) Bloomfield et Shackman

(2008)

UK/ (+ ) Michael .J. et al (2006)

USA/ (-) Kinney et al.,

(2004).

UK /(+ ) Michael .J. et al

(2006).

UK / (+) Michael .J. et al

(2006).

Page 91: L'indépendance des auditeurs, les services de conseil et la qualité

83