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L'IMPACT DE LA CRISE DE 1929 déséquilibres économiques et sociaux Cours HIS 1.1 PLAN I – les causes de la crise 1 – les causes profondes 2 – le Krach II – la diffusion de la crise 1 – une crise américaine 2 – une diffusion mondiale III – conséquences sociales 1 – l'apparition du chômage de masse 2 – des solutions ? La crise de 1929 a créé un énorme bouleversement à tous points de vue. Que les cours s'effondrent, que les usines licencient, que les fortunes dégringolent, certes ! Mais les conséquences du krach de 1929 vont très loin. D'abord cette récession ou dépression des années 30, inouïe, inattendue : en 1929, après les jours sombres d'octobre, on attend la reprise « au coin de la rue » comme le dit le président des États-Unis H. Hoover. De fait, la reprise ne vient pas. L'ensemble de la planète est touchée par le coup d'arrêt donné au commerce extérieur... Du coup : le commerce s'effondre, la production est diminuée car sans débouchés, les entreprises font faillite et mettent au chômage : de l'économique on passe au social. La contestation augmente avec la misère ce qui se traduit par des réorientations politiques dans les démocraties. Aux USA, arrivent les démocrates en remplacement des républicains dès 1932, et ils mettent en place le plus grand plan d'intervention étatique dans l'économie qu'ait connu le pays. En Europe, la contestation s'exprime dans les extrêmes : extrême gauche communiste qui voit dans la crise la fin du capitalisme annoncé par K Marx et extrême droite nationaliste qui accuse l'ouverture à l'étranger, la contamination venue de l'extérieur, économique comme sociale ou culturelle. Les idéologies fascistes apparues en Europe à la faveur du ressentiment face à une victoire mutilée (Italie) ou une défait humiliante (Allemagne) se nourrissent de la contestation. 1929 apparaît donc comme une des causes de la montée des fascismes. Intellectuellement, la crise de 1929 est interprétée comme une crise du capitalisme libéral. L'absence d'intervention de l'Etat, la liberté des institutions financières sont en cause dans l'effondrement d'octobre 1929. Même aux Etats-Unis, on est converti à l'idée d'une intervention de l'Etat dans l'économie, et ce même si la cour suprême a invalidé une partie du New Deal. C'est donc la théorie économique elle-même qui est touchée par cette crise et cette dépression. Il faut attendre les années 1970 pour que l'intervention de l'Etat soit remis en cause débouchant sur le néo- libéralisme actuel. On ne peut donc que se demander en quoi cette crise de 1929 a-t-elle profondément bouleversé les sociétés des années 1930... Cette problématique est complètement artificielle : ce qui précède a déjà bien montré à grands traits le bouleversement introduit par la dépression. Mais il va s'agir de percevoir les mécanismes qui ont entraîné ce qui est décrit dans ces bouleversements sociaux et politiques. On ne peut échapper à un premier temps sur les causes de la crise. Ensuite il faudra capter comment elle s'est diffusée, comment d'une crise américaine elle est devenue une crise mondiale. Enfin on pourra se focaliser sur une des conséquences sociales fondamentales et à l'origine de la contestation dont on parlait, l'apparition du chômage de masse. Ce plan est tout ce qu'il y a de plus classique en histoire : causes/faits/ conséquences...

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L'IMPACT DE LA CRISE DE 1929déséquilibres économiques et sociaux

Cours HIS 1.1

PLAN

I – les causes de la crise1 – les causes profondes2 – le KrachII – la diffusion de la crise1 – une crise américaine2 – une diffusion mondialeIII – conséquences sociales 1 – l'apparition du chômage de masse2 – des solutions ?

La crise de 1929 a créé un énorme bouleversement à tous points de vue. Que les cours s'effondrent, que les usines licencient, que les fortunes dégringolent, certes ! Mais les conséquences du krach de 1929 vont très loin. D'abord cette récession ou dépression des années 30, inouïe, inattendue : en 1929, après les jours sombres d'octobre, on attend la reprise « au coin de la rue » comme le dit le président des États-Unis H. Hoover. De fait, la reprise ne vient pas. L'ensemble de la planète est touchée par le coup d'arrêt donné au commerce extérieur... Du coup : le commerce s'effondre, la production est diminuée car sans débouchés, les entreprises font faillite et mettent au chômage : de l'économique on passe au social. La contestation augmente avec la misère ce qui se traduit par des réorientations politiques dans les démocraties. Aux USA, arrivent les démocrates en remplacement des républicains dès 1932, et ils mettent en place le plus grand plan d'intervention étatique dans l'économie qu'ait connu le pays. En Europe, la contestation s'exprime dans les extrêmes : extrême gauche communiste qui voit dans la crise la fin du capitalisme annoncé par K Marx et extrême droite nationaliste qui accuse l'ouverture à l'étranger, la contamination venue de l'extérieur, économique comme sociale ou culturelle. Les idéologies fascistes apparues en Europe à la faveur du ressentiment face à une victoire mutilée (Italie) ou une défait humiliante (Allemagne) se nourrissent de la contestation. 1929 apparaît donc comme une des causes de la montée des fascismes. Intellectuellement, la crise de 1929 est interprétée comme une crise du capitalisme libéral. L'absence d'intervention de l'Etat, la liberté des institutions financières sont en cause dans l'effondrement d'octobre 1929. Même aux Etats-Unis, on est converti à l'idée d'une intervention de l'Etat dans l'économie, et ce même si la cour suprême a invalidé une partie du New Deal. C'est doncla théorie économique elle-même qui est touchée par cette crise et cette dépression. Il faut attendre les années 1970 pour que l'intervention de l'Etat soit remis en cause débouchant sur le néo-libéralisme actuel. On ne peut donc que se demander en quoi cette crise de 1929 a-t-elle profondément bouleversé les sociétés des années 1930... Cette problématique est complètement artificielle : ce qui précède a déjà bien montré à grands traits le bouleversement introduit par la dépression. Mais il va s'agir de percevoir les mécanismes qui ont entraîné ce qui est décrit dans ces bouleversements sociaux et politiques. On ne peut échapper à un premier temps sur les causes de la crise. Ensuite il faudra capter comment elle s'est diffusée, comment d'une crise américaine elle est devenue une crise mondiale. Enfin on pourra se focaliser sur une des conséquences sociales fondamentales et à l'origine de la contestation dont on parlait, l'apparition du chômage de masse. Ceplan est tout ce qu'il y a de plus classique en histoire : causes/faits/ conséquences...

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I – les causes de la crise1 – les causes profondes

La crise de 1929 c'est d'abord le coup d'arrêt de la croissance des « années folles ». Ces années 1920, les « Roaring Twenties » américaines, sont marquées par un fort accroissement de l'offre et de la demande : c'est la « prospérité ». Après des années de guerre où la production s'est tournée essentiellement vers les productions militaires, la vie recommence et la consommation de biens de consommation courante reprend. Le rythme s'accélère en 1925 mais trois ans plus tard, dès1928, les marchés américains semblent saturés. Les entreprises de l'automobile et du bâtiment ont vu leurs capacités augmenter, mais la demande ne suit pas forcément, le pouvoir d'achat du plus grand nombre n'a pas suivi le même rythme que la croissance de la production (+3,6% par an entre 1926 et 1929 contre une augmentation du salaire horaire de 1,4%).... Parallèlement les profits des entreprises ont progressé de 62% là où les salaires réels dans l'industrie n'ont progressé que de 17% (entre 1922 et 1929). Les débouchés extérieurs se réduisent également. L'Europe se reconstruit à partir de 1919. La reprise de la croissance économique en Europe est donc dopée par cette reconstruction, que l'on considère achevée en 1925. A ce moment là, les capacités productives européennes permettent de réduire leur consommation de produits américains. Surproduction ou sous-consommation ? Le débat n'est pas clos chez les spécialistes, ce qui est sûr c'est un décrochement entre production et consommation.

Une deuxième cause de la crise est l'abus du crédit. En effet, la prospérité économique reposait sur la consommation de masse stimulée par la publicité et, surtout, par la généralisation de la vente à crédit qui permettait l'accès immédiat à l'American way of life par anticipation sur des revenus futurs, c'est-à-dire non encore gagnés. Mais, si le crédit maintenait une consommation plus forte que ne l'aurait permis l'évolution du pouvoir d'achat — et donc favorisait la poursuite de l'expansion —, il rendait aussi la « prospérité » très artificielle, en perturbant le jeu de l'offre et de la demande et en favorisant la hausse des prix. Certes, la politique déflationniste adoptée en 1921 avait permis de réduire la circulation fiduciaire qui est passée de 5,4 milliards de dollars en 1920 à4,7 milliards de dollars en 1929, mais la multiplication des crédits bancaires et la vulgarisation duchèque, qui représentait 90% de la circulation monétaire, ont entraîné un énorme accroissement de la masse de la monnaie scripturale et l'endettement de nombreuses personnes.1

Entre 1922 et 1929, les dividendes des actions en Bourse ont augmenté de 65%. Cette hausse, provoquée par la croissance de production industrielle, a encouragé la spéculation boursière. Les capitaux étaient gérés par des sociétés d'investissement, qui plaçaient l'argent des épargnants dans des portefeuilles d'actions, et s'ajoutaient à ces capitaux les prêts obtenus destinés à la spéculation. Près d'1,5 millions d'américains se sont mis à jouer en Bourse, qu'ils aient les moyens financiers ou qu'ils ne les aient pas : en ce cas, ils avaient recours aux « crédits de bourse ». Ils représentent 2,2 milliards de dollars en 1925 et 8,5 en octobre 1929, c'est-à-dire les 4/5e des transactions.

Les prêts aux courtiers recensés par le New York Stock Exchange (pour une capitalisation boursière de 90 milliards de dollars)

Date Sommes en millions de dollars

21 mai 1926 2707

30 novembre 1927 4092

31 août 1928 5051

30 juin 1929 7071

30 septembre 1929 8549

1 A. Gauthier, Le monde au XXe siècle. Panorama économique et social, Bréal, 2001, p 162-163.

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« Le mécanisme est simple : l'acheteur règle 10 % du prix de l'action et emprunte 90 % à l'agent de change ; ce dernier se procure la somme auprès des banques en empruntant de l'argent au jour le jour (on call en anglais, reports en français). Supposons donc une action qui vaut 100 dollars ; l'acheteur avance 10 dollars et le courtier 90 dollars, que lui prête une banque. Si les cours montent, disons jusqu'à 110 dollars, il est possible de revendre l'action avec un bénéfice de 10 dollars, que se partageront le courtier et son client. Avant de recommencer. .. Cette technique d'achat "à la marge" a été systématiquement utilisée en 1928-1929... »

(B. Gazier, La crise de 1929, Que sais-je ? n° 2126).

Une bulle spéculative se forme, Wall Street gagne 345% d'octobre 1923 à septembre 1929. Cette débauche de bénéfices creuse l'écart entre des actions qui sont très chères, avec la flambée desprix, les revenus associés (dividendes) et la valeur même des entreprises concernées. Entre 1921 et 1929 la production industrielle a augmenté de 30% là où les actions ont augmenté de 700% (x 8). Par ailleurs, avec le système de crédit décrit ci dessus, les propriétaires des actions n'en sont pas entièrement propriétaires (achat avec prêt)... Dans une ambiance à la hausse tout le monde semblait satisfait. Mais les marchés boursiers sont très sensibles. Il est clair qu'en 1928-1929 la baisse des cours est possible, ce qui met en danger tous ceux qui ont acheté des titres très chers en ayant emprunté la majorité des sommes dépensées pour les acheter... La production agricole flanche, suivie en 1928 de la production industrielle. Dans l'automobile la rentabilité et les profits s'amenuisent.

2 – le Krach

Le jeudi 24 octobre 1929, la bourse de New York connaît une activité anormale avec 12 à 13 millions d'actions qui changent de main ; le mardi 29 octobre, les transactions atteignent le chiffre record de 16 millions et les cours commencent à chuter.Le krach devait durer pendant près de trois semaines, un palier de résistance étant momentanément trouvé, mais très vite la dégringolade reprit jusqu'en 1932. Le cours desactions est au tiers de celui atteint en 1926 au tout début de la phase de spéculation. Ce n'est pas la première fois qu'une « bulle spéculative» se dégonfle aussi brutalement qu'elle était apparue. John Kenneth Galbraith a décrit dans un essai — Brève histoire del'euphorie financière — les traits communs à tous ces épisodes : un sentiment général d'optimisme, des liquidités abondantes et des valeurs sur lesquelles spéculer.

M. Nouschi, Le XXeme siècle, Colin, 2000, p 157

L'indice Dow Jones, créé en 1884 perd 40% en 2 mois (septembre – octobre 1929) puis 89%en 3 ans jusqu'en juillet 1932. Les niveaux de début septembre 1929 n'ont été retrouvé qu'en 1954.

Le Krach de 1929 n'est pas la crise, il est l'étincelle qui fait exploser le système qui jusque làtournait de manière exagérée. Rien qu'à la Bourse, 1929 n'est que le commencement de la chute comme on vient de le dire et comme le montre l'évolution du Dow Jones :

Source : http://www.cvm.qc.ca/pitlamon/module08.htm

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II – la diffusion de la crise1 – une crise américaine

De la Bourse, la crise a gagné l'économie toute entière. La ruine des porteurs de titres a entraîné les difficultés des banques qui n'ont pu récupérer l'argent prêté aux spéculateurs et qui ont dû faire face aux retraits de fonds accélérés de leurs clients gagnés par la panique. Les faillites ont provoqué la disparition de la moitié des banques de 1929 (24 000) à mars 1933 (12000) qui ne pouvait plus dispenser les crédits nécessaires à l'achat de biens de consommation, contribuant à la contraction de la demande, elle-même entraînant la baisse des prix et de la production et l'essor du chômage.

Cet enchaînement se prête à l'utilisation de schéma systémique pour mettre en évidence les liens complexes...

premier exemple2 non complexe :

Autre manière3 efficace

Dernier exemple4, plus engagé... :

2 https://slideplayer.fr/slide/1700761/3 https://lewebpedagogique.com/hgpasteur/2009/10/20/201009/4 http://siteheritage.csdecou.qc.ca/heritage2010/clavetl/comparaison.htm

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schéma à faire à partir d'un texte (S. Berstein & P. Milza, Histoire du XXe siècle, tome 1, Hatier, édition 2017, p 265-266) :

En même temps que la confiance dans la prospérité, le krach boursier a détruit le système complexe de crédit, qui s'était greffé sur Wall Street et sur lequel reposait en grande partie l'équilibre de l'économie américaine. Les débiteurs qui comptaient sur des gains boursiers pour honorer leurs traites ne peuvent plus rembourser leurs emprunts même en comprimant fortement leurs autres dépenses. Les créanciers (brokers, banquiers, entrepreneurs) qui avaient souvent accepté des actions en garantie des prêts consentis se trouvent acculés à la faillite. Malgré un effondrement spectaculaire des taux d'intérêt, le crédit,qui dépend essentiellement de la confiance dans l'avenir, ne redémarre pas. Les capitaux étrangers refluent au plus vite vers les places européennes, notamment Paris pour un temps encore à l'abri de la crise. Toutes ces réactions convergent vers une raréfaction de l'argent disponible aux États-Unis, phénomène de déflation qui a pour effet d'aggraver le décalage entre production et consommation.

Le mécanisme de diffusion de la crise à l'ensemble de l'économie est en place. La surproduction agricole provoque l'effondrement des cours des denrées alimentaires, acculant souvent à la ruine une paysannerie qui regroupe encore à ce moment 20 % des actifs. La chutedes prix et la réduction de la production traduisent les réactions d'adaptation des entrepreneurs confron- tés à l'effondrement du marché, spécialement en ce qui concerne les biens d'équipement durables des ménages (ameublement, appareils de radio et phonographes, machines à laver) auparavant achetés à crédit dans des proportions pouvant atteindre jusqu'à 80 % du prix d'achat.

Pris au dépourvu par cette brutale crise de déflation, les responsables de la Réserve fédérale n'ont pas osé pratiquer une injection massive d'argent frais pour provoquer une « réflation» de l'économie ; fidèles à l'orthodoxie libérale, ils ont au contraire laissé s'approfondir la dépression financière au moins jusqu'en 1931, privant les producteurs de capitaux et les consommateurs de moyens de paiement, et créant ainsi les conditions du marasme durable des affaires.

Globalement, de 1929 à 1932, le revenu national des États-Unis s'effondre de 87 à 39 milliards de dollars et l'investissement qui représentait 15 % du PNB tombe à 1,5 %, hypothéquant lourdement l'avenir. Le commerce extérieur est également atteint. L'adoption en 1930 du tarif HawIey-Smoot franchement prohibitif provoque des représailles douanières qui gênent les exportations américaines d'autant plus que le dollar reste une devise surévaluée surtout aprèsla dépréciation de la livre sterling en 1931.

Par son étendue, sa profondeur, sa durée, la crise déclenchée en 1929 se mue en une dépression qui affecte gravement la société américaine.

Pour traduire un texte en schéma il faut d'abord comprendre globalement le texte, ce qui vaut au moins 2 lectures...

Ensuite pour le transformer, on doit trouver quel phénomène entraîne quel autre phénomène. On recherche les faits, leurs causes et leurs conséquences.. Pas un fait avec une cause et une conséquence. . Attention aux associations caduques genre « Krach => chute des cours des actions »... Parce qu'en fait le Krach c'est la chute des cours des actions....

=> exo Am Lat

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2 – une diffusion mondiale

La crise américaine s'étend aux pays industrialisés avec qui les liens financiers et économiques s'étaient noués depuis la 1GM. Les banques américaines rapatrient rapidement les investissements placés à l'étranger car ils ont un besoin rapide d'argent. L'Autriche et l'Allemagne qui avaient beaucoup emprunté à la Grande-Bretagne et surtout aux Etats-Unis voient les capitaux fuir ce qui plonge les deux pays dans une crise financière. Les faillites bancaires se multiplient comme le Kredit Anstalt de Vienne en mai 1931 et la Danat Bank allemande en juillet 1932. Les établissements ont dû cesser leurs paiements, dans l'impossibilité de faire face aux demande de retrait de fonds de leurs clients. Sans séparation entre banque d'affaire et banque de dépôt, l'argent des dépôts servait à financer les entreprises industrielles ou commerciales. Le retrait des capitaux américains, la baisse d'activité économique et les demandes paniquées des déposants prennent les banques en étau. La Danat Bank tient le choc jusqu'à ce que l'entreprise Nordwolle l'entraîne dans sa faillite.

Concernant spécifiquement l'Allemagne, la crise entraîne une impossibilité de l'Etat de payerles réparations de guerre. Celles ci ont été l'objet de nombreuses discussions depuis leur fixation. En1923 l'hyperinflation allemande a entraîné des discussions car l'Etat semblait avoir laissé faire pour que le Mark en perdant de la valeur annule d'autant le montant des réparations. Avec la crise de 1929, les négociations en arrivent à l'annulation des réparations en juillet 1932 après le moratoire Hoover appliqué entre juillet 1931 et juin 1932.

La France n'est touchée que tardivement pas avant la fin de 1931, car son économie reste peu ouverte sur le monde. Elle est bien touchée par la dépréciation de la Livre sterling britannique d'abord parce que la Banque de France avait des réserves en £ mais aussi parce que les produits britanniques deviennent ainsi meilleur marché.

La baisse de la consommation entraîne avec elle une réduction du commerce et de la production.

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A partir du début des années 1930 les prix connaissent une baisse générale, c'est la DEFLATION. Les consommateurs dépendant moins. Les entreprises essayent alors de vendre en baissant les prix, mais les consommateurs reportent leurs achats, alors que le crédit se réduit. La baisse des revenus des entreprises grève l'investissement.

Dans l'agriculture la situation était déjà difficile puisque, en situation de surproduction, les revenus des agriculteurs avaient diminué pendant les années 1920. Les prix agricoles ont été affecté par la baisse générale mais elle a été plus forte que la baisse des prix industriels. Entre 1929 et 1932, le revenu des fermiers américains baisse des 2/3... En France la baisse des revenus agricoles atteint 59% de 1929 à 1932 alors que celle des revenus du commerce et de l'industrie atteint 46%. Pour les employés qui ne furent pas mis au chômage, la baisse des prix correspond à un augmentation du pouvoir d'achat

Après l'effondrement initial des productions, la production industrielle semble repartir à la hausse dans la 2eme moitié des années 1930....cela est dû à la remise en route des industries d'armement dans tous les pays, dictatures et démocraties.

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III – conséquences sociales1 – l'apparition du chômage de masse

Avec la baisse de l'activité, les faillites de nombreuses entreprises, les suppressions d'emploi se multiplient, essentiellement dans le secteur industriel. Au début de 1933 on comptait 30 millions de chômeurs dans le monde, sans compter les chômeurs partiels qui ont vu leur temps de travail réduit. Aux Etats-Unis on dénombre 12,5 millions de chômeurs, en Allemagne 5,6 millions, mais dans ce pays ça représente 1/3 (33%) de la population active. Même si chaque pays a son mode de calcul et incorpore ou non les diminutions horaires, les taux de chômage dépasse tous les niveaux connus jusqu'alors, entre 25 et 33% de la population active selon les pays...

Rentiers, professions libérales et fonctionnaires voient leurs revenus réduits. Une hostilité sourde s'installe entre ruraux et urbains, entre chômeurs et employés ayant conservé leur travail, la xénophobie et l'antisémitisme se développent donnant une explication simple aux problèmes en accusant ces « eux » qui prennent un travail à « nous ».

Ce chômage de masse se perpétue, même avec une légère baisse quand se profile une petite reprise industrielle. Les dictatures ont tout fait pour faire diminuer le nombre de chômeurs, en particulier des grands travaux pour doter le pays d'infrastructures : autoroutes, bâtiments, aérodromes...

Le chômage entraîne avec lui un cortège de problèmes : l'alimentation tout d'abord : les marches de la faim se multiplient, les soupes populaires également. Le logement pose également problème quand on n'arrive plus à payer son loyer... Le mécontentement se développe : aux Etats-Unis on le met sur le compte des Rouges. La traduction politique des ces mécontentements est évidente : le parti nazi de Hitler engrange bien plus de voix après 1929 qu'avant. Le progrès de la crise est parallèle à celui du NSDAP. En Allemagne, la patrie de Marx, les Communistes attirent également, mais la tactique décidée à Moscou pour les PC du monde, de ne pas s'allier aux Socialistes entraîne la défaite retentissante de la gauche en Allemagne. Nommé en janvier 1933 chancelier, Hitler profite de l'incendie du Reichstag en février pour éliminer l'opposition socialiste

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et communiste avec l'ouverture du premier camp de concentration à Dachau où les ennemis du régime sont « rééduqués ». La tactique de Moscou s'oriente alors vers un rapprochement avec la gauche, c'est la tactique des « fronts populaires ». Elle est appliquée en France et en Espagne.

2 – des solutions ?

La crise des années 1930...

...impose une nouveauté : les politiques économiques, au sens moderne d'une intervention générale de l’État ; il lui incombe dorénavant d'assurer les conditions de laprospérité et non d'être seulement gendarme ou même protecteur. Ce rôle nouveau assigné à l’État ne relève pas d'une simple technique de gestion ; il inclut une responsabilité sociale, qui est fondamentale. Il s'agit d'une véritable révolution de la civilisation, dans sa dimension collective, morale et politique.

J-P THOMAS, Les politiques économiques au XXe siècle, Colin, 1990

Le capitalisme classique est remis en cause selon trois options. Dans la première (Roosevelt,front populaire de Leon Blum) les structures de la démocratie libérale sont maintenues même si l'intervention de l'Etat renforce l'exécutif avec l'application de politiques économiques et sociales. Dans la deuxième, la remise en cause est violente et anti-démocratique : les nazis mettent en place un système économiste mixte dirigé par l'Etat, corporatiste, qui n'a de justification qu'idéologique. La troisième option est le système communiste dans lequel tout est régi par l'Etat, toute propriété privée ayant disparu. Les communistes attendent depuis les ouvrages de K Marx l'effondrement du système capitaliste, prémisse de la reconstruction d'un système égalitaire, la société sans classe : avec la crise mondiale, ils pensent voir la fin du capitalisme...

Globalement, on le voit, la crise favorise une intégration plus forte de l'Etat dans le système économique, là où, dans les théories, il n'était d'un arbitre. Le recours à l'Etat avait déjà été fondamental avec la 1GM : il s'avère encore une fois essentiel. On doit à Keynes un nouveau regardsur le système économique et la place de l'Etat.John Maynard Keynes (1883-1946), économiste et homme d'affaires a déjà fait parlé de lui lors des négociations de 1919 : il claque la porte, opposé qu'il est aux réparations exigées par la France à l'Allemagne.

Il tente de démontrer le lien entre les niveaux d'investissement, d'épargne et d'emploi dans un système économique. De cette démonstration de science économique, il débouche sur une nouvelle vision socio-économique : condamnant l'épargne non investie, il fait de l'État le responsable d'une lutte contre les aléas de la conjoncture visant à soutenir les investissements en permettant la consommation. Autrement dit, il faut rendre l'investissement rentable. L'Etat se voit attribuer un rôle nouveau de redistributeur des revenus et d'incitateur en temps de crise (recours au déficit budgétaire). En dépit de ses propositions très audacieuses, Keynes ne remet jamais en cause le principe de la propriété privée des moyens de production.

L'importance de cette œuvre théorique tient moins à son écho dans les années trente, écho qui demeure faible, en partie parce que Keynes lui-même a construit sa réflexion sur l'observation de la crise, qu'à sa diffusion et à la séduction qu'elle opère parmi les jeunes décideurs politiques. Elle devient leur cadre de référence.

B. Pellistrandi, H Multon, Le 20e siècle, Colin, 2004

Dans un premier temps, les Etats eurent recours à des politiques déflationnistes qui cherchent avant tout l'équilibre budgétaire en augmentant les recettes (les impôts et les taxes), en diminuant les dépenses (aides, traitements des fonctionnaires). La défense de la monnaie excluait le

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recours à la dévaluation. Mais la réduction des revenus ne permettait pas la relance de la consommation, les recettes de l'Etat n'augmentait pas avec la diffusion de la crise (moins d'entreprise, moins de revenus, moins de travail, donc moins de rentrées fiscales) ce qui engendrait des déséquilibres budgétaires qui rendaient les monnaies fragiles. Tous les pays ont appliqué dans lapremière moitié des années 1930 cette politique déflationniste qui a fait des ravages sociaux...

Devant l'échec de la déflation, les politiques ont réagi et choisi des politiques radicalement opposées, privilégiant la relance économique par la consommation, en injectant des moyens financiers, sans s'arrêter au déficit budgétaire, et en recourant à la dévaluation pour favoriser les exportations. Les Britanniques ont sauvé une partie de leurs exportations en abandonnant la convertibilité de la Livre en 1931. Inversement, les Français ne dévaluent qu'en 1936 ce qui a grevé les exportations françaises. Quand tous les pays se sont mis à dévaluer, l'avantage était forcément moindre...Mais Français comme Britanniques ont profité de leur empire colonial pour réorienter leur commerce extérieur et maintenir des clients et fournisseurs, surtout pour les produits les moins compétitifs.

Le tournant se traduit avec le New Deal de Roosevelt (lors de ses deux premiers mandats -sur 4-1932-1936 et 1936-1940) aux Etats-Unis. Il ne faut pas imaginer une révolution : Hoover avait déjà entamé une politique de déficit budgétaire dès 1931 et Roosevelt essaye en 1936 de limiter les dépenses de l'Etat... Mais globalement l'orientation est visible ! L'Etat intervient et c'est plutôt rare aux USA.

En France, le programme de Front Populaire repose sur l'amélioration du pouvoir d'achat des salariés sensé relancer la consommation et donc l'activité économique. Cette alliance politique du centre gauche à l'extrême gauche a des fondements socio-économiques mais également politiques, et on ne peut les dissocier sauf de manière anachronique. Si les communistes s'allient, onl'a vu, c'est parce que Moscou l'autorise. Et cette permission a des fondements politiques : la défaite lamentable de la gauche allemande face au nazisme. Fondé en 1934 le front populaire français prend ses racines dans la tentative fasciste de février 1934 qui ajoute à la panique devant la prise de pouvoir d'Hitler. L'Espagne suit le même modèle dans un contexte différent (extrême gauche non marxiste très active, conservatisme fort de la société à la fois catholique et royaliste, ressentiment d'une partie des officiers d'active..). En février 1936 le « frente popular » gagne les élections en Espagne, et en mai 1936 c'est le tour du Front populaire en France. L'Espagne s'enfonce rapidement dans la guerre civile, mais Leon Blum essaye de maintenir le cap devant les critiques de droite et lesmanifestations ouvrières de mai-juin 1936. Le moyen se sortir de cette situation est la signature des accords de Matignon le 8 juin 1936...

=> accords matignon

IO :objectifs : Ce chapitre vise à montrer l’impact de la crise économique mondiale sur les sociétés et les équilibres politiques, à court, moyen et long terme. On peut mettre en avant : - les causes de la crise ; - le passage d’une crise américaine à une crise mondiale ; - l’émergence d’un chômage de masse.

Points de passage et d'ouverture : les conséquences de la crise de 1929 en Amérique latine 1933 : un nouveau président des États-Unis, F. D. Roosevelt, pour une nouvelle politique

économique, le New Deal. Juin 1936 : les accords Matignon.