Lieu : Hôtel Sidi Bou Saïd - Tunis

Colloque international

organisé par l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain – Tunis(IRMC), le Centre d’Anthropologie Culturelle – (Canthel) et le Centre Jacques Berque-Rabat (CJB)

Avec le soutien de l’Institut français de Tunisie (IFT), l’Université Paris Descartes Sorbonne) et le Centre de la femme arabe pour la formation et la recherche (CAWTAR)

Transgression(s). La normalité et ses dépassements en Afrique du nord

 

 

Coordination scientifique Philippe Chaudat, maître de conférences

à l’Université Paris Descartes (Canthel), Paris

Monia Lachheb, chercheure associée à l’IRMC-Tunis

Vendredi 21 et samedi 22 novembre

Présentation  générale  du  colloque    

A travers les transgressions, nous nous intéresserons

au non respect des règles, des normes sociales ou de la loi, qu’elle soit législative ou divine. En effet, les conduites des acteurs sociaux sont encadrées par un univers législatif, mais aussi par des injonctions religieuses. Le terme de transgression renvoie, en définitive, au dépassement des frontières et donc à l’existence d’interdits, de lois et de normes préétablies auxquelles on doit ou devrait se référer à l’intérieur de la société. C’est même l’existence de ces interdits, lois, règles et normes qui produit ou qui fait apparaître la transgression. Transgresser sous-entend donc un rejet ou, parfois, un arrangement avec ces interdits, ces lois, ces règles et ces normes. La transgression ne se limite pas à contrevenir à une règle, c’est aussi une co-construction entre une personne et des situations, entre une personne, son comportement et d’autres personnes et surtout entre la manifestation de ce comportement et le corps social. Mais la limite à ne pas dépasser est-elle toujours là où est situé l’interdit ou la transgression existe-elle quand on manifeste clairement et publiquement le non respect ? En un mot, transgresser est-ce uniquement dépasser un interdit ou est-ce manifester le dépassement de cet interdit ?

Le colloque permettra ainsi de discuter cette notion de transgression dans ses rapports au normatif et au « normal ». Transgresser consisterait à sortir de la norme prescrite par le texte sacré ou juridique ou encore admise selon les conventions sociales. La transgression est-elle alors un acte de marginalité ou une revendication d’une rupture par rapport au normatif, à l’assignation collective d’un mode d’être, d’une identité, d’une religion ? La transgression peut-elle être revendiquée comme un acte de résistance face à l’assignation collective de règles et de normes à respecter ? Elle poserait alors la question de la place du sujet dans son rapport aux autres et vis-à-vis de son groupe d’appartenance.

Les transgressions seront traitées à travers différentes thématiques telles que l’alimentation, les pratiques corporelles, sexuelles, artistiques et d’autres pour lesquelles prescriptions et interdits sont particulièrement nombreux (tant dans le domaine religieux que politique).

La transgression n’existant pas sans la loi et les normes, la première journée commencera par traiter de la question de la norme, des règles, de la loi et des interdits en Afrique du nord. Ce premier état des lieux permettra de comprendre à quoi on se réfère quand on parle de transgression(s).

Cette première journée se poursuivra en traitant de la place des sexualités dans la transgression, essentiellement à travers l’homosexualité et la prostitution (actuellement et à travers l’histoire). Quel est l’enjeu du corps dans les transgressions ? Quand il est question de l’exposition du

corps au regard extérieur, comment la question du genre détermine-elle la nature de l’interdit et fait-elle émerger une « genrification » de la transgression ? Comment la sexualité et les comportements sexuels sont-ils normés et comment sont-ils respectés ou transgressés ? L’intérêt est de mettre en évidence l’expérience homosexuelle (gay et lesbienne) et les conduites liées à la prostitution. Quelles sont les conduites des acteurs et leurs stratégies pour contourner la « norme », la transgresser et vivre leur propre sexualité ?

La seconde journée sera tout d’abord consacrée à la transgression à travers l’alimentation et les stupéfiants (inhalation et injection). Religion et/ou législation définissent en effet ce qui est bon ou mauvais à « incorporer ». Certaines personnes respectent ces prescriptions mais d’autres les transgressent à travers leurs comportements ou à travers leurs écrits : consommation d’aliments interdits ou d’alcool, prise de stupéfiants (drogues dures et douces), éloge de la consommation du vin dans la littérature arabe… Après avoir présenté les liens entre alimentation et transgression(s), puis la façon dont l’islam produit directement ou génère indirectement des interdits alimentaires, nous décrirons des pratiques de transgressions dans la consommation des aliments, des alcools et des drogues à partir d’exemples de terrain.

Cette journée se poursuivra en abordant la transgression sous l’angle des arts et de la littérature (actuelle et passée). Il s’agira d’analyser à partir de quand l’artiste transgresse les normes et les interdits et de comprendre si la transgression artistique est un acte de revendication politique ou un signe d’acculturation ou autre chose ?

Le colloque se conclura enfin sur la question de la sanction et/ou de la répression et du rapport au monde extérieur ? Internet a-t-il modifié le rapport à la transgression (pensons notamment aux photographies d’Amina posant seins nus en Tunisie ou des deux adolescents s’embrassant devant leur collège au Maroc postées sur Facebook) ? Quelles sanctions et quelle répression existe-t-il pour quelle transgression ou pour quelle manifestation de la transgression ? Cette répression s’est-elle modifiée sous l’effet de la mondialisation de l’information ?

A partir d’exemples de terrain ou d’analyses de corpus, ce colloque permettra donc de s’interroger sur la définition de la transgression, mais aussi sur ce que l’on transgresse, qui transgresse, comment, par rapport à quoi et à qui… en conservant une vision diachronique et synchronique. A travers ces réflexions se posera également la question de la nature de la norme et de son évolution. Politique et religion seront sous-jacents à tous les thèmes abordés.

Vendredi 21 novembre 2014

9h30-9h45 : Ouverture du colloque

Erwan Dianteill (Université Paris Descartes Sorbonne, Directeur du Canthel) Karima Dirèche (CNRS, Directrice de l’IRMC)

9h45-10h15 : Introduction Générale

Erwan Dianteill (Université Paris Descartes Sorbonne, Directeur du Canthel), Règles, infractions et sanctions - Esquisse d’une anthropologie de la transgression

Axe 1. Pasdetransgressionsansloi Président de séance : Pierre-Noël Denieuil (Directeur de recherche, IRD)

10h15-10h45 : Bernard Valade (Université Paris Descartes, Canthel), Limite et transgression en Morale et en Droit

10h45-11h15 : Farid El Asri (Université internationale de Rabat, professeur associé à l’Université de Louvain-la-Neuve), Approche anthropologique du droit islamique

11h15 : Discussion

11h45 : Pause café

11h45-12h15 : Karima Dirèche (Directrice de l’IRMC), Changer de religion en Algérie : un acte transgressif ?

12h15-1300 : Discussion

13h00-14h30 : Déjeuner

Axe 2. Transgression,genreetsexualité

Président de séance : Moez Safta (Institut supérieur des beaux arts de Tunis)

14h30-15h00 : Monia Lachheb (Institut supérieur du sport et de l’éducation physique de Ksar-Said - Tunis, IRMC), Les pratiques homosexuelles en Tunisie. Entre légitimation et transgression

15h00-15h30 : Gianfranco Rebucini (EHESS), Le quotidien de l’(homo)sexualité au Maroc. Entre norme et transgression de la masculinité

15h30-16h00 : Aguis Keltouma (Centre National de Recherche en Anthropologie Sociale et Culturelle - CRASC), Prostitution secrète et prostitution cachée dans la société algérienne

16h00 : Discussion

16h30 : Pause-café

16h30-17h00 : Mariem Cheikh (Université Libre de Bruxelles, Institut d’Ethnologie Méditerranéenne et Comparative – MMSH, Aix-en-Provence), L’économie intime dans le Maroc du XXIe siècle : déviance, transgression ou nouvelle éthique sexuelle ?

17h00-17h30 : Abdelaziz Hlaoua (Centre Jacques Berque, (doctorant Université Pierre Mendès, Laboratoire PACTE, Grenoble (UPMF) et A. Aghbal (Centre Régional des Métiers de l’Éducation et de la Formation, Meknes), L’instrumentalisation politique de la transgression sexuelle et le développement de la prostitution au Moyen-Atlas marocain

17h30 : Discussion

Samedi 22 novembre 2014

Axe 3. Transgressionet«in‐corporation»:entrealimentationinhalationetinjection

Présidente de séance : Karima Direche (CNRS, Directrice de l’IRMC)

9h30-10h00 : Sihem Dabbabi Missaoui (Université de La Manouba, Tunis), Islam, interdits alimentaires et transgression(s)

10h00-10h30 : Philippe Chaudat (Université Paris-Descartes Sorbonne, Canthel), Monstration, perception et transgression(s) : l’exemple de l’alcool à Meknès et à Fès

10h30 : Discussion

11h00 : Pause café

11h00-11h30 : Jean-Noël Ferrié (CJB, CNRS), Ivresse et rapport à l’occidentalisation au Maghreb

11h30-12h00 : Khalid Mouna (Université de Meknès, chercheur associé au Centre Jaques Berque), D’une consommation locale à une commercialisation internationale : trajectoire historique et anthropologie du cannabis au Maroc

12h00-12h45 : Discussion

12h45-14h00 : Déjeuner

Axe 4. Artettransgression

Président de séance : Erwan Dianteill (Directeur du Canthel)

14h00-14h30 : Moez Safta (Institut supérieur des beaux arts – Tunis), Pratiques artistiques et transgressions

14h30-15h00 : Mariem Guellouz (Canthel), Le corps dansant comme enjeu politique en Afrique du nord

15h00-15h30 : Sébastien Boulay (Université Paris Descartes Sorbonne, Ceped), Poésie politique contemporaine au Sahara Occidental : de la raillerie à la diffamation en contexte de conflit

15h30 : Discussion

16h00 : Pause café

Axe 5. Conclusion

16h00-16h30 : Francis Affergan (Université Paris Descartes, Canthel), Y-a-t-il des tabous universels ?

16h30 : Discussion - Clôture du colloque