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LIER LA REDUCTION DE LA PAUVRETE A LA GESTION DE L'ENVIRONNEMENT Défis et opportunités politiques Ministère du développement international, Royaume-Uni (DFID) Direction générale pour le développement, Commission européenne (CE) Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) Banque mondiale Juillet 2002

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LIER LA REDUCTION DE LA PAUVRETEA LA GESTION DE L'ENVIRONNEMENT

Défis et opportunités politiques

Ministère du développement international, Royaume-Uni (DFID)Direction générale pour le développement, Commission européenne (CE)

Programme des Nations unies pour le développement (PNUD)Banque mondiale

Juillet 2002

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Avant-propos

Sur notre planète, une personne sur cinq vit dans la misère, et deux tiers d'entre elles sont des femmes. Si lesiècle passé a fait de grands progrès en réduisant la pauvreté et en améliorant le bien-être, la pauvreté reste unproblème mondial aux proportions énormes. Parmi 6 milliards d'individus peuplant notre Terre, 2,8 milliardsdoivent vivre avec moins de 2$ par jour, et 1,2 milliard avec moins de 1$. Pour relever ce défi, lesgouvernements du monde entier se sont engagés, lors du Sommet du millénaire des Nations unies, à atteindreles Objectifs de développement du millénaire dont l'un des buts principaux est de réduire de moitié le tauxd'extrême pauvreté pour l'année 2015.

Or, on assiste actuellement à une dégradation de la capacité de notre planète à nous nourrir. Ces problèmessont connus : dégradation des terres agricoles, diminution des surfaces forestières, réduction des réservesd'eau potable, affaiblissement des pêcheries, et menace d'accroissement de la vulnérabilité sociale etécologique aux changements climatiques et à la réduction de la diversité biologique. Si ces menaces sontplanétaires, leur incidence est plus prononcée dans les pays en développement et spécialement parmi lespopulations qui vivent en situation de pauvreté, dont les moyens d’y faire face sont moindres.

Ce déclin de l'environnement est-il inévitable pour résorber le taux de pauvreté ? Nous prétendons que non.En fait, c'est le contraire. Si nous ne mettons pas fin à cette érosion des ressources naturelles et si nous neparvenons pas à renverser cette tendance, le monde sera incapable d'atteindre les Objectifs de développementdu millénaire, et en particulier celui qui concerne l'extrême pauvreté. Ainsi que le démontre le présentdocument, la gestion de la dégradation de l'environnement joue un rôle primordial quant à la réductionefficace et durable de la pauvreté. Le Sommet mondial de 2002 pour le développement durable (WSSD) offreà la communauté internationale une occasion décisive de réorienter le débat mondial et de concevoir uneréponse plus intégrée et efficace à la pauvreté et au déclin de l'environnement.

Pour réussir, nous devons focaliser notre attention sur les liens les plus significatifs entre pauvreté,environnement et développement durable. Jusqu'à maintenant, nombreux sont ceux qui ont défendu l’idéeselon laquelle garantir une gestion saine de l'environnement implique une baisse de la croissanceéconomique ; en d’autres termes que sans cette croissance la résorption de la pauvreté est inconcevable. Enréalité, il n'exixte pas de relation simpliste entre la croissance économique et la dégradation del'environnement ; des politiques appropriées, nationales et internationales, peuvent apporter des avantagessensibles sur les deux fronts. Dans ce but, nous devons porter notre regard au-delà de ce que peuventaccomplir les institutions environnementales et nous mettre en quête d'opportunités dans tous les secteurs.

Le présent document se fonde sur les contributions de quatre organisations poursuivant des objectifssimilaires d'élimination de la pauvreté et de gestion de l'environnement, à savoir le Département pour ledéveloppement international (DFID) du Royaume-Uni, la Direction générale pour le développement de laCommission européenne (CE), le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et la Banquemondiale. Inspirés par nos objectifs communs et profitant de l'occasion fournie par le WSSD, nous avonsréuni nos stratégies existantes (mais indépendantes) relatives à la pauvreté et à l'environnement. Nous avonsconsulté de nombreux experts et sommes profondément reconnaissants envers les plus de mille personnesvenant de 84 pays différents qui ont participé à nos discussions et, pour une grande partie d’entre elles, nousa enrichi de ses commentaires. Sur base également de recherches menées par d'autres, nous avons rassemblédes preuves quant aux liens importants existant entre la gestion de l'environnement et la réduction de lapauvreté et avons défini des politiques qui nous semblent les plus opportunes et significatives pour avancerdans l'agenda pauvreté-environnement.

Clare ShortSecrétaire d'état pour le

développement international

Département pour ledéveloppement international

Royaume-Uni

Poul NielsonCommissaire chargé du

développement et de l'aidehumanitaire

Commission européenne

Mark Malloch BrownAdministrateur

Programme dedéveloppement des

Nations unies

James D.WolfensohnPrésident

Banque mondiale

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Remerciements

Le présent rapport a été élaboré par une équipe composée de Paul Steele (DFID), Simon Le Grand (CE),Philip Dobie et Peter Hazlewood (PNUD) et Jan Bojö (Banque mondiale). L'équipe a largement tiré parti descommentaires, suggestions et contributions des personnes suivantes :

DFID : Fenella Frost, Alicia Herbert, Julian Quan, Julie Thomas et Yolanda Wright.

CE : Marc Debois, Elisabeth Drory, Jean-Pierre Dubois, Karin Eckerdal, Karen Fogg, Bart Kuiter, AndreLiebaert, Philip Mann, Patrick Rabe, Peter Rundell, Artur Runge-Metzger, Maija Sala, Christoph Wagner etUwe Werblow.

PNUD : Stephen Browne, Linda Ghanime, Selim Jahan, Arun Kashyap, Charles McNeill, Leida Mercado,Frank Pinto, Alvaro Umaña, Jake Werksman et Gregory Woodsworth.

Banque mondiale : Gayatri Acharya, Anders Agerskov, Charlotte Bingham, Katie Bolt, John Briscoe, DavidCassells, Kenneth Chomitz, Louise Cord, Ashok Dhareshwar, John Dixon, John Flora, Kristalina Georgieva,Kirk Hamilton, Marea Hatziolos, Jane Holt, Hans Ibrekk, Steen Jorgensen, Mats Karlsson, Elizabeth Kelley,Nalin Kishor, Agi Kiss, Jeni Klugman, Odin Knudsen, Anil Markandya, Ajay Mathur, Michele de Nevers,Poonam Pillai, Jamal Saghir, Alexandra Sears, Kristina Sörby, Priya Shyamsundar et Limin Wang.

Autres : Marcel Engel (World Business Council for Sustainable Development), Izabella Koziell (IIED),Melissa Leach (Institute for Development Studies, University of Sussex), Pradeep Tharakan (SyracuseUniversity) et Harry van der Wulp (Global IPM Facility).

Des commentaires ont été reçus des personnes suivantes par le biais du Partenariat pauvreté-environnement(PEP), réseau informel de bailleurs de fonds poursuivant les mêmes objectifs de réduction de la pauvreté etde gestion de l'environnement : Henk van Trigt (Pays-Bas), Tomas Andersson, Anders Ekbom, MariaSchultzet et Eva Tobisson (Suède), Thierry Oliveira (PNUE), et Leslie Johnson (États-Unis).

Ce document a été largement diffusé et discuté lors du processus qui a abouti au Sommet mondial de 2002pour le développement durable (WSSD). En janvier 2002 le document a été communiqué comme "Projet deconsultation" et placé sur différents sites Web. Ce Projet de consultation a été présenté lors de "discussionslatérales" au cours des deuxième (janvier 2002) et troisième (mars 2002) réunions du comité de préparationdu WSSD. Il a également été présenté en Tunisie à la 7ème conférence bisannuelle de la Sociétéinternationale d'économie environnementale, ainsi qu'au Salvador lors d'un séminaire du World Wide Fundfor Nature.

Du 1er février au 31 mai 2002, l'Institut de la Banque mondiale a hébergé une discussion électronique sur leProjet de consultation, qui a accueilli plus de 1000 participants venant de 84 pays. Cette discussion a duréquatre mois pendant lesquels 668 messages ont été reçus et des résumés des discussions contenant lesréponses des auteurs ont été régulièrement envoyés. Durant ces dix dernières semaines de débatsélectroniques, un format thématique a été introduit, basé sur plusieurs sujets clés qui avaient émergé lors desdiscussions ; on compte parmi eux le lien de cause à effet entre la pauvreté et l'environnement, la technologieappropriée, la qualité de la croissance et de la gestion de l'environnement, le commerce et les investissementsétrangers directs, ainsi que l’environnement. Le texte précédent du Projet de consultation a été largementmodifié suite aux suggestions apportées lors des discussions électroniques.

Nous remercions tout spécialement Rama Chandra Reddy (Banque mondiale) qui a été le modérateur de ladiscussion électronique à propos du Projet de consultation et Jim Cantrell (Banque mondiale) qui a piloté laconception et la publication du Projet de consultation jusqu'à la fin.

Quoique les auteurs aient fait beaucoup d’efforts pour incorporer les commentaires reçus, la responsabilité dece document incombe à nos quatre organisations.

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Contenu

AVANT-PROPOSAPERÇU: LIER REDUCTION DE LA PAUVRETE ET GESTIONDE L'ENVIRONNEMENT 1PARTIE 1 : INTERET DE L'ENVIRONNEMENT POUR LESPERSONNES VIVANT EN ETAT DE PAUVRETE

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1.1 Moyens d'existence et environnement

1.2 Santé et environnement

1.3 Vulnérabilité et environnement

1.4 Croissance économique et environnement

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20PARTIE 2 : OPPORTUNITES POLITIQUES POUR REDUIRELA PAUVRETE ET AMELIORER L'ENVIRONNEMENT

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2.1 Améliorer la bonne gestion publique

2.2 Accroître les atouts des pauvres

2.3 Améliorer la qualité de la croissance

2.4 Réformer les politiques internationales et celles des paysindustrialisés

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CONCLUSION 52

NOTES 53

ABBREVIATIONS ET ACRONYMES 59

REFERENCES 60

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ENCADRES

1. Liens clés entre l'environnement et les Objectifs de développement du millénaire

2. Le fardeau de la collecte de l'eau pour les femmes et les enfants

3. Effets sur les pauvres des changements climatiques mondiaux

4. Meilleure compréhension des liens entre pauvreté et environnement

5. Intégrer l'environnement dans le plan d'élimination de la pauvreté en Ouganda

6. Programme indonésien pour le contrôle, l'évaluation et le taux de la pollution(PROPER)

7. Réduction de la corruption dans le secteur de la foresterie au Cambodge

8. Les ressources naturelles alimentent un conflit en République démocratique duCongo

9. Propriété foncière et amélioration de l'environnement

10. La foresterie communautaire au Népal

11. Améliorer l'accès des agriculteurs démunis de ressources aux technologiesécologiques

12. Partenariats publics-privés pour la fourniture d'eau en Afrique du Sud

13. Réforme des subsides à l'électricité en Chine et effet sur les pauvres

14. Succès d'un ajustement aux normes de santé environnementale

15. Sociétés minières en Amérique latine et environnement

16. Réprimer dans les pays industrialisés les importations de bois indonésien illégal

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FIGURES

1. L'environnement et les objectifs de développement du millénaire

2. Ressources naturelles et revenus domestiques dans les zones rurales enZimbabwe

3. Poids des maladies et des risques environnementaux (1990)

4. Croissance économique et qualité environnementale (1981-1998)

5. Domaines clés d'action politique visant à améliorer les résultats pauvreté-environnement

6. Comptes ajustes du revenu national en Afrique sub-saharienne

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APERÇU

Lier réduction de la pauvreté et gestion de l'environnement

Pour assurer une réduction soutenue de la pauvreté et atteindre les objectifs de développement duMillénaire il est capital de se pencher sur les questions d'environnement qui concernent les pauvres... Maiscela nécessite une approche intégrée axée davantage sur les pauvres - liant les actions aux niveaux local,

national et mondial.

Préparé en vue du sommet mondial 2002 sur le développement durable, le présent document "Lier réductionde la pauvreté et gestion de l'environnement" se concentre sur les manières de réduire la pauvreté et desoutenir la croissance en améliorant la gestion de l'environnement, au sens large. Il tente d’établir des liensentre pauvreté et environnement et de démontrer qu'une gestion saine et équitable de l'environnement faitpartie intégrante de la réalisation des objectifs de développement du Millénaire, en particulier : éradiquerl'extrême pauvreté et la faim, réduire la mortalité infantile, lutter contre les grandes maladies et assurer desconditions environnementales permettant un développement durable.

Une action soutenue doit être menée et des changements institutionnels doivent intervenir dans les quatredomaines prioritaires suivants:� améliorer la gouvernance afin de créer un environnement politique et institutionnel plus propice pour

aborder les problèmes pauvreté-environnement des pauvres en mettant particulièrement l'accent sur lesbesoins des femmes et des enfants;

� renforcer les atouts des pauvres afin de multiplier les possibilités de moyens de subsistance durables etde réduire leur vulnérabilité à l'égard des dangers environnementaux et des conflits liés aux ressourcesnaturelles;

� améliorer l'aspect qualitatif de la croissance afin de promouvoir une gestion saine de l'environnementet de protéger les biens et les moyens de subsistance des pauvres;

� réformer les politiques internationales et des pays industrialisés afin d'aborder les préoccupations despays en développement et des pauvres en matière de pauvreté et d'environnement.

Il existe des opportunités politiques de réduire la pauvreté et d'améliorerl'environnement

L'environnement est très important pour les pauvres. Souvent, les moyens de subsistance des pauvresdépendent directement de toute une série de ressources naturelles et de services écologiques; les pauvres sontsouvent les plus touchés par la pollution de l'eau, la pollution de l'air dans les habitations et l'exposition auxproduits chimiques toxiques et ils sont particulièrement vulnérables face aux dangers résultant del'environnement (inondations, longue sécheresse et attaque des cultures par des parasites) et aux conflits liésà l'environnement. Ces liens entre pauvreté et environnement doivent être au centre des actions menées auniveau national pour éliminer la pauvreté.

Les occasions de réduire la pauvreté en améliorant l'environnement sont nombreuses, mais leurconcrétisation se heurte à de fortes oppositions politiques et institutionnelles souvent bien enracinées. Ladécennie qui vient de s'écouler depuis le sommet de la terre à Rio en 1992 permet de tirer des enseignementsintéressants et notamment les trois suivants:

� Tout d'abord, les pauvres doivent être considérés comme faisant partie de la solution et non duproblème. Les efforts visant à améliorer la gestion de l'environnement d'une manière qui contribue àassurer une croissance durable et à réduire la pauvreté doivent refléter les priorités des pauvres. Despolitiques et des institutions d'appui sont nécessaires, notamment l'accès à l'information et à la prise de

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décision, qui permettent aux pauvres d’élargir leurs possibilités d'investir dans des améliorations del'environnement et de consolider leurs moyens de subsistance. Parallèlement, il est essentiel des'intéresser aux activités des non-pauvres puisqu'elles sont la source de la plupart des dommages causés àl'environnement.

� L'aspect qualitatif, d’un point de vue environnemental, de la croissance, importe pour les pauvres. Onne saurait se baser sur l’hypothèse que l'amélioration de l'environnement peut être différée jusqu'à ce quela croissance ait atténué l’insuffisance des revenus, ni sur celle qu’une croissance des revenus se traduirapar un accroissement des ressources pour la protection de l’environnement. C'est ignorer l'importancedes biens et des services environnementaux pour les moyens de subsistance et le bien-être des gens ainsique l'importance de la diversité de ces biens et de ces services pour améliorer les possibilités de s'extrairede la pauvreté. De plus, de nombreux exemples témoignent du caractère néfaste d'une mauvaise gestionde l'environnement pour la croissance et du fait que les pauvres souffrent le plus de la dégradation del'environnement. Ne pas tenir compte de la qualité de l'environnement dans la croissance - même si celapeut entraîner des gains économiques à court terme - peut saper la croissance elle-même et son incidencesur la réduction de la pauvreté.

� La gestion de l'environnement ne peut être traitée indépendamment des autres questions dedéveloppement, elle doit, au contraire, être intégrée dans les efforts de réduction de la pauvreté et dedéveloppement durable afin d'obtenir des résultats significatifs et durables. Une amélioration de lagestion de l'environnement d'une manière qui soit profitable aux pauvres appelle des changementspolitiques et institutionnels intersectoriels qui pour la plupart ne sont pas du ressort des institutionschargées de l'environnement, comme par exemple des changements dans la gouvernance, dans lespolitiques économique et sociale nationales et dans les politiques internationales.

Améliorer la gouvernance

� Intégrer la problématique pauvreté-environnement dans des cadres de développement nationaux enincorporant les préoccupations des pauvres en matière d'environnement dans les stratégies nationales deréduction de la pauvreté et les réformes macroéconomiques et sectorielles qui y sont associées, afinqu'elles puissent devenir des stratégies nationales de développement durable.

� Renforcer la décentralisation pour la gestion de l'environnement en intégrant la problématiquepauvreté-environnement dans les politiques et processus de planification au niveau des régions du pays etdans les programmes d'investissements sectoriels.

� Donner les moyens à la société civile, en particulier aux pauvres et aux groupes marginalisés,d'influencer la politique de gestion de l'environnement et les processus de planification à tous les niveauxen élargissant l'accès du public à l'information, à la prise de décision ainsi qu'à la justice.

� Prendre en compte l'aspect genre de la problématique pauvreté-environnement en s’assurant qu'ilsoit pleinement intégré dans la formulation, la mise en œuvre et le suivi des stratégies de réduction de lapauvreté et les réformes politiques y afférentes.

� Renforcer la lutte contre la corruption pour protéger l'environnement et les pauvres en améliorantles cadres juridique et réglementaire et les mécanismes de contrôle; en augmentant les sanctions pour lescontrevenants et l’efficacité des mécanismes d'information, par les communautés, des organes chargés defaire respecter la loi.

� Réduire les conflits liés à l'environnement en améliorant les mécanismes de règlement des conflits dansla gestion des ressources naturelles et de la biodiversité et en s’attaquant aux questions économiques etpolitiques sous-jacentes qui affectent l'accès et l’exploitation des ressources, y compris la corruption.

� Améliorer le suivi et l'évaluation de la problématique pauvreté-environnement en renforçant lacapacité du gouvernement et de la société civile à suivre l'évolution de l'environnement et la manière dontelle affecte les pauvres; en intégrant des indicateurs pauvreté-environnement dans les systèmes nationauxde suivi de la pauvreté et en renforçant les capacités à appliquer les résultats du suivi et de l'évaluation

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dans la formulation et la mise en œuvre des politiques relatives à la problématique pauvreté-environnement.

Renforcer les atouts des pauvres � Renforcer les droits des pauvres sur les ressources, en réformant les politiques et les institutions

formelles et informelles qui ont une incidence sur l'accès aux ressources foncières et naturelles, lecontrôle et le partage de bénéfices, en accordant une attention particulière aux droits des femmes sur lesressources.

� Renforcer la capacité des pauvres à gérer l'environnement, notamment la conservation et l’utilisationdurable des terres, des ressources hydrauliques et biologiques et l’accès à une énergie propre, à unapprovisionnement en eau et aux services de sanitation, en renforçant la capacité et les mécanismes degestion locaux et en soutenant le rôle-clé que jouent les femmes dans la gestion des ressources naturelles.

� Élargir l'accès aux technologies respectueuses de l'environnement et adaptées au niveau local, tellesque les techniques de culture qui préservent le sol et l'eau et minimisent l'utilisation de pesticides ou lesénergies renouvelables appropriées et les technologies efficientes du point de vue énergétique quiréduisent également la pollution de l'air, en protégeant mieux les connaissances et techniques autochtoneset en les rendant plus accessibles, en encourageant davantage le développement des technologiesfavorables aux pauvres et en associant les pauvres à la recherche, à la démonstration et à la diffusion destechnologies.

� Réduire la vulnérabilité des pauvres vis-à-vis de l'environnement en renforçant leur participation à lapréparation aux catastrophes naturelles ainsi que leur capacité de réduire ou d'alléger les risques; ensoutenant les stratégies formelles et informelles mises au point par les groupes vulnérables pour faire faceaux situations diverses et en élargissant l'accès à l'assurance et aux autres dispositifs de gestion desrisques.

Améliorer l'aspect qualitatif de la croissance � Intégrer la problématique pauvreté-environnement dans les réformes de politique économique en

intensifiant l'utilisation des méthodes d'évaluation environnementale stratégique et des méthodesd'analyse de l'impact social de la pauvreté ainsi qu'en renforçant les normes de gestion de l'environnementet les capacités de suivi.

� Améliorer la prise en compte de la valeur de l'environnement en adaptant les comptes du revenunational et en déterminant des niveaux de prix appropriés qui reflètent mieux la valeur des biens etservices environnementaux et en améliorant la prise de décision dans le domaine économique.

� Encourager la participation du secteur privé en renforçant les capacités du gouvernement et descommunautés à entrer en partenariat avec le secteur privé pour améliorer les services environnementauxbénéficiant aux pauvres ; en proposant des aides au développement d'entreprises locales fondé surl'utilisation durable de la biodiversité (tels que l'écotourisme axé sur la communauté ou la culture durablede produits naturels).

� Mettre en œuvre une réforme fiscale en matière d'environnement favorable aux pauvres par lafixation de prix corrects des ressources naturelles, particulièrement l'énergie et l'eau, en intensifiant lerecours à des avantages fiscaux pour promouvoir des pratiques respectueuses de l'environnement, enaméliorant le recours à l'impôt sur le revenu locatif pour collecter et allouer de manière plus efficace lesrecettes provenant des ressources naturelles et en améliorant l’utilisation du concept de «charges depollution » pour que les coûts de l'environnement soient mieux pris en compte dans les prix du marché.

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Réformer les politiques internationales et les politiques des pays industrialisés � Améliorer les politiques commerciales internationales et des pays industrialisés en prenant en compte

les liens commerce-pauvreté-environnement dans la négociation et la mise en œuvre des accordscommerciaux multilatéraux; en réformant les politiques de subsides agricoles qui faussent le commerce etautres barrières au commerce pour donner aux pays en développement un accès équitable aux marchésmondiaux et en supprimant les subventions qui entraînent une exploitation insoutenable à terme- tellesque les subventions aux flottes de pêche commerciale à grande échelle qui encouragent la surexploitationdes ressources halieutiques des pays en développement.

� Rendre l'investissement étranger direct plus favorable aux pauvres et à l'environnement enencourageant les sociétés multinationales à mieux respecter le code de conduite pour les entreprisesmultinationales de l'OCDE révisé, en faisant prendre conscience aux actionnaires et aux investisseurs dela responsabilité des entreprises dans le domaine social et environnemental et en élargissant la ‘GlobalReporting Initiative’ du programme des Nations Unies pour l'environnement et d’autres approches visantà améliorer le bilan des entreprises d’un point de vue social et environnemental.

� Améliorer la contribution des accords multilatéraux en matière d'environnement (AME) à laréduction de la pauvreté en renforcant les capacités des pays en développement à participer à lanégociation et à la mise en oeuvre de ces accords (par exemple, faire en sorte que le Mécanisme deDéveloppement Propre encourage les investissements qui profitent aux pauvres et à l'environnement); enaméliorant la coordination entre ces accords afin que les maigres capacités des pays en développementsoient utilisées au mieux et en augmentant les crédits alloués au Fonds pour l'Environnement Mondial entant que source principale de financement pour les biens publics mondiaux dans le domaine del'environnement, tels qu'un climat stable, la préservation de la biodiversité et la protection des eauxinternationales et de la couche d'ozone.

� Encourager la consommation et la production durables - par leurs activités commerciales, leursinvestissements, leurs émissions polluantes et autres activités, les consommateurs et les producteurs despays industrialisés dégradent l'environnement des pays en développement. Pour que la consommation etla production dans les pays riches soient plus compatibles avec un développement durable, il faudras’engager dans un ensemble complexe de modifications au niveau institutionnel visant à remédier auxlacunes des marchés et des gouvernements et à modifier les attitudes du grand public.

� Améliorer l'efficacité de la coopération au développement et de l'allégement de la dette en abordantla problématique pauvreté-environnement, particulièrement pour les pays les plus pauvres dans lesquelsl'aide et l'allégement de la dette continuent à jouer un rôle capital pour aider les gouvernements à mettreen œuvre les nombreux changements recommandés ci-dessus. Cela comprend l'intégration del'environnement dans les politiques et actions menées par les agences de développement par le biais de laformation du personnel, le développement et la mise en application de qualifications, approches et outilsnouveaux et un réexamen de l'affectation des ressources et des budgets. Cela implique également uneamélioration du suivi des progrès par rapport aux objectifs fixés afin de responsabiliser les agences dedéveloppement et de veiller à ce qu'un engagement pris par l’encadrement supérieur de s'attaquer auproblème pauvreté-environnement soit mis en pratique dans l'ensemble de l'organisation.

Conclusion

Le présent document envisage l'avenir avec une certaine dose d'espoir et d'optimisme: il existe des situationsoù tous les intéressés sont gagnants et il existe des manières rationnelles d’envisager des compromis. Ladégradation de l'environnement n'est pas une fatalité ni le résultat inévitable de la croissance économique. Aucontraire, une gestion saine et équitable de l'environnement est la clé de la réduction permanente de lapauvreté et de la réalisation des objectifs de développement du Millénaire. Les possibilités politiques deréduire la pauvreté et d'améliorer l'environnement sont significatives, mais il faut pour cela des approches

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plus intégrées et plus favorables aux pauvres. Le sommet mondial sur le développement durable estl'occasion de se concentrer sur ce qui est le plus important et de construire un cadre d'action cohérent, avecdes objectifs clairs et réalisables étayés par des ressources suffisantes et des mécanismes de suivi efficaces ettransparents. Le seul objectif doit être de réduire, et finalement, d'éliminer la pauvreté de notre planète.

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PARTIE 1

Importance de l'environnement pourles personnes vivant en état de pauvreté

"L'eau, c'est la vie, et du fait que nous n'avons pas d'eau notre vie est misérable" (Kenya)"Nous trouvons notre terre généreuse; mais à quoi bon produire plus que nos besoins familiaux

si nous manquons de routes pour commercialiser nos produits ?" (Guatemala)"Pendant la mousson, il n'y a aucune différence entre le porche de notre maison et les égouts publics.

Vous le constatez vous-même" (Inde)

Lorsque les pauvres s'expriment dans leurs propres mots, on constate l'importance qu'ils attachent àl'environnement1. Leur perception du bien-être est en effet fortement liée à l'environnement en termes demoyens d'existence, santé, vulnérabilité, pouvoir dont ils disposent et possibilité de contrôler leur propre vie.La Figure 1 décrit de façon simple les liens entre la gestion de l'environnement et la réduction de la pauvreté,ainsi que les raisons pour lesquelles ces liens doivent être au coeur des actions visant à atteindre les Objectifsde développement du millénaire, notamment l'élimination de la pauvreté au niveau national et ledéveloppement durable.

FIGURE 1 : L'ENVIRONNEMENT ET LES OBJECTIFS DE DEVELOPPEMENT DU MILLENAIREGestion de l'environnement visant

à la réduction de la pauvreté Dimensions de la pauvreté Objectifs de développement

Garantir une gestion saine etéquitable des ressources

naturelles

Maintenir la santé et les servicesde l'écosystème

Assurer un accès à l'eau potable etaux services sanitaires

Améliorer la qualité de l'air et limiterl'exposition aux produits chimiques

toxiques

Réduire et atténuer les conséquencesdes catastrophes naturelles et desconflits liés aux ressources

Réduire et atténuer lesconséquences de la variabilité et

des changements du climat

Améliorer lesconditions de vie

Améliorer la santé

Réduire lavulnérabilité

Objectif 1 :Éliminer la pauvreté extrême

et la faim

Objectif 3 :Promouvoir l'égalité hommes-

femmes et donner du pouvoir auxfemmes

Objectif 4 :Réduire la mortalité infantile

Objectif 6 :Combattre les principales

maladies

Objectif 2 :Arriver à l'éducation primaire

universelle

Objectif 7 :Assurer un environnement

durable

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La 1ère partie du présent document se focalise sur la relation entre la pauvreté et l'environnement, etexamine comment l'environnement et les changements écologiques, tant en milieu rural qu'urbain, affectentles pauvres selon les trois dimensions de la pauvreté humaine suivantes :

� Moyens d'existence – les pauvres dépendent énormément de l'environnement et de l'emploi direct desressources naturelles et sont donc les plus gravement affectés lorsque leur environnement se dégrade, ouque leur accès aux ressources naturelles est limité ou supprimé.

� Santé – ce sont les pauvres qui souffrent le plus de la pollution de l'eau, de la terre et de l'air et lesfacteurs de risque environnementaux sont la principale cause des problèmes de santé dans les pays endéveloppement.

� Vulnérabilité – ce sont les pauvres qui sont le plus souvent exposés aux dangers écologiques et auxconflits liés à l'environnement et qui sont le moins capables d'y faire face.

Nous sommes également soucieux de la relation existant entre la croissance et l'environnement et de sonincidence sur les pauvres et les efforts de réduction de la pauvreté. Une croissance saine sur le plan del'environnement est essentielle pour assurer des moyens d'existence aux pauvres ; notons que des pays ayantdes niveaux de revenu et de croissance similaires peuvent connaître des situations très différentes quant àl'environnement.

Bien que la Figure 1 illustre les relations principales qui existent entre les conditions environnementales etl’ampleur de la pauvreté, il s’avère que ces liens sont dynamiques et souvent interconnectés :

� La pauvreté est actuellement largement considérée comme une privation liée ou non aux revenus :manque de revenus et d'autres moyens matériels ; manque d'accès aux services sociaux de base tels quel'éducation, la santé et l'eau potable ; manque de sécurité personnelle ; manque d’accès aux processuspolitiques et à la prise des décisions influant l'existence. La dynamique de la pauvreté est égalementmieux comprise et aujourd’hui, la notion d'extrême vulnérabilité aux chocs provenant de l'extérieur estconsidérée comme l'une de ses principales caractéristiques.

� L'environnement comprend les composantes vivantes et inertes de la nature, qui ensemble permettent lavie sur terre. L'environnement offre des biens (ressources naturelles) et des services (fonctions del'écosystème) utilisés pour la production de nourriture et d'énergie comme matière première ainsi quepour la récolte de produits de la nature; il sert également de réceptacle aux déchets économiques, pourensuite les recycler en partie ; il est enfin une source de détente, de beauté, de valeurs spirituelles et debien d’autres agréments.

� Les liens pauvreté-environnement sont dynamiques et spécifiques à leur contexte, et reflètent à la foisune localisation géographique et les caractéristiques économiques, sociales et culturelles d’individus, deménages et de groupes sociaux. Différents groupes sociaux peuvent avoir des priorités différentes enmatière d'environnement. En zone rurale, les pauvres sont surtout préoccupés par leur sécurité d'accèsaux ressources naturelles et à leur qualité – autrement dit la terre arable, l'eau, la diversité des récoltes etdu bétail, le poisson et le gibier, les produits forestiers et la biomasse comme carburant. Pour les pauvresvivant en ville, l'eau, l'énergie, les services sanitaires, le ramassage des ordures, les égouts et la sécuritéde la propriété foncière sont les soucis essentiels. Quant aux femmes pauvres, c’est la possibilité dedisposer d'un accès sûr et proche à l'eau potable, à des installations sanitaires et enfin à des sourcesd'énergie abondantes qu’elles considèrent comme les aspects les plus importants pour leur bien-être ;ceci reflète leur rôle fondamental dans la gestion des tâches ménagères (Brocklesby et Hinshelwood,2001).

La notion de gestion de l'environnement, telle que l'envisage ce document, va donc bien au-delà des activitésdes institutions publiques de gestion de l'environnement et des ressources naturelles. Toujours avec le mêmeobjectif de résorption de la pauvreté, la gestion de l'environnement est envisagée avec l’idée fondamentalede soutenir sa capacité à long terme, à fournir les biens et services dont dépendent les personnes et leséconomies. Ceci implique d'améliorer les conditions écologiques et d'assurer aux pauvres un accès équitable

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aux actifs environnementaux – en particulier en leur fournissant des terres, des ressources biologiques, unaccès à l'eau potable et aux services sanitaires – de manière à accroître leurs moyens d'existence, à protégerleur santé et leur capacité à travailler et à réduire leur vulnérabilité face aux risques liés à l'environnement.

Cette conception plus large de la gestion de l'environnement, liée à la réduction de la pauvreté, souligne lebesoin de changements politiques et institutionnels dans nombre de secteurs, impliquant différents acteurs dusecteur public et privé et de la société civile, tant dans les pays en développement et les pays industrialisésque sur la scène internationale. Ces actions doivent influencer les processus politiques et économiques, quiont tous deux une impact important sur la gestion de l'environnement.

Certains progrès impressionnants ont été réalisés depuis le Conférence de 1972 des Nations Unies surl'environnement humain – celle-ci a été la première conférence consacrée aux questions d'environnement etde développement. On a assisté à une multiplication des politiques et institutions environnementales auniveau national et sous-national et les questions relatives à l'environnement ont été fermement intégrées dansles agendas des gouvernements, de la société civile et du secteur privé. Des accords mondiaux importants ontété conclus et des organisations mondiales pour l'environnement ont été mises en place. La durabilité del'environnement est devenu un souci fondamental de la coopération au développement bilatéral et multilatéralet des milliards de dollars ont été consacrés à des programmes et projets liés à l'environnement.

Des progrès tangibles ont également été réalisés ‘sur le terrain’, quoique cette affirmation doit êtregénéralement tempérée. Dans les années 1990 par exemple, quelque 900 millions de personnes ont vus'améliorer leur accès à de l'eau plus saine. Cependant, ceci n'a pas suffit pour répondre à la croissance de lapopulation et 1,2 milliard de personnes environ ne dispose toujours pas de meilleur accès à l'eau, les régionsrurales étant particulièrement mal desservies (Deverajan et al, 2002).

En dépit de ces progrès, la pression sur l'environnement continue à s'accroître dans le monde entier, mettanten danger les perspectives de réduction de la pauvreté, et de développement humain dans les pays endéveloppement, en particulier dans ceux qui sont le moins développés. La situation est résuméesuccinctement dans le rapport Perspectives pour l'environnement mondial du PNUE de 2002 : "... La prise deconscience et les actions n'ont pas été à la mesure de la situation actuelle de l’environnement mondial ; ilcontinue de se détériorer" (PNUE, 2002). Le Cadre 1 résume les défis environnementaux essentielsqu'affrontent les pays en développement et les met en rapport avec les Objectifs de développement dumillénaire. Ces liens sont traités plus en détail dans les sections suivantes qui analysent les moyensd'existence, la santé, la vulnérabilité et la croissance.

CADRE 1 : LIENS CLES ENTRE L'ENVIRONNEMENT ET LES OBJECTIFS DE DEVELOPPEMENT DUMILLENAIRE

Objectifs de développement dumillénaire

Exemples de liens avec l'environnement

Éliminer l'extrême pauvreté et la faim Les stratégies visant à améliorer les moyens d'existence et lasécurité alimentaire des pauvres dépendent souvent de labonne santé des écosystèmes et de la diversité des biens etservices écologiques qu'ils peuvent offrir.

Parvenir à une éducation primaireuniverselle

Le temps consacré à la collecte de l'eau et du bois par lesenfants, spécialement par les filles, peut réduire leur tempsde présence à l'école.

Promouvoir l'égalité hommes-femmes etaugmenter le pouvoir des femmes

Les femmes pauvres sont exposées à la pollution de l'airdans les habitations et sont contraintes au fardeau de lacollecte de l'eau et du bois; leur accès aux ressourcesagricoles et naturelles n'est pas équitable.

Réduire la mortalité infantile Les maladies dues à la mauvaise qualité de l'eau, comme ladiarrhée et le choléra, tuent environ 3 millions de personnespar an dans les pays en développement dont la majorité sontdes enfants en dessous de cinq ans.

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Améliorer la santé maternelle La pollution de l'air à l'intérieur des habitations et le fait dedevoir porter de l'eau et du bois de chauffage sont néfastes àla santé des femmes et peut les rendre moins aptes àprocréer et plus sujettes à des complications pendant leurmaternité et leur accouchement.

Combattre les principales maladies Jusque 20% des maladies existant dans les pays endéveloppement peuvent être associées à des facteursenvironnementaux - des mesures environnementalespréventives en faveur de la santé sont aussi importantes etont parfois un meilleur ratio efficacité/coût que le traitementmédical.

Assurer la durabilité environnementale Il est nécessaire de renverser les tendances actuelles enmatière de dégradation de l'environnement, de manière àsoutenir la santé et la productivité des écosystèmesmondiaux.

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1.1 Moyens d'existence et environnement

"Il existe une corrélation forte entre une saine gestion des ressources naturelleset la réduction de la pauvreté."

(Document de stratégie intérimaire pour la réduction de la pauvreté au Cambodge, 2000)

Les moyens d'existence des pauvres, particulièrement en milieu rural, dépendent de toute une série deressources naturelles et de services provenant de l'écosystème. Les pauvres ruraux vivent de plus en plus dansdes régions à haute vulnérabilité écologique et à faible niveau de productivité biologique et de ressources,citons par exemple les zones sèches subtropicales ou les fortes pentes montagneuses. De nouvellesestimations du Rapport sur le développement mondial 2003 indiquent que quelque 1,3 milliard de personnesvivent sur des terres marginales (Banque mondiale, 2002d). La limitation de l'accès aux terres et aux autresressources naturelles est une caractéristique clé de la pauvreté rurale : plus de la moitié des pauvres rurauxont des terres dont la surface n’est pas suffisante pour leur fournir un revenu convenable et presque un quartne possède aucune terre (CNUEH, 1996). Des dispositions environnementales favorables et l'accès à desressources naturelles variées sont les conditions essentielles pour que les pauvres disposent de moyensd'existence.

Biodiversité et ressources naturelles

Les ressources naturelles peuvent être la source essentielle des moyens d'existence des ménages ou bienpeuvent compléter leurs besoins quotidiens et leur revenu. Un nombre croissant de recherches montrent queles ménages ruraux tirent une part significative de leur revenu des ressources naturelles. Une excellente étudemenée au Zimbabwe (Cavendish, 1999) illustre le degré de dépendance des ruraux pauvres vis-à-vis desressources naturelles 2. Deux faits ressortent des graphiques ci-dessous : (i) les plus pauvres sont ceux quidépendent le plus d'un revenu issu de l’environnement en termes relatifs, mais (ii) ce sont ceux qui viventplus confortablement qui exploitent le mieux les ressources naturelles en termes absolus. La dégradation desressources naturelles fera donc le plus de tort aux plus pauvres. Cependant il apparaît qu’une augmentationdes revenus aurait tendance à accroître le recours aux ressources naturelles ; dans ce contexte, cettecroissance ne soulagerait pas automatiquement la pression sur l'environnement.

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FIGURE 2. RESSOURCES NATURELLES ET REVENU DOMESTIQUE DANS LES ZONES RURALES DUZIMBABWE

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Pour une grande partie des pauvres, la dégradation des ressources naturelles et la perte de biodiversité sapeles moyens d'existence et les opportunités de revenu futures. C'est particulièrement manifeste en ce quiconcerne les systèmes agricoles. La dégradation du sol et de l'eau ainsi que la perte de variétés et d'espècesrésistantes à la sécheresse menacent sérieusement l'amélioration de la productivité agricole, qui est la basedes moyens d'existence de la grande majorité des pauvres ruraux et la pierre angulaire de la stratégie deréduction de la pauvreté dans de nombreux pays.

Les pauvres sont plus affectés par la dégradation des ressources naturelles que ceux qui vivent aisément, enraison de la faiblesse de leurs actifs et de leur plus grande dépendance aux ressources de biens communs, quileur assurent des moyens d’existence. Les fermiers vivant aisément peuvent, par exemple, compenser unmanque de fertilité des sols en utilisant des engrais, contrairement aux plus pauvres pour lesquels l'emploid'engrais est très limité. Vu ces circonstances, la dégradation des sols a prouvé avoir des effets pernicieuxdirects sur la pauvreté. Une étude en Afrique occidentale montre que les ralentissements de croissanceinfantile associés à la malnutrition sont plus fréquents dans les régions dont le sol est dégradé(GRID/Arendal, 1997).

On estime actuellement que près d'un milliard de personnes souffrent de l'érosion du sol et de la dégradationdes terres, du déboisement, du surpâturage et de l'agriculture. La rareté de l'eau est un problème majeur dansplus de 20 pays en développement. Si la tendance actuelle se poursuit en matière de consommation d'eau,deux tiers de la population mondiale pourraient, en 2025, vivre dans des pays souffrant de pénuries d'eau plusou moins graves. La pêche constitue le moyen d'existence de certains des groupes les plus pauvres et les plusmarginalisés et de plus, elle représente leur principal apport en protéines. De nombreuses zones de pêche sontcependant surexploitées, souvent par des entreprises commerciales qui ne bénéficient pas aux pauvres (IFAD,2001, WRI, 2000, UNEP, 2002).

Plus de 2 milliards de personnes utilisent toujours la biomasse et des techniques traditionnelles pour cuire etse chauffer et de 1,5 à 2 milliards de personnes n'ont pas accès à l'électricité (PNUD, UNDESA et Conseilmondial de l'énergie, 2000). La pénurie de bois pénalise les ménages pauvres en termes de temps et d’argent,impose un fardeau particulièrement lourd aux ménages dont la main d'œuvre est limitée et rend plus difficilela fréquentation de l'école pour les enfants.

Les femmes pauvres vivant en milieu rural sont affectées de manière disproportionnée par la dégradation desressources naturelles et la perte de biodiversité. Des évaluations participatives de la pauvreté et d'autresétudes, ont mis en évidence l'augmentation du temps nécessaire, les risques physiques et personnels, pour lesfemmes, devant parcourir de longues distances pour ramasser du bois, du fourrage et récolter de l'eau, résultatde la pénurie croissante de ces ressources ou de la réduction de l'accès à des zones de propriété commune.Ceci diminue le temps dont elles disposent pour des activités générant des revenus, pour la culture et pourleurs responsabilités vis-à-vis de la famille et de l'éducation des enfants (Brocklesby et Hinshelwood, 2001;Dasgupta et Das, 1998).

Biodiversité et services de l'écosystème

Les écosystèmes – comme les forêts, les agro-écosystèmes, les pâturages, les écosystèmes d'eau douce etmaritimes (dont les récifs coralliens) – fournissent des ‘services’ essentiels qui contribuent de nombreusesmanières aux activités de production. Parmi les services des écosystèmes soutenant les moyens d'existence,citons : l'apport d'un habitat naturel à des pollinisateurs naturels essentiels aux récoltes alimentaires, à desprédateurs naturels contrôlant les parasites, et à des organismes du sol importants pour la productivitéagricole ; la protection des bassins hydrographiques et de la stabilité hydrologique, y compris la recharge desniveaux hydrostatiques et le stockage d'eau en cas de conditions hydrologiques graves qui pourraientautrement provoquer des sécheresses ou des inondations ; la conservation de la fertilité des sols par lestockage et le recyclage de substances nutritives ; la décomposition des déchets et polluants.

Ces services sont des ‘biens communs’ qui apportent des valeurs indirectes ; ces valeurs ne sont quepartiellement disponibles sur le marché, mais sont vitales aux moyens d'existence des pauvres, spécialementdans des environnements plus marginalisés ou lorsque les pauvres n'ont qu'un accès limité à une technologieextérieure ou à d'autres ressources (Koziell et Sanders, 2001). En maintenant le niveau de la productivité et la

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santé et la durabilité de l’environnement, les services des écosystèmes contribuent également à assurer desmoyens d'existence et à rendre possible leur diversification. Ainsi, un affaiblissement des fonctions desécosystèmes mène inévitablement à un rétrécissement des options de moyens d'existence et à unaccroissement de la vulnérabilité des pauvres.

Si les écosystèmes peuvent faire preuve d'une grande résistance face aux perturbations suscitées par leshommes, certains types d'écosystèmes risquent fort de s'écrouler brusquement. En particulier, les récifscoralliens, les systèmes d'eau douce et les terres pauvres en produits nutritifs peuvent passer d'un état defonctionnement à un état de non fonctionnement en un très bref laps de temps, ceci en raison de la pollution,d’une surexploitation ou d'autres perturbations dépassant un certain seuil de tolérance. De ce fait, lespersonnes dépendant de ces écosystèmes peuvent, dans un délai très court, se retrouver privées de biens etdes services essentiels et n'avoir aucune possibilité d'y faire face ou de s'y adapter.

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1.2 Santé et environnement

"... une étude réalisée à Tegucigalpa a montré ... un degré élevé d'intoxication au plomb chez desenfants fréquentant les écoles publiques. Cette étude précise également que des contaminants dans lesol et dans l'eau sont responsables d'un taux élevé de diarrhées... La pollution du sol et de l'eau se

combine en outre aux décharges sauvages de déchets solides, à la faiblessse des services deramassage d'ordures, à une mauvaise gestion des déchets ainsi qu’à un manque de décharges

sanitaires. Les maladies respiratoires sont également communes, spécialement chez les enfants demoins de cinq ans.. et sont causées en partie par le nombre croissant de voitures et la présence

d'usines qui ne sont soumises à aucune sorte de réglementation liée à l'environnement."(Stratégie de réduction de la pauvreté au Honduras, 2001)

Jusqu’à 20% des problèmes de maladies frappant les pays en développement – et jusqu’à 30% en Afriquesubsaharienne – peuvent être associés à des facteurs de risques environnementaux 3. Ces taux sontcomparables à celui de la malnutrition, mais plus importants que celui de tous les autres facteurs de risqueévitable et de causes de maladies. Si les problèmes de maladies dans les pays pauvres sont deux fois plusélevés que dans les pays riches, les maladies résultant de l'environnement sont dix fois plus importantes dansles pays pauvres (cf. Figure 3). Les pauvres, en particulier les femmes, sont les plus affectés par lesproblèmes de santé liés à l'environnement ; les risques traditionnels dus à l'environnement – manque d'eaupotable et de soins sanitaires, pollution de l'air à l'intérieur et exposition à des vecteurs pathogènes – jouentde loin le rôle le plus important (Lvovsky, 2001; OMS, 1997) 4. Et les pauvres se rendent extrêmement biencompte que leur mauvais état de santé, dû à l'environnement, les empêche de sortir de la misère (Brocklesbyet Hinshelwood, 2001; Narayan, 2000).

Il est important d'analyser l'impact des changements politiques et des investissements destinés aux pauvres entenant compte de la relation entre croissance des revenus et qualité de l'environnement. Une telle analysemontre fréquemment que les pauvres tirent immédiatement profit des interventions en faveur de leurenvironnement, et non plus tard. Celles-ci, bien que peu coûteuses, peuvent sauver les populations demaladies susceptibles de compromettre leur capacité à gagner leur vie et leur bien-être 5.

FIGURE 3: POIDS DES MALADIES ET DES RISQUES ENVIRONNEMENTAUX (1990)

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Note : Les années de survie ajustées en fonction des invalidités (Disability-Adjusted Life Years - DALY) sontune mesure du poids des maladies. Elles correspondent au total de vie saine perdue pour n'importe quellecause, qu’il s’agisse de mortalité prématurée ou liée à un certain degré d'invalidité pendant une certainepériode.

Source : Lvovsky (2001).

Eau et installations sanitaires

Un accès difficile à l'eau potable et à des installations sanitaires, combiné à des pratiques hygiéniquesinsuffisantes, sont les principales causes de l’état de mauvaise santé et de maladies graves dans les pays endéveloppement. Les pauvres vivant en milieu rural comptent sur des ressources naturelles, telles que lesrivières, pour se laver et boire (cf. Cadre 2). Les maladies liées à l'eau, comme la diarrhée et le choléra, tuentenviron 3 millions de personnes par an dans les pays en développement, parmi lesquels la majorité sont desenfants âgés de moins de cinq ans (Murray et Lopez, 1996).

Les maladies vectorielles, comme la malaria, sont responsables d'environ 2,5 millions de décès par an ; ellessont liées à une série de conditions environnementales et de facteurs résultant de la contamination des eaux,et à des installations sanitaires insuffisantes (WRI, 1998). La situation risque de s'aggraver suite auchangement climatique (IPCC, 2001).

CADRE 2 : LE FARDEAU DE LA COLLECTE DE L'EAU POUR LES FEMMES ET LES ENFANTS

Une récente étude sur l'usage de l'eau au Kenya, en Ouganda et en Tanzanie a analysé 34 sites quiavaient été déjà étudiés en 1972. Il s’avère que l'eau est toujours essentiellement collectée par lesfemmes et les enfants, et transportée sur la tête ; cela engendre des maux de tête, une fatiguegénérale et des douleurs à la poitrine, à la nuque et à la taille. La distance parcourue à pied pour letransport avoisinait 580 m en zone rurale (4 km dans certains cas) et 300 m en zone urbaine. Unecertaine amélioration s’est fait sentir depuis 1972 et ceci grâce à l’installation de colonnesd'alimentation, de puits et de revendeurs privés, y compris dans les régions rurales. Cependant, enraison de l'accroissement de la population, le temps passé à faire la queue s'est accru de manièresensible, spécialement en ville. Un aller-retour pour aller chercher de l'eau dure environ 25 minutes(le double en 1972), et un ménage effectue 3,9 voyages quotidiennement. Un ménage moyen passedonc 1heure et 40 minutes par jour pour s'approvisionner en eau. Ce qui réduit le temps disponiblepour la cuisine et celui passé à l'école pour les enfants.

Source : IIED et al. (2002).

Polluants

La pollution de l'air intérieur des habitations par la combustion de carburants de biomasse traditionnels (bois,bouses, résidus agricoles) pour la cuisine et le chauffage affecte un milliard d'individus et cause la mortprématurée de femmes et d'enfants dont le nombre est estimé à 2 millions chaque année (Smith, 1999). EnInde, des études récentes estiment que de 130.000 à 150.000 femmes pourraient mourir prématurément de lapollution de l'air intérieur (Smith, 2000). Une étude récente concernant des familles vivant en milieu ruraldans le centre du Kenya, a déterminé que "l'exposition des adultes à des émissions importantes résultant de lacuisine ou d'autres activités domestiques engendre pour les femmes deux fois plus de risques de souffrird'une infection respiratoire aiguë ou d'infections respiratoires aiguës basses" (Ezzati et Kammen, 2001). Cecia été confirmé par des études similaires en Gambie (Campbell, 1997) et au Guatemala (Bruce et al., 1998).En outre, l'accroissement du temps et de l'énergie nécessaires à la collecte de carburants de biomassecontribuent au fardeau et au mauvais état de santé des femmes et des enfants.

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La pollution de l'air extérieur devient un problème de santé plus important en zone urbaine dans un certainnombre de pays en développement, spécialement dans de grands pays en développement qui s'industrialisent,comme la Chine et l'Inde, et on s'attend à ce que ce problème devienne aussi grave que la pollution de l'airintérieur dans les vingt ans à venir.

L'empoisonnement par les pesticides devient un problème de santé considérable pour les fermiers pauvresdes pays en développement, quoique son étendue ne soit pas bien documentée. Une estimation de l'OMS en1990 mentionnait un nombre de 3 millions de cas d'empoisonnement grave par an dans le monde. Si onélargit le spectre aux cas "d'exposition aux pesticides" pouvant provoquer des maladies aiguës ou chroniques,les estimations, pour l'Afrique seulement, font état de quelque 11 millions de cas par an (Goldman et Tran,2002). Les pauvres souffrent également d'effets moins directs de l'utilisation excessive de pesticides, commela diminution du stock de poissons, due aux pesticides déversés dans les eaux de ruissellement. Lacontamination des récoltes par des résidus de pesticides crée aussi un problème croissant pour les revenus desfermiers qui exportent leurs produits, en raison du durcissement des règlements relatifs aux niveauxacceptables de résidus de nombreux marchés importants.

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1.3 Vulnérabilité et environnement

"Les catastrophes naturelles sont un facteur de risque qui affecte le rythme de la croissanceéconomique et détruit les actifs des segments les plus pauvres de la population dans les zones

affectées, et les rend dépendants de donations, au moins temporairement ...les catastrophes naturellesaffectent gravement les conditions de vie des populations affectées et constituent un obstacle à

l'élimination de certains degrés et schémas de pauvreté. C'est pourquoi les mesures visant à gérer cerisque sont de la plus haute importance."

(Plan d'action pour la réduction de la pauvreté absolue au Mozambique, 2001-2005)

L'insécurité est l'un des problèmes principaux pour les populations pauvres, mettant en jeu leur vulnérabilitéà des événements imprévus. L'insécurité est liée au risque d'exposition des populations, à la probabilité depertes et à la capacité à redresser une situation. Les pauvres, tant ruraux qu'urbains, sont le plus souventexposés à des risques environnementaux et à des conflits liés à l'environnement; ce sont eux qui y perdent leplus (au moins en termes relatifs) et qui sont dans la plus mauvaise position pour y faire face et s'y adapter.

Tensions et chocs dus à l'environnement

La mauvaise gestion et la dégradation de l'environnement peuvent exacerber la fréquence et les conséquencesdes sécheresses, inondations, feux de forêts et autres risques naturels. Les pauvres sont les plus vulnérablesaux catastrophes environnementales ("chocs") et au processus plus progressif de dégradation del'environnement ("tensions") ; ceci vient du fait que la majorité des pauvres ruraux vivent dans des régionsécologiquement fragiles et que les pauvres urbains vivent et travaillent souvent dans des lieux très exposésaux risques environnementaux. En exacerbant les carences économiques à court terme, les catastrophesnaturelles peuvent compromettre le bien-être à long terme en forçant les ménages affectés à vendre des actifsqui, autrement, leur auraient permis de satisfaire leurs besoins futurs et de parer aux imprévus. Les effets dessécheresses et de la dégradation à long terme des terres sont plus progressifs. Ils peuvent s'accumuler et, suiteà plusieurs années successives de mauvaise récolte par exemple, réduire à néant les réserves des ménages. Laconséquence est une impossibilité, lente mais inexorable, d’investir dans la production, ce qui génère souventl'appauvrissement et l'abandon des terres.

On estime que les risques naturels engendrent un tribut de 100.000 décès chaque année, et causent desdommages se montant à des milliards de dollars. Si les catastrophes naturelles peuvent se produire n'importeoù, environ 97 pour cent des décès qui leur sont dus se produisent dans les pays en développement. Lespertes économiques sont également les plus élevées dans les pays pauvres (ISDR, 2002). On estime que lescatastrophes naturelles en 2000 ont affecté 256 millions de personnes dans les pays en développement(CICR, 2001).

Lorsque l'on interroge les pauvres, ils disent vivre dans des environnements de plus en plus fragiles et subirles conséquences de catastrophes naturelles, de conditions climatiques changeantes et de saisonnalitésimprévisibles. Ces tensions environnementales rendent les travaux nécessaires à leur subsistance plusexigeants en temps, plus dangereux, plus coûteux, et plus dépendant d'intrants. Les pauvres soulignent qu'ilsdépendent de la diversité de biens communs et d'un accès libre à des ressources – pâturages, eaux et forêts –en guise de filet de sécurité pour les périodes difficiles. Un déclin de la diversité de ces ressources augmenteleur vulnérabilité (Brocklesby et Hinshelwood, 2001).

La dégradation de l'environnement et les catastrophes naturelles poussent de plus en plus leurs victimes àémigrer en quête de meilleures conditions. Certes, les populations sont à même, avec de l'aide, de se releverde désastres soudains et retournent souvent chez eux pour reconstruire leurs habitations après des inondationsou des tempêtes. A long terme cependant, le découragement ressenti après des périodes de sécheresse ousuite à la dégradation des sols a suscité une émigration permanente des populations provenant de zones àrisques comme le Sahel. La Croix rouge estime que 1998 a été la première année au cours de laquelle le

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nombre de réfugiés dus à des catastrophes naturelles a dépassé celui de personnes déplacées du fait deguerres (CICR, 1999). Cependant, une grande partie des informations relatives à la dégradation del'environnement et aux catastrophes en tant que cause d'émigration est uniquement anecdotique et il estdifficile d'analyser le système complexe de phénomènes sociaux, démographiques et environnementauxinterconnectés qui sont à la base des migrations transfrontalières (Leighton, 1999).

La fréquence, l'intensité et la durée des conditions climatiques extrêmes devrait vraisemblablements'accroître suite aux changements climatiques. Le dernier rapport sur les effets de ces changements suggèreque de nombreux pays en développement d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine vont davantage souffrir dufait d'une augmentation de l'insécurité alimentaire, d'une plus grande extension des maladies à vecteur, deplus d'inondations et d'une exacerbation de la dégradation des sols (cf. Cadre 3).

Les pauvres utilisent une série de mécanismes de réponse et de stratégies de survie pour faire face à ladégradation de l'environnement et aux désastres naturels. Mais leur capacité d'atténuer leurs effets et deredresser leur propre situation est fréquemment restreinte par le cadre politique et institutionnel global, quis'ajoute ainsi aux facteurs liés à leur situation sociale et économique. De nombreux pays en développementmanquent par exemple de réseaux d'aide sociale et d'autres types de protection qui pourraient contribuer àadoucir les effets des catastrophes naturelles sur les pauvres. Des institutions telles que ces réseaux locauxd'aide sociale sont extrêmement importants et, par leur densité et leur capacité, peuvent aider les pauvres àsurvivre dans des circonstances éprouvantes 6.

CADRE 3 : EFFETS SUR LES PAUVRES DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES MONDIAUX

Les modifications climatiques affecteront particulièrement les pays pauvres, pour lesquels lesmesures d'adaptation nécessaires s’avèreront coûteuses, ainsi que les populations pauvres quidisposent de moins de mécanismes de réponse. Les conséquences les plus graves comprennent lafaible disponibilité en eau, la réduction de la productivité agricole, l'extension à de nouvelles régionsde maladies transmises par vecteur et l'augmentation des inondations due à l'élévation du niveau dela mer et à l'accroissement de la pluviosité.

Au Bangladesh, on prévoit que le risque d'inondation augmente de 20 pour cent dans les 20 à 50années à venir. Les prévisions de rendement agricole du blé, du maïs et du riz pour l'an 2020suggèrent que les rendements baisseront de 2,5 à 5 pour cent au Nigeria et au Brésil, et de 5 à 10pour cent en Inde (bien qu'il y ait des pays où les rendements pourraient augmenter). Desaugmentations relativement réduites de la température pourraient étendre le problème de la malariadans des zones urbaines importantes comme Nairobi et Harare, qui sont aujourd'hui encore endehors de la zone affectée par cette maladie.

Source : IPCC (2001); IIASA (2001); CGIAR (2000).

Crises et conflits

Des tensions entre divers groupes d'intérêt au sujet des ressources naturelles peuvent faire naître des conflits.Ceux-ci peuvent concerner des régions entières, comme c'est le cas pour l'eau au Moyen-Orient, des pays,comme la lutte en faveur du contrôle des diamants en Sierra Leone, ou encore des zones locales pour l'accèsaux ressources naturelles dont les pauvres dépendent pour leur subsistance (DFID, 2000a). Dans de tellescirconstances, ce sont surtout les pauvres qui seront affectés du fait qu'ils ne disposent pas des ressourcesnécessaires pour faire face aux pertes matérielles, qu'ils sont les plus vulnérables aux violences physiques etqu'ils manquent de moyens pour recourir à la justice.

Des études récentes suggèrent que les conflits civils sont plus souvent alimentés par la concurrence existantentre les groupes rebelles et les gouvernements nationaux en ce qui concerne le contrôle des diamants, ducafé et d'autres matières premières de valeur, que par des différences politiques, ethniques ou religieuses.

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L'analyse de 47 guerres civiles entre 1960 et 1999 montre que les pays dont le quart environ du PNB provientde l'exportation de matières premières non transformées, ont une bien plus grande probabilité de guerre civileque ceux dont l'économie est plus diversifiée. Etant donné que les efforts de prévention des conflits étaient,jusqu'à aujourd'hui, peu tournés vers ces facteurs, il semble y avoir là un domaine d’étude considérable pourles politiques nationales et internationales, qui pourrait contribuer à prévenir les guerres civiles de manièreplus efficace (Banque mondiale, 2001a).

Dans certains cas, les conflits dus aux ressources naturelles peuvent être tellement intenses qu'ils contribuentà générer des troubles plus généraux et peuvent affecter la stabilité politique d'un pays. Au Burundi et auRwanda, il y des preuves que la pression intense due à la densité de la population et à la limitation desressources en terres, a contribué à la tension ethnique qui s'est traduite par une guerre civile de grandeenvergure (ACTS, 2000). Et il existe également des preuves que certains des conflits endémiques affligeantd'autres pays africains – comme l'Angola, la République démocratique du Congo, le Liberia et le Soudan,sont nés de rivalités pour le contrôle de riches ressources naturelles, qui peut d’ailleurs entraîner une lutteentre certaines élites désirant s'approprier les profits de l'exploitation de ces ressources naturelles ou que cetteexploitation a fourni les fonds nécessaires à la continuation du conflit (ACTS, 2000 ; Global Witness, 2000 et2001 ; Oxfam, 2002 ; Göteborg University, 2002).

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1.4 Croissance économique et environnement

Les liens entre croissance, politiques économiques et l'environnement sont importants pour la réduction de lapauvreté et ce à double titre :

� Des pays peuvent connaître à la fois une haute croissance et une amélioration de leur environnement.Comme le montre la Figure 4, il n'y a pas de relation inverse proportionnelle entre croissance etenvironnement ; parmi les pays ayant des niveaux de revenu et de croissance similaires, certains peuventavoir des résultats très différents en matière de qualité de l'environnement.

� Ne pas tenir compte de la croissance de la composante environnementale – même si cela permetd'obtenir des bénéfices économiques immédiats – peut faire à court terme du tort aux pauvres et saper ladurabilité de la croissance et sa capacité de résorber la pauvreté.

Importance de la qualité de la croissance

Les stratégies actuelles de réduction de la pauvreté sont principalement fondées sur la croissanceéconomique. De nombreuses observations empiriques démontrent que la croissance économique,habituellement mesurée en termes de produit intérieur brut (PIB), est une condition nécessaire mais nonsuffisante pour réduire le nombre de personnes vivant en situation de pauvreté (Banque mondiale, 2001). Lacroissance économique est essentielle à la réduction de la pauvreté, mais sa distribution ne l'est pas moins.

Le concept de qualité de la croissance est crucial lorsque l'on envisage la croissance économique en fonctionde ses conséquences sur l'environnement et de la réduction de la pauvreté. Un même taux de croissanceéconomique peut être associé à des résultats sur l'environnement extrêmement différents, comme le montre laFigure 4. L'axe des ordonnées (Y) montre les changements qualitatifs de l'environnement sur base d'un indicede qualité environnementale tenant compte des évolutions de la pollution de l'eau et de l'air au cours desannées 1980, et du déboisement au cours des années 1980 et 1990 7. Une position élevée sur l'axe Y signifieune amélioration de la qualité de l'environnement. Si ce type d'indice, simple et non pondéré, ne recouvre quepartiellement le concept de qualité de l'environnement, il illustre cependant un point fondamental, à savoirqu'il n'y a pas de relation inverse proportionnelle entre croissance et environnement, puisque pour un certaintaux de croissance du PIB on constate de grandes variations quant aux résultats concernant l'environnement.

FIGURE 4: CROISSANCE ECONOMIQUE ET QUALITE ENVIRONNEMENTALE (1981-1998)Source : Banque mondiale (2000c)

-2 0 2 4 6 8 10 120

10

20

30

40

50

60

Croissance du PNB (% par an)

Cha

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(Inde

x)

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Au fur et à mesure que se développent les économies, leur qualité environnementale tend à se détériorer ou às'améliorer selon les variables que l'on envisage. Si l'on compare différents pays ayant différents niveaux derevenu, lorsque le revenu augmente :

� La qualité de l'eau tend à s'améliorer

� La pollution de l'air due au dioxyde de soufre (SO2) augmente tout d'abord, puis décline

� Finalement, les émissions de dioxyde de carbone (CO2) ont tendance à poursuivre leur croissance,quoique cela ne se fasse pas de manière uniforme (Banque mondiale, 1992)

On peut faire des comparaisons et former des groupes selon le revenu des pays, bien que des pays ayant unrevenu et des niveaux de croissance similaires présentent d'importantes différences. La conclusion est claire :les politiques sont essentielles.

Ignorer l'environnement peut saper la croissance à long terme

S'il n'existe pas de relation univoque entre la croissance et l'environnement, il y a de nombreux exemples quiprouvent qu'une mauvaise gestion de l'environnement est nuisible à la croissance 8. Ces approches decroissance par une exploitation à court terme sont non seulement dangereuses à long terme, mais présententégalement des dangers importants sur le plan social et environnemental. En voici quelques exemples :

� L'écroulement ou quasi-écroulement de la pêche dans de nombreux pays développés ou endéveloppement, par exemple la pêche à la morue en Atlantique nord et du colin en Argentine. Le colin aété pêché avec excès au cours des années 1990, à un niveau deux fois plus élevé que celui qui auraitgaranti une exploitation durable (PNUE, 2002a).

� Le déclin de l'agriculture du fait de la salinisation des eaux d'irrigation dans plusieurs pays ; parexemple, au Pakistan, où l'on estime qu'environ 16% des terres ont été salinisées par l'emploi d'eauxsouterraines de mauvaise qualité apportées par des pompages et une irrigation excessive. Les dommagesdus à cette salinisation coûtent au pays plus de 200 millions US$ par an en termes de diminution derendement (Banque mondiale, 1996). Un autre exemple d'irrigation non durable a été le drainage de laMer d'Aral pour y cultiver le coton, qui a coûté à la région des millions de dollars.

� Les conséquences, sur l'aval d'un cours d'eau, d'une modification de l'emploi des terres en amont. Il estassez complexe de définir les liens entre l'usage du sol et l'envasement et les inondations en aval, mais ily a des signes que ces liens existent. Le gouvernement chinois, par exemple, a conclu que les gravesinondations de 1998 étaient dues en grande partie au déboisement du bassin hydrographique du Yang-tseu-kiang (Banque mondiale, 2002d).

� Le déclin des exportations de produits d'aquaculture intensive, en particulier l'élevage des crevettes, dufait de maladies dues à la pollution et à la faiblesse des contrôles environnementaux. L'industrie de lacrevette à Taiwan s'est écroulée après l'introduction d'animaux malades, ce qui a provoqué des pertes deplus d'un milliard de dollars en Asie dans les années 1990. Il faut mentionner en outre les dommages entermes de dégradation des terres, de santé humaine et de destruction de la mangrove, dommages estimésà plus de 20% des recettes du Bangladesh (PNUE, 1999). L'industrie de la crevette en Amérique latineest à l'heure actuelle menacée par les mêmes agents pathogènes (Bartley, 1999).

La protection de l'environnement n'est donc pas une préoccupation de riches qui peut attendre que lacroissance ait amélioré le revenu des pauvres; on ne peut pas non plus conclure que la croissance elle-mêmeva régler les problèmes environnementaux à plus long terme, au fur et à mesure que les revenus croissent etque plus de ressources sont disponibles pour la protection de l'environnement. Pour améliorer la prise encompte de l'environnement dans la croissance, les politiques économiques et les prises de décision doiventmieux refléter la nature de 'biens publics' des nombreuses ressources et services environnementaux, enredressant les erreurs récurrentes des politiques et des marchés qui conduisent à leur sousévaluation et à leurmauvaise utilisation.

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PARTIE 2 Opportunités politiques pour réduire lapauvreté et améliorer l'environnement

Cette deuxième partie envisage les opportunités politiques visant la réduction de la pauvreté par uneamélioration de l'environnement. Étant donné la nature complexe et multidimensionnelle des liens entre lapauvreté et l'environnement, on ne peut éviter de couvrir un agenda très large de changements politiques etinstitutionnels dans de nombreux secteurs. Nous avons regroupé ces thèmes en quatre grands domainesd'action politique :

FIGURE 5 : DOMAINES CLES D'ACTION POLITIQUE VISANT A AMELIORER LES RESULTATSPAUVRETE-ENVIRONNEMENT

� Intégrer les thèmes pauvreté-environnement dans lescadres de développement nationaux

� Renforcer la décentralisation de la gestion del'environnement

� Renforcer le pouvoir de la société civile, en particuliercelui des groupes pauvres et marginalisés

� Traiter la dimension hommes-femmes en fonction desquestions pauvreté-environnement

� Renforcer les efforts de lutte contre la corruption pourprotéger l'environnement et les pauvres

� Réduire les conflits liés à l'environnement� Améliorer les contrôles et l'évaluation de l'équilibre

pauvreté-environnement� Renforcer les droits d'accès aux ressources des

pauvres� Améliorer la capacité des pauvres à gérer

l'environnement� Étendre l'accès aux technologies respectueuses de

l'environnement et adaptés au niveau local� Réduire la vulnérabilité environnementale des pauvres� Intégrer les questions pauvreté-environnement dans

les réformes des politiques économiques� Accroître l'emploi de la valorisation écologique� Encourager les secteurs privés concernés à s'impliquer

dans une gestion de l'environnement favorable auxpauvres

� Mettre en oeuvre une réforme fiscale favorable auxpauvres

� Réformer les politiques commerciales internationaleset celles des pays industrialisés

� Rendre l'investissement étranger direct plus favorableaux pauvres et à l'environnement

� Améliorer la contribution des accords multilatérauxconcernant l'environnement à la réduction de lapauvreté

� Encourager la consommation et la production durables� Améliorer l'efficacité de la coopération au

développement et du allégement de la dette

Améliorer la gestionpublique

Augmenter lesactifs des pauvres

Améliorer la qualitéde la croissance

Réformer les politiquesinternationales et

celles des paysindustrialisés

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Le besoin de changements politiques et institutionnels

L'expérience prouve que des politiques judicieuses permettent d’être gagnant sur tous les plans en réduisantla pauvreté tout en améliorant la qualité de l'environnement 9. Si une meilleure gestion de l'environnementpeut contribuer à la réduction de la pauvreté, comment tirer parti de ces opportunités, et quels sont lesobstacles possibles ?

De nombreuses causes sous-jacentes à la pauvreté et à la dégradation de l'environnement sont liées à desquestions de gestion publique et de politiques. Il existe des barrières politiques et institutionnellesimportantes et profondément enracinées, au niveau local, national et mondial, qui vont à l'encontre desintérêts des groupes pauvres et marginalisés et poussent à créer des dommages sur l'environnement, ou à n'enpas tenir compte.

L'expérience de la dernière décennie, qui a suivi le Sommet de Rio de 1992, a révélé quelques leçonsimportantes qui contribuent à indiquer la meilleure marche à suivre. Soulignons quatre leçons générales :

� Tout d'abord, les pauvres doivent faire partie de la solution – plutôt que du problème. Les effortsd'amélioration de la gestion de l'environnement, visant à contribuer à la croissance durable et à laréduction de la pauvreté, doivent refléter les priorités des pauvres. Dans de nombreux cas, les politiquescontinuent à reposer sur des hypothèses non vérifiées et des simplifications excessives à propos despauvres et de leur relation avec l'environnement. Un grand nombre de données sont disponiblesaujourd'hui et permettent de mieux comprendre les interactions entre la pauvreté et l'environnement, eten particulier la manière dont les conditions écologiques affectent les pauvres et leur accès auxressources naturelles (cf. Cadre 4) 10. Pour accroître les possibilités qu'ont les pauvres d'investir dans desaméliorations environnementales et améliorer leurs moyens d'existence, il est nécessaire de disposer depolitiques et d'institutions qui les soutiennent, y compris l'accès à l'information et la prise de décision.Parallèlement, il convient de surveiller les activités de ceux qui vivent aisément puisqu'ils sont la causede la plupart des dommages infligés à l'environnement.

� Les compromis en matière d'espace et de temps, ainsi que les concurrences économiques et politiquesqui sont fréquemment sous-jacentes aux décisions et aux pratiques de gestion de l'environnement,doivent être abordées en y impliquant les pauvres et ce de façon à les avantager. Les pays endéveloppement peuvent être confrontés à des choix difficiles lorsqu'ils allouent des ressources peuabondantes à des besoins urgents de développement et l'environnement est souvent considéré comme unproblème à long terme qui doit être laissé de côté pour s'occuper des besoins à court terme (comme celaa été souvent le cas dans les pays industrialisés). Parallèlement, dans de nombreux cas, des efforts deprotection de l'environnement n'ont pas pris en compte les intérêts des groupes pauvres et marginalisés,et leur ont même été nuisibles. Il existe des méthodes rationnelles pour trouver des compromis, maiselles exigent des processus d'élaboration politique et de prise de décision plus participatifs, plustransparents et plus responsables, si l'on veut garantir leur crédibilité et leur efficacité à long terme.

� La gestion de l'environnement ne peut être traitée sans prendre en compte les autres questions dedéveloppement, mais doit faire partie des efforts de réduction de la pauvreté et de développementdurable. Améliorer la gestion de l'environnement au bénéfice des pauvres exige des changementspolitiques et institutionnels qui soient transsectoriels et échappent le plus souvent au contrôle desinstitutions environnementales – changement dans la gestion publique, dans les politiques économiqueset sociales nationales, ainsi que dans les politiques internationales.

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CADRE 4 : MEILLEURE COMPREHENSION DES LIENS ENTRE PAUVRETE ET ENVIRONNEMENT

� La dégradation de l'environnement est surtout due à ceux qui ne vivent pas dans le besoin

La plus grande partie de la dégradation de l'environnement est due à ceux qui ne sont pas pauvres,en raison de leur niveaux de production et de consommation, qui sont bien plus élevés que ceux despauvres, en particulier dans les pays hautement industrialisés. Même lorsque ce sont les pauvres quidégradent l'environnement, c'est fréquemment parce que leur droit d'accès aux ressources naturellesleur est dénié par des élites plus riches, voire parce qu'ils sont souvent repoussés vers des terresmarginales plus sujettes à la dégradation.

� La croissance de la population n'augmente pas forcément la dégradation :

S'il est indubitable que la croissance de la population accroît la pression sur les terres et lesressources exploitables, ce n'est pas nécessairement la population en elle-même qui est la cause desdommages. Les forces primaires qui agissent sur les interactions entre la pauvreté et l'environnementsont un ensemble de circonstances sociales, économiques, environnementales et de gestion, localeset spécifiques, au sein desquelles a lieu l'augmentation de la population ; ces forces peuvent à leurtour subir l'influence positive ou négative de forces économiques ou politiques externes. De ce fait,les théories économiques conventionnelles suggèrent que lorsque la population croit et que les terresdeviennent plus rares, ces terres augmentent de valeur et méritent donc plus de soins etd'investissements. Des études au Kenya ont fait apparaître des cas où, face à une augmentation dela population, les agriculteurs ont géré des terres semi-arides et dégradées de telle manière qu'ils lesont réhabilitées et les ont rendues profitables (Tiffen et al., 1994). Une analyse plus large montre quepour qu'un accroissement de population mène à une amélioration des investissements consentis pourla terre et l'eau, il est nécessaire de disposer d'un accès aux marchés et de prix de productionattirants, ainsi que d'un soutien social et économique afin d’éviter l'écroulement du système social(Boyd et Slaymaker, 2000). Dans de nombreuses régions, ces conditions ne sont pas remplies, et lacroissance de la population risque d’augmenter la pression sur l'environnement.

� Les pauvres sont capables d'investir dans l'amélioration de l'environnement

La sagesse conventionnelle décrète que les pauvres n'ont pas assez de moyens pour améliorer leurenvironnement. C'est exact dans certains cas, mais de nombreuses expériences démontrent quelorsqu'ils sont motivés, des ménages et groupes sociaux à bas revenu peuvent mobiliser desressources énormes, en particulier en main d'oeuvre. De nombreux problèmes d'environnementurbain peuvent être résolus avec efficacité si les communautés pauvres se mobilisent elles-mêmes ous'allient à des groupes plus aisés pour améliorer les services disponibles, souvent avec une certainecontribution en espèces ou en nature (Satterthwaite, 2000).

� Les pauvres disposent souvent des connaissances techniques nécessaires pour gérer lesressources

On suppose souvent que le manque de compétence technique est un handicap à la gestion desressources naturelles par les pauvres. Et de fait, lorsque des pauvres se situent dans des zones oùl’écologie est nouvelle pour eux, ou bien lorsque se modifie l'équilibre écologique dans lequel s'étaientdéveloppées leurs pratiques de gestion des ressources, ils ont naturellement besoin d'une périoded'adaptation. Mais il y a de plus en plus de preuves selon lesquelles les pauvres disposent de trèsgrandes connaissances techniques indigènes, telles que des pratiques agricoles écologiques, destechniques de récolte de l'eau et d'innombrables façons d'employer les plantes médicinales. Cesconnaissances sont souvent sous-évaluées ou ignorées. Il existe de nombreux cas bien documentésdans lesquels des pauvres investissent leur temps et leurs ressources dans la gestion del'environnement, parviennent à maintenir leur production et leur rentabilité et mettent ainsi leursfamilles et communautés à l'abri des pires effets de la pauvreté 11.

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2.1 Améliorer la gestion publique

Domaines clés d'action politique :� Intégrer les thèmes pauvreté-environnement dans les cadres de développement

nationaux� Renforcer la décentralisation de la gestion de l'environnement� Renforcer le pouvoir de la société civile, en particulier celui des groupes pauvres et

marginalisés� Traiter la dimension hommes-femmes au niveau des questions pauvreté-

environnement� Renforcer les efforts de lutte contre la corruption pour protéger l'environnement et

les pauvres� Réduire les conflits liés à l'environnement� Améliorer les contrôles et l'évaluation de l'équilibre pauvreté-environnement

Les pauvres sont parfaitement capables de maintenir et d'améliorer leurs moyens d'existence à condition d'enavoir l'occasion, d'avoir la possibilité de discuter sur les sujets qui les concernent, et de pouvoir avoir recoursà la justice pour défendre leurs droits. L'amélioration de la gestion publique, incluant la présence d’unesociété civile active, de processus politiques et de prise de décision ouverts, transparents et responsables, estsouvent le maillon faible qui handicape la création d'un cadre politique et institutionnel plus favorable pourgérer les questions de pauvreté et d'environnement, tellement importantes pour les pauvres. Il est vitald'aborder les questions de bonne gestion publique, au niveau national et régional. Les hommes politiques, lesystème judiciaire, l'administration publique et le secteur privé ont tous un rôle à jouer, du fait que l'étatcontrôle directement l'accès à de nombreuses ressources naturelles, ou en détermine les règles d'utilisation,contrôle les investissements relatifs à l'infrastructure environnementale et élabore la cadre du débat politiquepublic pour les questions liées à la pauvreté et à l'environnement.

Intégrer les thèmes pauvreté-environnement dans les cadres de développementnationaux

Les questions de pauvreté et d'environnement doivent être intégrées dans les processus fondamentaux deplanification du développement et d'allocation des ressources, y compris les plans et budgets nationaux dedéveloppement, les stratégies de réduction de la pauvreté et les plans et budgets sectoriels. C'estindispensable pour élaborer une réponse plus large et plus coordonnée aux défis liant la pauvreté etl'environnement afin d’atteindre une synergie entre différentes interventions dans de nombreux secteurs et degarantir que des ressources appropriées, nationales et externes, soient allouées et focalisées avec efficacité.

Tous les pays disposent d'une sorte de processus national de planification stratégique. Lors du Sommet de1995 pour le développement social, les gouvernements se sont engagés à développer des cadres politiquesplus explicitement favorables aux pauvres, par l'élaboration ou le renforcement de stratégies nationales deréduction de la pauvreté. En 1999 la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) ont rédigédes documents stratégiques de réduction de la pauvreté (DSRP), base des soulagements de la dette et denouveaux prêts à concession 12. Les stratégies nationales de réduction de la pauvreté, y inclus le processus duDSRP, sont un point d'entrée critique pour l'inclusion, dans le cadre politique national de développement, desquestions relatives à la pauvreté et à l'environnement et des moyens de les aborder.

Bien que les stratégies de réduction de la pauvreté devraient refléter les priorités des pauvres, il s'avère queles éléments qui sont à leurs yeux les plus importants, parmi eux les liens entre la pauvreté etl'environnement, ont souvent été oubliés ou n'ont pas reçu une attention suffisante. Des analyses récentes des

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DSRP élaborés par 40 pays présentent une image variable (DFID, 2002b ; Bojö et Reddy, 2002). Certainspays, tels la Bolivie, le Honduras, le Mozambique, le Nicaragua et l'Ouganda (Cf. Cadre 5) ont fait desefforts sensibles pour aborder les thèmes d'amélioration de la gestion des ressources naturelles, de la santéenvironnementale et de la préparation aux catastrophes naturelles. Cependant, dans la plupart des pays, cesquestions n'ont pas été traitées de manière adéquate dans le cadre de la planification de la réduction de lapauvreté. Même dans les cas où les thèmes relatifs à l'environnement ont été correctement abordés dans leDSRP, il reste bien du travail à faire pour s'assurer que les plans de dépenses à moyen terme et les budgetssectoriels prévoient des ressources adéquates et convenablement allouées aux investissements ciblant lespréoccupations des pauvres à propos de la gestion de l'environnement 13.

A la conférence des NU sur l'environnement et le développement (CNUED) en 1992, les gouvernements sesont engagés à adopter des stratégies nationales pour un développement durable, engagement qui se reflètedans les Objectifs de développement du millénaire (exemple : Objectif 7 "assurer la durabilité del'environnement"). Les NU ont préparé des lignes directrices pour aider les pays à préparer une stratégie dedéveloppement durable (UNDESA, 2002), et le Comité d'aide au développement de l'OCDE a préparé deslignes directrices similaires pour que les agences au développement appuient ces processus (OCDE, 2001) 14.Chaque pays doit définir son propre processus stratégique. Le défi est de rechercher une convergence entreles stratégies visant la lutte contre la pauvreté et celles visant le développement durable et d'éviter la tendancepersistance des bailleurs de fonds à élaborer des cadres stratégiques multiples et concurrents. On peutconsidérer comme stratégies nationales de développement durable celles qui comprennent un volet sur laréduction de la pauvreté adhérant aux principes énoncés et qui intègrent les questions environnementales demanière appropriée (OCDE, 2001; DFID, 2000c) 15.

CADRE 5 : INTEGRER L'ENVIRONNEMENT DANS LE PLAN D'ELIMINATION DE LA PAUVRETEEN OUGANDA

Au début de l'année 2000, le Plan d'action pour éliminer la pauvreté en Ouganda (PEAP) a été révisé.Les révisions précédentes prenaient peu en considération les questions écologiques et la durabilité àlong terme. Par exemple, la focalisation de la politique énergétique se portait sur l'électricité, bien quele bois compte pour 96 pour cent de la consommation d'énergie du pays. L'autorité nationale pour lagestion de l'environnement (NEMA) a élaboré une série d'amendements et d'ajouts qui ont étéincorporés dans la stratégie. D'autres départements du ministère de l'eau, des terres et del'environnement ont soumis leurs propres amendements au PEAP dès qu'ils ont pris connaissancede l'initiative de la NEMA. Depuis l'adoption du PEAP, la NEMA a commencé à suivre les planssectoriels, tels que le Plan de modernisation de l'agriculture, et à définir des indicateurs pauvreté-environnement visant à contrôler leur mise en oeuvre.

Source : DFID (2000b).

Les questions écologiques importantes pour les pauvres doivent être entièrement intégrées dans les planssectoriels et les cadres politiques et budgétaires pertinents. Promouvoir une agriculture commerciale dans lesterres humides sans réfléchir à l'incidence sur les utilisateurs actuels est une vision peu lucide qui peut nuireaux pauvres. Promouvoir une politique énergétique focalisée sur l'électrification n'est pas productif car lespauvres n'auront pas les moyens de payer l'électricité et continueront donc à avoir recours au bois. Financerplus de cliniques rurales peut s'avérer un gaspillage si l'on ne réduit pas les risques de santé dus àl'environnement. Toutes les politiques doivent être évaluées en s'assurant qu'elles ont bien pris en compte lesopportunités environnementales permettant d'aider les pauvres (Yaron et White, 2002).

Insister plus profondément sur les approches transsectorielles n'implique en aucun cas la diminution du rôledes ministères de l'environnement et des agences responsables des ressources naturelles, et ne signifie pasnon plus qu’il faille réduire leur financement, leur personnel, ni leur formation, qui leur permettent de mettreen oeuvre leurs politiques et d'assumer leurs obligations. Il faut par contre que les organisationsenvironnementales, y compris celles de la société civile, comprennent mieux comment la situation

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environnementale influence les pauvres et la manière dont la gestion de l'environnement peut contribuer à laréduction de la pauvreté. Il faut également créer plus de synergie entre les organisations environnementales etles ministères du plan et des finances, ou d'autres agences qui pilotent le processus de planification nationale,pour garantir que l'on tienne compte des thèmes pauvreté-environnement. Dans la majorité des cas, cechangement de cap exigera une révision des mandats relatifs à la gestion de l'environnement et des besoinsen renforcement de capacité.

Renforcer la décentralisation de la gestion de l'environnement

Étant donné la tendance de nombreux pays à favoriser la décentralisation et la délégation, la planification estde plus en plus réalisée au niveau des provinces, des districts et des localités. De nombreux pays, comme leMalawi, la Tanzanie, l'Égypte et le Sri Lanka par exemple, ont introduit une planification environnementalepar district. Si cette évolution est importante, il n'en est pas moins vital d'intégrer ces plans dans le processusde planification locale. Et il est également essentiel que ces plans se focalisent sur les problèmes majeurs despauvres, en les considérant à partir de leur propre perspective et pas seulement d’un point de vueenvironnementale.

La décentralisation dans les zones rurales a donné aux gouvernements locaux un contrôle sur de nombreusesressources naturelles, telles que les terres d'état et la responsabilité d'infrastructures comme la fournitured'eau, les installations sanitaires et l'irrigation. Les règlements sur l'accès aux ressources, comme les permisd'exploitation minière, d'abattage d'arbres, de pâture et les émissions industrielles sont, en règle générale,élaborés par les gouvernements locaux. Dans les villes, près de la moitié de la surface appartient au domainepublic, il en est ainsi pour les bâtiments publics, les infrastructures publiques (ex : routes, chemins de fer,canaux) et les terres. Les choix d'affectation de ces actifs par les gouvernements locaux ont des conséquencessur la localisation des industries, la congestion des villes, les zones d'habitation et le développement de laville elle-même (DFID, 2001b). En outre, les problèmes d'environnement urbain pourraient être résolus avecplus d'efficacité si les pauvres étaient à même de se mobiliser ou de s'allier avec des groupes légèrement plusriches pour améliorer la fourniture de services, souvent avec une certaine contribution en espèces ou ennature (Satterthwaite, 2001).

La décentralisation et le renforcement des pouvoirs locaux ne constituent pas une garantie de bonne gestionde l'environnement. Si le contrôle du gouvernement local a, parfois, rendu les options choisies plus attentiveset plus responsables, ça n'a pas toujours été forcément le cas. Les gouvernements locaux peuvent, aussi bienque le gouvernement central, être dominés par des élites fortunées, gérer les ressources naturelles à unrythme ne garantissant pas une exploitation durable, dans le but de maximiser les profits à court terme, etdisposer de moins de capacité pour gérer l'environnement que le gouvernement central. Ajoutons quel'efficacité de la décentralisation a souvent été sapée lorsque les gouvernements centraux n'ont pas allouésuffisamment de fonds aux gouvernements locaux, ou ne leur ont pas accordé assez de droits de recettes, cequi les a empêché d'assumer leurs nouvelles responsabilités.

Notons encore que les objectifs de tous les acteurs concernés ne sont pas compatibles et que leur niveau depouvoir et d'influence est variable. Cette situation peut générer des conflits lorsque des groupes plus pauvreset marginalisés sont laissés de côté, ou quand le succès de certains les pousse à entrer en scène. C'estpourquoi les efforts visant à renforcer le pouvoir des communautés à gérer localement leurs ressourcesnaturelles doivent éviter l'accaparement par les élites locales et créer une capacité locale de gestionparticipative. La délégation de pouvoir au niveau local peut également augmenter la pression sur lesressources naturelles du fait que gouvernements locaux et leurs électeurs ont besoin de revenus, d'emploi etde recettes. Ce qui fait que la recherche d'un compromis local entre la réduction de la pauvreté et la gestionde l'environnement peut générer une exploitation à court terme. Deux facteurs cependant peuvent limiter ceproblème. Le premier est qu'un contrôle local des ressources permet à la communauté locale de profiter de lagestion durable. Le second est que les transferts financiers provenant de l'extérieur, comme les subsidesnationaux ou les sources de financement internationales comme le Fonds pour l'Environnement Mondial(FEM), peuvent avoir une grande influence sur les modes de résolution des problèmes 16.

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Renforcer le pouvoir de la société civile, en particulier celui des groupes pauvres etmarginalisés

Les organisations de la société civile, y compris celles des pauvres, ont un rôle clé à jouer dans l'améliorationde la gestion de l'environnement. Les organismes religieux, les syndicats, les associations professionnelles,les groupes agricoles, communautaires et d'intérêt public, peuvent contribuer à améliorer la sensibilité auxquestions environnementales et à la gestion de l'environnement, d'aider les pauvres à assurer leur accès auxressources naturelles et aux infrastructures environnementales et à monitorer les performances dugouvernement, du secteur privé et des agences internationales. En Inde, les gouvernements réformistes desétats du Bengale occidental et d'Andhra Pradesh ont joué un rôle décisif en soutenant une gestion conjointepar les pauvres des ressources forestières (Lele, 2000). Dans plusieurs cités d'Amérique latine, des maires etmunicipalités progressistes ont eu une grande influence sur l'amélioration de l'accès des pauvres auxinfrastructures environnementales (Hardoy et al., 2001).

Renforcer le pouvoir de la société civile, en particulier celui des groupes pauvres et marginalisés, à participerà la gestion de l'environnement et à l'influencer, exige qu'ils aient accès à des informations à ce sujet, qu'ilssoient compétents en matière de prise de décision et disposent de moyens de recours, judiciaires ou autres.

Un accès du public aux informations est vital pour l'efficacité de la gestion de l'environnement. La liberté desmédias a contribué à mettre en relief des problèmes d'environnement dans les secteurs public et privé. Danscertains pays, l'état a publié des informations dans le but de susciter une pression publique visant àencourager le respect des normes sur la pollution (cf. Cadre 6). C'est également le cas en zone rurale. AuxPhilippines par exemple, l'accès à l'information a contribué à un contrôle par les communautés des manquesde respect des règlements forestiers et à leur application concrète (Brunner et al., 2000).

CADRE 6 : PROGRAMME INDONESIEN POUR LE CONTROLE, L'EVALUATION ET LE TAUX DELA POLLUTION (PROPER)

L'agence indonésienne pour l'environnement BAPEDAL a introduit le PROPER au début de 1995pour se focaliser sur 187 des pires pollueurs de l'eau. Le vice-président a organisé une cérémonie dehaut niveau pour remercier le tiers des entreprises qui étaient conformes aux règlements, tandis quele BAPEDAL notifiait de façon privée aux deux autres tiers qu'elles n'étaient pas conformes et avaientsix mois pour le devenir, avant d'être dénoncées en public. Après cette dénonciation publique, leprogramme avait réduit la pollution de 40% à mi-1997. L'Indonésie étend à présent le programme à2000 usines. D'autres pays ont tiré la leçon de cette approche et des système similaires sont en coursaux Philippines, au Mexique et en Colombie et sont planifiés en Chine et au Venezuela.

Source : Banque mondiale (2000b).

La participation des groupes pauvres et marginalisés aux processus politique et de planification est essentielpour garantir que les problèmes d'environnement qui les touchent soient pris en compte de manièreappropriée. Elle favorise également la mise en oeuvre des politiques et interventions écologiques. L'efficacitéde la participation de ces groupes dépend de plusieurs facteurs. Les mécanismes de participation doivent tenircompte des contraintes que les pauvres connaissent en matière de ressources, améliorer leur accès auxinformations sur l'environnement, et accroître la transparence et la responsabilité pour les convaincre queleurs intérêts seront pris en compte et jouiront d'un poids suffisant dans les prises de décisions.

Les groupes pauvres et marginalisés manquent souvent d'un accès adéquat à la justice qui leur permette de seplaindre des abus en matière d'environnement et de protéger leurs droits. Cependant, les gouvernements nedisposent pas fréquemment des ressources suffisantes pour contrôler, à temps et avec efficacité, lesressources et les services dont dépendent les pauvres, en particulier dans les zones rurales éloignées. Lesgouvernements doivent donc soutenir la représentation d'institutions redevables aux pauvres, de manière à ce

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que les contrôles et les applications des règlements puissent avoir lieu à tous niveaux. Quelques exemples detels mécanismes sont les comités de surveillance par les citoyens, les analyses communautaires des plans etprojets de développement du gouvernement et un système d'arbitrage des litiges. Il est également importantde renforcer le système judiciaire pour s'assurer qu'il soit une institution impartiale et indépendante etappuyer l'émergence d'institutions de la société civile qui puissent jouer un rôle de médiateur entre lesdifférentes parties concernées (PNUD, 1999b).

Traiter la dimension hommes-femmes au niveau des questions pauvreté-environnement

La dimension hommes-femmes est au coeur de la relation entre pauvreté et environnement (OCDE, 2001a) etla rigidité de leurs rôles respectifs contribue à l'inefficacité de la gestion des ressources naturelles (Banquemondiale, 2001b). Comme nous l'avons signalé dans la première partie de ce document, les femmes , du faitde leur rôle social et économique, courent des risques plus importants et sont plus vulnérables que leshommes à de nombreux dangers liés à l'environnement.

A ce jour, les liens entre la pauvreté et l'environnement ayant un impact sur les femmes pauvres, comme lemanque de droit à la terre et aux ressources, l'incidence sur leur santé de la pollution de l'air intérieur et letemps et la fatigue physique imposés par la récolte du bois et de l'eau, ont été peu pris en compte par lesDSRP. Des méthodes et outils existants d'analyse de la dimension hommes-femmes doivent être utilisés pourgarantir que les stratégies de réduction de la pauvreté, ainsi que leurs cadres politique et budgétaire et leursystèmes de contrôle, reflètent une meilleure intégration de cette dimension dans la compréhension de larelation entre la pauvreté et l'environnement et dans les réponses politiques et institutionnelles nécessaires àcet égard.

La corruption est un problème général de gestion publique, mais est fortement liée à la mauvaise gestion del'environnement, spécialement en ce qui concerne l'extraction des ressources naturelles, la réglementation dela pollution et la préférence accordée à des solutions lucratives basés sur des infrastructures (par exempledans les secteurs de l'électricité et de l'eau) plutôt que des solutions plus douces comme les économiesd'énergie. L'Indice de durabilité environnementale (ESI) a fait apparaître que la variable la plus corrélée auxmauvais résultats d'un point de vue environnemental était la corruption.

La publication et la diffusion efficace d'informations de bonne qualité, combinées à un cadre légal etréglementaire approprié et à l'imposition éventuelle de sanctions adéquates, peuvent améliorer la situation.Une pression peut être exercée par la société civile nationale et internationale, par les acheteurs etconsommateurs internationaux, par les bailleurs de fonds et par d'autres gouvernements (cf. Cadre 7). Parexemple, conformément à l'article 97 de l'Accord de Cotonou entre l'Union européenne et les pays ACP(Afrique, Caraïbes, Pacifique), des cas graves de corruption devraient provoquer des consultations entre lesparties de l'Accord et exigent que la partie dans laquelle se sont produits ces cas prenne immédiatement lesmesures nécessaires pour remédier à la situation. Dans certains cas, des sanctions peuvent être prises, commela suspension de l'aide.

Si les pays en développement ont un rôle à jouer dans l'éradication de la corruption, les pays développéspeuvent également en jouer un, dans la mesure où le corrupteur peut être de chez eux. Récemment l'OCDE aconclu un Accord sur la corruption qui rend illégale la corruption de sujets étrangers à l'OCDE. L'OCDEdemande aux gouvernements d’adopter la législation nécessaire pour atteindre ce but, ce qui a été fait parbeaucoup d'entre eux, notamment les États-Unis et le Royaume-Uni. Un souhait a également été émis parcertains pays développés et entreprises, de convenir de règlements multilatéraux exigeant que soient renduspublics les montants payés à des gouvernements de pays en développement pour l'exploitation légale deressources naturelles – comme le pétrole – dans le but que ces sommes ne disparaissent pas.

Renforcer les efforts de lutte contre la corruption pour protéger l'environnement etles pauvres

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CADRE 7 : REDUCTION DE LA CORRUPTION DANS LE SECTEUR DE LA FORESTERIE AUCAMBODGE

La stratégie intérimaire de réduction de la pauvreté au Cambodge stipule que "le contrôle desexploitations forestières illégales, combiné aux mesures déjà prises pour restructurer le système deconcession forestière, commencera à mobiliser les recettes potentielles du secteur de la foresterie,qui deviendra une source importante de financement de mesures de réduction de la pauvreté dans lesecteur agricole et dans d'autres". On estime à quelque 100 millions US$ les pertes annuelles dues àla corruption, par rapport aux 13 millions US$ de recettes réelles. L'unité de lutte contre les délits deforesterie, soutenue par l'ONG interrégionale Global Witness, a exposé avec beaucoup de franchisele manque d'actions prises contre les exploitations illégales. Face à la critique nationale etinternationale, le premier ministre cambodgien Hun Sen a annoncé la suspension de toutes lesexploitations forestières à partir de janvier 2002.

Source : Hodess (2001).

Réduire les conflits liés à l'environnement

Les conflits liés à l'environnement se posent aux niveaux micro et moyen (ex : pasteurs contre agriculteurs,utilisateurs de bassins fluviaux) et au niveau macro (ex : contrôle de la production du diamant et du bois). Auniveau micro et moyen, il faut établir des structures qui soient un forum où, grâce à l'information et audialogue, les conflits peuvent être résolus. Par exemple, plusieurs pays instaurent des autorités de gestion desbassins fluviaux pour susciter et soutenir un dialogue et des règles de gestion entre différents utilisateurs deces ressources. Dans certains cas, la liberté d'accès à de nombreuses ressources – terres, zones de pêche,forêts – doit être modérée pour empêcher une surexploitation pouvant générer des conflits. Il convientd'appuyer les efforts locaux visant à déterminer les règles de gestion appropriées. Ceci peut s'avérercomplexe dans la mesure où il ne faut pas exclure les pauvres. Par exemple, si de nombreuses zonesprotégées sont gérées en impliquant plus qu'auparavant les populations locales, il y a également de nombreuxexemples où les régions protégées manquent de mécanismes efficaces pour faciliter la participation descommunautés locales et résoudre les conflits d'accès à ces ressources "protégées" dont dépendent les moyensd'existence et le bien-être des populations locales (Lewis, 1996; Ghimire et Pimbert, 1997; Buckles, 1999).

Le contrôle des redevances retirées de l'exploitation des ressources naturelles – en particulier le pétrole etd'autres produits minéraux – peut causer des conflits entre les résidents locaux, les gouvernements et lesexploitants privés. Dans certains cas on constate également des tensions entre les districts où sont situés lesgisements minéraux et le gouvernement central, qui peut recevoir une grande partie des paiements; c'est lecas en Indonésie, en Papouasie Nouvelle-Guinée et au Nigeria. Ces problèmes ne sont guère aisés à résoudre,mais il faut tenter de les gérer par des accords politiques sur un mode adéquat et transparent d'allocation deces redevances, après un débat public.

Dans des cas extrêmes, les ressources naturelles peuvent alimenter des guerres, et elles financent etsoutiennent fréquemment la prolongation des conflits une fois qu'ils ont éclaté. Cela a été le cas en Afriquede l'ouest et en Asie du sud-est. Il convient évidemment de s'attaquer aux causes sous-jacentes du conflit,mais entre-temps une pression de la communauté internationale – gouvernements, société civile etconsommateurs – peut réduire les profits potentiels de l'extraction. Le processus de certification des diamantsde Kimberley est une de ces tentatives, de même que la pression du Conseil de sécurité de l'ONU pour mettreen évidence le cas de l'extraction des ressources naturelles de la République démocratique du Congo (cf.Cadre 8).

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CADRE 8 : LES RESSOURCES NATURELLES ALIMENTENT UN CONFLIT EN REPUBLIQUEDEMOCRATIQUE DU CONGO

En République démocratique du Congo (RDC), le lien entre le conflit et les ressources naturelles est àprésent à ce point explicite que le Conseil de sécurité des NU a demandé à son Secrétaire général deréunir en 2001 un panel spécialisé d'experts sur l'exploitation illégale des ressources naturelles et surd'autres formes d'enrichissement en RDC. Ce panel a conclu qu'il y a "un schéma continueld'exploitation par de nombreux acteurs, gouvernementaux ou non, y compris les forces rebelles et lesgroupes armés, mené derrière différentes façades dans le but de cacher la véritable nature desactivités". Le seul perdant de cette exploitation est le peuple congolais. Suite à un débat sur lesconclusions du panel en décembre 2001, son mandat à été étendu pour inclure : une mise à jour detous les pays concernés; une évaluation des actions qui pourraient être entreprises par le Conseil desécurité pour contribuer à mettre fin au pillage; des recommandations d'actions spécifiques quepourrait prendre la communauté internationale pour soutenir le gouvernement congolais; et desrecommandations pour des actions à entreprendre par les pays de transit et les utilisateurs finauxpour contribuer à mettre fin à l'exploitation illégale de ressources naturelles.

Source : IRINnews.org, Office des Nu pour la coordination des affaires humanitaires, 2002

Améliorer le contrôle et l'évaluation de l'équilibre pauvreté-environnement

Améliorer la gestion de l'environnement pour réduire la pauvreté implique une compréhension locale de lamanière dont les conditions écologiques sont liées aux dimensions de la pauvreté, et la capacité d'identifier etd'hiérarchiser les options politiques pour évaluer leur efficacité et leur incidence. Ceci à son tour exige desindicateurs et des systèmes de contrôle appropriés et efficaces. Les données sur l'environnement tendent à sefocaliser sur les changements de l'environnement sans en déterminer les effets sur la pauvreté, tandis que lessystèmes de contrôle de la pauvreté ignorent souvent les questions d'environnement. Des indicateurs sontnécessaires pour mesurer comment les conditions écologiques affectent les moyens d'existence, la santé et lavulnérabilité des pauvres, et ces indicateurs doivent être intégrés dans des systèmes nationaux de contrôle etd'évaluation de la pauvreté 17

Certains travaux ont déjà été entrepris pour identifier des indicateurs génériques de la relation pauvreté-environnement, mais ce qui vraiment nécessaire, c'est de récolter des données dans les pays 18. Des enquêtesmenées au Népal, au Honduras et en Ouganda (Nunan et al., 2002) ainsi qu'au Nigeria (Osuntogun, 2001)montrent que certaines données sont d'ores et déjà disponibles. De manière générale, les données sur la santéenvironnementale sont à l'heure actuelle celles qui sont le plus largement disponibles, et ont pour source lesministères de la santé et les enquêtes sur les ménages. Cependant des recherches supplémentaires sontnécessaires pour connaître la mesure dans laquelle certains problèmes de santé comme la malaria peuventêtre réduits par des interventions sur l'environnement. Certaines données qualitatives sur les ressourcesnaturelles et la vulnérabilité existent déjà dans les évaluations participatives de la pauvreté, mais d'autresévaluations de ce type pourraient être conçues en les focalisant plus explicitement sur les questions clés depauvreté-environnement (Brockelsby et Hinshelwood, 2001). Des données sur la dépendance des pauvresvis-à-vis des ressources naturelles sont parfois disponibles au niveau des ménages et des communautés,comme dans le secteur de la foresterie, où elles sont souvent collectés à titre de préparation de stratégies pourla foresterie et la bio-diversité. Des travaux ont également été entrepris pour superposer aux données sur lapauvreté, des données existantes sur l'environnement de manière à créer des "cartes pauvreté-environnement"identifiant le lien spatial entre la pauvreté et la dégradation des ressources (Henninger et Hammond, 2000) 19.Si cela peut indiquer qu'il existe plus de données qu'on ne pense, celles-ci sont cependant éparpillées dansdifférentes agences, ne sont pas récoltées systématiquement et exigent souvent de la prudence dans leuranalyse et leur interprétation pour les appliquer aux questions de pauvreté-environnement.

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Comme pour tout indicateur, les informations collectées ne sont utiles que dans la mesure où elles sontutilisées à bon escient. La récolte de données sur le lien pauvreté-environnement devrait se fonder sur desefforts de rassemblement de données existantes, telles que celles des enquêtes sur les moyens d'existence etdes évaluations participatives de la pauvreté, et être centralisées dans des institutions comme un office desstatistiques, un ministère des finances ou un institut de recherche local compétent. Ces institutions ont del'expérience dans la production de données sur demande et augmenteront la probabilité que ces donnéessoient intégrées dans des processus politiques de lutte contre la pauvreté, tels que des stratégies de réductionde la pauvreté et des plans et programmes sectoriels et spatiaux 20.

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2.2 Accroître les atouts des pauvres

Domaines clés d'action politique :� Renforcer les droits des pauvres sur les ressources � Améliorer la capacité des pauvres à gérer l'environnement� Étendre l'accès aux technologies respectueuses de l'environnement et adaptées au

niveau local� Réduire la vulnérabilité des pauvres vis-à-vis de l'environnement

De nombreuses options politiques visant à aborder les interactions pauvreté-environnement se focalisent surl'amélioration des actifs des pauvres. Les actifs en question incluent le capital naturel (terres, forêts, eau,poissons, ressources énergétiques et minérales), le capital social (relations de confiance et de réciprocité,groupes, réseaux, lois coutumières), le capital humain (compétences, connaissances, croyances, attitudes,aptitude au travail et bon état de santé), le capital physique (infrastructure de base) et le capital financier(ressources monétaires). Des politiques de soutien et des aménagements institutionnels sont nécessaires pouraugmenter les actifs des pauvres et leur capacité de satisfaire leurs besoins de base, ainsi que pour créer denouvelles options de moyens d'existence, qui soient plus souples et plus sûres.

Renforcer les droits d'accès aux ressources des pauvres

Les droits de propriété sur les ressources telles que la terre, l'eau et la forêt jouent un rôle fondamental dans lelien pauvreté-environnement (Scherr, 1999). Ces droits de propriété recouvrent une série de règles depropriété foncière et d’autres aspects concernant l'accès aux ressources et leur usage, et influencent fortementles schémas de gestion des ressources naturelles. Ils peuvent faciliter ou gêner leur utilisation durable, leurprotection, ou les investissements visant à les améliorer.

Les droits de propriété individuels et collectifs détenus par les pauvres représentent les principaux actifs desménages et des communautés, leur fournissent des opportunités de revenu, un accès au crédit, la possibilitéde répondre à leurs besoins matériels essentiels pour subsister et/ou un moyen de s'assurer contre les risquesaffectant leur survie. Les personnes les plus pauvres tendent à se baser davantage sur des droits coutumiersou informels auxquels aucun groupe d'utilisateurs extérieurs n’adhère. Les utilisateurs marginalisés, commeles femmes pauvres, sont souvent perdantes lorsque des politiques ou des processus de privatisation réduisentdes ensembles complexes de règles en un seul droit unitaire (suite à de nombreuses réformes concernant lesterres et l'eau). L'incertitude frappant les droits de propriété peut également affecter la productivité agricole àlong terme et la motivation à protéger les ressources et à investir dans ce domaine et peut en particulierprovoquer une détérioration rapide des terres ou des ressources naturelles lorsque leur propriétaire tâche d'entirer un revenu maximal en un minimum de temps. C'est également vrai dans les zones urbaines oùl'incertitude de la propriété foncière dans les quartiers pauvres suscite des craintes de démolition et découragetout investissement visant à améliorer les conditions de vie 21.

On connaît de bons exemples de régimes de gestion de propriétés communes qui ne sont pas basés sur descritères de propriété privée exclusive, mais qui pourtant fonctionnent et satisfont les parties concernées et sesont révélés durables (Ostrom, 1990). On craint également le fait que la tendance à la privatisation de terrescommunes n'aille à l'encontre de la réduction de la pauvreté, car elle tend à faire des riches les plus grandspropriétaires terriens 22. Cependant, là où les régimes de gestion de terres communes se sont écroulés et nesont pas parvenus à protéger les pauvres, l'émission formelle de titres de propriété légale peut être bénéfiqueaux pauvres et à la productivité agricole et donc stimuler l'investissement dans la conservation des terres et del'eau (cf. Cadre 9). Il n'en reste pas moins que, comme c'est la perception de la sécurité et l'application des

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règles qui compte le plus, cette officialisation de la propriété peut ne pas être nécessaire si les règlesinformelles sont respectées.

Pour renforcer les droits que les pauvres ont sur les terres, il est nécessaire de réformer les politiques et lesinstitutions responsables de l'émission des droits de propriété et de les rendre plus réceptives aux besoins despauvres. Il s'agit des agences foncières du gouvernement central, des gouvernements locaux, des autoritéstraditionnelles, du système judiciaire et des commissions foncières et tribunaux locaux.

CADRE 9 : PROPRIETE FONCIERE ET AMELIORATION DE L'ENVIRONNEMENT

La relation entre la propriété foncière et l'amélioration de l'environnement, en termes de reboisementet de gestion des sols et de l'eau en zone rurale, ainsi qu’en termes d'amélioration des habitations enzone urbaine, sont complexes et géographiquement spécifiques 23.

Une étude basée sur des données relevées pendant une période de 6 ans concernant l'érosion dessols a été réalisée auprès de 115 exploitations agricoles situées dans les hautes terres desPhilippines. Elle a montré que les fermiers qui étaient sûrs de leur droit de propriété ont installé desbordures plantées autour de leurs champs pour réduire l'érosion (Shively). Cependant, cette étude aégalement montré que l'adaptation est plus fréquente pour les fermes qui sont en mesure d’emprunteret que les grandes exploitations ont plus de chances de s’adapter que les plus petites. Ceci sembleindiquer que, si le droit de propriété est important, il n'est pas le seul facteur entrant en jeu.

Des études menées dans certaines régions africaines sont moins catégoriques et montrent que si lapropriété foncière est importante, la sécurité de cette propriété n'est cependant pas garantie par untitre de propriété (DFID, 2002a). Cette sécurité est souvent une question de perception etd'interprétation de ces droits dans un certain climat socio-politique.

La relation peut également jouer dans l'autre sens et certaines personnes peuvent augmenter ouréduire la couverture forestière pour assurer leur propriété. Dans certaines parties d'Amérique latine,la propriété de zones forestières est garantie en remplaçant la forêt par des cultures, alors que dessignes prouvant la réaction inverse existent dans certaines régions africaines. Les meilleurs droits depropriété sur des terres communautaires sont parfois accordés à ceux qui y plantent des arbres(Shepherd, 1991). C'est le cas au Ghana où les femmes plantent du cacao sur des terres familialespour s'en assurer la propriété (Quisumbing et al, 2001).

En zone urbaine la jouissance d’un droit à un bien immobilier est souvent vitale pour obtenir un accèsà des services environnementaux améliorés (Payne, 2002). Les progrès en faveur de la jouissance dece droit sont l'un des indicateurs permettant de contrôler le suivi des Objectifs de développement dumillénaire sur la durabilité environnementale. Cependant on dispose à l'heure actuelle de peud'informations exactes à ce sujet.

Source : Shively, G (2001) ; DFID (2002a) ; Shepherd (1991) ; Quisumbing et al. (2001) ; Payne(2002).

Améliorer la capacité des pauvres à gérer leur environnement

Renforcer les droits des pauvres quant à l'accès aux ressources est une condition nécessaire, mais nonsuffisante pour améliorer la gestion de l'environnement et les moyens d'existence des populations. Si denombreux pays ont tendance à décentraliser et à déléguer les responsabilités de gestion de l'environnement, ilfaut accorder plus d'importance au renforcement des capacités locales de gestion de l'environnement endéveloppant le capital social et humain, surtout parmi les pauvres. C'est essentiel pour que ces processus dedécentralisation reflètent et répondent aux besoins prioritaires des pauvres ; dans le cas contraire, la

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décentralisation n'aura d'autre effet que de concentrer le pouvoir dans les mains des élites locales et demarginaliser encore plus les groupes pauvres et vulnérables.

Dans les zones rurales et urbaines des pays en développement du monde entier, une large gamme d'approchesinnovantes sont tentées pour renforcer la gestion locale de l'environnement et multiplier les optionsdisponibles pour assurer des moyens d'existence. De nombreux exemples positifs peuvent être mentionnés(cf. Cadre 10) :

� Des réserves communautaires de gibier qui servaient à la chasse en Afrique australe ont été transforméesen zones favorisant leur conservation et les moyens d'existence des populations indigènes deviennent unatout de cette préservation 24.

� Des associations d'utilisateurs d'eau ont été créées ; elles achètent et vendent les droits d'accès à l'eau etles organisent sur un plan collectif 25.

� Des entreprises de foresterie communautaires ont été liées au marché international du bois et à desprocédures de certification 26.

� Des coopératives de production alimentaire ou de café s'adressant au marché national et international ontrevitalisé les systèmes agricoles traditionnels grâce à des technologies nouvelles 27.

Dans tous ces exemples, le cadre institutionnel, qui comprend la génération et l'emploi du capital social, estun élément clé de la réussite. Des projets qui ont soutenu avec succès de telles initiatives ont prévu desressources significatives destinées au développement du capital humain, au renforcement organisationnel,aux négociations et aux prises de décisions, ainsi qu'à d'autres compétences institutionnelles. Lesorganisations communautaires ont également développé des relations avec des institutions de haut niveau et,par ce biais, ont pu mobiliser des soutiens à leurs intérêts et plaider pour un environnement politiquefavorable à leurs activités.

CADRE 10 : LA FORESTERIE COMMUNAUTAIRE AU NEPAL

La loi de 1993 sur la foresterie a légalisé les groupes forestiers en leur donnant un droit de propriétésur les arbres, bien que l'état reste propriétaire des terres. Ces groupes ont élaboré des plansopérationnels, établi les prix de vente des produits forestiers et défini l'emploi des surplus de revenus.En juin 1997, il y avait 6 000 groupes forestiers qui géraient 450 000 ha et 6 000 autres quiattendaient leur enregistrement formel. Des problèmes sont apparus au sein des groupes, entre eux,et avec le département forestier. On s'est inquiété de leur domination par des élites locales, de leurpolitisation et des pressions exercées par le département forestier pour focaliser les activités sur laplantation plus que sur l'exploitation. L'expérience a cependant été encourageante et les conditionsdes forêts exploitées ont souvent été améliorées.

Source : Arnold et Bird (1999).

Étendre l'accès aux technologies respectueuses de l'environnement et adaptées auniveau local

Un grand nombre de technologies "appropriées" peuvent améliorer l'environnement et les moyens d'existencedes pauvres. Beaucoup se fondent sur les connaissances et pratiques traditionnelles, et d'autres résultentd'innovations techniques venant de l'extérieur. Des exemples en sont la culture en terrasses, les striesconservant les eaux pluviales, la plantation de talus évitant le ruissellement et l'érosion, les techniquesd'aquaculture, l'agroforesterie, l'emploi de produits naturels pour éliminer les parasites, l'amélioration de la

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production de bétail et de poisson, l'utilisation de roseaux ou de plantes ligneuses pour capturer et aseptiserles eaux usées, et bien d'autres encore.

Le marché cependant n'assure pas le développement technique et sa diffusion auprès des pauvres. En raisonde ses effets de tache d'huile, les gouvernements, les groupes de la société civile, les pauvres eux-mêmes etles bailleurs de fonds doivent jouer un rôle pour soutenir l'innovation. Ces changements peuvent êtreintroduits par des projets exemplatifs impliquant la participation entière des groupes pauvres. Des tentativesont été faites pour obtenir le financement de projets de technologie environnementale, qui nécessitentbeaucoup de main d'oeuvre, par le biais de travaux publics et spécialement de programmes "nourriture contretravail". Cependant on a souvent mis en doute l'appropriation et la durabilité finale des travaux qui ont étémenés en motivant les participants par la promesse d'un revenu d'origine extérieure.

En agriculture, de bien meilleurs succès ont été obtenus en permettant à des fermiers innovants d'adopter etd'adapter des technologies nouvelles et en les poussant à transmettre leurs connaissances à leurs pairs (Reij etWater-Beyer, 2001). Il conviendrait de soutenir la motivation des agriculteurs à tester l'adéquation de cesnouvelles pratiques et d'appuyer les activités de conseil et de formation "fermier-à-fermier". Ceci permettraitl'introduction de nombreuses nouvelles méthodes qui n'exigent que peu d'intrants en espèces, voire pas dutout ; ce qui est un point très important quand on s'occupe de fermiers pauvres (cf. Cadre 11). Ces pratiquespeuvent être basées par exemple sur une meilleure utilisation des eaux pluviales, des déchets organiquescomme des fumiers ou des résidus agricoles, ou de tout autres matériaux organiques disponibles dans lesfermes.

CADRE 11 : AMELIORER L'ACCES DES AGRICULTEURS DEMUNIS DE RESSOURCES AUXTECHNOLOGIES ECOLOGIQUES

Dans de nombreuses méthodes agricoles, la dépendance aux pesticides chimiques menace ladurabilité de la production. Ce sont les petits fermiers et les pauvres ruraux qui sont le plus affectéspar leur impact sur la santé et l'environnement. La gestion intégrée des parasites (GIP) a prouvé sonsuccès en apportant aux fermiers pauvres une technologie pesticide qui est dans leurs moyens. LaGIP est basée sur la gestion de l'écosystème par les fermiers grâce à un ensemble de techniquespesticides écologiques qui prennent en compte les aspects sociaux et économiques du problème. Undes investissements les plus importants jamais consentis par un pays en développement pour laformation des agriculteurs à la GIP a eu lieu en Indonésie (1993-1999). Plus de 600 000 cultivateursde riz, de légumes et de soja ont ainsi pu prendre de meilleurs décisions par rapport à la lutte contreles parasites dans leurs propres fermes. Le projet a entraîné un développement institutionnel bienplus important qu'il ne visait à l'origine.

Source : Banque mondiale (2000c).

Une énergie propre et d'un coût abordable est indispensable, tant pour la réduction de la pauvreté et que pourla protection de l'environnement. La plupart des ménages et communautés pauvres n'ont pas accès auxservices énergétiques modernes et pour eux il est essentiel de trouver des options énergétiques renouvelables.Dans l'industrie et le transport il est important d'utiliser de plus en plus des énergies renouvelables, pourrépondre au besoin croissant en énergie du développement urbain tout en conservant la qualité de l'air. Denombreuses technologies renouvelables bon marché existent déjà et elles peuvent contribuer à réduiresensiblement la pollution de l'air 28. Par exemple, les deux pays en développement les plus peuplés, la Chineet l'Inde, ont lancé les programmes les plus importants concernant les gaz de biomasse, avec 5 et 2 millionsd'unités respectivement (Venkata, 1997).

La consommation privée d'électricité comporte des avantages évidents pour la santé (Wang, 2002). C'est unesource d’énergie propre au stade de la consommation finale, elle permet la réfrigération, allonge le temps delecture, et permet l'emploi de méthodes de communication modernes. La plupart des pauvres vivent

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cependant en zone rurale, où les coûts de connexion au réseau électrique seraient prohibitifs. Des alternativeshors réseau doivent donc être choisies pour eux.

Le secteur public doit offrir aux entreprises du secteur énergétique un environnement favorable et orienterson soutien vers la recherche et les projets pilotes. L'expérience prouve que le succès d'une technologieénergétique dépend de son adaptation aux circonstances locales et doit être basé sur une demande durable desconsommateurs. Les ONG, les organisations communautaires et les entreprises du secteur privé ont toutes unrôle à jouer dans le développement de technologies géographiquement appropriées, qui pourraient à longterme s'avérer financièrement viables 29.

Dans le domaine de la santé humaine, il faut absolument améliorer la technologie des cuisinières pour réduirela pollution de l'air intérieur et les affections respiratoires aiguës qui y sont associées. De nombreuxprogrammes de ce genre ont échoué dans le passé, mais de nouvelles technologies ont connu le succès danscertains pays, spécialement dans les villes. Au Kenya et en Éthiopie par exemple, plusieurs millions decuisinières améliorées ont été vendues. Le succès de ces programmes a été fonction de plusieurs facteurs,dont un soutien initial du gouvernement et de bailleurs de fonds, mais également une implication à longterme de petites entreprises du secteur privé. Ces producteurs ont trouvé une niche commercialement viableen offrant aux pauvres vivant en ville un appareil qui économise l'énergie et réduit la pollution de l'airintérieur (ESD, 2000). La clé du succès, dans ce cas-ci comme pour toutes les technologies, consiste à ne passe focaliser exclusivement sur l'aspect technique de la solution, mais d'en envisager en plus les aspectssociaux, culturels, financiers et commerciaux.

Une technologie simple et bon marché est également disponible pour améliorer les conditions sanitaires, maiselle doit être introduite en tenant compte de la culture des populations et demande des efforts de formation 30.Des techniques simples existent en outre pour lutter contre les vecteurs responsables de la malaria, entreautres le contrôle des habitats où se reproduisent les moustiques et la distribution de filets de protectiontraités aux insecticides 31.

Réduire la vulnérabilité environnementale des pauvres

Les pauvres disposent de nombreux mécanismes informels pour gérer les risques qu'ils affrontent chaquejour. Ils comprennent des moyens de réduire les risques ou d'en atténuer les effets (par exemple, utilisation deressources communes, migration temporaire, diversification des sources de revenus, assurance informelle) etde faire face aux chocs lorsqu'ils se produisent (exemple : vente d'actifs, réduction de la consommation,emprunts). Ces stratégies de gestion des risques peuvent être envisagées au niveau des individus, desménages ou à un niveau plus collectif (Banque mondiale, 2001).

Les tentatives de l'état pour réduire la vulnérabilité des pauvres aux catastrophes naturelles devrait trouver unéquilibre entre des mesures destinées à éviter des chocs néfastes et des mesures préalables visant à réduirel'incidence de ces chocs sur les groupes pauvres et vulnérables ou à renforcer leur capacité d'y faire face. Lesstratégies d'intervention doivent se fonder sur les réalités de la vie des pauvres et les sortes de risques naturelsqu'ils doivent affronter. Par exemple, une tentative du gouvernement indien dans les quartiers pauvresd'Indore, visant à améliorer l'évacuation des eaux en cas de tempête pour réduire les inondations, consistait àremplacer les égouts à ciel ouvert par d'autres qui étaient complètement fermés. Ceci empêchait les habitantsde prévoir la gravité des inondations, ce qu'ils pouvaient faire auparavant ; de plus les tuyaux fermés étaientplus facilement bouchés par des détritus et ne pouvaient donc plus servir de bouche d’évacuation pour lesexcréments ; pour toutes ces raisons les habitants ont préféré l'ancien système (WRI, 1996). Lors denombreuses catastrophes naturelles, la plupart des accidents mortels se produisent dans les premières 24heures, bien avant que les agences nationales et internationales n'arrivent sur les lieux. La seule solutionpratique est donc d'impliquer les habitants pour qu’ils se préparent aux catastrophes, sachent en réduire leseffets et y faire face.

Si l'on ne peut habituellement pas prévenir complètement les risques naturels, on peut par contre gérer leurincidence, et parfois leur ampleur. Il y a quatre approches essentielles (CICR, 2001) :

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� Traiter les causes de risques naturels par des mesures mentionnées dans d'autres parties du présentrapport. Les inondations par exemple sont fortement influencées par la gestion des terres et des eauxdans les bassins hydrographiques en amont. Une saine planification de l'usage des terres et leuraffectation en zones peut empêcher que des flux d'eau excessifs se transforment en catastrophe. Descoupe-feux et des actions rapides peuvent dans une certaine mesure empêcher les incendies de serépandre. La variété des cultures peut réduire l'exposition aux attaques pathogènes.

� Se focaliser davantage sur la réduction participative des risques, la limitation de leurs effets et lapréparation aux catastrophes. Établir des normes pour les habitations et les autres infrastructures peutassurer qu'elles puissent dans une certaine mesure supporter les risques naturels. Des systèmes d'alerterapide peuvent s'avérer très utiles pour fournir aux populations locales des informations leur permettantde limiter les conséquences. Des pays qui ont adopté une telle approche ont rencontré d'excellentssuccès. Au Bangladesh, suite au cyclone de 1991 qui a causé la mort de 140 000 personnes, de grandsefforts ont été consentis pour la préparation locale aux catastrophes naturelles, ce qui a permis de réduiresensiblement le nombre de décès, quoique des milliers de personnes soient sans abri. Même lors duterrible cyclone Orissa de 1999, qui a causé la mort de 10 000 à 40 000 personnes, 40 000 autrespersonnes ont été sauvées en se réfugiant dans des abris construits et gérés localement.

� Après un désastre, améliorer la réaction et les efforts d'aide et s'assurer qu'ils prennent en comptel'augmentation des opportunités de moyens d'existence, de manière à résister à de futures catastrophesnaturelles. Bien que la coordination des secours humanitaires se soit quelque peu améliorée, elle peutencore faire des progrès en impliquant davantage les groupes bien informés sur le terrain. Il est souventplus avantageux de fournir un financement que d'importer des produits et des experts de l'étranger, carcela prend du temps et s’avère moins avantageux pour l'économie locale. Les efforts d'assistancedevraient être concentrés sur le redressement à long terme, par exemple par l'introduction de nouvellesactivités rémunératrices. Ce type d'approche est cependant handicapé par les gouvernements et lesagences de développement qui ont encore tendance à distinguer l'aide en cas de catastrophes naturelles etle développement à long terme, si bien que l'aide ne dispose pas d’une orientation à long terme suffisanteet que le développement n'intègre pas entièrement la limitation des conséquences des désastres.

� S'assurer que des fonds soient disponibles pour la gestion des catastrophes naturelles. Si la communautéinternationale peut apporter certains fonds, les pays eux-mêmes auraient plus de garanties en établissantleurs propres réserves à cet effet. Un certain nombre de pays d'Amérique latine ont déjà entamé ceprocessus. Il faut davantage intensifier la couverture du secteur privé par des assurances.

Lors d'une catastrophe, la gestion de la crise et l'apport d'une aide d'urgence sont vitaux pour limiter lespertes humaines. Le redressement économique exige une réponse bien pensée soutenue par des fondsrapidement disponibles pour remettre en ordre les lieux, reconstruire, replanter les terres arablesendommagées, prévoir des micro-crédits pour relancer l'activité commerciale, etc. 32.

Pallier les vulnérabilités naturelles à long terme telles que les sécheresses et les invasions de parasites estencore plus complexe et, par manque de visibilité, reçoit beaucoup moins d'attention. Des solutions à longterme exigent de traiter les raisons du déclin de l'environnement. A court terme, la clé pour faire face est demieux comprendre les stratégies établies par les pauvres eux-mêmes ainsi que leur justification. Dans leszones rurales, les stratégies des pauvres peuvent inclure l'introduction de variétés résistant aux sécheresses, lagestion intégrée des parasites et la réduction de leur dépendance vis-à-vis de ressources naturelles en déclin,en optant pour un emploi non agricole ou dans certains cas pour une migration.

En zone urbaine il y a certains signes qui montrent que les pauvres trouvent des compromis à court termelorsqu'ils sont face à des risques naturels, comme la pollution dans les quartiers pauvres, pour améliorer leursopportunités économiques (WRI, 1996). De nombreuses preuves cependant, soulignent la possibilité demobiliser les urbains pauvres pour améliorer leur environnement 33.

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2.3 Améliorer la qualité de la croissance

Domaines clés d'action politique : � Intégrer la problématique pauvreté-environnement dans les réformes des politiques

économiques� Améliorer la prise en compte de la valeur de l'environnement� Encourager les secteurs privés concernés à s'impliquer dans une gestion de

l'environnement favorable aux pauvres� Mettre en oeuvre une réforme fiscale favorable aux pauvres

Des schémas plus écologiques et plus équitables de croissance économique sont indispensables pour protégerles actifs environnementaux des pauvres. Les problèmes écologiques surviennent souvent parce que desmécanismes de marché efficaces sont absents ou insuffisants. D'où le rôle important qui revient augouvernement de compléter les réformes de sa politique économique par des mesures visant à promouvoirune gestion de l'environnement favorable aux pauvres. Ceci inclut le besoin de mieux tenir compte de lavaleur économique des biens et services environnementaux qui est ignorée par les marchés, pour permettredes choix plus rationnels et plus éclairés. Il est également important, cependant, que les gouvernementscorrigent les erreurs de leurs propres politiques. Nous pensons à la réforme de subsides nuisibles àl'environnement, à l'utilisation d'instruments de marché et à l'établissement d'un cadre permettant au secteurprivé de gérer les ressources naturelles lorsque cela peut être fait avec efficacité et dans l'intérêt commun.

Intégrer la problématique pauvreté-environnement dans les réformes des politiqueséconomiques

Pour promouvoir la stabilité macro-économique et accélérer la croissance, de nombreux pays ont entreprisdes réformes d'ajustement structurel incluant un réalignement des taux de change, une réforme du secteurpublic, des privatisations, des réductions tarifaires et une révision des subsides. Les effets de ces réformes surl'environnement sont variables et prêtent à controverse 34. Des conséquences positives sur l'environnementpeuvent se produire par exemple en cas d'ajustement d'une devise surévaluée, de manière à promouvoir letourisme écologique, ou en cas de suppression des subsides à des industries polluantes. Des impacts négatifspeuvent être ressentis lorsque ces réformes sont entreprises dans un contexte où un manque de réforme desinstitutions et des marchés a mené à un échec. La libéralisation du commerce peut accroître les possibilitésd'exportation de ressources naturelles telles que le bois, le poisson et les minerais. Mais si l'accès à cesressources est parfaitement libre et que les mécanismes de régulation et de protection de l'environnement sontinefficaces, les répercussions peuvent s'avérer catastrophiques au point de vue de l'environnement et de laréduction de la pauvreté.

De nombreux pays ont dû ajuster leurs politiques économiques insoutenables, mais il convient de compléterces ajustements de deux manières. Tout d'abord, les réformes politiques doivent s'accompagner d'évaluationsde leur impact sur la dimension pauvreté-environnement. Les évaluations d'impact sur l'environnementtraditionnelles sont en passe d'être adaptées pour tenir compte des changements de politique économique.Une évaluation environnementale stratégique peut être appliquée aux politiques et programmes sectoriels etrégionaux pour en identifier les incidences potentielles et élaborer des mesures de limitation de leurs effets.Des failles importantes dans la gestion de l'environnement peuvent être décelées et palliées. Dans le cas deréformes macro-économiques d'envergure, il devient cependant difficile de prévoir l'impact final surl'environnement. Comme l'ont montré de nombreuses études de cas, les conséquences peuvent être observéesau travers de mécanismes de répercussion tant positif que négatif, mais leur quantification reste très aléatoire.Même après l'introduction d'un programme d'ajustement économique, il est très délicat d'évaluer l'option"sans", c'est-à-dire ce qui se serait produit en l'absence de ce programme de réforme 35.

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Les modèles économiques traditionnels peuvent comporter des volets environnementaux, par exempleconcernant l’évaluation des effets de la libéralisation du commerce du bois sur la couverture forestière. Maisil convient d'adapter ces analyses économiques et écologiques traditionnelles à notre souci présent, c'est-à-dire de prêter plus d'attention aux effets qui affectent le plus pauvres. Certains pays ont déjà commencé àtester une approche analysant l'impact social sur la pauvreté que peuvent avoir les changements politiques etil est nécessaire d'assurer que les thèmes pertinents relatifs aux liens pauvreté-environnement soientégalement pris en compte.

Ceci nous amène au second point : dans un pays qui applique des réformes, rien ne peut remplacer unrenforcement de la capacité de gestion de l'environnement. S'il est impossible de prévoir tous les effets d'uneréforme, des normes écologiques et des possibilités de contrôle de l'environnement peuvent certainement enlimiter les effets défavorables.

Améliorer la prise en compte de la valeur de l'environnement

Les marchés sont la pierre angulaire du système économique mondial, mais ne tiennent pas compte denombreuses valeurs écologiques importantes. Ceci mérite donc plus d'attention, que ce soit sur le plan macro-économique pour la planification sociale, ou sur le plan micro-économique quand des ménages et desindividus prennent chaque jour des décisions qui, ensemble, affectent en profondeur la qualité del'environnement 36.

Pour faire des choix rationnels en comparant les valeurs écologiques et économiques, il est essentiel que lessystèmes comptables et les prix du marché reflètent des valeurs pertinentes. Au niveau macro-économique,ceci implique d'adapter les systèmes comptables nationaux traditionnels pour qu'ils tiennent mieux comptedes valeurs écologiques.

Du point de vue de l'environnement, deux types d'ajustement sont nécessaires. Tout d'abord, le système decomptabilité nationale doit faire la distinction entre le revenu dérivé de l'utilisation durable des ressources etcelui qui naît d'une liquidation du capital naturel 37. Ensuite, il faut garder en mémoire que la pollution del'eau, des sols et de l'air affecte directement la qualité de l'environnement et parfois aussi la capacité deproduction d'un pays. Dans ce dernier cas, le compte des recettes traditionnel incorpore déjà les effetsnuisibles de la pollution. S'il n'est pas absolument nécessaire d'ajuster le compte des revenus, il est cependantimportant sur le plan politique de connaître le poids de ces effets. Dans l'autre cas, lorsque la pollution n'a pasd'effet direct sur la productivité, mais seulement sur des services écologiques non commercialisables, il estnécessaire d'ajuster les comptes des recettes nationales pour refléter ces coûts.

Les signaux politiques tirés de données comptables nationales peuvent se révéler très différents selon quesont pris en compte, ou non, des ajustements permettant de soustraire ou d'ajouter des éléments liés au capitalhumain et naturel. Une méthode consiste à dériver une mesure ajustée nommée Épargne globale. Sur base duconcept standard d'épargne nationale nette, les dépenses courantes d'éducation sont ajoutées en guised'approximation de l'investissement en capital humain. Après quoi on soustrait la diminution des ressourcesen énergie non renouvelable, en minerais et en forêts. On déduit enfin les dommages occasionnés par lesémissions de dioxyde de carbone (CO2) (comme indicateur approximatif de la pollution globale de l'air) pourévaluer la pollution globale de l'air (Banque mondiale, 2001e). C'est ce qu'illustre la Figure 6, qui montre unegrande différence entre l'épargne nationale nette et le calcul de l'épargne globale en Afrique subsaharienne 38.Dans le cadre de la réduction de la pauvreté, ce type d'analyse macro-économique doit être complété par uneanalyse distributive : comment les pauvres sont-ils affectés par l'évolution de l'exploitation des ressourcesnaturelles et de l'écosystème, la pollution et l'investissement dans le capital humain?

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FIGURE 6: COMPTES AJUSTES DU REVENU NATIONAL EN AFRIQUE SUB-SAHARIENNE

-20

-10

0

10

20

30

1975 1980 1985 1990 1995 2000

Gross nationalsaving

Net nationalsaving

Net nationalsaving pluseducation exp.Comprehensivesaving

Sub-Saharan Africa% GNI

Source: World Bank (2002c)

La valorisation écologique joue également un rôle dans l'estimation des coûts et bénéfices apportés par lesréformes publiques affectant l'environnement. C'est le cas en particulier lorsque les avantages d'uneamélioration concernant la santé doivent être comparés aux coûts engendrés 39.

Si l'on passe d’un niveau global, considérant la société dans son ensemble, à un niveau micro-économiqueprenant en compte les décisions individuelles des ménages, des pauvres et de tout un chacun, on constate queces dernières seront considérablement influencées par les prix du marché. Si des prix du marché ne sont pasdisponibles pour les biens et services environnementaux, il conviendra de les dériver par l'emploi detechniques d'économie environnementale. En un mot, il faut améliorer la motivation des personnes à faire deschoix rationnels. Un exemple cambodgien illustre ce point en démontrant que la destruction des mangrovespour faire place à des élevages de crevettes causait des dommages aux pêcheries locales. En outre, cesélevages polluent l'eau ce qui réduit encore la productivité des pêcheurs traditionnels. L'analyse économiquea démontré que les communautés locales bénéficieraient davantage de la conservation des mangroves (Bann,1997). Les conclusions des analyses économiques environnementales doivent se traduire par des politiques etil faut que celles-ci soient appliquées, si l'on veut qu'elles aient une influence sur les actions des personnesconcernées. Ceci pourrait se faire par exemple en imposant des taxes sur les activités nuisibles (destructionde mangrove, établissement d'élevage de crevettes). Non seulement cela découragerait l'établissement detelles activités, mais cela pourrait également servir à dédommager ceux qui en souffrent.

Encourager les secteurs privés concernés à s'impliquer dans une gestion del'environnement favorable aux pauvres

L'extension de la libéralisation dans de nombreux pays a renforcé le rôle du secteur privé, qui est devenu unacteur important par sa capacité de mettre en oeuvre des pratiques durables qui représente une sourced'expertise et de financement et de soutien d'une saine gestion de l'environnement (en particulier lorsque sesintérêts coïncident avec ceux des pauvres). Les effets sur la pauvreté-environnement sont variables, maisdépendent beaucoup de la façon dont le secteur privé est géré et réglementé.

Les gouvernements doivent tirer parti de l'efficacité du secteur privé tout en sauvegardant les intérêts despauvres. Par exemple, la privatisation peut améliorer l'efficience économique de services environnementauxtels que la collecte des déchets ménagers, les services sanitaires et le traitement des eaux usées, mais lesgouvernements doivent prendre des mesures pour que l'accès des pauvres à ces services soit protégé etamélioré. Ils doivent en même temps accroître leur capacité d'élaborer des règlements de protection del'environnement applicables aux activités du secteur privé, et les faire respecter. Il faut faire spécialementattention à ce que le secteur privé intègre la dimension écologique dans ses processus opérationnels. Ceci

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peut inclure la promotion de systèmes de gestion de l'environnement, d’audits écologiques et de rapports à cesujet et l'adhésion à des codes de conduite internationaux.

Cependant, la privatisation complète des services environnementaux peut ne pas être souhaitable ou possible.Une société privée pourrait ne pas trouver profitable d'investir dans des services d'eau potable ou d'ébouageet des syndicats puissants pourraient s'opposer à l'implication du secteur privé par crainte de pertes d'emplois.Pour stimuler les investissements du secteur privé, une approche prometteuse consiste en l'instauration departenariats publics-privés. Il s'agit d'accords par lesquels un gouvernement (national ou local) convient avecune entreprise privée d'investir et d'assurer des services tout en respectant les intérêts des populationsauxquelles ils s'adressent. Les partenariats publics-privés sont de plus en plus fréquents pour étendre et tâcherd'améliorer des services environnementaux tels que la fourniture en eau potable, les services de collecte dedéchets ménagers, et l'efficience des transports et de la production d'énergie.

La participation du secteur privé dans le secteur de l'eau (approvisionnement en eau, irrigation ethydroélectricité) s'est accrue au cours des dernières années (cf. Cadre 12), mais ne dépasse toujours pas labarre des cinq pour cent environ (Banque mondiale, 2002) et son impact prête sérieusement à controverse 40.L'expérience acquise à ce jour indique cependant que les autorités doivent s'assurer que les fournisseurs deservices n'abusent pas de leur pouvoir pour exploiter leurs clients et qu'ils intègrent les questions de santépublique et d'environnement. Les pouvoirs publics doivent en outre garantir un niveau de consommationd’eau durable, établir des mécanismes assurant l'efficience de son allocation entre différents types d'usage etse porter garant de la suffisance des services fournis, et permettre ainsi une qualité de vie acceptable(Johnstone et al., 1999).

CADRE 12 : PARTENARIATS PUBLICS-PRIVES POUR LA FOURNITURE D'EAU EN AFRIQUEDU SUD.

En 1994, le premier gouvernement sud-africain ayant suivi la période de l'apartheid, a publié undocument sur la Fourniture communautaire d'eau et de services sanitaires, a voté en 1997 la Loi surles services de fourniture d'eau et en 1998 la loi nationale sur l'eau. La législation sud-africaine prévoitun cadre facilitant les actions locales par une décentralisation au niveau local des pouvoirs, des droitset des responsabilités, ainsi que des lignes directrices et des règlements contribuant à promouvoirl'équité sociale et la durabilité de l'environnement. Cette flexibilité au niveau local a permis l'innovationet l'expérimentation de partenariats publics-privés pour instaurer des systèmes de fourniture d'eaudestinés aux pauvres. Le gouvernement finance des services d'infrastructure de base tandis que lesménages peuvent, contre paiement, obtenir des services plus élaborés, comme l'adductionindividuelle dans les maisons et l'entretien. Des travaux importants ont également été entrepris pardes comités de l'eau, qui sont des fournisseurs d'eau agissant en gros en tant qu'agents dugouvernement. Les comités, à leur tour, ont passé contrat avec des consultants et des entrepreneursspécialisés du secteur privé qui assurent la gestion des projets. Les travaux ont été entrepris par lesentrepreneurs qui utilisaient de la main d'oeuvre locale, payée par les utilisateurs finaux réunis enorganisations à but lucratif.Une analyse de la Commission européenne a montré que cette approche avait fourni de l'eau à 5millions de personnes, achevé 205 projets et créé 310 000 emplois (UE, 1999). Les chiffres les plusrécents font état de 7 millions de personnes ayant accès à l'eau potable. Si ce plan a suscité certainsproblèmes, il a cependant démontré qu'il est possible de réaliser des systèmes de distribution d'eaupar l’intermédiaire de collaborations novatrices entre les gouvernements, le secteur privé, lesorganisations de la société civile et les utilisateurs eux-mêmes.

Source : Communication personnelle de H. Muller, directeur faisant fonction des services de l'eau,DWAF, Afrique du Sud (2002).

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Mettre en oeuvre une réforme fiscale favorable aux pauvres

Subsides. Les subsides nuisant à l'environnement sont un domaine clé des réformes politiques. Il s'agit desubsides qui sont très coûteux et provoquent une surexploitation des ressources naturelles et d'autres effetssecondaires indésirables comme l'augmentation de la pollution. Il est important de reconnaître que la plusgrande part de ces subsides sont octroyés par les pays industrialisés (cf. section 2.4).

Les subsides nuisibles à l'environnement sont également fréquents dans les pays en développement, enparticulier dans le domaine des infrastructures et le secteur de l'agriculture. Si nombre d'entre eux ont étéréduits ou supprimés dans le cadre de l'ajustement structurel et d'autres réformes politiques (cf. Cadre 13),comme par exemple l'élimination des subsides aux pesticides en Indonésie 41, de nombreux pays continuent àsous-évaluer les ressources naturelles telles que l'eau d'irrigation et diverses formes d'énergie fossile. Danscertains grands pays en développement, le taux de recouvrement des coûts d'irrigation n'atteint que 10 à 25pour cent. Les subsides accordés par les pays en développement à l'essence et au diesel sont de l'ordre de 13milliards de dollars et ceux soutenant la production électrique dépassent les 100 milliards de dollars (Banquemondiale, FMI et PNUE, 2002).

Les subsides pour l'électricité peuvent bénéficier à l'environnement du fait qu'ils encouragent la substitutionde carburants polluants. Mais ils sont souvent régressifs parce qu'ils profitent bien plus aux riches qu'auxpauvres ; les plus pauvres, par exemple, ne bénéficient souvent pas de cette subsidiation de l'électricité, del'eau et de la collecte d'immondice. Même lorsque les pauvres en profitent quelque peu, une réforme dessubsides peut être conçue de manière à accroître significativement l'effet favorable aux pauvres et réduire lesdommages à l'environnement. La tarification de l'eau et de l'électricité peut être différente selon les groupesd'usagers et garantir aux pauvres une fourniture de base à bas prix assurant un niveau de vie minimal, tout enrelevant le coût marginal des gros consommateurs. Il y a d'autres moyens d'élever le niveau de vie généraldes pauvres sans subsidier des produits qui sont également employés par les riches. Il convient d'analyser leseffets potentiels sur les pauvres et l'environnement d'approches alternatives à la subsidiation, par desévaluations d'impact écologique et social, et d'en soumettre les résultats au public avant d'adopter desmesures à ce sujet.

CADRE 13 : REFORME DES SUBSIDES A L'ELECTRICITE EN CHINE ET EFFET SUR LESPAUVRES

La Chine a fait de grands progrès grâce à la réforme de ses subsides à l'énergie, en particulier àl'industrie charbonnière, et a obtenu des résultats significatifs en termes de pollution. L'ensemble dessubsides accordés aux carburants fossiles est descendu de 25 milliards de $ en 1990-1991 à 10milliards de $ en 1995-1996. Les subsides existant encore profitent cependant toujours aux ménagesles plus riches, du fait que le charbon subventionné est destiné aux zones urbaines. Dans lescampagnes, les ménages dépendent, pour leur cuisine, de la biomasse et du charbon qu'ils achètentsur le marché libre. Même là où le charbon subventionné est distribué en zone rurale, comme dans leXiushui occidental, il bénéficie essentiellement aux ménages ayant les plus hauts revenus. L'énergierurale est également consommée par les entreprises des villes et des villages, mais là où les prix sesont élevés, comme dans la province de Changsha, cet enchérissement a encouragé une productionpauvre en énergie, ayant donc une valeur ajoutée plus importante.

Source : Banque mondiale (1997).

Redevances locatives. L'environnement peut être une source très importante de revenus et contribuer ainsiaux mesures de réduction de la pauvreté. Le potentiel de redevances locatives supplémentaires est substantieldans le secteur forestier de nombreux pays et a été estimé à 9 milliards de $ par an 42. Ce montant ne peut pasêtre raisonnablement perçu dans son intégralité, en raison de l'abattage illégal et de la faible disponibilité dedonnées. Cependant, l'amélioration de la perception freinerait le déboisement rapide des forêts tropicales et

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pourrait être particulièrement importante en termes de recettes fiscales pour de petits pays riches enressources forestières (Banque mondiale, FMI, PNUE, 2002).

Une autre forme de redevance trop peu utilisée consiste à faire payer les touristes lorsqu'ils visitent des zonesprotégées. Quelque 1 à 3 milliards de $ par an pourraient probablement être perçus dans les pays endéveloppement si les tarifs de visite étaient relevés jusqu'à un prix acceptable par les touristes. Certaines deces régions font déjà payer, mais beaucoup ne réclament pas aux visiteurs, surtout étrangers, des droits d'unniveau approchant la valeur des services écologiques apportés par ces zones protégées (Banque mondiale,FMI, PNUE, 2002).

Les redevances sont plus fréquentes dans les pays riches en pêcheries qui sont exploitées par des flottes depêche d'autres pays tels que le Japon, la Corée, Taiwan et l'Espagne. Si nombre de ces pays facturent deslicences ou concluent des accords en participation, ils ne reçoivent souvent pas autant que ce à quoi ilsauraient droit. Le montant reçu de pays étrangers à titre de redevances sur la pêche est important pourcertains pays, en particulier les petites îles du Pacifique et certains pays africains. Entre 1993 et 1999, lesrecettes fiscales de la Mauritanie provenant des accords de pêche avec la Communauté européenne ontreprésenté 15% de ses recettes globales. Ce pourcentage s'élève à 13% pour Sao Tome et 30% pour la GuinéeBissau (IFREMER, 1999).

Taxes sur la pollution. Lorsque c'est possible, il est également important d'ajuster les prix du marché pourrefléter les effets écologiques non commercialisables. Quelques exemples en sont les "taxes vertes", les droitssur les effluents et les émissions, les systèmes de dépôts remboursables, les permis négociables etc. Larelation entre ces instruments et la pauvreté réside essentiellement dans leur capacité de faire apparaître lecoût social total de la pollution et des dommages sur l'environnement et donc de stimuler la limitation desactivités polluantes qui, de manière générale, nuisent surtout aux pauvres (Banque mondiale, 2000b) 43. Ilconvient cependant de prendre en compte l'incidence sur les pauvres des ajustements des prix du marché,surtout s'ils sont significatifs et brusques.

Ces idées ont été vigoureusement mises en pratique dans de nombreux pays. La Chine, par exemple, a gagné600 millions US$ en 1999 grâce aux taxes sur les émissions, dont la majeure partie a servi à financer desmesures de réduction de la pollution (Banque mondiale, FMI et PNUE, 2002). A long terme, ces taxes sur lapollution devraient résulter en un changement de cap vers des pratiques moins polluantes et donc voir seréduire les recettes des taxes sur les émissions ; mais l'objectif principal n'est pas d'augmenter les recettes,mais bien de limiter les effets secondaires néfastes.

L'utilisation d'instruments fondés sur le marché, pour assurer l’incorporation des coûts environnementauxdans les prix du marché, exige des efforts importants de la part des institutions. Une approche progressive etsouple est donc nécessaire. Les taxes sur la pollution ne sont guère appréciées par les pollueurs qui doiventles payer, mais le fait d'allouer ces recettes à des mesures de réduction de la pollution peut rendre ces taxesplus acceptables par le public. Une analyse de l'expérience vécue par onze pays d'Amérique latine, quiutilisent ces instruments basés sur le marché, montre que les recettes doivent être remises aux autoritéslocales pour leur permettre de créer la capacité institutionnelle nécessaire à rendre leur application efficace(Hubert et al., 1998).

Une réforme des prix est importante pour corriger les signaux du marché, mais il y aura toujours desquestions d'environnement qui exigeront une régulation directe des activités, notamment l'interdiction totale,pour protéger l'environnement et les pauvres. Par exemple, l'interdiction de pesticides particulièrementnocifs, ou la réglementation de l'utilisation de certains autres. Ces mesures stimulent les producteurs dusecteur privé à développer des produits nouveaux et écologiques assurant les mêmes résultats.

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2.4 Réformer les politiques internationales et celles des pays industrialisés

Domaines clés d'action politique :� Réformer les politiques commerciales internationales et celles des pays

industrialisés� Rendre l'investissement étranger direct plus favorable aux pauvres et à

l'environnement� Améliorer la contribution des accords multilatéraux concernant l'environnement à la

réduction de la pauvreté� Encourager la consommation et la production durables� Améliorer l'efficacité de la coopération au développement et de l'allégement de la

dette

Des actions nationales isolées ne permettent pas de réduire de façon durable la pauvreté par une meilleuregestion de l'environnement. Les pays en développement sont liés économiquement et socialement au reste dumonde par le commerce, les flux d'investissement, leurs dettes, la coopération au développement et l'aidehumanitaire. Ces flux de capitaux peuvent chacun avoir des effets sur la durabilité économique, sociale etenvironnementale des pays partenaires. On reconnaît de plus en plus un besoin accru de cohérence dans lespolitiques économiques mondiales, notamment dans celles des pays industrialisés, pour mieux prendre encompte les préoccupations des pays en développement, protéger l'environnement et réduire la pauvreté. Toutceci implique un appui aux stratégies de réduction de la pauvreté et de développement durable des pays endéveloppement, particulièrement aux politiques nationales qui renforcent le développement durable etsuscitent un environnement économique favorable au commerce, à l'investissement et à la croissanceéconomique écologiques ; cela exige également que les politiques économiques internationales prévoient desopportunités de croissance durable pour les pays en développement, y compris un accès aux marchés leurpermettant de développer leurs exportations.

Réformer les politiques commerciales internationales et celles des paysindustrialisés

Le commerce international peut stimuler la croissance économique des pays en développement et despauvres et de ce fait promouvoir leur intégration équitable dans l'économie mondiale et contribuer à leurdéveloppement durable 44. La libéralisation du commerce et des investissements n'apportera cependant unbénéfice maximal que si elle va de pair avec le cadre national politique et réglementaire efficace prévoyantdes politiques favorables aux pauvres et une saine gestion de l'environnement.

Dans certains secteurs tels que l'agriculture, de nombreux pays en développement n'ont pas la possibilité detirer parti de leurs avantages relatifs du fait que les politiques agricoles des pays industrialisés font baisser lesprix mondiaux des produits agricoles. Le protectionnisme des pays riches coûte plus de 100 milliards de $par an aux pays en développement (Banque mondiale, 2002a). Les subsides des pays de l'OCDE à leuragriculture s'élèvent à presque 1 milliard de $ par jour 45, dont une grande partie encourage l'emploi deproduits agrochimiques et la culture de terres qui sans cela resteraient en jachère. Ces subsides créentégalement des barrières aux exportations de produits agricoles de base des pays en développement, ce quihandicape la réduction de la pauvreté. Les subsides accordés à de nombreuses pêcheries ont été évalués àquelque 25 milliards de $ par an, soit un tiers environ du produit de la pêche, ce qui contribue sensiblement àla pression mondiale sur cette ressource naturelle (Meyers et Kent, 2001).

On ne connaît pas bien l'impact global, sur l'environnement et les ressources naturelles des pays endéveloppement, d'une libéralisation du commerce agricole par les pays industrialisés, car les problèmes sontcomplexes et les effets possibles variables. Par exemple, une agriculture plus profitable pourrait provoquer

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une intensification (avec usage de pesticides) et une extension des terres cultivées, y compris dans les régionsforestières. D'un autre côté, l'accroissement des exportations agricoles pourrait stimuler des pratiques plusécologiques comme l'emploi d'engrais offrant une meilleure couverture des sols et donc réduisant l'érosion.Des effets plus évidents résultent de conventions internationales sur la pêche (conclus par exemple par denombreux pays de la CE avec des états africains), qui ont eu des conséquences négatives (diminution desressources) sur le développement et l'environnement des pêcheurs locaux dont la sécurité alimentaire dépenddu poisson (MRAG, 2000). Ces conventions doivent être revues et amendées.

De plus, les normes commerciales de la plupart des pays développés peuvent avoir une influence sur les paysen développement et les petits producteurs. Les législations sanitaires et phytosanitaires peuvent être unobstacle pour les pays en développement, qui manquent souvent de l'expertise scientifique et de la capacitétechnique pour se conformer aux exigences des pays développés importateurs. Ces mesures peuvent susciter(tout au moins à court terme) des barrières non tarifaires qui limitent la possibilité d'accès des pays endéveloppement aux marchés étrangers pour leurs exportations de produits agricoles et de pêche. Cependant,si l'on pouvait assurer que ces biens d'exportations sont conformes aux normes et sont produits de manièredurable, cela pourrait accroître leur valeur ajoutée et les rendre plus commercialisables 46.

C'est le cas des cafés organiques cultivés à l'ombre, qui continuent à jouir de prix favorables malgré la chutegénéralisée des cours du café de moindre qualité. L'application de normes de certification à la gestionforestière est un autre domaine prometteur. La société Portico S.A. du Costa Rica donne un exemple dusuccès de l'adoption d'une gestion forestière durable certifiée et de l'accès au marché qui en résulte. Cetteentreprise produit des portes en acajou haute de gamme qui justifient un prix élevé. Grâce à la certification desa gestion forestière, ses produits peuvent être exportés dans le monde entier malgré les préoccupationscroissantes liées au déboisement des forêts tropicales (Diener, 1998). Ces normes écologiques doivent êtrecombinées à un renforcement de capacité dans les pays en développement, en particulier chez les petits etmoyens producteurs pour leur permettre de se conformer à ces exigences et de transformer un obstacle en unavantage concurrentiel (cf. Cadre 14).

CADRE 14 : SUCCES D'UN AJUSTEMENT AUX NORMES ENVIRONNEMENTALES

En 1989, l'Allemagne, premier pays importateur de produits de cuir indiens, a banni l'importation deproduits contenant des PCP et un grand nombre de teintures, en raison des risques qu'ils présententpour les consommateurs. Ces produits chimiques étaient habituellement employés pour le tannage ducuir en Inde. Cette mesure a été un choc pour cette importante industrie, qui à ce moment tenait laquatrième place dans les exportations du pays.

Le gouvernement indien a rapidement pris des mesures pour interdire la fabrication de ces produitschimiques, appliquer des méthodes standards de test pour assurer la conformité et développerrapidement des substituts bon marché. Il est surprenant de constater à quel point un secteur composéde petits fabricants extrêmement dispersés et traditionnels peut être amené à se conformer avecsuccès à des normes environnementales strictes dans un laps de temps relativement bref et resterconcurrentiel.

Source : Pillai (2000).

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Rendre l'investissement étranger direct plus favorable aux pauvres et àl'environnement

Les investissements étrangers directs (IED) et les flux de portefeuilles étrangers dominent à présentlargement l'aide au développement officielle, avec plus de 160 milliards de $ à la fin de la dernière décennie(FMI, Banque mondiale, PNUE, 2002) 47. Bien que ces flux soient orientés surtout vers une poignée de pays,les investissements étrangers sont quand même une composante essentielle des flux de ressources entrantdans les autres pays en développement. En effet, dans le but de réduire la pauvreté, de nombreux paysencourage les investissements étrangers. Ces investissements sont d'une importance particulière en rélationavec l'agenda pauvreté-environnement dans les pays où ils visent l'extraction de ressources, lesinfrastructures et le secteur manufacturier.

L'impact global des entreprises multinationales sur l'environnement des pays en développement est variable.S'il n'y a pas de preuve de "bradage" des normes écologiques (Banque mondiale, 2002) 48, rien n'indiqueclairement que les entreprises étrangères sont plus propres que les sociétés nationales si l'on tient compte deleur taille (Zarsky, 1999). Cependant les multinationales opérant dans les pays en développement essayent deplus en plus d'améliorer leur performance écologique, et sont soutenues par un certain nombre d'initiativesimportantes. En 2000 les membres de l'OCDE ont convenu d'une révision volontaire du Code de conduite desentreprises multinationales, qui contient un volet environnemental important (OCDE, 2000). Les NU ontsoutenu un Accord mondial avec le secteur privé comportant neuf principes, dont l'un porte surl'environnement. L'Initiative de rapport mondial, soutenue par le PNUE, est une initiative internationale àacteurs multiples, qui élabore une présentation standardisée au niveau global des rapports d'activités d'uneentreprise (de ses produits et de ses services), d'un point de vue économique, social et environnemental (GRI,2000).

L'investissement étranger direct est particulièrement lié aux questions de pauvreté-environnement dans lessecteurs du pétrole, du gaz et des exploitations minières. Nombre des pays les plus pauvres, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Tchad, Mozambique, Nigeria, sont le siège d'investissements très importants et lesgisements sont souvent localisés dans des régions isolées. Cependant, la contribution à la richesse d'un paysd'une entreprise de pétrole, de gaz ou d'exploitation minière, par les impôts et royalties qu'elle verse, necorrespond pas souvent à l'influence que cette société a sur l'affectation des recettes du pays. Les entreprisesqui ont des investissements à long terme ont intérêt à améliorer leurs relations avec les populations locales,ce qui dans certains cas les a poussées à investir dans des écoles, des cliniques et des infrastructures locales.De manière générale, les entreprises préféreraient que ce rôle soit assumé par les gouvernements nationauxou locaux. Le problème se pose lorsque ces gouvernements ne font pas ces investissements et que les sociétésprivées hésitent à faire pression sur eux de crainte d'en souffrir, par exemple en perdant des contrats futurs.

Des partenariats ciblés entre des investisseurs, les gouvernements nationaux et régionaux, les agences dedéveloppement et les populations locales concernées peuvent commencer à résoudre ces problèmes. Unexemple en est la mine d'or de Lihir en Papouasie-Nouvelle-Guinée, où la participation de citoyens locaux aété financée par une banque d'investissement. De plus, un accord sur les pratiques d'investissement socialentre les sociétés pétrolières, les autorités municipales et les agences de développement peut motiver lesgouvernants à réorienter les recettes vers les régions où se fait l'extraction. Une meilleure complémentaritéentre les activités de développement communautaire des entreprises et les plans de développement régionauxdes municipalités peut renforcer la réceptivité du gouvernement aux besoins des communautés et améliorer laperception de la légitimité de la fonction publique (Warner, 2000).

CADRE 15 : SOCIETES MINIERES EN AMERIQUE LATINE, ET ENVIRONNEMENT

Des études détaillées sur le secteur minier au Chili, au Pérou, au Brésil et en Bolivie au cours de lapériode de privatisation ont montré que les dommages causés à l'environnement n'étaient pasdistribués de manière uniforme au sein des entreprises minières de chaque pays. Ils semblent plutôtvarier en fonction de facteurs tels que le genre de minerai, la qualité technologique, la phase del'investissement et des opérations, le niveau d'intégration, l'efficacité et l'application des règlements

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sur l'environnement, et le cadre socio-économique (notamment la pauvreté dans les communautéslocales, et l'éducation et la formation de la main d'oeuvre). Mais les résultats environnementauxdépendent surtout du dynamisme technologique de la société, ce qui explique que les entreprisesétrangères obtiennent généralement de meilleurs résultats que les sociétés publiques nationales.

Au Chili, plusieurs entreprises minières internationales ont adopté des pratiques écologiques bien enavance sur les normes légales et les recommandations institutionnelles. Les sociétés publiquesdevaient par contre faire face aux erreurs écologiques accumulées dans le passé et à d'autresfacteurs supplémentaires comme l'historique de la société publique, sa culture et la limitation de sesressources.

Au Brésil, si certaines sociétés étrangères appliquent des pratiques écologiques favorables du fait deleur plus grande capacité technologique et de leurs meilleures ressources financières, d'autres n'ontpas appliqué dans le pays des pratiques qu'elles adoptent pourtant dans leur pays d'origine pour seconformer à des règlements plus stricts.

Source : Warhurst (1998).

Améliorer la contribution des accords multilatéraux concernant l'environnement àla réduction de la pauvreté

La mondialisation et les changements de l'environnement mondial ont focalisé l'attention internationale sur lerôle joué dans le développement durable par des biens publics tels que la biodiversité, l'atmosphère, les eauxinternationales et la recherche mondiale en matière d'agriculture et de santé.

Deux des principaux biens publics écologiques mondiaux, la stabilité du climat et la préservation de la bio-diversité, apportent de nombreux avantages aux pauvres. Les principaux responsables du changementclimatique sont les pays développés. Il nous faut donc faire de grands efforts pour réduire les émissionsgazeuses mondiales causant l'effet de serre.

Il y a des pays en développement dont les émissions de gaz à effet de serre et d'autres polluants sontinsoutenables et il est de moins en moins probable que se limiter à des technologies à haute émission soitl'option la moins coûteuse pour le développement. Il convient donc d'assurer, lorsque c'est techniquementpossible et efficient en termes de coût, que l'assistance au développement soit employée pour mettre enoeuvre des solutions qui visent en même temps plusieurs objectifs, comme la santé publique, la préservationde la biodiversité, la limitation des effets du changement climatique et l'adaptation à ces effets qui tousdevraient contribuer à l'élimination de la pauvreté.

Malgré les incertitudes quant à savoir où, quand et avec quelle amplitude la localisation du changementclimatique surviendra, il y a peu de doutes sur certains thèmes fondamentaux liés à son influence sur lapauvreté et l'environnement. Tout d'abord, l'accumulation rapide de gaz à effet de serre réchaufferasensiblement la température de la planète, modifiera les précipitations pluviales et élèvera le niveau de lamer, ce qui entraînera une insécurité alimentaire, un manque d'accès à l'eau potable et des pertes de moyensd'existence. Ensuite, les effets de ces changements climatiques causeront des problèmes importants à laplupart des pays en développement des régions tropicales et subtropicales. Il est donc impératif de renforcerleur capacité d'adaptation aux futurs changements climatiques 49.

Les causes de la baisse de la biodiversité sont plus complexes que celles du changement climatique. Commela planète entière profite du maintien de la biodiversité 50 et que les pays en développement manquent deressources, il est de la responsabilité du monde développé d'assumer une part équitable des coûts liés à lapréservation de la biodiversité, tant part une assistance directe que par une évaluation plus méticuleuse deseffets de son commerce, de ses investissements et de ses autres interactions avec les pays en développement.Un instrument essentiel pour l'aide directe est la Fond Environnemental Mondial (FEM). Des négociationssont actuellement en cours pour sa prochaine période de financement et plus de fonds devront être alloués à

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la protection du climat et de la biodiversité de la planète, ainsi qu’à d'autres biens écologiques mondiaux quiprofitent à tous, mais surtout aux pauvres.

Au cours des 50 dernières années, des politiques environnementales ont été adoptées dans le cadre d'accordsmultilatéraux pour l'environnement. Chaque accord concerne habituellement un problème écologique urgent.Il en résulte que certains accords se soutiennent et se renforcent mutuellement, alors que d'autres poursuiventdes objectifs qui se recouvrent ou se contredisent. Il est donc nécessaire de mieux coordonner et harmoniserces accords au cours de leurs phases de négociation et de mise en oeuvre et d'éliminer les contradictions et lesdoubles emplois. Une synergie accrue entre ces accords permettra une meilleure efficacité et garantira qu'ilspuissent atteindre leurs objectifs propres tout en s'assurant que leurs volets écologiques soient intégrées dansla dimension plus large du développement durable et n'aillent pas à l'encontre d'autres réglementations.

Les pays en développement devraient pouvoir assumer plus de responsabilités dans les accords mondiauxdont ils sont parties et s'assurer que ces accords reflètent bien leurs préoccupations. Participer efficacement àdes négociations internationales exige cependant des capacités et des ressources dont disposent rarement lespays les plus pauvres. Il faut en outre une volonté politique de placer les intérêts des pauvres au coeur desnégociations et des mises en oeuvre. Les pays industrialisés devraient aider les pays en développement àmettre en oeuvre les accords qu'ils ont adoptés ensemble et s'assurer de ne jamais y soutenir, dans les pays endéveloppement, des actions unilatérales ou multilatérales qui ne seraient pas conformes aux accordsmultilatéraux pour le développement qu'ils ont signés.

Encourager la consommation et la production durables

Les consommateurs et les producteurs des pays industrialisés affectent l'écologie des pays en développement,entre autres par leur commerce, leurs investissements et leurs émissions polluantes. Si le présent chapitre seconcentre spécialement sur les questions de commerce, d'investissement et de biens publics mondiaux, il n'enexiste pas moins une préoccupation sous-jacente plus large, à savoir le niveau de production et deconsommation dans le monde industrialisé.

Rendre plus soutenable la consommation et la production des pays riches exigera un ensemble complexe demodifications institutionnelles: il faudra s'occuper des échecs qu'ont rencontré certains marchés etgouvernements, ainsi que des attitudes générales du grand public. Comme dans les pays en développement, ilsera nécessaire de travailler avec de nombreux acteurs du gouvernement, de la société civile et du secteurprivé. Il ne s'agit pas uniquement d'un processus technique, mais d'une démarche politique, et si certainsgroupes accepteront les changements, d'autres y résisteront. Un exemple intéressant des nouvelles alliancesqui se nouent entre les acteurs des pays industrialisés et leurs partenaires des pays en développement est lerécent Protocole d'accord entre l'Indonésie et le Royaume-Uni sur les exportations de bois indonésien (cf.Cadre 16).

CADRE 16 : REPRIMER DANS LES PAYS INDUSTRIALISES LES IMPORTATIONS DE BOISINDONESIEN ILLEGAL

L'Indonésie est un grand exportateur de bois vers l'Europe. Une grande partie de ce bois est récoltéde manière illégale et/ou insoutenable. En 2001, une conférence tenue en Asie sur l'exploitationforestière illégale a examiné comment les producteurs des pays en développement et lesconsommateurs des pays industrialisés pourraient collaborer pour promouvoir une exploitationforestière durable. Cette conférence a suscité en 2002 la signature entre le ministre des forêts del'Indonésie et les ministres de l'environnement et du développement international du Royaume-Uni,d'un Protocole d'accord visant à coopérer pour faire appliquer les lois sur la foresterie et lutter contrel'exploitation et le commerce forestiers illégaux. Cet accord permettra d'imposer des règles légales surles exportations indonésiennes de bois, pour garantir finalement que les importations de bois auRoyaume-Uni ne proviennent plus que de sources légitimes. Il sera nécessaire d'amender lesrèglements douaniers du Royaume-Uni, et peut-être également la législation européenne. Entre-temps, la fédération britannique du commerce du bois a élaboré volontairement un code de bonnes

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pratiques pour pouvoir coopérer avec les fournisseurs indiens en vue d'éliminer l'exploitationforestière illégale. Les membres du G-8, notamment les États-Unis, l'Allemagne et le Japon, ontmanifesté leur intérêt pour cette initiative et la CE prépare une réunion pour discuter de l'extension decette mesure à l'ensemble de l'Union européenne. Une conférence africaine sur l'exploitationforestière illégale est prévue entre les producteurs africains et les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et la CE.

Source : Documents internes du DFID.

Dans le rapport de l'OCDE Développement durable, questions critiques (OCDE, 2001), les pays riches ontrécemment reconnu qu'ils avaient la responsabilité de réduire la pression sur l'environnement ; ce rapportmentionne : "Les pays de l'OCDE ont un rôle majeur à jouer pour gérer les pressions exercées surl'environnement par les activités humaines. S'ils comptent pour 18% de la population mondiale, ilsconsomment plus de la moitié de l'énergie totale, plus de 60% des céréales, 31% du poisson, et 44% desproduits forestiers, ce qui les rend responsables d'une grande partie des dommages infligés à l'environnementmondial". Ce rapport identifie en outre en détail les étapes qui seront nécessaires, dans les secteurs del'énergie, du transport, de l'agriculture et de l'industrie, pour réduire les dommages écologiques, ce quibénéficiera tant aux pays de l'OCDE qu'aux pays en développement. Dans chacun de ces secteurs, le rapportprécise les réformes institutionnelles, réglementaires et économiques qui sont nécessaires pour diminuer lapression sur l'environnement dans les 30 pays membres. L'OCDE organise des "revues par également leurspairs" de la performance environnementale de ses pays membres. Ces revues se font au niveau ministériel etles rapports finaux sont publiés et contiennent des suggestions d'amélioration constructives.

La CE a également été explicite dans sa stratégie pour les 15 Pays membres de l'Union européenne : "Lespays industrialisés sont fortement responsables de promouvoir des initiatives liées à la durabilité ; toutd'abord en mettant de l'ordre chez eux, en appuyant une évolution vers des schémas de production et deconsommation durables ; puis en assurant une ouverture plus cohérente de leurs marchés, une augmentationdu financement privé et public pour la coopération au développement, ainsi qu'un meilleur fonctionnement etune plus grande stabilité du système financier international" (CE, 2002).

Améliorer l'efficacité de la coopération au développement et de l'allégement de ladette

Atteindre l'Objectif de développement du millénaire, qui consiste à diminuer de moitié la pauvreté absoluepour 2015, exigera d'environ doubler l'aide officielle au développement (Devarajan et al., 2002 ; RapportZedillo, 2001). Ce doublement amènera le niveau d'assistance total à moins d'un demi pour cent du PNB despays de l'OCDE, soit bien en dessous de l'objectif international qui est de 0,7 pour cent. Éliminer la pauvretéexigera des efforts bien plus ambitieux encore et les flux financiers reçus devront être employés avecefficience et de manière responsable, si l'on veut qu'ils soient efficaces. L'aide internationale est utile si ellese déroule dans un bon environnement politique 51.

De nombreux pays en développement portent le fardeau d'une dette insoutenable. Ce poids handicape leurcroissance économique et empêche certains de fournir à leur population des services de base en matière desanté et d'éducation. Lorsque le poids de la dette aboutit à des coupures budgétaires, ce sont souvent lesdépartements et les services de l'environnement qui en font les frais, ce qui provoque un relâchement de lagestion de l'environnement. L'Initiative pour les pays lourdement endettés a pour objet d'aborder le problèmede la dette insoutenable, d'assurer que les soulagements de dettes soient alloués à la réduction de la pauvretéet d'éviter que les pays bénéficiaires ne rentrent à nouveau dans une spirale d'endettement 52. Des échanges"dettes contre paiement en nature" sont un autre moyen possible de contribuer aux objectifs de réduction dela pauvreté et de gestion de l'environnement.

Des aides et des allégements de la dette peuvent être accordés pour aider les gouvernements à appliquernombre des changements politiques recommandés dans le présent document. Tout comme les pays endéveloppement, les agences de coopération au développement cherchent à améliorer leurs structuresadministratives et leur efficacité en s'attachant à :

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� S'engager de manière plus explicite à considérer la réduction de la pauvreté comme l'objectif essentiel dela coopération au développement.

� Renforcer l'appropriation par les pays bénéficiaires de leur processus de développement, en soutenant lesactivités menées par les acteurs nationaux et en améliorant la coordination de l'aide.

� Augmenter la transparence et l'implication de la société civile, au niveau politique et opérationnel.

� Orienter davantage la coopération au développement vers les objectifs à atteindre et la rendre plusresponsable, en se concentrant plus sur les résultats ; en particulier, renforcer la capacité des pays pourles aider à atteindre les Objectifs de développement du millénaire.

� Décentraliser les activités et donner plus de pouvoir au personnel présent dans les pays bénéficiaires, demanière à être plus souple et réceptif à leurs besoins.

Pour soutenir les progrès dans l'agenda pauvreté-environnement, les agences de développement doivent tirerles leçons des erreurs commises dans le passé et les prendre en compte dans le nouveau contexte de lacoopération au développement 53. Cette évolution de la coopération au développement, qui se focalise plusexplicitement sur la réduction de la pauvreté et sur une plus grande appropriation par les pays, offre denouvelles opportunités d'améliorer la gestion de l'environnement. Si nos agences se sont engagées àconsidérer une meilleure gestion de l'environnement comme un outil de réduction de la pauvreté, cetteévolution est à présent devenue opérationnelle dans toutes nos organisations respectives, tant dansl'administration centrale que dans les bureaux établis à l'étranger54. Il faudrait également accorder moinsd'importance à nos procédures internes d'évaluation des risques écologiques, bien qu'elles restentimportantes, et plus d'attention au fait d'aider nos partenaires à renforcer leur capacité à mettre sur pied leurspropres processus nationaux visant à profiter des opportunités de réduire la pauvreté par une meilleuregestion de l'environnement.

Mettre en pratique ces engagements exige de modifier nos façons de faire – mais nous ne pouvons pas nouspermettre d'échouer. Il faudra pour cela augmenter la formation et les compétences du personnel et mettre enoeuvre de nouveaux outils et procédures. L'évolution de l'assistance vers un accroissement du travail enamont et une plus grande importance au soutien sectoriel et en budget, fait apparaître de nouveaux défis.L'approche traditionnelle d'évaluation d'impact sur l'environnement doit intervenir au niveau des secteurs etdes politiques, mais doit également se focaliser plus sur les problèmes d'environnement qui affectent lespauvres et s'intégrer aux évaluations de la pauvreté. Il est nécessaire d'inciter les gestionnaires deprogrammes à placer les questions de pauvreté-environnement au coeur de leurs préoccupations. Les cadressupérieurs doivent faire preuve d'un leadership vigoureux, non seulement dans leurs déclarations politiques,mais également dans la distribution des ressources et de personnel. Et pour finir, il faut rendre plus efficace etplus transparent le contrôle des résultats par rapport aux objectifs établis.

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Conclusion

Le présent document avait pour propos d'identifier des moyens de réduire la pauvreté par une meilleuregestion de l'environnement. Nous avons décrit les relations essentielles liant la pauvreté et l’environnement.Nous avons en particulier souligné le grand nombre de maux dus à la pollution de l'eau et de l'air quiaffectent les plus pauvres. Nous avons également illustré à quel point, et de façon si directe, les pauvresdépendent des ressources naturelles et des services environnementaux, et comment leur dégradation peutsaper leurs moyens d'existence. Une conséquence de cet état de choses est la vulnérabilité des pauvres auxcatastrophes naturelles et leur faible capacité d'y faire face. Nous savons tout cela grâce à des observationsempiriques, mais également et surtout grâce aux propres déclarations des pauvres eux-mêmes.

Si de nombreux liens entre l'environnement et la pauvreté apparaissent avec une clarté suffisante, nous avonségalement mentionné certaines relations controversées. Environnement et croissance, environnement etpopulation, dégradation des ressources naturelles et pauvreté, sont des thèmes qui ont été soumis à unegénéralisation excessive et à une simplification outrancière. Des solutions efficaces doivent être guidées parune compréhension nuancée des spécificités de ces relations, souvent déterminées par les institutions etpolitiques locales.

Nous ressentons la profonde urgence de lutter contre la dégradation de l'environnement, mais nous ne noussommes pas trop attardés sur la description des problèmes qui rencontrent l'accord général, quoique pastoujours l'unanimité. Nous avons au contraire souligné les liens entre pauvreté et environnement, et surtoutles leçons que nous pouvons en tirer pour préparer l'avenir. Le présent document envisage donc l'avenir avecune certaine dose d'espoir et d'optimisme : il existe des situations où tous les interessés sont gagnants et ilexiste des manières rationnelles d'envisager des compromis. La dégradation de l'environnement n'est pas unefatalité ni le résultat inévitable de la croissance économique. Au contraire, une meilleure gestion del'environnement est la clé d'une réduction durable de la pauvreté.

C'est dans cet esprit que le présent document a discuté une vaste gamme de mesures, nationales etinternationales, qui peuvent être prises pour réduire la pauvreté et améliorer la qualité de l'environnement.Cela nous a mené bien au-delà du concept étroit de "gestion de l'environnement", du fait que les relationsentre pauvreté et environnement sont complexes et transversales. Nous n'avons pas essayé d'être exhaustifs,ni de donner des recommandations détaillées. Il vaut mieux laisser l'analyse des détails aux stratégiesnationales de réduction de la pauvreté et de développement durable. Nous nous sommes plutôt efforcés derester sélectifs et stratégiques, en nous concentrant sur les volets clés qui, nous l'espérons, stimuleront lesdébats et les actions.

Le Sommet mondial sur le développement durable nous donne l'occasion de nous focaliser sur l'essentiel etde conclure des accords préparant un avenir meilleur. Il ne peut exister aucun objectif plus important que laréduction, et finalement l'élimination, de la pauvreté sur notre planète.

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Notes

1 Les citations proviennent d'évaluations participatives de pauvreté dans chaque pays, qui essaient dedécouvrir les opinions des pauvres sur les questions de pauvreté. Voir Brocklesby et Hinshelwood (2001) ;Narayan et al. (2000).

2 L'étude a mesuré la nature et l'envergure du "revenu environnemental" - fourrage pour le bétail, bois dechauffage, engrais naturels, fruits sauvages, légumes et insectes, or de rivière, bois de menuiserie, herbespour paniers, etc., soit quelque 100 éléments au total. Cavendish a récolté ces informations tout au long dedeux années de culture séparées et dans quatre villages du Zimbabwe. Le nombre de ménages interviewésatteignait presque 200 dans 29 villages.

3 Les définitions de "santé environnementale" diffèrent. Les données présentées ici sont basées sur uneanalyse des risques qui sont les plus importants pour la santé : eau de mauvaise qualité ou en trop faiblequantité, manque d'installations sanitaires et de collecte des ordures, pollution de l'air intérieur, malaria,produits chimiques et déchets agro-industriels (y compris les risques professionnels). Certains réviseurs duProjet de consultation ont mentionné que le HIV/SIDA devait également être envisagé dans ce cadre. Nul nemet en doute l'importance du HIV/SIDA, puisqu'il est la première cause de décès en Afrique subtropicale, etla quatrième au niveau mondial. On estime à quelque 40 millions les personnes frappées par cette maladie, etque la moitié environ en sont décédées (WDI, 2002). Cependant, dans la classification de notre sourceprincipale (Lvovsky, 2001), cette affection ne rentre pas dans la définition des "risques de l'environnement".4 Dans une étude portant sur 1000 ménages sélectionnés aléatoirement à Accra au Ghana, Songsore etMcGranahan (1993) analysent les liens entre environnement local, richesse et santé. La richesse est mesuréeen termes de possession de certains biens de consommation durables et de fréquence de consommation deviande, volaille et poisson. Les quintiles, le plus pauvre et le moins pauvre sont séparés pour être comparés.Les ménages les plus pauvres souffrent plus de diarrhée et spécialement les enfants : 22% des enfants les pluspauvres, mais seulement 9% des enfants les moins pauvres, avaient souffert de diarrhée dans les 15 joursprécédant l'interview. Les plus pauvres bénéficient de moins de services environnementaux (eau potable,ébouage) ; ils n'ont pas les connaissances ni les moyens suffisants pour éviter les maladies, sont plus exposésaux risques écologiques, vivent plus nombreux dans moins d'espace, c'est-à-dire qu'ils partagent lesinstruments culinaires, les toilettes, les pièces d'habitation etc.5 Par exemple plusieurs interventions visant à diminuer les maladies véhiculées par l'eau, limiter la pollutionde l'air intérieur, et améliorer les coûts des services sanitaires d'environ 20 à 120 $ par année de vie sauvéeajustée en fonction des invalidités (Bojö et al., 2001). On a montré que le coût pour sauver une "viestatistique" par année à Beijing par une réduction du dioxyde de soufre (SO2) était de l'ordre de 300 $ /an(Banque mondiale, 2000b). Lvovsky (2001) communique des données sur l'efficacité par rapport au coût d'ungrand nombre de mesures de lutte contre la pollution de l'air. La dégradation des ressources naturelles peutatteindre un stade où la réhabilitation devient impossible, comme c'est le cas lorsque des terres de culturesont tellement dégradées que la terre n'y est plus assez profonde pour permettre l'enracinement. Le cas le plusirréversible est l'extinction d'une espèce.

6 Un autre exemple est que les mécanismes d'ajustement utilisés par les pasteurs soient rendus impossiblespar l'établissement d'agriculteurs sédentaires sur leurs pâturages.

7 Les indicateurs de l'indice de qualité de l'environnement sont (i) le déclin des émissions moyennes dedioxyde de carbone (CO2) par habitant en comparant les années 1980 et les années 1990 ; (ii) la diminutionde l'émission moyenne de polluants organiques de l'eau (kg/jour/travailleur) entre les deux mêmes périodes ;et (iii) le taux moyen annuel de déboisement mesuré entre 1980 et 2000. Chaque pays est classé selon chaquecritère. On prend la moyenne des cotes de chaque pays pour tous les critères et les pays sont classés ànouveau. La place dans le classement est l'indice mesuré sur l'ordonnée de la figure. Plus le pays est classéhaut, meilleure est son évolution écologique au cours de la période. Voir Banque mondiale (2000c) pour plusde détails.

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8 Voir le chapitre 2 dans Banque mondiale (2002d) pour plus d'exemples et de discussions.

9 L'approche mutuellement gagnante est développée dans PNUD/CE Initiative pour la pauvreté etl'environnement (PNUD, 1999a et 1999b), et dans le Rapport de développement de la Banque mondiale surDéveloppement et environnement (Banque mondiale, 1992).

10 Ekbom et Bojö (1999) passent en revue la littérature sur neuf hypothèses de relation entre la pauvreté etl’environnement. Ils montrent que les résultats empiriques se contredisent souvent et que cela devraittempérer la tendance à trop simplifier ces relations. Ils concluent cependant que les pauvres tendent à être lesprincipales victimes de la dégradation de l'environnement, ce qui ouvre la voie à des interventionsmutuellement gagnantes. Voir aussi l'Initiative pour la pauvreté et l'environnement (PNUD, 1999a et 1999b).

11 Voir quelques exemples dans l'Initiative pour la pauvreté et l'environnement (PNUD, 1999a et 1999b),ainsi que dans Innovation agricole en Afrique publiée par Reij et Waters-Bayer (2001).

12 Les DSRP ont été approuvés en septembre 1999 par la Banque mondiale et le FMI en tant que cadre deréduction de la pauvreté. Ils sont conçus pour être (i) guidés par les pays, avec une large participation de lasociété civile, (ii) basés sur une compréhension des liens entre les actions publiques et les résultats en termesde pauvreté et (iii) orientés vers l'atteinte de résultats en matière de réduction de la pauvreté. Il s'agitd'habitude d'un processus en deux phases comprenant un DSRP intérimaire, suivi d'un DSRP complet plusconsultatif et participatif. Pour les dernières versions des DSRP intérimaires et complets, voir les sites web dela Banque mondiale et du FMI : www.worldbank.org et www.imf.org. Le Guide pour la réduction de lapauvreté (Banque mondiale, 2001c) donne plus de détails sur la conception des DSRP, et contient un chapitresur l'environnement (Bojö et al., 2001). Il peut être consulté sur www.worldbank.org.

13 Des 40 DSRP passés en revue, 8 seulement étaient des DSRP complets, les autres des DSRP intérimaires ;ce qui signifie qu'ils étaient plutôt des schémas préparant l'élaboration de DSRP complets. Au fur et à mesureque les DSRP deviendront complets, ils permettront de mieux intégrer l'environnement.

14 Les lignes directrices des NU définissent une stratégie pour le développement durable comme "... unprocessus de réflexion et d'action coordonné, participatif et itératif, visant à atteindre des objectifséconomiques, écologiques et sociaux d'une manière équilibrée et intégrée... Le nom donné à une stratégie dedéveloppement nationale durable n'a pas d'importance, du moment qu'elle se conforme aux principes sous-jacents" (UNDESA, 2001). Des cadres nationaux existants, comme la Vision nationale, l'Agenda national 21,ou des stratégies nationales de réduction de la pauvreté peuvent tous être une bonne base d'action stratégiquevers le développement durable.

15 Un des Objectifs de développement international adoptés par l'assemblée générale des NU est la mise enoeuvre pour 2005 de stratégies de développement durable nationales. L'OCDE a défini une telle stratégiecomme "Un ensemble coordonné de processus participatifs et progressifs d'analyse, de débat, derenforcement de capacité, de planification et d'investissement, qui intègrent les objectifs économiques,sociaux et écologiques de la société, et lorsque ce n'est pas possible, recherchent des compromis" (OCDE,2001, p. 9).

16 Des transferts financiers issus du Fonds Environnemental Mondial peuvent largement contribuer àrépondre à quatre menaces importantes pour l'environnement mondial : perte de biodiversité, changementclimatique, dégradation des eaux internationales et appauvrissement de la couche d'ozone. Mais qu'en est-ilde la durabilité financière ? Une réponse a été la création de Fonds permanents, qui certes fournissent desmoyens pour assurer la soutenabilité à long terme, mais bloquent aussi à long terme des capitaux très élevés.D'autres options envisagent le financement à court terme d'une phase d'investissement pour permettre parexemple à une zone protégée de générer ses propres revenus financiers pour assurer la durabilité de l'action.Voir GEF (1998) pour une évaluation des expériences impliquant des Fonds de conservation.17 Les indicateurs de pauvreté-environnement peuvent avoir des formes diverses. Certains indicateurs sontplutôt génériques, comme le nombre de décès dus à une infection respiratoire aiguë, pour mesurer la santéenvironnementale. D'autres sont plus spécifiques sur le plan géographique, comme la dépendance des

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moyens d'existence vis-à-vis de ressources naturelles diverses. L'interprétation sera toujours spécifique. Parexemple, dans certains cas une réduction de la dépendance vis-à-vis de ressources naturelles signifiera uneréduction de la pauvreté lorsque les pauvres obtiennent un emploi non agricole. Mais cela pourrait égalementprovoquer une augmentation de la pauvreté résultant d'une diminution de l'accès des pauvres aux ressourcesnaturelles. Même pour des indicateurs plus génériques comme la santé environnementale, l'interprétation serasouvent spécifique au contexte ; par exemple, les infections respiratoires aiguës peuvent être moinsnombreuses dans certaines parties de l'Afrique qu'en Inde, du fait que la cuisine se fait à l'extérieur. Pourcertains indicateurs tels que les pertes dues à des catastrophes naturelles, des données quantitatives pourraientêtre disponibles. Pour d'autres, comme le pourcentage de pêcheurs pauvres obtenant de leur pêche desrésultats suffisants, on pourrait avoir besoin de données plus qualitatives. Les indicateurs peuvent être finaux(focalisés sur les effets ou les résultats) ou intermédiaires (intrants et extrants). Les indicateurs finaux sont lesplus importants, mais il est souvent difficile d'isoler l'effet d'un intrant intermédiaire sur le résultat final.Comme pour tous les indicateurs, ceux qui concernent la pauvreté-environnement doivent être spécifiques,mesurables, réalistes (et donc efficients au point de vue coût), pertinents et liés à une période.

18 Pour un exemple, voir Shyamsundar (2002) ; Nunnan et al (2001) ; Henninger et Hammond (2000).

19 Pour une discussion de données spatialement désagrégées en cadre urbain, voir Hardoy et al. (2001).

20 Nous nous sommes concentrés ici sur des contrôles et évaluations au niveau national, mais l'on reconnaîtque des niveaux de contrôle inférieurs peuvent être précieux pour informer les décideurs locaux et le grandpublic.

21 L'importance de cette question est soulignée dans le cadre du MDG 5, qui mentionne comme Objectif 11 :"En 2020 nous devons avoir atteint une amélioration significative de l'existence d'au moins 100 millionsd'habitants de quartiers pauvres" et comme Indicateur 31 : "Proportion de personnes ayant accès à un titre depropriété sûr".

22 Jodha (1986) a documenté ce processus dans le cas de privatisation de propriétés communes en Inde.

23 Pour une discussion d'options de propriété et de leur signification en contexte urbain, voir Payne (2002).

24 Voir plusieurs exemples dans IIED (1994).

25 Au Mexique par exemple, le gouvernement a voté une nouvelle loi sur l'eau en 1992 qui a formalisé lesdroits de propriété sur l'eau et établi le principe de la participation. En moins de dix ans, plus de 90% de 3millions d'hectares dans des districts irrigués ont été transmis à des associations d'utilisateurs représentant undemi million d'agriculteurs. La couverture des coûts est montée de 30 à 80%. Certaines associations sontimpliquées dans la gestion des eaux souterraines et l'exemple d'Hermosillo montre que les pouvoirs locauxpeuvent équilibrer le pompage et la recharge. Cela a été rendu possible par la participation et l'établissementd'un commerce de l'eau. Voir World Water Council (2000).

26 Voir des exemples en Indonésie dans Read et Cortesi (2001).

27 Les ventes mondiales de café certifié (organique, commerce équitable et marques ombragées) sontestimées à quelque 500 millions US$ chaque année et sont en rapide croissance (Giovannuci, 2001).

28 Dans leur analyse pour la Chine et en Inde, Boudri et al. (2002) montrent que les passages significatifs àdes sources énergétiques renouvelables ne sont pas seulement efficients en coût, mais peuvent aussisensiblement réduire le coût du contrôle des émissions de SO2.

29 Venkata (1997) contient un certain nombre d'articles documentant en détail les promesses des technologiesd'énergie renouvelable et les nombreuses difficultés techniques, financières et sociales qu'elles rencontrentdans les pays en développement.

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30 De nombreuses latrines VIP restent inutilisées du fait que leurs avantages ne sont pas connus, ou qu'ellessont mal placées ou mal construites. De même, la fourniture de savon bon marché sera inutile si les gens nese lavent pas les mains. Ces changements technologiques et sociaux simples ne doivent pas être sous-estimés: 2 à 3 millions d'enfants meurent chaque année de diarrhée. Se laver les mains pourrait réduire ce nombre demoitié. Voir Partenariat public-privé pour le lavage des mains, une coalition entre la Banque mondiale, desgouvernements, des bailleurs de fonds, le secteur privé et des ONG(http://www.worldbank.org/watsan/topics/handwashing.html).

31 L'OMS recommande quatre approches pour combattre la malaria : (i) accès rapide à un traitement,spécialement pour les jeunes enfants, (ii) prévention et contrôle chez les femmes enceintes, (iii) contrôle desvecteurs et (iv) prévision et confinement des épidémies.

32 Pour plus de détails sur l'approche de la gestion des catastrophes, voir ISDR (2002) et Gilbert et Kreimer(1999).

33 Pour une multitude d'exemples, voir le site web du MIT avec la collaboration de la Banque mondiale etl'Alliance mondiale des villes : Mise à niveau des communautés urbaines : une ressource pour les praticiens(www.mit.edu/afs/athena/org/u/urbanupgrading/index.html.).

34 Voir par exemple Reed (1992) ; Munasinghe et al. (1994) ; Munasinghe et Cruz (1995) ; et Reed (1996).

35 Iannariello et al (20001) contient un cadre de base pour comprendre les conséquences écologiques deréformes macro-économiques et propose un processus pour faire des évaluations d'impact surl'environnement de ces réformes.

36 La discussion dans cette section reste au niveau national. Les considérations internationales sont traitées àla section 2.4.37 Il existe par exemple une différence entre exploiter de façon durable les forêts de la planète en tenantcompte de leur renouvellement ("vivre sur l'intérêt") et réduire le stock forestier ("réduire le capital"). Demême, la diminution d'une ressource minérale représente la liquidation d'un actif non renouvelable qui, selonles normes comptables traditionnelles, doit être enregistrée non comme un revenu mais comme unediminution d'épargne. Plus précisément, la dépréciation de l'épargne est représentée par la location desressources, c'est-à-dire la différence entre les prix du marché mondial du bien en question et les coûtsd'extraction ou de récolte (voir Banque mondiale, 1997 pour plus de détails). Ceci ne donne auxplanificateurs sociaux et à la société civile qu'une image partielle du développement de leur économie. Ledépartement statistique des NU, la Banque mondiale et l'Académie des sciences des États-Unis ont tousdéveloppé et recommandé des systèmes comptables économiques nationaux plus précis pour y inclurel'environnement (Nordhaus et Kokklenberg, 2001).38 Le graphique est dérivé des calculs effectués par le personnel de la Banque mondiale sur base du documentde la Banque mondiale (2002c).

39 Les pays en développement sont de plus en plus prêts à payer pour des mesures permettant d'évaluer lavaleur par exemple d'une meilleure fourniture d'eau, de services sanitaires ou de la collecte des immondices(Bojö et al, 2001). Lorsque les avantages sont difficiles à évaluer, des analyses de coût-efficacité peuvent êtretrès utiles pour atteindre certains objectifs environnementaux. Voir des exemples dans Lvovsky (2001).

40 Voir Nickson et Franceys (2001) ; ADB (2000) ; Loftus et McDonald (2001) et la Banque mondiale (2002)pour des perspectives variables et des exemples d'interventions plus ou moins réussies.

41 Banque mondiale (1997) Cinq ans après Rio, détaille comment des subsides de presque 180 millions US$en 1995 ont été progressivement éliminés à la fin des années 1980. La production de riz moulu a continué àprogresser.

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42 Le concept de "location" est utilisé ici pour marquer la différence entre la valeur du marché et le coûtglobal de l'extraction des ressources, y compris le coût normal du capital sur le marché. Le surplus estnommé location ou bénéfice.

43 Le document de la Banque mondiale (2000c) Rendre l'industrie écologique : nouveaux rôles descommunautés, des marchés et des gouvernements, donne de nombreux exemples quant à la manière dont desinstruments économiques ont été employés avec succès dans les pays en développement. Il discute égalementde la façon dont certains pays, en particulier l'Indonésie et les Philippines, ont utilisé avec efficacité ladénonciation publique, et comment le Mexique a offert avec succès des formations aux petites et moyennesentreprises pour les inciter à réduire la pollution.

44 L'étude de la Banque mondiale sur la Mondialisation, la croissance et la pauvreté (2002) détaille commentplus de 20 pays en développement représentant plus de 3 milliards d'individus ont doublé le tauxcommerce/recettes dans les 20 dernières années. Ils ont également augmenté leur taux de croissance jusque5% en moyenne dans les années 1990, taux qui dépasse nettement la moyenne enregistrée dans les paysriches. Cependant, 2 milliards de personnes habitent dans des pays en développement qui ne sont pasparvenus à s'intégrer dans l'économie mondiale, et leur taux de croissance total a été négatif dans les années1990. La relation entre la croissance globale et l'inégalité varie selon les pays. En Amérique latine,l'intégration mondiale a élargi la fourchette des revenus, mais dans plusieurs pays très peuplés comme laChine, l'Inde et le Vietnam, les données montrent que la croissance a été étroitement liée à la réduction de lapauvreté.

45 Les statistiques du site web officiel de l'OCDE (www.OCDE.org) sur l'Estimation totale de l'assistance, quiest un indicateur de tous les transferts bruts des contribuables et des consommateurs pour soutenirl'agriculture (OCDE, 2001) font état d'un chiffre préliminaire d'environ 327 milliards de $ pour 2000, soitmoins que les 356 milliards de $ de 1999.

46 Un exemple important d'ajustement aux normes écologiques peut être trouvé dans le secteur de laforesterie. Le Conseil forestier est une organisation internationale sans but lucratif fondée en 1993 poursoutenir une gestion écologique, sociale et économiquement viable des forêts mondiales. Les membresproviennent de groupes écologiques et sociaux, du commerce du bois et de la foresterie, d'organisations despopulations locales, de groupes forestiers communautaires et d'organismes de certification des produitsforestiers, venant du monde entier. La Certification forestière est un processus qui compare les performancesdes exploitations forestières avec une série de normes prédéterminées. Les Principes et critères de gestionforestière du Conseil sont le fondement du développement de normes régionales de gestion forestière. Desorganismes de certification indépendants, agréés par le Conseil pour faire appliquer ces normes, font desévaluations impartiales et détaillées des exploitations forestières à la demande de leurs propriétaires. En casde conformité aux normes du Conseil, un certificat est accordé, qui permet aux propriétaires de mettre leursproduits sur le marché en tant que "bois certifié" et d'utiliser le sigle du Conseil. La superficie totale certifiéeest proche de 28 millions d'hectares dans 390 sites de 54 pays. Les deux tiers cependant de ces sites setrouvent en Europe. Voir le site web du Conseil pour plus d'informations (www.fscoax.org/principal.htm).L'extension de ce genre d'initiative aux pays en développement sera important pour assurer à leurs produitsun accès aux marchés internationaux.

47 Environ 75% des IED vont à 10 pays seulement, qui ont un revenu moyen, et les investissements sontlourdement concentrés dans un petit nombre de secteurs : automobile, produits chimiques, électronique,énergie, pétrole, pétrochimie, et produits pharmaceutiques. Une fraction seulement va vers les pays les pluspauvres et 48 de ceux-ci ne comptent que pour 3 milliards de $ ; l'Afrique reçoit environ 1% des flux decapitaux (FMI, Banque mondiale, PNUE, 2002).

48 Certains pays en développement ont construit une industrie plus polluante, en grande partie pour répondreà la demande nationale. Si les pays en développement ont des problèmes de pollution, les usines d'origineétrangère tendent à être moins polluantes que celles, nationales, du même secteur. De plus, des étudesempiriques ont fait apparaître un schéma par lequel les pays en développement baissaient leurs normesécologiques pour mieux attirer des investissements. Ceci n'est pas fait pour résoudre les problèmes : la

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réglementation environnementale est trop faible pour protéger les pauvres de la pollution industrielle, mais lacause ne réside pas dans les IED, mais dans le manque de capacité locale.

49 C'est l'objet du prochain document commun d'agence sur "Changement climatique et pauvreté : aider lespays pauvres et les pauvres à s'adapter au changement climatique", qui devrait être publié en octobre 2002.

50 Nous nous préoccupons ici essentiellement du déclin de la flore et de la faune, très importantes pour lespauvres du fait qu'elles leur apportent un équilibre alimentaire et des sources de fibres et de médicaments.

51 Dollar et Pritchett (1998) sont les fondements empiriques de nos affirmations dans leur très intéressanteétude sur l'efficacité de l'aide : Évaluer l'assistance : ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas, et pourquoi.

52 L'Initiative PPLE a été lancée par la Banque mondiale et le FMI en 1996. Une extension importante a étéaccordée en 1999 pour accroître le soulagement de la dette de quelque 50 milliards de $, dans le but deréduire la dette de plus de 30 pays. Les ressources ainsi libérées seront employées à soutenir des mesures deréduction de la pauvreté en se concentrant sur l'éducation et la santé. A ce jour 24 pays ont adhéré àl'Initiative. Plus d'informations sont disponibles sur www.worldbank.org/hipc/.53 Une analyse du DFID en 2000 a trouvé que "l'environnement, en tant qu'opportunité de développementplutôt que de risque à minimiser ou à limiter, n'a pas été complètement intégré dans le programme bilatéral"(Flint et al., 2000). De même en 1997, une révision des effets sur l'environnement des programmes de la CEdans les pays en développement a mentionné qu’"il n'existe aucune responsabilité institutionnelle qui s'assureque les actions écologiques soient complètement intégrées dans les programmes par pays, ou que le soutiende projets écologiques se fonde sur une large stratégie interrégionale" (ERM, 1997). Une enquête dudépartement d'évaluation des opérations de la Banque mondiale sur ses politiques et actionsenvironnementales, la première depuis 1987, a souligné que "... les performances de la Banque se sontconsidérablement accrues... mais elles n'ont pas encore totalement intégré les préoccupations écologiquesdans son objectif fondamental ni dans son assistance aux pays et dans ses stratégies sectorielles" (Liebenthal,2002). Une analyse en 2000 du programme mondial sur l'environnement du PNUD est arrivé à desconclusions similaires à celles supra, et des audits récents de cet organisme ont mis en relief le besoin demécanismes renforcés pour intégrer les questions écologiques au niveau politique et opérationnel. D'autresagences de développement ont des préoccupations similaires.54 DFID, CE, PNUD ; la nouvelle stratégie de la Banque mondiale – S'engager de manière durable : unestratégie de la Banque mondiale pour l'environnement – s'engage à relever ce défi et à proposer des lignesdirectrices visant le long terme et des actions spécifiques pour les cinq prochaines années (Banque mondiale,2001c).

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Abbréviations et acronymes

CBD Convention on Biological DiversityCGIAR Consultative Group on International Agricultural ResearchDAC Development Assistance Committee (OCDE)DALYs Disability-Adjusted Life YearsDFID Department for International Development (UK)EC European CommissionEIA Environmental Impact AssessmentFAO Food and Agriculture OrganizationFDI Foreign Direct InvestmentGDP Gross Domestic ProductGEF Global Environment FacilityHIPC Heavily Indebted Poor Country InitiativeIFAD International Fund for Agricultural DevelopmentIIED International Institute for Environment and DevelopmentIPCC International Panel on Climate ChangeIPRSP Interim Poverty Reduction Strategy PaperIUCN World Conservation UnionMEA Multilateral Environmental AgreementNGO Non-Governmental OrganizationNSSD National Strategy for Sustainable DevelopmentOECD Organization for Economic Co-operation and DevelopmentPEI Poverty and Environment Initiative (UNDP)PPA Participatory Poverty AssessmentPRS Poverty Reduction StrategyPRSP Poverty Reduction Strategy PaperSEA Strategic Environmental AssessmentSIA Social Impact AnalysisUNCCD United Nations Convention to Combat Desertification and DroughtUNCED United Nations Conference on Environment and DevelopmentUNCHS United Nations Centre for Human Settlements (Habitat)UNDP United Nations Development ProgrammeUNDESA United Nations Department for Economic and Social AffairsUNEP United Nations Environment ProgrammeUNFCC United Nations Framework Convention on Climate ChangeWBCSD World Business Council for Sustainable DevelopmentWHO World Health OrganizationWRI World Resources InstituteWSSD World Summit on Sustainable DevelopmentWTO World Trade OrganizationWWF World Wide Fund for Nature

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