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http://www.NodusSciendi.net Tiré à part NodusSciendi.net Volume 9 ième Août 2014 Jeu d’écriture et guerres de sociétés Volume 9 ième Août 2014 Numéro conduit par ASSI Diané Véronique Maître-Assistant à l’Université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan http://www.NodusSciendi.net Titre clé Nodus Sciendi tiré de la norme ISO 3297 ISSN 2308-7676

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Tiré à part

NodusSciendi.net Volume 9 ième Août 2014

Jeu d’écriture et guerres de sociétés

Volume 9 ième Août 2014

Numéro conduit par

ASSI Diané Véronique

Maître-Assistant à l’Université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan

http://www.NodusSciendi.net Titre clé Nodus Sciendi tiré de la norme ISO 3297

ISSN 2308-7676

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Comité scientifique de Revue

BEGENAT-NEUSCHÄFER, Anne, Professeur des Universités, Université d'Aix-la-chapelle

BLÉDÉ, Logbo, Professeur des Universités, U. Félix Houphouët Boigny, de Cocody-Abidjan

BOA, Thiémélé L. Ramsès, Professeur des Universités, Université Félix Houphouët Boigny

BOHUI, Djédjé Hilaire, Professeur des Universités, Université Félix Houphouët Boigny

DJIMAN, Kasimi, Maître de Conférences, Université Félix Houphouët Boigny

KONÉ, Amadou, Professeur des Universités, Georgetown University, Washington DC

MADÉBÉ, Georice Berthin, Professeur des Universités, CENAREST-IRSH/UOB

SISSAO, Alain Joseph, Professeur des Universités, INSS/CNRST, Ouagadougou

TRAORÉ, François Bruno, Professeur des Universités, Université Félix Houphouët Boigny

VION-DURY, Juliette, Professeur des Universités, Université Paris XIII

VOISIN, Patrick, Professeur de chaire supérieure en hypokhâgne et khâgne A/L ULM, Pau

WESTPHAL, Bertrand, Professeur des Universités, Université de Limoges

Organisation

Publication / DIANDUÉ Bi Kacou Parfait,

Professeur des Universités, Université Félix Houphouët Boigny, de Cocody-Abidjan

Rédaction / KONANDRI Affoué Virgine,

Maître de Conférences, Université Félix Houphouët Boigny, de Cocody-Abidjan

Production / SYLLA Abdoulaye,

Maître de Conférences, Université Félix Houphouët Boigny, de Cocody-Abidjan

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SOMMAIRE

1- Profesor Albert DAGO-DADIE, Universidad Félix HOUPHOUËT-

BOIGNY Abidjan, “ESPAÑA Y ÁFRICA DESDE LOS REYES

CATÓLICOS HASTA LA CONFERENCIA DE BERLÍN”

2- Pr DIALLO Adama, INSS/CNRST, Ouagadougou, « PARTENARIAT FRANÇAIS/LANGUES LOCALES DANS LA PRATIQUE ET LA CONVERSATION COURANTE AU BURKINA-FASO »

3- Pr KONKOBO Madeleine, INSS/CNRST, Ouagadougou, « FEMME ET VIE POLITIQUE AU BURKINA FASO »

4- Dr. KOUASSI Kouamé Brice, Université Félix Houphouët Boigny, « L’HUMANISME DANS LES MISERABLES DE VICTOR HUGO »

5- DR KOUASSI YAO RAPHAEL, Université Péléforo Gon Coulibaly de

Korhogo, « FORMES ET REPRESENTATIONS DE LA GUERRE DANS QUELQUES TEXTES LITTERAIRES FRANÇAIS DU VIe AU XXe SIECLE »

6- Dr TOTI AHIDJE Zahui Gondey, Université Alassane Ouattara Bouaké, « FONCTION ET SIGNIFICATION DES COMPARAISONS ET DES METAPHORES DANS LE VIEUX NEGRE ET LA MEDAILLE DE FERDINAND OYONO »

7- Dr DJANDUE Bi Drombé, Université Félix Houphouët-Boigny

d’Abidjan, « UN LITTEXTO POUR UNE RADIOGRAPGIE DE LA SOCIETE IVOIRIENNE D’HIER A AUJOURD’HUI »

8- Dr JOHNSON Kouassi Zamina-Université F H Boigny de Cocody,

“DEATH AND THE FEAR OF DEATH: A POSTMODERN READING OF

WHITE NOISE BY DON DELILLO”

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9- Dr Kossi Souley GBETO, Université de Lomé-Togo, « LA

CITOYENNETE EN PERIL SUR LE RADEAU: UNE REFLEXION

REALISTE D’AYAYI TOGOATA APEDO-AMAH DANS UN CONTINENT

A LA MER! »

10- Dr KAMATE Banhouman, Université Félix Houphouët-Boigny, « MONOKO-ZOHI: UNE ÉPISATION SPECTACULAIRE DE SIDIKI BAKABA »

11- Dr Mahboubeh Fahimkalam, Université Azad Islamique-Arak

Branche-Iran, « ROLE DE LA FOI DANS L’EQUANIMITE DANS EMBRASSE LE VISAGE MIGNON DU SEIGNEUR, ŒUVRE DE MASTOOR »

12- Dr Luc Kaboré, INSS/CNRST, Ouagadougou, « ANALYSE DES

DISPARITES ENTRE SEXES DANS L’ACCES A L’ENSEIGNEMENT

PRIMAIRE AU BURKINA FASO »

13- Dr. BAMBA MAMADOU UNIVERSITE, ALASSANE OUATTARA DE BOUAKE, « L’ “ETAT ” EPHEMERE DE L’AZAWAD OU L’ECHEC DES ISLAMISTES DANS LE NORD DU MALI »

14- Dr Raphaël YEBOU, Université d’Abomey-Calavi - République du

Bénin, « LE MÉCANISME D’EXTENSION DU CHAMP VERBAL EN

SYNTAXE FRANÇAISE : DE LA STRUCTURE NON PRONOMINALE DE

PLAINDRE À LA CONSTRUCTION PRONOMINALE DE SE PLAINDRE »

15- Dr Stevens BROU Gbaley Bernaud, Université Alassane Outtara,

Côte d’Ivoire, « LES ENJEUX DU RATIONALISME SCIENTIFIQUE

DANS L’ÉPISTÉMOLOGIE BACHELARDIENNE »

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16- Dr ASSI Diané Véronique, Université Félix Houphouët Boigny

d’Abidjan, « LE ROI DE KAHEL DE TIERNO MONENEMBO : UN

ROMAN ENTRE RÉCIT ET HISTOIRE »

17- TAILLY FELIX AUGUSTE ALAIN, Université Félix Houphouët-Boigny -

Côte d’Ivoire, « FICTION ROMANESQUE, POLEMIQUE RELIGIEUSE ET NAISSANCE D’UNE PENSEE CRITIQUE DANS LA FRANCE DU XVIIIe SIECLE »

18- YAPI Kouassi Michel, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY, « PROJET CONGA AU PEROU: LES "GARDIENS DES LACS" FACE A L’OFFENSIVE MEDIATIQUE DESTABILISATRICE DE LA MULTINATIONALE NEWMONT-BUENAVENTURA-YANACOCHA »

19- LOKPO Rabé Sylvain, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY « L'AFFIRMATION DE L'IDENTITÉ CULTURELLE ALLEMANDE ET IVOIRIENNE À TRAVERS LE STURM UND DRANG ET LE ZOUGLOU »

20- KOUADIO Kouakou Daniel, Université Félix Houphouët Boigny, « LE SURNATUREL COMME CATALYSEUR DE L’IMAGINAIRE DANS EN ATTENDANT LE VOTE DES BÊTES SAUVAGES D’AHMADOU KOUROUMA »

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PARTENARIAT FRANÇAIS/LANGUES LOCALES DANS LA PRATIQUE ET LA CONVERSATION COURANTE AU BURKINA-FASO

Pr DIALLO Adama, INSS/CNRST, Ouagadougou

INTRODUCTION

Les procédés sociolinguistiques de multiplicité des langues occupent une place importante dans les faits de langue. Le dynamisme des interactions langagières du français et des langues locales se retrouve dans les activités linguistiques au Burkina-Faso. Au Burkina-Faso, l’apprentissage du français en corrélation avec la pratique des langues locales a permis de créer un français local. Mais les langues burkinabè sont des langues emphatiques et prédicatives. L’objectif de cette étude est d’étudier en particulier comment le français doit s’adapter aux différentes mutations qu’il doit subir en Afrique. Des études sont disponibles sur le partenariat français/langues locales dans les travaux de André BATIANA, Giselle PRIGNITZ (1990), Augustin Sonde COULIBALY (1982), Norbert ZONGO (1990) etc. Toutefois, s’agissant en particulier des langues nationales, on trouve des informations sur le fonctionnement des langues véhiculaires dans les travaux de LAFAGE (1990), de Issaka NACRO (1988) et de Norbert NIKIÈMA (2007). Pour mener à bien notre étude, notre approche théorique s’inspire des travaux de KUMAR (1986), FISHMAN, (1986), VERMA (1975), DUMONT et MAURER (1995). Conformément à cette conception théorique, l’alternance codique cherche à montrer la maîtrise de deux systèmes partenaires. L’interaction entre le français et les langues locales a fait l’objet de très nombreuses études. Les langues africaines peuvent également entrer en continuité avec le français dans le partage d’un même espace socioculturel. L‘application du partenariat français /langues locales montre que le locuteur veut se conformer aux usages du milieu ou à une certaine norme. Il y a donc un déficit de perception sur le rapport entre le code linguistique, le public cible, les locuteurs et le contexte. Ce qui renforce les motivations de l’alternance codique et justifie la nécessité pour les locuteurs de se doter d’un précieux outil d´analyse de communication. Le français des non lettrés parlé dans certains milieux proches des langues

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nationales offre une langue proche des milieux propices à la variété basilectale, ou tout au moins mésolectale. Le français des non lettrés apparaît comme une vitrine linguistique des locuteurs vernaculaires. Ainsi par sa stratégie communicative, elle offre à ses locuteurs un corpus, une syntaxe orthographique et une langue caricaturale et lexicale proche des langues locales. C’est un corpus représentatif des usages du français et des langues locales qui permet d’appréhender les visages linguistiques et les implications/conséquences linguistiques et sociolinguistiques du partenariat français-langues locales. D’où l’intérêt accordé au français des non lettrés qui rend compte des rapports que le français entretient avec les autres langues dans l’espace francophone burkinabè. Nous nous sommes ainsi posé deux principales questions qui sous-tendent notre étude, à savoir : comment fonctionne la cohabitation entre le français et les langues locales dans les conversations et pratiques quotidiennes avec le français des non lettrés? Y a-t-il des rapports conflictuels ou complémentaires entre ces langues ? On peut dire à priori que le français et les langues identitaires entretiendraient des rapports de partenariat qui leur permettent de s’entraider. En outre, comment la pratique du français des non lettrés à travers les espaces de covariation (marché, lieu de cérémonie ou de rencontre) permettent-elles de diffuser et de promouvoir un interlecte ? Enfin, la continuité linguistique et le phénomène d’hybridation constitueraient quelques-uns des compromis linguistiques qui seraient les signes d’une collaboration entre les langues. Afin d’analyser la problématique, nous présenterons succinctement dans une première partie la définition du cadre théorique de notre analyse. En second lieu, nous présenterons le paysage linguistique et sociolinguistique du Burkina-Faso. En troisième lieu, nous passerons au crible les manifestations du contact de langues et du multilinguisme dans le corpus, afin de mettre en lumière l’impact sociolinguistique de ce partenariat.

1. PRESENTATION DU PAYSAGE SOCIOLINGUISTIQUE DU BURKINA-FASO Les linguistes et sociolinguistes s’accordent à reconnaître que le Burkina -Faso compte une soixantaine de langues en fonction des ethnies et des cultures. Il y a au Burkina-Faso deux grands groupes de langues sur le plan fonctionnel : les langues identitaires communautaires qui comptent un nombre important de locuteurs. Leur nombre se situe entre 50 et 60, d’après LAFAGE (1988) et Issaka NACRO (1986). A côté de ces langues communautaires qui ne sont parlées que dans des départements, il y a des langues véhiculaires : « trois langues véhiculaires nationales ont une aire de diffusion de grande importance […] ». On peut citer le mooré, le jula, le fulfulde. (Norbert NKIEMA (1996 : 186). La cohabitation langues officielles étrangères, les langues locales burkinabè et le français des non lettrés permet de lire deux variétés de français selon que l’on est locuteur du français ayant la compétence linguistique ou non locuteur du français sans aucune compétence linguistique. (Cf. André BATIANA; Giselle PRIGNITZ (1990).

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L’accent chogobit caractérise le français parlé dans les centres urbains et certains milieux intellectuels des villes de Ouaga, Bobo etc ; (Cf. André BATIANA ). L’accent julaphone est ressenti dans la province de l’Ouest ; le français de l’Est se distingue par l’accent fulaphone et le français des provinces moréphones du Centre, et du Nord se reconnaît par un fort accent « du mooré ». Il est ainsi clair que la variation géographique peut influencer fortement le français au Burkina-Faso. Pour nous résumer, l’on peut dire que le Burkina-Faso est un pays à très grande diversité linguistique qui rend dynamique la langue française, où l’on rencontre des langues communautaires et des langues véhiculaires nationales qui ont une influence considérable sur la pratique du français au Faso, comme on tentera de le démontrer tout au long de notre communication. Dans ce paysage linguistique francophone, s’instaure un partenariat entre les langues françaises et les langues locales que nous entendons examiner. Avant l’examen d’un tel partenariat, nous voulons d’abord définir le cadre théorique de la présente étude.

2. MANIFESTATIONS DES PHENOMENES DU CONTACT DE LANGUES ET DU MULTILINGUISME

Le français des non lettrés dans la pratique linguistique dans les conversations met en évidence différentes expressions du multilinguisme. Celles-ci vont des emprunts et alternances codiques, aux calques et unités onomatopéiques. Leur présence traduit la porosité du français aux langues qui l’accompagnent dans l’espace francophone burkinabè. La cohabitation entre le français et les langues locales burkinabé établit des relations de partenariat qui se manifestent de prime abord par l’acceptation et la reconnaissance des phénomènes du contact de langues et du multilinguisme. C’est la mise en évidence de ces phénomènes qui fera l’objet de la présente section.

2.1. Les emprunts

Il y a emprunt, écrivent Dubois et al. (2001 : 177), quand un parler A utilise et finit par intégrer une unité ou un trait linguistique qui existait précédemment dans un parler B (dit langue source) et que A ne possédait pas ; l’unité ou le trait emprunté sont eux-mêmes qualifiés d’emprunts. Il s’agit ici d’une définition classique du terme emprunt. C’est la raison pour laquelle, nous considérons dans notre étude comme emprunt, tout item lexical étranger à la langue française. C’est, selon Deroy (1956 : 21), « le plus fréquent, le plus apparent, le plus largement connu ». Dans le roman les Dieux Délinquants de Augustin Sonde Coulibaly (1982), il y’a des mots ou expressions empruntées aux langues autres que le français telles que le bwaba, l’allemand, l’anglais et l’espagnol : « les fellows » (anglais), « les reales bands » (anglais), « boys » (anglais), « jerk » (espagnol), « blues » (anglais), « Djops » (espagnol), « rumba » (espagnol), « Pazo » (bwaba), « lopan » (bwaba), «Tanky » (bwaba), « biessan » (bwaba), « halbstarken » (allemand), « vittelloni » (italien), « stiliagui » (italien), « Almami» (français).

2.2. LES ARGOTS A CLEF

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Les argots sont à l’origine des formes linguistiques dérivées de la langue commune qui permettent la communication dans un groupe restreint, celui des initiés ; Ils constituent une réponse linguistique à un besoin (secret et d’opacité) dans un souci de solidarité intérieure du groupe ; mais aussi de défense contre la répression exercée par la majorité du groupe au corps social. Selon Denise F. (1992 : 125) : « lorsqu’on parle d’argot, il faut avant tout préciser qu’un argot n’est pas une langue mais un lexique. Pour une large part sa phonétique et sa grammaire sont celles de la langue commune, généralement sous sa forme populaire. » Marouzeau, A. (1894 :19) pense que « l’argot est une langue spéciale pourvue d’un vocabulaire parasite qu’emploient les membres d’un groupe ou d’une catégorie sociale avec la préoccupation de se distinguer de la masse des sujets parlants ». Guiraud P. (1984 : 80) relève qu’une langue spéciale se réduit généralement à un vocabulaire. « L’argot est donc la langue de la pègre, c'est-à-dire l’ensemble des mots propres aux truands et aux malfaiteurs crées par eux et employés par eux à l’exclusion des autres groupes sociaux qui les ignorent ou ne les utilisent pas, dans des circonstances exceptionnelles ». Pour Marouzeau, A. (1894 : 21) « l’argot a subi un transfert linguistique au cours duquel sa nature a changé: de la langue sécrète d’une activité criminelle, il devient une simple manifestation de l’esprit de corps et de caste, une façon particulière de parler, par laquelle, un groupe s’affirme et s’identifie ».

2.2.1. CREATION SEMANTIQUE Elle est créée pour un besoin de cryptage ou de secret. Elles servent d’écrans, en vue de créer une opacité dans les phrases issues du roman les Dieux délinquants de Augustin Sonde Coulibaly : « dynamite Bernard », « sac ou sacoche » « cigarette miracle », « drogue » « coffre supérieur », « bouche » « coffre inférieur », « postérieur » « commando », « vol à haut risque » « bidon», « bédou », « portefeuille » « balayeur », « petit délinquant » « raseur », « délinquant rapide » « docteur en droit », « grand voleur professionnel » « douanebis », « enfants pilleurs »

2.2.2. Création verbale Elle naît dans les mêmes conditions que la création sémantique. Il s’agit d’expressions verbales relevant du vocabulaire familier et qui rentrent dans le vocabulaire courant créant une opacité de la langue. « jusqu’à ce que ça bouge », « jusqu’à ce que la situation change » « filer un étranger », « suivre un étranger »

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« je dégonfle ce sac de farine », « j’arrive à vaincre cet homme gros sans difficulté ». « se souder les pattes », « mettre du plâtre sur les jambes » « casquer le pot », « empêcher certaines personnes de boire » « faire la casse », « créer le désordre en cassant tout » Les romanciers empruntent essentiellement des lexies aux langues locales identitaires burkinabe. Un ensemble est ainsi constitué d’occurrences provenant de la langue moore du groupe Gur, parlée dans les régions du Centre du Burkina-Faso: Dans Roubeinga de Norbert ZONGO, Il y’a également des emprunts lexicaux qui renvoient à la terre (teng-kugri), d’autres à la guerre, tels que « kounga » (tam-tam de guerre) ; d’autres emprunts sont liés au contexte social tels que « bongo » « circoncision », humain « nassara noir », « les administrateurs noirs» et alimentaires (Rougbeinga) qui sont des traits d’individuation liés aux réalités sociales burkinabè. On note une appropriation de ces emprunts lexicaux par des individus. En effet il y a certaines dénominations telles que Mogho Naaba (roi des mosse), Baloum Naaba (intendant de la cour royale), Naaba Wobgo (roi éléphant), Cam Naaba (roi des jeunes) qui renvoient à des valeurs sociales, coutumières et religieuses mossi qui sont intégrées dans la langue maternelle des non lettrés. Le lexique montre que nous sommes en pays mossi.

3. RAPPORTS DE COMPLEMENTARITE, DE PARTENARIAT ENTRE FRANÇAIS ET LANGUES NATIONALES

On peut dire à l’analyse que le partenariat français/langues nationales donne naissance, sur le plan lexical, à un phénomène de variation linguistique. Autrement dit, le français sort d’un purisme reposant sur toute l’idéologie du conservatisme linguistique pour accepter la cohabitation des langues en présence. Norbert Zongo (1990) a finalement admis et accepté les rapports de complémentarité et de partenariat que les langues locales burkinabè entretiennent désormais avec le français. En insérant dans leurs discours des items lexicaux provenant des langues burkinabe quand ils font parler leurs compatriotes, les romanciers présentent un français qui est considérablement influencé par des langues et des cultures burkinabè.

3.1. Le procédé de substitution synonymique

Selon Giselle PRIGNITZ (1990), le procédé de substitution synonymique mooré très créatif appartient à univers culturel polysémique : Ici « vim koega » (« bonne nouvelle »), (« évangile ») dans le contexte chrétien trouve un équivalent ; mais tous deux renvoient à une référence unique qui est le « virement » de fin de mois qui entraîne l’affluence à la banque pour toucher le salaire. Sur le plan de la création lexicale, on notera des expressions « basaïsme », « veulerie » et tampirisme, « larbinisme », hybrides français sur « baaga», « chien » et « tampiri», « bâtard ».

3.1.1. Sur le plan des institutions

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Sur le plan des institutions, il ya des références culturelles qui sont transcrites dans la presse. Il s’agit de « sidwaaya » (l’éclat de la vérité), « yirmoaga » (journal de faits divers), titre de film, « buudu » (parenté), « neerwaya » (l’éclat de la beauté), «yamwaya» (élevation du niveau de connaissance), « reemdoogo » (détente musicale à la TNB). A partir du dioula, on notera que la composition fournit surtout des expressions imagées, largement teintées de références culturelles puisées à la source africaine : « gnin-môgô », « môgô bâ » ou « môgô puissant », (personnalité de haut rang) « kôrô » (grand-frère), le « nan » (l’argent), « dôgô », (petit-frère), « déni » (jeune fille). Dans le domaine commercial, des catégories de produits sont susceptibles de recevoir deux dénominations ; La fripe s’exprimera par « yougou-yougou » ou « adonkaflé », deux compositions dioula ; l’argent du marché de la ménagère pour sa « popote » sera désigné par nansongo Sur la plan alimentaire, certaines lexies existent et sont teintées de références culturelles ; il y a le jabaji (sauce fluide à base d’oignons), « tigadigè » (pâte d’arachide), « donkunu » ( tô dur à base de maïs), « subaga foronto » (piment réputé très fort), « kaba tô » (tô de maîs). « Jigè buti » (poisson séché ), « kaba-kuru », (sorte de savon en forme de pierre), « chii-tumu » (chenilles), « Ji » (eau, jus), « gnamakuji » (jus de gingembre), « mugu-ji » (eau de farine).

3.1.2. Sur le plan socio-culturel Sur le plan social, il ya des expressions imagées qui renvoient au temps ; il s’agit de « sogoma sangui » (pluie matinale), de la vie sociale comme « dêmê-dêmê » (débrouillardise) ; l’expression « ça gnagmer » (ça va chauffer, sens dessus-dessous) et à la culture comme « jembe », (petit tambour), « djembe-fôla » (tambourinier). Le vocabulaire à base française Il subit aussi une naturalisation africaine par le changement de catégorie grammaticale ; ainsi des noms ou adjectifs se transforment en adverbes : « parler déguè », « le déguè » est une bouillie (parler de façon maladroite et irrespectueuse) ou récemment « côcô » (plutôt que cocotier, à partir de coco (« pique-assiette, profiteur »). Selon Giselle PRIGNITZ (1990), le contact entre les groupes argotisants et le reste de la population favorise la récupération des termes argotiques. Certains conservent leur valeur de distinction « ginamori » (presdigitateur), d’autres s’usent et se banalisent et entrent dans le parler courant. Il s’agit de « sangawuli » (mode), « delkibâ » (grande robe). D’autres sont utilisés naïvement. Il s’agit de « naman » (homme riche) et « fêfê » (climatiseur ou argent).

3.1.3. Sur le plan socioculturel et sanitaire Sur le plan socioculturel, il y a aussi des expressions lexicales imagées puisées des

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références culturelles « dooni fièma » (connaissances superficielles), « dooni duma » (connaissances profondes). Sur le plan sanitaire, il y a des expressions telles que « kôkô » (hémorroîde), « sumaya » (paludisme). La cohabitation linguistique entre le français et les langues burkinabè donne également à lire l’émergence de trois langues à grande diffusion qui peuvent assumer les fonctions de langues nationales. Il s’agit des langues mooré, dioula et fulfulde. Elles font partie de la politique linguistique proposée par le MEBA (2006) pour revaloriser les langues nationales identitaires du Burkina-Faso. Il s’agit, selon le linguiste, d’une politique linguistique reposant sur le trilinguisme. Le contact de langues perçu dans le roman les Dieux délinquants favorise une harmonisation des rapports français/langues locales qui se matérialise, comme on l’a vu, par l’intégration des items lexicaux provenant tantôt de l’anglais, tantôt des langues burkinabè. L’harmonisation linguistique aboutit à une coopération linguistique qui se manifeste à son tour par le passage d’un code à un autre.

3.2. Les alternances codiques Nous n’entendons pas dissocier alternance et mélange de codes. Nous nous inscrivons dans la logique de Kumar (1986 : 205) qui pense que les deux phénomènes sont intimement liés et qu’il n’y a aucune raison de les distinguer. Est considéré comme alternance ou mélange codique le passage d’un point à un autre, d’une phrase à une autre ou d’un locuteur à un autre à l’intérieur du discours.

3.2.1 Alternance codique dans le roman C’est le registre argotique qui correspond au langage spécialisé. Il s’agit du registre qui se caractérise par une distinction dans le langage ou signum social pour emprunter les termes à Pierre Guiraud (1984) et propre à la pègre, par la démonstration pratique du langage et des signes conventionnels des initiés. Nous vous proposons un énoncé correspondant à la pratique du système de codage entre douanebis : -« Deux jours de prison pour ce douanebis. Il n’avait qu’à se servir d’une marchandise tranchante ». p.104-105 -Toi Monsieur V, ta marchandise ! -Mets-la dans le « coffre inférieur » et marche sans la laisser tomber. -Maintenant dans le « coffre supérieur » et parle ! ; -Je m’appelle V ; -Bon ! Ton bidon ! -Comment appelles-tu encore le bidon ? Diligence ou dynamite ; -Bon ! Toi H cale le Docteur T pour que R s’occupe de son bidon p. 108. Selon Fishman, (1971 : 56), « la linguistique sociale s’occupe des conduites

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linguistiques collectives caractérisant des groupes sociaux dans la mesure où elles se différencient et entrent en contraste dans la même communauté linguistique ». Dans le roman les Dieux Délinquants, nous vous proposons un discours des vendeuses. -« Vas ton chemin ! » cria la vendeuse en déployant le geste de chasser la volaille. -« Achète donc à manger », fit-elle en se retournant à nouveau vers l’indésirable et montrant les boules blanches dans son assiette. -« Cadeau ! » fit-elle en détournant son visage pour éviter d’échanger d’autres paroles avec lui. -« Pourtant il ne ressemble pas à un fou » fit l’une d’elles -Bien bâti et très belle démarche », ajouta une autre. -« Avec des vêtements comme ça ? » fit la vendeuse de gâteaux : « ses pieds nus, son bâton, ses sandales à la main ! C’est donc un brigand ». -« En tout cas c’est du bon tergal qu’il porte », reprit la première Cette alternance français/langues locales montre donc le degré d’intériorisation du bilinguisme axé sur le français et une langue burkinabè. Il convient de signaler ici que les locuteurs qui s’engagent aux phénomènes d’alternance et mélange codiques ne sont pas toujours des locuteurs natifs de la langue qui prend en relais le français. 3.2.2 ALTERNANCE ENTRE LES LOCUTEURS RESSORTISSANTS D’ESPACES

SOCIOCULTURELS ET GEOGRAPHIQUES DIFFERENTS Un burkinabè moréphone, dioulaphone ou fulaphone peut se retrouver en train d’alterner le français avec les rudiments d’une langue relevant d’un autre espace socioculturel et dont il n’est même pas locuteur. Ce locuteur veut juste se conformer aux usages du milieu, à une certaine norme. On peut également percevoir ici le rapport entre le code linguistique, le public cible, les intéressés et le contexte. Il s’agit là des facteurs qui constituent les motivations de l’alternance. La reproduction d’une telle conversation donne à penser que les locuteurs ressortissants des espaces socioculturels, géographiques différents peuvent se compléter des rudiments dont chacun dispose dans la langue de l’autre, le plus important étant ici l’atteinte des objectifs communicationnels. Ce qui correspond bien à la définition du concept d’alternance, à savoir l’habileté à alterner linguistiquement et de manière appropriée selon les changements situationnels (Verma, 1975 : 35). On peut dire que les cas d’alternance codique traduisent le caractère nécessaire des langues parlées au Burkina-Faso avec le français qui devient à cet effet très réceptif, conciliable. On obtient des parlers mixtes. Leur récurrence dans le corpus montre que la notion d’interférence lexicale rapproche les langues locales de l’anglais et du français. La proximité linguistique est tellement évidente qu’un locuteur peut aller, de façon consciente ou inconsciente, d’un code à un autre sans s’en rendre compte, surtout lorsque son interlocuteur parle la même langue L1 que lui. Dumont et Maurer (1995 :156) pensent ainsi que l’alternance peut s’opérer, dans un premier temps, avec la langue maternelle du sujet si celui-ci s’adresse à des locuteurs de sa communauté

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linguistique. Dans le roman les Dieux Délinquants, nous avons l’emploi de l’argot et de l’interférence lexicale. « Bon ! Commençons, dit Tibila en regardant Titenga : ça vas-tu toi, Docteur ? faisons vite que que j’aille prendre mon pot et puis ma pépée !... p.108 -Mes deux douanebis et moi-même, sauf ! Ils ont filé à la dynamite Bernard l’étranger qui a suivi l’itinéraire prévu jusqu’à hauteur de moi, près de l’E.M.P. (actuellement P.M.K.). Dans l’obscurité, il ne m’a pas vu derrière l’arbre et…Mais sa dynamite Bernard ne contenait que des paperasses. Je crois que c’est un politicien. Mais j’ai pu tirer de sa poche arrière son bidon qui ne contenait que trente mille francs », P.108. « En poursuivant, il enleva sa chemise et la porta à l’envers…p.108 Signal de soupçon ! Ai-je fait à mon douanebis. Je n’en sais pas ; la marchandise ne devrait pas être tranchante, la dynamite ne sortant pas de la grande poche du grand boubou ; se retournant, il a su et a poursuivi mon compagnon. Tous les douanebis de la place sont venus « caler » le dioula en feignant de lui venir en aide ; pas de net ; mais pas non plus de préjudice ». p.110. Il y a donc un passage aisé d’une langue à une autre qui peut s’expliquer par la maîtrise de deux systèmes partenaires. Queffélec (2004) pense ainsi que du point de vue sociolinguistique, l’usage de l’alternance codique est nettement catégorisable sur le plan socioculturel : elle est l’apanage des bilingues possédant une bonne connaissance du français et donc situés au sommet du continuum. Les langues africaines entrent alors en continuité avec le français dans le partage d’un même espace socioculturel. Ce qui produit un effet de mixité des langues. Il arrive souvent que les romanciers, en voulant écrire le français tel qu’il est parlé dans les rues des grandes villes du Burkina, procèdent à des traductions littérales des langues du substrat. On aboutit ainsi, au-delà des manifestations, des mélanges codiques, aux calques et structures onomatopéiques.

4. LES CALQUES 4.1 Définition des calques

Lipou (2001 :134) définit le calque comme l’importation des langues africaines en français dans une opération qui colle au texte de départ. Ces deux types sont bien connus par l’ensemble des moréphones. Il s’agit de transpositions de structures lexicales et syntaxiques des langues burkinabè sur celles du français:

4.2 Les calques syntaxiques et lexicaux dans le roman burkinabè Les calques syntaxiques et lexicaux sont de simples transpositions des structures des langues locales sur les structures du français. Ils sont le fait d’un télescopage entre les langues. Ils sont juste reconnus par des locuteurs des langues dont ils sont issus. De par sa créativité, cette littérature puise dans la culture et la langue du milieu. Mais elle se conçoit en français et subit des influences textuelles et culturelles nouvelles.

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Ce métissage dans l’écriture donne à cette littérature une certaine valeur universelle. A travers la pratique du métissage culturel, le roman burkinabè est à la recherche d’une identité en construction qui veut que des problèmes d’identité soient multiples et s’enracinent dans une multitude de faisceaux culturels et linguistiques. L’écrivain burkinabè devient dans cette perspective un écrivain qui crée. Il peut s’agir dans certains cas d’interférence linguistique, d’insertion ou de collage. En se penchant sur un corpus de romans burkinabè, on observe ce procédé d’écriture. Les écrivains se sont souvent exprimés dans le bilinguisme et le plurilinguisme. Comment celui qui écrit donne-t-il forme à sa passion d’écriture à partir des langues dans lesquelles il écrit ? « L’écriture apparait alors comme un espace de tension et de rencontre entre des langues diverses, espace à l’intérieur duquel l’écrivain va trouver sa langue, sa ligne propre unique d’invention et de création » (Prieur et Pierra 1999 : 28). La littérature africaine connaît une spécificité qui résulte d’un vaste mouvement de métissage avec les influences culturelles endogènes et exogènes. D’une part, les auteurs vivent dans une situation de bilinguisme résultant de l’apprentissage de la langue locale qui s’est greffée à la langue première (natale). Les influences culturelles endogènes font que des langues locales africaines empruntent à d’autres langues locales. D’autre part, les auteurs vivent dans une situation de bilinguisme résultant de l’apprentissage de la langue officielle qui s’est greffée à la langue première (natale). Les influences culturelles exogènes font que des langues locales empruntent au français et vice-versa. Ahmadou Kourouma (1982), dans les soleils des indépendances, n’hésite pas à « casser le français » ou à « l’enrouler comme une natte » (selon l’expression de l’auteur), dans ses règles syntaxiques et grammaticales pour restituer l’originalité de la culture malinké. Dans « Crépuscules des temps Anciens », l’auteur brosse les fresques amoureuses de Théré et Hadonfi. Mais l’aspect qui retient le plus notre attention est le traitement réservé à la langue bwaba. Il y a des calques introduits à l’état pur. Cela veut dire qu’l n’est pas possible de masquer ou de verrouiller certains calques afin de leur faire passer d’une réalité à une autre. Il s’agit de l’étude des qualités humaines à travers des personnages comme Théré, des récits de chants de guerre en bwamu et des contes provenant du folklore bwaba. A ce titre, tout fait de style est perçu également comme caractéristique d’un fait d’une tradition ou d’une doctrine esthétique ou d’une langue spéciale (Riffaterre 1971 : 334). Les calques et les emprunts des romanciers burkinabè peuvent être l’occasion de montrer en quoi la langue de ces romanciers (moore, bwa, jula) est héritière d’une tradition moaaga et bwaba. Les calques sont souvent des traductions d’expressions moose en français mais qui gardent toute une charge sémantique de la langue première (maternelle). Ainsi dans la Défaite du Yargha, l’auteur utilise certaines expressions empruntées au moore comme dans l’exemple suivant : « Il demanda du dolo pour rincer sa gorge ». Nous retrouvons encore une autre expression dans la bouche de Tiga qui provient en fait d’un calque en moore : « Je te conseille d’abandonner ton projet si tu tiens à ton

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crâne ». La tête qui correspond à la vie chez les mossé. Sa destruction équivaudrait à la mort. Par ailleurs Nazi Boni (1962) utilise des calques du bwaba à travers l’usage des expressions idiomatiques. Les calques sont très nombreux et reflètent la culture africaine : ils se traduisent approximativement parce qu’ils sont équivalents dans toutes les langues africaines (ils renvoient à un substrat pré linguistique que les auditeurs des autres langues adaptent en français). Nous en donnons des attestations dans la traduction de Ken Saro Wiwa par Ahmadou Bissiri et S. Millogo (1998). C’est le cas de : connaitre papier ; bouffer cadeau ; connaitre manière ; bouche parole ; faire grand bouche ; compagnie chef. » p.29 C’est ainsi également que « garçon » signifie « mâle » p.37 et se dit des hommes comme des animaux ; « race » à « ethnie ». On trouve ces termes dans le glossaire (traduit en français du glossaire « anglais »de KSW) : « Tous ces broussards là qui coupent vin de palme p. 31 ; je pense dans mon ventre ; l’enfant de l’homme ; le géant ; je pardonne lui faut lui n’a qu’a froidi son cœur parce qué passagé là il finit pas sur route o p.32 ; chercher la femme de quelqu’un p. 95 ; attacher le pagne p.33.

4. 3 L’appareil morphosyntaxique L’appareil morpho syntaxique est « libéré » : il y a du jeu dans la mécanique ; La double construction (transitive/intransitive) est une caractéristique de ce français dont la norme est assouplie. De manière générale, on constate un emploi fluctuant des prépositions, de leur absence ou leur substitution dans les phrases et expressions suivantes dans (Gandon 92): « Couri cacher dans la brousse » p.37 ; « tout le monde est là maudire » p.56 ; « il pé pas faire quelqu’un du mal » p.58 ; « mendier pauvre type son argent » p.60 ; « ils insultent lui bâtard » p.68 ; « cotiser l’argent » p.31 ; « on va donner les gens qui a couri » p.34 ; « qui donne l’homme son bouffement » p.35. Chez Kourouma (2000), on a une même créativité sur un matériau revisité : « On connait un peu, tout ce que je parle et déconne » p.16 ; « il t’ a né dans les douleurs de l’ulcère, ça a déclenché » p. 17.

5. Les unités onomatopéiques Les unités onomatopéiques constituent d’autres éléments que les langues du terroir livrent au français dans le corpus d’étude. Dubois et al. (2001 : 334) définissent l’onomatopée comme une unité lexicale créée par imitation d’un bruit naturel, même visant à reproduire le son du réveil […] On rencontre dans le corpus un nombre considérable de termes onomatopéiques qui relèvent des langues locales burkinabè. Ces éléments ont fini par être acceptés dans le système français, bien qu’on note la moindre capacité d’accueil du français pour la conception de l’onomatopée dans les langues africaines car la définition de l’onomatopée française qui se limite à l’étude

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de l’imitation des sons et bruits), n’est pas comparée à celle d’autres langues (Dubois et al., idem). On retient à titre indicatif l’échantillon suivant : L’exemple le plus frappant est l’interpénétration du lexique dioula dans l’expression « forofifon » que nous pensons être d’origine imitative. Keita Alou (1990) : 227) cité par Prignitz (G.) (1996 : 68) cite une série d’idéophones ou de lexèmes motivés comme le verbe « foron» aspirer en produisant un bruit ou « furu-furu », « se brûler avec un liquide » qui pourrait traduire l’expression ressentie par les auditeurs du parler français ou encore « firin-firin », « se débattre, agiter (aile), secouer ». D’autres mots comme « fisi fasa », évoquent le désordre et « fili fala » le balancement. On remarquera l’alternance i/a ou in [ε]/[an] qui est une caractéristique « naturelle » universelle ; puisqu’on la retrouve dans de nombreuses langues dont le dioula et nous donne des lexèmes motivés référant à l’allure, au mouvement « fingui-fanga » « se dandiner », priti-parata (marcher rapidement), pala-pala (marcher en désordre) Le plus important dans ces exemples est que les onomatopées identifient le locuteur du français du Burkina. Elles informent, en effet, sur l’origine ethnique du locuteur. Le français s’adapte ainsi au système phonologique de la langue de chaque locuteur. Les occurrences wororoy (merde alors !) et ndelekay, koy(interjection) sont de la langue fulfulde ; les onomatopées womoo (celui de) et innadilay (interjection) rappellent les locuteurs fulaphones originaires du Centre du Burkina.

6. LE PHENOMENE DU CONTACT DE LANGUES ET DU MULTILINGUISME

6.1 Définition du phénomène du contact des langues Le phénomène du contact de langues et du multilinguisme entraîne une tolérance aboutissant à une acceptation mutuelle des langues en présence. Cette acceptation donnant lieu à un partenariat entre les langues a engendré au fil du temps des conséquences et implications sociolinguistiques qui peuvent être considérées comme des fruits de ce partenariat, de cette coopération linguistique. Il apparaît que le contact de langues qui se manifeste dans l’espace francophone burkinabè ne favorise plus l’établissement des rapports plus ou moins conflictuels. Il est l’expression d’un partenariat bien négocié ou en cours de négociation ; il génère des parlers mixtes, des phénomènes lexicaux, syntaxiques, morphosyntaxiques, sémantiques, etc. L’intérêt affiché pour tous ces procédés découle du fait que cet espace d’écriture romanesque est un lieu d’expression privilégié de ce partenariat entre le français, l’anglais et les langues locales burkinabè. Nous pouvons ainsi nous interroger sur l’impact dudit partenariat. L’analyse des phénomènes du contact de langues et du multilinguisme met en évidence plusieurs variétés d’alternance des codes dont le point de départ est la langue d’écriture, le français. On a d’abord l’alternance français/langues locales burkinabè : Les manifestations d’alternance codique sont légion dans la vie courante des locuteurs. Celles ci-dessus citées sont juste sélectionnées à titre indicatif. Le français alterne parfois avec les langues du Burkina-Faso. C’est ce qu’attestent les énoncés ci-dessous :

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Nous construisons notre vie « dooni-dooni » Vous venez chaque matin ravager les mangues là « ya boin ! » Tu oses vagabonder toute la journée sans rien faire ? « Ya yaare là ?» Le vieux père il a djaâ et nous sommes venus présenter les condos. Ce matin il y a « sogoma sangui », ça mouille tout le monde Le chef a appris que quelqu’un a volé son « naam », donc « naa wiinga runda !» « mawdo ! » files nous de temps en temps de l’argent toi aussi ! Tu as vu ces « mandingo là », ce sont tous des sans-papiers en Europe !

6.2 Impact sociolinguistique du partenariat français/langues nationales Comme tout contrat de partenariat, il génère toujours des retombées, somme toute, positives. Le partenariat qui s’établit entre la langue française et les langues environnantes au Burkina-Faso ne tardent pas à produire des fruits qui en constituent l’impact sociolinguistique et linguistique réel. Parmi ces conséquences, l’on note l’existence d’un continuum des langues et parlers mixtes et hybrides et la confirmation d’un interlecte.

6.3 Constitution des variétés de français

6.3.1 De l’acrolecte au basilecte La constitution des variétés de français dans le roman apparaît comme l’une des conséquences directes de la coopération entre les langues. Ces variétés de français participent de la constitution d’un vaste continuum qui se caractérise, selon Dumont et Maurer (1995 : 155), par la présence d’un « diasystème » bipolaire allant d’un acrolecte caractérisé par des formes socialement valorisées à un « basilecte » correspondant à l’état de langue dévalorisé socialement. Bien entendu, l’acrolecte et le basilecte possèdent en commun un nombre considérable de traits linguistiques et la différentiation ne porte que sur un nombre limité d’éléments, ce qui permet une relative intercompréhension entre les deux pôles du continuum.

6.3.2 La variété basilectale La variété basilectale qui s’inscrit dans le pôle inférieur du continuum n’est qu’un moyen ou une stratégie discursive visant un grand lectorat, d’autant plus que les locuteurs du basilecte sont majoritaires au Burkina-Faso. Le basilecte se reconnaît dans Rougbeinga de Norbert Zongo par l’emploi d’un français fortement enraciné dans le cocon maternel, une variété de français imprégnée d’une abondance de lexies, des interférences, des calques et bien d’autres traces linguistiques provenant des langues africaines burkinabè. Le basilecte se présente alors comme une variété de français très réceptive des agressions des langues locales qui lui imposent une coopération. C’est la variété de ceux qui n’ont pas achevé le cycle primaire durant le parcours scolaire. Queffélec (2004) le présente ainsi comme un français approximatif

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et instable marqué par l’interférence du substrat linguistique et par ses écarts importants par rapport à la norme de référence ; c’est la seule variété à la disposition des analphabètes qui n’ont pas du tout fréquenté l’école et des peu lettrés qui n’ont suivi qu’un cursus scolaire très court (début du primaire). On voit ainsi souvent que certains romans ou certains coins de journaux sont truffés de mots, d’interférences et des structures de langues locales burkinabè. Ces interférences lexicales sont utilisées par des personnages non lettrés que romanciers et journalistes font parler dans un français approximatif. Les langues sources sont dans la plupart des cas le mooré, le dioula et le fulfulde etc. Mais seules les langues mooré et dioula sont représentées dans les romans et les journaux. Le plus difficile reste à retrouver les langues sources de ces manifestations du contact des langues et du multilinguisme. La dominance du basilecte par les non lettrés dans les sphères de l’activité économique (marché administration, structures scolaires non formelles) a un réel impact communicationnel sur la population cible qui est en majorité locutrice de cette variété. En plus, elle rend accessibles les discours journalistiques. « Ton darrière sera comme ça » p. 54 « ty pé voir sé ké zé pé fè si mon kaire débout » p.54 « lui viny pays bwamu » p. 49 : « rété toi, salou, pas vancéman ou zé tiré toi !» p.80 : « tassé lui et méné lui »p.59 : « il a mort ou bian il a vanoui »p.6 : « semblément, semblément, semblément » p.235 : « ti fait téré lui » p.64

6.3.3 Le mésolecte Au milieu de ces deux pôles se trouve le mésolecte qui est une variété de français en relation assez lâche avec la norme scolaire et riche d’un grand nombre de régionalismes (lexicaux mais aussi syntaxiques) ; il est parlé prioritairement par ceux qu’on appelle localement les lettrés, les locuteurs ayant suivi en français un enseignement primaire complet et une partie au moins de l’enseignement secondaire (Queffélec, 2004). C’est pourtant la variété la plus utilisée dans le corpus. Elle se présente comme la variété standard qui produit de moins en moins un rapport négatif à la langue française chez les locuteurs burkinabè ; elle assure un maximum de sécurité linguistique aux locuteurs qui en font usage. Ceux-ci s’expriment sans complexe, sans menace d’un sentiment d’insécurité linguistique.

6.4 Les caractéristiques des variétés Les caractéristiques de la variété seront analysées plus loin, puisque cette variété est présentée comme la concrétisation de l’interlecte burkinabè. Nous pensons que la formation des variétés basilectale, mésolectale et acrolectale est le fait d’un multilinguisme très avancé qui se projette dans les productions

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langagières des locuteurs qui sont représentées dans les romans à travers les images caricaturales. Il en découle un envahissement considérable du français par des langues locales africaines tant aux niveaux lexical, phonético-phonologique, que syntaxique et morphosyntaxique. Ainsi plus une variété sera fortement influencée par les langues partenaires du français, plus elle tendra vers le « bas » ; moins elle présentera les traces d’autres langues, plus elle tendra vers le « haut ». Le fait même que les romanciers fassent parler certains personnages clés du roman dans toutes les variétés met déjà en évidence l’absence d’une barrière étanche entre les variétés acrolectale, mésolectale et basilectale. Batiana (1998 : 24) affirme à cet effet que ce découpage du continuum n’a qu’une validité scientifique réduite puisque beaucoup de locuteurs possèdent la capacité de comprendre, sinon de parler, ce qui se dit dans les autres variétés. Il faut dire que tout dépend de la situation d’énonciation. Un même locuteur, comme c’est le cas chez les étudiants, passe habilement d’une variété à une autre. Ce point de vue avait déjà été soutenu par Queffélec (2004) qui affirme que les locuteurs mésolectaux sont susceptibles d’utiliser éventuellement le basilecte lorsque la situation les y oblige ; de même, les intellectuels peuvent se servir de la variété mésolectale (par exemple en contexte informel pour éviter le reproche de parler un gros français) mais il leur est difficile d’encoder sinon en se servant artific iellement de quelques formules stéréotypes du français basilectal qu’ils comprennent cependant facilement grâce à leur connaissance des véhiculaires africains. Le continuum ainsi formé tel que le montre la pratique du français des non lettrés à travers les espaces de covariation (marché, lieu de cérémonie ou de rencontre) et certains médias (sidwaya, yiirmoaga) implique la naissance des parlers mixtes et hybrides générés par les phénomènes d'hybridation et de mixité.

6.5 Peut-on parler d’un interlecte burkinabe ? Le partenariat français/langues locales met en évidence un ensemble de traits distinctifs propres au français utilisé au Burkina-Faso, lesquels traits relèvent d’un phénomène de variation linguistique que Noumssi (2001) définit comme un phénomène selon lequel une langue déterminée, dans la pratique, n’est jamais identique à ce qu’elle est dans un groupe social donné, dans une communauté donnée car elle donne à penser à la formation d’une variété interlectale que Dubois et al. (2001 : 253) définissent comme l’ensemble de faits linguistiques, qui, dans une diglossie ou un continuum, peuvent relever de l’une ou de l’autre langue en même temps, sans discrimination possible : ils y constituent l’essentiel de la communication quotidienne. Plusieurs faits linguistiques participent de l’interlecte dans le corpus. On peut citer les néologies verbales, les changements valenciels, les phénomènes de composition, les néologies sémantiques, les calques stylistiques et expressifs. Nous ne pouvons analyser tous ces faits linguistiques attestant de la présence de l’interlecte dans le corpus, faute d’espace. Nous nous limiterons aux néologies sémantiques, aux cas de dérivation et aux calques. Dans la variété interlectale qui est préconisée à travers les Dieux Délinquants de

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Augustin Sondé Coulibaly, des mots du français connaissent une variation de sens qui donne lieu à une migration des sèmes d’un mot ; Il s’agit d’un certain nombre de groupes sociaux tels celui des douanebis, des prostituées et des policiers. Ils ont une référence et une appartenance commune, celle d’appartenir à une même identité culturelle et linguistique (le français selon ses codes d’élaboration) ; nous pourrons définir la série des groupes sociaux selon l’activité linguistique de chacune d’elle. Nous vous proposons un discours du groupe des douanebis.

6.5.1 Le groupe des douanebis -« Bon ! très bien, fit Titenga ? pourquoi ne l’enseignez-vous pas aux garibous ? Ça continue. Maintenant, faites-moi rien que des signes. Vous, Z, V, G. ? » p.106 -C’est bien la fin de la faim répondit Titenga p.107 -« Ça vas-tu, Docteur en droit ? es-tu content des enfants de la reine de Tiedpalgo ? » p.108 -« C’est bien la fin de la fin, répondit Titenga, plein de satisfaction ; Je ferai le compte-rendu à notre protectrice, Marie-Noire Sortinata ».p.110. Alors Tibila rappela tout le monde : p.110 -« Excellent, revenez. Faisons vite, mon pot !... » p.110 -« Attention ! fit Titenga, il y a tant de choses à leur enseigner !... p.110 -« Arrêtons pour aujourd’hui. Maintenant les tâches de la journée »p.110. Tibila mit chacun en garde. -Ce soir pas de pépée, car demain ce sera le tour des entraînements physiques ; La sueur va couler. Nous commencerons par la boxe. Maintenant vous allez partir ». p.111 -« Doua ! cria Titenga » p.111 -« Nebis ! » répondirent-ils tous p.112 -« Sang froid ! » p. 111 -« Solidarité ! » P.111 Ainsi donc les conduites linguistiques multiples qui se créent dans la communauté linguistique se transforment en variétés linguistiques, se différencient et entrent en contact dans la même communauté linguistique. Par conséquent, le comportement langagier des douanebis peut être interprêté comme une variété linguistique qui devient une langue spéciale. Ainsi nous avons des expressions issues du vocabulaire de la pègre.

6.5.2 Le groupe des policiers De par son statut, c’est un groupe constitué d’agents chargés du maintien de l’ordre. Ils sont en contact fréquent avec les bandits, les criminels ; c’est un groupe dont le niveau de langue est celui basilectal qui se caractérise par un faible niveau de connaissance de la langue. Ce sont généralement des phrases nominales ou des

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phrases réduites. Il s’agit plutôt du niveau familier relâché où la structure syntaxique n’est point respectée. Nous vous proposons un extrait du discours des policiers. Le commissaire s’assit, prêt à écrire : « cartes d’identité ! » leur cria-t-il p. 113 -« toi !» p.113 -« Toi ! » p.113 -« Toi » où travailles-tu ? » p.113 -« toi d’où viens-tu ? » p.113 -« Toi ! d’où loges-tu ? » p.113 -« Agents occupez-vous de ces gars. Quarante coups de cravache ! Puis dans le violon ! p.96-97 Le renforcement de l’interlecte réside dans le fait que, même si la plupart de ces calques, sinon tous sont des traductions plus ou moins réussies des langues identitaires burkinabè, ils assurent l’intercompréhension entre les burkinabè. Ainsi un lecteur des deux romans qui maîtrise parfaitement la variété standard du français du burkinabè ne peinera pas à décoder les calques cités supra. L ’expression violon signifie « être en prison »; filer un étranger « suivre un étranger» yéyéisme, zazoumanie « mode vestimentaire » douanebis, (biga suffixe moore), « enfants pilleurs ». Je dégonfle ce sac de farine « je réussi à vaincre cet homme peureux » ; jusqu’à ce que ça bouge « jusqu’à ce que la situation change » se souder les pattes « mettre du plâtre sur les jambes» ; casquer le pot « empêcher certaines personnes de boire » ; faire la casse « créer le désordre en cassant tout » ; payées pour jouir jusqu’à l’aube « payer les services d’une prostituée »; caler le dioula signifie «neutraliser le commerçant » ; une marchandise tranchante « un produit qui a de la valeur ». D’autres calques tels ça vas-tu toi, Docteur ? (tu vas bien grand spécialiste du vol ?), faisons vite que j’aille prendre mon pot et ma pépée !... (se saouler la gueule et aller chercher sa copine) ; se salir les mains pour s’enrichir), faire ça à quelqu’un au village (être maudit, être victime d’une implacable malédiction), etc. sont autant de faits linguistiques qui caractérisent le français du Burkina-Faso. Les locuteurs de l’interlecte burkinabè aiment à employer le suffixe –iste, -asse, -isme, -manie, -bis pour former un bon nombre de substantifs : « binguiste » homme riche, « paperasse » pile de documents sans grande valeur, yéyéisme et zazoumanie sont des modes vestimentaires, « douanebis » enfants pilleurs etc. A travers le procédé de suffixation qui semble producteur de lexies non seulement dans le corpus, mais aussi en français du Burkina, l’on peut affirmer avec G. Prignitz (1993 : 126) que la dérivation est le procédé le plus exploité, celui qui est le plus productif dans les particularités africaines du français. Nous avons rencontré quelques cas de préfixation, à savoir anti-mafia (LP, n° 85, 1995), anti-fédéralistes (LP, n° 83, 1993).

7. SITUATION DU FRANÇAIS EN AFRIQUE

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Nous nous appuyons dans cette partie de notre travail en particulier sur les résultats des travaux De PRIGNITZ (G.) intitulé Aspects lexicaux, morphosyntaxiques et stylistiques du français parlé au Burkina-Faso (1980-1996). La question centrale, posée dès l’origine des travaux sur le français en Afrique a été : « Quelle spécificité du français parlé en Afrique ? ». Sur le plan lexical, la recherche des particularismes a donné lieu à une réflexion consubstantielle au repérage, à la collecte et à l’inventaire des lexies. Autrement dit, si l’on présume que tel emploi d’un mot que l’on considère comme français n’est pas le même que celui que le locuteur natif emploierait ; il faut donc être en mesure de le prouver et de justifier qu’on l’a désigné, « indexé » ou doublé de sens (français et africain) ou mis en index et montré du doigt, comme spécifique à l’usage africain du français. La lexie complexe avoir « les bras longs » est liée à une particularité africaine qui consiste en une altération de la structure des langues maternelles africaines. La particularité formelle ici se double d’un glissement métonymique : « avoir des bras longs ». Du point de vue pragmatique, l’effet est équivalent puisque celui qui se prévaut d’ « avoir le bras long » annonce la possible intervention de gens qui ont un pouvoir (potentiel) pour intervenir et donner un « coup de pouce ». La menace reste cependant latente.

7.1 Un révélateur de la variabilité « Le lexique est la partie de la variété de langue considérée qui au-delà de la prononciation, de l’intonation, se prête le plus à des observations différentielles » F. GADET (1997 : 8) cité par Prignitz G. (1996 :52) relève que la plupart des régionalismes sont d’ordre lexical. De l’aveu même des africains invités à dire ce qu’ils pensent de cette manière africaine de parler le français, cette variété est « imagée ». Il est vrai que l’on considère certaines expressions populaires comme « il y accouchement entre toi et moi » pour dire que nous sommes parents très proches cité par MILLOGO (1993) dans le français Yirmoaga, p.97) cité par PRIGNITZ(G.) (1996 :118), « le mois a deux chiffres » et « on se cherche » ; L’expression « parler dêguê » récemment admise par le vocabulaire populaire semble être appréciée par les locuteurs friands du néologisme. Les dénominations les plus simples trouvent une saveur piquante dans « l’entrée coucher » du logement en célibatorium, la « librairie-par-terre » à côté du tablier où l’on va payer de la cigarette en « bâtons » des buchette d’allumette avec des « jetons», des pochettes à 25-25 non loin d’un six-mètres où la dolotière attire le quartier dans son cabaret.

7.2 Convergence

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Il existe des dérivés suivants qui sont d’abord rencontrés en Afrique et qui se répandent aujourd’hui. Il s’agit par exemple de menotter (« mettre des menottes ») « embrouiller » (« faire des embrouilles »), « déchard » celui qui est dans la dèche (qui se trouve dans le dico d’argot de Colin et de Mevel). Une vigilance moins grande de la forme aujourd’hui qu’autrefois s’exerçant sur le français des média par exemple va de pair avec une surveillance accrue du contenu. D’un point de vue normatif, l’expression est d’ailleurs malmenée par la publicité , les interviews multipliée qui laissent s’exprimer la langue de la rue…Les verbes « entorser » (« faire une entorse »)-au règlement, fructueux (« être fructueux »), « recharger », (« revenir à la charge »), « voiturer » ou « crayonner », figurent dans le dictionnaire. Les mots « compétir », « candidater », « nominer », « épingler », « initier » corroborent l’hypothèse du français avancé : on trouve au même moment les mêmes tendances et même parfois en Afrique car la norme y est moins contraignante. (Prignitz, (1983 : 39)) cité par Prignitz (G.) (1996 : 57) ; Ce qui est vrai des dérivés l’est aussi des paronymes ou des para synonymes qui présentent une ressemblance de sens et de forme qui les fait utiliser les uns pour les autres.

7.3 Fonction Pour en revenir au lexique, cette situation explique la présence non seulement de nombreux emprunts ou calques de formes hybrides mais aussi de tours incompréhensibles sans le détour au mode de conceptualisation propre à des sujets rompus au contact des langues et à sa gestion dans le discours. C’est le cas des jeunes dont C. Caitucoli et Bernard Zongo ont étudié les productions argotiques. Ils précisent d’abord que la distinction entre français populaire et français argotique est « particulièrement problématique » (1993 :131) cité par (Prignitz (G.) (1996 :71)). On pourrait parler d’argot de compétence pour décrire l’énoncé de l’étudiant qui dit « il a plu au Cenou » et d’argot d’incompétence pour le locuteur basilectal qui dit « ça va gnagmer ». Tandis que le premier fait un choix de code, puisqu’il aurait pu dire : les bourses seront payées aujourd’hui au CENOU ; le second n’attribue probablement à son énoncé qu’une fonction communicative. Son français communicatif puise à toutes les sources, y compris la source argotique. L’argot commun, en outre, correspondant à un certain lexique indubitablement argotique, mais pratiquement car toute la population francophone […] présente certaines spécificités liées à des facteurs linguistiques, essentiellement le multilinguisme et à des facteurs extralinguistiques. Parmi ceux-ci, il faut remarquer que les cloisonnements régionaux et sociaux (et par conséquent linguistiques) sont beaucoup moins étanches qu’on ne l’imagine. L’exemple le plus frappant étant l’interpénétration du mooré et du jula à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso. Traoré (F.) (1991) utilise l’expression « français terre à terre » pour désigner la variété populaire ciblée (dans la présentation d’un lexique argotique recueilli auprès des jeunes sur le thème de la prostitution). Il s’agit par exemple de « tableau de bord »,

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de « pont », de « fesse », de « nana » lorsque l’emploi du mot « putain » dans sa langue vernaculaire ou en français est malsonnant. De l’aveu des maints jeunes gens qui ont été interviewés ou sondés, l’expression « faire la cour » en français qui joue le rôle de langue spéciale enlève ce que cela peut avoir de gênant dans la langue maternelle. Ce code peut d’ailleurs être obligatoire : on enjoint aux recrues qui font leur classe à Dédougou de dire « aller au Dédougou », comme les lycéens de Ouagadougou vont au lycée Zinda. Tout le monde sait que c’est une construction peu correcte mais on s’y plie pour des raisons de grégarité. Le côté ludique est à prendre en compte dans ce genre de distorsion et il nous est permis de faire des rapprochements avec des mots expressifs dans la langue de celui qui joue de la diglossie : le rapport de domination est tout simplement inversé, car celui qui connaît les ressources de sa langue s’en sert pour « feinter » le détenteur de la parole autorisée.

8. PLACE DE L’ARGOT DANS LA VARIATION LINGUISTIQUE Pour les locuteurs, les différents registres sont associés sans hésitation si ce sont essentiellement les jeunes qui se livrent à un exercice de virtuosité mêlant africanismes et tournures recherchées. Cette pratique reflète un nouveau modèle de manipulation du français par les locuteurs « moyens » (c’est-à-dire du mésolectal). La perméabilité de ces comportements est extrême comme, du reste dans le processus de banalisation des argots en argots communs. L’argot apparaîtra apte à accélérer la création de néologismes, comme un catalyseur linguistique dans la naturalisation. Loin d’être le symptôme d’une connaissance insuffisante du français standard, l’argot peut être considéré comme le signe de son appropriation et d’une possible orientation vers un français régional. Les conditions favorables à l’introduction de l’argot dans la langue sont également présente en Afrique, où nous avons étudié le phénomène argotique ; l’habitude des locuteurs d’alterner plusieurs codes dans la communication courante (faits de code swatching ou « discours mixte » pratique « normale » en situation de plurilinguisme) les prédispose à une grande souplesse d’utilisation du lexique et peut -être à une banalisation des termes ; Les glissements de sens, les substitutions synonymiques, les emprunts, les calques, les approximations par restriction ou extension de sens, les collusions homonymiques, tous facteurs de changement, prolifèrent dans le discours familier en français.

8.1 Difficultés à cerner les limites du registre Considéré comme un registre séparé, l’argot peut être défini à la fois par ses fonctions ou par ses variantes de signifié et/ou de signifiant. Si nous nous penchons sur un corpus clos, celui de S. Lafage (1986), nous devrions pouvoir découvrir, dans son inventaire (1977-1980) les mots qui répondent à la

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dénomination « argotique ». L’attribution de l’étiquette argot n’est pas décisive ; on peut le dire sans trop d’hésitation pour les noms qui désignent l’ « argent », dont le thème fournit sans surprise une importante moisson de synonymes : badge, fric, or, ché, kiens, pec, pèse, Zaïre auxquels s’ajoutent à l’heure actuelle feuilles et gombo. Nous avons également « taper » (bomber, botter, boxer, casser la figure, cirer, lisser, mater, yoper. Nous avons enfin « manger » (bouffer, becqueter, caler). (Lafage (S.) (1986 : 120)) cité par Prignitz (G.) (1996 : 446). Dans les groupes constitués (métiers et associations) on utilise des formules langagières qui servent de reconnaissance qui soudent le groupe (D. François –(G.), 1990 : 172) cité par Prignitz (G.) (1996) : 446). A ces phénomènes de grégarité appartiennent les signes (ainsi C.B.,) qui peuvent avoir deux lectures possibles : « bonnes choses » et Commandant de Brigade. Il s’agit également de P.F. « porc au four » et « président du Faso », qui provoquent des interprétations malicieuses. C’est aussi le cas de B.M.W., marque de voiture qui prit le sens de « belle-mère Wobé ». L’euphémisme et la métaphore servent aussi à exprimer des notions de cultures partagées : si l’on se plaint de la vie chère, on dira qu’on est « conjoncturé », « tapi » dans la « dèche » et qu’il faut jongler avec les « bisness » ou les « biso ».

8.2 La connivence Pour se sentir bien ensemble, à l’unisson et se comprendre à demi-mot, on use d’un code complice qui démarque l’individu de ceux qui ne sont pas sur la « même longueur d’onde ». C’est d’ailleurs dans le milieu scolaire que se développent les argots les plus prolifiques ; nous avons une ample moisson de termes du vocabulaire liée aux activités et au statut des élèves : le pec (ule) = la bourse et par métonymie le carton qui permet (qui permet d’y prétendre), flash = ne rien comprendre à un devoir et/ou être repoussé par une fille également), (D. François –(G.), 1990 : 172) cité par Prignitz (G.) (1996) : 448).

8.3 La grégarité Cette fonction qui tend à combler le besoin de solidarité ressenti par les adolescents, est propre à répondre à l’aspiration communautaire de jeunes déracinés de leur milieu familial ou ethnique, volontairement ou par défi. Les données psycholinguistiques sont une donnée incontournable du processus de changement linguistique. Carriérer = bosser…Certains termes sont popularisés par la presse : un article de la cléf (N° 70 du mercredi 23 juin 1993, p. 7) cité par Prignitz (G.) (1996) : 449), titrant « les fraudes intellectuelles à l’université » illustre ses propos sur la coalition (« fraude » dans l’argot des élèves influencés par le vocabulaire ivoirien) : Djo ! files-moi le pétrole (« le tuyau », la « pompe ») et le « gaz-oil » qui signifie la « sortie », la bringue

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8.4 La séduction Le recours au français permet aussi de parader, de se déguiser, de jouer un rôle de séduction par l’emploi de formules, de locutions, de gros mots. N’étant la langue de personne, le français jouit à la fois du prestige d’une langue de culture et de liberté d’expression. Les formules à caractère poétique parce que frappées au cours de la régularité rythmique ou phonique sont reprises par des slogans : « Si tu ne grouilles pas, Juin te couche, et là le congrès t’attend ». Cela montre avec beaucoup d’expressivité que la session de rattrapage menace les étudiants qui n’ont pas réussi leur examen en juin. Nous avons également des expressions qui s’inscrivent dans une série suffixale en cratie comme korocratie (« gérontocratie »), papacratie, voyoucratie, toilettocratie, sécurocratie.

8.5 Fonction crypto ludique

C’est une fonction qui consiste à la création de mots doublés à la fois du sens du rire et de l’utilité. Nous avons des créations qui peuvent aller du simple jeu de mots : « tibiasser » ou « gratter », « prendre le II barré (deux bâtons) pour des expressions construites comme « aller à pied, à pincée ». Le français peut en lui-même servir de code spécial. La connotation « sécrète » attachée à l’emploi du français s’inscrit en elle-même dans la fonction cryptique de l’argot. En l’absence d’une langue africaine qui serait dominante et pour se démarquer du français imposé par le système scolaire « impropre à évoluer et à se différencier », se dessine chez les jeunes et certains intellectuels, le besoin d’un parler (national) à la fois porteur d’une certaine critique sociale et emblème contestataire d’une contre-norme ; Manessy (1978 : 73) cité par Prignitz (G.) (1996 : 450) : L’interlecte burkinabe tel que l’on peut lire dans les corpus ci-dessus se caractérise par une créativité stylistique remarquable. Il se concrétise, comme on l’a vu, par une dérivation, des néologies sémantiques et par des calques qui sont acceptés par tous les membres de la communauté linguistique burkinabe. Ces formes linguistiques sont le fait de la normativisation des usages qui se concrétise par l’acceptation par une communauté de locuteurs d’un système de normes définissant l’usage correct. Elles participent de cette façon à la normativisation des usages locaux au Burkina-Faso dans la mesure où la quasi-totalité des burkinabè, quel que soit leur niveau d’étude, les utilisent à bon escient. La reconnaissance du français parlé au Burkina passe donc par la création d’une variété de français unifiée à partir de trois principales variétés existantes et fortement empreintes du régionalisme des langues nationales burkinabè. Cette variété unifiée semble donc se présenter comme un interlecte, considéré comme but ultime du partenariat linguistique français-langues locales burkinabè dont l’usage des locuteurs du français à travers l’interférence du substrat des langues maternelles.

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CONCLUSION

Après avoir présenté le paysage linguistique et sociolinguistique du Burkina-Faso, nous avons procédé à l’examen des différentes manifestations du contact de langues et du multilinguisme dans les romans burkinabè et la pratique quotidienne. Nous nous sommes enfin interrogés sur l’impact sociolinguistique à travers l’analyse des conséquences et implications entraînées par le partenariat entre le français et les langues nationales burkinabè. Nous pouvons ainsi affirmer en nous appuyant sur les discours dans les romans et la pratique quotidienne qu’il existe un véritable partenariat entre les langues en présence. Le partenariat entre le français et les langues nationales donne naissance à un interlecte qui se présente comme une norme endogène dans le journal « yirmoaga », dans les coins de pages de certains romans burkinabè et la pratique quotidienne dans les espaces de covariation (marché, lieu de conversation). Tous ces cadres linguistiques mettent en évidence des manières et modes de parler des burkinabè et diffusent peut-être inconsciemment une variété stable. Celle-ci prend des formes d’un interlecte dont les organes de presse, les romans burkinabè et autres espaces de covariation cités ci-dessus, assurent la promotion. Que la présence des occurrences relatives au contact de langues et au multilinguisme soit nécessaire ou superflue, le français n’est pas à même de se passer des items lexicaux, expressions et énoncés ressortissants des langues burkinabè. Leur insertion dans les discours des locuteurs-personnages est une réelle opportunité que ceux-ci saisissent pour juguler un éventuel sentiment d’insécurité linguistique auquel ils s’exposeraient en voulant une langue pure, dépouillée de tout régionalisme ou particularisme.

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