Libertines n°9

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UNE PUBLICATION DE LA FéDéRATION DES éTUDIANTS LIBéRAUX I JUIN 2016 news N° 9 LE MAGAZINE QUI DÉVOILE #HIREMEIFYOUCAN 20 British exit 26 Les pensions : Débat d’aujourd’hui, pour une réalité de demain 24 p. 12 p. 5 - 13 N° 9 Dossier Justice & Affaires intérieures

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Le magazine de la Fédération des Étudiants Libéraux - juin 2016

Transcript of Libertines n°9

une publication de la fédération des étudiants libéraux i juin 2016

newsN° 9

le magazine qui dévoile

#Hiremeifyoucan20

British exit26Les pensions : Débat d’aujourd’hui, pour une réalité de demain24

p. 12p. 5 - 13

N° 9Dossier Justice & affaires

intérieures

Avec le soutien

FlashbackVous le savez, la FEL n’est jamais à court d’activités. Conférences,

débats ou activités folkloriques, il y en a pour tous les goûts. Voici donc un petit aperçu de ce qui s’est déjà passé depuis avril...

éditeur Responsable :François Lamy

Rédaction :Avenue de la Toison d’or, 84 - 86

1060 Bruxelles

Rédacteur en chef :Gauthier Vlassenbroeck

Comité rédactionnel :Thomas Cals

Thomas Caulier Laurent CostasJohn de Coster

Florence DelellioDenis Devivier Bàlint Gyévai

François LamyCédric Pierre

olivier SchmetzLouis Trouveroy

Emilie Verstraeten

direction artistique :Daphné Algrain

Hommage à Léopold

Dossier : Justice & affaires intérieures

CartE BLanCHE

aCtu : les libéraux se retrouvent à vienne

point DE VuE aCtu : Kurdistan

CampagnE : #HiRemeifyouCan

aCtu : les lanceurs d'alerte : derniers chiens de garde de la démocratie ?

aCtu : les pensions : débat d’aujourd’hui, pour une réalité de demain

aCtu : British exit

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01 mai 2016la fête du travail à Jodoigne

02 mai 2016Rencontre avec Sophie Wilmes

le cel ulb a choisi d’inviter le Ministre des affaires étrangères, didier reynders, pour parler des différentes mesures mises en place en belgique et en europe.

comme tous les ans, l'équipe de la fel s'est rendue à jodoigne pour fêter le travail en compagnie d'autres associations dans une ambiance conviviale et libérale.

18 avril 2016Comment lutter contre le terrorisme et par quels moyens ?le cel namurois, en collaboration avec l’aGe de l’unamur, a eu le plaisir de recevoir denis ducarme, jan jambon, et thierry braspen-ning pour discuter des questions de sécurité.

21 avril 2016Pot pourri i & ii : l'avis des praticiens le cel ulb a invité les professeurs en-glebert et Mandoux afin de décrypter la réforme de la justice du Ministre Geens.

sophie Wilmes, Ministre fédérale du budget a participé à un repas durant lequel elle a été soumise aux questions des jeunes du cel ichec.

12 avril 2016midi politique au Cel ST-louiSl'équipe du cel recevait alain courtois, 1er echevin de bruxelles et député bruxellois afin d'aborder l'actualité de la capitale et l'évolution du projet de stade national.

29 avril 2016l'après 22 mars: quelle europe contre le terrorisme?

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édito

Président de la FEL

Vous avez entre vos mains le dernier Libertines de l’année académique 2015-2016. Il comprend des articles écrits par les étudiants et pour les étudiants sur des thèmes variés et divers. Chaque Libertines contient désormais un dossier thématique sur un sujet trépident. Souvenez-vous du dossier sur les réfugiés ou encore sur la mobilité. Cette fois-ci, nous avons opté pour un thème sur la Justice et les Affaires intérieures belges, thème très actuel qui avait pourtant été décidé bien avant les grèves survenues dans nos prisons.

Ce Libertines clôture surtout une année riche en activités multiples et publications. Jamais les étudiants Libéraux nationaux n’ont été aussi actifs. J’ai été fier d’être à la tête d’un si beau mouvement. Déjà en septembre, nous publiions une mini-campagne sur le décret Marcourt. Nous défendions également nos idées sur les cours de citoyenneté en octobre. J’ai eu personnellement la chance de défendre nos idées et nos valeurs sur ces deux thèmes à l’ULB. Nous avons par ailleurs participé à la négociation sur les numéros INAMI. Portés par une amélioration de l’éducation en Belgique, nous imaginions en novembre un Plan Qualité pour l’enseignement supérieur. Un Congrès a également été organisé sur quatre thèmes, thèmes qui ont d’ailleurs fait l’objet de positions prises par le BP et qui sortiront dans un Mémorandum fin juin. Accueillir le Premier Ministre dans le superbe cadre de Val Duchesse a aussi été une grande chance pour nous. Ensuite, le deuxième quadrimestre a débuté par une mise au vert exceptionnelle. Nous avions alors décidé de militer pour des solutions afin de favoriser l’emploi des jeunes. Dans ce cadre, les très bonnes idées ont rapidement fusé et est sortie une très belle campagne sur l’emploi qui s’attache à revoir profondément les bases et à donner des idées novatrices et trop peu souvent mises en valeurs. Une équipe motivée est par ailleurs partie par deux fois défendre, avec les Jeunes MR et les Jong VLD, les valeurs européennes qui sont très chères à la FEL durant les week-ends organisés par le Lymec, les jeunes libéraux européens. Ils en gardent tous une expérience internationale enrichissante. Cette équipe a par ailleurs donné les bases d’une doctrine de la FEL sur l’Union européenne, qui sortira en septembre. Cette doctrine, composée de dix chapitres, reprenant les dix compétences principales de l’Union européenne donnera des idées avancées, poussées et libérales pour un meilleur avenir de l’Europe. Ponctuée de multiples CP’s (notamment sur le service minimum en temps de grève), de brèves innombrables, de mises au vert, de nombreux BP, de débats interminables, de quatre Libertines bien fournis, cette année se termine dans une dynamique plus que florissante et j’espère sincèrement que cette dynamique sera si pas accélérée, continuée !

Je remercie réellement tous les membres du National - mes deux vice-présidents Cédric et Louis en particulier pour leurs conseils jour et nuit - qui ont fait en sorte que ce bilan soit aussi réussi. Je remercie bien sûr encore davantage les membres des sections locales et particulièrement leurs présidents. Chaque section a organisé au sein de son université un nombre inqualifiable d’activités. La renommée de la FEL n’a jamais été aussi haute qu’aujourd’hui. Enfin, je remercie le staff, à savoir Emilie, Daphné, Benjamin parti depuis peu chez Jeunes et Libres et Olivier son nouveau successeur. L’ambiance du staff est et reste extraordinaire. Venir au bureau est toujours un plaisir sans nom.

Depuis toujours, la FEL devance l’actualité de par ses idées novatrices. En 2000, nous militions déjà pour le mariage pour tous. Rappelez-vous qu’il a été adopté en 2003 en Belgique (et seulement en 2014 en France...). En septembre, nous évoquions dans le premier Libertines la crise des réfugiés et certaines solutions ; crise identitaire que l’Europe ressent profondément aujourd’hui. C’est notre force. Nous avons la chance de bénéficier d’une indépendance qui nous permet de militer sur des sujets novateurs et nous devons en profiter. La FEL est réellement une famille. Comme une famille, elle est composée de gens aux avis parfois opposés mais qui font partie d’un grand tout où chacun pourra toujours être écouté, argumenter et faire avancer ses idées. C’est ça la FEL !

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DOSSIER

Lorsque l’on vit le deuil d’un ami proche, utiliser les mots justes pour exprimer ce que l’on ressent et parler de lui au passé relève d’un véritable défi. C’est pourtant ce à quoi nous sommes confrontés suite aux attentats du 22 mars dernier.

Léopold Hecht, membre des étudiants Libéraux et ami cher à nos cœurs, nous a quittés. Il laisse de belles valeurs et des souvenirs mémorables au sein du Cercle des étudiants Libéraux de Saint-Louis mais aussi à tous ceux qui le côtoyaient, de près ou de loin. Sa joie de vivre et sa motivation ne laissaient personne indifférent. Léopold était un étudiant assidu, passionné depuis toujours par le Droit et duquel nous avons énormément appris. Sa détermination et sa capacité à réussir tout ce qu’il entreprenait était époustouflante. Jeune homme aux multiples facettes, nous conservons de lui le souvenir d’un être serviable, chaleureux, bienveillant et nous lui serons éternellement reconnaissants de ce qu’il nous a appris.

C’est un véritable manque qui se fait ressentir dans le quotidien de ses proches. Aujourd’hui, Léopold nous a quittés mais il reste présent dans les pensées de chacun. Nous continuerons à nous battre pour lui, pour les valeurs qui lui étaient si chères mais aussi pour tous ceux qui ont perdu la vie ou ont été blessés lors de ces horribles attentats. Le meilleur moyen de leur rendre hommage est de continuer à vivre et de ne pas céder à la peur. Des larmes ont coulé, des cœurs se sont déchirés mais ensemble, nous resterons plus forts que ces barbares.

Ce Libertines est dédié à la mémoire de Léopold Hecht.

Nous ne t’oublierons jamais !

Patrick Debroux, Annelise Deville, Laura Hidalgo

HommAge

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Les attentats du 22 mars ont ébranlé la Belgique mais ils ont également mis en évidence des failles au niveau de la justice et des affaires intérieurs de notre plat pays. Bien que certains aient tenté de nier l'évidence, nous sommes tous aujourd'hui conscients qu'une réforme en profondeur est inévitable ! Il est temps de redonner de l'éclat à un système qui a trop souffert des "réformettes" sans aucune vision à long terme.

Dans ce dossier, nous aborderons donc la récente réforme de la Justice (rédigé par notre regretté Léopold) et nous nous

interrogerons sur l'inéluctable révision du système carcéral. Vous trouverez également le témoignage d'un membre de la police technique et scientifique présent sur le terrain à la suite des attentats de Bruxelles ainsi qu'une interview du Ministre de la Sécurité et de l'Intérieur. Le meilleur moyen de se faire une idée de la situation est toujours de prendre les informations de plusieurs côtés. Pour finir, vous retrouverez un message d'espoir du Président de la FEL sur le devenir de notre société.

Justice & AffAires intérieures

DOSSIER  p.06 La Justice se réforme

  p.08 La Belgique doit-elle envisager une révision de son système carcéral ?

  p.10 témoignage d'un membre de la police technique et scientifique

  p.11 22 mars 2016 : relevons-nous et avançons

  p.12 7 Questions à Jan Jambon

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recentrer la justice sur ses tâches essentielles pour booster son efficacité et diminuer ses coûts, c’est-là l’objectif premier du plan

du Ministre de la Justice, Koen Geens (CD&V). En matière civile, l’objectif est ainsi que les jugements soient rendus dans l’année. Diverses voies recours aujourd’hui ouvertes au justiciable sont ainsi appelées à perdre en importance, voire à s’estomper. En vue de soulager les tribunaux d’une partie de leur contentieux, des procédés alternatifs de règlement du litige, tels que la médiation, seront privilégiés. Il a d’ailleurs été décidé que l’avis du ministère public, souvent déterminant pour éclairer le juge, ne serait plus que facultatif dans les affaires communicables. Plus formellement, le principe de la décision collégiale tend à se voir remplacé par la règle du juge unique, sauf dans les cas où elle s’avère strictement nécessaire. La motivation des jugements sera simplifiée, et l’impact des vices de forme sur l’annulation du jugement sera désormais bien moindre. C’est donc ici l’impératif d’accélération de la procédure qui prévaut.

Le pénal remis à neufIndépendamment du civil, c’est bien au niveau

pénal que M. Geens frappe le plus fort en prévoyant d’emblée un « nouveau code de procédure pénale » et une réécriture du code pénal pour la fin de la législature. Les différentes mesures envisagées, parfois révolutionnaires, font figure de « mise à jour » du système pénal belge. L’objectif poursuivi ? Réadapter la justice belge aux exigences auxquelles elle devrait déjà satisfaire aujourd’hui, face à une société de plus en plus complexe.

Le premier éventail de réformes pénales vise la réduction du nombre de peines privatives de liberté. La peine de prison est considérée comme problématique, parce que c’est elle qui est la plus punitive et qu’elle empêche la réinsertion future du condamné. La surveillance électronique remplacera ainsi toutes les peines de moins d’un an de prison.

La libération conditionnelle renforcéeEn ce qui concerne la libération conditionnelle, elle deviendra systématique si la peine est inférieure à cinq ans. Dans le cas d’une peine supérieure, le tribunal d’application des peines aura toujours à se prononcer. Seule différence dans ce cas : la question d’une libération sous conditions se posera uniquement à la moitié de la peine là où,

Le 15 mars dernier, le ministre Koen geens annonçait une réforme en profondeur de la justice. Celle-ci vise à moderniser et à améliorer l’institution avec des moyens toujours réduits, rigueur budgétaire oblige. mais que faut-il réellement attendre de ces réformes ?

en Belgique, pour l’année 2000, 244.579 demandes en Justice de paix ont été introduites contre 454.923 en 2013.

La Justice se réforme

Léopold Hecht

N.B :Cet article a été rédigé en octobre 2015 et est paru dans notre Libertines n°6. Les faits étant toujours d'actualité, nous pensions que le plus bel hommage que l'on pouvait rendre à Léopold était de republier cet article.

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jusqu’à présent, on pouvait l’envisager au tiers pour les délinquants non récidivistes, et aux deux tiers pour les autres. Dans le même esprit, la détention préventive sera réformée. La principale nouveauté en la matière est la limitation de la détention préventive dans le temps et l’introduction de délais fixes pour son application et sa prolongation. En outre, la surveillance électronique se substituera à la détention préventive pour les personnes passibles de peines d’emprisonnement d’un à trois ans.

Il ressort de l’esprit général du plan que le Ministre tend à instituer le ministère public comme principal pilier de ses réformes pénales. Le parquet se verra ainsi confier un nombre important de nouvelles compétences, notamment en matière de règlement de la procédure et de devoirs d’enquête.

Une « mini instruction » sous tensionsImpossible de passer le plan du Ministre en revue sans finir par aborder la « petite » réforme appliquée à l’instruction. Est prévu un élargissement non négligeable de la « mini instruction », une procédure par laquelle le ministère public est habilité à obtenir du juge d’instruction qu’il pose certains actes sans qu’une instruction soit réellement ouverte. Sont ainsi concernées par cet élargissement : la surveillance électronique, la perquisition, les écoutes électroniques… Ce projet est largement contesté par le corps des magistrats instructeurs qui pointent du doigt la mise en danger des libertés individuelles de chacun. Contrairement au juge d’instruction, le parquet n’est en effet pas obligé d’informer à charge et à décharge.

On l’aura compris, le plan est encore loin de convaincre l’ensemble des intéressés. Malgré tout, il s’en dégage des pistes de nature à aider notre justice à se moderniser et à faire face aux difficultés auxquelles elle est sans cesse confrontée. La polémique qu’il suscite provient du fait que ces bonnes intentions sont avancées au prix de ce que certains estiment être un recul du droit du justiciable.

8.168en 2013,

le PeRSonnel adminiSTRaTif JudiCiaiRe

S'élevaiT à 8.168 PeRSonneS.

121,75%en 2014,

on ComPTaiT 11.769 déTenuS en Belgique PouR une CaPaCiTé

d'aCCueil 9.592 PlaCeSSoiT 121,75% de SuRPoPulaTion.

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Jugé inefficace voire inadapté aux besoins de notre société, force est de constater les manquements qui lui sont imputables. Ajoutez

à cela un système judiciaire en perdition (à l'image du palais de justice diront certains) et inefficace, il est grand temps de repenser en profondeur la logique entière de nos instituts pénitentiaires. La question est maintenant de savoir ce que nous gardons de notre système actuel, et ce que nous pouvons apprendre d'autres états aux systèmes assimilables par notre structure étatique et politique.

La prison a un coût Ce coût, nos gouvernements successifs (sans distinctions de couleurs politiques) se sont efforcés de le diminuer ces dernières années. Il n’a pourtant jamais été question de repenser le financement des prisons, chacun s’ajustant au nouveau budget alloué.

De ces coupes budgétaires à répétition résulte la situation déplorable dans laquelle se trouve le système carcéral belge : des institutions vétustes sources de multiples rappels à l'ordre quant aux normes de salubrité et des droits de l'Homme, un personnel en sous-effectif constant qui, il y a peu, s'en plaignait publiquement (et comment pourrions-nous lui donner tort) ou encore des prisons surpeuplées. Ce dernier point est d’ailleurs tout particulièrement critique. Alors même que l'objectif originel d'institutions telles que la prison consiste en une isolation des individus constituant un danger pour la société, on se rend compte que la concentration de détenus ne fait que l'amplifier. En effet, la proximité entre délinquants au sein d'établissements fermés favoriserait la formation de

La BeLgique doit-eLLe envisager une révision

de son système carcéraL ?

à l'heure où tout semble être sujet à révision et autres réformes, le système carcéral belge ne fait pas exception à la règle.

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N.B :

réseaux criminels et serait un vecteur important des idées extrémistes, n'empêchant en rien l'augmentation du taux de récidive.

Un taux de récidive qui exploseEn effet, selon une étude de l’Institut National de criminalistique et de criminologie (INCC), près de 6 détenus sur 10 récidivent dans les dix ans. Ces chiffres accablants démontrent la défaillance de notre système pénitentiaire. Celui-ci doit donc être réformé ! Deux possibilités s’offrent à nous, nous pourrions choisir le modèle américain qui privilégie l’enfermement à outrance (plus de 2 millions de prisonniers) sans diminution significative de la récidive, ou nous inspirer de la politique carcérale des pays d’Europe du Nord, qui enferme dix fois moins qu’aux états-Unis, qui traite chacun en vue de sa réinsertion sociale et dont le taux de récidive est très bas.

Il est impératif d’aller plus loin face à l’échec à la fois humain et économique du système d’enfermement belge. Dans ce modèle nordique, l’autonomisation des détenus leur permet de préparer au mieux leur réinsertion dans la société civile à leur sortie.

Dans les pays où le système des prisons ouvertes est généralisé, le taux moyen de récidive est bas. Il est de 28% au Danemark, notamment pour les infractions comme le vol ou le recel. Ce modèle de prison ouverte est admis pour les personnes condamnées à une peine inférieure à cinq ans et celles qui purgent une peine plus longue, après avoir passé le premier tiers de la peine dans une prison fermée, exécutent le reste de leur sentence dans une prison ouverte. Pour favoriser leur réinsertion, ils ont l’obligation de travailler ou de suivre un programme scolaire ou universitaire quotidiennement. Par après, ils peuvent aménager leur temps libre, tout en restant dans la prison. Il faut donc repenser les prisons car oui, elles font

toujours partie prenante de la solution mais le travail de réinsertion doit devenir une réelle priorité.

Un manque d’adéquationDans de telles circonstances, il faut se poser la question de l’adéquation de notre système carcéral. De plus en plus, nous entendons parler de radicalisation et du vecteur important qu’est la prison dans ce processus de déshumanisation. L’actualité des derniers mois le démontre, des petits truands deviennent de véritables caïds dont les actes sont souvent irréparables. Le processus de radicalisation en prison est une réalité dans la mesure où l’individu incarcéré est désorienté.Celui-ci est une proie facile pour les imams autoproclamés des prisons.

Autre phénomène inquiétant, l’incarcération des combattants revenus de Syrie et qui sont vus par une frange de détenus comme des héros, en témoigne l’arrivée quasi triomphale de Salah Abdeslam à la prison de Fleury-Mérogis. à terme, qu’en sera-t-il de leur influence sur les autres détenus ? Il est nécessaire de travailler davantage la prévention et de veiller à l'isolement des radicaux pour ainsi tenter de contrer une propagation de ces idées nocives.

La prévention de la radicalisationPour la politique de prévention, il faut davantage travailler avec les imams qui officient au sein des prisons et s’intéresser à leur formation. Il s'agit d’un travail sur le long terme qui permettrait d’éviter une propagation de l’idéologie du radicalisme au sein de nos prisons. En ce qui concerne l'isolement, il faut y recourir de la manière la plus totale pour les détenus radicalisés afin que ces derniers ne puissent en aucun cas propager leurs idées, visions et idéaux. En effet, l’isolement partiel permet toujours des espaces de communication avec d’autres détenus.

John de Coster, Cédric Pierre et Laurent Costas

Il est important de noter que cet article a été rédigé bien avant les grèves des agents pénitenciers et ne se veut nullement être une réaction à ces mouvements.

2117 : est le chiffre de la surpopulation carcérale en Belgique en 2014

En 2014, la Belgique comptait 11 769 détenus pour 9592 places

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1comment avez-vous appris La nouveLLe ? J’étais de permanence au bureau, je ne devais normalement m’occuper que de ça en cette journée.

à 8h du matin, notre chef de service nous réunit et nous annonce que des attentats ont été perpétrés à l’Aéroport National de Zaventem.

Il forme des équipes et nous sommes tous consignés au bureau en attendant des nouvelles plus précises.

Nous préparons alors du matériel en suffisance.

Une équipe est envoyée à Zaventem.

à peine avions nous fini de préparer le matériel, nous apprenons qu’il s’est passé un deuxième incident dans le métro, station Maelbeek.

Une autre équipe est alors envoyée sur les lieux.

Nous sommes arrivés sur place…. trop tôt. Les secours étaient encore occupés et les lieux n’étaient pas encore sécurisés par les démineurs et la protection civile.

3sur queL Lieu avez-vous travaiLLé?

avez-vous eu Le choix ?Le chef de service nous a demandé, lors de la formation des équipes,

qui était volontaire pour se rendre à Zaventem. La première équipe était formée. J’ai donc été dans la seconde équipe, par défaut mais

j’aurais pu être volontaire pour aller sur les lieux.

2queLLe a été votre première réaction ?La peur. Ensuite vient l’angoisse de ce que nous allions découvrir et encore après, la colère

5avec Le recuL, comment avez-vous vécu

cette Journée ? Comme une journée marathon. Je n’avais aucune notion de l’heure, aucune notion du temps qui passait. Je suis remonté de la station de

métro vers la rue de la Loi plusieurs fois pour prendre l’air mais en fin de journée, j’ai été étonné qu’il fasse déjà nuit. Il était 1h du matin.

6trouvez-vous qu’iL y a des choses à améLiorer ?

Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation.

La mise en place d’exercices réguliers impliquant tout le personnel du laboratoire en collaboration avec les autres intervenants est indispensable.

Pour améliorer notre service, il faudrait plus de moyen au niveau du personnel mais aussi du matériel. Actuellement, nous sommes une

quarantaine au Labo de Bruxelles. Nous devons nous occuper des vols, des crimes, etc. Pendant la semaine du 22 mars, nous avons du laisser tous les vols de coté, manque de personnel pour s’en occuper, malgré

l’aide des différentes polices techniques et scientifiques du pays.

4queL a été votre travaiL concrètement ?

Notre premier objectif était d’identifier le terroriste. Chose faite très rapidement.

Ensuite, notre travail a été de relever tous les indices relatifs à l’explosion en travaillant en collaboration avec le service de déminage

(SEDEE), le service d’identification des victimes (DVI) et avec les techniciens de la STIB qui ont fait un travail remarquable.

Je dois souligner l'excellente collaboration entre tous ces services.

témoignage d'un memBre de La poLice technique et scientifique.

compte - rendu

nous avons réussi à nous procurer Les impressions et Le ressenti d’un memBre de La poLice technique et scientifique après Les attentats.

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une connaissance, un frère ou encore un ami ont été arrachés de notre monde. Plus que jamais, une émotion profonde a touché

l’ensemble des Belges : une profonde tristesse emplie d’un désir de renaissance.

Les premiers arrivés sur les lieux de la tragédie furent bien sûr les services de secours et de police. Ils ont effectué sur place un travail efficace et douloureux. Ils ont vu l’inimaginable du hall de l’aéroport et des profondeurs du métro. Pour les services de secours et de police, ce sont des images ineffaçables et affligeantes. Toute leur vie, ils se souviendront de cet évènement dramatique. Leur force d’esprit face à un tel cauchemar est exemplaire.

L’incompréhension reste totale face à cette horreur. Comment des êtres humains ont-ils pu commettre des actes aussi inhumains ? Jusqu’à peu, la plupart de ces terroristes étaient des quidams tout à fait classiques. Nous aurions pu les rencontrer aisément dans le métro, dans la rue, dans des boites de nuit.

Cependant, tous menaient une vie désorientée, vide et sans réel but. Endoctrinés par des islamistes radicaux, ils ont senti pour la première fois dans leur vie qu’ils pouvaient être utiles. Pour la première fois dans leur vie, ils se sont sentis porter par un but : la cause djihadiste. Ces endoctrineurs ont remplacé le désespoir de ces tristes personnes par de la haine, de la méconnaissance et une interprétation erronée de l’Islam. Ils en ont fait des soldats aveugles et dangereux, prêts à commettre l’impensable.

Depuis ce jour, la communauté musulmane

souffre encore davantage des amalgames. Cette césure entre les communautés est en soi un des buts de ces djihadistes. Nous devons absolument bannir les amalgames et réfléchir à un avenir juste, rassembleur et respectueux de tous.

En tant qu’étudiants Libéraux, c’est à nous de promouvoir les valeurs de liberté, d’humanisme, de progrès face à de telles absurdités. C’est à nous, en tant que citoyens, de trouver des solutions afin d’éviter à tout prix que cet affreux cauchemar ne se reproduise.

22 mars 2016 : reLevons-nous et avançons

François Lamy

©Botond Horvath / Shutterstock.com11

1queL est votre parcours, pourquoi et comment êtes-vous entré en poLitique ?Tout a commencé à l’unif, j’étais déjà fort intéressé par la politique et j’étais membre des jeunes Volksunie (le parti dont est issu la N-VA). J’étais actif sans pour autant me présenter avant 88’. En 88, la Volksunie est entrée au Gouvernement mais je ne supportais pas le projet. En effet, en entrant dans le gouvernement, la VU acceptait le bétonnement des facilités linguistiques pour les francophones de la périphérie et la naissance de la Région de Bruxelles-Capitale.

Par après, je suis resté actif dans le Mouvement flamand, un groupe de pression qui n’était pas lié à un parti. Plus tard, la Volksunie s’est scindée et je suis devenu membre passif de la N-VA. Ce n’était encore qu’un très petit parti, on était en cartel avec le CD&V. Dans ma commune, Brasschaat, mon ami bourgmestre voulait que je me présente comme le représentant de la N-VA et faire un cartel local. J’ai demandé conseil à Bart De Wever, qui était une connaissance, il était assez étonné mais il avait besoin de profils venant du monde de l’entreprise. C’est comme ça que je me suis retrouvé sur les listes pour la Chambre. La section locale à Brasschaat s’est lancée avec 10 membres et aujourd’hui, nous sommes plus de 650.

Vice-Premier ministre et ministre de la Sécurité et de l'Intérieur, chargé de la Régie des bâtiments.

3La coopération inter-

étatique s'est-eLLe améLiorée depuis Les attentats de charLie

heBdo, voire depuis Le 13 novemBre ? queLs

aspects sont encore à améLiorer dans La

coopération poLicière et Judiciaire en europe ?

Avant les attentats de Paris et de Bruxelles, la Belgique et la

France coopéraient déjà, surtout depuis la cellule de Verviers.

Cette coopération fonctionnait déjà très bien. Il y avait aussi

des systèmes comme Europol et Interpol, qui faisaient du

bon boulot et c’est toujours le cas. Désormais, cinq pays

fournissent 85% des données, c’est insuffisant. Les adhésions

à cette base de données se font sur base volontaire. Selon

moi, son accès devrait être contraignant, notamment lors

de la ratification de certains traités. En fait, lors des

rencontres, il y a beaucoup de bonne volonté mais les actes

manquent. Récemment, Gilles de Kerchove (ndlr : coordinateur

de l'Union Européenne pour la lutte contre le terrorisme) a d’ailleurs proposé de lister les

pays qui ne transmettent pas les informations afin de les stimuler

à coopérer.

2comment considérez-vous La coopération

avec Les entités fédérées et Les zones de

poLice LocaLes dans Le cadre des attentats terroristes ? queLLes

soLutions ou réformes faudrait-iL envisager

pour davantage d’efficacité ?

Actuellement, il y a 189 zones de polices, elles sont petites et chacune d’elles emploie

du personnel pour les mêmes tâches, ça doit évoluer. L’accord

de Gouvernement prévoit de stimuler la fusion des zones de police. à terme, il serait

préférable de voir apparaitre une forme d’obligation que fixerait

le prochain Gouvernement pour rationaliser.

Concernant la coopération avec les entités fédérées, la répartition des compétences est bien faite et les rôles sont clairement définis.

Seule la Région de Bruxelles- Capitale a des compétences

en matière de sécurité, ce n’est pas le cas pour les Régions

wallonne et flamande, ce qui n’est pas très cohérent. Il faut une politique uniforme pour que tout fonctionne au mieux, optimiser

la communication dans son ensemble et permettre ainsi une

meilleure action.

Cédric Pierre

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5La commission d’enquête ne risque-t-eLLe pas de pointer du doigt des erreurs dans La poLitique BeLge mise en pLace depuis des années et donc par Les précédents gouvernements ? Oui, ce sera probablement le cas, il y a eu de nombreuses erreurs concernant l’intégration. Il faut commencer avec la politique de migration et son manque de vision. On ne s’est pas assez intéressés à l’évolution des arrivants à l’époque, on a laissé évoluer, on ne s’intéressait pas à leur intégration. Aujourd’hui, on a beaucoup de mal à comprendre car les radicalisés sont issus de la 3ème ou 4ème génération mais les erreurs datent déjà de la 1ère. On a laissé inculquer des théories, des idéologies sans veiller à l’intégration. Le constat est là, il faut maintenant agir.

6un petit mot sur L’entente avec Le mr, seuL parti francophone, au sein du gouvernement ?La collaboration avec le MR se passe très bien. Il n’y a pas de communautaire au programme, on se tient à ce qui a été fixé dans l’accord de Gouvernement. Charles Michel fait du bon boulot, nous avons une bonne relation. Lorsqu’on parle sécurité ou affaires socio-économiques le MR est un bon partenaire.

4La présence des miLitaires dans Les rues, est L’une des mesures phares mais est-ce efficace ? n’est-ce pas de La compétence de La poLice de veiLLer à La sécurité des personnes dans nos viLLes ?Oui c’est efficace. Faire appel à l’armée pour certaines missions est moins couteux que des policiers, c’est dans ce cas-ci d’autant plus tenable que les mesures sont liées au niveau 3. La véritable question c’est : durant combien de temps peut-on rester en niveau 3 ?

Pour ce qui est des compétences, les militaires ont un rôle statique alors que les policiers sont plus mobiles. C’est une mauvaise utilisation des militaires de les limiter à ce rôle statique. C’est plus un débat de capacité, il n'y a pas tellement d’enjeux politiques. On voit bien que la population se sent rassurée par la présence militaire.

7Jusque 2019 et au-deLà ?Pour 2019, qui vivra verra… la NVA va présenter une réforme institutionnelle car c’est l’ADN du parti. Il faudra discuter, le gouvernement fait du bon travail mais il faut aussi que chaque parti soit en accord avec ses convictions et pour nous il faudra une nouvelle réforme de l’état.

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Les tops !

En janvier et février, 16% de plus d’indépendantsqui engagent un 1er travailleur

Les fLops !

Les syndicats qui perdent le Nord

Le vote du Parlement wallon

contre le CeTA

L'éviction de georges-Louis Bouchez

de la majorité Montoise

7 travailleurs sur 10 se disent heureux au travail

Le communiqué conjoint de la FGTB et

de la FEF défendant les grèves sauvages

VS

14Libertines - Juin 2016

Actu

Construire demain

Mettre des mots sur ses idées n’est jamais chose aisée mais après les évènements tragiques du 22 mars, ça l’est encore moins. Il ne faut

certes jamais oublier les victimes innocentes : ces personnes qui allaient travailler, qui allaient étudier, qui allaient en voyage. Il faut néanmoins se tourner vers l’avenir et réfléchir à la société que nous souhaitons pour demain.

Nous voulons une société dans laquelle l’amalgame n’a pas sa place. Il est bien trop simple de stigmatiser une communauté à cause des actes d’une poignée de leurs membres. Au contraire, nous, libéraux, devons montrer qu’il est nécessaire de travailler avec elle. en effet, le phénomène actuel est bien plus complexe que certains pourraient le croire. Certes, plusieurs politiciens ont fait des erreurs. en se cachant derrière le multiculturalisme et en s’opposant à une intégration indispensable à notre vivre-ensemble, ils ont laissé se développer des foyers de radicalisme. Ceux-là même qui défendaient l’islam sont aujourd’hui à la source de l’islamophobie. Nous, libéraux, avons parfois été traités de racistes lorsque nous proposions l’instauration d’un parcours d’intégration, la création d’un islam de Belgique ou plus largement, d’un islam européen. Il aura pourtant fallu de tragiques événements pour laisser apparaître la nécessité de ces propositions pour le bien-être de notre société. Désormais, nous avons un autre combat, nous devons montrer que l’amalgame n’a pas sa place dans notre pays et que la tolérance doit toujours être reine. A cette fin, la mixité doit réellement prendre tout son sens. Des politiques d’intégration efficaces doivent être courageusement mises en place. Chaque nouvel arrivant doit finalement se sentir citoyen belge sans pour autant renier ses origines. Cela nécessite également de décloisonner certains quartiers. en 2016, il n’est en effet plus correct d’accepter l’existence de ghettos, qu’ils soient culturels ou sociaux. Une société ne devient grande qu’en percevant la richesse de sa diversité.

en outre, nous défendons une société où les libertés sont entièrement garanties. A l’heure où un besoin de sécurité est ressenti par la population, il faut veiller à ce que ce besoin n’empiète pas sur les exigences de liberté nécessaires à une véritable démocratie. La présence de militaires dans les rues est justifiée mais doit absolument garder son caractère exceptionnel. Cette situation ne doit pas devenir ordinaire au risque de voir le sentiment de peur l’emporter sur celui de la sécurité. Les contrôles systématiques dans certains lieux ne doivent pas entraver le droit de se déplacer librement. De plus, la fermeture de certaines frontières doit rester un phénomène rare et limité dans le temps. elle ne doit, en aucun cas, mettre en péril les libertés de circulation chères à l’intégration européenne. Nous, libéraux, devons donc veiller à cet équilibre essentiel entre liberté et sécurité. Nous savons néanmoins que le gouvernement y est très attentif.

Nous sommes aujourd’hui à un moment-clé pour l’avenir du vivre-ensemble. Nous devrons rappeler que la lutte contre le terrorisme ne se fait pas au moyen d’une discrimination à l’égard d’une communauté. C’est en travaillant avec elle que nous vaincrons la barbarie. Nous devrons insister pour que nos libertés ne soient pas bridées au profit de mesures sécuritaires excessives. elles n’ont aucunement leur place dans une société libre. Bref, la tâche s’annonce ardue mais pas impossible. Nous, libéraux, devons répondre présents pour construire demain.

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Mehdi Picone

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ayant lieu deux fois par an, cette assemblée réunit toute une série d’organisations de jeunes et de jeunesses politiques libérales

affiliées au groupe ALDE et venues d’un peu partout à travers l’Europe. Le but ? Des rencontres, de l’échange, du networking d’abord. Il s’agit en effet de rencontrer des jeunes libéraux venus d’Allemagne, du Royaume-Uni, de Slovaquie, d’Espagne, etc. Il s’agit de discuter, d’échanger sur le libéralisme et ses valeurs. C’est avant tout une expérience enrichissante, d’où l’on revient grandi. Mais ce n’est pas tout.

Cette fois-ci, c’est la belle ville de Vienne qui a été choisie pour le rassemblement. Celle-ci a une place considérable dans la conscience populaire : capitale de la musique européenne, siège de la romance de la célèbre Sissi, mais aussi lieu du Congrès qui redessina l’Europe après le passage dévastateur de Napoléon. Et c’est sous un beau ciel bleu (caractère exceptionnel de l’évènement oblige) que le week-end s’est déroulé.

Au coeur même du Congrès : le débatAu programme : conférences et débats dans une humeur libérale. Chaque organisation participante a le droit de soumettre des résolutions portant sur des thématiques ayant trait à l’Europe. Les résolutions sont ensuite projetées devant l’assemblée et l’organisation auteure est appelée à venir la défendre. Tout un chacun a bien entendu le droit de proposer des amendements, ce qui donne lieu à des débats constructifs. La bonne entente est de mise, même si les débats ont tendance à extérioriser, voire à cristalliser les divergences d’opinions entre jeunesses libérales. Mentionnons le gaz de schiste, qui a suscité des divergences d’opinion jusqu’au sein-même des associations libérales belgo-belges. Cela prouve bien que le libéralisme n’est pas perçu de la même façon par tous. Les thématiques étant variées et techniques (de la radicalisation chez les jeunes à l’espace Schengen, en passant par la crise migratoire), une prépartion est nécessaire. Elle permet d’amener des amendements et remarques sur les résolutions présentées et d’ouvrir le débat.

Les LiBéraux se retrouvent à vienne29 avril 2016. 5h40, le réveil sonne. Le manque de sommeil n’est rien face à la perspective enthousiasmante du week-end : Le Congrès du Lymec.

Nos propositionsLors de cette rencontre, la Fédération des étudiants Libéraux, en collaboration avec les JeunesMR et nos homologues flamands du JongVLD, a soumis une résolution sur Schengen. Ensemble, nous avons voulu rappeler aux dirigeants européens l’importance du maintien de l’espace Schengen, de la lutte contre le radicalisme et contre la montée de l’extrémisme et du populisme. Nous avons également pu discuter de la résolution sur le gaz de schiste présentée lors du Congrès précédent à Helsinki, mais jamais débattue. L’occasion de rappeler que les libéraux belges sont fermement opposés à l’extraction du gaz de schiste !

Après avoir défendu bec et ongles nos deux résolutions, démontant les contre-arguments, tant bien que mal à certains moments, celle-ci sont votées et entérinées à l’unanimité. Un Congrès réussi, dirons-nous.

Alexia Duquesne,Thomas Caulier et

Bàlint Gyévai

16Libertines - Juin 2016

Actu

Des électionsOutre les résolutions, des élections ont également eu lieu. En effet, tous les deux ans, un nouveau secrétaire-général ainsi qu’un nouveau board est élu. Le LYMEC tient en la Danoise Sissel Kvist, 28 ans, sa nouvelle présidente. élue à plus de de 70% des voix, elle prend ainsi les rennes du LYMEC jusqu’en 2018. Son ambition principale déclarée est “d’encourager l’engagement politique des associations de jeunesse libérales”.

Un mélange de politique, de culture et de folklore Mais le Congrès du LYMEC, ce n’est pas que des discussions sérieuses et des débats intenses. Le samedi soir, la clôture officielle du Congrès est suivie d’une visite dans le centre-ville ensoleillé de Vienne. L’occasion pour les délégués de souffler un coup, d’admirer, le temps d’une soirée, la beauté des lieux et de goûter à l’atmosphère détendue régnant dans les ruelles viennoises.

Le dimanche soir, c’est l’esprit enrichi par la diversité (libérale) que nous avons rejoint nos foyers respectifs. Ce passage furtif dans la magnifique capitale européenne nous a prouvé que la culture de la différence est une aubaine plus qu’un danger. Qu’est-ce donc que le libéralisme, si ce n’est l’idée de la tolérance, ou plutôt la tolérance des idées, fussent-elles extrêmes ou modérées, semblables ou différentes ?

alerte : épidémie gouvernementale en Cours

Emilie Verstraeten

Depuis quelques semaines, une étrange épidémie se propage au sein des différents Gouvernements

belges. L’une après l’autre, nos ministres féminines remettent leur démission. Joëlle Milquet, Ministre de l’Education en a été la première victime. Prise entre deux feux dans une sombre affaire d’utilisation de collaborateurs factices dans son cabinet ministériel avant les élections de 2014, elle n’a eu d’autre choix que de passer son tour. C’est ensuite Jacqueline Galant qui a mit un terme à son mandat fédéral. Il faut dire qu’après des débuts controversés et un parcours qui refroidirait le meilleur des équilibristes, elle avait peu de chances de sortir indemne des révélations accablantes de Laurent Ledoux, ex-président du SPF Mobilité et son plus fidèle détracteur.

Plus récemment, Annemie Turtelboom, Vice-Ministre-Présidente de l’Energie au sein du Gouvernement flamand a également fait parler d’elle en démissionnant de ses fonctions suite aux multiples attaques à propos de la « Turteltaks ». En effet, la Ministre s'est vue obligée de prélever 100� par ménage afin de résorber le déficit budgétaire causé par la politique précédente en matière de certificat vert. Cette nouvelle taxe aura fait couler bien trop d’encre pour permettre le suivi d’un travail serein.

Evidemment, c’est toujours « pour le bien des partis » que ces départs ont été orchestrés. Mais une question demeure, ces personnalités réussiront-elles à préserver leur légitimité politique ou devront-elles sérieusement penser à une reconversion ? Une chose est sûre, tous les partis y ont laissé des plumes et des voix.

Seule la gente masculine semble actuellement épargnée. Koen Geens, Ministre de la Justice et Jan Jambon, Ministre de l’Intérieur y ont d’ailleurs échappé de justesse. Mais attention, les prochaines élections sont encore loins et aucun Ministre n’est à l’abri !

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point de vue

nul n’a besoin d’être expert en droit turc pour savoir que le PKK, ou Parti des Travailleurs Kurdes, est frappé d’illégalité en Turquie. Il

ressort en outre des médias nationaux turcs, dont on peut légitimement douter de l’indépendance et de l’impartialité, que les Kurdes sont des trublions, des rebelles, voire des terroristes. Et pourtant, l’autre versant du récit nous relate que les Kurdes forment une minorité discriminée, frappée d’ostracisme, voire martyrisée. Alors qui a raison ? Et qui sont ces Kurdes, existe-t-il un Kurdistan ?

Approche historiqueLes premières traces de la société kurde sont à retrouver au VIIème siècle avant Jésus-Christ, lorsque les Mèdes, considérés comme les ancêtres des Kurdes, bâtirent un empire qui s’étendait sur l’Assyrie et sur une bonne partie de l’ancien Iran. Ce n’est qu’au XIIème siècle que l’on parle véritablement de “Kurdistan”, Nation du peuple Kurde. Ce petit détour historique permet de constater que l’identité kurde ne date pas d’hier et qu’elle charrie un héritage culturel ainsi qu’une religion propre. Bouleversée par la montée de l’Islam, elle parvint toutefois à conserver ses particularités.

Sous l’autorité des Ottomans durant 3 siècles, la société kurde a pu bénéficier d’une certaine autonomie et goûter aux bienfaits d’une coexistence paisible avec les Turques. Ce n’est qu’ à partir du XIXème siècle qu’éclatèrent les premières guerres et insurrections visant l’unification et l’indépendance du Kurdistan. Bien que soutenues par les puissances européennes, elles aboutirent à un échec, probablement minées par les divisions et luttes de pouvoirs internes.

Après l’affaissement de l’Empire Ottoman, les grandes puissances alliées, fortes de leur victoire, mentionnèrent la création d’un état Kurde dans le Traité International de Sèvres (1920). Ce ne fut malheureusement jamais mis en oeuvre. Pire encore, le peuple kurde assista au morcellement de son territoire entre la Turquie, l’Irak, l’Iran et la Syrie. Mais aujourd’hui encore, les aspirations à la création d’un état ne cessent de grandir, galvanisées par le sentiment nationaliste que retirent les troupes kurdes de la guerre contre Daesh ainsi que de l’opposition à Erdogan.

Les Kurdes et DaeshActuellement, les combattants kurdes, alias les Peshmerga (" ceux qui vont au-devant de la mort ") forment, avec l’armée irakienne, la principale force terrestre dans la lutte contre Daesh. Victimes au même titre que leurs voisins sunnites et chiites, les Peshmerga semblent a priori être mus par la légitime défense et également par un sentiment de vendetta généré par les atrocités commises par Daesh à l’égard de la communauté kurde. Mais sous les oripeaux de la noble cause qu’est la défense du peuple kurde et l’éradication du monstre extrémiste se cache un projet qui dépasse largement ces apparences. En effet, le sentiment nationaliste a le vent en poupe chez les kurdes. Unifiés par un ennemi commun, galvanisés par leur exclusion du processus de paix à Genève, les Kurdes n’ont jamais autant extériorisé leurs revendications d’indépendance et leur aspiration à une reconnaissance de la communauté internationale. Longtemps divisés en interne, ils se retrouvent ici sur un projet politique commun: la création d’un état Kurde. Sans doute misent-ils sur une victoire sur l’état Islamique pour asseoir

alliés ou ennemis ? Victimes ou terroristes ? Qu’on lise le journal sur un banc le long de la meuse ou dans un bar quelque part au coeur d’ankara, la réponse sera bien différente.

Kurdistan

18Libertines - Juin 2016

Actu

Bien qu'on ne puisse pas avancer un nombre exact, la population kurde est estimée à environ 35 millions de personnes réparties sur les territoires de la Turquie, l'Iran, la Syrie et l'Irak. Cette dissémination est l'un des problèmes majeurs du Kurdistan.

et justifier leurs revendications. La communauté internationale aura-t-elle d’autres choix que de considérer derechef les clauses du Traité de Sèvres après l’effort héroïque des Kurdes ?

Les Kurdes en TurquieLes Kurdes turques constituent une minorité, principalement implantée à l’Est. Eux aussi se montrent revendicateurs de plus d’autonomie, voire d’indépendance. Toutefois, cette volonté de se détacher ou du moins de s’éloigner du pouvoir central turc ne se concrétise pas systématiquement de la même manière. La majorité, à juste titre, privilégie la voie politique. C’est le cas du parti HDP, le parti démocratique des peuples qui a obtenu le score historique de 15% des voix lors des élections législatives de 2015. Ils prônent des valeurs d’égalité (ce qui explique notamment le quota élevé de femmes au sein des forces kurdes), de liberté et de non-interventionnisme.

D’autres, malheureusement, privilégient d’autres moyens que le bulletin électoral. C’est le cas du PKK, ou le parti des travailleurs du Kurdistan. Fondé en 1978, il est depuis en perpétuelle opposition avec le

pouvoir central turc. Cette opposition se traduit par des rebellions, des émeutes, voire, à en croire le président Erdogan, par des attaques terroristes. Inspiré par l’idéologie socialiste révolutionnaire, empreint de nationalisme kurde, il a en effet une fâcheuse habitude à recourir à la force et à la violence. Considéré comme une organisation terroriste par Erdogan et le Conseil de l’Europe, il se sent stigmatisé et oppressé par un gouvernement turc, il est vrai, assez hostile à son égard. En effet, d’aucuns ont pu lire dans la presse les récents clashs entre l’armée et les communautés kurdes. L’on ne peut en effet ignorer les attaques indiscriminées à l’encontre de la communauté kurde. C’est donc bien la population civile la première victime. Néanmoins, l’on ne peut justifier, non plus, les nombreuses attaques perpétrées par le groupe contre des institutions publiques, tels que des hôpitaux ou des commissariats de police.

En bref, ce petit aperçu de la communauté kurde permet de mieux comprendre les enjeux de ces querelles incessantes, ainsi que de se rendre compte des séquelles que peuvent laisser les erreurs du passé. Afin d’en tirer des leçons pour l’avenir, bien entendu.

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Actu

L ’emploi des jeunes est l’un des défis majeurs auxquels nos sociétés doivent répondre. En Belgique, et avant tout en Wallonie et à

Bruxelles, les chiffres sont sans appel. Le taux de chômage parmi les jeunes wallons âgés de 15 à 24 ans s’élève à plus de 32% alors que dans cette même tranche d’âge ce taux avoisine les 40% dans la Région de Bruxelles-Capitale, contre une moyenne de 19,7% au sein de l’Union européenne.

Face à ce constat statistique mais avant tout sociétal, la Fédération des étudiants Libéraux (FEL) a décidé d’étudier cette lourde problématique. La campagne #HiremeIfYouCan met en avant des solutions formulées autour de quatre grands axes.

Le premier s’articule autour du travail avec le monde enseignant. L’une des remarques les plus récurrentes au sujet de l’enseignement est le fossé existant avec le marché du travail. C’est pourquoi la FEL suggère notamment d’adapter les programmes scolaires aux spécificités du monde professionnel et d’envisager des partenariats public-privé afin de davantage remettre en phase les établissements scolaires avec la réalité du monde du travail.

Selon la FEL, l’enseignement a le devoir de revaloriser les filières techniques et professionnelles qui pendant de nombreuses années ont été uniquement considérées comme des voies de relégations, mais pourtant aujourd’hui largement porteuses d’emploi. Pour ce faire, la FEL préconise de travailler sur l’orientation des jeunes dès la 3ème secondaire, mais aussi d’instaurer des stages d’observation obligatoires.

Le second axe traite du travail avec les jeunes. Le

monde du travail et les carrières professionnelles n’étant plus aussi linéaires que dans le passé, la FEL souligne toute l’importance pour les jeunes de continuellement développer leurs soft skills, telles que le sens de l’initiative, la communication, la flexibilité pour ne citer que ces quelques exemples, et ce aussi bien dans la vie scolaire qu’extra-scolaire.

Par ailleurs, au vu de nos trois langues nationales et de la stature de l’anglais, la connaissance d’une seconde langue est le prérequis commun à pratiquement toutes les offres d’emploi. C’est ainsi que la FEL souligne toute l’importance du soutien à la formation aux langues étrangères et du besoin d’évaluation des outils existants (chèques-langues via le FOREM et Actiris, Wallangues, etc.).

Le troisième axe de travail de la Fédération des étudiants Libéraux s’articule autour du monde du travail. A nouveau, le constat le plus régulièrement mis en évidence est l’inadéquation entre l’offre et la demande de travail. L’une des meilleures façons de faire face à cette lourde problématique est d’encourager le recours à la formation en alternance, mais aussi de soutenir les jeunes désireux de lancer une entreprise.

Le quatrième et dernier axe concerne le travail avec le monde politique. L’un des outils principaux pour favoriser l’insertion sur le marché du travail passe par les aides à l’emploi. C’est dans cette optique que la FEL propose de revaloriser et de refinancer les Maisons de l’Emploi. De plus, la FEL encourage également le Gouvernement fédéral à continuer les réformes entreprises afin d’assouplir la fiscalité en matière d’emploi permettant à nos PME de davantage créer des emplois et partant de la valeur ajoutée.

20Libertines - Juin 2016

Actu

Au travers de cette contribution, la FEL entend présenter ses solutions construites autour des perceptions des jeunes, des entreprises et des décideurs politiques et destinées à l’ensemble de ces acteurs, à l’ensemble de la société.

En conclusion, selon la Fédération des étudiants Libéraux, les jeunes sont un capital humain qu’il faut valoriser et développer car ceux-ci sont les travailleurs, les employeurs, les entrepreneurs et les décideurs de demain. Nous ne voulons pas d’une « génération perdue », qui serait inévitablement synonyme de catastrophe pour la société toute entière, et proposons donc diverses mesures concrètes afin d’endiguer le taux de chômage affligeant des jeunes.

La nouvelle campagne de la Fédération des Étudiants Libéraux pour soutenir l’emploi des jeunes. olivier Schmetz

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Actu

C es hommes ont en effet choisi délibérément de divulger des informations secrètes au grand public car ils avaient tous trois constaté de graves dysfonctionnements au sein de leurs organisations

respectives. Les deux premiers, Snowden et Manning travaillaient alors au sein d'organisations publiques américaines (CIA et Armée de Terre), Antoine Deltour travaillait lui pour l'entreprise PWC.

D'autres exemples récents comme l'affaire des Panama Papers résultent eux aussi de fuites et de travaux d'investigation journalistique poussés. Ces deux affaires pourront notamment permettre aux états lésés de récupérer d'énormes sommes d'argent qui pourront donc, de facto, retourner à la collectivité. Il est important de constater que pour rentrer dans le cadre de la définition de lanceur d'alerte, il est crucial que celui-ci accomplisse son acte dans un but d'intérêt général.

Le lanceur d'alerte va en effet remettre sa vie entière en question, professionnelle mais surtout personnelle. Il risque de graves poursuites judiciaires et de sérieuses conséquences financières, voire même pénales et ce car il a estimé qu'au regard des problèmes qu'il avait constatés les informations qu'il détenait devaient absolument être rendues publiques. Dans le cadre des révélations de Snowden et Manning, c'est l'action du Gouvernement américain qui était sérieusement entachée puisque l'on apprenait que celui-ci, allant contre sa propre constitution, n'espionnait désormais plus seulement les chefs d'état étrangers mais également ses propres citoyens. Dans d'autres affaires récentes en Amérique, des lanceurs d'alerte travaillant à la CIA avaient révélé la pratique de la torture par les autorités américaines et avaient été condamnés à la prison.

Le réel débat est donc de savoir si la fin justifie toujours les moyens. Où s'arrête le travail du journaliste d'investigation et où commence celui de la justice ? Et comment assurer partout et toujours une justice indépendante ?

Comment s'assurer qu'une démocratie fonctionne réellement si ceux qui prennent des risques pour en dénoncer les dysfonctionnements sont menacés des pires représailles ? Et à l'inverse, comment assurer la sécurité nationale quand des informations parfois extrêmement sensibles sont rendues publiques ?

Face à toutes ces questions, il est peut-être intéressant de s'arrêter sur certains éléments importants. Tout d'abord, il est crucial de rappeler que les citoyens ne peuvent connaître toutes les informations qui les concernent, qu'il s'agisse de sécurité nationale ou de moment propice pour les faire divulguer.

Cependant, il est également important d'insister sur le fait que dans une démocratie, c'est le peuple qui détient le pouvoir via le poids de son vote. Afin de voter en toute connaissance de cause, le citoyen se doit d'être informé le mieux

"Lanceur d’alerte désigne toute personne qui fait des signalements ou révèle des informations concernant des menaces ou un préjudice pour l’intérêt général dans le contexte de sa relation de travail, qu’elle soit dans le secteur public ou dans le secteur privé."

Les Lanceurs d'aLerte :derniers chiens de garde

de La démocratie ?Ces dernières années, de nombreux lanceurs d'alerte, ou "whistleblowers" dans la langue de Shakespeare, ont fait la une des journaux du monde entier. Des noms comme ceux d'Edward Snowden, Bradley manning, ou plus récemment antoine Deltour dans l'affaire LuxLeaks se sont fait connaître de l'opinion publique.

Thomas Cals

Actu

22Libertines - Juin 2016

possible. Pour ce faire, nous libéraux avons à cœur de défendre les libertés. Parmi celles-ci, les libertés d'expression et de la presse. Parmi nos valeurs : le libre-examen. Encore faut-il pouvoir être informé avant de pouvoir examiner librement.

La liberté d'expression doit-elle primer sur le secret professionnel ? Un fonctionnaire doit-il faire primer sa conscience ou la confidentialité ? Comme nous avons pu le voir, il est généralement admis qu'un lanceur d'alerte accomplit son "méfait" dans l'intérêt général. S'il le fait, c'est également qu'il doit avoir épuisé tous les recours internes à son organisation afin de dénoncer les travers qu'il souhaite corriger.

En ce qui concerne la liberté de la presse, la question se pose également ici de manière difficile. En effet, pour les lanceurs d'alerte et à la manière d'Edward Snowden, le dernier recours est souvent de livrer à quelques journalistes triés sur le volet les informations dont ils disposent afin que ceux-ci puissent continuer non seulement d'enquêter, mais aussi de commencer le travail de porte-voix. Ces journalistes sont souvent eux aussi susceptibles d'être poursuivis et intimidés. Quoi de plus naturel pourtant pour un journaliste d'investigation d'enquêter sur une affaire aussi importante que des écoutes illégales sur des citoyens, sur des comptes offshores de dirigeants du monde entier, sur des câbles diplomatiques révélant des bavures militaires ou encore sur des rulings financiers illégaux concernant de facto la plupart des pays européens ?

Qu'importe presque la source, si les informations sont crédibles, les fautes avérées et que cela se fasse au détriment de l'intérêt général ?! Si la justice n'a pu déceler tous ces dysfonctionnements, si les élites politiques n'ont pas su se rendre compte des problèmes, ou pire comme en Amérique si elles ont été jusqu'à être complices d'actes illicites, qui peut alors alerter l'opinion publique ?

à l'heure où le Conseil de l'Europe, certains eurodéputés et de nombreux dirigeants européens dont François Hollande se prononcent en faveur d'une protection accrue pour les lanceurs d'alerte, en Belgique les lignes ne bougent pas beaucoup.

Pourtant, dans certains pays, on n'hésite pas à classer les informations révélées par les lanceurs d'alerte comme non recevables et donc à classer les affaires sans enquêtes plus approfondies. Si

considérer ces informations comme non-recevables est compréhensible, ne pas se saisir de ces occasions pour lancer une véritable enquête judiciaire peut plus difficilement se comprendre, a fortiori quand la population est consciente d'être flouée. Comme nous avons pu le voir, ces révélations sont parfois d'ordre politique mais elles peuvent également signifier de gigantesques retombées financières, qui pourraient à leur tour avoir des conséquences positives sur des économies européennes qui sortent tout juste de l'austérité. Plus grave encore, parfois le manque de protection de certains pays peut avoir des conséquences désastreuses, comme nous l'explique la "Recommandation du Conseil de l'Europe sur les lanceurs d'alerte" : "Quelques états membres disposent déjà de législations qui protègent les lanceurs d’alerte et leurs offrent des voies de recours. Plusieurs de ces initiatives ont été instaurées à la suite de catastrophes ou de tragédies qui ont fait des victimes ou détruit des vies, alors qu’il avait été révélé que les personnes travaillant dans ou avec les organisations concernées connaissaient le problème, mais qu’elles craignaient trop pour leur emploi pour parler ou ne savaient pas à qui s’adresser, en particulier à l’extérieur du lieu de travail. Dans certains cas, il a été constaté que le personnel avait fait part de ses préoccupations suffisamment tôt et que les dommages auraient pu être évités, mais que ses avertissements avaient été ignorés."

Pour conclure, il est donc urgent de s'interroger sur la protection que nous voulons accorder à des personnes qui ont "ruiné" leur vie pour avertir leurs pairs de travers qu'ils estimaient trop graves que pour être ignorés. Ceux-ci ne doivent bien évidemment pas fragiliser la sécurité nationale en révélant des informations trop sensibles, ils ne doivent pas mettre en danger la vie d'agents sur le terrain et doivent absolument avoir épuisé toutes les voies de recours en interne. Enfin, et c'est là le plus important, ils doivent absolument par leur action, agir non pour eux-mêmes mais pour le bien commun. Si ces conditions sont remplies, il est alors normal de protéger ceux qui sont peut-être les derniers chiens de garde de notre démocratie. Ceux-ci ont renoncé à leur vie de famille, à leur métier, parfois même à leur liberté afin d'attirer un peu de lumière sur les points sombres de nos systèmes.

Et plus encore, il faut toujours garder à l'esprit que tirer sur l'ambulance comme sur le messager n'a jamais servi à rien.

Actu

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Les pensions : déBat d’auJourd’hui, pour une réaLité de demainL’un des thèmes les plus techniques et les plus ambitieux entrepris par le gouvernement michel est certainement les pensions.

Denis Devivier

24Libertines - Juin 2016

Actu

pour expliquer la réforme se déroulant depuis le début de la législature, Daniel Bacquelaine se rend dans les quatre coins de la Belgique

pour expliquer les différents changements avec une présentation didactique. Le lundi 9 mai, la formule était quelque peu différente : le Ministre devait se mesurer face à des contradicteurs, le Député socialiste Frédéric Daerden d’un côté, et l’économiste Alain Jousten ayant travaillé au FMI et à la Banque mondiale notamment, de l’autre. Le tout sous les yeux d’une centaine d’étudiants présents à l’Université de Liège.

Ce débat organisé par le cercle des étudiants en sciences politiques de l’ULg (le Cespap) a été une occasion de mettre fin aux clichés et aux contre-vérités qui sont parfois avancées par des syndicats et des députés de l’opposition.

Alain Jousten a d’emblée précisé que cette réforme est nécessaire en raison du vieillissement global de la population ainsi que du baby boom des golden sixties, surnommé désormais le papy boom. C’est l’effet Johnny Hallyday, l’idole des jeunes est devenue le temps passant l’idole des vieux. De plus, selon l’OCDE, la Belgique est avec la France le pays où on sort le plus tôt du travail.

Le Ministre des futurs pensionnés, comme il aime s’appeler, précise également que contrairement à ce que l’on peut entendre, chaque travailleur ne prendra pas sa retraite à 67 ans. De nombreux critères sont pris en compte parmi lesquels on peut retrouver la durée de carrière, la pénibilité et si l’âge initial de départ n’était pas fixé à 65 ans. Ce départ à la retraite à 67 ans est un alignement par rapport à plusieurs états européens avec une mise en œuvre plus tardive.

Mais la réforme des pensions ne concerne pas que la fameuse question des 67 ans. La question du remplacement des pensionnés par des jeunes a été également abordée. Frédéric Daerden en profita pour s’offusquer en disant que le report de l’âge de la retraite va empêcher l’accès au marché du travail pour les jeunes. Argument qui a été vite contredit par Alain Jousten en précisant « Le remplacement de vieux par des jeunes ne se fait pas.

L'économie n'est pas statique » calmant les ardeurs de l’élu socialiste. Par exemple, l’Allemagne est actuellement le pays où le taux d’emploi des jeunes est le plus élevé alors que l’âge de le retraite est le plus élevé actuellement en Europe.

Les langues se sont peu à peu déliées lors de la traditionnelle séance de questions-réponses rappelant certaines grandes soirées du samedi soir devant « On n’est pas couché » qui dénotait légèrement après un véritable débat de gentleman. Au final, il s’agit d’une opération séduction plus que réussie pour le Ministre Bacquelaine qui a pu convaincre les étudiants et autres spectateurs attentifs malgré les nombreuses tentatives de déstabilisations de la part de Frédéric Daerden et d’Alain Jousten.

42 000 000 000€C'eST le BudgeT alloué aux PenSionS en 2014.

Celui-Ci éTaiT de 26 miLLiarDS € en 2006.

BeLgIque oCDe BeLgIque oCDe

âge moyen de sortie du marché du travail

FemmeS HommeS

59,4 63,1 60,4 64,6

TAux D’empLoI CHez LeS 60-64 ANS

46,7

%

28%

oCDe BeL

25

Actu

British exit« il est temps que les Britanniques aient leur mot à dire. il est temps pour nous de régler cette question sur la grande-Bretagne et l'Europe ». Ces propos, prononcés par le premier ministre David Cameron lors d’un discours en 2013 se traduiront en actes le 23 juin prochain, lorsque les Britanniques seront appelés aux urnes afin de s’exprimer sur l’avenir de leur pays : le royaume-uni doit-il se maintenir ou sortir de l’union européenne ?

Connu sous le nom de Brexit, comprenez « British-exit », ce référendum promis en janvier 2013 par David Cameron et

finalement confirmé lors de sa reconduction au 10 Downing Street en 2015, intervient dans un pays et dans une classe politique traversés par un fort sentiment eurosceptique.

Cette opposition à l’intégration européenne dans son ensemble n’est pas nouvelle chez nos voisins d’outre-Manche. Entre son refus d’intégrer la monnaie unique, ses réticences récurrentes sur les décisions prises par Bruxelles et ses nombreuses exigences politiques ou économiques, le Royaume-Uni a toujours montré à ses voisins européens du Continent qu’il était une puissance insulaire et qu’il comptait bien le rester. Déjà en 1975, deux ans après l’entrée du pays dans la communauté économique européenne, un premier référendum sur la question du maintien dans le CEE était organisé. En novembre 1979 à Dublin, Margaret

Thatcher lançait aux autres Chefs d’état européens : « want my money back ».

Une déclaration qui, finalement, débouche en 1984 sur un rabais

de la contribution du Royaume-Uni au

budget européen, le chèque

britannique.

Aujourd’hui, alors que l’Europe fait face à des crises économiques, sociales et géopolitiques, la collaboration entre Etats et la prise de décisions commune sont les seules solutions pour surmonter les défis actuels. Cependant, au Royaume-Uni, les peurs d’une Europe politique qui empiète sur les pouvoirs nationaux et qui érode la souveraineté de l’état sont de plus en plus visibles. Pourtant, une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne pourrait être fatale : perte d’influence au niveau mondial, chute des investissements étrangers et des exportations, diminution de la croissance et du PIB national, pays coupé du marché unique. Sans parler des conséquences, essentiellement politiques et pas moins réjouissantes, pour l’Union européenne elle-même.

Les arguments pro-« Brexit », comme on les appelle, sont nombreux, tout comme ceux qui les défendent. Premièrement, une sortie de l’Union e u r o p é e n n e permettrait au

26Libertines - Juin 2016

Actu

Royaume-Uni de se libérer des contraintes

et des réglementations liberticides dictées

au niveau européen, notamment celles sur

le contrôle de son flux migratoire. Une majorité

de Britanniques considèrent que

l’immigration, telle qu’elle est aujourd’hui, est un problème pour le pays. Un argument qui est très

souvent mis en avant par l’UKIP (UK Independence Party, troisième parti du pays), un parti antieuropéen, anti-immigration et très conservateur. Ensuite, le camp en faveur de la sortie de l’UE fait également valoir, études à l’appui, les bénéfices économiques qui résulteront de cette indépendance retrouvée : récupération de la contribution nette au budget européen, hausse générale du PIB, maintien des relations commerciales avec l’Union européenne grâce à des contrats de libre-échange, plus de libertés économiques…

Les perspectives d’une sortie du Royaume-Uni semblent en réalité bien plus sombres. Tout d’abord, il s’agirait d’un bouleversement politique considérable qui remettrait en cause le principe d’intégration de plus en plus fort défendu par l’Union européenne. La sortie d’un pays membre ouvrirait la possibilité pour d’autres pays européens (notamment certains pays d’Europe de l’Est et du Nord où l’opinion eurosceptique est aussi significative) de manifester leur mécontentement et d’exprimer, à leur tour, leurs revendications. De plus, cet accord pourrait mettre fin au mythe d’une Europe totalement intégrée et celle-ci serait dès lors remplacée par une Europe à différents degrés d’intégration politiques et surtout économiques. C'est en réalité déjà le cas avec la zone Schengen ou l’Euro, diront certains.

En ce qui concerne le Royaume-Uni, les conséquences pourraient être désastreuses. Même si le phénomène est difficilement mesurable car exceptionnel, de nombreuses études, réalisées par des organismes internationaux mais aussi par des institutions financières et des représentants de l’industrie au Royaume-Uni, indiquent que les répercussions économiques seront catastrophiques. Dorénavant sans accès au marché commun et avec le retour des barrières douanières, le pays connaîtrait d’une part une diminution des exportations, surtout vers l’Union européenne qui reste son principale partenaire et d’autre part une chute des investissements étrangers qui viennent en majorité de l’Union européenne. Cette dernière serait également perdante de cette diminution des échanges commerciaux. Selon la fondation allemande Bertelsmann Stiftung, le pays ferait face à une diminution de 3% du PIB par habitant d'ici à 2030. De plus, de nombreuses entreprises et banques ont déjà annoncé qu’elles quitteraient le pays en cas de Brexit. Ce recul massif des transactions commerciales s’élèverait à des pertes de plus de 78 milliards d'euros par an pendant 10 ans. Rien que ça. Enfin, une sortie de l’Union européenne ne ferait qu’augmenter la perte d’influence du Royaume-Uni qui est déjà en perte de vitesse sur l’échiquier mondial et relancerait la possibilité d’un référendum sur une sortie de l’Ecosse qui, elle, compte rester à tout prix dans l’Union européenne. Bref, le pays finirait petit à petit par se morceler.

Dans le scénario, le plus probable à ce jour, où le Royaume-Uni reste quand même dans l’Union européenne, de longues négociations commenceront sans doute entre Bruxelles et le Royaume-Uni, le pays désirant en effet plus de liberté politique et économique et qui, dans un même temps, veut disposer d’un droit de regard plus important dans les décisions prises par l’Europe. Un moindre mal ? Quoi qu’il en soit, il faudra attendre jusqu’au 23 juin prochain pour connaître l’issue de ce référendum très attendu. D’ici là, certains évènements actuels sont malgré tout réjouissants comme, par exemple, l’élection récente du nouveau maire de Londres, Sadiq Khan, d’origine pakistanaise, venant d’un quartier modeste de la capitale et qui, surtout, se veut pro-européen, face à Boris Johnson, l'ex-maire de la capitale du Royaume-Uni, résolument anti-européen.

Actu

27

CE 14 Juin, La FEL paSSE au rougE

Quelqueschiffres

287 203 donneurs496288 prélèvements en 2013

Quelqueschiffres

250 000belges Ont bénéficié du don de sang EN 2013

AB± 1%b- 1%ab± 3%o- 6%A- 7%b± 9%o± 36%a± 37%

Chaque donneur doit savoir que

4x/an max.avec 2 mois d’intervalle entre chaque don.

4 à de

sang

AB± 1%b- 1%ab± 3%o- 6%A- 7%b± 9%o± 36%a± 37%

Chaque donneur doit savoir que

4x/an max.avec 2 mois d’intervalle entre chaque don.

l

5 500 ml

de sangtraitées/jour

800 poches

nos rennod tnemmoC gnas ?Des collectes sont organisées un peu partout en Belgique que ce soient dans des lieux fixes ou itinérants. Pour connaître les lieux et les dates dans ta région : www.transfusion.be/fr/ (site officiel de la Croix Rouge de Belgique).Tu peux également appeler le 0800 92 245 pour tout autre renseignement.

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