Li Tura Terre

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LACAN

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LACANLituraterre

Ce document de travail a pour sources principales:

Lituraterre, in Littrature, n 3, Octobre 1971, d. Larousse, pp 3-10.

Lituraterre, sur le site de lE.L.P. (Pas-tout Lacan, 1970-79, 12-05-1971.)

Lituraterre, in Textes fondateurs de la psychanalyse, C. FIERENS, d. E.M.E., 2005.

Les rfrences bibliographiques privilgient les ditions les plus rcentes. Les schmas sont refaits.

N.B. Ce qui sinscrit entre crochets droits [ ] nest pas de Jacques LACAN.

Ce texte ncessite linstallation dune police de caractres spcifique, dite Lacan, disponible ici: http://fr.ffonts.net/LACAN.font.download (placer le fichier Lacan.ttf dans le rpertoire c:\windows\fonts)

Ce mot se lgitime de lErnout et Meillet[p. 360] : lino [enduire], litura [enduit rature, correction, tche], liturarius [qui a des ratures]. Il mest venu, pourtant, de ce jeu du mot dont il arrive quon fasse esprit, le contrepet revenant aux lvres, le renversement loreille. Ce dictionnaire [footnoteRef:1] - quon y aille - mapporte auspices dtre fond dun dpart que je prenais [1: Alfred Ernout et Antoine Meillet: Dictionnaire tymologique de la langue latine, Klincksieck 2001.]

partir, ici est rpartir [rpartie mais surtout rpartition de la lettre lordure]de lquivoque dont Joyce - James JOYCE dis-je - glisse da letter a litter: dune lettre - je traduis - une ordure.

On se souvient quune messe-haine, lui vouloir du bien, lui offrait une psychanalyse, comme on ferait dune douche. [toilette, purification, qui vacuerait la partition sale (litter) pour ne garder que la partition littraire] Et de JUNG encore. Au jeu [witz ] que nous voquons, il ny et rien gagn, y allant tout droit au mieux de ce quon peut attendre de la psychanalyse sa fin [a letter, a litter].

faire litire [litter] de la lettre, est-ce saint THOMAS[footnoteRef:2] encore qui lui revient, comme luvre en tmoigne tout de son long? [2: Sicut palea: de la paille ou comme du fumier, rpondait Thomas dAquin le 06 Dcembre 1273 la fin de sa vie, ceux qui lui demandaient ce que reprsentait pour lui son uvre. ]

Ou bien la psychanalyse atteste-t-elle l sa convergence avec ce que notre poque accuse du dbridement du lien antique [discours M] dont se contient la pollution dans la culture [discours U]?

[le discours M contient la pollution - mergence incontrle de rsidus de jouissance (litter) - par une jouissance officielle production dobjets(a) autoriss: S1 missionne S2 pour produire (a), ce discours M - comme le discours U - se dlitent, (mai 68) la psychanalyse a-t-elle un rle dans la drive de ces discours ?]

Javais brod l-dessus, comme par hasard un peu avant le Mai de 68, pour ne pas faire dfaut au paum [footnoteRef:3] de ces affluences [3: Ce qui a t paum par ses auditeurs, du fait de la mise en dfaut du discours du matre et du discours universitaire par les vnementsde Mai 68, mais aussi les paums qui placent Lacan dans le discours du matre (un Matre retrouv) ou qui lentendent comme un discours universitaire. Peut-on y voir aussi lcho du serment du jeu de paume que serait ici la Proposition du 09-10-1967 sur le psychanalyste de lcole ?]

que je dplace, o je fais visite maintenant - Bordeaux ce jour-l:

La civilisation [M] - y rappelai-je en prmisse - cest lgout.

[ production et vacuation des (a) dchets, djections, rsidus (partition sale: litter), la civilisation comme amoncellement dobjets substitutifs officiels que produit chaque socit ce qui va constituer lavoir de chacun (a) comme objet substituti, produit impuissant accder la vrit (ce nest pas a!) : a S (formule du fantasme)]

Il faut dire sans doute que jtais las de la poubelle [footnoteRef:4] laquelle jai riv mon sort. [le savoir du sujet suppos savoir et les publications affrentes] [4: Publication poubellication. Cf. aussi Beckett: Fin de partie, d. de Minuit, 1978.]

On sait que je ne suis pas seul - pour partage - lavouer. Lavouerou - prononc lancienne - lavoir [crdit], dont BECKETT fait balance au doit [dbit] qui fait dchet de notre tresauve lhonneur de la littrature, et me relve du privilge que je croirais tenir de ma place [danalyste].[lanalyste las de la poubelle du sujet suppos savoir qui poubellise (publie), las dtre aurol de la position de lAutre comme lieu du savoir, peut avouer noccuper dans lanalyse que la position dobjet(a): dchet, rebut, litter et tre relev du privilge de ceux qui croient occuper la place de lAutre, de la mme faon que Joyce avec a letter, a litter, ou Thomas dAquin avec sicut palea, ou Beckett avouant la littrature comme poubelle (cf. Fin de partie) en sauvent lhonneur]

La question est de savoir si ce dont les manuels semblent faire talsoit que la littrature soit accommodation des restes [accommodation des restes dun festin prcdant lcriture (de la prhistoire (orale) lhistoire (mergence de la subjectivit): objets partiels fragment: littrature de rognures (Rimbaud) et de dchets incompltude]est affaire de collocation [footnoteRef:5] dans lcrit de ce qui dabord serait: chant, mythe parl, procession dramatique [tradition orale]. [5: Opration judiciaire consistant dterminer le rang et l'importance des droits d'un crancier en concours avec d'autres, dans la rpartition des biens saisis sur un dbiteur commun.]

Pour la psychanalyse, quelle soit appendue ldipe ne la qualifie en rien pour sy retrouver dans le texte de SOPHOCLE. Lvocation par FREUD dun texte de DOSTOEVSKI ne suffit pas pour dire que la critique de textes, chasse jusquici garde du discours universitaire, ait reu de la psychanalyse plus dair.

Ici mon enseignement a place dans un changement de configuration [quart de tour du discours universitaire au discours analytique] qui saffiche dun slogan de promotion de lcrit [cf. le (vif) dbat entre Lacan et Derrida propos de la lettre ], mais dont dautres tmoignages, par exemple que ce soit de nos jours quenfin Rabelais soit lu, montrent un dplacement des intrts [vers lobjet(a), l (agalma) du Banquet ] quoi je maccorde mieux. [cf. Gargantua, la rfrence au Banquet et l (agalma) dans le clbre prologue: Buveurs trs illustres, et vous vrols trs prcieux cf. aussi Pantagruel: science sans conscience nest que ruine de lme et sa rfrence dans Ltourdit ]

Jy suis comme auteur moins impliqu quon nimagine [footnoteRef:6], et mes crits, un titre plus ironique [footnoteRef:7] quon ne croit quand il sagitsoit de Rapports, fonction de Congrs, soit, disons de Lettres ouvertes, o je fais question dun pan de mon enseignement. Loin en tout cas [6: Le 22 fvrier 1969 Lacan assiste la confrence de Michel Foucault Qu'est-ce qu'un auteur ? la Socit franaise de philosophie, et participe au dbat avec Maurice de Gandillac, Jean Wahl] [7: Ironie: du grec [eirniks], [eirnia] interrogation. Le terme ironie a ses racines dans le [Eiron] un des 3 personnages de la comdie du thtre de la Grce antique (e.g. Aristophane): le [Eiron] (dissimulateur qui dit toujours moins quil ne pense) triomphe par son esprit du [Alazon] (imposteur vantard), et par ses questionnements feignant lignorance () met en vidence limposture de son interlocuteur (procd repris par Socrate ironie socratique). ]

de me commettre en ce frotti-frotta littraire dont se dnote le psychanalyste en mal dinvention, jy dnonce la tentative immanquable dmontrer lingalit de sa pratique [analytique] motiver le moindre jugement littraire.

Il est pourtant frappant que jouvre ce recueil [les crits] dun article que jisole de sa chronologie [La lettre vole], et quil sy agisse dun conte, lui-mme bien particulier de ne pouvoir rentrer dans la liste ordonne des situations dramatiques [footnoteRef:8]: celui de ce quil advient de la poste dune lettre missive, dau su de qui se passent ses renvois, et de quels termes sappuie que je puisse la dire venue destination, [8: Cf. Georges Polti: Les 36 situations dramatiques, Mercure de France, 1912.]

aprs que - des dtours quelle y a subi - le conte et son compte [compte rendu (cf. infra) mais aussi le compte de la somme verse Dupin-analyste] se soient soutenus sans aucun recours son contenu [message].

Il nen est que plus remarquable que leffet quelle porte sur ceux qui tour tour la dtiennent [la reine le ministre Dupin la police la reine] tout arguant - du pouvoir quelle confre - quils soient pour y prtendre puisse sinterprter - ce que je fais - dune fminisation. [le pouvoir que confre la lettre, met son dtenteur en position de dtention passive]Voil le compte bien rendu de ce qui distingue la lettre du signifiant mme quelle emporte. [la lettre confre un pouvoir sans que jamais le message (signification) quelle porte ne soit connu ni voqu, ce qui la distingue des signifiants quelle contient]

En quoi ce nest pas faire mtaphore de lpistole, puisque le conte consiste en ce quy passe comme muscade le message dont la lettre y fait priptie [et priple] sans lui. [ne compte ici que le priple de la lettre, pas le contenu du message] Ma critique, si elle a lieu dtre tenue pour littraire, ne saurait porter - je my essaie - que sur ce que POE fait dtre crivain former un tel message sur la lettre. Il est clair qu ny pas le dire tel quel, ce nest pas insuffisamment, cest dautant plus rigoureusement quil lavoue. [en laissant la lettre muette de tout contenu de message dans lintrigue du conte, en ne portant lclairage que sur les tapes du trajet de cette lettre, Poe rvle rigoureusement le statut de la lettre: un dire sans signification mais non sans effets]

Nanmoins llision [de la signification] nen saurait tre lucide au moyen de quelque trait de sa psychobiographie: bouche plutt quelle en serait.(Ainsi la psychanalyste [footnoteRef:9] qui a rcur les autres textes de Poe, ici dclare forfait de son mnage.) [9: Cf. Marie Bonaparte: Edgar Poe, tude psychanalytique, Denol et Steele (1933).]

Pas plus mon texte moi [le sminaire sur La lettre vole] ne saurait-il se rsoudre par la mienne [psychobiographie]: le vu que je formerais, par exemple, dtre lu enfin convenablement. [lire Lacan comme une longue (!) analyse (25 ans durant, lanalysant Lacan vient parler aux analystes)?]Car encore faudrait-il pour cela quon dveloppe ce que jentends que la lettre porte pour arriver toujours sa destination.

Il est certain que - comme dordinaire - la psychanalyse ici reoit de la littrature [dEdgar Poe], si elle en prend du refoulement dans son ressort, une ide moins psycho-biographique. Pour moi si je propose la psychanalyse la lettre comme en souffrance, cest quelle [la psychanalyse] y montre son chec. Et cest par l [par son chec, l o a rate] que je lclaire: quand jinvoque ainsi les lumires, cest de dmontrer o elle fait trou.[Les lumires tant le moment historique de lmergence de la Raison, de la rationalit classique, de la conscience transparente elle-mme, etc. Lacan y objecte la rvolution freudienne: la raison depuis Freud, celle qui claire les trous de la rationalit classique(irruptions des rves, symptmes, lapsus, oublis)] On le sait depuis longtemps: rien de plus important [que le trou] en optique, et la plus rcente physique du photon sen arme. [Cf. le dbat des physiciens sur la nature de la lumire: nature corpusculaire( Plank et la physique quantique) ou ondulatoire (interfrences de Young)] Mthode [i.e. partir des trous:symptmes, lapsus, oublis] par o la psychanalyse justifie mieux son intrusion, car si la critique littraire pouvait effectivement se renouveler, ce serait de ce que la psychanalyse soit l pour que les textes se mesurent elle, lnigme tant de son ct.

[lnigme du symptme, du lapsus, de lacte manqu, comme hiroglyphes, mais aussi lnigme du 4,2,3? de la Sphynge : Quel tre, pourvu dune seule voix, a dabord quatre jambes, puis deux jambes, et trois jambes ensuite? (Apollodore, Bibliothque, III, 5, 8)ou lnigme de ltre: ! ' ? . homme d'un jour : Qu'est-ce que l'tre ? Qu'est-ce que le non-tre ? Tu n'es que le rve d'une ombre. (Pindare (Pythiques VIII, 99) trad. Faustin Colin]

Mais ceux dont ce nest pas mdire avancer que - plutt quils lexercent, ils en sont exercs, tout le moins dtre pris en corps - entendent mal mes propos. [Ceux qui ne font quappliquer un corpus de rgles prdfinies par une institution sont exercs (apprentissage par rptition) plutt quils nexercent: le mort saisit le vif. Lacan a compar ces institutions lglise o on exerce un office avec ses rituels heures fixes (dire la messe), o lon a des textes sacrs dont le sens est autoris par les Docteurs de lglise, et o lon doit obir et reproduire passivement la doctrine (Perinde ac cadaver)]

Joppose leur adresse vrit et savoir: cest la premire o aussitt ils reconnaissent leur office, alors que sur la sellette, cest leur vrit que jattends [la vrit de chacunqui ne peut tre touche que par lanalyse mene son terme savoir local]. Jinsiste corriger mon tir dun savoir en chec[symptme] : comme on dit figure en abyme[footnoteRef:10], ce nest pas chec du savoir. [10: Mise en abyme: c'est le rapport dialectique entre reprsentation et prsentation, toute forme d'autoreprsentation procdant par enchssement d'un rcit dans le rcit, d'un tableau dans le tableau(cf. article )]

[Le discours analytique aboutit la production de S1 signifiant asmantique coup du savoir (S2): a S/ S1 S2 savoir en chec. Mais ce nest pas chec du savoir: il existe un savoir inconscient dont les checs, les ratages (lapsus, oublis)sont des russites qui insistent vrit (cf. la 1re phrase de Ltourdit: passer la prsentation)]

Japprends alors quon sen croit dispens de faire preuve daucun savoir. [puisque S1 S2 alors plus de savoir du tout ignorance! ]Serait-ce lettre morte que jaie mis au titre dun de ces morceaux que jai dit crits de la lettre linstance, comme raison de linconscient? Nest-ce pas dsigner assez dans la lettre ce qui, devoir insister, nest pas l de plein droit, si fort de raison que a savance. [de plein droit: le droit ne dit rien sur la jouissance elle-mme, sinon que le bien doit tre conserv et transmis en ltat dorigine]La dire moyenne ou bien extrme[footnoteRef:11] [la raison au sens mathmatique, mais aussi: la raison moyenne raisonnable et la raison extrme: excessive] [11: Le dcoupage d'un segment en deux longueurs a et b telles que (a + b)/a = a/b = = (1+ 5)/2 (nombre dor) est appel par Euclide dcoupage en extrme et moyenne raison: Une droite est dite coupe en extrme et moyenne raison lorsque la droite entire est au plus grand segment comme le plus grand segment est au plus petit. (Livre VI, dfinition 3).]

cest montrer la bifidit o sengage toute mesure, mais ny a-t-il rien dans le rel qui se passe de cette mdiation?

La frontire certes, sparer deux territoires, en symbolise quils sont mmes pour qui la franchit, quils ont commune mesure. Cest le principe de lUmwelt [environnement] qui fait reflet de lInnenwelt [monde intrieur]. [cf. aussi la cosmologie dAristote et le ]Fcheuse, cette biologie qui se donne dj tout de principe: le fait de ladaptation notamment, ne parlons pas de la slection, elle, franche idologie se bnir dtre naturelle. [rfrence Jacob von Uexkll]

La lettre nest-elle pas littorale plus proprement, soit figurant quun domaine tout entier fait pour lautre, frontire, de ce quils sont trangers jusqu ntre pas rciproques. Le bord du trou dans le savoir, voil-t-il pas ce quelle dessine. [la lettre est ce littoral, ce chemin troit entre deux espaces radicalement autres: entre rel et symbolique elle dessine le bord du trou dans le savoir. Le savoir est trou: la lettre est ce qui du symbolique - davoir frl le rel - fait trou dans le savoir savoir en chec (et chec du savoir si la psychanalyse ici renonce]

Et comment la psychanalyse - si justement ce que la lettre dit la lettre par sa bouche, il ne lui fallait pas le mconnatre - comment pourrait-elle nier quil soit, ce trou,- de ce qu le combler, elle recoure y invoquer la jouissance?[le discours analytique vient buter in fine sur S2: production dessaims de S1 comme plus-de-jouir ce nest pas a et le renversement du discours]

Reste savoir comment linconscient, que je dis tre effet de langage, de ce quil en suppose la structure comme ncessaire et suffisante,commande cette fonction de la lettre.Quelle soit instrument propre lcriture du discours, ne la rend pas impropre dsigner le mot pris pour un autre [mtaphore], voire par un autre [mtonymie], dans la phrase, donc symboliser certains effets de signifiant, mais nimpose pas quelle soit, dans ces effets, primaire. Un examen ne simpose pas de cette primarit, qui nest mme pas supposer, mais de ce qui du langage appelle le littoral au littral. [ce qui du signifiant appelle la jouissance partir de lcrit]

Ce que jai inscrit, laide de lettres, des formations de linconscientpour les rcuprer de ce dont FREUD les formule, tre ce quelles sont, des effets de signifiantnautorise pas faire de la lettre un signifiant, ni laffecter, qui plus est, dune primarit au regard du signifiant.Un tel discours confusionnel na pu surgir que de celui qui mimporte. Mais il mimporte dans un autre [discours] que jpingle, le temps venu, du discours universitaire, soit du savoir [S2] mis en usage partir du semblant. [confusion du discours U qui importe le discours A]

Le moindre sentiment que lexprience quoi je pare ne peut se situer que dun autre discours, et d garder de le produire sans lavouer de moi. Quon me lpargne - Dieu merci! - nempche pas qu mimporter au sens que je viens de dire, on mimportune.Si javais trouv recevables les modles que FREUD articule dans une Esquisse [footnoteRef:12] se forer de routes impressives, [12: S. Freud: Esquisse dune psychologie, Entwurf einer Psychologie, d. rs, 2011, bilingue.]

je nen aurais pas pour autant pris mtaphore de lcriture. Elle nest pas limpression, ce nen dplaise au Bloc magique[footnoteRef:13]. [13: S. Freud: Note sur le Bloc-notes magique,Notiz ber den Wunderblock.]

Quand je tire parti de la Lettre Fliess 52e, cest dy lire ce que FREUD pouvait noncer sous le terme quil forge du WZ, Wahrnehmungs zeichen, de plus proche du signifiant la date o SAUSSURE ne la pas encore reproduit du signans stocien.

Que FREUD lcrive de deux lettres, ne prouve pas plus que de moi, que la lettre soit primaire. Je vais donc essayer dindiquer le vif de ce qui me parat produire la lettre comme consquence, et du langage prcisment, de ce que je dis: que lhabite qui parle.

Jen emprunterai les traits ce que dune conomie[faire lconomie de la signification: S1 signifiant asmantique (S1 S2)], du langage permet de dessiner ce que promeut mon ide que littrature peut-tre vire lituraterre. On ne stonnera pas de my voir procder dune dmonstration littraire puisque cest l marcher du pas dont la question se produit. [en retirant au littraire sa signification, on met en vidence la lettre, son trajet et le dispositif pulsionnel (comme Poe la fait dans La lettre vole)]

En quoi pourtant peut saffirmer ce quest une telle d-monstration. [d-montre: sens antihoraire du renversement des discours]

Je reviens dun voyage que jattendais de faire au Japon de ce que dun premier javais prouv de littoral. Quon mentende demi-mot de ce que tout lheure de lUmwelt jai rpudi comme rendant le voyage impossible: dun ct donc, selon ma formule, assurant son rel, mais prmaturment, seulement den rendre mais de maldonne [la mle-donne de la fonction phallique:;! et: ]impossible le dpart, soit tout au plus de chanter Partons [rendre impossible le dpart impossible de changer de discours].

[si lUmwelt fait reflet de lInnenwelt, alors lespace est homogne pas daltrit, pas dailleurs pas de voyage possible: on reste dans lespace consistant de la fonction phallique, avec le soutien du rapport S1 S2 dans les discours M, H, U. Seul le discours A en faisant lconomie de la signification (S1 S2) provoque le renversement des discours et le voyage de la lettre mise en vidence (monstration) du dispositif pulsionnel a letter, a litter) de la structure littrale]

Je ne noterai que le moment que jai recueilli dune route nouvelle [Paris-Tokyo par le ple], la prendre de ce quelle ne fut plus - comme la premire fois - interdite. Javoue pourtant que ce ne fut pas laller le long du cercle arctique en avion, que me fit lecture ce que je voyais de la plaine sibrienne. [ au retour: cf. les tours dits de Ltourdit (bande de Mbius) ] Mon essai prsent, en tant quil pourrait sintituler dune sibrithique, naurait donc pas vu le jour si la mfiance des sovitiques mavait laiss voir les villes, voire les industries, les installations militaires qui leur font prix de la Sibrie, mais ce nest que condition accidentelle, quoique moins peut-tre la nommer occidentelle, y indiquer laccident dun amoncellement de loccire.

[la fonction phallique ne permet pas laccs lAutre ni sa jouissance(S1 S2 impossible) mais seulement au mme, aux objets partiels du corps morcel (les (a): oral, anal, scopique, vocal) meurtre de lAutre lamoncellement dobjets(a) substitutifs = amoncellement de loccire (occidentel) alors que le Japon semble - dans son rapport spcifique la lettre (cf. calligraphie) - minimiser la signification en faveur de la forme (formalisme) mettant - lui aussi - en vidence la structure littrale et sa condition littorale]

Seule dcisive est la condition littorale, et celle-l ne jouait quau retour dtre littralement ce que le Japon, de sa lettre, mavait sans doute fait ce petit peu trop [de jouissance de sa condition littorale ], qui est juste ce quil faut pour que je le ressente, puisque aprs tout javais dj dit que cest l ce dont sa langue saffecte minemment. Sans doute ce trop tient-il ce que lart en vhicule: jen dirai le fait de ce que la peinture y dmontre de son mariage la lettre, trs prcisment sous la forme de la calligraphie.

Comment dire ce qui me fascine dans ces choses qui pendent kakmono que a se jaspine

pendent aux murs de tout muse en ces lieux, portant inscrits des caractres, chinois de formation, que je sais un peu, mais qui, si peu que je les sache, me permettent de mesurer ce qui sen lide dans la cursive, o le singulier de la main crase luniversel [la forme], soit proprement ce que je vous apprends ne valoir que du signifiant: je ne ly retrouve plus mais cest que je suis novice.

[luniversel de la forme (kanji) est appropri par chacun sur un mode singulier, de la mme faon que le signifiant de la langue est appropri sur le mode de lalangue]L au reste ntant pas limportant, car mme ce que ce singulier appuie une forme plus ferme [o le sujet se soutient du (a) inter-dit (ex-sistence)], et y ajoute la dit-mension, la demansion, ai-je dj dit, la demansion du papeludun [: ], celle dont svoque ce que jinstaure du sujet dans le Hun-En-Peluce [Sa, formule du fantasme], ce quil meuble langoisse de lAchose, soit ce que je connote du petit(a), ici fait objet dtre enjeu de tels paris qui se gagnent avec de lencre et du pinceau.

Tel invinciblement mapparut - cette circonstance nest pas rien: dentre-les-nuages - le ruissellement, seule trace apparatre, dy oprer plus encore que den indiquer le relief en cette latitude, dans ce qui de la Sibrie fait plaine, plaine dsole daucune vgtation que de reflets, lesquels poussent lombre ce qui nen miroite pas.

Le ruissellement est bouquet du trait premier [S1] et de ce qui lefface [S1 S2/a et spaltung du sujet: Sa ].

[lexprience de Bouasse [footnoteRef:14](du bouquet renvers) est remanie par Lacan en exprience du vase renvers: le miroir sphrique produit une image relle du vase cach: i(a), [14: Henri Bouasse: Optique et photomtrie dites gomtriques. Paris, Delagrave, 1934, p.87.]

qui semble contenir les fleurs et qui se refltant dans le miroir plan (lAutre) en i(a), devient perceptible pour qui est plac au dessus des fleurs (objets(a) hors champ). Le (a) tant de nature non spculaire, il ne peut sinscrire au lieu de lAutre o nest reflte que limage virtuelle i(a), il est donc effac, ratur. Ce schma optique montre un sujet barr (S)radicalement coup du (a) (Sa) et ne pouvant sen soutenir que sur le mode du fantasme et des objets substitutifs qui vont venir remplir i(a)]

Je lai dit: cest de leur conjonction quil se fait sujet, mais de ce que sy marquent deux temps. Il y faut donc que sy distingue la rature.[littrature litter + rature litura pure] Rature daucune trace qui soit davant, cest ce qui fait terre du littoral [il ny a monde que du langage]. Litura [rature] pure, cest le littral. [bord du trou: la lettre comme reste a letter, a litter]

[lAutre est dfaillant: il sy inscrit la trace (trait unaire) de lexprience de jouissance, mais pas la jouissance qui de ce fait est perdue (chute du rel) et sera recherche en vain dans la rptition lAutre est trou: incompltude de son savoir (S2). Il y reste la trace du signifiant efface(rature) de son signifi: la lettre]

La produire, cest reproduire cette moiti sans paire dont le sujet subsiste. Tel est lexploit de la calligraphie. [produire - par la calligraphie la lettre (symbolique) comme trou, comme reste de ce qui a chu, en touchant au singulier (rel) par la pure forme produire une image de ce qui nen a pas, relve de lexploit et atteint lart] Essayez de faire cette barre horizontale qui se trace de gauche droite pour figurer dun trait l1 unaire comme caractre, vous mettrez longtemps trouver de quel appui elle sattaque, de quel suspens elle sarrte. [lappui quelle prend du manque, du (a) comme absence, comme vide (singulier) la fait expression dun dire, diffrente de luniversel du caractre typographique]

vrai dire, cest sans espoir pour un occident. Il y faut un train qui ne sattrape qu se dtacher de quoi que ce soit qui vous raye. Entre centre [S2] et absence [ab-sens: S1], entre savoir [S2] et jouissance [S1], il y a littoral qui ne vire au littral qu ce que, ce virage, vous puissiez le prendre le mme tout instant. Cest de a seulement que vous pouvez vous tenir pour agent qui le soutienne.

Ce qui se rvle de ma vision du ruissellement, ce quy domine la rature, cest qu se produire dentre les nuages, elle se conjugue sa source, que cest bien aux Nues quARISTOPHANE me hle de trouver ce quil en est du signifiant: soit le semblant par excellence, si cest de sa rupture [S1 S2] quen pleut [(a)] - effet ce quil sen prcipite ce qui y tait matire en suspension [S1]. [cf. Sminaire 1965-66: Lobjet, sance du 15 Juin 1966: il pleut de la merde]

Cette rupture [S1 S2 et chute de a] qui dissout ce qui faisait forme, phnomne, mtore [: ce qui slve, cf. vers 264 de Nues], et dont jai dit que la science [H] sopre en percer laspect [sic: percer labcs produire S2 et exclure a], nest-ce pas aussi que ce soit den congdier ce qui - de cette rupture [S1 S2] - ferait jouissance [S2 a: discours scientifique (H) ] ce que le monde [ensemble des savoirs: S2] ou aussi bien limmonde [a], y ait pulsion figurer la vie.

Ce qui de jouissance svoque ce que se rompe un semblant, voil ce qui dans le rel se prsente comme ravinement.[dans chaque discours la rupture dun semblant produit un plus-de-jouir impuissant rejoindre la vrit(criture ravinement du signifi)]

Cest du mme effet que lcriture est dans le rel le ravinement du signifi, ce qui a plu du semblant en tant quil fait le signifiant. Elle ne dcalque pas celui-ci, mais ses effets de langue, ce qui sen forge par qui la parle. Elle ny remonte qu y prendre nom, comme il arrive ces effets parmi les choses que dnomme la batterie signifiante pour les avoir dnombres. [lcriture comme ravinement, laisse paratre du signifi (singulier): elle nest pas pur dcalque du signifiant (universel), elle y prend un nom unifiant]

Plus tard de lavion se virent, sy soutenir en isobares [plutt en courbes de niveau?] - ft-ce obliquer dun remblai - dautres traces normales [perpendiculaires] celles dont la pente suprme du relief se marquait de cours deau.

Nai-je pas vu Osaka comment les autoroutes se posent les unes sur les autres comme planeurs venus du ciel? Outre que l-bas larchitecture la plus moderne retrouve lancienne se faire aile, sabattre dun oiseau.

Comment le plus court chemin dun point un autre se serait-il montr sinon du nuage que pousse le vent tant quil ne change pas de cap? Ni lamibe, ni lhomme, ni la branche, ni la mouche, ni la fourmi nen eussent fait exemple avant que la lumire savre solidaire dune courbure universelle, celle o la droite ne se soutient que dinscrire la distance dans les facteurs effectifs dune dynamique de cascade. [la droite est un concept, mme la lumire est curviligne (cf. relativit gnrale)]

Il ny a de droite que - dcriture comme darpentage - que venue du ciel. Mais criture comme arpentage sont artefacts nhabiter que le langage. Comment loublierions-nous quand notre science nest oprante que dun ruissellement de petites lettres et de graphiques combins?

Sous le pont Mirabeau[footnoteRef:15] certes... [15: Guillaume Apollinaire: Sous le pont Mirabeau, (Alcools): Sous le pont Mirabeau coule la Seine Et nos amours Faut-il qu'il m'en souvienne La joie venait toujours aprs la peine Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure ]

comme sous celui dont une revue qui fut la mienne se fit enseigne, lemprunter ce pont-oreille HORUS APOLLO...sous le pont Mirabeau, oui, coule la Seine primitive, et cest une scne telle quy peut battre le V romain de lheure cinq (cf. Lhomme aux loups). Mais aussi bien nen jouit-on qu ce quy pleuve la parole dinterprtation. [linterprtation ne se fait pas sur la base duniversels pr-tablis, mais suivre le trajet de leau (sous le pont Mirabeau), les tapes de la lettre (Lettre vole) la ronde des discours]

Que le symptme institue lordre dont savre notre politique [le discours du Matreaboutir au fantasme: a S]...

...implique dautre part que tout ce qui sarticule de cet ordre soit passible dinterprtation. [le discours A part de a S, lucide le fantasme par linterprtation ]Cest pourquoi on a bien raison de mettre la psychanalyse au chef de la politique.

Et ceci pourrait ntre pas de tout repos pour ce qui de la politique a fait figure jusquici, si la psychanalyse sen avrait avertie. Il suffirait peut-tre - on se dit a, sans doute - que de lcriture nous tirions un autre parti que de tribune ou de tribunal, pour que sy jouent dautres paroles nous en faire le tribut. Il ny a pas de mtalangage, mais lcrit qui se fabrique du langage est matriel peut-tre de force ce que sy changent nos propos. [De la jouissance impose du matre (production des a substitutifs) la jouissance littorale de la lettre?]

Est-il possible du littoral de constituer tel discours qui se caractrise de ne pas smettre du semblant? [cf. sminaire 1970-71] L est la question qui ne se propose que de la littrature dite davant-garde, laquelle est elle-mmefait de littoral, et donc ne se soutient pas du semblant, mais - pour autant - ne prouve rien que la cassure que seul un discours peut produire avec effet de production. [le plus de jouir comme production ].

Ce quoi semble prtendre une littrature en son ambition de lituraterrir [littrature litter + rature (littura +atterir: il pleut des immondices) comme a letter, a litter de Joyce], cest de sordonner dun mouvement quelle appelle scientifique. Il est de fait que lcriture y a fait merveille et que tout marque que cette merveille nest pas prs de se tarir.

Cependant la science physique se trouve, va se trouver ramene la considration du symptme dans les faits, par la pollution de ce que du terrestre on appelle, sans plus de critique de lUmwelt, lenvironnement: cest lide dUEXKLL behaviourise, cest--dire crtinise.[S2 a la vrit du discours scientifique (a) dy tre rejete y fait retour comme symptme: amoncellement de dchets(litter), dobjets substitutifs (a) pollution ]

Pour lituraterrir moi-mme, je fais remarquer que je nai fait dans le ravinement qui limage, aucune mtaphore. Lcriture est ce ravinement mme, et quand je parle de jouissance, jinvoque lgitimement ce que jaccumule dauditoire: pas moins par l celles dont je me prive, car a moccupe [a me prend du temps].

Je voudrais tmoigner de ce qui se produit dun fait dj marqu: savoir celui dune langue, le japonais, en tant que la travaille lcriture. Quil y ait inclus dans la langue japonaise un effet dcriture, limportant est quil reste attach lcriture et que ce qui est porteur de leffet dcriture y soit une criture spcialise en ceci quen japonais elle puisse se lire de deux prononciations diffrentes: en on-yomi sa prononciation en caractre, le caractre se prononce comme tel distinctement,[lecture littrale, phontique, du caractre comme syllabe sans signification] en kun-yomi la faon dont se dit en japonais ce quil veut dire. [lecture du caractre comme signifi signification]

a serait comique dy voir dsign - sous prtexte que le caractre est lettre - les paves du signifiant courant aux fleuves du signifi. Cest la lettre comme telle qui fait appui au signifiant selon sa loi de mtaphore. Cest dailleurs: du discours, quil la prend au filet du semblant.

Elle est pourtant promue de l comme rfrent aussi essentiel que toute chose, et ceci change le statut du sujet. Quil sappuie sur un ciel constell - et non seulement sur le trait unaire - pour son identification fondamentale, explique quil ne puisse prendre appui que sur le Tu, cest--dire sous toutes les formes grammaticales dont le moindre nonc se varie des relations de politesse quil implique dans son signifi. La vrit y renforce la structure de fiction que jy dnote, de ce que cette fiction soit soumise aux lois de la politesse.[les kanji (On-yomi) dans leur structure formelle de littral littoral, ne font rfrence aucune signification, mais un rel littoral qui a transmis quelque chose de sa forme au littral, ce qui permet de fonder le moi sur autre chose que le trait unaire, et la vrit y renforce sa structure de fiction dans un formalisme hors signification]

Singulirement ceci semble porter le rsultat quil ny ait rien dfendre de refoul, puisque le refoul lui-mme trouve se loger de la rfrence la lettre. [la lettre nayant pas de signification ( linverse du signifiant) nappelle aucun mouvement de refoulement]

En dautres termes le sujet est divis comme partout par le langage, mais un de ses registres peut se satisfaire de la rfrence lcriture [formalisme littral asmantique du On-yomi], et lautre de la parole [champ smantique du Kun-yomi] .

Cest sans doute ce qui a donn Roland BARTHES ce sentiment enivr que de toutes ses manires le sujet japonais ne fait enveloppe rien. Lempire des signes - intitule-t-il son essai - voulant dire: empire des semblants. Le Japonais, ma-t-on dit, la trouve mauvaise. Car rien de plus distinct du vide creus par lcriture que le semblant.

Le premier est godet prt toujours faire accueil la jouissance, ou tout au moins linvoquer de son artifice.

Daprs nos habitudes, rien ne communique moins de soi quun tel sujet, qui en fin de compte ne cache rien. Il na qu vous manipuler: vous tes un lment entre autres du crmonial o le sujet se compose justement de pouvoir se dcomposer. [lappui que le sujet (japonais) prend dorigine sur le vide du rel (ruissellement vide de toute signification): se dtacher de quoi que ce soit qui vous raye, diffre de lappui que prend loccident sur les objets (a) comme trace (efface) dune signification de jouissance indfiniment recherche partout]

Le bunraku - thtre des marionnettes - en fait voir la structure tout ordinaire pour ceux qui elle donne leurs murs elles-mmes. Aussi bien, comme au bunraku tout ce qui se dit pourrait-il tre lu par un rcitant, cest ce qui a d soulager BARTHES.

Le Japon est lendroit o il est le plus naturel de se soutenir dun ou dune interprte, justement de ce quil ne ncessite pas linterprtation. Cest la traduction perptuelle faite langage. [le formalisme littral excluant la signification, linterprtation y a peu de place ]

Ce que jaime, cest que la seule communication que jy aie eue, hors les Europens avec lesquels je sais manier notre malentendu culturel, cest aussi la seule qui l-bas comme ailleurs puisse tre communication, de ntre pas dialogue: savoir la communication scientifique.

Elle poussa un minent biologiste me dmontrer ses travaux, naturellement au tableau noir. Le fait que, faute dinformation, je ny compris rien, nempche pas dtre valable ce qui restait crit l. Valable pour les molcules dont mes descendants se feront sujets, sans que jaie jamais eu savoir comment je leur transmettais ce qui rendait vraisemblable quavec moi je les classe, de pure logique, parmi les tres vivants.

Une ascse de lcriture ne me semble pouvoir passer qu rejoindre un cest crit dont sinstaurerait le rapport sexuel.