L’honnête homme au XVIIème

siècle

PlanI. Les qualités de l’honnête homme

1. Une grande culture générale2. Le refus des excès3. Ses qualités morales

II. L’altruisme de l’honnête homme4. Un homme agréable et ouvert5. Une grande capacité d’adaptation6. La domination de ses passions

III. Dom Juan, un honnête homme?7. Ressemblances8. Différences

Introduction Le XVIIe siècle a remplacé la période de

la Renaissance et toutes ses valeurs, en les révisant et en en faisant un choix précis: l’humaniste du XVIe est alors remplacé par un idéal classique mis progressivement sous le règne de Louis XIII, celui de l’honnête homme, qui brille par son esprit et domine ses passions.

Nicolas Faret et son ouvrage, L’honnête homme ou l’art de plaire à la Cour.

I. Les qualités de l’honnête homme

L’honnête homme est un modèle d’homme idéal, qui obéit aux valeurs sociales, morales et intellectuelles.

Il appartient généralement à la noblesse, sinon, il doit avoir ses qualités et du mérite personnel pour être un parfait honnête homme.

I.1. Une grande culture générale

Son esprit est ouvert et curieux de tout: il est donc très cultivé et parfois savant.

L’honnête homme a une vision unifiée du savoir, sans pour autant être spécialiste , sous peine de s’enfermer dans sa science.

I.2. Le refus des excès

Il est important pour lui d’être naturel, c’est-à-dire, d’avoir la Nature pour guide dans une Cour de faux-semblants.

Ainsi, il refuse l’exagération et recherche tout en juste milieu: il rejette à la fois la préciosité et la pédanterie.

I.3. Ses qualités morales En lui domine une sagesse qui sait faire

la part des choses: ses sentiments sont nobles et ses actions, en concordance avec les règles de son époque, sons mesurée et pesée.

L’honnête homme est galant, courtois, et, grâce à une excellente éducation, il obéit sans erreur et avec grâce aux règles de la bienséance de son époque.

II. L’altruisme de l’honnête homme

L’honnête homme est celui qui veut briller en société, tout en étant à la fois discret et agréable.

Il sait donc s’adapter à son auditoire pour être plaisant et sympathique

II.1. Un homme agréable et ouvert L’honnête homme est passé maître dans

l’art d’être agréable: ses vêtements et ses manières sont raffinées sans être excessives.

Il sait offrir, en toutes occasions, un visage détendu et agréable, pour ne pas infliger sa mauvaise humeur.

Il possède à merveille le sens de l’humour, mais un humour fin qui fait sourire.

II.2. Une grande capacité d’adaptation L’honnête homme, grâce à sa culture,

est capable d’être intéressant envers tous en s’adaptant à son auditoire.

L’honnête homme a un sens aigu de l’observation, et excelle à juger une assemblée pour connaître sa composition: il connait parfaitement le monde et il sait adapter son comportement en fonction de la personne à qui il s’adresse.

II.3. La domination de ses passions L’honnête homme, lors de ses

conversations, fait surtout preuve d’attention: il ne se met jamais en avant, mais permet plutôt à l’autre de s’exprimer en soulignant la pertinence (ou non) d’une idée, capable de dominer son amour-propre.

Tout en restant dans une optique de modération, ses passions ne sont pas excessives: « un honnête homme peut être amoureux comme un fou, mais non comme un sot » (La Rochefoucauld)

III. Dom Juan, un honnête homme? Dans le Dom Juan de Molière (1665),

l’idéal de l’honnête homme est cité de nombreuses fois, à la fois par Sganarelle, mais aussi par Dom Louis quant à son fils.

Dom Louis en est en effet le représentant, par sa noblesse d’action et son art de la parole, mais son fils Dom Juan a une position ambigüe au sujet de son « honnêteté », qu’il transgresse aisémment.

III.1. Ressemblances Dom Juan est issu d’une grande famille noble et

sa culture générale, reçue durant son enfance, est très développée.

Il domine aussi parfaitement la rhétorique et sait s’en servir pour convaincre son auditoire, auquel il s’adresse de manières différentes.

Ses vêtements sont élégants, il veut plaire et séduire.

Il garde une certaine noblesse dans ses actions: il n’hésite pas en effet à aller défendre un gentilhomme attaqué.

III.2. Différences Il ne fait pas preuve de modération et

ne domine absolument pas ses passions.

Sa maîtrise de la rhétorique est utilisée à des fins de persuasions pour des éloges paradoxaux et contre les valeurs morales de l’époque.

Il n’hésite pas à couper la parole, et prendre toute la place dans la discussion, il est ainsi moins ouvert ou effacé.

Conclusion L’honnête homme, bien qu’incarné

notamment par La Rochefoucauld ou par le chevalier de Méré, reste toutefois un idéal de perfection sociale, morale et culturelle, symbolique classique de toute une période de l’histoire française: le Grand Siècle.

Dom Juan, en transgressant cet idéal, est représentatif d’une jeunesse de Cour qui ne croit plus aux valeurs qui fondent son origine. Son comportement de décadent noble préfigure la fin d’une classe sociale française.