L'hebdo des socialistes n°743-744 «Coup d'envoi des Etats généraux du Parti socialiste»

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    N743-744DU 13 AU 26 SEPTEMBRE2014

    10, rue de Solfrino75333 Paris Cedex 07Tl. : 01 45 56 77 52

    [email protected]

    DIRECTRICE DE LA RDACTIONET DIREC-TRICE DE LA PUBLICATION Sarah ProustCO-DIRECTRICE DE LA PUBLICATIONFlorence Bonetti RDACTRICE EN CHEF Sarah Nafti RDACTEURS Stphane Deschamps Batrice Fainzang Bruno Tranchant Isabelle Lefort

    PHOTOPhilippe Grangeaud Mathieu Delmestre Olivier Clment MAQUETTEFlorent Chagnon (79 44) FLASHAGE ET IMPRESSIONPGE (94)Saint-Mand N DE COMMISSION PARITAIRE:0114P11223 ISSN127786772Lhebdo des socialistes est ditpar Solf Communications,tir 29 000 exemplaires

    dess

    ocialistes

    Fin aot, lUniversit dt de la Rochelle a donn le coup d'envoi desEtats gnraux. Ce processus de concertation interne permettra deredfinir et de rinventer la carte didentit du Parti socialiste.

    Coup denvoi

    des tats gnrauxdu Parti socialiste

    NUMRO SPCIAL LA ROCHELLE

    28 septembrelectionssnatoriales

    12 octobreConseil national la Mutualit

    8 novembreConseil national l'Assemble nationale

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    Mes cher-e-s ami-e-s, cher-e-s cama-rades socialistes,

    Je crois, on peut le dire lissue de cesjournes : cette Universit d't est unsuccs! Un beau succs ! Dautant plusque ce ntait pas gagn ! Alors, remer-cions sans plus attendre les militanteset militants qui lont permis: les ser-vices gnraux du Parti socialiste, ceuxde l'organisation, ceux de la formation,ceux de la fdration de Charente Mari-

    time, sans oublier nos anges gardiens:le SO. Sans eux, rien n'est possible. Ilfaut le dire et leur dire : merci et bravo !

    Je tiens aussi saluer et remercierle premier secrtaire de la Fdrationde Charente Maritime, Mickal Vallet.Merci aussi aux Rochelais, pour leurchaleureux accueil. Je souhaite en-suite adresser un signe amical tousles Jeunes socialistes, leur enthou-siasme et leur prsidente Laura Sli-mani. Applaudissons galement tousles animateurs et tous les participantsdes plnires, des confrences et desateliers. Et parmi eux, un merci par-ticulier mon ami prsident ClaudeBartolone. Et un grand merci aux syn-dicalistes, nos allis de gauche et delcologie. Applaudissons, bien enten-

    du, pour son travail, le prsident del'Universit, David Assouline. Vous mepermettrez un petit signe Bruno LeRoux, Prsident du groupe socialiste lAssemble nationale et Didier Guil-laume, son homologue du Snat. Jetiens galement vous saluer tous iciprsents. Nous sommes prs de 4 000et nous avons battu tous nos records departicipation. Jai une petite ide quoicela est d Merci vous tous, car vousavez tous contribu, par votre partici-

    pation, par vos interrogations, rendrecette Universit vivante et captivante.Ce succs, cest le vtre.Je tiens pour finir remercier ami-calement les studieux ministres quiont particip nos travaux. Saluer lesnouveaux ministres et les anciens. Boncourage aux premiers ! Et bienvenue la maison pour les seconds !Dans quelques instants, le Premierministre va prendre la parole. CherManuel, tu las compris, le seul avan-tage d'tre Premier ministre c'est demarcher en premier, devant. Ce quipeut tre exaltant mais galement trsexigeant.Mes chers amis, jai aussi certaineschoses vous dire aujourdhui. Cestainsi en politique, il faut dire les choses.

    Nest-ce pas le principal enseignementde Jean Jaurs ? Dire les choses pouragir sur les choses. Dire que ceux quivivent de peu sont de plus en plus nom-breux, quil y a 14% de pauvres dansnotre pays, des personnes qui viventavec moins de 978 euros par mois.Dire quavec la crise, quand on entreen pauvret, on y reste. Dire que le pr-cariat avance grands pas : exclusion,ingalits, chmage. Dire que la capa-cit industrielle de notre pays a drama-

    tiquement dclin. Dire galement queles xnophobes et les extrmistes sesentent pousser des ailes et se targuentdattendre leur heure. Dire que les cris-pations identitaires et religieuses sonten train de ronger notre Rpublique.Dire enfin, que la droite veut reveniravec un programme thatchrien duneviolence inoue contre notre modlesocial. Dire que le monde est dans undsordre rarement connu, que le terro-risme et la guerre sont nos portes.

    Nommer cela, dire cela, cest la mis-sion premire dun parti comme lentre. Dire cela et ne pas vouloir senaccommoder, cest dans notre naturede militants. Oui, nous, socialistes, noussommes ainsi faits : nous sommes depermanents insatisfaits. Et nous avons

    Il nous faut repenser la gauchedes temps nouveaux

    DISCOURS DE CLTURE DE JEAN-CHRISTOPHE CAMBADLIS

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    raison ! Car, quand on est au Partisocialiste, le monde, il faut vouloir lechanger. Sinon, il faut changer de parti !

    Oui, mes chers amis, mes chers cama-rades, dire les choses. Dire quil fautrformer pour pouvoir remdier auxingalits de toute nature et aux ins-curits de toute sorte. Dire que cest cette ralit que les gouvernements etle Prsident se sont attaqus, dans lespires conditions de dficits et avec desretards de toutes sortes : industriels,ducatifs, sanitaires, sociaux. Avec cemessage de la campagne des lectionsprsidentielles de 2012 : Pour rpartiril faut produire. Pour redistribuer il fautcrer. Pour progresser il faut innover comme lexpliquait Franois Hollande.Dire que notre pays est en voie de re-dressement mais pas un rythme suf-fisamment rapide. Dire que notre paysfait des efforts, mais que lEurope nest

    pas au rendez-vous et se refuse de lut-ter contre la dflation qui vient. Dire quetout le monde doit participer aux effortsde redressement, surtout les fortu-ns. Dire que si notre pays a du mal se faire au changement, il aura encoreplus de mal se faire au dclassement.Dire, au fond, que nous sommes danslhistoire, que nous la faisons et quellenous jugera.Mes chers amis, dire les choses de fa-on bien ordonne, comme la charit,cela commence par soi-mme. Alors,disons-nous les choses, comme jaimele faire : calmement mais clairement.Nous sortons dune terrible dfaite.Cette dfaite il faut en comprendre lesraisons pour la surmonter. Jamais,durant les quarante dernires annesnous navons t autant secous surnos bases. Vous savez, il y a beaucoupde camarades qui auraient aim tre enresponsabilit avec nous La Rochelle.Nous pensons eux aujourdhui. Etnous mettons en place avec la FNESRdes outils de reconversion et de for-

    mation, en attendant les prochaineschances. Oui, nous sommes trs for-tement secous sur nos bases munici-pales mais galement, disons-le, surnos bases militantes. Nos concitoyens,mme sils ne sont pas foncirementhostiles, ne votent plus pour nous.Cette persistante dsaffection est unterrible choc. Comment en sommes-nous arrivs l ? Il y a de nombreusesexplications. Jen prendrai quelquesunes.

    Comment ne pas voquer tout dabordle flau des flaux, le chmage demasse. Tout vient de l, tout sexpliquepar cela. Il a surdtermin le cadre denotre action.Il y a ensuite une tendance lourde, qui at aussi invisible lil nu quefficace

    long terme : la bataille du cadrageculturel dans notre pays. Cette bataillenous lavons perdu. Cela, bien avantdarriver au pouvoir. Et cette tendanceest continentale. Le principe dgalitqui structurait les dbats politiques alaiss peu peu la place au principedidentit. De fait, la socit franaisese fragmente, se fracture et se fragi-

    lise. La question sociale semble seffa-cer derrire la question de lidentit,faisant la part belle lconomisme quicrase tout. De fait, le vivre-ensemblevacille, la haine triomphe.

    Le vivre-ensemble, on lcorne, onlvite, on lesquive. La haine, on las-sume, on laffiche, on lassne. Cettepremire bataille des ides sembleaujourdhui perdue. A nous de nousrassembler pour relever le gant. A nousde travailler pour redonner du sens. Ouinous sommes devant un dfi historique: changer la gauche pour redresserla France. Redresser la gauche pourchanger la France. Oui, mes cherscamarades, la gauche est belle quandelle ne renonce pas son hritage.Mais, elle est grande quand elle le faitfructifier dans les situations nouvelles.La gauche cest toujours la transforma-tion, la gauche cest toujours la moder-nisation. Mais, toujours sans le renie-ment. Cest cela la vritable fidlit son dessein. Oui, il sagit de transfor-mer la France sans renier la gauche !

    Mes amis, mes camarades, peuple degauche, notre dfaite ne sexplique pas

    uniquement par cette lente rosion duprogressisme. Nous avons galementsous-estim le bilan catastrophique dela droite et, surtout, nous avons eu tortde ne pas avoir communiqu aux Fran-aises et aux Franais ltendue desdgts. 500 milliards, oui 500 milliardsde dette supplmentaire cest le vraibilan du quinquennat Sarkozy ! Lhyper-prsident nous a lgu une hyper-dette! Voil la vrit !

    Nous ne lavons pas assez dit lors denotre arrive aux responsabilits. Cesttout notre honneur. Nous ne voulionspas dexcuses, mais nous voil condam-ns aux exploits. Et pour tenir nos pro-messes, nous voil obligs de faire desprouesses. Ne pas avoir dit cette vritnous a conduit apparatre comme

    une sorte de continuit. Nous aurionsd dire que la situation de dpart taitplus grave quescompt. Nous aurionsd dire la vrit. Dire les choses, encoreet toujours Mais, croyez-moi, il nestpas encore trop tard !Une autre explication que je veux vo-quer, cest davoir sous-estim nosennemis et la porte de leur mta-

    morphose. Droite et extrme droite ontopr une jonction dans la rue, au mo-ment du mariage pour tous, avec unevirulence sans pareil. Abattre le Partisocialiste, cest toujours le cri de guerrede ceux qui veulent abattre la gauche.Mme sil faut pour le faire provoquer lechaos et lchec de la France. Tout plu-tt que les socialistes. La haine des so-cialistes existe et elle est bien vivante.Elle sest manifeste cette semaineencore contre la nouvelle ministre delducation. Et, ce nest pas causede labcdaire de lgalit. Non, cest

    parce que la ministre sappelle NajatVallaud-Belkacem. Et chez ces gens-l,quand on porte ce nom, on ne peut passoccuper de lducation des enfants dela nation. Certains pourraient sinter-roger sur la raison de cette violenceverbale inoue. Mais, chers camarades,cest toujours ainsi quand la gauche estau pouvoir : les critiques deviennentplus virulentes parce que la droite nous

    juge illgitime. Nous en avons eu cesderniers jours une illustration lim-pide. Alain Jupp qui, parat-il, pourrait

    sauver la France , sauve-qui-peutOui, Alain Jupp, mes chers cama-rades, veut pousser la dissolution delAssemble nationale. Cest ainsi, dsque Monsieur Jupp parle politique, ilpense la dissolution. Cest son pchmignon Il veut, comme la droite, ladissolution, non pas pour appliquer unprogramme mais pour en finir avec le pouvoir socialiste comme ils disent.La crise de rgime et pourquoi pas larue, plutt que le redressement de laFrance. Cette attitude anti-dmocra-tique, alors que le Front national rode

    autour du pouvoir, est irresponsable,intolrable et inacceptable. Les mmesqui se rclament du gnral de Gaulle,du caractre immuable des institutionsde la Rpublique, qui font la leon aux

    jeunes des quartiers sur la ncessitde respecter le droit et la loi, ceux-lmmes sont prts, pour se partagerle pouvoir, faire le lit de lanarchie, se comporter comme des factieux.Permettant ainsi Marine Le Pen dese ddiaboliser bon compte, et de sedclarer prte, elle, pour la cohabita-tion. Honte eux ! Cest cette Marinele Pen, dont le ressort xnophobe nestplus dmontrer, qui vient de dclarer coutez mes chers camarades quelimmigration est un danger sanitaire .Oui, madame Le Pen utilise une mta-phore directement issue des annes

    NOUS SOMMES DEVANTUN DFI HISTORIQUE :CHANGER LA GAUCHEPOUR REDRESSER LAFRANCE

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    1930. Pour madame Le Pen la haine estimmortelle et ternelle. Honte elle !Chers amis, chers camarades,La gauche en France ne va pas desoi. Fille aime des trois glorieuses1789, 1848, 1871, elle ne fit quune foisconsensus et quel prix - avec leConseil national de la Rsistance. Pourla droite et les classes dominantes, elle narrive au pouvoir que par effrac-tion . Sa volont dgalit, sa soif delibert et sa fraternit laque, mmedulcores, mme entraves par lescontraintes, sont toujours insuppor-tables pour les possdants, les mesmortes et les rentiers.

    Mais, ce rejet froce des classes domi-nantes, est-il le seul facteur explicatifde cette interrogation insistante sur ladisparition de la gauche qui agite nosrangs? Non, bien entendu, au-del, ily a un doute existentiel des citoyens

    concernant le projet et la promesse dela gauche. La gauche est en danger dedilution car elle a cess de penser sonprogressisme, le laissant flotter entreune religion de la technique et un fri-leux esprit de prcaution. Elle a ngligle drapeau de la libert face toutes lesalinations produites par la socit deconsommation et son individualismemaladif. Elle na pas su tracer le chemindune nouvelle Rpublique porteuse delintrt gnral. Et son universalismesest dissout dans leuropanisme du malgr tout . Elle a sous-estim leseffets de la dsindustrialisation, laffais-sement du lien social, leffondrementde la solidarit. Voil o est le danger: une gauche vide de sens, une gauchevide despoir, une gauche miette.Ma conviction, ma certitude, cest quesi nous ne nous rinventons pas, nousvivrons dautres pisodes de crise,dautres convulsions. Au-del du dbatconomique jy reviendrai il fautun fil plomb pour servir laction. Ilfaut voir loin pour pouvoir agir au jour

    le jour. Sinon le socialisme sera unemarque dont on nattendra mme pasla dmarque. Je vous le dis : je ne lais-serai pas faire ! Le Parti socialiste doittout la fois refonder le progressisme,rester un parti de dbat et russir augouvernement. Je serai le garant destrois. Garant donc de lcoute et du res-pect, loin de la pense-slogan. Car si jecrois lesprit critique, je me mfie dela critique qui devient lesprit.Mes chers amis, nous allons nous rele-ver. Nous allons avancer, nous allonsprparer les reconqutes, nous allonsrussir. Alors, comment faire? Eh bien,il nous faut demble corriger une der-nire lacune : ne pas avoir compris quele changement devait commencer parnous-mmes.

    Cest la raison pour laquelle jai dciddorganiser les tats gnraux dessocialistes : pour rcrire notre cartedidentit. Notre congrs, il aura lieu.Sa date sera dcide ds que le calen-drier lectoral sera clairci. Nous dci-derons ensemble, dans le cadre dunecommission rassemblant toutes lessensibilits, non seulement de la date

    mais aussi du contenu du congrs. Parexemple, il me semble, au vu de la criseque nous traversons, quil est impos-sible que le Parti socialiste nabordepas la crise de la VeRpublique et lesmoyens dy remdier. Si vous le vou-lez, nous le ferons. Je pense quil fautle faire. Je pense quil faut prolongerla rflexion de notre parti sur la ques-tion. Une rflexion engage par Mar-tine Aubry, que je salue ici trs cha-leureusement. Une rflexion dans lecadre dun forum, que tu avais anim lpoque, mon cher Manuel, en tant que

    rapporteur. Alors continuons ensemblecette rflexion sur les institutions duneVeRpublique qui a fait son temps dansce mode de fonctionnement.

    En attendant, le Parti socialiste doitrefonder un nouveau progressisme.Oui, rien de moins ! Le progressismedes temps modernes ! Lors de la pre-mire runion du comit de pilotagedes tats gnraux anime par Guil-laume Bachelay, Marie-Nolle Liene-mann a parfaitement rsum la raisonde ces tats gnraux. Elle nous a dit : Il faut partir des nouveaux bouleverse-ments du monde . Cest exactementcela. Pour domestiquer ce nouveaumonde, il nous faut affronter les grandsbouleversements : la dstabilisationdu monde gopolitique, les effets dela rvolution technologique sur notremodle de production et, par voie deconsquence, sur notre modle desocit, et, enfin, la dcomposition denotre systme politique.

    Il faut dans ces temptes affronter les

    vnements avec lucidit et courage,avec comme boussole le fait que lissuedpendra de ce que nous ferons. Etlissue cest, soit la dmocratie renfor-ce avec un Etat social renouvel, soitloligarchie aux accents national-popu-listes avec la barbarie la priphrie.

    Oui, cette grande dstabilisation quisopre est une immense transition,pendant laquelle le mort saisit le vif .Dans ce contexte, il faut avoir des idesclaires et des principes simples. Nousvivons en effet un moment historique.Regardez autour de vous ! Observezcette immense transition ! En vingt ansnous avons vu la fin de la dominationdu monde occidental, leffondrementde lURSS, la crise du leadership destats-Unis, la crise majeure du sys-

    tme financier, les dlocalisations,la concurrence industrielle des paysmergents et lurgence cologique.Et puis il y a le terrorisme des enra-gs du Jihad, donne non marginale,phnomne gopolitique qui va per-cuter les socits occidentales et de-viendra aussi une donne centrale deeur politique.

    La crise sociale, elle, est partout. Ob-servez les meutes de Sao Paulo, cellesdAnkara, les manifestations de Porto

    et de Madrid ou dAthnes, ou cellesdArgentine. Ou encore les meutes deFerguson en Virginie aux cris de dontshoot ! Toutes ces convulsions nousdisent que ce monde est malade, ma-lade dun systme trop riche un ple ettrop pauvre un autre. Un monde danslequel le march est une force qui va,mais une force qui ne sait pas o elle va,pour paraphraser Lionel Jospin. Dansce moment historique o les tats-Unisse tournent vers le pacifique, lEuropedoit avoir une stratgie globale de paixet de croissance notamment dans lebassin mditerranen aujourdhui feuet sang. Quil me soit permis cettetape de rendre hommage au prsidentde la Rpublique et au ministre des Af-faires trangres, Laurent Fabius, quiauront t prsents, faisant entendre lavoix de la France dans tous les conflitsmditerranens, ainsi quau Mali et enCentrafrique. LEurope ? LEurope esten jeu travers tous ces conflits et doitle reconnatre : cest la France qui laporte. Si lAllemagne porte son cono-mie, la France porte son esprit.

    Sur notre continent, la guerre est laussi. En Ukraine, o la guerre civileplonge la population dans lhorreur.LUkraine, immense pays la tteeuropenne et au cur russe, traitdunion entre deux blocs qui ne doiventpas se faire face. LUkraine qui fut pourLon Tolsto, lobservatoire de ses pre-miers crits et qui, surtout, lui inspira Guerre et Paix . Ce livre que tous leslves russes lisent lcole. Ce quiexplique, en partie, le sentiment russepour lUkraine et lutilisation intrieureque Vladimir Poutine en fait aprs sonlection conteste. Mais lUkraine toutde mme ! Cest la guerre en Europe !Une Europe qui peine parler duneseule voix. Il lui faut tracer sa voiedans ce conflit.

    MA CONVICTION,MA CERTITUDE, CESTQUE SI NOUS NE NOUSRINVENTONS PAS, NOUSVIVRONS DAUTRESPISODES DE CRISE

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    LEurope. LEurope, mes chers cama-rades, nest pas pour nous, socialistes,un lapsus de lHistoire. Parce que lEu-rope allie libert et solidarit, quelleest aujourdhui lespace de lducationpour tous, un modle avec une protec-tion sociale, un systme de sant etdes services publics. Nous savons quece modle est branl et que de nom-breuses voix en Europe veulent le liqui-der. Mais, la marque de la civilisationeuropenne cest cet tat social l ! Cetespace, nous voulons le refonder pourle sauver. Tout le monde sait, mmeles plus gauche dentre nous, quil nepeut exister comme au XIXesicle. Maisaucun dentre nous, aucun, ne veut levoir disparatre ! Le rformer cest pos-sible, le liquider, jamais ! Nous avons,contrairement aux conservateursanglais, une haute ide de lEurope. Sinous refusons un grand march, cestparce que nous voulons une grande

    socit.Au cur de ce pacte il y a laxe franco-allemand. Les relations entre la Chan-celire Angela Merkel et le PrsidentFranois Hollande sont les meilleurespossibles dans le cadre des contraintesde nos deux grandes nations. Mais,mes amis, mes camarades, je vousle dis, depuis quelques temps, lAlle-magne, ou plutt les conservateursallemands, nous parlent mal. Je le disdautant plus clairement que jamais,en France, on oserait parlerait de cettefaon de lAllemagne. Jamais, nous nenous sommes drobs lamiti. Cestla France qui a tendu la main Ade-nauer aprs 1945 comme le rappellelancien chancelier Helmut Schmidt.Qui ajoute, que, sans cela, il ny auraitpas de puissance allemande. Cest laFrance qui a accept le franc fort pourdonner lAllemagne les moyens finan-ciers de faire sa runification aprs lechute du Mur. Cest la France toujours,en 2003, qui avait accept que, pourfinancer les rformes Schrder, lAlle-

    magne laisse filer ses dficits, et cebien au-del des 4%. Cest pourquoi,nous sommes blesss que lAllemagnemette en cause les efforts actuels desFranais pour se rformer. MadameMerkel, cette semaine, a exig de laFrance je cite des vritables r-formes structurelles . Mais ces propossont v-ri-table-ment inamicaux ! Onne parle pas comme cela la France !On ne parle pas comme cela ses amisfranais. La France est un pays qui serforme comme jamais depuis trenteans et avec un prix lectoral lev pournous socialistes.

    Nos camarades allemands du SPD ontconscience de limportance de cetteamiti indispensable pour lEurope.Sigmar Gabriel, mon homologue alle-

    mand, a tenu affirmer sans ambigutla force nos liens fraternels. Je lai euhier au tlphone aprs la runion dessociaux-dmocrates europens autourdu Prsident Franois Hollande. Il madit : Dis aux socialistes franais toutenotre amiti et tout notre soutien sur lechemin de vos rformes !

    Oui, mon cher Sigmar, nous sommesamis : Wir sind Freunde ! Voil pourquoi, lorsque nous exerons

    notre rle d alerte conomique surla rcession, on ne peut pas nous r-pondre par une fin de non-recevoir. LaFrance ne veut pas dans ce dbat unelibert pour elle-mme, elle veut unespoir pour lEurope.Nous sommes dautant plus surpris etblesss du ton actuel employ par ladroite allemande, que personne, mmepas lAllemagne, ne peut tre satisfaitdes rsultats conomiques de lEurope.Mais, je ne suis pas pour autant un te-nant de la confrontation. Je ne suggrepas au Prsident de taper du point surla table. Encore que, si certains le sou-haitaient, pour que le Prsident puissele faire, il ne vaudrait mieux pas laffai-blir

    Je ne suis pas pour la confrontationmais pour la coalition. Parce que cestcomme cela que ca marche en Europe.Mais, mes amis, il faut dire aussi quela diplomatie a ses limites et quil fautfaire intervenir les peuples. Ne serait-ce pas l le chemin du rassemblementdes gauches europennes et des colo-

    gistes, des intellectuels et des produc-teurs, pour lancer un vaste mouvement? Un mouvement dont la jeunesseserait lavant-garde et qui dirait hautet fort que nous voulons la croissance,que nous voulons la relance parce quel limmobilisme conduit lEurope laruine. Je prendrai des initiatives en cesens parce que la situation lexige.

    Mes amis, mes chers camarades, enAllemagne, la croissance stagne. Lesinvestissements et la consommationsont en baisse. Quant aux excdentsexcessifs, comme on dit pudiquement Bruxelles, ils ne sont pas distribus auxcitoyens Allemands. En Italie, malgrla Renzimania , lconomie dvisse.En Espagne, les chiffres du commerceextrieur namliorent pas la situation

    gnrale. Quant lAngleterre donton nous rabat les oreilles, cest 3 %de croissance mais pour rattraper unplongeon de 7 % et ceci au prix dunecasse sociale sans prcdent.Le flchissement des prix ce mois-ci, leur niveau historiquement bas,la croissance anmique, la demandefaible, leuro fort : tout dmontre que

    la japonisation de lconomie euro-penne est en marche. Cest un fait, lerisque de dflation est l. On trouve quece diagnostic peut faire peur. On pr-fre voquer la faible inflation dont leFMI dit quelle devrait aller jusqu 4%.Peu importe les termes, cette situationqui interpelle dj la banque centrale etmme la banque fdrale allemandedoit provoquer le dbat en Europe. Si-non, on va finir par se demander si lediscours sur les rformes structurellesnest pas le paravent du rentier.

    Mes amis, mes chers camarades,Il faut se rformer, le faire avec lucidit,mesurer les efforts et les effets. A cesujet, nayant pas pratiqu la macro-conomie dans mes vertes annes -

    jtais occup autre chose - jai d yvenir sur le tard. Aujourdhui, le dbatsur loffre et la demande minspire plu-sieurs remarques. Dabord, je ne croispas au socialisme de loffre pas plusqu celui de la demande. Il sagit detechniques conomiques au service dela croissance. Ensuite, ce sont davan-tage des mots de techniciens plutt queceux des citoyens. Ne confondons pasconomie et conomisme. Employonsles mots de la ralit : la reprise, les sa-laris, les entreprises, linvestissement,le pouvoir dachat, les exportations Etpuis ne dcoupons pas lconomie entranches. La BPI, le CICE, les emploisaids, les baisses dimpts pour lesmnages modestes, ces lments for-ment un tout contribuant la sortiede crise. Sur le fond, il faut tablir desdiagnostics prcis. Lconomie fran-aise souffre dun grand manque de

    comptitivit depuis les annes Jospin.En tmoignent le dficit de la balancecommerciale et la dsindustrialisation.Tandis que la zone euro est plombepar une relance insuffisante, et la voilmaintenant menace par la dflation.Il a pu arriver au Parti socialiste dansson histoire de pratiquer le ni-ni. Lemoment nest plus au ni-ni. Il nest pasnon plus au mi-mi - mi-figue, mi-raisin- non, mes chers amis, le moment estau et-et : et investissement en France,et assouplissement en Europe, en ma-tire de rgles budgtaires, montaireset commerciales.

    Oui, nous rformons la France ! Oui,nous agissons ! Nous le faisons dansle deuxime grand bouleversement quioblige notre reformulation, celui des

    NOUS SOMMESBLESSS QUELALLEMAGNE METTEEN CAUSE LES EFFORTSACTUELS DES FRANAISPOUR SE RFORMER

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    gauche. A la franaise. Profondmentrpublicain, clairement dcentrali-sateur, foncirement modernisateur.Voil notre socle commun. Mais il nousmanque le dessein dune autre socit.Oui, il nous faut retrouver le chemindes utopies de lmancipation vis--visde toutes les alinations, le chemin delgalit relle, le chemin de lcolo-gie sociale. Et puis, une fois que nousaurons redfini ce que nous sommes,il faudra btir une alliance, une allianceprogressiste.Chers amis, chers camarades,La dpolitisation touche sa fin. Mmeles plus brillants analystes concdentque les enjeux sont plus macropoli-tiques que macroconomiques. Pasdambigut, le nouveau progressismeest de gauche. Une gauche de gauche.Un pragmatisme vertbr par des prin-cipes. Des principes corrigs par la

    pratique. Le but ? Produire des effetssur le rel, au service des ides de pro-grs et de justice. Ne nous laissons pas,nous les socialistes, embrigader par lesrflexes passs, ne succombons pas la tentation des postures. Il nous fautagir. Oui, agir ! Cest la seule faon detester nos ides : les confronter au rel,voir comment il ragit leur contact etadapter ces ides en fonction. Se ser-vir des rponses du rel pour mieux lecerner et donc au final mieux lorienterdans le sens de nos valeurs. Oui, agirpour russir !

    Le nouveau progressisme vise lav-nement dune socit dcente, du

    bien-tre ou du bien vivre, on choisira !Cest le renouveau rpublicain jusquaubout. Nous le faisons pour la nouvelleFrance ! Une France porteuse de prin-cipes, fire de son universalisme. UneFrance qui retrouve toute sa capacitindustrielle ! Une France qui retrouvetoute sa place en Europe : la premire! Une France qui prospre et qui espre! Une France modle dans le monde,une France qui modle le monde ! Sansprtention mais sans lchet. Nousvoulons, pour paraphraser RomainGary faire de la France un pays o il estinterdit de dsesprer .

    Oui, le nouveau progressisme veut laFrance jusquau bout : une France fac-teur dordre, de progrs et de justice !Cette France il faut la ressourcer, oui tenez - il faut la rinventer aussi.Car il ny a pas de France ternelle. Ilny a quune France qui se rinvente

    ternellement !Il est temps pour moi de conclure.Mes chers amis, nous, socialistes, nousavons tant offrir. Pour cela il nousfaut beaucoup reconstruire. Mieux :nous avons tout reconstruire ! Notreidentit, notre doctrine, notre organisa-tion, notre stratgie. En somme, notredestin.

    Pour cela nous avons besoin dtre uniset fiers aussi. Oui, soyons fiers dtresocialistes ! Moi, je suis fier dtre so-cialiste ! Oui, jaime le Parti socialiste !Parce quil est le bien de ceux qui viventde peu !

    Jaime le Parti socialiste! Parce quilest ltendard de ceux qui croient dansle progrs et la fraternit !

    Soyons fiers dtre socialistes ! Et sur-tout, nayons pas peur de linconnu, carle renouveau se loge souvent dans sesreplis. Sachons reconnatre et sachonssaisir lurgence du renouveau. Le re-

    nouveau cest lavenir ! Le renouveaucest la vie !

    Mes chers amis, le rel na mis aucunterme nos esprances de progrs.Retrouvons cet optimisme et cetteaudace propres aux socialistes ! Noussocialistes, nous croyons foncire-ment et passionnment dans lgalit,dans la lacit, dans la justice. Mais,ces croyances seront de peu dutilitsi nous ne rapprenons pas croire ennous-mmes !

    Alors socialistes ! Exprimentons aveclavenir ! Tutoyons le destin ! Le socia-lisme est encore adolescent alorsincarnons-le avec entrain dans cenouveau monde ! Les Franais nousregardent ! Tournons-nous vers eux !Sortons de notre bulle, sortons delentre-soi ! Ouvrons grand les portes etles fentres ! Lavenir, comme toujours,nous appelle ! Oui, comme jamais : r-inventons-nous !

    Vive le socialisme, vive la Rpublique etvive la gauche.

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    Cher Jean-Christophe, chre Laura,cher David, chers amis et chers cama-rades, il y a deux jours de cela, avecun certain nombre dentre vous, jairessenti une trs vive motion person-nelle ; je veux la partager avec vous,quelques instants uniquement. Jtaisdans les Pyrnes-Orientales, dans le

    joli village de Millas, aux traits si cata-lans. La foule tait importante, mue,silencieuse, rassemble. Nous tions lpour un dernier au revoir notre cama-rade Christian Bourquin, prsident de la

    Rgion Languedoc-Roussillon.A tour de rle, nous nous sommes ex-prims. Je lai fait au nom du gouverne-ment, et jai cout les messages, lesdiscours si personnels, si fraternels,si touchants, de mon ami Jean-ClaudeGayssot et de nombreuses personna-lits du dpartement et de la rgion.Nous tions tous rassembls. Bien sril y avait des lus de tous bords, maisctait dabord le rassemblement dela gauche : tous rassembls, telle unefamille, dans le souvenir dun militant,dun lu, dun homme de gauche en-gag au service de la collectivit. Beau-coup parfois nous avait spars les unset les autres, mais l nous ressentionsfondamentalement ce qui nous unissait.Et si je vous parle de cela, cest parce

    que sest impose moi, et nous, dansce moment-l, dans cette crmonie sirpublicaine, si laque, une vidence que

    je voulais vous transmettre : ce qui faitune famille, cest une histoire partage,cest la force des liens, cest la capacit se rassembler, car ce qui nous unitdoit tre plus fort que nos diffrences.Cest aussi la capacit se retrouver,pour se parler, et envisager ensemblelavenir, rinventer la gauche, rinven-ter la France.

    Et aujourd'hui, devant vous, ici LaRochelle, cher Jean-Franois, dans descirconstances trs diffrentes bien sr,heureusement, je ressens galementune motion, parce que je mexprimepour la premire fois en tant que Pre-mier ministre devant ma famille poli-tique rassemble : lus, responsables,militants, sympathisants, Jeunes socia-listes. Et je noublie pas mes amis duservice dordre, et les permanents, ettous ceux qui ont permis la ralisation,cher David, de cette belle Universitdt.

    Nous gouvernons ! Oui, nous gouver-nons : cest la mission que les Fran-aises et les Franais nous ont confie,le 6 mai 2012, en lisant Franois Hol-lande prsident de la Rpublique. Gou-

    verner la France Gouverner la France,cest un immense honneur, parce quecest dabord un grand pays, avec unegrande histoire, un peuple exigeant.Mais cest surtout une trs granderesponsabilit. Elle est dautant plusgrande, et vous lavez rappel, que nousgouvernons dans une situation particu-lirement grave, et plusieurs titres.

    Dabord, bien sr, au regard du contexteinternational, avec sa succession decrises, diplomatiques, humanitaires,

    sanitaires, climatiques ; les tensionsentre lUkraine et la Russie ; lenlise-ment du conflit au Proche-Orient, et ledrame de Gaza ; les massacres en Syrie; la terreur en Irak ; lessor du virus Ebo-la en Afrique de lOuest. Jamais peut-tre nous navions t confronts unetelle intensit et une telle simulta-nit. Ces crises dstabilisent des pays,des rgions entires, dans lesquellesla menace terroriste gronde. Et dansun monde globalis, dans cette plantetransforme en village, ces crises ontncessairement un impact sur nos so-cits.

    Gravit aussi bien sr en raison de lacrise conomique : croissance en berne,chmage de masse, notamment enFrance, crise sociale. Et la crise co-

    Respectons-nous, et nous seronsplus forts

    DISCOURS DE CLTURE DE MANUEL VALLS

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    nomique et sociale, sajoute une autrecrise, une crise moins visible, plus sour-noise, plus profonde : une crise morale,une crise didentit, une crise civique etdmocratique, une crise de confiance.Car ce monde en pleine mutation faitvaciller les certitudes, les repres. Et lacrise didentit, cest aussi une crise denos valeurs : monte de la violence, desincivilits, de lindividualisme, des re-vendications communautaires. Le tissusocial, associatif, syndical, politique, estprofondment touch, atteint.

    La gravit du moment nous intimelordre, collectivement, de nous hisser la hauteur des enjeux et des respon-sabilits. Oui, nous gouvernons dans unmonde difficile, et mon premier devoir,sous lautorit du chef de ltat, avec lesministres et je salue les ministres pr-sents ici , mon premier devoir, notrepremier devoir, cest de lassumer avec

    lucidit. Langoisse des Franais est l,il y a une colre sourde, manifeste. Ellesest manifeste dans les urnes, en fa-veur du populisme, de lextrme droite,ou par labstention. Et bien sr, nous enavons t les victimes, nous avons tsanctionns lourdement.

    Je comprends que beaucoup de noscompatriotes, de nos concitoyens, ycompris dans nos rangs, proccupspar la situation, doutent, sinterrogent,interpellent, formulent des proposi-tions. Jamais sans doute nous navonsconnu une telle menace politique etdmocratique, avec un Front nationalqui progresse, et qui aujourd'hui peutlaisser penser quil a la crdibilit pouratteindre cet objectif. Et face cettesituation, quau sein du parti il y ait desinterrogations, des dbats, cest nor-mal, cest sain, cest utile, cest indis-pensable.

    Jai le privilge et la chance de connatreJean-Christophe Cambadlis depuislongtemps ; jtais mme peut-tre au

    Parti socialiste avant lui. Je sais sa soli-dit, sa loyaut. Mais je connais aussison exigence, et sa volont vous lavezentendu que le Parti socialiste jouepleinement son rle : de soutien au gou-vernement bien sr, mais dclaireur etde dfricheur de lavenir, mais aussipour interpeller, pour corriger. Et avecmoi comme Premier ministre, sachezune chose, et une seule chose : jaime ledbat, pour y avoir particip, et je consi-dre que le Parti socialiste a toute saplace, et doit pleinement jouer dans cedbat son rle, bien entendu !

    Mais je le dis, comme dautres, fai-sons attention au choix des mots, nosattitudes, nos comportements, lamanire dont nous nous adressons lesuns aux autres. Dans une socit mar-

    que par une forme de violence, il nousappartient, dans la franchise bien sr,avec la volont daller jusquau bout dudbat, mais dtre exemplaires. Res-pectons-nous ! Respectons-nous, etnous serons plus forts, alors, pour nousfaire entendre des Franais, et amorcerplus que jamais la reconqute !

    Les Franais nous regardent, les Fran-ais nous observent. Et si nous nemontrons pas lexemple, nous tous,comment pourraient-ils comprendre,retrouver confiance, avoir le sentimentque leurs efforts ont un sens ? Exi-geants, oui, tous les Franais le sont,et ils ont raison de ltre ! Et tre auxresponsabilits, ce nest pas baisserles bras la premire difficult. Etresocialiste, ce nest pas cder la facilitou la fatalit. Et le sens de lEtat, quinappartient pas qu ceux qui sont ausein de lexcutif, mais tous ceux et toutes celles qui ont une responsabilitet qui soutiennent le gouvernement, lesens de lEtat, quand on est ministre,parlementaire, responsable, appelle lamatrise de soi et la matrise collective !

    Cest a qui doit chaque fois nousguider ! Cest a, rpondre lappel dupeuple ! Cest cela, tre au niveau de laresponsabilit que les Franais nousont donne ! Voil ce que nous devonstre capables de faire : dbattre, dis-cuter, changer, scouter, mais tre

    la hauteur de la responsabilit que lesFranais nous ont confie ! Parce que,oui, gouverner la France, cest une res-ponsabilit unique ! Oui, se respecter !Oui, tre capables de saimer ! Oui, trecapables daller de lavant ! Cest a, ceque je vous demande de faire, sans riennier de nos dbats, mais nous devonstre exemplaires, et donner, oui, cetteimage de rassemblement autour deceux qui ont aujourd'hui la responsa-bilit ! La responsabilit ! La respon-sabilit de gouverner ! Oui, socialistes,vous avez la chance de gouverner, alorssoyons ensemble la hauteur de la res-ponsabilit que les Franais nous ontconfie !

    Chers amis, dans le monde actuel face ces dfis colossaux, nous devons agir

    avec dtermination et avec comme seulobjectif de rendre la France plus forte,plus comptitive, plus juste. Et renfor-cer la France, cest dabord redresserson conomie. Le sens du pacte deresponsabilit et de solidarit annoncpar le prsident de la Rpublique, le14 janvier, cest de sattaquer la racinedes problmes qui rongent nos entre-

    prises, nos PME, nos PMI, nos arti-sans, nos commerants, et qui ont jetdes centaines de milliers de salaris etdouvriers au chmage. Depuis 10 ans,peut-tre davantage, Jean-ChristopheCambadlis le rappelait, la perte decomptitivit nous affaiblit alors que laconcurrence internationale ne nous faitaucun cadeau. Notre dficit commercialen est lune des illustrations, et Jean-Christophe Cambadlis avait raison derappeler que nous avons fait lerreur,non pas pour ne pas assumer nos res-ponsabilits, mais parce que dans la

    vie politique il y a toujours un devoir devrit.

    Et la situation de la France en 2012,son dficit public, sa dette, son dficitcommercial, son chmage, ses frac-tures dans la socit, elles taient l.Et si dailleurs nous avons gagn, si onnous a donn cette responsabilit, biensr cest parce que ctait difficile. Etds lautomne 2012, le rapport Galloisposait le diagnostic sur ltat particu-lirement inquitant de la comptitivit

    franaise. Les choix qui ont t faits parle prsident de la Rpublique, par Jean-Marc Ayrault qui jadresse un salutamical et fraternel, le choix qui a tfait par le gouvernement auquel je par-ticipais, par la majorit et souvent partoute la majorit, oui cest de rpondre ce dficit de comptitivit. La nation adonc consenti un effort sans prcdent,cet effort est ncessaire, il va se mettreprogressivement en uvre. Et jassumeet nous assumons que la gauche fassece qui est ncessaire pour renforcerlconomie et, donc, les entreprises qui

    crent de la richesse et de lemploi. Etnous le faisons dans le dialogue.

    Est-ce que vous vous rendez compte,pour quelques-uns, que mettre encause lide mme quil faut renfor-cer les entreprises pour crer de larichesse et de lemploi, quil y ait mmequelques sifflets sur lide quon sou-tienne les entreprises pour crer larichesse et lemploi, quel messageadressez-vous aux Franais, quel mes-sage adressez-vous aux Franais ? Cenest pas possible mes chers amis, et jedemande aux socialistes pour quil nyait pas dambigut de se lever et dedire oui, que cette politique est nces-saire pour redresser notre conomie,pour redresser notre industrie. Et nousle faisons dans le dialogue en associant

    LA GRAVIT DUMOMENT NOUSINTIME LORDRE,COLLECTIVEMENT, DENOUS HISSER LAHAUTEUR DES ENJEUX ETDES RESPONSABILITS

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    les syndicats aux rformes conduites, etnous sommes vigilants, exigeants surles engagements qui ont t pris.Oui, la nation a consenti un effort nces-saire, et cest donc maintenant je ledis et je le rpte aux chefs dentre-prise parce que nous sommes en trainde crer un climat de confiance, de fairepreuve de patriotisme conomique surles salaires, en embauchant, en for-mant, en investissant. Quand la nationconsent un tel effort, chacun doit tre la hauteur de ses responsabilits. Lerarmement industriel est un combatessentiel, parce que lindustrie cestun moteur pour le dveloppement denotre pays, pour sa force. Depuis 2 ans,pas depuis 5 mois, depuis 2 ans nousavons agi sans relche pour arrterce drame national quest lhmorragiedes emplois industriels. Et nous nousmobilisons pour dvelopper nos filiresprometteuses, notamment la transition

    nergtique, le numrique, les biotech-nologies qui sont autant datouts stra-tgiques pour notre pays et qui sont aucur de la comptition internationale.

    Nous devons librer toutes les nergiesproductives, soutenir linvestissementpriv et public dans les travaux publics,la construction, le logement et grcenotamment nos collectivits terri-toriales. Elles doivent pouvoir investir,ces rgions, ces dpartements, cesmtropoles, ces agglomrations, ces

    villes, elles doivent pouvoir investir etle gouvernement y veillera tout parti-culirement. Nous devons aussi renfor-cer lattractivit de la France dans tousles domaines, je pense au tourisme,et donner enfin envie dinvestir encoredavantage sur notre territoire.Cest aussi pour cela que nous avonsengag ce grand chantier de la simpli-fication, car il faut arrter de crer desnormes, des rgles qui compliquentbien sr la vie des entreprises maisdabord la vie quotidienne des Fran-ais. Alors bien sr, il nous reste encorebeaucoup de blocages lever, des r-formes mener, rformer pour dblo-quer, librer ses nergies dans bien desdomaines. Mais rformer, cest ne pasaller en arrire, je le raffirme ici sim-plement et clairement, car je ne veux

    pas de faux dbat. Au-del de ce que laloi prvoit et des ngociations socialespeuvent permettre, il ny aura pas de re-mise en cause des 35 heures. Il ny aurapas mes chers amis de remise en causede la dure lgale du temps de travail.

    Chers amis, nous devons donc nousattaquer avec pragmatisme tout cequi entrave notre conomie depuis desannes, des dcennies, nous le feronsavec une grande loi sur la croissanceet le pouvoir dachat. Elle portera desmesures fortes pour remettre en causeles rentes, les monopoles de certainesprofessions, pour redonner de la sou-plesse et favoriser une concurrence quiprofitera aux Franais. Et je veux ici re-mercier, parce que pour moi les chosesne changent pas en quelques jours, jeveux remercier Arnaud Montebourgpour avoir initi cette dmarche.

    Nous devons aussi lever les blocagesqui empchent la russite de notre poli-tique dapprentissage. Face au chmagedes jeunes, nous devons agir sur tousles paramtres. Nos voisins europens,souvent, ont montr depuis bien long-temps combien cette voie, cette filire,lapprentissage tait important pourlinsertion professionnelle des jeunes etpour lemploi. A nous de nous y mettreaussi avec les partenaires sociaux etavec les collectivits territoriales.

    Et puis je pense et cest bien sr lunede nos priorits, ctait mme inscritdans le projet de Franois Hollandependant la campagne lectorale pr-sidentielle je pense une tche quia t mise par la droite sous le tapis,cest rduire le dficit. Car tant quenous accumulerons de la dette, tant quenous vivrons au-dessus de nos moyens,nous courons en permanence le risquedtre la merci des marchs finan-ciers. Nous ne pouvons pas augmenterla dpense publique, elle atteint dj 57% des richesses que nous produisons,

    et parfois malheureusement avec desrsultats mdiocres. Cest pour celaque nous avons engag la rforme deltat et des collectivits locales.Pour autant, la rduction des dficitsne doit pas se faire par dogmatisme,ce nest pas un but en soi. Et sur cettequestion, jen suis convaincu, il ny apas de dbat entre nous, il faut adapterle rythme de rduction des dficits lasituation conomique au niveau de lacroissance et la nouvelle donne quenous connaissons en Europe. Disons leschoses clairement, pour mieux dfinirle sens de ce que nous faisons.

    Quand nous crons 60 000 postes danslEducation nationale pour refaire unepriorit, nous ne faisons pas de laus-trit. Quand nous prservons les mis-

    sions du budget de la Culture pour lacration et le spectacle vivant, nousne faisons pas de laustrit. Quandnous crons des postes de policiers etde gendarmes pour garantir la scu-rit des Franais sur le territoire, dansles quartiers populaires comme dansles zones rurales, nous ne faisons pasde laustrit. Quand nous crons des

    postes dans la Justice, la pnitentiaireet pour mettre en uvre la rforme p-nale, nous ne faisons pas de laustrit.Quand nous agissons avec les emploisdavenir pour que notre jeunesse puissedbuter dans la vie, mes chers amisnous ne faisons pas de laustrit. Etcest a qui fonde la diffrence entre lagauche et la droite, cest a qui fondeaussi la diffrence entre ce qui se faiten France et ce qui se fait ailleurs, enEurope, disons-le, rappelons-le.

    Bien sr, bien sr parce que je ne

    madresse pas uniquement ici aux so-cialistes, je connais comme vous les dif-ficults que vivent des millions de fran-ais au chmage, dans la prcarit. OuiJean-Christophe, bien sr la pauvreta augment. Mais quand nous aug-mentons le RSA de 10 %, quand nousmettons en place un grand plan de luttecontre la pauvret, nous ne faisons pasde laustrit parce que dans les choixbudgtaires nous voulons toujours pro-tger les plus dmunis, les plus faibles,les plus modestes, cest a aussi la

    vocation de ce gouvernement, cest ala vocation de la gauche. Quand nousaugmentons lallocation de rentre sco-laire que viennent de toucher des mil-liers de familles, nous ne faisons pasde laustrit. Quand nous augmentonsles bourses pour les tudiants, nous nefaisons pas de laustrit. Alors chersamis, ne caricaturons pas nous-mmesnotre action, dautres sen chargentet ils sont nombreux. Sachons nous-mmes expliquer, valoriser ce que nousfaisons, soyons fiers aussi de ce quenous engageons.

    Nous faisons des choix calibrs, qui-librs bien sr, cette discussion auraencore lieu loccasion de la loi definance initiale, et notamment avec lesgroupes parlementaires, mais ces choixvisent prserver notre modle social.Nous tiendrons notre objectif, et je croisquil ny a pas de dbat l-dessus, de50 milliards dconomies dans les d-penses publiques, cest cela le srieuxbudgtaire. Mais que dit la droite dansce domaine, cest dailleurs en effet laseule chose quelle propose, elle vou-drait 100, 120 ou 150 milliards, ce sontdailleurs les mmes qui veulent quenmme temps, on augmente ils ontpeut-tre bien raison le budget dela Dfense ; les mmes qui ne veulentpas quon fasse les conomies sur les

    NOUS DEVONSRENFORCERLATTRACTIVIT DE LAFRANCE DANS TOUS LESDOMAINES ET DONNERENFIN ENVIE DINVESTIRENCORE DAVANTAGESUR NOTRE TERRITOIRE

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    Chambres de commerce et dindustrie ;les mmes qui disent il faut faire desconomies mais ne touchent pas un certain nombre de nos privilges.Combien de professeurs, de policiers,de gendarmes, dinfirmiers en moinsavec ce programme ? Cest tout simple-ment une mise en cause du fondementde notre pacte social n avec le Conseilnational de la rsistance.

    Alors mes chers amis, sil y a uneconfrontation politique dans le pays, sily a un dbat avoir, ce nest pas au seindu Parti socialiste, ce nest pas avec lagauche, cest face la droite pour sebattre et pour rappeler ce que nousavons les uns et les autres, avec votresoutien, engag. Et si nous rduisonsnos dficits, ce nest pas parce que lEu-rope ou lAllemagne en auraient dcidainsi, parce que ce choix nous serait im-pos, non. Nous le faisons pour nous-

    mmes et nous devons le faire tout enbaissant la pression fiscale, car les im-pts ont atteint un niveau insupportablepour les Franais. Et cest peut-tredailleurs le principal message quilsnous ont fait passer loccasion deslections municipales. Un premier pasa t accompli en direction de plus de4 millions de mnages, qui verront leurimpt sur le revenu baisser ou qui nepaieront plus limpt sur le revenu dscette rentre, et nous poursuivrons cemouvement en 2015.

    nous de relever un grand dfi aux yeuxde lEurope, aux yeux du monde, prou-ver que la France peut se relever avecses propres solutions, en assumant seschoix, en prservant son pacte social

    et ayant confiance en elle. Cest aussien menant bien nos rformes struc-turelles que nous pourrons faire avan-cer nos ides en lEurope pour plus decroissance, plus demplois. Ce que nousattendons de lEurope, nous ne cessonsde le rpter depuis des semaines, pen-dant la campagne des lections euro-pennes, et nous tions ensemble oh! Pas trs nombreux toujours mais pourdfendre avec Martin Schulz cette ide.Cest un engagement puissant pourla croissance et lEurope et il en va demme et je vous le dis avec gravit de lexistence du projet europen.

    En avril dernier, nous tions trs iso-ls en Europe sur cette question, je mesouviens de ractions trs vives suite ma dclaration de politique gnrale.Javais alors dit que leuro tait sur-valu, cette ide a fait son chemin, jele constate. La Banque centrale euro-

    penne a fait un premier mouvementremarqu dbut juin, qui a entran unebaisse de leuro de 6 %. Cela peut pa-ratre faible, mais appliqu toutes nosentreprises exportatrices cela repr-sente des dizaines de milliers demploisprservs.

    Ces dcisions de la Banque centraleont constitu un signal fort. Devant lafaiblesse de la reprise conomique,devant le niveau lev de leuro, devantle risque de dflation oui, de dflation dans certains pays, la BCE agit enfinpour soutenir la croissance. Mais il fau-dra aller encore plus loin. Et dans sondernier discours, le prsident de la BCEMario Draghi a dclar quil se tenaitprt dautres types dinterventions.

    Alors reconnaissons-le : la politiquemontaire commence changer. Mais ilfaut aller beaucoup plus loin.

    Le prsident de la BCE a aussi recom-mand une politique globale de lademande, au niveau europen, accom-pagne de politiques nationales struc-turelles. La politique budgtaire doit

    jouer un rle plus important aux ctsde la politique montaire. Mario Dra-ghi souhaite mme que la flexibilitinscrite dans les rgles actuelles soitutilise pour sajuster une croissancetrop faible. Il a enfin ouvert le dbat surlorientation globale de la politique bud-gtaire en Europe, et soutenu un vasteprogramme dinvestissements publicseuropens.

    La position du prsident de la BCEaujourd'hui, cest celle que nous dfen-dons, cest celle porte depuis deux

    ans par le prsident de la Rpublique.Cest celle qui est prne par de nom-breuses institutions internationales :FMI, OFCE, par des conomistes, pardes Prix Nobel. Cest celle que je portedepuis cinq mois. Hier, oui, nous noussommes retrouvs, avec le prsidentde la Rpublique, Laurent Fabius, et lesdivers socio-dmocrates europens.Tous, avec Matteo Renzi et Sigmar Ga-briel, partagent les mmes analyses: linvestissement est un niveau tropbas en Europe.

    La prsidence italienne organisera unConseil europen consacr la crois-sance et lemploi, et suivant la propo-sition du prsident de la Rpublique, ily aura galement dans les prochains

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    jours un Conseil de la zone euro. Donc,les choses bougent. Donc, la ralit etla situation rattrapent les responsablespolitiques europens. Donc, la voixde la France sur ces questions se faitentendre. Et mesurons le chemin par-couru ! Et nous allons continuer, dansles semaines qui viennent, convaincre car oui, bien sr, le temps presse.

    Nous allons travailler concrtiser les300 milliards deuros que le nouveauprsident de la Commission, Jean-Claude Juncker, a annoncs. MaisJean-Christophe a raison : tous les paysdoivent prendre leurs responsabilitsface cette situation conomique ethistorique. Le vote aux lections euro-pennes est pass par-l. Si lEuropenest pas capable de rpondre cettecrise de civilisation, nest pas capablenon seulement dagir sur le plan diplo-matique, mais de rpondre cette an-

    goisse, quoi sert lEurope ?Alors que nous, et cest ce qui fonde lessocialistes, nous sommes si attachs ce projet europen ! Ce projet qui apermis la paix, la rconciliation entre laFrance et lAllemagne ; qui a permis auxpays du Sud de rentrer dans la dmo-cratie et dans le dveloppement ; qui apermis aux pays du bloc de lEst, l aus-si, de trouver la dmocratie. Ce projetqui est un projet unique dans lhistoiredans lhumanit, russir rassemblerdes nations qui se sont fait la guerre,aux histoires, aux langues, aux culturesparfois si diffrentes, un projet unique,ce projet aujourd'hui peut tre mis encause. Donc personne ne peut chap-per sa responsabilit.

    Et moi jai aussi en tte les mots de Hel-mut Schmidt loccasion du Congrs duSPD, la fin de lanne 2011 : personnene peut chapper ses responsabilits,et lAllemagne ne peut pas chapper auxsiennes. Elle aura aussi besoin dunerelance. LAllemagne est une grande

    nation que nous respectons. Rien en Eu-rope nest possible sans des initiativescommunes entre nos deux pays. Maiselle aura aussi besoin dune relanceconomique. Elle doit donc bouger. Nosamis socio-dmocrates le demandent,le disent : il est temps que la droite alle-mande entende ce message, qui nestpas seulement celui de la France, maisqui est celui des peuples europens.Mes chers amis, pour se renforcer, laFrance doit redresser son conomie,mais elle doit savoir aussi se retrou-ver, se retrouver pleinement. Notrepays est travers par de nombreusesfractures : conomique, sociales, cultu-relles, gographiques, identitaires, oil y a une crispation. Nous devons faireface la monte, le mot est faible,trs proccupante, de lintolrance, du

    racisme, des actes et des paroles anti-smites, antimusulmans, antichrtiens,dactes et de mots anti-homophobes(sic). Comment aurions-nous pu pen-ser que dans les rues Vous avezcompris !...Comment aurions-nous pu penser, il y aseulement quelques annes, que dansles rues de Paris, venant dune fouleassez diverse, qui ne ressemblait pasforcment la vieille extrme-droite, oncrie dans les rues de la capitale Mortaux Juifs ? Il y a donc l quelque chosequi ne va pas, et qui doit, comme nouslavons fait en prenant nos responsabili-ts : dissoudre bien sr tous ces groupesqui prnent la haine de lautre, et nouscontinuerons agir, avec le ministre delIntrieur, dans ce domaine-l. Maisnous sentons bien que la rponse doittre beaucoup plus profonde, beaucoupplus large.

    Il y a aussi, et je veux mexprimer sur cesujet-l avec prudence, mais aussi avecvrit : il y a la radicalisation qui poussedes Franais, comme dans de nom-breux pays europens, et notammentdes jeunes, parfois des mineurs, desgarons et des filles, cest videmmentune minorit, mais le phnomne estsuffisamment significatif pour tre re-doutable, aller mener le jihad au-delde nos frontires, et nourrir le projetde frapper leur pays en retour.

    La radicalisation cest un grand dan-ger, qui gnre des peurs lgitimesparmi nos concitoyens, et quvidem-ment beaucoup exploitent. Le Franaisqui a commis lattentat au Muse Juifde Bruxelles tait un membre de ltatIslamique, dont nous connaissons lesactes de barbarie en Syrie et en Irak.Cest une menace pour lquilibre duMoyen-Orient. Cest une menace glo-bale peut-tre mme sans prcdent.

    Ce que je crois profondment, cestque, au-del de ces lments, cestque beaucoup de Franais ont perdude vue ce qui les unit. Comme vous, jesuis fier dtre franais, je sais ce que jedois mon pays, et je me bats chaque

    jour pour lui rendre ce quil ma donn.Et comme vous, je veux que tous les

    enfants de France soient fiers de leurpays, sy sentent leur place pleine-ment. Comment accepter alors quedes jeunes, dans nos quartiers popu-laires, dont je suis llu, aillent chercherdautres appartenances que celle de laRpublique ? Si nous assistons cela,cest bien quil y a un problme. Il nesagit pas uniquement de combattre

    telle ou telle attitude. Et quand il y a unproblme, il faut savoir ouvrir les yeux.

    Si certains tournent le dos la Rpu-blique, font le choix du repli, cest aussiparce que la Rpublique na pas su etne sait plus tenir toutes ses promesses.Ayons le courage de dire que 30 ans depolitiques dintgration, je ne parle pasde la politique de la ville, je parle despolitiques dintgration destines despopulations choisies pour leurs originessociales, ont fait fausse route. Moi, je neconnais que les politiques de citoyen-

    net : celles qui font que, peu importeses origines, peu importe sa couleurde peau, que lon ait des anctres enFrance ou quon y rside depuis peu,quon puisse tre un citoyen part en-tire, avec les mmes droits, avec lesmmes devoirs !

    Mon exprience de maire dEvry maappris combien nous devons parler nouveau aux quartiers populaires. Et sily a, au fond, je me permets de le dire,comme simple militant, Jean-Chris-

    tophe, sil y a une reconqute, une re-conqute des curs, des esprits, nousle voyons bien, cest vers ces catgoriespopulaires et vers cette jeunesse ! Il fautque nous leur redonnions confiance !Cela passe bien sr par lcole, la for-mation, lemploi, par une politique dela ville ambitieuse, et une lutte achar-ne, acharne, contre les discrimina-tions, contre les discriminations, contretoutes les discriminations qui existentdans notre socit !

    Mais, et cest lessentiel, parce que nous

    y travaillerons avec Patrick et Myriamqui vont avoir en charge dsormais lapolitique de la ville, mais avec tout legouvernement, cela passe aussi et sur-tout par le respect, la reconnaissance.La France, et cest une des diffrencesmajeures avec lAllemagne, a la chancedavoir une dmographie dynamique etpositive. Cela pose videmment, dansla conjoncture actuelle, des problmesmajeurs : je pense au chmage, aveclentre de jeunes pourtant parfois for-ms et qualifis, et qui ne trouvent pasun emploi. Mais que la France soit unpays jeune, cest une chance !

    Donc oui, nous devons pleinementrenouer avec la promesse de FranoisHollande de faire en sorte que, plusque jamais, la jeunesse soit la marque

    SI CERTAINSTOURNENT LE DOS LARPUBLIQUE, FONT LECHOIX DU REPLI, CESTAUSSI PARCE QUE LARPUBLIQUE NA PASSU ET NE SAIT PLUSTENIR TOUTES SESPROMESSES

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    de son quinquennat ! Et pour que lajeunesse nous entende, nous devonstre capables, oui, de lui faire passerce message de respect et de recon-naissance ! Cest donc une immensemobilisation vers ces quartiers que jevous appelle ! Nous devons adresserun message cette jeunesse, qui nestpas un problme pour la France, maisun atout et une chance considrables !

    Chers amis, chers amis, arrtons destigmatiser, arrtons de stigmatiserdans le dbat public des populations,en les ramenant constamment leursorigines, leur religion. Et je pense enparticulier lislam. Lislam, cest ladeuxime religion de France. Elle doitbien sr sorganiser dans le cadre desvaleurs rpublicaines. Mais dans notrepays, les musulmans ont le droit dtreconsidrs pour ce quils sont : des ci-toyens part entire. Cest cela la R-

    publique, et cest cela la lacit !Oui, cest cela la Rpublique, et cestcela la lacit ! Dans ce pays, on a ledroit de croire ou de ne pas croire ! Etmoi je le dis, je lai souvent rpt, cestune chance pour la France, mais cestune chance pour lislam, dans le mes-sage quelle adresse ou quil adresseau monde, cest une chance par rapportaux vnements que nous connaissonspartout, cest une chance de pouvoir direque dans le pays de 1789 et des valeursuniverselles, cette religion peut spa-nouir pleinement dans la dmocratie etdans lgalit entre les hommes et lesfemmes !

    La lacit ! La lacit, cest notre ri-chesse, notre bien commun ! Faisons-la vivre, expliquons-la, dfendons-la,partout et tout le temps, et surtoutquand des pratiques religieuses ou desintgrismes veulent saffranchir deslois de la Rpublique, en niant lgalitentre les femmes et les hommes, ou ensattaquant lcole de la Rpublique !Cette politique de citoyennet Cettepolitique de citoyennet que jappellede mes vux, nous devons maintenantlengager. Les Franais lattendent. Ilsont besoin, tous les Franais, que soitraffirme une communaut de va-leurs. Ils ont besoin que soient restau-res lautorit et les rgles.

    Car sans ordre rpublicain, ce sont tou-jours les plus faibles et les plus dmu-

    nis qui souffrent : ce sont les personnesges, ce sont les jeunes, ce sont lesouvriers qui vivent dans les quartierspopulaires, qui sont les premiers vic-times de linscurit. Et agir en prioritpour celles et ceux qui souffrent le plusde cette violence, de cette dlinquance,cest toujours le sens de notre politiquede scurit. Nos compatriotes ont be-soin que nous rebtissions ensembleune France qui parle au cur de tous.

    Et pour cela, il faut renouer avec nossymboles rpublicains. Nous les avonsdlaisss, parce que parfois, gauche,nous les pensions ringards, dpasss.Et dautres, encore hier, les partisansdu rejet et du dclin, sen sont alorsempars, pour les dtourner. Nos sym-boles, cest lhistoire de la France, cestlhistoire de la Rpublique, cest lhis-toire de la gauche tout au long du XIXesicle. Ces symboles, ce sont notre dra-

    peau, notre devise, notre hymne, notrefte nationale. Mais ce sont aussi tousles moments qui tissent un lien entreles citoyens et la Rpublique.Et dans les choix que nous avons faitsdepuis 2 ans, et la prsidente du MJSle rappelait, nous avons fait le choixde privilgier les naturalisations, derevenir sur ce qui a t fait par le gou-vernement prcdent et de considrerque ctait une chance daccueillir denouveaux franais, et que ctait unechance pour ces nouveaux citoyens dumonde de devenir franais. Et dailleurs,comment ne pas souligner lengoue-ment autour de cette anne de comm-morations du Dbarquement de Nor-mandie, de Provence, de la librationde Paris, du maquis du Vercors. Cescommmorations nous ont permis denous retrouver autour de notre histoireet de nos valeurs. Elles sont plus que

    jamais modernes, elles sont plus quejamais contemporaines, elles sont plusque jamais indispensable face au dr-glement du monde. Nous devons oui,nous devons donc tre fiers de laction

    de nos armes et de la France au Maliet en Centrafrique. Fiers galement carsans la France cela ntait pas possiblede notre soutien actif aux Kurdes, auxchrtiens dOrient et de nombreusesminorits.

    Nous combattons sans relche le ter-rorisme avec nos partenaires et dans lecadre du droit international. Et celui quiincarne cette politique cest le chef deltat, un mot, nous devons le souteniret plus encore face une droite incon-squente qui, faute dides et de leader,ne mise que sur la dstabilisation denos institutions. On ne joue pas, surtoutdans cette priode, mais en gnral onne joue pas avec les rgles, les prin-cipes, les valeurs et les institutions de laRpublique.

    Chers amis, le chef de lEtat, est pleine-ment conscient de la situation que nousconnaissons, mais il mrite le respectde tous, il mrite notre affection, il m-rite notre loyaut, il mrite notre soutienparce que cest grce lui, cest grce son engagement, cest grce son lec-tion que nous pouvons aujourdhui gou-verner, que nous pouvons assumer nosresponsabilits. Et si les socialistes nesont pas au premier rang pour les sou-tenir, qui pourrait alors le faire ? Alors jevous demande, au-del des questionsnaturelles, au-del des dbats de direet de proclamer : oui, notre soutien etnotre affection au chef de lEtat, parceque cest notre devoir dtre ses cts.

    Chers amis, chers amis, chers amis,dans les moments de doute, dans lesmoments de doute il faut savoir se re-trouver sur lessentiel, rassembler lanation autour de ses valeurs, il faut aussi

    raffirmer nos grands principes. Et undes grands principes de la gauche pourlequel elle sest toujours battue, mobi-lise, cest la lutte contre les ingalitset les injustices. Vous le savez commemoi, trop de Franais ont le sentimentque les difficults touchent toujoursles mmes, que seules les personnesles plus favorises conomiquementet culturellement arrivent sen sortir; et eux, classes populaires, de plus enplus classes moyennes se sentent alorsasphyxis et attendent une aide qui nevient pas. La gauche sest toujours placau ct des plus faibles, des exclus, desmoins bien lotis pour les dfendre. Alorsplus que jamais, jappelle la gauche seremettre du ct de ceux qui aimeraientcroire un peu plus en la France, pourpeu que la France croit un peu plus eneux. Et encore une fois, avant de satta-quer un problme, il faut savoir leregarder de manire lucide, sans tabou.

    Il est inacceptable que les enfantsnaient pas la mme chance de rus-sir dans la vie, selon quils sont ns

    Neuilly ou dans des quartiers popu-laires. Il est inadmissible que les tu-diants ou des personnes ges aient dumal se soigner, que laccs au loge-ment reste une vritable galre pourdes millions de Franais, y compris etde plus en plus de classes moyennes. Ilest rvoltant, oui rvoltant que certainscontinuent saccorder des dividendeset des bonus indcents, quand tant degens, tant de jeunes sont au chmageet quand tant dautres qui travaillentdur ont pourtant tant de mal bouclerleurs fins de mois. Mais il est tout aussiinacceptable qu revenu gal, situa-tion comparable deux individus et par-fois un homme et une femme naientpas les mmes droits ou ne peroiventpas les mmes aides ou le mmesalaire. Tout aussi inadmissible que

    LA GAUCHE SESTTOUJOURS PLAC AUCT DES PLUS FAIBLES,DES EXCLUS, DES MOINSBIEN LOTIS POUR LESDFENDRE

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    lorsque certains travaillent dur pour ga-gner peu, dautres puissent aussi facile-ment se drober leurs responsabilitsde citoyen. Tout aussi rvoltant enfinque certains paient leurs amendes pourdes erreurs mineures quand dautres,parce quils ont des connexions ou ap-partiennent une lite, ont souvent despasse-droits. Dans la Rpublique, il nya pas deux poids deux mesures, pas decitoyens de seconde zone, il y a une loiqui doit sappliquer tous sans distinc-tion, oui avec les mmes droits et avecles mmes devoirs.

    La gauche doit aider les plus dmunis,mais elle ne doit pas oublier le corpscentral de la socit franaise, lesclasses moyennes, ou dcourager tousceux et toutes celles qui travaillent, quiproduisent cette richesse dont notrepays a tant besoin. La gauche doit aiderchacun vivre dignement de son travail.

    Et comme Lionel Jospin lavait rappelen 1998, la gauche et les socialistessont toujours dabord pour une socitdu travail, parce que cest a qui fondelmancipation. Et ne laissons jamais,

    jamais sinstaller cette caricature surlassistanat, aucun Franais ne rve devivre des minima sociaux. Alors met-tons plus dnergie leur garantir dutravail, les former, mettre toutesles chances de leur ct pour quilspuissent saisir les opportunits qui leursont offertes. Et cest ce que nous fai-sons et cest ce que nous allons faireavec la fusion entre le RSA activit et laprime pour lemploi, qui permettra demieux soutenir les travailleurs pauvres.

    Lemploi, lemploi, lemploi, il doit trenotre proccupation permanente, il seraau cur des prochains rendez-vousannoncs par le prsident de la Rpu-blique sur lapprentissage, sur la garan-tie jeunes, sur linvestissement et lefinancement de lconomie, sur le suiviexigeant du pacte. Je connais les dbatsqui peuvent exister parfois dans nos

    rangs autour des notions dgalitarismeou dquit. Mais parlons franchement,simplement, retrouvons et faisons vivrepleinement la belle ide, cette belleide, la seule ide, lgalit parce quelleest au cur de la devise rpublicaine.Cest le sens des politiques que nousmenons avec la loi sant, je salue Mari-sol qui gnralisera le tiers-payant ; laloi sur le vieillissement dbattue dansquelques jours lAssemble qui doitpermettre chacun de vieillir digne-ment ; ou encore la loi, chre Chris-tiane, sur la justice citoyenne qui rendrala justice au quotidien plus accessible.Nous le savons tous, nous le savonstous, lgalit elle commence dabord lcole, lcole de la Rpublique quenous devons encore davantage rinves-tir car depuis trop dannes, elle a ten-

    dance reproduire les ingalits pluttque de les combattre.

    Nous avons bien sr commenc agiravec les crations de postes, nous leverrons loccasion de cette rentre,la priorit au primaire, la relance delducation prioritaire, la rforme desmtiers de lducation et la formationdes matres. Et dans quelques jourspour cette rentre, toutes les coles,toutes les coles mettront en uvre larforme des rythmes scolaires. Cestle chemin ncessaire pour donner chacun la meilleure chance de russir.Alors soyons fiers de cette rforme, ellesappliquera partout parce que cest laloi de la Rpublique et une loi de la R-publique, elle doit sappliquer partout.Oui, nous augmentons les moyens delcole, mais cela ne suffit pas, il y a tou-

    jours trop dchecs, alors nous devonsaller plus loin. Et l, je suis convaincu

    que le Parti socialiste doit nous y aideren repensant lcole, ses projets, sa p-dagogie. Cest une magnifique ambitiondont nous devons tous nous emparer,car quel plus beau projet pour un paysque dinvestir dans sa jeunesse, de luidonner tous les moyens de russir savie. Lcole, oui lcole notre priorit.

    Et permettez-moi ce stade une re-marque. Jai entendu bien sr et cestnormal de nombreuses ractions et decommentaires sur un ministre qui venaitdtre nomm, des commentaires avantmme quil nait eu le temps de faire sespreuves. Mais jaurais aim qu lunis-son, beaucoup lont fait il y a encore uninstant, nous flicitions davantage quela Rpublique sache reconnatre lescomptences, le travail, lengagementet notamment je le dis quelquespersonnes isoles, en confiant pour lapremire fois une femme depuis deuxsicles, elle aussi jeune, Najat Vallaud-Belkacem cette lourde mission dtre la tte du ministre de lEducationnationale. Et chers amis, applaudissez

    cette ministre, parce quelle est un desvisages non seulement du gouverne-ment, non seulement de la Rpublique,mais elle est un visage et comme tousles autres ministres de ce gouverne-ment, ces ministres sont au service dela France. Oui, reconnaissons-le, recon-naissons-le et a apprendra quelques-uns me laisser terminer les phrasespour quils puissent applaudir une nou-velle fois Najat Vallaud-Belkacem . Maisparce quune action est continue, parcequil ne peut pas y avoir de rupture,parce que jai le sens de lamiti et dela camaraderie, je veux aussi remercierBenot Hamon pour laction qui a t lasienne.

    Mes chers amis, cest l le sens de notreaction, renforcer notre pays pour que ce

    mouvement profite tous : retrouver lacroissance, rarmer notre industrie, r-armer notre agriculture, rebtir lcole,cest replacer la France sur le chemindu progrs conomique. Et notre projet,notre projet a toujours t le progrs,le progrs au sens le plus large, le pro-grs social bien sr mais aussi le pro-grs industriel, technologique, scienti-

    fique, la recherche. Et comment parlerde progrs sans parler de culture, laculture cest louverture aux autres,

    cest lmancipation pour chacun, cestle rayonnement, cest la vie, a nest pasun supplment dme, cest la vie, cestnotre langue, le franais qui va tre deplus en plus parl dans le monde, parceque ce continent frre quest lAfrique,qui est le grand continent davenir voitdes millions et des millions de per-sonnes parler cette langue. Cest unechance pour nous, cest une chancepour le rayonnement de la France, cestnotre langue, cest notre culture, cestnotre exception culturelle, ce sont les

    enjeux du numrique, cest la capacitpour la France et lEurope faire faceaux mastodontes europens. Cest aus-si une solution juste et durable que noussommes en train de btir pour les inter-mittents du spectacle, et je sais com-bien Fleur Pellerin saura sinvestir surces sujets tellement importants pournotre pays, pour sa cohsion et pour saplace dans le monde.

    Mes chers amis, depuis que nos univer-sits dt existent, je crois nen avoirmanqu aucune, comme militant du

    MJS, du Parti socialiste, comme lu,comme ministre ou comme Premierministre dsormais. Je connais bien lesdbats qui peuvent agiter notre parti,

    je les respecte pour y avoir moi-mmeparticip avec entrain. Et encore rcem-ment, les dbats nous en avons eu ausujet par exemple du non-cumul desmandats. Mais parce que a avait t lechoix des militants, nous lavons fait. Etcomme ministre de lIntrieur, je suisfier davoir port cette loi et cet enga-gement. Je pense aussi au dbat sur larforme territoriale, nous la ferons avecles nouvelles rgions, en coutant leslus mais bien sr aussi en privilgiantlintrt gnral.

    Et cest mon cher Jean-Christophepour tous ces dbats, ces discussions,

    IL NY A NI VIRAGE NITOURNANT, IL Y A UNELIGNE, CELLE DE LAVRIT, DE LA RFORME,DE LEFFICACIT

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    ces confrontations, ces universits dtqui font que la rentre en France est unpeu part, cest pour tous ces dbats,cest pour toutes ces raisons que jaimeet que jaime les socialistes. Je connaisnos rflexions permanentes sur le posi-tionnement ou notre ligne idologique :Parti socialiste, Parti social-dmocrate, toutes ces rflexions jy ai participdepuis qu 18 ans jai adhr au Partisocialiste. Mes rfrents ctait Brandt,Palme, Gonzalez pour comprendre,et puis jai eu la chance de mengagerau ct de Michel Rocard et ensuite deLionel Jospin. Et je suivrai attentive-ment, cher Jean-Christophe, la belledmarche dtats gnraux que tu asenclenchs. Elle sera utile bien sr pourle Parti socialiste, elle sera utile pour lagauche.

    Mais dans la priode que nous vivons,elle sera utile au pays parce que oui, il

    faut donner en permanence du sens.Mais avoir des dbats entre nous, tu lasdit dailleurs, ne doit jamais nous dtour-ner des Franais, car la gauche nest

    jamais si grande, si prs de sa tchehistorique que quand elle sadresse auplus grand nombre. Et dans le mondeactuel, la gauche jen suis convaincu na jamais t aussi ncessaire pour af-firmer le rle de la puissance publique,pour rguler, pour dfendre la justicesociale, pour retrouver lespoir lucide-ment. Nous avons dcrit tous ltat dumonde et ses fractures comme cellesqui concernent notre pays. Et il ny a pasdun ct le gouvernement et de lautre

    la gauche, il y a la gauche en mouve-ment, la gauche, celle qui gouverne saittenir tous les digues qui sapprtent rompre ; la gauche, celle qui gouvernesait faire surtout quand cest difficile ;la gauche, celle qui gouverne ce nestpas revenir ajouter, rtrograder ; lagauche, celle qui gouverne cest avan-cer, rformer, progresser ; la gauche,celle qui gouverne cest aller chercherlespoir surtout quand il ny en a plus.Et la meilleure faon de ne pas renon-cer lidal, cest de ne jamais renoncerau rel. La gauche en France, elle nestpas de passage, elle nest pas entre aupouvoir par effraction, elle est l pourchanger et pour rpondre lattente denos concitoyens.

    Je sais quelle est ma mission, je saisquelle est ma mission, jen mesurepleinement les exigences, je sais dansquelles circonstances jai t nomm

    par le prsident de la Rpublique lissue des lections municipales et jenignore rien des doutes et de la d-fiance gnralise des Franais, je vouslai dit, y compris et faisons-y attention,leur questionnement sur notre capacit gouverner. Mais nous gouvernons,nous sommes aux responsabilits avecFranois Hollande comme nous lavonst avec Franois Mitterrand puis LionelJospin et toujours, nous avons su faireavancer la socit. Bien sr, le contexteest diffrent, le monde a chang totale-ment mais nos valeurs, nos ambitions,nos exigences ne changent pas, noussommes plus que toujours les hritiers

    de lavenir. Et donc il ny a ni virage nitournant, il y a une ligne, celle de la vri-t, de la rforme, de lefficacit, rtablirla confiance, rtablir la confiance, sefaire confiance pour donner confianceau pays, cset la cl de tout. Ce nestpas en renonant ce qui est difficileque les difficults disparaissent, alorsayons le courage dagir, de gouver-

    ner dans la dure pour que les choseschangent vraiment. Rien ne se fera sansle rassemblement le plus large, le ras-semblement de toutes les forces vivesde ce pays, le rassemblement de tousles Franais, mais rien ne se fera sansvous, sans nous les socialistes, les lus,les parlementaires. Et je salue BrunoLe Roux, Didier Guillaume, Claude Bar-tolone et je salue tout particulirement parce que cest sa dernire universitdt parce que cest son choix commeprsident du Snat mais pas sa der-nire universit comme socialiste je

    salue particulirement Jean-Pierre Bel.Mais jai surtout besoin de vous, mili-tants, dont je connais lnergie, lenga-gement, le courage, oui ! Jai besoin,nous avons besoin de vous. Alors enavant, debout, debout, relevons la tte,soyons fiers de nous-mmes car quoiquon dise, moi je sais que les Franaisont envie dy croire, que lespoir, linvin-cible espoir dun lendemain meilleurexiste toujours et cest nous, vous, nous tous ensemble de le porter. Alorsoui ! Vive la gauche, vive la Rpubliqueet vive la France.

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    Prsident de lUniversitdt de La Rochelle depuiscette anne, David Assoulinedresse un bilan positif de ldi-tion 2014.

    On a russi ce que je dsirai labo-rer quand jai accept cette respon-sabilit, cest--dire de faire en sorteque tous les dbats les plus urgents

    pour la France et le monde puissenttre abords en laissant sexprimerlensemble des diffrents points devue. Les lments de crise gouverne-mentale la veille de lUniversit ontaccentu les interrogations. Il ne faut

    jamais avoir peur des dbats dmo-cratiques et il tait important que lesdivers courants sexpriment. Il fallaitinviter lensemble de tous les partisde gauche, et ce au plus haut niveaupour dmontrer, raffirmer une nou-velle fois que ce qui nous unit est plusfondamental que ce qui nous oppose.

    La varit des dbats, la richesse desateliers et les changes dans les audi-toriums ont permis aux participants demieux comprendre, dapprofondir lessujets qui nous proccupent. Jamais

    personne naurait pu imaginer quenpriode de crise, cette Universit dtsoit une telle russite. Nous allonspoursuivre cette dynamique avec desrencontres au fil de lanne Pariset dans les fdrations rgionales.Nous avons besoin de ces dbats, carce qui nous rassemble, nous, socia-listes, est beaucoup plus importantque ce qui nous divise. On a tous desresponsabilits, chacun nous inter-pelle. Les dbats et la controverse se

    sont drouls sans affrontements. Aucontraire, nous avons trait et abord

    avec des scientifiques, des membresde la socit civile et nos plus hautsresponsables politiques, comme leslus locaux, nombre des sujets quinous proccupent tous aujourdhui.Toutes les sensibilits ont pu sexpri-mer librement et le plus importantscouter pour avancer ensemble etprparer lavenir. Jtais convaincuque la qualit des dbats permettraitde sduire. Nous lavons dmontrpuisque nous avons enregistr une

    affluence record de plus de 4 000 mili-tants. Cest du jamais vu !

    Il ne faut jamais avoir peurdu dbat dmocratique

    INTERVIEW DAVID ASSOULINE

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    Avec le lancement des Etatsgnraux La Rochelle,Jean-Christophe Cambadlisvoit dans cette refonte enga-ge le moyen de redfinir grce la base lidentit duParti socialiste et de revoirson organisation de fonden comble .

    Chaque minute compte. Depuis le29 aot, les militants socialistesont cent jours pour exprimer leursattentes et proposer des ides afinde moderniser leur parti via la plate-forme internet des tats gnraux.Sur le parvis de lespace Encan, unvidomaton a accueilli les partici-pants nombreux pour donner leurvision du PS en 15 secondes. Der-rire le rideau, un dispositif a tinstall pour recueillir leurs propos.Et ils avaient beaucoup de choses dire.

    Romain fait partie de la section pari-sienne du XXearrondissement. Pourlui, la mise en place des Etats gn-raux est une vidence : Jai choisi le

    PS parce que cest un parti lcoutede ses militants et aujourdhui encorecet outil me le prouve. Pour le tren-tenaire, cest un moyen efficace desusciter le dbat et de favoriser la

    proximit entre la base militante etles lus . Derrire lui, Audrey sen-gouffre dans la cabine. Cette jeunesympathisante est convaincue parlidologie socialiste et entend parti-ciper sa mise en uvre. Elle saluelinitiative et espre que sa parole

    sera entendue : Penser dabord auxautres, assurer le vivre ensemble etles conditions du respect mutuel entretous les citoyens.

    DES ETATSGNRAUX QUI VONTPROVOQUER LEDBAT

    Militante Rennes depuis deuxans, Nora ne dissocie pas le socia-lisme de lhumanisme. Elle attendbeaucoup des tats gnraux qui doivent ramener de la dmocratie ausein du parti et permettre une vri-table consultation auprs des mili-tants . Jos est plus partag sur

    le bien fond du dispositif. En vingtans, il a particip de nombreusesconsultations et attend encore denvoir le rsultat. Nanmoins, il napas perdu la foi et entend bien pro-poser des ides. Pour constituerdes outils de travail ralisables, lesEtats gnraux doivent, selon lui, engager des dbats .

    Ce sera la seconde phase du chan-tier, une fois rentrs dans les sec-

    tions. Cest ce quAnnie espre. Lamilitante de Corrze prend plusieursdpliants pour les membres de sasection qui nont pas pu se dplacer.Pour elle, il est essentiel de porterlinformation . Lobjectif ? Etablir undiagnostic de la situation locale et faire remonter les attentes . Avantde donner lieu un texte labor parle comit de pilotage, le 6 dcembreprochain, point daboutissement dela dmarche.

    > Plus de renseignements sur www.etats-generaux-des-socialistes.fr

    Coup d'envoi des contributionsdes militants aux Etats gnraux

    LANCEMENT DES ETATS GNRAUX

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    La Rochelle, la nouvelle ministre delEducation nationale, de lEnseignementsuprieur et de la Recherche sest retrou-ve parmi les siens. Elles s'est arrte auxdivers stands sur le parvis et a embrassde nombreux militants.

    Pour Najat Vallaud-Belkacem, participeraux Etats gnraux est un outil essen-tiel au dbat dmocratique. Or la parole desmilitants doit jouer un rle cl dans ce dbatncessaire pour dfinir lidentit socialiste .Invite exprimer sa position dans le vi-domaton, elle sengouffre dans la cabine

    et disparat derrire la porte. A sa sortie,elle reconnat que 15 secondes ne suf-fisent pas pour dire ce quest tre socia-liste . Evidemment, la ministre a tout demme une ide sur la question et se prteau jeu. Cest avant tout ne pas croire lafatalit et se battre pour le progrs social .Elle s'appuie, comme le Premier secr-taire, sur les vertus du progressisme ,terreau fertile et incontournable pour rele-ver le Parti socialiste.

    NAJAT VALLAUD-BELKACEM : Se battre pour le progrs social

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    Chercheur, politologue etspcialiste de lextrmedroite, Jean-Yves Camus aexpos ses rflexions sur lamonte des extrmismes etdes nationalismes en Europe

    et sur ce qui caractrise leFront national.

    Remettre en question lexistencelgale du Front national ne peut trelalpha et lomga de la dnoncia-tion politique. Jean-Yves Camus,spcialiste de lextrme droite, lerpte : pour combattre le FN, ilfaut utiliser les bonnes armes etpour cela, il importe de se replacerdans la perspective historique. Le

    problme, ce nest pas le fondementlgal du Front national, cest son pro-gramme. Le parti de Marine Le Penne sait pas lui-mme prcismentquelle forme lgale de Rpublique ilinstaurerait sil venait au pouvoir. Direque le FN nest pas rpublicain est

    un argument politique, mais pour lecombattre, il faut aller beaucoup plusloin dans la contre-argumentation surson programme politique. Je ne dis

    pas quon ne trouve pas des sympa-thisants du fascisme au sein du Frontnational, mais le combattre sur cesseules bases, cest passer la trappe

    peu de frais, sans comprendre, lesraisons profondes qui incitent certainsde nos concitoyens voter pour le FNqui, ni de prs, ni de loin nprouventla moindre sympathie pour le fascismeet le national socialisme. Si on restescotch sur le logiciel des annes90, auquel jai moi-mme milit FN =Fascisme, nous ne nous en sortirons

    pas , avance le politologue.

    DMONTER LES

    ARGUMENTS FLOUSET FAUX

    Le vote Front National est un voteprotestataire. Le milieu de leurs lec-

    teurs est un norme bocal composde multiples tendances. Il faut aller la rencontre de ces lecteurs et aulieu de leur tourner le dos, argumen-ter, discuter avec eux, point par point,

    pour dmonter les arguments flous etfaux.

    Sur la question religieuse, depuisles attentats du 11 septembre 2001, lextrme droite a trouv un nouveau

    paradigme en exacerbant la critiquede lislam au nom de la protection dumodle de civilisation occidentale. Il aaccapar le souverainisme national .

    On se trompe quand on rpte que

    le Front national nest pas rpublicain

    LA MONTE DES EXTRMISMES ET DES NATIONALISMES EN EUROPE, LANATURE DU FRONT NATIONAL

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    "

    Poser les questions qui fchent,sans gne, cest aussi le butde La Rochelle qui a relanc ledbat sur le droit de vote destrangers, jamais vraimentabandonn. Le Premier secr-taire sest saisi du dossier enmai dernier, exprimant la n-cessit dengager une rforme

    sur le sujet.

    Le sujet sinscrit dans la tradition desproccupations socialistes. La ques-tion du droit de vote des trangers fai-sait dj partie des 110 propositionsde Franois Mitterrand. Pourtant, en2014, le dossier est au point mort alorsqu'un Franais sur deux est favorable sa mise en uvre.

    Pour Nacer Kettane, directeur deBeur FM, le rendez-vous a t man-qu . Le processus de lepnisationdes esprits ambiant fait du sujet, plusque jamais, un enjeu dmocratique.Pour lui, il n'y a pas de doute, le droitde vote des trangers aux lections

    locales appartient aux conqutes so-ciales de la gauche, mais encore faut-il s'en saisir. Le problme ? La peurde s'engager rellement. Pour ensortir, il faut parvenir dcoloniserles esprits , seule faon d'attaquerle chantier une bonne fois pour touteen ouvrant un dbat national. Car laquestion du droit de vote des tran-gers est surtout une question dedroit au mme titre que le mariagepour tous. Et le dfi repose invitable-

    ment sur la construction d'une nou-velle citoyennet .

    Vincent Rbrioux, fondateur du Col-lectif Droit de vote 2014, fait ausside cet aspect le cur du problme.Le prsident de la Ligue des droitsde lhomme s'insurge de constaterque les maires ne savent plus de quiils sont les reprsentants . Commentgrer les questions dintrt gnraldune commune lorsqu'on ne peut pasconsulter tous ses rsidents ? Cestdonc bien un enjeu dmocratique. Ilfait de la reprsentativit une questioncentrale et invoque les politiciens agir urgemment pour fonder une ci-toyennet de rsidence , qui devraittre inscrite dans le Constitution .

    Benot-Joseph Onambele ne com-prend pas pourquoi l'article 14 de laConstitution n'est pas appliqu. Ce-lui-ci donne dj un droit de regard tous les citoyens, rsidents trangerscompris, mais ils nen bnficient pas.Pour le secrtaire de la section PSd'Arcueil, c'est le moment de s'enga-ger, de porter cette question jusqu'aubout pour redonner aux Franais unecertaine ide de la gauche et un certainoptimisme . La seule faon d'y par-

    venir, c'est en dpassant le clivagegauche-droite dans ce dbat. Pourlui, il n'y a pas de doute cette ques-tion va aider remobiliser la gauche .Il ne manque plus que les solutions.Heureusement, dans la salle de