L'hebdo des socialistes n°668-669

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    Chers amis, chers camarades, je veux dabord vous dire mon plaisirque nous ayons tenu ce congrs ici, Toulouse. Je faisais remarquer il y a quelques semaines, ici mme, queles congrs socialistes Toulouse,cest un peu comme les boucliers deBrennus pour le stade toulousain,cest presque une habitude.

    Toulouse a t la capitale dumouvement socialiste en 1908,1928, 1934, 1957, 1985, etmaintenant 2012. Eh bien, jesouhaite vous dire, au nom de tous

    les camarades, que cest toujours un plaisir de revenir ici Toulouse, aux sources du socialisme.

    Car pour nous, Toulouse nest pas une ville comme lesautres. Cest ici que sachvent les grandes campagnes et quecommencent les belles victoires. Cest ici que Franois Hollande,comme Franois Mitterrand avant lui, a achev sa campagneprsidentielle le 3 mai sur la place du Capitole. Il est donc naturelque nous nous soyons donns rendez-vous ici Toulouse pourclbrer cette belle victoire pour les socialistes et surtout cette belle victoire pour la France. Cette victoire a t celle de lunit dessocialistes, comme ce congrs est celui de lunit des socialistes. Et je veux vous demander de saluer chaleureusement deux artisansde notre unit, qui sont toujours au premier rang lorsquil sagitde servir lintrt gnral, notre Premier ministre Jean-Marc Ayrault, et la Premire secrtaire qui jai lhonneur de succder,Martine Aubry. Merci vous, Jean-Marc et Martine.Merci aussi Emmanuel Maurel, qui a fait vivre la diversit, lalibert de nos dbats dans ce congrs, comme aux camarades desautres motions. Et merci aux militants du Parti socialiste, quimont accord leur conance. Je laccueille avec humilit, je dois vous dire que je nprouve jamais autant de ert que lorsque je vois les socialistes runis, totalement unis au service de la France,et je nprouve jamais autant de bonheur que lorsque nouspartageons cette camaraderie, cette fraternit militante forgesdans les preuves comme dans les conqutes. Cet esprit collectif,cette tradition de solidarit et de partage, les socialistes du Sud-Ouest y ont toujours fait honneur. Et ils la perptuent aujourdhuien accueillant notre congrs ici Toulouse, je veux remercier, je

    vous demande de les saluer comme ils le mritent, les militants etles permanents de la fdration de Haute-Garonne et de toutes lessections et fdrations de Midi-Pyrnes.

    Merci aussi aux permanents du sige national et des fdrationsqui sont la cheville ouvrire de toutes nos actions et de tous noscombats. Et merci ceux qui rpondent toujours prsents, etdont lnergie sans limite est si communicative, merci aux jeunessocialistes et leur prsident Thierry Marchal-Beck dtre ici etdavoir accompagn Franois Hollande dans chacun de sesmeetings pendant la campagne prsidentielle.

    Merci enn ceux qui nous honorent de leur prsence, et quiparfois viennent de loin. Salut vous, camarades des dlgationstrangres, et je voudrais particulirement saluer Ousmane Tanor Dieng, prsident du Parti socialiste du Sngal, qui aaccueilli Franois Hollande il y a quelques semaines Dakar, etmon ami Antonio Costa, le maire de Lisbonne, haute gure dusocialisme portugais.

    Chers camarades, pour repartir vers de nouveaux horizons,aprs les formidables victoires de mai et de juin, il nous fallaitrevenir Toulouse car Toulouse nest pas seulement le berceau dusocialisme, elle est la source de notre rformisme ancr gauche.Ici, est n le socialisme du rel, le socialisme de Jaurs qui savaitque ctait la chambre des dputs quil reprsenterait le mieuxles mineurs de Carmaux. Le socialisme de Vincent Auriol, notrepremier prsident socialiste de la Rpublique. Le socialisme deLionel Jospin, ce pacte entre lefcacit conomique et la justicesociale qui nous a rendu si ers, ici, cest le socialisme concret quePierre Cohen, Martin Malvy, Pierre Izard et Kader Arif font plusque jamais vivre aujourdhui.

    Cest sous le signe de ce socialisme du rel, au service des Franais,que je veux placer notre congrs et notre action. Hier, premireforce de lopposition, aujourdhui, premire force de la majorit,nous sommes entrs dans le temps exigeant et exaltant desresponsabilits. Le changement est en marche, il est lanc, il estconcret, et je veux le dire solennellement en votre nom, le Partisocialiste est er de ce qui a dj t accompli en six mois et desengagements tenus par notre gouvernement.

    La retraite 60 ans, pour ceux qui ont commenc travailler trs jeunes, les 150 000 emplois davenir qui vont commencer voirle jour, les classes rouvertes la rentre et les 40 000 postes quiseront crs ds lanne prochaine dans lducation nationale,la revalorisation de lallocation de rentre scolaire, le blocagedes loyers, laugmentation du Smic, une nouvelle justice scalequi taxe les revenus du capital au mme niveau que ceux dutravail, un budget de combat contre lendettement abyssal quenous a laiss la droite, le soutien lemploi et aux petites etmoyennes entreprises avec la cration de la banque publiquedinvestissement, la rduction du train de vie de ltat, avec pourcommencer la baisse du traitement du prsident et des ministres,le refus des gaz de schiste, le remboursement 100 % de lIVG etla prise en charge gratuite de la contraception pour les lycenneset les jeunes lles, le retrait des groupes dAfghanistan. La liste estlongue et elle va sallonger encore dans les semaines qui viennent.

    Notre dtermination gne nos adversaires. Eh bien, il fautquils le sachent, oui, nous nous battrons pour lapplication des60 engagements du prsident de la Rpublique parce que cest lechoix des Franais, parce que cest notre devoir, parce que cestnotre responsabilit vis--vis des Franais.

    Et je le dis, nous nous battrons avec dtermination, nous nous battrons pour tous ces engagements, mme sil nous fautconvaincre et convaincre encore face une droite qui, elle, mentencore et toujours. Car comme toujours, quand la gauche est aupouvoir, elle est confronte des forces qui refusent lechangement, des intrts puissants qui, faute davoir puempcher lalternance, tentent aujourdhui de lentraver. Oui, il y a dans notre pays un nouveau Mur du privilge et de la rente,comme lon parlait hier du Mur de largent, dress pour faireobstacle notre politique de justice sociale. Un nouveau Murdu privilge et de largent-roi, dress par ceux qui spculent aulieu de crer, ceux qui sexilent au lieu dtre patriotes, ceux qui veulent proter encore et encore des ingalits qui ont explossous la droite dans notre pays.

    Eh bien, je veux tre clair, avec Jean-Marc Ayrault, ce nouveau Murdes privilges et de la rente, nous, socialistes, nous allons labattrecar cest la volont exprime par les Franais le 6 mai. Nous allons

    Harlem Dsir

    Discours d'Harlem Dsir, Premier secrta

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    tenir bon, nous ne cderons aucun ultimatum, nous allons tenirle cap car cest notre devoir.

    Nous ne laisserons pas cette droite revancharde qui na tiraucune leon de sa dfaite, qui naccepte pas le vote souverain du6 mai, nous donner des leons, cette droite qui essaie dabmernos grandes rformes par ses petites polmiques. Leur seul projet,cest le sarkozysme en pire. Dailleurs, il essaient de faire croire une nostalgie Sarkozy, mais de quoi les Franais devraient-ils trenostalgiques ? Du yacht de monsieur Bollor ou de celui demonsieur Takieddine ? Du soutien Ben Ali ou de la tente deKadha dresse dans les palais ofciels, au cur de Paris ? Desinterviews dans Minute de Nadine Morano ou des Auvergnats deBrice Hortefeux ? Du paquet scal ou de la TVA sociale ?

    La nostalgie Sarkozy, personne ne lprouve, et surtout pasmonsieur Fillon et monsieur Cop, en ralit. Jeudi soir, lesFranais les ont vus dans cet espce de mauvais match, entre, madroite, trs droite, monsieur Fillon, et ma droite, plus droiteencore, monsieur Cop ; bref, un sale duel de ractionnaires. Jai limpression qu chaque fois que monsieur Fillon fait uneproposition, il dchire une page du code du travail. Sa derniretrouvaille : rien de moins quoublier purement et simplement ladure lgale du travail. Quant monsieur Cop, monsieur Fillonest peut-tre sur le point de lui voler son pain au chocolat, mais cenest pas une raison pour empoisonner toute la France en jouantsur les peurs, les amalgames, les prjugs. Ce nest pas une raisonpour courir se rfugier dans les jupes de madame Le Pen. LaFrance na pas besoin de division et de haine, mais de justice et defraternit, cest--dire de Rpublique.

    Finalement, leur seul point commun, cest la morgue, larrogance,le mpris de classe. Ils sont ulcrs parce que Franois Hollandea commis leurs yeux une faute grave : il a os respecterlesprit mme de la dmocratie, il a os coner les plus hautesresponsabilits de ltat un homme du peuple, un hommedroit, un homme ouvert au dialogue, un homme qui vientde la France relle, un homme exigeant comme le sont lesprofesseurs qui ont bti la Rpublique.

    Jean-Marc, la droite tattaque parce que tu es un honnte homme,comme la dit Martine hier, un vrai militant qui a la justice socialecheville au corps et un grand Premier ministre de gauche. Eh bien nous, cest pour toutes ces raisons que nous te soutenons, et je te le dis : tu peux compter sur le soutien de chaque militant duParti socialiste.

    Chers camarades, face la vieille droite, la droite dhier, nousallons btir ensemble la gauche de demain car cest aussi cela laquestion qui nous tait pose dans ce congrs : quel est le rle duParti socialiste quand la gauche est au pouvoir ? Le rle du Partisocialiste est dtre non seulement solidaire et rassembl maisaussi inventif et ambitieux pour proposer et innover. Notre feuillede route est claire, notre parti doit tre le garant des60 engagements prsidentiels, mais aussi le moteur duchangement dans la socit. Lexigence dun parti quisoutient sans faille le gouvernement va de pair avec celle de sonautonomie, de sa libert de dbat et de proposition. Le parti seratotalement mobilis pour soutenir laction du gouvernementmais il est aussi le lieu du dbat pour penser lavenir etprparer les rformes futures.

    Cest dans la crise que les Franais nous ont choisis et quils ontlu Franois Hollande la prsidence de la Rpublique. Le rledu Parti socialiste est de sadresser ceux qui, cause de la crise,ne croient plus en la France, en notre dynamisme conomique,en notre modle social. ces familles qui vivent dans la peur dulendemain, ces jeunes pour qui lavenir nest plus une promessemais une menace, ces travailleurs pour qui le travail nest plusun droit mais une angoisse, celle de ne plus en avoir, ces salarisqui courent de temps partiels en emplois prcaires sans arriver boucler leurs ns de mois, ces retraits qui, aprs une vie delabeur, ne savent plus comment payer le oul pour se chaufferlhiver. Le devoir de la gauche, cest de leur redonner lesprance,"une esprance lucide, conquise" comme disait Csaire. Nousavons la lourde charge de rpondre aux impatiences, aux colresparfois, mais nous avons aussi la responsabilit de dire que lechangement, contrairement ce que dautres ont voulu fairecroire dans un pass rcent, cela ne va pas la vitesse dun SMS,cela ne se fait pas dun coup de menton ; le changement, cest

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    la fois rpondre lurgence, et le gouvernement la fait ds lepremier jour de son entre en fonction, mais cest aussi prparerde grandes rformes de progrs pour la socit, lconomie,la dmocratie.

    Pour cela, je crois que notre parti doit proposer des rponses quatre grandes questions. Dabord, nous devons inventer unnouveau modle conomique pour laprs-crise, cest cela qui estau cur du nouveau modle franais dont Jean-Marc Ayrault nousa parl hier. Pour cela, il y a une urgence, cest le dsendettementcar cest la condition mme de notre indpendance conomique.Cette dette abyssale, elle est luvre de la droite et de ses cadeauxscaux irresponsables. Par cet endettement, la droite a mis enpril notre souverainet. Aujourdhui, rduire la dette, cestretrouver nos marges de manuvre pour agir, servir nos prioritset refuser dtre dans les mains des marchs.

    Vous me direz, les banques sont parfois tranges. Regardez, il y a mme une banque brsilienne prte payer des centainesde milliers de dollars Nicolas Sarkozy pour des confrencessur lconomie. Sur lconomie. Avec son bilan. Autant jeterdirectement leur argent par les fentres, cest un placementmoins risqu. Enn non, quils le gardent, loin, l-bas, parce que ladernire fois quil a appliqu ses ides en France, cela nous a cot600 milliards deuros, et les Franais payent encore la facture.

    Cest pourquoi nous navons aucune leon recevoir de ladroite. La droite, ce sont ces 600 milliards de dette en cinq ans,les comptes sociaux plombs, nous, nous les avions remis lquilibre. 70 milliards de dcit du commerce extrieur, quandnous gouvernions, il tait excdentaire. Et surtout, plus dunmillion de chmeurs supplmentaires en cinq ans. Le rle du Partisocialiste, cest de tout faire pour sortir la France et lEurope de lacrise. Mais la crise que nous traversons nest pas une simple crisede conjoncture, cest une crise de systme, celle dun modle bout de soufe, celle dun capitalisme nancier qui creuse lesingalits, qui spcule contre les tats, qui puise les ressources dela plante.

    Notre rle, cest donc dinventer le modle conomique, socialet cologique de laprs-crise. Et notre objectif premier, cestlemploi, lemploi, lemploi, comme le dit Martine. Nous sommesle parti du travail et nous ne recrerons de lemploi quavec unecroissance durable. Nous crerons ces emplois et cette croissanceavec linnovation, avec la formation, avec lducation.

    Alors, notre priorit, cest lcole, car cest la base de tout, delgalit et de lmancipation de chacun, mais aussi du progrspour toute la socit. Oui, nous allons soutenir avec force et avec

    ert la priorit budgtaire lducation ; cest un engagement deFranois Hollande, la cration de 40 000 postes ds lan prochain lducation nationale, et la refondation de lcole engage par Vincent Peillon. Le respect de lcole de la Rpublique, de sesmatres, de ses enfants, de ses valeurs, cest cela la gauche.

    Notre priorit, cest aussi la recherche et linnovation. Nonseulement pour prparer la croissance et les emplois dedemain, mais aussi parce que nous croyons que la connaissance,lintelligence clairent la socit. Je le dit ici, dans cette grande ville de recherche et en pensant au Prix Nobel Serge Haroche, quifait lloge de la curiosit pure : la recherche fondamentale, lesoutien la science et lUniversit, ce nest pas simplement unatout conomique, cest un acte de civilisation.

    La priorit, cest aussi la rindustrialisation car il ny a pasdconomie durable et de relance de lemploi sans une industrieforte en France. Arnaud Montebourg y met toute son nergie,nous en sommes ers. Et je veux dire notre solidarit la plus totaleaux ouvriers de Sano et de Pilpa, qui se sont exprims dans notre

    congrs hier, et que nous avons t honors daccueillir. Mais aussi ceux de Florange, de Technicolor, de Thomson, et ceux de PSA,qui comme tant dautres, ont t trahis par la droite et par sesmensonges. Mensonges aujourdhui avous par Franois Fillonlui-mme.

    La priorit, cest aussi lcologie. Non seulement la prservationde notre environnement, mais lmergence de nouvelles faonsde produire, de consommer, de btir, ce sera un formidablegisement demplois. Lconomie sociale, cologique, celle quenous voulons dvelopper, cest rpondre aux besoins des hommeset respecter notre environnement. La transition cologique denotre conomie permettra la cration de centaines de milliers denouveaux emplois dans les nergies renouvelables, les transports,les logements, lagriculture durable. Oui, nous, nous croyons queltat peut agir en stratge, comme ce fut le cas ici avec Airbus.Cest pourquoi Franois Hollande a propos la cration de la banque publique dinvestissement qui est aujourdhui lance parPierre Moscovici, avec laquelle nous allons disposer dunoutil pour nancer des projets ambitieux et accompagner ledveloppement des initiatives les plus prometteuses. Oui, nous,nous voulons soutenir les entrepreneurs de lconomierelle, les petites et moyennes entreprises, les innovateurs, lescrateurs qui veulent travailler et se dvelopper en France pluttque les fonds nanciers qui ne cherchent que prots rapideset rapaces.

    Nous vivons dans une conomie ouverte. Nous commerons avecle monde entier mais il ny a pas de fatalit accepter une Francequi dcroche dans une mondialisation sans rgle. Nous pouvonstre plus forts, plus innovants, plus comptitifs, sans nous alignersur le moins-disant social et la prcarit gnralise. Dans lamondialisation, nous ne faisons pas la course vers le bas, nousdevons la fois redonner toute sa place, toute sa puissance notreconomie dans le monde et nous battre pour le juste change,pour des rgles internationales qui respectent les droits destravailleurs et lenvironnement. Et nous devons jouer, surtout, surnos atouts, notre niveau de formation, nos services publics, nosinfrastructures, notre protection sociale, notre traditionindustrielle, nos ingnieurs, nos chercheurs, cest cela qui estau cur du nouveau modle franais. Ce qui est en cause ici,camarades, cest notre ide du progrs, et le rle de la France et sapuissance. Les socialistes, je le dis, ne croient pas la dcroissance,ils croient au progrs social et cologique. Le progrs, cest croiredans le gnie humain. quelques kilomtres dici, dans sondiscours au lyce dAlbi, Jaurs disait au dbut du sicle dernier :"On se condamne soi-mme ne pas comprendre lhumanit si onna pas le sens de sa grandeur et le pressentiment de ses destines incomparables."

    Notre politique conomique est en rupture avec les politiqueslibrales et daustrit qui ont chou partout, elle estrsolument gauche, elle est fonde sur la justice sociale, surla redistribution, elle assume lintervention publique. Mais je voudrais insister, notre vision conomique est offensive, et nondfensive. Elle doit permettre notre pays et son conomie deretrouver sa force et ses positions dans le monde. Et cest pourquoiil ne sagit pas dadministrer un choc destructeur mais davoir unestratgie durable pour la comptitivit. Moi, je crois la volontpolitique, au pouvoir du politique sur lconomie. Souvenez-vous,il y a une dizaine dannes, quand nous dfendions la taxe Tobin,on nous traitait dutopistes, aujourdhui tout le monde sait quelleest indispensable.

    Le courage politique, cest de rformer avec dtermination,mais sans brutaliser, rformer ltat, repenser la solidarit etnotre systme social pour en assurer lavenir, pour continuer concilier efcacit et justice sociale, et mme pour mettrelefcacit conomique au service de la justice sociale. Au-del du

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    redressement ncessaire qui est engag, nous sommes le parti quise bat pour la russite de la France. Notre peuple a de magniquesatouts. Notre rve pour la France, ce nest plus la France deDunkerque Tamanrasset, cest la France qui ne renoncera jamais tre grande et forte dans la mondialisation, grce aux talentsde tous ses enfants. La France aujourdhui, elle est lhritire de Victor Hugo, de Marie Curie, comme de Picasso, mais elle scritavec Marie NDiaye, elle sindigne avec Stphane Hessel, elle ritavec Gad Elmaleh, elle vibre pour Noah et Zidane.

    Dans la comptition mondiale, nous devons rassembler toutes lesnergies, toutes les forces de cette nouvelle France. Nous allonssortir la France de la crise, inverser la courbe du chmage, maisaucune sortie de crise nest possible pour notre pays si nous nesommes pas totalement unis, nous Franais, mais aussinous Europens.

    Et cest la deuxime grande question : lEurope. Dans lacomptition mondiale lavenir de la France, cest lEurope. Vousle savez, lEurope est un des grands engagements de ma vie.Lorsque jai rencontr lancien prsident Lula lan dernier Paris,il ma dit que chez lui, au Brsil, comme dans le monde entier,lEurope tait un modle, une rfrence historique et politique.Il ma dit aussi sa grande tristesse de voir l'Europe senfoncerdans la crise. LUnion europenne est la plus grande uniondmocratique de peuples, de langues et de cultures, mais elle esten danger par manque de volont, par perte de lesprit europen,par le triomphe des idologies conservatrices et librales, quiencouragent les replis nationaux, et coupe l'Europe de ses peuplesen la rduisant un march ou des politiques daustrit. Cela,c'est le bilan de dix ans de domination des droites en Europe. Cestpour cela que nous sommes tous rassembls derrire FranoisHollande dans la bataille quil a engage pour la rorientation delEurope, cest--dire pour rconcilier l'Europe avec les peuples.

    Pour moi, tre socialiste franais, cest tre socialiste europen,et jassume de vouloir que nous soyons demain, le parti le pluseuropen de France, et le Parti socialiste le plus europen de tousles partis socialistes.

    Parce que lEurope ne mrite pas seulement un prix Nobel dela paix, elle mrite notre engagement total dans la ligne de Jaurs, assassin la veille de cette guerre quil refusait, et quia embras le continent de Blum, condamn et intern pour sesides du pionnier, Jacques Delors, qui nous a fait franchir tantdtapes essentielles, et qui nous a notamment enseign quonne tombe pas amoureux dun grand march, et videmment, deFranois Mitterrand, qui a referm avec Helmut Kohl les cicatricesdu pass pour rconcilier toute la famille europenne dans un

    avenir commun. Je comprends que chacun veuille une autre Europe. Oui, nous voulons une autre Europe, plus sociale, plus dmocratique,mais nous ny parviendrons pas avec moins dEurope. ceuxqui doutent de lavenir de l'Europe, qui pensent que lEurope estimpossible, je veux dire cette phrase de Ren Char : "Limpossible,nous ne latteignons pas, mais il nous sert de lanterne." Alors jele dis, la solution la crise, elle est europenne, et je refuse quela solidarit europenne se fracasse sur les gosmes nationaux.Cette bataille pour une autre Europe, nous devons la mener avecles socialistes de toute lEurope, cest pourquoi jai invit SigmarGabriel, le leader des sociaux-dmocrates allemands et Pier LuigiBersani, le leader des dmocrates italiens et que nous avons theureux et ers de les accueillir dans ce congrs.

    Et cest avec le Parti socialiste europen et tous les progressistesdEurope que nous allons appuyer massivement la rorientationlance par le prsident de la Rpublique face aux conservateurs.Nous poursuivrons galement au sein du Parti socialiste le dbat

    sur nos grands choix europens et je propose que nousorganisions une grande convention sur la rorientationdmocratique et sociale, sur lintgration solidaire et politiquequa propose le prsident de la Rpublique en y associant lespartis socialistes europens et les forces syndicales europennes.Sur le projet europen comme sur tant dautres, notre pays a ttrop divis, aprs dix ans de fracture impose par la droite. Et ilnous faut donc recrer de lunit nationale.

    Parce que, et cest le troisime enjeu, rien ne sera possible si nousne restaurons pas lunit de la Rpublique. Et pourtant, on voit serallumer les vieilles divisions. Moi, je refuse le cercle vicieux decette crise conomique qui mine la nation alors que nous avonsplus que jamais besoin dtre unis pour laffronter et pour sortir lepays de lornire. Cest toujours la mme chose, la crise des annes1930, la n des trente glorieuses, et aujourdhui la tentation desen prendre ltranger, de cder aux sirnes des dmagogues etdes marchands de haine. Ma vie militante a commenc, il y a 25ans, contre linjustice et la haine, mais surtout contre les divisionsqui menaaient la France. lpoque comme aujourdhui, jaitoujours cru que nous avions besoin dun sursaut rpublicainpour montrer que lon pouvait faire, avec toutes celles et tous ceuxqui sont venus vivre ici, et qui partagent nos valeurs, de petitsFranais, des citoyens de la Rpublique.

    Nous sommes dans un de ces moments o il faut savoir dfendrela Rpublique contre lextrmisme et le racisme. Je lai toujoursdit, Marine Le Pen ne sintresse pas aux bulletins de paie desouvriers, elle ne sintresse qu leurs bulletins de vote. On nousexpliquait quelle avait chang, quelle tait moderne.Est-elle diffrente de son pre, avec son obsession des arabes etdes juifs lorsquelle sattaque aux kippas dans la rue, le jour oFranois Hollande inaugure le mmorial de Drancy ? Ou lorsqueses mules du bloc identitaire occupent la mosque de Poitiers ?

    Face aux adversaires de la Rpublique, le devoir de tout partipolitique, de droite comme de gauche, cest dtre un gardienfarouche des valeurs rpublicaines. Au lieu de cela, que faitlUMP ? Elle fait des ptitions contre le droit de vote destrangers, elle parle de racisme anti-blanc, elle nie les droits deshomosexuels. Mme Alain Jupp dit qu lUMP, un des clivagesimportants, cest de savoir qui est islamophobe et qui ne lest pas,cest dire quel point ils en sont rendus.

    La droite allume des querelles absurdes pour jeter les Franais lesuns contre les autres, ou les jeter contre les trangers. a suft,la droite UMP-FN ! a suft la lepnisation de la droite ! Mais osont les rpublicains de droite ? Pourquoi se taisent-ils ? Je dis ladroite : si vous imitez le Front national, vous trahissez la traditionrpublicaine de votre propre famille politique. Vous trahissezMandel, vous trahissez De Gaulle, vous trahissez Malraux, voustrahissez mme Chirac et tous ceux qui ont dfendu la Rpubliquecontre lextrme droite dans votre propre histoire.

    Les choses sont claires, deux spectres hantent le congrs de lUMP :celui de Patrick Buisson et celui de Marine Le Pen. Oui, cette droiteest haineuse face Franois Hollande mais piteuse devant MarineLe Pen. Ils appellent cela la droite forte, mais leur droite forte nestquune droite faible face au Front national, et je dirai mme : unedroite qui a un faible pour le Front national.

    Je le dis solennellement, si la droite ne clarie pas son attitude,il y aura un jour prochain des alliances de lUMP avec le Frontnational, et dans ce mariage contre-nature, la dot de Marine LePen sera lhonneur perdu de la droite franaise.

    Je rcuse les accusations danglisme de cette droite soi-disantdcomplexe, car nous, la gauche, et je veux saluer la prsence

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    notre congrs de Jean-Michel Baylet, prsident des radicauxde gauche, oui, nous la gauche, nous dfendons la Rpubliquecontre les maux qui la rongent, auxquels Sarkozy avait renonc, commencer par la violence et linscurit. Je suis er que notreministre de lIntrieur, Manuel Valls, soit ferme sur la dfense dela scurit pour tous. La Rpublique nacceptera pas quon jettedes grenades dans des supermarchs casher, quon assassine desavocats, quon tue et quon terrorise pour le trac de drogue.

    Nous combattrons aussi lintgrisme et le communautarismeque la politique de Sarkozy avait encourags. Pour nous, laRpublique, cest la lacit ! Avec nous, le prtre na pas dautoritsuprieure celle de linstituteur dans la socit. Avec nous, le prsident de la Rpublique nira pas mettre genou terre pour tre fait chanoine Latran ! Avec nous, les imams neremplaceront pas les ducateurs dans les quartiers. Avec nous, laRpublique ne se laissera pas intimider. Oui, notre parti doit tre la tte du sursaut rpublicain. Et le message du Parti socialiste,cest que la lacit est un formidable bonheur collectif, et quenous ne laisserons jamais le fondamentalisme religieux porteratteinte aux fondements de la Rpublique.

    Nous ne laisserons jamais les communauts remplacer lacommunaut nationale, parce que pour nous, la Rpublique, cestlgalit. Lgalit, cest ltoile polaire de la gauche, cest ltoilepolaire de la Rpublique, lgalit entre tous nos enfants. Si nous voulons lutter contre le au de lgosme, de lindividualisme, duconsumrisme, de largent facile et de largent-roi, il ny aquune solution : reconnatre le mrite, rebtir la mritocratierpublicaine en laquelle nos enfants, parfois, ne croient plus parcequelle ne fonctionne plus sufsamment. Le travail, le mrite,leffort, ces mots ont t dvoys par la droite, mais ce sont biendes valeurs de gauche face la rente et la reproduction sociale.

    Il faut aussi lgalit entre nos territoires, parce quaucune socitsolidaire ne peut accepter les dserts mdicaux, labsence deservices publics, de la justice et parfois tout simplement de ltat.

    Mais lgalit la plus insupportable, cest celle qui maintientdepuis des sicles une majorit sociale dans la minorit politique,cest lingalit entre les femmes et les hommes.

    Il serait temps de sapercevoir que Rpublique, tout commegalit, sont des mots fminins. Alors avec le temps de lagauche, cest le temps de lgalit pour les femmes qui doit venirmaintenant. Je veux le dire sans dtours, les ingalits salariales etde carrire sont indignes dun pays comme la France, etnous nous battrons pour une loi qui fasse rellement entrer dansles faits, dans les entreprises, lgalit professionnelle et salariale.Lingalit dans le couple, parfois dans les tches mnagres, lesrelents de socit patriarcale, les violences faites aux femmes, lesatteintes la libert de disposer de leur corps sont indignes dunpays comme la France. Et la reprsentation politique des femmesest indigne dun pays comme la France. Nous navons plus ledroit dattendre. Avec 27 % de femmes l'Assemble nationale,la France se classe encore au 36e rang mondial, cest une honte !Il est inacceptable que, dix ans aprs la premire loi, des partispuissent encore payer pour se dispenser de raliser la parit. Alors, je propose une mesure simple : il faut supprimer le nancementpublic aux partis qui ne respectent pas la parit.

    Et nous, socialistes, nous nous dnissons, dans notre dclarationde principes, comme un parti fministe. Je serai un Premiersecrtaire fministe, qui tiendra nos engagements fministes,parce quil est temps de joindre les actes la parole. Chaquesemaine, nos instances se runissent dans la salle Marie-ThrseEyquem, du nom de cette grande socialiste qui fut une pionnire

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    du mouvement fministe. Eh bien, il faut maintenant que lesfemmes entrent dans cette salle et dans toutes les autres instancesde notre parti autant que les hommes. Cest pourquoi je me suisengag ce que la prochaine direction du Parti socialiste soittotalement paritaire.

    Pour nous, la Rpublique, cest plus largement lunit de tousles Franais, cest la fraternit. Ici, ces dernires annes, les Toulousains ont montr une attitude exemplaire. Toulouse,cit meurtrie, a afch une unit rpublicaine totale face auxpreuves, un exemple de ce sursaut rpublicain que jappellede mes vux pour le pays. Je pense bien sr au drame dAZF,mais aussi lignominie raciste et terroriste de Merah, et, en cemoment, au combat qui unit tous les Toulousains autour dessalaris de Sano.

    Il y a un point commun, cette ide simple, qui est le pilier le plusfondamental de la nation, cest que cest unis et non pas divissque nous pourrons affronter les crises, les preuves daujourdhuiet les ds de demain. La Rpublique, cest le partage etla solidarit, cest le got daller ensemble vers lavenir. LaRpublique, cest notre capacit assumer et surmonter notrehistoire. Je suis er dun prsident de la Rpublique qui, Dakar,comme propos de la rpression des manifestations algriennesdu 17 octobre 1961, sait regarder lhistoire en face, sansrepentance mais avec lucidit, pour rconcilier les Franaisavec leur pass.

    Car notre devoir, cest la rconciliation dune socit que la droitea fracture pendant trop longtemps. Pour surmonter cette criseconomique autant que dmocratique, il faut associer chaqueFranais au changement, il faut redonner la parole au peuple. Lepeuple, ce nest pas un gros mot, servir le peuple doit tre lunique boussole de la gauche. On ne changera pas ce pays sans le peuple,encore moins contre lui. Alors il faut couter ses reprsentants,revaloriser le Parlement, et je sais que Franois Rebsamen etBruno Le Roux y veilleront et en seront garants.

    Il faut entendre aussi les lus locaux et russir un nouvel actede la dcentralisation. Et surtout, Franois Hollande, avantmme le dbut de sa campagne prsidentielle, et tout au longde sa campagne, a ouvert un dialogue avec la socit. Cest cedialogue entre la gauche et les Franais que le Parti socialiste doitaujourdhui faire vivre et intensier dans le temps mme delexercice des responsabilits. Oui, pour une nouvelle conomie,une nouvelle Europe, une nouvelle Rpublique, nous allons devoir btir un nouveau Parti socialiste.

    Je crois, pour citer Franois Hollande au congrs de Brest, que le

    parti nest entre de bonnes mains que lorsquil est entre les mainsde ses militants, et jajouterai : lorsquil est totalement ouvert auxFranais. Oui, mes chers camarades, ensemble, nous avons russiles Primaires citoyennes, cette rvolution dmocratique qui a boulevers la vie politique de notre pays. Eh bien, cest ensembleque nous btirons le Parti socialiste de lavenir, nous pouvons btirle parti le plus ouvert, le plus dmocratique, le plus moderne deFrance. Nous devons partager avec les Franais le pouvoir que ladroite leur avait consqu. On entend partout laspiration plusde dmocratie, depuis les indigns de la Puerta Del Sol jusquauxrvolutions arabes, qui ont inspir la jeunesse du Qubec comme Wall Street. Ce serait une funeste erreur de croire que nosconcitoyens, notre jeunesse, notre pays, ne partagent pas cetteprofonde envie de renouveau dmocratique.

    Alors, tous ceux qui prdisent ou qui redoutent un partigodillot, je vous dis : vous allez tre surpris. Et voil mon messagedans ce congrs : socialistes, ouvrez grandes les portes du parti,occupez Solfrino, et invitez-y les Franais. Prenez le pouvoir,ce parti, cest le vtre. Ouvrez le Parti socialiste tous ceux qui

    devraient dj tre parmi nous. Il faut le dire tous les Franais :rejoignez-nous, rejoignez-nous, vous les ouvriers, les salaris,qui pensez comme nous quil faut mettre lconomie au servicede lhumain et non linverse. Rejoignez-nous, les crateurs, lesinventeurs qui ne supportez plus de voir la nance toufferlesprit dentreprise. Rejoignez-nous, vous qui savez que la culturenest pas un supplment dme, mais quelle est au contraire larespiration mme de nos socits modernes. Rejoignez-nous, lesartisans, les pcheurs, les paysans qui tes lme de ce pays etque la droite, en ralit, a abandonns, et rejoignez-nous, vous,les jeunes des quartiers comme de la campagne, pour que votreavenir ne se dcide plus sans vous, ni contre vous. Rejoignez-nous, vous qui voulez prparer lavenir de notre pays dans la justicesociale autour des valeurs de la Rpublique, de lgalit pour tousles enfants et de la solidarit europenne.

    Le Parti socialiste doit tre le parti de tous ceux qui veulentchanger les choses, qui ne se rsignent pas au monde tel quil est.Partout o des Franais se battent pour la justice, pour lgalit,pour le progrs social, l, notre parti doit tre prsent leurscts. Je veux un parti riche de toute la diversit de la socit,un parti fort pour porter nos valeurs rpublicaines, sociales,cologiques, fministes, internationalistes. Il ne faut pas sous-estimer, en cette priode de perte de repres, le rle de boussoleque le Parti socialiste doit jouer dans la socit. Oui, la gauche doit vraiment tre la gauche, assumer les rformes, ne rien cder surles valeurs, et je veux reprendre le mot de mon ami BertrandDelano il y a quelques jours : "Parfois nous chouerons, mais nous navons pas le droit de ne pas essayer, de ne pas nous battre,nous devons mener la bataille des valeurs."

    Alors, il faut le dire aux Franais : la gauche est l, limpuissancede ltat face la casse industrielle, cest ni. La casse de lcole,cest ni. Linscurit et limpunit pour les voyous, cest ni. Lesatteintes la lacit tout comme les discriminations qui rongentla Rpublique, cest ni. Il faut tre ferme sur nos valeurs. Oui,nous ouvrirons le droit au mariage et ladoption pour tous lescouples. Il y en a assez de lhomophobie dcomplexe de la droite,de ces maires qui prtendent ne pas respecter la loi. Mais quest-ce que a veut dire ? Ce nest pas parce que monsieur Cop etmonsieur Fillon ne saiment pas quils doivent empcher ceux quisaiment de se marier. Oui, nous nous battrons pour le droit de vote des rsidents trangers aux lections locales. Cest unequestion de fraternit, dgalit, de dignit rpublicaine, etsil nous faut convaincre et convaincre encore, eh bien, nousirons chercher la conviction de chaque citoyen, de chaqueparlementaire, pour faire franchir notre dmocratie cetteavance, cette conqute. Oui, nous ferons la loi sur le non-cumuldes mandats. Oui, les Franais lattendent, pour faire respirer

    notre dmocratie, parce quelle est aussi un lment pour lerenouvellement, pour la parit, pour la diversit sociale, etparce que cest un engagement du prsident de la Rpublique prisdevant les Franais, et je connais la dtermination du Premierministre et du prsident de la Rpublique. Et au sein du Partisocialiste, restons pionniers, gardons ce temps davance que nousavons su avoir sur la parit et je demande aux lus de respecterlengagement quils ont pris devant les militants.

    Cest une tradition de notre parti davoir un tempsdavance dmocratique. Depuis Blum au congrs de Tours jusquaux Primaires, en passant par la Rpublique modernede Mends ou par lintuition quavait eue Sgolne Royal surla dmocratie participative en 2006. Le Parti socialiste doit trecapable danticiper le monde de demain pour le changer. LeParti socialiste doit tre un laboratoire dides pour inventerlavenir, avec de grandes conventions participatives et desconsultations des militants sur les grandes questions politiques.Nous le ferons sur la transition cologique, sur la compatibilitentre la croissance et la transition cologique. Et comme la dit

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    Delphine Batho hier, nous crerons ce nouvel espace dlaborationet dengagement que sera un Parti socialiste cologique. Noussommes heureux de travailler avec nos partenaires Verts, et je veux saluer la prsence dune dlgation dEurope cologie-Les Verts, et de Pascal Durand, mais nous serons dautant plus unisque le Parti socialiste lui-mme sera encore plus cologiste.

    Nous travaillerons sur la dmocratie sociale et les pouvoirsdes travailleurs dans lentreprise. Nous travaillerons et nousferons une grande convention, je vous le propose, sur l'Europeet sa rorientation. Chaque question de la socit doit tre unequestion dbattue par le Parti socialiste. Prparons la bataille desides face la berlusconisation et la lepnisation de la droite.Lheure du repos nest pas venue. Mes chers camarades, je veuxque le Parti socialiste enrichisse toujours plus ses rexions,de celles des Think Tank comme Terra Nova, de la fondation Jean-Jaurs, de notre Laboratoire des ides, et des intellectuels etdes acteurs de la socit civile qui veulent rchir et travailleravec nous.

    Pour ce Parti socialiste de lavenir, lunit des socialistes etlunit de la gauche seront des priorits absolues. Au cur de lamajorit, nous agirons pour le rassemblement de la gauche etdes cologistes, en particulier pour les scrutins de 2014 et 2015,pour lesquels, sil le faut, dans les villes o cela nous aidera aller la conqute des responsabilits, nous pourrons organiser deslections primaires locales. Notre gauche, il faut laider, il faut lasoutenir, et je dis nos amis, notamment les plus exigeants, lagauche, il ne faut pas seulement la soutenir au Venezuela, il fautaussi la dfendre ici, en France. Parce que la responsabilit qui estla ntre, celle de tout militant de progrs dans ce pays, cestde faire russir la gauche, de faire en sorte que dans la dure, ellepuisse transformer en profondeur notre socit, et cest pourquoinous nous battrons pour deux quinquennats de Franois Hollande la prsidence de la Rpublique.Chers amis, je veux conclure. Les militants socialistes comme lesFranais me connaissent. Mon parcours est celui dun enfant de

    la Rpublique, dun enfant de la banlieue, qui sest battu pourlgalit et la fraternit entre tous les enfants de notre pays. Monattachement la Rpublique, mes combats altermondialistes,mon engagement europen, je les ai partags tout au long de cesdernires annes avec vous, les militants du Parti socialiste. Je mesouviens que la dernire fois que nous avons tenu un congrs sousun prsident socialiste, en 1994, jtais all, en militant heureuxet er, regarder notre prsident Franois Mitterrand rendrehommage aux mineurs de Livin.

    Aujourdhui, cest toujours en temps que militant, parmi lesmilitants, que je veux vous dire : soyez vous aussi plus que jamaisers dtre socialistes. Soyons ers de soutenir Franois Hollande,ce prsident socialiste qui se bat sur tous les fronts pour la France, lONU, New York pour nos valeurs universalistes, Paris pourlemploi, Berlin et Bruxelles pour la rorientation de l'Europe.Soyons ers dtre le parti du changement, afchons notrepatriotisme de parti pour mobiliser les Franais avec nous.Ensemble, nous allons continuer changer notre parti pourchanger notre pays. Et je repense cet instant la phrase deFranois Mitterrand, passant le tmoin Lionel Jospin : "la tche est rude, je peux le dire, mais elle est en mme temps exaltante, porter lespoir et le combat des socialistes, cest la justicationdune vie." Alors, je ne suis pas ici le seul hritier de mesillustres prdcesseurs, merci Martine, merci Jean-Marc de votreconance. Nous sommes tous porteurs dun idal, auquel tant degnrations, tant dhommes et de femmes ont consacr leur viedans la longue chane humaine du progrs. Je veux vous dire que je suis er dtre votre Premier secrtaire, et que je suis er, avec vous, de pouvoir mettre dans les annes qui viennent toute monnergie soutenir la russite de notre prsident de la Rpublique,Franois Hollande, et de Jean-Marc Ayrault la tte dugouvernement.

    Vive les militants du grand Parti socialiste, vive Toulouse, vive laRpublique, vive la France !

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    Chers amis, chers camarades,Chre Martine qui nous devonstant, Cher Harlem qui revientla tche dsormais de conduire leparti, Cher Pierre Cohen,

    Je suis heureux de vous retrouver Toulouse !

    Je suis heureux que nous nousretrouvions dans cette belle ville,o sincarnent depuis longtempsles valeurs de la gauche. Toulouseo la France et lEurope, lunitet la diversit, la passion, la

    tolrance et la culture se clbrent dun mme cur. Toulouse,o la recherche de lexcellence ne contredit jamais le soucide lgalit. Toulouse, o les plus hautes ambitions davenirsont poursuivies sans que jamais ne soient ngliges les plus

    humbles proccupations du prsent. Je suis er aujourdhui de mexprimer sur cette terre historiquede la gauche, o tant de destins politiques se sont forgs. Je pense Jean Jaurs, qui ntait jamais aussi intense quedans ladversit. Je pense Lionel Jospin, qui a toujoursconsidr que la vrit tait le vrai dterminant du couragepolitique. Et je salue Pierre Cohen qui a su rendre Toulouse son identit profonde aprs 40 annes de domination de ladroite municipale.

    Mais si je suis particulirement mu de revenir Toulouseaujourd'hui, c'est parce que j'y tais le 3 mai dernier, comme beaucoup dentre vous pour assister au dernier discoursde campagne de Franois Hollande. Comme tant de noscamarades avant lui il tait venu chercher ce surcrot de forceet desprance pour la dernire ligne droite dune courseexaltante. Et trois jours aprs, port par lnergie gnreuseque procure ce rassemblement populaire, il ftait sa victoire

    Paris. Aprs 17 annes de luttes et d'espoirs dus, c'est ennl'un des ntres qui occupe nouveau la fonction de Chef de l'tat.

    Le 6 mai jai quitt Nantes et retrouv la Bastille en fte. Cesoir-l jai retrouv, sur cette place o il tait devenu difcilede se mouvoir, des centaines de militants et dlus qui avaienttant sacri de leur temps, de leur vie pour parvenir cersultat. Ce soir l, jai pens vous toutes et vous tous qui,connus ou anonymes, avez contribu ce moment merveilleux.De la scne, jai regard longuement ces dizaines de milliersde visages heureux, cette vague humaine qui ondulait sous nos yeux. Impressionnante. Puissante. Apaise.

    Aujourdhui ce nest plus la conqute mais lexercice dupouvoir qui nous runit. Mais notre tat d'esprit reste lemme. Comme pendant la campagne nous disons simplementaux Franais la vrit. Comme pendant la campagne nousaffrontons les difcults, sans les fuir en prenant deschemins de traverse. Comme pendant la campagne enn nouschoisissons d'tre audacieux en actes plutt que radicauxen paroles !

    L'heure est trop grave en effet pour se payer de mots. La France va mal. Les Franais souffrent et doutent. Ils coutent de moinsen moins une parole politique qu'ils ont vu se dtriorer au ldes annes.

    La vrit sur l'tat de la France la voil. Notre situation nacess de se dgrader depuis dix ans, et cette dgradation sestacclre sous le quinquennat prcdent. Nous avons franchile cap des trois millions de chmeurs, nous avons hrit dunedette abyssale, notre balance commerciale accuse un dcit de70 milliards deuros, 750 000 emplois industriels ont t perdusen dix ans et le taux dautonancement de nos entreprises estdeux fois moindre quen Allemagne.

    Jean-Marc Ayrault

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    Les Franais sont conscients de la gravit de la situation. Ilssavent que le chantier est immense mais ils veulent que lesefforts soient justes et quon ne porte pas atteinte au pactesocial qui nous unit. Je peux vous afrmer ici Toulouse quenous nabandonnerons jamais nos idaux, que cest forts denos valeurs, celles de la gauche et de la Rpublique, que nousaffrontons et affronterons dans les mois venir la situation etque nous russirons le redressement du pays.

    La vrit sur la difcult des mesures que nous avons priseset que nous allons prendre, je vais vous la dire sans fauxsemblant. L est mon devoir, l est mon engagement. Cestle mandat que ma donn le prsident de la Rpublique. Etcest sur cette base quavec le soutien de Martine Aubry et duparti, jai conduit la campagne des lections lgislatives, cequi a permis de constituer une large majorit lAssemblenationale qui nous permet de gouverner dans la dure.

    Les premires mesures que nous avons prises ont donn le sensde toute notre action : la justice.

    Nous avons rendu le droit la retraite 60 ans aux travailleursqui ont commenc jeunes leur vie professionnelle, nous avonsdonn cinq millions denfants des conditions dignes pour larentre scolaire. Nous avons rtabli limpt sur la fortune etsupprim le bouclier scal. Voil mes chers camarades quelsont t les premiers pas de la gauche.

    La riposte n'a pas tard venir.

    Nous ntions l que depuis 100 jours et dj nous croulionssous les bilans dresss de notre action. Comme si en 100 jours,il tait possible de changer la France. Comme si en 100 joursnous pouvions interrompre la monte du chmage, rtablir lacroissance, mettre n aux ingalits, rgler la crise de leuro,arrter la guerre en Syrie

    100 jours pour que s'entame ce refrain qui a toujours t celuide la droite, chaque fois que nous avons dmocratiquementconquis le pouvoir : celui de la gauche illgitime, celui de lagauche qui n'est voue qu'aux parenthses de l'Histoire, celuide la gauche qui n'est l que par accident ou par effraction.

    Comment cette droite peut-elle faire preuve dune telleindcence, dune telle arrogance ? Cette droite qui nous alaiss une dette abyssale, un chmage de masse, une scalitde classe, une industrie exsangue, une fonction publiquedmotive, un dcit du commerce extrieur record, desservices publics ngligs, elle qui n'a mme pas attendu plus de

    trois mois pour nous faire la leon.Et ce sont les mmes qui reconnaissent quils ont retard volontairement le plan social de PSA : laveu accablant est venu jeudi soir de mon prdcesseur devant des millions detlspectateurs. Combien dautres plans sociaux retards pourun plan avou. Quel cynisme, quel mpris du peuple et dumonde du travail. Cet la vieille droite bourgeoise dont le paysne veut plus.

    Mais revenons lessentiel. Lessentiel cest ce que nous faisonspour le pays.

    Leffort que nous demandons aux Franais est considrablemais son poids sera toujours quitablement rparti. Le budget pour 2013 est un budget de combat contre la crise.Leffort scal demand est important mais il est juste. Nousconomisons dix milliards, ce qui est indit mais nousnanons nos priorits : lemploi, lducation, le logement, la

    sant, la scurit et la justice. Et ce budget est indispensablepour prserver notre souverainet ! Si nous laissons encore lerla dette alors ce seront les agences de notation et les marchsnanciers qui dicteront notre politique. Cela, jamais la Francene pourra laccepter. Je ne le veux pas pour mon pays. La France veut et doit rester matre de son destin !

    Je lai dit ds ma dclaration de politique gnrale : unecondition fondamentale de la russite des rformes dans ladure cest le dialogue social. Je revendique ma mthode.

    Celle de la mobilisation de toutes les forces du pays, de lafdration de toutes les nergies, de l'adhsion des Franais des solutions durables qui permettent d'ancrer le changementdans la dure.

    Je revendique le choix de la ngociation, au risque d'treparfois critiqu sur le rythme des rformes.

    J'assume qu'il ait fallu plusieurs mois pour parvenir unaccord historique sur les dpassements d'honoraires !

    J'assume le fait d'avoir pris le temps de la ngociation pourle contrat de gnration et je me flicite qu'elle vienne dese conclure. J'assume ce choix qui conduira une meilleuremise en uvre de ce projet essentiel dans notre guerre contrele chmage.

    J'assume le fait que la grande confrence sociale n'ait pas tune grand-messe mdiatique d'un jour.

    J'assume et je revendique !

    Cette mthode n'est pas seulement la mienne. Elle est la ntre.Cest celle que nous avons en partage. C'est celle de tous leslus et militants socialistes qui partout dans le pays mnent lechangement depuis tant d'annes !

    Je viens de cette France, la vtre, cette France des territoires,cette France qui entreprend, cette France qui ralise, cetteFrance qui parle peu mais qui travaille. Cette France qui ne se vante pas, mais qui a su s'imaginer un avenir.

    Le sens de leffort auquel jappelle le pays, c'est l'dicationd'un nouveau modle franais adapt aux enjeux de notresicle et qui assure lavenir de notre jeunesse. Un nouveaumodle Franais qui conforte - dans la dure - le respect de nos valeurs, un nouveau modle qui garantit nos principes et quicontinue d'lever la France au rang d'exemple en Europe etdans le monde. Un nouveau modle franais qui, dans notreaction gouvernementale, allie la solidarit la performance,pour nous complmentaires et indissociables tandis que ladroite les oppose constamment.

    Ma conviction cest que la France a un avenir, condition quenous soyons lucides sur ltat du pays et que nous prenions desdcisions courageuses, maintenant !

    Depuis 30 ans, la droite qui prtend dfendre les intrts dupays sattaque son modle social et son cole rpublicaine.Elle est inspire par lidologie des annes 1980 dont noussubissons encore les graves consquences. En France commeen Angleterre et aux tats-Unis la droite librale a laiss lerla dette. C'est cette dette qui lui a ensuite servi d'argumentpour dmanteler les services publics, diminuer le poids dela puissance publique, rogner les prrogatives de l'tat pourtoujours leur substituer les forces du march et de la nance.

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    Mais je ne porte pas devant vous la nostalgie d'un ordreancien. Depuis la n des Trente glorieuses, le modle franaisa marqu le pas, mme si il a permis de rsister - mieuxqu'ailleurs - aux crises successives. C'est pourquoi je parle d'unnouveau modle qui permette de prenniser ce que nous avonsrussi et d'amliorer ce qui ne fonctionne plus.

    Le nouveau modle franais, cest la capacit pour notre pays redevenir un lieu de production. Le gnie franais, cestlaudace, linnovation, la crativit. Cest aussi la capacit faire ensemble.

    La gauche n'est pas l'ennemie des entreprises ou desentrepreneurs. Elle soutient ceux qui crent de l'activit, desemplois, de la richesse. Mais elle s'oppose l'esprit de rente quiprfre au risque, le confort. Elle s'oppose la spculation quidtruit sans produire.

    Ce nouveau modle franais, nous avons commenc luidonner un socle : cest le redressement de nos comptespublics, cest le rtablissement de la justice scale et cest lapriorit lemploi. Nous allons le construire pas pas, avecdtermination, et en recherchant toujours le rassemblement.Les rformes structurelles que nous allons engager ne peuventse faire la hache, sans dialogue, sans recherche du consensus.Lheure est trop grave pour que nous ne cherchions pas enpermanence la solidarit dans leffort.

    Je conrme encore une fois que le dossier de la comptitivit,cest--dire de la performance de nos entreprises est ouvert etque ce dossier ne sera pas referm. Notre ambition, cest dedonner de lair aux entreprises qui nont plus de marges, quininvestissent plus, et qui, si nous ne faisons rien, licencierontdemain. Cest aussi de les inciter avoir des stratgiesgagnantes.

    Le nouveau modle franais, cest mettre la nance au servicedes entreprises et des particuliers : c'est pourquoi nous avonscr la banque publique dinvestissement. C'est pourquoinous ferons la rforme bancaire an que largent aille linvestissement, lemploi et pas la spculation.

    Ce nouveau modle, cest un nouveau systme scal qui imposele capital au mme niveau que le travail, qui plafonne lesniches scales et qui demande chacun en fonction de sescapacits contributives. Cest aussi la scalit cologique. Etnoublions jamais que cest grce limpt que nous nanonsles services publics et les infrastructures qui font lattractivitde la France.

    Le nouveau modle franais, cest une nouvelle organisationterritoriale plus lisible, plus efcace et plus conome.

    Cest aussi la rforme de ltat et une organisation territorialeadapte. Cest un service public rnov, plus exigeant sur laqualit de ses prestations, plus performant pour ne pas peserindment sur le contribuable et qui fait conance au sens de laresponsabilit de ses agents.

    Le nouveau modle franais, cest la prparation de latransition nergtique : la confrence environnementale ena t la belle prguration. C'est un enjeu cologique qui sedouble d'un enjeu conomique considrable.

    Le nouveau modle franais, cest la conciliation de lascurit professionnelle pour les salaris et l'adaptabilit pourles entreprises.

    Le nouveau modle franais, cest le vrai dialogue social.Le dialogue, ce nest pas la consultation permanente ni lacommissionnite, cest la capacit de chacun, syndicats etpatronat, faire des compromis, prendre ses responsabilits, sortir des jeux de rle.

    Le nouveau modle franais, c'est l'accs aux soins pour tous.C'est la n des prescriptions de mdicaments inutiles. Cest larationalisation de l'offre de soins sur le territoire. Cest la luttecontre les dserts mdicaux et la construction de parcoursde soins.

    Le nouveau modle franais, cest une protection socialede qualit, une cole publique refonde, une police et une justice efcaces.

    Le nouveau modle franais, cest un pays qui intgre parlemploi ses jeunes et ses seniors avec le contrat de gnration.

    Le nouveau modle franais c'est un pays qui ne paye plus crdit sur le dos des gnrations futures.

    Le nouveau modle franais, cest plus dgalit dans unesocit qui a volu. C'est le mariage pour tous et le droit l'adoption. Cest lgalit entre les femmes et les hommes.Cest la lutte contre toutes les formes de discrimination, lerefus de la monte du communautarisme, cest la lacit, cestlintgration de tous dans la Rpublique. Cest laccs laculture pour tous et la dfense de lexception culturelle.

    Le nouveau modle franais ce sont des institutionsrquilibres, des contre-pouvoirs qui limitent les excs dupouvoir, le non-cumul des mandats pour assurer la parit, ladiversit et le renouvellement des gnrations.

    Le nouveau modle franais cest une France qui pse etsengage en Europe et dans le monde.

    Depuis le 6 mai, avec llection de Franois Hollande, larorientation de lEurope a commenc et nous la poursuivrons.Dans ce monde qui change, multipolaire, le combatest essentiel.

    Voil ce qui est au bout de nos efforts.

    Jai conance parce que je crois la capacit du peuplefranais. La France est une grande nation et lorsquelle doitaffronter des difcults elle sait les surmonter.

    Ma mission, avec la conance du prsident de laRpublique, cest de remettre la France sur les rails pourquelle retrouve son rang, son inuence et une prospritquitablement partage.

    Soyez ers de ce que nous entreprenons.

    Il y aura des rsistances et des conservatismes, comme chaque fois que la gauche engage le changement.

    Alors nous devons tenir bon. Rassurer par notre srnit etnotre dtermination. Maintenir le cap. Je compte sur chacune et chacun d'entre vous pour transmettrela amme de cette ambition. Je compte sur chacune et chacun d'entre vous pour construirele nouveau modle franais !

    Le Parti socialiste est un grand parti.

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    C'est de toute sa force dont nous avons besoin maintenant pourconvaincre et russir.

    Ce parti, chre Martine, doit te dire merci pour le travailaccompli durant ces trois dernires annes : la prparationdu projet, la rnovation du parti, lorganisation des Primairescitoyennes, le rassemblement de la gauche, et les victoires auxlections intermdiaires. Je veux aussi te dire ma gratitudepersonnelle pour ton soutien, ta loyaut et ton amiti.

    Cher Harlem, par leur vote les militants tont con une belle responsabilit. Cest toi quil appartient dsormais deconduire ce parti. Tu sauras associer tous les talents et toutesles gnrations. Tu sauras soutenir laction du gouvernementmais aussi renforcer le lien avec les citoyens.

    Cher Harlem, tu as toute ma conance et tout mon soutien.

    La France est un grand pays. Les Franais sont un grand peuple. Je mesure la difcult de ce qui nous attend, mais je connaisaussi tous nos atouts. Le redressement est un combat. Je revendique lhonneur davoir le conduire avec vous et avectous les Franais

    Ce combat pour le nouveau modle franais, je le mnechaque jour. Jy mets toute ma force, tout mon cur, toutemon nergie. Je le fais pour le peuple de France, je le fais pourla France.

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    Bienvenue vous, militants de toutes lesfdrations de France, bienvenue sur les terresde Jean Jaurs, de Vincent Auriol, de Lionel Jospin. Bienvenue sur ces terres de rsistance,sur ces terres o les socialistes dfendent les valeurs de solidarit, dgalit, de fraternit,dhumanisme, de lacit, depuis prs dunsicle. Merci vous tous. Merci Martine Aubry pour son travail depuis quatre ans, ce travail de

    rnovation que nous avons tous partag dans toutesles fdrations de ce pays. Et je veux surtout vousremercier pour votre travail, pour votre engagement,depuis de nombreuses annes, pour ce travail quifait quaujourdhui, nous avons un grand absentdans ce congrs, qui est ailleurs, llyse, FranoisHollande. Cest grce vous quil est l-bas.

    Je suis heureux et er de vousaccueillir Toulouse pour cecongrs. Toulouse que nous avonsconquise en 2008, aprs 37 ansde droite. Toulouse qui a acclamFranois Hollande le 3 mai sur laplace du Capitole. Cest a lesprittoulousain ! Lesprit de Jean Jaurs,et en particulier celui du congrs dela SFIO qui sest tenu ici en 1908. Je voudrais, pour ce congrs,remercier Martine Aubry.Elle a su pendant quatre ansconduire le parti la victoire : la Prsidentielle avec Franois

    Hollande, l'Assemble nationale, mais surtout, fait historique,au Snat !Mes chers camarades, nous avons le devoir de nous rassembler,dtre unis, dtre exemplaires dans lexercice du pouvoir. Aujourdhui, lobjectif doit tre la mise en uvre des60 propositions de Franois Hollande pour dpasser la crise. Nousdevons tre unis derrire le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault,

    et lensemble des ministres, dautant plus quils subissent desattaques ignobles.

    Nous parlerons dune seule voix. Franois Hollande a suouvrir le dbat de lEurope, il est poursuivre pour montrerquaujourdhui, une Europe sociale et politique doit natre.Nous devons ouvrir une nouvelle re industrielle, de nouvelleslires mergentes. Nous avons un certain nombre de sujets traiter : lducation, le vivre-ensemble, la politique de la ville... Lessocialistes devront tre au rendez-vous, la fois de ces dbats et deces perspectives ouvrir.

    Mon cher Harlem Dsir, je crois que cest un moment historique.Parce que nous avons une responsabilit norme dans un contextede crise. Avec un Parti socialiste uni derrire toi, compltementmobilis, la tche sera rude mais je suis sr que tu seras capablede relever le d.

    En conclusion, je souhaite citer nouveau Jean Jaurs qui,dans son discours la jeunesse, nous dit : LHistoire enseigne aux hommes la difcult des grandes tches et la lenteur des accomplissements, mais elle justie linvincible espoir.

    Sbastien Denard

    Pierre Cohen

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    En ma qualit de prsident duConseil gnral et de militantsocialiste de la Haute-Garonne, jai le plaisir de vous souhaiter la bienvenue et de vous dire mon bonheur de nous voir rassemblspour rafrmer en congrslessentiel, savoir notre unit. Uneunit plus que jamais reconnaitreet toujours construire. Socialistesde Haute-Garonne, nous sommesers daccueillir le congrs nationalde notre parti. Cest un honneur quircompense le travail accompli parles 6 500 militants de la fdration

    pour dfendre et faire progresser nos ides dont tmoignent lessuccs lectoraux remports localement au cours de ces toutesdernires annes. Je salue, les signataires des diffrentes motionset tous les intervenants nos dbats. Jadresse un fraternel salut et je dis toute ma conance Harlem Dsir, notre Premier secrtaireet notre premier militant. Je veux rendre un hommage particulieret chaleureux Martine Aubry qui a prpar les victoires du 6 mai

    et du 17 juin. Ici en Haute-Garonne notre candidat a recueilli prsde 59 pour cent des suffrages et les 10 et 17 juin, il y a eu llectionde 9 dputs socialistes sur 10 en Haute-Garonne !

    Pendant cinq longues annes la Rpublique a t amoindrie,abaisse, abme, avec tous les excs que nous avons su dnoncer.Ce congrs nous engage donc plus que jamais sur la voie dunnouvel espoir collectif fond sur les valeurs de notre Rpubliquepour rduire les ingalits, rtablir dans la justice les comptespublics, mettre de l'ordre dans nos nances sociales, pourredonner espoir la jeunesse et pour valoriser laction de noslus. Les efforts pour le redressement seront accepts par nosconcitoyens la condition quils aient le sentiment que leurrpartition soit juste. Ce congrs, nous labordons avec conancetotalement solidaires et totalement mobiliss pour conduire tousensemble les combats qui sannoncent.

    Rassembls en congrs national sur cette terre haut-garonnaiseo il vcut, notre congrs noubliera pas que, comme le disait Jaurs : La Rpublique doit se construire sans cesse car nousla concevons ternellement rvolutionnaire, ternellementinacheve tant quil reste des progrs accomplir.

    Pierre Izard

    Mes chers camarades, deux remarques : noussommes plusieurs, ici, avoir t militants etacteurs de la vie politique avant et aprs 1981.Nous avons connu lexaltation de la victoire,puis la confrontation aux difcults du pouvoir. Jen ai retenu cet enseignement : la ncessit delunion. Elle nexclut pas le dbat et les rexions.Mais notre engagement, notre volont de russiret de convaincre passe par notre soutien sansfaille au Premier ministre et au prsident de laRpublique. Il a pu nous arriver dans les annes1980 doublier lexigence de ce soutien et lescontraintes de lexercice du pouvoir. Cela nenous a jamais servis. Et dans ce moment oapparaissent les consquences dramatiques

    de lhritage de Sarkozy et de lUMP, faire frontmes chers camarades, cest dabord faire bloc etdnoncer chaque instant les propos inadmissiblesdes Xavier Bertrand et compagnie se transformanten donneurs de leons alors quils sont les fauteursde lhritage.

    Franois Mitterrand a rompu avec lexcs decentralisme pour rapprocher, disait-il, le pouvoirdes citoyens. Mais pendant 30 ans, aucune tapenouvelle de la dcentralisation nest parvenue voir le jour. La modernisation de la France, sonadaptation, sa rponse aux ds dpendra dusuccs des rformes engages. La rforme de ltatet la dcentralisation sont en premire ligne.

    Martin Malvy

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    Cher Harlem, je me rjouis beaucoup de notre coopration,et nous allons faire le ncessairepour vous imiter en septembre,pour changer de chancelire,an de pouvoir cooprer encoreplus troitement entre sociauxdmocrates et socialistes pouramliorer cette Europe. Vous, les socialistes franais, vous avez toujours eu la force decooprer avec nous, les sociauxdmocrates en Allemagne, mmesi vous comme nous ntions pasau gouvernement. Ces dernires

    annes, ce sont surtout Martine Aubry, Sgolne Royal, Jean-Marc Ayrault et Jean-Christophe Cambadlis. Aujourdhui, jaimerais vous dire au nom des sociaux dmocrates allemands,merci pour cet engagement, pour cette coopration, cela nous a beaucoup aids.

    Lorsque Franois Hollande est devenu prsident de la Rpubliquefranaise, nous avons ft cela au moins autant que vous enFrance. Ces victoires lectorales en France nont pas seulementdonn de lespoir la France, mais aussi tous les sociauxdmocrates et socialistes en Europe. Vos succs lectoraux nontpas seulement donn une nouvelle chance aux Franais, maisaussi toute lEurope. Ce changement en France a ouvert la porteau changement en Europe et cest exactement ce quil faut lEurope, un changement au niveau politique. Les conservateursprtendent quils savent grer la crise en Europe, mais quenest-il en vrit de cette politique des conservateurs ? Le chmagesaccrot dans toute lEurope, surtout le chmage des jeunes : enItalie, plus de 30 % ; en Espagne, en Grce, presque 50 %.Quand plus jeune je suis venu en France et en Italie, lEuropetait un grand espoir pour nous. Aujourdhui, l'Europe estdevenue pour beaucoup de jeunes Europens, une menace. Or je vous demande : qui doit construire lEurope de demain, sinonces jeunes ? Nous devons leur donner de lespoir, du travail,un apprentissage, an quils ne sombrent pas dans la peuret langoisse.

    Lconomie europenne scroule sous les mesures dconomie.Les marchs nanciers et les conseils dadministrationirresponsables des banques sont en grande partie responsablesde la crise et de lendettement en Europe. Or cest un des grandsscandales en Europe : la charge de ces dettes est porte par lestravailleurs, les artisans, les retraits et ceux qui ont provoqu lacrise nont pratiquement pas pay un centime pour rembourserces dettes que nous avons accumules cause deux. Nous devonsmettre un terme cette situation inacceptable. La politique de lachancelire allemande nous mne de plus en plus profondmentdans la crise. La destruction de la demande enfonce les tatsdans la rcession et accrot le montant de la dette. Nous, sociauxdmocrates, nous voulons rduire la dette, mais nous savons quecela nest possible que grce la croissance, et cest cela que nous voulons remettre en place, en Allemagne, en France, en Italie, enEspagne, et aussi en Grce.

    Madame Merkel exige pour lEurope, je la cite, des "dmocraties conformes aux marchs" . Moi, je vous que dis cest exactement lecontraire quil nous faut : des marchs conformes la dmocratie.Personne ne peut expliquer, mme pas en Allemagne, pourquoi

    la Banque centrale europenne accorde des crdits pour moinsde 1 % dintrt aux banques, et pour 6, 7 ou 8 % dintrts destats. On peut faire autant dconomies quon veut, tout cela seramang par des intrts croissants.On diminue le montant des retraites, des revenus, des salaires, etdans le mme temps, les millionnaires et les milliardaires mettentleur argent labri ltranger et ne payent pas dimpts sur lafortune. Nous devons faire le ncessaire pour que ceux qui sontdevenus millionnaires, milliardaires dans notre pays, payent aussides impts pour lEurope. Nous voulons investir dans la croissanceconomique, dans la lutte contre le chmage des jeunes, danslapprentissage.

    Nous voulons une autre Europe qui ne livre pas les hommes laconcurrence, la comptition, qui renforce les forts, qui affaiblitles faibles. Nous voulons travailler ce que tout le monde soit plusprospre sur notre continent.Beaucoup de gens craignent que sur ce chemin vers davantagede solidarit europenne, nous perdions nos souverainetsnationales. Ce sera le contraire, nous allons reconqurir de

    O en est lEurope ? La situationque nous trouvons la plus graveest celle du chmage et de lapauvret. Au deuxime trimestre2012, le chmage a augment, enparticulier chez les jeunes et lesfemmes. Les enfants connaissentune pauvret grandissante dufait de politiques daustritqui touchent les mnages etqui touchent les familles. Je neme rsous pas lide que ladferlante de la crise nancireensevelirait lEurope. Devrions-nous faire une croix sur ce que

    deux gnrations dEuropens ont cr, savoir la mise en placedinstitutions communes qui ont dbouch sur la plus longuepriode de paix et de prosprit du continent ? Nous avonslespace, nous avons la dimension, nous devons avoir la force

    et nous donner les moyens. Les enjeux du dbat daujourdhuisont simples : rgler dnitivement la crise nancire, sauverleuro, tablir une gouvernance solide, et ouvrir ltape socialede lEurope. La mthode communautaire, la solidarit entre les27 pays membres est la source de notre efcacit et de la sortiede la crise. Je naime pas lide que, 60 ans aprs les dbuts de laconstruction europenne, on puisse en revenir des mcanismesqui exacerbent les tensions et suscitent les rexes nationalistes. Tant que la dimension politique de lUnion ne sera pas renforce,on aura du mal avancer et dfendre la place de lEurope, sonrle dmocratique et son rle de dfenseur de la paix dans lemonde. LEurope est avant tout un enjeu dmocratique, un enjeupolitique. Franois Hollande la dit, pas question de se lancer dansun approfondissement de lUnion avant davoir stabilis la zoneeuro. Nous avons pu, avec le soutien des camarades du SPD et duPD, avec le soutien de tous les socialistes et les dmocrates, obtenirdes victoires politiques. Nous allons poursuivre, nous avons tant faire ensemble.

    Sigmar Gabriel

    Catherine Trautmann

    Rorienter l'Europe

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    Franais, Portugais, Europens, nous vivons destemps difciles. La recette no-librale daustritnest pas la solution. La redistribution est enpanne, il y a davantage dingalits, plus dedette, plus de chmeurs, lcole est mise mal.Elle aggrave la crise sociale et conomique, enmme temps quelle mine les fondations de ladmocratie. Nous, socialistes, devons tre fortset unis. Forts dans la dfense de nos valeurs,et unis dans lafrmation dun autre cheminpour l'Europe. Le futur de lEurope est un test

    lautorit du projet socialiste. Il nous faut dpasserlaustrit impose.

    Le Parti socialiste portugais et moi-mme serons votre disposition pour tous les dbats et batailles. Lechangement, cest maintenant, parce quil existe unautre chemin.

    Antonio Seguro

    la souverainet. Aujourdhui, nous navons plus la pleinesouverainet, nous lavons perdue au prot des marchsnanciers, au prot de Parlements et gouvernements qui nontpas t lus dmocratiquement.

    Ceux qui cooprent, ceux qui travaillent ensemble, abandonnentune partie de leur nationalit, perdent une partie de leurautonomie, mais ils reconquirent une part de souverainet.LEurope est un projet optimiste. Aujourdhui, lEurope est souventporteuse dangoisse, de dpression, et le pire effet de cette crise,cest le dsappointement des hommes en Europe, par rapport lEurope. Le plus grand ennemi de lEurope, cest le manquedespoir, limpuissance, le fatalisme, et cela aboutit quelquefois ce dsir diffus dun retour ltat national, ou mme aunationalisme, un dsir diffus mais dangereux.

    En tant quAllemands, nous savons mieux que les autres ceque la mance rciproque et les nationalismes exacerbspeuvent provoquer. Il ne faut pas imaginer que le prsidentchinois ou le Premier ministre indien appellera 27 chefs dtatet de gouvernements europens lun aprs lautre, pour leurdemander : "Alors ? Que pensent les Europens des grands problmes du monde, de la guerre, de la paix, des questions dcologie, du commerce mondial ?" Ou lEurope parlera duneseule voix ou nos enfants nauront plus de voix dans le monde. Ilne faut pas seulement assurer la paix vers lintrieur, nous devonsgalement reprsenter les intrts de nos citoyennes et de nos

    citoyens dans le monde, cest a notre rponse la globalisation.Nous en sommes souvent trs loin. Au Conseil de scurit, nousne votons pas de la mme faon entre Europens. Mais il y a60 ans, des Franais, des Italiens, des Allemands et dautres, sesont runis aprs la Deuxime Guerre mondiale, et ont dit : "Nous voulons construire une nouvelle Europe en commun." Ctait uneutopie mais nous y sommes arrivs. Notre mission nous sociauxdmocrates et socialistes est duvrer donner lEurope unnouvel espoir, de nouvelles visions, de travailler une Europe quiinvestit dans sa jeunesse, dans lducation, dans la formation,dans la recherche et dans linnovation. Une Europe en accord surles questions internationales importantes, les droits de lHomme,la paix, la lutte contre la pauvret et la faim. Une autre Europe eten mme temps beaucoup plus.

    LEurope est plus quune monnaie, plus quune politiquenancire. Lide europenne place le bien-tre de tous au-dessusde lintrt individuel. Lide europenne place la diversitculturelle au-dessus de la contrainte, de la conformit. Elle placela qualit de la vie au-dessus de laccumulation des richesses, elleplace le dveloppement durable au-dessus dune exploitation sansgard de lhomme et de la nature. Et cette ide europenne placesurtout lide de la coopration commune au-del, au-dessus delexercice du pouvoir unilatral.Sociaux dmocrates et socialistes, battons-nous de nouveau pourcette ide dans toute lEurope.

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    Cher Harlem, dans ce congrs, tuassumes la direction dune forcepolitique vers laquelle se tournentles esprances des socialistes, desdmocrates et des progressistesde lEurope entire. La victoire deFranois Hollande aux lectionsdu printemps a constitu unchangement que les Franaisattendaient depuis longtemps.Paralllement, elle a symbolis unextraordinaire lan de conanceenvers leuropisme dmocratique.Le vote des citoyens franais a t vcu par beaucoup en Europe

    comme un premier pas dcisif pour tourner la page. Llectionde Franois Hollande et la victoire des socialistes aux lectionslgislatives rendent la France son rle de protagoniste etde moteur dans la construction dune dimension politique,dmocratique et sociale du projet europen. Et nous aussi,en tant que dmocrates italiens, nous observons avec le plusgrand intrt ce qui se passe dans votre pays. Le mme intrtque vous aviez lors de notre bataille pour faire tomber legouvernement Berlusconi.Rappelez-vous que nous tions ensemble, lanne dernire,en novembre, Rome, nous avions organis une grandemanifestation populaire pour dire basta au gouvernement deBerlusconi. Quelques jours plus tard, Berlusconi abandonnaitle pouvoir. Dans cette manifestation, le message de FranoisHollande a dmontr que les progressistes, la gauche en Europe,quand elle est unie, elle gagne contre une droite conservatrice,nationaliste et rtrograde. Je tiens vous remercier pour votresoutien. Cest aussi grce vous que le changement a t possible.En Italie, nous avons t les protagonistes de la naissance dungouvernement technique, prsid par Mario Monti.

    Au moment o notre pays sest trouv confront une trsgrave crise de crdibilit sur le plan international, une crisequi, tant donn les dimensions de notre pays, risquait dtrefatale leuro, nous, dmocrates, nous avons, en Italie, accompliun choix dans lintrt du pays et du projet europen dans sonensemble en mettant de ct nos intrts lectoraux immdiats.Le gouvernement de Mario Monti a permis lItalie de retrouversa respectabilit internationale et la conance des marchs. Maisnous sommes en train de payer le prix des annes de promessesfaciles, dengagements non tenus, de rformes diffres. Aujourdhui, lItalie est le seul grand pays de la zone euro qui,pour viter la monte en che des rendements des dettespubliques, doit obligatoirement garantir lquilibre budgtaire

    structurel de 2013, et un solde primaire de plus de 4 % du PIB. Tout cela, dans une situation o la rigueur des manuvres budgtaires et la lenteur dune rponse commune europenne la crise ne font quaggraver la souffrance sociale. En 2012, le PIBitalien connatra une contraction denviron 2,5 %. Aucun signede reprise nest en vue pour lanne prochaine. Le gouvernementMonti doit obtenir, pour chacune des mesures quil veut mettre enplace, lappui du Parlement, o le faux populisme de Berlusconi etde la Ligue du Nord garde encore un poids considrable.Cette situation politique interne et les contraintes europennesempchent la mise en uvre de dispositions importantespour lgalit et la parit sociales, pour lemploi, pour laformation et pour linvestissement en faveur des jeunes, pourle dveloppement durable, et pour une politique industriellemoderne, cest--dire tout ce qui nous permettrait de reprendre unparcours de croissance et de cohsion sociale.

    Nous nous employons promouvoir ce changement de direction loccasion des lections du printemps prochain. Le Parti

    dmocratique, cette semaine, fte son cinquime anniversaire, etaujourdhui cela fait trois ans que jai lhonneur dtre sa tte.Si on compare au SPD de Sigmar Gabriel, et ses 150 ans dhistoire,nous, dmocrates italiens, faisons gure de bbs. Mais mme sinous avons encore beaucoup de choses amliorer, nous sommesdj le premier parti politique en Italie.

    La croissance du Parti dmocratique sopre malgr le discrditque connat la politique depuis la dcennie berlusconienne. Une vritable crise dmocratique, que la dcennie berlusconiennena fait quaggraver de faon dramatique, et qui, couple la rcession conomique, produit un mlange dautantplus dangereux. Pour lutter contre ce phnomne, le Partidmocratique a dcid, comme vous, de promouvoir des primairesouvertes pour choisir le candidat au poste de Premier ministre.Nous sommes convaincus que lcart qui sest creus entre lescitoyens et la politique, exige des signaux forts et courageux. Etcomme il est arriv il y a quelques mois en France, nous croyonsque le succs de la participation aux lections primaires ouvrira lechemin au succs des lections politiques.

    La abilit et le srieux que lItalie a retrouvs grce augouvernement Monti ont t pour nous un atout essentiel,le retour un cercle vertueux. Mais pour que lItalie puisse, long terme, respecter vraiment ses engagements et sortir dunercession profonde, il faut toutefois faire des choix pour lquit,lemploi, le dveloppement.

    Il faudra encore parcourir un long chemin pour mettre en placeune architecture institutionnelle de la zone euro qui soit crdible,et pour rectier le cap de la politique conomique europenne.En tant que force progressiste europiste, nous devons assumer laresponsabilit dun pacte et dune intgration renforce des paysde la zone euro. Ce pacte doit favoriser les politiques pour lemploiet la croissance, par la mise en uvre dun certain nombre demesures qui puissent librer enn les politiques pour lemploi etla croissance : la taxe sur les transactions nancires sur laquelleon avance enn, lintroduction de la rgle dor qui permettrait deretrancher du montant de la dette les investissements en faveurde la croissance, les emprunts obligatoires pour le nancementdes grandes infrastructures europennes et des projets fortcontenu dinnovation technologique, lunion bancaire, la miseen place dun parcours pour la mutualisation et pour la gestioncommune des dettes nationales de la zone euro, une coordinationrenforce des politiques scales et une stratgie commune contreles paradis scaux. Enn, il sagit de crer des standards dermunration lchelle europenne.

    Aujourdhui, les pays qui ont accept le pari de leuro sont appels se mobiliser autour dun projet de constitution europennequi permettrait datteindre lunion politique et rendrait possiblelintgration sur des bases pleinement dmocratiques etparticipatives. Les lections europennes de 2014 reprsentent unetape capitale pour entamer ce parcours.

    Pour cette raison, nous devons nous battre en faveur dunenouvelle institution dmocratique partir de la zone euro, etrenforcer la dimension europenne de nos partis. Les idaux quinous unissent et qui constituent le fondement de nos formationspolitiques : lgalit, la dignit du travail, les droits sociaux et lerespect de la libert, la participation dmocratique, ne peuventplus, aujourdhui, avoir pour seul garant les tats nationaux.Ce congrs engendrera un lan vers le renforcement de notretravail en commun, en mettant une force dterminante, le Partisocialiste franais, la tte de cette bataille. Les dmocratesitaliens sont vos cts, et nous nous engageons rendre notre pays le rle qui lui revient. Nous voulons une Italieproche de la France, toutes deux protagonistes dune nouvellepage de lunication europenne et de lafrmation de nosidaux communs.

    Pier Luigi Bersani

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    Voil notre premier congrs depuisla victoire de Franois Hollande. Jeforme le vu que le rassemblementdes socialistes aide notre prsident etnotre Premier ministre poursuivrela politique difcile quils ontengage pour rduire les ingalitset pour redresser notre pays dansla justice.Nous devons sortir de la crise de lazone euro, mais cette sortie de criseest conditionne par la ralisation dece que nous avons promis pendantla campagne prsidentielle, savoir quil faut remettre la nance

    au service de lconomie, et enn faire obir les banques quicontinuent dicter leur loi.

    Notre objectif de civilisation, cest dabord dapporter le bien-tre nos peuples. Lgalit des chances ducatives tous les enfantsdEurope. Cest la construction dun ordre international justequi verra se rduire lcart entre les pays du Nord et les pays duSud. Et notre premier objectif, cest de ramener la croissance enEurope. Pour cela, il y a deux leviers. Le premier, cest la conance,comme la afrm Franois Hollande. Le second, cest de mettreen cohrence la politique conomique europenne. Nous avonsdni un pacte de croissance, alors mettons-le en uvre. Le budgeteuropen est aussi un lment de stimulation de lconomie,notamment au travers des fonds structurels. La taxe sur lestransactions nancires va faire lobjet dune coopration renforce.Onze pays ont dj donn leur accord.

    Cest le rle de la France de dire aux citoyens europens quelleide de lEurope nous voulons soutenir. Voulons-nous une Europefdrale ou une Europe des Nations ? En changeant de dimension,lEurope a chang de modle, cest la raison pour laquelle le chef de ltat a propos une runion mensuelle des chefs dtat et degouvernement de cette zone.

    Le Conseil de la zone euro permettra de mieux coordonner lespolitiques conomiques et de raliser la convergence scale. LaFrance dfend lintgration solidaire. Lunion bancaire qui conduit une supervision, dont la Banque centrale europenne sera lorgane,doit permettre une rsolution des crises, avec une recapitalisationdes banques. Mais cette solidarit ne pourra aller sans un contrledmocratique. Voil le chantier de nos dirigeants et la volontdes socialistes.Nous devons crer une agence publique de notation. Il nest plusacceptable que nous dpendions encore des agences prives de

    notation lies au capitalisme nancier. Nous avions parl delinterdiction de la spculation bancaire, alors faisons-le. Despropositions dailleurs trs concrtes ont t faites aussi pendantla campagne prsidentielle, qui consistaient par exemple rendrepublic le nom des banques et des fonds de pensions qui avaientspcul sur la dette grecque. Nous avions dit que nous allionsinterdire les ventes termes de titre que les banques ne possdentpas. Exigeons des instances europennes nancires quellesle fassent.

    Oui, la rforme bancaire et notamment la distinction entre lesactivits spculatives et dinvestissement, laquelle se sont attelsFranois Hollande et Jean-Marc Ayrault, doit tre faite sans tarder.Nous avions promis de prohiber les bonus individuels, dinterdireles paradis scaux, nous devons transformer nos engagementsen actes.

    Avanons car la nance doit redevenir ce quelle naurait jamaisd cesser dtre, une industrie des services nanciers, au servicede lconomie relle et de la cration demplois. Nous ne sortirons

    pas de la crise dans le systme actuel. Car quelle est la plus grandemenace qui pse sur lEurope ? Franois Hollande la dit : "Cest de ne plus tre aime, de ne plus tre regarde au mieux que comme un guichet austre o les uns viendraient chercher des fonds structurels, dautres une politique agricole, au pire une Europe qui serait considre comme une maison de redressement. elle de donner du sens son projet et de lefcacit ses dcisions." Pourtant, lEurope reste la plus belle aventure pour notre continent,elle est la premire puissance conomique du monde, un modlesocial et culturel.Nous avons une responsabilit minente pour rpondre aux doutesqui assaillent nos peuples. Quelle solution de gauche face la crise ?Quel est le sens de notre engagement ? Sil ne fallait retenir quuneide directrice, ce serait la certitude que la rduction des ingalitset des injustices nest pas une consquence de la croissancemais que cela en est la premire des conditions. Car ce nest passeulement une rpartition juste des fruits de la croissance que lagauche doit garantir, cest un changement dans la hirarchie despriorits, pour remettre au cur de la production le respect dutravail, le respect des femmes et des hommes, leur dignit et leur juste rmunration, pour quelle soit source de bien-tre, et doncde productivit pour les entreprises. Nous devons, nous socialistes,porter la parole des sans-voix, pour quils aient dautres formesdexpression que la rvolte quand ils sont bout. Cela signie quelorsque la gauche est au pouvoir, elle doit inventer des formes dedmocraties citoyennes et participatives.La seconde priorit sur les quatre qui rassemblent les socialistesdu monde entier, cest lducation, et lducation professionnellepermanente, y compris avec les nouvelles technologies, letl-enseignement, qui sont les leviers les plus efcaces dudveloppement et de la croissance. Les taxes sur les transactionsnancires doivent tre massivement consacres cetobjectif ducatif.

    La troisime priorit, cest la mutation nergtique. Les pays du Suddisposent dune rserve inpuisable dnergie gratuite, lnergiesolaire, et le retard pris dans leur quipement est tout simplementinadmissible. Les investissements mondiaux ont t orients versles besoins et les choix nergtiques des pays du Nord et des paysproducteurs dnergies fossiles, polluantes. Alors que nos modesde vie, de dplacement individuel qui asphyxient les villes dumonde entier, constituent un d de civilisation essentiel que nouspourrons rsoudre par la rvolution du transport propre qui, enoutre, sera lorigine de cration dactivit et demplois durables etnon-dlocalisables. Enn, les banques publiques dinvestissementdoivent voir le jour dans tous les pays dirigs par la gauche commecela vient dtre fait, ici, et il faut acclrer le dbat parlementairepour quelles soient rapidement mises en application car nos PMEsouffrent cruellement dun manque de fonds de roulement et de

    moyens nanciers pour investir, innover et crer des emplois.Nous devons, nous, socialistes aux responsabilits, renoueravec notre histoire, et notamment les annes, qui avec FranoisMitterrand, ont relanc la construction dune Europe quilavait trouve quasi paralyse, comme celle que nous trouvonsaujourdhui. Alors, inspirons-nous de sa conscience vive de ce quirisquait dadvenir si lEurope chouait protger les siens et peser dans le monde. Ses mises en garde sont plus actuelles que jamais, il connaissait la dimension tragique de lhistoire et savaitquen priode de crise, les occasions gches dbouchent vite surles implosions dangereuses. Une Europe trop timore en matire deprogrs social sexposerait au rveil funeste des nationalistes et desxnophobies haineuses.

    nous de redonner les moyens de peser pour une autre Europeau service de ses peuples, de leur bien-tre, et non pas une Europequi continue se faire contre eux. Telle est notre tche, telle estla tche de notre prsident de la Rpublique, telle est la tchede notre gouvernement, telle est la ntre, nous, socialistes,alors, avanons.

    Sgolne Royal

  • 7/30/2019 L'hebdo des socialistes n668-669

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    Le monde est cras par la crise,la crise nancire et conomique,qui est aussi la crise du modlede dveloppement. Le socialismedoit offrir une rponse globalecomme il doit repen