L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

133
Laurie Crosnier DSAA Design graphique 2014-2015 Lycée Saint-Exupéry, Marseille L’EXPÉRIENCE DU TEMPS DANS L’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE

description

Mémoire de recherche Promotion DSAA design mention graphisme 2014-2015 Avril 2015

Transcript of L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

Page 1: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

Laurie CrosnierDSAA Design graphique2014-2015Lycée Saint-Exupéry, Marseille

L’EXPÉRIENCE DU TEMPS DANS L’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE

Page 2: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

02 Introduction

Page 3: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

IntroductionNotre cœur bat comme une horloge au rythme de soixante

pulsations à la minute : le temps passe irrémédiablement avec nous, mais sans que nous puissions avoir une emprise sur lui. Habités par le temps au quotidien, même habilités à le matéria-liser physiquement, il ne nous a jamais été permis de le maîtriser complètement et surtout de nous détacher de son impact social et culturel.

Si l’on s’interroge sur l’origine du mot « temps », on remarque que celui-ci dérive de la racine indo-européenne tem qui signifie « couper », et du latin tempus : la fraction de la durée.¹

Ces mots désignent une certaine forme de coupure, de division et de fragmentation qui permettrait de préciser notre champ de recherche sur un temps qui semblerait être modelable, afin d’or-ganiser une expérience du temps à la fois individuelle et collective.

Or le temps, qui au sein d’une société est à la fois expérience, norme et valeur, prend véritablement une signification précise dans notre société moderne.

Page 4: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

04 Introduction

Peter Conrad affirme en 1999 que :« La modernité est caractérisée par l’accélération du temps. »²

Dix ans plus tard, Hartmut Rosa écrit à son tour : « L’expérience majeure de la modernité est celle de l’accéléra-

tion »3 et relève un paradoxe :

« Nous n’avons pas le temps, alors même que nous en gagnons toujours plus. »3

Les progrès technologiques devraient nous faire gagner du temps, et nous en avons de moins en moins. La rationalisation des tâches devrait nous offrir des loisirs, et nous sommes tous surbookés.

Chaque accélération du tempo social s’accompagne néces-sairement de décélérations immanentes (« slow food », « slow travel », « slow sex », « slow living », etc.) et de « contrecoups dysfonctionnels »4

« Les territoires, comme notre organisme, ont be-soin de moments de pause, de contretemps, d’ins-tants pendant lesquels le temps n’a plus de valeur monétaire, pendant lesquels le temps a toutes les valeurs : échange, rencontre… Il ne s’agit pas, sous prétexte de rentabilité économique, de rogner sur les moments qui participent à la cohésion de notre société : les repas, les week-ends, la nuit ou les vacances. »5

C’est en découvrant une nouvelle fois l’univers de l’entreprise que m’est apparue l’évidence d’un rapport éminemment proche entre la division du travail et notre approche culturelle du temps.

Notre rapport au temps se révèle être une préoccupation forte et déterminante au sein de l’activité professionnelle. En tant que future designer, je questionne continuellement mon rapport au temps. Engagée dans une discipline qui découle d’une passion liée à la création et à la conception, mon temps de travail empiète inéluctablement sur mon temps libre.

Page 5: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

« La photo c’était ma passion, mon mercredi après-midi comme je l’appelle. Aujourd’hui, j’en vis. Mon mercredi après-midi est devenu ma vie. »6

L’auteur de cette citation, une jeune photographe interviewer dans le magazine Konbini, relève deux points importants. Tout d’abord, son temps vacant, qu’il situe durant le mercredi après-midi, a fini par devenir son temps de travail en continu. Deuxiè-mement, sa passion lui a conféré un statut et un emploi au sein de la société et par conséquent, une rémunération. Pourquoi est-ce une victoire pour lui de revivre sans fin un mercredi après-midi ?

Nous souhaitons tous en effet nous approprier notre vie et donc notre propre temps, dans le but de trouver un équilibre entre un temps de travail et un temps de loisirs, l’équation semble dif-ficile à résoudre. Mais l’articulation des deux est-elle seulement possible ? N’est-ce pas simplement un leurre afin de nous faire croire que nous ne serons pas soumis au rythme du marché et de la concurrence ?

Aussi en premier lieu, le mot « travail » sera clairement défini après cette introduction. Il semblerait tout d’abord être question d’une activité de modification et de transformation de la nature, qui viserait à la production et plus rarement à la « création ». Mais de façon générale, qu’il s’agisse de l’activité elle-même ou de son résultat, ils doivent porter la marque de la dépense de temps et d’énergie, de l’effort et de la peine.

Voici donc notre constat : l’activité professionnelle s’est in-carnée comme l’activité sociale par excellence. Selon Hegel, c’est à grâce à elle que nous « modelons le monde à notre image, que nous prenons conscience de nos forces et de nos limites, que nous nous formons réellement. »7

Dans nos sociétés où elle a donc une valeur suprême, peut-on avoir une demande de temps libre et d’autonomisation de l’acti-vité professionnelle ? La rentabilité de celle-ci et le bien-être de l’employé peuvent-ils être conciliables ?

Page 6: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

06 Introduction

Un détour par le passé semble nécessaire, pour nous permettre de mieux cerner les principes fondamentaux qui dominent notre présent, et ceci dans le but d’imaginer l’avenir. À savoir, considérer la question de l’activité professionnelle, du travail et de l’emploi, de ce qui les diffère et l’évolution de nos rapports, bouleversés notamment par l’accélération du temps qui nous poussent à nous demander : comment voulons-nous vraiment vivre ? Et remet en question nos modes de fonctionnement et notre rapport à l’ac-tivité professionnelle.

Ainsi, l’étude des demandes légitimes de temps libres, les réac-tions contre cette l’accélération du temps et les requêtes sociales, économiques et politiques proposées dans le but de répondre à ces demandes seront l’objet de la seconde partie de ce mémoire.

Dans cette continuité, l’activité du designer entrera concrète-ment en scène et étudiant quels rôles ceux que nous appellerons les «entrepreneurs sociaux» peuvent jouer pour une nouvelle organisation du temps de travail en repensant les lieux et les conditions dans lesquels celui-ci est réalisé.

« Le design graphique est une discipline vivante, qui s’écrit, qui se théorise en même temps qu’elle se pratique. »8

En effet, sa pratique requiert des connaissances, des méthodes, des savoirs-faire et savoirs-être, des compétences et des capacités afin de répondre à la demande. Pourtant, l’activité du designer semble toujours restée incomprise par ses potentiels clients. La question du devis et la méthode de l’appel d’offres et de la vulga-risation de la pratique du design, notamment à travers internet, concurrencent l’aspect réellement méticuleux de la production basée sur plusieurs temps et étapes de travail. Une typologie du travail du designer graphique, ainsi qu’une étude approfondie de l’exploitation du temps dédié à la production graphique seront uti-lisées afin de nourrir le questionnement autour de l’aménagement du temps dans l’activité professionnelle du designer graphique.

Page 7: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

La question des enjeux soulevés par la thématique du temps dans l’activité professionnelle se précisera autour de l’intention ferme de l’individu de se réapproprier son temps autant dans le contexte de son activité professionnelle que dans celui de son temps libre.

Aussi, comment en tant que designers,

peut-on organiser, structurer et traduire le temps

dans le contexte de ces activités ?

Quels sont les outils possibles pour se réapproprier,

optimiser et rentabiliser ce temps si « pressé »

qui nous échappe ?

Et comment utiliser au mieux l’articulation

entre un temps proscrit et un temps libre ?

Page 8: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

08 Sommaire

Page 9: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

I. Pourquoi une demande de temps libre ?

1. Accélération du temps Pourquoi n’avons-nous plus de temps libre ?Travail et technique : des rapports dialectiquesLa technique : responsable de l’accélération?

2. Repenser le travail L’individu au travailLa troisième révolution industrielle

II. Quelles sont les demandes de temps légitimes ?

1. Réaction face l’accélération du tempsLa lenteur, un mode de vieLa procrastinationLe pouvoir du temps libre

2. Mesures économiques utopiques?La distopie : un moyen de prévention?RDB : comment repenser notre rapport au travailL’enjeu du bonheur au travail

Sommaire

Introduction Sommaire Travail : de quoi parle-t-on?

030913

23

29

41

45

Page 10: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

10 Sommaire

III. De nouveaux lieux pour une nouvelle gestion du temps

1. Salariés vs indépendantsL’indépendance grâce au numériqueTravailler où et quand ?Le rôle de la Génération Y

2. L’associatif : futur de l’emploi?Vers une économie contributive?L’émergence des tiers-lieu

ConclusionAnnexesLexiqueRemerciementsColophon

60

68

73

Page 11: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle
Page 12: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

12 Travail : de quoi parle-ton?

Page 13: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

Depuis sa sédentarité1, l’homme répartit son temps de vie entre la production de ses moyens de subsistance et d’autres activités sociales, culturelles et ludiques. Le travail serait ce moment qui permet à l’homme d’obtenir, directement ou indirectement à travers le troc ou un équivalent général, ce qui lui est nécessaire pour vivre dans la société où il se trouve.

« Cependant, le travail, dans le sens le plus noble du terme, est l’activité que nous allons mener en ayant conscience de faire ce pour quoi nous sommes venus sur terre. C’est la réalisation d’une passion, ce qui a permis toutes les inventions humaines. Le travail n’est pas nécessairement l’activité que nous menons chaque jour afin de subvenir à nos besoins. Dans son sens anthropologique, le travail est ce qui constituera notre être propre. »2

Dans ce sens, le travail est essentiel à la constitution non seulement de notre individuation3 mais il est également essentiel

Travail : de quoi

parle-t-on ?

Page 14: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

14 Travail : de quoi parle-ton?

à la constitution de la société. C’est par le travail que nous créons des relations. Le commerce est un échange symbolique avant d’être un échange d’argent. Certains, chanceux, réalisent ce travail dans le cadre de leur emploi. Celui qui travaille prend soin de lui-même, des autres et du monde.

Il est important de préciser que notre langue a perdu en précision. Avant le résultat du travail opus, les Latins distinguaient d’abord l’activité elle-même opera qui vient de operari, « travailler de ses mains » ; qui a donné beaucoup de mots courants, d’une part, œuvrer, œuvre, main d’œuvre, manœuvre, ouvrage, ouvrier, d’autre part, opérer, opérateur, opération et coopérer et coopération. En effet, le chef d’œuvre de l’artiste est le fruit d’un travail, mais dont la pénibilité est ignorée au profit de la qualité du résultat. Le travail entraîne une création de quelque chose de nouveau, qui n’existait pas auparavant. Tout travail est une génération ou une régénération. On trouve également la forme dominante de travail qui était, soit agricole, soit militaire pour les hommes, soit l’accouchement pour les femmes : labor et qui désigne un travail particulièrement dur physiquement ; qui a engendré à la fois laboureur mais aussi laborieux et labeur et plus tard collaborer et collaborateur. Enfin, le mot travail vient du latin populaire trepalium, instrument de torture formé de trois parties, lui-même issu de tripalis, un appareil constitué de trois poteaux servant au maréchal-ferrant à immobiliser un animal pour le ferrer4. Dans les premières sociétés historiques, le travail est réservé aux classes inférieures, comme l’activité la moins noble et l’une des plus fatigantes.

Le travail et l’emploi

Le terme de travail n’a dominé que vers la fin du xixe siècle. Il est alors associé à la conscience de la subordination très dure du travailleur vis-à-vis de son employeur et plus uniquement de la nécessité du labeur pour la subsistance. Il parle moins de la nature du travail que des conditions émergentes et négatives du travail à cette époque. Cherchons donc la nuance qui distingue deux notions, non synonymes, celles de travail et d’emploi.

Page 15: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

Le terme emploi vient du latin im-plicare. Il signifie littéralement « plier dans » et à l’époque « enlacer, envelopper ». Il a donné les termes « impliquer », « implication » d’une part, « emplir », « remplir » et « emplette » d’autre part. De plus, le dictionnaire Encyclopédique Quillet (1970 - 10 vol.) apporte les significations suivantes :– usage que l’on fait d’une chose– mais aussi qualité de cet usage, sa pertinence– place, fonction, charge, office, occupation pour laquelle on est rémunéré– au théâtre, les rôles ayant un même caractère, dont un acteur est chargé : tenir emploi des valets

Nous proposons d’appeler emploi :

« toute place que l’on occupe dans la société afin d’y réaliser un travail, en échange d’une rétribution. »5

L’emploi semble être d’abord une « case » que l’on remplit sur l’échiquier social. Il désigne un espace occupé, une position sociale, une situation spatiale autant que juridique. Il ne correspond pas nécessairement à un métier. Dans le langage courant, on dit « avoir une place, trouver une situation, occuper une position sociale ». L’emploi ne dit rien du travail, il délimite son champ. Cependant, celui-ci suppose bien évidemment un employeur, une organisation humaine employeuse, qui peut être soi-même pour le travailleur indépendant ou la profession libérale. Il est donc une relation structurelle à la société par le biais d’un employeur. Il procure à une personne une existence institutionnelle et une visibilité sociale par son appartenance institutionnelle, son inclusion dans une institution.

Selon la Bible, l’homme originel – Adam et Eve – ne travaillait pas. Ce n’est que suite au péché originel – croquer dans le fruit défendu, le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal – que l’homme fut chassé du paradis et condamné à gagner son pain à la sueur de son front, c’est-à-dire à travailler.6

Page 16: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

16 Travail :de quoi parle-ton?

« Souvent, le travail est présenté comme un devoir, envers soi-même et envers les autres. Il écarte de nous non seulement le besoin, mais aussi le vice et l’ennui. »7

Travailler est une obligation morale et sociale. La fable de La Fontaine Le laboureur et ses enfants est caractéristique de cette valorisation morale du travail dans une société où celui-ci est source de valeur économique. Le travail suppose aussi le respect des horaires et des cadences : les mouvements du corps doivent suivre ceux de la machine. La référence est évidente : le film de Charlie Chaplin, Les Temps modernes, grande satire du travail à la chaîne et réquisitoire contre le chômage. Chaplin représente les conditions de vie d’une grande partie de la population occidentale lors de la Grande Dépression, imposées par les gains d’efficacité exigés par l’industrialisation des temps modernes.

Aujourd’hui, le travail de l’employé de bureau ou à la chaîne, n’exige pas de dépense physique importante et peut être considéré comme stérile. Les tâches sont spécialisées, simplifiées à l’extrême pour un maximum de productivité. Dans l’organisation capitaliste du travail, l’ouvrier ne peut plus se reconnaître dans ce qu’il fait, le produit de son travail ne peut plus être un facteur de prise de conscience de soi. Toute stimulation et forme d’investissement est effacée.

« Le travail est, disait Marx, le sacrifice de la vie du travailleur, qui a l’impression de n’exister vrai-ment qu’en dehors de l’usine. »8

Interrogeons-nous sur ce qui se passe quand l’homme tra-vaille. Marx et Hegel avant lui, se sont penchés sur ce problème7 et ont réalisé qu’il avait un rapport réciproque entre l’homme et la nature. Quand l’homme travaille la nature, son travail le transforme également. Autrement dit, lorsque l’homme travaille, il intervient au sein de la nature et la marque de son empreinte, comme la nature laisse elle aussi une trace dans la conscience de l’homme. On en revient à la valeur sociale du travail, par laquelle

Page 17: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

l’homme se définit. « Car notre façon de travailler a une influence sur notre conscience autant que notre conscience influence notre manière de travailler. »9 Il y a un rapport « dialectique entre la main et l’esprit.» Ainsi pour Hegel comme pour Marx, le travail est quelque chose de positif puisqu’il est intimement lié au fait d’être un homme.

Le travail est une partie essentielle de l’agir humain, et c’est surtout comme tel qu’il retient toute l’attention de l’enseignement philosophique. C’est par excellence le processus répété et maîtrisé qui, par extension, peut être apparenté à la profession, au métier8.

Mais, d’un autre point de vue, le travail constitue le résultat lui-même de l’activité professionnelle, l’aboutissement du processus de transformation de la nature. C’est alors le moment où le travail atteint sa finalité et peut particulièrement faire l’objet de l’échange.

Page 18: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

18Pourquoi une demande de temps libre?

Page 19: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

POURQUOI UNE DEMANDE DE TEMPS LIBRE?

Partie une

Page 20: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

20Pourquoi une demande de temps libre?

« — Lauriiiiiiiiie.

Mareen arrive en courant du Salon de ces dames

a. k.a la salle des chefs de projets.

— On a besoin d’une bannière pour l’Oréaaaal.

On a trois heures.

Les gros malins ont attendu le dernier moment

pour exiger une nouvelle bannière sur la page

d’accueil de leur site. Elle concerne la gamme

de produits « Men Expert », dont je ne m’occupe

normalement pas.

— Kai – qui s’occupe à plein temps de Men expert

– est submergé, on peut compter sur toi ?

D’accord. Alexia m’observe du coin de l’œil de

l’autre côté de la pièce. C’est un test. Je n’ai pas

intérêt à les décevoir. Mareen m’explique que

L’Oréal a pensé, un peu tardivement, à tirer profit

de l’événement de la Coupe du Monde, dont la

finale – Argentine contre Allemagne – se déroule

ce dimanche.

— Si on gagne, me dit Mareen avec un sourire

malicieux, on publie la bannière dimanche soir.

Extrait du rapport de stage 100 jours à Berlin (pp.27-28),

effectué à Moccu, agence de création

de supports numériques basée à Berlin,

du 16 juin au 19 septembre 2014.

Page 21: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

Mais il nous la faut pour quatorze heures derniers

délais.

Je me mets sans tarder à l’ouvrage.

Comme toujours, Mareen me transmet par mail

un produit et une texture que je dois retravailler.

En plus cette fois, un slogan :

“so sehen Weltmeister aus! Voller Energie, nie

Müde.”, en français : Ainsi sont les champions

du monde ! Ils regorgent d’énergie...

Je fais plusieurs propositions le plus rapidement

possible et contrairement à son habitude Mareen

vient me voir d’elle-même autour de treize

heures. Je lis sur son visage que la tension est

à son comble. Si mes propositions ne sont pas à

la hauteur, Alexia devra prendre le relais. Je prie

pour que mes propositions la convainquent.

Et alors que mon ventre gargouille sous la faim,

j’envoie deux déclinaisons à Mareen.

Être futur champion du monde, ça creuse. »

Page 22: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

22Pourquoi une demande de temps libre?

Page 23: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

1. ACCÉLÉRATION DU TEMPS

Pourquoi n’avons-nous plus de temps libre ?

« Nous ne cessons de gagner du temps. Et pour-tant, au bout du compte, nous en avons de moins en moins. Bardés de nos appareils électroniques, nous filons d’un rendez-vous à l’autre. Mais pour les choses vraiment importantes, les amis, la fa-mille, le temps semble ne plus suffire. Qui appuie sur l’accélérateur ? » 1

Dans notre société actuelle d‘immédiateté où règnent le pou-voir de l’urgence et la domination des délais imposés, le temps semble nous échapper continuellement. Au sein de ce contexte où tout doit aller très vite et où la pulsion veut être satisfaite ici et maintenant, nous ne supportons pas d‘attendre.

« Toutes les sociétés modernes sont caractérisées par une pénurie de temps : plus une société est moderne, moins elle a de temps. » 2

POURQUOI UNE DEMANDE DE TEMPS LIBRE?

Partie une

Page 24: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

24Pourquoi une demande de temps libre?

Comment expliquer cela ? Notre richesse matérielle affecte-rait-elle le temps dont nous disposons ?

« Plus on est riche matériellement, plus on devient pauvre en ressource temporelle. Il applique cela à toutes les cultures du monde et plus les sociétés sont riches, plus les gens sont stressés. » 2

Dans les cultures les moins développées, les gens sont pauvres en bien matériel, mais ils ont du temps. Avant le numérique, il nous fallait une demi-heure pour rédiger quatre lettres. Mais au-jourd’hui, en une demi-heure, nous traitons bien plus d’e-mails. Nous sommes devenus plus rapides, mais nous avons également plus d’interactions à gérer et donc plus de stress. « Le temps désor-mais s’accélère et nous dévore, comme hier Chronos ses enfants. » 10

Florian Opitz, cinéaste allemand s’interroge sur les causes de l’accélération du temps en partant d’un constat personnel : son rapport au temps se réduit à un seul sentiment : celui d’en man-quer. D’où nous vient cette frustration constante semblant être un moteur à la fois stimulant et décourageant ? Où se trouve le juste milieu entre suivre un rythme, poussé par l’accélération et la voie de sortie de cette agitation perpétuelle qui semble nous avoir emprisonné ?

Mon attention s’est portée sur la nécessité d’une articulation entre temps de travail et temps de loisirs. Rappelons que le terme loisir vient du latin licere « être permis » et renvoie aux notions de liberté, d’oisiveté (au xiie) puis vers la distraction (xviiie). Ces activités que l’on a qualifiées d’activités sociales, culturelles ou ludiques plus en avant s’effectuent sur notre temps libre que l’on oppose au temps prescrit ou contraint.

Florian Opitz, dans sa démarche1, souhaite retrouver une forme de sérénité, qu’il semble avoir perdue à force d’être dé-passé par son travail et le temps qu’il y investit. Alors que l’il-lusion d’un contrôle sur le temps semble s’être complètement dissipée, comment à nouveau s’approprier notre vie et décider de la façon dont nous souhaitons vivre ? Comment être efficace, tout en gagnant du temps ?

Page 25: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

Le professeur Karlheinz Geißler, émérite en pédagogie éco-nomique à l’Université de la Bundeswehr à Munich, atteint de la maladie de la maladie de la poliomyélite, est contraint à la lenteur depuis sa naissance. À son sens :

« On ne manque pas de temps, on a seulement trop de choses à faire. »

Le temps biologique est inchangé, les phénomènes natu-rels sont constants, il y a toujours vingt-quatre heures dans une journée et douze mois dans une année. Seulement, la cadence de l’industrie a totalement bouleversé notre rythme et nous a imposé une disponibilité illimitée où les machines fonctionnent 24/24h. L’accélération, censée entraîner des gains de temps, se traduit au contraire par sa raréfaction, ce qui renforce l’accélé-ration. D’où ce paradoxe :

« Plus nous gagnons du temps, et moins nous en avons. »

Cette disponibilité forcée amène de nouveaux maux sociétaires tels que le « burn-out » 3. Cette expression est née dans le monde des psychiatres et psychologues spécialisés dans le traitement des toxicomanes. Elle désignait alors « l’état d’hébétude dans le-quel peut parvenir un grand drogué en phase terminale – lorsqu’il ne reste plus rien à “brûler” de son psychisme, que son esprit a été dévasté par la drogue » 4. Ces dernières années, ce terme en est venu à désigner une forme d’épuisement psychique attribuée à un autre excès – l’excès de travail. C’est le psychiatre Christophe Dejours, avec son livre-manifeste, Souffrance en France qui, le pre-mier, a alerté sur les dégâts que le stress au travail peut causer sur la structure même de la personnalité. Le docteur Sprenger parle également de cyberdépendance5 et la disponibilité illimitée qui en découle provoquant la confusion et l’incapacité de dissocier le temps de travail du temps libre.

Cette pathologie liée aux souffrances rencontrées au travail soulève des résolutions et de nouvelles orientations de vie telles que l’abstinence numérique ou une reconversion professionnelle

Page 26: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

26Pourquoi une demande de temps libre?

totale. Alex Ründe, journaliste dans un grand quotidien allemand, s’est imposé six mois d’abstinence afin de se reconnecter au monde réel, aspiré par le virtuel. Il se contraint alors à réaliser un retour en arrière technique en utilisant le fax ou la cabine téléphonique.

Dans une démarche semblable, Rudölf Wötzel, ancien « requin de la finance », a décidé de démissionner en milieu de carrière pour « se mettre au vert ». À trop subir la pression du temps, il a réalisé son indisposition à l’égard d’autrui et son seul objectif centré autour de la performance et de la productivité. Pour re-devenir maître de son temps, vivre l’instant présent, il souhaite retrouver le rythme de la nature.

La vie personnelle, au même titre que la vie professionnelle, est affectée par des changements conséquents et surtout répétitifs.

Paul Virilio rappelle que « l’emploi à vie » est en passe de dis-paraître, d’un temps presque révolu. « L’augmentation des contrats à durée déterminée (CDD), le développement du travail intérimaire et de la formation continue attestent qu’aujourd’hui une personne est amenée à occuper plusieurs emplois dans une même vie, voire à apprendre plusieurs métiers. » 6 On le constate notamment parmi les moins de trente-cinq ans qui sont régulièrement amenés à changer d’emploi et de lieu de travail, par conséquent d’environ-nement de vie. Un processus d’adaptation répété qui a un impact conséquent sur l’entretien de liens sociaux.

Toute forme de constance et de stabilité semble être difficile à maintenir. Souvenons-nous du vers de Baudelaire : « Je hais le mouvement qui déplace les lignes. » 7 Le mouvement serait-il, au-jourd’hui, devenu un moyen de survie professionnelle ?

Travail et technique : des rapports dialectiques

Il semble difficile de critiquer la technique, car elle se présente comme un pur moyen. Un marteau, par exemple, n’est ni bon ni mauvais : tout dépend de l’usage que l’on en fait. Il facilite la ré-alisation de la volonté humaine, il peut sembler bon « en soi ».

Mais, c’est cette possibilité d’utiliser la technique à des fins radicalement différentes – produire des médicaments ou produire des armes – la rend foncièrement ambivalente.

Page 27: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

Le travail qui présente une ambiguïté similaire, représente le moyen de produire l’objet technique. Dans le mythe de Protagoras8, que l’on trouve dans l’ouvrage éponyme de Platon, la venue de la technique y est expliquée par l’insuffisance de l’homme à survivre par des moyens naturels : contrairement aux autres animaux, il est nu, il n’a ni griffes, ni crocs, ni écailles, ni fourrure, ni plumage.

C’est donc le travail, combiné au savoir scientifique, qui génère les techniques. C’est par son travail et sa réflexion que Léonard De Vinci a inventé tant d’instruments et des techniques. Pour construire un télescope, il faut d’abord connaître les lois optiques.

Mais d’un autre côté, le travail naît de la technique, puisque la technique regroupe un ensemble de méthodes qui permettent de travailler. Pour aller plus loin, « la division sociale et technique du travail permet une spécialisation des individus et un développement des techniques : elle est un facteur d’innovation majeure.9 »

En somme, on peut dire que le travail améliore la technique et que la technique démultiplie l’efficacité de celui-ci.

La technique, responsable de l’accélération ?

« Le rêve de la modernité c’est que la technique nous permette d’acquérir la richesse temporelle. L’idée qui la sous-tend est que l’accélération tech-nique nous permette de faire plus de choses par unité de temps. » 2

D’après Hartmut Rosa, l’accélération se diviserait en trois dimensions :- l’accélération technique : la communication, les transports, mais aussi la pollution.- l’accélération sociale : celle du changement social qui nous déstabilise.- l’accélération des rythmes de vie : une tentative de réponse au phénomène global, qui nous pousse à faire plus de choses par unité de temps 11.

Ces trois dimensions forment un système clos, où chaque

Page 28: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

28Pourquoi une demande de temps libre?

composante se nourrit de l’autre, accélérant encore l’accéléra-tion, poussé par trois forces motrices :- l’argent et la compétition qui en sont le moteur économique : « Le temps, c’est de l’argent. » 12

- la différenciation fonctionnelle13, la division du travail.- le moteur culturel : la promesse de l’accélération2.

Grâce à la technique, nous avons dupliqué nos connaissances de plus en plus rapidement : l’imprimerie et aujourd’hui internet ont rendu bien plus aisé l’accès aux connaissances écrites.

Aussi, au tournant des années 80-90, de nombreuses munici-palités renouvellent leur identité graphique en abandonnant leur blason traditionnel au profit d’un logo dessiné par une agence de communication.

Ils sont construits à partir de formes géométriques, intégrant bien souvent des traits et courbes symbolisant le mouvement. Ils ne présentent plus la ville comme un territoire enraciné dans l’histoire, mais comme un espace dont les qualités s’inscrivent dans le temps présent voir futur, l’essor, le dynamisme, la vitalité. « Ces changements sont liés à l’affaiblissement du sentiment d’ap-partenance, au recul des identités traditionnelles » 25, possiblement balayés par l’accélération du temps et la pression exercée sur les municipalités à montrer leur potentiel.

Aussi, la technique et plus spécifiquement ici, la technologie n’impose pas en elle-même une quelconque accélération, puisque définie par l’usage que l’on en fait.

« Nous vivons dans une société de croissance et le temps, lui ne peut pas croître. » 2

Invité à expliciter les buts de son projet de recherche, Hart-mut Rosa cherche à identifier les mécanismes qui nous poussent à l’accélération et à la croissance. Comment paralyser ces méca-nismes ? Peut-on trouver une économie qui n’aurait pas besoin de croître ? Le but est de chercher des alternatives, des possibi-lités alternatives à la croissance. Si on prolonge cette escalade de vitesse, il nous faudra demain dépasser les limites de l’homme.

Page 29: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

« Si on la refuse, il nous faut trouver les moyens de réduire la vitesse de l’évolution sociale. » 2

2. REPENSER LE TRAVAIL

L’individu au travail

Les modes d’organisation du travail ont évolué en fonction de l’évolution du monde de l’entreprise. Depuis sa naissance, au xixe siècle, celle-ci a connu trois grandes phases : le taylorisme1 : « tra-vaille et tais-toi » 2 ; le fordisme3 : « travaille, tais-toi et consomme »

2 et le système économique actuel : le capitalisme4.Marx émet sa propre critique face au capitalisme. En prenant

l’exemple de l’ouvrier, qui travaille pour un intermédiaire, le tra-vail de celui-ci devient donc quelque chose d’extérieur, qui ne lui appartient plus. « Il devient étranger à son propre travail et de ce fait étranger aussi à lui-même, perdant sa réalité en tant qu’individu. » 6 C’est de cette constatation que Marx utilise l’expression de Hegel pour dire que le travailleur est l’objet d’un processus d’aliénation8.

Rappelons que pour que le travail crée de la richesse, il doit réunir trois dimensions5 : – une dimension subjective : l’investissement et l’épanouisse-ment de l’individu au travail.– une dimension objective : la production d’un résultat.– une dimension collective : les liens sociaux entre clients, four-nisseurs et collaborateurs.

Or aujourd’hui, la plupart des entreprises ne voient que la di-mension objective du travail, minimisant les deux autres dimen-sions. Pour ce faire, les responsables fixent des objectifs chiffrés en heures, en pièces ou en clients. Ces objectifs ne considèrent aucunement l’épanouissement des employés. Ceux-ci sont par conséquent moins disposés à fournir le travail de qualité attendu.

En conséquence, les entreprises augmentent les objectifs, ce qui intensifie le mal-être des employés et crée un cercle vicieux. Les capacités humaines étant limitées, les cadences de travail ne peuvent pas être toujours suivies à la lettre, l’augmentation du

Page 30: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

30Pourquoi une demande de temps libre?

rythme de travail augmente le risque de dégradation du travail produit.

Il faudrait donc repenser le modèle du travail, en s’intéres-sant au travail réel des salariés dans ces trois dimensions, telles qu’explicitées plus haut.

« L’individu n’est pas seulement un (unité, totalité), il est unique (unicité, singularité). Un individu est un verbe plutôt qu’un substantif, un devenir plu-tôt qu’un état, une relation plutôt qu’un terme et c’est pourquoi il convient de parler d’individuation plutôt que d’individu. » 26

Pour comprendre l’individu, il faut en décrire la genèse au lieu de le présupposer. Or cette genèse, soit l’individuation de l’individu, ne donne pas seulement naissance à un individu, mais aussi à son milieu associé. Telle fut la leçon philosophique de Gilbert Simondon.

Nous l’avons vu précédemment, le travail peut être considéré comme un facteur d’humanisation et de perfectibilité.

« C’est le travail, qui selon Kant, contraint l’homme à sortir de la paresse, et à développer ses capa-cités. » 6

Pour Hegel et Marx, l’homme doit produire lui-même ses conditions d’existence, contrairement à l’animal. Le travail lui ap-prend à maîtriser ses pulsions et donc à accéder à la liberté : par le travail, l’homme s’éduque et devient capable d’action réfléchie.

En effet, l’arrivée du numérique met en danger nos concep-tions juridiques classiques. Une anecdote racontée par le PDG de Netflix, Reed Hastings, est éclairante à ce propos. À la suite d’une crise, au début de son activité, il a dû revoir l’organisation de l’entreprise :

« Alors qu’il expliquait à un informaticien pour-quoi il avait supprimé deux postes dans son équipe, ce dernier lui a répondu : “Ce n’est pas grave. J’ai

Page 31: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

plus de travail, mais il est plus intéressant.” De-puis, Reed Hastings a compris que l’organisation optimale doit aujourd’hui se concentrer sur l’in-dividu. Or notre conception du droit du travail est à l’opposé : nous raisonnons par catégories de salariés. Les mêmes règles, les mêmes droits et devoirs pour tous les salariés d’une catégorie donnée. Le numérique impliquera une “massifi-cation de l’approche individuelle du travail”. » 22

Nous rencontrons ce même problème dans le domaine du design qui est le nôtre. En effet, Annick Lantenois compare dans son livre le designer graphique à un funambule en quête d’un équilibre « entre son instrumentalisation par les pouvoirs écono-miques politiques et l’attitude critiques des designers à l’égard de ces pouvoirs. » 25

La posture du graphiste, « accompagner les individus dans la lecture de la complexité »25 du monde est donc au fil remis en ques-tion. Celui-ci doit s’adapter et faire face aux « crises du temps » et établir de nouvelles collaborations.

Au début des années 2010, avec l’essor des technologies, le designer graphique doit redéfinir son rôle dans un environnement inédit, fondé sur une extension des espaces numériques. Une col-laboration nouvelle doit donc être établie entre le designer et le programmeur, comme celle qui avait pu être nouée entre le de-signer et l’ingénieur au cours des années 20. Ainsi les designers contemporains ont-ils devant eux une mission essentielle, celle d’organiser la lisibilité du monde actuel, étendu par les environ-nements numériques.

La troisième révolution industrielle

Amorcée à la fin du xxe siècle, la troisième révolution indus-trielle9 tourne une nouvelle page du livre du progrès technique et des découvertes scientifiques. L’énergie nucléaire et le déve-loppement de l’électronique et de l’informatique la caractérisent principalement. Ces nouvelles énergies et technologies rendent possible la production de matériel miniaturisé et l’automatisation

Page 32: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

32Pourquoi une demande de temps libre?

poussée de la production ; le développement des technologies spatiales et celui des biotechnologies.

Jérémy Rifkin, essayiste américain, en est le célèbre architecte et tend à prévoir les grands bouleversements de notre époque qu’il surnomme « l’Âge de carbone »10.

« Notre civilisation industrielle est à un tournant. Le pétrole et les autres énergies fossiles11 touchent à leur fin, tandis que les technologies issues de ces énergies ou alimentées par ces dernières sont devenues obsolètes. [...] Il devient de plus en plus évident que la seconde révolution industrielle est en train de disparaître, et que nous avons besoin d’un tout nouveau récit économique pouvant nous mener vers un avenir plus équitable et durable. » 12

Dès 1995, l’automatisation19 croissante de l’industrie et des services amenait à prédire la « fin du travail ».

D’après Bernard Stiegler, philosophe et président de l’asso-ciation Ars Industrialis, le xxie siècle marquera la fin de l’emploi. Ainsi le problème ne serait pas le chômage, mais le développe-ment du savoir et de la capacité dans une société où il n’y aurait plus besoin d’emploi. Bernard Stiegler s’appuie sur les dires de Bill Gates, célèbre créateur de Microsoft – « avec l’automatisation numérique, l’emploi, c’est fini ». Il y a tout un monde industriel nouveau – que Rifkin a donc baptisé la troisième révolution in-dustrielle – qui est basé sur l’automatisation intégrale et généra-lisée et où il n’y a plus besoin d’employés. S’il n’y a plus d’emploi, il n’y a plus de salaires. Et s’il n’y a plus de salaires, il n’y a plus de pouvoir d’achat. Et sans pouvoir d’achat, plus d’économie. « Maintenant avec le nouveau stade de l’automatisation, la ques-tion c’est : qu’est-ce qu’on redistribue et comment ? » 23 Il s’agirait de redistribuer du savoir.

Aujourd’hui, le déclin24 des énergies fossiles ouvre la voie aux énergies renouvelables. L’explosion d’internet nous a permis d’entrer dans « l’âge de l’accès ».18

La troisième révolution industrielle de Rifkin correspond à la disparition progressive du capitalisme au profit d’un nouveau

Page 33: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

système économique, fondé sur le partage et les communautés collaboratives. Ce changement, qui semblerait se dérouler en ce moment même, est la conséquence du développement des nou-velles technologies, dont internet – symbole emblématique de la troisième révolution industrielle – et plus spécifiquement de l’imprimante 3D. En effet, d’après Rifkin, celle-ci permettrait de réduire considérablement le coût marginal13 – nous reviendrons vers cette notion. Grâce à « l’internet des objets »14, chacun pour-rait tirer profit des Big Data15 – en admettant que celles-ci soient protégées, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui – « et devenir un vé-ritable prosumer, mi-producteur, mi-consommeur. »16

Là où la télévision, la presse, le monde de l’édition et l’indus-trie entière de la musique sont concurrencés par l’internet, la révolution est en marche. Le coût marginal proche de 0 serait possible grâce à une économie collaborative17, rendant certains biens et services même gratuits et abondants.

Cependant, l’optimisme de Rifkin est remis en question lors d’un entretien18 avec la jeune économiste Annick Steta. Celle-ci, le considérant davantage comme un conseiller plutôt qu’un éco-nomiste, elle lui reproche les connotations populistes dans ses propos teintés d’une volonté de charmer le lecteur et consom-mateur avec une économie que l’on peut qualifier d’utopique et dont il ne donne pas les clés de fonctionnement.

Elle cite à titre d’exemple l’industrie de la musique, où l’on arrive – malgré les sanctions inefficaces contre le piratage et le streaming – finalement à un système de streaming payant, où il se pose actuellement la question de la distribution des droits entre les musiciens, les « majors » de cette industrie et les diffuseurs sur internet. C’est ici que Rifkin néglige, selon Annick Steta, l’im-portance de la propriété intellectuelle.

Revenons sur la notion du coût marginal zéro. Jérémy Rifkin l’emploie lorsqu’il mentionne le prosumer, ce nouvel acteur éco-nomique agissant en réseau en surfant sur la vague du partage.

« Ce qui cristallise ce glissement vers une économie de partage des communaux collaboratifs juxtapo-sés au marché capitaliste est ce qu’on appelle le

Page 34: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

34Pourquoi une demande de temps libre?

coût marginal proche de zéro. Dans le monde des affaires, le coût marginal est le coût produit par l’unité supplémentaire d’un bien ou d’un service après en avoir payé le coût fixe. »16

Les chefs d’entreprise sont encouragés dans cette démarche dans le but d’exploiter les nouvelles technologies afin d’augmenter leur productivité et donc réduire le coût marginal pour produire des biens et des services moins chers.

Cependant, encore une fois Annick Steta dénonce une anomalie.

« En économie concurrentielle, la tarification opti-male se fait au coût marginal, autrement dit, une entreprise en situation de concurrence pure et parfaite vend ses produits au coût de la dernière unité produite. »18

Mais en réalité, il y a très peu de marchés qui fonctionneraient en concurrence pure et parfaite. Annick Steta cite l’exemple d’un grand lessivier qui possède plusieurs marques – parce que les gens changent régulièrement de lessives. Afin de gommer au maximum la concurrence, le lessivier mise sur la probabilité que le consommateur choisisse une de ses marques pour une autre. Il s’agit ici de ce qu’on appelle une concurrence monopolistique21. Or en situation de monopole, le lessivier et malheureusement, l’essentiel des secteurs d’activités qui nous entoure, échappe à la règle de la tarification au coût marginal et est en mesure de réaliser un sur-profit20.

Le temps s’avère être non pas une donnée constante,

chiffrée et chiffrable, absolue, incompressible et

objective, mais semble davantage être fonction

d’un ressenti très subjectif et propre à chaque

individu. Dans le cadre du travail cela supposerait

donc une réorganisation des temps tenant compte

des spécificités de chacun. Quels sont les modèles

et expériences existants allant dans ce sens ?

Page 35: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle
Page 36: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

36Quelles sont les propositions légitimesde temps libre?

Page 37: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

Partie deux

QUELLES SONT LES PROPOSITIONS LÉGITIMES DE TEMPS LIBRE?

Page 38: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

38Quelles sont les propositions légitimesde temps libre?

« Premier trajet sur mon joli vélo. Je pars un

peu plus tôt de Kreuzberg histoire de prendre le

temps d’éventuellement me perdre. Je me rends

vite compte que ce sera difficile, étant donné que

le trajet est très simple : toujours tout droit, en

direction de Prenzlauerberg.

Et franchement, quitte à ramer pour aller au boulot le matin, autant pédaler.

On m’avait dit qu’à Berlin, les vélos n’ont géné-

ralement pas de vitesse, tout simplement parce

que la ville est “toute plate”. Je démarre donc

d’un coup de pied, sentant le vent dans mes che-

veux, le pollen dans mes yeux ; je file droit et vite,

sans crainte, espace pour lui et moi réservé, je

vibre – oui, je vibre, sur les foutus pavés ; dans

l’ivresse de cette liberté. Pédaler, pédaler, dé-

railler ; accélérer dans la descente, passage à

l’orange obligé – et se faire insulter :

— ROOOOOOOT.

Extrait du rapport de stage 100 jours à Berlin (pp.33-34),

effectué à Moccu, agence de création

de supports numériques basée à Berlin,

du 16 juin au 19 septembre 2014.

Page 39: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

Je finis par me perdre quand même, pour mieux

perdre du temps et prendre le soleil. Au bout d’un

quart d’heure, j’arrive à la porte de Brandebourg,

je file sur l’avenue Unter die Linien et me voilà du

côté de l’Alex. Je passe devant mon ancienne au-

berge et j’arrive devant une des seules côtes ber-

linoises, celle qui mène à Prenzlauerberg. “Toute

plate”, oui oui.

À bout de souffle, j’arrive finalement à Moccu.

Roulant à travers la cour de l’agence, un pied

sur une pédale, l’autre en équilibre, attendant de

rejoindre la terre ferme, je stoppe mon mouve-

ment et ajoute mon nouveau joujou aux autres,

fièrement alignés. Je me bats avec mon cadenas

après avoir remarqué que mon vélo n’est pas en

danger entre les murs de Moccu.

À ce soir. »

Page 40: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

40Quelles sont les propositions légitimesde temps libre?

Page 41: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

1. RÉACTIONS FACE À L’ACCÉLÉRATION DU TEMPS

La lenteur, un mode de vie

« Pour comprendre ce qu’est l’accélération du monde, il faut comprendre ce que signifie la len-teur. » 1

La lenteur est une richesse de temps. Un état qui nous per-mettrait d’enfin prendre le temps de faire ce que l’on a faire, le temps de percevoir ce qui a été fait, sans la pression de l’urgence.

En allemand Muße - qui signifie le loisir, la créativité - est le contraire de l’ennui.

« La richesse temporelle n’est ni l’ennui, ni une décélération contrainte, mais elle est avant tout un élément d’autonomie. » 1

Alors quelle serait la « bonne technique », la solution, à la fois, individuelle et collective, la résistance légitime pour atteindre un capital temporel satisfaisant ?

QUELLES SONT LES PROPOSITIONS LÉGITIMES DE TEMPS LIBRE?

Partie deux

Page 42: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

42Quelles sont les propositions légitimesde temps libre?

« Si j’ai appris quoi que ce soit au cours de l’an-née passée, c’est que l’ironie suprême de publier un livre sur la lenteur est que vous devez aller le promouvoir partout, vraiment vite. »2

L’appel à ralentir ne date pas d’aujourd’hui. Il naît en effet au XIXe siècle, en même temps que la révolution industrielle. L’uti-lisation du terme « slow » comme emblème d’une contre-culture démarre en Italie à la fin des années 1980 avec le « slow food ». En réaction au projet d’installation d’un fast-food sur la place d’Es-pagne, à Rome, un groupe de gourmets se constitue pour réhabi-liter les plaisirs de la table et soutenir une agriculture écologique, par opposition à une alimentation industrielle de piètre qualité.

Aujourd’hui, le terme a largement dépassé le « slow food ». Mais il fonctionne parce qu’il se confronte à un tabou : l’Occident se méfie de la lenteur et rencontre une aspiration commune, en plusieurs endroits du monde, à ralentir. Il aspire à contrer la consommation effrenée. La philosophie du slow oppose le mieux au plus rapide, la qualité à la quantité.

« En réalité, il s’agit moins de faire lentement que de cesser d’exclure ou de détruire par la vitesse. »2

La procrastination

La procrastination pourrait être considérée comme une autre tentative de déjouer le temps :

« Pourquoi faire aujourd’hui ce qu’on peut re-mettre au lendemain ? Pourquoi accomplir une tâche importante alors qu’on peut d’abord tailler ses crayons ou fureter sur Internet ? »3

Voici l’avis de John Perry, professeur de philosophie américain renommé qui est à l’origine du concept de la « Procrastination Structurée », soit la « glandouille productive » ou comment évi-ter une tâche importante permet d’en accomplir un tas d’autres.

Page 43: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

La procrastination4, du latin pro, qui signifie « en avant » et cras-tinus qui signifie « du lendemain », est une tendance à remettre systématiquement au lendemain des actions (qu’elles soient limitées à un domaine précis de la vie quotidienne ou non). Le « retardataire chronique », appelé procrastinateur, ne parvient pas à se mettre au travail, surtout lorsque cela ne lui procure pas de satisfaction immédiate.

Contrairement aux idées reçues, le procrastinateur n’est pas un feignant. Face à une tâche à effectuer, le « procrastinateur structuré » l’évitera pour en faire une autre, cependant, le « pro-crastinateur paresseux » regardera la télévision.

Selon John Perry, la procrastination structurée - et notre at-tention se portera sur ce cas-ci - est fortement liée au perfection-nisme. Celle-ci est purement fantasmatique. Lorsqu’une tâche est confiée au « procrastineur structuré », il va imaginer comment l’exécuter de la meilleure façon possible. Et plus la structure fan-tasmatique évolue, plus le niveau d’exigence baisse. Le « procras-tinateur structuré » n’est pas capable d’organiser le temps qui lui est imparti pour réaliser son travail. Il fantasme puis panique, pour finir par s’exécuter, en surfant sur la vague du dernier mo-ment, voire du trop tard et de rendre un travail moyen, voir né-gligé. D’après John Perry, il faut une bonne dose de mauvaise foi pour être procrastinateur. Ils se mentent à eux-mêmes, poussant le moment fatidique d’assumer leurs responsabilités jusqu’au maximum. Pourtant, le procrastinateur est capable d’abattre une formidable quantité de travail.

Une possible emprise sur le temps consisterait-elle à s’auto-riser ici et là l’imperfection dans l’exécution des tâches ?

« De nombreuses tâches ne requièrent pas d’être parfaitement exécutées. Vous risquez de perdre votre temps. La procrastination est une façon de dire : revoyons nos exigences, on n’a plus le temps. »3

Les tâches que l’on remet à plus tard sont souvent les moins importantes. Pour cette raison, on a tendance à penser qu’elles ne

Page 44: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

44Quelles sont les propositions légitimesde temps libre?

seront pas longues à remplir, et donc qu’on pourra s’en occuper au dernier moment. Si tant est que l’on évalue correctement la durée, ce qui semble à n’être le fort de personne selon une étude effectuée par le ministère américain du Travail5. Cette tendance est accentuée par le manque de confiance en soi. Joseph Ferrari, qui a mené l’étude, explique :

« Il ne s’agit pas ici de mauvaise gestion du temps. Dire à un procrastinateur chronique de faire quelque, c’est un peu comme demander à un dé-pressif d’avoir le moral. »6

Le pouvoir du temps libre

Stefan Sagmeister, designer autrichien contemporain, s’inter-roge sur la répartition de différents temps à l’échelle d’une vie. Il estime qu’une vie humaine se divise en trois moments7 : – les vingt-cinq premières années de notre vie dédiées à l’apprentissage– les quarante suivantes réservées au travail– et environ quinze ans dédié à la retraite

Il propose une nouvelle répartition de ce temps, en prenant cinq années de la retraite et en les redistribuant à l’intérieur des quarante années de travail. Il décide d’adapter son temps à sa passion – le design et la musique – en en renouvelant son inspi-ration au travers de rencontres et de voyages. Ainsi, tous les sept ans, il ferme son agence pendant un an durant lequel il voyage et entreprend différents projets.

« C’est évidemment agréable pour moi, mais plus important encore, le travail résultant des ces an-nées alimente ensuite l’entreprise et la société en général. »7

Ainsi Stefan Sagmeister ajoute 12.5% à son temps libre– les employés de Google – nous reviendrons sur leur cas – comptent eux 20 % de temps libre. Ainsi, il soutient que les années de congés

Page 45: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

sabbatiques rapprochent de sa vocation, apportent bonheur et joie et inspirent les années de travail qui suivent. Dans son approche, Stefan Sagemeister s’inspire du psychologue social et professeur d’éthique américain, Jonathan Haidt, qui définit le travail en le divisant en trois niveaux d’implication :– Mon travail est un emploi8, une source d’une rémunération. En compensation, mes loisirs et mes week-ends sont mes priorités.– Mon travail est ma carrière9. Ma profession, à laquelle je me consacre et dans laquelle j’évolue. Mais parfois je me demande : « tout ce dur labeur en vaut-il la peine ? »– Mon travail est ma vocation10. Je le ferais, même si je n’étais pas payé.

2. MESURES ÉCONOMIQUES UTOPIQUES ?

Utopies, dystopies : un support de préduction ?

En guise d’enrichissement aux deux exemples précédents, le genre littéraire, notamment dans le domaine de l’utopie et de la dystopie, regorge d’alternatives variées dont nous allons explorer quelques unes dans les paragraphes qui suivent.

Les utopies classiques portent leur regard sur la construction sociale, politique et culturelle d’une société. Le cas des individus ne trouvant pas leur bonheur dans un tel monde, ou refusant d’en suivre les règles, est considéré comme un problème marginal. Thomas More, dans son œuvre manifeste Utopia (1515) envi-sage l’éventualité que des citoyens de son île refusent de se plier aux règles communes et propose que ceux-ci soient condamnés à l’esclavage. Il ne considère pourtant pas cette impossibilité d’intégrer tout le monde à sa société parfaite comme une faille majeure de son système. Le Meilleur des mondes, de Aldous Hux-ley décrit aussi ce que serait la dictature parfaite : elle aurait les apparences de la démocratie, une prison sans mur dont les pri-sonniers ne songeraient pas à s’évader. Un système esclavagiste

Page 46: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

46Quelles sont les propositions légitimesde temps libre?

où la consommation et le divertissement font que les individus « éprouvent l’amour de leur servitude ».

Une dystopie – ou contre-utopie – est majoritairement orga-nisée de telle façon qu’elle empêche ses membres d’atteindre le bonheur. Contrairement à l’utopie dans laquelle cette « perfec-tion » est présentée par un sage, des personnes puissantes ou des gouverneurs, la dystopie montre la société à travers le regard de ceux qui subissent des lois injustes et immorales. Ce renver-sement du point de vue passe par la révolte d’un antihéros, per-sonnage principal justement inadapté et qui refuse de se fondre dans la société où il vit.

Les dystopies se placent dans un futur plus ou moins proche qui guette le présent. D’ailleurs, la société actuelle a été maintes fois comparée à l’œuvre de Georges Orwell, 1984, pourtant pu-bliée en 1949, notamment à cause du rapide développement de la (vidéo) surveillance au même titre que la technologie en général.

L’œuvre de Lois Lowry, Le Passeur écrit en 1993, dépeint une société future, aseptisée, dans laquelle l’individu est dénué de tout sentiment, de toute sensation et où le destin de chacun est programmé dès sa naissance. Seule une personne dans cette so-ciété échappe à cette lobotomie collective, il s’agit du passeur. Jonas, douze ans, sera formé par le passeur actuel pour être son successeur. Il recevra ce savoir par le don de transmission du vieil homme. Cet antihéros remet donc en question l’entière organisa-tion de la société isolée dans laquelle il a grandi. Chaque individu est destiné à une place, un emploi dans la cadre de la société et est supposé exécuter son rôle sans se poser de question. Sans liberté d’action et de pensée, on limite les risques de dérives.

« La communauté où il avait passé l’intégralité de sa vie était maintenant derrière lui, endormie. À l’aube, la vie ordonnée et disciplinée qu’il avait toujours connue continuerait sans lui. La vie où il ne se passait jamais rien d’inattendu. Ni d’im-portun. Ni d’inhabituel. La vie sans couleur, sans douleur, sans passé. »3

Page 47: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

Il semble indéniable que la dystopie soit un moyen de préven-tion, une œuvre fictive pour sonner subtilement l’alarme et attirer notre attention sur les failles de nos schémas sociaux. En effet, on remarque que les sociétés décrites dans ces ouvrages pourraient arriver dans la réalité, nous l’avons vu avec 1984.

Les œuvres contre-utopiques portent la marque des préoccu-pations et des inquiétudes de leur époque. La naissance du régime soviétique et, plus tard, la menace du totalitarisme offraient des thèmes idéaux à la naissance et au développement de la contre utopie. Si les avancées scientifiques et économiques de la première moitié du xxe siècle transfigurent la société américaine, elles se retrouvent dans le Meilleur des mondes de Aldous Huxley, sous la forme d’un système totalitaire et aseptisé.

Le revenu de base :

comment repenser notre rapport au travail ?

L’une des plus anciennes formulations de l’idée du revenu de base apparaît dans L’Utopie de Thomas More.

« Contre la pratique consistant à punir le vol par la potence, le personnage du voyageur suggère qu’il vaudrait sans doute mieux “assurer l’existence à tous les membres de la société, afin que personne ne se trouvât dans la nécessité de voler”. L’idée de substituer à la charité plus ou moins spontanée une forme de couverture sociale généralisée est alors dans l’air du temps, mais elle est systéma-tiquement associée à une exigence de contrepar-tie : pas de revenu sans travail pour celui qui en est capable. »5

Alexis Lecointe, ex-ingénieur, introduit son projet « Création pour un revenu de base » dans sa conférence gesticulée en tentant lui aussi de définir la notion de travail. Que ce soit l’écolier, qui passe une dizaine d’heures tous les jours à l’école, ou la plupart des femmes qui font la cuisine, le ménage, la lessive et les courses,

Page 48: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

48Quelles sont les propositions légitimesde temps libre?

peut-on considérer leur activité comme du travail ? La réponse du public est unanime dans les deux cas : oui. Ces activités bien qu’elles ne rentrent pas dans un cadre professionnel demandent toutes deux du temps, elles sont nécessaires et incontournables.

« Moi quand je rentrais du travail, après six à huit heures de boulot, j’avais encore quatorze heures de temps libre sur ma journée de vingt-quatre heures, donc beaucoup de temps. Sauf que je n’avais plus d’énergie pour l’habiter. »6

Un ressenti partagé par les travailleurs actifs, un vécu univer-sel, en effet, le rapport que nous entretenons généralement avec le travail se résume à la frustration de manquer de temps libre. Ce sentiment qui n’est, non pas la conséquence d’un manque de temps, mais d’un manque d’énergie pour occuper ce temps. Au jour d’aujourd’hui, les horaires sont démesurés et excessifs, les travaux intellectuels se concrétisent par des « burn-out », on passe nos journées devant des écrans et les travaux manuels de-viennent très rapidement aliénants et répétitifs.

D’après Alexis Lecointe, les revenus libres, qui nous laisse-raient le choix de nos activités, nous permettrait de nous offrir du « temps-énergie »6.

« Le revenu de base est un droit à ne pas travailler. Non pas que le but soit de ne pas travailler, bien au contraire, le but est de changer le travail, de déterminer ce que nous voulons produire, com-ment nous voulons le produire, pour que le tra-vail ait un sens autre que “ne pas…” (ne pas me retrouver à la rue, ne pas mourir de faim, ne pas être méprisé, etc.) »7

Le revenu de base, ou revenu libre, une nouvelle mesure éco-nomique, propose une rétribution (sous forme de monnaies, de services et bien gratuits, etc.) découplée de l’emploi8 en France, « inconditionnelle, individuelle, touchée de la naissance à la mort, inaliénable et cumulable »9.

Page 49: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

Alors qu’est ce que le revenu de base pourrait changer à notre relation au travail ? Il s’agirait avant tout de réduire le rapport de dépendance que l’on entretient à l’argent : « de l’argent pour ne plus penser à l’argent. »6 Pour que l’argent ne soit plus le centre de nos vies, afin de passer à l’économie du don10. Le fait d’avoir suffisamment pour vivre, entraînerait l’avantage de ne plus avoir à « marchandiser nos vies et diminuerait le problème de centralisa-tion du travail marchant. »6 Il ne s’agirait plus d’être de « simples esclaves du salariat, mais de libérer des qualités beaucoup plus hu-maines au service d’autrui. »6 Le travail-emploi continu et payé au temps est en régression rapide, nous l’avons vu avec Paul Viri-lio dans la première partie. Il devient de plus en plus difficile de définir une quantité de travail incompressible à accomplir par chacun au cours d’une période déterminée.

« Quand l’intelligence et l’imagination […] de-viennent la principale force productive, le temps cesse d’être la mesure du travail ; de plus, il cesse d’être mesurable. La valeur d’usage produite peut n’avoir aucun rapport avec le temps consommé pour produire. Elle peut varier très fortement selon les personnes et le caractère matériel ou immatériel de leur travail. »11

Albert Jacquard, chercheur et généticien humaniste, rappelle que le terme chômage était un mot très positif, il y a un siècle. En effet, le terme « chômage » est issu du latin caumare qui signifie « se reposer pendant la chaleur ». Jusqu’au xixe siècle, il signifie une cessation d’activité en général, pour quelque cause que ce soit. Puis il y a eu un renversement où finalement le chômage est devenu une non-activité subie, de même que l’activité est subie. « L’homme n’est pas là pour subir, c’est vrai dans la nature, les ani-maux subissent, les hommes ne subissent pas. »12 À la préhistoire, le froid ressenti par les premiers hommes a été suivi par l’inven-tion du feu, Albert Jacquard pointe ainsi la capacité de l’homme à s’adapter et à vivre en fonction des changements temporels et spatiaux. Et il en est de même pour ce qu’on a appelé le travail : quand le travail est subi, il faut le supprimer. C’est vrai aussi pour l’absence d’activité, lorsqu’elle est subie, il faut la supprimer. La

Page 50: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

50Quelles sont les propositions légitimesde temps libre?

société devrait être capable de proposer un nombre considérable d’activités à chacun, laissant l’opportunité à chacun de choisir.

Aussi, la distinction entre un travail contraint et un travail choisi est ici très claire, d’après André Gorz, philosophe et jour-naliste écosocialiste français, une distanciation par rapport au travail s’est installée. Il apparait dans toutes les enquêtes (qu’elles aient été faites en France, en Belgique, en Italie, aux Pays-Bas, ou en Allemagne) que les gens, particulièrement les moins de qua-rante ans, ne veulent plus s’identifier à leur travail. Pourtant, ce que nous demandons à notre travail, c’est avant tout d’être inté-ressant, de permettre une implication, d’être socialement utile et d’avoir un sens. Si celui ci n’a pas de sens, c’est qu’il s’agit d’un « gagne pain»13. Et puisque tout être humain est porteur de mé-tier, il devrait être possible de changer de travail aussi souvent que nécessaire, pour éviter la lassitude et le manque d’attrait.

Retournons au sens originel du terme, tel que le compagnon-nage l’a défini au xiie siècle, un métier c’est un « ministère mysté-rieux », contraction de deux mots latins : le ministère qui signifie « service » et le mystère.

« En effet, si l’on pratique un métier manuel, à travers la transformation de la matière, on est en lien avec la transformation de la nature donc c’est un rapport au mystère de l’univers. Dans un métier relationnel, le rapport est au mystère de la relation à autrui. En ce sens, un métier est quelque chose de plus fort qu’un simple “job”, qu’un emploi ou un travail. C’est sur l’axe des projets de vie. »14

Le métier serait donc, à l’origine, une dimension inconnue, dans laquelle l’homme s’investirait dans l’utilité communautaire ou dans l’exploitation des ressources naturelles à des fins maté-rielles, nous rapprochant du mystérieux cycle créateur de la vie.

On se rapproche ici des pensées de Hegel et de Marx vues précédemment. Ici s’ajoute une distinction entre ceux qui pen-seraient et ceux qui fabriqueraient. Qu’en est-il des métiers où ces deux capacités sont exploitées ? Et notamment, qu’en est-il du designer qui a toujours vacillé20 entre les deux ? Ces prouesses

Page 51: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

gymnastiques de l’esprit et du corps seront plus amplement dis-cutées dans la dernière partie de ce mémoire.

L’enjeu du bonheur au travail

Dans le contexte de ce mémoire, il est important de poser la question du bonheur au travail, puisque nous passons le plus clair de notre temps à travailler.

Nous parlerons donc ici de bonheur, en tant que « état durable de plénitude, de satisfaction ou de sérénité, d’où la souffrance, le stress et l’inquiétude sont absents. »15 Le mot « bonheur » vient de l’expression « bon eür ». « Eür » est issu du latin augurium qui signifie « accroissement accordé par les dieux à une entreprise ». Ce mot latin est lui-même issu d’une racine indo-européenne (re-constituée) aweg, dont les autres principaux représentants en latin sont : augere, auctus : « s’accroître » qui a donné « augmenter ».

Du point de vue de l’étymologie donc, le bonheur est l’abou-tissement d’une construction, qui ne doit pas être confondue avec la joie, qui est par définition passagère.

« Le fait que la création d’un auteur s’accroisse du-rablement provoque en lui-même l’accumulation des satisfactions, ce qui le mène au bonheur. »15

Ainsi, le besoin de s’élever soi-même à travers son activité professionnelle apparait comme naturel. Cependant, Isaac Getz, professeur de Leadership et de l’Innovation à ESCP Europe, pré-sente des chiffres établis selon une étude GALLUP datant de 201116.

Seulement 11 % des salariés français sont dits engagés contre 61 % qui serait désengagés et 38 % activement désengagés.

Si l’on remonte l’Histoire, où l’homme a d’abord évolué en no-made solitaire pour ensuite s’organiser en tribu, celui-ci a rapide-ment eu besoin de créer une structure sociale construite autour d’un chef dont la mission initiale était de maintenir la cohésion du groupe et donc d’être au service du peuple. Cependant, lorsque les grandes organisations industrielles ont été créées, elles ont transformé ce « leadership » en une pyramide hiérarchique. Des

Page 52: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

52Quelles sont les propositions légitimesde temps libre?

chefs intermédiaires ont été nommés, avec plus moins de pouvoir, entravant les employés au sein de cette pyramide. Ces concepts hiérarchiques ont été développés et viennent à l’origine de l’ar-mée, pour être importés par la suite dans l’industrie puisqu’il permettait aisément de pouvoir s’organiser à grande échelle. « Mais à condition de gommer les talents et la sensibilité des em-ployés et de leur ôter toute possibilité de penser par eux-mêmes, tout libre arbitre. » 21

Également, des outils tels que les pointeurs sont inventés dès le xviiie siècle en Angleterre afin de contrôler les heures de pré-sence des paysans analphabètes.

Aujourd’hui, la demande en performance et en réactivité des salariés est croissante, mais les structures dans lesquelles ils sont censés les exercer elles, n’ont pas évoluées. De l’ère industrielle à l’ère numérique, la valeur et l’innovation sont essentielles, car chaque employé compte et se doit de penser au profit de l’entre-prise. La structure pyramidale industrielle n’est donc plus adaptée.

Comment transformer cette structure pyramidale étouffante en une structure ouverte et créative dans laquelle chaque em-ployé pourrait innover ?

Quelques modèles alternatifs16 proposent des modes d’orga-nisations nouveaux.

Aux États-Unis, dans l’état de Californie, le vignoble de Sea Smoke est une petite entreprise créée par Bob Davids. Celui-ci applique le précepte de Lao Tseu18 : « Celui qui se conduit vraiment en chef ne prend pas part à l’action. »

Après avoir créé plusieurs entreprises devenues multina-tionales, Bob Davids est parti du constat suivant : « plus on est nombreux moins on s’amuse ». Sea Smoke est donc composé de six employés où les décisions ne sont jamais prises par une seule personne, surtout pas par le directeur. « Mon job c’est de poser les questions et le vôtre c’est d’y apporter les réponses. » commente Bob Davids, qui accorde sa pleine confiance à ses employés afin que chacun prenne ses responsabilités.

Mais qu’en est-il pour une entreprise de mille quatre cents salariés ?

Page 53: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

Retournons en France, à Montaubant dans l’usine Poult créée en 1983 par Emil Poult. Il s’agit ici d’une entreprise très hiérar-chisée : des chefs de ligne, un directeur d’usine, des chefs du personnel, des contremaîtres et des employés exécutants donc surveillés de près.

En 2001, Carlos Verhaeren relance Poult avec une toute nou-velle approche : il propose à tous les employés, toutes hiérarchies confondues de faire un brainstorming géant où tous sont libres de proposer leurs idées, peu importe leur qualification. La question centrale était de savoir comment améliorer leurs conditions de travail. Après une vague de scepticisme, il a été décidé de suppri-mer toute hiérarchie intermédiaire. Ainsi, le temps d’encadrement jugé inutile fut libéré et réemployé plus efficacement. En effet, les anciens cadres se sont vus attribuer de nouvelles fonctions d’accompagnement et de soutien. Ces changements ne sont pas bien évidemment pas effectués en un jour, avec du recul, un ancien chef de ligne témoigne : « c’est plus simple quand on vous donne des ordres. Avant c’était toujours la faute du chef, maintenant cha-cun doit prendre ses responsabilités. » L’entreprise devient trans-parente. Chaque employé organise sa journée comme il veut, à condition que le travail soit effectué. Les employés travaillent bien sûr avec les bras et les jambes, mais aussi avec la tête et donc avec une conscience professionnelle. Aussi, Poult affiche en 2014 une croissance insolente de 12 %.

Alexandre Gérard à la tête de l’entreprise Chronoflex à Nantes propose en 2012 les mêmes méthodes à ses employés en abor-dant la question de la rémunération et en mettant en place une prime à la rentabilité, représentant 15 % de la marge de l’entre-prise pour tous les employés.

Un salaire respectable, un sentiment d’ascension sociale et de reconnaissance, serait-ce la recette du bonheur au travail ?

« La confiance coûte beaucoup moins cher que le contrôle. »19

C’est d’après cette certitude que Isaac Getz et de Brian M. Car-ney écrivent en 2012 Liberté & Cie. Au centre de leur préoccupa-tion les entreprises qu’ils appellent « libérées », dans lesquelles

Page 54: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

54Quelles sont les propositions légitimesde temps libre?

la grande majorité de salariés se sont vus dotés d’une liberté et d’une responsabilité complète pour entreprendre toute action qu’eux-mêmes - et non pas leur supérieur - pensent être la meil-leure pour l’entreprise.

Ces quelques propositions dessinent l’ébauche de

changements pouvant impacter nos méthodes de

travail, ainsi que les lieux où celui-ci est produit. Le

temps et l’investissement que nous prêtons sont

intimement liés et demandent donc à être repensés.

Comment ce que Rifkin appelle la troisième révolution

industrielle, l’omniprésence du numérique dans

notre quotidien et la remise en question du salariat

ouvrent-t-ils le champ des possibles pour passer à

une « économie contributive » basée sur le partage ?

Page 55: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle
Page 56: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

56De nouveaux lieux pour une nouvellegestion du temps

Page 57: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

DE NOUVEAUX LIEUX POUR UNE NOUVELLEGESTION DU TEMPS

Partie trois

Page 58: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

58De nouveaux lieux pour une nouvellegestion du temps

« Ce lundi, je me suis portée volontaire pour orga-

niser et préparer le petit déjeuner hebdomadaire.

Dingo, l’analyste SEO, qui fait équipe avec moi,

m’a donné rendez-vous à huit trente pile de-

vant Moccu. Sachant que le petit déjeuner est

prévu pour dix heures et que nous avions pro-

posé de faire des crêpes “à la française”, l’ho-

raire m’avait d’abord paru matinal. Fidèle à moi-

même, en retard de dix minutes, je fais irruption

dans l’agence, cherchant Diego, préparant des

excuses en allemand, alors que je remarque que

les graphistes sont déjà au travail.

Alexia, surprise de me voir si tôt, me fait réali-

ser que je me suis manifestement trompée d’ho-

raire et que Diego ne se pointera pas avant neuf

heures. Décidée à prendre les choses en main,

je file devant faire les courses.

Moccu offre chaque lundi cent euros de bud-

get pour un petit déjeuner pour ses trente et

quelques employés. Une offre plus que généreuse

pour préparer un petit déjeuner digne de ce nom.

L’analyste italien me rejoint peu de temps après

Extrait du rapport de stage 100 jours à Berlin (pp.39-40),

effectué à Moccu, agence de création

de supports numériques basée à Berlin,

du 16 juin au 19 septembre 2014.

Page 59: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

mon retour et alors que j’entame les crêpes, ce-

lui-ci s’occupe en sifflotant de couper les diffé-

rents fruits et légumes, de mettre la charcute-

rie, le fromage, les “Brötchens” et les confitures

dans des récipients appropriés.

Il fait beau et chaud, tout le monde met du cœur

à l’ouvrage pour qu’on puisse s’installer dehors,

dans la cour intérieure. Chacun se remplit l’es-

tomac, profitant de la chaleur d’un été naissant

et même ceux qui ont encore les paupières un

peu lourdes d’un week-end agité sont gagnés par

la bonne humeur. C’est à ce moment opportun

que Björn décide de dissiper discrètement les

conversations diverses et de prendre la parole

en lançant un sympathique mais affirmé :

— Chers collègues, il est temps de décider comment nous allons travailler efficacement cette semaine. »

Page 60: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

60De nouveaux lieux pour une nouvellegestion du temps

Page 61: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

L’indépendance grâce au numérique

Lorsqu’Annick Lantenois écrit Le vertige du funambule, elle nous expose la situation d’une profession qui oscille entre l’instru-mentalisation subie par les pouvoirs économiques, politiques, et la tentative de réinsérer un discours critique dans la production.

Elle y décrit le jeu d’équilibre d’une profession en plein mu-tation, sans cesse renouvelée par l’apparition de nouvelles pra-tiques. Celle dont nous parlons ici : le numérique.

Partie intégrante de notre quotidien, les outils du numérique ne nous quittent plus. À la manière de prothèses, d’extensions et de second réceptacle de mémoire, ces derniers nous permettent progressivement de remettre en question les fondements de la relation employeurs-salariés. En effet, grâce à l’autonomie d’une simple connexion et la multitude d’applications accessibles, tout un chacun aurait aujourd’hui, la possibilité de travailler dans les lieux et sur les plages horaires de son choix.

1. SALARIÉS VS INDÉPENDANTS

DE NOUVEAUX LIEUX POUR UNE NOUVELLEGESTION DU TEMPS

Partie trois

Page 62: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

62De nouveaux lieux pour une nouvellegestion du temps

Les optimistes y voient un encouragement au travail indé-pendant et à la liberté, alors qu’une remise en cause des droits sociaux et une précarité généralisée, alertent les plus sceptiques. « Ambiguë, la révolution en cours déstabilise tout, y compris nos cadres traditionnels de pensée. S’il est difficile de prévoir jusqu’où ira cette transformation, une chose est sûre, elle va vite et semble inéluctable. »1

Alors, comment internet, les réseaux sociaux et la naissance d’une nouvelle économie et d’une nouvelle politique collabora-tives bouleversent les certitudes, et vont nous aider à résoudre les défis du xxie siècle ?

On parle souvent de la place qu’occupe le design dans le renou-vellement des industries, et donc de sa valeur ajoutée en tant que part créative dans la production de richesse du pays. Accompa-gner la transformation de nos modes de vie bouleversé par l’ère numérique, tel est le nouveau challenge de notre profession. À chaque invention ou poussée technologique s’avancent d’innom-brables opportunités de création.

Au jour d’aujourd’hui, une grande partie et certainement, très bientôt l’ensemble de nos besoins seront gérés par une seule interface, celle de notre mobile : allumer la lumière, faire nos courses, lire des livres, réserver nos billets d’avion. D’où l’impor-tance du graphisme de l’interface en question, de la lisibilité des informations et de l’organisation des données qu’elle propose. Il semble donc évident que le designer doit accompagner cette nouvelle proposition d’organisation spatiale et temporelle qui nous intéresse.

Travailler où et quand ?

Bernard STIEGLER rappelle l’importance de l’investissement dans le travail, qui semble être incompatible dans le cadre de l’emploi.

« Le travail, ce n’est pas l‘emploi. La plupart du temps, lorsque je travaille vraiment, c’est là où je ne suis pas employé. Et lorsque je suis employé,

Page 63: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

on m’empêche de travailler. [...] Le xxie siècle sera le siècle du développement du travail, ou ne sera pas, si je puis dire. »5

L’engagement nous obligerait à scinder en deux notre temps d’activité : un temps pour le « vrai travail » qui serait situé dans un « tiers lieux » – nous reviendrons sur cette notion – et un temps pour l’emploi réalisé sur le lieu de travail.

Aussi, il semble évident que la fonction et la raison du lieu de travail est fondamentalement remis en question par le progrès technique. Nous revenons sur un exemple tiré du documentaire Le bonheur au travail : en Belgique, SPF mobilité qui compte 1400 employés, propose à ces derniers de travailler où et quand ils le souhaitent. L’entreprise publique est déterminée à changer le mode de management pour que les employés soient traités comme des personnes autonomes et capables de prendre des initiatives. Le pointage est supprimé et les horaires remplacés par des objectifs. « Sans objectif, le travail de l’employé n’a aucun sens, l’absence même d’objectif est un facteur démotivant. »2

C’est ici que deux conceptions du travail s’affrontent. Car l’idée d’instaurer au sein des entreprises une relation de

confiance entre employés et dirigeants suppose que le contrôle intempestif du temps de travail soit supprimé. Seuls restent les objectifs et le temps inquantifiable qu’ils demanderont pour être atteints. Les syndicats de l’entreprise SPF voient dans cette proposition une suppression de la solidarité des salariés face à la hiérarchique au profit d’une émulation collective vers un but commun où les employés sont par conséquent mis en concurrence.

De plus, les petits bureaux sont transformés en « open space »3. Plus de bureau fixe, de place attitrée, chacun s’installe où bon lui semble. L’entreprise revendique une meilleure transparence en faisant tomber les murs. Le directeur, Laurent Ledoux abandonne également ses bureaux, symbole de la culture de l’ego4 dans l’en-treprise, pour s’installer lui aussi dans l’open space.

Cependant, selon Alain d’Iribarne, socio-économiste et di-recteur de recherche au CNRS, une telle mesure comporte éga-lement des risques :

Page 64: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

64De nouveaux lieux pour une nouvellegestion du temps

« Les dirigeants mettent en avant le mythe du “travail en projets” et de “coopération harmo-nieuse et créatrice”, mais l’open space peut être pathogène [...] il facilite la surveillance et la mise en compétition des salariés entre eux, facteur de stress qui aboutit souvent au contraire du but recherché, avec des salariés qui s’isolent en por-tant des écouteurs ou en se cachant derrière des montagnes de dossiers ou des plantes vertes. »14

L’open space ne serait-il qu’un outil de contrôle de plus mis en place par les directeurs dans le seul but de toujours augmenter le profit sans se soucier réellement du bien-être de leurs employés ?

Le rôle de la Génération Y

Si l’on suit l’avis de l’ancien président de HCL technologie, Vineet Nayar, nous faisons face à un problème de génération. À la tête de 90 000 employés, il suit la doctrine suivante : « les em-ployés d’abord, les clients ensuite ».

Et si les employés méritent son attention, c’est qu’à son sens, l’organisation du travail doit s’adapter à la « génération Y »6 à l’instar des changements survenus récemment dans les rapports familiaux.

En effet, les schémas familiaux ont évoluées vers plus de col-laboration et de communication. Les parents ont un rôle de men-tor, ils conseillent et aident les enfants, ce qui n’a plus rien à voir avec le passé lorsque les patriarches commandaient et exigeaient.

Par conséquent, il cite l’exemple emblématique de la Silicon Valley7, d’où s’étend une culture collaborative et une économie du partage et d’où l’on tirerait le meilleur de la génération Y, ré-putée très innovante. Car lorsque l’on parle d’entreprises proches de leurs employées, nous avons tous à l’esprit le mythe du cadre professionnel parfait véhiculé par Google, Facebook et Apple. Ces employés seraient à 100 % engagés, si l’on reprend le terme de Isaac Getz. Qu’en est-il ?

Google est devenu l’employeur de référence dans le monde. Il

Page 65: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

prend soin de ses employés et se soucie de leur bien-être en leur offrant de nombreux avantages. Ses méthodes de management inspirent beaucoup de start-up et d’entreprises. Fin octobre 2014, la société Google a été classée par l’Institut Great Place to work8 comme la meilleure multinationale où il fait bon travailler dans le monde.

Cependant, Jaron Lanier, chercheur en informatique, dénonce une organisation de travail investie par des parcelles de temps libre contrôlées pour une production optimale qui ne profite qu’à un seul individu.

« Regardez une société comme Facebook, on pour-rait croire que c’est très ouvert, sauf qu’elle est contrôlée par une seule personne. En un sens c’est un retour au dieu-Roi. »2

En effet, si tous les géants de l’économie numérique se donnent autant de mal pour le bien-être de leurs employés, cela cache une profonde crainte de la part de l’entreprise. Car à tout moment, chacun des employés peut quitter Google afin de créer sa propre start-up avec laquelle il pourrait aisément gagner plus d’argent qu’en tant que salarié. Face aux attraits de la Silicon Valley, les en-treprises dépensent sans compter : nourriture gratuite, massage, salles de sport, transports gratuits, congés paternité allongés etc.

Cependant, tous ces bonus n’ont rien à voir avec la nature réelle du travail, rien à voir avec les « entreprises libérée » de Isaac Getz où l’employé dit : « On me fait confiance, on me respecte, je m’éclate dans cette entreprise. »

Et quand on génère autant de richesse, il est facile de propo-ser des conditions de travail et des rémunération extraordinaires. Mais l’argent est-il vraiment le seul facteur de motivation dans le cadre de l’activité professionnelle ?

Il est vrai que lorsqu’on parle de l’emploi, la question de la rémunération9, du salaire donc, y est directement associée.

Pour Vineet Nayar, l’argent est un facteur de reconnaissance. Il représente l’équité entre les employés et un rapport de confiance

Page 66: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

66De nouveaux lieux pour une nouvellegestion du temps

au sein de la hiérarchie.

« L’argent est important. L’erreur est de penser qu’on ne travaille que pour l’argent. Si les gens vont à l’église le week end et sont heureux d’y dé-penser leur argent, c’est parce qu’ils y trouvent un but, un épanouissement, quelque chose de beau-coup plus grand qu’eux-mêmes, qui les inspire. »10

Alors pourquoi les employés sont-ils malheureux ? Tout sim-plement parce qu’ils n’y trouvent aucun sens.

« L’argent ne motive pas les gens, ou seulement un très petit moment. Ce qui motive les gens c’est de travailler dans le respect, la confiance de savoir qu’il font des choses qui les élèvent. »10

Pour le designer graphique, l’échange d’un service contre une rémunération passe généralement par l’élaboration d’un devis. Celui-ci a pour fonction première de renseigner le client sur les prix pratiqués par le graphiste. En principe, ces prix sont libres, mais la meilleure façon de les fixer serait de définir un coût ho-raire selon le temps de travail passé à réaliser la demande. C’est en effet sur ce point que la démarche de travail du graphiste est incomprise. Il est ici important de ne pas confondre les condi-tions de travail et les conditions de rentabilité. La conception, la production, la fabrication et les temps nécessaires à la rentabi-lité du projet sont des étapes bien différentes. Dans le cadre du travail du graphiste, c’est essentiellement la phase de recherche qui est difficile à évaluer. Il s’agit d’un travail conséquent, d’une recherche de références, d’essais et d’expérimentations dont le temps est indéfini. L’erreur, le lapsus, l’inattendu peuvent provoqué le déclic nécessaire qui déterminera la rentabilité de la démarche créative et par conséquent, la fin des recherches.

Et lorsque le devis est signé, celui-ci fait office de contrat, c’est à dire que le client accepte non seulement le principe de la prestation, mais aussi son montant. Mais le graphiste laisse éga-lement la liberté au client de comparer les prix avec ceux de la

Page 67: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

concurrence. Et devant le nombre grandissant de clients à l’affût de l’offre la plus avantageuse, la moins chère, l’avantage concur-rentiel15 permettrait d’aller plus loin.

Il s’agirait donc d’avoir des coûts plus bas que ses concurrents. Ce qui s’avère difficile à réaliser, dans le cas du design graphique, sans affecter la qualité du travail étant donné que celui-ci est lié à la main d’œuvre. Idéalement, il s’agirait aujourd’hui, de jouer la carte de la technologie, d’apporter une connaissance de l’envi-ronnement technologique du client et de l’adapter dans sa pro-position graphique afin de créer un outil singulier.

Entre autres, « explorer de nouvelles modalités et de nouveaux territoires de création. »11

Aussi, principalement à cause de la concurrence, le design est le seul domaine où le travail spéculatif12 est pratiqué dans le cadre de l’« échantillon » ou d’un concours, où un client formule une demande auprès de plusieurs designers (d’une trentaine à une centaine selon l’appel d’offre) qui travaillent en concurrence pour « gagner le poste ». Cette méthode de travail banalise entiè-rement toute forme de relation entre le designer et le client. Alors que ceux-ci devraient s’entendre sur les besoins et les attentes de l’un et les propositions et mises à dispositions des compétences de l’autre, seul compte l’appât du gain.

Et alors que l’essence du métier de designer réside dans la volonté « d’accompagner les individus dans la lecture de la com-plexité »13, cet objectif est vulgarisé par les pouvoirs économiques et politiques. Comment le designer graphique peut-il dans ces conditions garder sa posture critique et continuer à pratiquer le métier dans le contexte qui est à présent le sien : une culture numérique où il faut croiser l’individuel et le collectif ?

Page 68: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

68De nouveaux lieux pour une nouvellegestion du temps

2. L’ASSOCIATIF, FUTUR DE EMPLOI ?

Vers une économie contributive ?

« Dans mon pays [Les États-Unis], 10 % de l’em-ploi est désormais concentré dans le secteur à but non-lucratif. Parce que c’est là que les êtres humains créent un capital social et que l’activité économique se fonde sur l’engagement de l’être humain envers leur semblable. »1

David Grabber soutient que le mal-être au travail vient de ce qu’il appelle les « bullshit jobs »2 : « plus votre travail profite aux autres, moins vous êtes payés, mise à part quelques exceptions comme les médecins. Mais regardez les infirmières ou les éboueurs. »

Aurait-on perdu toute considération pour les ouvriers ou les pionniers de notre société ? Comment revenir à une valorisation du travailleur ?

Bernard Stiegler rappelle que le modèle consumériste est ap-paru au début du xxe siècle, précédé par un modèle capitaliste industriel productiviste. Il s’agit donc d’un capitalisme d’inves-tissement qui repose sur une combinaison étroite entre tech-nique et science et qui va permettre d’organiser une production très importante. Le consumérisme s’apparente au départ au for-disme. Les producteurs perdent leur savoirs professionnels et les consommateurs leurs savoirs-vivre.

Qu’est ce qui rend nécessaire une économie contributive ?D’abord, il est inéluctable que le modèle du libre, l’open source

s’impose, un modèle industriel déprolétarisant3.Amartya Sen, prix Nobel d’économie, parle d’« incapacita-

tion ». Il a décrit ce processus dans une analyse comparative entre l’espérance de vie des habitants de Harlem et des habitants du Bengladesh. Ces derniers, épargnés par le consumérisme, ont préservé leurs relations sociales et leurs capacités, c’est à dire leurs savoirs.

L’économie de la contribution consisterait à reconstituer de telles capacités en se basant sur l’implication et la responsabili-sation des concernés.

Page 69: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

L’émergence des tiers-lieu

Né d’une approche sociologique de nos territoires, le concept de « Tiers-lieu » se développe en France et dans le monde à grande vitesse. À l’origine, l’idée était de créer des lieux permettant aux travailleurs indépendants de ne pas rester isolés en travaillant chez eux et de pouvoir trouver un espace permettant la sociali-sation et l’échange. Il s’agirait donc de lieux intermédiaires entre nos lieux de vie privée et de vie professionnelle, destinés à être des espaces physiques ou virtuels de rencontres entre personnes et compétences variées qui autrement n’auraient pas forcément vocation à se croiser.

Les tiers-lieux seraient-ils les justes milieux entre vie privée et vie publique ? Ces lieux hybrides et fluides où convergent des dynamiques de développement économique, social et culturel permettraient-ils de travailler librement, sans contraintes hié-rarchiques et temporelles ?

En effet, le tiers-lieu est, « par nature, un “entre deux”, entre espace personnel et espace ouvert, domicile et travail, convivia-lité et concentration. »4 On constate que le mode de fonctionne-ment du tiers-lieu s’oppose aux formes traditionnelles du lieu de travail. Il privilégie l’interdisciplinarité et le partage du savoir.

« Alors que la maison et les endroits de vie consti-tuent les “premiers-lieux”, les “second-lieux” – les places de travail où les individus passent le plus clair de leur temps – les “tiers-lieux” repré-sentent pour leur part des points d’ancrage de la vie communautaire qui favorisent des échanges plus larges et plus créatifs au niveau local et per-mettent ainsi d’entretenir la sociabilité urbaine. Ces lieux ne sont pas les espaces publics habi-tuels (aéroports, gares, parcs) qui voient passer une foule hétérogène. Ce sont des endroits plus localisés et dont l’espace, favorisant les liens et les échanges, a été accaparé par les individus. »5

L’émergence de ces lieux traduit une rupture radicale dans le

Page 70: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

70De nouveaux lieux pour une nouvellegestion du temps

modèle organisationnel et met donc en évidence le profond be-soin de changement. « Nous sommes aujourd’hui rentrés dans un nouvel univers sociétal et donc économique sans encore être capables d’en maîtriser les règles et les tiers-lieux constituent sans doute un laboratoire expérimental de ce futur sociétal. »4

Sur la même dynamique, les « FabLab », contraction de l’an-glais fabrication laboratory, « laboratoire de fabrication »)6, lieux ouverts au public, mettent à disposition toutes sortes d’outils à l’intention d’entrepreneurs, de designers, d’artistes mais égale-ment pour des bricoleurs, des étudiants ou des hackers.

En somme, les tiers-lieux seraient dédiés à ceux que l’on appelle communément les « créatifs » et qui correspondraient plutôt à des entrepreneurs sociaux inscrits dans une démarche d’avancement d’innovation sociale à tous les niveaux de la société. « Convaincu qu’économie et développement humain sont compa-tibles »7, ils souhaitent favoriser l’innovation comme réponse aux défis de la société et encourager ceux qui entreprennent autre-ment. Leur vision est résolument centrée sur les personnes et leur capacité à provoquer des changements significatifs autour d’eux, notamment par l’entrepreneuriat social, la créativité et l’innovation.

« La notion de travail est au cœur du Tiers Lieu. Si elle est centrale, c’est qu’il y a urgence. Celle de trouver des solutions pour améliorer les conditions de vie des citoyens et dépasser les crises écono-miques et écologiques majeures. »8

Page 71: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle
Page 72: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

72 Conclusion

Page 73: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

Conclusion

Le temps semble être devenu une ressource des plus rares et des plus convoitées. À travers l’expérience professionnelle vécue au sein de l’agence Moccu – et dans l’appréhension de celles qui m’attendent – j’ai souhaité axer mon étude sur l’articulation entre le temps et l’activité professionnelle, ou comment l’équilibre entre ces deux notions pourrait être amené à évoluer.

Au fil de mes recherches, il m’est apparu que les notions à la fois opposées et complémentaires de travail et d’emploi étaient au cœur d’un questionnement économique, politique et social qui fait l’actualité. Des réflexions autour de la procrastination ou des slow mouvement, présentées comme des réponses aux compor-tements frénétiques de surconsommation, tentent d’imaginer un modèle sociétal alternatif où le temps se trouve autrement reparti ; aux propositions, pouvant être considérées comme utopiques parce qu’elles proposent un renouveau du travail en supprimant l’emploi, il m’a semblé important de resituer l’individu dans la dimension subjective de l’activité professionnelle, souvent mini-misée au sein des entreprises.

Aussi, la question primaire qui m’avait motivée à entreprendre le travail de ce mémoire : « comment pouvons-nous nous réappro-prier notre temps, et donc notre vie ? » prend sens dans un état des lieux des prospectives proposées notamment par Jérémy Rifkin, Bernard Stiegler et Michel Bauwens. En effet, tous trois, malgré certaines divergences d’analyse, se rejoignent autour d’impor-tants bouleversements auxquels nous faisons face depuis l’avène-ment du numérique, devenu omniprésent dans notre quotidien. D’après Annick Lantenois, il s’agit d’un« nouveau seuil de com-plexité technique » au sein duquel il se constituerait une culture

Page 74: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

74 Conclusion

qui refermerait de nouvelles pratiques émergentes des nouvelles technologies. En effet, celles-ci ont apporté à la fois de nouveaux objectifs à atteindre aux entreprises et de nouvelles méthodes, mais aussi de nouveaux outils pour y parvenir.

Et nous avons vu que si ces changements affectent tout type de structures, leurs acteurs (notamment issus de la génération Y) pensent et mettent en place de nouvelles formes et méthodes de travail en parallèle de l’avancée technologique. Il apparaît que le lieu de travail serait fortement questionné par l’émergence de tiers lieux. Ces nouvelles structures, à mi-chemin entre l’emploi et le travail personnel, impliquent l’entrepreneuriat social dans une démarche contributive de partages et d’échanges afin de fa-voriser l’innovation. Il s’agit là de répondre aux défis de la société et d’encourager ceux qui entreprennent autrement.

Après avoir achevé ce mémoire, il semble plus qu’évident que ces tiers lieux constitueront le champ d’action dans le cadre du macro-projet. Comment ses structures émergentes s’orga-nisent-elles sur le plan interne, à l’intérieur du lieu-même et sur le plan externe, comment créent-elles du lien entres elles ? Quels sont les outils et les méthodes mises en place afin de tra-vailler de manière à rentabiliser sainement le temps passé sur chaque projet ?

Page 75: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle
Page 76: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

76 Annexes

Page 77: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

AnnexesLexique

Remerciements

Colophon

Page 78: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

78 Annexes

fonction/ place que l’on occupe

celui qui se conduit vraiment en chef ne prend pas part à

l’action

suppression des hiérarchies intermédiaires

transparence

revalorisation

emulation collective vers un but commun

objectifs argent

enrichissementpassionloisirs

ce qu’on possèdenous possède

rémunération

utilisation des techniques

facteur de liberté

ou aliénation

une peine, un effort

activité professionnelle

temps

ère du numérique

fraction de l’activité humaine

distribution / fraction

production

hiérarchie (pyramide) industrie

vient de l’armée

chefs/directeurs

cadres

employés

maîtrise de la nature devoir

moral

processusd’humanisation

l’économiedevient une fin

la technique nous perdra

l’hôm libreest devenu esclave

de la technique

soumission au rythme

de la machine

espace de travail

perte de contrôlepointage

contre-maître

leadership gommage des talents,

sensibilité, pensée

liberté par la technique

nomade solitaire

organisation en tribu

délimite le cadre

articulationdissociation

structure sociale

activités sociales,

culturelles,ludiques,

relationnelles

pouvoir du temps libre

Histoire

«se plier dans»

au service du peuple1ère mission : maintenir la

cohésion du groupe

questiondu bonheur au travail

libération du temps

d’encadrement inutile

Liberté de décison : où et quand travailler

mesure du temps de travail remise en question

personnes autonomescapables de prendre des initiatives

sociale rythme de vie

causé par le moteur économique : concurrence et l’argent

technique

relation de confiance entre chefs et employés

fin de la culture de l’égo

open-space

libre et partagé

chaque employé compte-> structure pyramidale plus adaptée

famine temporelle facteur de motivation

facteur de reconnaissance

montre l’équité

mais peu motivant

il faut des objectifs qui font sens.

emploi travail

temps de travail

accélération

valeurs - innovations

temps personnel

entreprises libérées

AUJOURD’HUI

la différenciation fonctionnelle (la division du travail notamment)

le moteur culturel (la promesse de l’accélération)

dictature de l’individualisme & réalisation personnelle.

immortalité numérique

burn-out

51% des français pensent que le manque de temps

est un problème

Page 79: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

fonction/ place que l’on occupe

celui qui se conduit vraiment en chef ne prend pas part à

l’action

suppression des hiérarchies intermédiaires

transparence

revalorisation

emulation collective vers un but commun

objectifs argent

enrichissementpassionloisirs

ce qu’on possèdenous possède

rémunération

utilisation des techniques

facteur de liberté

ou aliénation

une peine, un effort

activité professionnelle

temps

ère du numérique

fraction de l’activité humaine

distribution / fraction

production

hiérarchie (pyramide) industrie

vient de l’armée

chefs/directeurs

cadres

employés

maîtrise de la nature devoir

moral

processusd’humanisation

l’économiedevient une fin

la technique nous perdra

l’hôm libreest devenu esclave

de la technique

soumission au rythme

de la machine

espace de travail

perte de contrôlepointage

contre-maître

leadership gommage des talents,

sensibilité, pensée

liberté par la technique

nomade solitaire

organisation en tribu

délimite le cadre

articulationdissociation

structure sociale

activités sociales,

culturelles,ludiques,

relationnelles

pouvoir du temps libre

Histoire

«se plier dans»

au service du peuple1ère mission : maintenir la

cohésion du groupe

questiondu bonheur au travail

libération du temps

d’encadrement inutile

Liberté de décison : où et quand travailler

mesure du temps de travail remise en question

personnes autonomescapables de prendre des initiatives

sociale rythme de vie

causé par le moteur économique : concurrence et l’argent

technique

relation de confiance entre chefs et employés

fin de la culture de l’égo

open-space

libre et partagé

chaque employé compte-> structure pyramidale plus adaptée

famine temporelle facteur de motivation

facteur de reconnaissance

montre l’équité

mais peu motivant

il faut des objectifs qui font sens.

emploi travail

temps de travail

accélération

valeurs - innovations

temps personnel

entreprises libérées

AUJOURD’HUI

la différenciation fonctionnelle (la division du travail notamment)

le moteur culturel (la promesse de l’accélération)

dictature de l’individualisme & réalisation personnelle.

immortalité numérique

burn-out

51% des français pensent que le manque de temps

est un problème

Page 80: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

80 Annexes

OCCIDENT CHRÉTIEN (xiE SIÈCLE)Seul futur possible : l’éternité.Les fêtes religieuses permettent de se rapprocher du temps sacré opposé au temps profane.Fractionnement de la journée : prière sept fois par jour.

DE LA RENAISSANCE AUX LUMIÈRES (xviiiE SIÈCLE)Maîtrise de la nature (Descartes)Avènement des progrès techniques L’Europe s’ouvre au Monde : les grandes découvertes navales (Colombe et Magellan)Passage du temps cyclique au temps linéaire.

RÉVOLUTIONS INDUSTRIELLESProductivité horaireOrdre, régularité, synchronisation et vitesse

La durée mesurée et fractionnée :le temps devient un outil de rationalisation et d’économie.Division du travail, parcellisation des tâches.Travail à la chaîne, répétition des gestes.Élimination des temps morts.

Naissance de la ponctualité (pointage) :La discipline horaire entre dans les mœurs,produire plus vite et quantitativement.Répétition mécanique sans fin.Planification qui pallie l’irrégularité du geste.

Baisse du coût unitaire du produit quidémocratise la consommation

Électroménager accessible pour tous, qui effectue les tâches quotidiennes qui supposent une libération du temps du temps de la femme au foyer.

VERS L’ÈRE NUMÉRIQUEInformatique

Augmentation de la vitesse de calculPuissance constamment augmentée des processeurs (loi de Moore)Gain de productivité et suppression d’emplois.Numérisation de la société.

La technologieTemps immédiat

le “tout, tout-de-suite” de la société communicationnellehyper-compression du temps réel (distance, espace, temps)L’immédiateté à laquelle nous contraint le numérique ne coïncide pas avec celle de l’instant mais de la réactivité :répondre aussitôt pour pouvoir enchaîner sur une autre urgence.multi-tâches, simultanéité.

Famine temporelle, accélérationLe temps historique produit des moments à des intervalles toujours plus brefs.La vitesse devient l’arme principale pour se défendre.Le pouvoir de l’urgence et des réactions instantanées.

SOCIÉTÉ RYTHMÉE PAR LA RELIGION

RÉINTÉGRER LES ATTITUDES DU TRAVAIL DANS LE QUOTIDIEN MORCELLEMENT DES TÂCHES RENTABILISER LES ACTIVITÉS.

PROGRÈS TECHNIQUE NE SERAIT PAS AU SERVICE DU TEMPS LIBRE : IL PROPOSERAIT PLUTÔT UN NOUVEL USAGE DU TEMPS

INVENTION DE L’ORDINATEUR INVENTION DE L’INTERNET

L’AVANCÉE TECHNIQUE POUR PLUS D’EFFICACITÉ ET DE SIMPLICITÉ FACE AU PARADOXE DU MANQUE DE TEMPS.

La

me

sure

d

u

tem

ps

pe

nd

d

es

inst

rum

en

ts d

on

t on

dis

po

se

con

dam

ne

l’ o

isiv

eté

cult

ure

de

l’e

ffica

cité

De

pu

is u

n s

iècl

e a

ug

me

nta

tion

de

la v

itess

e :

com

mu

nic

atio

n :

107

%tr

ansp

ort

s p

ers

on

ne

ls :

102

%tr

aite

me

nt

de

l’in

form

atio

n :

1 0

10 %

-2

he

ure

s e

so

mm

eil

en

mo

ins

Cu

lte

de

la P

erf

orm

ance

Apparition du temps libreCe qui reste une fois que le devoir du travail a été accompli.Temps de compensation. besoin de rupture avec le travail.

séparation vie privée - vie publiqueOpposition du temps de travail (temps contraint) au temps libre (loisir)

VacancesSe déprogrammer de son existence socialeabsence d’obligation et de restriction?

L’immédiateté à laquelle nous contraint le numérique ne coïncide pas avec celle de l’instant mais de la réactivité : répondre aussitôt pour pouvoir enchaîner sur une autre urgence (zapping, défilement d’unetâche à une autre.) Distractions ininterrompus pour l’œil :infobésité, restreint le temps alloué à la réflexion personnelle.

Multitâches : accumuler, condenseret superposer un maximum de tâches.Démultiplier le nombre d’activité.Rendement personnel maximal.

L’homme hyper-actif et débordédécuple la quantité des activitéset des souvenirs pour agrandir sa frise chronologique personnelle.Goûter la vie dans toutes ses dimensions devient une aspiration centrale de l’homme.

Divertissement permet de se détourner et fuir la pensée des maux dont l’on souffre pour mieux les supporter.Le bonheur assuré par le divertissement est limité au temps qu’il dure. Moyen de nier notre angoisse face à la mort pour accéder à l’éternité.Le temps ne passe plus mais s’accumule.

XIXe siècleChaos lié à la brutalité économique industrielleurbanisation incontrôlée néfaste aux hommes et à l’économie.> réponse : création ou «design graphique» : ordre/lisibilité

1920/1950 la forme suit la fonction répondre aux ravages de la guerre par une forme de logique programmatique.courant fonctionnaliste du design

1990 : crise du tempsnouveau seuil de complexité technique.

du blason au logoaffaiblissement du sentiment d’appartenance incapacité à se projeter dans le futur et l’oubli du passé vont de pair avec l’hypersensibilité au présent.graphisme «d’utilité publique»

Ornement vs lisibilitérecherche d’originalité au moment où la généralisation des logiciels de composition risquerait de conduire à une production uniformisée.

2010 : habiter l’hyper-modernitéL’enjeu nouveau du numériqueNouvelle collaboration établie entre le designer et le programmeur Nouvelle mission : organiser la lisibilité du monde actuel étendu par les environnements numériques.

LE TEMPS AU FIL DE L’HISTOIRE

Page 81: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

OCCIDENT CHRÉTIEN (xiE SIÈCLE)Seul futur possible : l’éternité.Les fêtes religieuses permettent de se rapprocher du temps sacré opposé au temps profane.Fractionnement de la journée : prière sept fois par jour.

DE LA RENAISSANCE AUX LUMIÈRES (xviiiE SIÈCLE)Maîtrise de la nature (Descartes)Avènement des progrès techniques L’Europe s’ouvre au Monde : les grandes découvertes navales (Colombe et Magellan)Passage du temps cyclique au temps linéaire.

RÉVOLUTIONS INDUSTRIELLESProductivité horaireOrdre, régularité, synchronisation et vitesse

La durée mesurée et fractionnée :le temps devient un outil de rationalisation et d’économie.Division du travail, parcellisation des tâches.Travail à la chaîne, répétition des gestes.Élimination des temps morts.

Naissance de la ponctualité (pointage) :La discipline horaire entre dans les mœurs,produire plus vite et quantitativement.Répétition mécanique sans fin.Planification qui pallie l’irrégularité du geste.

Baisse du coût unitaire du produit quidémocratise la consommation

Électroménager accessible pour tous, qui effectue les tâches quotidiennes qui supposent une libération du temps du temps de la femme au foyer.

VERS L’ÈRE NUMÉRIQUEInformatique

Augmentation de la vitesse de calculPuissance constamment augmentée des processeurs (loi de Moore)Gain de productivité et suppression d’emplois.Numérisation de la société.

La technologieTemps immédiat

le “tout, tout-de-suite” de la société communicationnellehyper-compression du temps réel (distance, espace, temps)L’immédiateté à laquelle nous contraint le numérique ne coïncide pas avec celle de l’instant mais de la réactivité :répondre aussitôt pour pouvoir enchaîner sur une autre urgence.multi-tâches, simultanéité.

Famine temporelle, accélérationLe temps historique produit des moments à des intervalles toujours plus brefs.La vitesse devient l’arme principale pour se défendre.Le pouvoir de l’urgence et des réactions instantanées.

SOCIÉTÉ RYTHMÉE PAR LA RELIGION

RÉINTÉGRER LES ATTITUDES DU TRAVAIL DANS LE QUOTIDIEN MORCELLEMENT DES TÂCHES RENTABILISER LES ACTIVITÉS.

PROGRÈS TECHNIQUE NE SERAIT PAS AU SERVICE DU TEMPS LIBRE : IL PROPOSERAIT PLUTÔT UN NOUVEL USAGE DU TEMPS

INVENTION DE L’ORDINATEUR INVENTION DE L’INTERNET

L’AVANCÉE TECHNIQUE POUR PLUS D’EFFICACITÉ ET DE SIMPLICITÉ FACE AU PARADOXE DU MANQUE DE TEMPS.

La

me

sure

d

u

tem

ps

pe

nd

d

es

inst

rum

en

ts d

on

t on

dis

po

se

con

dam

ne

l’ o

isiv

eté

cult

ure

de

l’e

ffica

cité

De

pu

is u

n s

iècl

e a

ug

me

nta

tion

de

la v

itess

e :

com

mu

nic

atio

n :

107

%tr

ansp

ort

s p

ers

on

ne

ls :

102

%tr

aite

me

nt

de

l’in

form

atio

n :

1 0

10 %

-2

he

ure

s e

so

mm

eil

en

mo

ins

Cu

lte

de

la P

erf

orm

ance

Apparition du temps libreCe qui reste une fois que le devoir du travail a été accompli.Temps de compensation. besoin de rupture avec le travail.

séparation vie privée - vie publiqueOpposition du temps de travail (temps contraint) au temps libre (loisir)

VacancesSe déprogrammer de son existence socialeabsence d’obligation et de restriction?

L’immédiateté à laquelle nous contraint le numérique ne coïncide pas avec celle de l’instant mais de la réactivité : répondre aussitôt pour pouvoir enchaîner sur une autre urgence (zapping, défilement d’unetâche à une autre.) Distractions ininterrompus pour l’œil :infobésité, restreint le temps alloué à la réflexion personnelle.

Multitâches : accumuler, condenseret superposer un maximum de tâches.Démultiplier le nombre d’activité.Rendement personnel maximal.

L’homme hyper-actif et débordédécuple la quantité des activitéset des souvenirs pour agrandir sa frise chronologique personnelle.Goûter la vie dans toutes ses dimensions devient une aspiration centrale de l’homme.

Divertissement permet de se détourner et fuir la pensée des maux dont l’on souffre pour mieux les supporter.Le bonheur assuré par le divertissement est limité au temps qu’il dure. Moyen de nier notre angoisse face à la mort pour accéder à l’éternité.Le temps ne passe plus mais s’accumule.

XIXe siècleChaos lié à la brutalité économique industrielleurbanisation incontrôlée néfaste aux hommes et à l’économie.> réponse : création ou «design graphique» : ordre/lisibilité

1920/1950 la forme suit la fonction répondre aux ravages de la guerre par une forme de logique programmatique.courant fonctionnaliste du design

1990 : crise du tempsnouveau seuil de complexité technique.

du blason au logoaffaiblissement du sentiment d’appartenance incapacité à se projeter dans le futur et l’oubli du passé vont de pair avec l’hypersensibilité au présent.graphisme «d’utilité publique»

Ornement vs lisibilitérecherche d’originalité au moment où la généralisation des logiciels de composition risquerait de conduire à une production uniformisée.

2010 : habiter l’hyper-modernitéL’enjeu nouveau du numériqueNouvelle collaboration établie entre le designer et le programmeur Nouvelle mission : organiser la lisibilité du monde actuel étendu par les environnements numériques.

LE TEMPS AU FIL DE L’HISTOIRE

Page 82: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

82 Annexes

EXEMPLE D’UN STAGE EN AGENCE GRAPHIQUE À BERLIN

un espace de travail

aménagements / services

une équipe pluridisciplinaire

berlin

bureaux en open spaceEspace libre et partagédeux salles de conférence

- cuisine aménagée- machine à café- cour intérieure- table de ping-pong

- petit déjeuner pris en charge par deux personnes chaque lundi matin- punching bag- boissons à volonté gratuites

vacance active : un autre versant de la productivité.forme de la vacance dans la représentation du temps

une trentaine de personnes :trois directeurs et partenaires, les d’employés - des programmeurs, des graphistes et des chefs de projet (junior/senior) - une secrétaire générale et son assistante, un administrateur système, deux directeurs créatifs, un analyste SEO, un étudiant en alternance, une stagiaire et un agent d’entretien.

«Une capitale pauvre mais sexy» Klaus Wowereit, maire de Berlin.

10h 19h

pauses clopecafés temps de discussions

pause midi

temps vacant à distribuer sur le temps de l’activité professionel

«Cool, tolérante, pas chère, douce à vivre.» (tiré de 50elysee.com)

- 3 517 424 habitants au 31 décembre 2013 pour 891,82 km², presque 8 fois plus grand que Paris.- ville mondiale culturelle/artistique de premier plan.- particularité de la ville : présence de nombreux lacs et rivières, le long des cours d’eau.- parcs (lecture, sport, promenade, bronzette, fête entre amis ect) : Tiergarten, «véritable poumon vert de la ville», 3km sur 1km)

Globalmement, pas de reglemementations.

de l’espace dans la ville

- Priorité aux vélos, pistes cyclables dans toute la ville, trocs de vélos pas chers (principalement pour les expatriés)- Dix lignes de métro, qui marchent toute la nuit le vendredi et samedi.

la circulation dans la ville

«parce que pédaler c’est mieux que ramer.»

10h-19h

temps libre vacant, en dehors du temps de l’activité professionnelle

-> nourrit le temps professionel

Page 83: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

EXEMPLE D’UN STAGE EN AGENCE GRAPHIQUE À BERLIN

un espace de travail

aménagements / services

une équipe pluridisciplinaire

berlin

bureaux en open spaceEspace libre et partagédeux salles de conférence

- cuisine aménagée- machine à café- cour intérieure- table de ping-pong

- petit déjeuner pris en charge par deux personnes chaque lundi matin- punching bag- boissons à volonté gratuites

vacance active : un autre versant de la productivité.forme de la vacance dans la représentation du temps

une trentaine de personnes :trois directeurs et partenaires, les d’employés - des programmeurs, des graphistes et des chefs de projet (junior/senior) - une secrétaire générale et son assistante, un administrateur système, deux directeurs créatifs, un analyste SEO, un étudiant en alternance, une stagiaire et un agent d’entretien.

«Une capitale pauvre mais sexy» Klaus Wowereit, maire de Berlin.

10h 19h

pauses clopecafés temps de discussions

pause midi

temps vacant à distribuer sur le temps de l’activité professionel

«Cool, tolérante, pas chère, douce à vivre.» (tiré de 50elysee.com)

- 3 517 424 habitants au 31 décembre 2013 pour 891,82 km², presque 8 fois plus grand que Paris.- ville mondiale culturelle/artistique de premier plan.- particularité de la ville : présence de nombreux lacs et rivières, le long des cours d’eau.- parcs (lecture, sport, promenade, bronzette, fête entre amis ect) : Tiergarten, «véritable poumon vert de la ville», 3km sur 1km)

Globalmement, pas de reglemementations.

de l’espace dans la ville

- Priorité aux vélos, pistes cyclables dans toute la ville, trocs de vélos pas chers (principalement pour les expatriés)- Dix lignes de métro, qui marchent toute la nuit le vendredi et samedi.

la circulation dans la ville

«parce que pédaler c’est mieux que ramer.»

10h-19h

temps libre vacant, en dehors du temps de l’activité professionnelle

-> nourrit le temps professionel

Page 84: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

84 Annexes

Page 85: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

Utopies, Dystopies

En 1932, Aldous Huxley écrit Le Meilleur des Monde. Il y imagine une société qui utiliserait la génétique et le clonage pour le conditionnement et le contrôle des individus. Dans cette société futuriste, tous les enfants sont génétiquement conditionnés pour appartenir à l’une des cinq catégories de population. Ce mode d’organisation sociale se retrouve dans d’autres ouvrages du même type, notamment dans Divergente de Veronica Roth publié en 2011.

La série télévisée britannique Black Mirror, créée par Char-lie Brooker en 2011, alerte sur les dérives possibles de certaines technologies et attitudes en général. Loin de la condamnation, la série révèle une critique acerbe de l’humanité occidentale, riche et confortable, mais sans jamais rentrer dans le jugement ni dans la démesure. Car finalement, dans chaque épisode, on trouve une vraie résonance avec notre époque actuelle, une réflexion sur les futurs éventuels. D’après Charlie Brooker :

« Chaque épisode a un casting différent, un décor différent et une réalité différente, mais ils traitent tous de la façon dont nous vivons maintenant - et de la façon dont nous pourrions vivre dans dix mi-nutes si nous sommes maladroits. »1

Le troisième épisode de la première saison, intitulé The Entire History Of You, se déroule dans un futur plus lointain – quelques décennies, tout au plus – dans lequel les humains fortunés se font implanter une puce leur permettant d’enre-gistrer absolument tous leurs souvenirs et de les regarder à loisir, soit en surimpression sur leur vision, soit sur un écran. Cette technologie qui semble à première vue révolutionnaire, une prothèse mécanique remplaçant notre mémoire et nos supports d’archives tels que la photographie et la vidéo. Seu-lement, ceux-ci poussent rapidement les individus à la para-noïa. Impossible ici de ne pas faire un parallèle avec les lunettes connectées Google Glass, qui permettront très bientôt d’être en

Page 86: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

86 Annexe

liaison constante avec Internet sans avoir à dégainer le moindre « smartphone » et qui pourront capturer du contenu en un cli-gnement d’œil. Black Mirror est pessimiste, c’est un fait. Mais son ambition, est avant tout de présenter la technologie non-pas comme la cause de tous les maux, mais comme un filtre révélateur des comportements humains – un « miroir noir ».

1. Les Inrocks, mars 2014 : http://www.lesinrocks.com/2014/03/16/cinema/top-10-des-series-british-ne-pas-manquer-11488406/ (consulté le 4 avril 2015)

Page 87: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

Le revenu de base

face aux défauts du RSA

« Toutes les idées, toutes les utopies peuvent se réaliser, du moment qu’il y a assez de personnes pour y croire. »11

Le revenu de base ? Pas si utopique que ça. Partons du RSA12. (qui a remplacé le RMI13. en 2009) : celui-ci fonctionne mal. Ainsi, une personne sans emploi touche environ trois cents euros par mois, mais ce revenu a un effet pervers. Alors que la mission locale lui propose une mission d’intérim14, celui-ci hésite à accepter cet emploi ponctuel, car une fois la mission terminée, il devra refaire les démarches administratives afin de toucher de nouveau le RSA.

Par ailleurs, une personne, ayant un emploi à mi-temps, possède un droit au RSA activité. Or soixante-huit pour cent des travailleurs à bas salaire l’ignorent et par conséquent ne le demandent pas, ou sont découragés par les démarches admi-nistratives à effectuer (en France, un SDF sur quatre a un em-ploi et pourrait toucher le RSA). Manifestement, le RSA échoue dans sa lutte contre la pauvreté des travailleurs.

Quant à ceux qui ont un salaire variable, le revenu qu’ils perçoivent est imprévisible. De plus, des erreurs se produisent régulièrement, entraînant des demandes de remboursements lorsque l’allocataire a accidentellement trop perçu d’argent. Ainsi le RSA accroît l’incertitude et déstabilise encore plus les personnes en situation précaire. En somme, si le revenu de base, universel, inconditionnel, individuel, venait à rem-placer le RSA, les personnes sans emploi n’hésiteraient plus à en chercher un. Plus de non-recours pour les personnes tou-chant un bas salaire et plus de stigmatisation, de démarches administratives, ou d’incertitudes face au montant du revenu à percevoir le mois suivant.

Cependant, la principale critique faite au revenu de base, c’est qu’il ferait augmenter les impôts. Une étude du Mouve-ment Français pour un Revenu de Base15 montre que la mise

Page 88: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

88 Annexes

en place du revenu de base modifierait légèrement la redis-tribution actuelle. La situation financière des célibataires ne resterait quasiment inchangée. Les couples modestes et les couples de classe moyenne seraient avantagés alors que les plus riches y perdraient un peu. Cependant, le revenu de base permettrait de faire des économies de gestion par rapport au RSA, en n’en tenant compte, il est possible que les plus riches ne soient pas perdants.

De plus, le système actuel désavantage les couples pauvres s’ils se marient et favorisent à l’inverse les couples riches ma-riés. En conséquence, celui-ci s’introduit dans notre vie privée afin contrôler d’éventuels fraudeurs qui feraient croire à une colocation alors qu’ils sont en couple. Enfin, le système crée un rapport de dépendance entre les conjoints. Le revenu de base permettrait de répondre à tous ces problèmes puisqu’il est bien universel, inconditionnel et individuel.

11. Götz Werner, fondateur de l’entreprise allemande DM (Drogerie Markt) dans Le revenu de base, promesse d’un avenir meilleur? le 23 avril 2014, ARTE : http://future.arte.tv/fr/sujet/le-revenu-de-base-promesse-dun-avenir-meilleur

12. RSA : voir lexique

13. RMI : voir lexique

14. L’intérim en droit du travail est le temps pendant lequel une fonction est assurée par un remplaçant, le titulaire étant indisponible. Ce nom est issu du latin interim qui signifie « pendant ce temps-là » : http://fr.wikipedia.org/wiki/Int%C3%A9rim_%28travail%29 (consulté le 23 février 2015)

15. Le revenu de base, ce n’est pas sorcier… chiffres à l’appui, Jean-Eric Hyafil & Léon Régent, le 18 décembre 2014 : http://revenudebase.info/2014/12/18/revenu-base-pas-sorcier-chiffres-lappui/et Le revenu de base, c’est pas sorcier ! Quatre mini-films pédagogiques sont le résultat d’un travail réalisé par Jean-Eric Hyafil, Jonathan de Mulder, Amaru Mbape, Léon Régent, Marc de Basquiat et Sébastien Calvez pour le Mouvement Français pour un Revenu de base : https://www.youtube.com/

Page 89: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

Loi de Moore

Cofondateur de la société Intel, Gordon Moore avait affirmé dès 1965 que le nombre de transistors par circuit de même taille allait doubler, à prix constants, tous les ans. Il rectifia par la suite en portant à dix-huit mois le rythme de doublement. Il en déduisit que la puissance des ordinateurs allait croître de manière exponentielle, et ce pour des années. Il avait raison. Sa loi, fondée sur un constat empirique, a été vérifiée jusqu’à aujourd’hui. Il a cependant déclaré en 1997 que cette croissance des performances des puces se heurterait aux environs de 2017 à une limite physique : celle de la taille des atomes.

Application de la loi de Moore

Qu’un PC acheté en 2003 soit à la fois cinq fois moins cher, dix fois moins lourd, cent fois plus puissant et beaucoup plus ergonomique que notre premier ordinateur, cela ne fait aucun doute. Mais il y a un corollaire à la loi de Moore, dont les ven-deurs de hardware ne parlent jamais : c’est que tout ordina-teur devient obsolète... au plus tard le jour de son déballage. Et plus on ajoute de fonctionnalités à un ordinateur, plus on augmente la probabilité des « bugs ».

1. La loi de Moore fixe un cycle de dix-huit mois pour les doublements de nombre de transistors, rendant les ordinateurs rapidement obsolètes. © JeanbaptisteM, Flickr CC 2.0

Page 90: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

90 Annexes

Page 91: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

Le mythe de Potagoras

Protagoras : Quand le moment d’amener à la lumière [les espèces mortelles] approcha, [les dieux] chargèrent Prométhée et Epiméthée de les pourvoir et d’attribuer à chacun des qualités appropriées. Mais Epiméthée demanda à Prométhée de lui laisser faire seul le partage. « Quand je l’aurai fini, dit-il, tu viendras l’examiner. » Sa demande accordée, il attribua aux uns la force sans la vitesse, aux autres la vi-tesse sans la force ; il donna des armes à ceux-ci, les refusa à ceux-là, mais il imagina pour eux d’autres moyens de conservation ; car à ceux d’entre eux qu’il logeait dans un corps de petite taille, il donna des ailes pour fuir ou un refuge souterrain ; pour ceux qui avaient l’avantage d’une grande taille, leur grandeur suffit à les conserver, et il appliqua ce procédé de compensation à tous les animaux. Ces mesures de précaution étaient destinées à prévenir la disparition des races. Mais quand il leur eut fourni les moyens d’échapper à une destruction mutuelle, il voulut les aider à supporter les saisons de Zeus ; il imagina pour cela de les revêtir de poils épais et de peaux serrées, suffisantes pour les garantir du froid, capables aussi de les protéger contre la chaleur et destinées enfin à servir, pour le temps du sommeil, de couvertures naturelles, propres à chacun d’eux ; il leur donna en outre comme chaussures, soit des sabots de corne, soit des peaux calleuses et dépourvues de sang ; ensuite il leur fournit des aliments variés suivant les espèces, aux uns l’herbe du sol, aux autres les fruits des arbres, aux autres des racines ; à quelques-uns même il donna d’autres animaux à manger ; mais il limita leur fécondité et multiplia celle de leurs victimes, pour assurer le salut de la race.

Cependant Epiméthée, qui n’était pas très réfléchi, avait, sans y prendre garde, dépensé pour les animaux toutes les facultés dont il disposait et il lui restait la race humaine à pourvoir, et il ne savait que faire. Dans cet embarras, Prométhée vient pour examiner le partage ; il voit les animaux bien pourvus, mais l’homme nu, sans chaussures, ni couverture, ni armes, et le jour fixé approchait où il fallait l’amener du sein de la terre à la lumière. Alors Prométhée, ne sachant qu’imaginer pour donner à l’homme le moyen de se conserver, vole à Héphaïstos et à Athéna la connaissance des arts avec le feu ; car, sans le feu, la connaissance des arts était impossible et inutile ; et il en fait présent à l’homme. L’homme eut ainsi la science propre à conserver sa vie ; mais il n’avait pas la science politique ; celle-ci se

Page 92: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

92 Annexes

trouvait chez Zeus, et Prométhée n’avait plus le temps de pénétrer dans l’acropole que Zeus habite et où veillent d’ailleurs des gardes redoutables. Il se glisse donc furtivement dans l’atelier commun où Athéna et Héphaïstos cultivaient leur amour des arts, il y dérobe au dieu son art de manier le feu et à la déesse l’art qui lui est propre, et il en fait présent à l’homme, et c’est ainsi que l’homme peut se procurer des ressources pour vivre. Dans la suite, Prométhée fut, dit-on, puni du larcin1 qu’il avait commis par la faute d’Epiméthée.

Quand l’homme fut en possession de son lot divin, d’abord à cause de son affinité avec les dieux, il crut à leur existence, privilège qu’il a seul de tous les animaux, et il se mit à leur dresser des autels et des statues ; ensuite il eut bientôt fait, grâce à la science qu’il avait, d’articuler sa voix et de former les noms des choses, d’inventer les maisons, les habits, les chaussures, les lits, et de tirer les aliments du sol. Avec ces ressources, les hommes, à l’origine, vivaient isolés, et les villes n’existaient pas ; aussi périssaient-ils sous les coups des bêtes fauves, toujours plus fortes qu’eux ; les arts mécaniques suf-fisaient à les faire vivre ; mais ils étaient d’un secours insuffisant dans la guerre contre les bêtes ; car ils ne possédaient pas encore la science politique dont l’art militaire fait partie. En conséquence ils cherchaient à se rassembler et à se mettre en sûreté en fondant des villes ; mais quand ils s’étaient rassemblés, ils se faisaient du mal les uns aux autres, parce que la science politique leur manquait, en sorte qu’ils se séparaient de nouveau et périssaient.

Alors Zeus, craignant que notre race ne fût anéantie, envoya Hermès porter aux hommes la pudeur2 et la justice, pour servir de règles aux cités et unir les hommes par les liens de l’amitié. Hermès alors demanda à Zeus de quelle manière il devait donner aux hommes la justice et la pudeur. « Dois-je les partager, comme on a partagé les arts ? Or les arts ont été partagés de manière qu’un seul homme, ex-pert en l’art médical, suffît pour un grand nombre de profanes, et les autres artisans de même. Dois-je répartir ainsi la justice et la pudeur parmi les hommes, ou les partager entre tous ? – Entre tous, répondit Zeus ; que tous y aient part, car les villes ne sauraient exister, si ces vertus étaient, comme les arts, le partage exclusif de quelques-uns ; établis en outre en mon nom cette loi, que tout homme incapable de pudeur et de justice sera exterminé comme un fléau de la société.»

1. Platon, Protagoras, 320d-322d

Page 93: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

Google

1. Si vous postulez chez Google vous avez 0,2% de chance d’être embauché

Les services de recrutement de Google reçoivent 3 millions de candidatures chaque année. Et ils n’en retiennent que 7000… Cela signifie que seulement un candidat sur 428 est embau-ché au final à l’issue du processus de recrutement, ce qui fait de Google un lieu où la sélection est encore plus sévère que pour entrer à Harvard, Yale ou Stanford. D’après le DRH de Google, Laszlo Bock, pour certains postes le recrutement peut durer entre 6 et 9 mois avec parfois entre 15 et 25 entretiens d’embauche pour un seul candidat.

2. Google dépense 80 millions de dollars par an pour nour-rir ses employés

La nourriture à volonté et gratuite pour tous les employés, c’est une tradition depuis la naissance de Google. Avec le temps et la croissance des effectifs, cet avantage en nature a pris des proportions démesurées avec des restaurants dans tous les coins des Googleplex. En moyenne un employé n’est jamais à plus de 45 mètres (150 pieds) d’un lieu où il peut se restaurer ou réchauffer un plat. En 2008, Google ne comptait encore « que » 18.000 employés dans le monde mais servait déjà 40.000 repas par jour pour un coût annuel estimé à 80 millions de dollars. A l’époque, les équipes de restauration représentaient déjà 675 personnes et la viande de poulet coûtait à elle seule un million de dollars par mois. En 2014, les effectifs sont deux fois plus importants par rapport, on vous laisse faire le calcul de ce que coûte la cuisine interne aujourd’hui.

3. Le salaire moyen chez Google est de 94.000 euros annuels

Les Googlers sont, d’après un classement réalisé par le site Glassdoor, les employés les mieux payés au monde. Avec 128.000 dollars annuels en moyenne (soit environ 94.000 euros

Page 94: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

94 Annexes

annuels, l’équivalent d’un peu plus de 7800 euros par mois…). A cela s’ajoutent évidemment tous les avantages (comme la nourriture gratuite, les navettes pour aller au travail sur cer-tains sites…). Les Googlers sont incontestablement les mieux lotis au monde en matière de rémunération.

4. Les employés de Google s’autoévaluent

Chez Google on ne fait rien comme les autres et il n’y a pas de traditionnel entretien annuel d’évaluation avec un manager, cet exercice imposé qui n’est pas toujours utile. Les employés s’autoévaluent selon la méthode OKR : Objectif and Key results (Objectifs et résultats-clés ou ORC en français, une méthode traduite sur le Journal du net). Ctte méthode de notation des employés permet de faire des points réguliers et de voir concrè-tement les résultats obtenus en fonction des objectifs définis au départ. Le système est simple, efficace, incontestable et surtout transparent : vous pouvez consulter les résultats de tous vos collègues y compris du patron de Google, Larry Page.

5. Google applique le Principe de Pareto avec 20% de temps « libre »

La règle des 80/20 (plus connue sous le nom de principe de Pareto) est appliquée chez Google pour permettre aux em-ployés de travailler sur des projets personnels. Ils auraient le droit d’y consacrer 20% de leur temps. Cette liberté laissée aux Googlers a permis de faire naître des idées comme Gmail ou AdSense, Google trouve donc un intérêt à laisser incuber des projets individuels en interne. Une forme d’intraprenariat qui aurait du plomb dans l’aile depuis l’an dernier, ce que Google a démenti. Concrètement, 20% du temps de travail représente un jour complet de la semaine, mais la journée de travail des Googlers est à géométrie variable…

1. «Mode(s) emploi, le monde du travail décrypté par RegionJob», novembre

2014 : http://www.blog-emploi.com/travailler-chez-google/ (consulté le 14

avril 2015)

Page 95: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle
Page 96: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

96 Annexes

«Résultat d‘enquête : La créativité en danger. Et on n‘a plus le temps d‘en parler.» : http://www.laboiteatruc.comEntre le 15 et le 24 août 2013, KRC RESEARCH a demandé à 404 créatifs de faire l’état des lieux de la créativité, pour le compte d’iStock.

«Les métiers déchiffrés (avec humour) en infographies» : http://www.konbini.comCertains métiers ont un intitulé plutôt obscur. Pour comprendre réellement ce que fait un community manager ou encore un responsable développement durable, le site Merci Alfred a publié une infographie amusante qui déchiffre – à sa manière – ces professions.

Sagmeister Stefan, «le pouvoir du temps libre» : http://www.ted.com/

Page 97: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

Studio Vitamins «Calendrier LEGO connecté» : http://www.konbini.comOrganiser la vie d’un bureau, des legos et Google. Plutôt que de s’embarrasser avec de multiples post-its, ses membres ont choisi de construire un calendrier Lego dans le bureau, se synchronysant automatiquement avec les Googles Calendars et autres iCal de tout ce petit monde à l’aide d’un simple software.

Nuschool project : «How much should I charge?» : http://thenuschool.com/how-much/#/hourratesTout travail mérite salaire, et quand on s‘engage sur un projet avec un client, il est important de prévoir au préalable une rémunération adéquate au temps passé, à la réponse apportée. «How Much Should I Charge?» est un module intelligent, il calcule le tarif à partir de critères comme la nature du projet, le type de client, le temps de travail estimé, le tarif horaire et l‘intérêt porté au projet.

Page 98: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

98 Annexes

Réalisé par La Coopérative des Tiers-Lieux, «Comment créer un Tiers lieu?» : septembre 2014Crédits : certains pictogrammes ont été réalisés par les contributeurs de The Noun Project

COMMENTCRÉER UN tiers-lieu ?COMMENTCRÉER UN

AMORÇAGE de l’initiative

ANCRAGE LOCAL

du réseau

Où ?

Territoire rural

Territoire péri-urbain

Territoire urbain

TIERS-LIEU STRUCTURANT ET DE PROXIMITÉLe tiers-lieu rural fait référence à ce petit café

de village, fermé l’année passée, qui permettait de faire des rencontres, créait du lien, donnait

de l’information, du service… On y retrouve ses habitués et des gens de passage.

TIERS-LIEU MÉTROPOLITAINLes tiers-lieux métropolitains ou urbains peuvent être thématisés par secteur d’activité, ils sont en

perpétuel mouvement, de flux, d’allers-venues. Ils représentent une alternative durable, collective

et intelligente à la pression foncière.

TIERS-LIEU DE PROXIMITÉLe tiers-lieu péri-urbain est un espace qui répond

directement au besoin de désengorger l’accès aux grands centres, réduire les déplacements

pendulaires et éviter l’effet «ville-dortoir».

STATUTJURIDIQUEQuel portage ?

Sources de financementSources de

financement

COMMUNAUTÉ

Pour qui ?

THÉMATIQUEDU LIEU ?

LANCEMENTdu projet

CRÉATIONdu lieu

GESTIONde l’espace

ANIMATIONde la

communauté

Quel type de tiers-lieu ?

?DANS QUEL LIEU

COMBIENDE M2COMBIENDE M2

- Amé -- nage - - ment -

QUELSÉQUIPEMENTS

?

LESSERVICES À DEUX PAS

Formules

TARIFS

- CONTRA - - CTUALI - - SATION -

À quelle

heure ?

HYBRIDATIONDES PRATIQUES

POSTUREDU

CONCIERGE

CO-CRÉATIONMAILLAGETERRITORIAL

CO-CRÉATIONMAILLAGETERRITORIAL

COOPÉRATION ENTRE

ESPACES Participationà la vie locale

Servicespartagés

MUTUALISATION DES MOYENS

Collectif d’utilisateurs Ok PROCESSUS

BOTTOM-UP

PUBLICMIXTEPRIVÉ

Sociétéprivée Association/

collectif Association/collectivité locale

Collectivité locale

SARL, SAS

SCI

Coopérative(SCOP, SCIC)

Association

Collectivité locale

Pas de statut

?

PROCESSUS EXPERIMENTAL

Économie contributive

> Locations d’espaces (bureaux, salles, habitations...)

> Cotisations et adhésions

> Formations, événements, ateliers extérieurs

> Ventes de produits (bar, restaurant, FabLab...)

Pas d’intervention

Mise à disposition des locaux

Aide au lancement (politique numérique, innovation, ESS, développement durable...)

Soutiens ponctuels (événements, partenariats...)Gestion et

animation du lieu

DÉCALAGE CULTURELAVEC LES PUBLICS !

Tous types d’utilisateurs

Indépendants, micro structures

Télétravailleurs salariés

ArtisansEntrepreneurs

agilesChercheurs

Ok OUVERTURE

Ouvert à tous

Télécentre

Centre d’affaires

Espace de coworking

Hackerspace

Atelier partagéNo

ENVIRONNEMENT

COLLABORATIF

DIVERSITÉ DES

RENCONTRES

!

Lieu déjà « programmé » (bureaux, ateliers...)

Lieu « transformé » (cyber café, maison

d’habitation, boucherie...)Lieu « reconquis »

(bars, cinémas, friches industrielles, universités, espaces publics...)

Selon la communauté initiale (pragmatisme, 10 m2/utilisateur tertiaire)

Selon le potentiel estimé d’utilisateurs (intuition, sans étude des besoins)

Selon le potentiel avéré d’utilisateurs (prospection, avec étude des besoins)

> Espace détente

> Espace de création

> Espaces de vie collective

BureauxConnexion internet

Écrans

Cuisine partagée

ImprimanteVidéo-projecteur Salle de jeux

DoucheImprimante 3D

Visio Parking

Bars, restaurants

La Poste, tabac,

presse

Marché, épicerie,

supermarché

Crèche, garderie,

école

À la carteHeure/demi-journée/

journée/semaine/mois

Sans engagementJournée/semaine/mois

Avec engagementTrimestriel/semestriel/annuel

Bas10-15 €/jour

100-200 €/mois

Moyens15-20 €/jour

200-300 €/mois

Élevés20-30 €/jour

300-400 €/mois

Cotisation association

Bail précaire

Convention de mise à disposition

24/24-7/7(badge, clé, code)

9h - 18h (avec concierge)

9h -18h (avec concierge) / 24/24-7/7 (badge, clé, code) Veilleur

Explorer, initier, contribuer

JardinierFaciliter,essaimer, anticiper

FacteurAdministrer,

gérer, diffuser

ConciergeAccueillir,

représenter, animer

Formations pair à pair

Think tank

Lieu relais Amap

Ateliers de fabrication participatifs

Ressourcerie commune

Jardin partagé

Galerie d’expositions

Habitat partagé

Boîte aux lettres, domiciliation

Bar, restaurant

Conciergerie

Crèche, garderie

Recommandation des autres espaces

Partage d’expérienceset échange de bonnes pratiques

Diffusion des informations des autres espaces

Actions collectives avec les associations locales(Amap, associations culturelles...)

Conventions avec les entreprises, les collectivités et les universités locales

Sensibilisation et médiation auprès des voisins

Dispositif de réservation et de facturation en ligne

Partage et création collective de programme d’animations

Outils numériques partagés (appareil photo, traceur, imprimante 3D...)

Appartenance aux communautés d’espaces

locales, nationales et internationales

Participation aux rencontres locales, nationales ou internationales dédiées aux pratiques collaboratives

Salles de réunionMachine à café

Normes

2e nécessi

RÔLE DES ACTEURSPUBLICS

?

MODULABLE

Accès

OkSERVICES DE PROXIMITÉ

Ok

FLEXIBILITÉ

? ADAPTATION

AUX BESOINS

UTILISATEURS

Ok

INTELLIGENCECOLLECTIVE

ARTICULATIONSPECIFIQUE AVEC LE TERRITOIREOk

ESPACE

SANS ACCUEIL

Pas de concierge

No !

CULTURE

DU BIEN

COMMUNOkOk

Engagement pour un changement global vers une économie de la contribution

au service du « mieux vivre ensemble »

Ok

Étudiants

Demandeurs d’emploi

Réseaude confiance Ok BIENVEILLANCE

Économie classique

> Contributions utilisateurs (aménagement, temps...)

> Crowdfunding

GOUVERNANCE

PARTAGÉ

?

Colocation de bureaux

Extincteurs

Accès handicapéTrousse secours1 re nécessité

Lieu devenu « partagé » (gares SNCF, bureaux de Poste...)

> Isoloirs

?

Facture

CHARTE DE VALEURS

RÈGLES DE VIE

COMMUNE

? !

ÉQUILIBREVIE PROVIE PERSOESSAIGRATUIT

Ok

Lieu de retransmission TED, MOOC...

La vie du lieuColunch

Workshop, barcamp

Ateliers thématiques,boîtes à idées

Conférences, ateliers, événements

LIEU VIVANT

ET DURABLE

Ok

Ok

VERS UNE

TRANSITION

SOCIETALE

Un tiers-lieu est l’expression d’aspirations individuelles et collectives réunies sur un même espace physique.

Une prise de conscience des enjeux environnementaux, un modèle économique contributif et un rapport horizontal à la production et à la consommation sont à la source des tiers-lieux.

Toutes les étapes de ces questionnements sont le signe d’un élan collectif vers une nouvelle forme d’engagement citoyen.

En parallèle, voire au sein même des tiers-lieux, les individus repensent ensemble tous les domaines de la vie de la cité : la nature, l’agriculture, le bien commun, l’éducation, la propriété, le travail, l’entrepreneuriat, l’innovation, le territoire, l’habitat, l’énergie, la diffusion et le partage de l’information et du savoir, le numérique, l’industrie et la politique.

“Les Tiers-Lieux sont importants pour la société civile, la démocratie, l’engagement civique et instaure un sentiment d’espace.” Ray Oldenberg, “The Great, Goodplace”

Ecosystème : numérique, communi-cation, culturel, développement du-

rable, artisanat, art, métiers de la ville

?

tiers-lieu ??Ok

Pratiquesfondamentales

Pratiquesdérivées

Pratiques spécifiques

!Pratiqueslimitées

No Comme il existe autant de façons de faire que d’initiatives, nous avons souhaité présenter un regard sur leurs processus de création. Cette proposition d’itinéraire est issue de retours d’expériences et de savoirs tacites collectés par La Coopérative des Tiers-Lieux auprès d’utilisateurs, de concierges et de gérants d’espaces.

La mise en commun et le croisement de ces données ont permis de découper la vie d’un tiers-lieu en six phases. Ce parcours est conçu pour décliner les alternatives de développement à chaque étape de la conception d’un tiers-lieu, de l’amorçage à l’ancrage local en passant par l’animation de la communauté.

Cette infographie sert de révélateur critique. En effet, les étapes clés sont ponctuées de réflexions illustrant les dérives, les écueils, les pratiques spécifiques et les principes fondamentaux qui gravitent autour de la création collective d’un tiers-lieu. Ceci n’est pas un mode d’emploi mais un panorama des possibles.

Licence Creatives Commons Infographie mise à disposition selon les termesPaternité - Pas d’utilisation commerciale - Partager à l’identique

la coopérative

Réalisée par La Coopérative des Tiers-Lieux, septembre [email protected]

SourcesAccompagner le développement des tiers-lieux en Aquitaine, AUDAP, décembre 2013Alléger la ville. Des stratégies de lieux partagés, La Fing, août 2013Making space for others, Adaptive Lab, février 2013Manifeste des Tiers-Lieux Opensource, Open SCOP, décembre 2013

CréditsCertains pictogrammes ont été réalisés par les contributeurs de The Noun Project

La Coopérative des Tiers-LieuxLucile Aigron / Marie-Laure Cuvelier06 20 96 04 15 / 06 50 46 82 [email protected]

Région AquitaineDélégation TIC / Eugénie Michardière05 57 57 82 [email protected]

> Postes de travail(open space/bureaux fermés)

> Espaces vides

Motivations communesLien social, mutualisation,

conciliation des temps, collaboration, partage,

expérimentation...

Relais de communication

FabLab

départdépart

Porteurs de projet

Artistes Cadres itinérants

Mélanie Boué alias Nepsie, «l’idée d’un revenu de base» : http://nepsie.fr/

Page 99: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

Jérémy Rifkin, «Nord-Pas de Ca-lais, la troisième révolution est en marche!» : http://www.latroisiemerevolutio-nindustrielleennordpasdecalais.fr/jeremy-rifkin/

«Repère sur les révolutions tech-niques et leur impact indus-triel», Le Un - Comment réinven-ter son travail ? n° 28, 15 octobre 2014

Page 100: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

100 Lexique

Page 101: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

LexiqueAbstinence numérique :Alex Ründe, journaliste dans un grand quotidien allemand s’impose six mois d’abstinence numérique. « Toujours branché, toujours joignable. Voilà la devise. Dans la plupart des cas, elle n’est pas négociable. » Dans une vie autant marquée par le monde numérique, il est évident que l’envie d’un ralentissement du numérique se développe. Beaucoup ont tenté de s’imposer une abstinence totale d’Internet. C’est en général resté une tentative d’évasion. Rien d’étonnant, un sevrage numérique total est au final irréaliste. S’accorder de temps à autre le luxe de se déconnecter, comme un régime, peut par contre être particulièrement attrayant.Source : Florian Opitz, arte.tv

Aliénation (dans le travail) : être aliéné signifie être dépossédé de soi-même. L’aliénation est ici une mise à l’extérieur de soi, correspondant à une perte de soi et non à une médiation dans la réalisation de soi. Elle est une objectivité ratée. Source : philolog.fr

Automatisation :L’automation industrielle est l’art d’utiliser les machines afin de réduire la charge de travail du travailleur tout en gardant une productivité et la qualité. Elle fait appel à des systèmes électroniques qui englobent toute la hiérarchie de contrôle-commande depuis les capteurs de mesure, en passant

A

Page 102: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

102 Lexique

par les automates, les bus de communication, la visualisation, l’archivage jusqu’à la gestion de production et des ressources de l’entreprise.source : arsindustrialis.org et wikipédia.

Big Data : Chaque jour, nous générons 2,5 trillions d’octets de données. A tel point que 90 % des données dans le monde ont été créées au cours des deux dernières années seulement. Ces données proviennent de partout : de capteurs utilisés pour collecter les informations climatiques, de messages sur les sites de médias sociaux, d’images numériques et de vidéos publiées en ligne, d’enregistrements transactionnels d’achats en ligne et de signaux GPS de téléphones mobiles, pour ne citer que quelques sources. Ces données sont appelées Big Data ou volumes massifs de données.source : ibm.com

Burn out :ou syndrome d’épuisement professionnel.L’épuisement professionnel est surtout connu sous l’appellation anglaise burnout. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), il se caractérise par « un sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d’incapacité à aboutir à des résultats concrets au travail ». C’est en 1969 que le terme burnout a été utilisé pour la première fois. Il a fait l’objet de nombreuses définitions depuis.– Freudenberger, 1974 (Free Clinic) : « leurs ressources internes en viennent à se consumer comme sous l’action des flammes, ne laissant qu’un vide immense à l’intérieur, même si l’enveloppe externe semble plus ou moins intacte »– Maslach (1976) : « une incapacité d’adaptation de l’intervenant à un niveau de stress émotionnel continu causé par l’environnement de travail »– Freudenberger(1981) : « un épuisement des

B

Page 103: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

ressources internes de l’individu et la diminution de son énergie, de sa vitalité et de sa capacité à fonctionner, qui résultent d’un effort soutenu déployé par cet individu pour atteindre un but irréalisable, et ce, en contexte de travail, plus particulièrement dans les professions d’aide »1- Épuisement émotionnel (anesthésie, froideur)2- Déshumanisation (cynisme)3- Dégradation du sentiment d’accomplissement personnel (frustration, démotivation, inutilité)

Carrière : Profession, état, étude. Choisir ou se choisir une carrière. Entrer dans la carrière politique. Faire ses premiers pas dans la carrière du gouvernement. La carrière du barreau. La carrière militaire. La carrière des armes.Source : littre.reverso.net/

Capitalisme : Le capitalisme apparaît historiquement dès que la bourgeoisie, à l’ère du machinisme, généralise un mode de développement économique basé sur la recherche du profit maximum. Donc il se généralise avant Taylor et Ford, qui le rationnalisent. Des modes de production capitalistes ont également existé dès l’Antiquité (par ex : les mines du Laurion qui servait à produire de l’argent à Athènes au ve siècle).

Chômage :peut être défini comme l’état d’inactivité d’une personne souhaitant travailler. Cette définition du chômage connaît de nombreuses variantes et son concept donne toujours lieu à des controverses théoriques et statistiques. – Le chômage est souvent considéré comme résiduel et volontaire jusqu’au début du xxe siècle.– Lors de la Grande Dépression des années 1930, le

C

Page 104: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

104 Lexique

chômage devient par son ampleur un des problèmes sociaux et économiques les plus centraux des pays développés. La détermination du niveau de l’emploi devient également avec cette crise économique une des questions les plus fondamentales de la réflexion économique : des économistes comme Keynes affirment que l’équilibre de plein emploi n’est pas spontanément garanti, mais que l’État a les moyens de rétablir le plein emploi.– La réflexion sur la dynamique économique montre par ailleurs que le progrès économique et social résulte d’un « mouvement de destruction créatrice » (l’expression est de l’économiste autrichien Joseph Schumpeter), ce qui accrédite la question de la nécessité et d’un savoir-faire en matière de réallocation des ressources (et donc en particulier celle du travail et de l’emploi).– Depuis la fin des Trente Glorieuses, les pays d’Europe occidentale ont pu voir réapparaitre de façon plus régulière ou plus durable des niveaux de sous-emploi très élevés, associés à des phénomènes de nouvelle pauvreté, de précarité et d’exclusion. En tant que transformateur de la structure sociale de la société, bouleversant la vie des plus touchés, tout en suscitant l’inquiétude de nombreux actifs le chômage est revenu au premier plan du débat politique.– Selon le BIT, est chômeur toute personne (de 15 ans ou plus) qui remplit les critères suivants :– « être sans travail », c’est-à-dire ne pas avoir d’activité, même minimale, pendant la semaine de référence ;– « être disponible pour travailler », c’est-à-dire être en mesure d’accepter toute opportunité d’emploi qui se présente dans les quinze jours, sans qu’une tierce obligation soit une entrave au retour à l’activité ;– « rechercher activement un emploi, ou en avoir trouvé un qui commence ultérieurement ».Source : wikipedia.org

Page 105: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

Concurrence monopolistique : On parle de concurrence monopolistique pour caractériser les situations de marchés dans lesquels les produits ne sont pas homogènes. Les producteurs s’efforcent de différencier leurs produits de ceux de la concurrence pour obtenir une sorte de monopole : Être seul à proposer un bien ou un service ayant telles ou telles caractéristiques (SAV, innovation techniques, prestige de la marque,...), c’est la situation sur les marchés de l’automobile, la publicité joue un rôle essentiel pour persuader le consommateur que le produit proposé est unique. Ce mélange de monopole et de concurrence est appelé concurrence monopolistique par les économistes. Source : wikipédia.org

Contre-utopie : Description, au moyen d’une fiction, d’un univers déshumanisé et totalitaire, dans lequel les rapports sociaux sont dominés par la technologie et la science. (Le Meilleur des mondes, de Aldous Huxley, est un exemple de contre-utopie.)

Coût marginal :« En économie concurrentielle, la tarification optimale se fait au coût marginal, autrement dit, une entreprise en situation concurrence pure et parfaite vend ses produits au coût de la dernière unité produite. »Source : Annick SETA, arte.tv

Coworking ,Né de la multiplication du nombre de travailleurs indépendants, le coworking est un mode d’organisation du travail qui allie un espace de bureaux partagés à des réseaux d’échanges et d’ouverture entre les coworkers.source : RIFKIN Jérémy - Le Un n° 28

Page 106: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

106 Lexique

Cyberdépendance : La cyber dépendance c’est l’utilisation excessive des moyens de communication offerts par internet. En effet l’individu qui présente cette dépendance recherche continuellement la connexion à internet ; de ce fait sa vie sociale et personnelle s’organise autour de celle-ci.

Division du travail : L’expression division du travail aurait été créée au XVIIIe siècle par Bernard Mandeville (ou de Mandeville), dans sa Fable des abeilles, où il analyse, « de façon spirituelle et pénétrante », de nouveaux aspects du fonctionnement réel de la société. La division du travail renvoie à plusieurs notions distinctes, mais complémentaires : la division sociale du travail, la division technique du travail et la division internationale du travail.Source : wikipedia.org

Design : n. m. – mot anglais « dessin, plan, esquisse »Esthétique industrielle appliquée à la recherche de formes nouvelles et adaptées à leur fonction (pour les objets utilitaires, les meubles, l’habitat en général). Stylisme (recomm. offic.). Design industriel. Spécialiste du design. source : Le Petit Robert

Économie collaborative :Économie sur laquelle l’usage l’emporte sur la propriété. Les échanges sont effectués directement entre pairs, de manière plus horizontale que dans l’économie traditionnelle. Elle englobe les notions de don, troc, revente, échange de savoir, biens, services ou compétences entre particuliers.source : RIFKIN Jérémy - Le Un n° 28

D

E

Page 107: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

Économie contributive : Cette économie repose sur l’investissement et la prise de responsabilité des citoyens. Elle rompt avec le fordisme parce qu’elle repose sur la « déprolatérisation ». Pour Marx, les ouvriers sont prolétarisés lorsque leur savoir faire est remplacé par des machines qu’ils servent. Au 20ème siècle, ce sont les consommateurs qui sont prolétarisés : ils perdent leurs savoir-vivre. source : STIEGLER Bernard, « Vers une économie de la contribution » : https://vimeo.com/32540487 et « Bernard Stiegler : «Les gens consomment plus parce qu’ils idéalisent de moins en moins.» Fondation Massif : http://www.fondation-macif.org/bernard-stiegler-les-gens-consomment-plus-parce-quils-idealisent-de-moins-en-moins

Économie du don :Le support profond de l’échange entre les individus fonde les bases de toute activité sociale, et contribue à la production de norme sociale.Pour les anthropologues, notamment pour Marcel Mauss dans son « Essai sur le don. Forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques » (1923-1924), le don repose sur la triple obligation de « donner, recevoir, et rendre ». Le don fonctionne grâce au pouvoir quasi spirituel qui est propre à l’objet donné, unilatéralement offert dans le cadre d’une relation. Sans la croyance en cette force par les donataires, le don n’existe pas ou ne peut-être perçu comme tel par ceux qui le reçoivent.Pour les économistes comme François Perroux, l’échange peut consister en :– « don pour donner » : je donne sans contrepartie exigée ou attendue explicitement par le donateur– « pseudo-don » : je donne pour gagner ultérieurement, dans le cadre d’une offre supposant une obligation de contrepartie, immédiate ou différée, sous forme de dette ou de prestation

Page 108: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

108 Lexique

source : wikipedia.org et laboutiquesansargent.org

Énergies fossiles : Toute notre civilisation actuelle est fondée sur les énergies fossiles, c’est à dire épuisables, charbon, gaz et pétrole que l’on retrouve dans chaque détail de notre quotidien : nous utilisons des engrais et des pesticides pétrochimiques pour produire nos aliments, des fibres pétrochimiques pour produire nos vêtements. La plupart de nos matériaux de construction – béton plastiques, etc. – sont aussi faits de combustibles fossiles.

L’ennui : Relatif au monde de l’enfance, forme de régression en tant qu’adulte ? « Le travail éloigne de nous trois grands maux : l’ennui, le vide et le besoin. » VOLTAIRE– 1. Désagrément, contrariété passagère provoqués par une difficulté, un obstacle, un empêchement, etc. : Avoir des ennuis avec la justice.– 2. Difficulté, chose ennuyeuse qui met dans l’embarras : Un ennui mécanique.– 3. Lassitude morale, impression de vide engendrant la mélancolie, produite par le désœuvrement, le manque d’intérêt, la monotonie (au singulier seulement) : À la campagne je meurs d’ennui.Source : larousse.fr

Entrepreneuriat social : Mouvement de pensée issu du milieu des affaires des États-Unis dans les années 1990. Les entrepreneurs sociaux sont des fondateurs d’entreprises d’insertion ou d’associations qui lient une préoccupation économique à un objet social. Ils s’inscrivent dans la mouvance de l’économie sociale et solidaire.source : RIFKIN Jérémy - Le Un n° 28

Emploi : Toute place que l’on occupe dans la société afin d’y

Page 109: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

réaliser un travail, en échange d’une rétribution. voir «Travail : de quoi parle-ton ?», pp.15-16-17

Fordisme : C’est l’accès à la société de consommation (entre deux guerres aux EU, après guerre en France), les Trente Glorieuses. Cela fonctionne en apparence mais c’est un pillage du Sud et des conséquences écologiques désastreuses aujourd’hui. Pour Paul Ariès le fordisme c’est « travaille, tais-toi et consomme ». Ce modèle fordiste ne résistera pas à la crise des années 1970, à la concurrence des NPI, et aux mécontentements des 50 % d’ouvriers spécialisés ayant le BAC (absentéisme, sabotage, en 1976 une voiture sur deux qui sort d’une usine Renault est sabotée).Source : Paul Ariès

Gagne-pain : Du verbe gagner et du nom pain. (xiv e siècle) de l’ancien français gaignepain (« épée, l’épée du chevalier »), (xiiie siècle) de l’ancien français gaaigne pain (« ouvrier très peu payé »), de l’ancien français gaaigner (« paître, récolter, profiter »), du latin gagnagium (« gain, profit »).– Ce qui permet à quelqu’un de gagner sa vie ; travail ou instrument de travail : Ces leçons de piano étaient son gagne-pain.– Personne qui, par son travail, assure les moyens d’existence d’autres personnes : Il est le gagne-pain de sa famille.Sources : wiktionary.org et larousse.fr

Génération Y :La génération Y regroupe des personnes nées approximativement entre le début des années 1980 et le début des années 2000. L’origine de ce nom a plusieurs attributions : pour les uns il vient du « Y » que trace le fil de leur baladeur sur leur torse ; pour d’autres ce nom vient de la génération précédente,

F

G

Page 110: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

110 Lexique

nommée génération X ; enfin, il pourrait venir de la phonétique anglaise de l’expression « Y », signifiant « pourquoi».Source : wikipédia.org

Graphisme : n. m. – 1875 du grec graphein « écrire »– Caractère propre de l’écriture, et SPÉCIALT Caractères particuliers d’une écriture individuelle, donnant des indications sur la psychologie, les tendances du scripteur (graphologie). – (1920) Aspect des signes graphiques, considérés sur le plan esthétique. »Source : Le Petit Robert

Graphiste : n. – 1966 de graphisme– Spécialiste chargé de la conception de projets d’expression visuelle (illustration, typographie, mise en pages). »Source : Le Petit Robert

Individuation : L’individu n’est pas seulement un (unité, totalité), il est unique (unicité, singularité). Un individu est un verbe plutôt qu’un substantif, un devenir plutôt qu’un état, une relation plutôt qu’un terme et c’est pourquoi il convient de parler d’individuation plutôt que d’individu. Pour comprendre l’individu, il faut en décrire la genèse au lieu de le présupposer. Or cette genèse, soit l’individuation de l’individu, ne donne pas seulement naissance à un individu, mais aussi à son milieu associé. Telle fut la leçon philosophique de Gilbert Simondon.– L’individuation humaine est la formation, à la fois biologique, psychologique et sociale, de l’individu toujours inachevé. L’individuation humaine est triple, c’est une individuation à trois brins, car elle est toujours à la fois psychique (« je »), collective

I

Page 111: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

(« nous ») et technique (ce milieu qui relie le « je » au « nous », milieu concret et effectif, supporté par des mnémotechniques).Source : arsindustrialis.org

Internet de l’énergie :Un des piliers de la troisième révolution industrielle annoncée par Riftkin : grâce aux technologies de l’information, tout un chacun pourra accéder au réseau électrique, soit pour acheter de l’énergie, soit pour revendre de l’énergie, soit pour revendre les surplus qu’il produit. Les quantités d’énergie contenues dans les objets devenus communicants seront échangées comme nous échangeons aujourd’hui de l’information via les réseaux.source : RIFKIN Jérémy - Le Un n° 28

Internet des objets :Connexion de l’ensemble des machines, des entreprises, des domiciles et des véhicules dans un réseau intelligent où tout communique avec tout grâce à une multitude de capteurs. Enjeu : optimiser les équipements, l’énergie, les informations, et les piloter à distancesource : RIFKIN Jérémy - Le Un n° 28

Lenteur : « La lenteur est une vitesse. » Paul Vinlio

Loisirs : Loisir, qui vient du verbe latin licere, être permis, est un temps de liberté, où l’on a permission d’agir ou de ne pas agir. L’oisiveté est un temps d’inaction. « Les activités que l’on effectuent durant le temps libre. » Différent du temps prescrit.Source : Florian Opitz, arte.tv– État dans lequel il est permis de faire ce qu’on veut. Être de loisir, n’avoir rien à faire. Familièrement. Il est bien de loisir, il faut qu’il ait bien du loisir de reste,

L

Page 112: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

112 Lexique

se dit de celui qui s’amuse à des bagatelles, ou qui se mêle d’affaires qui ne le regardent pas. À loisir, tout à loisir, loc. adv. À son aise, à sa commodité, sans être dérangé. Il s’en repentira à loisir, il aura tout le loisir de s’en repentir, se dit d’un homme qui fait quelque chose dont on croit qu’il souffrira longtemps.– Espace de temps nécessaire pour faire quelque chose à son aise.– Temps qui reste disponible après les occupations.Source : littre.reverso.net

Métier :(au sens fort originel du terme, tel que le compagnonnage l’a défini au xiie siècle, un métier c’est un « ministère mystérieux », contraction de deux mots latins : le ministère = service et le mystère. Si c’est un métier manuel, transformation de la nature donc rapport au mystère de l’univers, et dans un métier relationnel, rapport au mystère de la relation à autrui. En ce sens, un métier est quelque chose de plus fort qu’un simple « job », qu’un emploi ou un travail. C’est sur l’axe des projets de vie.Source : Patrick Viveret, creations-revenudebase.org

Milieu :Le milieu dans son usage le plus commun est à la fois ce qui est autour de l’individu (environnement) et entre les individus (medium) (…) Le milieu n’est donc pas, à proprement parler, extérieur à l’individu : il en est le complémentaire, à ce titre il n’est pas l’environnement. Par extension on parle de milieu technique (André Leroi-Gourhan, Bertrand Gille…), de milieu associé (Gilbert Simondon) et dissocié (Bernard Stiegler). * « L’individu ne s’oppose pas au milieu, il compose avec lui car il en fait partie »Source : arsindustrialis.org

M

Page 113: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

Numérique :Milieu dans lequel l’information se présente sous forme de nombres (bits). Le signal numérique permet l’écriture et la lecture. Les opérations mathématiques sont possibles favorisant l’interactivité, la duplication se fait à l’identique.1 octet = 8 bits1 Go = 8 000 000 000 bitssource : wikipédia

Open-Space : Selon une étude de mars 2008, 60 % des entreprises françaises seraient aménagées en open space. Les bureaux ouverts, sans cloisons, ont pour origine le concept des « bureaux paysagers » mis au point par deux consultants allemands, les frères Eberhard et Wolfgang Schnelle, dans les années 1950. Ce concept connut un grand succès aux États-Unis avant de revenir en Europe dans les années 19802. Toutefois, dans la vision des frères Schnelle, il s’agissait d’espaces généreux, agrémentés de nombreuses plantes vertes.source : wikipédia

L’organisation horizontale :Forme de « handicape situationnel » dans un monde d’organisateurs verticaux : le vide = marque de l’organisation verticale (ranger ce que l’on a pas achevé (et le perdre, l’oublier). L’organisation horizontale consiste à tout avoir devant soi, projet en cours (même chose sur le bureau virtuel de l’ordinateur).source : John Perry, 2012.

Passion : Littéraire. État affectif intense et irraisonné qui domine quelqu’un (surtout pluriel) : Vaincre ses passions.– Mouvement affectif très vif qui s’empare de

N

O

P

Page 114: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

114 Lexique

quelqu’un en lui faisant prendre parti violemment pour ou contre quelque chose, quelqu’un : Juger sans passion.– Amour considéré comme une inclination irrésistible et violente : Un film où la passion est dominante.– Penchant vif et persistant : Avoir, être pris par la passion du jeu.– Ce qui est l’objet de ce penchant : L’histoire, c’est sa passion.– Dans la philosophie scolastique et classique, ce qui est subi par quelqu’un ou quelque chose, ce à quoi il est lié ou par quoi il est asservi, par opposition à l’action.Source : larousse.fr

Pharmakon : Ici, l’ordinateur. Instantané, contrairement à La Poste, donc plus rapide, mais meilleur médium pour perdre son temps. De plus, l’instantané accélère le processus de communication virtuelle et dénigre la satisfaction d’avoir effectué la tâche.Source : John Perry, 2012Ordinateurs, téléphones, tablettes et wifi... les nouvelles technologies sont les pharmakons de notre temps.Source : Florian Opitz, arte.tv– En grec, le terme de pharmakon désigne à la fois le remède, le poison et le bouc émissaire. Tout objet technique est pharmacologique : il est à la fois poison et remède.Sources : Le Phèdre de Platon et arsindustrialis.org

Peer-to-peer :« pair à pair » en français, est un modèle de réseau informatique proche du modèle client-serveur mais où chaque client est aussi un serveur.Michel Bauwens y voit la « capacité des individus de créer, en tant qu’égaux, de la valeur sans être obligés de demander une autorisation à quiconque. »

Page 115: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

Le modèle émergent du peer-to-peer, qui s’inspire de l’open source, veut contourner la logique de fausse abondance matérielle et de rareté artificielle de l’immatériel. Michel Bauwens entrevoit dans l’enchevêtrement apparent de phénomènes nouveaux – tels que l’économie collaborative, les réseaux peer-to-peer, l’open source, le crowdsourcing, les FabLabs, les micro-usines, le mouvement des « makers », l’agriculture urbaine… –, un modèle qui nous mène vers une société post-capitaliste, où le marché doit enfin se soumettre à la logique des commons (du bien commun).sources : wikipédia et Les éditions qui libèrent

Prestation de services : « Activité rémunérée au cours de laquelle le prestataire met ses compétences intellectuelles ou manuelles au service de son client, sans fournir un bien matériel. »Source : Adebiaye Frank, 2014 (tiré de Le Dictionnaire du droit : tous les termes et expressions juridiques indispensables pour défendre vos droits dans votre vie personnelle et professionnelle, Nicolas Delecourt, éditions du Puits Fleuri, 2000)

Prestation intellectuelle : « Une prestation intellectuelle est une prestation de services relative aux métiers du savoir. Sa spécificité réside dans le fait que les résultats précis de cette prestation ne peuvent être définis préalablement à son exécution. Elle est caractérisée par le “sur-mesure”, l’“immatérialité” et la “coproduction” (ce qui signifie que le client et le prestataire contribuent, tous les deux, à la réussite de la prestation ; ils coopèrent et sont complémentaires). »Source : Adebiaye Frank, 2014(d’après L’Office professionnel de qualification)

Page 116: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

116 Lexique

Procrastination structurée : « glandouille productive ou comment éviter une tâche importante permet d’en accomplir un tas d’autres. »Source : John Perry, 2012 et tracks.arte.tv

Productivité : Dans le cadre d’un processus de transformation, la productivité entend mesurer précisément le degré de contribution d’un ou de plusieurs facteurs (facteurs matériels consommés ou facteurs immatériels mis en œuvre) à la variation du résultat final dégagé par ce processus. La productivité est en lien avec la notion plus élémentaire de rendement et la notion plus générale d’efficacité.– La productivité a un rôle clef dans la compréhension de la façon dont les actions humaines (à l’échelon micro ou macro) sont contributives à ce que nous appelons le progrès, le développement ou la croissance économique. Historiquement, les gains de productivité les plus forts ont coïncidé avec les périodes de très forte croissance économique. Source : wikipedia.org

Rémunération : La rémunération consiste à rétribuer une entité (personne physique ou morale, entreprise) en contrepartie du travail effectué, ou d’un service rendu. Selon les cas, le montant de la rémunération et les modalités de son versement sont prévus : soit par les simples usages, soit par des dispositions contractuelles librement négociées entre les parties ou résultant d’accords collectifs (accord d’entreprise, convention collective ou accord de branche professionnelle...) soit en application de règles découlant de la loi et des règlements (regroupés dans le Code du travail)Source : wikipedia.org

R

Page 117: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

Revenu de base inconditionnel : Le revenu de base est un droit à ne pas travailler. Non pas que le but soit de ne pas travailler, bien au contraire, le but est de changer le travail, de déterminer ce que nous voulons produire, comment nous voulons le produire, pour que le travail ait un sens autre que « ne pas… »Source : L’inconditionnel, le journal sur le revenu de base, n° 1, laviedesidees.fr et revenudebase.info

Révolution industrielle :La révolution industrielle, expression d’Adolphe Blanqui mise ensuite en valeur par Friedrich Engels et par Arnold Toynbee, désigne le processus historique du xixe siècle qui fait basculer — de manière plus ou moins rapide selon les pays et les régions — une société à dominante agraire et artisanale vers une société commerciale et industrielle. Cette transformation, tirée par le boom ferroviaire des années 1840, affecte profondément l’agriculture1, l’économie, la politique, la société et l’environnement.Source : wikipedia.org/

RMI : Le revenu minimum d’insertion était une allocation française, en vigueur entre le 1er décembre 1988 et le 31 mai 2009, versé par les caisses d’allocations familiales (CAF) ou la mutualité sociale agricole (MSA) aux personnes sans ressources ou ayant des ressources inférieures à un plafond fixé par décret. Le RMI a été remplacé le 1er juin 2009 par le revenu de solidarité active (RSA), plus large. Le RMI était une prestation incessible et insaisissable sauf en cas de trop-perçu. Source : wikipedia.org

RSA : Le revenu de solidarité active est une prestation sociale française, gérée par les conseils généraux,

Page 118: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

118 Lexique

versée par les CAF et les MSA et destinée à garantir à ses bénéficiaires, qu’ils aient ou non la capacité de travailler, un revenu minimum, avec en contrepartie une obligation de chercher un travail ou de définir et suivre un projet professionnel visant à améliorer sa situation financière. (30 % des allocataires ont un travail et le RSA est un complément.)Source : wikipedia.org

Savoir-être/Savoir-faire : – connaissances : voc/doc/savoir spécifiques, représentations pertinentes de la discipline.– méthodes : analyse/processus/expérimentations/techniques de com/diffusion– savoir-faire : compétences ponctuelles– savoir-être : comportements adaptés aux contraintes– compétences : synthétiser ces différents composants pour répondre à une mission– capacité : synthétiser des compétences pour définir un territoire professionnel.Source : Helen Armstrong, 2011.

Société :Ensemble d’êtres humains vivants en groupe organisé : Les hommes vivent en société.– Milieu humain dans lequel quelqu’un vit, caractérisé par ses institutions, ses lois, ses règles : Les conflits entre l’individu et la société.– Tout groupe social formé de personnes qui se réunissent pour une activité ou des intérêts communs : Une société brillante entourait le nouvel élu.– Familier. Ensemble des personnes actuellement réunies : Saluer la société.Source : larousse.fr – Objet privilégié de plusieurs sciences humaines et sociales, le terme société, en sociologie, désigne un ensemble d’individus qui partagent des normes, des comportements et une culture, et qui interagissent

S

Page 119: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

en coopération pour former un groupe ou une communauté.Source : wikipedia.org

Synchronisation : La synchronisation (du grec sun, « ensemble » et khrónos, « temps ») est l’action de coordonner plusieurs opérations entre elles en fonction du temps. Les systèmes dont tous les éléments sont synchronisés sont dits synchrones. Source : wikipedia.org

Taylorisme : Le taylorisme est une méthode de travail qui préconise l’organisation scientifique du travail (OST) grâce à une analyse détaillée des modes et techniques de production (gestes, rythmes, cadences,…) dans le but d’obtenir la meilleure façon de produire, de rémunérer (salaire horaire), et donc le meilleur rendement possible. Société consumériste fondée sur l’emploi et non sur le travail.– Son nom provient de son inventeur, Frederick Winslow Taylor (1856-1915), qui était un ingénieur américain et qui a su trouver un domaine d’application à son idée dans le cadre de la révolution industrielle du xxe siècle.Source : henryford.fr

Temps cyclique : La cyclologie ou théorie du temps cyclique est une conception que l’on retrouve dans la plupart des sociétés archaïques. Selon cette vision, l’écoulement du temps n’est pas linéaire, l’histoire passant pour obéir éternellement à des cycles immuables amenant un retour périodique de l’humanité face aux mêmes situations, cycles dont la durée varie selon les traditions.Source : wikipedia.org

T

Page 120: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

120 Lexique

Temps linéaire : On a coutume de dire que la vision du temps de l’homme moderne est linéaire, tournée vers l’avenir, tandis que celle des sociétés archaïques est circulaire, en boucle sur elle même tournée vers le passé mêlé au présent et à l’avenir. Les trois s’interpénétrant dans un mouvement cyclique. Pour faire simple d’un côté : prévision, planification, anticipation et progrès en ligne de mire. De l’autre rythme, saisons, culte de la nature et des ancêtres. À ces deux visions opposées se superpose une vision récente que l’on pourrait appeler temps présent - notre vision. Inquiets de l’avenir, indifférents au passé en dehors des grandes messes (D-Day- Armistice...) nous consommons dans notre quotidien du temps libéré. Nos jours, nos semaines, nos années, nos décennies s’enchainent identiques, rythmés par le travail, les vacances, etc. Le temps est linéaire : ce qui est passé est perdu à jamais.Source : delartoudumacon.com– Et si la solution se situait dans le « et » ? Considérer le temps comme cyclique ET linéaire permet de bénéficier des avantages de ces deux croyances.– Le temps linéaire nous conduit à faire toujours plus, toujours plus vite. Poussant notre productivité aux limites, nous perdons parfois de vue le sens de la vie.– Le temps cyclique calme les choses pour se concentrer sur l’essentiel, nourrir les relations et construire demain. Le risque est alors de se perdre dans les méandres de la vie. L’organisation et la planification permettent de maintenir le juste niveau d’efficacité.Source : benedictehersen.com

Temps libre : Le temps libre est le temps dont dispose une personne en dehors des tâches, imposées, consenties ou volontaires, mais obligatoires ou nécessaires pour sa vie ou sa survie au sein d’une société, comme la scolarité, les études, le travail, les activités sociales,

Page 121: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

l’éducation des enfants, les tâches ménagères, les déplacements, les repas ou le sommeil.

Temps prescrit : à l’opposé du temps libre, le temps prescrit est dédié à l’emploi, aux activités domestiques. Il est fixé, déterminé.Source : littre.reverso.net

Tiers lieu : Le concept de tiers lieu s’inscrit dans la problématique des lieux créatifs et de l’alchimie de la proximité et de l’échange. C’est un lieu hybride et fluide où convergent des dynamiques de développement économique, social et culturel. À ce titre, le tiers lieu peut apparaître comme la particule élémentaire du lieu créatif. Il pourrait ainsi être l’incubateur du nouveau paradigme de l’organisation socioéconomique et le « processeur de l’intelligence collective ».Source : zonesmutantes.com

Travail collaboratif :« Dans le cadre d’un travail réalisé de façon collaborative, il n’y aura aucune répartition du travail entre ses participants. En effet, ces derniers travailleront tous ensemble à chaque étape de l’élaboration du travail. Il sera donc impossible, une fois le travail réalisé, d’identifier le travail fourni par chacun. Ce type de travail se base sur les capacités de communication et d’interaction de chacun. »Source : eduscol.education.fr

Travail effectif : Le temps de travail effectif est la période au cours de laquelle un salarié doit respecter les directives de son employeur, sans pouvoir s’adonner à des occupations autres que professionnelles. Le temps de travail effectif fait l’objet d’une définition par

Page 122: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

122 Lexique

l’article L 3121-1 du Code du travail. Conformément à cette définition, le temps de trajet pour se rendre à un entretien professionnel est considéré comme du temps de travail effectif. En revanche, le temps de trajet pour se rendre sur son lieu de travail depuis son domicile n’en fait pas partie, de même que le temps de pause au travail. Source : droit-finances.commentcamarche.net

Vocation : Au sens étymologique, la vocation est un appel (latin vocare, appeler). Il a longtemps désigné l’appel à s’engager dans une vie religieuse (prêtrise, vie monacale, etc.). Le concept s’enracine dans la Bible et est corrélatif au thème de l’écoute. Aujourd’hui, ce mot est utilisé dans un sens plus large pour désigner l’appel que peuvent ressentir des personnes à une mission particulière : humanitaire, professionnelle, scientifique, etc. Au pluriel, ce mot désigne le nombre de Source : wikipedia.org

V

Page 123: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle
Page 124: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

124 Bibliographie

Page 125: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

BibliographieADEBIAYE Frank, La commande de design graphique,

Paris, édité par le CNAP (Centre national des arts plastiques), coll. des « Guides de l’art contemporain », conçu en collaboration avec l’Alliance française des designers (AFD) et la Direction générale de la création artistique du ministère de la Culture et de la Communication, 2014, 65 p.

ARMSTRONG Helen, Le graphisme en texte, Paris, ed. Pyramyd, 2011, 152 p.

EYCHENNE Fabien, FabLab - L’avant-garde de la nouvelle révolution industrielle,

Mercuès, ed. FYP, coll. La Fabrique des possibles, 2012, 110 p.JOSTEIN Gaarder, Le Monde de Sophie,Paris, ed. du Seuil, 1995, traduit et adapté du

norvégien par Hélène Hervieu et Martine Laffon, 557 p.LANTENOIS Annick, Le vertige du funambule - Le design graphique entre économie et morale,

Paris, ed. B42, 2010, 88 p.PERRY John, La procrastination - L’art de reporter au lendemain,

ed. Autrement, coll. Grands Mots, 2012, traduit de l’américain par Myriam Dennehy, 136 p.

RIFKIN Jérémy, La troisième révolution industrielle, Arles, ed. Babel, 2011, traduit de l’anglais

par Françoise et Paul Chemla, 411 p.ROSA Hartmut, Accélération - Une critique sociale du temps,

Paris, ed. La Découverte Poche, coll. Théorie critique, 2013, traduit de l’allemand par Didier Renault, 480 p.

SZERMAN Stéphane et GRAVILLON Isabelle, L’art de la lenteur - Comment partir à la reconquête de son temps ?

Toulouse, ed. Milan, coll. Déclique de soi, 2007, 128 p.

Page 126: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

126 Bibliographie

Sites Webs

arsindustrialis.orgcreations-revenudebase.orghuffingtonpost.frlittre.orgtrop-libre.frwikipédia.frmovilab.orgzones-mutantes.com

Articles :

ADEBIAYE Frank «Comment échapper à la guerre des prix ?» Etapes n° 222, nov-déc 2014, p.40

BIHANIC David, «Numérique en jeu»Étapes n°215, sep-oct 2013, pp. 99-112

BROOKER Charlie, « The Dark Side of our Gadget Addiction », The Guardian, décembre 2011 : http://www.theguardian.com/technology/2011/dec/01/charlie-brooker-dark-side-gadget-addiction-black-mirror (consulté le 21 février 2015)

BROSSARD Charles-Antoine «Harder, Better, Faster, Stronger ?»

Trop libre - Une voix libérale, progressiste et européenne, octobre 2013 : http://www.trop-libre.fr/livresque/harder-better-faster-stronger (consulté le 8 décembre 2014)

BYS Christophe et DELSOL Emmanuelle,«Le numérique révolutionne le travail (et voilà pourquoi vous devez vous en soucier)», L’Usine digitale, avril 2015 : http://www.usine-digitale.fr/article/le-numerique-revolutionne-le-travail-et-voila-pourquoi-vous-devez-vous-en-soucier.N321662 (consulté le 5 avril 2015)

CARLIER Matthieu «Procrastination : 7 raisons pour lesquelles vous remettez tout au lendemain»

Le HuffPost, avril 2013 : http://www.huffingtonpost.fr/2013/04/23/procrastination-7-raisons-pour-lesquelles-vous-remettez-tout-au-lendemain_n_3138831.

Page 127: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

html (consulté le 15 septembre 2014)CHAPIGNAC Pierre, «Le tiers-lieu, moteur de

la créativité!», Zones-Mutantes, février 2012 : http://www.zonesmutantes.com/2012/02/08/le-tiers-lieu-moteur-de-la-creativite-economique-sociale-et-culturelle/ (consulté le 10 mars 2015)

CANNAVO Richard dans «Quand le bonheur des salariés rime avec succès pour les entreprises.», Challenges, février 2015 : http://www.challenges.fr/management/20150223.CHA3317/ces-entreprises-qui-ont-reussi-en-misant-sur-le-bonheur-de-leur-salaries.html

CORDIER Nicolas, « Salariés libérés, performance assurée? », échanges avec Isaac Getz et Mehdi Berrada», 17 décembre 2012 : https://nicolascordier.wordpress.com/2012/12/17/salaries-liberes-performance-assuree-echanges-avec-isaac-getz-et-mehdi-berrada/ (consulté le 1 avril 2015)

CORRÈGES Déborah, «La tyrannie de la vitesse», Sciences Humaines, mars 2015 : http://www.scienceshumaines.com/la-tyrannie-de-la-vitesse_fr_29044.html (consulté le 1 avril 2015)

COUTURIER Brice “Burning-out : à qui la faute ?”, La Chronique de Brice Couturier, France Culture, février 2013 : http://www.franceculture.fr/emission-la-chronique-de-brice-couturier-burning-out-a-qui-la-faute-2013-02-20 (consulté le vendredi 20 mars 2015)

GUILLAUD Hubert, “La technique est-elle responsable de l’accélération du monde ?”, Internet Actu, 19 mars 2013 : http://www.internetactu.net/2013/03/19/la-technique-est-elle-responsable-de-lacceleration-du-monde/ (consulté le 15 décembre 2014)

LONGEART Maryvonne, «Est-il vraiment pos-sible de faire la différence entre travail et divertisse-ment?» : http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/logphil/notions/travail/methode/sujets/dissert/divertis/divert.htm (consulté le 3 mars 2015)

Parisot Laurence, «Comment le numérique trans-forme le travail?», L’usine digitale, avril 2015 : http://www.usine-digitale.fr/article/l-idee-defendue-d-un-

Page 128: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

128 Bibliographie

contrat-de-travail-unique-me-laisse-perplexe-le-mode-le-du-futur-sera-la-multiplicite-des-modeles-estime-laurence-parisot.N321665 (consulté le 4 avril 2015)

RIFKING Jérémy «L’idéal serait de travailler 5 à 6 heures par jours par semaine», Le Un - Comment réinventer

son travail ? n° 28, 15 octobre 2014, pp.5-6RIFKIN Jérémy, «La troisième révolution indus-

trielle», En route vers la 3e révolution industrielle et agricole : http://www.troisieme-revolution-indus-trielle-agricole-pays-de-loire.fr/ambition-tri/troisie-me-revolution-industrielle/ (consulté le 9 avril 2015)

VANDAMME Pierre-Étienne «Les racines multiples du revenu de base»

L’inconditionnel, Le journal sur le revenu de base, n°1, décembre 2014, p.3

Conférences, documentaires et vidéos :

HONNORÉ Carl, L’éloge de la lenteurjuin 2005, TED conference : https://www.ted.com/talks/carl_honore_praises_slowness

GOMEZ Pierre-Yves (EMLYON Business School), «Rendre le travail visible : la solution pour sortir de la crise» : https://www.youtube.com/watch?v=B_1BPdB_UMc (consulté le 6 avril 2015)

LECOINTE Alexis, Extrait de la conférence gesticulée «Travail libre, revenus de base et autres rêvolutions»

4 Avril 2014 à la Chapelle : https://vimeo.com/93492768Les Zooms Verts, Extrait de Un revenu pour la

vie, 2014 : https://vimeo.com/117312327#at=1LINCELLES Simon, d’après une thèse menée par

ARS INDUSTRIALIS, Travail versus emploi, 23 avril 2012 : http://www.dailymotion.com/MrLincelles

MEISSONNIER Martin, Le bonheur au travail, février 2015, ARTE

MFRB (Mouvement français pour le revenu de base), Mini-films Le revenu de base, ce n’est pas sorcier...

réalisé en mars 2014 : revenudebase.infoOPITZ Florian, SPEED à la recherche

Page 129: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

du temps perdu, 2011, ARTEPERRY John, La Procrastination Structurée, la glandouille productive, septembre 2013, ARTE

: http://tracks.arte.tv/fr/la-procrastination-structur%C3%A9e-la-glandouille-productive

SAGMEISTER Stefan, Le Pouvoir du temps librefévrier 2014, TED conference : http://www.ted.com/talks/stefan_sagmeister_the_power_of_time_off?language=fr

STIEGLER Bernard «L’automatisation et la fin de l’emploi», juin 2014 : https://www.youtube.com/watch?v=7UfGO2Gf7LM

Topic Simple, «What is spec work?», 2012 : https://www.youtube.com/watch?v=gemQQ0-RSyQ

Page 130: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

130 Remerciements

Page 131: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

Remerciements

Je tiens à remercier toutes les personnes qui ont pris sur leur temps libre pour m’aider à réaliser ce travail.

Merci aux enseignants pour leurs conseils, leurs références et leurs lectures, à tous mes proches pour leur soutien quotidien et leur aide précieuse et enfin à tous mes collègues marseillais pour leur bonne humeur et leur solidarité.

Page 132: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

132 Colophon

Page 133: L'expérience du temps dans l'activité professionnelle

Typographies : Cambria dessinée par Jelle Bosma, Steve Matteson et Robin Nicholas en 2004Palatino de Herman Zapf, 1950Bureau grotesque de David Berlow, 1989-93

Papier :Clairefontaine Dune 100 gr.Clairefontaine Pollen 120 gr.Canson (rouge) 120 gr. Clairefontaine blanc 224 gr.

édition : format 160x240 mmimprimé en 5 exemplairesimpression maisonavril 2015

Colophon