Lever les freins à l'entreprenariat individuel
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Lever les freins lentreprenariat individuel
Rapport au Ministre de lconomie, de lindustrie et du numrique
Catherine Barbaroux
avec le concours de Laurent Moquin (CGEFi)
dcembre 2015
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Il sera libre toutes les personnes de quelque qualit et conditions quelles soient, mmes
tous les trangers, encore quils neussent point obtenu de nous les lettres de naturalit,
dembrasser et dexercer dans tout notre royaume, et notamment dans la bonne ville de
Paris, tout commerce et telle profession darts et mtiers que bon leur semblera
Turgot 1776
Lhistoire de lapprofondissement dmocratique des socits va de pair avec le
dveloppement des biens publics. A la scurit, lenseignement, la sant, un Etat impartial, la
libert dexpression, la science sest ajout un environnement durable. Les prochaines
revendications devraient englober certains fondamentaux de lconomie dans les biens
publics, et en particulier un environnement conomique sain qui permette chacun de
dvelopper ses initiatives propres ()
Laurence Fontaine 2008
Le march, histoire et usages dune conqute sociale, Gallimard Essais
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Remerciements
Ce rapport doit beaucoup ceux qui ont travaill la rdaction dune partie des documents
annexs ou fourni des recherches spcifiques pour dgager des informations ou des
tendances ncessaires lanalyse, et tout particulirement : lAgence pour la cration
dentreprise (APCE), le Service du Contrle gnral conomique et financier (CGEFi), la
Direction gnrale de la concurrence, de la consommation et de la rpression des fraudes
(DGCCRF), la Direction gnrale des entreprises (DGE), lInstitut suprieur des mtiers (ISM).
Il doit surtout tous ceux qui ont accept de fixer des runions de travail ou des entretiens
tlphoniques dans des dlais trs contraints. Dans tous les cas, les changes ont t
intenses et les apports ont permis la fois la progression de la rflexion et, surtout, le
raffermissement de la conviction que la volont de faire russir les entrepreneurs
individuels, composante majeure du paysage conomique franais, est unanimement
partage.
Avertissements
La notion dentrepreneur individuel retenue dans ce rapport est extensive. On aurait pu
parler dentreprises unipersonnelles, mais cela aurait t encore inadquat, car pour
beaucoup le terme dentrepreneur individuel ne recouvre que des travailleurs indpendants
travaillant seuls. Pour lanalyse, en dehors des questions lies au statut, on appellera
entreprises individuelles lensemble des entreprises de petite taille, quelle que soit leur
forme juridique et donc aussi les TPE et les autoentrepreneurs devenus micro-entrepreneurs
qui, mme avec un ou plusieurs salaris, partagent en fait les mmes proccupations, sont
confrontes aux mmes difficults lies leur taille, ce qui invite formuler des propositions
qui ne bnficieront pas seulement aux seuls entreprises individuelles stricto sensu.
En France, le champ des rglementations est vaste. Aussi, le choix a t fait de se concentrer
davantage sur des secteurs o les perspectives de cration dentreprises et demplois sont
envisageables, mme si ce stade le chiffrage est hasardeux : des dveloppements plus
longs sont donc rservs aux secteurs pour lesquels, du fait du croisement dun fort effectif
dentreprises et dun niveau lev de rglementation, des perspectives prometteuses
peuvent tre attendues..
Enfin, faute de temps, le rapport nopre quun traitement limit des questions de
transposition des modifications de la directive sur les qualifications professionnelles, tant
prcis que les options de transposition ont t dj largement dbattues au sein des
services de lEtat et quune partie de cette transposition est dj entame au travers de
plusieurs exercices lgislatifs et rglementaires.
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Sommaire Sommaire ................................................................................................................................... 5
Le contexte et les objectifs de la mission ................................................................................... 7
1 Les constats ...................................................................................................................... 11
1.1 Une connaissance incomplte des freins et des besoins ressentis par les
entrepreneurs individuels, ainsi que de leurs trajectoires de croissance. .......................... 11
1.2 Linsuffisance, la rigidit ou linadaptation des dispositifs dinformation et
daccompagnement des crateurs. ...................................................................................... 15
1.3 Leffet dissuasif de la multiplicit des statuts juridiques et de la complexit des
rgimes fiscaux et sociaux sur la dynamique de cration .................................................... 19
1.4 Ltendue, devenue excessive, des restrictions de fait la libert dinstallation en
raison dune interprtation souvent extensive des obligations de qualification
professionnelle. .................................................................................................................... 21
2 Les recommandations gnrales ..................................................................................... 28
2.1 Fonder les choix de rforme sur des principes clairs et stables ................................ 28
2.2 Choisir une dmarche de rforme constructive mnageant des transitions apaises
29
3 Trois compartiments dactions prioritaires ...................................................................... 31
3.1 Faciliter lengagement entrepreneurial ..................................................................... 31
3.1.1 Continuer de rduire rsolument la complexit et mieux le faire savoir .......... 31
3.1.2 Assurer la promotion de lentreprenariat par la mise en avant des russites
entrepreneuriales ............................................................................................................. 35
3.1.3 Amliorer laccs linformation utile ............................................................... 36
3.1.4 Saisir les potentialits du numrique au profit des entreprises, notamment des
plus petites dentre elles .................................................................................................. 37
3.1.5 Renforcer les appuis et les accompagnements en les optimisant ..................... 41
3.2 Librer les initiatives entrepreneuriales .................................................................... 43
3.2.1 Ajuster les exigences de qualification professionnelle tout au long de la vie de
lentreprise ....................................................................................................................... 43
3.2.2 Accompagner lajustement des exigences de qualification professionnelle ..... 50
3.2.3 Dvelopper loffre de formations personnalises la gestion pour consolider
les projets et prenniser les entreprises nouvelles ......................................................... 54
3.2.4 Rduire les effets de seuil qui dcouragent les initiatives ................................ 57
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3.3 Scuriser davantage les projets dentreprise individuelle ........................................ 59
3.3.1 Dvelopper la protection du chef dentreprise quelle que soit lissue de son
activit entrepreneuriale ................................................................................................. 59
3.3.2 Aplanir les difficults lies aux volutions de lentreprise ................................. 60
3.3.3 Renforcer la confiance dans les relations interentreprises ............................... 61
3.3.4 Renforcer la confiance des consommateurs dans les TPE ................................. 64
3.3.5 Faciliter le financement des projets faible intensit capitalistique ................ 66
Conclusion ................................................................................................................................ 69
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Le contexte et les objectifs de la mission
La mission sinscrit dans le cadre dune dmarche, initie par le ministre de lconomie, de
lindustrie et du numrique, destine saisir toutes les opportunits de croissance induites
par les mutations de lconomie qui sacclrent sous leffet des usages multiples des
nouvelles technologies, et notamment des technologies numriques. Ces mutations se
produisent dans un contexte o la lutte contre le chmage constitue une priorit et alors
que le dsir dentreprendre des Franais est de plus en plus manifeste.
Elle sinscrit aussi dans un processus continu de transformations juridiques et
administratives et dinitiatives publiques, initi au dbut des annes 2000, en faveur de la
cration et du dveloppement des entreprises. De fait, le nombre des crations
dentreprises est reparti la hausse vers le milieu des annes 2000. La monte en puissance
des indpendants non-salaris (2,8 millions de personnes fin 2011)1 est sensible : + 26%
entre 2006 et 2011, hors entreprises agricoles. Aujourdhui la part des non-salaris
reprsente 10% de lemploi total, moins que la moyenne europenne toutefois (15%). Leur
poids dans lconomie locale est divers puisque lon observe une forte disparit territoriale :
sils reprsentent 1/20me de lemploi en Ile de France, leur proportion est de 1/5me dans les
Alpes de Haute Provence !
Tout laisse penser que cette proportion peut encore saccentuer sous linfluence de deux
facteurs principaux : dune part, lessor rapide des plates-formes dintermdiation par
internet, plus ou moins collaboratives, qui permettent aux trs petites entreprises dacqurir
une visibilit commerciale bien au-del de leur territoire dimplantation et, dautre part,
lintrt pour des formes juridiques dentreprise rcentes ou renouveles qui attirent en
raison de leurs caractristiques bien adaptes au travail indpendant, titre principal ou
occasionnel (socit par actions simplifie unipersonnelle, entreprise individuelle
responsabilit limite, rgime du micro-entrepreneur, portage salarial, coopratives
dactivit et demploi) : ainsi, 1 non-salari sur 5 est aujourdhui micro-entrepreneur (en ne
considrant que ceux qui sont conomiquement actifs).
Dans ce rapport, le champ de lentreprenariat individuel est considr largement, sans se
limiter au seul cas des chefs dentreprise ayant choisi une forme dentreprise sans capital, en
incluant tous les entrepreneurs quel que soit le statut de leur entreprise (EI, micro-
entrepreneur, EURL, SARL, SASU) qui recherchent une activit exerce de manire
indpendante et, le plus souvent dans un premier temps, sans salari : ce que lon peut
rsumer sous lappellation de travailleurs indpendants isols.
1 Insee, Panorama de lemploi et des revenus des non-salaris 2015
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Plusieurs rapports, dont celui, encore rcent, de Laurent Grandguillaume2, ont dj dress
une liste de recommandations et de sujets traiter afin de lever les obstacles qui freinent
encore la dynamique entrepreneuriale. A loccasion de ces rapports, de la prparation de
projets de loi, de la tenue dassises, une concertation quasi permanente a dbut avec les
acteurs-cls de lcosystme de la cration dentreprise, quil sagisse des chambres
consulaires, des organisations professionnelles, des parlementaires, des lus locaux, du
Conseil conomique social et environnemental, des rseaux daccompagnement associatifs,
des administrations, des financeurs
Pour donner cette concertation un lan nouveau, il semble indispensable de revenir sur
certains points parmi les plus controverss ou les plus complexes : les exemples abondent
pour tmoigner dun dcalage persistant entre le potentiel de cration et laboutissement
des projets de certains crateurs, ce qui ne satisfait pas assez les attentes des
consommateurs et ne permet pas de concrtiser les perspectives ouvertes par la
nouvelle conomie .
Par nature, lunivers de la cration dentreprise est multiforme et concurrentiel. Il suppose
un quilibre entre libert dinitiative et dinstallation et loyaut des transactions vis--vis des
concurrents et des consommateurs. Equilibre toujours fragile, forcment tributaire de rgles
sociales, fiscales et juridiques, dinnovations technologiques, dvolutions culturelles, de
rapport de forces sur les marchs.
Il est lgitime de rinterroger certaines rglementations (souvent anciennes) ou rgulations
au regard des transformations profondes du mode dexercice de certaines activits, de
nouveaux services, de nouvelles formes de relation client.
Il est normal aussi que les dbats qui animent le dialogue social autour du contrat de travail,
de la ngociation collective, de la formation tout au long de la vie, de linsertion
professionnelle et de la scurisation des parcours traversent aussi lunivers du travail
indpendant : conditions dinstallation, qualification professionnelle, rgles de gestion,
simplification et scurisation du parcours du crateur.
En outre la mme tension existe dans les deux univers entre insiders/outsiders (salariat) et
installs/nouveaux entrants (entrepreneuriat).
2 Entreprises et entrepreneurs individuels, Passer du parcours du combattant au parcours de croissance,
dcembre 2013
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Et surtout la porosit entre lemploi salari et le travail indpendant augmente
sensiblement : soit par la succession de priodes salaries et indpendantes, soit par
pluriactivit (I/3 des AE le sont en complment dun emploi salari, dune retraite ou
dtudes3), soit plus rcemment au travers des plateformes par la coexistence dune
indpendance juridique et dune dpendance conomique4.
Toutes ces configurations existent et se dveloppent. Il nest plus possible dluder la ralit
de ces nouvelles formes demploi. Les encadrer a priori pourrait faire courir le risque de les
touffer, alors mme quelles crent de la valeur conomique et sociale. En ignorer les
consquences pour les collaborateurs ou les concurrents entrainerait un risque de
prcarisation, dinscurit pour les consommateurs ou de dumping social tout aussi
prjudiciable. Elles doivent aussi saccompagner de nouvelles rgles du jeu touchant
notamment aux modes de contribution et au financement de la protection sociale.
Dans ce contexte o coexistent des freins dj connus et des sujets nouveaux encore mal
apprhends, le choix a t fait de revenir sur des constats qui pour certains sont partags,
pour dautres restent en dbat (I) ; de proposer des recommandations dordre gnral (II) ;
et de prciser trois compartiments dactions prioritaires (III).
Pour plus de transparence, pour faciliter la comprhension des bases retenues pour le constat
et pour fonder explicitement les propositions du rapport, des lments de rfrence sont
fournis dans des annexes, qui forment un document spar.
Ce sont des fiches de synthse, des textes officiels, des extraits de publication dont la
consultation pourra complter linformation des lecteurs, y compris quelques-uns qui
envisagent la cration dune entreprise, et fournir une base ceux qui souhaiteront prolonger
les rflexions avances par ce rapport, en particulier ceux qui vont satteler laboutissement
de lun ou lautre des chantiers voqus, sils se concrtisent.
3 Crateurs dentreprises : avec lauto-entreprenariat, de nouveaux profils, INSEE Premire fvrier 2014
4 Voir note de lInstitut de lentreprise : La France du Bon Coin : le micro entrepreneuriat lheure de
lconomie collaborative par David Mnasc, prface de Laurence Fontaine, septembre 2015
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1 Les constats
1.1 Une connaissance incomplte des freins et des besoins ressentis
par les entrepreneurs individuels, ainsi que de leurs trajectoires
de croissance.
Lidentification des freins et des besoins des entrepreneurs individuels est plus malaise
quon pouvait le penser, les obstacles ou les difficults tant surtout connus de faon trs
gnrale, plus que par nature de projet ou en fonction des caractristiques des porteurs.
En effet, il est souvent difficile de retirer des sondages disponibles une ide claire des vrais
besoins ou des points sur lesquels une action pourrait tre dterminante selon des
modalits prcises. Outre le biais inhrent la manire de poser la question, il est ncessaire
de faire la part de choses entre les obstacles rels (rencontrs effectivement par ceux qui
portent un projet avanc ou qui ont cr une entreprise) et les obstacles ressentis ou supposs
(en particulier pour les crateurs potentiels ou ceux qui sont seulement au stade de
lintention ou de lide). Il faut donc nuancer des opinions fondes souvent sur des craintes
plutt que sur des faits gnrateurs de blocages la cration ou pour la croissance.
Nanmoins, une certaine convergence apparat tant dans la nature de freins que dans leur
hirarchie, et galement dans les ressorts des dmarches entrepreneuriales, ce qui pourra
donc inviter agir prioritairement sur les facteurs dcourageants ou facilitateurs ainsi mis en
avant.
Le Baromtre Envie dentreprendre 5 hirarchise ainsi les principaux facteurs dissuasifs,
prsents par ordre dimportance dcroissante : le manque de fonds personnels, la
conjoncture conomique, la complexit des dmarches administratives, le manque
dexprience professionnelle, la crainte de pertes de revenus, le manque dinformations, la
crainte de sacrifices dans la vie personnelle , le manque de rseau professionnel.
Si lon pose des questions6 sur les facteurs pnalisants pour lentreprise moyen terme pour
les Franais, ils sont respectivement 80 %, 79 % et 74 % estimer que cest le cas des
relations entre les banques et les entreprises, des relations entre lEtat et les entreprises et
de la relation entre le systme ducatif et les besoins des entreprises. Dans la mme
enqute, outre le fait que dans 38 % des cas leur situation actuelle leur convenant ils ne sont
pas tents par laventure entrepreneuriale, ils sont 50 % penser que cest trop risqu
financirement, 34 % que cest trop compliqu et 17 % quils nont pas lesprit pour
entreprendre.
5 Voir en annexe extraits du sondage ralis par Viavoice pour Idinvest Partners et Le Figaro en ligne, du 20
fvrier au 3 mars 2015 6 Voir en annexe extraits du sondage La France dans 10 ans - Octobre 2013 BVA
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Ceci recoupe en partie le constat dress par le sondage Les Franais et lconomie 7, qui
voit 77 % des personnes interroges tre assez ou trs favorables lide dallger les
normes et les rgles qui encadrent lactivit conomique, par exemple en matire de droit
du travail, dimpt ou denvironnement.
Dautres enqutes conduites par les rseaux daccompagnement, et surtout leur exprience
quotidienne, confirment bien le tierc de tte des facteurs dfavorables : accs aux
financements, complexit administrative, insuffisance de linformation et de
laccompagnement.
Et lopinion sur les aides que peut apporter lEtat pour crer une entreprise est plutt
mitige8 : si ces mesures sont peu prs aussi connues (85 %) que les aides aux emplois
davenir, elles sont juges dans des proportions quivalentes efficaces (46 %) ou non
efficaces (45 %).
Dans les enqutes priodiques de lINSEE au titre du dispositif SINE (Systme dinformation
sur les nouvelles entreprises) qui interrogent les jeunes entreprises lanne de leur cration
puis 3 ans et 5 ans aprs, ont t introduites des questions sur les principales difficults
rencontres, mais il ne semble pas que ces rponses aient fait lobjet dtudes approfondies,
notamment sur les glissements perceptibles entre les diffrents facteurs, en vue de mieux
orienter laction publique. Par ailleurs, par construction, cela ne permet de connatre que la
situation de ceux qui ont cr une entreprise et pas le dtail des motifs de ceux qui ont
renonc crer soit au stade de lide, soit au stade du projet. Enfin, la question du lien
entre le profil et les qualifications avec le projet nest pas particulirement aborde.
Malgr les freins qui ralentissent le passage la cration, lapptence est forte : chez les
jeunes quel que soit leur niveau de formation, dans les banlieues ou les bassins demploi
fragiles, et dans la fameuse gnration Y. Pour rappel cette gnration dont on parle
beaucoup (personnes nes entre 1978 et 1994) compte 13 millions de personnes, soit la
gnration la plus importante depuis le baby-boom. Or elle se manifeste par des
caractristiques que navaient pas ou peu les gnrations prcdentes : une forte utilisation
des nouvelles technologies, une remise en cause de lautorit hirarchique, un got pour le
travail en autonomie et pour lentreprenariat. Parmi les plus jeunes, environ 45 % des
18 34 ans ont envie de crer leur propre entreprise9.
7 Voir en annexe D des extraits du sondage Les Franais et lconomie Les journes de lconomie 2015 -
Banque de France - TNS Sofres / septembre 2015 8 Voir en annexe D des extraits de lenqute sur l Ascenseur social et lemploi des jeunes en France Juillet
2015 TNS - Nos quartiers ont des talents 9 Sondage Les Franais, leurs entrepreneurs et le crowdfunding men en dcembre 204 par lInstitut Think pour Lendopolis et le Conseil Suprieur de lOrdre des Experts-Comptables
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Crer son propre emploi dans un march du travail incertain peut apparatre comme un
risque moins grand quand linsertion est prcaire et la discrimination trs importante : il
peut paratre plus ais de trouver des activits, c'est--dire un march et des clients, que des
employeurs quand on pense 91 % quil est difficile pour un jeune de trouver un emploi la
hauteur de ses qualifications10.
Le Baromtre Envie dentreprendre , dj cit, souligne que lenvie dtre indpendant
est la premire raison poussant la cration dentreprise et, logiquement, les formes
dentreprise individuelle et le rgime du micro-entrepreneur priment sur le souhait de crer
une entreprise avec des associs. Cest indniablement un aspect prendre en considration
comme une composante fondamentale de la structure du tissu des jeunes entreprises et un
lment fondateur des politiques daccompagnement de la croissance de ces jeunes
entreprises qui devront frquemment muter ultrieurement vers dautres modes
dorganisation.
Par ailleurs, les formations courtes et professionnalisantes recueillent un score lev, face
la poursuite de laugmentation de la proportion de bacheliers, comme orientation pour la
France de demain11.
Les trajectoires de croissance et les mcanismes de disparition des entreprises
individuelles semblent faire lobjet danalyse trop limites.
En raison de la contrainte de dlai donne pour la ralisation de cette mission, le travail sest
appuy pour lessentiel sur les donnes conomiques et sectorielles immdiatement
disponibles. Celles-ci sont nombreuses, mais souvent pas assez dtailles pour approcher le
sujet sous langle des entreprises individuelles ou des TPE
Loutil de statistique publique produit de trs bonnes synthses, souvent renouveles
annuellement, et des analyses qui mettent en perspective les volutions majeures
concernant le tissu entrepreneurial et exposent lampleur des effets de ses mutations. En
annexe C, quelques extraits de publications rcentes fournissent des lments de rfrence.
Leur qualit fait toutefois leur faiblesse : ces chiffres sont solides, mais disponibles souvent
bien trop tardivement.
De plus, il est apparu que de nombreuses questions restaient sans rponse, alors quelles
prsentent un intrt vident pour dterminer les actions de politique publique des en
faveur des entrepreneurs individuels, notamment : comment faire la part, au cours des
dernires annes, des effets de substitution dus au renforcement de loffre par les
autoentrepreneurs ? comment distinguer le poids des facteurs macro-conomiques dans les
volutions de lactivit et des revenus des travailleurs indpendants installs avant le dbut
de la crise conomique, alors que la cration du rgime de lautoentrepreneur a t
10
idem 11
Sondage prcit La France dans 10 ans
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simultane ? le secteur du btiment, prsente-t-il structurellement des caractristiques
propres qui expliquent son retard profiter des courants de reprise ? quelles sont les
dominantes des petites entreprises qui disparaissent, une fois enlevs les facteurs
sectoriels ?...
Il est galement frappant de constater que si les premires annes dune entreprise donnent
lieu des analyses fines grce aux enqutes SINE (qui pourraient tre encore mieux
exploites, voire enrichies certains gards), les tapes de croissance des entreprises
(premire embauche, changement de statut pour runir des capitaux) sont soit inexistantes,
soit peu accessibles. Comme si la dmographie des entreprises nintressait plus aprs les
cinq premires annes dactivit, en considrant que cest le jeu du march qui fait son
office et que lenvironnement des affaires, sur lequel les pouvoirs publics ont un effet
sensible, na aucune influence sur le devenir des entreprises.
On peut penser que les donnes disponibles, ventuellement compltes moindre frais,
pourraient tre davantage et mieux mobilises, condition de dfinir des axes dtude
prioritaires sur les phnomnes propres chaque catgorie dentreprise ou certains types
dentrepreneurs, notamment pour pouvoir interprter le dficit de croissance dont
semblent faire preuve quantit dentreprises de notre pays, commencer par les plus
petites dentre elles, qui sont en outre, ds la cration, en proportion plus nombreuses que
dans dautres Etats de niveau de dveloppement comparable12. Les moyens consacrer
ces recherches sont vraisemblablement raisonnables, dautant que le produit de ces
analyses servirait tayer les ncessaires tudes dimpact des mesures en faveur des petites
entreprises.
Enfin, le flou statistique sur les mouvements intra-communautaires dans le cadre de la libre
prestation de service (LPS) et sur les effets rels de la mobilit des chefs dentreprise
lintrieur de lUnion europenne gagnerait tre trait : sauf en ce qui concerne les
professions mdicales et paramdicales, les chiffres disponibles ne donnent quune vision
anecdotique ou trs partielle de ces mouvements et ne permettent aucunement de conclure
sur les effets conomiques de ces mouvements, quil sagisse des professionnels trangers
venant en France ou des professionnels franais choisissant daller conqurir des marchs
trangers.
12
Voir en particulier, le communiqu Eurostat 201/2015 du 17 novembre 2015 9 entreprises sur 10 dans lUE employaient moins de 10 personnes
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1.2 Linsuffisance, la rigidit ou linadaptation des dispositifs
dinformation et daccompagnement des crateurs.
Lentreprenariat est une forme demploi qui demeure peu mise en avant
Mme si les discours et les pratiquent voluent, dans les faits les prjugs et les strotypes
demeurent trs prgnants. Ils sont intrioriss ds le systme scolaire : de ce point de vue
les mtiers manuels et le travail indpendant partagent souvent les mmes problmes de
dvalorisation ou de mconnaissance concrte. Plus tard, ces a priori sont souvent partags
par les professionnels en charge de laccompagnement vers lemploi (services dorientation,
missions locales, Ple emploi, travailleurs sociaux). En caricaturant, on entend souvent : la
cration dentreprises ce nest pas pour tout le monde : pas pour les jeunes dcrocheurs, pas
les femmes, pas les sniors, pas les personnes en situation dexclusion sociale ou
financire .
Heureusement les choses bougent. Mais, malgr les orientations qui sont donnes, malgr la
sensibilisation opre dans les tablissements scolaires, auprs des mdiateurs sociaux,
malgr le travail des associations sur le terrain, malgr les outils de politique publique mis en
uvre, le droit linitiative conomique qui devrait tre vcu comme un droit frre du
droit lemploi reste encore limit, au moins autant par ces freins culturels que par des
causes objectives quil ne faut pas sous-estimer pour autant.
Or les faits et lexprience prouvent que le talent entrepreneurial na que peu voir avec
le niveau scolaire, lorigine sociale, lge ou le sexe.
Certes tout le monde ne peut pas tre entrepreneur, mais nul ne doit tre empch ds lors
quil est motiv, et correctement conseill dans la dure : encore faut il quil ait accs
linformation, aux financements adquats, aux formations pertinentes, aux rseaux et aux
accompagnements adapts. Et ce au plus prs du territoire. Car une autre ide reue doit
tre combattue : tous les territoires mme les plus difficiles (banlieue, zones rurales, zones
priurbaines) permettent des initiatives de se dvelopper ds lors que lcosystme
entrepreneurial est organis avec tous les partenaires utiles (collectivits territoriales,
organismes consulaires, financeurs, associations.
Lappui aux entrepreneurs est trop souvent conu en termes de structures, au dtriment
de logiques de service
Laccs aux droits et aux informations utiles est toujours, notamment pour les plus fragiles
ou les plus loigns de lemploi, un dfi pour les institutions.
Les guichets qui existent sont nombreux, peu articuls, segments et plus prompts
demander des informations, imposer des parcours ou dcrire des obligations qu proposer
des services adapts, mme quand il sagit dinitiatives portes par des organismes ou des
tablissements publics. Si les rseaux daccompagnement et les structures dappui locales
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ont pris une telle place dans le paysage de la cration dentreprisses, mobilisant des milliers
de bnvoles eux-mmes professionnels cest bien que faisait dfaut une offre de service sur
mesure, construite au plus prs des besoins des porteurs de projet.
Ce foisonnement a videmment son revers : multiplicit et complexit de loffre, lisibilit
difficile pour le crateur, sentiment de redondance pour les financeurs publics. Et ce
dautant que les niveaux dintervention institutionnels se superposent : lEtat intervient via
des dispositifs daccompagnement des demandeurs demplois (NACRE13, Fonds de cohsion
sociale pour les garanties, BPI) pour partie en cours de dcentralisation. Les rgions, dans
le cadre de leurs comptences de dveloppement conomique et de formation
professionnelle proposent des aides spcifiques (principalement sous forme de primes la
cration ou de fonds de prts dhonneur) et les dpartements ou les collectivits
territoriales ciblent galement certains publics avec des aides locales. Sans oublier le rle
que joue Ple emploi, la CDC et divers organismes paritaires dans la mise disposition
doutils daccompagnement.
Ces constats maintes fois souligns au travers de rapports des corps de contrle (IGF, Cour
des Comptes, IGAS, assembles parlementaires14) ont t suivis de plusieurs tentatives de
rationalisation dont la dernire en date est la cration en cours de France Entrepreneurs, qui
prend appui sur lAPCE pour orienter les financements et les interventions sur les territoires
fragiles. Lobjectif est de coordonner les diffrents ministres concerns, la CDC, les
Consulaires, et les Experts Comptables, en esprant aussi associer les rgions ds que les
excutifs rgionaux seront renouvels.
Il va de soi que de tels efforts sont louables. Les principaux rseaux daccompagnement ont
dailleurs sign avec lEtat et la CDC un cadre dintervention concert proposant une
clarification de leurs rles respectifs et une complmentarit voire une mutualisation de
leurs interventions sur les territoires.
Pour autant la gestion administrative de lacte de cration reste trop rigide. On le verra
plus loin. Il sagit moins de simplifier que de fluidifier et daccepter des dlais pour raliser
certaines oprations. Limmatriculation et la formation pralable linstallation peuvent, par
exemple, dans certains cas tre inadaptes au rythme de la dmarche de cration qui est, au
dmarrage surtout, un processus continu et non un acte fig dans un temps court.
Pour reprendre une image souvent suggre par les acteurs de terrain : mieux vaut passer
la conduite accompagne que de rester au permis de conduire lancienne .
13
Nouvel accompagnement pour la cration ou la reprise dentreprise 14
Rapport Les dispositifs de soutien la cration - Cour des comptes (fvrier 2013) ; Rapport dvaluation du rgime de lautoentrepreneur de lIGF et de lIGAS (avril 2013) ; Rapport de la Mission dvaluation et de contrle (MEC) de lAssemble Nationale sur les chambres consulaires, leurs missions et leurs financements (septembre 2015)
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Car laccompagnement des crateurs est un facteur essentiel de leur prennit, de leur
rentabilit et de leur dveloppement.
Toutes les tudes le dmontrent : laccompagnement damont en aval, dans la dure et sur
la base dactions collectives et de sur mesure est dcisif. Les russites les plus probantes
se fondent sur laccompagnement par un ou des professionnels, gnralement bnvoles,
qui apportent la confiance et les rponses concrtes au bon moment : quon les nomme
mentorat , parrainage , tutorat , coaching , elles ont toutes en commun une
relation fonde sur la confiance, sur la demande et non sur lobligation, sur la spcificit des
besoins concrets. Cest logique, puisque laccompagnement agit sur plusieurs facteurs
favorables la prennit : choix optimis du statut, renforcement des comptences ou
formation, plan de financement plus solide 15
On pourrait aussi souligner limportance de lamont de lamont c'est--dire lmergence
des projets. Et si la cration dentreprise, dans les quartiers, par les jeunes de moins de
30 ans a t multiplie par 3 en 10 ans, on le doit aussi au travail de proximit conduit par
certaines associations (Plante Adam, Groupements de jeunes crateurs).
Comme le rappelle souvent C. Sautter, le Prsident de France Active : une entreprise
accompagne est presque toujours une entreprise sauve ! .
Or, seulement 20% des entreprises cres chaque anne sont accompagnes : peine
100 000 sur les 500 000 crations.
Ce chiffre pse sur leur prennit 2 et 3 ans. Il pse sur leur dveloppement et leur
rentabilit commerciale. Il pse surtout sur leur capacit crer de lemploi comme la
dmontr une enqute mene par France Stratgie, le Bureau international du travail, et la
Caisse des dpts en Juin 201416
Cest toute la vie de lentreprise qui est fragilise par labsence doffre de service adapte
des moments cls. La notion de parcours doit sentendre dans la dure pour limiter la prise
de risque : oser se lancer, franchir des seuils, changer de statut, embaucher son premier
salari, sassocier, cder ou reprendre une entreprise. On peut sur ce dernier point se
rfrer au rapport remis le 7 juillet 2015 par Mme Fanny Dombre-Coste qui insiste sur le rle
dcisif des actions de sensibilisation personnalises pour viter chaque anne la disparition
de dizaine de milliers dentreprises.
Ces dispositifs la carte peuvent largement tre proposs par des offres distance, des
outils dautodiagnostic. Mais lexprience prouve que les dmarches proactives proposes
15
Entreprises cres en 2010 : sept sur dix sont encore actives trois ans aprs leur cration, INSEE Premire avril 2015 16
Le microcrdit professionnel et laccompagnement la cration dentreprise en France : quel devenir des crateurs sur le march du travail trois ans aprs ?
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Lever les freins lentreprenariat individuel
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(si possible gratuitement) sont dcisives. Lentrepreneur individuel est souvent seul face
ses difficults et son premier rflexe nest pas toujours den parler temps.
Si nul ne conteste les vertus de laccompagnement, force est de constater que son
financement reste problmatique : insuffisant, alatoire, rarement pluriannuel, alors mme
que la proximit et la continuit des interventions sont des gages de leur efficacit. Lnergie
dpense les obtenir ou les sauvegarder gagnerait tre mieux oriente. Dautant que,
compar dautres dispositifs de retour lemploi, le cot de laccompagnement dun
crateur dentreprises est trs modeste (moins de 2 000 euros) et son impact dans la dure
est aisment mesurable et traable.
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19
1.3 Leffet dissuasif de la multiplicit des statuts juridiques et de la
complexit des rgimes fiscaux et sociaux sur la dynamique de
cration
En longue priode, la revendication des entrepreneurs individuels ne varie pas :
simplifications administratives et allgements des charges sont des demandes permanentes.
Sy ajoute la protection juridique (distinction biens professionnels/biens personnels.)
Plusieurs tapes ont t franchies au fil des annes qui, sous couvert de simplification, ont
souvent procd par additions et segmentations de statuts. Le mieux devenant au fil du
temps lennemi du bien
Concernant les rgimes fiscaux et sociaux,on observe la mme sophistication et complexit
aggrave par lampleur de la catastrophe industrielle du RSI, confirme par un rapport
de la Cour des comptes en 2012, qui a plong les professionnels dans un univers
dincertitude et dillisibilit des rgles du jeu. Une sortie de crise semble enfin sesquisser
comme en tmoigne ltat des lieux le plus rcent dress par le CESE17 mais les dgts
(notamment psychologiques) et les rgularisations sont encore loin dtre surmonts. Le
sentiment de dfiance perdure et la plus grande vigilance est ncessaire pour accompagner
les rorganisations en cours.
Un diagramme (voir annexe G) transmise par le Conseil suprieur de lOrdre des experts
comptables illustre les mfaits de ces empilements successifs. A force de raffiner, on
construit des usines gaz ! Lobjet de la mission nest pas de proposer des rponses aux
dimensions fiscales qui sont pourtant importantes. Mentionnons simplement que le sujet est
central et quil doit tre remis plat si on veut viter des polmiques permanentes sur les
distorsions entre les nouveaux entrants et les entrepreneurs ayant consolid leur position
depuis plusieurs annes, qui ont parfois le sentiment dune ingalit de traitement mme si
les comparaisons ne sont pas toujours probantes.
Cest la condition ncessaire pour conserver les aspects positifs du rgime de
lautoentrepreneur. La rupture introduite fin 2008 par ladoption de ce rgime dmontre de
manire clatante le lien quasi automatique entre simplicit des rgles et cration
dentreprise : depuis louverture de ce rgime fond sur une logique claire et convaincante
pour un nophyte : pas de chiffres daffaires, pas de charges , avec une rgle de
plafonnement du chiffre daffaires raisonnable et de proportionnalit des charges
quitable par rapport aux statuts existants (mme si tel nest pas toujours lavis de tous,
mais ceci doit pouvoir tre objectiv), le nombre de crations a quasiment doubl en rythme
annuel.
17
Le rgime social des indpendants (RSI) Avis prsent par Mme Monique Weber, septembre 2015
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Lever les freins lentreprenariat individuel
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Mme si des erreurs de jeunesse du rgime ont lgitimement suscit des ractions
ngatives ou si des recours abusifs des autoentrepreneurs plutt qu des salaris ont
nourri un dbat sur son encadrement, ce nouveau rgime fiscal et social fond sur un
objectif de simplicit nen reste pas moins un test grandeur nature des mrites de la
clart et de la lisibilit des rgles.
Dailleurs chaque fois que des menaces de remise en cause (campagne des prsidentielles)
ou des amnagements (dbats et dispositions post loi de Juin 2014) sont intervenus, les
effets ont t immdiats sur le nombre dinscriptions. La baisse significative du nombre dAE
depuis le dbut de lanne (-17%), semble tre en grande partie explicable par des mesures
circonstancielles prises sans relle tude dimpact ex ante.
Il serait paradoxal, dans le contexte actuel o la bataille pour la cration demplois mobilise
la socit, de rechercher une rponse aux problmes plus ou moins avrs mis en avant en
complexifiant le dispositif. Il doit au contraire inspirer les mesures prendre. La simplicit
pour tous devrait tre le slogan port par tous les acteurs. Cest dans leur intrt immdiat
comme moyen terme si on veut viter le retour vers les zones grises de lconomie
informelle de tous ceux qui veulent prendre le risque et linitiative dentreprendre. Lun des
mrites incontestable du rgime de lautoentrepreneur est davoir lgalis une partie du
travail non dclar. Et mme si certains continuent de jouer avec la rgle, ces drives qui
doivent tre combattues, ne doivent pas remettre en question un mouvement de fond
globalement positif.
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1.4 Ltendue, devenue excessive, des restrictions de fait la libert
dinstallation en raison dune interprtation souvent extensive
des obligations de qualification professionnelle.
Force est de constater que la libert dinstallation qui est la rgle commune en France depuis
la loi Le Chapelier et laquelle tout le monde se dclare attach est strictement encadre
dans de nombreuses professions, principalement artisanales.
En Europe18, on parle de 5 000 activits rglementes19, soit 50 millions demplois
concerns.
En France, linventaire ralis pour la transposition de la directive relative aux qualifications
professionnelles en dnombre 250 ce qui place la France dans une fourchette haute
puisquon en dnombre 138 en Allemagne, 149 aux Pays Bas, 161 au Danemark, 169 en
Italie, 189 en Espagne, 221 au Royaume uni. Il sagit de comparaisons qui donnent un ordre
de grandeur, car la porte des exigences mises en avant est parfois difficilement mesurable.
Entre une dnomination professionnelle protge par ladhsion un ordre professionnel et
une qualification obtenue par un diplme au bout de 3 ans, il y a videmment une relle
diffrence pour un porteur de projet.
Il nexiste pas dinventaire complet des effets macro-conomiques des professions
rglementes. Toutefois, le rapport de lGF de 2013 qui a analys plus particulirement 37
de ces professions reprsentant plus dun million de personnes (dont 7 professions
artisanales : plombier, menuisier, serrurier, peintre, vitrier, pltrier, taxi) fait apparaitre une
volution de la valeur ajoute trs suprieure celle du PIB (+54% contre +35%). Effet de
rente ? Tarification leve lie lurgence ou la dpendance du consommateur ? Ces dbats
sont loin dtre apaiss. Mais le potentiel demploi qui pourrait se dgager de lallgement
de certaines contraintes parait avr pour tous les observateurs.
En essayant de dpassionner le dbat, on peut dresser plusieurs constats :
- sil y a nombre de professions rglementes ou exigeant des qualifications
linstallation, beaucoup ne le sont pas, sans quon puisse trouver toujours une
logique ou une cohrence ces diffrences dans les risques encourus par les
consommateurs : certaines sont trs proches (boulangers : oui, restaurateurs : non ;
laveur de vitres : non, laveurs de murs : oui). Le constater nimplique pas
ncessairement de retour en arrire systmatique mais douvrir des pistes
18
Communication de la Commission europenne Amliorer le march unique: de nouvelles opportunits pour les citoyens et les Entreprises 28.10.15 19
Au sens de larticle 3 de la directive 2005/36/CE du 7 septembre 2005 relative la reconnaissance des qualifications professionnelles (DQP), une profession rglemente est une activit professionnelle dont laccs, lexercice ou une des modalits dexercice (telle que lutilisation dun titre professionnel) est subordonn, directement ou indirectement, en vertu de dispositions lgislatives, rglementaires ou administratives, la possession de qualifications professionnelles dtermines.
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permettant de proposer des opportunits demploi et/ou de proposer des modalits
daccs assouplies.
- il est dautant plus lgitime de sinterroger que, dj en 2009, un rapport20 remis M
Herv Novelli par Anne de Blignres-Lgeraud indiquait que face aux
transformations profondes qui affectent ces mtiers et leur environnement, on ne
peut manquer de poser la question dune rvision des critres et des modes de
rgulation ;
- dune manire gnrale les obligations de qualification professionnelle psent
davantage sur les entreprises immatricules au rpertoire des mtiers de lartisanat
que sur celles inscrites au registre du commerce et des socits. Ce nest pas quune
question de nombre, les entreprises du secteur de lartisanat reprsentant une
grande part des TPE, mais les entreprises du commerce galement.
Larticle 16 de la loi n 96-603 du 5 juillet 1996 relative au dveloppement et la promotion du commerce et de lartisanat dispose que certaines activits ne peuvent tre exerces que par une personne qualifie professionnellement ou sous le contrle effectif et permanent de celle-ci. La qualification professionnelle obligatoire peut tre dtenue par le chef dentreprise ou par un salari. Lobligation de qualification professionnelle sapplique aux activits suivantes : - entretien et rparation des vhicules et des machines ; - construction, entretien et rparation des btiments ; - mise en place, entretien et rparation des rseaux et des quipements utilisant les fluides, ainsi que des matriels et quipements destins l'alimentation en gaz, au chauffage des immeubles et aux installations lectriques ; - ramonage ; - soins esthtiques la personne autres que mdicaux et paramdicaux et modelages esthtiques de confort sans finalit mdicale ; - ralisation de prothses dentaires ; - prparation et fabrication de produits frais de boulangerie, ptisserie, boucherie, charcuterie et poissonnerie, et prparation et fabrication de glaces alimentaires artisanales ; - activit de marchal-ferrant.
Pour plus de dtails, voir en annexe J.
- dans lunivers des services la personne ou dans les transports, certaines
rglementations (agrments ou examens professionnels) ne paraissent pas toujours
adaptes (rglementations obsoltes). A titre dexemples : pourquoi un
professionnel qui propose des services domicile ou dans les maisons de retraites
doit-il avoir obligatoirement un local professionnel par dfinition jamais utilis ?
pourquoi lexamen relatif lattestation professionnelle de transport lger de
marchandises (livraison domicile) porte-t-elle dsormais sur des questions
juridiques trs loignes des conditions dexercice du mtier, vrifies par ailleurs
par le permis de conduire ?
20
Groupe de travail sur lvolution des qualifications professionnelles lies aux mtiers de lartisanat. Juin 2009
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Lever les freins lentreprenariat individuel
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- le traitement de nouveaux mtiers ou services est ncessairement problmatique
et retard, en particulier lorsque ces nouvelles activits sont proches, concurrentes
ou associes dautres activs dj rglementes, qui imposent alors leurs
contraintes.
- lorsquune exprience professionnelle peut se substituer au diplme, les modalits
de son valuation sont souvent complexes ou fluctuantes, linterprtation des
textes applicables ntant pas aise.
- les mcanismes de validation de lexprience sont, en France, longs, compliqus
(20 000 par an seulement), et coteux en temps pour les candidats comme pour les
jurys. Ils supposent souvent une exprience professionnelle continue, qui ne
correspond pas la discontinuit des parcours professionnels des personnes les plus
en difficults.
- sil est difficile den quantifier les effets, il apparait que certaines barrires mises en
place pour lessentiel il y a 20 ans excluent de lentreprenariat nombre de
personnes qui ont des comptences et pas de diplmes : jeunes dcrocheurs,
chmeurs de longue dure, seniors ou personnes en reconversion, travailleurs
dorigine trangre Certains dentre eux ont des savoir-faire quil faut trouver un
moyen de reconnaitre pour leur ouvrir de nouvelles perspectives. Ils le dmontrent
dans des professions non rglementes (commerce ou services notamment). Ils
pourraient le dmontrer aussi dans certains mtiers qui leur sont aujourdhui
ferms. On sait depuis longtemps construire des valuations en milieu de travail qui
font foi pour un employeur qui veut recruter un salari et qui pourraient valoir aussi
pour un entrepreneur individuel sous rserve de prcautions bien cibles, dun
accompagnement appropri ou de priodes probatoires. Il convient aussi de porter
la connaissance des consommateurs sous des formes lisibles dinformation, de
labellisation ou d appellations protges la spcificit et la diffrenciation des
professionnels.
Surtout, on nobserve aucun problme de sant et de scurit qui justifierait autant de
contraintes : les recherches effectues sur les atteintes la sant et la scurit des
consommateurs rsultant de lexercice des activits de petites entreprises, quelles soient
rglementes ou non, ont t totalement vaines. Ni les rapports des organismes publics de
veille sanitaire, ni les statistiques des socits et mutuelles dassurance, ni les rapports
dactivit des services en charge de la sant des consommateurs, ni les informations
recueillies auprs dorganismes de dfense des consommateurs, ni mme celles des
professionnels eux-mmes nont permis de mettre en vidence des risques particuliers lis
une activit ou certains gestes professionnels dans la relation avec le client.
Cest pourquoi, au vu des obligations particulires existant dans le secteur de lartisanat qui
concernent potentiellement 660 000 entreprises, celles-ci font lobjet de dveloppements
spcifiques ci-dessous.
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Linventaire surprenant des obligations de qualification,
construit au fil des interrogations de ladministration et des rponses ministrielles,
et ses consquences
Depuis la publication de la loi du 5 juillet 1996 relative au dveloppement et la promotion
du commerce et de lartisanat, la porte ou les limites de lobligation de qualification
professionnelle ont fait lobjet dchanges rpts entre les services de lEtat et lAPCMA ou
les chambres de mtiers. Des questions parlementaires ont aussi fait lobjet de rponses
ministrielles.
Il en est rsult une consolidation progressive, parfois mouvante, des domaines ou activits
exclues des contraintes de qualification professionnelle, les arguments et justifications des
limites ainsi poses ntant pas toujours clairs ou apparents.
Le caractre pour le moins baroque de la situation actuelle (voir en annexe L) ne peut
tre mis la charge de ceux qui ont t lorigine des diffrentes pices de cet difice
complexe. Chacun dans son rle a tent de mettre, selon les circonstances, de la raison, du
bon sens, de la logique tout en dfendant des visions gnralement antagonistes : dun
ct, souci de restreindre le moins possible la libert dinstallation ; de lautre ct, volont
de donner plus que leur pleine mesure des dispositions lgislatives sous-tendues ds le
dpart par une ambition suprieure celle, affiche, de prservation de la sant et de la
scurit du consommateur puisquil sagit au moins autant de poursuivre un objectif de
qualit que le lgislateur na finalement pas retenu explicitement.
Lun des dfauts du systme actuel est en outre la combinaison, source de confusion entre
deux notions diffrentes : lactivit (dfinies par rfrence des nomenclatures dont la
trame est fixe au niveau communautaire) et le mtier (dont les composantes
lmentaires ne sont pas normalises).
Les consquences de cet enchevtrement de conceptions, dinterprtations et darbitrages
sont multiples :
- faute dune origine unique et indiscutable, les sources publiques dinformation sur
les obligations de qualification sont disperses, chaque organisme prsentant sa propre
vision (sites internet de la DGE, Guichet-Entreprises, de lAPCMA, des CMA locales, de
lAPCE) et la recherche des informations utiles est donc dlicate pour les crateurs
dentreprise ;
- les informations fournies ne sont pas compltement concordantes ou clairantes,
langle de prsentation ntant pas le mme (conomique, immatriculation, qualification...) :
voir les extraits en annexe K. Ainsi, le guide du RSI Lauto-entrepreneur (septembre 2015)
renvoie vers le site www.lautoentrepreneur.fr, en raison de lobligation de justifier de la
qualification professionnelle pour lexercice de certaines activits artisanales, mais ce site
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Lever les freins lentreprenariat individuel
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nindique aucunement quune partie des activits mentionnes ne ncessite pas de
qualification professionnelle ;
- les interprtations sur les champs dapplication des obligations peuvent tre
extensives du fait du caractre gnral ou laconique des rponses reues. En tmoigne un
courrier qui indique : Il ne saurait y avoir de statut particulier pour les prestations
proposes par hommes toutes mains except si les travaux ne mettent pas en cause la
scurit du consommateur. Or, toute intervention sur les branchements en eau et lectricit
entrent bien dans le champ dapplication de la loi. ;
- les interprtations peuvent galement parfois tre favorables aux crateurs, mais
sans justification vidente : ainsi, un mtreur a t reconnu comme suffisamment qualifi
pour exercer toute activit de btiment et un fraiseur pour une activit de rparation de
matriel agricole ;
- les subtilits ou les prcautions exprimes pour encadrer les exigences de
qualification forment une mosaque o il est parfois difficile de trouver un fil conducteur
aisment justifiable un crateur dentreprise : ainsi, selon ladministration, le lavage de
faade de btiment fait lobjet dune obligation de qualification professionnelle, tandis que
le lavage dautomobile, pourtant inclus dans les activits rglementes dentretien de
vhicules automobiles, nest pas considr par lAPCMA comme une activit rglemente, ce
qui ne semble pas la pratique de toutes les chambres de mtiers et de lartisanat. Par
ailleurs, la peinture sur carrosserie peut tre pratique sans qualification professionnelle ds
lors quaucun travail de rparation mcanique nest entrepris (position de ladministration)
mais le site de lartisanat nafa.apcma.fr mentionne une obligation de qualification pour
tous les travaux de peinture sur carrosserie ;
- il arrive que les services administratifs eux-mmes divergent quant lexistence
dune obligation de qualification ou voluent sensiblement et soudainement quant leur
apprciation des situations et des consquences en tirer : la pose de faux ongles, aprs
avoir t longtemps considre comme une activit dispense dobligation de qualification
professionnelle, a fait en 2014 lobjet de contrles dont les fondements juridiques sont
actuellement dbattus entre services de lEtat ; auparavant, la serrurerie avait t
considre par les services du ministre de lconomie comme une activit non
rglemente, ce qui nest plus le cas, le ministre de lducation ayant rappel que le CAP de
serrurier formait un mtier pour les activits de finition du btiment ;
- des formations pourtant de niveau lev ne permettent pas dexercer dans un
secteur diffrent dactivits. Ainsi, il a t prcis dans des courriers administratifs que le
titulaire dun bac construction mcanique et dun DUT gnie mcanique et productique
ne pouvait pas justifier dune qualification professionnelle requise pour une activit de
serrurerie-mtallerie ; ou encore le titulaire dun bac fabrications mcaniques et dun
BTS industrie papetire ntait pas considr comme assez qualifi pour exercer lactivit
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Lever les freins lentreprenariat individuel
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de pose et de montage de portes de garages automatises. Et ce, alors que dans un autre
cas, un diplme de technicien en automatisme du btiment dlivr par lAFPA permettait
non seulement dexercer une activit dlectricien mais aussi, implicitement, des autres
activits du groupe intitul mise en place, entretien et rparation des rseaux et des
quipements utilisant des fluides, ainsi que des matriels et quipements destins
lalimentation en gaz, au chauffage des immeubles et installations lectriques ;
- le cas, inverse, des ramoneurs est galement difiant : seul un certificat technique
des mtiers prpar en Alsace rpond en termes de certification lexigence de
qualification, alors quun certificat de qualification professionnelle dlivr par le Comit
scientifique et technique des industries climatiques ne peut tre pris en compte pour la
reconnaissance de la qualification professionnelle, faute davoir t inscrit au rpertoire
national des certifications professionnelles ;
- le cloisonnement tanche des groupes dactivits (avant les modifications de la loi du
18 juin 2014 relative au commerce, lartisanat et aux trs petites entreprises (ACTPE) qui le
renforce en instaurant un cloisonnement plus fin encore) met en pril les entreprises
multiservices (et probablement les entreprises tous corps dtat, dsormais), auxquelles il
est demand deffectuer un contrle effectif et permanent de lexercice de leurs activits
avec du personnel qualifi dans chaque mtier.
Dans le prolongement de ce constat, on ne peut que sinquiter des changes entre les
professionnels et les services de lEtat qui vont devoir reprendre pour mener bien la
rdaction du texte dapplication de larticle 16 modifi de la loi du 5 juillet 1996 relative au
dveloppement et la promotion du commerce et de lartisanat : il faut en effet dfinir pour
chacun des mtiers relevant des activits rglementes, et en fonction de leur
complexit et des risques quils peuvent prsenter pour la sant ou la scurit des
consommateurs, les diplmes et titres homologus adquats.
La rcente circulaire de lAPCMA (9 novembre 2015) prsente la situation nouvelle comme
tant dune grande simplicit : Une qualification proche dans le mtier considr permet
lexercice de lactivit. Ainsi, le titulaire dun CAP ou dune exprience professionnelle de
maon peut exercer lactivit de carreleur mosaste, un ptissier peut exercer lactivit de
boulanger En revanche, une personne qualifie en maonnerie ne peut exercer le mtier de
charpentier. .
Mais en ralit, tout est reprendre, puisque lintention du lgislateur est bien doprer
une distinction entre mtiers : le secteur du btiment est videmment concern, mais les
mtiers de bouche galement, sauf considrer quune formation de poissonnier est
adapte pour louverture dune boulangerie.
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Enfin, sans vouloir aggraver encore ce constat proccupant on peut souligner galement :
- le caractre largement illusoire du contrle effectif et permanent sur les chantiers
et pour le travail domicile si chaque employ na pas lui-mme les qualifications
requises. Or cest videmment le cas dans de nombreuses situations ;
- labsence dactualisation rgulire des connaissances professionnelles. Et ce mme
si lvolution des techniques et des matriaux commanderait une telle actualisation,
notamment en priode de transition cologique pour les activits du secteur du
btiment. Les organisations professionnelles suscitent dj des actions (labels, stages
professionnels) mais de manire encore trop lacunaire ;
- lexistence de certifications ou habilitations professionnelles parfois plus
exigeantes et plus utiles que les formations initiales dans le domaine de la scurit
et de la sant, par exemple pour des installations fonctionnant llectricit ou au
gaz ;
- larrive de nouvelles activits non dcrites par les nomenclatures actuelles ou de
combinaisons dactivits qui supposent des polyvalences accrues pour des tches
assez simples mais hors de porte des clients (on pense notamment au vieillissement
de la population et la silver conomie qui couplent des tches combines de soins la
personne, dentretien du domicile).
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2 Les recommandations gnrales
2.1 Fonder les choix de rforme sur des principes clairs et stables
Les mutations induites par les technologies numriques sont significatives et remettent en question des professions entires et des secteurs conomiques multiples en raison de leur connexit. Par leur intensit et leur rapidit, elles provoquent dj des rsistances et des ractions la mesure de ces secousses. Pour minimiser les cots de transition et acclrer les transformations au bnfice des consommateurs comme des professionnels, les pouvoirs publics gagneraient afficher clairement leur dtermination faire merger des solutions acceptables, au besoin en adoptant de nouvelles rgulations, et aider les entreprises les plus fragiles grer au mieux leur adaptation en les accompagnant si ncessaire.
Les principes de la dmarche participative propose par lEtat aux professionnels concerns mriteraient dtre mutuellement et explicitement accepts pour que lon puisse sy rfrer ensuite dans la dure, notamment au moment des arbitrages et choix majeurs. Il appartient aux intresss den dresser la liste et den choisir le mode de publicit. Les axes suivants sont suggrs de manire non exhaustive :
- donner toute leur place aux individus : notamment, partir de leurs besoins en suscitant lexpression de ceux-ci et sattachant suivre lvolution de leurs attentes ;
- offrir aux consommateurs de nouveaux services en profitant des transformations
induites par le numrique, sans renoncer la protection de leur scurit et de leurs
intrts ;
- savoir admettre larrive de nouveaux concurrents, en particulier ceux qui
enrichissent loffre sans se substituer aux acteurs dj prsents ;
- agir avec la volont de ne pas fragiliser les professionnels installs par des solutions
inquitables, ce sur quoi les pouvoirs publics ont pleine comptence.
Ce dernier point mrite deux recommandations qui sont un peu en dehors du champ du
prsent rapport, mais qui ont paru essentielles au bon fonctionnement des marchs pour le
futur :
- dune part, il convient de traiter avec le plus grand soin la question de la
concurrence adresse par des acteurs non marchands aux acteurs marchands, car
un particulier qui exerce une activit non conomique peut avoir un effet sensible
sur le modle conomique dune entreprise marchande, surtout si elle est petite, le
cas des changes non montaires pour un transport ou un hbergement le montrant
bien. Dans ce cas, il importe quau moins lon puisse sassurer que le particulier
nexerce pas une activit marchande de manire occulte ou illgale, ce qui invite
mnager un droit de contrle de ces changes par des services habilits ;
- dautre part, avec le dveloppement de lentreprenariat par des personnes qui ont
galement une activit salarie ou dautres sources de revenus ne provenant pas de
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leur travail, on voit apparatre des acteurs fondamentalement non marchands qui se
comportent comme des acteurs conomiques, plus ou moins occasionnels. Les
pouvoirs publics devraient sattacher faire en sorte que chaque euro de revenu tir
dactivits occasionnelles ou complmentaires soit trait sur le plan de la fiscalit
et des cotisations de la mme manire ou de manire quivalente que les autres
revenus pour ne pas donner certains un avantage-cot, rpercutable sur le prix,
qui conduirait la disparition progressive des entreprises ne pouvant compenser ces
pertes de recettes sur dautres activits, ce qui est le cas des petites entreprises. En
ce sens, les propositions destines crer une franchise fiscale (ou sociale) sur les
revenus tirs dune activit accessoire semblent porteuses de tels risques, mme si le
niveau de cette franchise est bas.
2.2 Choisir une dmarche de rforme constructive mnageant des
transitions apaises
Rappelons que le postulat de dpart de cette mission est de favoriser linitiative entrepreneuriale pour ladapter la nouvelle donne du numrique et pour lutter contre le chmage et les discriminations lemploi.
Sur cette base, le rapport est fond sur des changes oraux directs et attentifs avec les diffrentes parties prenantes et sur la communication de documents crits qui prcisent les faits et les opinions afin de fournir les bases dun diagnostic partag, pralable indispensable des choix transparents et arguments.
Ce rapport ne peut constituer lui seul le socle de ces choix, mais il importe de poursuivre les discussions sans en remettre en cause les lments accepts de part et dautre, faute de quoi les dbats ne se porteront pas sur des faits mais sur des ressentis ou des approximations qui ne pourront quengendrer des solutions inadquates et des incomprhensions ou des dceptions ultrieures. On ne peut qutre frapp des rticences au changement qui sexpriment malgr lvidence de certains pans du diagnostic. En particulier, les diffrences entre les entrepreneurs classiques et les micro-entrepreneurs sont dsormais rduites aprs les ajustements successivement oprs au bnfice de la loyaut de la concurrence21.
En toute hypothse, associer les professionnels ds lamont aux volutions envisages par
le Gouvernement en se mettant daccord autant que possible sur les objectifs poursuivis et
les limites de chaque chantier devrait permettre de faire lconomie de malentendus et de
tensions inutiles Un bon moyen parat tre que ladministration travaille en troite
collaboration avec les professionnels pour llaboration des fiches dimpact prvues par la
circulaire du 12 octobre 2015 intitule Evaluation pralable des normes et qualit du
droit .
21
Lannexe F montre dans le dtail les caractristiques compares de lentrepreneur individuel et du micro-entrepreneur.
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La dmarche initie pour le lancement du projet de loi et du plan daction sur les nouvelles
opportunits conomiques est de bon augure : la transparence doit fonder la confiance dans
lintrt du dialogue.
Il est clair que des aspects majeurs et sensibles du secteur de lartisanat et des TPE sont
bouleverss par les perspectives ouvertes par les mutations en cours que le prsent
rapport nest pas seul souligner: certains des ressorts essentiels des secteurs du commerce
et de lartisanat, les modes dintervention et les quilibres des chambres consulaires
pourront en tre affects, ce qui invite une prparation soigne des changements, un
souci lev de mise en uvre pragmatique et dtaille, en sappuyant si ncessaire sur des
exprimentations et des valuations.
Les chambres consulaires signent avec lEtat des conventions dobjectifs et de
performance au service du redressement du pays : ces dernires pourraient tre le
cadre prfrentiel de ces exprimentations.
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3 Trois compartiments dactions prioritaires
3.1 Faciliter lengagement entrepreneurial
3.1.1 Continuer de rduire rsolument la complexit et mieux le faire savoir
Il y a une cohrence dans le travail entrepris depuis les Assises de lentreprenariat, qui
commence porter ses fruits, comme en tmoigne la dynamique dans tous les champs de la
vie des entreprises : il est en particulier trs positif que ce travail soit opr simultanment
dans tous les compartiments, mais il est souhaitable de progresser prioritairement sur ce qui
constitue les gnes ou les obstacles les plus notables (voir ci-dessous).
En toute hypothse, avant mme douvrir de nouveaux chantiers, il parat de bonne
mthode de faire linventaire de ce qui a pu tre act et na pas t mis en uvre, y compris
en lien avec les rgions qui ont un rle majeur dans le dveloppement des initiatives
entrepreneuriales. Et de partager cet inventaire avec toutes les parties concernes.
Progresser en matire de simplification des statuts dentreprise
La diversit des statuts permet a priori de rpondre aux besoins particuliers des crateurs et
des chefs dentreprise dans une logique de bote outils . Si lon considre que chacun de
ces outils trouve une place utile, lenjeu est alors dabord de poursuivre les mesures de
simplification des statuts existants et de fluidifier le passage dun statut vers un autre, dans
le cadre notamment dun parcours de croissance de lentrepreneur individuel.
Avoir une ambition de rationalisation majeure demeure toutefois un objectif pertinent, et la
mission a pris acte de lexistence de concertations pour laborer un statut unique du
travailleur indpendant. La position commune, jointe en annexe, de plusieurs organisations
dentrepreneurs consistant offrir tout entrepreneur individuel un statut unique applicable
de plein droit tout entrepreneur nayant pas choisi la forme socitale constitue une
perspective rellement intressante.
Cependant, la mission estime que ce projet de statut unique (recommandation n1 formule
par le rapport Grandguillaume) reste une perspective incertaine et, en toute hypothse, une
uvre de longue haleine qui rajoutera dans un premier temps un nouveau statut sans faire
disparatre les autres, sauf vouloir limposer aux entrepreneurs existants, ce qui ne
manquerait pas de susciter de trs nombreuses difficults juridiques et fiscales, et qui ne
pourra atteindre une maturit juridique quaprs plusieurs annes de mise en uvre.
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Sans rejeter lide dun statut unique, la mission considre que loption consistant retenir
le statut dentreprise individuelle responsabilit limite comme statut de rfrence est
court terme une voie prometteuse si les difficults actuellement identifies (en termes de
cots ou de formalits) sont traites de manire satisfaisante. En effet, une telle voie parat
praticable brve chance : les pouvoirs publics et les professionnels commencent
disposer dun certain recul sur ce statut et les reprsentants de lartisanat mettent en avant
cette solution qui combine potentiellement simplicit et sparation patrimoniale au
bnfice du chef dentreprise. Cela ne parat pas imposer de faire disparatre tout droit
doption pour le simple statut dentrepreneur individuel, mais une expertise juridique
complmentaire pourrait tre conduite pour en examiner les avantages et les inconvnients.
Progresser en matire de fiscalit et de prlvements sociaux
Tout au long des entretiens, il est apparu que la multiplicit et la complexit des statuts tait
en partie nourrie par la volont de rendre la comptition aussi gale que possible entre des
agents conomiques soumis des obligations fiscales et sociales diffrentes, ce qui a
conduit, anne aprs anne, un empilement de modifications lgislatives et rglementaires
dans ces deux domaines, et dont il est difficile aujourdhui dexpliquer aisment les subtilits
et de dmontrer la parfaite cohrence.
La simple description de ltat des lieux faite en annexe G montre bien que malgr de rels
efforts, un crateur ne peut qutre au moins perplexe ou inquiet la vue des options qui
soffrent lui, surtout sil est isol et si son parcours ne lui a pas donn de repres suffisants
en droit et en gestion. Au pire, il renoncera semparer au minimum de cette complexit,
vite conscient que des effets de seuil pourront rapidement ruiner ses perspectives de gains
conomiques, soit quil ne dgage pas assez de revenus, soit quil ne puisse fixer ses prix
un niveau comptitif.
Deux points focalisent lattention : lexistence dun rgime de protection sociale spcifique
avec des cotisations particulires et la mise en uvre de cotisations minimales obligatoires
et de cotisations sociales forfaitaires prvisionnelles de dbut dactivit.
Le premier point soulve des questions essentielles, dbordant trs largement le champ de
cette mission, mais qui ne pourront tre totalement ludes, ne serait-ce que parce quil
faudra apporter des solutions aux questions pose par le dveloppement de la pluriactivit
et les passages dune position de salari une position de non-salari ventuellement
plusieurs fois au cours dune vie active. La mission aborde un peu plus loin ce sujet, mais il
sagit en fait dun chantier spcifique de plusieurs annes qui doit runir les partenaires
sociaux et les pouvoirs publics. Le second point, plus technique, peut vraisemblablement
tre trait une chance rapproche (voir ci-dessous).
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A trs court terme, il semble prfrable de viser les ajustements les plus faciles mettre en
uvre et notamment de conserver la simplicit et la proportionnalit du rgime du micro-
entrepreneur, tout en rglant les frottements fiscaux et sociaux qui peuvent subsister
aprs les modifications introduites par la loi ACTPE.
Mieux grer la communication et la diffusion de linformation sur les mesures de
simplification mises en uvre en faveur des entreprises
Les mesures de simplification sont de mme nature que les sujets quelles sont destines
traiter : elles sont complexes, notamment si elles introduisent des modifications du cadre
juridique existant sans y substituer un cadre vritablement nouveau et allg. A court terme,
elles gnrent frquemment une complexit spcifique en introduisant des priodes de
transition pendant lesquelles plusieurs cadres juridiques peuvent se superposer.
Il est par ailleurs dlicat de communiquer sur des actions de rforme simplificatrice qui
stalent sur de nombreux mois, voire annes : les annonces successives de lengagement de
la rflexion sur la rforme, de laboutissement du travail de prparation, des arbitrages
rendus, du vote dune loi ( chaque tape du processus parlementaire), de la publication
dun texte, de sa mise en uvre effective sont autant de moments o les pouvoirs publics
tmoignent de leur volont de simplification, mais simultanment rappellent le faisceau de
contraintes en tous genres qui enserre les entreprises et confortent lide que les
changements sont finalement bien lents !
En outre, si "La simplification, cest une somme de petites choses qui peuvent parfois paratre
insignifiantes, mais qui sont trs importantes", comme le dit Jean-Franois Dehecq22, le
prsident dhonneur de Sanofi et vice-prsident du Conseil national de lindustrie (CNI),
comment communiquer correctement sur ces petits changements qui ne sont pas
spectaculaires, mais qui peuvent changer compltement la vie quotidienne de nombreux
professionnels ? Une communication trop institutionnelle ou juridique a peu de chance
datteindre correctement sa cible : le rcent passage en Conseil des ministres dun dcret qui
allge les obligations comptables des commerants a tout dun repoussoir (voir annexe I).
Pourtant, les sites publics qui participent la connaissance et la comprhension des
mesures de simplification en faveur des entreprises sont multiples :
- le site simplification.modernisation.gouv.fr prsente lintgralit des mesures de
simplification et leur tat davancement. Avec des entres par thmatique, il est
possible de retrouver les mesures dcides concernant les entreprises, ainsi que leur
degr davancement ;
- le site simplifier-entreprise.fr prsente de manire synthtique, plutt
institutionnelle, les mesures en faveur des entreprises et le Conseil de la
22
Cit par Le Point Choc de simplification : de la difficult de simplifier -1.06.2015
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simplification pour les entreprises, charg de proposer au Gouvernement les
orientations stratgiques de la politique de simplification lgard des entreprises en
entretenant un dialogue avec le monde conomique. Ce site, qui renvoie au site
faire-simple.gouv.fr pour le dpt de propositions, dresse un bilan de laction du
gouvernement, sans fournir pour linstant des rsultats dtaills du programme de
simplification du point de vue des entreprises ;
- le site faire-simple.gouv.fr est une plateforme collaborative l'initiative du
Secrtariat gnral pour la modernisation de l'action publique (SGMAP) qui a pour
objectif de contribuer la simplification des dmarches et la modernisation de
l'action publique. Loption retenue est celle dun espace de rflexion, dchange et de
dialogue ouvert tous : particuliers, entreprises, agents des services publics. Avec
des ateliers ouverts (en accs libre) ou privs (accs restreint), cest probablement le
site le plus intressant pour les chefs dentreprise compte tenu de lapproche
concrte qui domine. Mais la prsentation des rsultats des travaux reste limite ;
- par ailleurs, une plateforme interministrielle dinformation aux TPE et PME est
dploye progressivement depuis fin 2014 sous la forme dun largissement de
lespace professionnels-entreprises du site service-public.fr. Elle prsente quantit
dinformations utiles et pratiques sur les procdures et renvoie vers de nombreux
sites publics dinformation ou de formalits, mais sans mettre en avant les
simplifications intervenues rcemment.
Du point de vue de lentrepreneur, on peut certes considrer que seul le rsultat compte,
cest--dire la simplicit ou lergonomie dune formalit ou dune procdure, mais si lon
veut bousculer srieusement la conviction, trs ancre et trs forte, de trs nombreux
entrepreneurs ou crateurs dentreprise que leur environnement administratif est toujours
plus hermtique et hostile, il conviendrait daller plus loin dans lexplication trs concrte
de ce qui est ralis en leur faveur en termes de simplification.
Comme pour la promotion de lentreprenariat (Cf. ci-dessous), la dfinition dune vritable
stratgie de communication semble simposer pour ne pas manquer de tirer parti des
importants efforts accomplis en matire de simplification et pour rduire les inquitudes et
perplexits qui peuvent conduire labandon de projets ou au dcouragement de certains
entrepreneurs.
Lors du lancement dune mesure, la fourniture systmatique dexemples concrets et
chiffrs de bnficiaires serait une illustration bienvenue pour expliquer lintrt de la
mesure concerne. A lheure de chaque bilan annuel, il serait bon de choisir au moins trois
ou quatre mesures dont la porte en quivalents montaires ou en nombre dentreprises
concernes serait prsente de manire documente, ce qui impose que le dispositif
correspondant ait t effectivement rendu oprationnel et ait produit des effets bnfiques
suprieurs aux inconvnients ventuels.
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3.1.2 Assurer la promotion de lentreprenariat par la mise en avant des russites
entrepreneuriales
Cest un complment de la communication sur les mesures en faveur des entreprises, grce
auxquelles on peut accessoirement faire connatre les effets positifs des mesures prises en
leur faveur (Cf. ci-dessus).
Il sagit surtout de renforcer lapptit entrepreneurial en valorisant les russites des
crateurs, en particulier ceux qui travaillent en individuel, et de montrer concrtement que
les parcours de succs se dveloppent dans des domaines varis, quils concernent des
individus de toutes sortes et quils mobilisent des moyens humains et financiers dont
limportance est moindre que lenthousiasme et la persvrance qui animent les porteurs de
projet et les soutiennent dans leur concrtisation.
Lencouragement linitiative et la prise de risques conomiques personnels pourrait
opportunment prendre appui sur des exemples probants que les individus peuvent
comprendre aisment et sapproprier comme des sources dinspiration.
La tlvision reste probablement le mdia le plus fort pour toucher un public large, mais
condition que lexposition la problmatique de lentreprenariat ne soit pas anecdotique ou
occasionnelle. Deux options non exclusives semblent possibles :
- la production et la diffusion dmissions centres sur la prsentation documente et
argumente dinitiatives entrepreneuriales, avec lengagement ou le parrainage de
personnalits de la socit civile qui sont reconnues par le grand public pour la
qualit des messages quils expriment ou les valeurs quils dfendent ;
- la diffusion - aux heures de trs grande coute - de reportages ou tmoignages
courts, sur un format dune deux minutes en gnral, mais de manire rpte,
cest--dire de faon quasi quotidienne sur les chanes publiques.
Lampleur du chmage pourrait galement justifier que le soutien lentreprenariat soit
considr comme une grande cause nationale . Ce label permet, pendant une anne, un
organisme but non lucratif ou des organismes regroups en un collectif, dobtenir des diffusions
gratuites auprs des socits publiques de radio et de tlvision pour une campagne de
communication et de mobilisation en faveur dune action dtermine. Les prsidents de ces socits
dterminent les conditions dans lesquelles ils satisfont cette obligation. Les dossiers sont examins
par le Service dInformation du Gouvernement (SIG). Ce label permet aussi d'organiser des
campagnes de gnrosit publique.
Selon une procdure voisine, un nombre limit de campagnes dintrt gnral peut
galement tre agr chaque anne. Cela pourrait constituer une alternative.
Dans les deux cas, lexistence dun engagement fort et ancien dassociations denvergures
nationale et locale permet denvisager leur participation ces actions.
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A ct des grands mdias tlvisuels, il serait bon davoir une stratgie de prsence active
sur les rseaux sociaux pour promouvoir lesprit dentreprendre : cest une affaire de
spcialistes, qui nest pas de la comptence de la mission, mais bon nombre des crateurs
potentiels, notamment les jeunes, captent dsormais les informations et les conseils via ces
canaux. Cela ncessite probablement des contenus de message et des formats spcifiques,
mais lintuition est que rien ne soppose les employer, vraisemblablement des cots
assez modestes en comparaison des autres actions de promotion de lesprit dentreprendre.
De manire plus anecdotique, mais puisque cest un document destin au Parlement, le
jaune budgtaire consacr leffort de lEtat consacr aux PME devrait concourir
cette communication sur les rsultats, dune part en distinguant bien les bnficiaires qui
sont des TPE et dautre part en fournissant des lments dvaluation ou des rfrences
dexpertise ou dtudes matrialisant les effets positifs pour les TPE.
3.1.3 Amliorer laccs linformation utile
Linformation du crateur dentreprise, comme celle du chef dentreprise tabli, provient
dsormais en grande partie des sources accessibles par internet. Cette information
disponible toute heure et sans intermdiaire est un appui pour des personnes loignes de
guichets publics physiques qui ne peuvent tre toujours leur proximit. Cette information
est souvent riche et elle peut tre foisonnante, ce qui la rend alors source dincertitude et
peut donner lieu des cots de recherche levs si la mme information est disponible sous
des formes par trop diffrentes en divers lieux, notamment publics, chacun dentre eux
nayant pas une lgitimit quivalente pour en garantir la compltude et la prcision. On
verra ci-dessous quel point ceci peut tre source dinscurit juridique.
En tant que pourvoyeurs dinformations qui doivent pouvoir tre authentifies, les
organismes publics portent