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    OM

    Transmission n3

    Lucidit

    1994

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    UVEIL ?

    Robert Linssen

    CELA, en qui rsident tous les tres et qui rsi-de en tous les tres, qui est le dispensateur de lagrce tous les tres, l'me Suprme de luni-vers, ltre sans limite JE suis CELA !

    Amritbindu Upnishad

    CELA, qui pntre toutes choses, que rien nedpasse, qui investit toutes choses dans lint-rieur et lextrieur, ce Suprme Brahman tu esCELA !

    Sankaracharya

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    Les prsentes rponses sont destines ceux qui sont

    srieusement engags dans le domaine de la rechercheintrieure. Nos commentaires pourraient donner limpression dun caractre exceptionnel et des difficults de lveil.Rien ne devrait tre plus simple et naturel que lobissance la nature profonde de soi et des choses. Parce que noussommes trop compliqus, il nous semble compliqu deraliser la suprme simplicit.

    Certains y arrivent spontanment sans le recours auxinformations qui sont prsentes ici. Tout simplement ladivine surprise leur est arrive parce que le moment taitvenu.

    Lre nouvelle est celle de la Plnitude de ltat sansego...

    DUN SICLE LAUTRE...

    Vous ave z travers ce sicle en croisan t sur votre chem in b o n n o m b r e d e g u id e s e t s a g es d e p r e m i e r p l a n :Krishnamurti, D. T. Suzuki, Wei Wu Wei... Que vous ont-ils apport de plus prcieux ? Au-del de leurs dif frences, quelle est l unit essentielle d e leurs enseignem ents ?

    Les veills avec lesquels j ai vcu mont appris trerien. Ils ont contribu la prise de conscience de mesconditionnements et mont aid situer les rvlations spirituelles spontanes et non recherches, antrieures leur

    rencontre. Le vcu de leur ralisation, la puissance dAmourdont ils sont les instruments sont des aides prcieuses dontils nous apprennent ne pas dpendre. Ils ne se prennentpas au srieux et refusent tout tmoignage de vnration.La qualit de leur simplicit, de leur amiti, de leur sourireou parfois de leur gravit est remarquable.

    Lunit essentielle de leurs enseignements se traduit parlexigence dune vigilance dattention et une intransigeancedaffranchissement des nergies rsiduelles telles que

    mmoires, concepts, tats dauto-hypnose, identification

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    superficielle au corps et limage de soi...

    Avec le recul, pensez-v ous que le XXm e si cle a it t, sa m anire, spirituel, p ou r repren dre la fo rm u le d An dr

    M alraux ?

    Le XXme sicle est celui de la dmatrialisation de lamatire, paradoxalement mise en vidence par la physique,science de la matire par excellence. La physique modernedmontre que ce que nous concevions comme caractresspcifiques de la matire, tels que solidit, duret, immobilit, est illusoire. Un bloc de marbre nest pas immobile. Sesmolcules effectuent plusieurs milliards doscillations parseconde. Les particules qui en constituent nos yeux lamatrialit ne possdent aucune solidit, aucune duret, cene sont quondes et champs, nayant aucun contour dfini.Ces particules invent, possdent une mmoire, se recrenttoutes des milliards de fois par seconde, manifestent uneforme suprieure de sensibilit et dadquacit.

    Dans son dialogue avec le Dr Rene Weber, DavidBohm met en vidence le caractre dintelligence et deconscience des lectrons. Ceux-ci observent leur environnement exactement comme le font les tres humains. Leterme observer signifie rassembler, prter attention .Llectron rassemble de linformation notre propos, propos de lensemble de lunivers. (Dr R. Weber, Dialogues av ec des scientifiques et des sages, page 199)

    Non seulement les lectrons observent mais ils agissentinstantanment en consquence. Ils expriment dans leurcomportement une qualit de vigilance infiniment suprieure la ntre. Leur sensibilit lgard du milieu ambiant estadmise officiellement dans la physique nouvelle sous ladnomination effet Bohm-Ahramov.

    Telles taient les raisons pour lesquelles les anciensMatres du Chan et du Zen dclaraient que toutes leschoses, aussi bien les pierres que les tres vivants, sont les

    yeux de la Ralit Suprme.

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    Il nexiste pas de particule spare, toutes sont en

    interfusion rciproque avec les particules et les champs delunivers. Cette dmatrialisation de la matire a contribude faon importante la convergence grandissante entreles traditions spirituelles antiques et les sciences nouvelles.

    Com m ent voyez-vous le p ro ch ain s ic le : un e re de mutation, d closion ou au contraire de d cad en ce ?

    Votre question appelle obligatoirement une rponseimpliquant le pass et lavenir. Le XXme sicle se situe audbut du dclin du matrialisme, tandis que ses dcouvertes ont abouti une renaissance sans prcdent dunespiritualit nouvelle.

    Des expressions telles que vision holistique, vuepntrante, prsence au Prsent, ici-maintenant taientpresque inconnues jusquen I960, mais ds 1970, elles setrouvent de plus en plus voques. La rapidit de ce dveloppement dpasse ce qui tait imaginable et laisse prsager un XXIme sicle extraordinaire.

    Selon certains Sages, le XXme sicle se situe au croisement de deux cycles : le Kli Yuga et le Satya Yuga. Dsla fin du XIXme sicle, la fin du Kli Yuga sannonce parla naissance de divers Sages qui seront pendant le XXmesicle les porte-paroles des enseignements qui prparerontle Satya Yuga : Sri Ramakrishna, Vivekananda, Sri Auro-bindo, Sri Ramana Maharshi, Sri Nisargadatta, Wei Wu Wei,

    Sam Tchen Km P, Krishnamurti, Ananda Moyi. Cetterubrique tant loin dtre limitative. Le Kli Yuga est lgede la maturation du mental et des ego. Cest lge du fer etdu sang, de lactivation du cerveau gauche, des cloisonnements, de la fragmentation, des analyses, des progrs techniques, de la matrialit. En revanche, le Satya Yuga estlge de la spiritualit, du dpassement des ego, de lavision holistique, du dpassement des parties au bnficedu Tout. Le Satya Yuga est lge de lactivation du cerveau

    droit, inspirateur des synthses et destructeur des spara

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    tions artificielles.

    La fin du Kli Yuga et le commencement du Satya Yugase confondent au cours dune priode charnire de transition se situant entre 1869 et 2002. Quelques annes aprsles naissances des Sages cits plus haut, apparaissent lestravaux dEinstein, Planck (1905), Louis de Broglie (1925-1941 : dmatrialisation de la matire), etc... Les priodesde transition entre deux ges ou Yugas voient leffondrement des valeurs et structures anciennes paralllement lanaissance de valeurs nouvelles et dinnovations dans tousles domaines.

    Lampleur des crises du XXme sicle (crises conomiques, sociales, politiques, corruption, violences, pollution, maladies nouvelles, guerres, cruauts, tortures, permissivit, etc...) est la matrialisation dnergies ngativesdont lorigine remonte plusieurs sicles derreurs. Ceserreurs et les crises qui en rsultent ont t mmorises,enregistres sous forme de champs. Selon les veills, lescrises sont des occas ions permettant linconscient desindividus et des collectivits qui les enregistrent leur insu,daccder des prises de conscience nouvelles et dcouvrirles corrections ncessaires. La fin du XXme sicle est lethtre dune prcipitation dvnements dramatiques librant la dette norme dun karma collectif dont la part laplus importante devrait se liquider au cours des dix prochaines annes. Le rythme des vnements manifestantcette liquidation doit devenir de plus en plus rapide, inten

    se et atteindre tous les secteurs et niveaux dnergies ouactivits.

    LENVERS ET LENDROIT

    Depuis votre enfan ce, vous av ez eu le pressentim ent ducaractre partiellement illusoire du monde matriel .- J a itoujours eu l impression qu e l essence d e la m atire est spirituelle" crivez-vous.

    Vous rejoig nez en cela la nouvelle ph ysiq ue gn os tique,

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    reprsente notam m ent p a r David Bohm, selon laquelle le

    m ond e extrieur per u p a r nos sens n est qu e lEnvers, au x fo rm es multiples, d un Endroit unique et f on d a m en ta l de

    na ture spirituelle. Dans LUnivers, corps dun seul vivant, vous prc isez cet

    te intuition. Loin d tre une dim ension chim riqu e et inex-prim entable , la perception d e l invisible passe p a r une sorted e t oucher spirituel : fa cu lt tactile nouv elle nous pe rm ettant de nou s sensibiliser la ha ute concentration d nergiedes dim ens ions spirituelles d e l Univers...

    En quoi consiste cette fa cu lt tactile suprieure ? N y a-t-ilp a s l le risque d e tom ber dan s le p ig e d un e sorte d e

    matrialisme spirituel ?

    La sensibilisation la substantialit des niveaux spirituelsrsulte de notre obissance la Nature profonde deschoses et la non-identification au corps. Il est impossible,au niveau verbal, de trouver des expressions adquates dela substantialit des nergies impliques dans la visionholistique. On peut tenter dutiliser des images capables desuggrer les aspects qualitatifs de la perception globaleimmdiate. Le toucher de la grce est souvent voqu parles mystiques. Ce toucher est une consquence du caractre substantiel des nergies spirituelles.

    Mais une mise au point importante simpose sans laquelle une confusion regrettable semble invitable. Les plushautes concentrations dnergie se trouvent aux niveaux et

    dimensions spirituelles. Louverture aux nergies de cesniveaux confre notre sensibilit psychique un contactdune intensit telle que nous sommes tents dvoquercelui que le toucher physique prouve en relation avec lasubstantialit des objets matriels. Mais dans ce domaine,les comparaisons sont souvent dangereuses.

    Krishnamurti lui-mme, trs svre, prudent et dpouilldans ses tentatives dexpression de la vision pntrante,utilise lexpression de penser-sentir. Mais avant de formu

    ler son commentaire du mot sentir, il prend la prcaution

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    Alberto Giacometti : H omme qu i m a r che I I

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    dexposer certaines rserves :Le m ot sentir est trompeur, il contien t plu s q u e l m o

    tion, plus q u e le sentiment, plus qu e l exprience, plus qu e letoucher, lodorat. Malgr son imprcision, lemploi de ce mots impose surtout qu an d il est question d e l Essence. La sen sat ion de l Essence n e passe pa s pa r le cer vea u . (Carnets,pages 94)

    Toujours dans ses Carnets (pages 59 et 115), Krishna-murti utilise des termes voquant encore plus directementle caractre substantiel des nergies spirituelles en leurattribuant une impression de solidit, mais conscient du

    danger de ce terme, il en souligne ensuite linadquacit.Nous lisons :

    D ans c e vaste silence survint ce qu i tait devenu l tresolide, inpuisable. Solide, sans poids, san s dimensions ; iltait l et plu s rien d au tre n existait. Il tait l, seul. Lesmots solide, immuable, imprissable ne transmettent aucunement cette qualit de stabilit intemporelle.Et page 115 :Cette fo r c e qu i est bnd iction tait av ec nous. Elle estd un e solidit norm e, impntrable. Aucu ne m atire ne

    pourrait tr e d une telle solidit. Il est vident rptons-le dessein que les termes

    solidit, substantialit sont utiliss dans le seul butdvoquer lintensit et le caractre prioritaire de lEssenceultime. Telle est galement la raison pour laquelle lesexpressions Corps de Bouddha, Corps du Christ ouCorps de Vrit (Dharma Kaya) sont frquemment utilises. Le terme Corps est ici dgag de toutes les qualitsde la matire et se rfre Y intensit d e ce que nous dsi

    gnons par lholomouvement-conscience-amour.

    Pouvez-vous cla irer cette im ag e trinitaire d holom ou-vem ent-conscience-am our ?

    En raison de limpossibilit absolue de reprsentationmentale, de formulation mathmatique du divin, les tentatives dexplication verbale sont inadquates, malaises.

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    LUnivers est le Corps dun seul vivant. Et ce Vivant a et est un mouvement : mouvement suprme, jamais inconnais

    sable pour lintellect, mouvement intemporel, non-linaire,soutenant et alimentant la Totalit des dimensions de tousles Univers en pa rfa ite instantanit. Cest ce que DavidBohm nomme holomouvement : un mouvement sanscause, sans direction, un mouvement de cration porteurdune nergie infinie qui est elle-mme conscience-intelligence suprme et amour.

    Lampleur des difficults dexpression verbale met lechercheur dans lobligation du vcu intrieur par la mdita

    tion. Toute tentative de conceptualisation est ici voue lchec. Cet interdit est donc utile.

    Pour ces raisons, les veills dclarent que seul le Silence est lloquence suprme dpassant le langage familier envitant ses malentendus.

    Il est utile de rappeler ici que lEssence noumnale, touten tant la Source et le niveau de la plus haute concentration dnergie est Shunyata, le Vide. Le vide nest pas lenant mais labsence de toutes nos qualits familires : nir-

    guna, labsence dattributs.Ceci montre quel point des mots tels que corps, cor-

    porit cosmique, substantialit, solidit parfois utilisspar des veills ou mystiques doivent tre pris dans uneautre acception. Les spcialistes de la nouvelle physiquesont confronts avec les mmes difficults et paradoxes. Ilsdclarent que seuls les champs sont substantiels et que,par contraste, le monde matriel qui nous est familier seraitpresque insubstantiel.

    Deux conclusions simposent concernant notre rponse.Premirement : limpossibilit dans laquelle se trouve le

    langage ordinaire pour exprimer adquatement lEssentiel,non seulement au niveau ultime mais dj aux niveaux deschamps intermdiaires. Cette impossibilit ne disparatrapas par les tentatives de cration dun langage nouveau telpar exemple le rhomode suggr par David Bohm. Cettetentative intressante et louable donne priorit aux verbes

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    par rapport aux substantifs. Elle est inspire par la prioritabsolue de lholomouvement et du Vivant par rapport au

    rsiduel.Deuximement : limpossibilit et linexistence de langages et commentaires adquats est excellente parce qu'ellenous oblige nous vider lesprit des mots, concepts, pourmourir nous-mmes en plongeant dans lInconnu et intgrer ce qui nous reste de nous dans le Vivant.

    Il nexiste aucun danger de tomber dans le pige dunmatrialisme spirituel, la dmatrialisation de la matiretant enseigne par les veills et la nouvelle physique.

    PENSE ET LUCIDIT

    A vos yeux, l hum anit actuelle est m in e p a r son hyper- intellectualit. Sans jete r d e discrdit sur la fon ctio n m entale, vous dites qu elle est surestim e et surtout utilise d un em an ire m can iqu e et aveugle, qu i la pervertit.

    Dans La mditation vritable, vous crivez :Pou r la plup art d entre nous, un instant don n est vcu

    lucidem ent dan s la mesu re o il est p en s , form ul, circonscrit dan s les limites dfinies d un ou plusieurs symboles.Consciemment ou inconsciemment, les empreintes de notre

    fo rm ation cartsie nne nous conduis ent supposer q u unm omen t vcu sans le recours des ides, des jugem ents de valeur o interviennent nos param tres physiques ou psychologiques, serait chaotique, nbuleux, dpouill de touteintelligence.

    Il fa u t qu une fois p ou r toutes nous sachions que la p en

    se n est p a s l intelligence. L a pe ns e peu t tre la ngationab solu e de l intelligence. (. ..)

    Il existe un tat de lu cidit san s ide, sa ns pen se. Untat d observation natu relle p eu t tre ralis san s intervention de s jugements, des choix, des m esures et des calculs quinous sont fam iliers.

    Le degr d attention et de lucidit p u re d un m oment don n est directem ent propo rtionnel son abs en ce d ide,

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    son affranchissem ent de l emprise des automatismes mn-miques. *

    En qu oi la lucidit est entrave p a r la com plexit , ledsordre et la rapidit du d roulem ent des penses ?

    La lucidit est un tat dordre, de clart, dintensitdattention dans la momentanit de chaque instant. Touteirruption de pense sous forme dimages, de mots est uncho du pass qui fait cran la lumire du Prsent. Il enrsulte une dispersion des nergies faisant obstacle laVision pntrante. Celle-ci requiert une convergence de

    toutes les nergies dattention et de sensibilit dans lamomentanit de linstant. La rapidit des penses, leurcomplexit, leur dsordre confrent la conscience uncaractre de continuit. Elle sprouve comme un glissement uniforme dans la dure. Cette apparente continuit etce glissement uniforme dans la dure constituent lautodfense du Vieil homme. Tel est le vritable bouclier protecteur labor par linstinct de conservation du moi.

    La pense nest jamais cratrice. Stan Grof en a expos

    clairement les raisons dans sa prface au livre de DavidBohm, La pln itud e d e l Univers (page 15) :

    La pen se hu m ain e en tant que telle est un e rponse active de la mmoire qui inclut des lments intellectuels,motionnels , sensoriels et somatiques dans un processus un ifi et inextricable, celle-ci ne fa it qu e rpter quelques vieux souvenirs ou bien recombine et organise leurs lments en de nouvelles structures. Il est impossible de crerquo i qu e ce soit qui soit nouveau dans son principe . dans

    ce contexte, m m e la nouveau t est mcan ique. Telles sont les raisons pour lesquelles Krishnamurti

    dnonce le caractre mcanique, rptitif de la pense etconsidre que lapparente continuit de la conscience estune prison : Psychologiquement, nu l ne peu t vous emprisonner. Vous tes dj en prison !

    Selon vous, l hom m e actu el dit n or m al est en fa it pri

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    sonnier du rgne de la sous-conscience et reste bloqu

    un stad e pr -hu m ain Ce type de rem arq ue ne risque-t-ilp a s d tre utilis d une m anire litiste, voire raciste", p a rcertains esprits en m al de do m ination ?

    Ds la naissance, nous sommes prisonniers, par notrehrdit, notre ducation. Nous sommes pigs par la prminence des perceptions sensorielles et lidentificationexcessive au corps. Que lon situe la naissance de lhumanit cent mille ou un million dannes, cette priode qui

    nous semble immense ne reprsente que quelques heurespar rapport aux sicles de vie possible. La phase de maturit des ego est peine bauche. Nous considrons lesraces actuelles comme sous-humaines. Pourquoi ? Parcequune espce, quelle quelle soit, est pleinement raliselorsquelle accomplit compltement, la mesure de sondegr dorganisation, les possibilits que la nature est endroit dattendre delle. La complexit dorganisation et lafinesse de larchitecture du cerveau humain, son patrimoine

    cach dinformations permettent la ralisation dune plnitude dintelligence et damour.

    Il est inconcevable que lexpos de ces processusconduise une sorte dlitisme ou de racisme ! Lveill saitquil nest rien. Dans la mditation vritable, il ny a plus demditant. Lveil est un processus naturel, aussi naturel etsimple que lpanouissement dune fleur. Dans une mmeplante, les fleurs du sommet sont panouies tandis quauras du sol des boutons non clos sont encore referms sur

    eux-mmes. Il ny a l aucun prtexte autorisant des discriminations dinfriorit ou de supriorit. Il en est de mmepour les tres humains dans leur considration et leurapproche de tous les tres quels quils soient.

    En quoi les ko ans Zen peuvent justem ent nous permettre de dpasser les limites de la pe ns e et du m ental et par ticiperainsi l veil de la lucidit ?

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    Certains koans et mondo sont assez suggestifs. Ils seprsentent soit sous la forme dnoncs trs brefs volontai

    rement absurdes, soit sous forme de questions. En voiciquelques exemples :Un moine tient une bouteille dans une main et une oie

    dans lautre dans lintention de ly introduire.Un moine en rencontre un autre frottant deux briques

    lune contre lautre pendant des journes entires. Il luidemande : que fais-tu l ? Je mefforce de les polir pouren faire un miroir. (Symbole de linadquacit du travailmental en vue de lveil.)

    Autre koan classique : Dcouvre ce que tu tais et estavant que tes parents taient conu.

    Mondo : Au dbut de la recherche, les montagnes sontdes montagnes. Au milieu de la recherche, les montagnesne sont plus des montagnes. A la fin de la recherche, lesmontagnes sont des montagnes.

    Le rle des koans consiste briser la mcanicit et laroutine du processus mental. Les Matres Zen prsentent leur lve des problmes qui ne peuvent pas tre rsolus

    par la pense. Ils conduisent au moment o le mditantdclare enfin quil ne sait pas. Ce non-savoir brise lasituation apparemment confortable de lendormissement etdes automatismes du mental. Une ouverture au dpassement du mental peut se produire dans la momentanit delinstant neuf.

    LE VIVANT ET LE RSIDUEL

    La spiritualit est encore vue et vcue, par beaucoup, de fa o n dualiste et antagoniste , ce lle-c i visant non la rconciliation et Vinterfus ion d es dim en sion s de l tre, m ais lerefoulement ou la suppression du corps au profit d un pu resprit...

    Lidentification superficielle au corps est lentrave la plusfrquente lveil. La vision pntrante nous rvle la

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    nature non-ne, intemporelle, omniprsente, omnipn-trante et libre de notre tre vritable. Le corps nest quun

    instrument, mais il doit tre soign. Ce que nous sommesrellement, nous ltions avant que nos parents nous aientconus. Telle est la Plnitude de lholomouvement-conscience-amour qui est le cur du Grand Vivant universel : notre cur. Sans un affranchissement de la prdominance des perceptions sensorielles, la vision pntrante ouholistique est irralisable.

    Aucun rejet des apparences phnomnales nest requismais un renversement complet de limportance prioritaire

    que nous leur accordons simpose. Le noumne ou lAbsolu doit occuper la place et le rle prioritaires lui permettant de trouver dans ce qui reste de nous un champ libreo sexprime lExtase lumineuse de Son Jeu crateur.

    Pour les commodits du langage, disons quil existe,pour nous, deux aspects dans lUnivers : le Vivant et le rsiduel.

    La prdominance de ce dernier est notre ennemie.Satan, terme qui selon certains provient du vieil arabe

    Sheit-An (je rsiste), est la personnification du rsiduelsopposant au jaillissement toujours renouvel de la spontanit divine (la Lila en Inde).

    Lobstacle majeur lveil rsulte du fait que quatre-vingt-dix pour cent de ce que nous sommes physiquementet psychologiquement est rsiduel : habitudes, cristallisations de milliards de mmoires saccumulant ds la naissance dun univers, noms, formes, images de nous-mmes etdautrui...

    Mais ces oppositions sont provisoires. La pratique delattention parfaite les volatilise. Ds lors le rsidueldeviendra lauxiliaire du Vivant dans la Plnitude de ce quele Vivant na jamais cess dtre.

    La comprhension intellectuelle de ceci est insuffisante.Elle peut mme tre un pige. En toute bonne foi, nouscroyons y tre, suite au surgissement dune joie inattendue. Mais nous ny sommes pas. Pourquoi ? Parce que nous

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    sommes encore l ! Les habitudes associatives de notremental possdent une force dinertie considrable. Le Vieil

    Homme refuse dabdiquer. Les mots, les images des enseignements spirituels peuvent nous conduire des ralisations qui ne sont que conceptuelles.

    Il ny a rien construire, rien acqurir, rien faire,mais plutt dfaire. Lveil nest pas un tat auto-projet. Il y a lieu dtre vigilant sur ce point. Au cours de lamditation vritable, il ny a plus de mditant. Un corpsreste tout simplement, vid de toute identification personnelle. Ce corps, dont le cerveau est extraordinairement vigi

    lant, sintgre naturellement celui du Grand Vivant Universel dont il ne sprouve pas distinct. Nous ne mditonsplus, mais nous ou ce qui reste de nous est mdit, respir, agi par linfinitude de lholomouvement-conscience-amour. Le niveau verbal est ici inadquat, ridicule et sacrilge.

    LEGO ET SON DPASSEMENT

    Dans LUnivers, corps dun seul vivant, vous cr ivez : La mdi ta t ion vr i tab l e cons i s te prendre consc i ence du caractre illusoire de lego et des processus rapides confrant la con science un e impression de continu it po u r

    fin a lem en t provoquer la vo latilisation des murs psychiq ues qu i l emprisonnent.

    Com ment expliquer lappa rition d e l ego, le durcissement d e cet cran, de cette barrir e psy chiq ue ? Une des raisons du durcissemen t du m oi n est-elle p a s justem ent la peur,

    notamment la peu r ne pa s durer ?

    Le durcissement de lego ne rsulte pas seulement de lapeur. Il rsulte de la pesanteur des milliards de mmoiresaccumules. Celles-ci sont formes au niveau psychique par des champs qui font lobjet dun processus nguen-tropique. Ces mmoires peuvent tre compares despoussires se dposant sur notre cran intrieur et mas

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    quent nos yeux le niveau des nergies spirituelles. Seulesles nergies de la non-pense ou attention parfaite volatilisent les poussires rsiduelles du pass. En fait, au niveaupsychique, lego nest que lensemble rsiduel des mmoires accumules. Telle est la raison pour laquelle Krishna-murti dclare souvent que nous ne sommes quun paquetde mmoires : you a re a bun dle o f m em ories. La naissance de lego sexplique par la naissance dun courant secondaire se manifestant ds le dpassement dun certain degrde densit des champs.

    Les cham ps et les m m oires q ui for m en t l ego sont-i lspurem ent psychiq ues ou ont-ils un niveau d e matrialit ,une certaine form e d autonom ie ?

    Les champs psychiques sont matriels, mais cettematrialit est diffrente de celle qui nous est familire. Lesprincipes de compensation de la psychanalyse jungiennenous en dmontrent la mcanicit et la subtile matrialit.

    Exemple typique de compensation : les frustrations ourefoulements sexuels rsultant des disciplines et de labstinence de certains religieux contribuent des visions oniriques rotiques. Freud dclarait qu' il n y a pas de rves

    plus impurs que ceux d un sain t hom me. Il est donc utile de se souvenir du caractre substantiel

    des champs. Il faut considrer les mmoires comme deschamps ayant provisoirement une certaine autonomie, endpit du fait quils sont solidaires de tous les autres champs

    et, quaux niveaux psychiques, la non-sparabilit est unfait. Les veills voient psychiquement les champs ourseaux de mmoires des ego comme des nuages flous etcolors dimages rsiduelles. Seule lirruption explosive dela Pure Lumire (holomouvement-conscience-amour) volatilise au niveau psychique les poussires mnmiques dupass, mais ceci nentrane pas la perte des mmoires auniveau physique.

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    Le dpassement de cette identification illusoire ne peut don c p as se fa ir e p a r un asservissement brutal, un refoule

    ment rigide de l eg o...

    Le silence de la pense ne peut rsulter de la disciplinedu moi parce que celle-ci cre une tension et une division entre le pseudo-sujet (le moi) et les objets (ses penses) prtendument distinctes de lui. Le moi possdedans les profondeurs de sa psych la somme intgre demilliards de mmoires. Celles-ci ne sont pas seulement deschos rsiduels du pass restant passifs. La comprhension

    de la complicit du rle des mmoires dans la formation dumirage de lego peut tre un facteur de libration. Le processus de lveil est tranger tout acte de volont ou derefoulement. Le moi ne peut jamais se dlivrer lui-mmede ses conditionnements. Aprs information de lexistencede ceux-ci, une qualit dattention plus profonde se ralisesimultanment un nettoyage des fausses associationsmentales. Ainsi que le dit Krishnamurti : le caqu etag e p er

    ptuel du cerveau n est que d e l auto-occupation . Le faux

    et lartificiel sont clairement vus comme faux et artificiel.Une rponse surgit des profondeurs supra-mentales simultanment au silence de la pense. Le silence intrieur permet lEssence doprer en nous la transformation fondamentale grce notre ouverture et notre disponibilit.

    Existe-t-il un ego d e l hum an it , u ne sorte d en ferm ement au niveau collectif, qui expliquerait le dsordre et le

    p eu d unit dans la quelle nous vivons sur cette plante ?

    Lego de lhumanit est la somme des mmoires de tousles tres humains depuis lapparition de lespce humaine.Cest linconscient collectif. La force dinertie des milliardsde mmoires est considrable. Par une certaine osmosepsychique, tous les tres en subissent linfluence desdegrs divers.

    Lexpression ego de lhumanit a t utilise par Krish-

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    namurti lors dun dialogue mmorable avec Alain Naud etMary Zembalist. Ces derniers lui avaient pos une question

    prcise sur la rincarnation. La ronde des morts et naissances successives emprisonne les tres humains aussilongtemps quils restent conditionns par leur soif de dureet de continuit. Les exposs de C. G. Jung sur linconscientcollectif se trouvent dans les traditions tibtaines (le Ku-nyi : entrept des mmoires) et indiennes (Alaya Vijna-na). C. G. Jung en reprend lessentiel en prsentant linconscient collectif comme la somme des mmoires rsiduelles de lhumanit depuis la prhistoire. En dautres

    termes, les champs psychiques mis par les penses detous les tres humains sont indestructibles et de ce fait lepatrimoine informationnel de lhumanit est en augmentation constante. Nous ne posons pas assez la question desavoir son contenu et notamment les rsidus de milliardsdavidits, de violences, dintrigues, de jalousies, de guerres, de cruauts, de tortures, de tyrannies rsultant de ladification de lego et de la volont de puissance. Indpendamment des mmoires dites positives ou neutres,

    linconscient collectif ou ego de lhumanit est une poubelle. Les veills sont des catalyseurs efficients contribuant, sans le vouloir, la purification de ces rsidus ngatifs.

    LA VOIE ET SES PIGES

    Les piges ne m anq uen t pa s sur la Voie : risques d une scission entre vie spirituelle et vie ordinaire, strilit des rituels trop rigides et systmatiss, confusion entre lcher-

    p r ise et la isser-fa ire, tenta tion de la fu ite hors du monde, dp en da n ce vis--vis des gourou s ou des fau sses hira rchies. .. Pouvez-vous pr cise r la na ture de ces piges ?

    La scission entre les exigences des enseignements spirituels dont nous sommes informs et le comportement quotidien fait obstacle lveil. Notre conduite doit matrialiser

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    en actes concrets les exigences dattention, de bienveillan

    ce, de non-violence, douverture, dharmonie, de juste mesure, dquilibre, dobissance la Nature suprme destres et des choses. La ngliger entrane la fragmentation,les tensions conflictuelles, les pertes ou gaspillages dnergie, les maladies telles que nvroses, angoisses ou schizophrnie.

    Les tentatives de fuite du monde constituent des vasions, des pertes de temps et dnergie. La devise desmatres de lveil est daffronter, de transpercer et non de

    fuir, ni par un simple dplacement gographique ni parune politique de lautruche.

    Les voies trop rigides rsultent souvent dune impatienceou dune avidit inconsciente de lego. Tout acte de volontengendre des tensions intrieures et solidifie notre musculature psychique tandis que lveil ncessite la suppressionde toute contracture ou fixit intrieure.

    La plupart des techniques ou systmes modernes se prsentant comme recettes de lveil doivent tre lobjet de

    notre vigilance et notre sens critique. Ce sont trs souventdes moyens dexploitation spirituelle exigeant des participations financires normes. Ceci est dj un signe.

    La confusion entre le lcher-prise et le laisser-faire oula permissivit est frquente et grave. Le refus de toute discipline, le laisser-aller ngatif conduisent linertie oulendormissement confortable. Ils nous loignent de la transparence intrieure, de lquilibre et entranent des gaspillages dnergie. Cette confusion fait dailleurs laffaire duVieil homme, en lalimentant consciemment ou inconsciemment.

    Les vritables gourous ou veills ne nous mettentjamais dans une situation de dpendance leur gard.Gourou signifie celui qui montre la voie. En Chine, leGourou est celui qui offre la nourriture spirituelle, mais ilne peut pas la manger ni la digrer pour le chercheur.

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    On con fond facilem en t a u jou rd hu i spiritualit et intgrisme, ascse et m oralism e in transigeant. Pourtan t, dans

    les form es leves du boud dhism e p a r exemple, la moralitne pe ut se co nfo nd re av ec l illumination : elle en est tout au p lu s une consquence...

    Lintgrisme moralisateur est apparu dans toutes les religions et sectes du monde la suite de la faillite, conscienteou inconsciente, des enseignants : soit lorgueil, soit larecherche du pouvoir, soit la fixation excessive du mentalsur une technique particulire conduisant une sorte

    dimprialisme spirituel ordonnant systmatiquement la pratique de cette technique. Ceci peut conduire la violenceet mme des gnocides. Lhistoire en fournit hlas denombreux tmoignages.

    Le dsir d attein dre un obje ct if spirituel, quel q u il soit,p eu t facilem en t s inverser en son con traire...

    Tout objectif spirituel ou tout pouvoir que lon se propo

    se datteindre par un acte de volont nous enferme dansltau dun processus dauto-projection. Il ne peut en rsulter quune situation dauto-hypnose.

    La gurison de lauto-hypnose ne peut se faire que parlexercice de lattention parfaite. Les caractres spcifiquesde lauto-hypnose sont la fixation mentale, la continuit deformes, de mots ou dimages toujours identiques, entranantun climat de stagnation, des nvroses rsultant dun mono-idisme, conduisant lobsession et divers tats psychopa-

    thiques. La pratique maladroite des mantras ou japapeut entraner des tats de calme, de quitude intrieureque beaucoup de chercheurs confondent avec lveil. Cene sont que des situations dauto-hypnose qui peuvent treutilises titre provisoire dans des cas trs graves dintoxication par la drogue.

    La cro ya nc e en un D ieu n est-il pas, tous comptes faits,

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    un des prin cipa ux obstacles l veil ? D ans Le Sens du Zen,vous rap pelez : Les veills consid ren t qu e le Dieu don t

    parlen t les O ccid enta ux n est trs souven t qu une proje ction m entale de leur pr op re esprit por tan t les em preintes deslimitations de celui-ci.

    Non seulement la croyance en Dieu, mais toute croyance quelle quelle soit est un obstacle dans la mesure o elleentrane la fixation du mental sur une ide, une forme, desimages, des mots particuliers.

    Laccs lveil ne peut se faire sans la disparition de

    tout a priori mental.Nous avons lu et relu lAdvata Vdanta, le Chan, le

    Zen, le Taosme, le Bouddhisme, le Soufisme, MatreEckhart, St Jean de la Croix, Teilhard de Chardin, AlexandraDavid-Neel, Roger Godei, David Bohm, Fritjof Capra, ReneWeber, Ken Wilber, Sri Aurobindo, Sri Nasargadatta, SriRamana Maharshi, Krishnamurti, etc, etc... Munis de tantdinformations aussi prcieuses comment se fait-il que celane va pas ?

    Si nous avons lu plus ou moins ce qui vient dtre cit, ilest urgent, titre provisoire, darrter nos lectures. A quoibon citer Jsus, Lao Tseu, Platon, Socrate ou Einstein, sinous ne pouvons accueillir avec srnit non affecte lesinsultes ou la nouvelle que notre compagne sest donne notre meilleur ami. Nous sommes souvent asphyxis par ladensit de nos informations. Lveil est ltat de non-savoir. La tradition rapporte quau moment de son veil,Socrate aurait dclar je sais que je ne sais rien, car les

    savoirs ne sont pas la connaissance.

    L i l lu s i on ma j e ur e e s t d onc d e c on f ond r e l t a t d e conc entra tion intellectuelle av ec la vritable atten tion...

    Lobstacle fondamental rside dans une erreur de perception : trs souvent, notre perception reste fragmentairedans le temps et lespace. Elle est absente de tout sentir

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    supra-mental. Elle nest pas dcrbralise et reste trangre tout sentir psychique aux niveaux du plexus solai

    re, du cur et du centre ombilical Hara.Dans les techniques japonaises ou leur quivalent taoste, le Hara est le centre psychique de la sagesse instinctive du corps. Cette intelligence corporelle est non-mentaleou supra-mentale. Elle est en rapport direct avec lnergiecosmique ou holomouvement-conscience-amour. Enrevanche, la pense est destructrice de lintelligence ducorps.

    Le caractre fragmentaire de notre perception masque

    nos yeux les niveaux dnergies et les dimensions psychiques et spirituelles fondamentales. Le caractre prioritaire de ces nergies par rapport celles qui nous sont familires nous chappe compltement. Nous sommes de cefait exils, spirituellement dvitaliss, parce que coupsdes racines fondamentales de notre tre plongeant directement dans la Source de linpuisable.

    En dpit de nos savoirs thoriques, notre identificationavec le corps, celui des autres et les apparences surfacielles

    reste totale et nous suggre des images dont la pesanteurest affligeante. Malgr nos informations thoriques relatives la non-sparativit des tres et des choses, au caractreillusoire de lapparente immobilit de la matire, nous restons prisonniers de notre isolement surfaciel et demeuronsfigs dans la routine dune continuit inerte. Brisons la routine, sortons de notre torpeur, levons-nous sans attendre etsans rien attendre. Sur la route de lveil, la fortune nesourit quaux audacieux.

    Si nous sommes dpendants du bruit, de la foule, de laTV, de la compagnie, de la conversation, de la fume, pratiquons silence et solitude complets un ou deux jours parmois, mais ne lrigeons pas en systme. Nous dcouvrirons une foule de choses la condition de ne rien enattendre. Ne perdons pas de vue que la routine contribue la diminution de lacuit de nos perceptions.

    Parmi les causes majeures du manque dacuit de nos

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    perceptions, il importe de signaler le fait que nous nesommes jamais pleinement attentifs. A chaque instant, se

    prsentent notre esprit des penses, mots, images quinont aucun rapport avec lactualit des circonstances. Lesnergies de notre attention sont distraites, dilues, parpilles dans le processus horizontal et apparemment continu du Temps. Notre conscience est lobjet dun glissementapparemment continu dans la dure. Ce qui est continu emprisonnedclare Krishnamurti. Telle est Tanha, la soifde dure voque dans la sagesse indienne. Notre attentionest prisonnire dun processus horizontal et temporel.

    Celui-ci surgit des profondeurs du pass pour se plongerdans les anticipations imaginaires de lavenir. Les richessesdu prsent nous chappent continuellement. Il nest quunpassage rapide et souvent inaperu. Lveil ne se raliseraque dans la verticalit dune prsence totale au Prsent, entant neufs dans linstant neuf. Linfini rside dans le fini dechaque instant.

    La ralisation dune pleine concentration de lattentiondans la momentanit de chaque instant prsent confre

    notre facult de perception une profondeur et une puissance de pntration nouvelles.

    A ce propos, limage du parfait miroir voque parTchouang-Tseu peut provisoirement nous tre utile. Le parfait miroir voit tout mais il ne prend rien, ne rejette rien, necompare rien, ne choisit rien, ne dsire rien, ne juge rien,ne nomme rien, nattend rien. Il voit, cest tout, mais il voitcompltement.

    Qui est attentif lorsque cessent la totalit de nos auto

    matismes mmoriels, nos noms, nos images, nos prfrences, nos rpulsions ?

    Une telle attention nest plus seulement la ntre. Lasource profonde et toute puissante dont elle mane volatilise, sans notre intervention, les cadres qui prtendaient lacontenir ainsi que linfluence des noms et des formes quilinvoquaient. Ceci est une cl.

    Dans le silence et lintensit de lattention parfaite surgit

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    une joie qui dcentralise la concentration de conscience ducerveau, le dcrbralise et envahit la contrepartie psy

    chique du plexus solaire, du cur et du Hara. Telle peuttre laube dun penser-sentir naturel, global, immdiat,prlude la vision pntrante ou veil. La perception nestenfin plus fragmentaire. Nous ne sommes plus l !

    Ceci nest que le rsum caricatural dun ensemble infiniment plus vaste et pourtant rien nest plus simple. Ladcrbralisation de lattention est trs importante. Elle peuttre aide par la pratique du yoga. Cette dernire contribuera lexercice de lattention parfaite au cours des activi

    ts concrtes de la vie quotidienne. Celles-ci seront aidespar la relaxation et la respiration lente et complte quellesque soient les circonstances.

    Le dialogue avec des tres srieusement concerns outoute autre personne, en ralisant une parfaite coute delautre, peut tre galement utile. En revanche, labsence detout dialogue et celle de toute coute adquate de lautre,entretient nos obstacles lveil.

    La ngligence ou le refoulement du corps, considrcom m e n g at if ou antag oniste l Esprit, est aussi u ne source m ajeure d e conflit intrieur et de blo cag e...

    Une interprtation errone de la spontanit de lveilconduit le mditant dans une impasse. Lquilibre du corpsest rgi par des rythmes biologiques mcaniques. Ceux-cidoivent tre prservs par une stricte discipline. La spontanit de lveil, sa non-mcanicit se trouvent un autre

    niveau que celui de notre structure psycho-somatique. Cette confusion engendre une peur frquente des techniqueset disciplines. Le cas est frquemment observ.

    Les veills chinois, tibtains, indiens ou autres avec lesquels nous avons vcu pratiquent tous des techniques corporelles sapprochant soit des yogas, de lAkido, du Judo,du Tai-Qui-Chouan, ou dexercices physiques tels que natation, marche, travail de la terre, expressions corporelles

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    artistiques ou dautres encore. Krishnamurti et Sam Tchen

    Km P que nous avons connus intimement depuis soixante-quatre et soixante-sept annes ont pratiqu ces diversestechniques quotidiennes jusqu lge de 90 et 95 ans, touten respectant au niveau spirituel la spontanit et la non-mcanicit du Vivant Suprme.

    Le refus des techniques ou exercices corporels est unteignoir psychologique et spirituel assurant la prdominance nocive du mental et la stagnation. La pense nestpas lIntelligence, elle bloque la sagesse instinctive du

    corps. Les Matres chinois et japonais dclarent quunmouvement pens est un mouvement rat. Plus de cinquante annes denseignement nous ont permis dobserver quel point le refus dexercices et de techniques conduit des tats dpressifs au cours desquels le chercheur seborne lire et relire les mmes textes. De tels tres semblent teints.

    Parmi nos auditeurs, nous avons eu pendant plusieursannes deux amis profondment consacrs la recherche

    spirituelle, mais systmatiquement opposs aux exercicespar peur de la mcanicit des techniques. Lun tait ingnieur, lautre mdecin. Nous leur avons suggr de faire unessai qui semble ridicule. Il consistait imaginer que lesoreilles et le cerveau taient relis par des fils invisiblesbranchs sur un centre dcoute prioritaire situ hauteurdu Hara (centre ombilical) et un autre centre dcoute auniveau du plexus solaire. Il na fallu quun seul exposdune heure environ, exactement semblable celui quenous avions donn lanne prcdente, pour voir les deuxamis approcher ds la causerie termine et nous dclareravec le sourire a y est, le dclic est amorc. Notre joietait immense. Laube dun penser-sentir tait apparue etprparait la d-crbralisation excessive de la conscience,seule capable de raliser une perception globale immdiate.

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    LA FCONDATION DE LVEIL

    Dans Le Sens du Zen, vous dfiniss ez ain si l veil int

    rieur : Il s agit d un e vritable m utation a u cours d e laquelle la conscien ce personnelle, devenu e passive et transparente, se laisse f co n d er p a r la conscie nce cosm ique.

    En q uoi consiste cette f co n dat ion ?

    Lveil intrieur est un tat dtre naturel au coursduquel notre silence intrieur permet lEssence suprme(lholomouvement-conscience-amour) de trouver, grce notre transparence, un champ entirement libre o Elle

    peut oprer librement. En labsence de lego, seul un corpsreste, mais sur le plan spirituel, il ny a plus de mditant.Au cours de lveil rel et complet, lUnivers est en tat demditation, mais cette fois ce qui reste de lego est intgrdans limmensit cosmique. Dans ltat dillumination, il nya pas de dualit entre lhomme qui est illumin et ce parquoi il est illumin.

    De telles transformations se produisent spontanment entout tre humain ralisant une vigilance dattention de plus

    en plus prsente au Prsent. Il ny a l rien dexceptionnel.Dun certain point de vue, nous ny sommes pour rien. Cesmodifications se produisent automatiquement notre insuet ne peuvent rsulter de notre volont.

    Y a-t-il une transformation du corps, des cellules ?

    Une transformation est invitable tous les niveauxdnergie. Il semble quelle rsulte autant du transfert de la-conscience dans le cur que de nouvelles interactions ouactivations neuronales ou dventuelles mutations cellulaires crbrales. Des savants, tels que le biologiste PrixNobel Maurice Wilkins ou le physicien David Bohm, ladmettent. La haute concentration dnergie des niveaux spirituels possde le pouvoir naturel de donner au corpshumain les structures et facults lui permettant de raliserla plnitude de son humanit.

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    Dans La mditation vritable, vous exp lique z en quoi lacon science goste, piphn om nale qu i n ous est fam ilire,

    n est au x ye ux d es veills q u un e sorte d e nu ag e provisoire,un courant secondaire.

    Pouvez-vous expliquer quelle est la diffrence essentielle entre le fonctionnem ent d e la pense chez l hom m e ordinaire et veill ?

    La diffrence entre le fonctionnement de la pense chezlveill et lhomme ordinaire est aussi simple quvidente. En lhomme ordinaire, chaque pense est complice durenforcement et de la continuit de son ego, elle ne termine jamais sa course et entretient le dsordre mental. Pourlveill, la pense nest quun moyen de communication.Elle nest quun instrument. Pour lhomme ordinaire, la pense sest prise pour une entit. Cette usurpation est symbolise par la chute et le pch originel. En dehors de lacommunication, lveill est dans la non-pense.

    Lhom m e ord ina ire a une im age assez d form e de l'illum ination (entre tre illumin et tre un illum in , un

    fou , il n y a q u un pa s...). Pou r la plupart, lhom m e spirituel est quelquun qui vit dans les brumes de lillusoire, dan s un au -del qui ne se montre jam ais et qui est assimilau nan t. ..

    Dans Le Sens du Zen, vous ca rte z tous ces a pr ior i : Lesveills ont dno nc le caractre d im perm anen ce de la

    form e, m ais ils n ont ja m a is p ou r autant consid r ce lle-c i

    comme compltement i l lusoire . Pour eux, l art de la vie consiste non nier la form e, non tourner le dos au x singula rit s du m onde extrieur, m ais au contrair e les regarde r en fa ce , intensment veill au mom ent prsent.

    En qu oi consiste cette pr sence au P rsent, cette ad- qu ac it dans les relations av ec les tres et les choses ?

    Lveill est lhomme le plus pratique qui soit. Il est

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    quilibr, clair ; lordre sest tabli en lui, lui seul est vritablement efficient. Selon Wei Wu Wei : lveill vit noum-nalement parmi les phnomnes. Ceci quivaut ce quedclare Krishnamurti : lart de la vie consiste vivrelInconnu suprme tout en tant dans le connu.

    Je rappelle limage du miroir. Le parfait miroir voittout, mais ne prend rien, ne juge rien, ne nomme rien, nerejette rien, ne compare rien. Lveill ralise une qualitdattention totalement prsente la momentanit de linstant. Cette attention nest dailleurs plus seulement la sienne. Sa transparence intrieure lui permet dtre semblable une fentre large ouverte par laquelle la Lumire et lIntelligence de lEssence sexprime librement. Il va de soi quuneralisation de cet ordre permet lexercice dune adquacitdans les relations.

    Ladquacit parfaite consiste ne pas avoir lespritencombr dimages ou mots relatifs des vnements passs ou venir lors des circonstances prsentes.

    Si, conduisant une auto, notre pense se fixe sur un vnement pass ou se projette dans lavenir, et quun conduc

    teur imprudent sort soudain dune alle latrale, nousserons incapables de rpondre adquatement ce dfiimprvu. Il sera dabord ncessaire de dcoller le mental dupass pour rpondre aux exigences de lvnement imprvu, la manuvre dvitement prcipite pouvant treprilleuse.

    De nombreuses coles du bouddhisme ou du Zen divergen t sur les rythmes d e l accom plissem ent d e l veil. Pour

    certains, il est abrupt ; p ou r d autres, grad uel. Po ur d autres en core : Si l veil est instantan, sa prp ara tion est pr og res sive.

    Lcole progressive et lcole abrupte possdent desenseignements plus complmentaires que brutalementopposs. Dans lexemple du prisonnier, celui-ci lime un un les barreaux de sa cellule, travail progressif donc, mais

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    ds le dernier barreau, il est libre en une fois.

    Y a-t-il un risque se cr oir e veill san s l tre ?

    Tout en accordant une importance prioritaire la visionholistique de lunivers et de ses divers niveaux dnergie,les veills donnent des rponses contradictoires aux questions qui leur sont poses. La comprhension de leur sensne peut tre ralise sans tenir compte des questions et dela maturit psychologique des interlocuteurs.

    Dans le revue Illme millnaire (n 13, 1989), DouglasHarding dclare : Toutes vos difficults sont imaginaires.

    La raison po u r laquelle vous n tes p a s ralis est votre seuleconviction d e ne p a s l tre.

    Cette dclaration nest que partiellement vraie, mais sapart de fausset ne peut tre passe sous silence. Ceci a faitlobjet de longues discussions avec Krishnamurti, DavidBohm en 1980 lors dentretiens privs Brockwood et diverses reprises au cours dautres entretiens avec SriVenkataram (voir L veil de l Intelligence de Krishnamurti).

    Affirmer que la seule raison pour laquelle nous ne

    sommes pas raliss rside dans notre conviction de ne pasltre peut nous conduire nier a p riori lexistence de nosconditionnements. Cette affirmation nous conduit esquiver lobstacle et le fuir. Le Sage ne fuit pas les obstaclesmais les transperce en les transpntrant.

    Krishnamurti, David Bohm, Capra, Wei Wu Wei dclarentque la cause unique de toutes les crises actuelles rsultedune inattention fondamentale, dune erreur de perceptionet dune vision fragmentaire.

    Au cours de son dialogue avec Krishnamurti sur lavenirde lhumanit, David Bohm dclare, de commun accordavec lui, que lesprit est limit par lensemble des connaissances (mmoires) accumules au cours des ges. Celles-cinous conditionnent profondment et ont engendr uneprogrammation auto-destructive, dans laquelle le cerveausemble dsesprment prisonnier. ( The futu re o f humanity,

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    p. 6, Mirananda, 1986)Voir le faux comme tant le faux est lexigence non

    ce par tous les Sages, tels Krishnamurti, Sri Nisargadatta.

    Mfions-nous des noncs trop brefs. Il ne sagit pas dunacte mental de rejet ou de ngation totale parce que, pourlveill, le faux est partiellement le vrai. Ni ceci, ni c e la dclare Sri Nisargadatta aussi bien que Ramana Maharshi.

    Nous insistons constamment sur le fait que la matire,lunivers, ne sont pas des illusions compltes, mais quenous en avons des notions illusoires rsultant dune inattention gnralise et erreur de perception.

    Ainsi que le dclare Sri Nisargadatta (J e suis, p. 190) :

    L'autoralisation est av an t tout la co nn aiss an ce d e sonp ropre condit ionnem en t.

    Linattention gnralise est un fait, mme si ce faitparat se drouler la priphrie dun mirage collectif.

    En revanche, affirmer que nous sommes illumins est unconcept hypothtique. Cest l, prcisment, une notion quiprcde lexprience en risquant de nous induire dans destats dhypnose auto-projets. En plus de 60 ans, nous enavons constat de nombreux cas.

    Un mme danger existe dans la rptition de lexpression Tu es Cela (Tat twam Asi). Celle-ci contient aussi unepart de vrit, mais il est indispensable de rappeler que,mal approche, elle peut engendrer des clichs imaginairesauto-projets.

    Comme le dclare Krishnamurti (L veil de l Intelligence,p. 165) : Nous n e po uv on s d c la re r J e suis C ela est leconsidrer com m e un fait, ca r en ralit nous n e savons pa s

    qu e c est un fait. Tout autre est le cas du chercheur qui, par son exploration intrieure et surtout louverture du cur, possde lesentir supra-mental batifique de la prsence rvlant laplnitude de lveil.

    Dans Le Sens du Zen, vous expliquez po ur qu oi l veil nes attein tpa s autom atiquem ent : ... p a rc e que nous somm es

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    trs com pliqu s, il est trs comp liqu p ou r nous d e d even irsimples. Les matres nous enseignent que tout est l. Nousn avons rien acqurir. La ralit suprme dem eure en

    nous. En un certain sens nous La sommes, m ais nou s lignorons en vertu d un e inattention fon da m en tale. Il n y a r ien fa ir e au sens accu m ula tif de ce terme. Il y a plutt d f a ir e. (. ..) L veil ou Satori n est p a s un e acquisition de nou veau x biens, m ais la dcouverte d un e ralit existantdans le c ur de chacun.

    Quels conseils donner chacun pour le gurir de son ina tten tion et l inspirer fra n ch ir la rive ? Un veill peu t-il retomber dan s l inattention ou est-il jam ai s affr an ch i de

    cette fo rc e d inertie ?

    Grosso modo, il pourrait tre dit que lveil est dfinitifquoiquil ny ait rien de dfinitif dans le sens statique quepourrait voquer ce terme. Nanmoins, sil fallait tre prciset complet, il faudrait ajouter que selon les veills aveclesquels jai vcu, aussi longtemps que lhomme est dansun corps, il existe une action des champs mnmiques dansleurs tentatives de prminence. Mais ces tentativeschouent face lattention vritable. Carlo Suars dclarecependant que sur les ruines d e l entit qu i s croule, un eau tre est av ide d e se reconstruire.

    P r a t iq u e z -v o u s u n e f o r m e d e m d it a ti on assise,zazen, yoga ?

    J ai toujours pratiqu la respiration complte (ou plusexactement, elle ma t impose de lintrieur), la relaxation, quelques postures de yoga, lakido, beaucoup demarche, la natation, les bains dans les torrents de montagnes et rivires, le travail de la terre. Je nai presque

    jamais pratiqu le Za-Zen. Je pratique parfois le AUM,mais sans rien en attendre et uniquement pour sa beaut.

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    Pensez-vous que la mditation devrait tre enseigne au x enfants ?

    Certainement non. Les aspects physiques du yoga respiration, relaxation, prise de conscience corporelle,attention doivent tre enseigns, mais non la mditation.Certes, elle est indispensable, mais cest linstructeurdexaminer consciencieusement la ncessit de chaque casindividuel. Il faudrait attendre suivant chaque cas unmoment qui ne devrait pas se situer avant 16 ou 20 ans.

    J ai connu des cas dramatiques o des parents spiritua-listes bien intentionns ont impos leurs enfants, une filleet un garon, des systmes de mditation rigides, avec postures, visualisations, etc... A 23 ans, le fils sest suicid et lafille sest oriente dans une raction oppositionnelle systmatique et dfinitive. Je signalerai quun yoga quilibr estenseign dans les coles Krishnamurti.

    Com ment voyez-vous la fin itu d e d e la personn e RobertLinssen ?

    Rien !Une vaguelette vanescente, anonyme parmi les mil

    liards de vagues de lOcan insondable du Grand Vivant,un corps parmi les milliards de corps connus et inconnus,incomprhensiblement envahi par la bndiction surprenante et non recherche dune force dAmour, prsente aucur de tous les tres, un corps qui ne respire plus maisqui est respir, qui nagit plus mais est agi et qui ny est

    pour rien.

    HOMMAGE DAVID BOHM

    La m ort du ph ys ic i en D av id Bohm , survenu e l e 27 octobre 1992 Londres, est pa sse pres qu e in aperu e enFra nce ... Robert Linssen a tenu lui rend re homm age.

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    Luvre de David Bohm a eu une influence considrable dans les milieux scientifiques davant-garde. Il peuttre considr comme le matre incontestable de la nouvel

    le physique de pointe, responsable de la convergence entretraditions spirituelles antiques et sciences modernes. Cetteconvergence a entran un dveloppement soudain etbnfique de la vision holistique dans le monde.

    La contribution des livres, tudes, cours et confrencesde David Bohm, tout spcialement dans le domaine de lathorie quantique ainsi que celui de la relativit, est connueinternationalement dans le monde scientifique. Son livreintitul Quantum theory (1951) a t favorablement com

    ment par Einstein. De nombreux spcialistes estimaientque cette uvre mriterait dtre rcompense par le prixNobel. Mais David Bohm, que nous considrons non seulement comme un savant mais aussi un Sage, ne recherchaitpas les honneurs.

    David Bohm sintressait la pense de Krishnamurti etparticipait avec lui de nombreux dialogues se droulantdans le cadre du Brockwood Park Krishnamurti Educational Center. Des dialogues entre Krishnamurti, David Bohm

    et les lves de lcole avaient lieu de temps autre. Unebourse dtudes dnomme The David Bohm Scholarshipa t constitue, dont le sige est situ Brockwood ParkSchool, Bramdean, Hampshire S024 OLQ.

    Lhumanit vient de perdre celui que les sicles futursconsidreront comme le plus grand prcurseur de la nouvelle re spirituelle unissant sciences et exprience mystique.

    Dans son livre La Plnitude de lUnivers, il nous prsenteun cosmos dont lessence est de nature spirituelle. Celle-ciest compare un ocan de Claire Lumire noumnale(voir Dialogues avec des scientifiques et des sages par Dr R.Weber). Au regard de cette essence, omniprsente, omnip-ntrante, les apparences surfacielles du monde extrieurnapparaissent qu titre second et driv, manant dunesource unique en tat de cration perptuelle.

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    Pour David Bohm, lIntelligence est antrieure la formation de lunivers manifest, mais le cerveau est unestructure qui permet den commenter le processus. La fonc

    tion mentale qui uvre dans ces commentaires est nanmoins limite, conditionne par le cadre spatio-temporel.Louverture aux richesses de la Source intemporelle exigele dpassement du mesurable afin de laisser oprer lim-mesurable. (David Bohm : Wholeness and the implicated order)

    Nous retrouvons cette approche de lEssence exprimedans un autre langage par Krishnamurti dans lexpressionde passivit cratrice voquant la ncessit de se librer

    du connu pour nous rendre disponible lInconnu.David Bohm, G. Chew et Fritjof Capra ont t les arti

    sans du grand renversement de la vision cartsienne. Ilsnous prsentent un univers dont le spectacle rsultant denos perceptions sensorielles nest que lenvers multiformedun Endroit unique et fondamental de nature spirituelle.

    Les lectrons vivent dclare David Bohm. Ils se recrent des millions de fois par seconde en fonction demmoires se situant au niveau de lordre impliqu. Enconsquence, la matire vit, quelle soit minrale, organique, soi-disant inerte ou inanime.

    Ces diffrentes considrations conduisent David Bohm dclarer que la mort est une abstraction rsultant duneidentification laspect surfaciel des choses.

    En accord avec lenseignement des mystiques anciennes,David Bohm considre lunivers comme la plnitude dunseul et mme Vivant dont la prise de conscience profondeest accessible par la mditation et le silence intrieur.

    Lors de nos entretiens privs avec David Bohm et dautres dialogues entre Krishnamurti et lui, nous avons tmerveills de la clart et de la profondeur de sa visionintrieure, de sa simplicit, de la chaleur de son amiti, deson ouverture, de limmensit vritablement encyclopdique de son rudition.

    La dimension exceptionnelle de celle-ci et ses analyses

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    sont toujours subordonnes un processus de synthseinhrente la vision holistique.

    David Bohm a ralis une exploration scientifique et

    intuitive de lunivers et de lhomme dun niveau dune tellesupriorit quil est arriv au point o, par la science et larationalit, il a admis et dmontr lexigence du dpassement de la science, pour accder la Vision holistique ouveil Intrieur. Nous exprimons notre respect et notregratitude David Bohm, savant gnial et Sage qui, au seuildu Illme millnaire, a donn lhumanit dchire, lescls ouvrant les portes de la Lumire intrieure, delIntelligence vritable et de lAmour.

    (Septembredcembre 1992)

    SOURCES

    Carnets :J. Krishnamurti, ditions du Rocher.La pl ni t ud e de l Univ ers :David Bohm, ditions du Rocher.D i al ogues av ec des scient i f i qu es et des sages: Dr R. Weber,

    ditions du Rocher.L Univers, corps d un seul v iv ant :Robert Linssen, ditions Libre

    Expression (Montral, 1990).La M di t at i on vri t abl e - t ud e des pu l si ons pr-men t al es :Robert

    Linssen, ditions Le courrier du livre (1973 et 1992).Le Sens d u Z en: Robert Linssen, d. Le Mail (1969 et 1992).

    Robert Li nssen a fo n d, en 1935, l In st it ut des sci ences et ph i l oso

    ph i es no uv el l es, i nv i t an t des sages com m e K r i shnam ur t i , D .T .

    Suzuk i , Wei Wu Wei et des sci en t i f i q ues com m e D av i d Bohm ,Basa r ab Ni colescu, Fri t j of Capra , Stphan e L up asco... En 1936, l arevue tr e l i br e voi t l e j ou r . Robert L inssen a pu bl idepui s u n evi ngtai ne d ouvrages.

    Po ur tout e cor respond an ce : Robert L inssen - Inst i t ut des scienceset phi l osophies nouv el l es - 3 7 av enu e des glant ines, bot e 6 - 1150Bru xel l es - Belgique.

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