Lettres d'Aquitaine

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L’Arpel Aquitaine – Agence régionale pour l’écrit et le livre – reçoit le soutien du Conseil régional d’Aquitaine et de la direction régionale des Affaires culturelles (Drac Aquitaine). www.arpel.aquitaine.fr P.3 PAROLES DE PROFESSIONNEL> Entretien avec Robert Amutio DANS CE NUMÉRO P.11 MÉDIATHÈQUE> 2 nouvelles médiathèques en Aquitaine : Gradignan & la M.270 de Floirac P.16 RÉSIDENCE> Au mois d’avril dernier, l’Arpel Aquitaine a accueilli l’écrivain Alfredo Pita Du 14 au 20 avril, une délégation de professionnels du livre d’Aquitaine s’est rendue à Québec. Un pont entre l’Aquitaine et le Québec, Bibliothèque Saint Jean Baptiste de Québec - Cliché : Marina Klymus - Extrait de Blablabla 2 : Petit dictionnaire illustré - Sous la direction de Carole Lataste - N'a qu'1 œil - À paraître en 2009 BOUTIQUE n. f. La grande Bibliothèque nationale de Montréal a remplacé une boutique de livres usagés. CHATOUILLEUX adj. La question identitaire au Québec est quelque peu chatouilleuse. CRAC n. m. Coup de cœur. Exemple : Le crac d’un libraire, montrer ses cracs. QUÉBEC n. Signifiant, là où le fleuve se rétrécit. BIBLIOTHÈQUE n. f. Ce sont de vrais lieux d’accueil pour lesquels nous réfléchissons beaucoup à la vocation sociale. Tout le monde peut entrer dans le lieu, même les indésirables. Son accès est entièrement gratuit. Par exemple, ici, nous comptons soixante-seize heures hebdomadaires d’ouverture de la bibliothèque au public. 80 JUILLET AOÛT SEPTEMBRE 2008 L’Arpel Aquitaine soutient la candidature de Bordeaux pour le titre de capitale européenne de la culture.

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Numéro de juillet de la revue de l'Arpel Aquitaine

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Page 1: Lettres d'Aquitaine

L’Arpel Aquitaine – Agence régionale pour l’écrit et le livre – reçoit le soutien du Conseil régional d’Aquitaine et de

la direction régionale des Affaires culturelles (Drac Aquitaine).www.arpel.aquitaine.fr

P.3 PAROLES DE PROFESSIONNEL>Entretien avec Robert Amutio

DANS CE NUMÉROP.11 MÉDIATHÈQUE>2 nouvelles médiathèques enAquitaine : Gradignan &la M.270 de Floirac

P.16 RÉSIDENCE>Au mois d’avril dernier, l’ArpelAquitaine a accueilli l’écrivain Alfredo Pita

Du 14 au 20 avril, une délégation de professionnels du livre d’Aquitaine s’est rendue à Québec.

Un pont entre l’Aquitaineet le Québec,

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BOUTIQUE n. f.La grande Bibliothèque nationale de Montréal a remplacé une boutique de livres usagés.

CHATOUILLEUX adj.La question identitaireau Québec est quelquepeu chatouilleuse.

CRAC n. m.Coup de cœur. Exemple : Le cracd’un libraire, montrer ses cracs.

QUÉBEC n.Signifiant, là où le fleuve se rétrécit.

BIBLIOTHÈQUE n. f.Ce sont de vrais lieux d’accueil pour lesquels nous réfléchissons beaucoup à la vocation sociale. Tout le monde peut entrer dans le lieu, même les indésirables. Son accès est entièrement gratuit. Par exemple, ici, nous comptons soixante-seize heures hebdomadaires d’ouverture de la bibliothèque au public.

N° 80

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L’Arpel Aquitaine soutient la candidature de Bordeaux pour le titre de capitale européenne de la culture.

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LETTRES D’AQUITAINE N°80

SOMMAIRE

ÉDITO

02

Un amendement qui annonce...La mobilisation commune des auteurs, des éditeurs, des libraires, des agences du livre à travers leurs organisations professionnelles et

représentatives, ainsi que celle du ministère de la Culture et de la Communication a permis d’alerter les parlementaires sur les dangers et

les risques de ces amendements et ainsi favoriser son retrait. Si cette disposition avait été adoptée par notre Assemblée, elle aurait signi-

fié la fin de la loi du 10 août 1981 relative au prix unique du livre, et donc le risque d’une complète transformation du marché du livre,

écosystème précaire alliant culture et économie, déontologie et complémentarité.

Le choix de déréguler le marché du livre, comme bien d’autres marchés aujourd’hui, obéit à une logique libérale qui pénaliserait en premier

chef les lecteurs, donc pour puiser dans le glossaire adapté : le consommateur… le client.

Cette loi, dite Loi Lang, est un formidable régulateur économique et culturel :

– elle garantit une offre éditoriale riche et variée

– elle a permis de maintenir un prix moyen du livre très compétitif

– elle a assuré le maintien sur nos territoires d’un réseau de librairies indépendantes, véritable acteur culturel de nos villes.

N’est-ce pas déjà un bilan qui mérite : respect ?

Cette loi, qui permet « Aux libraires de donner du poids aux livres, et non de vendre les livres au poids », cette loi qui propose des garan-

ties démontrées pour le consommateur, cette loi qui a traversé bien des alternances politiques, demeure comprise et reconnu par le seul

univers des professionnels du livre…

C’est essentiel mais cela ne suffit plus. Il faut en faire une loi reconnue par le public, la faire entrer dans le « domaine public ». Cela sera

sûrement la seule garantie face au futur combat que nous aurons à mener demain pour sa défense. Nous aurons l’occasion d’en reparler

dans ces colonnes.

Ce numéro d’été est l’occasion d’aller voir « ailleurs ». À commencer par la littérature qui nous vient justement d’ailleurs. Nous nous en

sommes entretenus avec un traducteur : Robert Amutio dans notre dialogue désormais régulier avec des professionnels du livre.

Puis, c’est au tour de Christian Cailleaux de nous inviter à un tour du monde, lui qui n’a cessé de rouler sa bosse pour donner corps à son

art : la bande dessinée.

L’été est souvent propice à de petites transgressions. C’est pourquoi, contrairement aux habitudes, une partie des notes de lectures de ce

numéro vous permettra de découvrir les ouvrages des éditeurs par thèmes : bandes dessinées, saveurs gourmandes, balades littéraires,

polar… le genre de livres que l’on aime emmener dans sa valise…

Voyage encore avec un tour d’horizon de la délégation de professionnels du livre aquitains qui a séjourné à Québec en avril dernier à la

rencontre de leurs homologues québécois : chaque membre de la délégation à sa manière livre ses impressions, ses coups de cœur, tire

des enseignements.

Nous retrouvons aussi les rubriques habituelles en lecture publique avec deux nouveaux équipements à Gradignan et Floirac, l’actualité

de l’édition et de la librairie, un coup de projecteur sur une action fort intéressante intitulée Monumérique et dont l’objet est la sensibili-

sation des jeunes au patrimoine par le biais du numérique, sans oublier la page juridique consacrée à la réforme du régime des archives.

Et nous terminons notre périple avec un dernier voyage que nous a offert Alfredo Pita lors de sa résidence qu’il a refermée avec un entretien.

Bonne lecture et bon voyage !

Patrick Volpilhac, directeur de l’Arpel Aquitaine

P.3 ENTRETIEN avec un traducteur : Robert Arnutio

P.4 AUTEUR : Portrait de Christian Cailleaux

P.5 NOTES DE LECTURE

P.8 UN PONT ENTRE AQUITAINE ET QUÉBEC

P.10 ÉDITEUR / LIBRAIRIE

P.11 BIBLIOTHÈQUES : médiathèques de Gradignan et Floirac

P.12 PATRIMOINE : Monumérique

P.13 QUE DIT LA LOI ? : Une réforme pour les archives

P.14 L’AGENDA DU LIVRE EN AQUITAINE

P.15 LA VIE DE L’ARPEL

P.16 RÉSIDENCE... Alfredo Pita

Lettres d’Aquitaine est une publicationde l’Arpel Aquitaine, association loi 1901137, rue Achard 33300 BordeauxTél. 0557224040 Fax : 0557224049Courriel : [email protected] : www.arpel.aquitaine.fr

Directeur de la publication : Claude VillersRédacteur en chef : Patrick VolpilhacRédaction et suivi de fabrication :Catherine Lefort & Claude ChambardOnt collaboré à ce numéro :Nathalie André, Jérôme Baylac-Domengetroy,Stéphanie Benson, Lucie Braud, Jean-Luc Coudray, Bernard Daguerre, Évelyne Danré, Christophe Dupuis, Françoise Favretto, Sylvain Gérald, Nicolas Géraud,Romuald Giulivo, Marina Klymus, Meriem Lacour,Carole Lataste, Catherine Lefort, Xavier Mouginet,Alexandre Piboyeux, Dominique Rateau, Mathilde Rimaud, Hélène Rio, Michèle Sales,Marc Torralba, Guillaume Trouillard, Marie-Laure Vallée.

Photos : Arpel Aquitaine sauf mention contraireDiffusion : Catherine LefortCorrections : Jean Bernard-MaugironBP 56 33031 Bordeaux cedexDesign graphique : kubik/www.kubik.frImprimeur : Imprimerie BM (IMPRIM’VERT), ZI de Canéjan – 14, rue Pierre Paul de Riquet33610 CanéjanLettres d’Aquitaine est imprimée avec des encresvégétales sur un papier recyclé : Cyclus Offset.ISSN: 1621-5397 – Dépôt légal : 07-2008

DANS CE NUMÉRO

Bibliothèque de Québec (succursale) - Cliché de Marina Klymus.

Page 3: Lettres d'Aquitaine

Paroles de professionnel

Nous avons pris l’habitude danscette page d’entretenir des pro-fessionnels de la chaîne du livre

autour de leur métier pour une mise enlumière de leur travail et une meilleurecompréhension des difficultés qu’ils ren-contrent dans l’exercice de leur activité.Nous avons souhaité cette fois donner laparole à un traducteur. Métier ou acti-vité difficile – entre liberté et fidélité –exercé dans l’ombre et la solitude. Etpourtant si indispensable à la connais-sance des textes étrangers. RobertAmutio, enseignant et traducteur de l’es-pagnol, a accepté de répondre à quelquesquestions.

C.L. Comment êtes-vous venu à la tra-duction ?R.A. Cette activité est venue en plusieursétapes. Dans ma préhistoire, il y a eud’abord la traduction de quelques dizainesde pages de Roulements de tambour pourRancas du Péruvien Manuel Scorza, dutemps où j’étais étudiant en lettresmodernes à Aix-en-Provence en 1975. Cefut une première expérience sans suite.Bien des années après je suis parti auMexique, à Monterrey, comme directeurd’une Alliance française. Un jour, un jeuneécrivain mexicain m’a contacté et demandéde traduire quelques-unes de ses poésies enfrançais. Au-delà de ce second « essai »,mon expérience mexicaine a été détermi-nante : elle m’a permis un véritable retourvers ma langue d’origine – mes parentssont des exilés politiques espagnols – etune exploration de la littérature latino-amé-ricaine.Ma véritable entrée en traduction s’est pro-duite à mon retour du Mexique, quand jeme suis installé à Bordeaux au début desannées 90. Danièle Robert et ChristianTarting, deux amis, m’ont mis en contactavec l’éditeur André Dimanche à Marseille,lequel m’a confié la traduction d’un recueilde lettres d’un grand écrivain espagnol,Ramon Gomez de la Serna. Par la suite, jelui ai proposé de traduire un recueil de« fables » du Guatémaltèque AugustoMonterroso. Cette expérience a été révéla-trice. J’ai réalisé que j’aimais ce travail dedéfrichage, de lecture des auteurs pourensuite les proposer aux éditeurs.Un jour, j’ai découvert un écrivain chilien,Roberto Bolaño, à travers deux textes : LaLittérature nazie en Amérique et Étoile dis-tante.

Je me suis dit que cet auteur pourrait bienintéresser les lecteurs français et il nem’aura fallu que quelques années avant queje trouve un éditeur attentif.Par un heureux concours de circonstances,je venais d’écrire à Christian Bourgois enlui joignant quelques pages traduites duroman Étoile distante, lorsqu’il a rencontréHerralde, l’éditeur de Bolaño en Espagne.Ils ont parlé de celui-ci et la décision de letraduire a été prise. Bourgois m’a contactéensuite pour me confier la traduction deNocturne du Chili et Étoile distante. Ainsiest née ma longue collaboration avec lui :deux à trois livres de Bolaño par an…En 2002, ces deux livres étaient présentés àla Maison de l’Amérique latine à Paris, enmême temps qu’un autre livre de Bolañoaux éditions Les Allusifs. Ce jour-là, j’aifait la connaissance à la fois de Bolaño etde Brigitte Bouchard, fondatrice desAllusifs. Cette éditrice m’a proposé de tra-duire un petit livre de Daniel Sada, L’Uneest l’autre, un magnifique texte, qui n’apourtant pas eu les lecteurs qu’il méritait.Depuis, j’entretiens un échange régulieravec Brigitte Bouchard. J’ai ensuite ren-contré à Bordeaux, David Vincent, une desbranches maîtresses avec Nicolas Étiennede L’Arbre vengeur, qui m’a confié unecollection de textes oubliés ou inconnus.

Et plus récemment, j’ai pu m’entretenir avecles très jeunes Nadia Beugnet et VincentLafaille. J’ajouterai que je conseille égale-ment des écrivains latino-américains à desamis éditeurs eux-mêmes latino-améri-cains, mais c’est une autre histoire.

C.L. Vous avez traduit le roman pos-thume de Roberto Bolaño, 2666, paruaux éditions Bourgois en mars 20081.Quels souvenirs gardez-vous de cetimposant travail ?R.A. Le point final de la traduction n’estpas la fin de la relation avec le texte. Unefois finie la traduction, j’ai été à la fois heu-reux et triste. Pendant les deux ans quecette traduction a duré, j’ai été en totaleimmersion dans l’univers mental et intel-lectuel de l’auteur.

La rencontre avec Roberto Bolaño, je parleici de l’homme et des textes, a été pour moiun moment exceptionnel et émouvant.Même maintenant que je sais que la ren-contre en mars 2003 était la dernière, jerésiste à y penser en termes d’adieu : touten lui était projet, humour, chaleur.La parution de ses livres en France a mal-heureusement coïncidé avec la fin de savie. Nous avons souvent échangé sur lestextes – il lisait parfaitement le français –sur certaines notions, expressions ou allu-sions… Je garde l’image d’un écrivaingénéreux, ouvert, alors même que sestextes peuvent être très durs vis-à-vis de sescontemporains.Il avait aussi une grande reconnaissance àl’égard de ses traducteurs et je crois qu’ilne pouvait pas concevoir les choses sansune certaine affinité avec eux. À cet égard,je partage avec son traducteur australien,Chris Andrews, un grand privilège : Bolañonous a dédié une de ses nouvelles.

C.L. Dans ce travail sur la langue et l’écri-ture, qu’est-ce qui est le plus difficile ?R.A. Certains passages des écrits de Bolañosont opaques pour le lecteur de la péninsuleIbérique. Ainsi, dans 2666, emploie-t-il desmots ou des expressions de l’argot mexi-cain, certains, inconnus des dictionnaires,

ou des termes spécifiquement chiliens, ouargentins, etc. Il aurait été ridicule et sourcede malentendus de traduire par un équiva-lent local français.À force de poser des questions, je me suisconstitué un réseau d’amis mexicains, sur-tout, mais aussi chiliens, argentins et péru-viens, pour essayer de trouver avec eux deséquivalents en espagnol « standard ». Mesinterlocuteurs ont été parfois perplexes, carcertains passages sont de l’argot inventé parBolaño… J’ai donc dû faire des choix quiont abouti à rendre certains passages pluscompréhensibles et, d’une certaine manière,mon texte traduit est plus clair pour unFrançais que le texte original pour unEspagnol…Reproduire le rythme, le battement de lalangue, est une autre difficulté. Je prendraisl’exemple du roman de Daniel Sada, untexte au rythme très particulier, une langue

« Une bonne partie de l’histoire de la litté-rature française est l’histoire de la traduc-tion, dont les acteurs sont les traducteurs. »

LETTRES D’AQUITAINE N°80

PAROLES DE PROFESSIONNELS

Robert Amutio DR

Robert

envoûtante, mêlant le phrasé mexicain nor-teño et la prosodie espagnole du XVIIe siè-cle, dont il m’a été très difficile de rendrecompte. Mais c’est justement ce genre detexte qui m’attire, en tant que lecteur et quetraducteur.

C.L. Selon vous, le travail du traducteurest-il suffisamment reconnu ? Et untraducteur peut-il vivre de son activité?R.A. Le travail du traducteur n’est pas tou-jours reconnu. Combien de fois trouve-t-onencore des comptes rendus sans la mentiondu traducteur ? Or, si critiques et lecteurspeuvent lire ces textes, c’est parce qu’ilsont été traduits. C’est sans doute frustrantpour eux, mais ils ne lisent pas le texte ori-ginal. Une bonne partie de l’histoire de lalittérature française est l’histoire de la tra-duction, dont les acteurs sont les traduc-teurs. Ceux-ci, par leur connaissance à lafois des langues, des œuvres et des socié-tés, peuvent recommander des textes auxéditeurs. Il est donc nécessaire que l’acti-vité du traducteur soit reconnue commecelle d’un auteur.Vivre de la traduction est difficile. Si enFrance la traduction est relativement bienpayée – surtout si l’on compare à d’autrespays comme l’Espagne où les niveaux derémunération sont souvent beaucoup plusbas, les traductions envisagées sous l’anglede la rentabilité simple, et les auteurs et lec-teurs méprisés – malgré tout, à 18-22€ lapage lorsque cette page peut exiger 3 ou 4heures de travail… c’est finalement peu. Sil’on veut obtenir des traductions de qualité,une rémunération à la hauteur du travailexigeant est nécessaire.Mes rapports avec les éditeurs sont sim-ples. Comme je ne vis pas de la traduction,je peux refuser si le prix ne me paraît pasraisonnable. J’ai des relations de confianceavec mes éditeurs. Mes travaux font tou-jours l’objet d’un contrat de traduction, trèscomplet, qui explore toutes les possibilités,y compris les adaptations au cinéma parexemple. Mais hélas, je le sais, cela ne sepasse pas toujours ainsi : il peut y avoirpression sur les prix, parfois le règlementne vient pas… Je lis que la Direction dulivre est menacée, que la loi sur le prixunique du livre est encore une fois atta-quée… Le monde de l’édition est bien unepartie de notre monde. o

1. 2666, de Roberto BolañoTraduit de l’espagnol par Robert AmutioÉditions BourgoisIsbn : 978-2-267-01966-7

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PROPOS RECUEILLIS par Catherine Lefort

TraducteurAmutio

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Auteur

CChristian Cailleaux s’est orienté natu-rellement vers des études d’art. Ilsuit les cours de l’Enaec (École

nationale d’art et d’environnement deCergy-Pontaise), en banlieue parisienne,c’est de là qu’il vient. Il interrompt ce cycled’études pour travailler comme illustrateuret graphiste-designer pour un patron. Lavoie semble se tracer d’elle-même. Lesperspectives ne sont pas réjouissantes : cene sont pas ses rêves qu’il voit au bord duchemin. Lui qui pense déjà à l’ailleurs, ilfaut qu’il fasse son service militaire. Lacoopération. Brazzaville, Congo. 1990-1991. Il est chargé de communication aucentre culturel français. Pendant un an etdemi, il redécouvre le plaisir et l’envie dedessiner. Il y fait la connaissance deBernard Sallé, écrivain et metteur en scènede théâtre qui veut écrire pour la bande des-sinée. Se mettant à l’œuvre, ils présententun projet commun chez Dargaud pour unecollection ouverte à de jeunes auteurs(Génération Dargaud). Arthur Blanc-Nègreest accepté. Deux tomes paraîtront sur lestrois prévus initialement. La collaborationavec Bernard Sallé s’éteint. Le jeune dessi-nateur continue seul et propose un livreillustré aux éditions Dargaud : Haëllifa :conte oriental à propos des femmes et del’ivresse. Très vite suit Harmattan : le ventdes fous, toujours chez Dargaud, dans lacollection Roman BD. Ce dernier marqueun tournant. Les premiers albums lui ontpermis d’apprendre le métier d’auteur debande dessinée, il est sur la voie de sonidentité graphique. Il s’interroge sur lechoix du « grand » éditeur, cela neconvient plus à cet univers qu’il dégage aufil de pages. Il revient à l’amour de l’art etse tourne vers un éditeur qui pourra lui per-mettre d’exprimer cela : Treize étrange. Àcôté, il préserve son travail d’illustrateur depresse (Bayard) et de voyage (GrandsReportages), et dessine Max et Dina dansla revue Planète Enfants, sur et pourl’Afrique francophone. De son retour duCongo, pendant les dix ans qui suivent, ilpart entre quatre et six mois par an, le plussouvent en Afrique et à Madagascar. Ilanime des ateliers de bande dessinée pourles enfants, mais aussi pour les auteurs.

Et il ramène de ces voyages des récits pluspersonnels, Le Café du voyageur et LeTroisième Thé. Ces deux titres lui apportentune reconnaissance professionnelle etassoient son identité graphique. Dupuy etBerberian, qui dirigent alors la collectionTohu-Bohu aux Humanoïdes Associés, lerepèrent et le sollicitent suite à la sortie duCafé du Voyageur. Mais l’aventure s’arrêteprématurément. Treize Étrange publie LeTroisième Thé. Nouvelle rencontre, nouveau tournant.Christian Cailleaux fait la connaissance deGuillaume Prieur, directeur artistique chezCasterman. Il travaille à un projet de livrequi abandonne le récit intimiste. Il a desenvies d’histoires romanesques, qui fontréférence à ses goûts : le jazz, le cinémaaméricain des années quarante et cinquanteet la littérature de gare anglaise à l’humourcaustique et distancié. Pour mêler ces troisingrédients, il s’inspire du théâtre, du jeudes apparences, de la représentation. Et ilen fait Les Imposteurs. Il a la sensation des’accomplir dans son art. Il ralentit lesinterventions, privilégie quelques rencon-tres avec des étudiants en art dans lesAlliances françaises. Il continue lesvoyages, en Inde pour une résidence d’au-teur de trois mois (2003-2004), pourconstruire ses projets personnels. Pendantun mois, il travaille pour lui. Pendant deuxmois, il sillonne les routes sur plusieursmilliers de kilomètres. Il peint. Il prépareTchaï Massala, monologue hindi. Un anplus tard, il revient en Inde exposer sespeintures avec Baudoin. L’expositiontourne pendant presque un an, jusqu’auPakistan. Mai 2005. Saint-Malo. Rencontre avecBernard Giraudeau, à qui il a envoyé seslivres une dizaine de jours auparavant. Ilveut changer de voix dans sa manière

d’écrire. Il a vu le film de Giraudeau, Les Capricesd’un fleuve, tourné à Saint-Louis du Sénégal,ville qu’il connaît bien pour y avoir vécu etpour y avoir écrit Le Troisième Thé.Giraudeau ne connaît rien à la bande dessi-née, mais il est curieux, attiré et attachant.Il lui propose la lecture de son livre LeMarin à l’ancre, une correspondance qu’ila entretenue avec l’un de ses amis tout aulong de ses voyages et où il évoque sa jeu-nesse de marin mécanicien, à bord de laJeanne d’Arc, lorsqu’il avait dix-sept ans.De cette lecture, Christian Cailleaux impro-vise un tour du monde sur la Jeanne. Lesdeux hommes échangent, réécrivent,mêlent leurs idées et leurs envies. Puis ilss’embarquent sur la Jeanne pendant cinqsemaines, étalent leurs feuilles, investissentle bateau. R97 Les Hommes à terre est lefruit de ce lien tissé, de ces deux voyageursqui ont pu se rencontrer au bon moment. Monfreid, Melville… Christian Cailleauxn’est pas né dans une famille de voyageursmais il les a lus. Pourquoi, à cause de quoiéprouve-t-on le besoin de partir ? Qu’est-ce qu’on en fait après ? Le voyage n’estpas une parenthèse dans la vie de ChristianCailleaux, comme si le temps s’arrêtait uninstant puis la vie reprendrait là où onl’avait laissée une fois la parenthèse fer-mée. Non, ce n’est pas ça. Les voyages tis-sent le fil de sa vie. Des moments néces-saires à la contemplation du monde,comme lorsque Corto Maltese se pose enplein récit, et que son regarde traîne sur laligne bleue des Vosges, au milieu d’unegrande case silencieuse. Corto pense, c’estévident. À l’avant, à l’après, à ce moment? À tout ça en même temps ou peut-être àautre chose. o

Christian Cailleauxn’est pas né dans une famille de voyageurs mais il les a lus.

Difficile d’imaginer un béret à pompon rouge vissé sur le crânede ce grand personnage ténébreux à la voix grave et chaleu-reuse… Difficile d’imaginer au premier regard que cet hommea roulé sa bosse, beaucoup en Afrique, quelque temps en Inde,ici et là un peu partout, qu’il aime ça et que certainement, il nes’arrêtera pas. Mais il est si facile de se poser et d’écouter sesrécits, de se laisser porter par le son de cette voix comme unemélodie chaude et lente sur les sinuosités d’un parcours qui l’afait auteur de bande dessinée. Par Lucie Braud.

LETTRES D’AQUITAINE N°80

Christian Cailleauxou la nécessité du départ pour l’ailleurs

BibliographieR97, Les Hommes à terre, texteBernard Giraudeau, Casterman, paru en 2008Tchaï Masala, monologue hindi,Treize Étrange, 2007Frankenstein : une histoire de MarieShelley, adaptation Michel Piquemal,Albin Michel Jeunesse, 2006Harmattan : le vent des fous, Treizeétrange, 2003 (réédition)Le Café du voyageur, Treize étrange,2000Le Troisième Thé, Treize étrange, 2002Blue train, Laurent Bouhnik, Le 9e monde, 2003Tout autour du monde : carnets devoyage, Treize étrange, 2003 (épuisé)Haëllifa : conte oriental à propos desfemmes et de l’ivresse, Dargaud, 1997(épuisé)

Arthur Blanc-Nègre, texte Bernard Sallé, Génération,DargaudVolume 2, Les Barricades, 1994 (épuisé)Volume 1, Le Gecko blanc, 1993 (épuisé)

Les Imposteurs, Un monde, CastermanActe 3, 2005Acte 2, 2004Acte 1, 2003

AUTEUR

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Christian Cailleaux DR

Page 5: Lettres d'Aquitaine

NOTESDE LECTURE

JUILLETAOÛTSEPTEMBRE 2008

LETTRES D’AQUITAINE N°80

NOTES DE LECTURE

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BANDES DESSINÉES

Les Éditions de la cerise54, rue de la Rousselle – 33000 Bordeauxhttp://www.editionsdelacerise.com

Grégory ElbazBix18x30 cm ; bichromie ; 48 p. ; 16 € ; Isbn : 978-2-9519498-6-7Bix, de son vrai nom LeonBismarck Beider-becke,talentueux pionnier du jazz– il était cornettiste blancet autodidacte – marqua profondément sonépoque. Grégory Elbaz se réapproprie et réin-terprète ce mythe. Chaque planche est conçuecomme un tableau bichrome, coupé en deuxpar le texte en légende comme dans les pre-mières bandes dessinées. Les dessins deGrégory en noir et blanc ont quelque chosed’étrange. Les modelées ultra réalistes pro-viennent de la technique de réalisation :Grégory a fabriqué des bustes pour chaquefigurant, il les a ensuite éclairés puis dessinés.D'où cette impression de marionnettes qui sedébattent dans un univers sans point d'hori-zon. Il ne manque plus que la musique de Bixpour se plonger dans les cases muettes decette histoire fantasmagorique.

Évelyne Danré

Les éditions de la Cerise ont conçu une expo-sition des cases-tableaux de Grégory Elbazcomprenant 29 cadres de 110 x 70 cm qui for-ment une fresque de plus de 20 mètres de long. Pour tout renseignement :05 56 44 11 01 / [email protected]

Futuropolis132, rue du Faubourg-Saint-Denis75010 Paris – www.futuropolis.fr

Récit et texte :

Christophe DabitchDessin et couleur :

Jean-Denis PendanxJeronimus, un homme neuf(première partie)30,5x24,5 cm ; 80 p ; 17 € ; Isbn : 978-2-7548-0185-0Dabitch et Pendanx, tous deux aquitains, noustransportent au XVIIe siècle, dans le mondedu commerce maritime hollandais, aux pre-mières heures du capitalisme. Malgré sonlourd passé, Jeronimus embarque à bord duBatavia comme second du commandantPelsae. Ce premier volume d’un triptyquerelate les prémices de la lente descente auxenfers des passagers du navire. Le voyageavait mal commencé – un ouragan dès ledeuxième jour – il finira dans un bain de sang.Les planches de Pendanx sont de véritablestableaux où le bleu domine à la façon despeintres hollandais de l’époque. Ses coups depinceau traduisent bien la tension et l’étouffe-ment qui s’insinuent peu à peu le long des cases.

E.D

Féret24, allées de Tourny – 33000 Bordeauxwww.editions-feret.fr

Béatrice Hénot, Serge Fourton, RolandGarcia, Gilles de Revel,Philippe RoyDécouvrir la dégustation24,2x27 cm ; 112 p. ; quadri ; 25 € ; Isbn : 978-2-35156-015-0Voilà un ouvrage fort utile pour qui veut selancer à l’aventure des découvertes que luiréservent ses papilles. Sous forme ludique, lelivre invite à questionner ses sensations, àdécrire les univers qui se dévoilent au palais,à affiner et classer les goûts, les couleurs, lescaractéristiques propres aux vins. Vocabulaire, exercices pratiques, cartes desrégions viticoles, exemples de menus… Le livre estcomplet, pas cher et simple d’accès : il met cet exer-cice savoureux à la portée de toutes les bouches !

MR

À savourer également :

Chez le même éditeur : FéretIsabelle Bunisset, David NakacheLe Cannelé : ce mystère nommé désir29 € ; Isbn : 978-2-35156-011-2

Chez ConfluencesSous la direction d’Éric AudinetLes Quatre Saisons gourmandesd’Aquitaine17x24 cm ; 250 p. ; 25€ ; Isbn : 978-2-35527-007-9Une visite guidée des savoir-faire gourmandsaquitains…

confrères en écriture, de ses lieux et de sespassions, de ce qui fut son enfance, des ren-contres de hasard et des grandes amitiés, oncroyait déjà en savoir beaucoup.Mais voilà qu’Éric des Garets s’en mêle etprend le parti d’une entrée alphabétique, un«dictionnaire » qui est ouvertement subjectiftant les items choisis ne respectent ni la chro-nologie, ni toute autre logique.Lui qui a tant lu Mauriac ne parle pas de l’œuvremais de l’homme, dans un mouvement empa-thique d’accompagnement, de proximité. Etce qu’on y apprend donne à chaque page l’en-vie d’en savoir plus. Au-delà des textess’éveille une curiosité pour ce personnage etson époque si proche et déjà disparue, pour uncontexte politique passionnant, pour un écri-vain qui fut aussi journaliste, si présent à sonsiècle. Un homme droit et confronté auxdoutes, un homme libre.

Michèle Sales

À signaler aussi :le numéro 66 de la revue Le FestinCe numéro d’été s’intéresse plus que jamaisaux patrimoines culturels et naturels dans sesdéambulations aquitaines et propose pour lapremière fois un supplément guide des expo-sitions et manifestations estivales en région.

Pleine Page12, rue Jacques-Cartier – 33300 Bordeauxwww.pleinepage.com

Textes de Michel SuffranPhotographies de Didier PerizIllustrations de JacquesGuibillon15 maisons d’écrivainsd’Aquitaine qu’il faut connaîtreCoédition Savoir-Faire d’AquitaineCollection L’Aquitaine qu’il faut savoir24x16 cm + 1 dépliant ; 157 p. ; 23 € ; Isbn : 978-2-913406-75-9Découvrir la demeure d’un écrivain est unbon moyen pour parcourir son univers artis-tique et son espace de création. Elles sontnombreuses en Aquitaine. Certaines ontl’avantage d’être ouvertes au public. C’est lecas des 15 maisons présentées dans cetouvrage coédité par Pleine Page éditeur etSavoir-faire Aquitaine à travers les textes deMichel Suffran et les photographies de DidierPeriz.

SAVEURS GOURMANDES BALADES LITTÉRAIRES& PATRIMONIALES

Alexandrines31, rue Ducouédic – 75014 Pariswww.alexandrines.fr

Préface de Claude VillersBalade en GirondeCollection Sur les pas des écrivains, n° 2321x12 cm ; 295 p. ; 24,50 € ;illustrations en noir et blanc ; Isbn : 978-2-912319-40-1

On pourrait croire, en ouvrant cet ouvrage,que l’on tient entre ses mains un simple guidede voyage. Si tel était le cas, il s’avérerait par-ticulièrement riche. Les lieux visités sontnombreux, sur le Bassin d’Arcachon, àBordeaux, dans l’Entre-deux-Mers ou encoredans le Libournais. Le choix des auteurs pré-sentés s’équilibre entre attentes et décou-vertes. Qu’ils soient vivants ou disparus,incontournables (comme Montaigne,Montesquieu, Mauriac et tant d’autres) oumoins convenus, comme par exempleRaymond Guérin, tous ont leur place. Et, pourne rien gâcher, leurs biographies sont degrande qualité et bien documentées.Cependant, cette balade en Gironde peut êtrelue différemment, non pas pour visiter maispour se perdre au hasard des chemins desécrivains qui souvent se croisent (avec parfoisquelques années de différence) dans les plusbeaux lieux de Gironde. Ainsi, au final, cettebalade sera bien une invitation au plus richedes voyages, la littérature.

Alexandre Piboyeux

Confluences13, rue de la Devise - 33000 [email protected]

Jean-Joël Le Fur (photographies et textes) et Charles Daney (textes),

Sur les traces de Félix Arnaudinou Les métamorphoses des Landes, 22x23,5 cm ; 144 p. ; 29 € ; Isbn : 978-2-35527-004-8Félix Arnaudin a consacré sa vie à la GrandeLande dont il a été le témoin. Il a laissé entreautres des centaines de photographies«d’avant l’exploitation des pins ». Jean-JoëlLe Fur et Charles Daney ont eu l’idée derefaire de nouvelles images des Landesactuelles sur 50 sites et à partir des mêmespoints de vue immortalisés par FélixArnaudin il y a un siècle. Une jolie baladedans le patrimoine landais et son évolution.

Le FestinBâtiment G2 – 1, quai Armand-Lalande33300 Bordeaux – http://www.lefestin.net

Éric des GaretsPetit dictionnaire Mauriac21x14 cm ; 244 p. ; illust. N&B ; 20 € ;Isbn : 978-2-915262-67-4De Mauriac, de ses œuvres et de ses engage-ments, de ses amis et de ses ennemis, de ses

DANS CE NUMÉRO, DÉCOUVREZ NOS SÉLECTIONS THÉMATIQUES

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LETTRES D’AQUITAINE N°80

NOTES DE LECTURE

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NOTESDE LECTURE

JUILLETAOÛTSEPTEMBRE 2008

Élytis51, avenue Jeanne-d’Arc – 33000 Bordeauxhttp://www.elytis-edition.com

Viviane MooreTokyo des ténèbres15x12 cm ; 265 p. ; 13 € ; Isbn : 978-2-914659-99-4C’est un paysagesombre, roma-nesque certes,puisqu’il s’agit d’unroman policier, queViviane Mooredresse de la ville deTokyo. Un journa-liste français, quiprépare un essai surles otaku, ces mil-liers de jeunes Japonais retranchés volontairesdu monde, participe à l’enquête sur les meur-tres en série dont les victimes sont des bura-kumin (littéralement « les gens des hameauxspéciaux », descendants des parias dont l’ori-gine se perd dans la nuit des temps historiquesjaponais mais dont l’existence actuelle estbien réelle). Un parallèle s’impose entre lesrelégués des temps anciens et les jeunes etmortifères ermites modernes : le champcroisé des meurtres fait d’ailleurs se rencon-trer ces deux mondes, à travers les figuresd’Européens fascinés, sans être pour autantséduits, par la civilisation japonaise. Ce récitoppressant que le talent de la romancière saitrendre palpable est une réédition bienvenued’un livre qui s’inscrit dans une série depolars sur le Japon contemporain.

Bernard Daguerre

GaïaBoissec – 40250 Larbeyhttp://www.gaia-editions.com

Jón Hallur StefánssonBrouillagesTraduit de l’islandais par Éric Boury24x13 cm ; 299 p. ; 21 € ; Isbn : 978-2-84720-110-9La société islandaise n’a peut-être pas debeaux jours devant elle, s’il faut en croire sesauteurs de romans noirs. Après Indridason etson sombre commissaire Erlandur, enquêteurau sens littéral des couches profondes de sonpays, Thorarinsson et sa jeunesse plutôt à ladérive, voici un autre aperçu assez dramatiquede l’Islande. Le roman de Stefánsson se pré-sente comme un puzzle qui, petit à petit, faitconverger des existences d’adolescents et deleurs parents, et celles des policiers enquêteurs,autour d’un homicide et d’une disparition.Sans oublier l’apparition, plutôt burlesque,d’un tueur à gages japonais, qui ne comprendpas comment, diable, on peut être islandais.Utilisant avec talent les ressorts d’uneenquête criminelle pour mettre à jour l’étatcatastrophique d’une société où le cadre familial

ÉDITEURS AQUITAINSexplose, laissant des adolescents meurtris,sinon meurtriers et des parents loin de toutprincipe de vie, l’auteur présente au fond lesrésultats effarants d’une enquête morale surun état de déliquescence sociale assez avancé.

La collection Gaïa polar aborde, pour le plusgrand plaisir du lecteur, des thèmes du thrillercontemporain : la disparition, dans l’immenseet ténébreuse Russie actuelle, de l’époused’un homme d’affaires danois (L’Épouseserbe de Leif Davidsen), le climat politiqued’un Danemark hanté par la xénophobie sousfond de guerre d’Irak et de manœuvres de lapresse (L’Otage d’Olav Hergel), les manipula-tions criminelles des médias dans une Francetrès contemporaine (Le Complot Gutenbergde Philippe Mouche).

BD

À SIGNALER AUSSI

Chez Pleine page Édition, L’Ours pécheur de Philippe Cougrand 21x15 cm ;318 p. ; 19 € ; Isbn : 978-2-913406-58-2Voici un polar qui enracine son intrigue dansla terre landaise et dans un nœud de vipèresfamilial. Il aurait pu être, tout simplement unroman aux accents régionalistes comme LeJeune Homme de novembre de BernardManciet : lorsque, dans la forêt landaise, lenarrateur, Frédéric, décrit « l’ennui [qui] vientsurtout à la fin de l’automne, lorsqu’il pleutinterminablement sur la forêt sans lumière.Quand tout ce vert vire au noir », je crois yreconnaître l’ennui ou plus encore l’accable-ment mortifère qui pèse sur les épaules dujeune homme héros du récit de Manciet. Maisici Frédéric a quarante-cinq ans bien sonnés etc’est une jeune femme, Juliette, et son fils,Max qui vont faire sortir de sa retraite fores-tière cet adolescent attardé, en quête à la foisd’une paternité et d’un sens à sa vie. Pourtomber dans une espèce d’intrigue mauria-cienne, où l’appât de la possession des biensde ce monde est bien mal contrebalancé par lafoi d’une douairière et de son prêtre de fils,lié au redoutable Opus Dei. L’affaire se com-plique quand on apprend que Max pourraitprétendre à l’héritage de la vieille dame. Dèslors fleurissent complots, meurtre, et affleu-rent du sable de la lande des histoires qu’oncroyait bien enfouies. Une jolie réussite.

BD

Aux éditions de l’Atelier In8 (collectionNoires de Pau), À l’ombre des humains deLalie Walker propose une nouvelle version,entre polar et fantastique, de La Cité de l’indiciblepeur de Jean Ray.14 € ; Isbn : 978-2-916159-50-0

Aux éditions Yago (12, rue du Lac – 40130Capbreton – http://www.editions-yago.com),Dans la peau d’un flic, enquêtes de Daniel Mounicq18 € ; Isbn : 978-2-916209-14-2Daniel Mounicq, ancien flic, raconte ce qu’ila vécu et nous fait pénétrer de plain-pied dansle monde du crime et sa réalité la plus crue.

De Marin Ledun, un auteur vivant dans lesLandes : Marketing viral (éditions Au diableVauvert) ouvre les portes vertigineuses del’alliance des techniques commerciales depointe avec les nanosciences. 20 € ; Isbn : 978-2-84626-157-9

POLAR

Aubéron7, allée du Coût, 64600 Angletwww.auberon.fr

Hélène TierchantMademoiselle Georges,La Tragédienne de Napoléon14x22 cm ; 316 p. ; 19 € ; Isbn : 978-2-84498-114-1La toute jeune Marguerite Weimer, diteMademoiselle George (1787-1867) n’a pasencore seize ans quand elle débute à laComédie-Française dans une pièce de Racine.C’est un triomphe. Dès lors qu’elle conquiertson public, Mademoiselle George charme lefutur empereur Napoléon Bonaparte, com-plote avec Talleyrand, subjugue les grandsmonarques, collectionne les amants et se pro-duit à travers l’Europe.Au siècle des romantiques, elle inspire lesjeunes Alexandre Dumas et Victor Hugo. Ilsenchaînent pour elle les créations. Sublimedans La Tour de Nesle, Lucrèce Borgia sacresa carrière.En parallèle à l’existence enivrante d’unefemme de théâtre admirée, Hélène Tierchantdécrit au cœur d’une œuvre romanesque plusd’un demi-siècle d’histoire emporté par lesbouleversements de l’Empire. Un récit pas-sionnant ou le portrait trépidant d’une amou-reuse de la liberté qui n’écouta jamais que soncœur.

Marie-Laure Vallée

Elytis51, avenue Jeannne d’Arc – 33000 Bordeauxwww.elytis-edition.com

Xavier Arsène-HenryCap-Ferret, Un autre regard sur le Cap-FerretPréface : Philippe Starck22x30 cm ; 144 p. ; reproductions en N&B ; 35 € €Isbn : 978-2-91-465996-3Depuis une cinquantaine d’années, XavierArsène-Henry conserve dans ses cartons plusde trois cents dessins. Les éditions Élytis onteu l’idée géniale de rassembler dans cesuperbe album les dessins et les textes de l’il-lustre architecte-urbaniste bordelais dont lapetite enfance a été baignée par la beauté, laquiétude des paysages de la presqu’île duCap-Ferret.Il existe encore des architectes qui savent dessi-ner. Xavier Arsène-Henry en fait partie et dequelle manière ! Le trait restitue avec précision etsubtilité l’originalité – un mélange de rectitude etde désordre – des paysages du Cap-Ferret.

Si Arsène-Henri a un sacré coup de crayon, ila aussi une jolie plume et le lecteur prendraautant de plaisir à lire ses textes où il évoqueson enfance, sa passion du dessin, ses médita-tions sur la création, la beauté des choses, lemétier d’architecte, l’identité, l’héritage. Àcet égard, Arsène-Henry nous rappelle qu’ilfaut veiller à notre environnement. En guisede conclusion, il nous livre une vision – terri-fiante – du village ostréicole de Piraillan… enl’an 3000.

C.L

À signaler aussi

Chez Élytis : Triglia, l’Aventure colorée deChristiane Courbon, consacré à l’universpictural de Didier Triglia, artiste peintre origi-naire de Perpignan et autodidacte.22x30 cm ; 68 p. ; illust. en couleurs ; 33 € ; Isbn : 978-2-35639-001-1.

Le bleu du cielBP 38 – 33230 Coutrashttp://editionlebleuduciel.free.fr/

Ouvrage coordonné par

Jean-Pierre MoussaronGrand cahier Michel Deguy21x28,5 cm : 350 p. ; 30 € ;Isbn : 978-2-915232-46-2Une anthologie ? Non. Plutôt un balayageéclairé d’une aventure intellectuelle d’uneopiniâtre honnêteté qui, depuis les années1960, a porté le poète (toujours revendiqué),l’écrivain, le philosophe, l’inlassable anima-teur de revues vers des rencontres de cœur,d’écriture, de pensées avec lesquelles il fait lepoint. Un hommage aux amitiés aussi et unedélectation à retrouver, à découvrir, desœuvres à travers les hommes et des datesdevenus historiques (Aragon, Cocteau,Barthes, Michon, Derrida, Granel, Cohen-Lévinas, Koch…). Mais aussi des saluts (àChaillou, Gaspar, Mouchard, Rolin, Dorny),des confessions (critiques), des entretiens etun long poème, enfin réédité, Les Meurtrières– perdu lors de la saisie du fonds de son pre-mier éditeur, en 1959.Une sorte d’œuvre-portrait (dédiée à sonpetit-fils Raphaël) d’un indomptable.

N. A

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LETTRES D’AQUITAINE N°80

NOTES DE LECTURE

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Et aussi

Ryoko SekiguchiÉtudes vapeurSuivi de Série Grenade16x17 cm ; 44 p. ; 8 € ; Isbn : 978-2-915232-52-3« D’un côté nous, qui passons notre vie uni-quement à recevoir, de l’autre, la vapeur et lalumière du jour, qui sans cesse se donnent,mais tout ce qui est au milieu sans être ni l’unni l’autre… »Ce qui domine, quand on lit RyokoSekiguchi, c’est l’infinie douceur de son écri-ture, malgré l’incroyable acuité de son regard.Elle regarde d’en haut, d’en bas, de l’intérieurce qui l’entoure, évidant tous les angles,imperceptiblement. Son précédent livre,Adagio ma non troppo (Le Bleu du ciel, 2007)se déroulait à Lisbonne, s’attachant à lanotion de déplacement, en écho au livre deFernando Pessoa, Lettres à la fiancée.Études vapeur et Série Grenade se déroulentsur deux étés, à Grenade en Andalousie.Toujours la chaleur, l’eau (les bassins, les fon-taines), les plantes, la marche, récurrentesdans l’œuvre de Ryoko, mais ici, le travail surl’incidence de la perception fait écho à l’articlehomonyme de l’Encyclopédie de Diderot. EtRyoko, qui n’en est plus à une prouesse près,soigne toujours sa construction narrative : ici,les scènes se déploient sur une journée, dumatin de la première page, à la nuit de la der-nière page.Née en 1970 à Tokyo, Ryôko Sekiguchi vit àParis depuis 1997.

N. A

Atelier In8Chemin Coustalet – 64160 Serres-Morlaàshttp://www.atelier-in8.com

Jazz Quartet Coffret de quatre volumes:Django, Marc VillardJazz Me Down, Emmanuelle UrienLe Cantique de Billie, Jean ColombierOld Tramp Ramble, Jacques BoutinetCollection La porte à côté18x12 cm + 5 cartes ; 21 à 27 p. ; 18 € ; Isbn : 978-2-916159-57-7La belle collection de textes courts, La porteà côté, n’en finit pas de grandir. Après lesNouvelles érotiques parues en septembre der-nier, les éditions Atelier In8 proposent unnouveau coffret, Jazz Quartet.Quatre textes dans lesquels on retrouve lesgrands ingrédients du jazz, le rythme bien sûr,les boîtes (et donc la nuit et bien souvent l’al-cool), et surtout les standards intemporels.Dans Jazz Me Down, d’Emmanuelle Urien, IPut a Spell on You (et bien d’autres) accom-pagne l’implosion d’un couple. Tiger Rag etOld Man River marquent les souvenirs de jeu-nesse d’un « chevalier du pavé » dans OldTramp Ramble de Jacques Boutinet. What aLittle Moonlight Can Do se mêle au cantiquede Siméon au cœur d’une abbaye dans LeCantique de Billie, de Jean Colombier. Enfin,ce sont Manoir de mes rêves et Impromptuqui résonnent dans Django, de Marc Villard,qui place un tueur à gages sur la route du célè-bre manouche..

A.P.

Olivier DeckLa Grande MerCollection In situ21x15 cm ; 130 p. ; 12 € ; Isbn : 978-2-916159-36-2Dans Le Cœur supplicié, Rimbaud écrivait :« Ô flots abracadabrantesques, prenez moncœur qu’il soit sauvé ! » C’est un peu cettemême idée qui anime Paul, le héros de LaGrande Mer. De retour dans sa maison natalesur la côte atlantique, il découvre la bâtisserénovée en hôtel. Son enfance et son malaiselui reviennent alors par vagues et le submer-gent. Dans le récit d’Olivier Deck, l’océantient une place centrale. Il est toujours pré-sent, dans le décor, en toile de fond, sur lesplages landaises, à Bayonne ou à Saint-Sébastien. Chaque marée semble éroder unpetit plus les personnages qui sont à la foismus et déstabilisés par une sorte de houleintérieure ; Françoise, une femme délaissée,Daniel, son mari alcoolique. Et Paul, qui sem-ble renversé par les rouleaux, emporté par lecourant vers un souvenir précis, celui de sonidentité.

A.P.

Le Castor Astral53, rue Carnot – 33030 Bègleshttp://castorastral.com

Zéno BianuChet Baker (Déploration)21x14 cm ; 120 p. ; 13 € ;Isbn : 978-2-85920-747-2La vie de Chet Baker est digne d’une tragédie.Il avait tout ; la beauté d’un jeune premier, letalent d’un virtuose, mais sa vie a été marquéepar l’alcool, les drogues dures et l’ombre desmonuments du jazz jusqu’à sa mort tragique,par défenestration, le 13 mai 1988, àAmsterdam Il suffit d’avoir déjà vu le visagemarqué du « vieux » Chet Baker, pour com-prendre toute la mélancolie de la musique decet homme, au talent immense, qui seul pou-vait faire pleurer sa trompette.À travers ce texte poétique, Zéno Bianureconstitue avec justesse le phrasé de ChetBaker, « la voix qu’il y a derrière la voix ». Sadéploration est un langoureux monologue,tout à la fois entraînant et dramatique commele furent la vie et la musique du jazzman.

AP

La Lauze9, rue des Jacobins – BP 7061 – 24007 Périgueuxwww.lalauze.com

Patrick Ochs, José CorréaRue de la MuetteCarnet de route20x20 cm ; 80 p. ; quadri ; 22€; Isbn : 978-2-35249-025-8Dans la suite du Léo Ferré et du Brassens,José Corréa s’empare cette fois de l’universcircassien de la Rue de la Muette, groupefrançais porté par Patrick Ochs et sa voix à laArthur H. La générosité du chanteur se litdans les images jetées de Corréa. Mais l’intérêtdu livre repose également sur le récit sincèrede Patrick Ochs, qui relate avec simplicité sareconversion et son départ vers la scène.

Les grandes théories des sciences socialessont impuissantes à expliquer ces accents desouffrance profonde qu’exprime la voix del’adolescente, révélant ainsi leurs limites. Portée au début par une observation froide etprofessionnelle, l’écriture bascule au gré d’unquestionnement intime dans le champ de lalittérature. Le sensoriel prend le dessus, lenarrateur chamboulé par tout ce qu’il reçoitfait un grand retour sur son histoire personnelle.Cette sensibilité lui permet de comprendre l’es-sentiel…

Catherine Lefort

Gallimard5, rue Sébastien-Bottin – 75007 Pariswww.gallimard.fr

Roger GrenierInstantanésCollection Blanche21x14 cm ; 200 p. ; 14,50 € ; Isbn : 978-2-07-078522-3Pour qui s’intéresse à la littérature, RogerGrenier est une référence. Écrivain prolixe,récompensé par le Grand prix de l’AcadémieFrançaise pour l’ensemble de son œuvre en1985, journaliste, scénariste, conseiller litté-raire pour Gallimard depuis plus de 40 ans, ila voué sa vie à l’écriture. Son intérêt pourl’autobiographie n’est pas nouveau, mais tou-jours sous un angle étonnant. Dans LessLarmes d’Ulysse, il prenait pour point dedépart Ulysse, son chien, illustrant l’adagequi veut que « chien ou maître, l’on soit tou-jours au bout de la laisse », et relatant nombrede ses rencontres littéraires. Andrélie, était àla fois un portrait de sa mère et « un autopor-trait d’où l’auteur aurait eu l’élégance de seretirer ».Avec Instantanés, Roger Grenier nous ouvreles pages de son album photographique.«L’instantané, écrit-il, est le contraire de lapose ». Ce sont en quelque sorte des clichés«au naturel » qui composent le récit, des por-traits sur le vif des écrivains et hommes de let-tres qui ont compté pour lui.

A.P.

Seuil5, rue Sébastien-Bottin – 75007 Pariswww.gallimard.fr

Chantal ThomasCafés de la mémoireCollection Réflexion21x13 cm ; 344 p. ; 20 € ; Isbn : 978-2-02-067744-8Les écrits de Chantal Thomas, grande spécia-liste du XVIIIe siècle, ont toujours un lienavec l’Histoire. Dans Les Adieux à la reine,prix Femina en 2002, elle racontait les pre-miers jours de la Révolution française, vécuspar la cour à Versailles, alors que Paris s’en-flammait. La pesanteur des instants décritscontrastait avec l’immédiateté de la révolte.Dans son dernier récit, Cafés de la mémoire,c’est à son histoire personnelle qu’elle s’inté-resse, mais encore une fois, se mêlent, commedisait François Furet, le temps long et letemps court, la patiente marche du temps et labrièveté des événements.Dans un café, il est possible d’observer àl’envi ses voisins. C’est de cette manière ques’ouvre le livre, dans un troquet, à Nice. Maistrès vite, ce lieu devient un observatoire desoi-même, une porte (ou un miroir) vers d’au-tres cafés, ceux de sa vie, qui sont autant derencontres et d’époques personnelles. Descafés-vitrines, du bar des Facultés et du cafédes Artistes ressurgissent son enfance àArcachon, ses études à Bordeaux et à Paris, sajeunesse, entre soif de savoir et insouciance.Et cette somme d’événements, de tempscourts, cohabite avec le temps long, celui dela construction de soi.

A.P.

Il abandonne les routes commerciales pourcelles des rencontres musicales et humaines.Une belle rencontre entre deux âmes artistes.

MR

L’Esprit du temps115, avenue Anatole-France – 33110 Le Bouscatwww.lespritdutemps.com

Nicole FabrePsychothérapie de l’enfant Imaginaire et rêve éveillé14x22 cm ; 220 p. ; 23 € ; Isbn : 978-2-84795-119-6Nicole Fabre est docteur en psychologie etpsychanalyste, fondatrice et membre duGroupe international du rêve éveillé en psy-chanalyse.« J’ai eu la chance de vivre mon enfance dansune famille où l’on aimait à raconter. Non passe raconter. Mais raconter. Comme un jeu »,écrit Nicole Fabre dès le début de ce livre. « C’est sûrement en cette expérience de monenfance que s’origine mon mode d’abord desenfants en psychothérapie. Je devrais mêmedire que mon mode de travail psychothéra-pique et psychanalytique se constitue de cetteévidence de la puissance de l’imaginaire et deses influences », écrit-elle aussi dans l’intro-duction.Dans cet ouvrage, Nicole Fabre partage avecle lecteur son cheminement intellectuel et sapratique de thérapeute en alternant proposthéoriques et récits de thérapies. Très bienconstruit, très bien écrit, chacun pourra y pui-ser sa part. Les professionnels de la thérapied’enfants, bien évidemment, mais aussi cha-cun d’entre nous.

Dominique Rateau

S’ÉditionsChâteau Valens – 33890 Gensac

Chantal Couliou, Annie BouthémyPour apprivoiser le vent20x20 cm ; 20 p. ; 11,5€ ; Isbn : 978-2-903845-16-2Quelques courts poèmes de Chantal Couliouqui disent le vent au fil des saisons, mis enimage par des encres d’Annie Bouthémy. Untexte délicat à découvrir tranquillement

Allia16, rue de Charlemagne – 75006 Pariswww.alliaeditions.com

Éric ChauvierSi l’enfant ne réagit pas17x10 cm ; 128 p. ; 6,10 € ; Isbn : 978-2-84485-260-1Éric Chauvier est anthropologue et vit àBordeaux. Après avoir travaillé sur l’anthro-pologie du quotidien, il se consacre à la per-ception des risques industriels sur les popula-tions exposées. Sa passion pour l’écriture etson expérience d’anthropologue l’ont mené àécrire des textes inclassables où l’observationest le fil conducteur. Après deux ouvrages descience sociale aux Presses universitaires deBordeaux et William Blake, il a publiéAnthropologie en 2006 et ce dernier opus Si l’en-fant ne réagit pas en janvier dernier, chez Allia.L’auteur, qui est aussi le narrateur, mène uneenquête dans un centre fermé pour adoles-cents en grande difficulté. Bientôt, il est troublépar la voix décalée, comme désincarnée,d’une adolescente. Le malaise induit par cettevoix provoque un va-et-vient entre doutes,interprétations, introspection…

ILS SONT AQUITAINSMAIS ILS PUBLIENT AILLEURS

Page 8: Lettres d'Aquitaine

son dernier titre à 14 000 exemplaires auQuébec, contre seulement 1 500 en France oùle secteur est, on le sait, de plus en plus saturé.Mais ne nous y trompons pas, ces bons chiffresrestent exceptionnels. Le marché de la bandedessinée au Québec reste petit, bien qu’il soiten plein essor. Dans un tel contexte, quelleplace y a-t-il pour la BD indépendante fran-çaise ?Premier frein, les frais de port induisent desprix de vente prohibitifs, d’autant qu’iln’existe pas d’équivalent à la loi Lang sur leprix unique. Deuxième obstacle évident : lesdistances, qui empêchent une certaine proxi-mité avec les auteurs, pour la promotion, lesdédicaces, etc.

Néanmoins, quelques initiatives pariant sur lelong terme permettront certainement un rap-prochement : les résidences croisées proposéespar l’Arpel Aquitaine et l’Institut canadien de

De Québec, on revient gonflé à bloc. Avecun sourire aux lèvres, une drôle de légèretéau cœur. Et puis un besoin de s’y remettre,d’affronter pour de bon cette page blanchelaissée trop longtemps en jachère. Lesmots reviennent d’un coup, les phrasescoulent d’elles-mêmes et on s’interroge. Cesang neuf qui irrigue nos veines, on sedemande qui nous l’a offert.D’abord, on pense au plus évident. À lasplendeur de cette ville en pleine nature, àl’air vivifiant qui vous porte dans les côtes,vous soulève sur les rives du Saint-Laurent. Ou alors à l’humanité de ces gens,à leur caractère entier, leur accueil chaleu-reux. On pense encore au mythe américainsi tentant, à l’accent si jovial et aux bièressi faciles à boire, on pense à ça et à tout lereste aussi, mais on sait que la vérité n’estpas là. On sait que si on a retrouvé la routede la littérature à Québec, ce n’est pasgrâce à ces clichés pour guides de voyage.Écrire, ce n’est pas retranscrire un paysageou peindre des personnages. Écrire, c’estjuste offrir un regard sur le monde.Alors maintenant, on se souvient. On sesouvient du regard des filles à Québec. Là-bas, les yeux des filles font partie du pays.Si la neige fond et que la nature passe dunoir et blanc à la couleur, leurs pupillesvirent du gris au bleu. Si le vent se lève etbalaie la colline, ce sont des nuances devert et un peu de jaune qui apparaissent.Les filles vous racontent leurs vies et leursenvies, mais on n’écoute pas. On n’a pasbesoin, on lit tout dans leurs yeux. On litcombien leur histoire et leur pays les habi-tent, les nourrissent, les façonnent. On litcombien elles sont vivantes et toujours onfinit par détourner la tête avant de rougir.De Québec, on revient avec le désir derepartir. Là-bas, on lit dans les livres, maison peut aussi lire dans les yeux des filles.Et même Aragon le savait. Les yeux desfilles, ça donne forcément de la bonne lit-térature.

Romuald Giulivo

D

LETTRES D’AQUITAINE N°80

QUÉBEC

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Pendant des années, le peu que l’on connaissaitde la bande dessinée québécoise se résumait àquelques noms, notamment Julie Doucet,publiant principalement hors de la BelleProvince, aux États-Unis et en Europe. Ilsemblerait que cette situation se soit peu à peuinversée.

Quelques petites maisons d’édition ont ainsiémergé ces dernières années, influencéesprincipalement par la vague alternative desannées 90 (L’Association, Cornélius, Egocomme X…), tant au niveau de la forme (cou-verture souple, pagination illimitée, petits for-mats) que du graphisme (noir et blanc, traitspontané, souvent proche du minimalisme).Citons entre autres Mécanique Générale, diri-gée par le dessinateur Jimmy Beaulieu, égale-ment créateur de deux autres labels (Les 400Coups et Colosse), et La Pastèque, dont legrand succès, la série Paul, s’est vendue pour

Dossier Québec

Du 14 au 20 avril dernier, une déléga-tion de professionnels du livre aqui-tains emmenée par l’Arpel, avec le

soutien de l’OFQJ et du conseil régionald’Aquitaine, s’est rendue à Québec dans lecadre du 400e anniversaire de cette ville etdes échanges qui se nouent entre la BelleProvince et l’Aquitaine.Pendant cinq jours bien remplis, cinq édi-teurs, deux bibliothécaires, deux libraireset un auteur ont rencontré leurs homo-logues québécois afin de tisser des rela-tions, échanger des expériences et de parta-ger des réflexions.

Le public d’abord ! Par Marina Klymus & Jérôme Baylac-Domengetroy

Un pont entreAquitaine et Québec

Découvrir les bibliothèques québécoises,c’est d’abord se heurter à un problème devocabulaire et, pour nous bibliothécairesaquitains, éviter un conflit idéologique.Première rencontre et première surprise, pointd’usagers pour nos collègues canadiens maisdes « clients »… revendiqués et assumés.Passé ce choc initial, on comprend toutd’abord que les termes « usagers » et « clients» désignent la même personne, « à la foisceux qui utilisent effectivement les servicesofferts et ceux qui sont susceptibles de lefaire1 », que l’on pratique « l’approche clientpour mieux servir les usagers2 », et qu’enfin« le service à la clientèle relève autant del’objectif et de la culture que du service et durésultat3 »… Dès lors, les jeunes bibliothé-caires, intrigués et séduits, ouvrent grandsleurs yeux et leurs oreilles.

Les usagers avant tout, avec une gratuitétotale ou plus exactement une gratuité à lacarte. Dans les bibliothèques de la ville deQuébec, à proximité immédiate des banquesde prêt, des rayonnages « best-sellers » propo-sent à la location les ouvrages les plus récentset les plus demandés. Pour 3 dollars canadiens

(2 euros) les « usagers-clients » peuvent ainsirapidement accéder aux titres qui font l’actua-lité. Ces ouvrages sont certes également dis-ponibles dans la collection « classique » de labibliothèque mais, objets d’une fortedemande, il faut souvent les réserver pourespérer les obtenir. L’autonomie des usagersest privilégiée, poussée au maximum à labanQ (présence massive d’automates de prêt,espaces d’autoformation, studios d’enregis-trement…), bibliothèque et archives natio-nales du Québec de Montréal, et très encoura-gée dans les bibliothèques de la ville deQuébec.

Le jeune public fait l’objet d’une attentiontoute particulière. La Ville de Québec, parl’intermédiaire de l’Institut canadien (orga-nisme culturel indépendant qui gère 25 biblio-thèques dont la bibliothèque centraleGabrielle-Roy) parie sur la conquête desjeunes pour construire l’usager adulte dedemain. À peine nés, les bébés sont la cible del’opération Une naissance un livre ; chaqueécolier se doit d’avoir, au même titre qu’uncompas ou un dictionnaire, une carte debibliothèque en activité à chaque rentrée sco-

laire. La communication générale est penséepour être accessible aux plus jeunes, phrasescourtes et claires dans les brochures et calen-driers d’animations spécifiques ; la banquepropose même un portail Internet à l’ergono-mie spécialement imaginée pour les 3-12 ansqui rendra jaloux tousles bibliothécaires jeunesse d’Aquitaine(http://www.banq.qc.ca/portail_jeunes/livre.jsp). Ce souci d’une communication efficacese retrouve dans toutes les activités du réseaude bibliothèques de Québec avec la mise enœuvre d’une politique de marketing direct(appel des usagers par téléphone pour lesinviter à venir se réabonner par exemple). Etles deux bibliothécaires aquitains de reveniravec des idées plein la tête…

Liens utiles :http://www.bibliothequesdequebec.qc.ca/accueil/http://www.banq.qc.ca/portalhttp://www.icqbdq.qc.ca

1. Hélène Roussel in À rayons ouverts, n° 74.2. Ibid.3. Ibid.

Québec permettent des échanges entre lesdeux pays. L’an passé, Pascal Girard, jeunetalent québécois, a pu nouer de nombreuxcontacts en France, tandis que le BordelaisCromwell préparait son adaptation du Dernierdes Mohicans sur place. Sans doute assiste-rons-nous bientôt à quelques collaborationsfructueuses entre les deux continents, tel lelivre « Québec, un détroit dans le fleuve »publié par Casterman à l’occasion de la dateanniversaire.

Au programme : visite de bibliothèques(Grande Bibliothèque de Montréal, biblio-thèque de quartier Saint-Jean-Baptiste,bibliothèque Gabrielle-Roy de la Ville deQuébec…), visite de la librairie Pantoute àQuébec, visite de la résidence d’écrivainsde l’Institut canadien de Québec, présenta-tion du site de la future Maison de la litté-rature ; rencontres avec des organisationsprofessionnelles et dans le cadre du Salondu livre de Québec.Les membres de la délégation ont bienvoulu nous livrer le fruit de leurs impres-sions et de leurs découvertes.

L’évolution du9e art au Québec Par Guillaume Trouillard & Sylvain Gérald Dans le cadre des échanges Aquitaine/

Québec et en partenariat avec l’Institutcanadien de Québec et de la biblio-thèque Gabrielle Roy, le dessinateur deBD bordelais Anton sera en résidence àQuébec en septembre et octobre 2008.Simultanément, l’illustrateur de BDquébécois Pierre Bouchard séjournera àBordeaux (voir rubrique La vie del’Arpel, p. 15)

ANALPHABÈTE FONCTIONNEL expres. : Personne qui a du mal à lire complètement un texte.

CRAC n. m. : Coup de cœur. Exemples : Le crac du libraire, montrer ses cracs.

Débat sur la BD au salon du livre de Québec avec Marie Goyette (Directrice de la Bibliothèque Gabrielle-Roy), Patrick Volpilhac (Directeur de l’Arpel) et Pascal Girard (auteur de BD)

Photos : Marina Klymus

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LETTRES D’AQUITAINE N°80

QUÉBEC

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Aquitaine Québec,je me souviens…

Le livre est un des domaines culturels lesplus dynamiques au Québec. L’histoire del’édition débute vraiment dans les années1940. En quelques décennies, elle a per-mis le véritable développement d’une lit-térature nationale.

Il y a peu, le marché était encore dominé parl’édition étrangère (en grande partie fran-çaise). Toujours aux prises avec une forteconcurrence étrangère, les éditeurs québécoisparviennent néanmoins aujourd’hui à occuperplus de 50 % du marché du pays, tous genresconfondus. Les publications des premiers édi-teurs étaient surtout consacrées à la littéra-ture. Aujourd’hui, il n’y a pas de domainesqui ne soient abordés par l’édition québé-coise. Par exemple, leur part de marché dansle livre scolaire dépasse les 70 %. Et l’éditionde livres pour la jeunesse et de bande dessinéeest très dynamique.

Le marché est très petit (7 millions de franco-phones) et la distribution de ses livres auQuébec pour un éditeur français relève davan-tage du prestige que d’une réelle rentabilitééconomique. Mais la production locale estimportante. Plus de 4 400 titres édités chaqueannée au Québec. Un livre québécois vendu à1 500 exemplaires peut déjà être considérécomme un best-seller. Et beaucoup de livresd’éditeurs français ne trouvent au Québec que50 ou 100 acheteurs.

On dénombre plus de 200 éditeurs au Québecdont environ 130 agréés (c’est-à-dire recon-nus par le ministère de la Culture) et une cen-taine d’entre eux sont membres de l’Anel(Association nationale des éditeurs de livres).Beaucoup sont de très petites structures, maison assiste comme dans d’autres pays à uneforte concentration de l’édition.

À côté de grands groupes canadiens (telQuébecor-Sogides), des éditeurs indépendantsparviennent à résister et à se développer.L’édition est depuis l’origine plutôt bien sou-tenue par les pouvoirs publics – défense de lalangue française oblige – en particulier par laSodec (aide à l’édition, à la traduction, à lapromotion, aux salons…) Les ventes de livreset les ventes de droits se sont accrues ces der-nières années, mais le marché est dopé par lesachats publics. Et malgré une plutôt bonnesanté du milieu littéraire et de l’édition, leuréconomie reste fragile. Peu nombreux sont leséditeurs qui arrivent à avoir une diffusion cor-recte en France.

La ville de Québec est la ville qui compte leplus de librairies par habitant (une cinquan-taine). Mais la situation des libraires indépen-dants est malgré tout très fragile. La concur-rence des grandes surfaces est dure (plus de40 % du marché du livre est aux mains dedeux chaînes, Renaud Bray et Archambault).

Et ce qui se passe chez le voisin canadienanglais (un peu à l’image de leur voisin amé-ricain) n’est pas rassurant : des librairies indé-pendantes sur le déclin (20 % de part de mar-ché, contre 67 % pour les méga-chaînes).

Conscient de cette fragilité, le monde du livreau Québec tisse des liens de solidarité entreses acteurs, beaucoup plus que dans nos payseuropéens.

Regards sur l’édition au QuébecPar Marc Torralba et Xavier Mouginet

Un pont entreAquitaine et Québec

Potion magiquePar Jean-Luc Coudray

Le 14 avril, une délégation, constituée d’écri-vains, de libraires, d’éditeurs, de dessinateurs,de bibliothécaires et du directeur de l’Arpel,quittait le sol de France pour la ville deQuébec, imitant quatre siècles après le gestede nos ancêtres. Après un atterrissage en zig-zag à cause de nos valises chargées de livresAquitaine-Québec, je me souviens, nous visi-tâmes la Grande Bibliothèque de Montréalavec ses services novateurs, et rencontrâmesles principaux acteurs de la défense du livreau Québec, ainsi qu’un spécialiste de la BDlocale, avant de rejoindre en car la ville deQuébec où nous attendait un Salon du livre.

Il ressort de nos rencontres que le Québec estune oasis de francophonie dans un désertanglophone et que cette situation rappelle lefameux village gaulois entouré de Romains.La littérature en langue française est la potionmagique des Québécois. Ils nous ont montrécomment ils défendent la librairie et la diffu-sion indépendantes, le droit d’auteur à la fran-çaise plutôt que le copyright à l’américaine,comment ils soutiennent la création. Cettevitalité se double d’une gentillesse et d’unenthousiasme particuliers. Les Québécoissont ouverts et détendus. Grâce aux livres, ilssavent qui ils sont.

Nous avons eu nous-mêmes l’occasion de for-mer une chaîne du livre vivante, grâce auxéchanges entre nous. Sans doute avons-nouspris conscience que le livre est un voyageurqui, de l’auteur au lecteur, circule d’abord deprofession en profession, pour ensuite serépandre vers les oasis francophones.

Si le monde était bien fait Par Stéphanie Benson

Sur le quai de la gare Saint-Jean, à sept heuresdu matin, le lundi 14 avril 2008, il y avaitceux qui transpiraient sous leur manteau defourrure-blouson de ski et les autres. Ceux quidétonnaient, on pourrait dire. Le lendemain,arrivé à l’aéroport Trudeau de Montréal àcinq heures de l’après-midi heure locale, il yavait ceux qui grelottaient dans leur vestelégère sans bonnet et les autres. Quant au len-demain encore et l’arrivée à Québec où laneige montait encore à près de deux mètresdans certains jardins ombragés et où le ventglacial qui schussait sur le Saint-Laurentavant de s’engouffrer dans les rues étroites ducœur de la francophonie outre-Atlantique…Si le monde était bien fait, ceux qui grelot-taient à Montréal seraient rentrés avec unebronchite et les manteaux de fourrures etblousons de ski auraient été en pleine forme,revigorifiés par le climat stimulant d’un paysoù même les fleuves gèlent, mais si le mondeétait bien fait, ça se saurait. Il paraît quemême les Québecois attrapent des bronchitesau moment où les érables, à défaut de pouvoirse moucher, fabriquent de la sève pour notreplus grand bonheur. Parce que la sève des éra-bles, leur rhume de printemps, en quelquesorte, bouillie dans les cabanes à sucre, donnele sirop d’érable que les Québecois mettentdans leur tisane pour soigner leurs bronchites.Finalement, le monde n’est pas si mal fait que ça.

Le contexteIl existe aujourd’hui au Québec 450 librairiesindépendantes qui représentent 60 % du mar-ché. Il n’y a pas de loi sur le prix unique, maisle marché du livre est régi par la Loi sur ledéveloppement des entreprises québécoisesdans le domaine du livre (ou Loi 51). Votée en1981, cette loi fixe le prix des livres aux dis-tributeurs et surtout les règles de vente auxcollectivités : obligation est faite aux biblio-thèques et aux institutions publiques de s’ap-provisionner en livres, sans remise (lesQuébécois considérant que pour l’argentpublic, il n’y a pas de remise à faire), auprèsdes librairies agréées de leur région.L’agrément d’un point de vente (qui peut êtreindépendant ou appartenir à une chaîne –actuellement, 215 librairies le sont) repose surdivers critères tels un nombre minimal detitres, la possession d’outils de recherche etde commande professionnels, et – évidem-ment – l’appartenance à des structures québé-coises.

Pour célébrer le 400E anniversaire de la fondation de la ville de Québec, deux maisons d’édition, Le CastorAstral, l’aquitaine (quoique… Le Castor n’a-t-il pas signé son acte de naissance au Québec ?) et l’Instantmême, la québécoise, ainsi que l’association Lettres du monde ont décidé ensemble de réunir les textesd’écrivains des deux rives de l’Atlantique. Chacun des 19 auteurs a puisé son inspiration dans ses souvenirs,son imaginaire et la devise du Québec. Ce petit livre, que l’on peut trouver chez son libraire habituel, scellede belle manière les liens tissés depuis fort longtemps entre l’Aquitaine et le Québec.176 p. ; 12 € ; Isbn : 978-2-85920-746-5

La libraire indépendante québécoise :des enjeux, des solidarités…

Les enjeuxEn face des librairies indépendantes, existentdeux grands groupes qui, selon l’avis des pro-fessionnels, commencent à devenir sérieuse-ment offensifs. Même si la Loi 51 est unebonne chose, en l’absence d’un prix uniquedu livre, les libraires savent bien qu’ils nepourront faire face à une guerre sur le prix devente (il suffit de regarder l’état du marchéanglais pour voir les ravages occasionnés).

La solidaritéCe qui frappe au Québec, c’est la solidaritéentre les libraires, solidarité incarnée parDenis LeBrun, responsable de la librairiePantoute, créée en 1972 (« il devrait y avoirune statue de Denis dans chaque librairie »,comme l’a dit un de ses collègues). DenisLeBrun a compris très tôt que l’avenir de lalibrairie indépendante passait par la multipli-cité, le travail en commun et le partage (ce quifait réfléchir quand on voit la situation enFrance !).

Déjà structurés, les libraires continuent leursactions communes, comme en témoignel’Association des libraires du Québec (ALQ),qu’est venue renforcer en 2007 l’associationLibrairies indépendantes du Québec (LIQ).Ces 70 librairies se sont unies pour produireet diffuser du matériel promotionnel et s’asso-cier au magazine Le Libraire, créé par DenisPantoute, qui vient de se doter d’un siteInternet (www.lelibraire.org) comme outilpromotionnel et, peut-être plus tard, commeportail de vente en ligne.Ces librairies ne manquent pas d’idées, puissecela leur suffire pour résister à la concurrencedes grandes chaînes.

ANALPHABÈTE FONCTIONNEL expres. : Personne qui a du mal à lire complètement un texte.

Association nationale des éditeursde livres :http://www.anel.qc.ca/Société de développement des entreprises culturelles :www.sodec.gouv.qc.caUnion des écrivaines et des écrivains québécois :www.uneq.qc.caSalon du livre de Québec :www.silq.orgLa fenêtre du livre québécois : www.lelibraire.org

Par Christophe Dupuis & Nicolas Géraud

CRAC n. m. : Coup de cœur. Exemples : Le crac du libraire, montrer ses cracs.

Débat sur la BD au salon du livre de Québec avec Marie Goyette (Directrice de la Bibliothèque Gabrielle-Roy), Patrick Volpilhac (Directeur de l’Arpel) et Pascal Girard (auteur de BD)

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Prenez des libraires désireux de découvrirou redécouvrir des fonds éditoriaux, deséditeurs et éditrices ravis de pouvoir pré-senter leur métier, leur passion, leur cata-logue, des bibliothécaires motivés pourfaire découvrir des fonds un peu moinsconnus…

Ajoutez une organisation menée tambourbattant par l’association des Librairiesatlantiques en Aquitaine, complétez d’unzeste de catalogue thématique (Voyage deprès/Voyage de loin) porté par l’Arpel…vous obtiendrez une semaine de rencontres,de signatures, de débats… et d’apéros !

L’Aquitaine du livre a redéployé ses pagesdu 22 au 31 mai dernier, en impliquantdans un travail commun en direction dupublic une quarantaine d’auteurs, une ving-taine d’éditeurs, une douzaine de biblio-thèques et médiathèques, et plus d’unetrentaine de librairies.Sur le Bassin, ce sont les éditions del’Entre-deux-Mers et Gaïa qui ont étémises en avant, grâce au travail conjoint dela médiathèque de Gujan-Mestras et de laLibrairie générale à Arcachon.

Claudine Rahier, de la médiathèque deGujan-Mestras, avait envie de faire sentir lapassion qui peut animer des éditeurs. Aumoment de l’acquisition du fonds (lamédiathèque a ouvert ses portes en 2007),l’accent avait été mis sur les éditeurs de larégion : il était cohérent, quelques moisaprès, de les rencontrer ! Suivant lesconseils de l’association des Librairiesatlantiques, elle propose à Gaïa et l’Entre-deux-Mers, qui venait justement de lacontacter pour présenter un titre sur leBassin, de venir présenter leur travail. Un vendredi soir, Suzanne Juul et BernardLarrieu se sont retrouvés pour parler deleur métier. Très vite, alors qu’ils ne s’étaient jamaisrencontrés « en vrai » jusque-là, la compli-cité se fait : il s’agit bien des mêmes pro-blématiques, des mêmes choix, bien que les

catalogues ne soient pas les mêmes.Disponibles à la discussion, les deux édi-teurs ont pu prendre le temps de rentrerdans le concret de leur métier, devant unpublic restreint mais très attentif.La médiathèque en a profité pour complé-ter les fonds de ces deux éditeurs. Et la ren-contre lui a donné envie d’aller regarder deplus près ce qui fait vraiment la spécificitéde tous ces éditeurs aquitains, qui ne semarchent pas sur les pieds. Quant au cata-logue sur le voyage, il permettra de conti-nuer la valorisation des fonds par des tablesthématiques.Anne Giraudeau, qui vient de reprendre laLibrairie générale à Arcachon, a suivi avecenthousiasme la mise en avant proposée parla médiathèque. En vitrine de son magasin,elle a valorisé le catalogue Gaïa, ce qui apermis à certains clients de découvrir cetéditeur, qui fera partie de la sélection Étéde la libraire. Une mise en appétit qui laconforte dans l’envie de bâtir un projet plusambitieux l’année prochaine et de nouerdes contacts personnels avec ces éditeursprès de chez elle…

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LETTRES D’AQUITAINE N°80

Éditeur

Un Prométhéequi prometIl y a de l’engagement dans ce projet édito-rial… Mickaël Lainé a créé sa maison en2006 à Bordeaux, à la suite d’un parcoursdans l’édition, notamment chez Agone. Ilporte haut les couleurs du débat intellec-tuel, proposant une collection de livres auconcept astucieux : « Pour ou contre »,deux paroles engagées et opposées, quiaffrontent leurs points de vue sur un mêmethème. Les sujets touchent à des problèmesd’actualité émergents ou déjà bien inscritsdans la société. À venir à la rentrée pro-chaine : Faut-il croire les sondages et LaRFID : quelles menaces, quelles opportu-nités ?Les sciences humaines sont un secteur fra-gile : avec trois titres par an, Prométhéedoit encore faire ses preuves. Souhaitons-lui de trouver sa place, apportant sa pierredans des débats d’idées nécessaires.

Éditions Prométhée BP 60010 – 33035 BordeauxTél. : 09 50 32 02 72 Courriel : [email protected] Web :http://www.editionspromethee.com

Mathilde Rimaud

La librairie des Pyrénéessur la bonne penteReprise en 2007 par Axelle Lapierre, lalibrairie des Pyrénées, véritable institutionà Pau, reprend des couleurs montagnardes.Venue de la région parisienne et amoureusedes sentiers, la nouvelle propriétaire a àcœur de redonner toute sa place aux livressur la montagne. Elle a réorganisé le magasinsans faire pour l’instant de travaux, et offre

un fonds pertinent sur le voyage, le régio-nalisme… et la montagne, donc. Un siteInternet est en construction.Et quand la porte est fermée, c’est qu’elleest partie marcher !

Contact : Librairie des Pyrénées 4, rue Saint-Louis – 64000 PauTél. : 05 59 27 78 75 Fax : 05 59 27 78 75Courriel : [email protected] d’ouverture : du lundi au samedi 10 h-12 h 30 ; 14 h 30-19 heures

Fermeture de Bédélire : la BD en deuilDepuis vingt-six ans, Bédélire portait laBD avec passion à Bordeaux. Des liens pri-vilégiés avec les nombreux auteurs debande dessinée bordelais, des signaturesrégulières dans le magasin, sur les salons…le magasin vivait au rythme des coups decœur et des rencontres. Malgré un chiffred’affaires respectable, le magasin n’a pastenu, face à la rigueur actuelle du marchédu livre. Trop de nouveautés générant desflux de trésorerie ingérables et des interlo-cuteurs comprenant mal la réalité de lalibrairie indépendante ont eu raison de laboutique rue Sainte-Catherine. La librairiea fermé le 31 mars dernier après de multi-ples tentatives de sauvetage, notamment àtravers l’aide à la reprise du Conseil régionald’Aquitaine.

Des trois employés, deux sont actuellementen recherche d’emploi, le troisième atrouvé du travail à Paris.Christiane Ribereau-Gayon, gérante de lalibrairie, n’a néanmoins aucun regret : ellea vécu une expérience fabuleuse, emme-nant dans son aventure des gens de qualité,qui sauront bénéficier de la réputationqu’avait acquise la librairie. Elle auraitaimé, évidemment, que ses employésreprennent l’affaire. Mais elle s’est donnéeà fond jusqu’au bout et continue de rece-voir des témoignages de ses clients, pourbeaucoup devenus des amis. Bédélire faitpartie de ces quelques librairies qui ont sufaire émerger la bande dessinée àBordeaux.C’est L’Association qui revient dans sabouche comme l’un des éditeurs marquantsde ces vingt-cinq dernières années. Etcomme auteur : Nicolas Dumontheuil,découvert il y a une dizaine d’années, etqu’elle a défendu avec passion.Christiane profite pour l’instant de son jar-din, mais les projets semblent toquer à laporte. On ne reste jamais très longtempséloigné d’une passion…

La machine à lireOn la savait en vente depuis un moment,ça y est, La Machine a trouvé nouvellepropriétaire, Hélène des Ligneris, et nou-velle directrice, Émilie Poinsot. Deuxfemmes à la tête de la librairie littéraire deBordeaux : un pari sur l’avenir.

Hélène des Ligneris, pourquoi avoir repris cette librairie ?Simplement pour que La Machine continuede vivre, qu’elle garde sa place essentielleà Bordeaux. Et parce que j’aime profondé-ment les livres, ce sont des outils de vie.

Quelles directions souhaitez-vousdonner à la Machine ?Je suis propriétaire et gérante de LaMachine à lire, mais je ne suis pas libraire.Le rachat était conditionné au recrutementd’un directeur ou d’une directrice ayantles compétences pour diriger la librairie,tout en partageant mes valeurs. Et je doisdire qu’avec Émilie Poinsot [qui dirigeaitla librairie Vigot-Maloine à Paris] il s’agitd’une vraie rencontre : nous formons untandem complémentaire. C’est ensembleque nous élaborerons les axes de dévelop-pement de la librairie : autour de valeurshumanistes, en gardant l’esprit magiquede ce lieu. Mais nous en sommes encoredans une phase de prise en main !

L’Aquitaine se livre :du voyage près de chez soi

Quelles sont pour vous les forces de cette librairie ?Le lieu, très beau et admirablement situé.L’indépendance de la librairie et son fondsgénéraliste. Les vingt-cinq ans d’existence,qui en font une des institutions de Bordeaux.Et évidemment, la magnifique équipe quila compose.Je crois que c’est un lieu indispensable etqui a tous les éléments pour réussir, si lapolitique gouvernementale nous en laisse lesmoyens : la remise en cause du prix uniquedu livre met en péril la profession du livre…

Contact : La Machine à lire 8 place du Parlement – 33000 BordeauxTél. : 05 56 48 03 87Courriel : [email protected]://www.machinalire.com/Horaires d’ouverture : lundi de 14 h à 19 h du mardi au samedi de 10 h à 20 h

L’Aquitaine se livre : tous les ans,une semaine en mai pour faireconnaître les éditeurs aquitains.Renseignements : Association des Librairies atlantiques en Aquitaine05 56 31 20 39

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2GGrraaddiiggnnaannOuverte en janvier 2007, la médiathèquede Gradignan a dépassé en un an le nom-bre d’adhérents qu’elle avait projeté d’at-teindre en trois ans ! Avec 7 400 inscrits,pour les 23 000 habitants que comptecette ville du sud de l’agglomération bor-delaise, elle se situe largement au-dessusde la moyenne nationale.Au-delà de ce beau succès, c’est la diversi-fication des publics qui représente unesource de satisfaction pour le directeur etson équipe.Les publics adolescents, notamment,apprécient les multiples propositions cul-turelles que sont la cyberbase et ses 12postes, les espaces musique, cinéma, et laborne Dogmazic dont les 20 000 téléchar-gements témoignent du vif intérêt que sus-cite cette offre musicale hors des circuitscommerciaux.Implantée à l’extérieur du centre-ville,mais au sein d’un pôle culturel et de loisirsassociant le Théâtre des Quatre-Saisons,l’école de musique et des équipementssportifs, la médiathèque, de par son archi-tecture et son mobilier, ses collections etses propositions culturelles diversifiées,encourage un temps de fréquentation luiaussi supérieur aux moyennes nationales(environ 30 minutes).Les collections, plus de 70 000 livres etrevues, CD musique et DVD, continuent àse développer généreusement, particulière-ment dans le domaine du film, documen-taire ou fiction, que des projections régu-lières dans les deux salles d’animationainsi que dans l’auditorium permettent defaire connaître au public.Des partenariats, déjà réalisés ou en coursde mise en place dans les prochains mois,favorisent l’enrichissement des proposi-tions et le croisement des publics.Ainsi avec l’école de musique, dont lesélèves se produisent en audition publiquetous les troisièmes mardis de chaque moisà l’auditorium. Une captation des concertsest envisagée pour être mise à dispositionsur la borne Dogmazic.

Des ciné-concerts sont également pro-grammés, comme ce fut le cas dans lecadre de la manifestation sur le blues etl’esclavage à l’occasion de la projection deL’Aube noire, le 27 mai dernier. La Ville deGradignan a par ailleurs signé une conven-tion de partenariat avec la maison d’arrêt(avec le Conseil général de la Gironde et laVille de Bordeaux). La médiathèqueapportera son soutien dans la mise en placede la cyberbase de la maison d’arrêt,notamment par des actions de formation.Enfin une collaboration avec le Théâtredes Quatre-Saisons est en perspective, enterme de complémentarité des programma-tions.Le parti pris d’innovation technologique etculturelle souhaité par la municipalitécontinuera à se développer, autour de thé-matiques telles que l’environnement ou lesressources libres dans différents domaines(musique, littérature, cinéma).Mais cette démarche est pour l’équipe dela médiathèque indissociable des actionsde médiation permettant d’accompagnerau mieux les différents publics vers despratiques culturelles nouvelles autant quepérennes.Le programme d’animation culturelleaccessible sur le site de la médiathèquetémoigne de ce dynamisme soucieux derencontrer l’intérêt et d’éveiller la curiositéde chacun.

FFllooiirraaccLa Maison des savoirs partagés, ou M.270,a ouvert ses portes au public le 18 janvierdernier, dans un quartier en phase de réno-vation urbaine, le bas Floirac, situé sur larive droite de la Garonne en face deBordeaux.En complément de la bibliothèque centraleRoland-Barthes, implantée dans le hautFloirac depuis 1980, un point lecture exis-tait depuis 1992, qui permettait de desser-vir la population du quartier, notammentles enfants et quelques adultes n’ayant pasla possibilité de « monter ».

Bibliothèques

NOUVELLESMÉDIATHÈQUES

EN AQUITAINE :GGrraaddiiggnnaann && llaa MM..227700 ddee FFllooiirraaccPAR Hélène Rio

Médiathèque de GradignanDirecteur : Maxime Roudil32, route de Léognan33170 Gradignan05 57 12 18 90lamediatheque@ville-gradignan.frwww.lamediathequedegradignan.fr

Médiathèque M.270Maison des savoirs partagésDirectrice : Annie BouquetAvenue Pierre-Curie33270 Floirac05 57 80 90 [email protected]

C’est cette fréquentation de proximité quise retrouve aujourd’hui dans les 800 ins-crits que compte la toute nouvelle média-thèque.L’ouverture de la Maison des savoirs parta-gés, dans un ancien bâtiment municipalrénové et agrandi, s’inscrit dans le projet derénovation urbaine du Plan de rénovationurbaine et du GPV (Grand Projet de ville deBassens, Cenon, Floirac et Lormont).Elle associe aux 800 mètres carrés de lamédiathèque un espace d’accueil, un audi-torium de 365 places qui permet de pro-grammer spectacles et expositions, unecyberbase avec 9 postes multimédias, unstudio d’enregistrement pour lequel un ate-lier de poésie musicale est en projet, etenfin les services de politique de la ville.Les liens tissés pendant seize ans grâce aupoint lecture avec les écoles, le centresocial et le service jeunesse, ont suscité unevive attente de la nouvelle médiathèque,qui a connu dès son ouverture une très fortefréquentation de la part des jeunes maisaussi des familles et des personnes âgées.250 à 300 passages par jour et 2 500 prêtspar mois permettent de mesurer cetteattractivité dont se réjouit Annie Bouquet,la responsable de la médiathèque, qui avaitouvert en 1992 le point lecture.Les espaces, clairs et aérés, offrent des col-lections pensées pour rencontrer les centresd’intérêt des publics enfants et adolescentsainsi que de la population du quartier :bandes dessinées et CD musique, films defiction et documentaires, littérature contem-poraine et ouvrages scientifiques et tech-niques, et bien sûr un grand nombre dejournaux et revues, largement consultés surplace.

Précisons que la carte d’abonnement per-met aux habitants de Floirac de bénéficierde l’ensemble des collections et des ser-vices des deux médiathèques de la ville.Deux salles d’animation offrent la possibi-lité d’accueillir des groupes et de proposerdes séances de contes ou des ateliers,comme les rendez-vous hebdomadairesavec un groupe d’alphabétisation, l’accueildes classes des trois groupes scolaires, etdes rencontres avec le public en soirée.Dans le cadre du Plan de rénovationurbaine qui prévoit la destruction et lareconstruction des cités, doivent êtreouverts à proximité de la M.270 un nou-veau collège ainsi qu’une antenne de CapSciences. C’est avec ce centre régional deculture scientifique, technique et indus-trielle (H 20 à Bordeaux), que sont propo-sés à la médiathèque des cafés géographie,comme celui sur l’Afrique organisé le29 mai, et que grâce à ses experts scienti-fiques les collections documentaires vontêtre développées.Enfin la médiathèque de la Maison dessavoirs partagés s’inscrit dans le pro-gramme d’animations culturelles élaborépar le Grand Projet de ville, à travers le fes-tival de bande dessinée Bulles en Haut deGaronne qu’elle a accueilli ce printemps,ou la manifestation Souffles nomades qui, àl’automne prochain, proposera des exposi-tions, des rencontres d’auteurs, de conteursaux couleurs de la Méditerranée (Bruno deLa Salle viendra ainsi raconter l’Odyssée le14 novembre dans les quatre médiathèquesdu GPV!) o

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BIBLIOTHÈQUES

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Éditeur

Photo : Xavier Boymond Médiathèque de Gradignan

Médiathèque de Floirac

Page 12: Lettres d'Aquitaine

M.L. : Vous souhaitez continuer l’annéeprochaine ?M.R. : Oui, car maintenant que nous avonsle matériel et que nous nous sommes for-més, nous souhaiterions aller plus loin.Cette année, nous avions comme projet deleur faire réaliser des pages Web à partir deleur travail pour le transmettre aux autresclasses. Mais nous le ferons l’année pro-chaine, ce qui leur permettra d’aborder éga-lement la recherche documentaire surInternet. On introduit de plus en plus l’ou-til informatique dans nos cours. Et puis, lenumérique, c’est ce qui peut rendre cepatrimoine attractif pour les jeunes.A.H. : L’année prochaine, on envisage untravail sur les forts Vauban de Blaye et deCussac-en-Médoc avec une classe de qua-trième et en parallèle de continuer le travailsur les églises romanes avec les cinquièmesen constituant une petite base de donnéespour poursuivre ce premier travail.M.R. : L’idée, ce serait à terme de traverserl’histoire de France par le prisme du patri-moine du Médoc du Moyen Âge avec l’artroman, le XVIIe siècle avec Vauban, l’arri-vée du chemin de fer ou la villégiature bal-néaire qui fait partie du patrimoine localmême si cela n’est pas ressenti comme telpar les élèves, ou encore les républicainsespagnols, l’opération Frankton sur l’es-tuaire de la Gironde pendant la SecondeGuerre mondiale. Ainsi, on revisiterait leprogramme de cinquième, quatrième ettroisième en établissant des liens avec l’his-toire locale. La mise à disposition de fondspatrimoniaux numérisés comme ressourcespédagogiques est pour nous également trèsintéressante, car cela nous donne accès à del’iconographie sans nous déplacer.

1. Le Clem (Comité de liaison de l’Entre-deux-Mers) estun collectif d’une trentaine d’associations historiques,archéologiques et de sauvegarde du patrimoine de l’Entre-deux-Mers. Les Éditions de l’Entre-deux-Mers, émanationdu Clem, sont une structure éditoriale créée en l’an 2000pour assurer dans un premier temps la suite des activitéséditoriales du Clem. Leur statut juridique est celui d’une association.

2. D’Asques et D’ailleurs : association de loi 1901 basée àAsques qui développe des projets ayant trait à l’audiovi-suel, au numérique et au multimédia en milieu rural et ail-leurs.

PATRIMOINE

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PATRIMOINE

DDans le cadre de la Banque numé-rique du savoir aquitain et des poli-tiques de numérisation des archives

menées par le Conseil régional d’Aquitaineet la Direction régionale des affaires cultu-relles, la délégation à l’éducation artistiqueet culturelle du Rectorat de Bordeaux proposeun programme artistique et culturel, intitulé« Monumérique », en direction des col-lèges et des lycées de la région Aquitaine.

Ce programme, unissant le patrimoine etles nouvelles technologies, mêle la décou-verte sensible des objets et des sites patri-moniaux, leur étude grâce à des fondsnumérisés en ligne et une mise en lumièrevia une création numérique. Le Rectorat etl’Arpel travaillent ensemble sur ce pro-gramme, pour approfondir le travail d’ap-propriation du patrimoine par les élèves, etsa réinterprétation par le biais de la décou-verte de l’écriture et de la mise en scènenumérique multimédia.Nous avons rencontré Audrey Hostein, pro-fesseur d’histoire géographie, DelphineDurand, professeur de lettres, et MichelRoger, documentaliste au collège LesLesques de Lesparre-Médoc qui ont déve-loppé avec une classe de cinquième un pro-jet Monumérique sur Léo Drouyn et leséglises romanes du Médoc.

Meriem Lacour.: Qu’est-ce qui vous adécidé à entreprendre un programmeMonumérique ?Audrey Hostein : Lors d’un stage orga-nisé par le Rectorat l’année dernière sur lepatrimoine et les fonds numérisés, on nousa présenté des réalisations Monumériquedes années précédentes. On s’est dit quecela pouvait être un bon moyen pour uneclasse de cinquième d’appréhender le patri-moine local. Léo Drouyn dans ces carnets adessiné les églises romanes du Médoc.Michel Roger : L’objectif de départ étaitvraiment de faire connaître le patrimoinelocal. Les élèves ont souvent l’impressionqu’à Bordeaux il y a des choses mais qu’icidans le Médoc il n’y a rien. Or, nous possé-dons un patrimoine riche sur l’art romanmal connu de nos élèves.Delphine Durand : Mais il y avait égale-ment cette finalité numérique. Si on s’étaitcontentés de les emmener visiter des églises,on aurait eu du mal à intéresser notre auditoire.

Mais la démarche de les faire travailler surordinateur à partir de ces visites a contribuéà leur implication dans le projet.

M.L. : Comment le projet s’est-ilconstruit tout au long de l’année aveccette classe ?A.H. : Cela a commencé fin novembre parune intervention en classe du Comité deliaison de l’Entre-deux-Mers (Clem1) surLéo Drouyn et son œuvre, à l’aide de des-sins numérisés et d’une présentation desmonuments choisis : les églises romanesde Moulis-en-Médoc et de Saint-Vivien-de-Médoc. Ensuite, deux sorties de deuxdemi-journées se sont déroulées sur lessites des églises en présence de l’infogra-phiste de D’Asque et d’Ailleurs2 et deJudith Canal du Clem, historienne et spé-cialiste de l’art roman. Dès le départ duprojet, l’infographiste était présente pouranticiper le travail numérique.M.R. : Lors des sorties, les élèves étaientdivisés en plusieurs groupes : un groupeeffectuait la visite historique avec JudithCanal et un autre groupe faisait des photosnumériques ou de la vidéo avec l’infogra-phiste.D.D. : Certains élèves ont également réa-lisé des croquis des monuments. Ces cro-quis, même s’ils n’ont pas été intégrés à laphase finale du projet, étaient un moyenpour eux de s’approprier le monument et dedévelopper leur sens de l’observation.

A.H. : Ensuite, l’infographiste est venutrois fois deux heures pour mettre en placele projet avec les élèves. On a commencé à sélectionner les photos età réfléchir à ce que l’on pourrait faire avec.Un groupe a utilisé les gravures numériséesde Léo Drouyn dans une séquence, d’autressont allés sur le site des monuments histo-riques pour retrouver quelles étaient lesparties des églises qui avaient été classéesau patrimoine. Mais l’essentiel du travails’est porté sur la retouche et l’animationphoto.D.D. : En cours de français, à la suite del’intervention du Clem, nous avons écritune interview fictive de Léo Drouyn etnous avons travaillé le genre de l’interview.Les élèves l’ont présentée et mise en scène.Ainsi, nous avons pu travailler sur ce projetde manière interdisciplinaire. Une restitu-tion du projet sur DVD est prévue.

M.L. : Quelles difficultés avez-vousrencontrées pour la réalisation de ceprojet ?M. R. : Une de nos difficultés a été la priseen main des logiciels. Nous travaillons surlogiciels libres, mais nous n’étions pas suf-fisamment formés.

Dans le quota d’heures imparti de l’info-graphiste il n’était pas possible de tout faire.

A.H. : Certains élèves se débrouillaienttrès bien et ils nous ont même assistéslorsque nous ne savions pas. Mais, c’estvrai, il a fallu s’autoformer et ce n’est pasfacile. Ils ont appris à se servir du logicielphoto malgré sa lourdeur d’utilisation dufait de sa richesse.M.R. : C’est la première année que noustravaillons sur ce type de projet et pournous cela a été une année de débroussail-lage. Nous ne savions pas au départ laforme finale que le projet allait prendre.Par exemple, nous ne partions pas vraimentdans la même direction que l’infographistequi souhaitait plutôt développer quelquechose de plus artistique et avoir plus detemps. Mais nous avions peu de séances.Le temps que nous passions sur le projetétait pris sur notre temps de classe, et doncsur nos programmes respectifs. Ce projetest certes une façon différente de traiter leprogramme, mais nous ne pouvons pas nonplus oublier le reste. Nous sommes doncpartis sur un rendu plus classique et plusdirigé. Certains établissements aménagentdes emplois du temps de manière à dégagerdeux ou trois journées par demi-trimestrepour travailler sur des projets interdiscipli-naires mais ce n’est pas notre cas.D.D. : On arrivait parfois à voler un peu detemps lorsqu’il y avait des trous dans les

emplois du temps de tous, on se débrouil-lait comme ça.

M.L. : Quelle a été l’implication desélèves ?D.D. : Au départ, j’étais un peu septique etj’avais même un peu peur qu’ils ne soientpas très réceptifs sur les visites d’église.Mais, lors de la première conférence surLéo Drouyn, l’intervenante a su les intéres-ser. Ils se sont très vite pris au jeu et quandon a commencé les visites, les ateliersphoto et les ateliers croquis ça leur a plu etils se sont investis. Pendant la phase de tra-vail sur ordinateur, ils ont vraiment accrochéplus que si l’on s’était contenté de simplesvisites. J’ai vraiment été agréablement surprise.C’est toujours bien de les voir dans uncontexte extérieur à l’établissement sco-laire et je dois dire que les élèves les plusen difficulté sur le plan scolaire se sontbeaucoup impliqués dans le projet, ils ontmême été volontaires et l’ont suivi avecsérieux.M.R. : Certains travaillaient même chezeux lorsqu’ils étaient équipés.

« les élèves les plus en difficulté sur le planscolaire se sont beaucoup impliqués dans leprojet, ils ont même été volontaires et l’ontsuivi avec sérieux. »

Un programme d’éducationartistique sur le patrimoine :Monumérique PROPOS RECUEILLIS PAR Meriem Lacour

LETTRES D’AQUITAINE N°80

Ressources :Site sur Léo Drouyn : http://www.leodrouyn.com/Les Éditions de l’Entre-deux-Mers : sur le site de site de l’Arpel : http://arpel.aquitaine.fr/spip.php?article10259Site de l’éditeur :http://www.editions-entre2mers.com/Site de l’association D’Asque et d’ailleurs :http://www.dasquesetdailleurs.fr/dada/Site du rectorat programme monumérique :http://www.acbordeaux.fr/fileadmin/Fichiers/Pedagogie/DAAC/monumerique.pdf

Découvrez le patrimoine des bibliothèquessur : www.arpel.aquitaine.fr

Extrait de Léon Drouys, les albums de dessins© Éditions de l’Entre-deux-mers

Page 13: Lettres d'Aquitaine

Le régime des archives est réglementépar la loi du 3 janvier 1979, codifiéeau Livre II du Code du patrimoine.

Selon la définition légale posée par l’articleL 211-1 de ce même code, les archives sont« l’ensemble des documents, quels quesoient leur date, leur forme et leur supportmatériel, produits ou reçus par toute per-sonne physique ou morale et par tout ser-vice ou organisme public ou privé dansl’exercice de leur activité ». Leur conser-vation relève de « l’intérêt public », aussibien au niveau « de la gestion et de la jus-tification des droits des personnes » qu’auniveau de la « documentation historique derecherche1 ».

Les archives peuvent être publiques ou pri-vées. Elles relèvent de la première catégo-rie dans le cas des documents qui émanentde l’activité de l’État, des collectivités ter-ritoriales et des entreprises publiques. Lesarchives des établissements chargés desservices publics ainsi que les minutes etrépertoires des officiers publics et ministé-riels sont également considérés commepublics. Les documents qui n’entrent pasdans ce champ sont de nature privée.

La question de la communi-cation des archivesLa nature des archives est un élément pri-mordial car il détermine leur régime decommunication au public, entendu commetous les moyens mis en œuvre pour leuraccès. Leur délai de consultation dépend deleur degré de confidentialité. Ainsi l’articleL 213-1 dispose que « les documents dontla communication était libre avant leurdépôt aux archives publiques continuerontd’être communiqués sans restriction d’au-cune sorte à toute personne qui en fera lademande » mais que « tous les autresdocuments d’archives publiques pourrontêtre librement consultés à l’expiration d’undélai de trente ans […] ». Certaines archivesont cependant un délai de consultationélargi. C’est le cas par exemple des docu-ments médicaux et des dossiers de person-nel qui ne peuvent être consultables avantrespectivement 120 ans et 150 ans.

Les archives privées peuvent être librementtransférées à l’État ou aux collectivités ter-ritoriales sous forme de « don, de legs, dedépôt révocable ou de dation ». Dès lors,les règles de communication sont soumisesaux propriétaires2. Il faut noter deux préro-gatives possibles de l’État sur les archivesprivées. D’une part, il peut les classercomme archives historiques, avec ou sansle consentement de leur propriétairecomme le permettent les articles L 212-15et L 212-17 du Code du patrimoine.D’autre part, en cas de liquidation judi-ciaire d’une entreprise, les services d’ar-chives publiques peuvent soulever un droitde préemption3.

L’objet de la réformeLa volonté déclarée du projet de loi estdouble; renforcer la protection des archiveset faciliter leur accès. Ainsi, plusieurs dispositions sont prévuespar le texte présenté au Sénat. D’un côté,les sanctions pénales sont renforcées,notamment en cas de violation des condi-tions de conservation et de communicationdes archives privées déposées ou encore dedestruction par leur propriétaire d’archivesprivées classées. L’article 9 accorde de plusun nouveau droit de préemption à l’État,dans le cas de ventes de cette dernière caté-gorie d’archives.D’un autre côté, pour faciliter l’accèspublic, le projet de loi prévoit principale-ment une refonte du régime des délais deconsultation. Ainsi, le délai commun decommunicabilité de 30 ans est supprimé etles délais « spéciaux » pouvant alleractuellement jusqu’à 150 ans sont écourtés.Le régime de communicabilité est à la foissimplifié et mieux détaillé. Ainsi 4 délaissont prévus allant de 25 à 100 ans et lesarchives dites « politiques » sont désor-mais prises en compte tout comme cellescomportant des données personnelles ourelevant du domaine de la vie privée.

1. Article L 211-2 du Code du patrimoine.2. Article L 213-6 du Code du patrimoine.3. Article L 642-23 du Code de commerce : « Avant toutevente ou toute destruction des archives du débiteur, leliquidateur en informe l’autorité administrative compé-tente pour la conservation des archives. Cette autorité dis-pose d’un droit de préemption. »

Par Alexandre Piboyeux

LETTRES D’AQUITAINE N°78

Patrimoine.une réforme pour les archives

Que dit la loi ?

Vers l’autorisation des frais de port gratuits ?

Le combat juridique du Syndicat de la librairie française contre l’usage de l’envoi sansfrais des livres a connu le 6 mai 2008 une étape importante. La Cour de cassation apartiellement cassé l’arrêt de la Chambre d’appel de Paris du 23 mai 2007 qui avaitcondamné la société de vente en ligne Alapage pour sa pratique des frais de port gratuits.

Les actions en justice du SLF pour le respect de la loi du 10 août 1981 sur le prixunique du livre se sont cristallisées autour de la distribution en ligne et des deuxentreprises leader du marché, Amazon et Alapage. L’argumentaire du syndicat reposesur l’article L. 121-35 du Code de la consommation qui définit les ventes à primecomme « toute vente de produits ou de biens ou toute prestation ou offre de presta-tion faite aux consommateurs et donnant droit, à titre gratuit, immédiatement ou àterme, à une prime consistant en produits, biens ou services ». Or, en l’espèce, ilconsidère l’envoi gratuit comme une prime offerte par un détaillant, ce qui enfreintl’article 6 de la loi Lang qui n’autorise les primes sur les livres que lorsqu’« elles sontproposées, par l’éditeur ou l’importateur, simultanément et dans les mêmes conditionsà l’ensemble des détaillants […] ».

Les premiers jugements et arrêts lui avaient pleinement donné raison. Ainsi Alapagemais aussi Amazon avaient été condamnées1. Cependant Amazon a obtenu de la Courd’appel de Versailles (saisie en référé) la suspension des dommages et intérêts et desastreintes imposés par le tribunal de grande instance dans l’attente du jugement enappel qui devrait intervenir en octobre. Dans l’affaire Alapage, la Cour de cassation aquant à elle estimé que « la prise en charge par le vendeur du coût afférent à l’exé-cution de son obligation de délivrance du produit vendu ne constitue pas une primeau sens des dispositions du Code de la consommation ».

C’est un coup dur porté à l’action du SLF. Pour autant, la bataille juridique n’est pasencore terminée. L’affaire est renvoyée devant la Cour d’appel. Et, si celle-ci ne suitpas l’avis de la Cour de cassation, elle pourrait être à nouveau portée devant elle, quidevrait alors se prononcer en assemblée plénière.

1. Tribunal de grande instance de Créteil, 25 janvier 2005, Cour d’appel de Paris, 5e chambre, section A,

23 mai 2007 ; tribunal de grande instance de Versailles, 3e chambre, 11 décembre 2007.

LIBRAIRIE/JUSTICE

QUE DIT LA LOI ?

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Le 15 mai 2008, le Sénat a adopté enseconde lecture le projet de loi relatif aux archives.

Éditeurs, bibliothécaires, besoin d'un service juridique ?L'Arpel Aquitaine propose une aide juridique en ligne sur son site : www.arpel.aquitaine.fr

FRAB Aquitaine.

Page 14: Lettres d'Aquitaine

13 juin > 31 juilletPersistance des rêves, Bordeaux (33)Dans le cadre des Rencontres culturelles finlan-daises, exposition inédite en France de quatreartistes finlandais : Sandra Kantanen, SaaraEkström, Hans-Christian Berg et Kim Simonssonà la Bibliothèque Mériadeck (photographie,vidéo et sculpture).Contact : 05 56 10 30 68 – www.bordeaux.fr

4 > 6 juilletLes Culturiôsités, Meilhan-sur-Garonne (47)Dixit les Nuits du livre, voici que naît la 1re éditiondes Culturiôsités, ouvrant une nouvelle èredans la découverte de la littérature et la sensibi-lisation à la lecture. Consacré à l’Italie, le pro-gramme mêle des rencontres avec des écrivainset des éditeurs, des animations diverses et desmoments très festifs.Contact : Association culturelle meilhanaise Tél. 05 53 94 30 04 [email protected]

4 > 6 juilletSalon d’Hossegor (40)Sur le thème de la biographie et de l’histoire, le salon réunit écrivains et journalistes dans lecadre du Sporting Casino. Le prix de biographiede la Ville d’Hossegor sera remis à Marie-Dominique Lelièvre pour son livre Sagan à touteallure (Denoël).Contact : Mairie – Tél. 05 58 41 79 10 www.hossegor.fr

8 > 19 juilletDe la BD au cinéma, il n’y a qu’un pas, Périgueux (24)Exposition de dessins originaux du dessinateurde BD Troub’s. 1er juillet : rencontre avec l’auteur, précédée du film de la collection Les Petits univers de la BD en Aquitaine consacrée à Alfred. Avec la librairie Coconuts.Contact : Tél. 05 53 45 65 [email protected]

19 > 20 juillet4es Estivales de la BD, Vendays-Montalivet (33)Point d’orgue des nombreuses activités organiséestout au long de l’année par BDM33, ces 4es estivales invitent plus d’une trentained’auteurs de bandes dessinées.Contact : 05 56 09 41 [email protected]

de la Renaissance au XVIIIe siècle du célèbreauteur et illustrateur de littérature jeunesse.3 & 4 octobre : rencontre avec François Place et Yvanne Chenouf, chercheuse en littératurejeunesse.Contact : Bibliothèque municipale Tél. 05 59 52 17 55 http://bibliotheque-municipale.anglet.fr

20 > 21 septembre2es Rencontres autour du livre et des patrimoines,Vertheuil-en-Médoc (33)Dans le cadre des Journées européennes dupatrimoine, avec la participation des éditions LaPart des Anges, L’Entre-deux-mers, Pleine Page,Pyrémonde… et de nombreux auteurs.Contact : Amis de L'Abbaye Tél. 05 56 73 30 10

29 septembre > 5 octobreFestival de Biarritz, Cinémas et cul-tures d’Amérique latine, Biarritz(64)Outre de nombreuses manifestations autour du cinéma, une journée de conférences sur « Amérique latine: religions en mouvement »le 30 septembre, le 17e Festival de Biarritz propose un très beau programme de rencontreslittéraires avec la participation de quatre écrivainslatino-américains : Antonio Skarmeta (Chili),connu pour son film Le Facteur et son ouvrageLa Noce du poète (prix Médicis 2001) ; VilmaFuentes (Mexique) qui présentera son dernierroman Des châteaux en enfer paru chez ActesSud ; Mempo Giardinelli (Argentine) dont quatreromans ont paru chez Métailié ; Fabrizio MejiaMadrid qui présentera son livre Le Naufragé duZocalo, Les Allusifs, prix Antonin-Artaud 2004.Pour en savoir plus :Tél. 0559232626 ou 0155807120Contact : www.festivaldebiarritz.com

3 > 5 octobreLire en poche, Gradignan (33)La 4e édition du salon du livre de poche a pourthème : Les Héros se livrent. Programme sur www.ville-gradignan.fr

10 > 12 octobreLire en fête 2008 (national)Le thème de la 20e édition : « Le Livre de jeunesse et la lecture des jeunes ».Contact : www.livre-en-fete.culture.fr

J U I L L E T

AGENDADU LIVRE EN AQUITAINE

O C T O B R E . . .

LETTRES D’AQUITAINE N°80

AGENDA

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6 > 9 aoûtFestival de contes de CapbretonQuatre jours pour faire le tour du monde des paroles qui s’envolent.Contact : Gustave – Tél. 05 56 51 16 09

23 > 24 aoûtLes Allumés du verbe, Hostens (33)Dans le Domaine Départemental d’Hostens, un vent celte soufflera sur l’eau et les cheminsforestiers avec trois conteurs venus de Bretagne,d’Écosse et d’Irlande : Mike Burns, Patrick Ewenet Caroline Sire. Contact : Gustave Tél. 05 56 44 80 47

6 septembreSalon de livre ancien et d’occasion,Montignac (24)Organisée à la salle des fêtes par la Ville, la bibliothèque de Montignac et l’associationCiné-Toile. Contact : Bibliothèque municipale Tél. 05 53 51 94 79

12 > 13 septembre10es Vendanges de Malagar, Saint-Maixant (33)Sur le thème « Les Plaisirs », ces 10es Vendangesinvitent autour de Jean Lacouture : Anne-MarieCocula, Patrice Franceschi, Fabrice Hadjadj,Laurent Joffrin, Jacques Rigaud, Jean Touzot…au Domaine de Malagar.À signaler aussi le 4 octobre : les 5es Rendez-Vous francophones consacrés au Liban avec laparticipation d’écrivains, de journalistes et laperformance artistique de Rita Baddoura : Ritaparmi les bombes. Contact : Tél. 05 57 98 17 17www.malagar.asso.fr

12 > 13 septembrePoésie dans les chais, Jurançon (64)Rendez-vous désormais incontournable desamateurs de mots et de bons vins, la 6e éditionde Poésie dans les Chais investit aussi le centre-ville, les bars, les commerces de Jurançon. Parmi les invités : Daniel Biga, GwenaelleStubbe, Lucien Suel, Dimitri Vazemsky, Beñat Achiary avec Jesus Aured…Contact : Tél. 05 59 06 94 25 [email protected]

15 septembre > 8 novembreFrançois Place, expositions/rencontres/animations, Anglet (64)Exposition des dessins originaux de l’albumLa Fille des batailles et quatre autres albumsconsacrés aux grands découvreurs

9 > 23 octobreLes Espagnoles (Gironde)La littérature espagnole au cœur du festival proposé par Lettres du monde.Contact : www.lettresdumonde.com

16 > 24 octobreRitournelles n° 9, Bordeaux (33)Littérature et art contemporain avec des exposi-tions, lectures-performances, lectures-concerts,installations, projections de films, rencontres et débats.Contact : www.permanencesdelalitterature.fr

PRIX ET CONCOURS littérairesPrix Gironde, Nouvelles écritures 2008Attribué à Minh Tran Huy pour son premierroman La Princesse et le pêcheur, (Actes Sud). Contact : www.lettresdumonde.com

Prix Écureuil de littérature étrangère 2008Décerné à l’écrivain José Carlos Llop et son traducteur Edmond Raillard pour leurroman Le Rapport Stein (éditions JacquelineChambon). Remise du prix le 17 octobre à l’Institut Cervantès (18h).Contact : www.lettresdumonde.com

Prix Lavinal, Printemps des lecteurs 2008À Éric Laurrent pour son livre Renaissance italienne aux éditions de Minuit.Contact : www.mollat.com

Prix littéraire du Cercle des amis de Montesquieu et de la ville de La BrèdeÀ Camille Pascal pour son récit historiqueLe Goût du roi, Louis XV et Marie-LouiseO’Murphy (Perrin).Contact : www.lecercledesamisdemontesquieu.net

Prix de la nouvelle gourmande de la Ville de PérigueuxLimite de dépôt des manuscrits : 13 septembre 2008.Contact : [email protected]

FOCUS6 > 10 octobreEn attendant l’auteur, semaine du théâtre et de l’écriture,Mérignac (33)Partager, faire entendre et aimer l’écriturecontemporaine et théâtrale auprès du grandpublic à travers des créations d’auteurs actuels,tels sont les objectifs de la manifestation.La 2e édition présente deux spectacles :Impératif présent de Michel Tremblay parla compagnie Les Labyrinthes, mise en scènede Gérard David ; Trois-Pièces de Fanny Mentrépar la compagnie le Rat Bleu, mise en scènede Clémence Paquier.Ces deux compagnies s’unissent pour créerdes événements culturels dont un concoursd’écriture « T’as des nouvelles ? » sur lethème Latitude et longitude. Un jury retiendrasept textes dont 3 seront primés. Interprétéespar des comédiens et des metteurs en scène,les créations seront présentées en lever derideau de En attendant l’auteur le 6 octobreprochain. La Médiathèque de Mérignac etla salle de la Glacière accueilleront des soirées-lectures. À cette occasion, le CDDP organiseune rentrée théâtre des enseignants sur lethème : « comment accueillir un auteuren classe? »Contact : Tél. 0556474967www.eeauteur.com

À mon retour du Sénégal où elle a passé une partie de son enfance, je luiai montré des photos, encore une occasion de parler de ce temps de petitefille où elle vivait auprès des animaux qui traversent ses livres, lisez com-ment elle en parle : « revenez au cou mes singes faces rouges siégeant eneaux chaudes près des glaciers vous m’aimez mes câlins dorlotez ah ! mespetits attachés au ventre mes serre-têtes petits bras qui croyez-vous lui oumoi ».Disparue pendant l’Escale du livre, le 3 avril 2008, Hélène Mohone était néeen 1959 et luttait contre la maladie depuis une dizaine d’années. Après lapublication électronique de Torpeur – la première de notre site Internetpendant le deuxième semestre 2007 – nous avons préparé son dernier livreen connaissance de cause.C’était une lutte émouvante et pénible contre le temps : De loin devait naî-tre avant qu’elle ne meure, ce fut fait. Au départ, l’ensemble était court,comme beaucoup de ses textes dont l’admirable Cœur cannibale.

Je lui ai demandé de continuer, elle y est parvenue.Elle était particulièrement méticuleuse, refusait unecollection, « qui ne correspondait pas à son travail», analysait, jaugeait, réajustait le moindre point,jusqu’au carton d’invitation à la soirée de la librairieOlympique, le 11 mars peu avant sa disparition.Lors de cette présentation, elle fut d’une luciditéstupéfiante, elle était esprit alors que son corpssemblait s’évaporer, à voir la pâleur de son visage,sa main diaphane aux gestes de jeune papillon quand elle parlait de sonparcours d’écrivain – dont je déplore qu’il n’ait été ni filmé ni enregistré. Onavait l’impression que plus son corps se défaisait, plus son acuité intellec-tuelle se consolidait.Dans sa chambre d’hôpital, elle continuait à écrire… Si ses derniers textesapprivoisent la mort, que diront encore les inédits ?

Hommage à Hélène Mohone Par Françoise Favretto

Biographie et bibliographie d’Hélène Mohone sur www.arpel.aquitaine.fr

JUILLETAOÛTSEPTEMBRE 2008

A O Û T , S E P T E M B R E , O C T O B R E

Page 15: Lettres d'Aquitaine

L’ARPELJUILLET > OCTOBRE 2008

LA VIE DE

LETTRES D’AQUITAINE N°80

LA VIE DE L’ARPEL

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23 juin > 5 juilletDe la BD au cinéma, il n’y aqu’un pas, Périgueux (24)Dans le cadre de cette manifestation centrée surbande dessinée et cinéma et autour du dessina-teur de BD Troub’s (voir Agenda p. 14), l’ArpelAquitaine avec la bibliothèque municipale dePérigueux, le service d’Insertion et de probationde la Dordogne et Ciné-Cinéma organise plu-sieurs temps forts à la maison d’arrêt dePérigueux : du 23 juin au 5 juillet, exposition dedessins originaux de Troub’s ; le 1er juillet, projec-tion du film Les Univers d’Alfred, volume 1 de lacollection Les Petits Univers de la BD enAquitaine (coproduit par l’Arpel et Mara Film) etrencontre avec Alfred ; le 8 juillet, projection dufilm Persépolis de Marjane Satrapi et rencontreavec Troub’s.

RÉSIDENCES DE LA PRÉVÔTÉ

30 juin > 31 juillet : Lluis Maria TodoDans le cadre d’une convention avec la Casa delTraductor de Tarazona (Espagne), l’Arpelaccueille l’écrivain et traducteur catalan LluisMaria Todo. Professeur de traduction et d’inter-prétation à l’université de Barcelone, critiquemusical et littéraire, il a publié plus d’une dou-zaine de recueils de nouvelles en Espagne et desessais sur la littérature et la traduction. Il a tra-duit en catalan Balzac, Flaubert, Proust,Baudelaire, Nerval, Zola…Lluis Maria Todo consacrera sa résidence à la tra-duction en catalan de Boule de suif de Guy deMaupassant.

Septembre > octobre : Anton & Pierre BouchardDans le cadre des échanges Aquitaine-Québecet en partenariat avec l’Institut canadien deQuébec et la bibliothèque Gabrielle-Roy, le scé-nariste et journaliste de BD bordelais Anton seraaccueilli en résidence à Québec en septembre etoctobre 2008.Membre de l’Atelier du bocal à Bordeaux, Antonest l’auteur de plusieurs albums dont le dernier,Quatre, a paru en 2007 chez Les Enfants rouges(scénario : L. Bramardi). Il a également publiéMiki aux éditions Glénat (scénario : S. Meirinho).Le second tome est annoncé en 2008. Éclipselast contact, sorti chez Égone en 2002 et Mikiancrent leur histoire dans notre région et aubord de l’océan, à Bordeaux et Arcachon.Simultanément, à l’invitation de l’Arpel, l’illus-trateur de BD québécois Pierre Bouchard séjour-nera à la résidence de la Prévôté à Bordeaux.Avec PisHier, alias Pierre Girard, Pierre Boucharda fondé en 2004 un fanzine qui connaît ungrand succès, Fanzine Bidon, qui a permis defaire connaître de nombreux dessinateurs etillustrateurs de BD au Québec. Il collabore à denombreux ouvrages de BD et jeunesse. En 2007,il a publié son premier album de BD : L’Île auxours (Mécanique générale). Pierre Bouchard réa-lise aussi des films d’animation.

29 septembre > 1er octobreJournées d’étude de l’Association des directeursde bibliothèques départe-mentales de prêt (ADBDP),Périgueux (24)Sur le thème : Les BDP et l’accès à la culture et àl’information à l’ère d’Internet, ces journées setiendront à la BDP de la Dordogne (2-4, rue Albert-Pestour, La Grenadière 24000 Périgueux).Contacts : http://www.adbdp.asso.fr/ (rubriqueJournées d’étude)B ibliothèque départementale de prêt de laDordogne Tél. 05 53 53 65 56.

18 > 19 septembreFormation : Outils de gestionet rentabilité des projets éditoriauxComprendre les bases de la rentabilité d’unouvrage et s’initier aux outils de gestion.2 journées de formation et une troisième enentreprise.Renseignements : www.opca-cgm.fr ou www.arpel.aquitaine.frInscriptions : Évelyne Boutereigne, OPCA/CGMTél. 05 45 92 39 04

24 octobreJournée professionnellePatrimoine numérique et médiation culturelleEn partenariat avec l’AEC. Salle plénière du Conseil régional (hôtel de Région).Sur inscription.

24 > 25 octobreL’album : entre imaginaire et penséeCasseneuil (47)La bibliothèque départementale de Lot-et-Garonne, la médiathèque de Casseneuil, laCommunauté de communes du Villeneuvois etl’Arpel Aquitaine invitent les professionnels dulivre et de l’éducation à deux journées deréflexion sur l’album.

Vendredi 24 octobre : L’album, espace decréation littéraire ?Avec Nathalie Beau, responsable de la sectionfrançaise d’IBBY à La Joie par les livres,Maryvonne Gayard, libraire spécialisée jeunesse,Jean-Marie Vigneaux, pédopsychiatre et SylvieJoufflineau, lectrice et formatrice de l’associationLire à voix Haute-Normandie.À l’espace multifonctionnel de Casseneuil.Samedi 25 octobre (matinée) : La philosophiedans l’album : la grande question ! dans le cadrede l’opération Regards croisésAvec Christian Bruel et Oscar Brenifier.

Inscription à la bibliothèque départementalede Lot-et-Garonne. Tél. 05 53 40 14 [email protected]

À paraître à la rentréeQuand la littérature s’invite en classe, Guidedes écrivains aquitainsUne coédition ArpelAquitaine/Scérén/CRDP AquitaineComposé d’un répertoire alphabétique(avec biographie, bibliographie, accompa-gnées d’un volet informatif), ce guide pré-sente 102 écrivains aquitains en mesurede participer à des rencontres avec lepublic en établissements scolaires ou enbibliothèques. Cette partie donne aussides clés pour réussir une rencontre, unprojet, en insistant sur la nécessaire rela-tion humaine entre auteurs et lecteurs.Elle est complétée par des témoignagesde professionnels, qu’ils soient ensei-gnants, bibliothécaires ou auteurs. Unedernière partie aborde l’économie du livreet la rémunération des auteurs et se clôtpar des contacts utiles.Il sera diffusé par le CRDP au prix de 15 € .

CONTACTSArpel Aquitaine Tél. 05 57 22 40 [email protected]

Histoires d’amour et de mortDésirs Noirs, n° 2

de la collection de DVD « Les Petits Univers de la BD en Aquitaine »

Emmanuel Moynot voulait être rockstar, il est auteur de BD. Ni écrivain, ni dessinateur, il écrit etdessine de la bande dessinée. Ses ambiances y sont noires, des histoires d’amour et de mort. Cefilm, réalisé par Jean-Baptiste Beïs, suit les pérégrinations de Moynot dans Bordeaux pour la consti-tution de ses histoires, de l’élaboration du scénario, en passant par la recherche d’images pourancrer ses ambiances dans la réalité, jusqu’au dessin. Au gré du film, Moynot renoue avec sontalent de musicien et joue une partie de la bande originale. Drôle, touchant et sombre à la fois,Emmanuel Moynot se laisse agréablement découvrir pendant ces 18 minutes.

La collection « Les Petits Univers de la BD en Aquitaine », coproduite par l’Arpel Aquitaine et MaraFilms a été lancée en 2007 avec « Les Univers d’Alfred ». Destinée aux professionnels du mondedu livre et de l’éducation, elle a pour vocation de mettre en valeur la richesse et la diversité de lacréation de bande dessinée en Aquitaine.

Une soirée de lancement avec la projection de Désirs Noirs en présence de l’auteur, duréalisateur et de nombreux invités est organisée par l’Arpel Aquitaine le 26 septembre2008 au Molière-Scène d’Aquitaine.

Commande à l’Arpel Aquitaine : 25 €(tous droits gérés)Vol. 1 : Les Univers d’Alfred, un film de Julie Saudubray (13 minutes)Vol. 2 : Désirs Noirs, un film de Jean-Baptiste Beïs (16 minutes)Le volume 3 sur les univers de Jean-Denis Pendanx, un film de Jean-Baptiste Beïs, est prévu pour la fin de l’année 2008.Ces films ont reçu le soutien financier du Conseil régional et de la Drac Aquitaine, et des Conseils généraux de la Dordogne, de la Gironde, des Landes, du Lot-et-Garonneet des Pyrénées-Atlantiques.

Pour en savoir plus :Arpel Aquitaine : 05 57 22 40 [email protected] : [email protected] la collection : [email protected]

BRÈVE

Patrick Volpilhac, directeur de l’ArpelAquitaine, a été élu à la présidencede la Fill (Fédération interrégionaledu livre et de la lecture. Il succède àAlain Liévaux.

Photo de Isaias Fanlo. DR

Page 16: Lettres d'Aquitaine

AAAu mois d’avril dernier, l’ArpelAquitaine a accueilli l’écrivainAlfredo Pita à Bordeaux. Cette

résidence a été consacrée presque exclu-sivement à l’écriture d’un nouveauroman qu’Alfredo Pita espère publierprochainement. Deux rencontres ontponctué son séjour quasi monacal : l’uneà laMaison de l’Amérique latine le 9 avrilen compagnie d’un autre écrivain péru-vien : Santiago Roncagliolo, la seconde àla médiathèque de Biarritz le 12 avril1.Alfredo Pita a écrit son premier romanen exil..

Le Chasseur absent, publié aux éditionsMétailié, est l’histoire d’Arturo Pereda, deson retour au Pérou après quinze ans d’ab-sence : les retrouvailles avec sa famille, sesamis, ses amours de jeunesse, les retrouvaillesavec la ville de Lima, sa lumière et sontumulte, enfin le réveil de ses souvenirs, deson passé d’étudiant en littérature, militantguévariste.

C.L. Dans votre écriture, il est beaucoupquestion de l’évolution du Pérou, devos racines, de l’exil et de ses arrache-ments…A.P. Oui, et c’est compréhensible. La littéra-ture péruvienne a une tradition narrative axéefondamentalement sur le réalisme. La tradi-tion narrative péruvienne, c’est un miroir quiessaie non seulement de refléter, sinon d’or-ganiser et rendre cohérente une réalité chao-tique : la vie, l’histoire de mon pays, sesperspectives de futur. Ce chaos est terrible-ment douloureux et pas seulement pour lesécrivains. Au Pérou il y a des écrivains, et detrès bons, qui se sont essayés à l’écriture pourl’écriture en soi – une démarche absolumentconcevable et que moi-même j’aimerais ten-ter, car je pense que la poésie est le sang del’écriture –, mais, pour moi, comme pour lagrande majorité des narrateurs péruviens, laréalité toujours s’impose et nous oblige à laregarder en face. C’est un défi inévitable, unbesoin de comprendre la vie parfois absurdeque nous a imposé notre histoire. Le Pérou estune entité informe et je dirais projective, quis’impose presque comme une réalité fictive,comme un chaos qu’il faut ordonner pourpouvoir le comprendre, pour éventuellementpouvoir se guérir de lui. C’est peut-être uneexplication.

C.L. Ce premier roman, Le Chasseurabsent, a vu le jour en France. Auriez-vous pu l’écrire de la même façon auPérou ?A.P. J’avais écrit au Pérou, avant mon départ,une nouvelle qui s’appelait le Chasseur et sonombre. C’était l’embryon du Chasseur absent.Mais il faut reconnaître que dans les condi-tions objectives de ma vie, à l’époque, là-bas,à Lima, je n’aurais pas pu écrire ce roman.L’exil, volontaire, ne m’a pas donné seule-ment un cadre matériel plus favorable pourmon travail d’écriture mais, aussi, la distancenécessaire pour la réflexion et la synthèse. Etune vue d’ensemble inestimable…

C.L. Sur le plan de la construction devotre livre, il y a plusieurs niveaux,plusieurs histoires qui se croisent dansle temps : celles des étudiants del’époque des faits, et puis ce qu’ils sontdevenus vingt ans après ; celled’Arturo Pereda qui, en s’exilant, avoulu oublier son passé mais celui-cilui est revenu comme un boomerang.Est-ce une façon de montrer l’évolutionde la société ?A.P. Montrer cette évolution ou la compren-dre ? Comme je vous le disais avant, pour unPéruvien il s’agit parfois de se guérir de sasociété et de son histoire. Un écrivain a lachance de pouvoir essayer de le faire, plus quele reste des gens peut-être. Sans trop m’enrendre compte, je n’ai pas seulement racontéune histoire, mais aussi approché le champdes rituels. Écrire ce roman a été pour moiune tentative de salut, une cérémonie, quelquechose de semblable aux rites de purificationdes chamans.

C.L. À l’intensité de l’écriture, l’on sentque ce livre a été pour vous une néces-sité. Pour raconter le pays ? Pour pan-ser les blessures ? Pour liquider lafrustration de l’exil ?A.P. L’écriture crée son propre langage enfonction du projet. L’écrivain parfois, sans levouloir, devient un médium. Ma modesteexpérience m’a appris qu’il n’y a pas demoment plus extraordinaire que celui où oncesse d’écrire rationnellement une histoire,quand c’est l’histoire même qui prend lescommandes, quand elle se pose sur votreépaule, comme un vieil oiseau plein desagesse, et commence à vous dicter l’his-toire…

LETTRES D’AQUITAINE N°80

...ALFREDOPITA

Résidence...16

80

C.L. Comme pour beaucoup d’écrivainspéruviens, les périodes de révoltes etde répression nourrissent votre travail.Quelle part faites-vous entre l’écrituredu journaliste et celle de l’écrivain ? Etcomment la jeune génération s’em-pare-t-elle de ces violences ?A.P. Le journalisme m’a donné une visionimmédiate, qui se veut très objective, et mêmecrue, de la vie et des choses, mais cette visionparfois peut être aussi très cynique, donc jeme méfie. J’essaie donc d’oublier que je suisun journaliste quand j’écris de la fiction. Ilfaut dire aussi que le journalisme est mongagne-pain – je n’ai pas encore appris à écriredes best-sellers – et dans cette mesure la plu-part du temps il m’use et me laisse sansl’énergie nécessaire pour faire face à mes pro-jets, à mes fantasmes littéraires. Ce n’est pasforcément un allié.La violence meurtrière, je l’ai vue en direct,en Ayacucho, et, pendant longtemps, cetteexpérience m’a interdit d’une certainemanière de la traiter comme matière fiction-nelle. Maintenant, vingt ans après, je mepense libéré de mes interdits, de mes scru-pules, de ma pudeur. C’est difficile de faire dela fiction avec du sang qu’on a vu versé parterre. Mon cas, il me semble, est celui debeaucoup des écrivains de ma génération. Lesjeunes, les nouveaux écrivains, je pense qu’ilsse sentent beaucoup plus libres. Ils n’ont pasvu vraiment la violence, ils peuvent doncl’ignorer ou, éventuellement, jouer avec, lamalaxer comme ils veulent.

C.L. Pendant votre résidence, vous aveztravaillé à votre nouveau roman qui aégalement pour cadre le Pérou. Quelleest votre nouvelle approche ?A.P. La nouveauté, c’est le cadre temporal etspatial. C’est un roman encore « plus » péru-vien. J’écris une histoire qui se passe àAyacucho, dans les Andes du sud-est du Pérou,

au commencement des années 90, quand onne sait pas où va le pays. Les terroristes duSentier lumineux semblent continuer sur leurlancée, malgré la dureté de la répression queleur oppose le gouvernement de Lima, quiutilise aussi des méthodes terroristes. Monhistoire raconte comment certains de mes per-sonnages accommodent leur vie, leur survie,ou même leur mort, au milieu de ce climateffroyable qui leur est imposé. C’est un défi, pour moi. Et je me rendscompte que je suis en train d’écrire, d’explo-rer encore, sans trop le vouloir, comme dansle cas du Chasseur absent, les méandres de laresponsabilité des individus face à l’histoire.

C.L. Vous avez séjourné un mois àBordeaux. Que vous a apporté votrerésidence ?A.P. Beaucoup, beaucoup. Pour commencer,cela m’a permis de couper net, pendant unlong et très profitable mois, avec le journa-lisme. Et ça, c’est beaucoup. Mon travail aavancé d’une façon décisive pendant ces qua-tre semaines d’isolement, de réflexion et deproduction. Je suis très reconnaissant, donc, àl’Arpel Aquitaine, à ses responsables, à sonéquipe formidable et chaleureuse.

1. Organisée le 9 avril par l’UFR des langues ibé-riques et latino-américaines et l’Ersal (Équipe derecherche sur l’Amérique latine), une table rondeautour du thème « Le Pérou assiégé des années80 » réunissait à la Maison des Pays ibériquesAlfredo Pita et Santiago Roncagliolo, autre écrivainpéruvien qui vient de publier Avril Rouge (Seuil).Cette rencontre a été précédée du vernissage d’uneexposition de photographies « Yuyanapaq pararecordar » de la Commission de la vérité et de laréconciliation péruvienne en présence des écrivains(bibliothèque universitaire de lettres, CadistAmérique latine).Le samedi 12 avril, le département America de lamédiathèque de Biarritz accueillait Alfredo Pitapour une rencontre et une lecture d’un extrait deson roman en préparation.

PROPOS RECUEILLIS par Catherine Lefort

Le Chasseur absentAlfredo PitaTraduit de l’Espagnol (Pérou ) par André GabastouÉdition Métailié (1999)Bibiothèque hispano-américaineIsbn : 2-86424-314-8

Alfredo Pita est né en 1948 à Celendin dans lenord du Pérou. Après avoir étudié la sociologieet la littérature, il choisit la voie du journalismeengagé. Journaliste à El Diario, Alfredo Pita acouvert les événements de la répression mili-taire à Ayacucho, au début des années 80. En1984, il décide de quitter son pays pour s’instal-ler en France. Il est aujourd’hui journaliste àl’Agence France Presse.Le Chasseur absent a obtenu le prix Las DosOrillas décerné à Gijón en Espagne (1999) et aété publié simultanément en Allemagne,Espagne, France, Grèce et Portugal.

« Dans la mémoire de Pereda, illuminée par des éclairs noirs, refit surface la scène de la plage et il revit cet homme, inconnu et sanglotant, implorer pour sa vie.Mais il resta silencieux. »

Alfreo Pita. DR

Un chasseur à Bordeaux