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  • LETTRE-PRÉFACE des

    PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE

  • Du même auteur dans la même collection

    CORRESPONDANCE AVEC ÉLISABETH ET AUTRES LETTRES. DISCOURS DE LA MÉTHODE. (édition avec dossier) DISCOURS DE LA MÉTHODE suivi d'extraits de la DIOP-

    TRIQUE, des MÉTÉORES, de la VIE DE DESCARTES par Baillet, du MONDE, de L'HOMME et de LETTRES.

    LETTRE-PRÉFACE DES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE.

    MÉDITATIONS MÉTAPHYSIQUES.

    LES PASSIONS DE L'ÂME.

    Chez le même éditeur

    Jean-Marie BEYSSADE, LA PHILOSOPHIE PREMIÈRE DE

    DESCARTES. (Coll. « Nouvelle Bibliothèque Scienti-fique ».)

  • DESCARTES

    LETTRE-PRÉFACE

    des

    PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE

    Présentation et notespar

    Denis MOREAU

    GF Flammarion

  • © Flammarion, Paris, 1996, pour cette édition. ISBN 2-08-070975-5

    www.centrenationaldulivre.fr

    http://www.centrenationaldulivre.fr/

  • NOTE SUR LES TEXTES

    Le texte de la Lettre-préface des Principes de la philosophie a été établi à partir de l'édition originale de 1647. Nous en avons conservé les majuscules et la ponctuation, sauf lorsqu'elles risquaient de rendre la compréhension difficile. L'orthographe a été modernisée.

    Pour les autres textes de Descartes, nous avons suivi l'édition Adam et Tannery.

    Les références aux textes de Descartes ren-voient: à l'édition Adam et Tannery (abrégée AT) ; à l'édition des Œuvres philosophiques de Descartes en trois volumes par Ferdinand Alquié (abrégée Alq.) ; le cas échéant, aux textes parus dans la collection GF-Flammarion (avec le numéro du volume).

    Lorsque les références complètes d'un ouvrage ou d'un commentaire ne sont pas données, elles se trouvent dans la bibliographie en fin de volume.

  • INTRODUCTION

    LE TEMPS DE PHILOSOPHER

    « Je ne dirai rien de la philoso-phie... »

    Descartes, Discours de la méthode,

    première partie.

    « Peut-être ne peut-on poser la question Qu'est-ce que la philoso-phie? que tard, quand vient la vieil-lesse [...] Auparavant, on la posait, on ne cessait pas de la poser, mais c'était trop indirect ou oblique, trop artificiel, trop abstrait, et on l'expo-sait, on la dominait en passant plus qu'on n'était happé par elle. On n'était pas assez sobre. On avait trop envie de faire de la philosophie, on ne se demandait pas ce qu'elle était. »

    Gilles Deleuze et Félix Guattari, Qu'est-ce que la philosophie?

    Descartes, le « véritable initiateur de la pensée moderne », celui dont « on ne saurait se représen-

  • 10 INTRODUCTION

    ter dans toute son ampleur l'influence qu'il a exercée sur son époque et sur les temps modernes », a attendu la fin de sa vie pour répondre à la question qu'on propose aux élèves de terminale dès la semaine de la rentrée : qu'est-ce que la philosophie ? Cette attente ne tient pas seulement à des raisons historiques, et constitue peut-être une leçon de philosophie. Si la réponse cartésienne n'intervient que dans la Lettre-préface des Principes de la philosophie, en 1647, au terme d'un cheminement intellectuel aussi remarquable que décisif, c'est parce que la philosophie est aussi affaire de patience, parce que le rythme de la pensée doit épouser celui de la vie. Il est ici question de devenir sage : il faut se demander ce que cela signifie et implique, mais ne pas oublier de vivre en attendant d'avoir trouvé ses réponses.

    Des Principia aux Principes.

    En 1644, Descartes fait paraître un texte latin intitulé Renati Descartes principia philosophiae (Les Principes de la philosophie de René Descartes). Comme l'atteste sa correspondance, il s'agit d'un ouvrage depuis longtemps projeté et mûri, qui doit remplir une double fonction. Descartes veut récapituler sa pensée en proposant pour la pre-mière fois un exposé d'ensemble de sa philo-sophie. Il veut aussi donner au cartésianisme les moyens de se diffuser, notamment dans les milieux scolaires et universitaires.

    1. Hegel, Leçons sur l'histoire de la philosophie, t. VI, p. 1384, traduction P. Garniron, Paris, Vrin, 1985.

  • LE TEMPS DE PHILOSOPHER 11

    Les Principia récapitulent : ils seront une « Somme de philosophie 2 ». On y trouvera, par-fois modifiés ou développés, la quasi-totalité des thèmes et thèses abordés par Descartes dans des textes antérieurs : la métaphysique donnée en 1641 dans les Meditationes de prima philosophia (Méditations de philosophie première') et en 1637 dans la quatrième partie du Discours de la méthode; une physique fondamentale et une explication de l'univers contenues dans le traité du Monde que Descartes, en 1633, avait renoncé à publier pour ne pas s'opposer à l'autorité de l'Eglise qui venait de condamner Galilée pour la seconde fois 4; les Essais scientifiques qui accompagnaient le Discours de la méthode'. Somme, récapitulatif : les Principia ne consti-tuent donc pas une exposition de thèmes nou-veaux, mais plutôt une exposition nouvelle, et pour la première fois complète, d'une pensée arrivée à maturité.

    Mais les Principia ne sont pas seulement cet aboutissement d'un travail antérieur. En les rédi-geant, Descartes pense à l'avenir : le cartésia-

    2. Voir la Lettre à Huygens du 31-01-1642, AT, t. III, p. 523; Alq., t. II, p. 920; et la Lettre à Mersenne du 22-12-1641, AT, t. III, p. 465.

    3. C'est l'ouvrage qu'on désigne le plus souvent aujourd'hui par le titre de la traduction française parue en 1647: les Méditations métaphysiques.

    4. Voir l'ensemble des lettres que Descartes écrivit à Mersenne de novembre 1633 à mai 1634 (AT, t. I, p. 270- 299; Alq., t. I, p. 487-498). Descartes explique que les prin-cipes de sa physique, exposés dans le Monde, « démontrent évidemment » « le mouvement de la terre », et qu'il est donc d'accord avec Galilée sur ce point.

    5. En 1644, la traduction latine du Discours de la méthode et de deux des Essais est jointe, en un même volume, au texte des Principia.

  • 12 INTRODUCTION

    nisme existe, il faut maintenant susciter des car-tésiens, des disciples qui admettront et diffuseront la pensée du maître. Les Principia seront donc également un « cours de philoso-phie' », c'est-à-dire un manuel destiné à servir de support à l'enseignement de la philosophie carté-sienne dans les écoles, notamment celles des Jésuites que Descartes espère alors gagner à sa cause'. Cette visée pédagogique explique en grande partie la forme des Principia: de courts et denses articles, qu'on peut lire et commenter un par un, résumés en un e sommaire » donné dans la marge. Elle charge également d'emblée le texte d'une forte signification polémique, que Des-cartes n'a jamais cachée : si le manuel ou cours cartésien est adopté dans les écoles, c'est qu'il se sera substitué aux manuels précédemment utili-sés, dont il aura fait apparaître les insuffisances, voire la fausseté 8. Les Principia sont donc aussi un outil de combat destiné à faire triompher le cartésianisme dans les milieux intellectuels, et à renvoyer au musée des curiosités désuètes les philosophies qui l'ont précédé.

    6. Voir Descartes, Lettre à Mersenne du 11-11-1640, AT, t. III, p. 233; Alq., t. II, p. 275 : « ... mon dessein est d'écrire par ordre tout un cours de ma Philosophie en forme de thèses, où, sans aucune superfluité de discours, je mettrai seulement toutes mes conclusions, avec les vraies raisons d'où je les tire ».

    7. Voir sur ce point l'article de M. Martinet, Un manuel subversif, la « Somme philosophique » de René Descartes.

    8. Avant de publier les Principia philosophiae, Descartes a consulté de nombreux manuels de philosophie scolastiques alors en usage. Il envisagea même un moment de publier son texte sous la forme d'une comparaison entre ces manuels et le sien, pour faire apparaître la supériorité de ce dernier. Mais ce projet, dont on retrouve les échos dans le texte de la Lettre-préface de 1647, ne fut pas mené à son terme.

  • LE TEMPS DE PHILOSOPHER 13

    Descartes fut sans doute déçu. Même si les Principia suscitèrent un réel intérêt, il dut en rabattre sur le menaçant optimisme affiché dans le Discours de la méthode :

    «Ils [les partisans d'Aristote] me semblent pareils à un aveugle qui, pour se battre sans désavantage contre un qui voit, l'aurait fait venir dans le fond de quelque cave fort obscure; et je puis dire que ceux-ci ont intérêt que je m'abs-tienne de publier les principes de la philosophie dont je me sers, car étant très simples et très évi-dents, comme ils sont, je ferais quasi le même, en les publiant, que si j'ouvrais quelques fenêtres, et faisais entrer du jour dans cette cave où ils sont descendus pour se battre'. »

    Trois ans après la parution des Princz:pia, le début de la Lettre-préface de 1647 témoigne ainsi d'une certaine amertume : l'ouvrage n'a pas été « bien entendu ». Les manuels scolastiques ont toujours cours; les Jésuites cartésiens sont rares, parfois brimés pour leur adhésion à la philo-sophie nouvelle; un des disciples présumés en qui Descartes mettait de l'espoir, Regius, comprend mal la pensée du maître, et se fâche avec lui. Mais Descartes, qui n'en est pas à son premier revers (le Discours de la méthode n'avait pas été un succès commercial), n'est pas homme à se laisser décourager. Il change donc de tac-tique : si les doctes et les enseignants qui savent le latin, englués dans leurs préjugés et prérogatives de penseurs scolastiques, n'ont pas été capables de comprendre sa philosophie, le public cultivé, lui, saura l'apprécier : e ceux qui ont le moins

    9. Discours de la méthode, sixième partie, AT, t. VI, p. 71; Alq., t. I, p. 642; GF n° 109, p. 87-88.

  • Note sur les textes 7 Introduction 9

    Lettre-préface de l'édition française des Principes de la philosophie 51

    Dossier 85 I. Les Principes de la philosophie 87 II. La morale par provision 95 III. Sagesse et souverain bien 115

    Bibliographie 127 Chronologie 131

  • LETTRE-PRÉFACE DES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIENOTE SUR LES TEXTESINTRODUCTION