Lettre Pastorale

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Lettre pastorale Vivre l'Eglise autrement Diocèse d'Aix-en-Provence et d'Arles Monseigneur Christophe Dufour Monseigneur Claude Feidt 18 octobre 2009 ci-contre : Notre Dame de la Seds

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Vivre l’Eglise autrement Sous le signe de l’Esprit

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Lettre pastorale

Vivrel'Egliseautrement

Diocèse d'Aix-en-Provence et d'Arles

Monseigneur

Christophe Dufour

Monseigneur

Claude Feidt

18 octobre 2009

ci-contre :

Notre Dame de la Seds

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Photo de couverture :

messe de clôture de l'Assemblée Presbytérale à Saint Laurent Imbert de Marignane

Vivre l'Eglise autrement

Sous le signe de l'Esprit

« L’Esprit viendra sur toi » dit l’ange à Marie. C’était à Nazareth, l’annonce d’un enfant à naître. Aux apôtres, le Christ promit l’Esprit : « Vous allez rece-voir une force, celle du Saint-Esprit, qui viendra sur vous ». C’était à Jérusa-lem, pour une Eglise à naître. Et Marie était là.

Depuis le 14 décembre 2006, l’Eglise d’Aix et Arles s’est mise à l’écoute de cette promesse du don de l’Esprit, habitée par le désir de lire les signes des temps, dans une ferveur renouvelée pour l’annonce de l’Evangile. L’appel s’adressait d’abord aux prêtres, puis à tous les baptisés, jusqu’à cette assem-blée presbytérale à la Pentecôte 2009, assemblée portée par la prière de tout un peuple. Evêques de ce diocèse, nous avons écouté ce que l’Esprit dit aux Eglises et nous rendons grâces à Dieu de tout ce qui nous a été donné à voir et à entendre durant ce temps béni. Il est maintenant de notre responsabilité de poser un acte de discernement pastoral. Le temps est venu de tracer la route où Dieu nous conduit, pour le temps qui vient, sous le signe de l’Esprit.

Cette lettre s’adresse à tous. Elle invite à comprendre les temps que nous vivons, dans le monde où nous sommes, en cette Provence que nous aimons. Elle ap-pelle à entrer avec une ferveur nouvelle dans le cœur du mystère de la foi, le cœur du Christ aimant et donnant sa vie pour le salut du monde. Elle propose à notre Eglise diocésaine d’Aix et Arles une conversion et des orientations pour vivre, annoncer et porter ensemble l’Evangile dans la société actuelle.

Mais nous adressons cette lettre avec une affection toute particulière à nos plus proches collaborateurs, les prêtres. Nous les avons longuement écoutés

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tout au long de ces derniers mois. Ils sont coopérateurs de notre ministère apostolique, ordonnés pour être prêtres à la manière des apôtres. Nous dé-sirons vivement que par leur zèle missionnaire et par la grâce de Dieu sur tous les baptisés, notre Eglise diocésaine sache annoncer le Christ Jésus à nos contemporains. Cette lettre ne dit pas tout. Elle ouvre des chantiers. Nous in-vitons tous les diocésains à prendre leur part active à ce travail de réforme en profondeur de notre Eglise diocésaine. Nous vivons une période exaltante où nous sommes appelés à rendre compte, à frais nouveaux et dans l’amour, de l’espérance que nous portons et de la foi qui nous fait vivre. Avec les prêtres, nous appelons le peuple de Dieu qui est à Aix et Arles à marcher ensemble, vers une nouvelle Pentecôte.

I- L’Eglise que nous voulons être : pour l’Evangile

« Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde », dit le Christ à ceux qui le suivent. Il ne dit pas « soyez », il dit : « vous êtes ». Ce n’est pas un impératif, un ordre ou un commandement, mais l’affirmation d’une identité. Comme le Christ l’a voulu, nous sommes en Eglise, sel de la terre, lumière du monde. Peuple des baptisés, nous sommes le corps mystique du Christ, le sa-crement du salut de Dieu parmi les hommes. Ceci est objet de foi, nous croyons en l’Eglise une, sainte, catholique et apostolique. Telle est l’Eglise que nous voulons être, que nous avons à devenir, celle de notre acte de foi, celle que nous sommes déjà par grâce. Elle porte le mystère caché depuis la fondation du monde ; mystère que Dieu a rendu visible en Jésus et que l’Eglise a reçu mission de donner à voir. « Ce trésor, nous le portons en nous comme des poteries sans valeur ; ainsi, on voit bien que cette puissance extraordinaire ne vient pas de nous, mais de Dieu. » (II Co 4, 7).

Eglise bien-aimée du Christ, Eglise que l’Esprit suscite et renouvelle d’âge en âge, Eglise divine, « Epouse du Christ », et en même temps humaine, toujours à convertir et à sanctifier, « semper reformanda ». Depuis 2000 ans, son visage humain n’a pas cessé de se transformer, pour le meilleur et pour le pire, comme dans toute histoire d’amour. Cette Eglise, c’est nous, et dans le temps que nous vivons nous nous interrogeons : diocésains d’Aix et Arles, quelle Eglise voulons-nous être ? A la suite de l’Assemblée de Pentecôte et de toutes les ré-flexions qui l’ont accompagnée, nous pouvons partager quelques convictions.

1 - Nous voulons être une Eglise qui porte l’Evangile

Bonne Nouvelle de bonheur annoncée et accomplie par le Christ, Révélation d’un Dieu présent à l’histoire du monde, l’Evangile est attendu. Nous sommes té-moins des quêtes et requêtes profondes de nos contemporains, de leurs attentes et de leurs espoirs, nous les faisons nôtre. « La mission évangélisatrice de l’Eglise prime sur toutes les préoccupations d’ordre organisationnel » disions-nous à notre assem-blée de Pentecôte 1. Nous voulons être une Eglise qui se fait proche de tous, attentive à chacun, sans faire de différence entre les personnes. « Par l’Eglise, c’est le Christ qui veut s’approcher des hommes » 2. Nous voulons être une Eglise qui aime le monde, qui s’émerveille de la vie, qui fait sienne la cause des humains. « L’attention au monde de ce temps, la connaissance de la société contemporaine, l’estime de ce que vivent et cherchent toutes les personnes sont des exigences incontournables pour l’apôtre de ce temps ici et maintenant … Les prêtres sont les garants d’un regard po-sitif, confiant et bienveillant, de leur communauté sur le monde. Seule une «ecclesia audiens» (en état d’écoute) peut aussi être une «ecclesia docens» (qui enseigne) » 3.

2 - Nous voulons être une Eglise qui propose la foi

Ceci devrait être une évidence, mais avouons que nous avons besoin de le réapprendre. Pendant 1000 ans, le christianisme a été en France la religion de tous et, jusqu’à une époque récente, presque chaque enfant naissait chrétien. Nous avons à redécouvrir aujourd’hui que, comme le disait Tertullien, « on ne naît pas chrétien, on le devient » ; la foi chrétienne en était alors à son commencement, « je sors de vos rangs » disait Tertullien aux destinataires païens de son Apologétique, c’était au deuxième siècle. Nous voulons être une Eglise qui propose des chemins pour de-venir chrétien. Ceci est la responsabilité de chaque baptisé : « chaque chrétien doit être capable de rendre compte de sa foi, de manière simple, centrée sur l’essentiel et appelant à la vie » 4. Ceci est la responsabilité des communautés chrétiennes :« la communauté toute entière annonce l’Evangile » 5. Ceci est un chantier pour notre Eglise diocésaine pour que « la préparation sacramentelle soit un lieu de proposition de la foi » 6.

3 - Nous voulons être une Eglise qui donne à chaque bap-tisé de vivre pleinement sa vocation baptismale

« Prière, foi, charité, c’est là, écrivions-nous, le code génétique du bap-tisé » 7. Nous voulons être une Eglise qui prie, célèbre le salut, se rassemble

1 - Document de travail de l'assemblée presbytérale motion 1 page 132 - op. cit. motion 1 page 133 - op. cit. motion 1 page 13

4 - op. cit. motion 4 page 175 - op. cit. motion 4 page 176 - op. cit. motion 5 page 197 - Lettre pastorale du 25 janvier 2009 (www.aixarles.cef.fr)

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chaque dimanche comme au matin de Pâques, dans la joie du Ressuscité. Nous voulons être une Eglise qui annonce l’Evangile et témoigne de sa foi en paroles et par des actes. Nous voulons être une Eglise qui aime et, comme le Christ, choisit d’aimer et de servir en premier les plus pauvres.

4 - Nous voulons être une Eglise où tous les baptisés sont acteurs de la mission commune

« Tous les baptisés sont appelés à être actifs et acteurs dans l’Eglise… Au titre de leur baptême et de leur confirmation, ils participent à la mission de l’Eglise dans leurs communautés chrétiennes, les mouvements et toute autre réa-lité ecclésiale » 8.

5 - Nous voulons être une Eglise qui appelle

« Une culture de l’appel, à dimension diocésaine, effective et perma-nente, est présentée comme indispensable, et elle ne doit pas attendre » 9. La préoccupation est vive, en tout premier lieu celle du ministère presbytéral. Dès le commencement de son ministère public, Jésus a appelé à le suivre, à être disciple puis apôtre. L’appel est un acte pastoral inscrit au cœur du ministère. Osons appeler.

Osons appeler nos contemporains à être disciples du Christ, à l’écoute de sa parole.Osons les appeler à devenir chrétiens par le baptême, l’eucharistie et la confirmation.Osons appeler les baptisés à collaborer à la mission de l’Eglise.Osons appeler des jeunes, des hommes et des femmes à se donner tout entiers au Christ dans une vie consacrée, osons les appeler à la vie religieuse. Osons appeler au ministère de diacre permanent.Enfin, dès le plus jeune âge et à tous les âges, faisons retentir l’ap-pel à être prêtre diocésain ; au sein des familles et des communautés chrétiennes, cultivons cet appel. Oui notre diocèse d’Aix et Arles a besoin de prêtres.Nous invitons chaque famille, chaque communauté, chaque équipe, à réfléchir à cette question : comment lancer l’appel ?

II- Prêtres au service de l’Eglise que nous voulons être

C’est avec une affection toute particulière que nous nous adressons aux prêtres qui servent le diocèse d’Aix et Arles. Nous avons dans le cœur les plus anciens parmi vous ; nous vous avons entendu témoigner du merveilleux renou-veau de l’Eglise depuis 50 ans, dans l’élan du Concile Vatican II. Oui, elle est belle notre Eglise, même si l’épreuve de la sécularisation l’a rendue fragile et pauvre en notre pays. Presque chaque année, par la grâce du séminaire d’Aix, des jeunes prêtres sont accueillis dans le presbyterium ; la Parole du Christ ne cesse pas d’être appelante. Frères dans le sacerdoce, soyez remerciés pour le témoignage de votre fidélité à la mission reçue lors de votre ordination. Tout au long de la démarche synodale vécue ces derniers mois, au cours des rencontres de doyennés, du pèlerinage à Annecy, de la retraite à l’abbaye de Lérins, et plus encore dans ce temps de grâce de l’assemblée presbytérale de Pentecôte, nous avons contemplé le presbyterium que vous formez autour de vos évêques. Dans la diversité de vos âges, de vos histoires, de vos ministères, de vos sensibilités, de vos origines, vous formez un presbyterium fraternel et rempli de zèle pour la mission. Avec tout le peuple de Dieu nous en rendons grâces.

Mais ensemble nous avons aussi conscience que les évolutions de la socié-té ont un impact sur l’Eglise et l’exercice de notre ministère. Pendant plus de deux ans, vous avez réfléchi et débattu, vous vous êtes exprimés sur la manière d’être prêtre aujourd’hui, apôtre de la Parole, de la sainteté et de la charité 10. Nous vous avons écoutés, et voici comme promis quelques pistes pour « vivre autrement le ministère presbytéral » dans l’Eglise qui est à Aix et Arles.

Autrement : cela signifie d’abord une conversion personnelle à la-quelle le Christ nous appelle avec tendresse et miséricorde.Autrement : cela signifie une pastorale qui propose la foi, qui en-gendre des personnes à la vie du Christ, qui fonde des communautés et les renouvelle dans l’Esprit Saint.Autrement : cela signifie une nouvelle manière de vivre le ministère, pour et avec le peuple des baptisés. Autrement : cela signifie enfin une fraternité renouvelée entre prêtres, entre prêtres et évêques, entre nous et nos collaborateurs, diacres, religieux et religieuses, et fidèles laïcs.

8 - Document de travail de l’assemblée presbytérale - motion 10 page 279 - op. cit. motion 7 page 23

10 - Lettre pastorale du 25 janvier 2009

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1 - Une conversion personnelle

Ce n’est pas d’abord par des stratégies pastorales que nous ouvrirons au message du Christ le cœur de nos contemporains, mais par notre sainteté. Le Concile Vatican II l’affirme, c’est notre ministère tout entier qui nous sancti-fie 11. Dans la grâce de l’assemblée presbytérale, nous invitons chacun à ravi-ver l’amour des premiers temps et le don de son ordination. « Rappelle-toi comment tu as reçu et entendu la Parole, garde-la fidèlement et convertis-toi » (Apoc 3,3).

Laissons-nous transformer jour après jour par la Parole, la lisant, la méditant, la priant, pour qu’elle nous conduise à la contemplation, nous intro-duise toujours plus avant dans la vision de Dieu et l’intimité avec le Seigneur Jésus. Lectio divina et oraison, étude et lecture spirituelle, prière des psaumes dans la liturgie des heures, nous prendrons chaque jour un temps conséquent pour ce rendez-vous de la Parole.

Laissons-nous sanctifier par les sacrements que nous célébrons. Lorsque, dans l’eucharistie quotidienne, nous invoquons l’Esprit Saint sur le monde, c’est aussi sur nous et notre ministère que nous l’implorons. Recevons pour nous-mêmes le sacrement de la réconciliation. Prenons le temps de rencon-trer régulièrement notre accompagnateur spirituel, demandons-lui de nous aider à discerner le travail de l’Esprit Saint dans nos vies.

Laissons-nous évangéliser par nos rencontres. Certains, accaparés par de multiples tâches, souffrent de ne plus pouvoir vivre cette proximité. Nous ne pouvons plus être proches de tous, mais nous veillerons à l’être de quelques-uns. Nous ménagerons dans notre agenda du temps pour la visite à des familles dans le deuil ou la difficulté, à des personnes malades, handica-pées ou frappées par une épreuve douloureuse. Nous aurons une affection et une attention toute particulière pour les plus pauvres de nos quartiers et de nos communautés. Nous qui sommes appelés à annoncer la bonne nouvelle aux pauvres, nous nous souviendrons de ce mot du père Joseph : « Les pauvres nous évangélisent ».

Vous tous, baptisés, priez pour les prêtres, pour qu’ils soient de saints prêtres, sanctifiés par l’Esprit qu’ils invoquent chaque jour sur vous dans l’Eucharistie.

2 - Une pastorale qui propose, engendre et fonde

L’audace est dans le renouvellement et, malgré les apparences, les temps sont aujourd’hui favorables pour l’annonce de l’Evangile. Jean-Paul II soulignait « l’absolue nécessité que la nouvelle évangélisation trouve dans les prêtres ses premiers nouveaux évangélisateurs » 12. Dans sa lettre aux prêtres à l’ouverture de l’année sur le sacerdoce, Benoît XVI invite à un « engagement de renouveau intérieur de tous les prêtres afin de rendre plus incisif et plus vigoureux leur té-moignage évangélique dans le monde d’aujourd’hui » 13. Voilà qui nous appelle à vivre autrement notre ministère au service d’une pastorale qui propose la foi, engendre à la vie divine du Christ et soit fondatrice de communautés.

Une pastorale qui propose la foi. Rappelons-nous que nous sommes les premiers catéchètes, aînés dans la foi, au service de la responsabilité caté-chétique de l’Eglise. Prêtres, ayons à cœur de proposer la Parole à temps et à contre temps, par l’homélie, la lectio divina et la catéchèse, d’introduire nos contemporains à la foi et à l’expérience chrétienne à travers des démarches, des itinéraires guidés par la pédagogie d’initiation telle qu’on la vit par exemple avec les catéchumènes adultes.

Pour renouveler notre ministère de la Parole, nous vous suggérons trois pistes :

Nous aider mutuellement à progresser dans l’art de l’homélie, en les partageant, en nous enrichissant de nos savoir-faire, en nous corrigeant fraternellement.

Réfléchir à ce que peut être une première annonce de la foi et aux moyens de la proposer, dans tous les lieux de vie et à tous les âges ; des expériences existent déjà dans le diocèse (« Venez et voyez », « parcours Alpha »…).

Faire vivre et fonder de petites cellules d’Eglise : équipes d’apostolat, maisonnées de la Parole, cellules d’évangélisation, fraternités de la Pa-role…; pourquoi pas un programme diocésain où tous les baptisés se-raient appelés à se retrouver chaque semaine autour de la Parole ?

Une pastorale qui engendre à la vie dans le Christ. Notre ministère sacramentel nous tient à cœur, mais en même temps il est source de souf-frances lorsque les sacrements sont offerts sans qu’il y ait une démarche de foi, du moins en apparence.

12 - Jean-Paul II - Pastores dabo vobis § 213 - Benoît XVI - Lettre aux prêtres - 18 juin 2009

11 - Presbyterorum ordinis § 12

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Pour renouveler notre ministère sacramentel et permettre un véritable engendrement de la vie en Christ dans les personnes et les communautés, nous suggérons de travailler dans trois directions :

Dans toutes les paroisses, associer des équipes de fidèles laïcs à la pas-torale sacramentelle.

Aux futurs mariés et aux parents demandant le baptême pour leurs enfants, proposer des itinéraires catéchétiques inspirés de la démarche du catéchuménat,itinéraires qui seront chemins pour eux, pour nous et pour l’ensemble de la communauté qui les accueille.

Apporter un soin particulier au ministère de présidence des célébra-tions, ministère qui appartient en propre aux prêtres.

Une pastorale qui fonde l’Eglise. Servir la charité, c’est veiller à ce que l’Eglise soit une école de communion, à ce que chaque communauté soit fondée sur l’amour et brûle de la charité du Christ, que soient au cœur de la maison Eglise les plus petits, les plus pauvres, les délaissés, les marginaux, les éprou-vés… « Faire de l’Eglise la maison et l’école de la communion : tel est le grand défi qui se présente à nous dans le millénaire qui commence, si nous voulons être fidèles au dessein de Dieu et répondre aux attentes profondes du monde » 14.

Pour progresser dans notre ministère de la charité, voici quelques pistes :

Raviver l’option préférentielle de l’Eglise pour les plus pauvres dans toutes les dimensions de notre ministère.

Renouveler le rassemblement du dimanche par des initiatives qui font progresser l’amour fraternel, l’accueil et la connaissance mutuelle, la soli-darité, un esprit de famille : accueil à l’entrée de l’église, covoiturage, temps de convivialité, repas partagés, gestes de solidarité…

3 - La collaboration pastorale

Nous avons beaucoup parlé de la collaboration entre le pasteur et les autres baptisés, diacres permanents, religieux et religieuses, fidèles laïcs. Comme si cette collaboration n’allait pas de soi. Disons-le tout net : nous devons la réussir. Le Concile Vatican II le dit. Le pape Jean-Paul II l’avait

inscrite dans le programme de formation des prêtres comme un enjeu de la nouvelle évangélisation 15. Benoît XVI, dans sa lettre aux prêtres, poussé par l’exemple du curé d’Ars, évoque « les espaces de collaboration que l’on doit toujours davantage ouvrir aux fidèles laïcs, avec lesquels les prêtres forment l’unique peuple sacerdotal et au milieu desquels, en raison du sacerdoce ministériel, ils se trouvent pour les conduire tous à l’unité dans l’amour ». Vivre le ministère autrement, c’est le vivre avec d’autres, en équipes, en partenaires, en serviteurs, dans une prise en charge commune de la mission de l’Eglise.

Oui, nous devons réussir la collaboration pastorale. Prêtres, aimez ceux qui vous sont donnés comme collaborateurs, offrez-leur votre confiance, sou-tenez-les, formez-les, accompagnez-les, discernez en eux les dons que l’Esprit suscite en son Eglise pour le rayonnement de l’Evangile, contemplez le travail de Dieu dans leur action à vos côtés. Vous fidèles laïcs, aimez les prêtres qui vous sont envoyés ; avec ce qu’ils sont, avec leurs qualités et leurs limites, l’Eglise les a appelés et fait confiance à la grâce qu’ils ont reçue, ils sont vos pasteurs et rendent présents au milieu de vous l’Unique Pasteur, le Christ.

« Chrétien avec et prêtre pour » disait l’un de vous à Carry le Rouet. Le prêtre est chrétien avec d’autres, fidèle du Christ comme eux et faisant communauté avec eux. En même temps, parmi les baptisés, il est choisi pour un ministère particulier, au service de ses frères dans la foi, en Eglise. Pour accomplir la tâche pastorale prioritaire de la nouvelle évangélisation, serons-nous capables de réaliser ce que Jean-Paul II appelait « un nouveau style de vie pastorale », dont l’une des caractéristiques est une « collaboration féconde avec les laïcs » 16 ? Nous vous invitons à trouver dans cette collaboration l’une de vos grandes joies de pasteurs.

La motion 11 du document de travail de l’assemblée de Pentecôte disait ceci : « Les prêtres n’exercent pas leur ministère seuls, ni pour leur compte. De nombreux laïcs sont associés aux différentes tâches au service de la vie pastorale, et certains d’entre eux plus directement, comme membres nommés dans les ins-tances paroissiales » 17. Ces instances de collaboration au sein de la paroisse sont notamment le conseil pastoral, le conseil économique et l’équipe d’animation pastorale. Conformément au vote de l’assemblée, elles feront l’objet d’une étude approfondie en vue de « directives diocésaines précises et applicables pour si-tuer ces instances de façon ajustée dans l’œuvre du gouvernement pastoral » 18.

15 - Pastores dabo vobis § 1816 - Op. cit. § 18

17 - Document de travail de l'assemblée presbytérale - motion 11 page 2918 - Op. cit. vote de la motion 11 page 29

14 - Jean-Paul II - Au début du nouveau millénaire - 7 janvier 2001 - § 43

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Dans un autre type d’instance, le prêtre peut connaître une difficulté à trouver sa juste place et son rôle : lorsqu’une fonction est confiée à un fidèle laïc, notamment sous la forme d’un office diocésain, et que le prêtre est nommé comme « accompagnateur ». Le fidèle laïc reçoit alors un vrai pouvoir et il doit apprendre à l’assumer selon l’esprit de l’Evangile, en serviteur. Le prêtre « accompagnateur » respectera le fidèle laïc dans sa responsabilité, mais il de-meure le pasteur, et à ce titre, au nom de l’évêque il veille à la communion et à la mission.

Ne confondons pas pouvoir et autorité. L’autorité est donnée par l’Es-prit, dans la grâce de l’ordination presbytérale qui fait du prêtre un pasteur ; elle est l’autorité même du Christ. Le pouvoir est celui d’une fonction donnée pour un temps ; il s’exerce selon l’Evangile dans un total esprit d’abnégation et de service ; le Christ qui avait reçu tout pouvoir du Père est ici notre modèle souverain. Lorsqu’une mission est confiée à un fidèle laïc, ce n’est pas d’abord pour les aptitudes et les compétences qui ont été discernées en lui, mais au nom de l’Esprit qu’il a reçu à son baptême et à sa confirmation.

Que pouvons-nous faire pour une collaboration harmonieuse entre les acteurs de la mission commune ?

D’abord entretenir l’amitié, à la fois sur le plan humain, et comme une grâce à demander.

Ensuite se respecter, se faire mutuellement confiance dans la responsa-bilité de chacun ou la responsabilité partagée, respect et confiance.

Enfin reconnaître le travail de l’Esprit Saint, apprendre à le contempler dans une relecture spirituelle de l’action pastorale.

Pour manifester que l’autorité est celle de l’Esprit, pour toute mission confiée par l’évêque à des fidèles laïcs, nous demandons qu’un envoi en mission soit célébré au cours d’une messe dominicale. Nous demandons à la commission diocésaine de pastorale liturgique et sacramentelle de pro-poser, en se référant au Livre des Bénédictions, un rite d’envoi en mission comprenant un appel, une invocation à l’Esprit Saint, un geste d’engage-ment sur le livre de la Parole de Dieu et une prière de bénédiction.

4 - Une fraternité renouvelée en presbyterium autour de l’évêque

Un des fruits essentiels de la démarche qui a conduit à l’assemblée presbytérale de Pentecôte est d’avoir fortifié la fraternité entre les prêtres et resserré leurs liens autour de l’évêque. Comment entretenir cette richesse de notre presbyterium diocésain d’Aix et Arles ?

Tout d’abord « le lien qui unit l’évêque et le prêtre s’inscrit premiè-rement et fondamentalement dans l’ordre sacramentel » 19. Nous avons redit au cours de notre assemblée que, « dans tous les évènements qui jalonnent l’exercice de la mission du prêtre, cet aspect prioritaire doit être signifié et signifiant ». La messe chrismale, les visites pastorales, la visite de l’évêque aux prêtres malades et, selon sa disponibilité, sa présidence lors des ob-sèques des prêtres, seront des témoignages de ce lien sacramentel qui unit évêque et prêtres.

La fraternité sacerdotale est aussi notre lieu de conversion pour nous faire vivre plus authentiquement notre ministère et notre vie selon l’Evangile.

Le conseil presbytéral réfléchira aux moyens à mettre en œuvre pour faire vivre la fraternité entre les prêtres.

Le doyenné sera un lieu essentiel de rencontres des prêtres résidant sur un territoire : repas fraternel, prière en commun, échange sur le ministère, à un rythme à définir ; les rencontres de doyenné permettront aussi de participer à la préparation des sessions du conseil presbytéral.

Les prêtres apprécient de vivre ensemble des temps forts de vie spi-rituelle. Voici quelques engagements exprimés au cours de l’assemblée de Pentecôte.

Il est souhaité que chacun s’engage à participer aux retraites sacerdo-tales du diocèse au moins tous les deux ans.

Un pèlerinage diocésain des prêtres sera proposé tous les trois ans.

La journée du lundi saint sera un temps de ressourcement spirituel vécu ensemble.

19 - Document de travail de l'assemblée presbytérale - motion 14 page 35

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Une journée fraternelle de rentrée pour les prêtres sera proposée pour lancer l’année pastorale, l’évêque raffermissant chacun dans sa mission.

A ces engagements s’ajoutent deux souhaits.

Chaque prêtre, même retiré, sera s’il le souhaite relié à une commu-nauté paroissiale.

Le Foyer sacerdotal sera conçu comme un lieu ouvert, accueillant large-ment les autres prêtres et les séminaristes, et permettant le partage d’expé-riences pastorales et spirituelles entre générations.

Que soit fortifiée la fraternité entre les prêtres autour de l’évêque. Que cette fraternité se diffuse, qu’une connivence s’établisse, que de vrais liens d’amitié se tissent entre les prêtres et tous ceux qui participent à la mis-sion de l’Eglise dans ce diocèse, diacres, religieux et religieuses, et fidèles laïcs. Que par la grâce de cette fraternité, l’Eglise qui est à Aix et Arles soit le peuple sacerdotal que Dieu suscite dans le Christ. Et qu’ainsi, comme l’exprime Benoît XVI dans sa lettre aux prêtres, nous soyons tous conduits « à l’unité dans l’amour ».

III- Orientations pastorales et missionnaires

Après avoir invité les prêtres à vivre autrement le ministère presbyté-ral, nous appelons tous les baptisés à se mettre à l’écoute de ce que l’Esprit dit à notre Eglise diocésaine. N’ayez pas peur. Vous avez fait le choix d’être chrétiens, et vous voulez vivre en disciples du Christ. Vous aimez l’Eglise et vous voulez la faire vivre. Vous avez le goût de l’Evangile et vous voulez en témoigner par vos paroles et par vos actes. Formons ensemble cette Eglise que nous voulons être, cette Eglise qui porte l’Evangile, célèbre le salut et sert le monde, une Eglise fervente, joyeuse et missionnaire, engagée au cœur du monde, tout entière pénétrée de l’amour du Christ et de sa Parole. Voici, sous le signe de l’Esprit qui fait toutes choses nouvelles, des orientations pastorales et missionnaires pour notre Eglise diocésaine.

1 - Raviver notre souffle missionnaire

« Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie » Jn 20,21

Pour que notre Eglise soit tout entière traversée par un même souffle missionnaire, nous vous proposons deux orientations : la proposition de la foi aux jeunes générations et l’option préférentielle pour les plus pauvres.

Proposer la foi aux jeunes générations

Pour répondre à la profonde quête spirituelle qui marque nos contem-porains, nous chercherons les chemins qui conduiront au Christ les enfants,les adolescents, les jeunes adultes, les futurs mariés et les jeunes parents. Nous formerons des communautés accueillantes et aimantes, ferventes et pétries par l’Evangile, initiatiques et engagées, « aînées dans la foi ». D’une équipe à une autre, d’une paroisse à une autre, d’un mouvement à un autre, d’un service à un autre, nous nous stimulerons et nous concerterons pour aller au large, dans ces eaux profondes où le Christ nous envoie, sur ces chemins où l’Esprit fait toutes choses nouvelles.

Option préférentielle pour les plus pauvres

La crise financière et économique est venu révéler les fragilités de notre société d’abondance. Celle-ci laisse bien souvent dans l’isolement et la solitude ceux qui sont marqués par une épreuve. Les plus pauvres, ceux qui souffrent de la maladie, du vieillissement, d’un handicap, d’une épreuve familiale, de la perte d’un emploi…, trouveront-ils auprès de nos commu-nautés un accueil et un soutien ? Nous apprendrons à devenir de plus en plus des communautés ouvertes, actives et créatives, engagées auprès de ceux qui souffrent. Cette charité de proximité rend authentique et crédible notre acte de foi ; la prière et le partage de la Parole n’ont pas d’autre but que de nous apprendre à aimer. Cette charité du cœur qui nous rend attentifs à notre plus proche prochain est un préambule nécessaire à l’engagement pour la justice, le bien commun et le développement humain intégral. Cette charité puisée dans le cœur du Christ est la source de l’ « amour dans la vérité » dont Benoît XVI dit qu’il est « un grand défi pour l’Eglise dans un monde sur la voie d’une mondialisation progressive et généralisée » 20. Nous invitons les diacres per-

20 - Benoît XVI - Caritas in veritate § 9

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manents et le Conseil diocésain de la Solidarité à nous rappeler à temps et à contre temps cet engagement de notre Eglise auprès des plus pauvres.

Pour chacune de nos initiatives au sein de nos paroisses, services et mouvements, nous nous interrogerons :

Comment sont-elles ouvertes aux jeunes générations ?

Comment manifestent-elles l’engagement de l’Eglise auprès des plus pauvres ?

2 - Progresser dans la communion

« Que tous soient un,afin que le monde croie » Jn 17,21

Toute notre vie en Eglise doit être animée par la communion fraternelle. Et toute notre vie de baptisé doit être animée par le désir de faire Eglise. Le lieu où nous apprenons la communion fraternelle et où nous faisons Eglise, c’est la communauté. Mais quand nous parlons de communauté, que disons-nous ? Nous la définissons de trois manières.

La communauté, c’est l’Eglise diocésaine, autour de l’évêque. « Là où est l’évêque, là est l’Eglise » disait saint Ignace d’Antioche. Tandis que s’ex-prime en son sein la belle diversité des dons et charismes, notre Eglise dio-césaine forme une communauté et nous favoriserons tout ce qui la fait vivre, notamment :

L’appel décisif des catéchumènes et la messe chrismale : ces deux cé-lébrations feront chaque année l’objet d’invitations à tous les diocésains

Les visites pastorales de l’évêque : elles sont « un temps essentiel pour réaffirmer et développer la communion dans l’Eglise diocésaine et donc soutenir la mission des communautés » 21.

La communauté, c’est l’Eglise rassemblée autour de l’eucharis-tie dominicale présidée par le prêtre. « L’eucharistie fait l’Eglise » dit

l’adage ancien de nos pères. Le premier jour de la semaine, Dieu convoque son peuple autour du Christ ressuscité, comme au matin de Pâques. Nous pourrions parler ici de communauté paroissiale. Pourtant, avant d’être une communauté, le rassemblement dominical est une assemblée convo-quée par Dieu, l’assemblée d’un ramassis de peuples, de tous les âges et de toutes conditions, une assemblée où on ne se choisit pas, où deux « ennemis » peuvent être convoqués côte à côte, une assemblée à laquelle le Christ dira, par la voix du diacre : « Donnez-vous la paix ». Dieu y partage sa parole, sa présence réelle et sa communion.

Nous invitons les communautés à « vivre autrement le dimanche », en y ravivant les trois dimensions de la vocation baptismale : la prière, la foi et la charité.

La communauté vit en chaque cellule d’Eglise. Pouvons-nous penser qu’un jour chaque baptisé appartiendra à une petite cellule d’Eglise où il par-tagera la prière, la Parole de Dieu et l’amour fraternel ? Pouvons-nous espérer que se multiplient dans les quartiers, villages et lieux de vie, des foyers de vie chrétienne, des communautés vivantes et repérables ?

Susciter des petits groupes pour prier, partager la Parole de Dieu et apprendre à aimer.

3 - Porter ensemble la mission de l’Eglise

« Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous » I Co 12,7

Le mot communion a deux significations, selon l’étymologie qu’on lui donne. Com-union : vivre dans l’unité. Com-munus : porter ensemble une charge. Evêques de ce diocèse, nous vous invitons à porter avec nous la charge que nous avons reçue, la mission que le Christ nous a confiée. « Il est abso-lument nécessaire que chaque fidèle laïc ait toujours vive conscience d’être un membre de l’Eglise, à qui est confiée une tâche originale, irremplaçable et qu’il ne peut déléguer, une tâche à remplir pour le bien de tous » 22. Voici comment nous pouvons porter ensemble la mission d’évangélisation que le Christ nous confie.

21 - Document de travail de l'assemblée presbytérale - motion 3 page 17 22 - Jean-Paul II - Christifideles laïci § 28

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Page 10: Lettre Pastorale

Apostolat des laïcs :

Nous souhaitons que les fidèles laïcs soient toujours plus nombreux à s’engager dans cet apostolat au cœur de la société, sous les formes les plus diverses ; c’est la première vocation du fidèle laïc. Il y a 20 ans, dans son exhortation apostolique, Jean-Paul II parlait d’ « une nouvelle saison d’association des fidèles laïcs » 23. Cet apostolat est premier dans la voca-tion des fidèles laïcs, nous le soutiendrons et nous demandons aux prêtres d’apporter aux baptisés engagés dans les mouvements leur soutien spiri-tuel, amical et pastoral.

Instances de collaboration pastorale au sein des paroisses :

Conseils pastoraux et conseils économiques : chaque curé est invité à appeler des fidèles laïcs à former ces conseils au sein de chaque paroisse, selon les statuts diocésains.

Equipes d’animation pastorale : elles sont inscrites dans le droit dio-césain ; les membres sont nommés par l’évêque et reçoivent de lui une lettre de mission ; il est souhaité que ces équipes soient mises en place progressivement dans chaque paroisse ou unité pastorale 24.

Les statuts de ces instances seront revus pour préciser des points faisant actuellement difficulté.

Instances de collaboration diocésaines :

Le conseil pastoral diocésain : il est inscrit dans le droit diocésain ; ses membres sont la voix du peuple de Dieu auprès de l’évêque ; ils sont ap-pelés au nom de leur expérience, de leur engagement chrétien, de leur sagesse dans le discernement spirituel et pastoral. Il rendra visible son pré-cieux travail par une communication annuelle au diocèse.

Les services diocésains : leurs responsables sont nommés par l’évêque dont ils sont les collaborateurs pour le service des communautés et des pa-roisses ; ils sont guidés par l’esprit de service ; l’Eglise diocésaine compte sur leur écoute, leur créativité, leur dynamisme spirituel, théologique et pasto-ral. Nous souhaitons engager une réflexion pour repenser l’organisation des services diocésains et soumettons l’hypothèse de trois « pôles » correspon-dant aux trois missions de l’Eglise : évangélisation, diaconie, vie spirituelle 25.

Le conseil diocésain de la vie religieuse : nous serons attentifs à sa ré-flexion sur la mission de notre Eglise diocésaine, et plus particulièrement pour une Eglise qui appelle.

4 - Vivre autrement sa vie de baptisé

« Que devons-nous faire ?Convertissez-vous, Vous recevrez alors le don du Saint Esprit » Ac 2,38

Ce que nous avons dit aux prêtres, nous le disons à chaque baptisé. Laissons-nous évangéliser chaque jour par la Parole de Dieu dans les Ecri-tures. Laissons-nous sanctifier par la prière quotidienne et par les sacrements, en particulier l’eucharistie et le sacrement de réconciliation. Ravivons en nous l’engagement pour la justice et la paix, pour une humanité davantage ajustée à sa vocation divine.

Nous vous invitons à prendre chaque jour le temps de la prière : chaque matin vous mettre sous le regard de Dieu et en sa présence, chaque soir dire merci, demander pardon et confier vos intentions de prière ; chaque jour vous nourrir de la Parole de Dieu, au moins un verset de l’Ecriture.

Nous vous invitons à participer chaque dimanche à l’assemblée domini-cale autour du Christ ressuscité, à vous préparer à ce rendez-vous, à le désirer, à lire les textes de l’Ecriture qui y seront proclamés.

Nous vous invitons à être attentifs aux appels à aimer qui vous sont adres-sés chaque jour, à faire révision de votre vie, à demander la grâce du pardon.

Ne restez pas seuls. Au sein des mouvements, des aumôneries et des pa-roisses de notre diocèse, il existe des groupes de chrétiens qui se réunissent chaque semaine pour prier, partager la Parole et apprendre à aimer comme le Christ.

5 - Vers un rassemblement diocésain

« Toute prête, comme une fiancée parée pour son époux » Apoc 21,2

23 - Jean-Paul II - Op. cit. § 2924 - Document de travail de l'assemblée presbytérale - motion 11 page 2925 - 0p. cit. motion 30 page 53

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Page 11: Lettre Pastorale

De ce que les prêtres ont partagé pendant l’assemblée de Pentecôte, il resterait beaucoup à dire. Nous retiendrons encore plusieurs souhaits qu’ils ont émis.

Des chantiers pastoraux ont été considérés comme une urgence mis-sionnaire 26 : le complexe ITER, les nouvelles régions de développement, les migrants et les étrangers, la pastorale du tourisme, les étudiants… Nous savons aussi les difficultés des producteurs de fruits et légumes en Provence, celles des familles d’ouvriers licenciés des industries frappées par la crise économique au-tour de l’étang de Berre, et bien d’autres dans tous les milieux. Nous formerons une Eglise attentive à ces réalités, active sur ces chantiers.

Nous engageons notre diocèse dans l’étude d’un remodelage pastoral territorial pour que les structures de notre Eglise soient adaptées aux réalités humaines et à nos forces 27. Sous la responsabilité du père Michel ISOARD, vi-caire général, une équipe étudiera cette question et fera une proposition qui sera soumise aux différents conseils de l’évêque. Ce chantier demandera du temps, aucune échéance n’est fixée sur son terme.

Autre urgence missionnaire : la catéchèse. Le groupe « Ecclésia » d’Aix et Arles a donné ses réflexions et ses propositions. De nouvelles consultations sont en cours. Des orientations catéchétiques seront données dès le printemps 2010, pour tous les âges et les étapes de la vie.

Mais l’urgence des urgences est notre conversion. Conversion per-sonnelle, conversion de nos groupes et de nos communautés, conversion de notre Eglise diocésaine. Déjà en 1996 la lettre des évêques aux catholiques de France rappelait que « dans les périodes critiques, c’est toujours d’un ap-profondissement de la foi qu’ont procédé les grandes réformes religieuses et spirituelles, les mouvements de renouveau théologique et apostolique » 28. Au cours de l’année qui vient, d’octobre 2009 à octobre 2010, engageons-nous ré-solument sur ce chemin de renouveau personnel et communautaire, en ravivant la ferveur de notre prière, le cœur de notre foi et l’intensité de notre amour.

Nous vous donnons rendez-vous dans un an pour un grand rassem-blement diocésain, le dimanche 3 octobre 2010.

Conclusion

Vivre autrement le ministère, vivre autrement l’Eglise, telle est l’invi-tation de cette lettre pastorale. Vivre autrement, n’est-ce pas aussi l’aspiration de nos contemporains ? Aspiration à vivre autrement les relations humaines, de famille, de travail et de voisinage. Vivre autrement la place de l’homme dans l’histoire, son rapport à la terre et à l’environnement, pour un nouvel art de vivre. Vivre autrement la collaboration entre les peuples, pour le service du bien commun. Nous portons en nous cette aspiration à une nouvelle création. « Nous le savons bien, écrit saint Paul, la création tout entière passe par les douleurs de l’enfantement qui dure encore. Et elle n’est pas seule. Nous aussi, nous crions » (Ro 8,22-23). Mais nous croyons en la promesse du don de l’Esprit. Vivre autrement, c’est naître de l’Esprit.

Que la grâce de Jésus notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père et la com-munion de l’Esprit Saint soient avec nous. Et que Marie, Immaculée Concep-tion, patronne de notre diocèse, prie pour nous et implore sur nous l’Esprit qui fait toutes choses nouvelles.

Aix-en-Provence le 18 octobre 2009,

En la fête de saint Luc,

+ Claude FEIDT + Christophe DUFOURArchevêque d’Aix et Arles Archevêque coadjuteur d’Aix et Arles

26 - Op. cit. motion 6 page 2127 - Op. cit. motion 27 page 5128 - Proposer la foi dans la société actuelle - Cerf 1996 - page 39

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Page 12: Lettre Pastorale

Sommaire

I - L’Eglise que nous voulons être : pour l’Evangile ......................... p. 4

1 - Nous voulons être une Eglise qui porte l’Evangile, ................................... p. 52 - Nous voulons être une Eglise qui propose la foi. ....................................... p. 53 - Nous voulons être une Eglise qui donne à chaque baptisé de vivre pleinement sa vocation baptismale. ............................................. p. 54 - Nous voulons être une Eglise où tous les baptisés sont acteurs de la mission commune. .......................................................... p. 65 - Nous voulons être une Eglise qui appelle . ................................................... p. 6

II - Prêtres au service de l’Eglise que nous voulons être ................. p. 7

1 - Une conversion personnelle ......................................................................... p. 82 - Une pastorale qui propose, engendre et fonde ........................................ p. 93 - La collaboration pastorale ........................................................................ p. 104 - Une fraternité renouvelée en presbyterium autour de l’évêque .......... p. 13

III- Orientations pastorales et missionnaires ...................................... p. 14

1 - Raviver notre souffle missionnaire ......................................................... p. 152 - Progresser dans la communion .............................................................. p. 163 - Porter ensemble la mission de l'Eglise ................................................... p. 174 - Vivre autrement sa vie de baptisé .......................................................... p. 195 - Vers un rassemblement diocésain .......................................................... p. 19

Conclusion ......................................................................................................... p. 21