Lettre N°13

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L La Lettre de la Bibliothèque - N° 13 - PRINTEMPS 2003 1 L A LETTRE DE LA BIBLIOTHÈQUE N° 13 - Printemps 2003 Maison de la culture du Japon à Paris A LETTRE DE LA BIBLIOTHÈQUE La Lettre de la Bibliothèque - N° 13 - PRINTEMPS 2003 1 N° 13 - Printemps 2003 ISSN 1291-2441 J ean-Jacques Origas nous a quittés le 26 janvier 2003. Le vide qu’il laisse parmi ses collègues et ses étudiants est à la mesure de la place qu’il oc- cupait en France dans le milieu des études japonaises. Il était vé- ritablement l’âme et la mémoire du département de langue et civi- lisation japonaises de l’INALCO. Dès l’âge de 22 ans, en 1960, Jean-Jacques Origas s’était tour- né vers l’étude du japonais, après avoir obtenu sa licence d’en- seignement de Lettres classiques et été reçu major à l’agrégation d’allemand. Les cours d’Etiemble à la Sorbonne — qui firent entrer la littérature d’Extrême-Orient à l’Université —, l’amitié qu’il noua à l’Ecole normale supé- rieure avec le premier étudiant japonais admis comme pension- naire, Abe Yoshio — le grand tra- ducteur de Baudelaire —, mais aussi sa passion pour le cinéma japonais, l’avaient orienté vers cette voie inattendue. Après un bref passage sur les bancs des LANGUES’O, J.-J. Origas partit dès 1961 pour Tôkyô afin d’y entreprendre des re- cherches sur le roman japonais entre la fin du XIX e et le début du XX e siècle, en vue de rédiger un doctorat de littérature comparée. Admis à l’Université Waseda, il y approfondit sa connaissance de la littérature de Meiji. Son premier essai, rédigé au Japon à la fin de son séjour, porte sur le style des œuvres de jeunesse de Mori Ôgai (1964) et reste un repère essentiel Hommage à Jean-Jacques Origas (1937-2003) Christophe Marquet Maître de conférences à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales dès 1969. Il investit une grande partie de son énergie dans la réfor- me de l’enseignement du japonais, alors que les effectifs ne cessaient d’augmenter d’année en année. J.-J. Origas poursuivit tout au long de sa carrière, pendant près de qua- rante ans, cette œuvre de forma- tion des étudiants aux structures élémentaires de la langue japo- naise — dans le cours de syn- taxe qu’il avait conçu pour la pre- mière année —, parallèlement à ses recherches sur la littérature moderne. Ce travail fut accompli avec une volonté inébranlable, bien que dans des conditions maté- rielles difficiles. «Nous savions, malgré les difficultés contingentes qu’il nous fallait affronter, et dont beaucoup subsistent encore, que nous aurions à mener de front la pratique quotidienne de l’étude (ou de l’enseignement) et l’effort de recherche, dans sa rigueur et dans sa nouveauté », rappelait-il en 1992, en introduction au premier numéro de la revue Cipango, à la création de laquelle il avait œuvré au sein du Centre d’études japo- naises de l’INALCO. J.-J. Origas a aussi dirigé, avec une grande exi- gence et un soin extraordinaire, plus d’une centaine de travaux de recherche (maîtrises, DEA et doc- torats) sur la littérature et d’autres domaines de la culture du Japon moderne, comme l’histoire de l’art, l’éducation, la langue ou le cinéma. Très attaché aussi au dévelop- pement de l’enseignement du ja- ponais dans le secondaire, il avait participé activement en 1984 à la mise en place d’une agrégation de pour l’étude de cet écrivain majeur du Japon moderne. J.-J. Origas ne se départira plus de son attache- ment à Ôgai et cette année encore, il avait choisi pour préparer les étudiants à l’agrégation de japo- nais, le récit MaihimeD’autres études importantes suivront, sur Natsume Sôseki, Tsubouchi Shôyô ou Masaoka Shiki. Leurs titres sont déjà un en- chantement : « Kumode no machi » (“La toile d’araignée” de la ville), «Yoru no naka no sûji» (Chiffres dans la nuit), « Shasei no aji » (La saveur des croquis). D’une écriture vivante et surprenante, ces textes savoureux révèlent une sensibilité rare et emportent l’adhésion du lecteur par le caractère pénétrant de leurs analyses. Bien loin du style des études académiques, ils évoquent plutôt la proximité de René Char ou de Julien Gracq, écrivains chers à son cœur. De retour en France en 1964, J.-J. Origas fut nommé l’année sui- vante maître-assistant à l’Ecole na- tionale des langues orientales vi- vantes, puis Professeur titulaire

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N° 13 - Printemps 2003 N° 13 - Printemps 2003 (1937-2003) Christophe Marquet ISSN 1291-2441 pour l’étude de cet écrivain majeur du Japon moderne. J.-J. Origas ne se départira plus de son attache- ment à Ôgai et cette année encore, il avait choisi pour préparer les étudiants à l’agrégation de japo- nais, le récit Maihime… Maison de la culture du Japon à Paris Maître de conférences à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales 1 1

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La Lettre de la Bibliothèque - N° 13 - PRINTEMPS 2003 1

LA LETTRE DE LA

BIBLIOTHÈQUE

N° 13 - Printemps 2003Maison de la culture du Japon à Paris

A LETTRE DE LA

BIBLIOTHÈQUE

La Lettre de la Bibliothèque - N° 13 - PRINTEMPS 2003 1

N° 13 - Printemps 2003

ISSN 1291-2441

Jean-Jacques Origas nous aquittés le 26 janvier 2003.Le vide qu’il laisse parmi

ses collègues et ses étudiants està la mesure de la place qu’il oc-cupait en France dans le milieudes études japonaises. Il était vé-ritablement l’âme et la mémoiredu département de langue et civi-lisation japonaises de l’INALCO.

Dès l’âge de 22 ans, en 1960,Jean-Jacques Origas s’était tour-né vers l’étude du japonais, aprèsavoir obtenu sa licence d’en-seignement de Lettres classiqueset été reçu major à l’agrégationd’allemand. Les cours d’Etiembleà la Sorbonne — qui firent entrerla littérature d’Extrême-Orient àl’Université —, l’amitié qu’ilnoua à l’Ecole normale supé-rieure avec le premier étudiant japonais admis comme pension-naire, Abe Yoshio — le grand tra-ducteur de Baudelaire —, maisaussi sa passion pour le cinémajaponais, l’avaient orienté verscette voie inattendue.

Après un bref passage sur lesbancs des LANGUES’O, J.-J.Origas partit dès 1961 pour Tôkyôafin d’y entreprendre des re-cherches sur le roman japonaisentre la fin du XIXe et le début duXXe siècle, en vue de rédiger undoctorat de littérature comparée.Admis à l’Université Waseda, il yapprofondit sa connaissance de lalittérature de Meiji. Son premieressai, rédigé au Japon à la fin deson séjour, porte sur le style desœuvres de jeunesse de Mori Ôgai(1964) et reste un repère essentiel

Hommage à Jean-Jacques Origas(1937-2003)

Christophe MarquetMaître de conférences à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales

dès 1969. Il investit une grandepartie de son énergie dans la réfor-me de l’enseignement du japonais,alors que les effectifs ne cessaientd’augmenter d’année en année. J.-J. Origas poursuivit tout au longde sa carrière, pendant près de qua-rante ans, cette œuvre de forma-tion des étudiants aux structuresélémentaires de la langue japo-naise — dans le cours de syn-taxe qu’il avait conçu pour la pre-mière année —, parallèlement àses recherches sur la littératuremoderne. Ce travail fut accompliavec une volonté inébranlable,bien que dans des conditions maté-rielles difficiles. «Nous savions,malgré les difficultés contingentesqu’il nous fallait affronter, et dontbeaucoup subsistent encore, quenous aurions à mener de front lapratique quotidienne de l’étude (oude l’enseignement) et l’effort derecherche, dans sa rigueur et danssa nouveauté », rappelait-il en1992, en introduction au premiernuméro de la revue Cipango, à lacréation de laquelle il avait œuvréau sein du Centre d’études japo-naises de l’INALCO. J.-J. Origas aaussi dirigé, avec une grande exi-gence et un soin extraordinaire,plus d’une centaine de travaux derecherche (maîtrises, DEA et doc-torats) sur la littérature et d’autresdomaines de la culture du Japonmoderne, comme l’histoire de l’art,l’éducation, la langue ou le cinéma.

Très attaché aussi au dévelop-pement de l’enseignement du ja-ponais dans le secondaire, il avaitparticipé activement en 1984 à lamise en place d’une agrégation de

pour l’étude de cet écrivain majeurdu Japon moderne. J.-J. Origas nese départira plus de son attache-ment à Ôgai et cette année encore,il avait choisi pour préparer lesétudiants à l’agrégation de japo-nais, le récit Maihime…

D’autres études importantessuivront, sur Natsume Sôseki,Tsubouchi Shôyô ou MasaokaShiki. Leurs titres sont déjà un en-chantement : «Kumode no machi»(“La toile d’araignée” de la ville),«Yoru no naka no sûji» (Chiffresdans la nuit), «Shasei no aji» (Lasaveur des croquis). D’une écriturevivante et surprenante, ces textessavoureux révèlent une sensibilitérare et emportent l’adhésion dulecteur par le caractère pénétrantde leurs analyses. Bien loin dustyle des études académiques, ilsévoquent plutôt la proximité deRené Char ou de Julien Gracq,écrivains chers à son cœur.

De retour en France en 1964,J.-J. Origas fut nommé l’année sui-vante maître-assistant à l’Ecole na-tionale des langues orientales vi-vantes, puis Professeur titulaire

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REGARDS SUR LE FONDS

USUEL

- PÉRÈS, Rémi Chronologiedu Japon au XXe siècle. Paris :Vuibert, 2001. 160p.

Cet ouvrage présente avecprécision les grands événementséconomiques, politiques et so-ciaux du Japon du XXème siècle.L’impérialisme de la SecondeGuerre mondiale, l’avènementdu Japon comme grande puis-sance économique, et d’autresfaits marquants de l’histoire sont décomposés ici en dix dé-cennies. Des fresques chrono-logiques, toutes sur le mêmeschéma, facilitent la visuali-sation des dates-clés de l’his-toire du Japon en les restituantdans leur contexte mondial. Lesexplications et les textes ana-lytiques font de cet ouvrage un outil indispensable pour tous ceux que l’histoire écono-mique et sociale du Japon inté-resse.

SOCIÉTÉ

- GOTTLIEB, Nanette etMcLELLAND, Mark Japanesecybercultures. London/New York:Routledge, 2003. 252p.

Somme de plusieurs essais,cet ouvrage en anglais montre dequelle manière les Japonais uti-lisent et développent d’une ma-nière tout à fait spécifique cenouveau moyen de communi-cation qu’est Internet. Ils y ac-cèdent généralement par le biaisde dispositifs portatifs comme letéléphone portable par exemple.Par ailleurs, le web est devenuun moyen d’expression efficacepour certaines cultures parallèlesou marginales comme la culturehomosexuelle. Il participe aussià la diffusion de divers courantsd’idées politiques et sociales.

- PELLETIER, Philippe Japon,crise d’une autre modernité.Paris : Editions Belin, 2003.207p.

L’auteur, chercheur et géo-graphe, s’interroge ici sur la no-tion de «modernité» japonaise.Le Japon incarne en effet unemodernité née en dehors du ber-ceau occidental et qui fait figured’exception. Depuis une dizained’années cependant, la crise tou-che l’Archipel. Pour comprendreles raisons de ces difficultés éco-

nomiques, le Japon ne doit pasêtre considéré comme un toutstrictement homogène, ni géo-graphiquement, ni socialement.

Fondé sur une synthèse denombreux travaux japonais etoccidentaux, cet ouvrage nouslivre une analyse vivante del’évolution du Japon sur le planéconomique et social.

CULTURE POP

- GOMARASCA, Alessandro(direction) Poupées, Robots –La culture pop japonaise.Paris : Autrement, 2002. 159p.

Depuis Astro Boy etGoldorak, la frénésie pour lemanga nippon n’a cessé de s’im-poser à travers le monde. Au-jourd’hui, ce sont leurs descen-

REGARDS SUR LE FONDS

langue et de culture japonaises,dont il assura à de nombreuses re-prises la préparation et la prési-dence du jury.

Au Japon — où il était admiréde ses collègues —, J.-J. Origasdirigea plusieurs programmes derecherche sur la littérature mo-derne, à l’invitation de l’Institutnational de littérature japonaise deTôkyô (Kokuritsu kokubungakukenkyû shiryôkan) de 1991 à1992, et du Centre de rechercheinternational sur la culture japo-naise (Kokusai Nihon bunka ken-kyû sentâ) de Kyôto, en 1996. Ils’attacha alors à étudier l’art del’«essai au fil du pinceau» (zuihit-su) à l’époque de Meiji — genredans lequel il voyait l’une des ori-ginalités de la production littérairede cette époque — et l’œuvre de

Tokutomi Roka à l’aube du XXe

siècle, écrivain dont il révéla l’im-portance, malgré le relatif oublidans lequel il était tombé.

J.-J. Origas eut aussi le soucide fournir à un public plus largedes repères sur la littérature duJapon. Et l’on peut dire que parson enseignement et ses écrits, il alargement contribué à donner unevraie place à la littérature duJapon moderne dans la culturefrançaise. L’aboutissement de cetravail fut la rédaction du Diction-naire de littérature japonaise(PUF, 1994) : œuvre collective,elle réunit près de quatre-vingtspécialistes, dont une grande par-tie était ses anciens étudiants…

Sa contribution considérable àl’enseignement de la langue et de

la littérature japonaises a été sa-luée par la remise du Prix spécialde la Fondation du Japon (1988),du titre de Commandeur desPalmes Académiques (1990) et del’Ordre du Trésor sacré (1998).

Malgré l’épreuve que lui infli-geait la maladie, il poursuivit sansrelâche son travail d’enseignementet de recherche, préoccupé parchacun de ses étudiants et traçantencore et encore des perspectivespour l’avenir. Ainsi, en 2001, ilparticipa à la fondation du Centred’études japonaises d’Alsace et enassura la présidence.

J.-J. Origas fut un immense pé-dagogue, chaleureux et passionné,un maître généreux, qui sut trans-mettre sa passion à nombre de sesétudiants. Nous lui en sommes in-finiment redevables.

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dants, Gundam, Platabop ouEvangelion qui occupent lascène des mangas, de l’anima-tion, de la mode et des jeuxvidéo. Ce livre propose un voyage dans l’univers de la cul-ture pop japonaise, s’intéressantaux robots mais aussi à d’autresmanifestations et créations decette jeune culture à l’influencegrandissante en Asie et dans lemonde occidental. Les auteursanalysent ces tendances très ac-tuelles d’un point de vue socio-logique. L’ouvrage est complétépar les adresses de la «manga-philie en France».

ROBOTIQUE

- Collectif : RoBolution. Tokyo :Nikkei Mekanikaru & NikkeiDesign, 2001. 127p

Cet ouvrage en japonaisnous présente de façon à la foisinstructive et ludique l’essentielde la robotique nipponne. Lesnombreux schémas, photogra-phies et fiches techniques sontcomplétés par des entretiensavec des inventeurs et ingé-nieurs de différentes firmes etlaboratoires. L’ouvrage se ter-mine par un rappel historique,suivi d’un lexique des termestechniques et d’une liste dessites web des principaux centresde recherches.

Nous vous signalons à cepropos, que la MCJP organiseraà l’automne 2003 une grande ex-position consacrée aux robots.

LITTÉRATURE

- FRANK, Bernard (traductionet présentation) La mère durévérend Jôjin – Un malheurabsolu. Paris : Gallimard, 2003.154p.

Du jour où elle apprend queson fils projette de partir en pèle-rinage en Chine, la mère du ré-vérend Jôjin décide de prendrela plume. Pendant près de troisans, de 1071 à 1073, son journalrelate les différentes étapes duvoyage de Jôjin, mais surtout sefait l’écho de tous les sentimentsqui étreignent une vieille mèredésespérée au seuil de la mort.Première traduction de ce textedans une langue occidentale,

élaborée par le professeur B.Frank au cours d’un séminaireau Collège de France et publiéeà titre posthume.

- MURAKAMI, Haruki Lesamants du Spoutnik, traduitpar Corinne Atlan. Paris : Bel-fond, 2003. 276p.

K. est un instituteur de na-ture douce et sentimentale. Il aime Sumire, étudiante aucomportement un peu étrangedont il est le confident. L’ap-parition de Miu, femme mûre,d’une beauté sophistiquée agitcomme un cataclysme: elle en-traîne Sumire dans une passionincontrôlable qui l’amènera surune île grecque. C’est alors quela jeune fille disparaît mysté-rieusement…

Avec ce neuvième romantraduit en français, MurakamiHaruki confirme une fois deplus son talent de conteur dansun récit intimiste et envoûtant.

- MACHIDA, Kô Tribulationsavec mon singe, traduit parJacques Lalloz. Arles : ActesSud, 2003. 165p.

Dans une traduction pi-quante respectant le langage dé-calé du héros, ce roman conteles aventures d’un scénariste auchômage, qui, après le départ desa femme, va d’un échec cuisantà un autre. Son désespoir ne feraqu’accélérer sa chute dans ununivers de plus en plus saugre-nu, à la limite du réel. Ce romandébordant d’imagination, écritdans un style percutant par unancien chanteur de rock punk,est la preuve que la littérature ja-ponaise actuelle nous réserveencore de bonnes surprises.

HISTOIRE

- PIGEOT, Jacqueline Femmesgalantes, femmes artistes dansle Japon ancien – XIe-XIIIe

siècles. Paris : Gallimard, 2003.373p.

Fruit d’une vingtaine d’an-nées de recherche, cette étuded’une grande spécialiste du Japonancien porte sur les femmes ga-lantes (yûjo, shirabyôshi…), leurreprésentation, à une époque oùse divertir avec des courtisanesétait «l’un des plaisirs de la vie».Loin d’être méprisées, ces fem-mes jouissaient au sein de la so-ciété d’un statut particulier, cer-taines suscitant même par leurart consommé du chant et de ladanse l’admiration des lettrés etpoètes, ainsi qu’en témoignentles nombreux textes réunis etanalysés dans cet ouvrage.

- PROUST, Jacques et Ma-rianne Le puissant royaumedu Japon : La description deFrançois Caron (1636). Paris :Chandeigne, 2003. 319p.

François Caron (1600-1672),fils de huguenots français réfu-giés aux Pays-Bas, s’engageatrès jeune au service de laCompagnie néerlandaise desIndes orientales (VOC), fondéeen 1602. Il vécut plus de vingtans au Japon, y fonda une fa-mille et y réussit si bien qu’il at-teignit dans la Compagnie leposte de directeur général, avantde se retirer des affaires, en1651. Maîtrisant le japonais,Caron fut un interlocuteur privi-légié des autorités nippones, etnous laissa de son expériencedeux textes principaux: Le puis-sant royaume du Japon et Un re-gistre journalier. Ce livre, quien offre une nouvelle traduction,est accompagné de notes, d’uneimportante bibliographie, d’in-dexes et d’un glossaire de motsd’origine étrangère.

- De TOUCHET, ElisabethQuand les Français armaientle Japon – La création de l’ar-senal de Yokosuka 1865-1882.Rennes: Presses Universitairesde Rennes, 2003. 420p.

On ne le sait pas assez :c’est la France qui a créé le premier arsenal maritime du Japon, à Yokosuka en 1865.

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Bibliothèque de l’Institut des Hautes Etudes Japonaises (IHEJ)

Institution unique en son genreen matière d’enseignement supé-rieur, pôle important de recherchefondamentale, le Collège deFrance compte plusieurs institutsspécialisés, dont l’Institut desHautes Etudes Japonaises. Nousnous sommes rendues à la biblio-thèque de l’IHEJ qui dépend di-rectement de cet institut et bénéfi-cie du soutien du CNRS. Cettebibliothèque possède des collec-tions exceptionnelles en religion,littérature, histoire et anthropolo-gie japonaises, des origines jus-qu’au début du XXème siècle. Cefonds d’une grande richessecompte quelque 30 000 ouvrages,dont 3 000 dans des langues occi-dentales.

Dans la petite salle d’accueil,plusieurs catalogues informatisésrecensent le fonds japonais et l’en-semble des collections détenues

par les bibliothèques d’Extrême-Orient du Collège de France. Ilspermettent, d’une part, de consul-ter plus de 100 000 notices (dontenviron 80 000 accessibles dansleur langue d’origine: chinois, ja-ponais et coréen), et d’autre part,d’accéder aux catalogues d’autrescentres de recherche via Internet.Vient ensuite une salle de lectureaux panneaux boisés, mettant àdisposition des étudiants et deschercheurs, nombre d’usuels etd’ouvrages de référence (encyclo-pédies, dictionnaires, etc.). Lereste du fonds est conservé dansun magasin dans les étages supé-rieurs et la consultation des ou-vrages se fait uniquement sur de-mande. Il faut tout de même noterque l’accès de cette bibliothèqueest réservé aux chercheurs, ensei-gnants et étudiants avancés. Pource qui est du prêt, des modalités

avantageuses sont proposées auxpersonnes inscrites.

Un dernier mot aux lecteurs dela bibliothèque de la MCJP, dési-reux de pousser plus loin leur re-cherches dans les domaines men-tionnés ci-dessus : la bibliothèquede l’IHEJ est l’une des incontour-nables institutions françaises pos-sédant un fonds japonais spécia-lisé qui pourra vous offrir uncomplément d’information sé-rieux.Bibliothèque de l’IHEJ – Collège de France52, rue du Cardinal Lemoine 75231 Paris cedex 05Tél : 01 44 27 18 06/18 24 Fax : 01 44 27 18 23Ouverture du lundi au vendredi :10h-12h et 14h-17h.Catalogue en ligne :http://www.college-de-France.fr/cgi-bin/webbdr/grille?base=jap

4 La Lettre de la Bibliothèque - N° 13 - PRINTEMPS 20034 La Lettre de la Bibliothèque - N° 13 - PRINTEMPS 2003

MAISON DE LA CULTURE DU JAPON À PARISBIBLIOTHÈQUE

101 bis, quai Branly 75740 Paris cedex 15

Tél : 01.44.37.95.50 - Fax : 01.44.37.95.58 - internet : http ://www.mcjp.asso.fr

Directeur de la publication : Hisanori ISOMURARédaction : Etsuko MORIMURA - Florence PASCHAL - Pascale TAKAHASHI - Kazuo LEE - Racha ABAZIED

Composition : Texto! Roubaix - Impression : Imprimerie Artésienne Liévin

Dépôt légal : 2e trimestre 2003

Maisonde la Culturedu Japonà Paris

Heuresd’ouverture

Du mardi au samedi

13h00-18h00Nocturne le jeudi

jusqu’à 20h00

FermetureLes dimanches,

lundis et jours fériésDu 1er au 30 août inclus

Cette base navale, exemple re-marquable de transfert de tech-nologies, fut construite sous laresponsabilité conjointe du gou-vernement shogunal (bakufu) etde la France. A l’heure actuelle,elle est utilisée par l’US Navy et par les Forces japonaisesd’Auto-défense.

Cette étude, qui s’appuie àparts égales sur des archives fran-çaises et japonaises, décrit lesmultiples facettes de cette colla-boration exemplaire.

Prix Shibusawa-Claudel 2003.

Histoire moderne

- HADLEY, Eleanor M. Memoirof a Trustbuster : A LifelongAdventure with Japan. Honolu-

lu : University of Hawai’i Press,2003. 175p.

Ayant étudié l’économie ja-ponaise pendant la SecondeGuerre mondiale, l’auteur futnommée conseillère économiquedes Forces alliées d’occupationdirigées par le Général MacAr-thur. Afin de démilitariser le Japon, elle prit en charge le démantèlement des « zaibatsu »,entreprises monopolistiques detype conglomérat. En 1947 futainsi mise en place la loi anti-monopole, dont le but était d’in-terdire le monopole privé etd’assurer la libre concurrence.Ces mémoires, tout en dévoilantles fondements de l’entreprisejaponaise moderne, témoignentdu parcours difficile de l’auteur à

l’époque du maccarthysme auxÉtats-Unis.

- SEAGRAVE, Sterling et PeggyOpération Lys d’Or. Paris :Michalon, 2002. 440p.

Dix-huit années d’enquête ontpermis au couple de journalistesSeagrave de révéler au grand jourune page d’histoire fort troubleque les principaux protagonistescontinuent de nier : « l’opérationLys d’Or», à savoir le pillage or-ganisé et systématique des régionsoccupées en Asie par l’armée im-périale durant la Seconde Guerremondiale. Cette reconstitutionchronologique nous apprend enoutre qu’une partie de ce «trésorde guerre », récupérée par lesÉtats-Unis, aurait servi à financerla guerre froide.

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