Lettre économique Japon, Corée, Australie et Nouvelle-Zélande n36 (mai 2012)
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Lettre économique
Japon, Corée, Australie et Nouvelle-Zélande
n°36
© DG Trésor 25 mai 2012
Sommaire 1) Japon : quelle politique de croissance ? .............................................................................................................. 3
Le Japon est confronté à un ralentissement important de sa croissance depuis une vingtaine d’années,
en partie dû à une succession de chocs cycliques mais aussi à cause de facteurs plus structurels. A
moyen-terme, la croissance potentielle pourrait être de seulement ½ %, en raison de la baisse de la
population active et de la contribution négligeable du capital. Les nombreuses « stratégies de
croissance » publiées contiennent souvent des recommandations identiques pour augmenter le
potentiel de l’économie : stratégie du gouvernement de juin 2010, propositions du patronat de
septembre 2011, rapports annuels des institutions internationales... La mise en œuvre de ces réformes
pourrait permettre de porter la croissance potentielle à 1%.
2) Japon : l’appréciation récente du yen, notamment vis-à-vis de l’euro, a-t-elle contribué au développement
des investissements japonais à l’étranger ? ......................................................................................................... 7
L’examen des données de fusions-acquisitions mais aussi des flux d’investissement direct étranger (IDE)
donne une image contrastée. En 2011, le montant des opérations japonaises de fusions-acquisitions
vers l’extérieur a atteint son plus haut niveau depuis trois ans. L’Europe a été la première destination
des opérations de fusions-acquisitions devant les Etats-Unis. Un indicateur plus large que les opérations
de fusions-acquisitions, celui des investissements directs à l’étranger (IDE), témoigne d’un intérêt
renforcé pour la région Asie.
3) Corée : le secteur de l’assurance et les difficultés rencontrées par les opérateurs étrangers .......................... 11
Le marché coréen de l’assurance représentait des actifs de l’ordre de 439 Mds USD en 2010, soit 43%
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du PIB, et des primes de 114 Mds USD, soit 11% du PIB. Malgré son ouverture, accélérée par la crise
financière de 1997, le marché est resté très concentré dans les mains d’un nombre limité d’acteurs
locaux et les opérateurs étrangers peinent à s’imposer. Les segments qui ont tiré l’activité du secteur,
comme l’assurance-vie dans sa vocation d’épargne, devraient connaitre à l’avenir une croissance plus
limitée, contrainte par un niveau d’épargne faible et par une population vieillissante. Des opportunités
existent dans le domaine des produits d’assurance santé et protection des personnes ainsi que pour les
produits d’assurance innovants. Néanmoins, le développement de ces nouveaux produits est soumis
au contrôle rigoureux de l’autorité de régulation qui, sous couvert de protection des droits du
consommateur, veille à protéger les positions acquises par les opérateurs locaux.
4) Corée : le pays se dote d’un dispositif de marché des crédits carbone à horizon 2015 .................................... 14
La Corée, qui entend demeurer hors Annexe 1 dans le cadre des négociations sur le changement
climatique et refuse tout engagement contraignant, a adopté des mesures volontaires de réduction de
ses émissions de 30% sous la tendance d’ici 2020 et a lancé, fin 2009, un plan de croissance verte, la
« Low Carbon Green Growth Strategy ». Le pays s’est d’abord doté, le 1er janvier 2012, d’un dispositif
de réduction d’émissions. Puis le 2 mai 2012, la loi portant sur la mise en œuvre du marché des permis
d’émission de gaz à effet de serre sur le modèle européen a finalement été votée, amendée et avec
une entrée en vigueur reportée à 2015, en raison de l’opposition des industriels. La mise en place d’un
marché de permis d’émission de gaz à effet de serre constitue l’une des mesures les plus concrètes de
l’engagement de la Corée dans la lutte contre le changement climatique. Elle ouvre également un
vaste champ de coopération possible avec les opérateurs européens, pour la mise en place du marché
et son interfaçage avec les marchés internationaux.
5) Australie : budget de l’Etat pour 2012-2013 ..................................................................................................... 17
Ce budget de combat avant les élections de 2013 combine rigueur et relance du pouvoir d’achat, au
prix de prévisions optimistes qui obligeront peut-être le gouvernement à revoir sa copie plus vite que
prévu. Selon les milieux d’affaires et l’opposition, l’objectif du gouvernement est clairement la
reconquête de l’électorat travailliste au détriment de l’agenda d’amélioration de la compétitivité.
6) Nouvelle-Zélande : les investissements directs croisés avec la France ............................................................ 22
La Nouvelle-Zélande a longtemps favorablement accueilli les investissements directs étrangers (IDE),
en particulier après la vague de libéralisation entamée au milieu des années 1980. La bonne santé
économique du pays et le cadre juridique (fondamentaux solides, pratiques saines et transparentes,
facilités d’investissement et d’implantation…) ont d’autant plus favorisé l’entrée des capitaux
étrangers qu’ils y étaient reconnus comme un facteur de croissance et d’amélioration de la
performance. Cependant, depuis la crise de 2008-2009, la Nouvelle-Zélande au nom de l’« intérêt
national » met en œuvre une politique sélective d’accueil des IDE. Les flux d’IDE croisés entre la France
et la Nouvelle-Zélande se caractérisent en 2010 par des désinvestissements, plus marqués en Nouvelle-
Zélande qu’en France.
6) Japon, Corée, Australie et Nouvelle-Zélande : indicateurs économiques ........................................................ 25
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Japon : quelle politique de croissance ? Le Japon est confronté à un ralentissement important de sa croissance depuis une vingtaine d’années, en partie
dû à une succession de chocs cycliques mais aussi à cause de facteurs plus structurels. A moyen-terme, la
croissance potentielle pourrait être de seulement ½ %, en raison de la baisse de la population active et de la
contribution négligeable du capital. Les nombreuses « stratégies de croissance » publiées contiennent souvent
des recommandations identiques pour augmenter le potentiel de l’économie : stratégie du gouvernement de
juin 2010, propositions du patronat de septembre 2011, rapports annuels des institutions internationales... La
mise en œuvre de ces réformes pourrait permettre de porter la croissance potentielle à 1%.
1. Le Japon est confronté à un ralentissement important de sa croissance depuis une
vingtaine d’années, en partie dû à une succession de chocs cycliques Les décennies d’après-guerre au Japon ont été celles d’une croissance élevée, avec une progression annuelle
moyenne du PIB de 10% dans les années 1960 et de 4% dans les années 1970 et 1980. Depuis les années 1980,
une succession de crises conjoncturelles, domestiques ou externes rendent difficile l’analyse des facteurs de
long-terme :
▪ L’éclatement de la bulle économique des années 1990 a ramené le pays à une croissance beaucoup plus
faible, avec plusieurs passages par des périodes de croissance négative, comme en 1998 (-2,1%), liée à la fois à
la situation du secteur bancaire et à la crise asiatique de 1997. En même temps, le Japon a connu une bonne
reprise avec la période de croissance élevée de l’économie mondiale entre 2002 et 2007.
▪ La contraction du commerce international suite au choc Lehman a conduit à une contraction importante du
PIB, de 9% en cumulé entre le deuxième trimestre 2008 et le premier trimestre 2009. La reprise qui a suivi
(+7% en cumulé jusqu’à fin 2010) n’a permis de combler que 70% de la chute de l’activité.
▪ Le séisme de mars 2011 a cassé la reprise, avec une contraction du PIB de 0,7% sur l’année 2011. A cela
s’ajoutent le ralentissement de l’économie mondiale (situation aux Etats-Unis et en Europe mais aussi moindre
demande des pays émergents asiatiques) et les inondations en Thaïlande. Le séisme du 11 mars 2011 a eu un
impact beaucoup plus fort que le séisme de Kobé en 1995, en partie à cause de la rupture des chaînes de
production et de la situation du secteur énergétique.
2. Le cadre d’analyse traditionnel de la croissance potentielle, via une fonction de pro-
duction, permet d’apprécier la contribution future des facteurs de productions1 A moyen-terme, la croissance potentielle pourrait être autour de ½ % sur les quarante prochaines années
(0,6% pour 2010-2030 et 0,4% pour 2030-2050).
▪ Travail. Le Japon connaît une démographie déclinante, avec un taux moyen de 1,37 enfant par femme,
contre 2,01 en France en 2010. La population totale n’est en baisse que depuis 2008, mais la population en âge
de travailler (20-64 ans) diminue depuis 1999 déjà. Ce déclin va s’accélérer dans les années à venir avec une
diminution de la population dans la tranche 20-64 en moyenne de 1,5% par an de 2035 à 2050 ; cette
1 Cf. annexe 1.
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population passera de 75 millions de personnes en 2010 à 46 millions en 2055. La perte de croissance associée
à ce déclin est estimée à environ 0,4 point de PIB (0,3 point de 2010 à 2030 ; 0,5 point de 2030 à 2050).
▪ Capital. Le Japon voit depuis plusieurs années ses investissements en capital productif reculer
significativement en valeur nominale ; la formation brute de capital fixe atteignait quasiment en moyenne 30%
du PIB à la fin des années 1990, pour ensuite descendre à 23% du PIB avant le choc Lehman. Depuis 2009, la
formation brute de capitale fixe correspond à seulement 20% du PIB. Le volume de capital fixe n’a ainsi
augmenté que de 5,8% entre 1996 et 2009. En effet, malgré des investissements importants, le taux de
dépréciation du capital fixe est élevé au Japon, à 8,8% par an (contre un taux de 3,8% en moyenne dans les
statistiques françaises2). En outre, le stock de capital connaît un vieillissement progressif, avec un âge moyen
qui est passé de 7,3 ans en 1995 à 10,6 ans en 2009. Aucun indicateur ne permet d’affirmer que les
investissements en capital augmenteront significativement dans les années à venir, et donc, dans le scénario
tendanciel, la contribution du capital à la croissance est négligeable.
▪ Productivité. La productivité est le moteur majeur de la croissance japonaise de ces dix dernières années et
continuera à jouer ce rôle dans les décennies à venir. Dans les années 1980, la productivité générale des
facteurs (PGF) a contribué pour un peu moins de 2 points en moyenne à la croissance (1,8 point). La crise
économique des années 1990 a considérablement ralenti ce rythme, qui n’est plus que de 0,5 point par an. Les
années 2000, qui ont marqué l’essor des technologies de l’information et de la communication, ont vu une
nette reprise de l’augmentation de la productivité, à 0,9 point en moyenne (hors impact du choc Lehman de
2008), et, en première approximation, un taux similaire est retenu en projection.
3. Le travail et la productivité générale des facteurs représentent les deux facteurs
principaux sur lesquelles les politiques publiques peuvent jouer pour augmenter la croissance potentielle du Japon
Les recommandations du gouvernement (cf. annexe 2) mais aussi du secteur privé ou des institutions
internationales pour augmenter la croissance potentielle de l’économie sont souvent similaires.
Travail des femmes et des seniors. La baisse de la population des 20-64 ans serait compensée en partie par
une participation accrue des femmes et des seniors au marché du travail. Le taux d’activité des femmes est
inférieur d’un quart à celui des hommes, soit 63% contre 85% sur la tranche 20-64 : une participation accrue
des femmes au marché du travail (+7 points en 20 ans à 70%, ce qui correspond aux attentes des femmes
exprimées dans des enquêtes) permettrait un gain de 0,1 point de PIB par an. De même, la participation des
personnes âgées de 60 à 69 ans au marché du travail devrait augmenter via de nombreux emplois à temps
partiel, mais il est difficile de chiffrer ce phénomène avec précision. Au final, une augmentation de la
participation des femmes et des seniors au marché du travail devrait contribuer à augmenter la contribution
du facteur travail au PIB de 0,2 point par rapport au scénario tendanciel (baisse de 0,1 point au lieu de 0,3
point en 2010-2030, et de 0,3 point au lieu de 0,5 sur les décennies 2030-2050).
Gains des réformes structurelles en matière de productivité. La PGF représente le réservoir de croissance
potentielle principal du Japon, et devrait représenter de manière tendancielle dans les années à venir un gain
de PIB d’un peu moins d’un point par an. Cependant, beaucoup de facteurs peuvent jouer sur ce paramètre
2 Cette différence semble refléter des différences de structures productives ou de système comptable.
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qui représente une marge de manœuvre importante pour les politiques publiques japonaises : i/ l’ensemble
des accords de libre-échange (Partenariat transpacifique – TPP –, accords bilatéraux projetés avec la Chine et
l’UE…) pourrait représenter un gain de PIB de 1,6% sur dix ans, soit un rythme annuel de 0,15 point de
croissance supplémentaire, en partie dû aux bénéfices de réformes réglementaires pour se mettre en
adéquation avec ces accords ; ii/ des gains de productivité supplémentaires peuvent être réalisés dans d’autres
domaines, par exemple dans le soutien aux PME et des start-up, la réforme des services ou de l’agriculture,
une plus grande ouverture à l’expertise étrangère (capital et main d’œuvre), avec peut-être un gain de 0,2
point de PIB par an.
*
Dans sa stratégie de croissance de juin 2010, l’objectif du gouvernement est de porter la croissance potentielle
du Japon sur la décennie 2010-2020 autour de 1,5 % du PIB (ou 2% en tenant compte de la reprise cyclique
après le choc Lehman). Si cet objectif peut paraître ambitieux, les mesures identifiées ci-dessus, qui se
recoupent en partie avec celles du gouvernement, permettent d’identifier au moins ½ point de croissance
supplémentaire qui dépend de la mise en œuvre de réformes structurelles. Le défi principal réside cependant
dans la mise en œuvre effective de ces réformes dans un contexte d’atonie politique. En mai 2012, un bilan
après deux ans de la stratégie de croissance officielle a montré que seules 10% des 410 mesures avaient produit
des résultats et que 40% des mesures n’avaient pas été mises en œuvre, ou alors de manière très partielle.
Annexes
1. Analyse de la croissance potentielle du Japon avec une fonction de production
Le modèle utilisé est celui d’une fonction de production de Cobb-Douglas : où Y est la production totale
de l’économie japonaise, L la quantité de travail totale engagée dans le processus de production et K la quantité totale de
capital fixe. A est un facteur agrégé qui représente la productivité globale des facteurs (PGF). Les coefficients α et β sont
pris égaux à 1/3 et 2/3 respectivement, ce qui correspond approximativement au partage de la valeur ajoutée entre le travail
et le capital. La croissance de l’économie provient donc soit de la croissance d’un des deux facteurs de production pondérée
par le coefficient α ou β, soit de la croissance de la PGF.
Tableau 1 : Taux de croissance annuelles, historique et projection
Historique 1980-1990
‘Décennies perdues’ 1990-2010
Projection 2010-30
Projection 2030-50
Scénario tendanciel Capital 3,8 0,9 <0,1 <0,1 Travail 1,2 0,1 -0,9 -1,5 Productivité (PGF) 1,8 0,7 0,9 0,9 PIB = α d Travail + β d Capital + PGF 4,7 1,3 0,6 0,4
Mesures économiques à partir de 2012 Participation des femmes et des seniors 0,2 0,2
Accords de libre-échange (gains répartis sur 10 ans) 0,15 … Autres mesures 0,2 0,2 PIB avec mesures de croissance
1,1
0,75
Source : SER de Tokyo.
2. Stratégie de croissance du gouvernement (présentée en juin 2010)
Le gain de croissance associé à la mise en œuvre de cette stratégie est estimé entre 0,7 et 1 point de PIB (côté offre ou
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côté demande). Les autorités japonaises entendent mettre l’accent sur des secteurs dont le développement sera très rapide
dans les années à venir et qui pourraient représenter 16% du PIB en 2020 : i/ le secteur de la santé (vieillissement de la
population), ii/ le secteur de l’environnement (épuisement des ressources naturelles et réchauffement climatique) et iii/ le
tourisme. Le Japon désire créer de nouveaux marchés dans ces domaines par le biais de nouvelles initiatives publiques afin
d’y occuper une position de pointe, ce qui pourrait représenter ½ point de croissance supplémentaire par an. Le Japon
investira massivement dans ces secteurs : les dépenses en R&D du Japon sont déjà les plus importantes au monde en
termes de ratio du PIB, à 3,6% actuellement (contre par exemple 2,3% en France en 2009), mais le Japon souhaiterait
porter ce taux à 4%.
Tableau 2 : Mesures dans la « Nouvelle Stratégie de Croissance » de juin 2010
Type de mesures ‘000
Mds de
yens
En %
du PIB
2020 1/
Million
d’emplois
créés
1. Environnement. Energies renouvelables (solaire…) et nucléaire,
Immobilier, recyclage, produits « verts » …
50 8% 1,4
2. Santé et prise en charge des personnes âgées. Soins à domicile et
maisons de retraite, innovation (robotique, médicaments), rémunération
du personnel soignant, logement « barrier-free »…
45 7% 2.8
3. Intégration économique régionale. Zone de libre-échange Asie-
Pacifique, reconnaissance des normes japonaises, ouverture des marchés
publics nationaux, hub 24h/24 à Haneda, « ciel ouvert » en Asie
- - -
4. Tourisme. Visas de tourisme, infrastructure de transport… 10 1,5% 0,6
5. R&D. Dépenses de R&D supérieures à 4% du PIB ; investissement
dans les TIC, aides à l’innovation ; plein emploi pour les doctorants en
science et technologie, réforme des universités et instituts de recherche
- - -
6. Réforme du marché du travail. Insertion durable des freeters et des
femmes, accueil des enfants en bas âge dans les entreprises, couverture
sociale et salaire horaire minimum…
- - -
7. Réforme du secteur financier. Facilitation de l’accès aux marchés
financiers japonais pour les étrangers, grâce notamment à une meilleure
intégration de l’anglais, et à une réforme réglementaire…
- - -
Total 105 16 4.8
Sources : Cabinet Office, SER de Tokyo. 1/ Poids dans le PIB des secteurs concernés à l’horizon 2020.
Source : traduction de la stratégie de croissance, Cabinet Office, juin 2010.
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Japon : l’appréciation récente du yen, notamment vis-à-vis de l’euro, a-t-elle contribué au développement des investissements japonais à l’étranger ? L’examen des données de fusions-acquisitions mais aussi des flux d’investissement direct étranger (IDE) donne
une image contrastée. En 2011, le montant des opérations japonaises de fusions-acquisitions vers l’extérieur a
atteint son plus haut niveau depuis trois ans. L’Europe a été la première destination des opérations de fusions-
acquisitions devant les Etats-Unis. Un indicateur plus large que les opérations de fusions-acquisitions, celui des
investissements directs à l’étranger (IDE), témoigne d’un intérêt renforcé pour la région Asie.
1. Le yen s’est apprécié en 2011 en raison du statut de « safe haven » du Japon Les inquiétudes liées à la soutenabilité des dettes souveraines en Europe ont entrainé une baisse de l’euro : en
glissement sur l’année 2011, le yen s’est apprécié de 8% par rapport à l’euro. Par rapport au dollar, affecté à
partir de l’été par la situation des finances publiques aux Etats-Unis, l’appréciation a été de 5%. Deux éléments
modèrent cependant l’impact de l’appréciation observée en 2011 :
▪ Le taux de change effectif réel du yen, calculé par la Banque du Japon sur la base des quinze principaux
partenaires commerciaux du Japon, a progressé de seulement 1,3% en 2011 ;
▪ Le yen a connu une période rapide de dépréciation de février à mi-mars 2012, qui a conduit à réduire les
écarts observés en 2011 : le yen s’est ainsi déprécié de 5% par rapport à l’euro et de 4% par rapport au dollar.
2. En 2011, le montant des opérations japonaises de fusions-acquisitions vers l’exté-
rieur a atteint son plus haut niveau depuis trois ans Le montant total des opérations s’est élevé à 6 270 Mds de yens (+67% par rapport à 2010). Plus de 70% du
volume des fusions-acquisitions japonaises a eu lieu dans le secteur pharmaceutique (une seule opération
mais de grande envergure) et dans le secteur de l’énergie et des matières premières, pour un investissement
total supérieur à 3 000 Mds de yens. Ces tendances sectorielles s’expliquent par deux raisons principales : i/ la
hausse des investissements dans le secteur des matières premières liée aux restrictions chinoises sur les
exportations de terres rares ; ii/ l’arrêt de centrales nucléaires suite au séisme du 11 mars qui a conduit à
diversifier les approvisionnements énergétiques.
3. L’Europe a été la première destination des opérations japonaises de fusions-
acquisitions devant les Etats-Unis en 2011 Le nombre de transactions en Europe est resté globalement stable, mais le montant des transactions a
fortement augmenté : 125 opérations japonaises ont été finalisées en Europe pour un montant total de 27 000
Mds de yens, soit une augmentation de 185% par rapport à 2010. Cela représente 43% des opérations vers
l’extérieur (in-out). Deux opérations spécifiques attirent notamment l’attention : le rachat pour 1 100 Mds de
yens de l’opérateur pharmaceutique suisse Nycomed par le leader japonais Takeda Pharmaceutical (le plus
gros investissement japonais à l’étranger en 2011), et le rachat par Mitsubishi Corporation de 24,5% des parts
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de la société Anglo American Sur S.A. (Royaume Uni), détenteur de droits d’exploitation de mines de cuivre au
Chili, pour un montant de 420 Mds de yens. Cette tendance se poursuit en 2012 avec l’annonce en avril du
rachat par UCC Holding de United Coffee, le premier torréfacteur européen, pour 500 millions d’euros.
4. Pour autant, plusieurs indicateurs montrent l’intérêt persistant des Japonais pour
l’Asie
▪ En nombre d’opérations, l’Asie est le premier partenaire des fusions-acquisitions vers l’extérieur du Japon,
avec 198 fusions-acquisitions réalisées en 2011, soit 43% du total des opérations ;
▪ Un indicateur plus large que les opérations de fusions-acquisitions, celui des encours d’investissements
directs à l’étranger (IDE), montre que l’Asie continue à susciter l’intérêt grandissant des groupes japonais. Les
Etats-Unis demeurent la première destination des stocks d’IDE japonais (30% du total) mais connaissent une
baisse continue depuis 2005 (-8 points) au profit de l’Asie3. Les investissements japonais dans les pays
asiatiques se sont multipliés au cours des cinq dernières années et représentent désormais 26% du stock total
d’IDE japonais sortants en 2010, avec une forte composante industrielle (65%). L’Asie se positionne depuis
2009 devant l‘Europe, où le stock d’IDE sortants japonais est resté stable depuis 2008 à plus de 23% du total4.
▪ En matière de flux d’IDE sortants japonais en 2011, l’Europe est à peu près au même niveau que l’Asie : les
flux d’IDE totaux sont de 9 130 Mds yens, avec 3 120 Mds yens en Asie et 3 140 Mds yens en Europe, mais
seulement 1 190 Mds de yens aux Etats-Unis. Les principaux secteurs sont la finance/assurance (1 500 Mds de
yens) et la chimie/pharmaceutique (1 500 Mds yens).
5. La stratégie des groupes japonais reste orientée vers les marchés émergents asiati-
ques, en raison de leurs forts potentiels de croissance Mis en difficultés par l’appréciation du yen ainsi que par le degré croissant d’innovation et de compétitivité des
concurrents chinois et coréens notamment, les groupes japonais orientent leur stratégie vers la zone Asie. Le
Japon, qui bénéficie d’une bonne image auprès des jeunes consommateurs des pays d’Asie du sud-est, espère
bénéficier de la forte croissance de ces marchés émergents (prévision de 5,6% de croissance en 2012 selon le
FMI) et du nombre élevé de consommateurs : la population d’Indonésie, des Philippines, du Vietnam, de
Thaïlande et de Malaisie devrait croître de 14 millions d’habitants d’ici 2016 et atteindre 553 millions en 2016.
En outre, le Japon a joué un rôle fondamental depuis 1980 dans l’industrialisation de l’Asie du sud-est en tant
que premier investisseur dans la région.
6. Plusieurs projets témoignent de cet intérêt pour l’Asie ▪ Dans le secteur de la distribution, l’enseigne commerciale AEON va investir 210 Mds yens de 2011 à 2013
pour l’ouverture de 12 sites en Chine, et compte générer 50% de sa marge opérationnelle à l’étranger en 2020
(contre 9% en 2010). Family Mart, le numéro 1 des magasins de proximité japonais, va ouvrir 600 enseignes en
Indonésie et aux Philippines d’ici 2015. Au Vietnam, Unicharm Corp a racheté Diana Joint Stock pour 10 Mds
3 A titre indicatif sur le stock d’IDE entrant au Japon, l’Europe arrive première devant les Etats-Unis avec 34% du total.
4 Au niveau sectoriel : en 2010, la part du stock d’IDE japonais en Europe dans le secteur manufacturier, alors de 60% du total en 2008, a
graduellement diminué jusqu’à 50% ; 25% du stock d’IDE japonais en Europe se situe aujourd’hui dans les équipements de transport et 25% dans le secteur finance/assurance.
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de yens ;
▪ Dans les produits grand public, les fabricants Bridgestone et Panasonic vont également s’implanter au
Vietnam ;
▪ Sur le segment automobile, Nissan et Mitsubishi ont développé la production de leurs principaux modèles
en Thaïlande pour les exporter vers le Japon ;
▪ Dans les assurances, Meiji Yasuda Life Insurance a investi 56,5 Mds de yens à l’étranger depuis 2010, avec
une priorité sur les marchés émergents d’Asie pour faire face au rétrécissement du marché domestique ;
▪ Sumitomo prépare un investissement de 10 Mds de dollars (780 Mds de yens) en Indonésie pour des
projets dans le secteur énergétique (usines géothermiques, gaz et charbon).
*
1. Les entreprises japonaises disposent d’une structure financière plus saine que leurs homologues américains
ou européens et d’une trésorerie conséquente qui leur permettent d’adopter une stratégie plus agressive de
développement à l’étranger ;
2. Dans un contexte d’appréciation du yen, les grandes entreprises japonaises ont donc parfaitement joué sur
les deux tableaux : investir à l’étranger tout en continuant à critiquer au Japon les effets d’un yen fort sur leurs
exportations. Selon un spécialiste des fusions-acquisitions, le taux de change joue d’abord un impact
« psychologique » pour les grandes opérations dans la mesure où il achève de convaincre de la validité d’une
offre.
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Annexes - graphiques : fusions-acquisitions japonaises à l’étranger et taux de change
Graphiques. Fusions-acquisitions à l’étranger et taux de change
Le volume de M&A sortant est depuis six ans plus important que Les flux de M&A sortants sont une composante importante des flux
le volume de M&A sur le marché japonais. d’IDE japonais à l’étranger.
Si l’appréciation récente du yen a pu encourager les M&A sortants, … comme pour flux de portefeuille et taux de change, même si
historiquement le lien est faible entre IDE et taux de change… la période de carry-trade est associée à des flux entrants élevés.
L’appréciation du yen par rapport à l’euro en 2011 a aussi pu Après une dépréciation rapide de février à mi-mars, le yen a
contribuer à l’augmentation des M&A sortants. commencé à s’apprécier de nouveau depuis fin mars.
Source: SER de Tokyo.
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Investissement de portefeuille, en
% du PIB
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In-Out (source: Recof)
IDE sortant (source: BOJ)
Flux sortants, en Mds dollars
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Taux de change (inversé, dte)
Vers les Etats-Unis Vers l'Europe
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de yens (gche)
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nominale
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Yen/EuroYen/dollar
(gras)
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Corée : le secteur de l’assurance et les difficultés rencontrées par les opérateurs étrangers Le marché coréen de l’assurance représentait des actifs de l’ordre de 439 Mds USD en 2010, soit 43% du PIB, et
des primes de 114 Mds USD, soit 11% du PIB. Malgré son ouverture, accélérée par la crise financière de 1997, le
marché est resté très concentré dans les mains d’un nombre limité d’acteurs locaux et les opérateurs étrangers
peinent à s’imposer. L’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et la Corée ne devrait pas avoir d’effet
significatif sur la structuration d’un marché déjà très ouvert. Les segments qui ont tiré l’activité du secteur de
l’assurance, comme l’assurance-vie dans sa vocation d’épargne, devraient connaitre à l’avenir une croissance
plus limitée, contrainte par un niveau d’épargne brute des ménages très inférieur à la moyenne des pays de
l’OCDE et par une population vieillissante. Mais cette évolution démographique offre aussi un potentiel de
croissance dans le domaine des produits d’assurance santé et protection des personnes. Des opportunités
existent également pour les produits d’assurance innovants sur un marché encore traditionnel, mais le
développement de ces nouveaux produits est soumis au contrôle rigoureux de l’autorité de régulation qui, sous
couvert de protection des droits du consommateur, veille à protéger les positions acquises par les opérateurs
locaux.
1. Un marché de l’assurance dominé par une poignée d’acteurs locaux liés aux conglo-
mérats industriels et qui a hérité de la crise financière de 1997 une réglementation assez contraignante
1.1. Les compagnies coréennes d’assurance sont régies par la loi sur les sociétés d’assurances et dépendent
de l’autorité de régulation des sociétés financières, la Financial Supervisory Commission (FSC) qui est
couplée à l’instance de contrôle, le Financial Supervisory Service (FSS). Ce dispositif de régulation a été mis en
place après la crise asiatique et s’est progressivement durci avec l’introduction de règles prudentielles strictes.
Ce durcissement a provoqué une profonde restructuration du marché et l’arrivée des opérateurs étrangers,
facilitée par des prises de participations dans les sociétés coréennes. En 2011, l’adoption des normes IFRS et
l’introduction du système RBC (Risk Based Capital system) ont contribué au renforcement de la gestion des
risques et à l’amélioration de la solvabilité financière des assureurs locaux.
1.2. Le marché compte aujourd’hui 23 sociétés d’assurance-vie et 20 opérateurs d’assurance non-vie,
fragmentation provoquée par la limitation de la détention des licences à un seul métier. Le marché demeure
largement contrôlé par les opérateurs coréens : le segment vie est dominé par trois sociétés affiliées aux
grands conglomérats industriels – Samsung Life, Korea Life and Kyobo Life – qui détiennent 64% des actifs fin
2010. Le secteur non-vie est dominé par quatre assureurs coréens également affiliés à des conglomérats
industriels – Samsung Fire & Marine, Hyundai Fire & Marine, Dongbu Fire & Marine et LG Insurance – qui
détiennent 56% des actifs fin 2010.
1.3. Contrairement aux marchés voisins dans lesquels la rentabilité des activités a baissé sous l’effet de la
concurrence, la Corée a conservé un niveau de primes assez élevé. A la suite d’une enquête anticartel,
l’autorité de la concurrence a infligé un montant d’amendes de 315 M USD à douze sociétés d’assurance-vie,
pour entente sur les primes et collusion entre 2001 et 2009.
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1.4. Le marché est totalement ouvert aux assureurs étrangers et il n’y a pas en principe de différence de
traitement entre les assureurs étrangers et locaux, même si l’autorité de tutelle observe une grande
prudence dans la délivrance des licences aux opérateurs étrangers. Ces derniers se plaignent d’un cadre
réglementaire contraignant, très orienté par le régulateur coréen vers la protection du consommateur,
contrainte que les opérateurs coréens surmontent plus facilement du fait de leur taille, de leur situation
dominante sur le marché et de leur proximité avec le régulateur.
1.5. Dans le cadre de l’ALE entre la Corée et l’Union européenne, de nouveaux secteurs industriels sont
désormais ouverts aux assureurs étrangers comme le secteur maritime, l’aviation commerciale ou les
lanceurs spatiaux. L’ALE devrait aussi permettre dans les deux ans suivant son entrée en vigueur de surmonter
des restrictions en termes d’opérations telles que les limitations dans le transfert des informations
personnelles entre filiales au sein d’un même groupe, l’interdiction du stockage des données sur des serveurs
off-shore ou encore l’exigence de localisation en Corée des bases de données.
2. Un marché de l’assurance-vie mature, en consolidation, où les assureurs étrangers
sont bien représentés via le canal de la bancassurance 2.1. Le marché de l’assurance-vie coréen était le 7ème plus important au monde en revenus, à hauteur de
53,6 Mds USD en primes annuelles et 399 Mds USD en actifs en décembre 2011.
▪ Trois assureurs coréens dominent le marché avec 50% des revenus : Samsung Life Insurance (24%), Korea
Life (13%) et Kyobo Life (12%). Ces mêmes trois assureurs détiennent 64% des actifs : Samsung Life Insurance
(35%), Korea Life (15%) et Kyobo Life (14%).
▪ Les compagnies étrangères captaient environ 23% des primes d’assurance-vie fin 2011, dont 8% à travers
leurs participations dans des compagnies coréennes et 15% par leurs filiales directes. Les sociétés étrangères
ont vu leur part progresser de 1% en 1997 à 23% en 2011 mais ont souffert de la crise financière et de la
consolidation de la concurrence coréenne. Les Etats-Unis, avec 8,5% de part de marché, sont en tête des
assureurs étrangers, suivis du Royaume-Uni (5%), des Pays-Bas (5%), et de l’Allemagne (3%). La France (1%)
occupe la 5ème place.
▪ Le marché de l’assurance enregistre début 2012 la poursuite du mouvement de consolidation. Korea Life
envisage l’acquisition du 6ème acteur local du secteur vie, Tong Yang Life Insurance, et ING a annoncé son
intention de vendre ses filiales asiatiques. Les acteurs internationaux (Met Life, Prudential) et locaux (KB
Financial group, Samsung Life, Kyobo) ont déjà exprimé leur intérêt pour les actifs d’ING en Corée, notamment
la branche vie qui est le 5ème du secteur en part de marché et le 1er assureur étranger.
2.2. Les produits qui permettent la constitution d’une rente ou d’une épargne sont très demandés par les
consommateurs coréens, en raison d’un système de retraite public (NPS) jeune et peu généreux.
Néanmoins, la baisse du taux d’épargne brut des ménages, passé de 20% à la fin des années 1990 à 3,8% en
2011, incite les assureurs à la diversification de leurs produits, notamment via la bancassurance.
▪ La vente de produits d’assurance-vie est principalement réalisée via les circuits de distribution traditionnels
des agents généraux, des brokers, mais le téléachat et la vente par Internet se développent rapidement.
▪ La distribution par les banques a été autorisée progressivement depuis 2003, malgré la forte opposition des
agents généraux et des grosses sociétés d’assurance coréennes, et enregistre un fort dynamisme de ses
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ventes. Les assureurs étrangers sont très présents sur ce segment, qui permet à ces acteurs plus récents
d’utiliser le réseau de leurs partenaires locaux. Des restrictions demeurent cependant car la libéralisation du
secteur de la bancassurance a été suspendue par les autorités de régulation financière en 2008. Ainsi, un
assureur ne peut avoir plus de 25% de parts de marché auprès d’une banque et les banques coréennes doivent
avoir au minimum cinq fournisseurs pour leurs produits d’assurance, présentant chacun au minimum trois
produits. Cette extrême diversification de l’offre, intéressante pour le consommateur, représente des coûts
supplémentaires importants notamment en termes de formation des employés.
▪ Les « big 3 » (Samsung, Korea Life et Kyobo), opposés initialement à la bancassurance, cherchent
aujourd’hui à diversifier leurs activités sur un secteur à fort potentiel ; en 2011, Samsung Life est devenu le n°1
de ce segment. Ces trois assureurs représentent désormais 46% des nouvelles primes et participent au
lobbying mené auprès du régulateur pour la poursuite de la libéralisation de ce mode de distribution. Sur ce
marché compétitif essentiellement tourné vers les produits d’épargne, les primes restent élevées, mais les «
big 3 » proposent des taux d’intérêt annuels particulièrement attractifs, de l’ordre de 5,1%. Leur taille et la
maturité des portefeuilles d’actifs les y autorisent mais les acteurs plus récents sur ce marché, souvent
étrangers, ont plus de difficulté à offrir ces taux.
3. L’assurance non-vie offre des opportunités de croissance, mais le marché est très
concurrentiel ▪ Dans un marché très ouvert, avec 30 acteurs présents en Corée dont 14 domestiques et 16 étrangers, les 3
premiers assureurs coréens (Samsung Fire, Hyundai Marine and Fire Insurance, Dongbu Fire) représentaient
57% des actifs et 52% des primes fin 2011.
▪ De nombreuses entreprises étrangères sont présentes sur le marché, mais leur part de marché cumulée
n’atteint que 4%. Toutefois, les investisseurs étrangers sont présents dans le capital des compagnies
coréennes, parfois dans des proportions importantes ; par exemple, 52% du capital de Samsung Fire & Marine
Insurance sont détenus par des étrangers.
▪ Le segment de l’assurance automobile connait une forte croissance, grâce à l’introduction d’assurances de
responsabilité civile obligatoires pour les propriétaires de véhicules et au dynamisme des ventes automobiles
sur le marché coréen.
▪ Les assureurs étrangers rencontrent des difficultés à promouvoir leur offre sur un marché très contrôlé par
le régulateur coréen qui, au nom de la protection du consommateur, freine l’introduction des innovations
marketing qui pourraient permettre aux assureurs étrangers de s’imposer face à leurs concurrents coréens.
*
1. Largement ouvert aux entreprises étrangères, le marché de l’assurance en Corée n’en reste pas moins
dominé par les assureurs domestiques, liés aux conglomérats industriels (Samsung, Hyundai...). Les entreprises
étrangères se maintiennent sur les secteurs et les circuits de distribution où elles possèdent un savoir-faire et
des produits innovants. Leur expansion est néanmoins confrontée au renforcement de la concurrence locale par
des mouvements de consolidation, à la montée en gamme de l’offre locale et à un environnement
réglementaire toujours contraignant.
2. Ce dernier point devrait connaitre des évolutions dans le cadre des accords de libre-échange conclus avec
l’Union européenne et les Etats-Unis. Cependant, la mise en place de la levée de certaines restrictions, d’ici
2013 dans le cadre de l’ALE avec l’UE, n’est pas pour l’instant acquise. Les modifications législatives réclamées
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par les assureurs et banquiers étrangers sont pour l’instant reportées par les autorités coréennes, d’autant
moins pressées dans un contexte politique préélectoral. Le régulateur n’est pas plus enclin à l’heure actuelle à
modifier sa politique de forte protection du consommateur. L’entrée en vigueur de l’ALE avec les Etats-Unis et
l’engagement des assureurs américains devrait néanmoins apporter du poids à la résolution de ces questions
réglementaires.
Corée : le pays se dote d’un dispositif de marché des crédits carbone à horizon 2015 La Corée, qui entend demeurer hors Annexe 1 dans le cadre des négociations sur le changement climatique et
refuse tout engagement contraignant, a adopté des mesures volontaires de réduction de ses émissions de 30%
sous la tendance d’ici 2020 (soit 4% par rapport au niveau d’émission de 2005) et a lancé, fin 2009, un plan de
croissance verte, la « Low Carbon Green Growth Strategy », qui définit des relais de croissance pour l’économie
et l’industrie coréennes. Ce plan prévoyait la création d’un marché carbone dont la mise en place s’est révélée
difficile en raison de l’opposition des industriels ; le pays s’est d’abord doté, le 1er janvier 2012, d’un dispositif de
réduction d’émissions qui assigne des objectifs, assez peu ambitieux, aux plus gros émetteurs de carbone
(1,42% pour 2012) mais qui a malgré tout été salué comme une première étape vers un futur marché carbone.
La loi portant sur la mise en place du marché des permis d’émission de gaz à effet de serre sur le modèle
européen, défendue par la Présidence, a finalement été votée le 2 mai 2012, mais au prix de nombreux
amendements au projet initial et d’un report de son entrée en vigueur à 2015. La mise en place d’un marché de
permis d’émission de gaz à effet de serre constitue néanmoins l’une des mesures les plus concrètes de
l’engagement de la Corée dans la lutte contre le changement climatique. Elle ouvre également un vaste champ
de coopération possible avec les opérateurs européens, pour la mise en place du marché et son interfaçage
avec les marchés internationaux.
1. Première étape vers un marché carbone : le Target Management System est entré en
vigueur début 2012 1.1. La Corée, 15ème émetteur de gaz à effet de serre (GES) dans le monde et 9ème au sein de l’OCDE, est le
pays de l’OCDE qui a connu la plus forte croissance de ses émissions au cours des deux dernières décennies.
Entre 1990 et 2008, les émissions de GES ont plus que doublé (+119%), contre une moyenne de +14% pour les
membres de l’OCDE. Si le rythme de croissance a ralenti ces dernières années, il reste toutefois élevé (+2,3%
en 2008), alors que les pays de l’OCDE ont, en moyenne, affiché une baisse (-2,6%).
1.2. Faute d’engagements volontaires de sa part, la Corée pourrait se voir imposer à terme des objectifs
contraignants de réductions de ses émissions de GES dans l’hypothèse d’une reconduction des mécanismes
de Kyoto pour l’après 2012. Alors que le ministère de l’industrie a poussé à la création d’un dispositif non
contraignant de réduction des émissions de GES, qui est entré en vigueur le 1er janvier 2012, le Target
Management System (TMS), le ministère de l’environnement ainsi que le comité présidentiel pour la
croissance verte défendent depuis 2009 la mise en place d’un marché carbone sur le modèle européen.
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1.3. Le TMS a nécessité deux ans de préparation depuis 2009, couvre 468 entreprises (60% du total des
émissions de GES coréennes, 480 Mt), en leur imposant des objectifs annuels graduels. La réduction fixée par
le TMS aux industriels devrait atteindre les 47 Mt CO2eq d’ici 2020, 54% de l’effort devant être supportés par
les dix plus grands industriels coréens. Bien en deçà d’un marché de permis d’émission en termes d’ambition
(-1,42% d’émissions pour 2012), il a été considéré comme une première étape vers un futur marché carbone,
permettant notamment un recensement exhaustif des émissions. Les entreprises concernées ont dû présenter
un bilan de leurs émissions et de leur consommation énergétique pour la période 2007-2010, et des objectifs
individuels par site de production ont été négociés entre les pouvoirs publics et les entreprises. Un centre de
recherche et de comptabilisation des GES a été créé sous la tutelle du ministère de l’environnement
(Greenhouse Gas inventory & Research Center of Korea), afin de recenser les technologies permettant de
réduire les émissions, d’évaluer et mesurer les émissions par industriel puis définir la marge possible de
réduction avec les industriels. Le ministère de l’industrie a mis en place en mai 2012 le « Domestic Offset
Mechanism » qui permet aux grandes entreprises de financer le déploiement de technologies propres dans
des sociétés de plus petite taille et de comptabiliser les réductions d’émission obtenues dans leurs propres
objectifs de réduction. Le point faible majeur du dispositif TMS, outre les faibles ambitions de réduction
(-1,42% soit -8,7 Mt CO2eq en 2012), consiste en son caractère faiblement incitatif, le niveau des pénalités
retenu ne permettant pas d’exercer de réelle pression sur les industriels.
2. Vers la création d’un marché carbone en Corée : une nécessité au regard des objec-
tifs de réduction des émissions de GES qui rencontre la résistance de l’industrie 2.1. Un premier projet de loi sur la création d’un marché carbone avait été présenté en novembre 2010 par
le comité présidentiel de croissance verte et le ministère de l’environnement. Défini sans réelle concertation
avec les industriels et dans une certaine précipitation, il prévoyait l’introduction d’un marché de permis
d’émissions à partir de 2013, pour les entreprises émettant plus de 25 kt CO2eq/an, et le développement du
marché en trois phases, pour être complètement opérationnel en 2021. Pendant la première phase (2013-
2015), 10% de la quantité totale de quotas initiaux seraient mis aux enchères, puis progressivement augmenté
pour atteindre 100% en 2021.
2.2. Le projet de loi a été fortement contesté par le ministère de l’industrie et par les industriels, ceux-ci
invoquant le risque de perte de compétitivité face à la Chine, le Japon ou les Etats-Unis et le risque de
doublon avec le projet de TMS. Les milieux d’affaires ont réclamé un moratoire sur le projet, chiffrant le coût
du projet à 12,5 Mds USD pour l’industrie coréenne, sous l’hypothèse d’une mise aux enchères de la totalité
des crédits générés. Le comité présidentiel pour la croissance verte a amendé son projet pour le rendre plus
flexible, en portant les allocations de crédits gratuites à 95% et en réduisant les pénalités de cinq à trois fois les
prix du marché.
2.3. La loi cadre a été votée par le Parlement le 2 mai 2012 et devrait entrer en vigueur six mois plus tard.
Elle prévoit l’entrée en vigueur du marché carbone coréen le 1er janvier 2015. Les industriels principalement
concernés, émettant plus de 25 000 tonnes de CO2 par an, soit 70% de la cible actuelle du TMS, déjà couverts
par le TMS entre 2012 et 2015, seront progressivement intégrés dans le marché carbone. Le TMS devrait
subsister pour les entreprises de plus petite taille. La loi prévoit trois phases (2015-2017, 2018-2020, post
2021) pour la mise en œuvre, au cours desquelles la part des allocations gratuites sera progressivement
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réduite pour parvenir à un système d’enchères total. Un très grand nombre de points pratiques doit encore
être réglé par décret. Le projet devrait être présenté fin mai pour consultation à l’industrie, mais l’objectif
d’une promulgation avant les élections présidentielles paraît peu réaliste dans le contexte actuel. La définition
des allocations de permis sera le point le plus difficile à régler dans le climat de lutte d’influence entre les
ministères de l’environnement et de l’industrie. Par ailleurs, le dispositif doit encore déterminer l’architecture
et l’organisation pratique du marché ainsi que sa gouvernance, fixer le cadre réglementaire, définir le
protocole des compensations et établir les conditions d’accès et les instruments de marché. Un comité
d’allocation sera constitué qui devra élaborer le plan national d’allocation et le marché ETS. Sur le protocole
de compensations, les propositions seraient d’inclure tous les crédits éligibles aux termes des nations unies
(CER), d’inclure certains crédits générés à partir de projets volontaires de réduction de GES et les certificats
résultants de programmes domestiques antérieurs.
2.4. L’organisation du marché n’a pas encore été déterminée à ce stade. La bourse de Séoul (KRX, Korean
Exchange) et l’opérateur actuel du marché de l’énergie (KPX, Korea Power Exchange) se disputent la gestion du
futur marché des permis d’émission. Les règles financières devront être amendées pour que des opérateurs
étrangers non membres de la KRX puissent intervenir sur le marché, ce qui est à ce jour impossible.
*
1. La précipitation qui a accompagné la préparation du premier projet de loi répondait en grande partie au
souci de désamorcer les critiques soulevées lors du sommet de Copenhague sur le statut dérogatoire de « pays
en développement » dont bénéficie la Corée au sein des négociations sur le changement climatique.
2. La volonté de la Présidence de passer outre la résistance de l’industrie, mobilisée autour du ministère de
l’industrie, a cependant permis d’aboutir à l’adoption d’une loi-cadre, après deux ans d’efforts.
3. Même s’il est édulcoré par rapport au projet initial, la loi fixe une échéance et crée le cadre requis, qu’il
appartiendra au décret de rendre opérationnel.
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Australie : budget de l’Etat pour 2012-2013 Ce budget de combat avant les élections de 2013 combine rigueur et relance du pouvoir d’achat, au prix de
prévisions optimistes qui obligeront peut-être le gouvernement à revoir sa copie plus vite que prévu. Selon les
milieux d’affaires et l’opposition, l’objectif du gouvernement est clairement la reconquête de l’électorat
travailliste au détriment de l’agenda d’amélioration de la compétitivité.
1. Promesse de retour au surplus budgétaire tenue ▪ Mme Gillard s’était engagée à proposer un budget à l’équilibre et même avec un léger surplus dès
l’exercice 2012-2013, soit une année avant l’échéance initialement envisagée lors de l’adoption du paquet de
relance en 2009. Elle respecte son engagement pour son deuxième et sans doute dernier budget.
▪ Le ministre des finances, Wayne Swan, a présenté le 8 mai au Parlement un budget dont les grandes lignes
sont les suivantes :
- surplus de 1,5 Md AUD (0,1% du PIB), appelé à augmenter progressivement pour atteindre 7,5 Mds
AUD (0,4% du PIB) en 2015-2016 ;
- forte augmentation des recettes fiscales et non fiscales (+38,8 Mds AUD), qui atteignent 23,8% du PIB
contre 22,3% sur l’exercice précédent, au travers notamment de la mise en œuvre de la nouvelle taxe
sur les superprofits de l’industrie minière. Mais le total des recettes uniquement fiscales diminuent en
pourcentage du PIB (22,1% du PIB, par rapport aux 23,7% en moyenne dans les budgets de John
Howard, premier ministre libéral jusqu’en 2007) ;
- contraction concomitante de la dépense (-7,1 Mds AUD) qui équivaut à 23,5% du PIB contre 25,1% sur
l’exercice 2011-2012. C’est le pourcentage le plus bas depuis le début des années 1980. Un total de
33,6 Mds AUD d’économies ont dû être dégagées pour parvenir à ce résultat ;
- mesures nouvelles inscrites au budget pour un montant de 1,7 Md AUD ;
- augmentation de la dette de l’Etat fédéral sur l’exercice 2011-2012, de 7,8% à 9,6% du PIB, compte
tenu de la dérive du déficit (44 Mds AUD) sur la fin de l’exercice 2011-2012 du fait de la contraction
des rentrées fiscales. De ce fait, le Parlement est également appelé à voter une augmentation du
plafond de la dette, de 250 à 300 Mds AUD.
2. Mais les prévisions sont jugées optimistes
Ce budget est bâti sur la base de prévisions que plusieurs économistes s’accordent à trouver optimistes :
▪ Une croissance du PIB de 3,25% sur l’exercice 2012-2013, soit un point de plus que l’exercice précédent et
alors que le FMI a très légèrement revu ses prévisions pour l’Australie à 3%. C’est faire le pari que la croissance
australienne restera la plus soutenue des pays développés, malgré son élasticité à la demande chinoise, la
maladie de langueur de l’économie américaine et les soubresauts de l’économie européenne ;
▪ Une légère contraction de la balance commerciale (de l’ordre de 5,75%), alors que l’Australie renoue avec
les déficits commerciaux pour le troisième mois consécutif depuis le début de l’année. Là encore, c’est faire le
pari que les prix du fer et du charbon, les deux matières premières qui tirent les exportations, resteront dans la
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fourchette relativement haute dans laquelle ils sont installés depuis la mi-2011, et que les économies
asiatiques ne ralentiront pas davantage ;
▪ Une prévision de recettes fiscales très ambitieuse, alors que la crise a déjà coûté 150 Mds AUD de recettes
fiscales au budget de l’Etat (dont 12 Mds sur les derniers mois). Par ailleurs, la croissance australienne est tirée
par les investissements dans le secteur minier et énergétique, lesquels sont déductibles des impôts sur les
sociétés. Au total, les recettes fiscales doivent augmenter 2,4 fois plus rapidement que le produit intérieur brut
alors que, depuis le début des années 1990, ces recettes n’ont augmenté en moyenne que 1,5 fois plus
rapidement que le PIB ;
▪ Les prévisions macroéconomiques du gouvernement engrangent une reprise progressive sur les deux
prochains exercices de la construction de logements neufs. Or, s’il y a eu un frémissement en mars 2012 après
les très mauvais chiffres de février, les perspectives ne sont guère prometteuses. La construction de logements
individuels a chuté de 7% de mars 2011 à mars 2012 ;
▪ Le Trésor table sur un prix de la tonne carbone de 29 AUD en 2015-2016 (lorsque le marché deviendra
libre), alors que ce prix serait de 4 AUD environ, en 2020, selon les dernières prévisions de marché ;
▪ En revanche, les hypothèses de consommation des ménages – toujours au ralentie – et d’emploi (taux de
chômage de 5,5%) sont réalistes, voire pessimistes, sachant que la récente baisse des taux directeurs de la RBA
(Reserve Bank of Australia) n’a pas encore produit ses effets, que ce budget contribuera à stimuler le pouvoir
d’achat et que l’économie australienne continue à créer plus d’emplois qu’elle n’en détruit (taux de chômage
surprise de 4,9% en avril 2012).
3. Objectif de reconquête de l’électorat travailliste Ce sont les revenus les plus modestes et les classes moyennes qui sont les grands bénéficiaires de ce budget
de campagne, conçu pour leur permettre de toucher très vite les dividendes de la manne minière.
▪ Un paquet de mesures doit stimuler le pouvoir d’achat des revenus les plus modestes, des retraités et des
familles. Au total, une famille de deux enfants, gagnant moins de 45 000 AUD par an, touchera 26 AUD par
semaine en plus :
- augmentation des allocations familiales ;
- versement d’une allocation supplémentaire aux bénéficiaires du revenu minimum pour les aider à
acquitter les factures pour services essentiels et rehaussement du seuil d’éligibilité à l’équivalent du
RSA ;
- poursuite de la modification du barème d’imposition avec le triplement du seuil de non imposabilité
(de 6 000 AUD à 18 000 AUD), de sorte qu’un million d’Australiens ne paieront plus d’impôt d’ici
2016 ;
- modification des règles de versement de l’allocation de rentrée scolaire qui sera désormais versée
directement aux parents, et non plus sur présentation de justificatifs ;
- contribution directe du gouvernement, jusqu’à 500 AUD, aux fonds de capital retraite de 3,6 millions
d’Australiens qui gagnent moins de 37 000 AUD par an.
▪ Un second paquet de mesures porte sur les dépenses de santé :
- mise en place, comme promis lors du dernier COAG (Council of Australian Gouvernements, qui réunit
les Premiers ministres fédéral et des Etats) de l’embryon d’un système national de prise en charge du
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handicap (c’est-à-dire la couverture universelle de tous les services autres que de santé stricto sensu) ;
- financement d’un programme d’accès aux soins dentaires au bénéfice des revenus les plus modestes ;
- plan de financement sur huit ans de la mise à niveau des hôpitaux publics et montée en puissance de
la prise en charge de la dépendance au travers notamment de l’augmentation du nombre des
personnes âgées bénéficiant de services et soins à domicile.
4. Révision à la baisse selon l’opposition des ambitions relatives à l’agenda d’amélio-ration de la compétitivité australienne
Pour financer ces mesures généreuses tout en respectant son engagement de ne pas augmenter la dépense
publique de plus de 2% sur la moyenne des prochains exercices, et ce jusqu’à ce que le surplus budgétaire
atteigne 1% du PNB, le gouvernement travailliste a dû à la fois faire des économies et revoir à la baisse ses
ambitions de soutien à l’amélioration de la compétitivité de l’économie australienne, selon l’opposition et les
milieux d’affaires.
▪ Les économies ont été soigneusement calibrées pour éviter au gouvernement de perdre le soutien de son
électorat :
- coût de rabot général sur les dépenses de fonctionnement de l’administration. Un total de 3 000
emplois au total sont supprimés dans les services publics et toutes les agences se voient appliquer un
« efficiency dividend » de 2,5% de leur budget ;
- suppression d’un certain nombre de niches fiscales, en particulier celles dont bénéficiaient les
expatriés, et pression fiscale accrue sur les plus hauts revenus (via la taxation de leur épargne retraite);
- le ministère de la Défense contribue à hauteur de 5,4 Mds AUD à l’effort budgétaire (soit le plus gros
effort depuis la fin de la guerre de Corée), mais en repoussant surtout des programmes d’armement
qui avaient pris du retard, comme celui du Joint Strike Fighter ;
- l’objectif d’atteindre un budget d’aide au développement de 0,5% du PIB est repoussé d’une année,
jusqu’en 2016-2017, ce qui dégage une économie de 2,9 Mds AUD, sachant que le budget de l’aide au
développement augmente quand même légèrement en 2012-2013, ce qui permettrait à l’Australie de
devenir le 6ème donateur de l’OCDE.
▪ L’agenda de rehaussement de la compétitivité en fait les frais selon l’opposition et les milieux d’affaires,
même si le gouvernement s’en défend :
- La baisse de 1% de la taxe sur les entreprises – l’une des contreparties à l’adoption de la taxe minière –
est abandonnée, ce qui représente un gain de 4,8 Mds AUD. Seules les PME auraient dû en bénéficier
la première année, toutes les entreprises ensuite. En contrepartie, les entreprises qui feront des pertes
sur l’exercice 2012-2013 seront autorisées à les déduire de leurs profits de l’année 2011-2012 pour
obtenir un remboursement d’impôt (Loss carry-backs), cette mesure ciblant le secteur manufacturier
fragilisé ;
- Le budget des infrastructures et du transport est très fortement rogné, de plus de 4 Mds AUD (-45%),
même si le gouvernement fait valoir l’achèvement des programmes de relance adoptés au pic de la
crise et ceux de reconstruction post inondations de janvier 2011 ;
- Le budget « éducation » n’augmente que modestement, en-deçà de souhaits des lobbys d’affaires, et
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les subventions versées aux entreprises pour les programmes d’apprentissage diminuent. Le
gouvernement fait néanmoins valoir que les universités recevront jusqu’en 2015 des crédits
additionnels pour leur permettre d’accueillir un plus grand nombre d’étudiants, notamment dans les
disciplines scientifiques.
*
1. L’opposition éreinte un budget qui, selon son leader, « joue froidement et délibérément la carte de la lutte
des classes… sans rien proposer pour soutenir la croissance économique, et a fortiori l’investissement et
l’emploi ». La coalition assure avoir identifié de possibles économies supplémentaires pour un montant de
50 Mds AUD dans les services publics, l’aide au développement et le National Broadband Network, notamment.
Elle renouvelle son engagement à annuler la taxe carbone et la taxe minière pour stimuler la croissance, si elle
remporte les prochaines élections. Mais elle peine à articuler un contre-projet plus précis, sachant qu’il lui est
difficile de s’opposer au retour aux surplus ou à des mesures sociales qu’elle sait populaires, ainsi qu’à la « Tax
loss carry-backs » dont elle a eu la première l’idée. Il lui reste la critique des paramètres économiques sur
lesquels repose ce budget et celle du renoncement à la baisse de la taxe sur les sociétés, mesure promise et qui
était très attendue des milieux d’affaires.
2. En revanche, ce budget est plutôt bien accueilli par le FMI et les agences de notation. Ils pointent que le
retour aux surplus permet à l’Australie de commencer à se constituer une cagnotte pour faire face à de
nouveaux chocs économiques. Si l’opportunité de ce surplus, compte tenu de sa modestie et de l’effort
budgétaire sans précédent que l’Australie s’impose, ne fait pas l’unanimité chez les économistes, ceux-ci voient
en revanche d’un bon œil les mesures de soutien au pouvoir d’achat qui pourraient doper la consommation,
surtout si elles sont couplées à de nouvelles baisses du taux directeur de la RBA que le gouvernement appelle
implicitement de ses vœux. Les analystes soulignent également des répercussions de ce budget sur celui des
Etats de la Fédération, compte tenu de la baisse de transfert des recettes de TVA. Certains estiment qu’il y aura
un train de nouvelles mesures d’économies compte tenu des risques sur les rentrées de recettes et de
l’évolution de l’économie mondiale. Wayne Swan n’a pas écarté cette hypothèse devant la presse, dès le 9 mai.
3. En attendant, le Premier ministre australien pourra faire valoir au G20 de Los Cabos que l’économie
australienne est la première des économies développées à avoir renoué avec les surplus budgétaires après la
crise.
Annexes (Source : projet de loi de finances)
Tableau 1: Hypothèses économiques retenues pour le budget 2012-2013
Real and nominal GDP are year-average growth. Employment and CPI are through-the-year growth to the
June quarter. The unemployment rate is the rate for the June quarter.
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Tableau 2 : budget de l’Etat australien pour 2012-2013
Graphique 1 : Recettes budgétaires par poste pour 2012-2013
Graphique 2 : Dépenses budgétaires par poste pour 2012-2013
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Nouvelle-Zélande : les investissements directs croisés avec la France La Nouvelle-Zélande a longtemps favorablement accueilli les investissements directs étrangers (IDE), en
particulier après la vague de libéralisation entamée au milieu des années 1980. La bonne santé économique du
pays et le cadre juridique (fondamentaux solides, pratiques saines et transparentes, facilités d’investissement
et d’implantation…) ont d’autant plus favorisé l’entrée des capitaux étrangers qu’ils y étaient reconnus comme
un facteur de croissance et d’amélioration de la performance. Cependant, depuis la crise de 2008-2009, la
Nouvelle-Zélande au nom de de l’« intérêt national » met en œuvre une politique sélective d’accueil des IDE. Les
flux d’IDE croisés entre la France et la Nouvelle-Zélande se caractérisent en 2010 par des désinvestissements,
plus marqués en Nouvelle-Zélande qu’en France.
1. Politique sélective d’accueil des IDE en Nouvelle-Zélande
1.1. En 2011, les pouvoirs publics ont introduit une large gamme de critères pour interdire un investissement
étranger en Nouvelle-Zélande, notamment s’il était considéré que les « sauvegarde et promotion des
intérêts économiques » du pays n’étaient pas suffisamment pris en compte. En effet, un investissement
chinois de Hong-Kong se profilait dans ce qui avait été, avant sa faillite, la plus grande exploitation néo-
zélandaise, les fermes Crafar. La Nouvelle-Zélande s’est ainsi résolue à revoir sa législation sous la pression de
l’opinion publique et de mouvements corporatistes.
1.2. En avril 2012, l’acquisition des fermes Crafar (par une autre entreprise chinoise que celle originellement
sur les rangs) a cependant été autorisée par le gouvernement néo-zélandais, au lendemain de la visite
officielle, à l’occasion du 40ème anniversaire de l’établissement des relations sino-néo-zélandaises, du numéro 4
du régime chinois, M. Jia Qinglin. Cette autorisation, au terme d’une vive et longue polémique se lit comme
une concession bilatérale de Wellington à l’égard de Pékin. En effet, une certaine latitude est laissée aux
pouvoirs publics pour apprécier en opportunité si les « sauvegarde et promotion des intérêts économiques »
sont suffisamment pris en compte.
2. Des mouvements limités de désinvestissement entre la France et la Nouvelle-
Zélande en 2010
2.1. Nature des investissements français en Nouvelle-Zélande et principales implantations.
▪ Au total, on recense en 2010 un peu moins de 50 implantations françaises en Nouvelle-Zélande en 2010,
filiales productives ou de commercialisation ou bureaux de représentation de grands groupes français. Elles y
réalisent un chiffre d'affaires consolidé supérieur à 1 Md NZD (565 M EUR), avec plus de 5 000 salariés.
Quelque 70% des entreprises françaises sont basées à Auckland. Bien qu’ils ne soient pas répertoriés comme
IDE français en Nouvelle-Zélande, de nombreux investissements français (notamment les plus importants, qui
nécessitent une autorisation préalable de l’OIO – l’Overseas Investment Office (OIO), le Bureau des
investissements étrangers – et du gouvernement néo-zélandais) sont réalisés via les filiales néo-zélandaises
(voire australiennes) des entreprises françaises.
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▪ Les investissements français sont majoritairement le fait de grands groupes et couvrent l'ensemble des
secteurs marchands (Accor, Thales, Pernod-Ricard, Yoplait, Schneider, Legrand, T&D, Alcatel-Lucent, LVMH,
BNP-Paribas, Axa, Veolia, Dégremont, L‘Oréal, Saatchi et Saatchi, Bostik, Sanofi, Air Tahiti Nui…). Une quinzaine
de PME, dont les plus représentatives sont les lainières du Nord de la France, sont présentes en Nouvelle-
Zélande.
▪ Cette discrétion de la présence française sur le sol néo-zélandais s’explique par de nombreux facteurs :
- Nos investissements sont fréquemment le résultat indirect d'acquisitions françaises d’entreprises
américaines, australiennes ou britanniques, dont l’investissement en Nouvelle-Zélande était
historique ;
- La distance géographique explique, dans de nombreux cas, que la logique financière et
commerciale, assise sur une stratégie délibérée de développement centrée sur la Nouvelle-
Zélande ou plus globalement la Zone Pacifique, l’emporte sur la logique productive. Presqu’aucune
des implantations françaises ne produit sur place (à l’exception, notable, de BIC) et les
implantations françaises en Nouvelle-Zélande sont le plus souvent des filiales commerciales ;
- Même si leurs résultats sont agrégés dans des comptes consolidés, ces implantations dépendent
rarement de la maison-mère française. Le plus souvent, leurs dirigeants rendent compte à un
échelon régional intermédiaire, en Australie voire à Singapour ou à Hong-Kong. De ce fait, les liens
avec la France sont distendus et la culture d’entreprise faiblement marquée par l’influence
française.
2.2. Les flux d’IDE français en Nouvelle-Zélande sont marqués en 2010 par des désinvestissements limités.
▪ Selon les statistiques de la Banque de France, les flux d’IDE français en Nouvelle-Zélande ont fortement
diminué et la France a perdu près de 100 places, devenant en 2010 le 163ème investisseur étranger, avec un
désinvestissement s’élevant à 10 M EUR (en 2009, les investissements français se classaient au 73ème rang avec
des flux de l’ordre de 20 M EUR). Par secteur, on observe un investissement de 42 M EUR dans l’industrie
chimique (Bostik, la filiale de Total) et de 30 M EUR dans l’industrie manufacturière (BIC NZ), après l’atonie de
l’investissement en 2009, année marquée par la récession. En revanche, les désinvestissements se poursuivent
dans le secteur de l’immobilier, avec des désinvestissements consécutifs de 2 M EUR en 2008, de 9 M EUR en
2009 et de 6 M EUR en 2010. Dans le secteur de la fabrication de produits et équipements informatiques, le
désinvestissement se monte à 12 M EUR (après des investissements de 50 M EUR en 2008, et de 9 M EUR en
2009).
▪ Les stocks d’IDE français en Nouvelle-Zélande s’élevaient à fin mars 2010 à 165 M EUR, soit 0,02% du total
des stocks français à l’étranger. La Nouvelle-Zélande est le 86ème destinataire de stocks d’IDE français (en recul
de 6 places par rapport à 2009). Ce sont les services qui accueillent la grande majorité des IDE français en
Nouvelle-Zélande (161 M EUR) :
- 55 M EUR dans le commerce de gros ;
- 41 M EUR dans les activités immobilières ;
- 32 M EUR dans les activités spécialisées, scientifiques et techniques ;
- 21 M EUR dans les activités financières et d’assurance, etc.
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2.3. La présence néo-zélandaise en France ne se signale par aucun investissement significatif.
▪ En termes de flux d’IDE néo-zélandais en France en 2010, la Banque de France a enregistré au total un
désinvestissement de l’ordre de 1 M EUR (après un investissement de 6 M EUR en 2009). Au niveau sectoriel,
les flux d’investissement néo-zélandais en France se sont caractérisés en 2010 par un désinvestissement de
3 M EUR dans les activités immobilières, et par un désinvestissement de 3 M EUR dans le secteur de l’informa-
tion et de la communication (production cinématographique plus spécialement).
▪ S’agissant des stocks d’IDE néo-zélandais en France, ils sont de l’ordre de 17 M EUR en 2010 (13 M EUR en
2009). La Nouvelle-Zélande se place au 77ème rang des investisseurs étrangers en France. L’essentiel des avoirs
néo-zélandais en France se concentrent dans les activités immobilières (26 M EUR), puis dans les services aux
entreprises (16 M EUR). Au niveau sectoriel, les avoirs néo-zélandais en France se caractérisent en 2010 par
des engagements dans les services pour 16 M EUR (comprenant des engagements de 26 M EUR dans les
services immobiliers, et des désengagements à hauteur de 10 M EUR dans les services financiers et assurances
essentiellement) et des désengagements dans le commerce de gros à hauteur de 8 M EUR.
*
Les investissements croisés entre la France et la Nouvelle-Zélande sont limités, et ne permettent pas ainsi
d’instaurer un flux commercial régulier entre les deux pays, hormis dans le domaine viticole et dans une
moindre mesure le secteur de la laine.
Tableau : les investissements croisés en stocks et en flux
5
(en M EUR) 2009 2010
Rang mondial
2009
Rang mondial
2010
Flux d’IDE français en NZ 20 -10 73 163e
Stocks d’IDE français en NZ 112 165 80 86
Flux d’IDE néo-zélandais en France 6 -1 65 Au-delà du 70e
Stock d’IDE néo-zélandais en France 13 17 65 77
Source : BDF
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Date de parution : 25 mai 2012
Rédacteurs en chef : Florence Jeanblanc-Risler Chef du service économique régional de Tokyo Ambassade de France au Japon Benoît Gauthier Chef du service économique de Séoul Ambassade de France en Corée Agnès Espagne Chef du service économique de Canberra Ambassade de France en Australie Monique Amigues Chef du service économique de Wellington Ambassade de France en Nouvelle-Zélande
5 Pour pallier la surestimation croissante des volumes d’investissements à laquelle conduisaient les méthodes d’enregistrement des prêts
intra-groupes, l’OCDE et le FMI ont mis au point une nouvelle méthode, dite « du principe directionnel étendu », qu’applique la Banque de France, consistant à reclasser les prêts et emprunts intra-groupes en fonction du lieu de résidence de la tête de groupe , ce qui explique la difficulté de comparaison des chiffres d’IDE de 2009 et 2010 avec les séries antérieures.
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Japon : indicateurs économiques
PIB : +1,0% en g.t. (1T2012) Exportations : +1,2% en g.m. (mars)
Production : +1,0% en g.m. (mars) Inflation core : +0,2% en g.a. ; Chômage : 4,5% (mars)
Change Indice boursier Nikkei
-6
-5
-4
-3
-2
-1
0
1
2
3
1T2T3T4T1T2T3T4T1T2T3T4T1T2T3T4T1T2T3T4T1T2T3T4T1T2T3T4T1T
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Demande extérieure (pt) Demande int. publique (pt)
Demande int. privée (pt) Croissance du PIB (%)
Source : Cabinet Office. -1
0
1
2
3
4
5
6
7
8
05 06 07 08 09 10 11 12
Solde Exportations Importations
Source : douanes japonaises.
(Valeur, CVS, '000 Mds de yens)
40
50
60
70
80
90
100
110
120
130
140
150
05 06 07 08 09 10 11 12
Total Automobile Electronique
Source : METI.
(Indice, base 100 = 2005)
3,0
3,5
4,0
4,5
5,0
5,5
6,0
-3,0
-2,0
-1,0
0,0
1,0
2,0
3,0
05 06 07 08 09 10 11 12
Inflation hors produits frais Taux de chômage
Sources : MHLW, MIC.
(Inflation hors produits frais, %) (Taux de chômage, %)
70
80
90
100
110
120
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JPY/USD
JPY/EUR
Ap
pré
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yen
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8 000
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16 000
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AMBASSADES DE FRANCE AU JAPON, EN COREE, EN AUSTRALIE ET EN NOUVELLE-ZELANDE
SERVICES ECONOMIQUES DE TOKYO, DE SEOUL, DE CANBERRA ET DE WELLINGTON PAGE 26/28
Corée : indicateurs économiques
PIB : +0,9% en g.t. (1T2012) Exportations : -2,3% en g.m (avril)
Production : -3,1% en g.m. (mars) Inflation : +2,5% ; Chômage : 3,5% (avril)
Change Indice boursier Kospi
-6
-4
-2
0
2
4
6
8
10
T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1
2009 2010 2011 2012
Importations Exportations
Stock FBCF
Consommation publique Consommation privée
PIB
-5
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
50
2007 2008 2009 2010 2011 2012
Balance Exportations Importations
(Valeur, non CVS, Mds USD)
Source : douanes coréennes.
60
80
100
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200
220
240
260
2008 2009 2010 2011 2012
Total Electronique Automobile
(Indice, base 100 = 2005)
Source : Banque de Corée.
2,0
2,5
3,0
3,5
4,0
4,5
5,0
5,5
1
2
3
4
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/01
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/09
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10
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/12
20
11
/05
20
11
/10
20
12
/03
IPC (% y.o.y.)
Taux de chômage (% cvs)
600
800
1 000
1 200
1 400
1 600
1 800
2 000
2 200
20
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3
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12
/03/0
9
WON/EUR
WON/USD WON/100JPY
800
1 000
1 200
1 400
1 600
1 800
2 000
2 200
20
07
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/05/2
8
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4
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1
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08
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8
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/01/1
2
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5
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2
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5
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1
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AMBASSADES DE FRANCE AU JAPON, EN COREE, EN AUSTRALIE ET EN NOUVELLE-ZELANDE
SERVICES ECONOMIQUES DE TOKYO, DE SEOUL, DE CANBERRA ET DE WELLINGTON PAGE 27/28
Australie : indicateurs économiques
PIB : +0,4% en g.t. (4T2011) Exportations : +1,2% en g.m. (mars)
Production : +0,7% en g.t. (4T2011) Inflation : +3,1% en g.a. ; Chômage : 5,2% (4T2011)
Change Indice boursier S&P/ASX 50
-1,5
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0,0
0,5
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2T
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2T
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2T
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1T
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2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Source : ABS.
(Croissance, %)
-5
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5
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20
25
05 06 07 08 09 10 11 12
Solde Exportations Importations
(Valeur, CVS, Mds AUD)
Source : ABS.
-4
-3
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1
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1T
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2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Source : OCDE.
(Croissance, %, CVS)
4,0
4,5
5,0
5,5
6,0
1,0
2,0
3,0
4,0
5,0
1T2T3T4T1T2T3T4T1T2T3T4T1T2T3T4T1T2T3T4T1T2T3T4T1T2T3T4T
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Inflation Taux de chômage
Sources : ABS, OCDE.
(Inflation, %) (Taux de chômage, %)
0,9
1,0
1,1
1,2
1,3
1,4
1,5
1,6
1,7
1,8
1,9
2,0
2,1
2,2
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
AUD/USD
AUD/EUR
Ap
pré
cia
tion
du
do
llar a
us
tralie
n
3 000
3 500
4 000
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5 500
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6 500
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2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
L E T T R E E C O N O M I Q U E J A P O N , C O R E E , A U S T R A L I E E T N O U V E L L E - Z E L A N D E N ° 3 6 © D G T R E S O R - 2 5 / 0 5 / 2 0 1 2
AMBASSADES DE FRANCE AU JAPON, EN COREE, EN AUSTRALIE ET EN NOUVELLE-ZELANDE
SERVICES ECONOMIQUES DE TOKYO, DE SEOUL, DE CANBERRA ET DE WELLINGTON PAGE 28/28
Nouvelle-Zélande : indicateurs économiques
PIB : +0,3% en g.t. (4T2011) Exportations : +2,1% en g.m. (mars)
Production : -2,0% en g.t. (4T2011) Inflation : +1,8% en g.a. ; Chômage : 6,3% (4T)
Change Indice boursier NZX 50
-1,5
-1,0
-0,5
0,0
0,5
1,0
1,5
2,0
1T2T3T4T1T2T3T4T1T2T3T4T1T2T3T4T1T2T3T4T1T2T3T4T1T2T3T4T
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Source : Statistics NZ.
(Croissance, %)
-1
0
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05 06 07 08 09 10 11 12
Solde Exportations Importations
Source : Statistics NZ.
(Valeur, CVS, Mds NZD)
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-4
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-2
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0
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4T
1T
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3T
4T
1T
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1T
2T
3T
4T
1T
2T
3T
4T
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Source : OCDE.
(Croissance, %, CVS)
3
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7
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2
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5
6
1T2T3T4T1T2T3T4T1T2T3T4T1T2T3T4T1T2T3T4T1T2T3T4T1T2T3T4T
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Inflation Taux de chômage
Sources : Statistics NZ.
(Inflation, %) (Taux de chômage, %)
1,1
1,2
1,3
1,4
1,5
1,6
1,7
1,8
1,9
2,0
2,1
2,2
2,3
2,4
2,5
2,6
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
NZD/USD
NZD/EUR
Ap
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nd
ais
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2 500
2 750
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3 500
3 750
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4 500
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