Lettre d'information IDAY - Automne 2015

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Newsletter Automne 2015 © IDAY-International aisbl Porte-voix pour l’éducation en Afrique La vie du réseau IDAY Journée de l’enfant africain 2015 Entretien avec l’Union africaine Projet IDAY : des vélos contre l’abandon scolaire Rubriques L’éducation pour éliminer les mariages précoces en Afrique IDAY

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L'éducation comme moyen pour éliminer les mariages précoces en Afrique

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Porte-voix pour l’éducation en Afrique

La vie du réseau IDAYJournée de l’enfant africain 2015

Entretien avec l’Union africaineProjet IDAY : des vélos contre l’abandon

scolaire

Rubriques

L’éducation pour éliminer les mariages précoces en Afrique

IDAY

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Sommaire

2 - Mot du Président d’IDAY3 - Actualités IDAY-International4 - 5 - Journée de l’enfant africain6 - 7 - Entretien avec l’Union Africaine8 - Des vélos contre l’abandon scolaire

A propos d’IDAY

IDAY-International est un réseau de plaidoyer regroupant les associations de la société civile africaine oeuvrant pour l’éducation.

IDAY-International se bat pour le droit de tous les jeunes Africains à une éducation de base de qualité en encourageant un dialogue constructif entre la société civile africaine et ses gouvernements.

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IDAY-International 19, rue des Jambes - 1420 Braine-l’Alleud - Belgique Editeur Responsable : J-J. SchulRédacteur en chef / graphiste : L. FourmentinTél. +32 (0)2 385 44 12 - [email protected] bancaire : IBAN - BE 93 5230 8026 6767BIC - TRIOBEBB (TRIODOS).

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IDAY

Mot du Président d’IDAYPour que l’école soit non seulement en théorie, mais aussi en pratique, un lieu d’apprentissage valorisant à qui les parents confient leurs filles sans arrière-pensées, il faudra que la qualité de l’enseignement s’améliore significativement et que l’enseignement réponde mieux aux besoins spécifiques de la jeunesse et des familles africaines.

Les faibles salaires sont non seulement responsables de l’absence régulière d’un trop grand nombre d’enseignant(e)s et directeur(-rice)s d’écoles, mais contribuent aussi à une dégradation de la moralité à l’école. Ainsi, deux projets (N°43 et 44 au Togo & RDC/Kivu) publiés sur notre Bourse à Projets visent à soutenir des comités de jeunes qui veilleraient à ce que les enseignants n’abusent pas de leur position et ne compensent pas leur maigre rémunération par des exactions envers les élèves (en particulier les filles) notamment lors de la distribution des diplômes.

L’amélioration du cadre de vie dans les écoles contribue aussi à encourager les parents à maintenir leurs filles à l’école plutôt qu’à les marier jeunes.

C’est pourquoi IDAY compte lancer un programme de vérification de la qualité de l’enseignement de base dans les zones où des membres du réseau sont présents. Cela aura une influence sur l’assiduité des élèves à l’école, et par extension sur le nombre de mariages précoces et de grossesses non-désirées chez les jeunes.

Jean-Jacques SchulPrésident-fondateur d’IDAY-International

Assemblée Régionale IDAY à Dakar

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Une nouvelle coordinatrice pour le réseau IDAY

Depuis juillet 2015, le réseau IDAY a une nouvelle coordinatrice ! Masala Boly a pris la relève de Noëlle Garcin pour assurer la coordination générale du réseau, faciliter le développement des campagnes régionales et le développement de partenariats avec d’autres acteurs.

Forte d’un solide bagage universitaire en relations internationales, développement et droits de l’Homme, Masala entend contribuer activement au développement de l’Afrique avec une attention spéciale pour les enfants. C’est pourquoi après plusieurs expériences professionnelles dans le domaine du développement et de la protection des droits de l’enfant en Belgique et au Burundi, elle a choisi de mettre ses compétences au service de la cause de l’éducation avec IDAY.

Actualités / IDAY-International

Assemblée régionale à DakarLe 4 juin dernier s’est tenue à Dakar l’Assemblée régionale des coalitions IDAY d’Afrique de l’Ouest et Centrale. 33 délégués de 11 coalitions de la sous-région, d’IDAY-International et de membres européens actifs au Sénégal se sont retrouvés pour échanger sur leurs activités et défis, renforcer mutuellement leurs compétences et orienter leurs actions à venir, notamment en termes de campagnes régionales pour la promotion de l’éducation.

Cette réunion a été précédée d’un atelier régional sur le thème “Une éducation de qualité pour tous les enfants et jeunes vulnérables”, priorité de l’agenda post-2015 pour l’éducation en Afrique. Cette réunion a débouché sur plusieurs pistes d’action en faveur des mineurs en prison et des enfants en zones de conflit et post-conflit en Afrique et pour l’amélioration de la santé en milieu scolaire.

Mission auprès d’IDAY-GabonLa Secrétaire Générale et la coordinatrice d’IDAY ont effectué en juillet la première mission de coordination et suivi d’IDAY-Gabon depuis l’adhésion de la coalition au réseau. Elles ont pu rencontrer plusieurs membres d’IDAY-Gabon ainsi que divers acteurs des secteurs de l’éducation, de la gouvernance et de la société civile au Gabon.

Le pays fait face à d’important défis, tant en terme d’amélioration de la qualité de l’éducation que de crédibilité de la société civile locale. IDAY-Gabon entend les relever en rassemblant les associations de la société civile gabonaise pour un dialogue constructif avec les autorités. La mission a aidé à identifier des pistes de renforcement organisationnel et stratégique afin de donner plus d’impact aux activités de la coalition.

Exposition de photos de travailleurs domestiques

Les photos de travailleurs domestiques réalisée par Rosalie Colfs en collaboration avec IDAY-RDC à Kinshasa, dans le cadre de la campagne IDAY sur les travailleurs domestiques, ont été exposées le 3 juillet à l’espace Infopoint de l’Union européenne à Bruxelles. Cette exposition était organisée à l’occasion d’une conférence sur les enfants travailleurs domestiques en Afrique, durant laquelle la Directrice de projets d’IDAY a présenté le projet “Mettre fin à la violence contre les enfants travailleurs domestiques en Afrique de l’Est et RDC par la législation et l’éducation” soutenu par l’Union européenne.

Le monde vu par des jeunes handicapés mentauxDans le cadre de sa campagne pour l’éducation inclusive au profit des enfants et jeunes atteints de handicap, IDAY-Kenya a organisé la première d’une série d’expositions de photos réalisées par le Jiwakilishe Youth Disability Group. Cette initiative de l’association Kenya Association for the Intellectually Challenged (KAIH), membre de la coalition, vise à valoriser les capacités intellectuelles et créatrices de ces jeunes atteints de handicap mental. A travers ce projet, 10 jeunes défendent leurs droits et contribuent à changer les perceptions sociales à leur sujet. Ne ratez pas la prochaine exposition au Tangaza University College à Nairobi !

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www.iday.orgIDAY p. 4 / Automne 2015

Le 16 juin marque la Journée Mondiale de l’Enfant Africain. Cette année, l’Union Africaine a choisi le thème de la lutte contre le mariage précoce. À cette occasion, de nombreuses coalitions nationales IDAY ont décidé de faire de cette thématique le fil conducteur de leur plaidoyer à l’occasion du rendez-vous annuel du réseau IDAY. Les autres coalitions IDAY ont pour leur part célébré la journée à partir de thématiques spécifiques à leur contexte national.

Journée de l’enfant africain : Mettre fin aux mariages précoces et forcés en Afrique

Que signifie le 16 juin ? Le 16 juin 1976, le régime sud-africain de l’apartheid massacrait des étudiants qui refusaient de se soumettre à un enseignement en langue afrikaans, lors des manifestations de Soweto. Depuis 1991, l’OUA (devenue l’Union Africaine) a fait de cette journée la Journée de l’Enfant Africain, qui promeut une meilleure éducation pour tous.

Le mariage précoce des filles en AfriqueLe mariage précoce et forcé (ou mariage forcé d’enfants) se définit comme une union dans laquelle l’un des deux époux (ou les deux) n’a pas 18 ans. Le terme mariage, entendu au sens large, inclut la cohabitation, les fiançailles ou l’union conjugale reconnue par la loi civile, religieuse et/ou les rites coutumiers.

La thématique du mariage précoce n’a cessé d’être évoquée ces dernières années. La prise de conscience collective s’est peu à peu formalisée en une série de nouvelles actions internationales : adoption en 2013 par l’Assemblée des Nations-Unies d’une résolution contrant cette pratique, inclusion de la lutte contre le mariage précoce dans les nouveaux objectifs de développement durable et lancement en mai 2014 d’une campagne panafricaine contre le mariage précoce par l’Union Africaine.

C’est en effet en Afrique sub-saharienne (et en Asie du Sud) que la pratique est la plus répandue. Estimer le nombre de mariages précoces est difficile, car beaucoup ne sont ni officiels, ni enregistrés. Cependant, le Fonds des Nations-Unies pour la Population (UNFPA) déclarait en 2012 que : « En Afrique sub-saharienne, on estime que 70 millions de jeunes filles courent le risque d’être mariées dans les deux prochaines décennies (2030) ».

Or, le mariage précoce et forcé menace la vie et la santé des filles et restreint leurs perspectives d’avenir. Il constitue une violation des droits de la personne. Or, malgré l’interdiction légale de cet

acte, la pratique persiste, notamment pour cause de pauvreté, de normes sociales coutumières et d’inégalité de sexes. Dans ce sens, on peut qualifier le mariage forcé de « violence basée sur le genre ». En outre, le corps trop jeune de l’adolescente mène bien souvent à des risques de complications lors de la grossesse ou de l’accouchement et, dans le pire des cas, se termine par la mort de la jeune mère. Enfin, le mariage forcé d’une mineure marque trop souvent la fin de son éducation.

Commémorations de la Journée de l’Enfant Africain par les coalitions nationales IDAYL’éducation de base de qualité pour tous en Afrique étant l’objectif commun d’IDAY, c’est tout naturellement que le réseau dans son ensemble célèbre annuellement la Journée de l’Enfant Africain le 16 juin.

S’alignant cette année sur la thématique mise en exergue par l’UA, plusieurs coalitions nationales IDAY ont réitéré leur appel de lutte contre le mariage précoce auprès de leurs gouvernements nationaux afin qu’ils développent des stratégies de sensibilisation et de lutte contre l’impact néfaste du mariage des filles. Conjointement, des activités de sensibilisation auprès des populations ont été déployées car les causes du mariage précoce reposent également en partie sur les stéréotypes populaires du rôle de la femme et de la fille, dans la famille et dans la société en général.

Le réseau IDAY condamne fermement les mariages d’enfants, qui constituent une pratique violant les droits de l’enfant. IDAY travaille sur le retour à l’école des enfants et des filles en particulier. Une fille mieux éduquée est en effet plus à même de prendre des décisions importantes pour sa future vie d’adulte. En d’autres termes, l’éducation est essentielle pour endiguer les mariages précoces.

Ghana Bénin

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RwandaAu Rwanda, la Journée de l’Enfant Africain a consisté en un événement public de sensibilisation sur trois thèmes autour de la promotion et la protection des droits des jeunes et des enfants au Rwanda. La cérémonie a eu lieu à Kigali de 10h30 à 14h30.

Le premier thème fut présenté par M. Nkurunziza (OUA) à propos de «la Charte africaine pour les jeunes» et «la vision africaine pour 2063». M. Ruzigana a poursuivi en présentant «Accélérons nos efforts pour le développement lors de la petite enfance au Rwanda». Enfin, Stany Ngarukiye a détaillé les efforts accomplis en termes de « Santé reproductive et de lutte contre les violences et maladies sexuelles ainsi que les grossesses précoces ». Pour finir, un débat a eu lieu avec le public composé majoritairement de jeunes (80%).

TogoLes célébrations de la Journée de l’enfant africain ont eu lieu les 11 et 12 juillet 2015 à Kara (préfecture de Kozah) et à Farandé (Binah). Organisées en partenariat avec RESOPE, les commémorations ont tourné autour du thème de l’UA : « 25 ans après l’adoption de la Charte africaine des droits et bien-être de l’enfant : accélérons nos efforts pour éliminer les mariages des enfants en Afrique ».

Plus de 300 personnes s’étaient rassemblées (dont le chef du canton et les directeurs d’écoles) et les activités ont débuté par une marche, suivi d’un spectacle d’enfants et enfin des discours des autorités. Le deuxième jour, un match de football de gala a eu lieu suivi de présentations de la part d’IDAY-Togo.

SénégalAu Sénégal, une conférence - panel a été organisée le 16 juin 2015 à Podor (CEM de Touldé Galllé) sur le thème « une éducation de qualité : enjeux et perspectives » afin de commémorer la journée de l’enfant africain.

M. Diop (professeur) a débuté en présentant les problèmes et les solutions à mettre en place pour atteindre une éducation de qualité. Par la suite, M. Dème, professeur d’anglais, a poursuivi en questionnant la pertinence des nouveaux programmes et en rappelant les problèmes liés aux grèves ainsi qu’à la sous-alimentation des élèves. Pour conclure, le président du gouvernement scolaire et la présidente du club EVF ont remercié les professeurs et élèves présents pour l’organisation de cette célébration.

CamerounDu 13 au 17 juin 2015 à Yaoundé, plusieurs associations se sont jointes à IDAY-Cameroun pour célébrer la journée de l’enfant africain en participant à deux jours d’activités incluant : deux causeries éducatives avec les communautés musulmane et Bamiléké, un débat radiophonique, une marche populaire et une mâtinée de plaidoyer.

MauritanieEn Mauritanie, la célébration de la journée de l’enfant africain s’est déroulée le 16 juin 2015 à Toujounine autour du thème

«Respect des droits de l’enfant et promotion de l’éducation inclusive» en présence de toutes les associations membres du Réseau Mauritanien pour l’Education Pour Tous (RMEPT) membre d’IDAY. Devant la population des quartiers de Sbeikha, le maire de la commune, le président de l’association des élèves et d’autres se sont succédés pour discuter sur l’éducation inclusive des enfants.

RDC - KivuDe nombreuses activités furent organisées à Uvira (Kivu) afin de célébrer la journée de l’enfant africain et de sensibiliser les populations à la «lutte contre la débauche et le mariage précoce des mineurs». Lors du 16 juin 2015, les jeunes ont exposé leurs vécus sur cette problématique et le 19 juin, une journée de réflexion a eu lieu afin de trouver des moyens de combattre cette problématique. Les autorités, les chefs de quartier, les organisations de la société civile et 50 élèves ont participé à ces célébrations.

RDC - KinshasaIDAY-RDC Kinshasa a célébré la journée de l’enfant africain autour de la thématique «Non au mariage précoce des filles et oui à l’éducation de base pour tous sans discrimination en RD Congo». Entamée le 16 mai jusqu’au 13 juin 2015, ces rencontres avec les acteurs locaux et les activités de plaidoyer qui en ont découlé récoltèrent un large écho parmi le grand public. Un grand événement a eu lieu le 20 juin avec une conférence débat sur le thème de cette année.

KenyaLa célébration de la Journée de l’Enfant Africain dans le comté de Narok a commencé par une campagne de sensibilisation photo avec le slogan “Mettons fin aux mariages précoces !”, à laquelle plusieurs officiels et membres de la communauté ont pris part. Elle a été suivie d’une réunion comprenant les acteurs clés du gouvernement et de la société civile (6 du gouvernement et 9 organisations). 300 personnes ont participé à cette conférence sur le thème de la lutte contre le mariage précoce qui fut un franc succès malgré les intempéries.

GhanaInspiré par le thème de l’Union africaine, « Accélérons nos efforts pour mettre fin au mariage précoce et faisons la promotion de l’éducation des filles au Ghana », IDAY-Ghana a célébré la journée de l’enfant africain à Lakpleku dans une communauté rurale où le taux de mariage précoce est très élevé. Le coordinateur IDAY, Kenneth Amaoteng a introduit le sujet, laissant par la suite place aux discours de Joanna Dogbey (Jeune ambassadrice IDAY), M. Selor Atsu-Amedoadzi (membre de l’assemblée de la région) et Mme Pethrine Addae (chef de projet chez AWAP). Un débat a suivi ces présentations qui a rassemblé quelques 200 participants dont une dizaine d’officiels.

GabonÀ Libreville, IDAY-Gabon a célébré la Journée de l’enfant africain le 27 juin 2015 sur le thème « une éducation de qualité, gratuite, obligatoire et adaptée pour tous les enfants au Gabon ». Après une conférence de presse, le 20 juin, plus de 350 personnes ont participé à ces célébrations de 9h à 14h.

BéninIDAY-Bénin a célébré la Journée de l’enfant africain le 20 juin 2015 dans le village d’Oukommou, région dans lequelle sévit le mariage des enfants et des mineurs d’âge. La séance de senbisibliation a rassemblé 250 personnes dont 150 enfants du village et des environs.

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Célébrations de la journée

Togo

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www.iday.orgIDAY p. 6 / Automne 2015

Entretien avec l’Union Africaine à propos de l’élimination des mariages précoces

Pourquoi l’Union Africaine a-t-elle choisi de se focaliser sur l’élimination des mariages précoces comme thème pour la célébration de la journée de l’enfant africain 2015 ? Quelle est actuellement la situation de cette problématique sur le continent africain ? Durant le processus de sélection des thèmes de la Journée de l’Enfant Africain 2014 et 2015, le Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant (ACERWC) a organisé des consultations avec les enfants et le thème du mariage des enfants est revenu régulièrement. La gravité du problème en Afrique a également été mise en évidence lors de la 22ème session (4-8 novembre 2013) de l’ACERWC, qui a alors adopté la déclaration d’Addis Ababa sur l’élimination de la discrimination et des violences faites aux femmes, et proposé des solutions-clés pour le résoudre.

Le thème « 25 ans après l’adoption de la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant : Accélérons nos efforts pour éliminer les mariages des enfants en Afrique » provient de la

journée de discussion générale sur les mariages précoces, qui a énoncé les recommandations des enfants à l’intention des États membres afin qu’ils renforcent leurs efforts pour lutter contre ce phénomène.

Bien que le problème des mariages précoces demeure un défi pour le développement socio-économique de l’Afrique, il y a un consensus continental pour mettre fin à cette pratique.

Il faut s’assurer que les enfants, et particulièrement les filles, disposent tous des mêmes droits. Depuis le début de la campagne de l’Union Africaine (UA) pour mettre fin aux mariages précoces en Afrique, nous avons assisté à plusieurs développements, comme au Malawi qui a voté une loi pour criminaliser le mariage des enfants, mais aussi à des actions des communautés par des leaders traditionnels et religieux afin d’essayer de mettre fin à cette pratique. Ces changements sont également accompagnés par le rôle grandissant de la société civile en Afrique.

À l’occasion de la Journée de l’enfant africain, IDAY a pu s’entretenir avec l’Union Africaine afin d’en savoir plus sur l’histoire de cette journée, son fonctionnement et sur l’ importance de la société civile et de l’éducation.

Le Secrétariat du Comité africain des experts sur les Droits et le Bien-Être de l’Enfant (acerwc.org) et la Campagne Contre les Mariages Précoces (http://sa.au.int/en/) ont eu la gentilesse de répondre à nos questions :

M. Olawale I. Maiyegun, Union Africaine

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www.iday.org IDAY p. 7 / Automne 2015

Quel est l’ impact des mariages des enfants sur l’éducation des enfants et des jeunes en Afrique ? Dans quelles mesure l’éducation, et les écoles en particulier, sont-elles importantes pour protéger les enfants de ces mariages forcés ? Dans les endroits où les mariages précoces sont très répandus, on constate que le niveau d’éducation et le lieu de résidence sont des facteurs explicatifs déterminants, et ce avant le niveau de richesse. Les enfants mariés en bas âge doivent souvent quitter l’école et n’ont pas l’opportunité de poursuivre leur éducation, ce qui réduit de manière significative leur chance d’exercer une activité rémunératrice et de sortir de la pauvreté, ainsi que leurs enfants. A contrario, les bénéfices sont multiples pour les filles qui restent à l’école et évitent les mariages précoces. Les filles ayant reçu une éducation sont plus à même de comprendre leurs droits et de les faire respecter, mais aussi d’élever des enfants en meilleure santé et instruits. L’éducation est un des outils les plus efficaces pour empêcher les mariages précoces des filles et pour leur permettre de réaliser tout leur potentiel. Lorsqu’une fille dans un pays en voie de développement reçoit sept ans d’enseignement ou plus, ses chances de finir mariée avant l’âge deviennent extrêmement réduites.

Quels sont les instruments légaux et les mesures adoptées par l’Union Africaine pour lutter contre cette problématique ? Quelles sont les recommandations de l’UA à ses pays membres pour éliminer les mariages précoces ? Quelques 32 pays africains [sur 54] ont pour l’instant fixé l’âge minimum du mariage à 18 ans pour les filles et les garçons, parfois même plus. 18 pays africains ont pour leur part soit un âge minimum discriminatoire, ce qui veut dire que l’âge minimum de mariage est différent pour les filles et les garçons, soit il se situe en-dessous de 18 ans.

Ce tableau sombre va à l’encontre de toutes les dispositions prévues dans la Charte africaine sur les Droits et le Bien-Être de l’Enfant et du Protocole de Maputo sur les droits de femmes en Afrique, et surtout de la dynamique des droits du genre que ces instruments légaux veulent mettre en place. Cela contredit aussi l’urgence d’investir dans la jeunesse d’Afrique qui est devenue une condition si ne qua non pour atteindre le dividende démographique permettant d’accélérer le développement durable et humain d’ici à 2063.

L’Union Africaine soutient en particulier les politiques favorables aux droits des jeunes. A travers les nombreux instruments sur les droits des enfants et des jeunes mentionnés ci-dessus, elle est mandatée pour promouvoir des règles communes en la matière. Elle le fait en favorisant l’adaptation et la mise en œuvre de ces instruments aux niveaux régional et national, mais aussi en évaluant les progrès réalisés par les États membres en en leur demandant de rendre des comptes. Ainsi, la 25ème Assemblée des Chefs d’États et de Gouvernements de l’Union Africaine du 15 juin 2015 a adopté la Position africaine commune sur l’élimination des mariages précoces en Afrique et détaille les 17 actions que les États membres de l’Union Africaine doivent mettre en œuvre pour faire cesser cette pratique.

Pourriez-vous expliquer les missions et le travail du Comité d’experts africains sur les droits et le bien-être de l’enfant ? La Charte Africaine sur les Droits et le Bien-Être de l’Enfant a été adoptée le 11 juillet 1990 et est entrée en vigueur le 29 novembre 1999. Son objectif principal est la promotion et la protection des intérêts des enfants africains en prenant en compte les contextes historiques, économiques, sociaux et culturels et de la réalité du continent africain.

La mise en œuvre et le suivi de la Charte sont supervisés par le Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant. Il est composé de 11 membres indépendants, choisis par l’Assemblée des Chefs d’États et de Gouvernements de l’Union Africaine. L’article 33 de la Charte reprend les critères nécessaires pour être éligible en tant que membre du Comité.

Le Comité dispose d’un rôle de conseil et de gestion des contentieux concernant les droits prévus par la Charte. Selon l’article 43, il a mandat pour recevoir les rapports des États parties-prenantes à la Charte. Les États doivent envoyer ces rapports deux ans après la ratification et tous les trois ans par la suite. Le Comité a également le pouvoir de recevoir des communications (article 44) et de mener des enquêtes. Par ailleurs, le Comité peut collecter et documenter des informations, organiser des réunions et d’autres tâches qui lui sont confiées par l’Union Africaine et les Nations Unies.

Comment l’Union Africaine consulte-t-elle la société civile pour la sélection des thèmes pour la célébration de la Journée de l’Enfant Africain ? Les règles internationales concernant les droits de l’Homme demandent aux États de s’assurer que les enfants participent activement aux décisions qui affectent leur vie. Cela est d’autant plus important que les jeunes et les enfants sont les mieux placés pour définir les enjeux qui les touchent et pour suggérer des réponses qui définiront leur propre avenir.

Sous l’impulsion de l’ONG Plan en Afrique, plusieurs partenaires ont organisé depuis 2012 des consultations d’enfants dans une quinzaine de pays afin de les impliquer dans le choix des thèmes pour les Journées de l’enfant africain 2013-2018. En plus de cela, ces consultations avaient pour objectif d’évaluer le niveau de connaissance qu’ont les enfants de leurs droits ; leur niveau de connaissance de la Journée de l’enfant africain et de sa célébration ; et leur niveau de connaissance et de participation aux enjeux qui les concernent.

Le Comité d’experts africains travaille également de manière étroite avec le Forum des organisations de la société civile (OSC) sur la Charte africaine sur les droits et le bien-être de l’Enfant (CSO Forum). En amont des sessions du Comité, les OCS tiennent leurs propres réunions consultatives desquelles sortent des recommandations pour le Comité. Ce dernier participe également aux réunions consultatives organisées par les OCS et par n’importe quel autre acteur jugé pertinent par la société civile.

Interview / Union Africaine

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Dans les provinces rurales du Burkina Faso, la pauvreté des familles, l’éloignement des écoles souvent sous-équipées et dépourvues de cantines scolaires sont autant de causes d’un taux de scolarisation très bas et de nombreux abandons scolaires précoces.

En réponse à ces difficultés, deux associations membres de la coalition IDAY-Burkina Faso ont mis au point un système de location de vélos et de cours de rattrapage pour faciliter l’accès à l’école d’enfants et de jeunes vulnérables dans les provinces du Passoré (région du Nord) et de Poni (région du Sud-Ouest). Les vélos sont prêtés en priorité à des élèves issus de familles démunies et vivant à plus de 5 km de l’école, qui risquent de décrocher malgré des aptitudes scolaires avérées. Les cours de soutien scolaire sont également organisés à l’intention des élèves les plus vulnérables, notamment pour les filles contraintes par leur famille à consacrer le temps de trajet gagné grâce au vélo à des tâches ménagères supplémentaires. Grâce au soutien scolaire mis à disposition, les élèves améliorent leurs résultats, ce qui encourage leurs parents à les maintenir à l’école.

Depuis 2006, quelques 94 élèves de la 6e à la Terminale à Yako, dans la province du Passoré, ont bénéficié de prêts de vélos, et 512 d’un soutien scolaire. Dans la province de Poni, 116 élèves habitant dans les environs du chef-lieu de Gaoua ont pu, depuis 2013, poursuivre leur scolarité et améliorer leurs performances scolaires grâce à cette approche, dont 25 bénéficiant d’un vélo mis à leur disposition.

Entre autres résultats, le taux d’admission de ces élèves en classe supérieure est très élevé (82% en moyenne, tous niveaux confondus pour l’année scolaire 2014-2015). Les taux de réussite au BEPC (78%) et au BAC (79%) des élèves bénéficiaires du projet sont particulièrement significatifs, surtout comparés à la moyenne nationale (respectivement 57,6% et 37%).

Afin de rendre ce modèle financièrement viable et de pouvoir en faire profiter un plus grand nombre élèves, l’Association Le Paysannat (ASSO-PA) et l’Association des Enfants et Jeunes Travailleurs de Gaoua (AEJT / Gaoua) ont entamé la mise en place d’activités d’embouche bovine. Les revenus générés par la vente des bœufs engraissés subviendront directement à l’entretien et l’agrandissement des parcs de vélos et à l’indemnisation des professeurs des écoles participantes qui assurent le soutien scolaire en plus des cours.

Ces deux projets ont jusqu’à présent reçu l’appui financier du Fonds Message de Yaguine et Fodé, de la Commune de Lasne et de la Commune de Braine-l’Alleud. Des investissements supplémentaires sont requis pour développer les activités génératrices de revenus à un niveau suffisant pour assurer l’autofinancement des deux projets à terme.

Pour sa part, IDAY-Burkina Faso oeuvre à sensibiliser le gouvernement sur cette approche de lutte contre l’abandon scolaire et d’amélioration de la performance des élèves, avec l’espoir de la généraliser au niveau national.

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DES VÉLOS CONTRE L’ABANDON SCOLAIRE

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Vélos et rattrapage scolaire pour les élèves démunis en milieu rural au Burkina Faso