Lettre aux amis des auxiliaires du sacerdoce 2012

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Penser large, agir localement du Sacerdoce Auxiliaires 2012 LETTRE AUX AMIS

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Revue annuelle des auxiliaires du Sacerdoce

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Penser large, agir localement

duSacerdoce

Auxiliaires

2012

lettre aux amis

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Congrégation des Auxiliaires du Sacerdoce

57, rue Lemercier,75017 ParisTél. et fax :

01 42 26 70 89E-mail :

[email protected] :

www.auxiliaires- du-sacerdoce.com

CCP Auxiliaires Paris 14543 18 L

Directeur de publicationMarie-Laure Quellier

Comité de rédactionMarie-Claude Daguzan

Anne-Lise Sieffert

Crédit photosArchives

de la congrégation.Gérard Aleton

RéalisationBayard Service Edition –

Île-de-France – Centre18, rue Barbès,

92128 Montrouge CedexTél. : 01 74 31 74 10

Secrétariat de rédaction : Isabelle Tranchimand

Conception graphique : Alexandra Brizon

Imprimerie :Chevillon

sommaire édito

4 Ce monde dont nous sommesUne manière de regarder le mondeAnne GenoliniDans l’épreuve au JaponGérard AletonL’histoire n’est pas finieAnne-Lise Sieffert

16 à l'écoute de la Parole de DieuLa solidarité, un exode ? L’exode, un chemin de solidarité ?Krystel Bujat

20 à l'écoute des textes d'ÉgliseD’une encyclique à l’autreMarie-Laure Dénès

22 La solidarité, c’est ce qui fait tenir le monde debout 24 Aujourd'hui des solidarités vécuesFamilles de jeunes prisonniers : dans l’antichambre des parloirsMarie-Noëlle BrunaultArtisans du monde… une nouvelle solidarité ?Jeanne-Antoinette Dussardier« Chaque jour, donner et recevoir »Claude DegueurceLe Christ est aussi venu pour ZachéeMireilleUn enrichissement mutuelJean Théréau et Odile Ducarouge

34 Vers demainPoser un geste significatifMarie-Claude Daguzan

36 à l'écoute de saint IgnacePenser globalement, agir localementJean-Marie Carrière, sj

38 Nouvelles

Durant cette année, alors que nous avions décidé en congrégation de parler de la solidarité, notre monde s’est embrasé, pays après pays. Qui aurait pu penser que des chefs d’Etat, au pouvoir depuis des décennies, tomberaient ainsi en quelques semaines ?

Au même moment, d’autres pays sont anéantis par des cataclysmes naturels comme la Nouvelle Zélande, le Japon… Un véritable chaos s’abat sur notre terre.Notre société est questionnée, non seulement par tous ces faits, mais aussi par la crise financière, par la problématique des réfugiés qui frappent à la porte de l’Europe, par l’augmentation de la pau-vreté dans notre pays et du taux de chômage. C’est dans ce contexte du monde, de la France, que nous avons abordé la question de la solidarité. Anne nous aide à réfléchir sur notre manière de regarder le monde et Gérard nous parle de la façon de concevoir la solidarité au Japon.Le terme de « solidarité » n’apparaît dans l’Eglise qu’en 1939 avec Pie XII. Nous le retrouvons dans Gaudium et Spes (1965). Jean Paul II en fera le thème d’une de ses encycliques « Sollicitudo rei socialis ». Le mot « solidarité » y revient plus de vingt fois !Dans son encyclique « l’Amour dans la Vérité », Benoît XVI reprend ce message mais avec des accents nouveaux dans le contexte diffi-cile d’aujourd’hui. Marie Laure Denès déchiffre avec nous la parole de l’Eglise au cours des dernières décennies.A travers l’histoire de Moïse, Krystel nous invite à découvrir un Dieu solidaire des hommes.L’Encyclique « l’Amour dans la Vérité » ne donne pas de solution toute faite. Elle nous appelle à discerner, dans le quotidien de nos vies, pour oser de nouveaux chemins de fraternité. Anne-Lise relit la solidarité vécue dans la congrégation au fil des années, à travers quelques évolutions. Aujourd’hui, laissons-nous interpeler dans notre quotidien avec Marie-Noëlle, Jeanne-Antoinette, Mireille, Jean et Odile.« Penser globalement et agir localement », emblème de la mondiali-sation en cours ! Est-ce nouveau ? Jean Marie Carrière interroge saint Ignace.En cette fin d’année je suis heureuse de vous présenter tous mes meilleurs vœux pour l’année 2012. Marchons en Eglise vers Diaconia 2013.

Marie-Laure Quellier

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Pour commencer notre année de ré-flexion sur la solidarité, nous avons pris le temps de regarder ce monde dont nous sommes, avec des yeux nouveaux. Anne, Auxiliaire, en communauté à Meudon et étudiante en théologie et philosophie au Centre Sèvres à Paris, partage avec nous ce que ce temps a façonné en elle.

Attendre passivement et regarder de façon indifférente ne sontpas des attitudeschrétiennes *

Une manière de regarder le monde

Trouver une manière fécondede regarder le monde« Regarde le monde, il est plus extra-ordinaire que tous les rêves fabriqués ou achetés en usine. 2 » Cette phrase apprise  par  cœur  quand  j’étais  ado-lescente provient d’un  livre paru  en 1953 aux États-Unis, Fahrenheit 451. Ray  Bradbury  y  imagine  un  monde où les  livres sont  interdits et brûlés. Des  panneaux  publicitaires  cachent le paysage. Les écrans de  télévision peuvent occuper la surface des murs des  maisons.  Le  monde  est  mis  en scène par un pouvoir dictatorial pour endormir  l’intelligence  et  annihi-ler  la volonté. « Gorgez-les de  faits, qu’ils se sentent gavés, mais absolu-ment  brillants  côté  information.  Ils auront l’impression de penser, ils au-ront le sentiment du mouvement tout en faisant du sur place. 3 » Dans ces conditions,  aucun  risque  de  voir  se lever des « indignés » !Les Auxiliaires pourraient prétendre avoir une vision large du monde. Nos missions  sont  diverses,  au  contact de  personnes  très  différentes.  Les échanges  institués  dans  la  congré-gation, hier par courrier, aujourd’hui 

2. Ray Bradbury, Fahrenheit 451, Denoël, 1995, p. 204.3. Ibid. p. 90.

Depuis  le  dernier  cha-pitre qui  a  eu  lieu  en février-mars 2008, nous  nous  étions exercées  à  regarder 

le monde à  la manière de  la Trinité, comme le propose Ignace de Loyola, dans  les Exercices  spirituels 1. Cette année,  nous  avons  été  invitées  à  un autre type de regard, que l’on pourrait qualifier  d’« objectif ».  S’informer, réfléchir : c’est ce que nous voulions vivre pour  réajuster ou élargir notre conception de la solidarité et discer-ner  comment  agir  en  conséquence. Mais  comment porter  un  regard  sur le  monde  qui  soit  mobilisateur  et porteur d’espérance ?

1. Anne-Marie Petitjean, « Une lecture spirituelle du monde qui est le nôtre », dans la Lettre aux amis 2008, p. 4 à 7.

par  mail,  nous  permettent  de  parta-ger nos expériences. En plus de cela, toutes  les  communautés  suivent  les informations  par  les  médias  à  leur disposition.  Et  pendant  certaines  de nos  réunions  communautaires,  nous revenons  sur un  sujet d’actualité ou un autre.Mais  quels  sont  les  fruits  de  cette 

information ? Savoir peut donner un sentiment  trompeur de pouvoir,  sur-tout quand l’autre ne sait pas ! En vé-rité, si les données ne correspondent pas  à  une  réalité  perceptible,  que sait-on  vraiment ?  En  revanche,  une sœur qui aura cherché du travail pen-dant un an, ou une retraitée qui aura lu,  par  exemple,  Le  quai  de  Ouis-treham 4,  recevra  « humblement »  la nouvelle d’une réforme de Pôle Em-ploi ou les statistiques concernant le travail  précaire.  Dans  ces  cas,  l’in-formation  leur permettra de  faire  le lien avec leurs expériences, elle pren-dra  « visage »  et  les  travaillera  de  l’intérieur.

4. Florence Aubenas, Les quais de Ouistreham, Éd. de l’Olivier, 2010.

ce monde dont nous sommes

* Dietrich Bonhoeffer, Résistanceet soumission, Labor et Fides, 2006, p. 36-37.

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ce monde dont nous sommes

les combattre. Ils ont pris la peine de nous exposer des données chiffrées, de  les  décrypter  pour  nous,  mais aussi  de  les  analyser  et  de  tirer  des conclusions. Ils se sont donc risqués, humblement mais avec conviction, à partager leur vision du monde.Tous  les  trois  étaient  animés  par  la volonté de nous faire sortir de l’opi-nion courante, des amalgames, et de nous aider à prendre conscience que certaines  réalités,  même  noyées  au milieu  des  autres  informations,  ne peuvent  pas  devenir  des  banalités. Élargir  notre  regard  a  donc  d’abord consisté à sortir du fait brut et  isolé pour apprendre à faire des liens entre les  informations,  à  comprendre  la signification  des  statistiques  et  à  en peser le poids.Mais élargir notre regard, c’est aussi ne pas nous contenter du plan  local où beaucoup sont déjà engagées, que ce soit dans les gestes écologiques, la participation aux actions de proximi-té ou le dépannage des voisins. C’est au  niveau  national  et  international que des structures plus justes doivent être  mises  en  place.  Il  y  a  urgence notamment  à  construire  l’Europe sociale  avant  toute  tentative  de  ré-formes nationales. Nous avons donc été appelées à nous appuyer sur des réseaux  d’informations  et  de  com-pétences  d’instances  qui  portent  ce souci de justice au niveau mondial.Élargir  notre  regard,  c’est  enfin  ne pas nier l’ambiguïté et la complexité 

Connaître  peut  aussi  rassurer,  don-ner  l’impression  de  savoir  où  va  le monde…  Parfois,  cependant,  nous nous  essoufflons  à  nous  efforcer  de dépasser  les  limites  de  nos  capaci-tés  de  compréhension  et  d’analyse. Nous  sommes aussi  tentées de  sim-plifier ou de figer ce qui est complexe et  mouvant.  Certaines  en  ressortent avec  une  confiance  ébranlée  dans l’avenir  sans  savoir  quoi  penser  et quoi faire. Or, ce que nous désirons profondément,  c’est,  au  contraire, vivre  la  suite  du  Christ  comme  un appel à « poser des gestes significa-tifs  de  solidarité »  et  témoigner  de l’espérance du Royaume à venir.Il  faut donc  se  rendre  à  l’évidence : seules, nous avons bien des difficul-tés  à  savoir  regarder  d’une  manière féconde. Aussi avons-nous fait appel à d’autres pour nous y aider.

élargir notre regardet se laisser interpellerEntre  l’automne 2010  et 2011,  trois amis  sont  venus  nous  parler.  D’en-trée  de  jeu,  ils  se  sont  présentés comme  des  chrétiens,  des  militants, des hommes et femme avec une ex-périence  de  terrain,  qui  s’informent et  réfléchissent  avec  d’autres  sur  la situation actuelle du monde, dans le but  d’agir.  Ils  nous  ont  plutôt  livré leur analyse de la situation, une ana-lyse que  l’on peut qualifier de poli-tique : il s’agit de dénoncer les causes de  l’injustice et de  la pauvreté pour 

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d’enjeux contradictoires. Nous avons pu  voir,  par  exemple,  comment  à court terme, une entreprise est pous-sée  à  des  choix  forcément  contes-tables  entre  la  protection  de  l’envi-ronnement  et  l’emploi.  Nous  avons pu,  à  cette  occasion,  nous  rendre compte des tâtonnements des lois en matière d’environnement.

Partir d’un point de vueUne intervenante nous parlait de ses « deux yeux ». Depuis son retour du Tchad où elle a été volontaire DCC 5 il  y  a  quelques  années,  elle  regarde conjointement  les  choses  de  son point  de  vue  d’Européenne  et  du point de vue africain.Nous sommes invités à jouer la com-plémentarité  de  nos  points  de  vue plutôt que de vouloir tout embrasser de notre seul regard. Il ne s’agit pas d’essayer d’arriver à un consensus ou au  relativisme.  Élargir  mon  regard sur le monde, ce n’est pas renoncer à mes particularités, au contraire, c’est renforcer  mon  effort  personnel  de réflexion, choisir de me recentrer sur certains sujets, à partir de ce que  je suis et du monde auquel j’appartiens, pour être mieux à même de débattre avec  les  autres.  Ce  faisant,  je  peux me laisser déranger, déplacer ou bien je  peux  être  confirmée  dans  mon propre point de vue. Cela fait alors la richesse d’une vie communautaire et 

5. Délégation catholique pour la coopération.

de nos rencontres sur des lieux de vie et de travail.À  la  fin  d’une  des  interventions, nous  étions  invitées  à  écouter  le  té-moignage 6 de personnes qui ont été ou  sont  encore  « dans  la  galère » pour  recevoir  d’elles  d’autres  clés de lecture de notre société. Ce n’est pas  sans  rappeler  ces  mots  de  Die-trich  Bonhoeffer :  « Cela  reste  une expérience  d’une  valeur  incompa-rable que d’avoir appris tout à coup à regarder les grands événements de l’histoire mondiale à partir d’en bas, depuis la perspective des exclus, des suspects,  des  maltraités,  des  gens sans  pouvoirs,  des  opprimés  et  des honnis, en un mot : de ceux qui souf-frent… Tout  dépend  de  ce  que  cette perspective  d’en  bas  ne  devienne pas  une  prise  de  position  pour  les éternels  insatisfaits,  mais  que  nous rendions justice à la vie dans toutes ses  dimensions  à  partir  d’une  sa-tisfaction  plus  haute  qui  est  fondée  au-delà du bas et du haut. 7 »

Anne Genolini

6. DVD d’entretiens enregistrés au cours de l’émission « Parole de vie », diffusée sur RCF Méditerranée entre 1999 et 2007, en collaboration avec le Secours catholique du Var et la Fraternité saint Laurent.

7. Dietrich Bonhoeffer, Résistanceet soumission, Labor et Fides, 2006, p. 40.

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Dans l’épreuve au Japon

À l’écoute du monde, nous devenons témoins de la solidarité qui s’y vit. Elle prend, certes, des formes diffé-rentes selon les peuples et les cultures. Gérard Aleton, un ami de la congréga-tion, parle du Japon si éprouvé cette année. Il a, lui-même, vécu et travaillé dans ce pays.

reconstruction, sans tenir compte des pertes induites.Ayant un fils vivant au Japon, marié à  une  Japonaise,  nous  avons  suivi avec  attention  et  émotion  tout  ceci, nous nous sommes rendus sur place du  15 avril  au  15 mai  pour  vivre, quelque  temps,  avec  nos  enfants et  partager  l’épreuve  du  peuple  ja-ponais  qui  a  fait  front  avec  grand  courage.

La plus grave crise humanitaire depuis la Seconde GuerremondialeLe Japon, avec plus de 700 000 per-sonnes  directement  affectées,  est confronté  à  la  plus  grave  crise  hu-manitaire depuis  la Seconde Guerre mondiale. De nombreuses personnes ont  été  déplacées  dans  des  centres d’accueil  (stades, écoles)  tandis que d’autres s’efforçaient de vivre, vaille que vaille, dans leurs habitations, en manquant d’eau potable, d’électricité et de médicaments. Le gouvernement semblait  débordé  mais  les  Japonais ne se sont jamais faits d’illusion sur la capacité de l’État, préférant comp-ter  sur  eux-mêmes  plutôt  que  sur un  État  providence  ou  la  solidarité  internationale.Les  Japonais  s’organisent  sur  place avec des volontaires et des jeunes qui donnent de leur temps pour déblayer 

Le  11 mars  2011,  un tremblement de terre de forte magnitude associé à  un  tsunami  dévastait la  côte  nord-ouest  du 

Japon.  Aux  dégâts  considérables provoqués  par  ces  phénomènes  na-turels  s’est  ajoutée  une  catastrophe nucléaire provoquant un relâchement d’activité  du  même  ordre  que  celle de Tchernobyl. Après l’émotion pro-voquée par les images souvent spec-taculaires du tsunami,  les médias se sont  surtout  intéressés  aux  consé-quences de l’accident de Fukushima, tant  il  est  vrai  que  tout  ce  qui  est nucléaire  fait  peur,  en  oubliant  du même  coup  les  victimes  du  trem-blement  de  terre.  Les  conséquences humaines  et  économiques  de  ces événements  sont  considérables :  le nombre  de  victimes  du  séisme-tsu-nami est d’environ 28 000 personnes et le gouvernement japonais estime à 150 milliards d’euros le budget de la 

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les décombres, nettoyer, reconstruire. Une multitude d’initiatives  et  de pe-tites  associations  travaillent  discrète-ment  et  avec  ténacité  en  s’appuyant sur  leurs  propres  moyens.  Lors  de notre passage, les jeunes des écoles et collèges se mobilisaient  le week-end pour collecter des fonds en faveur des orphelins des zones sinistrées.

Discipline et solidaritéSans  une  grande  discipline  et  soli-darité,  la vie dans ce pays  très den-sément peuplé et  à  la nature hostile ne serait guère possible. L’éducation au sens collectif et à la solidarité se fait très tôt, dans les familles et dans 

les  écoles. Dès  l’école primaire,  les enfants  prennent  en  main  l’espace de  leur  école  et  par  roulement,  en équipe de six à huit, font le ménage dans les classes et espaces collectifs. Les élèves tiennent propres les cours de récréation et n’imaginent pas lais-ser  traîner  un  papier !  Cette  attitude où  chacun  est  responsable  de  tout pour tous se retrouve tout au long de la vie. Pas question de dégrader l’es-pace public ou de resquiller dans les transports en commun.L’impassibilité  que  montre  le  Japo-nais  face  aux  événements  est  une autre façon d’exprimer sa solidarité. Dans  une  situation  extrême  comme 

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L’histoire n’est pas finie

Le chapitre 2008 nous invite à une « soli-darité plus large ». Anne-Lise, Auxiliaire, a voulu relire quelques moments forts de la vie de notre congrégation et faire mémoire de la solidarité vécue pour en découvrir les visages qu’elle a pris au fil des années.

les préférés du Seigneur et les rejetés de la société.

Des évolutionsPar  la  suite,  l’histoire de  la  congré-gation a connu quelques évolutions. Sans  chercher  à  les  nommer  toutes, j’en interroge quelques-unes : la soli-darité en a-t-elle été un des moteurs ?

Noël 2011 !Cent ans se sont passés depuis cette nuit de Noël 1911 où Marie Galliod, notre fondatrice, reçut l’intuition qui donna  naissance  à  la  congrégation des Petites Auxiliaires du clergé, au-jourd’hui Auxiliaires  du  Sacerdoce. Nous en  faisions mémoire  l’an pas-sé. Et si ces 100 ans étaient histoire de solidarité ? Une solidarité prenant des formes différentes au fil des an-nées, en réponse à la vie de la société et de l’Église.

Les premières annéesSi,  dans  les  débuts,  le  terrain  nor-mal de  l’action des Auxiliaires était le  service de  la paroisse,  ce  service est accompagné du désir de déborder les  frontières  car  l’horizon  n’a  pas de  frontières. Notre  fondatrice nous voulait « dans les rues, dans les mai-sons,  sur  les places publiques, dans les écoles et les œuvres ».En zone  rurale comme en ville, dès les  premières  fondations,  rien  ne distingue les sœurs du milieu où les communautés sont implantées. Habi-tat,  style de vie, habillement contri-buent à les rendre proches de leur en-tourage où se nouent vite des amitiés. Leur  attention  se  porte  volontiers vers  les  plus  démunis,  les  familles peu favorisées, tous ceux que le mot « pauvres » désigne à la fois comme 

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un  séisme  ou  un  accident,  montrer sa  douleur  trop  brutalement  revien-drait à penser que l’on est plus mal-heureux que les autres et, à l’inverse, ceux  qui  ont  réchappé  d’une  catas-trophe ou ont  la  chance d’avoir  des membres  de  leur  famille  épargnés, évitent de montrer  leur  joie pour ne pas  insulter  ceux  qui  sont  morts  ou blessés. On est évidemment très loin de l’exubérance latine !

Une question de survieLa  solidarité  pour  un  Japonais  est une  question  de  survie  et  n’est  pas matière à option. Elle est constitutive de  la nation et différente en cela de la  solidarité  occidentale  cathodique – déclenchée par  les médias  à  l’oc-casion d’une catastrophe – ou même de la solidarité compassionnelle. Ef-ficace,  elle  est  discrète  et  agissante sur le long terme.Les  catastrophes  du  11 mars  surve-nues au Japon furent aussi l’occasion de confronter les deux approches de la solidarité. À l’occasion de l’acci-dent nucléaire de Fukushima, consé-quence  du  séisme,  les  ambassades occidentales  ont  proposé  à  leurs ressortissants  un  rapatriement  vers 

leurs pays craignant la contamination  radioactive dans la région de Tokyo. Cette proposition fut très mal ressen-tie  par  les  Japonais  qui  l’ont  vécue comme un abandon dans un moment difficile. La réponse d’un papa japo-nais, veuf depuis deux ans, à un ami français qui lui avait fait la proposi-tion  d’accueillir  temporairement  sa fille unique de 16 ans pour la mettre à l’abri, illustre bien l’esprit japonais de solidarité : « Les gens d’ici luttent et  risquent  leur  vie  pour  les  autres, pas pour les tuer mais pour les aider. Je n’imagine pas un  instant  tourner le  dos  à  ces  gens  et  envoyer  Kana chez  vous  pour  sa  sécurité.  Kana aurait  honte pour  le  reste de  sa  vie de cet acte. Ce serait une  tache qui la  marquerait  jusqu’à  la  fin  de  ses jours. Pour Kana,  le plus  important pour  le  moment,  est  de  sentir  et  de partager  la  douleur  des  gens  qui souffrent.  Je  souhaite  qu’elle  tire  le meilleur profit de cette crise et réflé-chisse sur ce qu’elle peut faire pour les gens dans la peine. Nous sommes en  ce moment mis à  l’épreuve pour voir si nous sommes une nation qui cultive un vrai respect humain pour l’autre,  c’est-à-dire  un  respect  qui ne  soit  ni  économique  ni  militaire. Ceux qui sont dans l’épreuve doivent prendre en charge ceux qui souffrent même dans les moments les plus dif-ficiles. Cette crise montre les qualités de notre peuple. »

GérArd Aleton

La solidarité pour un Japonais est une question de survie et n’est pas matière à option

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D’infirmières libéralesà infirmières salariéesAuxiliaires,  nous  étions  engagés dans  les  paroisses,  la  catéchèse,  les aumôneries,  les  mouvements  d’ac-tion catholique. Très vite, des sœurs furent  envoyées  comme  infirmières et la congrégation ouvrit des centres de  soins.  Infirmières  libérales,  elles assuraient  des  soins  à  domicile,  ce qui  contribuait  à  la  subsistance  des Auxiliaires et répondait surtout à un souci pastoral :  le désir de  rejoindre les  personnes  là  où  elles  vivent  et d’aller vers tous. Par leur présence au 

cœur du quartier, leurs contacts jour-naliers avec bien des familles de tous les milieux, elles étaient à l’écoute de la vie, des conditions de travail, de la vie de famille et participaient aux joies et aux soucis de tous.Pourquoi alors, certaines d’entre elles vont-elles renoncer à leur statut d’infir-mières libérales ? Pourquoi les centres de  soins  vont-ils  fermer  peu  à  peu ? J’ai  interrogé  une  des  infirmières. Voilà ce qu’elle m’a répondu : « De la solidarité,  il  y  en  avait,  certes ! Avec la  congrégation !  Mais  surtout  avec les  autres  infirmières !  Pouvions-nous continuer  à  supporter  d’avoir  un  ré-gime d’exception ? Nous appartenons à  une  profession. »  En  effet,  recon-nues comme travaillant non pour leur compte personnel mais pour le compte de  leur  communauté,  les  religieuses infirmières  n’étaient  pas  imposables comme les autres infirmières libérales.Cette  question  méritait  d’être  ré-fléchie.  Elle  fut  abordée  au  sein  de l’UNCASH 1,  mais  aussi  au  sein  de la  congrégation.  Ces  réflexions  nous aidèrent à analyser les ambigüités des différents  statuts.  Où  voulions-nous situer  nos  solidarités ?  Avec  les  plus pauvres ?  Avec  les  collègues  infir-mières ?  Avec  le  monde  religieux ? Prenant  conscience  alors  que  nos centres  de  santé  pouvaient  faire  tort aux  infirmières  libérales, nous avons 

1. UNCASH : union regroupant des congrégations très diverses dans une réflexion commune sur les aspects professionnels et missionnaires des professions de la santé.

opté pour les fermer et certaines Au-xiliaires  sont  allées  travailler  en  mi-lieu hospitalier ou en centres de soins municipaux.

Des centres villes aux insertionsen périphérie ou en banlieueSi,  dès  l’origine,  les  communautés ont  voulu  être  proches  de  leur  en-tourage  par  l’habitat  et  le  style  de vie,  c’est  tout  naturellement  que des  communautés  ont  été  fondées dans  les banlieues qui se peuplaient (le  Petit  Nanterre  en  1962,  quartier connaissant  l’arrivée  d’une  popula-tion maghrébine, Bondy en 1965…) et  que  plusieurs  communautés  ont quitté les paroisses des centres villes pour  se  déplacer  vers  les  périphé-ries  et  habiter  les  cités  d’HLM  qui  sortaient de terre.

Départ au travail salariéde plusieurs AuxiliairesCe tournant se situe vers  les années 1966-68.  Des  communautés  étaient insérées  en  paroisses  ouvrières  et plusieurs Auxiliaires  ont  alors  senti l’appel à rejoindre  le monde du  tra-vail  salarié.  Le  concile  était  passé par  là avec  la constitution Gaudium et spes 2. Les problèmes des premiers prêtres ouvriers en 54-55  trouvaient écho  dans  le  cœur  de  bien  des Au-

2. « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. »

xiliaires.  Et  le  monde  bougeait. Mai 1968 marquait un tournant.Les motivations des sœurs ont pu être très personnelles et bien diverses ; les métiers,  eux  aussi :  serveuse  dans une  cantine  d’usine,  fille  de  salle, manœuvre  en  usine,  femme  de  mé-nage  en  collectivité,  ou  employée dans  un  bureau  de  la  Défense… Toutes  ont  découvert  une  solidarité à  vivre  au  quotidien :  le  partage,  au jour  le  jour,  les conditions de  la vie au travail,  le poids de la fatigue, les horaires,  la  répétition  des  mêmes gestes,  etc.  Ce  travail  salarié  est d’abord  vécu  comme  un  temps  de présence,  d’enfouissement.  Mais  ce « être  avec »  mène  certaines  sœurs à s’engager dans le Mouvement ou-vrier et l’action syndicale.

Garder l’unitéNous  voilà  avec  des  envois  bien différents :  en  pastorale  directe,  au travail  salarié,  au  Tchad,  au  Brésil, en monde rural, urbain, banlieue ou monde  ouvrier.  Comment  garder l’unité ?Ces envois créent des solidarités di-verses,  des  sensibilités  diverses  par rapport  aux  appels  apostoliques : présence, options de milieu, sens de l’universel. Pour  les unes,  la solida-rité se vit dans l’enfouissement, pour d’autres dans l’action syndicale.Au  chapitre  1973  nous  en  prenions acte.  Nous  pointions  aussi  les  dif-ficultés.  Ces  solidarités,  si  elles 

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étaient  absolutisées,  pouvaient  nous séparer !  Nous  réaffirmions  alors,  à la  fois  notre  volonté  de  pluralisme  –  « il  correspond  à  la  diversité  des besoins  du  monde  et  des  efforts  de réponse de l’Église » – et notre soli-darité de congrégation : « Les apôtres font  bloc,  ils  se  complètent,  ils  s’achèvent » (M.M. de la Croix).

Plus récemmentDe notre maison Bethléemà l’EHPAD BethléemCette dernière décennie nous a ame-nées  à  vivre  un  nouveau  tournant. En  2004,  notre  maison-mère  Beth-léem,  à  Paray-le-Monial,  devenait EHPAD 3.  Nous  avions  décidé  de collaborer  avec  l’association  PSA  (Partage, Solidarité, Accueil)  et d’en faire une maison ouverte à tout public.En effet, la question du grand âge se pose  désormais  pour  nous  comme pour la société qui voit augmenter le nombre de personnes âgées et se pré-occupe  d’améliorer  leurs  conditions de vie.Nos sœurs aînées vivent une nouvelle solidarité,  « compagnes  d’humani-té » 4 avec le nombre grandissant de personnes âgées dont les forces dimi-nuent  et  en  « service  d’humanité », faisant  de  leur  vie  un  témoignage dont  la  valeur  ne  se  mesure  pas  au 

3. Établissement d’hébergement des personnes âgées et dépendantes.4. Au chapitre 2003, nous nous voulions« compagnes et servantes d’humanité ».

rythme  de  l’activité  et  la  fécondité d’une vie au rendement.

Au Tchad, travaillerau développement différemmentJ’ai  personnellement  vécu  de  nom-breuses années au Tchad. Comment ne  pas  faire  mémoire  ici  de  tout  le travail  de  développement  auquel nous avons participé et de l’esprit qui animait  tous  les acteurs de ce déve-loppement ?En 1958, nous partions pour le Tchad dans  la mouvance de  l’appel de Pie XII  dans  son  encyclique  Fidei  do-num.  Tous  les  chrétiens  ne  sont-ils pas  solidairement  responsables  de la  mission  apostolique  de  l’Église partout dans  le monde ? L’Église ne demandait qu’à naître et se dévelop-per sur cette terre du Tchad. Encore fallait-il que la Bonne Nouvelle soit annoncée ! Voilà les quatre premières Auxiliaires parties à Moïssala !Annoncer  l’Évangile,  c’était  aussi mettre  toutes  nos  forces  au  service du  développement.  Soigner,  certes, mais  aussi  former  à  la  prévention, nourrir  les  foules  avec  l’aide  des vivres venus du PAM 5 lors des évé-nements  de  1984  et  de  la  famine qui  a  suivi.  Mais  surtout  soutenir et  promouvoir  toutes  les  initiatives locales.Auxiliaires  au Tchad,  notre  solida-rité nous a menées à vivre avec  les Tchadiens  une  évolution  dans  la 5. Programme alimentaire mondial.

conception du développement simi-laire à celle des organismes humani-taires tel le CCFD 6 ou autres. Avec les  mouvements  d’action  catho-lique,  la  JAC 7  notamment,  les  pre-mières  Auxiliaires  au  Tchad  parti-cipent au travail de développement : culture  attelée,  calendrier  agricole, écoles, centres ménagers, etc. Avec l’INADES 8,  les  agriculteurs  pour-ront  suivre  des  cours  de  formation agricole.  Mais  il  faudra  aller  plus loin :  prévenir  les  maladies,  infor-mer,  travailler  à  ce  que  les  Tcha-diens  mettent  en  route  eux-mêmes leur  propre  développement.  Passer d’une assistance à un véritable par-tenariat n’est pas chose  facile. Per-mettre  qu’un  ou  deux  puits  soient creusés à la demande des villageois, avec  leur  travail,  vaut  mieux  que l’intervention  de  tel  organisme  ve-

nant forer dix ou vingt puits !Pour  cela,  il  a  fallu  alors  travailler à  l’émergence  de groupements  pay-sans qui peu à peu s’organisent pour la conservation et la commercialisa-tion  de  leurs  produits  vivriers,  pour épargner  et  subvenir  à  un  grand 

6. Comité catholique contre la faimet pour le développement.

7. Jeunesse agricole chrétienne. 8. Institut africain pour le développementéconomique et social.

nombre  de  leurs  besoins.  Promou-voir  des  actions  de  développement qui  mettent  en  valeur  les  richesses potentielles de chaque être humain et dynamisent  les  capacités  collectives des  populations  confrontées  à  des situations difficiles  est  un  travail  de longue haleine qui met  l’homme au cœur du développement.La mise en réseau et l'échange d'ex-périences entre les différents acteurs, regroupement  régional  d'organisa-tions  paysannes,  mise  sur  pied  d'un réseau  de  microcrédit…  voient  le jour. L'objectif est de favoriser chez les acteurs sociaux une vision élargie de  leur  situation,  de  devenir  un  in-terlocuteur crédible face aux centres de décision locaux, régionaux, natio-naux, voire internationaux.

Et aujourd’hui ?C’est à  la dimension du monde que se  posent  toutes  les  grandes  ques-tions. Tout ce qui se passe ailleurs, au loin, a des répercussions ici et vice-versa. Nous en avons l’exemple avec la  crise  financière  qui  se  propage de  pays  en  pays.  Les  choix  d’au-jourd’hui créent le monde de demain. Nous voilà provoquées à penser plus large.  Avec  tous  ceux  qui  œuvrent pour la justice, la paix, la sauvegarde de  la planète,  à  quels  nouveaux dé-placements  sommes-nous appelées ? L’histoire n’est pas finie.

Anne-lise sieffert

La solidarité,c'est ce qui rend solide !

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à l’écoute de la parole de dieu

La solidarité, un exode ?L’exode, un cheminde solidarité ?

Moïse, une histoire de solidarité… Ce n’est pas forcément habituel de se mettre à regarder, contempler, suivre la figure de Moïse pour guider une an-née de réflexion autour de la solidarité. C’était pourtant le chemin qui nous était proposé, et nous l’avons emprunté, suivi. Krystel, Auxiliaire, en communau-té à Marseille, en propose une lecture.

« tiré des eaux » parce que la fille de pharaon laisse vibrer son être devant ce petit bout d’homme, parce que sa sœur  surveille !  Parce  que  sa  mère préfère  se  séparer  de  lui  que  de  le voir  mourir !  1  Ce  premier  exode,  il n’y est pour rien !

Pour un exode que nous provoquonsEt il va devenir un homme à la cour de pharaon… dans cet ailleurs  tota-lement  étranger  et  devenu  hostile  à ceux  dont  il  découvrira  qu’ils  sont ses frères et sœurs.Il  va poser  alors  ce geste  fou  face  à cet  Egyptien  qui  maltraite  ceux  de son peuple : il le tue 2. Il est confronté à l’injustice ; est-ce pour autant de la solidarité ? Pas si simple que cela,  la solidarité !  Face  à  l’injustice,  quel(s) moyen(s)  vais-je  employer ?  Réagir ? Laisser  faire ?  Utiliser  la  violence ? Faire  de  grands  discours ?  Avec Moïse,  rien  ne  marche  vraiment.  Il tue un Egyptien, il intervient pour sé-parer deux Hébreux. L’intervention de Moïse ne sera pas accueillie, pas com-prise. Cette solidarité, un peu instinc-tive, devra se purifier, s’approfondir ! 1. Exode 2, 1-10. 2. Exode 2, 11-14.

D’exode en ExodePour un exodeque nous n’avons pas choisiL’exode,  c’est  partir,  sortir,  quit-ter,  parfois  dans  l’urgence,  souvent sans tarder : quand c’est  le moment, c’est  le moment. C’est aller vers un ailleurs, vers un à-venir que  l’on ne connaît  pas,  que  l’on  espère  et  que l’on  espère  souvent  meilleur.  C’est partir, guidé par une promesse de vie, de salut, de libération.Cet exode pour Moïse est vrai depuis sa  naissance !  Rien  que  notre  nais-sance en est un, ce passage de l’intra-utérin au monde ! Mais très vite, pour fuir et échapper à la furie de pharaon, Moïse est déposé dans un couffin et sur  les  eaux.  Sa  mère  espère…  es-père pour lui ! Et ça marche ! Il sera 

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Et un autre exode s’ouvre devant lui : il doit fuir la cour de pharaon. Le voilà parti vers un autre  ailleurs qui va  se révéler comme décisif.

Pour un exode, appelé et envoyéCet ailleurs va le provoquer à un dé-tour :  un  buisson  qui  brûle  sans  se consumer !  Le  temps  est  venu  pour lui  de  la  révélation  d’un  Dieu  soli-daire des hommes et de l’appel à une solidarité qui prend sa source en Dieu qui entend  la misère de  son peuple. Un  Dieu  qui  semble  nous  dire :  

« Je  ne  le  ferai  pas  sans  toi.  Ac-ceptes-tu  d’être  partenaire  avec moi ? » Proposition d’un contrat  so-lidaire avec Dieu !Fais le tour de ce buisson : retire tes sandales,  la  terre  que  tu  foules  est sainte… Oui, elle est sainte, la terre de l’humanité. En être solidaire nous appelle  à nous déchausser,  à y  aller pieds nus !Aller  trouver  pharaon :  tu  ne  sauras pas le faire ? C’est aussi vrai… mais, comme  le  rappelle  l’archevêque  de Marseille,  nous  sommes  appelés  à 

Traversée de la mer Rouge (tableau, Zimbabwe).

Cir

iC

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à l’écoute de la parole de dieu

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une  conversion.  Passer  de  nous  in-quiéter de ce qui pourrait bien nous arriver si nous nous engageons dans cette  solidarité  envers  et  avec  nos frères, à nous demander : que va-t-il leur  arriver  à  ces  frères  si  nous  ne nous risquons pas ?Oui, entrer dans ce contrat solidaire avec Dieu, qui n’est autre que  l’Al-liance qu’il choisit de faire avec nous, c’est  irrémédiablement  accepter  de nous  laisser  convertir  par  Dieu,  par nos  frères.  Laisser  Dieu  ouvrir  nos cœurs, nos oreilles, pour entendre les appels de nos frères, pour entendre la misère du peuple de ce Dieu qui veut à tout prix que nous passions de l’es-clavage à la liberté.Oui, c’est un exode ! Celui de passer de  la mort  à  la vie. Celui de passer de l’égoïsme, de la peur paralysante, au  risque  et  à  l’amour  qui  me  fait me  tourner  encore  et  toujours  vers mes  frères.  Dans  la  conclusion  de son encyclique L’amour dans  la vé-rité,  le  pape  Benoît  XVI  rappelle : « L’ouverture  à  Dieu  entraîne  l’ou-verture aux frères et à une vie com-prise  comme  une  mission  solidaire  et joyeuse. »

La solidaritéserait-elle un exode ?Qui suis-je pour faire cela ? C’est la question de Moïse à Dieu, c’est celle de  tous  les  prophètes,  c’est  encore sûrement  la  nôtre  aujourd’hui !  Qui suis-je,  même  pour  aller  vers  mes 

frères et  leur dire qu’il  faut  se bou-ger, qu’il est temps d’aimer, qu’il est temps  d’être  solidaires  les  uns  des autres, que le monde ne peut pas se laisser guider uniquement par la soif du pouvoir ou le profit à tout prix, et souvent au détriment des hommes 3 ? Cette démarche est déjà difficile avec ceux et celles que l’on connaît bien, avec  lesquels  nous  partageons  les mêmes convictions, les mêmes aspi-rations,  les  mêmes  combats. A  plus forte  raison,  quand  il  s’agit  de  ren-contrer d’autres, différents, voire ap-paremment  diamétralement  opposés à nos manières de faire, de penser !La solidarité, c’est sortir de nos cer-titudes, de nos assurances exclusives qui  nous  font  croire  que  nous  seuls avons  les  solutions  et  connaissons le  bon  chemin.  C’est  un  appel  à  la confiance ! Une confiance envers ce-lui qui nous appelle à partir, à nous mettre en route.Sur la parole de Moïse, le peuple hé-breu  va  tout  laisser,  emporter  juste ce  qu’il  faut  pour  la  route,  et  partir pour cet événement fondateur qu’est l’Exode 4. Il se retrouve face à la mer –  obstacle  physique,  mais  surtout obstacle à la confiance : quel est-il ce-lui-là,  pourquoi  nous  sommes-nous mis à le suivre ? Le peuple récrimine –  « Veux-tu  que  nous  mourions ? Tu nous  avais  promis  que…,  nous  qui 

3. L’encyclique L’amour dans la charité nous le rappelle de manière incessante au fil des pages.4. Exode 13-14.

espérions… »  –  jusqu’à  se  tourner vers d’autres dieux, face à l’absence prolongée de Moïse au Sinaï 5.Nous ne pouvons emprunter un che-min  solidaire,  en  voulant  tout,  tout de  suite,  sans  nous  questionner : en  qui  est  placée  notre  confiance ? Si  Dieu  nous  veut  partenaires,  co-créateurs  avec  lui,  c’est  en  lui,  par son  Fils,  dans  la  force  de  l’Esprit ! L’initiateur  de  cette  solidarité,  c’est lui.  Et  cela  ne  peut  tenir  qu’enraci-nés  en  lui !  Benoît  XVI  écrit,  dans sa conclusion : « Seul un humanisme ouvert  à  l’absolu  peut  nous  guider dans  la  promotion  et  la  réalisation des formes de vie sociale et civile en nous préservant du risque de devenir prisonniers  des  modes  du  moment. C’est  la  conscience  de  l’amour  in-destructible  de  Dieu  qui  nous  sou-tient  dans  l’engagement  rude  et exaltant,  en  faveur de  la  justice, du développement des peuples avec ses succès  et  ses  échecs,  dans  la  pour-suite  incessante  d’un  juste  ordon-nancement des réalités humaines. »

L’Exode, chemin de solidaritéet d’AllianceSi  le  parcours  de Moïse  est  jalonné d’exodes  jusqu’aux rives de  la  terre promise, il est jalonné aussi, et peut-être surtout, de ce chemin d’alliance et  de  solidarité.  Il  fait  l’expérience que ce chemin, il ne le fait pas seul et qu’il ne peut le faire seul. Appelé par 5. Exode 32.

Dieu, Moïse devient lien entre Dieu qui veut  son peuple debout,  libre et heureux, et le peuple qui se met de-bout petit à petit, à travers confiance, doute,  trahison, fidélité retrouvée. Il fait  l’expérience  que  c’est  à  travers tous ces aléas et au rythme du peuple 

que petit  à petit  se  révèle  la fidélité indéfectible de Dieu. Il trouve en cet amour de Dieu,  le courage d’agir et de  persévérer  dans  la  recherche  du bien  de  tous !  Jusqu’à  tracter  avec Dieu,  lorsque  celui-ci  semble  n’en plus  pouvoir  de  ce  peuple  à  la  tête dure.  Ces  allers-retours  entre  Dieu et  Moïse  sont  une  fabuleuse  image de  ce  chemin  vers  une  solidarité plus  juste.  Elle  peut  nous  conduire des plus grands mouvements de joie aux  plus  grandes  désolations.  Cette alliance  donne  à  Moïse  l’audace  de s’entretenir  avec  Dieu  comme  un ami parle à son ami. Cette audace est venue jusqu’à nous en ce Christ qui va jusqu’au bout de sa solidarité avec l’humanité,  en  donnant  sa  vie  pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance.Que ce soit cet élan sans cesse renou-velé qui nous anime et fasse de nous les  acteurs  d’une  solidarité  toujours plus large.

Krystel BujAt

En qui est placéenotre confiance ?

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à l’écoute des textes d’église

D’une encyclique à l’autre

Nous nous sommes mises à l’écoute de l’Église, en lisant l'encyclique du pape Benoît XVI. Marie-Laure Dénès, sœur dominicaine, secrétaire générale de Jus-tice et paix jusqu’en septembre dernier, nous aide à entendre ce que l'Église dit de la solidarité à des époques différentes.

différents.  Jean Paul  II  écrit pour un monde  encore  divisé  par  la  guerre froide.  L’un  des  points  d’insistance sera  d’exhorter  les  protagonistes  à reconnaître la nécessité de nouer des relations  sous  le  mode  de  l’interdé-pendance,  à  renoncer  à  la  défiance pour  avancer  vers  la  collaboration, seule réponse à la hauteur des enjeux du développement. Sous la plume de Benoît  XVI  l’accent  est  différent.  Il écrit  dans  un  contexte  de  mondiali-sation et de crise. Les relations exis-tent  déjà mais  il  s’agit  de  les mettre au  service  du  bien  commun :  « La société toujours plus globalisée nous rapproche, mais elle ne nous rend pas frères » (Caritas in veritate 19). Il va déployer ce que Jean Paul II indiquait comme un chemin à suivre : « L’inter-dépendance doit se transformer en so-lidarité » (Sollicitudo rei socialis 39).

Sur l'horizon de la fraternitéVoilà pour le cadre mais il n’est pas possible ici de faire une analyse com-parée  détaillée  de  ces  deux  textes denses  et  riches.  Nous  nous  risque-rons simplement à mettre en lumière trois aspects, liés entre eux, qui sem-blent  en  germe  dans  Sollicitudo  rei socialis et que Caritas in veritate va déployer, enrichir.En écho aux développements théolo-giques  de  Sollicitudo  rei  socialis  et 

La  solidarité  est  l’un  des cinq principes de  la doc-trine  sociale  de  l’Église 1 et fait partie de son ensei-gnement et de sa pratique 

les plus constants. Mais sa compréhen-sion et la façon de la vivre se nuancent en  fonction  des  enjeux  du  moment. Définie comme la détermination ferme et  persévérante  de  travailler  au  bien commun par Jean Paul II dans Sollici-tudo rei socialis (SRS 38) et comme le fait de se sentir responsable de tous par Benoît  XVI  dans  Caritas  in  veritate (CV 38), elle se décline de façon dif-férente dans le concret. Face aux défis nouveaux, les accents se déplacent, la réflexion  s’approfondit  comme  l’il-lustre une mise en perspective de ces deux encycliques.Toutes  deux  sont  consacrées  au  dé-veloppement mais sont publiées dans des  contextes  internationaux  très 

1. Avec le bien commun, la destination universelle des biens, la subsidiarité et la participation.Cf. Compendium de la doctrine sociale de l’Église, Bayard/Cerf/Fleurus-Mame, 2005, p. 91 ss.

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« aux  nombreux  points  de  contacts entre solidarité et amour » soulignés par Jean Paul II, Benoît XVI utilise le vocabulaire de la charité, de l’amour, de la vérité, plus volontiers que le mot solidarité lui-même. Ce faisant, il fait se rejoindre la dimension sociale et la dimension morale et spirituelle de  la solidarité pour l’inscrire d’emblée sur l’horizon de  la  fraternité. Voilà  l’en-jeu. Ce choix ouvre des perspectives qui peuvent contribuer de façon déci-sive aux débats et recherches actuels.L’un  des  aspects  les  plus  spécifiques de  Caritas  in  veritate  est  sans  doute d’avoir  mis  l’accent  sur  le  don  et  la gratuité d’une manière nouvelle. Dans Sollicitudo rei socialis, Jean Paul II af-firmait : « A la lumière de la foi, la so-lidarité tend à se dépasser elle-même, à  prendre  les  dimensions  spécifique-ment chrétiennes de la gratuité totale » (n° 40).  Benoît  XVI  va  plus  loin  en demandant  que  « dans  les  relations marchandes, le principe de gratuité et la  logique du don, comme expression de la fraternité (…) trouvent leur place à l’intérieur de la vie économique nor-male » (Caritas in veritate 36). Le don et la gratuité n’ont plus pour vocation de compenser après coup les effets né-gatifs  du  système  économique  mais sont appelés à transformer le système de  l’intérieur  sans  pour  autant  bannir toute  logique  économique.  C’est  là tout l’intérêt : la solidarité redevient le moteur de  l’activité  économique, une économie  qui  contribue  à  tisser  des 

liens et se fixe pour objectif le bien de la  maison  commune,  renouant  ainsi avec son sens premier. Dans un monde où le critère d’évaluation dominant est l’efficacité, cet appel-là est audacieux.Tout comme l’est l’invitation à la par-ticipation. Dans le contexte de 1987, Jean Paul II insistait sur le lien entre solidarité et liberté (Sollicitudo rei so-cialis 32). Vingt ans plus tard, c’est la subsidiarité que souligne Benoît XVI. Elle implique la participation de tous et empêche ainsi la solidarité de tom-ber dans l’assistanat qui humilie (58). Là  encore,  Sollicitudo  rei  socialis portait ce souci en germe (n° 39) mais Caritas in veritate l’amplifie. Chacun, quelle que soit sa situation, est porteur de  richesses pour  le projet  commun. La  solidarité  ne  vise  pas  à  combler seulement des manques mais à recon-naître l’autre comme son semblable.Fraternité, don et gratuité,  subsidia-rité  et  participation :  il  y  a  peu  de temps encore nous passions pour des utopistes.  La  crise  mondiale  dans laquelle nous nous débattons pose à nouveaux  frais  les  questions  fonda-mentales.  Alors,  ne  nous  dérobons pas à notre responsabilité.

MArie-lAure dénès

Page 12: Lettre aux amis des auxiliaires du sacerdoce 2012

2322

« Ce qui rend le monde

vivable, ce qui tient la société

debout, c’est une multitude

de Moïse anonymes qui por-

tent à bout de bras, qui une

famille, qui une commu-

nauté, qui un quartier. Des

gens qui, parfois dans des

conditions incroyablement

difficiles, avec entêtement et

désintéressement, au prix

d’une dépense d’énergie et

d’une détermination souvent

invisibles de l’extérieur, gardent à

la société sa vertu d’humanité. »

Pierre Calame

La solidarité,c’est ce qui fait tenir

le monde debout

Pierre Calame, ancien haut fonctionnaire de l’Équipement, est l’auteur de plusieurs essais sur le rôle et la place de l’État dans la société contemporaine.

« terre Chant des feMMes » par Marie southard CsJ

Page 13: Lettre aux amis des auxiliaires du sacerdoce 2012

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aujourd’hui des solidarités vécues

Familles de jeunes prisonniers : dans l’antichambre des parloirs

À Marseille, dans le quartier de la Va-lentine, se trouve un établissement pé-nitentiaire pour mineurs qui accueille 60 jeunes ayant commis des vols avec violence, des délits, du commerce des stupéfiants, etc. Marie Noëlle, Auxiliaire, est bénévole à l’accueil des familles.

La solidarité : c’estle donner-recevoirde nos vies

Je vois une solidarité en mouvement, de  la  part  des  parents.  Ils  cherchent comment  redonner  une  chance  aux jeunes  embarqués  dans  cette  dégrin-golade  sociale,  comment  maintenir des liens avec le jeune incarcéré, en-visager l’avenir et bâtir un projet avec lui. C’est une expression forte de leur amour parental.Dans  le  cadre  de  leur  travail  pro-fessionnel,  les  surveillants  passent à  l’Abri-familles  pour  situer  tel  ou tel  père,  mère,  frère  ou  sœur,  briser l’anonymat. Les  éducateurs viennent également rencontrer les familles. Ils redisent  l’objectif de  leurs missions : éduquer à la règle, faire réfléchir aux conséquences et aux causes du com-portement.  Ils  leur  donnent  matière à  réflexion,  à discussion, même s’ils n’ont  pas  forcément  de  solution  et affirment leur désir de voir les jeunes prendre la main tendue. Ils font appel aux  bénévoles  pour  une  collabora-tion que nous pouvons aussi nommer  solidarité.Pour  moi,  vivre  la  solidarité  à  l’ac-cueil  des  familles,  c’est  s’inscrire dans  la  diversité  de  notre  monde multiculturel.  N’ayons  pas  peur  des nombreux chemins de solidarité. Cer-tains invitent au silence, aux regards, aux  gestes.  Nous  ne  maîtrisons  pas  

Peut-il y avoir de la solidari-té dans une telle structure ? Voilà ce que je vois et per-çois  depuis  l’accueil  des familles où  les parents at-

tendent d’avoir un parloir avec leur fils.Une  solidarité  se  joue  entre  les  fa-milles au niveau des transports. Cela demande  de  prendre  rendez-vous pour leur parloir à la même heure ou à la même demi-journée pour profiter de la même voiture ou du même taxi. Les parents se rapprochent, l’indiffé-rence est brisée. Voir une maman ve-nir un jour où elle n’a pas de parloir, pour  retrouver  d’autres  mamans  qui portent la même inquiétude, la même difficulté, pour se dire leurs émotions, cela, je le nomme solidarité.

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forcément  le  chemin  vers  l’autre. C’est aussi cela, la solidarité : c’est le donner-recevoir de nos vies.

La parole des bénévolesLes bénévoles avec qui j’interviens à l’accueil  des  familles  sont  membres des  équipes  Saint-Vincent  et  m’ont dit  comment  elles  vivent  la  solida-rité  dans  cet  établissement :  « Notre équipe  Saint-Vincent  Halte  Vincent/La Valentine est composée de dix-sept femmes chrétiennes qui se sont mobi-lisées et unies pour être au service de leurs prochains dans la détresse. L’en-gagement  que  nous  avons  pris  nous rend solidaires : dans la fidélité et la gratuité de notre mission, dans le res-pect  des accueillis,  dans  l’accueil  et l’écoute que nous offrons aux autres sans jugement, dans la spiritualité et la prière que nous exerçons en commun avec notre aumônier, dans l’organisa-tion de nos rencontres (permanences, réunions,  formations,  événements), dans  les  liens  d’amitié  que  nous avons tissés entre nous. Chacune est consciente d’être le maillon essentiel d’une chaîne de solidarité qu’elle vit à  chaque  permanence,  avec  sa  col-lègue  d’abord,  avec  les  accueillis, grâce  à  l’esprit  vincentien  qu’elle  a su acquérir pour ‘venir au secours de son prochain comme pour éteindre un feu’. L’ambiance solidaire de l’équipe est ressentie par  les 5 500 personnes qui passent annuellement dans le lo-cal  et  que  nous  accueillons  comme s’ils  étaient  des  membres  de  notre  

famille, autour de la table en prenant une collation… semblables au Christ nous invitant au festin ! La joie de ce moment  efface  alors  l’angoisse  du parloir à venir pour les familles. »L’accueil des familles est bien un lieu, un  terrain  sur  lequel  vivent  et  gran-dissent des personnes. Un  lieu d’hu-manisation et de socialisation où des personnes cherchent peu à peu à vivre la solidarité avec d’autres.Dans  la  complexité  de  la  situation, c’est sans doute osé de nommer soli-darité  la  structure d’attente de parloir dans  un  établissement  pénitentiaire pour mineurs. Mais si ce lieu était un lieu  qui  donne  droit  d’exprimer  ses émotions,  sans  fard, de dire  la parole juste, vraie ? Alors, je peux dire : « Oui, ici  je  vis  la  solidarité. » La  solidarité n’a-t-elle pas de multiples visages ?

MArie-noëlle BrunAult

dr

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aujourd’hui des solidarités vécues

Artisans du monde…une nouvelle solidarité ?

Jeanne-Antoinette, Auxiliaire, après de longues années en engagement pas-toral, puis professionnel, donne de son temps comme bénévole à Artisans du monde, participant ainsi au développe-ment du commerce équitable.

Le lieu de vente est l'aboutissement d'une longue chaîne de travail dans les pays du Nord comme les pays du Sud

Deux salariés sont chargés, l’un de la formation et de l’éducation au déve-loppement  auprès  d’étudiants  ou  de jeunes  scolaires,  et  l’autre  du  déve-loppement commercial de l’associa-tion. Celle-ci  est  organisée  en  com-missions  avec un nombre  important de  bénévoles.  Le  but  est  la  sensibi-lisation des publics rencontrés, dans un  but  éducatif  et  de  conscientisa-tion. Le lieu de vente est l’aboutisse-ment d’une longue chaîne de travail dans  les pays du Nord comme dans les pays du Sud.

Remettre l'économieau service des hommesAujourd’hui,  le commerce équitable et le développement durable ont pris place  dans  notre  société.  Est-ce  le 

Alors  que  mes  années de  retraitée  s’accu-mulent,  je  poursuis mon  chemin  de  pré-sence  au  monde  au 

gré  des  relations  établies. Après  un long temps de proximité par le travail pastoral,  puis  professionnel,  un  ami m’a  ouvert  un  accueil  chaleureux à  Artisans  du  monde  Vieux-Lyon. Dans ce lieu, comme bénévole, j’ap-porte ma pierre à l’objectif poursui-vi. J’ai découvert très vite ce service comme porteur d’un projet de société prenant  tout  son  sens  dans  une  vie  associative forte.

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résultat  d’une  démarche  entreprise depuis  près  de  quarante  ans  ou  une utopie engendrant l’espérance ? Sans doute les deux.Peu à peu, je découvre ce que sous-tend cette présence : promouvoir une solidarité internationale dans un par-tenariat commercial fondé sur le dé-veloppement  durable,  le  commerce équitable  et  la  fraternité,  dans  un souci d’équité, de dialogue, de trans-parence  et  de  respect.  L’objectif  est de remettre l’économie au service de l’homme, en donnant du  travail aux cultivateurs et aux artisans de l’Inde, d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine ou  de  Palestine.  Payer  au  juste  prix 

leur permet de prendre en compte les besoins  des  producteurs  et  de  leurs familles, en termes de travail, de vie et de santé.Ce projet de solidarité universelle et d’enracinement  humain  m’habite, dans  ce  temps donné  à  la  rencontre des autres et à  la vente où  je  reçois plus que je ne donne.

jeAnne-Antoinette dussArdier

a. p

ino

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s/C

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dr

Page 15: Lettre aux amis des auxiliaires du sacerdoce 2012

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aujourd’hui des solidarités vécues

« Chaque jour,  donner et recevoir »

Dans les limites qu’impose l’âge ou la maladie, être en EHPAD*, c’est bien vivre en solidarité avec toute une géné-ration qui se fait de plus en plus nom-breuse dans notre société, et témoigner du fait que la valeur de l’homme n’est pas liée à l’efficacité et au rendement. Claude, Auxiliaire, vit cette expérience à Paray-le-Monial.

Jeannine  qui  cherche  un  partenaire pour jouer au Scrabble. Un petit mot affectueux  de  résidents  pour  une malade  qui  reste  dans  sa  chambre. Une visite pour combler un moment de  solitude.  Voilà  ce  qui  nous  fait  découvrir  l’« être  avec »  et  la  joie d’entendre :  « On  est  bien  ici ! » Donner… Recevoir…Et  rompant  le  quotidien,  joie  de temps plus festifs ! Déjeuner en plein air, plaisir de se retrouver avec le per-sonnel  sur  la  terrasse  afin  de  parta-ger  le  repas  préparé  par  Christophe 

et  Anne,  nos  cuisiniers.  Sortie  ci-néma pour la projection du film Des hommes et des dieux organisée pour nous  et  une  autre  résidence  grâce  à la  disponibilité  du  personnel  pour emmener les plus handicapés en fau-teuil : plaisir partagé ! Repas de Noël avec dix-huit membres du personnel : moment agréable passé en toute sim-plicité. Beaucoup de rires, de discus-sions qui permettent un autre regard envers ceux qui nous servent à cette occasion. Vœux des enfants du caté-chisme de Paray-le-Monial : joie que 

Perchée  sur  la  colline  de Vignemont,  la  Maison Bethléem,  maison  de retraite  à  taille  humaine où  la  vie  est  un  « bras-

sage »  entre  résidents  laïcs,  sœurs, personnel, familles, amis, se veut ac-cueillante, agréable par ses couleurs, ses espaces.Là, se vit une solidarité au quotidien, à  travers  bien  des  petits  gestes  et beaucoup d’attention à la dignité de la personne : pousser un fauteuil, ai-der les personnes à se servir, à couper la viande, faire attention aux entrées et aux sorties d’ascenseur  (il y a eu des  petits  accidents !).  C’est  aussi Jeanne qui joue aux dominos tous les jours  avec  un  groupe,  Anne-Marie qui fait différents jeux avec d’autres, 

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nous avons  reçue et  à  laquelle nous avons  répondu.  Merci  aussi  à  Ma-rie-Ange,  âgée  de  9  ans,  qui,  de  sa propre initiative, nous a offert à cha-cune une petite carte faite de sa main. Donner… Recevoir…Au  quotidien  comme  dans  les  mo-ments plus exceptionnels, être aidés 

selon nos handicaps, de jour comme de nuit, par du personnel à notre dis-position ou par des compagnes plus valides, c’est une pauvreté à accepter dans la joie et l’action de grâces.Chaque  jour,  le  « donner  et  rece-voir », le « se donner et se recevoir » se  vivent  profondément  à  l’Eucha-ristie et à l’office du soir. Ensemble, nous  apportons  notre  vie  reçue  du Père et partagée dans la joie avec le Christ,  Seigneur,  solidaire  de  toute humanité.

ClAude deGueurCe

Découvrir l’« être avec » et la joie d’entendre : « On est bien ici ! »

Être aidés, c’est une pauvreté à accepter dans la joie et l’action de grâces

* Établissement d’hébergement des personnes âgées et dépendantes.

Suzanne Maitre. Renée Antoine. Marie-Jo Lefaucheux. Marcelle Pinatel.

Madeleine Bongain. Jeanne Nicolot. élisabeth Guibé. Claude Degueurce.

Bernadette Berger. Antoinette Maniveau. Anne-Marie Viel. Anne-Marie Petit.

dr

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aujourd’hui des solidarités vécues

Le Christ est aussi venu pour Zachée*

Ingénieur dans l’industrie et Auxiliaire, la volonté de bien faire des jeunes in-génieurs et des différents respon-sables que je côtoie dans l’industrie me marque depuis de longues années. Ils sont aussi certainement de plus en plus nombreux sans Dieu.

riences  spirituelles  existent  bien mais sans Dieu.J’accompagne des directions dans leurs choix techniques et humains pour faire vivre  et  développer  leurs  entreprises. Au  cœur  des  prises  de  décision,  des combats  s’invitent.  Ces  responsables désirent le bien de leur entreprise et ce-lui de leurs employés. Mais l’image du « grand patron » peut venir les titiller : un grand patron se doit d’externaliser et de licencier sans sourciller. Nous ne devons pas nous montrer fragiles et dé-pendants. Nous ne devons pas croire. D’autant plus que l’image de l’Église et des chrétiens portée par le milieu est  négative.Alors  moi,  religieuse,  puis-je  être solidaire  de  ces  anti-religions ?  Oui, et de plus en plus, par et avec  la  joie profonde  que  j’y  vis.  Le  Christ  s’est incarné.  Il  a  parlé  l’araméen  de  l’an zéro. Il sait aussi parler « technique ». En écrivant cet article, je me suis rap-pelé que je m’étais risquée face à mes propres  combats  et  aux  questions de  mes  collègues.  Lorsque  certains m’avaient  partagé  leurs  expériences spirituelles,  elles  avaient  le  même paysage  intérieur  que  les  miennes. Les  miennes  me  disaient  la  présence de  Dieu.  Les  leurs  ne  les  portaient pas  du  tout  à  le  reconnaître…  Dieu existe-t-il ? Oser me laisser toucher…  

Comment  pourraient-ils croire  en  un  Dieu  créa-teur,  surtout  les  plus jeunes ?  Nous  vivons dans  un  déploiement 

de  la  technique  qui  nous  permet  de repousser  sans  cesse  les  limites  des possibilités. Les découvertes, puis  les chaînes de production, vont de plus en plus  vite,  produisent  de plus  en plus. Nos déplacements sont de plus en plus fréquents  et  lointains.  La  limite  n’est plus la capacité technique à faire mais la  vitesse  d’adaptation  des  hommes. Un  sentiment  naturel  de  toute  puis-sance des techniciens peut alors naître et  discrédite  l’idée  même  d’un  Dieu auquel  nous  devrions  la  vie.  Comme me l’a dit un collègue : « Croire, c’est avoir  besoin  de  béquille. »  Le  déve-loppement porté par les capacités hu-maines  fait que nous ne pouvons pas croire.  Des  recherches  et  des  expé-

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Ma foi, bien loin de se déliter, en est sortie  fortifiée.  J’ai  osé  me  laisser façonner  par  leurs  questions  et  c’est notre  Seigneur  qui  m’a  façonnée. Quel mystère, que notre vie humaine en  Dieu ! Avec  le  recul,  cela  est  lo-gique et conforme à la tradition chré-tienne : l’humilité nous est enseignée comme un chemin sûr vers le Christ. Accepter ses combats intérieurs est un chemin d’humilité.Dans un deuxième temps, je me suis rappelé les soutiens de mes collègues et de mes amis pour que je vive ma vie religieuse. La solidarité n’est pas à  sens  unique.  Là  m’est  venu,  non pas  un  des  symboles  usuels  dans notre  Église,  mais  une  belle  réalité mécanique. Quand deux pièces sont solidaires, jamais l’une ne l’est plus 

que l’autre. J’ai alors demandé à un ingénieur de me faire un schéma pour illustrer cet article. Il m’a suggéré un système  rail-patin « pour qu’il  y ait un  degré  de  liberté ».  Comme  des pièces  solidaires  peuvent  avoir  des degrés  de  liberté,  je  peux  être  soli-daire  de  mes  collègues  incroyants, et  pleinement  croyante  au  Christ. Ouf !  Que  c’est  agréable  qu’en  de-hors des habituels symboles agraires 

et  littéraires,  une  de  mes  réalités quotidiennes me permette d’avancer dans  la  foi.  Une  réalité  technique peut aider une réalité spirituelle à se  développer.Cet envoi me met à distance des plus pauvres  de  notre  société,  au  sens commun du terme. Quelques envois de ce type sont à mon sens importants pour la congrégation et pour l’Église. Ils permettent la justesse de l’option préférentielle pour les pauvres. Sans exclusive, elle reste, ainsi, bien pré-férentielle.  Le  Christ  est  venu  pour tous,  Prêtre  pour  tous,  avec  une  at-tention  particulière  pour  certains. Il  est  aussi  venu  pour  Zachée  avant qu’il ne grimpe à son sycomore.

Mireille

* Zachée était un riche chef de collecteurs d’impôts (Lc 19).

Quand deux pièces sont solidaires, jamais l’une ne l’est plus que l’autre

Système « rail-patin ».

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aujourd’hui des solidarités vécues

Un enrichissement mutuelPour un partage et un enrichissement mutuels, les communautés ont invité quelques amis. Jean Théréau et Odile Ducarouge sont venus à Paray-le- Monial témoigner de ce qu’ils vivent.

Nous nous rendonsattentifs à celui ouà celle qui se trouveplus en difficulté

dans un logement, et l’hébergement et l’accueil  en urgence de  femmes bat-tues, et de bien d’autres cas.Je  ne  connaissais  pas  ce  genre  de service,  mais  je  me  suis  lancé  avec d’autres.  Pendant  six  ans,  j’ai  mené cette  affaire,  géré  l’accueil,  suivi  les questions  matérielles,  les  bénévoles, et participé aux repas partagés. »

Odile Ducarouge,habitante de Paray-le-Monial« La  solidarité,  pour  moi,  pour  nous en  couple,  ce  n’est  pas  vivre  des choses  extraordinaires,  mais  c’est vivre la vie de tous les jours avec des gens ordinaires. D’abord, en famille – nous sommes tous les deux, mon mari et  moi,  de  famille  nombreuse.  Nous voulons garder ce sens de  l’unité fa-miliale  entre  frères  et  sœurs,  neveux et nièces. Nous nous rendons attentifs à celui ou à celle qui se trouve plus en difficulté : difficulté d’entente dans le couple ou avec l’un ou l’autre enfant, problème de santé… Notre attention, notre soutien à l’un ou l’autre par une visite,  par  un  service.  Nous  accom-pagnons toujours ce soutien de notre prière car nous sommes vite démunis et Dieu nous aide à  trouver  les mots qui  réconfortent,  qui  redonnent  du courage pour continuer la route.Depuis  la  maladie  de Thérèse,  sœur de mon mari et épouse de Jean, nous participons  aux  rencontres  LCE 

Jean Théréau,exploitant agricole en retraiteà Paray-le-Monial« La solidarité,  je  l’ai vécue,  tout au long de ma vie professionnelle, avec les  autres  exploitants. Nous nous  ai-dions fréquemment et régulièrement. Le service rendu entre voisins, même si  l’on  a  des  idées  totalement  oppo-sées, permet de mieux se connaître et de partager ses difficultés.Nous  avons  aussi  investi  dans  une CUMA,  achat  en  commun,  prêt  et partage  de  matériel  agricole  et  dans la bonne marche du Crédit Agricole. Depuis  que  je  suis  en  retraite,  je me  suis  dit :  « Tu  as  beaucoup  reçu toute ta vie, il est bien temps de faire quelque chose pour les autres, dans le bénévolat. » J’attendais... Un  jour,  le  Père  Vaux,  responsable de la paroisse, est venu nous trouver, ma  femme  et  moi,  pour  prendre  la responsabilité de  l’organisation de la Maison Saint-Vincent, avec deux sa-lariés et 50 à 60 bénévoles. Sa mission est l’accueil de ceux qui passent une ou plusieurs nuits dans la ville, ceux qui  ne  peuvent  s’installer  de  suite 

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(Lourdes  Cancer  Espérance).  Mon mari  a  répondu  à  l’appel  lancé  par des  proches  pour  devenir  délégué départemental  de  Saône-et-Loire  de ce  mouvement.  Il  se  met  au  service des  personnes  atteintes  d’un  cancer et de leur conjoint pour favoriser des rencontres,  des  échanges  et  préparer avec d’autres membres  le pèlerinage annuel de Lourdes Cancer Espérance. L’appartenance à ce mouvement nous met en lien avec la paroisse du Sacré-Cœur-en-Val-d’Or  par  la  préparation de la messe de la pastorale de la santé. Une  véritable  solidarité  se  vit  entre les personnes, et les sort de leur iso-lement.Cela nous conduit à nous investir dans la  préparation  de  la  conférence  du Père Thierry Magnin, vice-recteur de l’Institut  catholique  de Toulouse  sur les enjeux éthiques posés par « l’en-fant en question quand il n’arrive pas ou s’annonce handicapé ». Permettre le rassemblement de personnes prêtes à se poser des questions sur le respect de la vie humaine dans son commen-cement  et  jusqu’à  sa  mort  nous  pa-raît  important,  surtout  lorsque  nous nous référons au fondement que tout homme est à l’image de Dieu.

La  solidarité,  je  la  vis  aussi  par  les enfants  que  j’accompagne  en  ca-téchèse,  par  l’association  Lutilea (Lutte  contre  l’illettrisme,  l’exclu-sion,  l’analphabétisme)  qui  m’a  de-mandé d’aider une jeune femme rou-maine à apprendre le français.Certains  jours,  nous  nous  posons la  question :  « Pourquoi  tant  d’en-gagements  dans  des  domaines  si différents ? »  Parce  que  la  présence de  Dieu  nous  habite  et  nous  donne sa  force,  parce  que  nous  avons  la chance  d’avoir  des  talents  qui  nous ont été confiés, nous avons à les par-tager,  à  les  offrir  gratuitement  pour construire ces petits bonheurs quoti-diens. La solidarité ne va pas simple-ment dans un sens, elle se partage. »

Basilique de Paray-le-Monial, vue de nuit.

C. M

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Cie

r/C

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vers demain

Poser un geste significatifÉclairées par tout ce cheminement, il nous fallait tracer la route que nous vou-lions emprunter pour « une solidarité plus large ». Marie-Claude, Auxiliaire en communauté à Meudon, retrace ce que nous avons vécu en assemblées.

Mieux saisir l'ampleuret la complexitédes questionset l'urgence d'agir

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C’est  ainsi  que,  réunies  en  chapitre en  2008,  les  Auxiliaires  prennent cette  question  à  frais  nouveaux  et formulent  l’orientation  suivante : « Aujourd’hui,  nous  sommes  plus conscientes  des  inégalités  crois-santes  entre  riches  et  pauvres  mais aussi  des  menaces  qui  pèsent  sur l’avenir  de  notre  planète.  L’ap-pel  à  la  solidarité  en  est  élargi  et  transformé. »« À  la  suite  du  Christ  pauvre,  nous désirons  poser  des  gestes  signifi-catifs  de  solidarité  avec  ceux  qui se  soucient  de  la  sauvegarde  de  la Création,  qui  travaillent  pour  un monde  plus  juste,  luttant  contre  les inégalités et les pauvretés. »Stimulées par cet appel à nous renou-veler,  à  poser,  ensemble,  des  gestes significatifs,  au  long  de  cette  année nous  avons  pris  des  moyens  pour mieux  saisir  l’ampleur  et  la  com-plexité  des  questions  et  l’urgence d’un agir. Les articles précédents de cette revue donnent un écho de notre cheminement.

Quelle réponse voulons-nousdonner aujourd’hui ?Durant  cette  assemblée,  après  avoir vivifié  notre  espérance  à  partir  de témoignages  de  solidarités  vécues dans le monde, entre Églises et dans la congrégation, le moment est venu de proposer une attitude ou un geste, 

Chaque  année  nous  nous retrouvons  en  assem-blées. La joie des retrou-vailles,  les  échanges  de nouvelles  marquent  ces 

journées. Cela se voit et s’entend, mais ce n’est pas le seul but de nos rencontres ! Nous mettons en commun le fruit de nos réflexions,  de  nos  découvertes,  de  nos questions autour de la formation per-manente vécue durant l’année.Que nous était-il proposé en 2010-2011 ? « Aller  vers  une  solidarité  plus  large ». Serait-ce une question nouvelle pour les Auxiliaires  qui,  depuis  la  fondation  de la congrégation, vivent et ont vécu bien des solidarités, parfois au risque de leur vie ? Mais le monde bouge, évolue, tra-verse des crises nouvelles, la pauvreté est loin d’être jugulée, les richesses natu-relles ne sont pas inépuisables…

choisi en commun, qui contribuera à vivre davantage de fraternité, de  jus-tice,  de  solidarité,  à  faire  davantage attention à la sauvegarde de la planète.Nous avons, alors, repris conscience des  conversions  à  faire :  croire  et espérer  en  l’avenir  du  monde,  de l’Église,  de  la  congrégation  –  ce monde que Dieu aime n’est pas per-du ; respecter et accueillir nos diffé-rences ; s’informer et se former pour entrer  dans  la  complexité  des  ques-tions  actuelles  et  agir  avec  justesse. Il  a  fallu  choisir.  Nos  sœurs  aînées à  Bethléem  ont  choisi  cette  ligne : « Avec la grâce du Seigneur, avoir un regard positif qui permet d’accueillir en  vérité  l’autre  et  d’entrer  en  relation avec lui. »Voilà ce qui ressort de l’assemblée de septembre.« Pour  notre  marche  ensemble,  il nous semble meilleur de nous laisser entraîner  par  le  Christ  tourné  dans un  même  mouvement  vers  son  Père et vers les hommes pour :• travailler  personnellement  et communautairement  l’attitude  qui consiste  à  se  situer  pauvrement  de-vant  le  Seigneur  et  à  consentir  à l’agir  qu’elle  appelle ;  cette  attitude permet à l’Esprit d’être entendu, nous croyons  qu’elle  fait  naître  des  che-mins vers une solidarité plus juste ;• choisir  un  geste  de  solidarité. Conscientes de ce que nous recevons chaque jour, nous en rendons grâces et  voulons  en  prendre  soin.  Nous proposons que chaque communauté, 

prenant  des  moyens  ajustés  pour  le faire paisiblement, choisisse le geste qu’elle  désire  vivre :  soit  dans  sa consommation,  pour  la  sauvegarde de  la  planète,  soit  dans  l’échange avec nos  sœurs du Brésil,  soit  pour un  rapprochement  avec  une  Église ou un courant d’Église…Cette attitude et ce choix nécessitent des  partages  réguliers  de  relecture de  vie  où  chacune  prendra  sur  elle pour oser une parole vraie. »Le  travail n’est pas  terminé, chaque communauté  cherchera  comment elle  veut  les  vivre.  Envoyées  dans nos missions respectives, nous enten-dons  résonner  ce  refrain :  « Invente avec ton Dieu l’avenir qu’il te donne, invente avec ton Dieu tout un monde plus beau. »

MArie-ClAude dAGuzAn

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à l’écoute de saint ignace

Penser globalement,agir localement

La route est longue. Le terrain est vaste, à la dimension du monde ! Et nos enga-gements sont bien petits ! Jean-Marie Carrière, sj, responsable de JRS France *, donne un éclairage puisé dans le patri-moine laissé par Ignace de Loyola.

temps de partage et de  réflexion. S’il est difficile de maîtriser l’information, et d’en débattre pour éclairer un enga-gement  local,  c’est  cependant  néces-saire.  Nous  savons  d’expérience  que le  service  rendu  à  des  personnes,  ici et dans  le  lieu qui est  le nôtre, gagne beaucoup en qualité  lorsque nous ha-bituons  notre  regard  à  se  porter  au-delà du souci quotidien et du problème –  souvent  lourd et prenant – de cette situation-là. En fait, n’avons-nous pas besoin,  pour  agir  localement,  d’un « sentir » plus large, d’une intelligence ouverte qui permet de situer les choses à leur juste place ? Penser globalement, agir  localement,  c’est  une « tension » que nous avons à vivre.

Penser globalement, agir lo-calement.  Le  mot  d’ordre est  bien  connu,  et  semble évident. Par exemple, com-ment croire rendre un ser-

vice pertinent à des réfugiés sans faire au moins l’effort de comprendre la si-tuation des pays d’où ils ont fui, et sans être conscient des politiques d’asile en Europe ? Dans le monde « connecté » dans  lequel  nous  vivons  aujourd’hui, le mot d’ordre semble évident, mais il n’est peut-être pas si simple que cela à mettre en pratique.Essayer de prendre en compte un niveau « global » implique de savoir maîtriser une information plus qu’abondante. La multitude  des  sources  et  des  réseaux suppose de faire des choix. Il faut du temps  pour  trouver  l’information  qui soit  réellement  utile  pour  l’action  lo-cale. Et puis, il faut « penser » globale-ment, ce qui est plus qu’être informé ! Cela  suppose  des  confrontations,  des 

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Le haut et le basEn évoquant un « sentir », une intelli-gence et un cœur ouverts, nous nous approchons un peu du style  ignatien, qui nous rend attentifs à un « sentir » du dessein de Dieu qui peut être dis-cerné au lieu même où nous sommes appelés  à  agir,  de  ce  que  l’Évangile appelle le Royaume.Pour saint Ignace, la tension que nous avons vue entre « global » et « local » est plutôt située entre le haut et le bas. Le  regard  d’Ignace  se  porte  davan-tage  et  très  généralement  vers  le  bas de  la  société,  vers  les  petits  (vers  le « local »), parce que c’est du bas que partent les choses, du bas que part le mouvement qui pourra porter vers de grandes choses. Par exemple, ce sont les jeunes, « en bas », qui sont au point de  départ  des  transformations  des « printemps arabes ». Le souci premier d’Ignace est de permettre une capacité d’action  « en  bas »,  « localement », de  trouver  les  moyens  d’en  dégager les possibilités : c’est un travail de li-bération, comme ceux des femmes en Amérique latine ou en d’autres mou-vements analogues. Mais,  s’il y a un bas, Ignace sait très bien qu’il y a un « haut », en  toute  réalité sociale :  il y a  ceux  et  celles  qui  se  trouvent  aux commandes,  en  position  de  pouvoir. Parce  que  ceux  qui  sont  « en  haut » (au  niveau  « global »)  pourraient  (!) servir de manière efficace les capaci-tés du « bas », il n’y a pas de service solide du « bas » sans un travail avec le « haut ». C’est en fait la dynamique 

qui  habite  notre  engagement  qui compte,  une  dynamique  qui  part  du bas, là où les choses commencent et se fondent, avec les petits et les pauvres, un grand désir qui ne peut être effec-tif que si nous le laissons être celui de Dieu même, de son Royaume ou de sa gloire. Alors,  la place des uns  et  des autres  dans  le  champ  social  est  éva-luée de manière juste. Le regard igna-tien paraît plus pertinent, en fait, que la position un peu théorique du « think global, act local », pour la bonne rai-son qu’il prend en compte avant  tout le jeu des relations entre les personnes, auxquelles  une  grande  attention  est portée par Ignace, chacune à sa place, en  bas  ou  en  haut.  Les  « moyens » d’agir mettent  toujours en œuvre des relations,  avec  ceux  du  haut  comme 

avec ceux du bas. Et parce qu’ils sont des moyens, ils peuvent aussi être une grâce  -  mot  fort  cher  à  Ignace.  On comprend alors l’importance accordée à  la  « gratitude »  qui,  en  toutes  rela-tions que nous engageons, en haut ou en bas, au global comme au local, sou-tient le mouvement et la dynamique de celles-ci et constitue la vraie garantie des « grandes choses ».

jeAn MArie CArrière, sj

Saint Ignace de Loyola peint par Rubens.

* Jesuit Refugee Service, service jésuite des réfugiés.

Il n'y a pas de service solide du « bas » sans un travail avec le « haut »

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nouvelles

JMJ 2011 : témoins de la joieet de la foi des jeunes

Deux sœurs ont participé aux JMJ. Alors que Krystel partait avec 250 jeunes du diocèse de Marseille, Anne accompagnait un groupe internatio-nal de 3 000 jeunes de spiritualité ignatienne, intitulé Magis.Pour Krystel, le temps de prépara-tion, tout au long de l’année, a été aussi important que ce qui a été vécu en Espagne. Voir des jeunes donner de leur temps et prendre des déci-sions, et les regarder grandir dans cette mission a été pour elle une joie. Sur place, elle retient la présence de l’archevêque, Mgr Pontier, au-près des jeunes et le sérieux de la démarche spirituelle du groupe.Pour Anne, ce qui fut le plus marquant a été la semaine d’« expériment so-cial » vécu avec des Français, des Australiens et des Portugais. Là, les jeunes ont fait l’expérience du handi-cap de la langue, mais cela n’a pas empêché le partage en profondeur d’une quête spirituelle commune. Es-pérons que certains ont pu découvrir que Dieu se rencontre dans tous les moments de la vie, et pas seulement dans la prière.Toutes les deux ont été marquées par l’ambiguïté de l’événement, dans un pays en pleine crise économique. Madrid portait la trace de l’indignation d’un certain nombre d’habitants et cela a été l’occasion pour les jeunes

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Juillet 2011, rencontre des plus jeunesau Brésil : « Grandir en parité »

deux chanceuses sont parties pour quinze jours de visite aux commu-nautés et trois jours de session. Les Auxiliaires du Brésil, novices et pos-tulantes comprises, ont montré ce qu’elles vivaient, en offrant aux visi-teuses une généreuse hospitalité.Ensuite est venu le temps de la session. La première journée, les visiteuses ont exprimé ce qu’elles avaient découvert au cours de leur périple, ce à quoi elles avaient été sensibles et leurs questions. Les Auxiliaires du Brésil ont raconté comment elles l’avaient vécu de leur côté. Puis, les sœurs les plus jeunes se sont retrouvées entre elles. Pen-dant deux jours, elles ont partagé leur itinéraire vocationnel, mais aussi leurs motifs de gratitude, leurs préoccupations et les perspectives qu’elles entrevoyaient pour l’avenir, relatives à la mission et à la vie de la congrégation.Si ce fut trop court pour aller au bout des réflexions, ce fut un temps de Passion et de Résurrection pour cette fragile poignée de sœurs plus jeunes, qui portent en elles la vie et le même désir de faire connaître à tous les hommes l’amour immense que Dieu a pour eux.

Krystel Bujat et Anne Genolini

En 2008, le chapitre de la congré-gation avait recommandé « que puisse  se mettre  en  place  une  ses-sion commune entre Auxiliaires plus jeunes, Brésiliennes et Françaises » dans la visée d’une parité plus grande à l’intérieur de la congréga-tion. Outre qu’une telle session re-présentait un investissement, il fallait encore trouver des dates communes ! En France, parmi les « moins de 50 ans », deux sœurs seulement ont pu se libérer. Les autres n’ont malheu-reusement pas pu partir pour des raisons professionnelles ou de santé, mais certaines ont pris le temps d’en-voyer leurs réflexions par écrit.Avec la conseillère en lien avec le Brésil et la supérieure générale, les

de réfléchir à la complexité de la si-tuation. En même temps, il y avait la joie de cette multitude de jeunes, échangeant tee-shirts et drapeaux, partageant spontanément une danse ou un jeu… Les catéchèses et le festival de la jeunesse ont été en général bien appréciés.S’il y a eu des manquements, des limites, au cours de ces JMJ, nous sommes en même temps émer-veillées de voir comment ils ont été aussi pour les uns ou les autres, le lieu d’une véritable expérience spirituelle, d’un chemin de commu-nion. « Fondés  en  Christ »,  « enra-cinés  dans  la  foi », ce ne sont plus des mots !

K.B. et A.G.

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nouvelles

La communauté de Meudonhabite la Maison de la Parole

Les Accates

Déjà constituée l’année dernière mais vivant à Paris, la communauté demeure maintenant dans le quartier de Meudon-sur-Seine. Ainsi prend corps le projet diocésain de Mgr Dau-court : ouvrir une Maison de la Pa-role, l’écoute de la Parole de Dieu étant source de toute évangélisation.Située au bord de la Seine, cette maison souhaite s’ouvrir à tous, croyants ou non : aux habitants du quartier, à ceux qui y travaillent et à tous les diocésains. Une salle d’ex-position accueille les œuvres d’ar-tistes contemporains permettant un dialogue entre art et foi. La chapelle

La congrégation a ouvert une com-munauté à Marseille, dans le quartier des Accates, dans un des apparte-ments des résidences du Hameau. En 2008, un établissement d’hébergement pour personnes âgées et dépendantes avait été construit. Dans le cadre d’un projet de développement global per-mettant de créer, non pas un établisse-ment isolé, mais un lieu de vie, des im-meubles d’habitation ont vu le jour pour recevoir des personnes âgées valides.L’Association Pour l’Entraide, le Par-tage et la Solidarité veut ainsi répondre à un besoin clairement exprimé par

4e édition de « Travail et foi au quotidien »

Les jeunes religieux en réseau

En août 2011 nous nous sommes retrouvés à treize pour marcher dans les Écrins. Ce séjour permet à de jeunes professionnels de rechercher comment vivre leur travail de façon pleinement chrétienne.Deux adresses, pour vous inscrire l’an prochain (dès que les sites seront à jour !) :• www.auxiliaires-du-sacerdoce.com ; www.rji.fr.

La Conférence des religieux et religieuses de France a invité les jeunes religieux à se mettre en réseaux. Avec Anne, nous nous sommes lancées. Ces réseaux per-mettent à des religieux de même génération de se rencontrer. Cet été, je suis allée en vacances à Lourdes. Nous étions treize de congrégations différentes avec un objectif commun : animer le pavillon des vocations. Que retenir ? La joie et la bonne humeur !

Mireille

offre un beau cadre de recueillement.Nous espérons que ceux qui désirent connaître la Bible, l’ap-profondir, pourront ren-contrer le Christ vivant, Parole de Dieu ! Notre place d’Auxiliaires est, selon le souhait de notre évêque, « d’habiter la Maison de la Parole », de lui « donner une âme » : ceci, au-delà des activités auxquelles les unes ou les autres participent. Cela nous invite, nous-mêmes, à puiser ce souffle dans le Christ, Parole de Dieu.

des seniors qui aspi-rent à un cadre de vie confortable et indé-pendant, et qui sont encore autonomes. La proximité avec l’EHPAD permet à cha-cun de jouir de services, comme la restauration, et de participer aux animations.Comme tout habitant de ces logements, la communauté va profiter d’un domicile adapté, avec un projet de vie social. Souhaitons à la communauté et à cha-cune une heureuse insertion.

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nouvelles

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Sœur Marie Monique,Raymonde Grandpierre (1910-2011)

Pauline Duc (1911-2011)

Thérèse Dreyer (1924-2011)

Le 20 avril 2010, nous fêtions dans la joie les 100 ans de Marie Monique. Le 17 mars 2011, elle entrait dans la paix de Dieu.Raymonde Grand-pierre est née à Pa-

ris le 20 avril 1910. À 18 ans, elle com-mence à travailler comme comptable. En 1932, percevant l’appel à consacrer sa vie au Seigneur, elle rejoint les Pe-tites Auxiliaires du clergé.Dès le début de sa vie religieuse, elle reçoit la charge d’économe générale, mission qu’elle assumera avec cou-

Pauline Duc nous a quittées le 2 octobre 2011, dans la paix ; elle avait eu la joie de célébrer ses 100 ans dans sa chambre d’hôpital, en-tourée de ses neveux et de Marguerite Brandet, sa grande amie cithariste.Née le 28 septembre 1911

à Bourg-en-Bresse, elle rentre en no-vembre 1935 au postulat. Elle passe son diplôme d’infirmière à Châlon-sur-Saône en 1951 et exercera dans plu-sieurs de nos maisons, mais c’est sur-tout dans la musique qu’elle donnera

Térésa, la dernière des pionnières du Brésil, nous a quittées le 6 octobre. Elle est née à Brest le 30 mai 1924, huitième d’une famille de onze en-fants. Elle resta marquée par son ori-gine bretonne, l’attrait du grand large et le désir passionné de transmettre la Bonne Nouvelle.Après sa profession religieuse en 1953, elle fait ses études d’infirmière et va se mettre avec enthousiasme au service des malades. C’est à Pa-

toute sa mesure. Formation à l’Institut grégorien, puis à l’Institut catholique où elle enseignera la musique après avoir passé brillamment son diplôme de grégorien. Elle y découvre la ci-thare et fera de nombreuses sessions dans plusieurs monastères, de l’ab-baye d’En-Calcat jusqu’à Rome.Revenue à Bethléem, à Paray-le-Monial, en 1998, elle continuera ses activités musicales tant que sa santé le permettra. Elle a voulu faire de sa vie une louange au Seigneur par la musique. Nous rendons grâce à Dieu pour elle.

laiseau, en 1968, qu’elle reçoit l’ap-pel pour partir au Brésil. Elle y vivra une véritable immersion au milieu des plus pauvres, dans des condi-tions très difficiles. Trente ans de présence marqués par la démesure de Térésa dans l’action et le service. Elle puisait sa force dans de longs temps de contemplation et de soli-tude où tous ceux qu’elle rencontrait au long des jours étaient présents. Elle disait : « Je  parle  d’eux  avec  le rabbi  Jésus. » De retour en France, à Mâcon, elle continuera, malgré une mauvaise santé, d’être à l’écoute des exclus. Elle disait vivre la « pastorale du banc », dans la cité.C’est à Bethléem, notre maison mère, qu’elle a vécu sa dernière année. Des mains pour soigner, un cœur pour aimer, des doigts de fée pour créer, une inspiration originale et des élans passionnés pour transmettre la Bonne Nouvelle, c’était Térésa !

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rage et compétences pendant trente-cinq ans. En 1985, membre de la communauté de Chatou (Yvelines), elle est heureuse de faire de l’accueil à la paroisse Notre-Dame et de visi-ter des malades. En 1993, en raison de l’âge et de la fatigue, elle rejoint Bethléem, la maison mère. Elle y est très présente et participante. Elle a pour mission de correspondre avec les jeunes sœurs du Brésil, leur fai-sant partager le projet de la fonda-trice qu’elle a connue et son amour de la congrégation. Puis vint pour elle le moment de tout remettre entre les mains du Seigneur. À Dieu, Marie Mo-nique ! Qu’il te comble de son amour.

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CoMMunautés

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BrésilAracaju, Salvador, Valença