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L’Éthiopie rongée par les violences interethniques Les affrontements entre Oromos et Somalis ont fait des centaines de morts et ont déplacé 600 000 personnes depuis le mois de septembre. CHRISTELLE GÉRAND ADDIS-ABEBA ÉTHIOPIE L’Éthiopie a beau se targuer d’être « un îlot de stabilité au milieu d’une région troublée », le pays fait face depuis la mi-septembre à des violen- ces interethniques qui virent au « meurtre de masse », concédait di- manche le premier ministre Hailema- riam Desalegn lors d’une allocution télévisée. Si les tensions ne sont pas nouvelles entre éleveurs oromos et so- malis, qui se disputent puits et pâtura- ges le long de la frontière entre leurs deux régions semi-autonomes, un conflit si généralisé, si meurtrier et si long, est inédit. La mort de deux personnalités poli- tiques oromos après leur arrestation par la police Liyu, un groupe paramili- taire somali, a mis le feu aux poudres le 11 septembre. Le lendemain, au moins 18 personnes - majoritairement somalies - ont été tuées à Awaday, une ville commerçante dans la région Oro- mia. À la suite de ces représailles, des familles oromos ont été chassées de leurs maisons dans la région Somali. Dorénavant réfugiées dans des camps de fortune dans l’Oromia, elles accu- sent la police Liyu d’avoir été à la manœuvre. Certaines maisons auraient été pillées, d’autres brûlées. Dans le même temps, des Somalis craignant pour leur vie dans l’Oromia, ont fui en sens inverse, vers l’est. D’après le responsable des opérations d’une ONG qui vient en aide aux deux ethnies et souhaite rester anonyme, ils sont actuellement 600 000 déplacés internes dans le pays, discrètement encouragés par les autorités régionales à trouver des proches chez lesquels s’installer. Le sentiment d’insécurité s’accroît à mesure que le nombre de victimes continue d’augmenter. Negeri Lencho, le porte-parole du gouvernement, re- connaissait « des centaines » de morts dès le 25 septembre. Par la suite, une quinzaine de personnes ont été tuées le 11 décembre à Chelenqo, dans l’Oro- mia, alors qu’elles manifestaient contre la mort d’un membre de leur commu- nauté aux mains de la police Liyu. Ils auraient été fusillés par la police fédé- rale. Depuis, 29 Oromos ont été tués entre le 14 et le 17 décembre, et 32 So- malis ont perdu la vie en représailles. Loin des « traditionnels » conflits de ressources entre éleveurs souvent armés, résolus par les anciens et les autorités religieuses, les rivalités sont cette fois le fait de groupes armés. Créée en 2007 pour lutter contre les insurgés sécessionnistes du Front de libération national de l’Ogaden après qu’ils ont tué 74 personnes, la police Liyu est depuis citée dans de multiples cas de torture, exécutions sommaires, viols et destructions de villages. Cette force paramilitaire de 42 000 hommes répond à Abdi Mohammed Omar, leur fondateur devenu président de la ré- gion Somali en 2010. Du côté Oromos, il pourrait s’agir du Front de libération Oromo, un groupe sécessionniste aux moyens dérisoires en comparaison de la police Liyu, armée et entraînée par le gouvernement fédéral et dont le rôle s’étend aujourd’hui à la lutte contre al-Chebab. Des zones « explosives et imprévisibles » Lors d’un référendum en 2004, les ré- sidents des zones contestées ont esti- mé que 80 % d’entre elles devraient rester en Oromia, ou rejoindre cette région, la plus riche et la plus peuplée d’Éthiopie. La régularité du vote étant contestée, il n’a pas été suivi d’effets. En avril 2017, les présidents des ré- gions Somali et Oromia ont cependant accepté d’appliquer les résultats du scrutin, sans concrétisation jusqu’à présent. Lors de ses incursions à l’ouest, la police Liyu annexerait sym- boliquement ces territoires, en rem- plaçant le drapeau oromo par le dra- peau somali. Les zones historiquement disputées telles que Moyale, qui partage égale- ment une frontière avec le Kenya, sont devenues « si explosives et si imprévi- sibles », déplore le responsable d’une ONG, qu’il est « presque impossible » d’intervenir pour les humanitaires, craignant pour la sécurité de leur per- sonnel face à un nombre de tirs élevés. Pour tenter d’apaiser la situation, les forces fédérales patrouillent les routes principales entre les deux régions. Mais comment protéger une frontière de plus de 1 400 kilomètres ? Le conflit menace de s’étendre. Ainsi, deux Éthiopiens oromos ont été tués au So- maliland voisin en septembre, et des milliers ont été chassés de ce territoire qui s’est autoproclamé indépendant de la Somalie en 1991. La situation est d’autant plus délica- te pour le gouvernement, qu’elle re- met en cause son fondement même, l’ethno-fédéralisme. Si le découpage du pays en neuf régions basées sur les ethnies principales depuis 1995 a le mérite de reconnaître les minorités et de minimiser les indépendantismes, reconnaît un professeur d’histoire de l’université d’Addis-Abeba, ce systè- me a aussi augmenté la conscience identitaire de groupes auparavant fluides. Ce régime porte un autre ris- que inhérent : transformer des conflits de territoire en conflits identitaires, et une soif de revanche en nettoyage ethnique. « Loin des traditionnels conflits de ressources entre éleveurs souvent armés, résolus par les anciens et les autorités religieuses, les rivalités sont cette fois le fait de groupes armés » Un garçon oromo s’est réfugié dans un camp temporaire, à l’extérieur d’Adama, dans l’Oromia, le 4 octobre. PAUL SCHEMM/AFP 50 km Awaday Moyale Chelenqo Addis-Abeba OGADEN SOUDAN SOUDAN DU SUD ERYTHRÉE KENYA Somaliland SOMALIE DJIBOUTI ÉTHIOPIE Oromia Somali Golfe d’Aden Mer Rouge Infographie LE FIGARO mercredi 20 décembre 2017 13 INTERNATIONAL

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L’Éthiopie rongée par les violences interethniquesLes affrontements entre Oromos et Somalis ont fait des centaines de morts et ont déplacé 600 000 personnes depuis le mois de septembre.

CHRISTELLE GÉRAND ADDIS-ABEBA

ÉTHIOPIE L’Éthiopie a beau se targuerd’être « un îlot de stabilité au milieud’une région troublée », le pays fait facedepuis la mi-septembre à des violen-ces interethniques qui virent au« meurtre de masse », concédait di-manche le premier ministre Hailema-riam Desalegn lors d’une allocutiontélévisée. Si les tensions ne sont pasnouvelles entre éleveurs oromos et so-malis, qui se disputent puits et pâtura-ges le long de la frontière entre leursdeux régions semi-autonomes, unconflit si généralisé, si meurtrier et silong, est inédit.

La mort de deux personnalités poli-tiques oromos après leur arrestationpar la police Liyu, un groupe paramili-taire somali, a mis le feu aux poudresle 11 septembre. Le lendemain, aumoins 18 personnes - majoritairementsomalies - ont été tuées à Awaday, uneville commerçante dans la région Oro-mia. À la suite de ces représailles, desfamilles oromos ont été chassées deleurs maisons dans la région Somali.Dorénavant réfugiées dans des campsde fortune dans l’Oromia, elles accu-sent la police Liyu d’avoir été à lamanœuvre. Certaines maisonsauraient été pillées, d’autres brûlées.Dans le même temps, des Somaliscraignant pour leur vie dans l’Oromia,ont fui en sens inverse, vers l’est.D’après le responsable des opérationsd’une ONG qui vient en aide aux deuxethnies et souhaite rester anonyme, ilssont actuellement 600 000 déplacésinternes dans le pays, discrètementencouragés par les autorités régionalesà trouver des proches chez lesquelss’installer.

Le sentiment d’insécurité s’accroît àmesure que le nombre de victimescontinue d’augmenter. Negeri Lencho,le porte-parole du gouvernement, re-connaissait « des centaines » de mortsdès le 25 septembre. Par la suite, unequinzaine de personnes ont été tuées le11 décembre à Chelenqo, dans l’Oro-mia, alors qu’elles manifestaient contrela mort d’un membre de leur commu-nauté aux mains de la police Liyu. Ils

auraient été fusillés par la police fédé-rale. Depuis, 29 Oromos ont été tuésentre le 14 et le 17 décembre, et 32 So-malis ont perdu la vie en représailles.

Loin des « traditionnels » conflitsde ressources entre éleveurs souventarmés, résolus par les anciens et lesautorités religieuses, les rivalités sontcette fois le fait de groupes armés.Créée en 2007 pour lutter contre lesinsurgés sécessionnistes du Front delibération national de l’Ogaden aprèsqu’ils ont tué 74 personnes, la policeLiyu est depuis citée dans de multiplescas de torture, exécutions sommaires,viols et destructions de villages. Cetteforce paramilitaire de 42 000 hommesrépond à Abdi Mohammed Omar, leurfondateur devenu président de la ré-gion Somali en 2010. Du côté Oromos,il pourrait s’agir du Front de libérationOromo, un groupe sécessionniste auxmoyens dérisoires en comparaison dela police Liyu, armée et entraînée parle gouvernement fédéral et dont le rôles’étend aujourd’hui à la lutte contreal-Chebab.

Des zones « explosives et imprévisibles » Lors d’un référendum en 2004, les ré-sidents des zones contestées ont esti-mé que 80 % d’entre elles devraientrester en Oromia, ou rejoindre cetterégion, la plus riche et la plus peupléed’Éthiopie. La régularité du vote étantcontestée, il n’a pas été suivi d’effets.En avril 2017, les présidents des ré-gions Somali et Oromia ont cependantaccepté d’appliquer les résultats duscrutin, sans concrétisation jusqu’àprésent. Lors de ses incursions àl’ouest, la police Liyu annexerait sym-boliquement ces territoires, en rem-plaçant le drapeau oromo par le dra-peau somali.

Les zones historiquement disputéestelles que Moyale, qui partage égale-ment une frontière avec le Kenya, sontdevenues « si explosives et si imprévi-sibles », déplore le responsable d’uneONG, qu’il est « presque impossible »d’intervenir pour les humanitaires,craignant pour la sécurité de leur per-sonnel face à un nombre de tirs élevés.Pour tenter d’apaiser la situation, lesforces fédérales patrouillent les routesprincipales entre les deux régions.Mais comment protéger une frontièrede plus de 1 400 kilomètres ? Le conflitmenace de s’étendre. Ainsi, deuxÉthiopiens oromos ont été tués au So-maliland voisin en septembre, et desmilliers ont été chassés de ce territoirequi s’est autoproclamé indépendant dela Somalie en 1991.

La situation est d’autant plus délica-te pour le gouvernement, qu’elle re-met en cause son fondement même,l’ethno-fédéralisme. Si le découpagedu pays en neuf régions basées sur lesethnies principales depuis 1995 a lemérite de reconnaître les minorités etde minimiser les indépendantismes,reconnaît un professeur d’histoire del’université d’Addis-Abeba, ce systè-me a aussi augmenté la conscienceidentitaire de groupes auparavantfluides. Ce régime porte un autre ris-que inhérent : transformer des conflitsde territoire en conflits identitaires, etune soif de revanche en nettoyageethnique. ■

5milliards de dollars

d’aides ont été versés par les États-Unis

aux Palestiniens depuis 1994

Washington isolé après son initiative sur JérusalemLe vice-président américain, Mike Pence, a décidé de reporter une nouvelle fois sa tournée diplomatique en Égypte et en Israël.

flou jugé dangereux pour la stabilité duProche-Orient qu’une écrasante majo-rité de la communauté internationale luireproche aujourd’hui.

Le débat, lundi, au Conseil de sécuritéde l’ONU, sur un projet de résolution égyptien appelant à condamner la déci-sion du président Trump, a illustré la so-litude des États-Unis sur ce dossier. Le texte a été approuvé par quatorze des quinze États membres si bien que l’am-bassadrice Nikki Haley a dû utiliser le veto américain pour la première fois de-puis plus de six ans. « Nous le faisons sansjoie mais sans embarras », a-t-elle dé-claré, avant de prévenir : « Ce qui s’est passé aujourd’hui est une insulte que nous n’oublierons pas. » Menaçante, elle a aussi interrogé : « Qu’est-ce que les Pa-lestiniens ont à gagner lorsque leurs diri-geants accusent les États-Unis d’être hos-tiles à la paix ? Rien, mais cela risque de leur coûter beaucoup. Depuis 1994, nous leur avons donné plus de 5 milliards de dol-lars sous forme d’aide économique bilaté-rale ainsi que d’assistance dans les domai-nes de la sécurité et de l’humanitaire. »

Cette mise en garde fait écho au récentcoup de colère de Mahmoud Abbas, qui accuse les États-Unis d’avoir perdu toute légitimité pour parrainer d’éventuelles négociations. Le président palestinien, qui dit vouloir reprendre sa campagne d’adhésion aux organisations et aux trai-tés internationaux, rejette ainsi implici-tement le « plan de paix » que l’Adminis-tration dit vouloir présenter dans les prochaines semaines. À moins, croit-on deviner, que Washington n’y apporte un correctif. « Il revient aux États-Unis, dont la voix et la position ont naturellement un impact particulier, de préciser la compati-bilité de l’annonce faite le 6 décembre avec le consensus international », a d’ailleurs indiqué lundi François Delattre, l’ambas-sadeur français auprès des Nations unies.

Une façon de le faire serait d’appeler àla création d’un État palestinien dont la capitale pourrait voir le jour à Jérusalem-Est au terme de négociations avec les Is-raéliens – mais on ne voit pas le présidentaméricain prendre, en l’état, une telle décision. « Les États-Unis ont pu empê-cher le Conseil de sécurité de condamner la décision de Trump sur Jérusalem – mais ce vote n’en constitue pas moins une défaite pour lui comme pour Benyamin Nétanya-hou », observe Barak Ravid, correspon-dant diplomatique de la dixième chaîne israélienne de télévision, qui souligne leur « isolement international ». ■

L’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, utilise le veto américain, lundi, à New York sur une résolution condamnant la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël par le président Trump. Le texte a été approuvé par quatorze desquinze États membres au Conseil de sécurité de l’ONU.KENA BETANCUR/AFP

Le ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, a prévenu mardi que son pays était « prêt à payer le prix » de la récente décision américaine sur Jérusalem mais qu’il « ne tolérera pas la poursuite des tirs de roquette en provenance de la bande de Gaza ». Une trentaine de projectiles a été lancée depuis l’enclave après l’annonce du 6 décembre. La moitié environ a frappé le territoire israélien ou a été interceptée par le système de défense anti-missiles « Dôme

de fer ». L’un d’entre eux a touché dimanche soir une maison d’une localité située à la lisière nord du territoire côtier, dont les habitants ont tout juste eu le temps de se réfugier dans leur abri blindé.Selon Avigdor Lieberman, la majorité de ces roquettes a été tirée par de petits groupes salafistes auxquels le Hamas a peut-être ponctuellement lâché la bride. Mais la situation serait en train de changer. « Nous avons vu le Hamas arrêter des dizaines de salafistes et je crois qu’après

les interrogatoires qu’ils subissent ils ne sont pas près de reprendre leurs activités – s’ils reviennent un jour », a indiqué le ministre.L’armée israélienne a jusqu’à présent répondu aux tirs de roquettes par des frappes contre des positions militaires généralement inoccupées du mouvement islamiste. Deux combattants des brigades Ezzedine al-Qassam ont été tués dans l’une de ces opérations, mais leurs chefs semblent pour l’heure vouloir éviter toute escalade militaire. C. L.

Le Hamas joue la désescalade dans la bande de Gaza

« Loin des traditionnels

conflits de ressources entre éleveurs souvent armés, résolus par les anciens et les autorités religieuses, les rivalités sont cette fois le fait de groupes armés»

Un garçon oromo s’est réfugié dans un camp temporaire, à l’extérieur d’Adama, dans l’Oromia, le 4 octobre.PAUL SCHEMM/AFP

CYRILLE LOUIS £@Cyrille_LouisCORRESPONDANT À JÉRUSALEM

PROCHE-ORIENT La reconnaissance, par Donald Trump, de la souveraineté is-raélienne sur Jérusalem, devait appa-remment constituer le premier étage d’une fusée diplomatique ayant pour ob-jectif la conclusion d’un « accord ulti-me » entre Israéliens et Palestiniens. Mais le moins qu’on puisse dire, deux se-maines après sa mise à feu, est que l’en-gin est en mauvaise posture. Le report in extremis du déplacement envisagé par le vice-président Mike Pence, ce mercredi, à Jérusalem, n’en est que le signe le plus flagrant. La Maison-Blanche martèle que cette décision a été prise pour lui per-mettre de prendre part à un vote décisif du Sénat sur la réforme fiscale. Mais l’ar-gument ne saurait faire oublier que l’or-ganisation du voyage avait, ces derniers jours, viré au cauchemar. Le président Mahmoud Abbas ainsi que de nombreux dignitaires chrétiens avaient exprimé

leur intention de boycotter la visite, dont le déroulement menaçait d’être obscurci par les appels à manifester de l’ensemble des factions palestiniennes.

La décision américaine sur Jérusalem,présentée comme la simple validationd’une réalité « fondamentale et incon-testable », a été saluée par les dirigeantsisraéliens comme « un pas importantvers la paix ». Donald Trump a soulignéque ce geste, s’il prend le contre-pied dela politique menée par ses prédéces-seurs, ne préjuge par des frontières danslesquelles Washington entérine la sou-veraineté israélienne sur Jérusalem.Mais il s’est bien abstenu d’appeler clai-rement à la création d’une capitale pa-lestinienne dans la partie orientale de laville, dont la droite israélienne maisaussi une large partie de la gauche neveulent pas entendre parler. Et c’est ce

“Qu’est-ce que les Palestiniens ont à gagner lorsque leurs dirigeants accusent les États-Unis d’être hostiles à la paix ? Rien, mais cela risque de leur coûter beaucoup”NIKKI HALEY, AMBASSADRICE AMÉRICAINE À L’ONU

mercredi 20 décembre 2017 LE FIGARO

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12 INTERNATIONAL

50 km

Awaday

Moyale

ChelenqoAddis-Abeba

O G A D E N

SOUDAN

SOUDANDU SUD

ERYTHRÉE

KENYA

Somaliland

SOMALIE

DJIBOUTI

ÉTHIOPIE

Oromia

Somali

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ERYTHRÉE

Golfe

MerRouge

LE FIGARO mercredi 20 décembre 2017

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