L'Esthétisation Du Monde Lipovestky

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Dfinition de la voix:La voix est le lieu dune philosophie. La voix est la nuit qui saigne en moi par la parole.La voix est le lieu par excellence de ce que Bachelard appelle lhominisation des forces du cosmos, qui se manifestent le plus souvent par le bruit. La voix est le temps et que la conjonction de lombre et de la voix nest pas tout fait ce quon appelle la vie.La voix est un dveloppement de lombre, de la mme faon que la main, selon Leroi-Gourhan, a libr la voix.La voix est de lombre qui se meut dans un surcrot dobscurit laquelle nous demandons inlassablement de nous clairer.La voix est notre bannissement de lEden.La voix est le sans-origine, ce qui ne cesse de natre et de mourir en chacun de nous.Dfinition de lombre:Lombre est la possibilit mme de la voix.Lombre est labsence de temps, tout comme la mer nest que sa propre profondeur, hors mtaphore, sachant que la voix est le temps.Lombre est la possibilit mme de la voix.Lombre est labsence de temps.Lombre, la voix, le temps:Lombre et le temps sont lis jusque dans ce qui pourrait tre une esthtique de lusure ou dune forme de ngativit quoi lon donnerait le nom tout la fois restrictif et prennisant de tradition.Lombre signe de mort, dans la littrature, de disparition, une voix doutre tombe, disparue, mais aussi de prsence car pas de corps rel sans ombre, signe de prsence au monde, linsitu, linsituable. On est dj dans le spectral. Les descriptions sont rares. En dpit des prcisions, les deux notions sont comme dsmantises, affoles, elles sont presque des images vides, des phantasmata. Lombre est elle-mme une image spectrale. Tout sest produit du ct du monde. La voix et lombre: deux termes quivoques. Cette tension vers labsence se fait grce une prsence quasi permanente au monde. Des ombres qui tmoignent de ce quils furent, de ce que fut le monde, dans une voix. Aucune prsence du corps. Le je est lui-mme voix, ombre. Devenir ombre pour tmoigner. Attester la vrit du monde qui fut non pas par le corps mais par lombre.La facilit de lenregistrement ayant soustrait la parole lineffable. Invisible, la voix dit une singularit. Annexe vide du rel.Jusque-l limite au seul instant de son interprtation, luvre se trouve soudain, par lenregistrement, fixe sur un support qui en permet lcoute continue, rptitive, pratiquement sans fin. (tout se passe comme si nous assistions une domestication du chant, son appropriation, la rduction de son tranget au Mme cout, rcout, partag). Avec la dmultiplication de loffre musicale et sa dmocratisation, sest dveloppe une exprience de type distraite, lgre, indiffrente: la musique enregistre tend provoquer ce que Walter Benjamin nomme la rception dans la distraction, dans le divertissement et lcoute flottante. 218Arm de ses techniques de reproduction (cinma, disque), le capitalisme a moins provoqu le dclin de laura des uvres que suscit de nouvelles idoles, de nouvelles ambiances et figures magiques. 218Le confinement de la musique dans les carcans du schma communicationnel en aurait restreint les possibilits expressives, selon les revendications de la nouvelle cole.La fascination pour le silence quivaudrait sous cet aspect une fascination pour la dimension pr- ou a-musicale de la musique, ltat encore non-existant o la musique nest pas encore, mais seulement comme potentialit, comme puissance. Ma musique, au fond, consiste faire apparatre ce quil en est de la musique quand il ny a pas encore de musique. Ce qui mintresse, cest le fait que les choses soient.Il ma toujours sembl que la musique ne devrait tre que le trop-plein dun grand silence.Arvo part.Cette efficacit rhtorique appartient au champ largi de la smiotique puisque le silence est personnalis par un nonciateur qui peut en faire rsonner les effets. Nous sommes alors au coeur dun monde o prvaut le dialogue puisquil est entendu que le conteur sadresse de manire dlibre un auditoire dont il espre recevoir la reconnaissance de sa parole.Il peut paratre paradoxal dnoncer que la voix est loprateur smiotique du silence.

Pourtant lautobiographie, quelle quen soit la prsentation singulire par tel ou tel auteur, exige de mettre un terme au silence afin dnoncer la vrit du sujet.

La figurativit est voque de manire persistante puisque le sujet revendique la pertinence de sa diction au regard dune instance que la psychanalyse nomme lIdal du Moi.

La puissance de la voix en appelle au silence. Il indique ce qui demeure insupportable dans la voix: la forme refoule du silence. Cest le silence qui ne peut tre tolr et qui condamne parler ou crire inlassablement.

La voix permet de faire entendre cet acte smiotique du silence.

La parole fait taire la voix, la rduit au silence. Support de lnonciation discursive, la voix prsente en effet la particularit de disparatre littralement derrire le sens du discours quelle nonce. Cette observation peut paratre nigmatique, elle est pourtant dexprience quotidienne. Quand, par exemple, quelquun prend la parole, notre attention est souvent au dbut capte par les caractristiques de sa voix, son accent... mais trs vite cela disparat sitt quon fait attention au sens de ce qui est dit. Voil pourquoi il nous faut le chant. Ainsi la voix devient-elle lombre de la parole. La voix chappe la corporit, la temporalit, la pesanteur de lnonciation signifiante.

Or la voix, en tant quobjet pulsionnel, va l encore nous amener du ct du silence, silence dune autre nature que celle que nous venons de dcrire, un silence pens cette fois comme asymptote, limite ou mme vrit de la voix.

La musique nous renvoie ainsi un Autre du langage, silencieux, la fois apaisant et angoissant.

Le silence comme immobilit ou immobilisation des syllabes, non plus un manque de langage mais une intensification de celui-ci, sa prsentation comme champ dintensits, dautant plus puissant quil est, en somme, larrt.

La voix qui choue ntre quelle-mme, tre parole, tre autre.

Silencieux, dabord appliqu un lieu o lon entend peu de paroles. Luvre dun silenciaire. Car attendu les gratifications narcissiques que LEmpire du Bien alimente et dont il ne dailleurs cesse de se nourrir, lhomme se voit vou Des ombres qui tmoignent de ce que fut le monde dans leurs voix. Un chacun Attendu: en prenant en considration. LAuteur, comme disparition de laltrit. Nonobstant.Et lil na jamais fini de voir, ni loreille dentendre. La ville prend ses adversaires qui pointe sur nous.Lhomme, dans la mesure o,Hormis. Pour le moins.toutes spectrales des voix qui appellent lombre des dcds.. Sique tout y paratPasser dun horizon lautreRpandu sur ma fille de Juda plainte et complainte.par-del le lisible et le sonore ordinairement mprise, sinon maudite., et, partant,Ils ne croyaient pas les rois de la terre, ni aucun habitant du monde. L, au sjour des morts, prend fin lagitation des mchants, l reposent ceux qui sont extnus. Exulter de/dans.ni, ni, ni, rien que. Un effroi ma saisi, un frisson. Les paroles dun dsespr, le vent les emporte. Son assurance nest quun fil, sa confiance une toile daraigne. Mettre dcouvert. Badigeonneurs de lobscne. Dbiter des faussets. LAutre, paille sche, bois vermoulu. Les eaux pourront quitter la mer, les fleuves tarir et desscher. Il ne donnera rien, sinon, Au fait. La raison en est que Vous, vous ntes que badigeonneurs de mensonge, gurisseurs de nant.