LES VILLES AU MOYEN ÂGE

Cahier des élèves

1. L'essor des villes: l'artisanat et le commerce

Dès la fin du XIe siècle, l'arrêt des grandes invasions, la diminution des guerres entre seigneurs et l'introduction d'avances dans les techniques agricoles ont permis l'accroissement de la production agraire et la croissance de la population en Europe occidentale. L'agriculture a généré des surplus à vendre dans les marchés; l'augmentation des échanges commerciaux a stimulé la renaissance de la vie urbaine. Le développement démographique a provoqué le besoin de défricher des nouveaux terroirs, ce qui a accru aussi la production agraire.

Source:http://aurelienloriau.free.fr/cinqui%E8me/histoire/moyen%20age/lecon4.htm

* Place les remparts, les faubourgs, le pont-levis et le fleuve de la ville de Feurs

L'amélioration de l'agriculture a stimulé la revitalisation ou apparition des villes. Les paysans, et surtout les nobles et les ecclésiastiques, propriétaires des terroirs, ont cherché des marchés où vendre les surplus et ils les ont trouvés aux naissantes villes européennes. Ils échangeaient là les surplus agricoles par les produits artisanaux urbains.

La croissance de la population a permis l'émigration d'une part des paysans aux villes; ils trouvaient là une plus grande liberté personnelle et des bonnes occasions d'améliorer leur vie.

« L'air de la cité rend libre »

Une règle particulière fut établie dans certaines communes, notamment Bologne.

Elle consistait à acheter la liberté d'un esclave s'il se réfugiait un an et un jour

dans une commune. Les citoyens ne désiraient aucun serf ou esclave sur son

territoire.

http://www.histoire-france.net/moyen/vie-quotidienne.html

Les villes médiévales étaient protégées par des remparts qui enserrent des maisons étroitement pressées les unes contre les autres. Du haut du beffroi, des guetteurs surveillaient les alentours et sonnaient la cloche en cas de danger. Les rues étaient étroites, sales et sombres : on y jetait les ordures et les eaux usagées ce qui favorisait les épidémies.

Les villes possédaient un hôpital, des écoles, un marché, des églises et parfois des cathédrales. L'entrée de la ville était fermée par une porte. Pour y entrer les voyageurs et les marchands devaient payer une taxe. La porte est toujours gardée et fermée chaque soir.

Des faubourgs débordent hors de l'enceinte, faubourgs artisanaux et commerçants qui, peu à peu, sont englobés dans le périmètre urbain; le plan urbain nous offre alors la série typique des enceintes fortifiées successives.

Quelques villes nordiques (Gand, Louvain, Bruges, Bruxelles) intégraient plus de 600 hectares avec de vastes espaces agricoles à l'intérieur de leurs enceintes.

Les nouvelles enclaves ont surgi sur des villes qui existaient déjà ou bien en des nouvelles villes, les bourgs, raison pour laquelle on appelle leurs habitants bourgeois.

La ville médiévale est devenue le centre de production d'objets manufacturés. Les artisans du même métier se groupaient par rues qui recevaient le nom de leur activité: des tanneurs, des orfèvres, des tisseurs,...

Le travail artisanal -toujours à la main- s'organisait en des petits ateliers, propriété du maître artisan, qui servaient aussi de logement.

Les artisans de chaque ville s'organisaient pour se protéger de la concurrence d'autres lieux et garantir le bon fonctionnement de la production. Les artisans de chaque métier se groupaient en des corporations structurées de façon hiérarchique: apprentis, apprentis qualifiés et maîtres artisans.

La corporation établissait les heures de travail et outils de chaque métier, et elle contrôlait la qualité des articles et son prix final.

Les villes avaient comme fonction essentielle accueillir le marché auquel accouraient les paysans des alentours pour échanger des produits agricoles par des manufactures.

Quelques villes ont fixé des jours spéciaux pour réaliser le marché; elles ont décrété des lois pour protéger aux marchands. C'est l'origine des foires, marchés périodiques de grandes dimensions où on achetait et on vendait des grandes quantités de produits. « Ici, il y a des marchandises en abondance. Le poivre ne se vend pas bien. Le gingembre se vend de 22 à 28 deniers la livre, selon la qualité. Le safran est très demandé... La poudre d'or vaut selon la qualité. »

Extrait d'une lettre adressée à Tolomeo de Sienne (Italie) par son associé à la foire de Troyes, 1265.* Quels sont les produits desquels on parle?

Le commerce maritime avait acquis plus d'importance que le terrestre pour les longues distances, en raison de la majeure capacité et vitesse des bateaux.

Les marchands italiens de Venise, Gênes et Pise rapportent des soieries et des épices d'Orient. Les marchands du Nord achètent des marchandises sur les pourtours de la mer du Nord ou de la mer Baltique (harengs, bois, blé, laine) qu'ils débarquent en Flandre au port de Bruges. La Flandre est une grande région productrice de draps.

Les marchandises du Nord et du Sud s'échangent dans les foires internationales. Au XIIIe siècle, les plus importantes sont celles de la Champagne, bien situées entre le Nord et le Sud de l'Europe.

Les grands marchands deviennent très puissants. Ils sont aussi banquiers et prêtent de l'argent aux nobles et aux rois. Ils se lancent dans la production drapière ou minière, et achètent des terres. Ils deviennent parfois les conseillers des rois et obtiennent d'eux des lettres d'anoblissement.

2. La société urbaine

En ville, les classes montantes sont représentées par les grands marchands et hommes d’affaires dont la richesse est fondée sur le commerce lointain, la grande industrie textile et la banque. Avec moindre richesse, la petite bourgeoisie comprend à maîtres artisans et les petits marchands.

Outre les bourgeois, dans les villes médiévales habitaient des nobles et des membres du clergé lesquels, attirés par la richesse de la ville, fixaient là leur résidence (palais, couvents, églises).

Il y avait aussi des humbles gens: des apprentis et des apprentis qualifiés des corporations, personnes sans métier et des mendiants. Il y avait aussi des minorités comme les juifs, beaucoup d'entre eux artisans, prêteurs ou médecins, qui habitaient en des quartiers séparés: les quartiers juifs.

Au début, les villes ont formé des communautés ou assemblées de tous les voisins pour organiser leur gouvernement. Plus tard, on a choisi des magistrats, qui veillaient les finances, l'ordre et la justice, dirigés par un maire. L'hôtel de ville était le

bâtiment dans lequel ils se réunissaient, et où on gardait l'étendard de la ville, les archives des documents et le trésor de la ville.

De plus en plus, le gouvernement des villes est resté en mains des familles les plus riches de marchands et banquiers, parfois apparentés avec la noblesse urbaine. Ils ont constitué un groupe privilégié, le patriciat urbain.

Le développement de la vie urbaine et l'amélioration de l'économie ont favorisé un plus grande instruction parmi quelques nobles, et très spécialement chez les bourgeois qui se consacraient aux affaires.

Jacques Coeur est né en 1400 à Bourges. Il s'enrichit grâce à la clientèle de Charles VII et de la cour qui s'installent à Bourges en 1419. Il se lance dans le commerce avec l'Orient et devient argentier du roi, c'est-à-dire son fournisseur officiel. En 1441, Charles VII l'anoblit et peu après il entre dans son Conseil. Très riche, il prête de l'argent au roi et à de nombreux membres de la haute noblesse.

« Les riches ont toutes les administrations de la ville, étant redoutés à cause de leur fortune ou de leurs relations familiales.

Il arrive que les riches administrateurs de la cité s'inscrivent, eux et leurs parents, en ce qui concerne la taille, pour une somme inférieure à ce qu'ils doivent; alors tout le pois de l'impôt pèse sur les pauvres. Ceux-ci se révoltent contre les puissants. Beaucoup sont tués et les villes sont troublées par des émeutes. »

D'après Philippe de Beaumanoir, Coutumes du Beauvaisis, fin XIIIe siècle.

– Quelle catégorie d'habitants gouverne la ville?– Pourquoi les pauvres se révoltent-ils?

Le besoin de connaissances spécifiques a renforcé le développement des écoles dans les villes. C'est aussi le moment de la création des premières universités.

Au début, dans les universités s'enseignaient les appelés savoirs classiques: le trivium (grammaire, rhétorique et dialectique) et le quadrivium (arithmétique, géométrie, musique et astronomie). On a développé aussi les études de médecine, droit, art poétique et théologie.

3. La consolidation du pouvoir royal

Parmi le Xe et le XIIe siècles, la monarchie a exercé un rare pouvoir sur le territoire de son royaume. Les rois ne se pouvaient pas imposer aux seigneurs, puisqu'ils ne disposaient pas des ressources économiques suffisantes à maintenir l'armée ou l'administration du royaume.

Du XIIe siècle, les monarques ont profité de la croissance économique et l'essor de la bourgeoisie pour essayer d'imposer son autorité sur la noblesse féodale et garantir l'unité et stabilité du territoire de leur couronne.

Les bourgeois précisaient d'une liberté personnelle et d'une sécurité qui leur permissent de développer leur activité commerciale par des chemins, des mers et des villes. Ils aspiraient aussi à dicter leurs propres lois, choisir leurs juges et avoir un gouvernement local propre.

Quelques rois ont soutenu les bourgeois en leur offrant des lettres de privilèges et, en échange, les bourgeois ont facilité aux monarques des ressources économiques afin de lutter contre les nobles et de récupérer leur pouvoir.

Le Roi s'entoure d'un Conseil ou Cour Royale, formé par des représentants de la noblesse et du clergé, avec la présence aussi des représentants de la bourgeoisie, au début pendant des occasions extraordinaires et après d'une façon régulière. Le Roi, en leur convoquant, prétendait reconnaître l'importance de cette classe sociale dans la société médiévale mais, surtout, leur demander des contributions en monnaie, les subsides.

Les réunions du roi avec les trois classes (noblesse, clergé et bourgeoisie) recevaient le nom de Cours ou Parlements. Dans quelques royaumes, le pouvoir de la bourgeoisie dans les Cours était majeure qu'en autrui.

L'engagement de quelques monarchies pour cautionner son pouvoir et établir un royaume avec des frontières claires a causé des nombreux affrontements entre les monarques européens.

Le conflit le plus grave a été celui de la Guerre de Cent Ans, qui affronte la France et l'Angleterre entre 1337 et 1453. Deux éléments essentiels expliquent cette guerre aux origines diverses. D'abord et avant tout, le roi d'Angleterre, vassal du roi de France pour ses possessions sur le continent, en supporte plus les droits que celui-ci a toujours à son égard. Ensuite, les trois fils du roi de France Philippe le Bel meurent sans héritier direct. Qui leur succédera? Leur neveu par sa mère, Édouard, déjà roi d'Angleterre? Ou leur cousin, Philippe de Valois? En 1328, ce dernier est couronné. Édouard l'accepte puis change d'avis et refuse de reconnaître Philippe VI de Valois. Il ouvre les hostilités en 1337, puis débarque sur le continent et détruit la flotte française à la bataille de l'Écluse en 1340. Les Anglais vont jusqu'à s'approprier un bon tiers de la France (1360) et instaurent une monarchie anglo-française (1422). L'intervention de Jeanne d'Arc (1429-1431) donne aux Français le sursaut qui leur permet de reprendre toute la France, hormis Calais (1453). “La délivrance d'Orléans par Jeanne d'Arc”

L'Europe vers 1400. Source: http://www.euratlas.net/history/europe/1400/fr_index.html

* Quels étaient les grands royaumes de l'Europe occidentale au début du XVe siècle?* Recherche des informations sur l'origine du Saint-Empire romain-germanique.

4. La crise du Bas Moyen-Âge

De 1347 à 1350, la Peste noire ou Grande Peste sévit en Occident. Elle emporte, croit-on, entre un quart et un tiers de la population européenne.

« Durant l'année 1349, les Juifs furent arrêtés et mis dans des cachots et en prison partout où ils résidaient. Un terrible soupçon pesait sur eux: ils tâchaient d'empoisonner par ruse le peuple chrétien et jetaient secrètement du poison dans les puits, les fontaines et les sources, autant qu'ils le pouvaient. Et ils le firent en plusieurs endroits, comme la rumeur publique s'en alarmait. »

Gilles li Muisis: Chronique, environ 1350.

Du début du XIVe siècle, une crise agraire se répand en Europe à cause d'une succession de mauvaises récoltes provoquées par un climat défavorable et à cause de cultiver des terres de pire qualité. La moindre production de blé vient accompagner l'essor de la famine partout en Europe.

Un deuxième problème est celui des dommages provoqués par les fréquentes guerres entre seigneurs. Les terres par lesquelles passaient ces armées étaient soumises au pillage.

La baisse de la population est rapidement avertie à la campagne, où la main d'oeuvre commence à manquer, et les terres cultivées sont souvent abandonnées. Les seigneurs, qui ont vu leurs revenus affaiblis, ont augmenté les impôts des serfs pour compenser cette perte: les serfs sont fortement attachés à la terre et ils ne peuvent pas abandonner les terres des seigneurs.

La manque de nourritures, la croissance des prix et les pires conditions de vie des serfs sont à la base de l'augmentation des tensions sociales à la campagne, et justifient les révoltes contre les seigneurs, comme celles des jacqueries en France.

La crise arrive aussi aux villes, là où la mortalité est encore plus grande que dans la campagne. La descente de l'activité des artisans et la réduction du commerce expliquent l'essor de la pauvreté entre les gens plus humbles.

Les plus défavorisés ont demandé une augmentation des salaires, ont exigé le droit au travail, ont demandé une plus grande possibilité d'accès aux charges de la commune -à ce moment monopolisés par le patriciat urbain-.

Les révoltes se sont répandues par nombreuses villes de l'Europe (Gand, Florence, Paris, Barcelone,...) et ont provoqué souvent des assauts aux quartiers des juifs (pogroms).

5. L'art gothique

L'art gothique est le style de l'art de l'Europe occidentale de la période XIIème – XVème siècles. Pendant cette période, les citoyens des villes ont bâti des palais, des hôtels de ville, des halles, mais c'est surtout la cathédrale le bâtiment-symbole de chaque ville. Gothique a été le terme utilisé assez tardivement par les artistes de la Renaissance italienne, comparant avec mépris cette architecture à la barbarie des goths, totalement étrangers à ce style. Il concerne essentiellement l'architecture des édifices religieux (églises, cathédrales, abbayes, cloîtres), avec les sculptures (statues, tympans) et les nombreux vitraux.

L'architecture gothique se caractérise par:– l'utilisation de l'arc brisé;– des voûtes d'ogives sur des édifices à la fois hauts et fins, qui forçaient

l'utilisation des contreforts, des pinacles et des arcs-boutants; l'eau de pluie été détournée des toits à travers les gargouilles;

– des nombreux vitraux qui décorent la cathédrale, instruisant sur la bible les nombreux analphabètes;

– des flèches souvent pointues et ciselées;– un transept nettement développé sur un plan de croix latine; – la présence de rosaces sur la façade des cathédrales; – ce sont des édifices très lumineux, comme les cathédrales de Chartres, Reims,

Paris, Rouen…

Visite virtuelle de la cathédrale de Reims: http://www.cathedraledereims.fr/spip.php?article822Un test sur la façade: http://www.espace-rng.com/quizz/glisse.php?id=471&facile

La sculpture gothique est très riche et, comme l'architecture, est en constante évolution formelle montrant des différences significatives par rapport à l'art roman.

Ses principales caractéristiques sont:

• Les matériaux utilisés sont principalement: la pierre de nombreux types de plein air, et le marbre des tombeaux et des retables en albâtre de temps en temps, les images de culte en bois, ...

• Les sources d'inspiration et les thèmes restent les mêmes que dans le roman, fondamentalement contenu religieux, le bestiaire dans les gargouilles. Le naturalisme caractéristique de la période gothique conduira à l'apparition du portrait.

La peinture gothique montre préoccupation par des nouveaux aspects comme la représentation de la profondeur, l'étude anatomique des personnages, la description détaillante de la vie quotidienne, la représentation des sentiments et une nouvelle estimation de la lumière et la couleur.

La peinture sur bois (tables et retables) se généralise.

Voir des analyses d'oeuvres d'art en flash: http://www.artecompo.com/entrada.swfVoir aussi: http://www.ecoles.cfwb.be/marbaix/Travaux%20des%20enfants/6%20-Les%20villes%20au%20Moyen%20%C3%82ge.pdfSur l'art de l'Église: http://es.calameo.com/read/000011892ca6d40b3218cSur l'art roman et l'art gothique: http://www.ac-reims.fr/datice/hist-geo/college/histoire/hist_5/art_ro_go/