Les Trois S - Tandem...pour trouver un climat qui lui convienne mieux que celui de Moscou. En 1878,...

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Les Trois Sœurs Anton Tchekhov, Timofeï Kouliabine

Théât e acadé i ue atio al La To che Rouge

Durée : 4h15 avec 3 entractes Spectacle en langue des signes russe, surtitré en français Jeudi 28 septembre à 19h et vendredi 29 septembre à 19h30 A Douai. Spectacle accessible aux sourds et aux malentendants Na ette au d pa t d’A as le : Jeudi 28 septembre à 18h15 et vendredi 29 septembre à 18:45

Sommaire Mentions Le spectacle Biographies Notes d’i te tio s Photos du spectacle Revue de presse Pour aller plus loin - Théâtre et langue des signes - La situation des artistes en Russie Pistes pédagogiques

Mentions Mise en scène Timofeï Kouliabine

Avec Ilia Mouzyko, Claudia Katchoussova / Valéria Krutchinina (en alternance), Irina Krivonos, Daria Emelianova, Linda Akhmetzianova, Denis Frank, Pavel Poliakov, Anton Voïnalovitch, Konstantin Télégine, Andreï Tchernykh, Alexeï Mejov, Sergeï Bogomolov, Sergeï Novikov, Elena Drinevskaïa

Scénographie Oleg Golovko

Lumière Denis Solntsev

Conseillères pour la culture sourde Veronika Koposova, Tamara Shatula

Professeur de langue des signes Galina Nishchuk

Photographe Frol Podlesnyi Régie générale Natalia Yarushkina

Régie son Nina Belkina

Régie lumière Anna Kolesnikova

Opérateurs surtitrage Ïaroslav Kiseliov, Igor Lipatnikov

Les Trois Sœurs a été élu "Production de l'année" 2015 par l'Association internationale des

critiques de théâtre.

Le spectacle Artiste majeur de la jeune génération du théâtre russe, Timofeï Kouliabine met en scène Les Trois

Sœurs… e la gue des sig es. U e p opositio adicale d’u e justesse et d’u e fo ce sidé a tes, suscitant des émotions en osmose avec le chef-d’œuv e de Tchekhov. L’a a t-de i e pi e du aît e usse s’ou e da s u e petite ille de ga iso où i e t Ma ha, Olga et Irina Prozorov après la mort de leur père. Elles veulent quitter la grande maison familiale où, lentement, leurs espoirs de changement se consument. Le rêve partagé de retour à Moscou, la ville de l’e fa e heu euse, se le e fi su le poi t d’a outi ; ais uat e a s plus ta d, ’est u e tout aut e de eu e ue l’o d ou e… “e glissa t a e justesse et su tilit da s le sile e des ots, les

formidables comédiens font vivre leurs personnages à travers les mouvements des corps et la sensualité des gestes, retrouvant la magie des rapports humains propres au cinéma muet. Dans l’espa e los d’u plateau aig d’u e t ou la te ui tude, où ha ue uit fait se s, le uotidie p e d ie pa les ua es i fi ies du so , ta dis ue l’espoi et le d se hantement des personnages e p u te t d’aut es he i s, s ta t une stupéfiante pulsion de vie. U spe ta le e t ao di ai e, d’u e a e auda e. Le sultat est sid a t. Pas seule e t e aiso de la pe ti e e d a atu gi ue u’il a à asso ie l’u ive s los des sœu s P ozo ov, d sesp e t e il es loi de Mos ou, à la pe eptio ue peuve t avoir les personnes sourdes- uettes d’u o de e t ieu souve t hostile. Mais aussi pa e u’e le réduisant au silence, Timofeï Kouliabine rend toute sa résonance et sa force à ce texte « usé » qui, à

fo e d’avoi t dit pa des g atio s de o die s depuis sa ation en 1901 par Stanislavski,

risquait de devenir inaudible. Les gestes des acteurs, suivant la chorégraphie des surtitres qui défilent

su l’ a , permettent à chacun de faire résonner en lui les mots de Tchekhov, et de se réapproprier

ce fameux « sous-texte » dont ils sont porteurs. Kouliabine a réussi son pari : au-delà des sœu s Prozorov, il nous offre « un spectacle sur la grandeur de ce texte ».

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Biographies Timofeï Kouliabine, metteur en scène

Né en 1984, Timofeï Kouliabine se fo e à l’A ad ie du th ât e de Russie GITI“ . Il est o e etteu e s e asso i du Th ât e de la To he ouge de No ossi i sk, a a t d’e p e d e la

direction en 2015. Il monte une dizaine de pièces de théâtre et deux opéras au cours de ces neuf saisons, dont Eugène Onéguine, d’ap s Pou hki e, a ueilli à Mos ou P i sp ial du ju du Mas ue d’O , et Tannhäuser, de Wag e , à l’Op a de No ossi i sk et o da pa l' glise orthodoxe russe car jugé ostentatoire, provoquant l'éviction du directeur de l'opéra de Novossibi. Plus récemment, il a présenté à Moscou Don Pasquale de Donizetti au Bolchoï et Ivanov de Tchekhov au Théâtre des Nations (2016). Sa mise en scène de Rigoletto de Ve di a t e à l’op a de Wuppertal en avril 2017. Le travail de Kouliabine est présenté dans de nombreux festivals russes et internationaux et a été gratifié de nombreux prix. Sa production des Trois Sœu s au Th ât e de la To he ouge de No ossi i sk a t ualifi e d’ « événement historique » par la critique. Il y dirige une belle troupe de quinze acteurs, à qui il a demandé, dix-huit ois du a t, d’app e d e la la gue des sig es usse. C’est da s ette la gue, surtitrée en français, que ces incroyables interprètes font naître en nous des émotions qui ne nous a aie t ja ais saisis. Da s les o ps, da s l’espa e d’u plateau où ha ue so fait se s, da s le silence des mots, le vacarme et la caresse des gestes, du pur Tchekhov ! Inoubliable.2 Anton Tchekov, écrivain russe

Anton Pavlovitch Tchekhov est un écrivain russe, né à Taganrog en Russie en 1860 et décédé à Badenweiler en Allemagne en 1904. Il étudie la médecine à l'université de Moscou et commence à exercer à partir de 1884. Mais se se ta t espo sa le de sa fa ille, e ue s’i stalle à Moscou après la faillite du père, il cherche à augmenter ses revenus en publiant des nouvelles dans divers journaux. Le succès arrive assez vite, mais il ressent les premiers effets de la tuberculose, qui le contraint à de nombreux déplacements pour trouver un climat qui lui convienne mieux que celui de Moscou. En 1878, Tchekhov rédige pour la première fois une pièce de théâtre, laquelle doit avoir pour titre "“a s P e" et est d di e à Ma ia Ie olo a, u e a t i e e o e u’il ad i e. Mais ette pi e e

1 Source : https://www.festival-automne.com/edition-2017/timofei-kouliabine-les-trois-soeurs

2 Sources : http://www.theatre-odeon.eu/fr/2017-2018/spectacles/tri-sestry

http://www.comediedevalence.com/la-saison/toute-la-saison-1718/pages-saison/les-trois-soeurs/

rencontre aucun écho favorable à Moscou à cause de ses multiples remaniements tardifs. Dans les années 1890, Tchekhov se consacre à la dramaturgie : en 1887, il assiste à la création de sa première grande pièce, Ivanov puis, entre 1888 et 1889, il écrit plusieurs petites pièces en un acte ainsi que L’Ho e des ois ui, u e fois e a i e e sous le o d’Oncle Vania, devient sa p o hai e pi e i po ta te ui de eu e aujou d’hui u e de ses pi es les plus o ues. Bie ue efusa t l'e gage e t politi ue, il est e t e e t se si le à la is e d’aut ui. Il ou e des dispensaires, soigne gratuitement les plus pauvres, et favorise la création de bibliothèques. En 1890, malgré la maladie, il fait un séjour d'un an au bagne de Sakhaline pour témoigner des o ditio s d’e iste e des ag a ds L’île de Sakhali e, 1891).

Les Trois Sœu s est son avant-dernière pièce écrite. T ois a s a a t sa o t, il se a ie a e Olga K ippe , u e a t i e du Th ât e d’a t de “ta isla ski. Il

eu t e Alle ag e, lo s d’u e u e da s u sa ato iu , à l'âge de a s. Il est e te à Mos ou, au cimetière de Novodevitchi. Da s l'œu e de T hekho , les pe so ages so t te i le e t hu ai s, ga s e t e leu s eg ets et leurs espoirs. Les nouvelles d’a o d p s de , le th ât e, fo t de T hekho , de so i a t, u e gloi e atio ale usse, à l’ gal de Dostoïe ski et de Tolstoï.3

Notes d’i te tio s4

Timofeï Kouliabine, metteur en scène « Il est essentiel pour tout metteur en scène, et particulièrement quand il est russe, de se confronter au pi es de T hekho . C’est i ita le. Cela fait u o e t ue je ou is l’id e de o te u e pi e uette ou plutôt ui e de d’u e

a i e ou d’u e aut e le la gage i pe epti le au pu li . Pa e emple, prendre une pièce de pe toi e et la o te de i e du e e i so o isa t. Puis j’ai t a sfo ette id e e u spe ta le

en langage des signes. J’ai p is o ta t a e u p ofesseu de la gue des sig es et je lui ai de a d de fo e e tai s de mes acteurs à jouer une page de la scène 1 [des Trois Sœu s], le ati de l’a i e sai e d’I i a. Les comédiens ont suivi des cours pendant un mois puis, sans décor ni mise en scène, ont simplement « p o o » le te te sile ieu . L’effet esse ti tait très étrange : tous gesticulaient dans un silence total ais le te te, ue je o aissais ie , so ait da s a t te. C’ tait agi ue, le o -dit ne perdait pas mais gagnait en importance. Nous avons ajouté les sous-titres plus tard, ce qui en a décupl l’effet. Le te te de T hekho tait de e u u des pe so ages, u des p otago istes e. Nous a o s o e à e o st ui e le ode d’e iste e des ale te da ts de la a i e la plus authentique possible et avons eu recours aux conseils de sourds-muets pendant les répétitions. Au final, nous avons reproduit les infimes détails de ce mode de vie avec une grande minutie. Ce qui

ous a ait pa u t e d’i ita les o essio s d’u poi t de ue th ât al pa ti ipait fi ale e t à l’effet de vraisemblance. Pou auta t, ’est l’histoi e elle-même qui concorde le plus avec le projet car la pièce nous parle d’u e petite o u aut de ge s ie -élevés et très cultivés qui vit depuis des années dans une petite ille de p o i e où ha u .e se se t al à l’aise d s u’il/elle so t de so e i o e e t familier. Au-delà des murs de la propriété Prozorov, les lieux sont inhospitaliers et les gens inamicaux – l’ ole p i ai e ui puise Olga ; le u eau du t l g aphe ui d p i e I i a ; P otopopo , l’a a t de Natasha ; l’i e die ; la fe e ui e sait pas o e t a o e la o t de so fils à sa fa ille. Tout ela ad e a e la pe eptio u’o t les sou ds du o de e t ieu , u’ils o sid e t o e

t a ge et e hostile. Le o de ’a pas t taill à leu esu e ».

3 Source : https://www.babelio.com/auteur/Anton-Tchekhov/3973

4 Source : http://www.theatregaronne.com/dossier-de-presse/les-trois-soeurs

Oleg Golovko, scénographe « Tout au long de la pièce, les personnages des T ois Sœu s s’o upe t au petits ie s du uotidie . “i elles taie t o t edites pa l’e i o e e t esth ti ue du plateau, leu s a ti it s do esti ues pourraient exaspérer. Nous a o s do hoisi de si ule la alit , d’e p i e te th ât ale e t tout en préservant une authenticité visuelle. Nous a o s d id d’app he de l’i t igue des T ois Sœu s depuis un futur lointain. Au XXIIème siècle, personne ne saura si Tchekhov avait un iphone ou pas, si les acteurs de sa troupe portaient des jea s, s’ils s’ lai aie t à l’ le t i it ou à la la pe à huile. Nous ’a o s pas souhait ode ise l’i t igue i e l'adapte à ot e po ue. Je di ais u’o a oulu o t e ue so po ue existe e o e aujou d’hui. Dans cette mise en scène, les costumes comme les accessoires font le lien entre le début du XXème siècle et les premières années du XXIème siècle : depuis les pardessus et les blouses des temps t hekho ie s jus u’au jea s et gadgets o te po ai s. De e, il ’ a pas u’u seul st le de

eu le. Nous a o s hoisi des fo es et ou es p op es au o ilie de l’ po ue de T hekho sa s en retenir le décor, seulement le caractère fonctionnel. La pi e ego ge d’o jets e tous ge es. Certains sont essentiels comme le manège, le landau ou le

iolo , ais il a aussi la aisselle u’A fisa dispose su la ta le et les affai es de eu ui o t fui l’i e die de l’a te III – ie u’a se tes des otes de l’auteu , il est logi ue, au u du contexte, que ces affaires soient présentes sur scène. Dans notre mis en scène, la surdité des personnages a eu des répercussions sur un grand nombre de hoses. D’o di ai e je ets u poi t d’ho eu à e ue le d o et les a essoi es e soie t sou e

d’au u uit i te pestif. Mais i i, ’ tait l’e a t o t ai e a les pe so ages e so t pas d a g s pa les uits ui les e tou e t. Pou la p e i e fois da s a a i e je suis a i d’e te d e le parquet de la scène grincer, les portes des placards claquer et la vaisselle tinter dans le buffet lorsque

uel u’u passe de a t. E fait, le d o a u aspe t isuel tout auta t ue so o e. La aiso des Prozorov est une partition à elle toute seule ».

Irina Krivonos, comédienne « Jouer par la gestuelle est très proche de jouer dans une langue étrangère. Il faut maîtriser chaque

ot s pa e t, puis les elie et lo gue e t t a aille su la « p o o iatio » pou a oi l’ai o ai a t. O a l’i p essio de asse le les ol ules de so ôle pou le constituer ou de app e d e à pa le , le te e t, u e s lla e ap s l’aut e. Il a i e ue e la gage ait l’ai d’u e

danse – comme si le geste cherchait son propre rythme. On développe une forme particulière d’atte tio afi de ai te i le dialogue a e nos partenaires : il est impossible de leur tourner le dos, le ega d e pla e l’ouïe et a eau oup plus d’i po ta e ue d’o di ai e. Il faut oi et t e u pour être entendu. Le toucher prend aussi une part importante dans la communication. Les dialogues so t t s o ets, il ’est pas possi le de fai e de lo gues ti ades e le a t les eu au iel ou de se retourner avec sous-e te du. L’a tio est di e te. Tu ega des to pa te ai e da s les eu et exprimes sans ambiguïté ce que tu veux de lui. Comme on nous prive de tout moyen habituel d’i flue e os pa te ai es, o he he d’aut es t pes d’e p essio – le corps, les arts plastiques, des actions ordinaires. O a l’i p essio de fai e pa tie d’u e pa titio . O p ou e la aissa e e de la pol phonie, on s’i s it da s ses th es, o se laisse po te ou o les alt e d li e t pa le jeu. » […] "Il a i e ue e la gage ait l’ai d’u e da se – comme si le geste cherchait son propre rythme". Irina Krivonos (Olga Prozorov)

L’i t igue

Voici trois versions du déroulement :

Da s u e ville de p ovi e, pe due da s l'i e se Russie, t ois sœu s s'e uie t, ais esp e t : Moscou, le retour de l'enfance, la vraie vie... Tout est encore possible le deuil est fini, la vie attend. La

vie s'écroule, sans événement. Les officiers vont et viennent. Tous s'accrochent aux mots, mais les

ots tue t ou s'use t. Les t ois sœu s 'i o t ja ais à Mos ou. Elles o t tout pe du, e l'espoi de partir (Babelio). Olga, Masha et Irina, trois jeunes soeurs cultivées, vivent avec leur frère dans une ville provinciale où

elles s'ennuient. Après la mort de leur père, elles rêvent de retourner à Moscou, ville de leur enfance

heureuse afin de fuir le train-train assommant de la vie de province. Avec l'arrivée soudaine d'un

régiment militaire, les soeurs reprennent goût à la vie. Ce ne sera que pour une courte durée: les

militaires doivent bientôt quitter la ville, laissant les trois soeurs à leur solitude et leur destin. (Edition groupe Ebooks libres et gratuits). Les e es de la fa ille P ozo ov, o pos e de t ois sœu s, Ma ha, Olga et I i a et de leu f e Andreï, partagent une demeure provinciale, dans la campagne profonde de Russie. Andreï est lui-

même marié à Natacha. La pièce débute par la fête d'Irina, un an après la mort de leur père,

marquant la fin du deuil et le début, croit-on, d'une nouvelle vie. La petite ville de province, près de

laquelle se trouve la demeure, accueille un régiment qui vient d'arriver. La vie des Prozorov s'avère

dominée par l'ennui et n'est rythmée que par les visites d'officiers venus de la garnison voisine, et

devenus peu à peu comme des membres de cette famille atteinte du mal de vivre. Un rêve habite

epe da t les t ois sœu s : retourner à Moscou, la ville de leur enfance heureuse. Pas de héros, peu

d'action ; cette pièce va à l'encontre du schéma classique en mettant en scène des personnages

extrêmement humains qui voient leur vie peu à peu s'étioler, avec le désespoir de n'avoir rien

construit, rien entrepris.

Entre conversations absurdes et grands débats philosophiques, entre mariages ratés et désespoirs

amoureux, Tchekhov aborde dans Les T ois Sœu s les thèmes du temps qui passe et détruit les rêves,

de l'importance du travail et de l'autonomie, de l'ennui et de l'amour (Wikipedia).

Les personnages Pour aider les élèves à la compréhension des enjeux psychologiques de la pièce :

- Olga Sergueïevna Prozorova (Olia). Elle est l’aînée de la fratrie. Elle a 28 ans au début de la pièce et elle est professeure au lycée dont elle deviendra la directrice à la fin de la pièce. Elle remplace la

e des P ozo o , o te il a lo gte ps; elle est p ote t i e a e ses sœu s, so f e et les do esti ues, o e la ou i e A fissa, à l'i e se de Nata ha au œu du . - Macha Sergueïevna Kouliguina, née Prozorova (Macha). Elle a 25 ans au début de la pièce. Rêveuse et pianiste, elle est mariée avec Kouliguine, professeur au lycée sans envergure et tombe amoureuse du lieutenant-colonel Verchinine. C'est elle qui s'oppose le plus à sa belle-sœur Natacha. - Irina Sergueïevna Prozorova. Elle est la cadette. Elle a 20 ans, est gaie et inconsciente et elle mûrit tout au long de la pièce, jusqu'au sacrifice de ses illusions. Elle décide de travailler, sans que cela lui apporte le bonheur souhaité et consent à la fin à épouser le baron von Touzenbach, amoureux sans retour depuis cinq ans. - Andreï Sergueïevitch Prozorov. F e iolo iste et a tiste ho au d ut pa ses sœu s, il soul e les espoirs de la famille et rêve de devenir professeur d'université, mais il épouse finalement Nata ha, pe so e ulgai e et sa s œu , et s'ado e au jeu, h poth ua t la p op i t . Il se persuade d'aimer sa femme et souffre de la mesquinerie de sa vie et de la veulerie des habitants de cette ville provinciale.

- Natalia Ivanovna (Natacha). Epouse d'Andreï, originaire de cette ville de province. Timide et vulgaire, issue d'un milieu plus modeste que celui des Prozorov, elle finit par s'imposer dans la fa ille, hasse les sœu s de la p op i t , gou e e la aison sans égard pour les domestiques et a une liaison avec Protopopov, le président du zemstvo, dont Andreï est le subalterne. Son caractère s'oppose à la sensibilité et l'éducation aristocratique des Prozorov. C'est le seul personnage de la famille (en plus de son opposé la nourrice villageoise Anfissa) qui soit heureux de son sort. - Fiodor Illitch Kouliguine. Epoux de Macha. Professeur au lycée de la ville, bon et aimant sa femme plus jeune, il ferme les yeux sur le penchant de celle-ci envers Verchinine, mais il n'est finalement préoccupé que de l'opinion que le directeur du lycée peut avoir sur lui. - Alexandre Ignatievitch Verchinine. Lieutenant-colonel du régiment de 42 ans au début de la pièce, ancien compagnon d'armes du père des Prozorov. Mal marié avec une femme neurasthénique, il rêve d'un foyer harmonieux ailleurs, mais est condamné à ne pas s'enraciner, devant aller de garnison en garnison. Il aime philosopher sur l'avenir et tombe amoureux de Macha qui sait l'écouter. - Baron Nikolaï Lvovitch von Touzenbach. Officier du régiment d'origine germano-balte, issu d'une famille russifiée, il est laid et bon. Il est inséparable de Saliony, avec qui il se dispute sans arrêt. Il tombe dès le début amoureux d'Irina qui lui avoue le respecter, mais ne pas l'aimer. Son désir qu'il n'atteindra qu'à la fin sans le réaliser est de démissionner de l'armée pour travailler. - Capitaine Vassili Vassilievitch Saliony. Officier fantasque et maladroit, parfois brutal, sorte d'anti-héros, amoureux d'Irina, plus par goût de rivaliser avec Touzenbach, que de manière sincère. Il critique tout et se compare à Lermontov. À la fin de la pièce il tue en duel le baron Touzenbach, ce qui met fin aux espoirs de mariage d'Irina. - Ivan Romanovitch Tcheboutykine. Ancien médecin militaire de 60 ans, vieil homme excentrique s'adonnant trop à la boisson, par désespoir de n'avoir pu faire vivre une patiente, et surtout par nostalgie d'avoir aimé autrefois la mère des Prozorov. Il sert de confident sur des questions profondes, mais il se déprécie sans cesse, avouant ne lire que les nouvelles superficielles des journaux. - Alexeï Petrovitch Fedotik . Jeune sous-lieutenant du régiment, essayant d'attirer l'attention d'Irina en lui offrant des cadeaux et en faisant des photographies de tout le monde. Il perd tout dans l'incendie de la ville, mais cela ne fait qu'aiguillonner son caractère inconscient et enfantin. - Vladimir Karlovitch Rode. Sous-lieutenant d'origine allemande qui sert, alors que le régiment est en garnison dans la petite ville, de professeur de gymnastique au lycée. - Féraponte. Vieux portier sourd et courrier du conseil local qui apporte des nouvelles d'ailleurs et souvent de Moscou. Faisant office de messager, comme dans une pièce antique, il n'est qu'à peine écouté. - Anfissa. Vieille nourrice au service de la famille depuis plus de trente ans et protégée d'Olga, contre Natacha qui veut la renvoyer et la considère comme une bouche inutile, seule personne, avec Natacha, à être heureuse de son sort.

Les enjeux du théâtre de Tchekhov Vous lirez une analyse complète dans le document ci-dessous que les élèves peuvent utiliser selon le besoin de leur analyse : www.comptoirlitteraire.com/docs/547-tchekhov-les-trois-soeurs-.doc

Photos du spectacle (crédit : Victor Dmitriev)

Revue de presse

Étoile montante des scènes russes, Timofeï Kouliabine a déjà été invité à Moscou, à Vienne, mais jamais encore en France. Lors de leur création, ses T ois Sœu s o t t ualifi es d’ e e t histo i ue pa la iti ue. La p opositio est e effet d’u e adi alit et d’u e effi a it e t es, sus ita t l’émotion par des voies inédites : ce Tchekhov-ci est joué intégralement, littéralement, mais sa s u’u e seule pa ole soit p o o e. “u s e, les u s de la aiso des P ozo o e so t

u’i di u s au sol. Toutes ses pi es peu e t do t e ha it es e ême temps, sans risque de o fusio , a e t e le te te t h kho ie et ses spe tateu s ie t s’i te ale u i eau i dit : elui

de la langue des signes russe, avec son vocabulaire et sa syntaxe propres, surtitrée en anglais et en français. Du coup, ce ne sont pas seulement nos oreilles, mais nos yeux qui sont tenus en alerte et

oue t des appo ts i dits a e la s e. Les do ai es du fa ilie et de l’ ig ati ue, du te te et de sa ep se tatio , du p o he et de l’ t a ge , o u i ue t selo d’aut es règles, dégageant des i te sit s ou elles, des ua es d’hu a it ou de uaut i soupço es. U spe ta le de t oupe d’u e o igi alit a e, ui ha te lo gte ps la oi e de ses spe tateu s.5

Pour aller plus loin

Théâtre et langue des signes L'International Visual Theatre

C'est un lieu unique en France et rare en Europe, une scène où l'on s'exprime en langue des signes. Une scène chaleureuse et animée dont le public est constitué pour l'essentiel de sourds, mais pas exclusivement. Ce lieu, c'est l'International Visual Theatre (IVT) situé dans le 9e arrondissement de Paris. Un lieu unique en France

Une salle de 185 places, un mini bar très animé et des salles de cours à l'étage. "Nous sommes un lieu unique en France", constate la comédienne Emmanuelle Laborit6, 44 ans, qui dirige l'IVT depuis 2004. Il y a bien quelques bibliothèques, avec un pôle en langue des signes française (LSF), et un hôpital, La Pitié Salpêtrière, équipé d'interprètes et de médecins qui maîtrisent la LSF, mais le seul lieu dédié à la culture sourde en France se trouve ici, dans un ancien local récupéré en 2004 après le départ de l'Ecole nationale supérieure d'arts et techniques du théâtre pour Lyon. Né d'une rencontre

L'IVT, financé par la mairie de Paris, le ministère de la Culture et la région, est né il y a 40 ans de la rencontre d'un artiste sourd américain, Alfredo Corrado, et de l'homme de théâtre Jean Grémion au festival mondial de théâtre de Nancy. "Jean Grémion travaillait déjà sur le travail gestuel et à travers Corrado, il découvre ce véritable langage, la langue des signes. Tous deux décident de travailler ensemble à un projet européen et fondent l'IVT. Le ministère de la Culture les autorise alors à s'installer au Château de Vincennes, qui était complètement abandonné", raconte Emmanuelle Laborit.

5 Source : http://www.sceneweb.fr/le-metteur-en-scene-russe-timofei-kouliabin-arrive-en-france-avec-ses-trois-soeurs-de-

tchekhov-en-langue-des-signes/ 6 Emmanuelle Laborit est une comédienne sourde de naissance, la première à avoir reçu un Molière, en 1993. Ce sésame lui

ouvre la porte de o eu fil s u’elle tou e au ôt s de Fa i e Lu hi i, “ l ie Testud, Philippe Noi et, Yola de Mo eau… Depuis , elle di ige l'I te atio al Visual Theat e IVT . Source : http://blog.cnam.fr/actu/notre-ecriture-en-langue-des-signes-c-est-le-theatre--869284.kjsp?RH=1479917336977

Aujourd'hui, l'IVT présente quelque 90 représentations sur l'année. Six spectacles sont cette saison des créations originales bilingues, en langue des signes et en français parlé, et sept sont des spectacles visuels (mime, marionnettes, théâtre d'ombres, danse ...). La journée, le théâtre est une ruche avec des cours, qui accueillent un millier d'élèves chaque année. Le soir, sont organisés des ateliers de théâtre en LSF, créés pour la première fois en 1978 et où Emmanuelle Laborit elle-même a fait ses premières classes à l'âge de 7 ans. Les sourds aussi ont besoin d'être convaincus

… Il faut se souvenir que la langue des signes a été interdite pendant près de cent ans!"7 En France, il faut attendre la loi de 2005 pour que la LSF soit officiellement reconnue comme une langue à part entière. Elle n'est pas pour autant dominante : environ 100.000 sourds (sur 3 millions) utilisent la LSF et seulement 15 écoles dispensent leurs cours en langue des signes, les autres se contentant de l'enseigner comme une langue vivante, à raison de deux heures par semaine.8

L’a t usse face au péril patriote

Vladi i Medi ski, i ist e de la ultu e usse ui ie t d’i te di e da s so pa s le fil a i ai « Enfant 44 », e te d fai e e t e da s le a g le o de de l’a t. LE MONDE CULTURE ET IDEES | 16.04.2015 à 15h01 | Par Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)

L’affi he as ue deu tages e tie s d’u i eu le du e t e de Mos ou. « Avo s-nous besoin de

ette ultu e ? », p o la e le dazi ao de plus de t es de haut appa u le  a il. Quat e po t aits figu e t : Ti ofeï Koulia i e, etteu e s e, Ma at Guel a , p op i tai e d’u e gale ie d’a t

7 La langue des signes a été développée en France à partir de 1760, par l'abbé de l'Epée, fasciné par le mode de

communication de deux jumelles sourdes. Proscrite en 1880 par le Congrès international de Milan au motif qu'elle ne permettait pas une bonne intégration, la langue des signes a retrouvé droit de cité à partir de 1968. Source : http://www.lemonde.fr/culture/article/2006/12/22/un-theatre-parisien-en-langue-des-signes-ouvert-a-tous_848627_3246.html 8 Source : http://culturebox.francetvinfo.fr/theatre/langue-des-signes-l-international-visual-theatre-fete-ses-40-ans-246993

contemporain, Kirill Serebrennikov, cinéaste et réalisateur, et Konstantin Bogomolov, homme de th ât e. A us s d’a oi i sult la eligio o thodo e, tous so t d sig s à la i di te populai e. La pression des ultra-orthodoxes

E a te e t o e l’o t t , a a t eu , les opposa ts Bo is Ne tso , tu pa alles au pied du Kremlin le 27 février, Alexeï Navalny, avocat blogueur harcelé par la justice, et Ilya Ponomarev, le seul d put à a oi ot o t e l’a e io de la C i e pa la Russie, gale e t pou sui i e justi e. Les portraits de ces « t aît es » ont, eux aussi, été exhi s da s la ue, su d’i e ses pla a ds ui

’au aie t pu t e d plo s sa s la ie eilla e des auto it s. Ils taie t d jà e o pag ie de deu aut es a tistes : A d eï Maka e it h, u e i ô e du o k oupa le d’a oi ha t pou des e fa ts e Ukraine – du mauvais côté –, et Iouri Chevtchouk, un chanteur engagé. Leur trait commun : faire partie, aux yeux des partisans de Vladimir Poutine, de la «  i ui e olo e ». Pas à pas, le o de de la ultu e usse, i he, foiso a t et auda ieu depuis u’il s’est libéré de la ga gue id ologi ue de l’UR““, est pouss à e t e da s le a g. Ci a, th ât e, litt atu e, musique, tous les secteurs sont désormais touchés. Ceux qui résistent se heurtent au rouleau o p esseu d’u e p opaga de di t e pa u pou oi ui se aidit ha ue jou da a tage et s’appuie

de plus en plus sur la religion. Sous la pression des ultra-orthodoxes, Boris Mezdritch, directeur du théâtre de Novossibirsk, la capitale de la Sibérie, a été licencié le 29 a s. “a faute : a oi efus d’a ule l’op a Tannhäuser mis en scène...

Comment Poutine met les artistes russes au pas

Par Axel Gyldén, avec Alla Chevelkina, publié le 30/01/2015.

Face au pouvoir du Kremlin, qui tolère de moins en moins la contradiction, les artistes russes

doivent désormais choisir leur camp. Cinéastes, acteurs, musiciens manifestent bruyamment leur

soutien à la politique de Moscou en Ukraine. Seule une poignée d'entre eux ose se démarquer du

régime.

Surgi de nulle part et bravant le froid, il s'assied par terre, nu comme un ver, au centre de la place Rouge. Les policiers, arrivés sur les lieux, ne parviennent pas à déloger l'intrus. Et pour cause : il a pris soin de clouer ses testicules sur le sol ! Embarrassées, les forces de l'ordre déposent une couverture sur ses épaules et, après quelques minutes de négociation, l'embarquent pour une garde à vue qui durera vingt-quatre heures. Six mois après ce 10 novembre 2013, la justice prononce un non-lieu. Natif de Saint-Pétersbourg et âgé de 31 ans, Piotr Pavlenski est un adepte de l'actionnisme. Ce mouvement, né à Vienne (Autriche) dans les années 1960, consiste à utiliser le corps de façon outrageante pour véhiculer un propos politico-artistico- subversif au moyen de "performances". Pavlenski a baptisé la sienne "Fixation". Son message? "Donner à voir l'apathie de la société russe qui fixe ses couilles sur le canapé de son salon et regarde des programmes télé abrutissants sans s'engager, explique-t-il. Cette passivité permet au pouvoir de transformer notre pays en Etat policier."

En octobre 2012, déjà, le rebelle se suture la bouche afin de fustiger l'absence de liberté d'expression. Deux ans plus tard, il se tranche un lobe d'oreille avec un couteau de cuisine, nu sur le toit de l'hôpital psychiatrique Serbski. Objectif : dénoncer le sort des patients de cet établissement moscovite où étaient internés jadis les dissidents soviétiques...

REUTERS/Maxim Zmeyev

En novembre 2013, l'artiste Piotr Pavlenski (ci-contre) s'assied nu au centre de la place Rouge, les testicules cloués sur le sol. Il veut protester contre l'apathie de la société russe. En Russie, le monde des arts apparaît de plus en plus politisé. Dès qu'elles atteignent une certaine célébrité, les personnalités de la culture semblent sommées de choisir leur camp. Pour ou contre l'insolent tour de chant anti-Poutine des Pussy Riot, en février 2012? Pour ou contre Vladimir Poutine? Et surtout, pour ou contre la politique du Kremlin en Ukraine ? A la différence de Piotr Pavlenski, l'écrasante majorité des artistes se range du côté du pouvoir, qu'ils soient metteurs en scène, réalisateurs de cinéma, chefs d'orchestre ou musiciens... "Tout ça rappelle l'époque soviétique, quand le Kremlin exigeait des artistes une loyauté absolue, constate la politologue Macha Lipman. Le phénomène est né avec l'accession au pouvoir de Vladimir Poutine, en 2012. Mais il s'aggrave nettement depuis la révolution en Ukraine, à l'hiver 2013-2014." "S'ils font la forte tête, ils risquent de tout perdre"

En mars dernier, pas moins de 511 célébrités des arts et spectacles ont signé une pétition de soutien à la politique étrangère de la Russie en Crimée et en Ukraine, lancée par Vladimir Medinski, le très zélé ministre de la Culture. Parmi les signataires, Valery Gergiev, chef d'orchestre superstar et directeur du théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg, Nikolaï Tsiskaridzé, danseur étoile, Irina Antonova, présidente du musée Pouchkine de Moscou, Pavel Lounguine, réalisateur de cinéma. Sans oublier la chanteuse pop Valeria et le groupe de hard rock Alissa ! "Nous n'avons pas subi la moindre pression pour signer cette pétition, jure Karen Chakhnazarov, patron de Mosfilm, la grande société de production du cinéma. Un fonctionnaire du ministère de la Culture m'a sollicité par téléphone et j'ai signé bien volontiers. Voilà tout. Je connais un tas de gens qui ont choisi de ne pas signer et il ne leur est rien arrivé."

Alexandre Kaliaguine, acteur et

directeur de théâtre, ne tarit pas

d'éloges sur Poutine: "Quand [il] entre

dans une pièce, tout s'illumine."

F. SAVINTSEV POUR L'EXPRESS

A en croire Boris Akounine, auteur à succès de polars historiques et féroce pourfendeur du président russe, nombre des soutiens du Kremlin sont convaincus de la justesse de ses positions : "Leur sincérité n'est pas en cause, explique-t-il.

Mais la plupart n'ont pas le choix, de toute façon, car leur travail dépend des aides de l'Etat. Les pétitionnaires sont les victimes d'un système ignoble qui les place devant un cas de conscience : soit ils apposent une petite signature de rien du tout au bas d'une pétition et il ne leur arrivera rien, soit ils font la forte tête et risquent de tout perdre, entraînant dans leur chute ceux qui travaillent sous leur responsabilité..." Tout comme Gérard Depardieu, naturalisé russe depuis peu, Alexandre Kaliaguine ne tarit pas d'éloges sur Poutine. Acteur exceptionnel dans Partition inachevée pour piano mécanique, de Nikita Mikhalkov (1979), il dirige aujourd'hui le théâtre Et Cetera et préside l'Union des acteurs russes. "Lorsque le président entre dans une pièce, tout s'illumine, s'émerveille- t-il. Quand je l'ai sollicité sur la question des retraites des comédiens, il est allé au-delà de ma demande. C'est un être bon."

"Je ne l'ai pas lu mais je le condamne"

De telles déclarations ont tout pour plaire au ministre de la Culture. Ce dernier manifeste une conception très personnelle de la liberté de création et entend couper le financement de toute production qui présenterait la Russie sous un jour peu flatteur. Dans sa ligne de mire, ces temps-ci, le film d'Andreï Zviaguintsev, Léviathan, sorti en France en 2014 et couronné de nombreux prix dans les festivals de cinéma du monde entier. Nommé pour les Oscars, ce long-métrage a pour personnage principal un habitant d'un village reculé, dans le nord de la Russie, confronté à la corruption régionale. Il n'en fallait pas plus pour que Vladimir Medinski le juge "antipatriotique" ! Alors que Léviathan n'a toujours pas été distribué en Russie, les attaques vont bon train, au point de rappeler à certains la blague, à l'époque soviétique, née de la campagne de diffamation contre Boris Pasternak lors de la publication du Docteur Jivago en 1957 : "Je ne l'ai pas lu mais je le condamne."

Le réalisateur Andreï Zviaguintsev (ci-contre, à Cannes, en 2007) a vu son dernier film, Léviathan, qualifié d'"antipatriotique". "Depuis les tsars jusqu'à aujourd'hui, il y a une longue tradition de soumission des artistes au pouvoir, rappelle le poète et essayiste Lev Rubinstein, dont les écrits étaient interdits à l'époque soviétique. Sous Staline, poursuit-il, les artistes officiels jouissaient d'un niveau de vie supérieur à la moyenne, tandis que les autres étaient éliminés ou envoyés au goulag." Dans les années 1970, cependant, une scène underground voit le

jour à Moscou, grâce à des peintres (Ilya Kabakov, Oscar Rabine, Ernst Neizvestny)

et des poètes (Alexandre Galitch, Joseph Brodsky, Edouard Limonov). "Ces gens-là incarnaient l'avant-garde de la résistance sociale, assure Rubinstein. Or la Russie est un pays éminemment artistique. Je suis certain qu'une forme d'underground renaîtra pour incarner à nouveau l'esprit de résistance au Kremlin." La plupart des théâtres moscovites se tiennent à l'écart de la politique

En attendant, une majorité de Russes semblent s'identifier à l'acteur populaire Mikhaïl Porechenkov. En novembre dernier, cet Arnold Schwarzenegger slave s'est rendu dans le Donbass (est de l'Ukraine) pour y soutenir les séparatistes prorusses. Lors de cette prétendue "mission humanitaire", la vedette a été filmée en train de tirer à la mitraillette en direction, semble-t-il, des lignes ennemies ukrainiennes. La séquence a été vue plus de 3 millions de fois sur Internet... Réclamé par la justice de Kiev, l'acteur encourt en principe douze ans de prison en Ukraine. Il assure que les balles étaient à blanc... Face aux légions de figures de la scène culturelle favorables à Poutine, les rangs des libres-penseurs paraissent clairsemés. Ils se composent surtout d'écrivains (Viktor Chenderovitch, Vladimir Sorokine, Ludmila Oulitskaïa, Boris Akounine) et de quelques rock stars, à commencer par l'un des chanteurs les plus célèbres du pays, Andreï Makarevitch. Vétéran de la scène rock, avec son groupe Machina Vremeni (la Machine du temps), cette version locale de Paul McCartney fait l'objet d'une chasse aux sorcières depuis qu'il a osé chanter en Ukraine, l'an dernier : concerts annulés, black-out télévisuel... Les plus téméraires peinent à résister

En mars 2014, alors qu'il participe, à Moscou, à une marche en arborant des rubans aux couleurs de l'Ukraine, le commentateur de la télévision publique le décrit comme un élément "déviant", "ennemi

REUTERS/Jean-Paul Pelissier

du peuple", reprenant mot pour mot la terminologie soviétique. Plus de 20000 personnes ont signé une pétition en ligne afin que l'Etat lui retire ses décorations, notamment le prestigieux titre d'Artiste du peuple. "Makarevitch est très déprimé", croit savoir l'écrivain Boris Akounine. La pétition est restée sans effet.

Varvara Faer, metteuse en scène. Le théâtre où était jouée sa pièce a été contraint de fermer.

F. SAVINTSEV POUR L'EXPRESS

Si les 150 théâtres de Moscou se tiennent prudemment à l'écart de la politique, l'un d'entre eux a longtemps incarné l'art dramatique engagé : le Teatr.doc, situé dans le quartier de l'étang des Patriarches, en sous-sol, au bout d'une impasse introuvable. Chaque soir, un public d'habitués prenait d'assaut les 100 places disponibles et semblait apprécier les créations subversives du lieu. Depuis le 15 janvier, pourtant, les portes restent fermées. La faute à BerlusPoutine, une satire jouée une centaine de fois et adaptée d'une pièce du dramaturge italien Dario Fo, L'Anomal Bicéphale, écrite dans les années 2000 contre Silvio Berlusconi. Dès la première, en février 2012, le spectacle a été joué à guichets fermés. "Plein de fonctionnaires de l'administration présidentielle et des parlementaires sont venus voir la pièce, raconte la metteuse en scène Varvara Faer. Et ils étaient morts de rire." Certains ne partagent pas le même sens de l'humour, semble-t-il. Voilà quelques mois, les pompiers de la capitale exigent des travaux de mise en conformité. "Nous avons eu aussi la visite d'agents du FSB, les services secrets, poursuit Faer. Ils sont faciles à reconnaître : ils sont gris, ne sourient pas et se contentent de lever un sourcil ennuyé quand le reste du public est plié en deux." Peu avant la date prévue pour le renouvellement du bail, le propriétaire des lieux annonce soudain qu'il a changé d'avis. En décembre dernier, enfin, la police fait irruption, à la recherche d'une prétendue bombe, et en profite pour saccager des décors. Depuis, la troupe du Teatr.doc, devenue itinérante et underground, survit grâce à la bonne volonté de personnes privées qui mettent des locaux à sa disposition. Un peu comme les artistes "déviants" de l'époque soviétique...

Pistes pédagogiques Proposées par les professeures missionnées Laëtitia Opigez et Alexandra Pulliat.

Avant la représentation

1) Pour mener une découverte active de la pièce, vous partez de la vidéo présentant un extrait de la représentation sans rien dire de plus :

http://www.tandem-arrasdouai.eu/fr/les-trois-s%C5%93urs

Vous de a dez e suite au l es e u’ils o p e e t et esse te t e o a t l’e t ait : il émergera les constatations des personnages muets qui communiquent par le biais de signes avec une traduction de leurs propos avec les sous-titres, les rapports excessifs qui règnent entre des personnages dont des e es d’u e e fa ille, ce qui crée chez le spectateur des émotions intimes, les décors et costumes qui renvoient pour une grande part à une autre époque.

Vous isio ez e suite l’i te ie du etteu e s e, et le découpez en plusieurs sous rubriques, soit vous notez les secondes pour les élèves, soit vous utilisez un logiciel type ED puzzle où il est t s si ple de t l ha ge puis de d oupe u e id o ue l’o et ou e grâce à un lien sur internet : http://www.theatre-odeon.eu/fr/2017-2018/spectacles/tri-sestry

Voici quelques idées de rubriques :

- Le théâtre de Tchekhov - L’i t igue de la pi e - Le metteur en scène et les raisons de sa mise en scène des T ois sœu s - Son travail de mise en scène pour cette pièce, le travail des acteurs Ap s a oi pa ti les l es e g oupes ous faites isio e u i ue e t les passages de l’i terview du metteur en scène qui va les concerner et leu de a de d’e p pa e u e estitutio o ale pou le reste de la classe. Ces restitutions sont évaluées ensuite par le groupe lorsque la vidéo est projetée de manière collective. Forts de cette entrée en matière, les groupes peuvent ensuite procéder à des recherches plus approfondies sur leur rubrique et les présenter ensuite aux autres. Leurs notes peuvent être présentées sous forme de padlet pour la classe.

Voi i ai te a t e u’o peut di e de l’auteu , de so te te e s’appuyant sur des ressources sur internet qui pourront aider les élèves :

3) Pour aider aussi à se construire une ep se tatio de l’u i e s usse de la fi du XIX e da s le uel a olu l’auteu , ous pou ez fai e d ou i de a i e ludi ue les o jets de la ultu e usse traditionnels et utilisés par les différentes classes sociales en particulier les riches oisifs. Nous pouvons citer : - la datcha - le o ilie d’i t ieu ou de ja di - le samovar (en russe= qui chauffe tout seul) pour préparer le thé - les habits : le costume de militaire/les robes longues/les châles/ les grands manteaux/les chapeaux Outre le samovar, les objets dessinés ci-dessous appartiennent également à la culture populaire russe ancienne :

E fi ous p oposez au l es de s’i itie th ât ale e t au la gage du o ps et à la la gue des signes par des exercices progressifs : - Un échauffement physique du corps qui conduira à travailler tout le corps, de la tête aux pieds. - Des jeu d’ad esse du ega d, du geste et de la pa ole e e les pou s’assu e du o ta t ue les

l es so t apa les d’ ta li e t e eu . P ati u s e d ut d’a e, es gestes pe ett o t au élèves également à faire connaissance entre eux et à constituer le groupe. - Des jeu si ples de i e e i p o isatio pou d eloppe l’e p essi it et aide à se fai e comprendre sur des thèmes imposés : la rencontre, la dispute… - Une initiation de quelques gestes simples de la langue des signes à reproduire, à mémoriser et à développer dans de mini-dialogues entre les élèves. L’o t ou e a a i e à s’e e e et à app e d e a e les essou es sui a tes : https://www.youtube.com/playlist?list=PL_ZONMH3KuOXWcNOimRHtQnFg4nhO87wS https://www.youtube.com/watch?v=rz3jw0_XXoc

Après la représentation

1) Analyser la représentation en se posant de simples questions, par exemple : - De quoi parle Le théâtre de Tchekhov, quelles sont les valeurs et les significations à accorder aux rapports entre les personnages ? Tchekhov est-il po teu d’u e fle io su la so i t de so temps ? “’i t esse-t-il à l’â e hu ai e d’u e a i e ou elle pou so te ps, l’a ti le it i-dessus pour accompagner la réflexion ? www.comptoirlitteraire.com/docs/547-tchekhov-les-trois-soeurs-.doc

- Les décors et les costumes sont-ils de l’ po ue ou ode isés ? Et pourquoi ? - Pou uoi ta t d’o jets su la s e ? La symbolique de ces objets ? - Les bruits/les sons/ la musique : u’est- e u’o e te d puis ue les pe so ages e pa le t pas ?

- Nos émotions de spectateurs : citer des moments précis et expliquer son ressenti. 2) Enrichir le débat autour de la représentation en proposant diverses activités :

Activités de théâtre : On peut demander de rejouer de façon muette un passage choisi de la représentation, il faut que le reste de la classe devine quel est le moment ou le tableau montré, le groupe explique son choix d’e t ait, u d at olle tif s’e gage. On constitue des équipes dans la classe, certains groupes joueront de façon muette des moments de la pièce imposés ou tirés au sort mais préalablement hoisis pa l’e seig a t, d’aut es joue o t les dialogues de la pièce de Tchekhov correspondant à ces situations et mis à disposition. Il faudra que la classe reconnaisse et lie les passages joués de façon muette ou avec le texte, on peut discuter des choix de mise en scène proposés par les groupes dans le déroulement de ce jeu. Le texte de la pièce en français est disponible sur internet aux adresses suivantes : https://beq.ebooksgratuits.com/classiques/Tchekhov_Les_trois_soeurs.pdf http://eturama.com/ebooks/les-trois-soeurs-4309

Activité de débat philosophique : Dans Les Trois Sœu s, Tchekhov propose une fle io su l’atte te, l’e ui et le appo t au el ui en découle. On peut proposer aux élèves un débat argumenté autour de ces thèmes en enrichissant leur réflexion avec la pensée de philosophes à découvrir sur le lien suivant : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ennui On lira avec profit le livre chez Chouette Penser Gallimard, « J’ai pas le te ps ».

A ti it de le tu e d’i ages :

Sur le site Wikipedia (https://fr.wikipedia.org/wiki/Ennui ), vous trouverez également trois images diff e tes ep se ta t des pe so es ui s’e uie t à a al se a e la lasse. D’aut es ta leau e pa ti ulie p opose t u e illust atio de e ue peut t e l’atte te ou le fait de s’e u e et l’o peut

fl hi au sig ifi atio s ue l’o peut do e à es œu es. Voi i e ue Google i ages p opose pou les te es atte te et e ui e guise d’œu es a tisti ues à et ou e sur internet : notons

u’Edward Hopper est un peintre particulièrement riche à étudier sur ces thématiques : Peintures Edward Hopper

Activité de poésie : travailler sur le poème de Baudelaire tiré des Fleurs du mal : Spleen : Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis, Et que de l'horizon embrassant tout le cercle Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ; Quand la terre est changée en un cachot humide, Où l'Espérance, comme une chauve-souris, S'en va battant les murs de son aile timide Et se cognant la tête à des plafonds pourris ; Quand la pluie étalant ses immenses traînées D'une vaste prison imite les barreaux, Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux, Des cloches tout à coup sautent avec furie Et lancent vers le ciel un affreux hurlement, Ainsi que des esprits errants et sans patrie Qui se mettent à geindre opiniâtrement. - Et de longs corbillards, sans tambours ni musique, Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir, Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique, Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.