Les Toits & Terrasses

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Carnets d’une ville en héri- tage LES TOITS & TERRASSES

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Carnetsd’une ville en héri-tage LES TOITS& TERRASSES

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Le patrimoine de la ville de Bordeaux

Limites communales

Zone tampon du Périmètre UNESCO

La ville de pierreensemble urbain reconnu au titre du 7° de l’article L123-1

Ensemble urbain classé sur la liste du patrimoine mondial par l’UNESCO

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SommaireIntroductionQualités et fragilités des toits : petite histoire des toits de Bordeaux.

Les charpentesQuelques types de charpente caractéristiques de l’architecture bordelaiseLes charpentes boisQuelques mots sur les charpentes métalliques(illustrations) La couvertureLes matériaux de couvertureLa tuile de terre cuiteL’ardoiseLe zincLes égouts, chéneau et gouttièreLa cheminée(illustrations) Fenêtres de toitLa lucarneLes verrières ou les lanterneauxLa tabatière(illustrations)

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De balustrades en terrassesLes terrasses associées aux mirandesLes loggiasLes toits terrasseLes terrasses encaissées ou « tropéziennes »(illustrations)

ConseilsMaintenir en bon état…Faire un diagnosticFaire appel à des professionnelsRestaurer, modifier, transformer…Investir le volume intérieurAménager une terrasse

Le respect des règlesFormalités administratives

En savoir plus

Contacts

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Introduction

Le ciel est par-dessus le toit

Le ciel est, par-dessus le toit,

Si bleu, si calme!

Un arbre, par-dessus le toit,

Berce sa palme.

La cloche, dans le ciel qu’on voit,

Doucement tinte.

Un oiseau sur l’arbre qu’on voit,

Chante sa plainte.

Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là

Simple et tranquille.

Cette paisible rumeur-là

vient de la ville.

Qu’as-tu fait, ô toi que voilà

Pleurant sans cesse,

Dis, qu’as-tu fait, toi que voilà,

De ta jeunesse ?

Paul Verlaine, Le ciel est par-dessus le toit,

Sagesse, Paris,1881.

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IntroductionAu-delà de la grande façade des quais, la ville de Bordeaux se distingue par la valeur patrimoniale de son centre historique et des quartiers résidentiels qui l’entourent, constitués d’ensembles d’architectures composant la ville de pierre, reconnue aujourd’hui comme référence du paysage urbain d’agglomération.Les toits de Bordeaux constituent à eux seuls un formidable capital de beauté à la portée de tous ceux qui savent les regarder. Construits avant tout en fonction du climat et des matériaux disponibles, les toits jouent un rôle essentiel dans le paysage urbain. Ils contribuent par leurs formes et leurs couleurs à l’identité de la ville. L’utilisation de la tuile canal, mise en œuvre sur des toits à deux pans de faible pente, l’introduction à partir du XVIIe siècle de l’ardoise sur les charpentes mansardées, mais aussi toutes les verrières, les lucarnes et autres petites fenêtres de toits, les cheminées de pierre et de brique, les épis de faitage, les gouttières et les chéneaux composent un paysage singulier propre à Bordeaux.Ce carnet expose brièvement l’histoire des toits de Bordeaux. Il signale d’abord les principales caractéristiques techniques de leur construction.

Introduction

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Il décrit les principaux types de charpentes dont dépendent les possibilités d’aménagement des combles et les différents éléments qui accompagnent les toitures et font la qualité et la diversité du paysage bordelais. Il donne ensuite des conseils pour les entretenir. Enfin, il est destiné à aider toute personne désirant entreprendre des travaux d’entretien, de restauration ou de transformation des toitures.Ce carnet se veut une modeste contribution pour mettre à la portée de tous le patrimoine bâti. Espérons qu’il contribuera à la mise en valeur du patrimoine bordelais.

Qualités et fragilités des toits

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Qualités et fragilités des toits

Qualités et fragilités des toits Petitehistoiredestoits

deBordeauxLe toit est la surface de la couverture couronnant un édifice dans la partie supé-rieure d’un bâtiment.

Sa fonction principale est de protéger l’intérieur de l’habitation et les murs contre les intempéries et l’humidité. Le rôle de l’écoulement des eaux de pluie est essentiel pour comprendre la forme d’un toit. On appelle les murs sur lesquels se déversent les eaux pluviales des murs goutte-reaux tandis que ceux qui n’en reçoivent pas sont nommés pignons. Lorsque tous les murs d’un bâtiment reçoivent des eaux de pluie, notam-ment lorsque des pans de toit se croisent dans les angles en formant une croupe ; pour les distin-guer on nomme le plus long d’entre eux long-pan. A l’inverse des croupes, lorsque les eaux de pluie se déversent à l’intérieur d’une cour, les pans de toit qui se croisent forment une noue. La combinaison de quatre pans de toiture dans une cour carrée se nomme alors impluvium : ce modèle est bien connu dans les villas romaines et les cloîtres médiévaux. La toiture est consti-tuée de l’ensemble des toits d’un bâtiment. Elle se compose d’une couverture soutenue par une charpente. On attend de la couverture qu’elle

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soit étanche, qu’elle résiste aux efforts du vent et qu’elle assure l’écoulement des eaux pluviales, soit en moyenne 800 litres d’eau de pluie par m² et par an à Bordeaux.

Avec l’évolution des formes architecturales et l’in-troduction de nouveaux matériaux de construc-tion, le paysage des toits de Bordeaux s’est constamment transformé au cours des siècles.En effet, les maisons médiévales présentaient des toitures à forte pente soutenues par des fermes de charpente disposées parallèlement à la rue. La façade prenait alors la forme d’un toit et se carac-térisait par un mur de maçonnerie ou de pan de bois de forme triangulaire (le pignon). Les eaux de pluie et de ruissellement s’écoulaient dans l’espace entre les maisons. Ces petits passages, appelés yssidas, permettaient la circulation à tra-vers les îlots. Cette disposition a progressivement disparu. Les maisons et immeubles bordelais construits à partir du XVIe siècle devinrent pro-gressivement tous mitoyens.

Désormais, les pentes de toits sont toutes perpen-diculaires à la rue et il ne reste que quelques rares maisons à pignon dans le vieux Bordeaux. Les eaux de pluie ruissellent donc directement vers la rue jusqu’au bas de la pente de toit, à l’égout. Elles tombent alors directement dans la rue d’un côté et les cours et jardins de l’autre. Sur rue, les

Qualités et fragilités des toits

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Qualités et fragilités des toits

façades sont munies de gouttières et de chéneaux placés traditionnellement au-dessus du mur de face. A l’arrière, elles sont aussi récupérées en débord des murs dans des gouttières situées à l’extrémité des avant-toits.

A Bordeaux, les toitures sont le plus souvent com-posées de deux versants symétriques ou asymé-triques dont la pente couverte de tuiles dépasse rarement 35%. Dans les angles de rues, de nom-breuses croupes apparaissent, qui réunissent des pans perpendiculaires ou biais. Les couvertures d’ardoise ou de zinc admettent des pentes supé-rieures et des formes bien plus variées.

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Lescharpentesbordelaisessontengrandemajoritéenboismêmesil’ontrouvequelquescharpentesmétalliquessurtoutdansleschaisouleshangars.

LES CHARPENTES

Les charpentes

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Quelquestypesdecharpentescaractéristiquesdel’architecturebordelaise

LescharpentesboisDe la charpente la plus simple à la plus sophisti-quée, leurs formes permettent une grande variété de volumes de toitures. Ces dernières sont déter-minées par la forme de la parcelle mais aussi celle des constructions qui l’occupent. Si certaines formes de charpentes visent à optimiser le volume habitable sous le toit, d’autres, au contraire, ne sont pas conçues pour être habitables. Il faut éga-lement considérer les nécessités de ventilation et d’éclairement qui régissent les variations de forme des toitures.

LacharpentenonassembléeLa charpente non assemblée est la plus simple. Elle est adaptée au parcellaire étroit qui caracté-rise l’occupation du sol dominante dans les par-ties les plus anciennes de la ville qui sont aussi les plus denses. Elle se constitue entre deux murs pignons de maçonnerie orientés le plus souvent de manière perpendiculaire à la rue, mais qui peuvent aussi lui être biais. Dans les cas où la dis-tance de mur à mur n’excède pas 6 m, de simples poutres de bois (les pannes) sont suffisantes pour soutenir la couverture. On parle alors de char-pente « non assemblée ».

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La forme de la couverture épouse celle de la maçon-nerie des murs pignons qui les soutiennent. On distingue trois types de pannes de mur à mur :•la panne faîtière, verticale, au sommet du toit•la panne sablière, généralement horizontale, sur les murs gouttereaux•la (ou les) pannes intermédiaires, implantées perpendiculairement à la ligne de pente de toit, entre les deux dernières.Le volume sous toiture (le comble) est ainsi entiè-rement dégagé bien qu’il présente souvent peu de surface habitable en raison de la faible hauteur entre le plancher et le pan de toit.

Lacharpenteavecferme«simple»Quand la distance entre deux murs porteurs est supérieure à 6 m, une structure plus élaborée est nécessaire pour soutenir la couverture. On appelle « fermes» les structures triangulaires qui reprennent alors les charges du toit. Elles sont soutenues par deux murs opposés.Dans la majorité des cas à Bordeaux, elles sont installées perpendiculairement à la rue et s’ap-puient sur les murs des façades avant et arrière.Chaque ferme est composée de trois pièces de bois principales qui forment un triangle. Le triangle principal est renforcé par des pièces de bois secon-daires nécessaires pour éviter les déformations. On parle alors de charpentes « assemblées ».La ferme est composée de l’entrait à la base, de

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deux arbalétriers en oblique, d’un poinçon qui relie, verticalement, l’assemblage au sommet des arbalétriers avec l’entrait. Le plus souvent des aisseliers complètent le dispositif. On dit que ces fermes sont triangulées. Les pannes relient les fermes entre elles et sup-portent les chevrons qui soutiennent les liteaux sur lesquels sont posées les tuiles. Dans les char-pentes traditionnelles, les pièces de bois sont che-villées. Dès l’Ancien Régime, on voit apparaître des pièces plates métalliques pour liaisonner les pièces de bois entre elles. Les fermes simples rendent les combles peu habitables car elles coupent le volume en plusieurs espaces qui com-muniquent difficilement entre eux lorsque l’en-trait est bas. C’est pourquoi certaines charpentes présentent un entrait plus haut que l’on dit alors « retroussé ».

LecombleàentraitretrousséL’entrait retroussé permet de dégager une hau-teur habitable plus importante que les modèles précédents. Ce principe, combiné à un plancher surbaissé, per-met de rendre le dernier niveau habitable, éclairé et ventilé par de petites ouvertures carrées, rondes ou ovales. En façade, elles rendent aisément repé-rable l’existence d’un comble habitable, appelé attique.

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LecombleàsurcroîtLe comble à surcroît est une réponse encore plus sophistiquée apportée à la recherche d’un volume habitable en toiture. La ferme, symétrique, est nécessairement composée d’un triangle isocèle. Elle est reprise par un trapèze dont la grande base est une poutre du plancher haut de l’édifice et, la petite base, l’entrait de la ferme. Les côtés du tra-pèze, nommés jambes de force, ont une inclinaison presque verticale ce qui limite l’encombrement du comble. Quand la hauteur du trapèze est égale à la hauteur de la maçonnerie, ce type de charpente offre une habitabilité précieuse. L’éclairement est généralement assuré par l’installation de fenêtres d’attique en façade.

Lecombledit«àlaMansart»ouàbrisisetterrassonLe comble dit « à la Mansart » tient son nom de l’architecte François Mansart qui l’aurait inventé dans la première moitié du XVIIe siècle. Il découle du perfectionnement du comble à surcroît, à par-tir du XVIIe siècle. Le principe de charpente est le même, la couverture change. Le toit combine deux formes de pente : en partie supérieure une pente faible appelée « terrasson », généralement recou-verte de tuiles et des pans couverts d’ardoises dits « brisis » dont l’angle est compris entre 70 degrés et la verticale. L’indéformabilité de l’ensemble est assurée grâce à de fortes pièces métalliques qui forment la liaison entre l’entrait et les jambes de

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force quasiment verticales. Dans les combles man-sardés des édifices les plus nobles, au plus grand développé, cette articulation est assurée par les aisseliers de liaison. Parfois, des poteaux inter-médiaires consolident encore l’ensemble. Dans ce dispositif de charpente, les cloisonnements sont toujours solidaires du complexe ferme/trapèze et en assurent la rigidité. Il correspond à Bordeaux aux plus nobles hôtels particuliers et aux édifices publics majeurs mais aussi aux grands programmes d’embellissements de la seconde moitié du XVIIIe siècle qui font la qualité des espaces publics majeurs, comme les quais ou les grandes places ordonnancées de la ville classique.Dans ces ensembles, la couverture est asymé-trique : les brisis et pans de terrasson sur rue sont uniformes en ardoise tandis que les pans sur cour sont couverts en tuiles canal. Ce type de charpente offre une qualité résiden-tielle analogue à celle des étages courants, car le volume habitable, maximisé, est éclairé de lucarnes en pierre qui atteignent la dimension de fenêtres courantes.

LapoutretreillisApparue à la fin du XIXe siècle, même si des tentatives antérieures existent, la poutre treil-lis en bois bouleverse radicalement le système de couverture traditionnel. En effet, tandis que

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les fermes travaillent dans le sens de la profon-deur des immeubles, perpendiculairement à la rue et parallèlement aux murs mitoyens, les poutres treillis se positionnent à l’emplacement des pannes, parallèlement aux murs de façade et perpendiculairement aux mitoyens. Les poutres treillis sont composées de quatre pièces de bois principales qui forment un rectangle dont le grand côté franchit la distance entre les murs porteurs. Ce rectangle obtient sa rigidité de l’assemblage de pièces de bois secondaires en oblique. C’est ce que l’on appelle un treillis. La plupart du temps un seul croisillon en diagonale assure leur soli-dité tandis qu’elles sont découpées en carrés ou en rectangles réguliers. Les pièces de bois sont sou-vent doublées et assemblées par des pièces métal-liques. En règle générale, on rencontre deux hau-teurs de poutre ; la plus haute, à l’emplacement de la faitière ; deux autres plus basses, au niveau du milieu du long pan. Ces poutres présentent l’avantage d’être plus légères et maniables que les grosses fermes intermédiaires. L’espace habitable qu’elles libèrent au sol dépend surtout de leur hauteur et de la profondeur de la parcelle. Dans le cas des parcelles les plus profondes, la distance entre deux poutres treillis dégage assez d’espace pour aménager des pièces de vie.L’on peut toujours y ménager des percements pour habiter les combles qu’elles occupent. Elles sont aussi fréquentes en métal.

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Quelques mots sur les charpentes métalliquesTandis que les charpentes métalliques appa-raissent dès la deuxième moitié du XIXe siècle dans les constructions publiques, elles ne gagnent la construction privée que plus tardivement. Cependant, il n’est pas rare de les voir prolifé-rer notamment dans les chais, les hangars et les entrepôts de toute sorte de la fin du XIXe siècle. Depuis les charpentes Polonceau qui mixaient le bois et le fer dans la première moitié du XIXe

siècle, on voit apparaître ensuite des fermes entiè-rement métalliques, plus légères que les char-pentes en bois. Elles permettent de franchir des distances de mur à mur supérieures à 10 m sans points d’appui supplémentaires avec une réelle économie de matériaux. Comme les charpentes bois, les fermes métalliques sont régulièrement triangulées au faîtage et au long des arbalétriers. Les sections des fers, souvent en T, sont souvent assemblées avec des platines métalliques rive-tées ou vissées. Ces fermes, dans les cas où elles sont de grande portée, ne conviennent plus aux normes incendie et de sécurité qui s’appliquent aux établissements recevant du public. Elles sont en revanche tout à fait réutilisables dans les immeubles privés et peuvent être restaurées. Il existe aussi des poutres treillis métalliques avec des sections bien plus fines et légères que celles en bois.

Les charpentes

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Coupe transversale d’un toit à charpente non assemblée

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Coupe transversale d’un toit à ferme traditionnelle simple

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Coupe transversale d’un comble à entrait retroussé

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Coupe transversale d’un comble à surcroît

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Coupe transversale d’un comble dit « à la Mansart » ou à brisis et terrasson

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Coupe transversale d’une charpente composée de poutres à treillis

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Coupetransversaled’une charpente asymétrique

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Coupetransversale d’une charpente métallique

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90% des toitures de la région Aquitaine sont en tuile de terre cuite. Quelques régions comme le Béarn, le Lot ou la Dordogne, voire les contreforts des Pyrénées, ont aussi développé et entretenu une tradition de la tuile plate dans des formats spécifiques au sud.

LA COUVERTURE

La couverture

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Les charpentes

La couverture

LesmatériauxdecouvertureLes couvreurs sont groupés en corporation dès le Moyen-Âge et reconnus dans le compagnonnage dès 1759. Leur savoir-faire se distingue peu à peu de celui des maçons et des charpentiers avec l’utilisation grandissante de l’ardoise et de la tuile plate du XVIIe au XIXe siècle. Au XIXe siècle, l’utilisation du zinc, du cuivre et du fer étamé inaugure les nouveaux métiers de couvreur-zingueur et de fer-blantier.Les toits de Bordeaux sont essentiellement cou-verts de tuiles en terre cuite. Les teintes de ces tuiles sont chaudes à base de brun, rouge mais aussi paille ou crème.

LatuiledeterrecuiteLa tuile de terre cuite est le matériau de couver-ture le plus répandu en France. On distingue deux grands types de tuiles selon leur forme : la tuile plate que l’on trouve essentiellement dans le nord de la France et la tuile ronde ou creuse, com-munément appelée « tuile canal », usuelle dans les régions méridionales. Cette répartition renvoie à l’occupation de la Gaule par les Romains qui ont influencé nos manières ancestrales de construire. Elle reflète également les conditions climatiques. La tuile plate est mieux adaptée aux fortes pentes nécessaires pour évacuer les eaux pluviales et résister aux vents du climat plus rigoureux au nord qu’au sud.

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Les Romains utilisaient deux types singuliers de tuiles : des tuiles plates à rebords appelées tegulae supportant les imbreces de forme tronc conique qui les recouvraient. Toutefois, dès le Bas-Empire romain, l’usage de la tegula commence à décli-ner jusqu’à disparaître complètement pour être remplacée par un imbreces. Dès le XIe siècle, la tuile canal a progressivement remplacé la tuile romaine. Le même module de tuile est utilisé en dessous, partie évasée vers le bas, et en dessus en position inverse. La tuile posée en dessous est dite « courante », la tuile posée au dessus est appelée « couvrante ». Tuiles courantes et tuiles couvrantes s’emboîtent les unes dans les autres, sur environ un tiers de leur longueur totale, grâce à leur forme semi-tronconique. Ce principe de la « double pose inversée » est plus efficient, attendu que le même module s’adapte à toutes les situations de pose.On distingue trois types de supports pour les tuiles canal : •des chevrons de section triangulaire fixés sur la panne de charpente (mise en œuvre ancestrale qui n’est plus guère employée aujourd’hui) ;•des voliges fixées sur les chevrons des pannes ; •des liteaux cloués sur les chevrons quand la tuile est dotée d’ergots en saillie moulés dans la masse au cours de la confection.

Les techniques de pose ont évolué au début de l’industrialisation avec l’apparition des tuiles à

La couverture

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emboîtement fortement galbées, dites « tuiles mécaniques » ou « tuiles romanes » et de nouvelles formes de tuiles plates à côtes plus connues sous le nom « tuiles de Marseille ». Les tuiles dites « mécaniques » ou, avec ou sans ressaut, sont plus faciles à poser que les tuiles canal. Aujourd’hui, apparaissent de nouvelles techniques et notamment la pose de tuiles canal sur des tôles de fibrociment. Les tuiles tradition-nelles n’apparaissent plus alors que comme un « habillage », l’étanchéité de la couverture étant assurée par ces tôles. Ce procédé, s’il semble éco-nomique, ne dispense pas d’une solide charpente. Le recours à ces produits industriels présente plu-sieurs avantages non négligeables. Plus légers, ils sont plus faciles et plus rapides à mettre en œuvre. Leur résistance est bonne et ils contri-buent à l’isolation. Toutefois, leur durée de vie est limitée dans le temps comparée à une mise en œuvre traditionnelle.

La réussite de la mise en œuvre d’une toiture dépend bien entendu du savoir-faire du couvreur et elle s’observe avant tout dans la qualité de réa-lisation des détails sur les parties plus complexes de la couverture telles que : •le faîtage où les tuiles un peu plus grandes et plus creuses que les tuiles courantes sont scellées au mortier de chaux ou à sec et posées en emboî-tement dans le sens opposé au vent dominant ;

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•l’égout, constitué du débordement des tuiles, soit, sur une génoise qui termine le toit, ou plus fréquemment sur un chéneau de zinguerie cou-ronnant une corniche en pierre ; •la rive, scellée, toujours au mortier de chaux, d’une tuile couvrante disposée sur une tuile plate en léger débord sur l’arête du mur ; •l’arêtier, composé de tuiles canal scellées en faible recouvrement ; •la noue et la croupe, où les tuiles sont retaillées précisément et l’étanchéité assurée par la zin-guerie. Ces détails de mise en œuvre produisent de sub-tiles nuances de reliefs qui accrochent l’ombre et la lumière et dessinent la ligne du paysage des toits de Bordeaux. La tuile canal n’est de circonstance que sur les toits dont la pente est comprise entre 20 et 35%. Pour des pentes supérieures, la pratique est d’em-ployer un autre type de tuiles ou d’ardoises. À Bordeaux, l’usage de l’ardoise est répandu sur les brisis des toitures dites « à la Mansart » ou pour couvrir des volumes plus complexes.

L’ardoiseL’usage de l’ardoise se développe depuis le XIe

siècle. À l’origine, ce type de couverture était constitué de très grandes et lourdes plaques de schiste maçonnées. Par la suite, les maîtres cou-vreurs de Paris, en tirant parti de la fissibilité du

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schiste, ont réussi à extraire des éléments très fins, réguliers, et extrêmement légers. Cependant, l’ardoise, devenue trop légère, devait être fixée sur le support de la couverture à l’aide de chevilles en bois, puis, en plomb. Dès le XVIIIe siècle, l’ardoise a pu être mise en œuvre à la verticale, selon une technique appelée en essentage. Un nouveau type de construction vit alors le jour à Bordeaux, où nombre de façades s’enrichirent d’un attique en ardoise. Grâce aux progrès réalisés par les couvreurs et à ceux de la ferblanterie au XIXe siècle, grâce aux efforts des exploitants d’ardoisières, l’ardoise devint un matériau de couverture très répandu dans la construction. L’ardoise offre en effet un grand potentiel d’adap-tation car elle épouse toutes les formes de toiture. Cette qualité en a fait un matériau de couverture de prédilection pour la couverture des édifices nobles. Le contraste de couleur avec la tuile de terre cuite dominante renforce leur singularité et contribue à les distinguer en reflétant le rang et le standing de leurs habitants. Les pentes des cou-vertures d’ardoises sont « raides », comprises entre 40% et la verticale. Afin d’obtenir une étanchéité parfaite, les ardoises doivent se recouvrir les unes les autres sur deux cotés. La pose s’effectue depuis l’égout en remontant vers le faîtage et par recouvrement de la couche d’ardoise précédente, dite devancière.

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Les ardoises sont fixées sur les chevrons par :•des clous ou des crochets à pointe sur les voliges;•des crochets à agrafe sur les liteaux.

La qualité des coupes et des raccords des ardoises entre elles ainsi que le soin apporté au détail des égouts, rives, arêtiers, faîtages, noues, souches, châssis et lucarnes font tout l’intérêt esthétique des toitures d’ardoises. La découpe de la partie de l’ardoise qui reste apparente, appelée « pureau » donne lieu à toutes sortes de motifs géométriques parfois très décoratifs qui vibrent sous l’effet de la lumière et de la pluie. Des dessins originaux et rares apparaissent parfois sur les toits d’ardoises bordelais. Motifs en nid d’abeille, pureau découpé en forme de trèfle, de feuillage, en diagonale losangée, en écaille… Ils reflètent la créativité de l’artisan et sont comme la signature du maître couvreur.

LezincL’utilisation du zinc à Bordeaux se concentre surtout au niveau des chéneaux, des gouttières, des corniches de pierre et des maçonneries des lucarnes et des cheminées afin d’en assurer l’étanchéité. Contrairement aux toits de Paris, où la couverture de zinc est extrêmement répan-due, seuls quelques dômes de zinc pointent dans le paysage des toits de Bordeaux mais ils restent assez rares. Le zinc est surtout utilisé à Bordeaux

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en complément d’autres matériaux de couverture comme la tuile canal et l’ardoise.

Leségouts,chéneauxetgouttièresLes égouts du toit se situent en partie basse des versants de la toiture. L’eau afflue depuis les ver-sants de toiture, vers l’égout, le suit ou le traverse, selon qu’il est conçu pour la récolter et la cana-liser, ou la rejeter. Dans ce dernier cas, on parle d’égout libre.Les égouts peuvent être façonnés en tuiles débordantes sur une génoise, ou bien une feuille de métal, le plus souvent du zinc, ou encore de matériaux bitumeux sur les toits en terrasse des constructions qui apparaissent à partir des années 1930. Les ouvrages qui collectent les eaux pluviales à l’égout sont les chéneaux. Ils assurent l’évacuation des eaux pluviales en évi-tant les risques d’infiltration. Afin d’éviter tout débordement, leur taille est adaptée à la pluvio-métrie, c’est-à-dire au volume d’eau à évacuer. L’égout définit aussi la partie par où s’égouttent les ouvrages de couverture que sont les égouts de lucarne ou de terrasson... Étymologiquement, le mot « chéneau » pro-vient d’une altération de chenau, prononciation ancienne de chenal (sorte de canal) qui serait devenu chesneau puis chéneau. On peut aussi y voir l’évocation du chêne (le chêneau) avec lequel il était façonné à l’origine.

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Apparus dès le XIIIe siècle, les chéneaux consti-tuent le caniveau du toit, non pas accrochés comme la gouttière mais formant partie de la toiture. Ils sont d’abord de pierre ou de terre cuite, puis recouverts de plomb, puis de zinc. Contrairement aux gouttières, ils sont rarement visibles depuis le sol, dissimulés par les entable-ments et les corniches. Le conduit de descente d’eau en zinc traverse alors la corniche et les ban-deaux de façade pour rejoindre le sol. Les gouttières sont, au contraire, accrochées à l’extrémité du pan de toit qui déborde rarement, à Bordeaux, sur la rue. Elles peuvent être en zinc, en aluminium, ou parfois en cuivre pour les édi-fices et institutions remarquables.

LacheminéeLes cheminées apportent à l’architecture des toits de Bordeaux des ponctuations verticales et contribuent à l’animation du paysage des toits. Elles sont souvent construites en pierres de taille. Cependant, il existe de nombreuses cheminées réalisées en brique rouge. Celles-ci contrastent avec les façades en pierre, mais s’unifient très bien avec les nuances de terre cuite des tuiles. Elles apparaissent à Bordeaux dans le courant du XIXe siècle. Les cheminées peuvent être posi-tionnées dans le centre du volume de l’édifice, en périphérie, contre les murs mitoyens mais aussi longeant les façades, entre les fenêtres. Quelle

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que soit leur position, il faut toujours chercher à placer le sommet du conduit au-dessus de la ligne de faîtage du toit. Pour être efficace, une chemi-née doit être positionnée sur le pan de toit dépres-sionnaire par rapport au vent dominant afin que les vents évacuent les fumées et ne les refluent pas dans le conduit. Pour autant elles ne sont généralement pas disposées face au vent car cela pourrait fragiliser leur structure et entraîner des risques de chutes.Le passage des conduits de cheminée à travers les planchers et la charpente forme dans la structure une trémie, ménagée entre des chevrons de bois. Les trémies sont délimitées par un périmètre en bois, formant un carré dans le versant, à distance de la maçonnerie. L’espace entre ce périmètre de bois et la maçonnerie de cheminée est alors comblé en maçonnerie de pierre ou de brique, ce qui les protège du risque d’incendie. Le raccord d’étanchéité entre la couverture de tuile et la maçonnerie de cheminée est réalisé en zingue-rie. Les embouts situés au-dessus du couronne-ment : les mitres, les bonnets coniques en métal, les lanternes en béton modernes, ou anciennes en céramique, les dalles sur potelets répondent à la nécessité de régulariser le tirage en orientant et en réduisant la section de l’orifice. Ils empêchent la pluie de pénétrer dans le conduit et préservent la cheminée des nidifications.

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Répartition des couvertures de tuile canal en France. La distribution de l’usage des tuiles plates et creuses suit celle des langues d’Oil (au nord) et d’Oc (au sud).

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Quelques éléments de vocabulaire

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La pose de tuiles rondes sur des chevrons de section triangulaire fixés sur les pannes de la charpente est une technique très ancienne qui n’est plus mise en œuvre aujourd’hui sauf dans le cas de restauration.

Tuiles rondes posées sur des voliges fixées sur les chevrons des pannes.

La couverture

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La pose de tuiles rondes sur des liteaux cloués sur les chevrons est la mise en œuvre la plus courante. La tuile est dotée d’ergots en saillie moulés dans la masse au cours de la confection.

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La couverture

L’évolution des tuiles

Dans l’architecture romaine, les tuiles plates à rebord appelées tegulae supportent des tuiles rondes appelées imbrices

Tuiles creuses ou rondes appelées « tuiles canal ». La même tuile est appelée « courante » quand elle est posée dessous pour servir de support à celle qui la recouvre que l’on appelle alors « couvrante ».

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Tuiles à emboî-tement, dites « mécaniques » ou « romanes ».La tuile est composée de deux parties solidaires, l’une qui sert de support et l’autre qui la recouvre de manière à former un petit canal entre deux tuiles qui guide l’eau vers l’égout.

Les tuiles plates à côtes, dites « de Marseille » s’emboîtent les unes dans les autres. Chaque tuile présente des rainures qui permettent à la pluie de ruisseler plus rapidement vers l’égout.

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Couverture en tuile plates à cote en terre cuite. Des modules de tuiles spécifiques protègent les intersections entre les différents versants (arêtiers et faitage) : à leur rencontre un épi de faitage à motif de pomme de pin.

Couverture masquée par un garde-corps à balustres. Pignon revêtu d’une étanchéité couleur brique imitant l’ardoise. Rive en tuiles plates. Frise de faîtage en terre cuite.

La couverture

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La toiture d’un comble mansardé couvert d’ardoises sur le brisis et de tuiles plates dites « à côte » ou « de Marseille» sur le terrasson.

Petit comble à brisis en ardoise et terrasson en tuiles. Les eaux s’écoulent directement du terrasson sur le brisis. Les tuiles sont apparentes depuis la rue.

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Pose des ardoises sur lattis

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Le principe de pose des ardoises par recouvrement autorise toute sorte de découpes géométriques de la partie visible de l’ardoise qu’on appelle pureau, formant des motifs décoratifs;

La ventilation du comble est assurée par des chatières en zinc. Des crochets permettent d’assurer l’ouvrier lors des travaux d’entretien, de nettoyage ou de réparation de la couverture.

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La couverture

Dans les maisons les plus anciennes, l’égout est constitué par une génoise. La superposition des rangs de tuile de la génoise forme une corniche. L’ombre des tuiles scellées au mortier de chaux disposées en débord anime le couronnement.

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Une gouttière accrochée en débord de la génoise évite que la pluie du toit ne se déverse dans la rue.

La couverture

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La partie droite de la génoise est surmontée d’une gouttière qui s’interrompt au dessous du linteau cintré de la fenêtre de l’attique.

La couverture

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Une gouttière droite a été rapportée sans tenir compte de la forme cintrée de la baie ce qui masque l’ondulation du toit.

La couverture

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La couverture

Le couronnement des façades et la forme que prend son intersection avec la toiture présentent de nombreuses variations. Les dispositifs d’évacuation des eaux pluviales sont tout aussi divers.

Toiture à brisis et terrasson

Egout libre

Egout libre au terrasson et gouttière au brisis

Gouttières au terrasson et au brisis

Chéneau derrière la corniche

Chéneau derrière une balustrade ou un garde corps

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Toiture à deux versants

Egout libre en avant toit

Gouttière accrochée en bas de toit

Chéneau intégré dans le couronnement

Gouttière sur la corniche

Chéneau derrière une balustrade ou un garde corps

La couverture

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Chéneau en zinguerie sur-plombant la corniche de pierre.

Chéneau en zinc intégré dans la corniche de pierre.

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Gouttière, dite débordante, circulaire.

Gouttière plate formant chéneau.

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S’il n’y a aucun dispositif de récupération des eaux pluviales du toit, l’égout est dit à débordement. Les eaux pluviales s’égouttent directement sur les trottoirs.

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La corniche est protégée par des tuiles plates scellées au mortier de chaux sur la pierre.

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Le chéneau en zinc forme un caniveau au pied de l’attique.

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La gouttière canalise les eaux de pluies, la couverture de zinc ou de plomb protège les corniches du ruissellement des eaux de pluie.

La couverture

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La couverture

Le chéneau en zinc est disposé sur la corniche et en retrait. Il est presque invisible depuis la rue. Les eaux de pluie y sont récupérées puis évacuées vers le sol. La descente d’eau s’inscrit dans la composition de l’immeuble. Elle est appo-sée contre la façade et traverse la corniche sans former de coude.

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La balustrade en pierre cache le départ du toit et le dispositif d’égouttage. Elle accompagne le couronnement de l’édifice.

Si les protections de zinc ne sont pas bien entretenues, l’eau s’infiltre dans la pierre qui absorbe l’humidité et la végétation s’installe ce qui accélère encore la dégradation de la maçonnerie.

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Les avant-toits en bois protègent les maçonneries de pierre de la façade en éloignant l’eau de pluie.

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Le recouvrement par des feuilles de zinc des éléments saillants des façades en pierre (corniches, bandeaux, frontons, etc) protège ces ouvrages des infiltra-tions d’eau qui pourraient abîmer leur décor.

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La disposition de la cheminée dans l’angle de l’édifice apporte une forme de monumentalité à l’angle de rue.

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Détail p.66

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La cheminée en façade, flanquée de deux lucarnes à fronton triangulaire en pierre marque l’axe de symétrie de la composition d’ensemble.

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Sous les toits se cachent parfois des espaces habités qu’il est nécessaire d’éclairer et de ventiler. Fenêtres de toits, occuli d’attique et verrières animent le paysage des toits par eur diversité. Ces dispositifs font partie de la composition architecturale et parfois l’objet d’ornementation très sophistiquée.

FENÊTRES DE TOIT

Fenêtres de toit

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LalucarneLa lucarne est une baie verticale insérée sur le versant de la toiture et en saillie, afin d’apporter de l’éclairage naturel au comble. Elle se com-pose de deux pans latéraux appelés « joues » et d’une couverture, généralement à deux pentes à Bordeaux, formant des noues avec le pan de toi-ture principal. La lucarne constitue en elle-même un ouvrage de charpente à part entière ainsi qu’un travail de maçonnerie de pierre en façade.

LalucarnejacobineAussi appelée lucarne à deux pans ou lucarne à chevalet, elle a une couverture à deux pans dont le faîtage est perpendiculaire à la toiture principale et présente un pignon ou un fronton en façade.

L’œil-de-bœufUn œil-de-bœuf est une lucarne de forme ovale ou circulaire. On le retrouve généralement à Bordeaux dans les combles à surcroît ou les combles dits « à la Mansart » sur les brisis en ardoises. Le plus souvent l’œil-de-bœuf est recou-vert de zinc en partie supérieure.

LesverrièresetleslanterneauxLes verrières participent au paysage des toits de Bordeaux, plates ou pyramidales, elles sont utili-sées dès le XVIIIe siècle en couverture des cours

Fenêtres de toit

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et des cages d’escaliers. Des verrières modestes en fer aux vastes verrières d’acier qui apparaissent au XIXe siècle, la verrière participe à l’éclairage naturel des espaces intérieurs enclavés dans les édifices. Le plus souvent utilisées en couverture des parties communes non chauffées que sont les escaliers et circulations, les verrières ont un rôle essentiel dans la ventilation des maisons, de la cave jusqu’au toit. Surélevées par rapport à la toi-ture, elles permettent le passage de l’air sur leur pourtour. Elles sont raccordées à la couverture par des pitons ou une structure de zinc.

LatabatièreLa tabatière ou châssis à tabatière est un châs-sis de toit ayant la même pente que le toit dans lequel il est fixé. Le châssis, le plus souvent métal-lique est en une seule pièce. Il doit son nom au fait qu’il s’ouvre comme le couvercle d’une tabatière et une crémaillère permet de le garder ouvert. Il a pour fonction principale de ventiler le comble non-habité et non-isolé et ainsi d’en réguler la température. Il permet aussi d’y apporter l’éclai-rage naturel.

Fenêtres de toit

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Simples ou sophistiquées, les lucarnes animent le paysage urbain en donnant du relief aux toits et à la ligne d’horizon.

Fenêtres de toit

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Les toitures d’ardoises ornées de lucarnes sont très courantes au XIXe siècle sur les édifices publics.

Fenêtres de toit

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Au XIXe siècle certaines maisons se donnent un air d’hôtel particulier et présentent des compositions asymétriques dans lesquelles la présence de lucarnes richement ornées est fréquente.

Fenêtres de toit

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Une lucarne de brisis habillée de zinc.

Lucarne en pierre dans un brisis d’ardoises. La maçonnerie est protégée par le zinc qui épouse sa forme.

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Lucarne avec volets bois persiennés

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Lucarne jacobine dans la surélévation en brisis d’une échoppe

Fenêtres de toit

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Œil-de-bœuf habillé de zinc

Fenêtres de toit

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Œil-de-bœuf maçonné

Fenêtres de toit

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La hauteur entre le linteau de la baie et la génoise laisse deviner un étage habitable. La ventilation est assurée par de petites baies d’attique en œil-de-boeuf.

Fenêtres de toit

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Fenêtres de toit

Petite baie d’attique rectangulaire

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Les verrières sont traditionnellement employées pour apporter lumière etventillation dans les cages d’escalier.

Fenêtres de toit

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Fenêtres de toit

Au premier plan une verrière émerge du volume des toits, au second plan, une verrière plate légèrement surélevée.

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Fenêtres de toit

Les tuiles mécaniques de verre présentent l’avantage de s’intégrer parfaitement dans le plan de la toiture. Néanmoins elles ne permettent pas d’assurer la ventilation de la toiture.

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Lesfaçadesenpierredel’architecturebordelaiseprésententparfoisdesmassifsdemaçonneries,desfrontonsdroits,desbalustrades,desgarde-corpspleinsouajourésquimasquentledépartdelatoitureoulaprésenced’uneterrasse.Autantd’élémentsquimarquentlecouronnement.

DE BALUSTRADES EN TERRASSES

De balustrades en terrasses

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LesterrassesassociéesauxmirandesLes premières terrasses bordelaises sont d’abord celles associées aux quelques mirandes desquelles les négociants et armateurs pouvaient suivre le va-et-vient des navires du port de la Lune. Elles remontent au XVIIIe siècle, l’âge d’or du com-merce du port de la Lune et prennent la forme de lanterneaux plus ou moins amples qui font vérita-blement partie de la conception de l’architecture du toit.Elles émergent encore de la volumétrie générale des toits et offrent des vues panoramiques excep-tionnelles sur le fleuve.

LesloggiasEn général, établies au XIXe siècle, elles consti-tuent de vrais salons d’été ombragés très agré-ables à vivre à la fois en mi-saison et durant les grandes chaleurs. Ce dispositif inscrit dans le prolongement vertical des façades sur rue ou sur jardin protège ses occupants des vues depuis l’es-pace public ou des immeubles voisins. Comme les vérandas, les loggias sont parfois fermées par de grandes baies vitrées.

LestoitsterrasseLe couronnement des façades est parfois orné d’une balustrade ou de garde-corps de maçonne-ries de pierre ajourées qui masquent le départ de la toiture ou de la terrasse.

De balustrades en terrasses

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Les toitures terrasse se rencontrent dans l’ar-chitecture classique bordelaise en couverture des garages et annexes d’un niveau associées à la construction principale. L’horizontale de leur balustrade ou garde-corps poursuit les lignes horizontales de l’ordonnancement de l’immeuble.

Il arrive aussi qu’on les rencontre en couverture de petits immeubles très peu profonds construits pour rattraper certains défauts de l’alignement des rues. Leur présence ponctuelle apporte dans les rues de Bordeaux si régulières une ouver-ture visuelle qui rompt le gabarit des séquences d’immeubles. Dés le début du XXe siècle certaines constructions Art déco présentent des toitures terrasses assorties de pergolas en béton.

Avec le développement des structures en béton, la plupart des bâtiments de la fin du XXe siècle présentent des toitures terrasse. Pour autant, elles ne sont pas toujours accessibles et souvent utilisées pour installer des dispositifs techniques comme les machineries d’ascenseurs ou de venti-lation et plus récemment des panneaux solaires.

Alors que le toit terrasse correspond au dernier plancher de l’édifice, il joue dans le même temps le rôle de couverture contre les intempéries. Afin d’assurer l’écoulement des eaux, la pente varie entre 1% et 5% suivant le modèle d’étanchéité.

De balustrades en terrasses

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De balustrades en terrasses

Malgré son volume qui contraste avec celui des toitures à versants traditionnels, le toit terrasse a l’avantage de pouvoir être utilisé comme terrasse quand il est rendu accessible. L’entretien s’en révèle facile mais, en cas de fuite, la localisation des dommages peut être difficile.

Lesterrassesencaisséesou«tropéziennes»Ce type de terrasse est le plus récent et le plus courant. Elles sont encaissées dans le volume de toit existant que l’on ouvre en partie pour le rem-placer par un plancher. Elles ne modifient pas les hauteurs des édifices, sont peu visibles depuis la rue, mais, mal proportionnées, elles peuvent apparaître comme de véritables « trous » dans le paysage des toits, surtout lorsqu’elles se multi-plient côte à côte.

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La balustrade de pierre marque le couronnement de la composition et masque le départ du toit de cette grande maison bourgeoise et de l’annexe occupée par deux garages. La terrasse aménagée sur un avant-corps est protégée par un garde-corps en ferronnerie très léger.

De balustrades en terrasses

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De balustrades en terrasses

Terrasse aménagée au faîte d’une toiture d’ardoises.

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La terrasse aménagée à l’angle de la construction est protégée par une balustrade. Elle forme une transition entre deux rues et contribue à la variété du paysage urbain.

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De balustrades en terrasses

Garde-corps en pierre en couronnement d’une annexe

Balustrade en pierre en couronnement d’une maison à étage

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Balustrade en brique ajourée en couronnement d’un immeuble de deux étages.

De balustrades en terrasses

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Balustrade ajourée en tuiles en couronnement d’une échoppe.

De balustrades en terrasses

Balustrade en pierre en couronnement d’une échoppe.

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Terrasse-véranda à l’angle de deux rues.

De balustrades en terrasses

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Terrasse aménagée à l’angle d’une rue sur le toit d’un corps de bâtiment en annexe.

De balustrades en terrasses

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Terrasse aménagée sur le toit d’un corps de bâtiment en rez-de-chaussée.

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Terrasse aménagée sur le toit d’une extension en rez-de-chaussée située à l’avant d’une maison de deux étages.

De balustrades en terrasses

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Terrasse aménagée sur le toit d’un hôtel particulier Art Nouveau.

De balustrades en terrasses

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Terrasse aménagée sur le toit du garage adossé à une maison de ville Art Déco.

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Terrasses aménagées dans les toits d’immeubles en pierre.

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La loggia forme une terrasse inscrite dans le volume de l’immeuble.

De balustrades en terrasses

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L’entretiendestoiturespeutnécessiterunsimplenettoyagemaisaussidestravauxderestaurationimportants.Afind’éviterdelourdstravaux,ilconvientd’entretenirrégulièrementlestoitures.

CONSEILS

Conseils

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Conseils

Maintenirenbonétat…

Les charpentes en bois sont très sensibles aux variations d’hygrométrie. Plus le bois est humide, plus il gonfle et moins il résiste aux charges qu’il doit supporter. Quand les pièces de bois gonflent, elles se déforment ce qui désorganise toute la structure et peut entraîner la rupture des assem-blages, notamment ceux les plus vulnérables des arbalétriers sur les entraits.

Il convient donc de veiller à conserver une bonne ventilation et empêcher toute infiltration. Un désordre même bénin de la couverture de tuiles ou d’ardoises, provocant une infiltration d’eau anodine, peut être la cause de la rupture d’une pièce de bois aboutissant à l’écroulement de la charpente. Il est donc essentiel de garantir le ruissellement parfait de l’eau sur la couverture, en remplaçant les tuiles ou ardoises brisées ou même absentes.

Les défauts d’étanchéité à l’eau de la toiture sont repérables dans le comble car ils s’accompagnent de traces de ruissellement très visibles sur les élé-ments en bois.

Il est également important de conserver les ver-rières, lanterneaux et tabatières qui permettent la bonne aération des combles. Il ne faut pas les

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calfeutrer car, en accompagnement de soupiraux dans la cave, ils participent au bon renouvelle-ment de l’air de tout l’édifice.

Fortement exposées aux intempéries, les souches de cheminées sont des ouvrages très sollicités et fragiles. Leur localisation en toiture en fait des ouvrages peu visités et parfois mal entretenus. Leur étanchéité est fondamentale afin d’éviter les infiltrations qui peuvent avoir des conséquences sur la stabilité des structures de la construction. Leur bon état d’entretien est aussi la garantie d’éviter des risques de chute sur la voie publique.

L’entretien des couvertures comporte notamment :•l’enlèvement des mousses, et plus généralement, de la végétation et des débris divers ;•le repositionnement des tuiles et ardoises déplacées ;•le maintien en bon état de fonctionnement des évacuations d’eaux pluviales ;•le maintien en bon état d’ouvrages accessoires tels que solins, souches de cheminée, etc ;•le maintien en bon état des éléments du gros œuvre et du support de la couverture ;•le maintien d’une ventilation efficace de la sous-face du matériau de couverture.

Conseils

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Conseils

FaireundiagnosticAvant toute intervention sur la toiture, il est pri-mordial d’établir un état des lieux et de réaliser un diagnostic précis. Le diagnostic permet de bien connaître la structure et de déterminer la nature et les causes des altérations éventuelles. Il pourra révéler l’urgence d’entreprendre des travaux et les procédés à mettre en œuvre. Il donnera les bases indispensables pour que les interventions et les aménagements ne compromettent pas l’équilibre du toit et la stabilité de l’immeuble.

FaireappelàdesprofessionnelsL’entretien, la mise en valeur et la restaura-tion des architectures anciennes imposent une connaissance approfondie des techniques de construction et de restauration. Le diagnostic, le programme de travaux à réaliser, l’adéquation entre le budget et le résultat escompté, le choix des entreprises, l’analyse des devis, la conduite d’un chantier et la coordination des entreprises sont des tâches qu’il est souvent nécessaire de confier à des professionnels compte-tenu des désa-gréments possibles en cas d’imprévus. C’est le tra-vail des architectes et plus particulièrement des architectes du patrimoine dans le cas de restau-ration des architectures anciennes.Ils vous apporteront leurs compétences et leur expérience mais aussi la garantie de travaux réa-lisés dans les règles de l’art.

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Choisir un architecteLe choix de l’architecte qui vous accompagnera pour mener à bien votre projet est très important car il prendra en charge vos travaux et sera votre interlocuteur jusqu’à la fin du chantier. Vous pou-vez vous renseigner auprès de l’ordre des archi-tectes.

Consulter plusieurs entreprises et analyser les devis.Au moment de choisir une entreprise, il convient de faire établir plusieurs devis. Il est indispen-sable de rencontrer l’entreprise et de préciser avec elle les travaux nécessaires et le niveau de finition attendu. Les coûts ne sont comparables que si les travaux apparaissant dans le devis sont identiques. Il est possible de demander à chaque entreprise de proposer des variantes selon les techniques préconisées. Il ne faut choisir la solu-tion la moins coûteuse que si l’on est conscient du résultat que l’on peut attendre des travaux qui ont été chiffrés.

Connaître les qualifications des entreprises consultéesLes interventions sur les toitures, charpentes et couvertures, que ce soit pour l’entretien, la res-tauration ou la transformation imposent des savoir-faire spécialisés qui font l’objet de quali-fications particulières. Il en existe plusieurs qui

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correspondent aux techniques maîtrisées par l’entreprise qui les a obtenues.

Restaurer,modifier,transformer…Habiter sous les toits présente de nombreux avantages : des points de vue sur la ville, la pos-sibilité parfois d’aménager une terrasse, celle de vivre dans un appartement sur deux niveaux… Cependant, il convient de respecter quelques règles de bon sens pour éviter des travaux inu-tiles. INVESTIR LE VOLUME INTÉRIEUR L’appartementencombleseulIl est parfois possible de rentabiliser le comble en y créant des logements sur un seul niveau.Toutefois, en-dessous d’une hauteur de 1.8 m, ainsi que l’énonce le Code civil, les surfaces ne sont pas considérées comme habitables. Si ces espaces sont utiles pour l’isolation, le passage des gaines et réseaux de toute sorte, ainsi que des rangements, ils réduisent néanmoins considéra-blement, surtout sous les toitures de Gironde à faible pente, la surface des logements.

Les combles, qui ont pour fonction d’isoler natu-rellement les immeubles en toiture lorsqu’ils ne sont pas habités (l’air étant le meilleur des iso-lants), doivent être fortement isolés pour être logeables et ne pas s’avérer trop énergivores.

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Même si certains isolants performants ne sont plus aujourd’hui très épais, en général, ils néces-sitent de fortes épaisseurs qui restreignent d’au-tant les volumes habitables sous les rampants de toiture.

Pour prendre du jour dans des logements sous toiture seulement, la solution qui s’impose géné-ralement est la fenêtre de toit. Elle n’offre bien souvent pas de vue directe à hauteur des yeux. L’effet de ces fenêtres de toit sur le paysage urbain n’est pas non plus des plus souhaitable car, petites et multipliées sur les immeubles, elles forment autant de trous dans le vélum des toitures. On veillera en particulier à la propor-tion des baies par rapport aux parties pleines. On peut leur préférer des verrières amples et géné-reuses, pas obligatoirement plus coûteuses qui, au nord par exemple, offrent une lumière conti-nue et sans ombres.

Retravaillerlasous-penteaveclevolumeinférieurQuand on dispose du dernier niveau d’un im-meuble il est possible d’étendre les appartements sous comble en duplex. Car il vaut parfois mieux profiter d’un logement en double hauteur sous comble que d’un espace restreint sous les versants des toits. On y gagne en habitabilité, en lumière, en confort, en énergie…

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Quel que soit le principe de charpente, il est possible de valoriser le volume sous comble en retravaillant le volume intérieur de l’édifice et en rééquilibrant les hauteurs utiles. En effet, si nécessaire, les niveaux de plancher peuvent être modulés et abaissés afin de créer un niveau supérieur possédant une hauteur sous charpente plus aisée. Ce dispositif ne nécessite pas de modi-fier le gabarit initial de l’immeuble et le dernier niveau, en relation avec le niveau inférieur, peut dès lors accueillir de nouvelles fonctions inté-rieures.

Les possibilités qu’il offre dépendent beaucoup de la hauteur des baies. Afin de conserver l’or-donnancement de la façade, les baies ne doivent pas être entresolées. Le plancher doit donc se trouver soit en dessus de la baie, soit en recul.Il est donc tout à fait possible de combiner un volume en double hauteur sur la rue avec deux niveaux plus bas sur l’arrière. Il est aussi pos-sible d’aménager une loggia, parfois plus adaptée qu’une terrasse à ciel ouvert et qui améliore le confort thermique des logements.

AMÉNAGER UNE TERRASSECréer une terrasse en toiture permet parfois d’uti-liser des surfaces inutiles. Toutefois, chaque cas présentera des particularités. Il faut trouver les meilleures solutions adaptées à chaque édifice

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dans son contexte et résoudre les difficultés tech-niques qui pourraient apparaître.

Dans le respect du paysage des toitsLorsque le cœur d’îlot dense ne permet pas de dégager au sol un espace extérieur, que l’on pos-sède un ou plusieurs niveaux en partie haute de l’édifice et l’on désire une terrasse aérienne, la terrasse en toiture apparaît comme une évidence. Toutefois, les toitures, au même titre que les murs extérieurs, méritent une grande attention. Souvent considérées comme une des façades de l’édifice, elles sont révélatrices de l’époque de la construction d’un bâtiment et participent de l’image et de l’identité d’une ville. C’est pourquoi,la création d’une terrasse doit composer avec le paysage urbain des toits environnants. Les dimensions, la localisation, les matériaux uti-lisés sont autant de paramètre à bien étudier. En effet multipliées, les terrasses encaissées peuvent appauvrir le paysage urbain des toits. Mal dimen-sionnées, elles peuvent ruiner la continuité et le balancement des gabarits. En laissant quelques tuiles de rive sur chacun des côtés de la terrasse (au long des deux pignons mitoyens, au long de l’égout et du faîtage), il arrive bien souvent que l’immeuble ne présente plus de toit du tout.

Il vaut donc mieux concevoir un véritable toit terrasse en supprimant franchement une partie

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du toit à versant qu’en mimant de le conserver par quelques rangées de tuiles de rive. La terre cuite utilisée sur les sols des terrasses présente l’intérêt de se fondre dans les teintes des toitures de tuiles canal réalisées dans le même matériau. Le bois (sous forme de caillebotis) peut aussi être utilisé. Les larges et épaisses planches sont plus résistantes que les petits caillebotis.

Dans le respect de l’intimitéEn tant qu’espace ouvert, la relation de la ter-rasse avec l’espace public doit être bien pensée. Il en va du confort de tous. La terrasse comme le jardin est un prolongement de l’espace intime habité à l’extérieur. Elle réclame donc un mini-mum de confort visuel et acoustique pour être agréable. Ainsi on préfèrera naturellement les terrasses en cœur d’îlot sur les versants arrière des immeubles. Il est possible de créer des ter-rasses côté rue lorsque cette dernière présente un profil haut et étroit, car l’on sera toujours à l’abri des regards. Visibles depuis la rue, les aménage-ments des terrasses devraient, comme ceux des jardins, apporter de la qualité à l’espace public. Enfin, on prendra soin de se cacher des regards de ses voisins, en vis-à-vis sur la rue mais également en cœur d’îlot à l’arrière.

Dans le respect de la structure de l’immeubleL’étanchéité est fondamentale, surtout lorsque

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la création d’une terrasse passe par celle d’une dalle étanche mitoyenne des logements en des-sous. Il faut veiller à une parfaite étanchéité de la réalisation au risque de sérieux soucis avec ses voisins. La réalisation d’une dalle étanche n’est pas toujours adaptée à la structure des anciens immeubles. C’est pourquoi, avant de s’engager dans de lourds travaux, il faut veiller à ce que ces derniers puissent en supporter le poids.

Dans de bonnes conditions d’ensoleillementQuand elles sont encaissées, les terrasses n’ap-portent pas toujours beaucoup de lumière ; cela dépend également de leur orientation. Si l’orien-tation plein sud semble la meilleure, elle n’est en réalité pas recommandée, notamment en été, car elle génère des surchauffes, surtout si l’on ouvre de larges baies sur l’extérieur. Une orientation sud-ouest ou nord-ouest est préférable.

Conseils

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Ces coupes schématiques

illustrent quelques variations

sur les transformations des

combles selon leur hauteur

et selon que l’on dispose

du seul étage de comble ou

des deux derniers niveaux.

Coupe schématique du dernier niveau surmonté d’un comble perdu.

Dans le cas où la hauteur du comble n’est pas habitable, il est toujours possible d’abaisser le plancher en prenant garde à prendre le recul nécessaire par rapport aux baies de l’étage inférieur.

Conseils

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Le nouvel étage habitable peut également disposer d’un espace extérieur à l’abri des regards.

Le comble rendu habitable est associé à l’étage inférieur formant un volume intérieur plus riche.

Le comble habitable ouvert sur l’espace extérieur à l’abri des regards est associé à l’étage inférieur.

Conseils

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Coupe schématique du dernier niveau surmonté d’un comble habitable.

La création de petites baies d’attique permet d’améliorer l’éclairement du comble.

Une terrasse prolonge les espaces intérieurs et apporte de la lumière.

Conseils

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Une partie du volume du comble est associée à l’étage inférieur, une partie reste indépendante.

Le comble peut être associé à l’étage inférieur.

Une loggia trouve sa place dans le volume du comble. Elle apporte les qualités d’un espace qui peut être très ouvert sur l’extérieur tous en restant dans le prolongement de la façade.

Conseils

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Formalités administratives :Pour réaliser certains travaux sur une maison, une demande d’autorisation d’urbanisme (déclaration préalable ou permis de construire suivant les travaux) doit être déposée en mairie auprès de la direction du droit des sols et de l’architecture durable

www. bordeaux2030.fr

Le respect des règles

LE RESPECT DES RÈGLES

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Le respect des règles

La demande administrative permettra aux ser-vices compétents (Mairie, architecte des bâti-ments de France) de s’assurer que votre projet respecte les règles d’urbanisme et d’architecture en vigueur dans la ville. Les formulaires de décla-ration préalable et de permis de construire sont disponibles :•à la mairie de Bordeaux – direction générale de l’aménagement – direction du droit des sols – 57, cours Pasteur – 33 000 – Bordeaux ; www.bordeaux2030.fr •sur le site internet de la mairie : www.bordeaux.fr : accueil /vos démarches /toutes les démarches /logement-urbanisme /constructions /formalités ;•sur le site du ministère de l’Équipement : www.developpement-durable.gouv.fr•plus d’ informations sur www.bordeaux2030.fr/rubrique Bordeaux et vous. DéclarationpréalableUne déclaration préalable doit notamment être déposée pour :•la modification de l’aspect extérieur d’un bâti-ment existant (ravalement, toiture, percement ou fermeture de fenêtre, vitrine, changement de menuiserie...) • le changement de destination d’un bâtiment (cette formalité s’impose même si le changement de destination n’implique pas de travaux)

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•les agrandissements des constructions exis-tantes, en zone urbaine du document d’urba-nisme, s’il y a création de 40 m² maximum d’em-prise au sol ou de surface de plancher, sans porter l’emprise au sol ou la surface de plancher à plus de 170 m²• les constructions nouvelles, s’il y a création d’emprise au sol ou de surface de plancher entre 5 m² et 20 m²

PermisdeconstruireUn permis de construire est notamment requis pour : •les constructions nouvelles, s’il y a création de plus de 20 m² d’emprise au sol ou de surface de plancher •les agrandissements des constructions exis-tantes, s’il y création d’une emprise au sol ou d’une surface de plancher de plus de 40 m²•les agrandissements des constructions exis-tantes, s’il y a création d’emprise au sol ou de surface de plancher de plus de 20 m² et de 40 m² maximum avec pour effet de porter l’emprise au sol ou la surface de plancher à plus de 170 m²•le changement de destination d’une construc-tion lorsque ces travaux modifient la structure porteuse ou la façade du bâtiment •les travaux exécutés à l’intérieur des immeubles légendés en hachures grasses au plan de sauve-garde et de mise en valeur de Bordeaux (PSMV)

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qui ont pour objet de modifier la structure du bâti-ment ou la répartition des volumes existants •tous les travaux réalisés sur un immeuble ins-crit au titre des monuments historiques à l’excep-tion des travaux d’entretien ou de réparations ordinaires

Délaisd’instructionLe délai d’instruction de toute demande d’autori-sation court à compter de la réception d’un dossier complet.Le délai d’instruction de droit commun est de : •1 mois pour les déclarations préalables•2 mois pour les demandes de permis de construire portant sur une maison individuelle•3 mois pour les autres demandes de permis de construire.Le délai d’instruction peut toutefois être majoré dans un certain nombre de situations, notam-ment lorsque les travaux sont situés en zone de protection d’un monument historique, ce qui est souvent le cas à Bordeaux. Le délai passe alors à deux mois pour les déclarations préalables et à 6 mois pour les permis.

Réponse• Si la réponse est favorable, la mairie le fait savoir par lettre recommandée avec accusé de réception.• Si la mairie s’oppose au projet ou y impose

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des prescriptions particulières, elle donne une réponse fondée, adressée par lettre recommandée avec accusé de réception. Le permis de construire et la déclaration préalable sont valables durant 2 ans. Les travaux doivent débuter dans ce délai et ne peuvent pas être interrompus pendant plus d’une année. La décision peut être prolongée d’une année si une demande intervient au moins 2 mois avant l’expiration du délai de validité de l’autorisation.Toutefois, la prorogation ne peut être accordée que si les prescriptions d’urbanisme ou les servi-tudes n’ont pas évolué de façon défavorable.

Si vos travaux nécessitent l’occupation du domaine public (échafaudages, bennes...), veuillez prendre contact avec :la direction de la proximité territoriale – gestion urbaine des quartiers – 17, place Pey-Berland – 33 077 – Bordeaux Cedex – Tél. : 05 56 10 28 01. Vous serez orienté suivant le quartier concerné vers votre Mairie de quartier.

Pour en savoir plus, contactez la direction du droit des sols et de l’architecture durable (du lundi au jeudi de 8h30 à 18h et le vendredi de 8h30 à 17h au 57 cours Pasteur ou au 05 24 57 16 07).

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En savoir plusPublications de la Direction Générale de l’AménagementHabiter Bordeaux, la ville action, paru en juillet 2011. 2030 vers le grand Bordeaux, du croissant de lune à la pleine lune, paru en février 2013.Carnets d’une ville en héritage, parus de 2008 à 2012 : La loi, Portes et fenêtres, La pierre,La maison,Portraits de quartier[s], édition du journal Sud-Ouest, 6 volumes déjà parus.Parcours de la ville de pierre, 10 dépliants déjà parus.

BibliographieCOIGNET Jean & Laurent, La maison ancienne, construction, diagnostic, intervention, Paris, Eyrolles, 2002.

GABORIT Michelle (sous la direction de) Mémoire de pierres, la lettre du Patrimoine, n°19, n°22, n°27, Bordeaux, Imprimerie Départementale, 1995.

CHAUVET Jean Yves, Les toits des pays de France, Paris, Eyrolles, 1996.

Compagnons du devoir, Encyclopédie des métiers – l’art du couvreur, nd.

PLANAT P. La construction moderne journal hebdomadaire illustré, art, théorie appliquée pratique, Paris, Société d’édition et de publicité technique et artistique, 1889-1890 (hebdomadaire)

En savoir plus

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ContactMairiedeBordeauxwww.bordeaux.frwww.bordeaux2030.fr Direction générale de l’aménagement – direction du droit des sols et de l’architecture durable57 cours Pasteur 33 000 Bordeaux Tél. : 05 24 57 16 60 Courriel : [email protected]

Ordredesarchitecteswww.architectes.org308, avenue Thiers33000 BordeauxTél : 05 57 14 06 90Courriel : [email protected]

DRACDirectionrégionaledesaffairesculturellesSTAP Serviceterritorialdel’architectureetdupatrimoinewww.culture.fr 54, rue Magendie33 074 Bordeaux cedexTél. : 05 57 95 02 02 – Fax général (centre d’information et de documentation) : 05 57 95 01 25

CAUE Conseild’architecture,d’urbanismeetd’environnementdelagirondewww.cauegironde.com 140, avenue de la Marne33700 MérignacTél. : 05 56 97 81 89 – Fax : 05 56 47 10 62Courriel : [email protected]

Contact

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Réalisation de l’ouvrage

DirectionMichèle Laruë-Charlus

RédactionAnne-Laure Moniot, Sylvain Schoonbaert,

Jean-Xavier Neuville, Danièle Maman-Bensimon.

RelectureLa Ville de Bordeaux remercie Younes Ainar pour

les croquis et Leila Cantal-Dupart, Stéphane Caze

et Laurence Bouaouni pour leurs contributions.

Photographies et dessins Sauf mention contraire, Mission recensement

du paysage architectural et urbain, d’après les ouvrages

indiqués dans la bibliographie.

Conception création JB Blom /www.blomstudio.fr

Achevé d’imprimer sur les Presses de l’imprimerie BLFà Bordeaux, Octobre 2013.