Les Theories Psychanalytiques

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    QUE SAIS-JE ?

    Les thories psychanalytiques

    du groupe

    RENE KAS

    Professeur mrite de psychologie

    et psychopathologie clinique de l'universit Lyon-II

    Cinquime dition mise jour

    17e mille

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    Introduction

    s problmes auxquels tentent de rpondre les thories psychanalytiques du groupe se sont fus leffet de trois sortes de ncessits : la ncessit sociale-historique, la ncessit cliniqcessit dlaboration pistmologique interne la pense psychanalytique.

    Lintrt pour le groupe et le malaise daa culture

    ntrt port au groupe par les sciences humaines est troitement associ aux divmposantes de la crise du monde moderne. Les priodes de dsorganisation sociale et cultureactrisent par les dfaillances des garants mtasociaux et mtapsychiques : par le drgleme

    rs fonctions dencadrement, de croyances partages et de reprsentations commbranlement de ces garants, qui recueillent tout limplicite dune civilisation, atteintrticulirement les fondements de lordre symbolique : la loi qui simpose tous et orgnsemble se substituent larbitraire et lanomie. Les effets psychiques de cet branlement etfaillance des garants sont lobjet de lanalyse du Malaise dans la culture que Freud entrep1929. Soixante-dix ans plus tard, ce malaise pourrait tre qualifi par trois sortes de troubles

    le trouble dansles tayages de la pulsion et dansle pacte des renoncements pulsionnels pancessaires la vie en commun, ces troubles pathognes sexprimant par la dsintric

    pulsionnelle, par les clivages du moi correspondants et par la mise en chec des sublimatiole trouble dansles identifications et dans les systmes des liens se manifeste traverdsorganisations des repres identificatoires et des frontires du Moi ; ce trouble particippathologies des personnalits comme si ou borderline, aux insuffisances ou aux hypertrodes fonctions de lidal. Il sexprime dans les dfaillances des contrats intersubjectifs (conarcissiques, communaut de renoncement, pactes dngatifs) sur lesquels reposent les gde lespace o le Je peut advenir et shistoriser dans une appartenance un Nous. Les rechecontemporaines sur la transmission de la vie psychique entre gnrations, sur ses achoppeet ses rats dans la formation du sujet de lhritage , mettent au jour la consistance dtroubles ;le trouble dansles certitudes et dans les systmes de reprsentations partages est lunsymptmes les plus intenses du malaise dans le travail du sens et de linterprtation : accentu par la dfaillance des repres identificatoires, la dtrioration des processsublimation, le renforcement des effets tribaux. Les psychopathologies du lien intersubjecsont circulairement entretenues.

    ce ces malaises et ces troubles, le groupe est invent ou rinvent pour restaurer les fonta-psychiques sur lesquelles reposent les tayages et les pactes de renoncement, lefficacerdits structurants, les repres identificatoires, les croyances et les reprsentations parta

    nvention psychanalytique du groupe tmoigne de ces grandes ruptures de la modernit. E

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    nstruit une laboration spcifique, distincte de celles que proposent la psychologie ciologie : son intrt se spcifie par lattention quelle porte aux effets de linconscient socessus de groupe, autant que par les effets de groupe sur les processus psychiques.

    s spculations freudiennes sur les groupes et les institutions, les toutes premires tentatives pliquer des traitements rputs rfractaires la cure individuelle sont contemporaines du prveloppement de la psychanalyse, avant et aprs la Premire Guerre mondiale (Totem et T12-1913 ; Psychologie des masses et analyse du Moi, 1920-1921). Les premires esquoriques se constituent dans la priode qui suit la fin de la Seconde Guerre mondiale, puis prahories prennent un essor remarquable dans les annes de laprs-guerre.

    ntrt psychanalytique pour les groupes sest ainsi trouv associ aux grands bouleversement qualifi les priodes de catastrophe sociale de la premire moiti du xx e sicle. Il est rises le rsultat du double travail, psychique et culturel, de la guerre, travail de llaboratio

    ptures et des crises provoques par la destruction volontaire et systmatique de pans entiersvilisation, par la mise en chec de lordre symbolique quelle soutient.

    s thorisations psychanalytiques sur les groupes connaissent un nouveau dveloppement au

    s annes 1960, au fur et mesure que se prcise la mthodologie de la psychanalyse appliqte exprience de linconscient et au traitement de troubles psychiques jusqualors gure accesrement. Ce dveloppement accompagne le mouvement social de lindustrialisation rbanisation ; il suit la dsorganisation et la transformation des grands repres mtapsychiqtasociaux qui gouvernaient les liens intersubjectifs dans les relations familiales et groupales.

    ntrt de la psychanalyse pour le groupe est dabord fond dans lattention que Freud a portuvements de violence qui ont agit son propre groupe, sous leffet de la rvolution psychiturelle dont il a t la matrice et le porteur. Cet intrt est aussi li lintuition majeure de

    la dtermination et la consistance intersubjectives de la vie psychique. Lorsquil dcrit dansTaboule processus qui accomplit le passage de la horde la civilisation, Freud conjugue au m deux proccupations.

    pendant, cet intrt se caractrise par une oscillation constante qui traversera le mouvemennse psychanalytiques : tantt il est pens comme lensemble de liens qui forment la matriceych et comme le passage oblig vers ldification de la civilisation ; tantt il est dnonc colieu de la rgression vers la horde sauvage et mortifre, machine de destruction des positif dalination et de captation imaginaire. Cest un objectif de la recherche psychanalytiqe en quoi et dans quelles conditions le groupe est lun et lautre, et non lun ou lautre.

    de que le groupe est une conqute de la civilisation est antrieure aux thmes de la spcuudienne. Toutes les cultures ont reconnu les vertus civilisatrices du groupe et les grandes fonil assure dans le dveloppement et le maintien de la vie psychique. Contre la solitude, la dtre

    peur, contre les dangers et les attaques du monde externe et du monde interne, le groupe prsystme de protection et de dfense en change dun contrat dappartenance permanente au grcontrat est fond sur des identifications mutuelles, sur des reprsentations et des idaux comdes alliances conjointes et sur des renoncements rciproques aux satisfactions pulsionn

    mdiates et aux idaux personnels. Le groupe relie ses membres parce quil fonde et mai

    cohsion personnelle : tout ce qui concourt rassembler le groupe, en resserrer les liens, membres par lidentification une imago idalise (figure divine, hros, chef ou ide q

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    ument) un totem qui inscrit chacun dans une ligne et dans une fraternit, toutes ces produychiques de groupe les unifient au-dedans deux-mmes ; elles dessinent les limites du dedanshors, de ltrange et du familier, de lami et de lennemi.

    fond religieux de la groupalit est le support du sentiment dappartenance ; au principe decollective, il en soutient les fonctions initiatiques : le groupe institue et gre les rites de pa

    un tat un autre : de la nature la culture, de la naissance la mort, de lindiffrenciatiofrenciation sexuelle, dune gnration une autre. Il en soutient aussi les fonrapeutiques : le groupe est thrapeutique parce quil est le lieu de la runification interne, le li

    ns et le lieu du lien, laccord retrouv entre le rve et le mythe.

    groupe joue un rle intermdiaire dcisif dans les rapports et les mouvements dquilibrensformation qui affectent la socit dans les diverses dimensions de son organisation soturelle, conomique et politique. Il tient de ces fonctions intermdiaires sa valeur dinstrumsocialisation, pour autant quil assure la continuit et le passage entre le groupe primai

    mille), les groupes secondaires (groupes de pairs, groupes dapprentissage, groupes de pressi corps social. Cest dans ces groupes que stablissent et se transmettent les contrat

    ganisent les savoirs communs, les idaux partags, les systmes de dfense et de prote

    tuels.

    ns toutes les socits et toutes les priodes de lhistoire, le groupe a t utilis comme un ouoduction et de reproduction de la vie psychique, des valeurs morales, des savoir-faire, hesse et des ides Son rendement est alors estim suprieur celui de la somme des n

    dividuelles. La prise de conscience collective de cette proprit ne sest faite quau dbut ducle, lorsque linstrumentalisation du groupe sest mise au service des besoins de lindustrialise force, ou une dynamique , du groupe est reconnue la fois dans ses aspects positireprise, le rendement utile ; voir Taylor) et ngatifs (dans le champ social, la destructivit ass

    ette force ; voir Tarde et Le Bon).

    s grandes constructions mythiques sous-tendent lauto-reprsentation du groupe, de sa valeufinalits et la justification de son fonctionnement pour lensemble social. Notons ici la puis

    s mtaphores organiques qui traversent ces reprsentations : le groupe, pour tre efficace, dot dun esprit de corps , et ses membres , du mme sang , doivent faire corps avechef et avec tous ceux auxquels est confie la fonction de penser et de dcider : la ttecerveau . Cest dans le mme registre mtaphorique que le groupe est rput dangprvisible comme une femme saoule (V. Hugo).

    crainte que le groupe ne favorise la rgression vers la horde primitive est un grand thmrsentations du groupe dans lesquelles agissent les fantasmes, les angoisses inconscientes canismes de dfense contre celles-ci. Il nest pas tonnant que ce soit l un thme majeu

    riodes sensibles de lhistoire et des transformations sociales : la dnonciation des groupuscMai 1968, la traque aux psychanalystes pratiquant le groupe sous la dictature en Argenti

    moignent. Les chos sen taient dj fait entendre dans les thories de Le Bon et de Tarde, tif de la grande peur des masses, des groupes dissidents, souponns de comploter conbilit sociale. Le groupe est rput dangereux lorsque la dsorganisation sociale vient reprsdsorganisation pulsionnelle et, rciproquement, lorsque la dsorganisation pulsionnel

    ojette dans les mouvements sociaux, qui deviennent ainsi, sous leffet de cette circu

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    llement dangereux. Tout se passe comme si les soupons qui psent sur le groupe, pousons qui tiennent dabord aux fantasmes archaques quil veille, taient accrdits dans cernjonctures sociales et traversaient tous les modes de pense, y compris les plus habituellionnels.

    I. Les nouveaux problmes cliniques

    qualification du groupe comme moyen direct ou comme contexte du traitement des maychiques est connue de longue date, aussi bien chez les Grecs de lpoque classique que dailisations africaines traditionnelles. Les mouvements de pense qui aboutissent en Occidenmire rvolution psychiatrique font du groupe un instrument thrapeutique qui fourni

    ernative la contention et lisolement dans les murs de lasile : le lien intersubjectif soigne.

    e des contributions majeures de la psychanalyse a t de comprendre que le groupe mobilisocessus psychiques et des dimensions de la subjectivit que ne mobilisent pas, ou pas de la nire ni avec la mme intensit, les dispositifs dits individuels .

    s dispositifs de traitement individuels se rvlent inadquats dans tous les cas o les transfeuvent stablir dans le cadre du colloque singulier thrapeute-patients. Ils ne sont pas pertsque sont en cause les conjonctions de subjectivit qui organisent la pathologie des lieuple, de famille, dinstitution. Les dispositifs de groupes sont indiqus chaque fois que labosouffrance des patients exige que soient dabord tablies ou rtablies les conditions dun conychique plurisubjectif, de telle sorte que le groupe puisse progressivement sinternaliser eveloppe psychique ; celle-ci pourra alors recevoir les fantasmes et les objets didentificcessaires lmergence dun sujet la fois singulier et solidaire dun ensemble dont il particnt il procde.

    traitement dans un dispositif de groupe psychanalytique des enfants trs gravement perturbtaines pathologies de ladolescence, des souffrances de laddiction et de squelles traumatntre lefficience de la fonction pensante de lautre (de plus dun autre) dans la restauratictivit de la mmoire, du langage et de linterprtation. Dune manire ou dune autre, touubles affectent la structuration et lactivit du Prconscient. La question si difficile des indicrapeutiques se pose dans ce contexte, et non dans une perspective purement nosographique erroge en quoi les processus psychiques qui se dveloppent dans une situation psychanalytiqoupe soutiennent ou non le travail thrapeutique chez tel sujet ; elle explore les voies tr

    quelles seffectuent les transformations et les rsistances quelles rencontrent.

    II. Lapproche psychanalytique du grouponsistance du champ et de lobjet

    psychanalyse a soutenu, dabord sur un mode spculatif et ensuite en confrontationxprience clinique dans un dispositif appropri, lide dune ralit psychique spcifique da

    oupe, ralit irrductible la simple juxtaposition, ou mme linteraction, des r

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    ndividuelles .

    telles propositions rencontrent ncessairement un dbat pistmologique. En effet, la thoriles objets thoriss de la psychanalyse se sont essentiellement forms partir de la situnceps et paradigmatique de la cure individuelle, dans laquelle chaque sujet est trait un par un,dispositif qui ninclut que lanalyste et lanalysant. Toutefois, la thorisation sest aussi tou

    te en extension par rapport sa situation mthodologique dorigine, et selon trois ncipales :

    r la voie de la spculation et de limagination. Cest bien videmment le cas de Freud lorsit Totem et Tabou, Psychologie des masses et analyse du Moi, Malaise dans la culture, LH

    ose; ou lorsque, afin den explorer le champ de pertinence et den tirer des lments de valid applique la psychanalyse la cration artistique, la mythologie ou la civilisation. Cett

    aussi celle quempruntent la plupart des constructions critiques formules a priori parychanalystes qui nont pas une pratique de groupe.

    r la voie de la confrontation clinique.Les amnagements de la cure ont rendu ncessaires certlaborations dans la conduite de la cure et dans la conception de lespace psychanalytique ; i

    t apparatre la spcificit et la relativit de chaque dispositif psychanalytique, montrant que cntre eux slectionne une certaine configuration de la vie psychique et quil produit des restes emple, les effets de groupe non analyss sur le processus psychanalytique de la cure. Ces nouthodes de la psychanalyse appliques au traitement des enfants, des adolescents et des aistes, psychotiques, borderline, narcissiques et antisociaux ont rendu ncessaires cer

    visions de la thorie et de la mthode de la psychanalyse elle-mme.

    r la voie de la critique interne la thorie psychanalytique.Admettre une pluralit de disportinents pour engager un traitement et une connaissance de linconscient conduit suppose

    taine htrognit topique et structurale de lInconscient non seulement chez un mme sujetcore dans ses localisations intersubjectives : on connat mieux aujourdhui commenmations de lInconscient qui appartiennent un sujet sont hberges dans la psych dunet.

    travers toutes ces approches, la dfinition mme de lInconscient comme objet thorique ychanalyse, le modle dintelligibilit de lappareil psychique, la conception du sujet et bjectivit connaissent ncessairement des transformations. En effet, partir du moment oculations de Freud sur les groupes et le lien intersubjectif trouvent un cadre mthodoloopre en travailler les hypothses, les noncs de la thorie spculative sont susceptibles

    viss ; ds lors que des thories sont construites pour rendre compte des formes et des procesralit psychique qui apparaissent dans la clinique des groupes, ces thories sont en incidencthorie gnrale de la psychanalyse. Elles redfinissent une connaissance de linconscient mes de subjectivit correspondantes.

    dbat interne la psychanalyse tient pour lessentiel dans cette question : quelle est la consischamp et de lobjet que constitue lapproche psychanalytique du groupe ? Une thorie peu

    nsidre comme psychanalytique : 1/ si le champ de ses objets est constitu par les formationsocessus inconscients et par les effets de subjectivit qui sy constituent ; 2/ si les mod

    laboration de cette thorie se fondent sur une situation construite pour en rendre manifesteserprter les effets.

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    lon le premier critre, une thorie psychanalytique du groupe doit rendre compte des diffveaux de la ralit psychique qui sy manifestent. Elle devrait donc tre :

    une thorie de la ralit psychique propre au groupe en tant quensemble spcifique. Dancadre, groupe dsigne la forme et la structure dune organisation des liens intersubjentre plusieurs sujets de lInconscient telle que leurs rapports produisent des formations processus psychiques spcifiques ;une thorie des liens intersubjectifs dont le groupe est la manifestation et, pour une pamatrice ;une thorie du sujet de lInconscient en tant quil est sujet de/dans lintersubjectivit. Unethorie peut inclure lhypothse selon laquelle le groupe constitue lun des lieux de la formde lInconscient. ce troisime volet de la thorie sajoute une hypothse forte selon la groupe dsigne la forme et la structure dune organisation intrapsychique caractrisles liaisons mutuelles entre ses lments constitutifs (des objets psychiques) et par les fonquelle accomplit dans lappareil psychique et dans les liens intersubjectifs. Selon conception, la groupalit psychique est essentiellement une organisation caractristique matire psychique, et les groupes internes sont les organisateursdes liens de groupe.

    s trois niveaux logiques dfinissent des espaces psychiques htrognes lun lautrensistance et de logique distinctes. Les premires thories du groupe ont port sur le gnsidr comme entit psychique spcifique : ce sont les plus labores, mais ce sont des thtreintes. Les recherches contemporaines se proccupent davantage des diffrentes mod

    articulation de lespace psychique du groupe avec celui des sujets qui le constituent et de ports de fondation rciproque. Ces thories du lien sont au point de jonction des thori

    oupe et des thories du sujet.

    ant au second critre de toute thorie psychanalytique, il dpend de la manire dont est con

    atiqu le dispositif mthodologique qui soutiendra la situation psychanalytique. Ce dispositiondre trois exigences : rendre manifestes les effets de linconscient dans les procociatifs et dans le champ transfro-contre-transfrentiel ; soutenir les rapports dagenceme

    appareillage entre les espaces qui se rencontrent dans le groupe ; interprter les transformatio espaces, leur diffrenciation et leur fusion sous leffet du travail psychique qui sy produit.

    s diverses manires de concevoir la consistance et le champ des objets de la psychanalyuation de groupe entranent non pas une thorie unifie, mais des thories psychanalytiquoupe. Dans la mesure o le sujet pistmique est sujet de linconscient et sujet du groucoupe son champ dune manire qui correspond la diversit des voies daccs lInconscipropose des modles dintelligibilit qui correspondent la diversit de ces versions. Il lais des questions quil ne peut pas concevoir ou mettre en travail. Cest de le reconnatre qui ee certaine objectivit dans les constructions thoriques ; cest aussi de mettre ces constructipreuve de leur cohrence et de leur performance dans la clinique ; et cest enfin dacceptprises que rserve toujours linconnu de lInconscient.

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    Chapitre I

    Linvention psychanalytique du groupe

    invention psychanalytique du groupe sinscrit dans le contexte des grandes ruptures stmodernit ; elle sinscrit aussi dans le mouvement psychanalytique. Elle sest faite en plupes, en plus dun lieu et sur des bases thoriques et mthodologiques diverses ; dans tous lee sest produite dans les marges de la psychanalyse, mobilisant des rsistances de toutes sis suscitant une laboration qui interroge certaines de ses hypothses fondatrices.

    Freud et le groupe

    a matrice groupale de linvention de la psychanalyse

    question du groupe a t introduite dans la psychanalyse ds son origine, avec insistanistance, au point que cette affinit conflictuelle entre groupe et psychanalyse a fait du gutre matrice fconde et traumatique de linvention de la psychanalyse : son institution nsmission, sa thorie et sa pratique portent les traces des enjeux passionns, souvent violetitivement traumatiques, qui ont t enfouis dans sa fondation. Tout se passe comme si la mu

    e Freud a lui-mme dcrite entre le rgime psychique et culturel de la Horde et celui du Gilis et crateur de pense devait tre constamment remise en travail dans linstitution

    ychanalyse, comme sans doute dans toute institution.

    tte affinit conflictuelle irrsolue pourrait tre rapporte, pour une part, ce paradxploration du plus intime, du plus cach et du plus singulier, contre laquelle se mobilisent les njoints de la censure intrapsychique et de la censure sociale, cette exploration ne ntreprendre que dans une relation intense de petit groupe etcontre certains effets de cette relat

    est dans la rupture avec Fliess, le double narcissique, que se forme linitiative de Stekel le ge Freud convoque et runit autour de lui. La psychanalyse se cherche en ces deux

    symtriques et corrls entre eux par des voies de liaison encore mconnues : lespace singulsituation psychanalytique de la cure et celui, pluriel, multiple, cadr lui aussi, mais hors ritable situation psychanalytique, du groupe que constituent les premiers psychanalystes autoeud. Dans ces deux espaces antagonistes et complmentaires sprouvent et slaborenmultueuses dcouvertes de lInconscient, travers ses surgissements dans la solitude et daissitudes du lien intersubjectif. plus dun titre, le groupe sera la contreface cache et ombralespace de la cure.

    eud a besoin de ce groupe pour tre, tels Schliemann, Alexandre et Mose, le dcouvreur derre promise perdue. Dans le groupe qui lentoure jusqu quelquefois lui devenir insupportauve un cho de ses penses : il lui porte la parole qui dit les choses de lInconscient, il linstru

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    ocdures et des rgles de connaissance ; en retour, le groupe lui apprend les choses damour et de haine que tissent les hommes rassembls autour de leur idal commun. Le grou

    filtre pour ses motions, un pare-excitation auxiliaire, lobjet sur lequel il exerce son emns son groupe, il prouve les butes de la rsistance la psychanalyse que lui opposeciples, mais ils lui opposent aussi leur altrit, leurs diffrences et leurs diffrends.

    ns cette premire et ncessaire invention du groupe au cur de la psychanalyse, le groupmiers psychanalystes sera la scne o le Moi hroque de Freud pourra sexalter,

    ploieront ses projections grandioses, ses identifications hystriques, ses dramatisasochistes, son fantasme de primaut et ses rcriminations dtre seul et abandonn de

    agencement ou lappareillage des psychs trouvera un principe dans ces organisateonscients des liens intersubjectifs entre ses disciples, ses fils et ses frres.

    scne du premier groupe psychanalytique sera lespace o se dploiera le fantasme de la mitive de la recherche et de la dcouverte de lInconscient. Elle sera pour les disciples de Fentiellement pour les hommes attirs par lui, la scne de leurs fantasmes de sduction tration : scne dans laquelle jouent simultanment ou successivement tous les avatars

    xualit, et spcialement ceux de lhomosexualit et de la bisexualit ; scne o se dramatise

    eux de la rivalit fraternelle, de la reconnaissance sans cesse relance, toujours insatisfaite, ur Freud le fils prfr, sinon lUnique.

    tte scne du groupe, qui sera le lieu de tant de scnes de famille et de scnes de mnage, ne prrelief et cette densit que parce quelle sera lespace qui recevra les transferts de transfert

    alyss ou insuffisamment analyss dans la cure, notamment les restes des transferts grandiosrscutoires, les rejetons de lillusion mobilise dans le groupe pour soutenir sa conqutnnaissance de lInconscient. Ce sont ces restes qui seront investis, entretenus et lis entre eux

    configurations interpsychiques du groupe des premiers psychanalystes. L se trouvent la m

    lnergie requises pour fonder lInstitution de la psychanalyse.dcouverte et lanalyse du complexe ddipe dans lespace intrapsychique ne chang

    asiment rien la reconnaissance, lanalyse et la rsolution de ses effets dans le chamports intersubjectifs de groupe. Tout se passe comme si les enjeux de ldipe luvre d

    oupe y devenaient mconnaissables, mme aprs que Freud eut tent de les reprer dans Totbou,dans cette analyse alors vitale pour lui, pour son groupe et pour la psychanalyse, du pasla Horde au Groupe. Cest que lagencement de la ralit psychique dans les groupes ne su

    actement les mmes voies et ne produit pas les mmes formations que dans lespace intrapsycne reste plus ds lors la psychanalyse qu en poursuivre la dcouverte, ds lors quelle pon projet de connaissance de lInconscient l o il se manifeste.

    es principales propositions de la spculation freudienne. groupe psychique

    s leProjet de psychologie scientifique(1895) et les tudes sur lhystrie (1895), le groupe appabord comme un modle de lorganisation et du fonctionnement intrapsychiques : il est une un processus de la psych individuelle. Freud nomme groupe psychique (der psychische Gr

    ensemble dlments (neurones, reprsentations, affects, pulsions), lis entre eux pa

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    vestissements mutuels, formant une certaine masse et fonctionnant comme des attracteurs de ligroupe psychique est dot de forces et de principes dorganisation spcifiques, dun systm

    otection et de reprsentation-dlgation de lui-mme par une partie de lui-mme ; il tablports de tension avec des lments isols ou dlis qui, pour cette raison, sont susceptibdifier certains quilibres intrapsychiques. La premire bauche freudienne de la dfinition dcelle dun groupe psychique ; la premire reprsentation de lInconscient est celle dun g

    ychique cliv.

    a psych de groupeattention explicite que Freud accorde aux phnomnes de groupe et de masse ne sexpliquulement par son souci dtendre la comptence de ses dcouvertes dautres niveaux de ralile de la psych individuelle. Cette attention ne peut pas davantage tre considre uniquemenspect de sa situation personnelle dans son propre groupe, mme sil rdige Totem et Taboudanuvement dlaboration de la crise personnelle, groupale et institutionnelle qui aboutit sa ru

    ec Jung. Sa mfiance vis--vis de la Menge, de la masse compacte des opinions convexquelles il se heurte comme son pre humili par la tyrannie de la majorit dominante fo

    ssi de puissants motifs son intrt ambivalent pour les masses, les institutions et les groupert se prcisera aprs les catastrophes collectives et les deuils personnels qui laffectent au la Premire Guerre mondiale ; il samplifiera lorsque dautres catastrophes se prpareront par lui pressenties : la monte des fascismes en Europe et, plus prcise, la menace du naAllemagne et en Autriche. Dautres raisons encore pourraient rendre compte de cet intrt.ment une synergie qui conduira Freud crire, sept ans dintervalle, deux ouvrages fond ne peuvent se rduire un simple exercice de psychanalyse applique.

    tem et Tabou nest pas seulement une spculation de Freud appliquant la psychanalysense des formations sociales ; Freud y dvoile le versant paternel du complexe ddipmposantes narcissiques et homosexuelles ; il y soutient des hypothses fortes sur la transmychique des formations transindividuelles de la psych, sur lorigine et loriginaire. De la mnire,Psychologie des masses et analyse du Moinest pas exclusivement un essai de psycho

    ciale , au sens o nous lentendons aujourdhui : Freud nutilise cette notion que pour introns la problmatique de la psychanalyse louverture intersubjective des appareils psychiques lex autres, en un lieu o peut se saisir conjointement la structure du lien libidinal entre pluets, la nature et le rle des identifications, la fonction des Idaux et la formation du Moi.LA

    une illusion, Malaise dans la culture et jusqu luvre ultime, LHomme Mose,maintiendroherche ouverte dans cette direction.

    tels sont le sens et la valeur thorique de lintrt que porte Freud aux groupes et aux ensemersubjectifs, lhypothse dune psych de masse (Massenpsyche) ou dune me de grruppenseele)avance dans la conclusion de Totem et Tabounest pas la pure et simple transposune notion emprunte la psychologie des peuples, lethnologie ou la psychologie socin temps. Reprise et labore en plusieurs endroits et en des temps successifs de luvre freudite hypothse suppose que des formations et des processus psychiques sont inhrents aux ensemersubjectifs ; elle implique que la ralit psychique nest pas localise tout entire dans lensidr dans la singularit de son appareil psychique.

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    rois modles du groupement

    1912 1938, de Totem et Tabou LHomme Mose, trois modles vont tenter de rendre comptmations et des processus de la ralit psychique mis en jeu dans le passage qualitatif de linda srie, et de la srie lensemble intersubjectif organis.

    premier modle introduit avec Totem et Tabou la notion que la ralit psychique propnsemble se dgage des effets de lalliance fraternelle pour tuer le pre de la Horde primitive.

    crit ainsi le passage de la Horde au Groupe institu dans la culture : les fils, ligus contre le chHorde admir et ha, fomentent et accomplissent un jour le meurtre du pre archaque ; ils dvn cadavre au cours du repas cannibalique qui suit ce meurtre, mais aucun ne peut assritage et la place du pre, chacun empchant lautre de le faire. Ce premier temps psychiquelincorporation du pre tu (G. Rosolato), signe lchec du processus dintrojection des qualire mort en chacun.

    sentiment de culpabilit, la tolrance rciproque et lnonc des interdits fondamentaux renssible la mise en place de ce processus. Il aboutira la naissance de la communaut des nde sur deux principes : linstauration du totmisme garantit quune entreprise semblable oduira jamais plus ; le renoncement la possession de toutes les femmes oblige ne sunirles qui nappartiennent pas au clan. Linterdit du meurtre et lexogamie rendent possible

    hanges symboliques.

    ychologie des masses et analyse du Moi est loccasion de proposer un deuxime modlocessus psychique de groupement : lidentification est le pivot qui ordonne la structure libids liens intersubjectifs. Les effets des identifications mutuelles par lesquelles seffectue la transs formations intrapsychiques sur une figure commune et idalise sont le meneur, ou le ch

    esprit de corps . Cette translation ou transfert implique de la part de chaque sujet un aba

    une partie de ses propres idaux et de ses propres objets didentification.

    ec Malaise dans la culture, Freud propose un troisime modle : le principe en est oncement mutuel la ralisation directe des buts pulsionnels. Le pacte de renoncement

    ssibles lamour et le dveloppement des uvres de civilisation. La communaut qui rsulte cte est fonde sur le droit : elle garantit la protection et les obligations obtenues en change de

    mitation. Dans ce texte, Freud introduit une nouvelle fois le narcissisme au centre des formlectives : le narcissisme de petites diffrences dlimite lappartenance, lidentit et la contlensemble ; il distingue chaque groupe de tout autre. Cette troisime diffrence , c

    les du sexe et de la gnration, spcifie le rapport de chaque sujet la psych de groupeuel il est narcissiquement tenu, et quil entretient.

    s trois modles fournissent les bases du dveloppement ultrieur des thories psychanalytiquoupe. Ils contiennent trois hypothses fondamentales : lhypothse dune organisation groupapsych individuelle ; lhypothse que le groupe est le lieu dune ralit psychique spcifiypothse que la ralit psychique du groupe prcde le sujet et la structure.

    articulation entre ces trois modles est esquisse par Freud : il dcrit des formations psychermdiaires et communes la psych du sujet singulier et aux ensembles (familles, grondaires, classes, nations) dont il est partie constituante et partie constitue : ainsi lIdal du

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    diffrentes figures du Mdiateur, les corrlats mythiques des fantasmes, la communauttasmes et des identifications.

    utefois, ces propositions conserveront un caractre spculatif tant que des dispothodologiques ne seront pas construits pour les mettre lpreuve de la clinique. Elles susci

    ssi des attitudes contradictoires et des rsistances qui tmoignent de leur ancrage la fois cenrginal dans la psychanalyse. Quelques raisons peuvent en tre avances : elles tiennent assurla complexit et lhtrognit du groupe comme objet thorique, ses dimenrapsychiques, intersubjectives, institutionnelles et socitales. Elles concernent aussi lcartxprience et les laborations thoriques partielles quen autorise la situation de la

    dividuelle. Elles tiennent enfin la rsistance que provoque dans le groupe des psychanalysse au jour des enjeux conflictuels qui le traversent.

    I. Quelques jalons de linventisychanalytique du groupe aprs Freud

    entre-deux-guerres

    s premires formulations de Freud sur la psych de groupe et sur la psychologie des massesurnir les bases thoriques pour engager quelques psychanalystes dans la voie dune applicrapeutique de ces propositions. La plus radicale, mais inaboutie, fut sans doute celle de T. Bunt la rencontre avec Freud en 1909 aux tats-Unis est demble marque par le projet de propsychanalyse des sujets runis en groupe. La psychanalyse apparaissait Burrow

    clusivement centre sur lindividu, excluant de son champ les forces sociales qui le dtermin

    i pour une part sont responsables de sa pathologie.

    e continuit dans la conception du groupe et de ses fonctions stablit entre S.R. SlavsBurrow. S.R. Slavson fut lun des premiers, ds 1934, mettre en uvre un traitement des enfs adolescents par le moyen du groupe. Son objectif tait dorganiser ces groupes de telle sor tns un climat permissif, et sous la prsence dun thrapeute neutre intervenant a minima,les enblissent entre eux de bonnes relations. Le postulat de cette pratique est que toute psychopathoconstitue dans un milieu familial dficient ou traumatisant ; elle se caractrise par une faibigne de la constitution du Moi du jeune enfant et de ladolescent, et par leur mdioc

    uffisante capacit dintgration des conflits. Le modle sous-jacent est donc ici celnctionnalisme de lEgo psychology. Dans la mesure o le groupe est organis pour restaunsolider ces fonctions intgratives du Moi, il amliore le contrle des pulsions, assure la cats conflits, renforce ladaptation la ralit et dveloppe les capacits de sublimation : tououpe doit permettre au Moi de stayer sur lui pour retrouver un fonctionnement harmonieuxte perspective, qui inspire aussi celle de K. Redl, linterprtation psychanalytique est pr

    ujours rapporte lindividu et rarement au groupe : celui-ci na pas de vie propre et ne fait pnsquence, lobjet dune thorisation spcifique.

    en va de mme pour L.K. Wender et pour P. Schilder qui, au dbut des annes 1930, considr

    itement en groupe comme une des activits du psychanalyste et en proposent lutilisation

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    ients tats limites. La thorie de Wender sappuie sur lobservation du besoin de faire partie mmunaut chez le sujet malade ; elle postule lhomologation du groupe en tant que communfamille. P. Schilder utilise le traitement thrapeutique de groupe pour rtablir les form

    ychiques distordues, spcialement les idologies, sous leffet de linfluence familiale.

    s travaux et les expriences de ces prcurseurs accordent au groupe une importance fonctionur la thrapie individuelle. Il faudra attendre le dbut des annes 1940 pour que le disposoupe soit pensable comme entit spcifique par des psychanalystes confronts au traitenique de certains patients souffrant de pathologies aigus.

    plupart de ces psychanalystes devaient traiter ces problmes dans des dispositifs psychiatri, au total, les aggravaient, selon une logique folle dappareillage de la folie avec les institnt la tche primaire est prcisment de la soigner : ce fut le cas de E. Pichon-Rivire et de J. BBuenos Aires. Beaucoup dentre eux, comme S.H. Foulkes Londres, ont d rechercheernatives thrapeutiques devant des checs de la cure-type : les amnagements ncessaires rs difficilement pensables avec les catgories de la psychanalyse elle-mme. Dautres enco prendre en charge des situations durgence, des nvroses traumatiques engendres par la gils ont d inventer des dispositifs conomiques (au sens la fois financier et psychique du t

    ur les traiter, dcouvrant ainsi leur efficacit : ce fut le cas de W.R. Bion Londres au dbutconde Guerre mondiale. Ce fut aussi le cas des initiateurs des courants anglais et nord-amrla psychiatrie communautaire (Maxwell Jones, Woodbury ; Stanton et Schwartz, Kraft). D

    fin, dans la tradition franaise de la premire rvolution psychiatrique, montraient qutitutions de soins ont une capacit thrapeutique pour les malades psychotiques chroniques etpossible de mettre en uvre un traitement de groupe qui mobilise les processus individu

    lise les processus institutionnels : Ayme, Bonnaf, Daumezon, Oury, Paumelle, Racasquelles, H. et M. Vermorel furent en France des pionniers de la seconde rvolution psychiatvoquant ces pionniers, nous reconnaissons ce que lapproche psychanalytique des groupe

    courant de la psychiatrie communautaire et de la psychothrapie institutionnelle.

    es moments fondateurs : Londres, 1940

    des premiers foyers de linvention psychanalytique du groupe se forme Londres, en 1elques semaines aprs la mort de Freud, quelques mois aprs le dbut de la Seconde Gndiale, deux psychanalystes de sensibilit trs diffrente, Bion et Foulkes, mettent en uvpositif de groupe quils instituent sur le modle de la cure : ils fondent les bases dune thor

    oupes partir de cette nouvelle situation psychanalytique.

    R. Bion (1961) a dvelopp un puissant modle thorique pour rendre compte des formatis processus de la vie psychique dans les groupes ; il a mis en vidence la ressemblance deits avec les phnomnes dcrits par M. Klein dans ses thories sur les objets partiels, les angychotiques et les dfenses primaires. Les concepts quil a forgs prennent en considratioupe comme entit spcifique et permettent de qualifier de groupaux les phnomnes quoduisent.

    distingue deux modalits du fonctionnement psychique dans les petits groupes : le groupe de tr

    prvalent les exigences des processus secondaires qui organisent la reprsentation de lobjebjectif du groupe, lorganisation de sa tche et des systmes de communication requis po

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    lisation. Le groupe de baseo prdominent les processus primaires sous la forme de prsuppbase (basic assumption) en tension avec le groupe de travail. Le passage du groupe de ba

    oupe de travail seffectue selon une oscillation qui nimplique pas une dialectique de dpassem

    effet, le concept de prsuppos de base a t form par Bion pour qualifier les diffrents conssibles de la mentalit de groupe. Les prsupposs de base sont constitus dmotions intorigine primitive, qui jouent un rle dterminant dans lorganisation dun groupe, la ralisatitche et la satisfaction des besoins et dsirs de ses membres. Ils sont et demeurent inconsci

    umis au processus primaire, ils expriment des fantasmes inconscients. Ils sont utiliss pmbres du groupe comme des techniques magiques destines traiter les difficults contrent, et notamment viter la frustration inhrente lapprentissage par lexpriencesupposs de base sont aussi des ractions groupales dfensives contre les angoisses psychot

    actives par la rgression impose lindividu dans la situation de groupe.

    courant bionien sest dvelopp en Angleterre et dans de nombreux pays : M. Pines en a prbilan dans un ouvrage assez reprsentatif (sauf en ce qui concerne les travaux franais et italdis que R.D. Hinshelwood en a dvelopp les effets dans la pratique des communrapeutiques.

    courant de la Group-analysis a t constitu, par S. H. Foulkes, J. Rickman et H. Ezriel, notamdes bases thoriques et mthodologiques sensiblement diffrentes de celles de Bion. Fo

    ancfort auprs de K. Goldstein, Foulkes a conserv les ides centrales du gestaltisme cemes qui inspireront K. Lewin et de lapproche structurale du comportement : la totalit prparties, elle est plus lmentaire quelles, elle nest pas la somme de ses lments ; lindividu

    oupe forment un ensemble du type figure-fond ; lindividu dans un groupe est comme le dal dans le rseau des neurones.

    sens large, la groupanalyse est une mthode dinvestigation des formations et des procychiques qui se dveloppent dans un groupe ; elle fonde ses concepts et sa technique sur cernnes fondamentales de la thorie et de la mthode psychanalytiques, et sur des laborychanalytiques originales requises par la prise en considration du groupe en tant qucifique. Dans un sens plus restreint, la groupanalyse est une technique de psychothychanalytique de groupe.

    nq ides principales sont la base de la groupanalyse foulksienne : le parti dcoutemprendre et dinterprter le groupe en tant que totalit dans l ici-maintenant ; la prisnsidration du seul transfert du groupe sur lanalyste, et non des transferts intragroupau

    raux ; la notion de rsonance inconsciente(Ezriel prcise : fantasmatique) entre les membresoupe ; la tension commune et le dnominateur commun des fantasmes inconscients du grouption de groupe comme matrice psychiqueet cadre de rfrence de toutes les interactions.

    s premires thories psychanalytiques du groupe sont des thories qui traitent le groupe coe entit psychique spcifique. Elles tablissent la diffrence entre lespace intrapsychique recr la pratique psychanalytique de la cure individuelle et un espace psychique engendr par lesgroupe. En prenant appui sur les propositions de Freud mais aussi sur celles de Lewin ttent en vidence que le groupe nest pas la somme de processus individuels, mais quil po

    e organisation spcifique dont linventaire et le fonctionnement allaient pouvoir tre entron ces thories et des variantes prs, les contributions des sujets participants du group

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    nsidres comme des processus et des contenus, anonymes et dsubjectiviss, contribuanmation de la mentalit de groupe (Bion), ou subordonns la matrice groupale (Foulkes).

    courant foulksien sest dvelopp en Angleterre et travers le monde comme une rforique fortement soutenue par une cole de formation de groupanalystes (cf. M. Pines, 1983gleterre, les principaux travaux ont t mens par P.-B. de Mar, M. Pines, D. Brown.

    Angleterre, dans les courants nord-amricains, dans certains pays dAmrique latine, danurants suisses (R. Battegay, P.-B. Schneider), italiens (F. Napolitani, F. Di Maria), allem Knig, A. Heigl-Evers, K. Husemann, R. Schindler), autrichiens (W. Schindler), espagnmpos Avilar, N. Capparos) et portugais (E. Cortesao).

    s propositions de Foulkes ont t reues en France avec une certaine ambivalence. Dun cturnissaient de puissants modles dintelligibilit des processus groupaux. Dun autre ct, cs thories do le sujet, avec ce qui le singularise (son histoire, son emplacement dans le fanonscient, lidiosyncrasie de ses pulsions, de ses reprsentations, de ses mcanismes de dfuvait disparatre dans lattention porte au groupe en tant quentit spcifique. Une partpinion psychanalytique trouvait en Lacan un cho lorsquil fustigeait les effets de groupe cocrot dalination du sujet dans les identifications imaginaires et les allgeances arasan

    mpratif de la Masse . Pour que les ides doutre-Manche (et doutre-Atlantique) cueillies en France, il fallait dabord restituer au groupe sa valeur dobjet psychique pouets : alors, des recherches pourraient sengager sur les articulations entre le groupe et legulier considr comme sujet du groupe.

    contribution de M. Balint la thorisation psychanalytique du groupe doit tre rappele, bieconnaissance des processus profonds de la dynamique des groupes semble avoir t restreiil nait pas pratiqu la psychothrapie de groupe. Son influence fut considrable dans la mvre du groupe comme moyen dapprentissage de nouvelles conduites professionnelles et co

    rain de recherche sur les processus relationnels des mdecins. Balint a su utiliser les ressourcdentification au leader et entre les membres du groupe pour soutenir la construction de leur idofessionnelle. Ses rfrences thoriques sont empruntes Bion, mais l nest pas son origie tient sans doute son hritage frenczien, sa thorie de lamour primaire ; elle se fond

    mportance des contacts et des changes avec lenvironnement ds la naissance et, corrlativele rle dterminant quil attribue lexprience de sparation dans les modalits de lmer

    lobjet : les conduites typiques, ocnophiles (dagrippement) ou philobates (dloignement) enconsquences. Les ides de Balint ont t relativement peu dveloppes dans les th

    ychanalytiques du groupe. Ses collgues anglais (Gosling, Turquet) ont surtout dvelopppects techniques de ce groupe de travail particulier, engageant des analyses prcieuses sntifications prcoces par la peau du voisin et mettant en vidence les angoisses prouveparticipants en groupes larges ou vastes. En France, les travaux de J. Guyotat, de M. SapirMissenard ont apport des vues nouvelles sur le rgime des identifications et des affiliation

    nctionnent dans tous les groupes.

    es moments fondateurs : Buenos Aires, 1950

    psychanalyse argentine dans son ensemble est traverse par les apports de E. Pichon-Rivire

    Bleger : leur contribution spcifique est davoir tent une articulation consistante entre leychique individuel et lespace psychique du groupe et des institutions.

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    Pichon-Rivire (1971) propose une comprhension du groupe situe larticulation entre cerpothses psychanalytiques et des hypothses empruntes autant la psychologie gntique eychologie sociale qu divers courants philosophiques. Il postule une psychologie socialebjet dtude est le dveloppement et la transformation dune relation dialectique entre la struciale et la configuration du monde interne du sujet, relation qui est aborde travers la notin . Il propose simultanment une thorie du sujet dans laquelle le sujet nest pas seulement unrelation, mais aussi un sujet produitdans une praxis : Il nest rien chez lui qui ne soit la rsulinteraction entre individu, groupes et classes.

    concept de lien est central dans luvre de Pichon-Rivire. Sa rflexion a pour point de ds 1936, les problmes poss par le traitement de la folie dans le cadre de la psychiatrie socuelle il travaille donner forme et outils conceptuels. Un grand nombre de ces outilsprunts la psychosociologie de la communication et la thorie des rles, approchennent demble le sujet non comme un tre isol, mais comme inclus dans un groupe dont la

    la famille : et, puisque le groupe familial est insr dans le champ social qui lui confnification, la conceptualisation qui en rsulte sera donc essentiellement psychoso

    ciodynamique et institutionnelle. Pichon-Rivire considre ainsi que lapparition de la psyez un membre de la famille est un mergent original qui exprime et prend en charge la m

    ntale de toute la famille : le dlire que construit un membre de la famille doit donc se comprmme une tentative de rsolution dun conflit dtermin et, en mme temps, comme une tentatonstruire non seulement son monde individuel, mais principalement celui de son groupe fam

    condairement le social lui-mme.

    est toujours lexprience hospitalire qui conduit Pichon-Rivire inventer ce quil nommeoupes opratifs : il organise pour les infirmiers des groupes dapprentissage au cours desqupense ses connaissances de psychiatre en les soumettant leur laboration. Les attitudeirmiers changent, leur comptence saccrot. Sur la base de cette exprience, il propose en 1

    tion de schma conceptuel rfrentiel et opratif (Scro). Le schma conceptuel est un enseganis de concepts gnraux sur les conditions dans lesquelles les phnomnes empirparaissent et sont relis entre eux : le schma est rfrentiel dans la mesure o il se rapporamp (ou au fait concret) sur lequel on rflchit et opre, aux connaissances auxquelles on se ur rflchir et oprer ; le schma est opratif dans la mesure o il manifeste ladquation nse et de lnonc avec son objet, cette oprativit tant source de dcouverte. Pichon-Rveloppera les applications de ce modle dans divers domaines : groupes familiaux et grapprentissage, thorie du lien, thorie des groupes internes, thorie de la communication.

    des apports fondamentaux de J. Bleger la thorie psychanalytique du groupe est la distinil propose dtablir (1971) entre deux niveaux ou modalits de sociabilit : la socia

    ncrtique et la sociabilit par interaction. La premire est la plus originale, mais elle ne pmprendre sans la seconde. La notion de syncrtisme, centrale dans la thorie de Bleger, dfit de non-discrimination qui compose la ralit psychique de lindividu, mais aussi de tout gde toute institution. Chez lindividu, cet tat de non-individuation est constitu des parties duncrtique dpos dans un contenant, dont Bleger a thoris un aspect essentiel dans sa thodre. Tout comme cadre et processus sont corrlatifs lun de lautre, Bleger soutienradoxalement lidentit dun individu est tributaire de son Moi syncrtique . Quantciabilit par interaction, elle implique une relation dobjet interne, une diffrenciation dans le

    ychique et dans lespace intersubjectif.

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    s recherches contemporaines des psychanalystes argentins sexpriment dans les travaux suconfigurations de liens , elles visent une problmatique transversale la diversit des lienuple, de parents, de filiation, de famille, de groupe et dinstitution. Les travaux de rfrenveloppent dans le cadre de lAssociation argentine de psychologie et de psychothrapie de grec les apports notables de J. Puget et I. Berenstein, M. Bernard, D. Maldavsky, M.-L. Chritage de E. Pichon-Rivire sexprime aujourdhui peut-tre davantage dans les recherches soupes dapprentissage et dintervention dans le champ social (A. de Quiroga). Les recherchcole argentine ont t diffuses en Europe avec la diaspora sud-amricaine conscutive aux adictature : en Espagne avec les travaux de Grinberg, Caparros et Kesselmann, en France avais de A. Eiguer notamment, en Italie avec A. Bauleo et J. Onderza Linares.

    es moments fondateurs : Paris, 1960

    France, le dveloppement des pratiques psychanalytiques de groupe la fin de la Seconde Gndiale se fit, pour une part non ngligeable, sous leffet des efforts entrepris pour reconsrganisation conomique et sociale branle par le conflit dont le pays venait de sortir. La prnsidration des impratifs de sant publique et de gestion des ressources thrapeutiques a f

    ntre des pratiques et des thories groupales dans les milieux psychistes . Ces prasentaient plusieurs sortes davantages : la possibilit de proposer des soins psychiques unand nombre de sujets tait particulirement congruente avec les objectifs de la Scurit suvellement cre ; le renforcement des processus de socialisation, notamment dans linstiychiatrique, participait la critique du caractre chronicisant et concentrationnaire dtitutions ; des techniques de groupe, utilises dans lentreprise pour laborer et grer un lectif, stimuler la crativit, amliorer les relations humaines , renforaient la cohsion soles Idaux du Moi. Tous ces objectifs ingalement explicits rencontraient plus ou moinurants issus de lego psychologyalors en plein essor ; laccent quils mettaient sur les process

    ocialisation et de radaptation du Moi dveloppait lchelle de la socit une forme de lillure du groupe le levier psychologique de la rsolution des problmes sociaux. Vieille utopiedterminants seront points par les critiques de lidologie incluse dans les courants grouparicains, notamment dans les projets grandioses dun Moreno qui trouvait en Europe un cho

    nsidrable.

    ur une autre part, lessor des investigations psychanalytiques sur le groupe est troitement liissitudes qui ont affect le mouvement psychanalytique franais au dbut des annes 1960 : coscissions conscutifs aux divergences sur la formation psychanalytique et sur la conduite re, cration de nouvelles institutions : lcole freudienne de Paris en 1963, lAssoc

    ychanalytique de France en 1964. Ces ruptures et ces crations sont accompagnes de violents groupe, la fois cultivs et dnoncs : leur consistance traumatique entretiendra une exciiviste ou paralysante, rptant ainsi lemprise du groupe sur les premiers psychanalystes

    nforcement de linterdit de le penser : a fortiori den laborer une pratique qui soit recomme psychanalytique. Le clivage entre le rle considrable jou par le groupe dans la fondati

    psychanalyse et son rejet comme objet antipsychanalytique, impropre llaboychanalytique, ne pouvait que produire un retour de la violence dans le rel des institutions.

    troisime mouvement sexerce en sens inverse du premier et du deuxime. Des psychanal

    gure lis Lacan, entreprennent la critique dune approche psychologisante des groupepliquerait en surface les concepts psychanalytiques sans les repenser dans le rapport leur obj

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    tiquent aussi la dynamique des groupes lewinienne et le courant mornien, et spcialemenaginaire de la gurison sociale par le psychodrame et la sociomtrie. Ces mouvements etiques vont stimuler le travail des psychanalystes franais qui sintressent au groupe soit en t le plus souvent dans le cadre de linstitution psychiatrique ou dans le cadre dassociatio

    cherches psychanalytiques et de formation par le moyen du groupe.

    s hypothses qui organisent les travaux des psychanalystes franais sur le groupe au milienes 1960 peuvent se rsumer en trois propositions principales :

    le petit groupe comme objet : J.-B. Pontalis (1963) a restitu au groupe sa valeur dobjet psychur ses sujets : Il ne suffit pas de dceler les processus inconscients qui oprent au seinoupe, quelle que soit lingniosit dont on sache alors faire preuve : tant quon place hoamp de lanalyse limage mme du groupe, avec les fantasmes et les valeurs quelle porte, onfait toute question sur la fonction inconsciente du groupe. Mis en perspective dans le c

    ychanalytique, le groupe est dabord considr comme un objet dinvestissements pulsionnelsrsentations inconscientes ;

    le groupe comme ralisation des dsirs inconscients : en 1966, D. Anzieu propose un m

    ntelligibilit du groupe comme entit partir du modle du rve : le groupe est,comme le rvyen et le lieu de la ralisation imaginaire des dsirs inconscients infantiles. Selon ce modnomnes divers qui se prsentent dans les groupes sapparentent des contenus manifestrivent dun nombre limit de contenus latents. Si le groupe est, comme le rve, une raliaginaire dun dsir, alors les processus primaires voils par une faade de processus secondant dterminants. Le groupe, quil accomplisse efficacement la tche quil sest assigne ou quralys, est un dbat avec un fantasme sous-jacent. Il est une scne de projection des topernes. Comme le rve, comme le symptme, le groupe est lassociation dun dsir inconscieerche sa voie de ralisation imaginaire et de dfenses contre langoisse que suscitent dans le m

    s accomplissements ;lappareillage groupal des psychs :R. Kas a reformul la fin des annes 1960 lhypothse uelle le groupe est le lieu dune ralit psychique propre. Cette ralit spcifique est pro

    ntenue, transforme et gre par ce quil a appel un appareil psychique groupal, au priquel agissent des organisateurs inconscients dcrits comme des groupes internes . La prinsidration des effets de la groupalit psychique dans lorganisation des processus de grmet dtablir les principes de cet appareillage psychique et de mettre en vidence ses processnsformation. Le modle de lappareillage psychique groupal est centr sur les articulations enet et le groupe, prcisment sur les nouages des effets de groupe avec les effets de linconscie

    s recherches qui se sont dveloppes en France dans la thorie psychanalytique des groupeogressivement intgr les donnes des travaux anglo-saxons, plus particulirement les concedmarche de Bion : cest le cas pour les recherches de O. Avron, de J.-C. Rouchy, ce dvaillant aussi avec les concepts issus des travaux de M. Torok et N. Abraham ; dautres ailis au courant inaugur par D. Anzieu et J.-B. Pontalis (A. Missenard, J. Villier, E. GillKas) ont maintenu les rfrences initiales, enrichissant leurs propres travaux par les conprunts des psychanalystes comme P. Aulagnier, S. Lebovici, P.-C. Racamier. Dautre

    velopp des pratiques de thrapie familiale (J. Lemaire, A. Ruffiot, S. Decobert, A. E

    Granjon), de groupe denfants (G. Haag, S. Urwand, P. Privat, G. Decherf, J.-P. C

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    Carel) ou de groupes mdiation (E. Lecourt, C. Vacheret) en troit rapport aveherches psychanalytiques sur les groupes et ont apport des contributions originales la thArgentine, les rfrences lcole franaise sont reprables dans des travaux publis s

    oupes.

    e dveloppement de la recherche en Italie dans les annes 1960

    s recherches qui se mettent en place en Italie partir du dbut des annes 1960 prennent leur

    ec les activits de psychothrapie de groupe, sous linfluence de psychiatres et de psychanalyplupart dentre eux travaillent avec des psychosociologues qui ont accumul une riche exprns le domaine de lentreprise. Cette proximit inflchira sans doute leur intrt pour les institsoins dans lesquelles les premiers groupes vont se mettre en place. F. Napolitani organise premire communaut thrapeutique et, dans loptique de la pratique foulksienne, les prempriences de groupe-analyse. L. Ancona se joint lui dans les annes 1965. Dans le mme tlli et D. Napolitani organisent Milan plusieurs communauts thrapeutiques ainsi qu

    oupes analytiques thrapeutiques et de formation. Un trait remarquable du dveloppement ultlactivit groupanalytique et thrapeutique est quil sera fond sur un travail de formation

    orisation dans le cadre dinstitutions danalyse groupale trs structures, dont le modle est fr lInstitut de groupe-analyse cr Londres par Foulkes. Cest dailleurs cette rfrence tho prvaut dans les travaux de F. et D. Napolitani (bien que, pour D. Napolitani, la rfnienne saffirmera de plus en plus), dans ceux de L. Ancona, de F. Di Maria, de S. de Risio.

    ant au courant bionien, il est reprsent par les travaux de F. Corrao, F. Fornari, P. Perroti, C.Correale, L. Boccanegra, M. Sarno, E. Gaburri ; il sest particulirement intress

    oblmes de la pense et des processus de transformation. LItalie bnficie aussi de linfluenResnik, dont les travaux sur les dimensions psychotiques de la groupalit stimulent de nombrherches des deux cts des Alpes.

    rois objets de la thorisation psychanalytique du groupe

    nfluence des courants qui soutiennent les principales thories psychanalytiques du groupendue selon des rythmes et des forces dattraction fort diverses lintrieur des pays dorigrs de leurs frontires. Plutt que de brosser un portrait suffisamment inform dveloppements, ce que ne permet pas le cadre de cet ouvrage, nous allons en prsentntributions aux grands problmes de la recherche thorique.

    ois principales tendances partagent les thories psychanalytiques du groupe. La premintre sur le groupe comme lieu dune ralit psychique qui lui est propre : divers montelligibilit sont proposs pour rendre compte des formations et processus qui y sont ldeuxime tendance introduit plus directement la question du sujet dans le groupe : les th

    vilgient lanalyse du lien intersubjectif en portant lattention sur les aspects de la ralit psyce le groupe mobilise chez les sujets qui forment le lien dans le groupe. Une troisime tenttache comprendre dans quelles conditions et de quelle manire le groupe contribue orgavie psychique du sujet ; ces thories introduisent lintersubjectivit dans une problmatique dugulier comme sujet du groupe et sujet de linconscient.

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    ant dexposer ces thories, il est indispensable de prsenter brivement dans quelles condthodologiques elles sont produites.

    II. Situation de groupe et mthosychanalytique

    nconscient, ou la ralit psychique inconsciente, est lhypothse constitutive de la psychanutefois, les noncs de cette hypothse ne sont pas tablis une fois pour toutes, pourncipales raisons : la premire est que la ralit psychique inconsciente nest connaissabl

    une manire indirecte, par ses effets, dans les constructions que sont les rves et les symptmns ses irruptions travers les actes et les lapsus [1] ; la deuxime raison consiste danistances que cette connaissance suscite chez le sujet pistmique, identiquement suj

    nconscient ; la troisime raison est que cette connaissance nest possible et concevable qu trdispositif appropri dvelopper une situation psychanalytique, cest--dire : une situation

    e les sujets de linconscient analyste et analysant soient non seulement en mesure de sen

    ns lexploration des effets de linconscient, mais aussi de sen dgager, produisant ainsi uvement de la transformation de la ralit psychique inconsciente et le mouvement nnaissance de linconscient.

    paradigme historique de la situation psychanalytique est la cure individuelle des adultes nvdfinissant la rgle fondamentale qui rend efficaces le transfert, le processus associatif

    oncs interprtatifs, la psychanalyse a construit une situation propre mettre en travaocessus et les formations de lInconscient dans la psych dun sujet considr dans la singularstructure et de son histoire. Ce faisant, elle a pratiqu une dcoupe mthodologique congr

    ec son objet thorique : sans cette dcoupe, ou ce cadrage, les formations et les processnconscient ne pourraient se manifester et tre reconnus dans ce quils sont pour tel sujet sinns cette situation. Cest travers ce paradigme que, pour lessentiel, elle a produit sa thorie.

    ur lessentiel, en effet, car ce paradigme na jamais t le seul moyen de la connaissannconscient : les spculations, la mise lpreuve des hypothses issues de la situychanalytique dans des champs diffrents de celui de la cure, les amnagements du dispositiffet des exigences de la clinique ont contribu cette connaissance et ont, de ce fait, transformoncs de la thorie.

    cadrant son objet par le dispositif o il se produit, la psychanalyse laisse ainsi subsister, au-dbordure quelle institue, une part dinconnu, un reste. La mthode contient donc un princissibilit et un principe de limitation : ces deux principes dfinissent le champ de ses oriquement connaissables.

    rsquun objet nouveau se propose la connaissance psychanalytique non plus le sujet singis un ensemble de sujets singuliers , il est impratif de construire une situation de rfrenc

    rmette de qualifier les caractristiques de cet objet du point de vue de lhypothse psychanalyt

    groupe qui constitue lobjet des pratiques et des thorisations psychanalytiques esnstruction de la mthode : un dispositif de groupe est construit de telle sorte que les caractris

    http://www.cairn.info/theories-psychanalytiques-du-groupe--9782130629849-page-15.htm#no1
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    nrales de la mthode psychanalytique y produisent leurs effets de connaissance de lInconstraitement des troubles psychiques, de transformation du rapport du sujet son histoire.

    nstruction a donc pour critre la rponse la question : comment la situation de groupparatre des configurations, des processus et des formations de lInconscient inaccesrement [2].

    es caractristiques morphologiques du groupe

    s caractristiques morphologiques du groupe mobilisent certains effets de lInconsciefinissent un espace spcifique de la ralit psychique. Trois caractristiques inflchissenire dcisive les cr itres mthodologiques de la situation psychanalytique de groupe : la plu

    face--face, linterdiscursivit.

    pluralit est une caractristique remarquable. Le groupe rassemble en effet plusieurs sujets, luvent trangers les uns aux autres au moment de la rencontre initiale. Chacun des membroupe se trouve ainsi confront une rencontre multiple et intense avec plusieurs autres onvestissements pulsionnels, dmois, daffects et de reprsentations divers, en rsonance

    sonance les uns avec les autres. Dans une telle situation, une coexcitation interne eexcitation mutuelle importantes se produisent et sentretiennent dans un jeu complexojections et didentifications rciproques.

    pluralit dans la situation de groupe dveloppe des expriences passagres de dbordementse en faillite de la capacit dassocier les stimulations excitatrices avec des reprsentationspriences sont potentiellement traumatognes si les dispositifs pare-excitateurs sont insuffirtaines conditions qui concourent la formation de lInconscient originaire sont ainsi runin admet lhypothse de Freud selon laquelle lor iginaire se constitue probablement loccasirupture du pare-excitation.

    anons ici lide dune corrlation plus ou moins constante entre les composantes intrapsychles composantes intersubjectives du pare-excitation. Du fait de la pluralit et de la renconnu qui sy noue, les membres du groupe mettent en place des mcanismes de dnjoints et communs : des identifications durgence, un certain renoncement des ralissionnelles directes consenti tacitement et linsu de chacun ; on produit ainsi un c

    encement inconscient des zones psychiques o le lien est possible. Ds les tout premiers instavie des groupes, le refoulement, le dni ou le clivage des reprsentations dangereuses travaiproduction de lInconscient. Ces mcanismes de dfense coconstruits forment le princip

    ances inconscientes. Les contenus inconscients de ces alliances font retour dans les modalitnsferts et du travail associatif, selon les voies propres chacun, mais aussi traver

    oductions psychiques du groupe en tant quensemble.

    es transferts

    pluralit a une incidence sur la topique, la dynamique et lconomie des transferts : le groulieu dmergence de configurations particulires du transfert. Les transferts, multilatraux,fracts et rpartis sur les objets prdisposs les recevoir dans le groupe : analyste(s), mais

    mbres du groupe, groupe, hors-groupe. Pour un mme sujet, ces transferts sont connects

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    x. Il ne sagit pas dune dilution du transfert. On dira plutt que, pour chaque sujet considrsingularit, le dispositif de groupe permet de diffracter sur la scne synchronique du groupnnexions dobjets de transfert constitus dans la diachronie. Une part essentielle du travaychanalyste est de reprer ces connexions : leur topique, leur dynamique et leur conomie sos objets du travail de linterprtation. Les membres dun groupe sont entre eux dans une refrente de celle qutablirait chacun avec son analyste. Cette caractristique des transferuation de groupe qualifie un des apports spcifiques de lapproche groupale la comprhensitransmission psychique : le dploiement synchronique, dans le transfert, des nuds diachronms dans lintersubjectivit. Lespace groupal permet ainsi une actualisation de ces connetransfert , dont Freud avait eu lintuition au cours de lanalyse de Dora. La situ

    ychanalytique groupale rend ainsi possible la connaissance des rapports que le sujet entretavec ses objets inconscients et entre eux ; 2/ avec les objets inconscients des autres et entets.

    fait quen situation de groupe le psychanalyste soit objet de transferts simultans de pluets et quil ne soit pas le seul objet du transfert dfinit des conditions particulires de consfert. La prcession du psychanalyste en situation de groupe, et parce quil sagit dun ense

    uni par le psychanalyste, confre demble cette prcession une valeur imaginaire de fonda

    e mobilise ipso factola fantasmatique de lorigine et la problmatique de loriginaire.

    intertransfert et lanalyse intertransfrentielle

    orsque plusieurs psychanalystes sont associs dans le travail psychanalytique en situatiooupe, ils ont prendre en considration les effets de transfert introduits par leur choix dsemble ; ils ont en outre travailler sur leurs liens et leurs transferts mutuels ; ils ont surbrouiller les effets de transfert dans le groupe induit dans leur contre-transfert. Le champ tranntre-transfrentiel qui se dveloppe en situation de groupe appelle alors la prise en consids intertransferts.

    ntertransfert (Kas, 1976) se spcifie par le fait que les psychanalystes transfrent leur pganisation intrapsychique sur leurs collgues, du fait mme de ce qui est induit par la situoupale : la fois par les transferts quils reoivent et par leurs dispositions contre-transfrenti

    analyse intertransfrentielle est llaboration ordonne la fonction psychanalytique dans dalit du dispositif de groupe. Cette analyse porte sur les emplacements transfrentiels allou

    aque psychanalyste lautre psychanalyste dans la situation de groupe et sur les effets co

    nsfrentiels de chacun sur chaque autre : une telle analyse est une condition ncessalaboration de linterprtation. Sur cet aspect particulier de la technique, la situation psychanalygroupe se distingue de celle de la cure individuelle.

    es processus associatifs

    pluralit a une incidence directe sur lorganisation des processus associatifs et sur le travssociation. En situation de groupe, les noncs de parole (et, plus gnralement, de significamiques, postures, gestes) sont insrs dans une pluralit de discours qui sordonnent sel

    uble axe synchronique et diachronique : lorsque les membres dun groupe parlent, leurs n

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    nt toujours situs au point de nouage de deux chanes associatives : celle commande parrsentations-buts individuelles et celle produite par lensemble des noncs et commande prsentations inconscientes organisatrices des liens de groupe. Linterdiscursivit organis

    onciations et contextualise les noncs selon ce double axe. Le mode de fonctionnemeocessus associatif est donc plus complexe que celui qui fonctionne dans la cure individuelle.

    transformation introduite dans le paradigme mthodologique de la psychanalyse par le dispgroupe autorise de nouveaux champs de la connaissance de lInconscient et du traitemen

    ubles psychiques. Ce dispositif fait dabord apparatre que les processus psychiquensformation sont localiss dans plusieurs lieux psychiques ; chaque appareil psyc

    dividuel est le lieu dun travail psychique singulier ; le groupe, en tant quappareil psychiqson et de transformation, gnre et gre une ralit psychique spcifique. Il nous faut donc m

    connatre.

    otes

    La psychanalyse ne prend pas en considration lensemble des phnomnes psychiques, ulement ce que Freud appelle la ralit psychique , dont la consistance, la cohrenceistance caractrisent certaines formations psychiques remarquables : le fantasme en e

    radigme, et par suite toutes les formations qui ont une structure homologue au fantasme, tellsymptme et le rve.La question de la mthode psychanalytique en situation de groupe est largement dveloppeKas, 1994.

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    Chapitre II

    Le groupe comme entit spcifique

    s modles centrs sur le groupe comme entit sont organiss par les postulats thoriques ds conceptions fonctionnalistes ont t les premires se proposer comme modle empirique ;

    mites ont suscit les modles structuralistes dans lesquels laccent tait mis sur la ralit psyclensemble ; en raction contre ceux-ci, les modles gntiques ont insist sur les phas

    veloppement qui se succdent dune manire ordonne dans la vie des groupes. Les modnsformation ont tent de rendre compte des relations dynamiques et conomiques entre les sstructure et lhistoire du groupe.

    Les modles fonctionnalistes

    s modles fonctionnalistes rendent compte principalement des fonctions accomplies par le grs processus qui les servent, et accessoirement des individus qui le composent. Ces monoivent le groupe comme un systme fonctionnel de relations dinterdpendance rciproquoupe existe partir du moment o plusieurs individus ralisent mieux ensemble quisolm

    ils dsirent ou doivent raliser. Les rgulations et lquilibre sont privilgis plutt qusions et les changements, ceux-ci tant considrs seulement comme facteur de progrsccomplissement de ces fonctions. Le fonctionnalisme ne sattache en effet aux dysfonctionnee pour tenter de les liminer : ce sont des entraves justiciables dune intervention corr

    ciothrapie ou psychothrapie dugroupe).

    e telle approche parle essentiellement le langage organiciste des besoins : la connaissannatomie et de la physiologie des groupes est ncessaire pour en assurer le management.Le grut alors se fabriquer de telle sorte quil accomplisse sa tche travers les processus nduisent. Les interactions seront donc ordonnes afin que les actions de chacun puissent ntrt collectif.

    tte orientation fondamentale des modles fonctionnalistes simpose pratiquement dans tou

    res modles sous des formes variables car, dune manire ou dune autre, les fonctions sont aiter comme des processus. Au sens large, les modles fonctionnalistes sattachent rpondre uble question : comment et quelles conditions fonctionne un groupe ? Quelles sont les foni manent du groupe et qui sont ncessaires lquilibre et la performance de son organisaaminons quelques fonctions capitales.

    es fonctions du meneur, le leadership

    s premiers modles fonctionnalistes sont proposs par les psychologues qui accordent une

    nsidrable la fonction du meneur. Dans la perspective de la psychologie fonctionnalis

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    neur participe la fonction plus gnrale du leadership : son rle est dabord de faire faceisfaction des besoins fondamentaux des membres du groupe, dassurer la rgulation des procgroupe, notamment celle qui concerne la (bonne) communication, lajustement des places d

    oupe, la gestion et larbitrage des conflits, la cohsion du groupe, de telle sorte que le groupicient dans la ralisation de sa tche. Les membres du groupesuscitent et entretiennen

    nctions.

    point de vue psychanalytique sur le meneur est diffrent : le meneur est dabord le reprsentarties de soi que les membres du groupe abandonnent pour les remplacer par un certain nombmations psychiques partageables avec les autres membres du groupe : une partie de ntifications et de leurs idaux personnels, de leur propre systme de protection et de rguerne, la promesse de laccomplissement de leurs dsirs inconscients, la voie daccs lisation et leffectuation de la tche commune. En sabandonnant au meneur comme daport amoureux, les participants sidentifient entre eux et ce quil reprsente pour eux, en

    u et place. Ils dlguent au meneur la fonction de reprsenter leurs idaux, leurs ides etles, dincarner les figures parentales tutlaires.

    aminant la fonction du leadership dans les groupes organiss par la mthode psychanalyt

    Bejarano (1972) a caractris le meneur essentiellement par sa fonction rsistancielle au procalytique. Les fonctions qui spcifient le leadership peuvent stendre dautres membres du gns une perspective qui permet de qualifier ces fonctions dans leur aspect intrapsychiqersubjectif, nous avons dcrit des fonctions phoriques, cest--dire les fonctions de pmptme, de porte-rve, de porte-parole ou de porte-idal (cf. chap. III).

    es fonctions de lIdal. Le narcissisme des petites diffrences

    s fonctions de lIdal sont des effets psychiques de la prmaturation humaine la naissance, d

    sure o celle-ci maximalise la dpendance du Moi prcoce lobjet. Lidalisation protnque et de lincurie, de la dpendance et de la souffrance, en portant un degr de perf

    solu les qualits de lobjet. Ainsi se trouvent assurs lautarcie narcissique et omnipotence. Lobjet est alors dautant plus idalis que le Moi se trouve dmuni pour fairx vicissitudes de son unit, de sa continuit et de sa protection. G. Rheim avait bien compripensant que le groupe est une dfense contre la dtresse originaire.

    ux modalits de lidalisation dterminent des organisations diffrentes des fonctions de ldalisationprimaire structure le Moi idal qui assure, par la dngation de la dpendance l

    lobjet et de sa dfaillance, lautosuffisance narcissique et le recouvrement de lomnipoantile. Sont ici en jeu les identifications primaires la Mre toute-puissante, mais le Moi idssi lhritier de la relation primitive au narcissisme parental : il est donc, pour une part, conns le lien lautre. Lidalisation secondaire organise, dans la structure dipienne, lIdal du Mns ce cas, lobjet incarne un idal que le Moi voudrait tablir en lui, il est aim pour les perfeil reprsente.

    s deux formes de lIdal accomplissent leurs fonctions dans les groupes ; elles sont attribuoupe lui-mme ou un meneur (porte-idal) par le mouvement des identifications. C

    andonnant une partie de ses idaux personnels pour y substituer ceux du groupe et y adhroupe doit en garantir la validit et y obliger ses membres, dans la forme dun des contra

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    issent les rapports entre lensemble et ses sujets (voir, plus loin, chap. III).

    s concepts donnent un contenu ce que Freud (1921) a nomm le narcissisme des petites nces : celui-ci procde de la tendance se mettre part des autres, saffirmer soi-mmbattre chez les autres leurs expressions narcissiques et considrer son propre groupmille, ou institution, ou nation) comme suprieur celui de lautre. Les formations de lIdres sont particulirement haes et attaques. Une des fonctions du groupe, qui peut tre dlgn de ses membres ou un dispositif idologique, est de cultiver le narcissisme des pfrences.

    es fonctions de croyance. Lillusion groupale

    rmi les formations auxquelles est attribue la fonction de soutenir la cohsion et lidentioupe, les formations de la croyance sont les plus efficaces. Il sagit de maintenir ladhsion ent primaire de lobjet : il ne dcevra pas, on peut attendre de lui providence, protectinration du monde : les prsupposs de base Dpendance et Couplage en sont des expression

    nction de croyance maintient le dni de la dfaillance dun tel objet [1] elle organise lat

    ssianique qui ne doit pas tre dmentie, au risque de la chute du dsir ds lors que lobttente se ralise. Cette fonction sappuie sur les fonctions de lIdal : elle comporte une dimercissique qui saccentue chaque fois que les restrictions de lpreuve de ralit ne permettenlaborer la position dpressive. Idaux, croyances, narcissisme des petites diffrences sont apombler lespace dpressif qui souvre en chacun. En ce sens, la croyance est un antidpre

    oupalement produit.

    que D. Anzieu a dcrit comme lillusion groupale est considrer sous langle de la croylusion est la croyance dans la concidence entre lattente individuelle et son comblement

    oupe. Cette exprience de lillusion constitue ce que D. W. Winnicott a thoris comme

    nsitionnelle : en elle coexiste, sans crise ni conflit, le dj-l et le non-encore advenu, lattentmblement. La confiance (soit la croyance primaire en la bont de lobjet) permet dprlusion fondatrice dune continuit entre la ralit psychique et la ralit externe. Mais prience de confiance, de croyance et dillusion est aussi le prlude la diffrenciatioments paradoxalement tenus ensemble : lenfant naura accs la ncessaire dsillusion qxprience dcisive de lillusion a pu se produire. Lavnement de lespace transitionnel pxploration par le jeu de lentre-deux o fluctuent puis stablissent les limites entre le dedanhors, le Moi et le non-Moi, le mien et le non-mien.

    croyance et lillusion groupale sont des fonctions que le groupe entretient et contre lesquelletravail de lpreuve de ralit. Le psychanalyste mexicain F. M. Gonzalez (1991) a dvelopoblmatique des fonctions de lillusion considre comme facteur fondamental de la formatioupe. Lune et lautre contribuent tablir la certitude dtre partie constituante dun mmemmun. Gonzalez a soulign les malentendus issus de cette certitude, notamment lorsqueyance vient prendre la place du sujet, lillusion que le groupe est une entit spcifique.

    es fonctions mtadfensives

    Jaques a mis en vidence que le groupe offre ses membres des organisations dfen

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    mmunes sur lesquelles ils peuvent adosser leurs propres mcanismes individuels de dfense. mire introduction dun point de vue mta dans lapproche psychanalytique des groupes fu

    ogrs considrable dans larticulation entre les processus ou mcanismes individuels ocessus ou mcanismes au niveau du groupe. Linstitutionnalisation du groupe est un exeune fonction mtadfensive contre la rgression vers les angoisses psychotiques ou archaqueances inconscientes (pacte dngatif, communaut de dni), mais aussi certaines composleadership, des idaux et des croyances partages constituent des mtadfenses.

    es fonctions denveloppe groupalemme les travaux de Lewin lont mis en vidence, le groupe doit produire une barrire entire pour assurer lquilibre de ses changes avec lextrieur et la cohsion interne d

    pace. Les concepts psychanalytiques de Moi-peau et denveloppe psychiques proposs par E. BAnzieu ont permis de dcrire les fonctions dune enveloppe psychique groupale : produite

    oupe, elle est ncessaire son identit, capable de reprsenter les limites et les passages sre le dedans et le dehors.

    notion de Moi-peau applique au groupe dcrit assez prcisment lexprience de lobjet-grsent comme un corps. Toutefois, lorsquelle colle aux mtaphores du corps groupal que de servir une thorie typiquement fonctionnaliste donnant prise la reprsentation uelle les membres du groupe sont (et doivent tre) solidaires du groupe tout comm

    membres le sont du corps. Selon cette perspective organicisante, le corps groupal et la peoupe sont la fois une construction de la croyance, une illusion, une reprsentation, une formfensive.

    contraire, le concept denveloppe groupale qualifie la fonction de contenance, de filtre et decitation que les dispositifs de groupe doivent mettre en place pour assurer leur espace propre

    oupe, crit D. Anzieu (1995), est une enveloppe qui fait tenir ensemble des individus. Tant queveloppe nest pas constitue, il peut se trouver un agrgat humain, il ny a pas de grouenveloppe psychique groupale est ce rseau qui enserre les penses, les paroles, les actions,rmet au groupe de se constituer un espace interne [] et une temporalit propre .

    es fonctions de reprsentation et les systmes dinterprtation

    s fonctions de reprsentation sont troitement associes aux processus de symbolisation

    nse. Une de ces fonctions est de produire des autoreprsentations du groupe lui-mme : insns les contes, les mythes, les idologies et les utopies produites par le discours du groupe poupe et pour ses membres, elles fournissent les cadres interprtatifs de la ralit pour lensegroupe.

    I. Les modles structuralistes

    s modles structuralistessattachent dgager les niveaux stables et les structures profondes

    lit psychique dans le groupe. Plutt que ses fonctions, ils dcrivent les principes constituanrganisation permanente du groupe et des rapports entre ses membres, les lois de compositio

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    nt lensemble et ses lments, et les principes de transformation qui soutiennent ou entravessages dune structure une autre.

    s psychosociologues forms dans le courant de la Gestalttheorie ont dcrit le groupe souuble aspect : comme totalit et comme champ. Pour K. Lewin, le groupe forme une tnamique et structurale distincte de la somme de ses lments constituants. Ce point de vue, p

    la conception durkheimienne de la socit, soutient que les groupes sont irrductibledividus qui les composent. travers des recherches qui transitent du laboratoire au terrain swin dgage les axes thoriques et mthodologiques de la dynamique des groupes. Il introduncepts de champ et de frontires, rend compte des rapports conflictuels et des dispositgociation entre les parties et lensemble, entre les ensembles eux-mmes ; il met en uvpositif de traitement du changement et de la rsistance au changement, lun et lautre visags sous laspect du maintien de lquilibre et de la constance de la forme.

    s modles structuralistes conoivent le groupe comme un ensemble dont les individus constint runis par une loi de composition : cette loi dfinit et rgit la structure du groupe de tellee, par-del les changements de ces lments, persiste la structure du groupe. Laccorychanalystes (notamment Foulkes et son cole) avec les vues de Lewin semble ici tota

    dification de la structure de lensemble peut, dans certaines conditions, changer lconomie ments constitutifs. Autrement dit, pour quun changement (de vise thrapeutique, formati

    ychanalytique) se produise, il faut agir sur la structure du groupe, les sujets bnficiant ainte transformation.

    groupe est une structure qui organise une ralit psychique relativement autonome. Les conmentalit de groupe, de culture de groupe et de prsuppos de base chez Bion, ceux de rsea

    mmunications inconscientes et de matrice groupale chez Foulkes, de rsonance fantasmonsciente chez Ezriel, la notion de co-soi de A. Abraham, le concept de champ groupal

    Corrao et C. Neri expriment cette conception.

    a matrice groupale

    ur Foulkes (1964), lide du groupe comme matrice psychique, le terrain commun des reloprations, y compris toutes les interactions des membres participants du groupe, est primour la thorie et le processus de la thrapie. Toutes les communications surviennent lintriecadre de rfrence. Un fond de comprhension inconsciente, dans lequel se produisenctions et des communications trs complexes, est toujours prsent .

    ulkes sappuie sur cette ide pour soutenir que le groupe possde des proprits thrapeutiqn postulat premier est de considrer toute maladie comme se produisant lintrieur dun rmplexe de relations interpersonnelles. La psychothrapie de groupe est une tentative pour traeau tout entier des troubles soit au point dorigine dans le groupe dorigine, soit en pl

    ndividu perturb dans des conditions de transfert dans un groupe tranger (Ibid.). Il nen va rement chez Pichon-Rivire.

    a mentalit de groupe

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    s principaux concepts de Bion fonctionnent eux aussi dans le cadre dun modle structural : sque Bion dfinit la mentalit de groupe comme lactivit mentale qui se forme dans un grortir de lopinion, de la volont et des dsirs inconscients, unanimes et anonymes de ses mems contributions de ceux-ci la mentalit de groupe, qui en constitue le contenant, permettentaine satisfaction de leurs pulsions et de leurs dsirs ; elles doivent cependant tre en confo

    ec les autres contributions du fonds commun et tre soutenues par lui. La mentalit de grantit ainsi laccord de la vie du groupe avec les prsupposs de base qui en organisent le cou

    e co-soinotion de co-soi pourrait dcrire le degr zro de la structure : A. Abraham a propos cette n

    994) pour dcrire, dans toute situation groupale, lmergence immdiate et massive duaotique, dun stade probjectal o nexiste pas encore de distinction claire entre sujet et obtte notion, proche du protomental de Bion, fonctionne comme si le ftus et le nouveau-nre, eux et lunivers taient une seule unit, un seul systme pourvu de limites flexibles .

    co-soi joue un rle organisateur de la scurit de base dans les liens de groupe face aux ang

    i sy produisent. Les notions de soi originaire illimit (A. Ruffiot) ou d