Les technologies de l’information et de la communication ... · augmentant les interconnections...

Les technologies de lrsquoinformation et de la communication dans les chaicircneslogistiques humanitairesFranccedilois-Xavier Delmonteila et Marie-Egraveve Rancourtb

aChercheur associeacute agrave lObservatoire canadien sur les crises et laide humanitaires Universiteacute du Queacutebec agrave Montreacuteal et au groupe derecherche CHAINE HEC Montreacuteal bProfesseure adjointe agrave HEC Montreacuteal Deacutepartement de gestion des opeacuterations et de la logistique etmembre du Centre interuniversitaire de recherche sur les reacuteseaux drsquoentreprise la logistique et le transport (CIRRELT) Montreacuteal Canada

REacuteSUMEacuteAu lendemain drsquoune catastrophe majeure la chaicircne Logistique des organisations de secoursjoue un rocircle essentiel en organisant le transport de lrsquoaide depuis lrsquoeacutetranger jusqursquoau plus pregravesdes populations Dans ce contexte la capaciteacute agrave srsquoinformer et agrave communiquer rapidement estfondamentale pour analyser la situation sur le terrain et piloter les opeacuterations Aujourdrsquohui unlarge panel de technologies de lrsquoinformation et de la communication pas toujours bienconnu au sein des organisations de secours peut faciliter le deacuteploiement des chaicircneslogistiques humanitaires Lrsquoobjectif de cette contribution est donc de preacutesenter lesprincipales technologies pouvant ecirctre utiliseacutees par les professionnels En particulier quatregrandes cateacutegories de technologies sont identifieacutees et deacutecrites les technologies drsquoimagerieles technologies drsquoidentification et de positionnement les technologies deteacuteleacutecommunication et les plateformes numeacuteriques drsquoinformation Lrsquoarticle souligne lesprincipaux avantages et inconveacutenients de ces outils et propose des recommandationspouvant faciliter leur utilisation dans la communauteacute humanitaire

Information and communication technologies in humanitarian supplychains

ABSTRACTIn the aftermath of a disaster logistics plays a vital role in providing humanitarian aid to thevictims In this context information and communication are fundamental to gain situationalawareness and coordinate operations Today a wide range of information andcommunication technologies (ICTs) can be used in humanitarian supply chains Theobjective of this paper is to present the technologies that can be used by humanitarianlogisticians Based on a literature review four technology categories are identified anddescribed imagery technology identification and positioning technologytelecommunications technology and digital information platforms This article highlightstheir main advantages and disadvantages and proposes recommendations to facilitate theirdissemination among humanitarian actors

MOTS-CLEacuteSLogistique humanitaire technologie de lrsquoinformationet de la communication gestion de la chaicircnedrsquoapprovisionnement reacuteponse aux deacutesastres

KEYWORDShumanitarian logisticsinformation andcommunication technologysupply chain managementdisaster response

Introduction

Les acteurs de secours doivent ecirctre en capaciteacutedrsquoapporter une aide drsquourgence le plus rapidementpossible sur des terrains opeacuterationnels souventextrecircmement difficiles Cette contribution srsquointeacuteresseaux chaicircnes logistiques humanitaires qui jouent unrocircle particuliegraverement critique en organisant enphase de reacuteponse opeacuterationnelle le transport lestockage et la distribution des biens et des servicesde premiegravere neacutecessiteacute Thomas et Kopczak (2005)deacutefinissent la logistique humanitaire comme unprocessus de planification et de controcircle des fluxhumains mateacuteriels et informationnels de leurorigine jusqursquoaux points de destination finaux et qui

satisfait les besoins reacuteels des populations affecteacutees parun deacutesastre Pour Thomas (2003) il srsquoagit drsquounensemble de processus et de systegravemes impliqueacutesdans la mobilisation des personnes des ressourcesdes compeacutetences et des connaissances pour venir enaide aux personnes vulneacuterables affecteacutees par desdeacutesastres naturels et des urgences complexes Leschaicircnes logistiques humanitaires integravegrent donc unecomposante informationnelle qui est particuliegraverementimportante pour pouvoir mener agrave bien leur missiondrsquoassistance aux populations Lrsquoinformation et lacommunication sont essentielles pour pouvoireacutevaluer la situation et les besoins coordonner lesactions et deacuteployer les opeacuterations de faccedilon efficace

CONTACT Franccedilois-Xavier Delmonteil francois-xavierdelmonteilpolytechniqueedu Chercheur associeacute agrave lObservatoire canadien sur les criseset laide humanitaires Universiteacute du Queacutebec agrave Montreacuteal et au groupe de recherche CHAINE HEC Montreacuteal

LOGISTIQUE amp MANAGEMENT 2018httpsdoiorg1010801250797020181466667

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et rapide Cependant la destruction desinfrastructures nationales les plus essentielles tellesque les routes les ports les aeacuteroports et les reacuteseauxde communication est susceptible de paralyser ledeacuteploiement des acteurs de secours et des chaicircneslogistiques humanitaires sur le terrain (Koudelka etSchrotter 2007 Fuhrmann MacEachren et Cai et al2008 Holguiacuten-Veras et al 2012 Van Wassenhove etPedraza Martinez 2012) Dans ce contexte lrsquoaccegraves agravelrsquoinformation et les communications dans les premiersmois apregraves un deacutesastre repreacutesentent des enjeuxparticuliegraverement importants du pilotage des chaicircneslogistiques humanitaires

Les acteurs de secours ont ainsi agrave leur disposition unevarieacuteteacute importante de technologies de lrsquoinformation et dela communication (TIC) leur permettant de faire face agrave ladiversiteacute des situations post-catastrophes auxquelles ilspeuvent ecirctre confronteacutes et drsquoameacuteliorer le pilotage deschaicircnes logistiques humanitaires Dans un rapportpublieacute en 2013 la Feacutedeacuteration internationale de la Croix-Rouge (FICR) parle de laquo technologies de lrsquohumanitaire raquoqursquoelle deacutefinit comme des technologies utiliseacutees etappliqueacutees aussi bien en amont des catastrophes dansune deacutemarche de preacutevention et drsquoatteacutenuation qursquoen avalpour ameacuteliorer la qualiteacute de lrsquointervention du relegravevementet de la reconstruction (FICR 2013) Ce travail de synthegravesechoisit de srsquointeacuteresser aux TIC utiliseacutees dans la phase dereacuteponse lorsque les communications et lrsquoaccegraves agravelrsquoinformation sont les plus critiques pour permettrelrsquointervention opeacuterationnelle des organisations desecours et lrsquoassistance aux populations dont la survie estsouvent menaceacutee Dans ce contexte particulier lestechnologies leur servent agrave srsquoinformer agrave la fois surlrsquoimpact mateacuteriel et humain drsquoune catastrophe et surleur propre intervention sur le terrain Cependant lesprofessionnels ne savent pas toujours quels sont lesoutils agrave leur disposition ni mecircme les gains qursquoils peuventen attendre ou les difficulteacutes susceptibles drsquoaccompagnerleur utilisation De plus agrave notre connaissance aucunepublication nrsquoa jusque-lagrave reacutealiseacute une description globalede ces technologies Pour reacutepondre agrave ces manqueslrsquoobjectif de ce travail est donc drsquoune part drsquoidentifier lesprincipales TIC pouvant ecirctre utiliseacutees par les logisticienshumanitaires et drsquoautre part de preacutesenter leursprincipaux avantages opeacuterationnels et inconveacutenientsPour faciliter la discussion ces TIC ont eacuteteacute regroupeacuteespar grandes cateacutegories drsquoapregraves leur fonction technique

La preacutesente synthegravese srsquoorganise autour de troissections La premiegravere section rappelle le rocircle crucialde la technologie dans les opeacuterations de secours ainsique les difficulteacutes qui peuvent deacutecouler de sonutilisation La deuxiegraveme section reacutepond agrave lrsquoobjectifen identifiant les principales TIC pouvant ecirctresolliciteacutees par les logisticiens humanitaires lesquellessont regroupeacutees en quatre grandes cateacutegories tout

en preacutesentant leurs avantages opeacuterationnels et leursinconveacutenients Cette deuxiegraveme section se termine parun tableau de synthegravese permettant aux lecteurs devisualiser les diffeacuterentes TIC disponibles et utiliseacuteesdans une chaicircne logistique humanitaire Enfin latroisiegraveme section de lrsquoarticle propose desrecommandations pouvant faciliter la diffusion desTIC chez les acteurs humanitaires

Lrsquoimportance de la technologie dans leschaicircnes logistiques humanitaires

Dans les chaicircnes logistiques commerciales les TICameacuteliorent lrsquoefficaciteacute (Closs et McGarrell 2004 Melville Kraemer et Gurbaxani 2004 Nollet et al2006) diminuent les deacutelais de reacuteaction face aux aleacuteas(Asadi 2011) et ameacuteliorent la flexibiliteacute (MelvilleKraemer et Gurbaxani 2004) La technologie profiteaux opeacuterations pour trois raisons principalesPremiegraverement les TIC renforcent la visibiliteacute deschaicircnes logistiques confronteacutees agrave des environnementsdifficiles et dynamiques (Sheffi 2001) La visibiliteacute des fluxen transit est critique pour pouvoir gagner en flexibiliteacuteet en capaciteacute de reacuteajustement en cas de perturbationsinattendues comme des retards ou des changementsdans la demande (Wagner Skorna et Bode 2009) etpour reacuteduire la diffusion des risques dans desenvironnements opeacuterationnels de plus en plusinterconnecteacutes et complexes (Caridi et al 2010 Basoleet Bellamy 2014) Deuxiegravemement les TIC sont utiles pourrenforcer la seacutecuriteacute des opeacuterations face agrave de nouvellesformes de menaces comme le terrorisme (Sheffi 2001)Ces outils facilitent la deacutetection rapide des problegravemes etla coordination des actions agrave mener pour assurer leretour agrave un eacutetat de fonctionnement stabiliseacute Pouraccroicirctre la seacutecuriteacute des chaicircnes logistiques Glickmanet White (2006) Rice et Sheffi (2005) ou encore Sheffi(2005) font appel agrave la notion de reacutesilience une capaciteacutedrsquoadaptation dynamique permettant la deacutetection et lareacuteponse rapide aux risques et aux menaces delrsquoenvironnement Pour Vega (2012) la logistiquecommerciale pourrait drsquoailleurs prendre exemple sur lesecteur humanitaire qui a deacuteveloppeacute des capaciteacutes dereacutesilience importantes pour continuer agrave opeacuterer face agravedes contextes drsquourgence Pour accroicirctre le niveau deseacutecuriteacute dans les opeacuterations Autry et Bobbitt (2008)suggegraverent drsquoavoir recours agrave la technologie pouridentifier eacutevaluer et controcircler les risques et lesmenaces En particulier la technologie permetdrsquoameacuteliorer la seacutecuriteacute des flux contre les vols ou diversdommages (Wagner Skorna et Bode 2009) Gracircce auxTIC la confiance sur les cargaisons peut ecirctre retrouveacuteeaugmentant ainsi la rapiditeacute de la chaicircne par une baissedes inspections et une reacuteduction des deacutelais de passageen douane (Lee 2004) Les gains de visibiliteacute permis par

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lrsquoutilisation drsquooutils technologiques permettent alorsdrsquoaccroicirctre le niveau de seacutecuriteacute tout le long de lachaicircne logistique (Sheffi 2001 Sarathy 2006) Enfin latechnologie facilite la collaboration lrsquointeacutegration et lacoordination des strateacutegies et des actions desdiffeacuterents acteurs impliqueacutes dans une mecircme chaicircnedrsquoapprovisionnement (Glickman et White 2006 Drakeet Schlachter 2008) Elle permet drsquoameacuteliorer laperformance globale drsquoun reacuteseau logistique enaugmentant les interconnections et la communicationavec les partenaires ce qui reacuteduit les risques drsquoasymeacutetriede lrsquoinformation et de comportements opportunistesentre les acteurs (Welty et Becerra-Fernandez 2001 Nollet et al 2006)

Sur le terrain des catastrophes les TIC sont drsquoautantplus critiques que les chaicircnes logistiques humanitairessont confronteacutees drsquoune part agrave des exigences tregraves eacuteleveacuteesdrsquoefficaciteacute et de rapiditeacute de lrsquoaide aux populations etdrsquoautre part agrave un haut niveau drsquoincertitude qui entraveles opeacuterations Lrsquoampleur des destructions peutnotamment conduire agrave des situations de chaos et detregraves grande confusion (Zhang Zhou et Nunamaker2002) En particulier les deacutesastres endommagentlourdement les infrastructures critiques telles que lesreacuteseaux de teacuteleacutecommunication ce qui a pourconseacutequence drsquoaccroicirctre le niveau drsquoincertitude pesantsur les chaicircnes logistiques humanitaires (Holguiacuten-Veraset al 2012) De plus lrsquoassistance aux populationsneacutecessite la mobilisation drsquoun grand nombre et drsquounegrande diversiteacute drsquoacteurs de secours nationaux etinternationaux Pour Sheu (2010) cela conduit agravemultiplier les sources drsquoinformation et les risquesdrsquoasymeacutetrie dans les estimations des besoins reacuteels despopulations Thompson (2011) suggegravere alors derenforcer la communication entre les acteurs afindrsquoaccroicirctre le partage drsquoinformation et ainsi de mieuxcoordonner lrsquointervention et drsquoacceacuteleacuterer lrsquoacheminementde lrsquoaide aux populations De ce point de vue Norris et al(2008) notent que la communication ameacuteliorelrsquoarticulation des comportements et la performanceglobale des opeacuterations humanitaires Cependant celle-cinrsquoest pas toujours facile car les rivaliteacutes peuvent ecirctreparticuliegraverement importantes entre les organisationshumanitaires Les eacutecarts drsquoobjectifs de cultures etdrsquoideacuteologies peuvent geacuteneacuterer des tensions qui reacuteduisentles possibiliteacutes de rapprochement et de synergie Lemanque de communication et de coordination estparticuliegraverement criant lorsqursquoil srsquoagit pour lesorganisations non gouvernementales (ONG) detravailler avec les forces armeacutees dans le cadre drsquounecollaboration civilo-militaire (Gourlay 2000 Harris etDombrowski 2002) Dans ce contexte Conti (2008) etVarvas et McKenna (2013) suggegraverent le recours aux TICpour accroicirctre lrsquointeacutegration et la coordination desmultiples organisations de secours qui peuvent ainsiecirctre plus performantes dans la fourniture de lrsquoaide auxpopulations De nombreux auteurs tels que Comfort

(2007) Delmonteil et Rancourt (2017) FuhrmannMacEachren et Cai et al (2008) ou Koudelka et Schrotter(2007) expliquent que la technologie permet drsquoameacuteliorerla compreacutehension des situations de crise et lrsquoefficaciteacute dela reacuteponse aux catastrophes en diminuant lrsquoincertitude

Si la technologie peut offrir des avantages tregravesimportants pour la gestion des chaicircnes logistiquessa mauvaise utilisation peut au contraire amplifier lesrisques lieacutes agrave lrsquoincertitude et agrave la deacutesinformation(Manuj et Mentzer 2008 Tapia et al 2011 Starbirdet al 2014 Tapia LaLone et Kim 2014 RuelOuabouch et Shaaban 2017) En particulier lorsqueles donneacutees sont trop importantes les acteurspeuvent ne plus ecirctre en mesure de filtrer etdrsquoanalyser les informations qui leur sont reacuteellementutiles Plus loin Hughes et Tapia (2015) parlent drsquounrisque important lieacute agrave la validiteacute et agrave la creacutedibiliteacute delrsquoinformation reacutecolteacutee sur les terrains humanitaires etsuggegraverent de croiser les donneacutees issues de diffeacuterentessources et de diffeacuterents moyens technologiques afindrsquoaccroicirctre leur fiabiliteacute De ce point de vueDischinger (2006) explique que les logisticiens nedoivent pas seulement deacutevelopper des compeacutetencesfonctionnelles en matiegravere de gestion des flux maisaussi des compeacutetences techniques lieacutees agrave lrsquoutilisationdes technologies de lrsquoinformation et de lacommunication Ce constat est particuliegraverement vraidans les chaicircnes logistiques humanitaires En effet lagestion des situations de crise implique la reacutealisationde tacircches complexes qui neacutecessitent descompeacutetences speacutecialiseacutees et souvent techniques(Thompson 2011) En particulier la FICR (2013) noteque le deacuteveloppement technologique dans lesorganisations de secours exige des compeacutetencespour pouvoir filtrer et prioriser lrsquoavalanche desdonneacutees produites apregraves une catastrophe afin drsquoentirer de la connaissance utile aux opeacuterations Lenombre important drsquoorganisations de secoursmobiliseacutees sur le terrain multiplie lui aussi lessources drsquoinformation ce qui peut conduire agrave desrisques drsquoasymeacutetrie dans lrsquoeacutevaluation des besoins(Sheu 2007) Toutes les informations reccedilues par lesacteurs humanitaires peuvent donc repreacutesenter unrisque important de deacutesinformation si elles ne sontpas correctement traiteacutees et seacutelectionneacutees (ZhangZhou et Nunamaker 2002) Cependant ledeacuteveloppement des compeacutetences dans le domainetechnologique peut ecirctre difficile car les ONG ont desressources limiteacutees qui varient consideacuterablement enfonction de lrsquoeacutemergence et de la meacutediatisation descatastrophes Elles doivent ainsi faire appel agrave une partimportante de volontaires aux connaissances et auxexpeacuteriences tregraves diffeacuterentes lesquels sont souventinsuffisamment qualifieacutes et formeacutes pour reacutepondreaux exigences des postes notamment en matiegraveredrsquoutilisation drsquooutils technologiques Ainsi McEntire(1999) et Varvas et McKenna (2013) observent que

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trop souvent les volontaires deacuteployeacutes par lesorganisations humanitaires reccediloivent des formationslaquo on the spot raquo crsquoest-agrave-dire lorsqursquoils arrivent sur leterrain des opeacuterations et non en phase de preacuteparationdans le cadre de programmes de formationdeacuteveloppeacutes dans la dureacutee Ensuite le taux derotation du personnel humanitaire sur le terrain estparticuliegraverement important ce qui reacuteduit la possibiliteacutede maintenir les compeacutetences et les expeacuteriencesacquises notamment dans le domaine destechnologies Pettit et Beresford (2005) et Thomas(2003) expliquent ainsi que la rotation des individusreacuteduit leur capaciteacute agrave utiliser pleinement les outilstechnologiques De lagrave Varvas et McKenna (2013)notent que la rotation rapide du personnel induitdes pertes de temps car les meacutethodes lesproceacutedures et les outils doivent ecirctre reacuteexpliqueacutes agravechaque changement drsquoeacutequipe Dans ce contextelrsquoutilisation de TIC par du personnel auxcompeacutetences insuffisantes peut accroicirctre le niveaude complexiteacute et drsquoincertitude et nuire agrave lrsquoefficaciteacutedes opeacuterations

Les diffeacuterents types de technologies delrsquoinformation et de la communication dans leschaicircnes logistiques humanitaires

Dans cette section nous preacutesentons les principales TICpouvant ecirctre utiliseacutees par les acteurs de secours ensoutien des chaicircnes logistiques humanitaires Le rapportsur les technologies publieacute par la FICR (2013) expliqueqursquoils peuvent avoir recours agrave un large panel drsquooutils desappareils mobiles pour la collecte de donneacutees dessatellites des avions et des drones pour la productiondrsquoimages des meacutedias sociaux pour le partage et ladisseacutemination drsquoinformations des moyens deteacuteleacutecommunication pour assurer des eacutechanges entre lesacteurs Cependant agrave notre connaissance aucunepublication nrsquoavait jusque-lagrave preacutesenteacute les principales TICpertinentes dans une chaicircne logistique humanitaire Pourfaciliter la discussion lrsquoarticle propose drsquoorganiser lapreacutesentation autour de quatre grandes cateacutegories de TICregroupeacutees drsquoapregraves leur fonction ou leur apporttechnique (1) les technologies drsquoimagerie pour laproduction drsquoimages des territoires (2) les technologiesdrsquoidentification et de positionnement pour la collecte dedonneacutees de localisation (3) les technologies deteacuteleacutecommunication pour acceacuteder agrave Internet et reacutealiserdes communications vocales et 4) les plateformesnumeacuteriques drsquoinformation pour faciliter la consultationet le partage en ligne des donneacutees

Technologies drsquoimagerie

Les acteurs de secours peuvent utiliser diffeacuterentestechnologies drsquoimagerie pour visualiser lrsquoeacutetat de lasituation sur le terrain apregraves une catastrophe Le plus

souvent des satellites en orbite terrestre sont utiliseacutesTel un appareil photographique scrutant la Terre danstous ses deacutetails le point de vue surplombant du satellitepermet de prendre des images de territoires tregraves eacutetendus(Dubois Avignon et Escudier 2014) Dans un contextedrsquoaccroissement des pheacutenomegravenes extrecircmes Cutter et al(2008)montrent que la deacutelimitation spatiale du peacuterimegravetredes catastrophes est un deacutefi de premier plan Lrsquoimageriepar satellite permet de capturer des images agrave distance quipeuvent couvrir en un seul passage de larges territoirestoucheacutes par des catastrophes ce qui serait difficile agraveobtenir en ayant recours agrave des aeacuteronefs La destructiondes infrastructures de transport nationales comme lesports ou les aeacuteroports peut eacutegalement bloquer lrsquoaccegravesaux zones sinistreacutees et le deacuteploiement de moyenstechnologiques sur le terrain tels que des appareilsutilisant un systegraveme de positionnement par satellite(ldquoGlobal Positioning Systemrdquo ou GPS) ou des drones Agravelrsquoinverse lrsquoimagerie satellitaire peut ecirctre opeacutereacutee agravedistance peu importent lrsquoeacuteloignement et les difficulteacutesdrsquoaccegraves agrave la zone sinistreacutee Les images produites offrentainsi un certain nombre drsquoinformations sur lrsquoampleur desdestructions qui sont cruciales pour le deacuteclenchement etle bon deacuteroulement des opeacuterations humanitaires Celles-ci permettent drsquoeacutevaluer lrsquoampleur des deacutegacircts et despopulations dans le besoins (par exemple les camps depersonnes deacuteplaceacutees) drsquoestimer lrsquoeacutetat des bacirctiments(ports aeacuteroports ponts habitations etc) et des reacuteseauxroutiers et in fine drsquoorganiser la distribution de lrsquoaide enciblant les zones drsquointervention (Prakash et Kulkarin 2003 Ichoua 2010 Butenuth et al 2011 Holguiacuten-Veras et al2012 Roy Albores et Brewster 2012) Altan et al (2010)ajoutent que lrsquoimagerie satellitaire permet de repeacuterer agravedistance certaines zones agrave risque et donc de seacutecuriser lesactiviteacutes De ce point de vue lrsquoOrganisation des Nationsunies (ONU) affirme que les images satellites sont utilespour faciliter le deacuteploiement des opeacuterations se deacuteroulantdans les environnements contraints par des problegravemesde seacutecuriteacute (UNITAR 2012) Finalement une eacutetudeempirique reacutealiseacutee par Delmonteil et Rancourt (2017)confirme que lrsquoimagerie satellitaire facilite lrsquoeacutevaluationdes besoins sur le terrain la gestion de la distributionde lrsquoaide aux populations et la seacutecurisation des opeacuterationsau niveau local

Plus loin des moyens aeacuteroporteacutes tels que des avionsdes heacutelicoptegraveres ou des drones sont de plus en plusutiliseacutes pour produire des images des catastrophes tregravesdeacutetailleacutees gracircce agrave des vols agrave basse altitude (Joyce et al2009 Tatham 2009 Camara 2014) Lrsquoutilisation delaquo drones humanitaires raquo a reacuteellement deacutebuteacute en 2013Cette anneacutee-lagrave des drones ont eacuteteacute deacuteployeacutes en Haiumlti parDrone Adventures dans le cadre des opeacuterations dereconstruction suite au seacuteisme de 2010 mais eacutegalementaux Philippines par Corephil DSI dans la phase de reacuteponsedrsquourgence apregraves le typhon Haiyan (BCAH 2014) Plusieursraisons peuvent expliquer lrsquoexpansion consideacuterable deces nouveaux outils Tout drsquoabord les drones offrent des


donneacutees (les images) beaucoup plus preacutecises que cellesobtenues par le biais des satellites Gracircce agrave des vols endessous de 100megravetres drsquoaltitude Chapman et Li (2008) etSaito et al (2004) notent que les drones peuvent fournirdes images drsquoune reacutesolution tregraves eacuteleveacutee (geacuteneacuteralemententre cinq et 10 centimegravetres de reacutesolution)mecircme lorsquela couverture nuageuse est dense Ensuite ces nouveauxoutils sont particuliegraverement adapteacutes aux organisationshumanitaires qui peuvent les acqueacuterir et les opeacuterer elles-mecircmes agrave lrsquoinverse des images captureacutees par des satellitesdes heacutelicoptegraveres ou des avions (Meier 2015) Leur faibledimension et leur leacutegegravereteacute (geacuteneacuteralement moins de deuxmegravetres drsquoenvergure et moins de 25 kilogrammes) permetaux acteurs de les transporter facilement sur le terrain(Bendea et al 2008 GeoTribu 2013) Dans ce contexte ledrone fournit un outil drsquoeacutevaluation eacuteconomique rapide etadapteacute aux zones reculeacutees et difficiles drsquoaccegraves sedistinguant ainsi des satellites par une plus grandeflexibiliteacute drsquoutilisation (Bendea et al 2008 Tatham2009) Finalement une eacutetude publieacutee par lrsquoONU montreque les drones drsquoimagerie offrent des avantagesimportants pour la logistique humanitaire (BCAH 2014)En premier ils permettent drsquoeacutevaluer rapidement lesbesoins en mesurant le nombre de victimes et dedestructions en suivant les mouvements de populationet en localisant les camps de personnes deacuteplaceacutees Ensecond ces outils facilitent la deacutetection des routesbloqueacutees apregraves un deacutesastre En troisiegraveme lrsquoutilisation dedrones peut ameacuteliorer la gestion de la distribution delrsquoaide aux populations (meilleur ciblage des populationsdans le besoin et meilleure organisation des opeacuterationsde distribution) Enfin ces toutes derniegraveres anneacutees lesdrones ne sont plus seulement utiliseacutes pour la capturedrsquoimages des territoires toucheacutes par des catastrophesmais aussi dans le cadre de projets pilotes pouracheminer des mateacuteriels de secours au plus pregraves despopulations Par exemple cette technologie pourraitsrsquoaveacuterer utile dans les chaicircnes logistiques humanitairespour distribuer des petites fournitures meacutedicalescomme des vaccins Drsquoailleurs en octobre 2016 leRwanda a lanceacute un premier programme national delivraison de poches de sang par drones que le payscherche maintenant agrave eacutetendre pour certainsmeacutedicaments et vaccins

Les technologies drsquoimagerie peuvent cependantrencontrer un certain nombre de difficulteacutes techniqueset humaines Au plan technique les images satellitespeuvent parfois manquer de reacutesolution Drsquoapregraves Manfreacuteet al (2012) le niveau de preacutecision peut ecirctre insuffisantpour visualiser certains deacutetails critiques pour la gestiondes catastrophes Ensuite les images peuvent ne pasecirctre assez reacutecentes et mises agrave jour reacuteguliegraverement (Cutter2003 Chapman et Li 2008 Zhang et Kerle 2008 Butenuth et al 2011) Cette situation limite lapossibiliteacute de conduire un pilotage opeacuterationnelperformant des chaicircnes logistiques humanitaires carles donneacutees ne reflegravetent pas la situation reacuteelle sur le

terrain Au plan humain la FICR (2013) note quelrsquoutilisation drsquoimages satellites sur les theacuteacirctreshumanitaires reste limiteacutee agrave quelques acteurs desecours qui disposent des compeacutetences neacutecessairesdans le domaine des systegravemes drsquoinformationgeacuteographique (SIG) pour conduire le travail drsquoanalysede donneacutees geacuteospatiales

Technologies drsquoidentification et de positionnement

En sus de la capture drsquoimages des zones sinistreacutees lesacteurs deacuteployeacutes sur le terrain peuvent avoir recours agravedes technologies drsquoidentification et de positionnementafin de reacutepertorier la localisation geacuteographique decertains eacuteleacutements drsquointeacuterecirct pour les opeacuterations et desuivre les deacuteplacements des flux logistiques Pour cefaire ils peuvent utiliser des codes-barres des puceseacutelectroniques de type laquo radio frequency identification raquo(RFID) ou encore des systegravemes de positionnement parsatellite Dans le secteur commercial ces technologiesameacuteliorent la rapiditeacute et lrsquoefficaciteacute des chaicircneslogistiques par une plus grande visibiliteacute coordinationentre les acteurs et seacutecuriteacute des flux (Niemeyer Pak etRamaswamy 2003 Lee 2004 Peck 2006 Chow et al2007) Dans le secteur humanitaire les eacutetiquettes RFIDpeuvent notamment ecirctre utiliseacutees pour collecter desdonneacutees sur les infrastructures et les bacirctimentsendommageacutes ou deacutetruits apregraves une catastrophe (Azizet al 2009) Cette technologie offre la possibiliteacutedrsquoacqueacuterir de faccedilon immeacutediate et preacutecise lescoordonneacutees geacuteographiques de lieux critiques commelrsquoemplacement des camps de reacutefugieacutes ou des centres dedistribution Des technologies de positionnement parsatellite peuvent eacutegalement ecirctre choisies pour reacutealiserun pilotage continu et en temps reacuteels des fluxlogistiques (Prakash et Kulkarin 2003 Lee 2004) Enparticulier deux types de reacutecepteurs GPS peuvent ecirctreutiliseacutes dans les chaicircnes logistiques humanitaires desappareils GPS portatifs directement controcircleacutes par lesacteurs de secours pour se localiser et srsquoorienter sur leterrain (systegravemes actifs) et des balises de tracking GPSautomatiseacutees installeacutees sur les veacutehicules humanitairespour reacutealiser un suivi agrave distance (systegravemes passifs)Drsquoun cocircteacute les appareils GPS portatifs permettent de sedeacuteplacer sur le terrain dans des contextes post-catastrophes ougrave lrsquoampleur des destructions rendsouvent difficile la reconnaissance des lieux et lrsquoatteintedes zones cibles (Matsuoka et Yamazaki 2004) Manfreacuteet al (2012) parlent de laquo land-based mobile mappingsystems raquo et Chapman et Li (2008) de laquo terrestrial mobilemapping systems raquo Ces appareils offrent eacutegalement lapossibiliteacute de sauvegarder les coordonneacuteesgeacuteographiques exactes de diffeacuterents sites pouvant ecirctreutiles agrave repeacuterer pour les opeacuterations comme lalocalisation drsquoun centre de distribution ou drsquoun pontdeacutetruit Ainsi Delmonteil et Rancourt (2017) montrentque les appareils GPS portatifs facilitent lrsquoeacutevaluation des


besoins (par exemple la localisation des lieux dedemande et des camps de personnes deacuteplaceacutees) et lagestion de la distribution de lrsquoaide aux populations (parexemple la localisation des centres de distribution) agravepartir de donneacutees de terrain deacutetailleacutees De lrsquoautre cocircteacuteles balises GPS peuvent ecirctre utiliseacutees afin drsquoassurer unsuivi agrave distance et continu des deacuteplacements desveacutehicules de secours Drsquoautres informations peuventeacutegalement ecirctre transmises comme la vitesse latempeacuterature ou la consommation de carburant Unsystegraveme drsquoalerte peut ecirctre preacuteprogrammeacute afin derecevoir des notifications en cas drsquoanomalie commeune sortie du peacuterimegravetre opeacuterationnel ou uneinterruption (volontaire ou involontaire) de lrsquoappareilLe programme UNOSAT de lrsquoONU a contribueacute aulancement drsquoune solution de tracking GPS appeleacuteelaquo HumaNav raquo laquelle eacutequipe aujourdrsquohui plus de 1000 veacutehicules humanitaires dans le monde (desveacutehicules de lrsquoONU de la FICR et de certaines ONG)Selon Delmonteil et Rancourt (2017) le tracking GPS desveacutehicules de secours ameacuteliore la planification dutransport et la seacutecurisation agrave distance des convoisdrsquoaide humanitaire En particulier la FICR (2013) affirmeque lrsquooutil de tracking GPS HumaNav a permis derenforcer la seacutecuriteacute et de reacuteduire les consommationsde carburant et les coucircts gracircce agrave la transmission entemps reacuteels drsquoinformations critiques entre lesconducteurs et leur base

Lrsquoutilisation drsquooutils de positionnement GPS peutcependant srsquoaccompagner de difficulteacutes Delmonteilet Rancourt (2017) deacutemontrent que les acteurshumanitaires manquent de compeacutetences dans ledomaine SIG pour pouvoir correctement utiliser lesappareils GPS portatifs et traiter les informationsobtenues Les auteurs expliquent aussi que certainsappareils GPS portatifs ne sont pas assez performantspour capturer des coordonneacutees geacuteographiquespreacutecises notamment lorsque des smartphones sontutiliseacutes pour capturer des points GPS En outre ilsmontrent que le tracking GPS a un inteacuterecirct limiteacutepour geacuterer le transport et la seacutecuriteacute lorsque lesdistances parcourues par les veacutehicules sont courtesEnfin Kaiser et al (2003) expliquent que leseacutequipements GPS peuvent srsquoaveacuterer trop coucircteuxpour de nombreuses petites organisations de secours

Technologies de teacuteleacutecommunication

Drsquoapregraves lrsquoUnion internationale des teacuteleacutecommunications(UIT 2005) les communications entre les acteurs desecours sont essentielles pour pouvoir eacutevaluer etlocaliser les populations dans le besoin et coordonnerles opeacuterations logistiques En particulier Holguiacuten-Veraset al (2012) notent que les teacuteleacutecommunicationspermettent de reacuteduire lrsquoincertitude et donc drsquoaccroicirctrelrsquoadeacutequation entre lrsquooffre de secours et les besoins reacuteelsdes populations sur le terrain Dans ce domaine Comfort

(2007) et Varvas et McKenna (2013) identifient plusieurstechnologies pouvant ecirctre utiliseacutees par les organisationsde secours comme les radios les teacuteleacutephones cellulairesles lignes teacuteleacutephoniques terrestres et les teacuteleacutephonessatellitaires Selon ces derniers auteurs les technologiesde teacuteleacutecommunication permettent aux acteurs desecours drsquoeacutechanger entre eux et de reacutepondrerapidement aux catastrophes Drsquoun cocircteacute elles offrent lapossibiliteacute de reacutealiser des communications vocales Delrsquoautre elles donnent accegraves agrave Internet pour transmettreet partager en ligne les informations collecteacutees sur leterrain Trois grandes cateacutegories de technologies deteacuteleacutecommunication peuvent ecirctre identifieacutees les radiosVHF (laquo very high frequency raquo) utilisant les hautesfreacutequences pour reacutealiser des eacutechanges vocaux dans unrayon de plusieurs kilomegravetres les reacuteseaux filaires et lesantennes de teacuteleacutephonie mobile permettant de reacutealiserdes eacutechanges teacuteleacutephoniques et drsquoacceacuteder agrave Internet etenfin les systegravemes de teacuteleacutecommunication par satellitepour teacuteleacutephoner naviguer sur Internet et eacutechanger desdonneacutees un peu partout dans le monde Ces dernierssont devenus aujourdrsquohui indispensables dans lescontextes post-catastrophes En effet Conti (2008)observe que les deacutesastres peuvent affecter les reacuteseauxterrestres de communication pour deux raisonsprincipales En premier lrsquoimpact drsquoune catastrophe surles reacuteseaux de communication terrestres est susceptiblede paralyser les eacutechanges entre les acteurs deacuteployeacutes surle terrain et les centres de commandement (Yang Yanget Yang 2011) Pour Holguiacuten-Veras et al (2012) cela apour conseacutequence drsquoaccroicirctre le niveau drsquoincertitude etde complexifier lrsquoeacutevaluation des besoins En second lesreacuteseaux de communication terrestres et toujoursopeacuterationnels apregraves une catastrophe peuvent seretrouver rapidement satureacutes En troisiegraveme ces dernierspeuvent ecirctre tout simplement inexistants dans certainesreacutegions du monde enclaveacutees et faiblement deacuteveloppeacuteesCela peut repreacutesenter une difficulteacute importante pour deschaicircnes logistiques commerciales qui sont de plus enplus globaliseacutees (Nollet et al 2006) Dans les chaicircneslogistiques humanitaires Van Wassenhove (2006) noteque les communications terrestres sont souventdifficiles lorsque les opeacuterations se deacuteroulent dans despays en deacuteveloppement en raison de la faiblesse desinfrastructures nationales Dans ce contexteZimmermann (1995) et Wagner Skorna et Bode (2009)suggegraverent le recours au satellite pour eacutetablir desteacuteleacutecommunications drsquourgence mondiales quisrsquoaffranchissent des contraintes au sol et qui disposentdrsquoune couverture quasi-globale Delmonteil et Rancourt(2017) montrent que les teacuteleacutecommunications par satelliteameacuteliorent lrsquoeacutevaluation des besoins gracircce agrave une capaciteacutede liaison et de remonteacutee de lrsquoinformation rapide etdirecte vers les centres de commandement et dereacuteajustement en temps reacuteels de lrsquooffre humanitaire enfonction des eacutevolutions des besoins sur le terrain Lesauteurs reacutevegravelent que les teacuteleacutecommunications


satellitaires facilitent eacutegalement la gestion des problegravemesde seacutecuriteacute en fournissant une capaciteacute de liaisonpermanente permettant de reacuteagir rapidement en casdrsquoaccident drsquoattaque drsquoeacutemeute de vol ou dekidnapping Cependant leurs travaux montrent aussilrsquoexistence de deux difficulteacutes pouvant accompagnerces technologies Tout drsquoabord la bande passante desliaisons satellitaires peut srsquoaveacuterer insuffisante (lenteur desconnexions Internet et des eacutechanges de donneacutees)Ensuite le coucirct de ces technologies peut limiter lespossibiliteacutes drsquoutilisation dans les organisations desecours Garshnek et Burkle (1999) notent que certainespetites communauteacutes dans les pays en voie dedeacuteveloppement ne peuvent pas se permettre drsquoacqueacuterirleurs propres systegravemes de teacuteleacutecommunication drsquourgenceCrsquoest notamment le cas des teacuteleacutecommunications parsatellite qui impliquent des coucircts drsquoacquisition etdrsquoutilisation souvent trop eacuteleveacutes pour les organisationshumanitaires (Oh 2003) En effet lrsquoachat de terminauxsatellitaires repreacutesente un coucirct qui se situe entre 1 500et 3 000 USD lrsquouniteacute La valeur de ces outils peuteacutegalement dans certains contextes susciter destentatives de vol et accentuer les menaces pesant sur lepersonnel humanitaire Des coucircts drsquoutilisation srsquoajoutentpour pouvoir reacutealiser les appels vocaux et les connexionsInternet Les organisations doivent acheter des cartes SIMpreacutepayeacutees aupregraves drsquoopeacuterateurs speacutecialiseacutes comme lasocieacuteteacute Inmarsat ou Iridium Geacuteneacuteralement les appelsvocaux sont factureacutes entre 1 et 2 USD par minute et lesconnexions Internet entre 5 et 7 USD par meacutegabytetransfeacutereacute Le coucirct des technologies repreacutesente donc unebarriegravere de premier plan qui limite leur acquisition et leurutilisation par les acteurs et les beacuteneacutefices qui pourraienten ecirctre tireacutes dans les opeacuterations

Plateformes numeacuteriques drsquoinformation

Les acteurs de secours ont de plus en plus recours agravedes plateformes numeacuteriques afin drsquoobtenir desinformations cruciales pour leurs opeacuterations Parexemple des sites Internet tels que Facebook ouTwitter sont de plus en plus utiliseacutes par les acteursde secours (Caragea et al 2011) Ces meacutedias sociauxoffrent la possibiliteacute de construire de partager et degeacuterer lrsquoinformation au travers de conversations etdrsquointeractions (Yates et Paquette 2011) Sarcevicet al (2012) et Sutton Palen et Shklovski (2008)notent que ces outils sont particuliegraverement utilespour eacutevaluer le niveau des destructions et desbesoins et pour ameacuteliorer la collaboration et lacoordination entre les acteurs Crsquoest notamment lecas des plateformes professionnelles comme le siteInternet laquo Logistics Cluster raquo qui permet de partageret de consulter de nombreuses informations agravevocation opeacuterationnelle pour accompagner ledeacuteploiement logistique des organisations de secoursPlus encore des plateformes de cartographie

participative comme laquo OpenStreetMap raquo (OSM) sesont beaucoup deacuteveloppeacutees en permettant deconjuguer les efforts de nombreux volontaires pourcreacuteer des cartes annoteacutees et informatives (Goodchild2007 Manfreacute et al 2012) Cette plateforme a connuun essor consideacuterable au lendemain du seacuteisme qui afrappeacute Haiumlti en 2010 Soden et Palen (2014) observentque lrsquoimplication exceptionnelle de volontaires apermis de cartographier la reacutegion de Port-au-Princede faccedilon extrecircmement rapide en inteacutegrant agrave la foisdes images satellites et des donneacutees drsquoobservation insitu (par exemple des points GPS) sur la plateformeOSM Lrsquoutilisation de cette technologie a permis decreacuteer des cartes indiquant lrsquoemplacement de sitesdrsquointeacuterecirct prioritaire pour les opeacuterations de secourscomme la localisation des camps de personnesdeacuteplaceacutees ou des bacirctiments deacutetruits Selon la FederalEmergency Management Agency (FEMA) les cartesinformatives produites gracircce agrave la plateforme OSM sesont reacuteveacuteleacutees particuliegraverement utiles pour ledeacuteploiement de lrsquoaide drsquourgence en offrant unniveau de deacutetail ineacutegaleacute en seulement quelquesjours (FICR 2013) Une autre plateforme decartographie participative appeleacutee laquo Ushahidi raquo aeacutegalement eacuteteacute mise en place au lendemain duseacuteisme en Haiumlti pour produire des cartes sur la basedrsquoun reacutefeacuterencement de SMS drsquoe-mail et drsquoautressources disponibles drsquoinformations partageacutees(Starbird 2011) Enfin Google a lanceacute son outillaquo Google Person Finder raquo afin drsquoaider les personnes agravese manifester et agrave se retrouver apregraves une catastropheLes technologies de partage drsquoinformation sont doncparticuliegraverement utiles aux organisations humanitairesen produisant des donneacutees sur lrsquoeacutetat de la situationapregraves une catastrophe et sur les opeacuterations en coursCependant elles conduisent souvent agrave un affluxdrsquoinformation consideacuterable qui peut creacuteer un risqueimportant de deacutesinformation et nuire agrave la bonnecompreacutehension drsquoune crise et agrave lrsquoefficaciteacute delrsquointervention (Tapia et al 2011 Starbird et al 2014 Tapia LaLone et Kim 2014)

La synthegravese que nous avons opeacutereacutee identifie lesmoyens technologiques sur lesquels les acteurspeuvent srsquoappuyer pour deacuteployer et piloter unechaicircne logistique humanitaire Lorsque les deacutegacirctssont mesureacutes ils peuvent avoir recours agrave desmoyens traditionnels pour eacutevaluer la situation etdeacuteclencher les opeacuterations Cependant lorsque lesdeacutegacircts infligeacutes aux infrastructures locales sontmajeurs lrsquoarticle explique lrsquoimportance croissante decertaines TIC avanceacutees telles que les technologies parsatellite ou les drones afin de conserver des capaciteacutesdrsquoappreacuteciation de la situation et de communicationsur le terrain Le Tableau 1 propose une synthegravese desprincipales TIC pouvant ecirctre utiliseacutees dans les chaicircneslogistiques humanitaires (premiegravere et deuxiegravemecolonne) ainsi que les avantages techniques et


Tableau1

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opeacuterationnels (troisiegraveme et quatriegraveme colonne) et lesinconveacutenients (cinquiegraveme colonne) pouvant deacutecoulerde leur utilisation

Des propositions pour accroicirctre lrsquoutilisation etles beacuteneacutefices de la technologie

Notre synthegravese souligne un certain nombre debarriegraveres et de difficulteacutes geacuteneacuterales connues de lacommunauteacute acadeacutemique comme le manque decompeacutetences des acteurs humanitaires ou le coucircttrop eacuteleveacute des TIC lesquelles peuvent bloquerlrsquoutilisation des technologies et leur transformationen valeur ajouteacutee dans les chaicircnes logistiqueshumanitaires Elle met eacutegalement en lumiegraverelrsquoexistence de limites techniques et humaines quisont plus speacutecifiques agrave certains des outils eacutevoqueacutespreacuteceacutedemment et moins bien deacutecrites dans lalitteacuterature Sur cette base ce travail recommande dedeacutevelopper deux principaux facilitateurstechnologiques lrsquoaccroissement de la formation desacteurs dans certains domaines technologiquesparticuliers et la construction de liens avec lesfournisseurs de technologies En premier ledeacuteveloppement de programmes de formation deacutedieacutesaux TIC permettrait de faciliter leur adoption et leurprise en main par les acteurs Roux-Dufort (2003)suggegravere de deacutevelopper lrsquoapprentissage et Pettit etBeresford (2005) les programmes de formation enphase de preacuteparation dans les organisations desecours Le deacuteveloppement des compeacutetences permetaux acteurs de mieux utiliser les outils maiseacutegalement que ceux-ci soient en capaciteacute de filtreret drsquoanalyser les donneacutees obtenues afin drsquoen tirer lemeilleur parti possible dans leurs activiteacutes Commesouligneacute preacuteceacutedemment les acteurs de secoursmanquent surtout de compeacutetences dans le domainedes technologies avanceacutees et en particulier delrsquoimagerie satellitaire et des appareils GPS Ils nedisposent souvent pas des compeacutetences neacutecessairesen SIG pour pouvoir traiter et analyser les donneacuteesgeacuteographiques produites par ces instruments Defaccedilon prioritaire cet article suggegravere ainsi de mettreen place des programmes de formation techniquedans ce domaine preacutecis Cependant ledeacuteveloppement de la formation et de lrsquoapprentissagenrsquoest pas toujours facile Van Wassenhove (2006)explique qursquoil est capital pour les organisations desecours de disposer de suffisamment de ressourcesfinanciegraveres en amont des catastrophes afin de pouvoirinvestir dans les technologies et de preacuteparer lesacteurs humanitaires Roux-Dufort (2003) ajoute quele deacuteveloppement de la formation et delrsquoapprentissage peut ecirctre entraveacute par certainesbarriegraveres organisationnelles comme les tentatives depreacuteservation des routines ou les croyancesindividuelles et collectives Dans ce contexte notre

travail incite agrave un changement profond dans laculture mecircme des organisations humanitaires afinque celles-ci reconnaissent davantage lrsquoimportancedes TIC avanceacutees et des apprentissages techniquesNos apports suggegraverent par ailleurs la construction deliens formels et informels entre les organisationsutilisatrices et les fournisseurs de TIC pour plusieursraisons Tout drsquoabord cela permettrait auxorganisations de secours de neacutegocier les tarifs deces technologies aupregraves des fournisseurs desolutions technologiques En effet lrsquoarticle a souligneacuteque le coucirct drsquoacquisition et drsquoutilisation de la plupartdes TIC peut repreacutesenter une barriegravere importantepour de nombreux acteurs humanitaires Ainsiplusieurs accords-cadres facilitant lrsquoaccegraves auxtechnologies satellitaires en cas de catastrophe onteacuteteacute mis en place au niveau international Crsquoestnotamment le cas de la charte laquo espace etcatastrophes majeures raquo et des programmesCopernicus Emergency Mapping et UNOSAT dans lesecteur de lrsquoimagerie Lrsquoobjectif principal de la charteest drsquooffrir un accegraves gratuit agrave des images satellites dehaute reacutesolution agrave tout pays toucheacute par unecatastrophe (Ito 2005) Ces diffeacuterents meacutecanismesinstitutionnels permettent drsquoacceacuteder facilementrapidement et surtout gratuitement agrave des images etagrave des cartes satellites de haute reacutesolution en cas decatastrophe Pour Bessis Beacutequignon et Mahmood(2004) les accords internationaux mis en place dansle domaine de lrsquoimagerie et de la cartographiesatellitaire ont deacutemontreacute leur efficaciteacute au cours desdiffeacuterentes catastrophes qui sont survenues dans lesanneacutees 2000 Cette technologie est devenue plusaccessible gracircce agrave des proceacutedures faciliteacutees etsurtout une mise agrave disposition gratuite en cas decatastrophe Plusieurs initiatives similaires onteacutegalement eacuteteacute lanceacutees dans le secteur desteacuteleacutecommunications drsquourgence Ensuite cet articlepropose de deacutevelopper les interconnections entreces deux communauteacutes drsquoacteurs afin de permettreaux fournisseurs de technologies de mieux connaicirctreles besoins reacuteels des organisations humanitaires crsquoest-agrave-dire les caracteacuteristiques techniques valoriseacutees parces derniegraveres et celles qui ne le sont pas Ainsilrsquoaccroissement des liens permettrait de proposerdes outils plus faciles drsquoutilisation plus intuitifs etqui reacutepondent mieux aux besoins opeacuterationnels deshumanitaires (des images plus deacutetailleacutees et deacutejagrave preacute-analyseacutees des teacuteleacutecommunications satellitaires plusrapides etc)

Conclusion

Cette contribution identifie et discute quatre grandescateacutegories de technologies pouvant ecirctre utiliseacutees dansles chaicircnes logistiques humanitaires Les organisations desecours peuvent tout drsquoabord mobiliser des technologies


drsquoimagerie afin de visualiser les diffeacuterentes zones drsquounecatastrophe agrave partir drsquoavions de satellites ou de dronesElles peuvent eacutegalement solliciter des technologiesdrsquoidentification et de positionnement prenant la formede codes-barres de puces eacutelectroniques ou de dispositifssatellitaires pour obtenir des informations surlrsquoemplacement et les deacuteplacements des flux logistiquesNous avons ensuite identifieacute plusieurs technologies deteacuteleacutecommunication telles que les teacuteleacutephones portablesles radios et les teacuteleacutecommunications satellitairespermettant drsquoassurer des eacutechanges entre les acteurshumanitaires deacuteployeacutes sur le terrain Enfin desplateformes numeacuteriques drsquoinformation comme lesreacuteseaux sociaux ou certaines interfaces professionnellessont de plus en plus utiliseacutes pour consulter et partagerdes informations sur lrsquoactualiteacute des opeacuterations en coursnotamment sur un plan logistique

Ces outils sont particuliegraverement utiles pouraccroicirctre la visibiliteacute et la performance opeacuterationnelledes chaicircnes logistiques humanitaires en facilitantlrsquoeacutevaluation des besoins la coordination entre lesacteurs le transport reacutegional la distribution de lrsquoaideaux populations ou encore la seacutecuriteacute des opeacuterationsCependant un certain nombre de difficulteacutestechniques et humaines comme le manque depreacutecision des images satellites ou lrsquoinsuffisance descompeacutetences des acteurs dans les domainestechniques sont susceptibles de limiter leurutilisation Pour y reacutepondre nous proposonsdrsquoaccroicirctre la formation des acteurs humanitairesnotamment dans le domaine des SIG et dedeacutevelopper les contacts et les liens entre cesorganisations et les fournisseurs de TIC afin dereacuteduire le coucirct des outils et que ceux-cicorrespondent mieux aux besoins reacuteels desutilisateurs Cependant les ONG se distinguent pardes cultures organisationnelles fortes marqueacutees pardes pratiques des postures et des ideacuteologiessouvent profondeacutement ancreacutees dans les consciencesindividuelles Elles sont donc parfois reacuteticentes agravelrsquoinnovation Dans ce contexte le deacuteveloppementtechnologique dans les organisations humanitairesneacutecessite une plus grande prise en compte delrsquoimportance de lrsquoacquisition et de lrsquoutilisation desTIC en appui des opeacuterations

Remerciements

Ce travail a eacuteteacute reacutealiseacute dans le cadre de plusieurscollaborations scientifiques impliquant le MIT(Humanitarian Response Lab) Harvard (HarvardHumanitarian Initiative) la Croix-Rouge franccedilaise et leCentre national drsquoeacutetudes spatiales Nous remercionseacutegalement le Conseil de recherches en sciencesnaturelles et en geacutenie du Canada (CRSNG) qui a financeacuteune partie de ce projet de recherche

Deacuteclaration

Les auteurs confirment qursquoil nrsquoy a aucun conflit drsquointeacuterecirct

Les auteurs

Franccedilois-Xavier Delmonteil est titulaire drsquoun doctorat delrsquoEacutecole polytechnique portant sur le rocircle des technologiesgeacuteospatiales dans les chaicircnes logistiques drsquourgence Il estchercheur associeacute au sein de lrsquoObservatoire canadien sur lescrises et lrsquoaide humanitaires (OCCAH) et agrave HEC Montreacuteal(groupe de recherche CHAINE) Ses travaux portentnotamment sur lrsquoapport des technologies de lrsquoinformationet de la communication dans les opeacuterations de secoursMarie-Egraveve Rancourt est professeure en gestion desopeacuterations et de la logistique agrave HEC Montreacuteal Elle estaussi affilieacutee au Centre interuniversitaire de recherche surles reacuteseaux drsquoentreprises la logistique et le transport(CIRRELT) au Massachusetts Institute of Technology (MIT)et membre de lrsquoObservatoire canadien sur les crises etlrsquoaction humanitaire (OCCAH) Ses inteacuterecircts de rechercheportent sur lrsquoanalyse et lrsquooptimisation de systegravemeslogistiques et de transport Elle se concentre sur lareacutesolution de problegravemes pratiques dans le contexte delrsquoaide humanitaire et de projets de deacuteveloppement Elleapplique principalement des techniques baseacutees sur larecherche opeacuterationnelle et sur la science des donneacuteespour eacutetudier et ameacuteliorer des systegravemes opeacuterationnels quiont des impacts importants sur le bien-ecirctre de personnesvulneacuterables ou sur le deacuteveloppement eacuteconomique Elle acompleacuteteacute un PhD en administration et une MSc enmodeacutelisation et deacutecision agrave HEC Montreacuteal ainsi qursquoun BScen matheacutematiques agrave lrsquoUniversiteacute de Montreacuteal

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Abstract

Abstract

Introduction

Lrsquoimportance de la technologie dans les chaicircnes logistiques humanitaires

Les diffeacuterents types de technologies de lrsquoinformation et de la communication dans les chaicircnes logistiques humanitaires





Des propositions pour accroicirctre lrsquoutilisation et les beacuteneacutefices de la technologie

Conclusion

Remerciements

Deacuteclaration

Les auteurs


et rapide Cependant la destruction desinfrastructures nationales les plus essentielles tellesque les routes les ports les aeacuteroports et les reacuteseauxde communication est susceptible de paralyser ledeacuteploiement des acteurs de secours et des chaicircneslogistiques humanitaires sur le terrain (Koudelka etSchrotter 2007 Fuhrmann MacEachren et Cai et al2008 Holguiacuten-Veras et al 2012 Van Wassenhove etPedraza Martinez 2012) Dans ce contexte lrsquoaccegraves agravelrsquoinformation et les communications dans les premiersmois apregraves un deacutesastre repreacutesentent des enjeuxparticuliegraverement importants du pilotage des chaicircneslogistiques humanitaires

Les acteurs de secours ont ainsi agrave leur disposition unevarieacuteteacute importante de technologies de lrsquoinformation et dela communication (TIC) leur permettant de faire face agrave ladiversiteacute des situations post-catastrophes auxquelles ilspeuvent ecirctre confronteacutes et drsquoameacuteliorer le pilotage deschaicircnes logistiques humanitaires Dans un rapportpublieacute en 2013 la Feacutedeacuteration internationale de la Croix-Rouge (FICR) parle de laquo technologies de lrsquohumanitaire raquoqursquoelle deacutefinit comme des technologies utiliseacutees etappliqueacutees aussi bien en amont des catastrophes dansune deacutemarche de preacutevention et drsquoatteacutenuation qursquoen avalpour ameacuteliorer la qualiteacute de lrsquointervention du relegravevementet de la reconstruction (FICR 2013) Ce travail de synthegravesechoisit de srsquointeacuteresser aux TIC utiliseacutees dans la phase dereacuteponse lorsque les communications et lrsquoaccegraves agravelrsquoinformation sont les plus critiques pour permettrelrsquointervention opeacuterationnelle des organisations desecours et lrsquoassistance aux populations dont la survie estsouvent menaceacutee Dans ce contexte particulier lestechnologies leur servent agrave srsquoinformer agrave la fois surlrsquoimpact mateacuteriel et humain drsquoune catastrophe et surleur propre intervention sur le terrain Cependant lesprofessionnels ne savent pas toujours quels sont lesoutils agrave leur disposition ni mecircme les gains qursquoils peuventen attendre ou les difficulteacutes susceptibles drsquoaccompagnerleur utilisation De plus agrave notre connaissance aucunepublication nrsquoa jusque-lagrave reacutealiseacute une description globalede ces technologies Pour reacutepondre agrave ces manqueslrsquoobjectif de ce travail est donc drsquoune part drsquoidentifier lesprincipales TIC pouvant ecirctre utiliseacutees par les logisticienshumanitaires et drsquoautre part de preacutesenter leursprincipaux avantages opeacuterationnels et inconveacutenientsPour faciliter la discussion ces TIC ont eacuteteacute regroupeacuteespar grandes cateacutegories drsquoapregraves leur fonction technique

La preacutesente synthegravese srsquoorganise autour de troissections La premiegravere section rappelle le rocircle crucialde la technologie dans les opeacuterations de secours ainsique les difficulteacutes qui peuvent deacutecouler de sonutilisation La deuxiegraveme section reacutepond agrave lrsquoobjectifen identifiant les principales TIC pouvant ecirctresolliciteacutees par les logisticiens humanitaires lesquellessont regroupeacutees en quatre grandes cateacutegories tout

en preacutesentant leurs avantages opeacuterationnels et leursinconveacutenients Cette deuxiegraveme section se termine parun tableau de synthegravese permettant aux lecteurs devisualiser les diffeacuterentes TIC disponibles et utiliseacuteesdans une chaicircne logistique humanitaire Enfin latroisiegraveme section de lrsquoarticle propose desrecommandations pouvant faciliter la diffusion desTIC chez les acteurs humanitaires

Lrsquoimportance de la technologie dans leschaicircnes logistiques humanitaires

Dans les chaicircnes logistiques commerciales les TICameacuteliorent lrsquoefficaciteacute (Closs et McGarrell 2004 Melville Kraemer et Gurbaxani 2004 Nollet et al2006) diminuent les deacutelais de reacuteaction face aux aleacuteas(Asadi 2011) et ameacuteliorent la flexibiliteacute (MelvilleKraemer et Gurbaxani 2004) La technologie profiteaux opeacuterations pour trois raisons principalesPremiegraverement les TIC renforcent la visibiliteacute deschaicircnes logistiques confronteacutees agrave des environnementsdifficiles et dynamiques (Sheffi 2001) La visibiliteacute des fluxen transit est critique pour pouvoir gagner en flexibiliteacuteet en capaciteacute de reacuteajustement en cas de perturbationsinattendues comme des retards ou des changementsdans la demande (Wagner Skorna et Bode 2009) etpour reacuteduire la diffusion des risques dans desenvironnements opeacuterationnels de plus en plusinterconnecteacutes et complexes (Caridi et al 2010 Basoleet Bellamy 2014) Deuxiegravemement les TIC sont utiles pourrenforcer la seacutecuriteacute des opeacuterations face agrave de nouvellesformes de menaces comme le terrorisme (Sheffi 2001)Ces outils facilitent la deacutetection rapide des problegravemes etla coordination des actions agrave mener pour assurer leretour agrave un eacutetat de fonctionnement stabiliseacute Pouraccroicirctre la seacutecuriteacute des chaicircnes logistiques Glickmanet White (2006) Rice et Sheffi (2005) ou encore Sheffi(2005) font appel agrave la notion de reacutesilience une capaciteacutedrsquoadaptation dynamique permettant la deacutetection et lareacuteponse rapide aux risques et aux menaces delrsquoenvironnement Pour Vega (2012) la logistiquecommerciale pourrait drsquoailleurs prendre exemple sur lesecteur humanitaire qui a deacuteveloppeacute des capaciteacutes dereacutesilience importantes pour continuer agrave opeacuterer face agravedes contextes drsquourgence Pour accroicirctre le niveau deseacutecuriteacute dans les opeacuterations Autry et Bobbitt (2008)suggegraverent drsquoavoir recours agrave la technologie pouridentifier eacutevaluer et controcircler les risques et lesmenaces En particulier la technologie permetdrsquoameacuteliorer la seacutecuriteacute des flux contre les vols ou diversdommages (Wagner Skorna et Bode 2009) Gracircce auxTIC la confiance sur les cargaisons peut ecirctre retrouveacuteeaugmentant ainsi la rapiditeacute de la chaicircne par une baissedes inspections et une reacuteduction des deacutelais de passageen douane (Lee 2004) Les gains de visibiliteacute permis par

































Tableau1

Synthegravese

desTICdispon

ibleset

utiliseacutees

dans


manitaires

Applications

Techno

logies

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decommun

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Applications

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Applications

enlogistique

humanitaire

Limiteset

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Techno

logies

drsquoimagerie

Moyensaeacuteriens

(avion

sheacutelicop

tegraveres

dron

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-Visu

alisa

tionpreacutecise

delasituatio

n(niveaulocal)

-Eacutevaluatio

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popu

latio

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Imagerie

satellitaire

(exG

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UN

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n(niveaureacutegion

al)

-Ge

stionde

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-Manqu

ede

compeacutetences

enSIG

-Ge

stionde


-Reacutesolutio

nparfo

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-Mise

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Techno

logies


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Lign

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onie

-Co

ordinatio



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(teacuteleacuteph

onie

mob

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-Co

ucirctfaible

-Eacutevaluatio

ndesbesoinsdes

popu

latio


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F-Eacutechang

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-Ge

stionde


-Difficulteacute

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-Co

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neacuteleveacute


nalo

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Techno

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depo

sitionn

ement

RFID

-Identificationet


bacirctim

ents

-Eacutevaluatio

nplus

preacutecise

des

destructions

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-Difficulteacute


ations

(transm

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Appareils

GPSpo

rtatifs

(appareilsGP

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(exG

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smartphones)

-Au

to-orientation

-Ge

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eacutelioreacuteede

ladistrib

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popu

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preacutecision

decertains

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pour

lacapture

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GPSno

tammentlessm

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nes

-Sauvegarde

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distance

-Meilleuregestiondu

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Conclusion





Remerciements


Deacuteclaration


Les auteurs































































































Abstract

Abstract

Introduction








Conclusion

Remerciements

Deacuteclaration

Les auteurs

































Tableau1

Synthegravese

desTICdispon

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dans


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Applications

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Remerciements


Deacuteclaration


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Abstract

Abstract

Introduction








Conclusion

Remerciements

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Les auteurs






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Abstract

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Abstract

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Abstract

Abstract

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Les auteurs


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