LES STRUCTURALISMES E T LEURS CONFLITS par ALEXANDRE ...
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L E S S T R U C T U R A L I S M E S
E T
L E U R S C O N F L I T S
par
ALEXANDRE VEXLIARD
Professeur à la Faculté des Lettres de l'Université d'Ankara
Le structuralisme se présente avant tout comme un cadre théorique et
méthodologique général, au moyen duquel on cherche à interpréter (expliquer,
comprendre), à un certain niveau d'abstraction, les faits ou les événements
que nous observons. Presque tous les mots en "isme" constitutuent des cad
res de cette sorte. La notion de structure est de nos jours amplement utilisée
dans toutes les sciences, parfois avec des dénominations différentes (systè
me, holon...); il ne s'agit pas seulement des sciences humaines: on retrouve ce
concept en mathématiques, en physique aussi bien qu'en biologie. Dans
l'ensemble, la structuralisme représente une vaste offensive menée contre
une conception atomiste, mécaniste de la science, héritée du X I X e siècle.
Selon cette dernière on pensait pouvoir expliques le monde en le décompo
sant en une série d'entités élémentaire, leur ensemble étant conçu comme
une mécanique, répondant automatiquement aux influences du milieu ou
à des impulsions internes également mécanique. Le structuralisme lui, met
l'accent sur l'organisation des ensembles structurés, qui ne peuvent être comp
ris par la connaissance de leurs éléments; il insiste aussi sur les relations et
l 'interdépendance des parties, la capacité d'autorégulation des ensembles
et, dans les domaines de la biologie et des sciences humains sur la capacité
de croissance, de développement, de spontanéité. Ainsi, le structuralisme tend
à mettre en échec la conception mécaniste et atomiste de la science, qui
joue encore un rôle dominant dans la plupart des sciences humaines.
La situation est cependant compliquiée du fait qu'il existe un grand nom
bre de structuralismes qui parfois se complètent, souvent s'ignorent et dans
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certains cas, entrent en conflit. Cette variété est en partie légitime. En effet,
il est normal que, dans les diverses sciences, on insiste particulièrement sur
certaines propriétés des structures et on en néglige d'autres. Par exemple,
dans la psychologie de la perception on met en avant le rôle des ensembles
dans la perception des détails mais on néglige des propriétés des structures,
importantes dans d'autres domaines: auto-régulation, contrôles, hiérarche,
spontanéité. Ce qui est plus grave, c'est qu'à l 'intérieur d'une même dis
cipline, ou dans l 'étude d'un même objet, il peut y avoir des conflits dans
conception que l'on se fait des structures.
La plupart du temps de tels conflits ne sont graves qu'en apparence: il
s'agit d'investigations que l'on poursuit à différents niveaux du réel. Ainsi,
nous pouvons étudier la structure d'une table pour en reconnaître le style.
Le botaniste envisagera ses cellules pour déterminer la nature de son bois;
le chimiste se placera au niveau des molécules; le physicien se préoccupera de
la structure intra-atomique. Dans cet exemple la stratification des niveaux
du réel est explicite. Mais dans les sciences humaines, par exemple en psy
chologie, on ne voit pas le fait que le psychanalyste et le behavioriste, n'opèrent
pas au même niveau du réel.
Ce qui, par contre constitue un véritable danger, c'est qu'il existe de faux
structuralismes; entendons par là que certains auteurs donnent le nom de struc
ture à ce qui n'en possède pas vraiment les caractéristiques fondamentales.
Or, dans bien de cas, il s'agit d'auteurs qui se réclament avec le plus de vigueur
(et de bruit) du structuralisme.
Le présent exposé s'articulera comme suit: I. Situation du structuralis
me par rapport à d'autres principes d'interprétation. II. Confusions verbales
à propos du structuralisme. I I I . Exemples d'interprétations structuralistes
dans quelques disciplines. IV. Critique et évaluation.
I. SITUATION DU STRUCTURALISME
Il existe plusieurs dizaines ou même des centaines de doctrines en "isme".
Nous n'évoqueorons ici, que celles auxquelles diverses formes du structuralisme
se trouvent en opposition.
1) L'atomisme analytique tend à expliquer les phénomènes en les dé
composant en leurs éléments (comme on le fait en chimie). Il s'agit de la va
riante la plus répandue des diverses formes du reductionnisme: expliquer
le complexe par ce qui est simple, le supérieur par l'inférieur. Ainsi, on tente
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d'expliquer les conduites humaines complexes par le jeu des réflexes; les ins
titutions sociales telles que le droit, la religion ne seraient rien d'autre que des
moyens tendant à satisfaire les besoins biologiques élémentaires e t c . .
2. L'historicisme: l'explication de ce que nous observons aujourd'hui est
fournie par événements passés. Certains formes du structuralisme, notamment
en anthropologie (Lévi-Strauss), sont opposées à ce genre d'explication. C'est
l'analyse structurale de ce qu'on observe "ici et maintenant", qui rend entiè
rement compte des faits. En psychologie et en biologie, l'explication tempo
relle prend le nom de génétisme; mais le génétisme est est plus particulièrement
préoccupé par la découverte des principales étapes du développement (bio
logique ou psychologique).
3. L'environnementalisme, souvent associé à l'atomisme, tend à expliquer
les événements par l'action du milieu (de l'environnement). La notion d'envi
ronnement est comprise de façons très diverses, selon les disciplines et selon
les auteurs.
4. le fonctionnalisme est l'objet des attaques les plus véhémentes de la
part des structuralistes actuels; mais n'en a pas toujours été ainsi. Le fonc
tionnalisme (surtout en sociologie, en anthropologie, fleurissant aux Etats-
Unis), est lié au darwinisme; en psychologie il a été absorbé par le behavioris-
me. Ici, pour expliquer un phénomène (psychologique ou social), on se deman
de: quelle fonction il remplit, quel rôle il joue, à quoi il sert? En principe on
rattache les fonctions aux besoins biologiques, ce qui nécessite parfois une
grande virtuosité. Ainsi, l'on considère que les différents fonctions psychiques
(intelligence, émotion etc. . ) seraient en quelque sorte des «organes»
destinés à protéger la vie de l'individu ou de l'espèce. Il en est de même
des institutions sociales qui remplissent "en dernière instance" des fonctions
biologiques.
5. La méthode comparative a joué et joue encore un rôle important dans un grand nombre de sciences: on explique un phénomène en analysant les ressemblances, différences ou analogies qu'il peut présenter avec des phénomènes de même nature ou de nature différente. Cette méthode est parfois intégrée dans divers structuralismes (comparaison des formes, des structures etc.)
6. Dans la perspective structuraliste, on cherche à expliquer un phénomè
ne en analysant sa structure, c'est à dire, la forme et la nature de liens qui
unissent les éléments d'un ensemble et plus spécialement en essayant de dé-
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couvrir le principe central (ou significatif), qui préside à la constitution et
éventuellement à la transformation (évolution) de cet ensemble. Il est entendu
que tout ensemble structuré peut être envisagé comme élément dans un en
semble d'un niveau plus compexe ou plus élevé. Ainsi, une cellule vivante
possède sa structure propre, mais elle est un élément, - disons,- dans la struc
ture du foie, qui lui-même, est structuré, mais est un élément de l'organisme.
Pour plus de clarté, nous donnerons ci-dessous les cactéristiques de la
structure, telles que nous les concevons. Ce résumé permettra, de
mieux comprendre d'autres conception de la structure, proposées dans
diverses disciplines et par les différentes écoles. Nous parlons ici de la
structure telle qu'on peut l'analyser dans les sciences humaines et en
biologie.
7. Caractéristiques de la structure. - Toute structure possède en premier
lieu, trois cractéristiques fondamentales: I. Une différenciation des éléments
et (ou) des fonctions, plus ou moins interdépendantes; dans certains cas, en
psychologie par exemple, il y a différenciation des fonctions, sans qu'on puisse
parler d'éléments. On voit par là qu'il n 'y a pas d'incompatibilité entre st-
ructralisme et fonctionnalisme; mais c'est la structure qui impose sa loi aux
tions. C'est ce que disaient déjà avec force, Durkheim (1901, p 138 et passium)
et à sa suite Radcliffe Brown (1969, p. 76, 278, 388 et passium). Mais de nos
jours, bon nombre de sociologues et anthropologus, veulent séparer structure
fonction, ou tout au moins subordonner la structure à la fonction.
2. En second lieu, dans toute structure, il y a hiérarchie des éléments et
des fonctions.
3. En troisième lieu, dans toute structure, on peut découvrir un noyau
central, un nucleus, ou une base, qui confère une signification à l'ensemble.-
Tels sont les trois éléments fondamentaux d'une structure; il en résulte que,
par exemple, on ne peut parler de la structure d'une tas de sable ou d'une foule.
Les autres caractéristiques de la structure peuvent être considérées comme
des corollaires de celles que nous venons de citer.
4. Une strucructure ne vient pas du néant. Elle a un passé, une histoire,
une genèse. Elle possède en elle-même, le principe général de ses transformations
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possibles, de sou évolution. Structuralisme et historicisme, (ou génétusme)
sont nécessairement complémentaires.(I)
5. Les structures sont donc mouvantes, changeantes, et révolution (plus
ou moins lente ou rapide) est inhérente à leur être. Des restructurations sont
nécessaires pour répondre à des exigences externes ou internes. Certaines fonc
tions deviennent avec le temps plus importantes ou moins importantes; des
fonctions peuvent dépérir ou disparaître et de nouvelles fonctions peuvent
surgir, sans qu'on puisse dire que la structure elle-même ait changé de nature.
Ce n'est qu'à long terme que l'on peut s'apercevoir de ce que des modifications
fondamentales ont eu lieu et, qu'en dernière instance, sous certains aspects,
la nature même de la structure est modifiée. Par ex. : passage de l'enfance à
l'âge adulte, de la société féodale à la société capitaliste. Des modifications
peuvent se produire sous l'influence des circonstances ou des facteurs externes:
une mobilisation, modifie la hiérarchie de la structure sociale, comme elle
forme les fonctions des différents éléments sociaux. L'état de stabilité ou
d'équilibre des structures psychologiques et sociales est toujours précaire;
on peut même affirmer que l 'état d'équilibre, de stabilité, d'homéostasie est
est pratiquement inexistant, tant pour l'indicidu que pour la société (comme
pour l'organisme vivant). Aussi est-il difficile d'admettre la position des fonc-
tionalistes en sociologie (Parsons, 1957, Merton, 1956 etc.) ou celle des beha-
vioristes en psychologie, selon laquelle le but de toute action, de tout compor
tement individuel ou collectif consiste à poursuivre ou à rétablir, à maintenir,
l'équilibre, l 'adaptation, Phoméostasie, ce qui les amène à défendre diverses
formes du conservatisme, du conformisme (Bertalanffy, 1968, p. 196, 210
Horovitz, 1965, p. 14,19). - En sociologie, le caractère nécessairement mouvant
et changeant des structures sociales est souligné avec une force particilière
par G. Gurvitch dans ses divers ouvrages (1954, p. 100-102, 1957, p. 400-442,
1958, p. 205-216)
1 Cette conception de l'union entre le structuralisme (dénommé parfois constructivisme) et génétisme, constitue l'un des fondements les plus solides de l'oeuvre de J. Piaget. Elle est très bien résumée par la formule suivante de L. Apostel (1963, p. 66) : " . . . toute genèse a une structure et toute structure a une genèse. Nier qu'une structure ait une genèse signifie ou bien la poser comme permanente, ou bien la faire apparaître brusquement, sans que rien ne la prépare ni l'explique." Nier qu'une genèse ait une structure, cela signifierait qu'un ensemble organisé (un embryon, par exeple), serait livré dans son évolution au pur hasard. La structure oriente la genèse (ou l'histoire), elle crée une sorte de déterminisme structural (cf. aussi G. Gurvitch, 1954).
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6. - Un ensemble peut être plus ou moins "structuré", intégré; une faible
intégration, entraîne un fonctionnement médiocre de l'ensemble, et peut con
duire à sa décomposition; une intégration excessive occasionne une rigidité,
qui aboutir à un résultat analogue par défaut d'adaptabilité. Ainsi, le degré
d'intégration (relative), est une caractéristique des plus importante d'une st
ructure.
7.- En outre, dans chaque structure, on peut déceler plusieurs niveaux,
qui peuvent être examinés en eux-mêmes, sans toutefois perdre devue leur
interdépendance.
Ces quelques indications, nous permettront de mieux apprécier les con
fusions créés autour du terme structure.
II. US ET ABUS DU TERME STRUCTURE
Nous avons déjà indiqué que les termes structure et structuralisme, sont
en usage dans presque toutes les sciences. Nous n'insisterons pas ce point et
donnerons seulement en note des indications plus précises (I). Ce qui crée
des confusions, c'est que l'on admet souvent comme équivalents du terme st-
1 a) Cf. J. PIAGET, Le structuralisme, P. U. F. "Que sais-je". 1968. c'est probablement le livre le plus complet sur la question, et le plus explicite. Les domaines suivants sont explorés... le structuralisme en: mathématiques, logique, physique, biologie, psychologie, philosophie, sociologie, anthropologie.
b) Les discussions relatives au terme structure, on donné ıieu à de nombreuses réunions interdisciplinaires, nous en citons deux, parmi les plus importantes:
Notion de structure et structure de la connaisance. Albin Michel. 1957. (XX e semaine de synthèse). R. Poirier: Logique; G. Bouligand: Mathématiques; A. Koyré: systèmes philosophiques; A. Vandel: Biologie; P. Chauchard: structures cérébrales et conscience; G. Gurvitch: Structures sociales et systèmes de connaissance; R. Mucchielli (et G. Berger): psychologie. Avec la participation de nombreses personnalités, telles que: J. Rueff, M. Caullery, R. Martin, D. Lacombe, O. Costa de Beauregard (Physique); V. Goldschmidt, Ch. Perleman, A. Lalande etc.
c) L'ouvrage publié sous la direction de R. Bastide (1962), concerne également un colloque le terme structure, avec la participation de: E. Wolf (biologie), E. Benveniste (linuistique), Cl. Lévi-Strauss (Ethnologie-anthropologie), P. Francastel (histoire de l'art), M. Goldman (histoire de la culture), P. Vilar, (histoire générale), Ch. Morazé: structure temporelles, H. Lefèbvre: concept de structure chez Marx et in concept de structure en sociologie, R. Aron: Science politique. D. Lagache: Structure en psychologie, en psychopathologie, en psychanalyse; R. Pages: psychologie sociale. F. Perroux, A. Marchai, J. Weiller trois exposée: économie politique. J. Car-bonnier: droit privé. A. Mathiot: droit publc. Et la participation de nombreuses autres personnalités, parmi lesquelles: G. Gurvitch, Merleau-Ponty, Braudel, Moulin, Girod, Guilbaud, La-zarsfeld etc.
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ructure, d'autres concepts; ces substitutions sont parfois justifiées, dans
d'autres cas elles le sont moins.
Voici les principaux de ces équivalents: système, réseau, constitution,
construction, champ, organisme, organisation, forme, "gestalt", figure, confi
guration, morphologie, ensemble, totali té, globalité (Ganzheit), institution
(en sociologie), essence, "mode composition des éléments", intégration (d'un
ensemble)... et il est probable que cette énumération n'est pas complète.
Soulignons que, celui qui est considéré comme le "père" du structuralisme
moderne (F. de Saussure) en linguistique, n'a jamais utilisé le terme structure,
mais celui de système. Il s'agit d'un réseau de relations entre les divers éléments
d'une langue résultant de lois d'équilibre, qui retentissent sur ces éléments, dé
terminant des distinctions et des significations. Or, un système comporte bien
un ensemble de relations réciproques et solidaires, mais il lui manque d'autres
caractéristiques d'une structure. Autre confusion à propos du mot forme,
qui est satisfaisant dans la théorie de la pereption gestaltiste, mais ne peut être
considéré comme un équivalent de structure: un modèle d'avion en possède
la forme, mais non la structure; inversement, on peut imaginer une machine
qui aurait la structure de l'avion, mais non la forme. Il est possible de pour
suivre une critique analogue de presque tous les autres termes, considérés
pas certains auteurs comme l'équivalents du mot structure. Cette équivalence
est parfois légitime dans un contexte l imité; elle n'est plus justifiée hors de ce
contexte. Par exemple, G. Gurvitch,-qui trouve que le terme institution est mal
défini, - préfère lui substituer celui de "structure sociale partielle"; on peut
à la rigueur admettre cette convention, mais elle ne saurait être étendue à
d'autres domaines.
Ce qu'on appelle aujourd'hui structuralisme, est amplement inspiré par
la linguistique issue de F. Saussure et singulièrement des études phonétiques,
ou pholonogiques : "La pholonogie, écrit Lévi-Strauss n'a pas seulement re
nouvelé les perspectives de la linguistique mais encore elle ne peut manquer
de jouer vis-à vis des sciences sociales, le même rôle rénovateur que la physique
nucléaire, par exemple, a joué pour l'ensemble des sciences exactes" (1958, p.
p. 39). Il s'agit ici de la phonologie de l'école de Prague (Troubetzkoy, 1949,
Jacobson, 1935, 1963 etc.). Or, comme nous aurons l'occasion de le montrer,
la linguistique contemporaine est tombée de nos jours dans un état de con
fusion qu'il est difficile de décrire. Cette science, qui, en principe devrait
apporter des clartés sur les significations profondes du langage, s'est égarée
dans le dédale des sons (phonèmes), et ne parvient plus à en sortir. Voici ce
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qu'en dit Michael Polanyi. l 'un des grands physiciens de notre temps (dé
couvertes dans le domaine de la structure des métaux, de la cynétique réac-
tionelle etc.), en même temps que médecin, sociologue et philosophe. "L'école
linguistique structuraliste, dit-il, a considérablement amélioré notre compré
hension sur la manière dont nous utilisons nos voix en prononçant des mots
dans différentes langues. En outre elle a amélioré notre compréhension de la
composition des phrases dans un sens strictement mathématico-grammatical.
Mais elle ne peut rien dire au sujet du sens.(Ital. A. V.). Comment peut-on par
ler du langage sans parler du sens?" (Polanyi, 1968). Le structuralisme en lin
guistique, a bien d'autres aspects surprenants.
Notons que dans diverses disciplines, le structuralisme actuel se trouve
en opposition à une variété d'attitudes générales (en "isme"); la confusion
fondamentale, provient en grande partie de la diversité des adversaires que
l'on combat. Voici quelques unes de ces oppositions;
- E n linguistique, opp. à l'explication historique et comparative (Saussure)
—En anthropologie, ethnologie, sociologie, opp. à l'historicisme, au fonc-
tionalisme (Lévi-Strauss).
- En psychologie, contre: l 'atomisme, l 'élémentarisme, la psychologie
moléculaire, le fonctionalisme, le behaviorisme, le génétisme (sauf pour Piaget
et ses collaborateurs et disciples, qui sont nombreaux).
- E n psychanalyse (Lacan) opp. à l'énergétisme de Freud.
- E n philosophie: Opp. à l'existentialisme, à l'irrationalisme, au fonctionna
lisme, et pour certains, à la dialectique marxiste (pour d'autres les deux ten
dances peuvent se concilier).
Ce schéma quelque peu simplifié sera probablement contesté par certains
structuralistes; mais il ne saurait en être autrement, car, non seulement il
existe un grand nombre de structuralismes (surtout en linguistique), mais en
core, leurs tenants et défenseurs, s'expriment dans un langage obscur, ésoté-
rique, qui est dénoncé même par les spécialistes; or le rôle d'un structu
ralisme fidèle à son programme, serait justement de décrypter nos connais
sances, dans la mesure ou elles ne paraissent pas claires et de les exprimer dans
un lagage intelligible. On peut se demander, si ceux qui voilent leur pensée
sous des formules et une terminologie obscures, n 'ont pas de fortes raisons pour
procéder ainsi?
Ces réflexions désabusées n'entament en rien la valeur du structuralisme
tel qu'il se définit dans ses principes essentiels, surtout dans l'oeuvre de Jean
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Piaget. Malheureusement, la plupart de ceux qui se proclement structuralistes
ou qui sont déclarés tels, n 'en adoptent que quelques aspects, souvent, né
gatifs, et s'enferment dans une sorte de dogmatisme sans issue.
Voyons les variations du structuralisme sur quelques grands exemples,
en particilier, en psychologie et en linguistique.
III. EXEMPLES D'INTERPRETATIONS STRUCTURALISTES
Les structuralismes en psychologie. — I. Le structuralisme atomiste de Titch-
ener. - Le terme structuralisme, apparaît pour la première fois dans les
sciences humaines, dans la doctrine psychologique de Titchener (élève améri
cain de Wundt) , au cours des années 1880. Paradoxalement , il s'agit d'une
doctrine qui se situe à l'opposé de ce qu'on nommera structuralisme par la
suite. Ici, l'on considère que, pour comprendre la vie psychique, nous devons
la décomposer en ses constitutuants élémentaires, qui en forment la structure:
images simples, sensations, sentiments considérés comme fondamentaux,
et sont pour ainsi dire les briques de cette structure. Durant plusieurs décades,
cette doctrine s'est opposée au fonctionnalisme de Dewey, Angell, H. Mead,
E. Claparède, parmi d'autres. (Cf. E. Claparède, 1946, t. I I . p. 202-213). Ce
fonctionnalisme, apparenté au pragmatisme, à l'instrumentalisme, à l'expéri-
mentalisme (James, Dewey) voyait, comme nous l'avons déjà indiqué, dans les
divers processus de la vie mentale, - perception, émotion, volition, pensée, -
une sorte de prolongation de la vie biologique (darwinisme). Mais les deux ten
dances "ennemies" étaient au fond apparentées, en ce sens qu'elles étaient
toutes deux réductionnistes; à part ir de 1912, elle furent absorbées progres
sivement par le behaviorisme. Le fonctionnalisme est par contre très vivace
de nos jours, aux Etats-Unis, en sociologie en et anthropologie (Nadel,
1951, Parsons etc.) (I).
2. -La "Ganzheitspsychologie'''' de Dilthey.- Vers 1894, Dilthey introduit
la notion de globalité (Ganzheit), en philosophie, dans les sciences humaines
en général, et en psychologie. Nous ne pouvons rien comprendre à la vie
mentale, dit-il, si nous la décomposons en ses éléments car ce qui es; vraiment
primitif dans les données (perçues, vécues), ce sont les ensembles, les totalités,
articulées, qui revêtent une caractère finaliste, têlêologique intentionnel. Le
1 T. Parsons est parfois rangé parmi les structuralistes, parce qu'il cherche à concilier structure et fonction. Mais, pour l'essentiel, il donne la prééminence à la notion de fonction.
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mouvement créé par Dilthey a été résorbé par la psychologie de la Forme (Ges-
taltpsychologie) et la phénoménologie à partir de 1912. Mais certains psy
chologues allemands demeurent fidèles à Dilthey (W. Metzger, H. Thomae
etc.).
3. La Gestaltthêorie.-A partir de 1912, la psychologie de la forme, née en
Allemagne, a eu un développement considérable. L'essentiel de ses thèses
est très proche de celles de Dilthey. La structure d'un ensemble est une "synt
hèse créatrice", qui ne peut être expliquée par une analyse des constituants.
D'une part, le monde extérieur nous apparaît comme un ensemble de structures,
dont la perception est antérieure à celle des éléments; d'autre part , notre ap
pareil psychique fonctionne comme un champ global d'autodéterminations.
(Cf. P. Guillaume, 1936, D. Lagache, 1962, p. 81-88 et 146-147, R. Pages, 1962,
p. 89-99). Le gestaltisme, transposé aux Etats-Unis s'est engagé dans une sé
rie de compromis avec le behaviorisme et les explications par des equilibrations
mécaniques. Mais la psychologie de la Forme a ouvert la voie à l 'étape sui
vante, celle d'un structuralisme dynamique.
4. Le structuralisme dynamique. — Pour les gestaltistes, la structure se
présentait comme un principe d'organisation, d'intégration, qui supposait
une sorte de connaisance tacite, par intuition. A l 'étape suivante, la structure
apparaît comme structurante; dans le cas de la personnalité, elle est "une unité
dynamique, organisante, déterminante" ... elle définit "la manière qu'a chacun
de nous de percevoir une situation et d'y répondre" (R. Mucchielli, 1957,
p. 345). Ou encore, les différents mécanismes décrits par Freud, doivent être
interprétés, non pas en termes de "forces" ou "causes" fixées au cours du dé
veloppement, mais en termes de structurations progressives (K. Goldstein,
1951, p. 213) Merleau-Ponty, 1953, p. 192, 237, N. Mouloud, 1965, p. 46-51,
R. Mucchielli, 1966, p. 11). N. Mouloud, montre en particulier, comment on
peut interpréter les expériences des behavioristes dans le cadre d'une psy
chologie des "structures régulatrices" ou dynamiques.
5. Structures des significations. — Plus récente est la notion de structure
des significations, qui parvient à la psychologie par le canal de la linguistique,
de l'anthropologie et de la psychanalyse de Lacan. La structure des signifi
cations, c'est "ce par quoi un élément du monde prend un sens pour un sujet"
(R. Mucchielli, 1966, p. 12 et suiv.). Il s'agit bien d'un facteur dynamisant,
mais qui n'est pas objectif, ni même conscient pour le sujet. C'est ainsi que,
-pour prendre un exemple très simple,-un individu qui serait particulièrement
méfiant, et à cause de cela, saurait camoufler sa méfiance, agirait toujours d'une
LES STRUCTURALISMES ET LEVES CONFLITS 137
certaine manière, qui, dans une analyse approfondie décelarait cette orienta
tion structurale: la méfiance, et la constante préoccupation de la dissimuler.
Avec la notion de "structure des significations", nous pénétrons dans
la zone quelque peu obscure des structuralismes actuels. Car, cette structure,
qui joue un rôle si déterminant, ne peut être découverte que par le savant.
Or, on peut craindre là pas mal d'arbitraire dans son diagnostic et ses déduc
tions. Nous tenterons de donner quelques indications sur la théorie très
complexe du psychanalyste Jacques Lacan.
6.- Le structuralisme de J. Lacan. - J. Lacan, s'inspire visiblement du
structuralisme linguistique, et singulièrement de celui de F. de Saussure.
Pour Freud l'essentiel de la vie psychique se forme au cours de l'histoire
individuelle, ou histoire d'un enchaînement de conflits entre les pulsi
ons ou forces instinctives qui se heurtent aux impératifs du réel, en particu
lier à ceux de la réalité sociale. - Pour J. Lacan, cette explication par l'histoi
re et le jeu des forces n'est pas satisfaisante; l'essentiel est de retrouver dans
le langage du névrosé, "la structure première de l'inconscient" (1966, p. 151
et suiv.) Le symptôme de la névrose est le "signifiant d'un signifié" (ibid., p.
499). Le but de la psychanalyse est de retrouver les structures inconscientes
à travers les structures du discours conscient. Le signifiant, c'est donc le lan
gage, le signifié, c'est ce qui est refoulé, censuré, le non-exprimé, l'omis, ou
encore, le lapsus. Car, le névrosé utilise un langage symbolique, qui abonde en
"métonymies" (ou hyllopages), consistant à désigner un objet par un terme
signifant un autre objet, qui est uni au premier par une relation de cause à
effet; ou bien on prend la partie pour le tout, le contenant pour le contenu etc.
C'est en recherchant des relations de ce genre, que Lacan s'effore de découvrir
le cheminement de la pensée inconsciente.
Avec Lacan, il semble que nous nous éloignons du rationalisme, qui
caractérise en dernière instance lo structuralisme (cf. A. et R. Mucchielli,
1969, p. 183). Le structuralisme de J. Lacan, comme bon nombre d'autres
structuralismes contemporains, apparaît surtout, comme une critique de ten
dances dominantes dans telle ou telle discipline. Mais les intentions critiques
des auteurs sont très diverses, même à l'intérieur d'une discipline.
7.- Le structuralisme "constructiviste" de J. Piaget. - Il est particuliè
rement difficile de résumer le structuralisme tel qu'il est exposé par Jean
Piaget (cf. en particulier, 1967 et 1968), car il s'agit d'une vaste synthèse qui
touche non seulement la psychologie, mais englobe l'ensemble des sciences
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allant des mathématiques et de la logique à la philosophie, en passant par la
biologie, la physique et les sciences humaines. Heureusement, J. Piaget,
sait présenter ses thèses en les résumant par quelques concepts-clefs, a) Dans
tout ensemble structuré, la totalité, impose ses lois aux parties constituantes;
b) mais les totalités renferment le principe de leur propre transformation:
les structures, sont aussi structurantes, transformationnelles c) Elles sont
caractérisées aussi par l'autoréglage, qui assure leur conservation et une cer
taine fermeture. Dans le domaine particulier de la genèse de l'intelligence,
aux divers stades de son développement , on assiste à une construction prog
ressive par assimilation et accommodation des éléments de la structure glo
bale, dans le jeu constant d'interactions entre la maturation interne et l'ex
périence. On voit s'établier ainsi des schèmes et des liaisons entre les schèmes,
allant du plan sensori-moteur aux abstractions de plus en plus complexes,
C'est ainsi que structure et fonction, sont des notions inséparables, de même
que la structure est liée à sa genèse, à son histoire. Ces quelques lignes, ne don
nent qu'une faible idée de la pensée positive, constructive de J. Piaget. A
l'opposé, bon nombre de structuralistes contemporains, ne retiennent de la
notion de structure que quelques uns de ses aspects négatifs, en refusant de
voir les conséquences de leur propre critique.
C'est ce qui apparaît à notre sens tout particulièrement, dans le grand
chaos de la linguistique structurale.
La linguistique structurale.- Nous avons déjà indiqué que la linguistique
structurale contemporaine, se rattache à la théorie de F. de Saussure (1916).
La linguistique classique, comportait quatre grandes subdivisions: la phoné
tique (étude des sons), la morphologie (étude des formes des mots: conjugai
sons, déclinaisons etc.), la syntaxe (étude des règles de combinaisons des
mots formant des phrases etc.), la sémantique (étude du sens des mots et des
changements des sens). On utilisait là surtout la méthode historique et com
parative.
I. F. de Saussure affirme que l'histoire, qu'il appelle diachronie, ne nous
enseigne rien sur l 'état actuel d'une langue; par exemple, l'histoire d'un mot
ne rend pas compte de sa signification actuelle. Les faits linguistiques actuels,
sont enfermés dans un ensemble, un système, qui impose sa loi aux éléments
dont il est formé. Une langue est définie par un système d'oppositions, qui
se manifestent dans différents domaines: phonétique, sémantique e t c . . Ces op
positions sont binaires ou trinaires. Par ex.: les syllabes sont atones ou accen
tuées, les sons ouverts ou fermés, implosifs / explosifs; systèmes d'oppositions
LES STRUCTURALISMES ET LEVRS CONFLITS 139
trinaires: i - ü - ou; e - ö - o; ou en grammaire: moi - toi - il; présent - futur-
passé. Remarquons que la plupart des "grandes découvertes" de ce genre ont
été faites en phonétique. On affirme que les différentes structures phoniques
d'une langue forment un tout structuré en interaction. C'est ce qu'on appelle,
l'explication synchronique (synchronie), par opposition aux explications diach-
roniques (historiques). En principe il devrait y avoir une relation structurelle
entre la phonétique d'une langue, sa morphologie, sa sémantique, sa syntaxe.
Mais on attend encore cette démonstration. L'opposition fondamentale chez
de Saussure, entre le signifiant et le signifié , dont on parle tan t , "était entiè
rement reprise de la théorie stoïcienne vieille de deux mille ans (2)" ( Jacobson,
1965, p. 22). - Ayant établi cette distinction, de Saussure se fit l 'avocat d'une
discipline nouvelle, la sémiologie ou étude de la vie des signes et des lois qui
les régissent. Il pensait que cette nouvelle branche du savoir serait d'une telle
généralité que la linguistique ne constituerait plus qu'un chapitre de cette
dernière. Faut-il penser que de Saussure ignorait les t ravaux de Ch. S. Peirce
(1867), qui posait les bases d'une discipline analogue, sous le nom de sémio-
tique? A partir de ce moment, la porte était ouverte à l 'émiettement de la
linguistique, en une série de disciplines, chacune poursuivant son chemin,
sans s'occuper des réalisations des autres. Chacune d'entre elles (ou presque),
se disant structuraliste, et presque toutes prétendant à la suprématie de la nou
velle discipline sur l'ensemble de la linguistique.
Nous ne pouvons que faire ici une brève énumération de ces disciplins,
parmi lesquelle, la sémiologie ou sémiotique a le No I.
2. - La phonologie de l'école de Prague (Troubetzkoy, 1949, Jacobson,
etc.) s'est détachée (vers 1926), de la phonétique; schématiquement, cette der
nière est l 'étude de l'évolution des sons dans la "parole", tandis que la pho-
phonologie est l 'étude des sons dans la "langue"; la distinction langue / pa
role est de de Saussure. La recherche porte ici sur les lois qui déterminent les
rapports entre les sons et leur rapartition dans une langue, en particulier
des voyelles et des consonnes. Notons que d'autres auteurs on établi d'autres
distinctions entre la phonétique et la phonologie. Bien plus, presque toutes les
autres écoles, sous d'autres noms (ou sans nom spécifique), se préoccupent à
d'autres points de vue des sons. En principe on tente de relier les sons aux
significations. Mais les hypothèses que l'on échaffaude à ce sujet n'ont rien
de solide ni de valable (E. Bach, 1965, p. 128).
Examinons à présent quelques autres orientations (théories, disciplines
ou doctrines) de la linguistique structurale qui se veulent autonomes.
140 ALEXANDRE VEXLIARD
3 . - Toujours dans le cadre de la sémantique, nous trouvons la sémasio-
logie (H. Kronasser, K. Baldinger), ou étude des mots et du changement de
sens, au pont de vue de la forme signifiante
4 . - La sémantique panchronique, de S. Ullmann, qui cherche à déterminer
ce qui est commun à toutes les langues et à toutes les époques. - L'expression
est de Saussure.
5. La Lexicologie: étude du vocabulaire en tant que forme-fonction (mor
phologie liée à la sémantique); la lexicographie en est l 'étape descriptive.
6.- L'onomasiologie ou onomatiologie (orthographe ancienne) science
des mots au point de vue de la chose signifiée; tentative de classification des
mots. L'onomastique, se préoccupe particulièrement des noms propres.
7 . - La syntagmatique de Fr. Mikus, repose sur l'analyse des énoncés
que l'on découpe de façon plus ou moins arbitraire en vue d'obtenir des st
ructures binaires (M. Leroy, 1967, p. 92). Notons que l'on parle aujourd'hui,
beaucoup moins de la syntaxe proprement dite: il s'agit en effet d'un
domaine beaucoup trop complexe, pour qu'on puisse y découvrir des "struc
tures binaires".
8. La stylistique: étude du langage en tant que moyen d'expression. A
force de chercher ailleurs, on a fini par découvrir que l'ancienne rhétorique
n'étai t pas "si bête que ça", dans ses analyses des moyens d'expression.
9.- La noologie: science de la pensée, de l'esprit (L. Prieto, 1964), terme
déjà utillisé par Ampère et plus tard par H. Gomperz (1908).
10.— La grammaire génerative ou transformationelle de N. Chomsky, qui
cherche à démontrer le caractère créateur de la langue, en mettant à jour les
règles du dynamisme des phrases; l'un des buts essentiels ici est d'établier un
rapport entre la syntaxe et la sémantique.
11.— La glossématique et la phonematique du danois Louis Hjelmslev. Le
terme glossématique est une transposition grecque du mot linguistique. On
cherche ici à donner à la théorie linguistique une formalisation abstraite de
caractère algébrique. La langue est conçue comme un réseau de fonctions.
Une métalangue serait créée comme langue des linguistes.
12.- Dans ce contexte, J. B. Carroll (1953), a proposé de créer une mé-
talinguistique ou exolinguistique qui, abandonnant la phonétique et la sé
mantique, ne s'occuperait que des relations. (On est en droit de se demander
quelles relations?).
LES STRUCTURALISMES ET LEVRS CONFLITS 141
13 . - La psycho-systématique de G. Guillaume (Canada) : étude des sys
tèmes ou intégration des sèmes (éléments de signification) et des morphèmes
(éléments des formes). On mettrait entre parenthèses les phonèmes. Ce projet
est à peu près l'inverse du précédent (Carroll).
14.- La grammatologie de J. Derrida (1967): une grammaire structurale de
caractère philosophique axée sur le signe. (cf. F. Wahl . 1968, p. 402 et suiv.)
15 . - Il convient de mentionner le structuralisme de L. Bloomfield, - qui
a quelque peu varié dans le temps, mais pour l'essentiel il est inspiré par le
behaviorisme et l'opérationnisme. Il s'agit d'un structuralisme atomiste, qu'on
peut mettre en parallèle avec la théorie de Titchener en psychologie: ce qui
est essentiel pour la connaissance d'une langue, ce sont ses éléments
(et non le tout et la forme, comme pour la plupart des structuralistes).
16.- Ajoutons à cela diverses orientations fonctionnalistes en linguistique
qui ne sont pas toutes contraires au structuralisme; disons qu'ils s'y opposent
moins que certains structuralismes linguistiques entre eux. (A. Martinet,
M. Halliday, et dans une certaine mesure, Jacobson, devenu le chef de
"école de Harvard", après avoir été l'un des fondateurs de l'"école de Prague").
17- Il existe aussi en linguistique un structuralisme mathématico- statis
tique ou computationnel (Zipf, Bar-Hillel).
18.- Il ne faut pas oublier le mouvement créé par E. Sapir (1967), appelé
aussi distributionaliste. — Sapir a commencé à écrire avant 1914. Il a exercé
sur la linguistique américaine une influence comparable à celle de de Saussure
en Europe.
On pourrait contineur cette liste déjà longue, de disciplines de la linguis
tique générale, d'écoles, de théories, de tendances, d'orientations (on ne sait
pas toujours quel terme choisir). Chomsky et ses disciples considèrent que
toute linguistique postérieure à Saussure est structuraliste (O. Ducrot, 1968,
p. 15). Assertion contre laquelle s'élèvent quelques voix, dont celle de A. Mar
tinet (fonctionnaliste).
Il aurait été intéressant certes de compléter cet exposé en résumant
l'influence du structuralisme sur d'autres disciplines: l'anthropologie (si im
portante dans ce domaine), la critique littéraire, la philosophie, la poétique
(Todorov, 1968), sans parler des sciences de la nature, des mathématiques
et de la logique. Mais nous devons limiter notre exposé. Au surplus, les deux
exemples évoquées, celui de la psychologie et de la linguistique, peuvent suf
fire à notre propos: montrer d'une part, l'inestimable valeur du structuralisme,
142 ALEXANDRE VEXLIARD
en tant que "revendication de l'intelligibilité" dans la pensée scientifique
(P. Gréco, 1967, p. 986) et dénoncer d'autre part , ses déviations, notamment
dans le domaine de la linguistique.
IV. CRITIQUE ET EVALUATION DES STRUCTURALISMES.
Evolutions et divergences.— La notion de structure est évidemment au
centre de tous les structuralismes. Nous avons pu voir qu'en psychologie,
comme en linguistique, dans diverses écoles ou disciplines, on donne à la
structure des définitions différents. Mais en psychologie il y a une
sorte d'évolution, de contunuité de progrès dans la définition de ce
concept: on passe d'une conception statique ou sémi-statisque, à une
compréhension de plus en plus dynamique de la structure. En linguis
tique par contre, on assiste à une diversification des définitions, sans
qu'on puisse parler d'évolution, ou même d'un lien véritable entre les
différents structuralismes. Bien plus, les défenseurs des différents structu
ralismes en linguistique se critiquent mutuellement d'une manière souvent
véhémente, comme le montre en particulier B. Malmberg (1968, p. 267-268
et passim). Il est particulièrement curieux, que certains auteurs esti
ment que le structuralisme est en parfait accord avec la dialectique mar
xiste, "qui est un structuralisme génétique généralisé" (L. Goldmann 1966,
1967, p. 1015), tandis que d'autres voient une incompatibilité totale (ou plus
ou moins atténuée) entre les deux attitudes. C'est ainsi que H. Lefebvre
qualifie le structuralisme, de "nouvel éléatisme" (1966 a, et 1966 b), à cause
de son allure résolument "formelle". Le philosophe soviétique V. G. Afanas-
siev rappelle que, dans la conception marxiste, " la composition d'un tout,
ses particularité, ses propriétés dépendent en premier lieu de sa composition
(contenu), de la nature interne des parties qui le composent (...)" Certes la
structure dépend en outre "des liens objectifs réciproques et des interactions
qui existent entre les objets et les phénomènes inhérents à toute matière".
(Afanassiev, 1964, p. 20, 21). Mais l'expression "liens objectifs" ne convien
drait guère à la plupart des structuralistes occidentaux, - plutôt enclins à
un formalisme plus ou moins abstrait. De même ils ne peuvent admettre le rôle
dominant attiribué ici au "contenu" de la structure. Aussi s'étonne-t-on qu'un
marxiste orthodoxe ait pu donner une interprétation structuraliste du marxis
me: L. Althusser (1965, a et b). Mais n'a-t-on pas assisté aussi à un compromis,-
inconcevable à notre sens, - entre le marxisme et l'existentialisme (irrationa-
LES STRUCTURALISMES ET LEVRS CONFLITS 143
liste, individualiste, spiritualiste, (cf. Cuvillier, 1947, F.-L. Mueller, 1970, p.
123-140).
Malgré les divergences et les dissensions, on peut trouver quelques traits
communs à toutes les formes du structuralisme: I. La connaissance de la st
ructure d'un ensemble, est plus importante que l'analyse des parties, pour,
comprendre la manière dont l'ensemble fonctionne, agit ou réagit , selon sa
nature; 2. L'accent est toujours mis sur l'importance des liaisons internes
(objectives ou théoriques, selon la nature du tout) , sur la solidarité des par
ties.
Les divergences proviennent de la façon dont on définit et conçoit la
structure. En linguistique on appelle structure des "réseaux d'opposition"
binaires ou ternaires, -oppositions dont les principes sont variables à l'extrême.
par exemple quel rapport y a-t-il entre les oppositions: langue / parole, diach-
ronie / synchronie, signifiant / signifié et l'opposition consonne sourde (p) / et
consonne sonore (b) ?
Quel rapport ces oppositions ont-elles avec la notion de structure? En
vertu de quel critère change-t-on le principe déterminant les oppositions?
En outre, la plupart des structuralistes, en linguistique surtout, insistent
sur cette idée "qu'une modification quelconque de l'un (des éléments) entraîne
une modification de tous les aut res" (Lévi-Strauss, 1958, p. 305). Il y a là
une part de véri té , mais encore faut-il s'entendre. Faut-il croire que l'int
roduction d'un néologisme scientifique, ou d'un mot étranger peut modifier
la structure de la langue française? Et dans la négrative, que signifie cette
affirmation ? - Il y a du vrai dans cette affirmation, avons-nous dit, mais cette
vérité dépend de la nature de la structure et du degré de son intégration. A
cet égard, il conviendrait de distinguer au moins trois types de structures.
Types de structures.- Le mode de pensée et d'interprétation structura
liste s'impose aujourd'hui, dans les sciences en général et tout particulièr-
ment, dans les sciences humaines. L'auteur de ces lignes en est convaincu.
Mais le but de la science est de clarifier les idées et non pas de les obscurcir.
Or, ce n'est un secret pour personne, que la plupart des auteurs qui se disent
structuralistes, -ou qulon classe dans cette catégorie, - sont plutôt obscurs;
il existe certes là des exceptions notoires, mais elles sont rares. Il y a des struc
turalistes qui appellent structure, quelque entité qui n'a qu'un rapport indirect
avec notre concept: réseau, forme, système sont quelques exemples parmi
144 ALEXANDRE VEXLIARD
d'autres.(I) Il existe même des structuralismes "sans structures", expression que
Piaget (1968, p. 108-115) applique à la théorie de Michel Foucault (1966).
Nous nous trouvons là en plein chaos. Pour y voir clair, nous tenterons de
distinguer trois types de structures; en fait il faudrait quelques autres subdivi
sions, mais ce schéma permet de déblayer le terrain.
Il faudrait commencer par enfoncer quelques portes ouvertes. Il y avait
des langues avant que les linguistes s'en soient occupés (depuis plus de trois
mille ans) et les mots avaient un sens, avant que les structuralistes n'aient
cherché à l'approfondir.
I . - Le ternie structure, a d'abord un sens en architecture; c'est là ce qu'
aucun structuraliste n'a l'air de savoir. - Une structure, est d'abord "la manière
dont un édifice est bâ t i " ; ensuite: "la manière dont les parties d'un tout
sont arrangées entre elles" et au figuré: "disposition, agencement" (structure
d'un poème). Telles sont les définitions d'un vieux "Larousse". Les structura
listes parlent donc de structure, surtout au figuré. Mais déjà dans la structure
d'un bâtiment, d'un édifice, nous trouvons quelques unes des caractéristiques
essentielles de la structure qui nous intéresse: a) différenciation des parties
d'un tout ; b) hiérarchie des dites parties, qui, c) remplissent différentes fonc
tions; d) Il y a également ici, une certaine interaction entre les fonctions, mais
elle est encore peu apparente. e) Enfin, même en architecture on peut dire que la
"loi de l 'ensemble" s'impose aux parties. Cet aspect n'est pas toujours fortement
marqué, il l'est surtout, dans les édifices qui ont un "style", On voit que dans
cette decription, manquent les aspects: dynamique, génétique, historique,
auto-régulateur des structures.
2 . - Structures mécaniques: dont le prototype serait par exemple un mo
teur d'automobile. A la structure arhicturale s'ajoutent des caractéristiques
telles que: une dynamique (de caractère mécanique), l 'autorégulation (limitée),
l 'interaction et une solidarité accurues entre les parties.
3.— Structures "organiques" (ce terme au sens large) catégorie dans laquelle on peut embrasser, non seulement les structures biologiques, mais aussi les structures psychologiques et sociales. C'est ici que nous trouvons particulièrement, les caractéristiques autorégulatrices, génétiques ou historiques des structuras. Certes, en dernière instance, il faudrait distinguer les trois derniers types de structures; mais il existe entre elles, un grand nombre d'éléments
1 Un système peut être dépourvu de hiérarchie. Un réseau, comme un système peut être un élément d'une structure mais il peut n'être pas structuré lui-même.
LES STRUCTURALISMES ET LEVRS CONFLITS 145
communs, si bien, qu'on peut considérer qu'elles forment un ensemble rela
tivement homogène.
On peut se demander: "Où peut-on caser dans cette classification,
les structures dont on parle le plus ces derniers temps: celles de la linguistique,
de la "nouvelle critique", et des diverses disciplines qui s'y rattachent d'une
manière explicite ou implicite —Il est possible que dans ces domaines on puisse
introduire un jour une véritable méthode ou analyse structurale. Pour
l 'instant, ce dont il est question ici, devrait être appelé, par exemple, "anaylse
formelle", ou quelque chose d'approchant. Rappelons que ceux qu'on con
sidère comme les initiateurs de ce mouvement, n'utilisaient pas le terme
"structure": de Saussure (on l'a déjà dit), parlait de "système", V. Propp
(1928, 1970), — de morphologie (du récit). Le seul point commun, — qui est
certes important, mais insuffisant, — que nous rencontrons avec le concept de
structure, est qu'un élément (d'un récit, d'une langue etc. . ) se définit par ses
relations avec les autres éléments et non par ce qu'il est lui-même. Cette att i
tude relationniste nous rapproche du structuralisme, mais ne se confond pas
avec lui. Pour qu'on puisse parler de structure, il faut que les relations soient
d'ordre fonctionnel et hiérarchique (sans parler des autres caractéristiques
des structures,qui peuvent n'être pas toutes présentes dans un cas donné).
La nature des liaisons en linguistique et les domaines apparentés, sont ext
rêmement variées, et leurs déterminations le plus souvent arbitraires (d'où les
fréquentes querelles entre les protagonistes). On parle surtout de relations
d'opposition. Mais ce qui est désigné comme opposition par l'un peut apparaître
comme une consonnance pour un autre et absence de toute relation pour un
troisième. Les critères objectifs sont rares ce domaine, et presque toujours
contestés. (Cf. les articles de H. Lefèbvre, dans l' Homme et la Société).
Notons que dans l'usage du terme structure, on trouve pas mal d'oppor
tunisme momentané, concept, que l'on rejette par la suite, lorsque cela paraît
inopportun. Témoin, G. P. Murdock, qui avait intitulé son pricncipal ouv
rage Social Structure (1949, 1966), qui "décroche" en 1955 d'une manière
bruyante, comme le souligne Lévi-Strauss (1962, p. 40-41), et affirme que la
notion de structure est "stérile", "stat ique", et que l'on devrait dorénavent
se consacrer à l 'étude des "process".
... Cet exposé concernant la notion de structure, est certes très incomplet.
Il permet néanmoins de soumettre à la réflexion du lecteur, quelques con
clusions.
146 ALEXANDRE VEXLIARD
INTERROGATIONS ET CONCLUSIONS
1. - La notion de structure et les méthodes dites d'analyse structurale,
sont de plus en plus employées dans les sciences humaines. On retrouve ces
concepts et des méthodes analogues, dans les sciences de la nature et en ma
thématiques.
2. — Cependant, dans les différentes disciplines on présente des concep
tions et définitions assez disparates de la structure. Nous pensons avoir
montré ci-dessus, qu'il y a deux sources à ces divergences: a) Dans chacune des
disciplines, on ne retient que certaines caractéristiques de la notion de structure,
parce que les autres caractéristiques n'entrent pas en ligne de compte ou
jouent un rôle mineur dans tel on tel champ d'investigations. Cette sélection
est les plus souvent légitime. b) Par contre, ce qui se justifie moins, c'est que
dans certains domaines, on donne le nom de structure à des entités ou des cons
tructions plus ou moins fictives, qui n'ont qu'un rapport lointain avec la no
tion de structure.
3. - Ces constructions fictives, hypothétiques, ont été critiquées, par
fois, avec beaucoup de verve, en particulier par R. Picard (1966) et R. Boudon
(1968), parmi d'autrs. C'est une critique de cet ordre que nous avons esquis
sé ici, en nous plaçant dans une autre perspective.
4. - Malgré tous les avatars, il nous semble que le méthode ou l'analyse
structurale, est appelée à jouer un rôle des plus importants dans les sciences
humaines. a) Il s'agit d'une perspective qui permet de dégager avec clarté
les éléments d'un ensemble, leurs rôles leurs fonctions, en tant que parties
intégrées dans le tout et soumises à des lois ou règles communes. b) D'autre
part et surtout, la méthode structurale permet de déceler des liaisons et des
interdépendances, là ou l'on voyait différence et éloignement. Il convient ce
pendant de vérifier si l'on dispose de moyens objectifs permettant de cont
rôler ces liaisons . c) Outre le domaine de la recherche, la méthode structurale
renferme aussi une valeur didactique: elle peut rendre d'insignes services
à l'enseignement (H. Laborit, 1968, p. 98-111); ce qu'en dit H. Laborit dev
rait être complété, mais il ouvre une voie qui est encore peu explorée.
5. - Ajoutons que la notion de structure ne représente nullement une
mode passagère, un engouement sans durée; le structuralisme correspond
à une exigence profonde de la pensée scientifique actuelle, et l'on doit ajouter,
c'est aussi un impératif de la pédagogie contemporaine. Il s'agit d'une réac
tion vigoureuse contre la pensée atomiste, mécaniste, réductionniste, qui avait
LES STRUCTURALISMES ET LEVRS CONFLITS 147
dominé, non sans succès d'ailleurs, la science du X I X e siècle; mais cette sci
ence s'est dépassée par le développement de sa propre... structure.
A. V.
25. 6. 1970
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150 ALEXANDRE VEXLIARD
Levi-Strauss, Cl. Anthropologie structurale. Plon. 1958. (et de nombreux autres
ouvrages bien connus: Tristes tropiques, La penée sauvage, Le cru et le
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Lupasco, St. Qu'est-ce qu'une structure? Christian Bourgeois, 1967.
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1967. "Encyclopédie La Pléiade". Sur 35 chapitres, 11 sont de J. Piaget,
LES STRUCTURALISMES ET LEVRS CONFLITS 151
Dans presque tous les chapitres est abordé le problème du structuralisme,
que l'on retrouve dans de nombreux autres ouvrages de J. Piaget.
——Le structuralisme. P. U. F. "Q. S. J.", 1968. Ce petit livre, est le plus
complet sur la question, et à notre avis, le meilleur.
—— L' êpist êmologie génétique, P. U. F., "Q. S. J ." , 1970.
Peterfalvi, J.-M. Introduction à la psychologuistique. P. U. F. 1970.
Picard, R. Nouvelle critique ou nouvelle imposture. Pauvert, 1966. (Sévère
attaque contre le structuralisme de Barthes et de ses disciples, dans la
critique littéraire).
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Prieto, L. Principes de noologie. Mouton, La Haye. 1964.
Propp, V. Morphologie du conte. Ed. du Seuil. 1970 (édition russe de 1969,
version entièrement refondue par rapport â celle de 1928).
Radcliffe Brown, A. R. Structure et fonction dans les soci étés primitives. (1952)
Ed. de Minuit. 1969, Trad. et importante "présentation" par Louis
Marin.
Ricoeur, P. "Structuralisme et herméneutique". Esprit. Nov. 1963. p. 596-627
——Le conflit des interprétations, éd. du Seuil, 1969, p. 31-63.
Safouan, Cf Wahl.
Sapir, E. Linguistique, Ed. de Minuit. 1965.
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Saussure, F. de, Cours de linguistique générale (1916), Payot, 1962.
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Sommerfelt, A. "Structure linguistique et structure des groupes sociaux".
Diogène, No 51. p. 191-196 (Brève mais importante critique des thèses de
Lévy-Strauss, dont l 'auteur rappelle les traits essentiels).
"Structure sociale et histoire", -"Science du langage et sciences humaines"
Débats sur ces thèmes, avec participation de nombreuses personnalités,
rapportés in Raison Présente.: No 7, Sept. 1968, p. 41-72. et No 8, Dec.
Dec. 1968, p. 24-81.
152 ALEXANDRE VEXLIARD
Tardits C. et L. Bernot, "La parenté" , L'Aventure humaine (6 vol), Vol. IV,
L'Homme et les autres. Ed. Kister, Genève, 1967. cf. p. 84.
Todorov, T. Théorie de la littérature, Le Seuil, 1965.
——Littérature et signification. Larousse, 1967. ef aussi: Wahl.
Touraine, A. Sociologie de l'action. Le Seuil, 1965. (Importante confrontation
entre les points de vue: fonctionaliste, structuraliste et actionaliste). cf. en
en particulier, p. 22, 359, 457 et passium.)
Troubetzkoy, N. S. Principes de phonologie. Trad. fr. J. Cantineau. Paris.
1949.
Viet, J. Les méthodes structurales dans les sciences sociales. Mouton, La Haye-
Paris. 1967.
Wahl, Fr. et collab. Qu'est-ce-que le structuralisme ? Ed. du Seul. 1968. 0. Duc-
rot: Linguistique. T. Todorov: Poétique. D. Sperber: Anthropologie.
M. Safouan: Psychanalyse. Fr. Wahl: Philosophie. Cet ouvrage de
445 p. est rédigé par d'éminents spécialistes. On constatera, néanmoins,
que bon nombre de domaines du structuralisme sont ici omis
Note concernant la bibliographie:
On trouvera dans la présente bibliographie, un certain nombre de titres
qui ne sont pas mentionnés dans le texte , mais dont nous nous sommes inspiré.
Nous avons pensé en outre, que la connaissance de ces titres, pourrait être
utile, pour orienter les lectures futures, selon les intérêts particuliers du
lecteur.
Parmi les exposés d'ensemble concernant les structuralisme, signalons;
Piaget, 1968 (à notre sens, de beaucoup le meilleur et le plus complet).
Auzias, 1967 (Assez complet; ouvrage dit de vulgarisation, niais assez diffi
cile à lire).
Fages (2 vol, 1968) Mêmes remarques que pour le précédent. Le second volume
est plus nettement orienté vers la linguistique et la l i t térature.
Boudon, 1968. : La structure en général, et particulièrment, dans les sciences
humaines; la psychologie, quoique présente, est plutot négligée.
Laborit: 1968, Dépasse le cadre de son titre (biologie). Ouvrage particulière
ment vivant, clair, orienté vers l'action (pédagigie, pratique scientifique,
etc.)