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LES STRUCTURALISMES ET LEURS CONFLITS par ALEXANDRE VEXLIARD Professeur à la Faculté des Lettres de l'Université d'Ankara Le structuralisme se présente avant tout comme un cadre théorique et méthodologique général, au moyen duquel on cherche à interpréter (expliquer, comprendre), à un certain niveau d'abstraction, les faits ou les événements que nous observons. Presque tous les mots en "isme" constitutuent des cad- res de cette sorte. La notion de structure est de nos jours amplement utilisée dans toutes les sciences, parfois avec des dénominations différentes (systè- me, holon...); il ne s'agit pas seulement des sciences humaines: on retrouve ce concept en mathématiques, en physique aussi bien qu'en biologie. Dans l'ensemble, la structuralisme représente une vaste offensive menée contre une conception atomiste, mécaniste de la science, héritée du XIX e siècle. Selon cette dernière on pensait pouvoir expliques le monde en le décompo- sant en une série d'entités élémentaire, leur ensemble étant conçu comme une mécanique, répondant automatiquement aux influences du milieu ou à des impulsions internes également mécanique. Le structuralisme lui, met l'accent sur l'organisation des ensembles structurés, qui ne peuvent être comp- ris par la connaissance de leurs éléments; il insiste aussi sur les relations et l'interdépendance des parties, la capacité d'autorégulation des ensembles et, dans les domaines de la biologie et des sciences humains sur la capacité de croissance, de développement, de spontanéité. Ainsi, le structuralisme tend à mettre en échec la conception mécaniste et atomiste de la science, qui joue encore un rôle dominant dans la plupart des sciences humaines. La situation est cependant compliquiée du fait qu'il existe un grand nom- bre de structuralismes qui parfois se complètent, souvent s'ignorent et dans

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L E S S T R U C T U R A L I S M E S

E T

L E U R S C O N F L I T S

par

ALEXANDRE VEXLIARD

Professeur à la Faculté des Lettres de l'Université d'Ankara

Le structuralisme se présente avant tout comme un cadre théorique et

méthodologique général, au moyen duquel on cherche à interpréter (expliquer,

comprendre), à un certain niveau d'abstraction, les faits ou les événements

que nous observons. Presque tous les mots en "isme" constitutuent des cad­

res de cette sorte. La notion de structure est de nos jours amplement utilisée

dans toutes les sciences, parfois avec des dénominations différentes (systè­

me, holon...); il ne s'agit pas seulement des sciences humaines: on retrouve ce

concept en mathématiques, en physique aussi bien qu'en biologie. Dans

l'ensemble, la structuralisme représente une vaste offensive menée contre

une conception atomiste, mécaniste de la science, héritée du X I X e siècle.

Selon cette dernière on pensait pouvoir expliques le monde en le décompo­

sant en une série d'entités élémentaire, leur ensemble étant conçu comme

une mécanique, répondant automatiquement aux influences du milieu ou

à des impulsions internes également mécanique. Le structuralisme lui, met

l'accent sur l'organisation des ensembles structurés, qui ne peuvent être comp­

ris par la connaissance de leurs éléments; il insiste aussi sur les relations et

l 'interdépendance des parties, la capacité d'autorégulation des ensembles

et, dans les domaines de la biologie et des sciences humains sur la capacité

de croissance, de développement, de spontanéité. Ainsi, le structuralisme tend

à mettre en échec la conception mécaniste et atomiste de la science, qui

joue encore un rôle dominant dans la plupart des sciences humaines.

La situation est cependant compliquiée du fait qu'il existe un grand nom­

bre de structuralismes qui parfois se complètent, souvent s'ignorent et dans

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certains cas, entrent en conflit. Cette variété est en partie légitime. En effet,

il est normal que, dans les diverses sciences, on insiste particulièrement sur

certaines propriétés des structures et on en néglige d'autres. Par exemple,

dans la psychologie de la perception on met en avant le rôle des ensembles

dans la perception des détails mais on néglige des propriétés des structures,

importantes dans d'autres domaines: auto-régulation, contrôles, hiérarche,

spontanéité. Ce qui est plus grave, c'est qu'à l 'intérieur d'une même dis­

cipline, ou dans l 'étude d'un même objet, il peut y avoir des conflits dans

conception que l'on se fait des structures.

La plupart du temps de tels conflits ne sont graves qu'en apparence: il

s'agit d'investigations que l'on poursuit à différents niveaux du réel. Ainsi,

nous pouvons étudier la structure d'une table pour en reconnaître le style.

Le botaniste envisagera ses cellules pour déterminer la nature de son bois;

le chimiste se placera au niveau des molécules; le physicien se préoccupera de

la structure intra-atomique. Dans cet exemple la stratification des niveaux

du réel est explicite. Mais dans les sciences humaines, par exemple en psy­

chologie, on ne voit pas le fait que le psychanalyste et le behavioriste, n'opèrent

pas au même niveau du réel.

Ce qui, par contre constitue un véritable danger, c'est qu'il existe de faux

structuralismes; entendons par là que certains auteurs donnent le nom de struc­

ture à ce qui n'en possède pas vraiment les caractéristiques fondamentales.

Or, dans bien de cas, il s'agit d'auteurs qui se réclament avec le plus de vigueur

(et de bruit) du structuralisme.

Le présent exposé s'articulera comme suit: I. Situation du structuralis­

me par rapport à d'autres principes d'interprétation. II. Confusions verbales

à propos du structuralisme. I I I . Exemples d'interprétations structuralistes

dans quelques disciplines. IV. Critique et évaluation.

I. SITUATION DU STRUCTURALISME

Il existe plusieurs dizaines ou même des centaines de doctrines en "isme".

Nous n'évoqueorons ici, que celles auxquelles diverses formes du structuralisme

se trouvent en opposition.

1) L'atomisme analytique tend à expliquer les phénomènes en les dé­

composant en leurs éléments (comme on le fait en chimie). Il s'agit de la va­

riante la plus répandue des diverses formes du reductionnisme: expliquer

le complexe par ce qui est simple, le supérieur par l'inférieur. Ainsi, on tente

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d'expliquer les conduites humaines complexes par le jeu des réflexes; les ins­

titutions sociales telles que le droit, la religion ne seraient rien d'autre que des

moyens tendant à satisfaire les besoins biologiques élémentaires e t c . .

2. L'historicisme: l'explication de ce que nous observons aujourd'hui est

fournie par événements passés. Certains formes du structuralisme, notamment

en anthropologie (Lévi-Strauss), sont opposées à ce genre d'explication. C'est

l'analyse structurale de ce qu'on observe "ici et maintenant", qui rend entiè­

rement compte des faits. En psychologie et en biologie, l'explication tempo­

relle prend le nom de génétisme; mais le génétisme est est plus particulièrement

préoccupé par la découverte des principales étapes du développement (bio­

logique ou psychologique).

3. L'environnementalisme, souvent associé à l'atomisme, tend à expliquer

les événements par l'action du milieu (de l'environnement). La notion d'envi­

ronnement est comprise de façons très diverses, selon les disciplines et selon

les auteurs.

4. le fonctionnalisme est l'objet des attaques les plus véhémentes de la

part des structuralistes actuels; mais n'en a pas toujours été ainsi. Le fonc­

tionnalisme (surtout en sociologie, en anthropologie, fleurissant aux Etats-

Unis), est lié au darwinisme; en psychologie il a été absorbé par le behavioris-

me. Ici, pour expliquer un phénomène (psychologique ou social), on se deman­

de: quelle fonction il remplit, quel rôle il joue, à quoi il sert? En principe on

rattache les fonctions aux besoins biologiques, ce qui nécessite parfois une

grande virtuosité. Ainsi, l'on considère que les différents fonctions psychiques

(intelligence, émotion etc. . ) seraient en quelque sorte des «organes»

destinés à protéger la vie de l'individu ou de l'espèce. Il en est de même

des institutions sociales qui remplissent "en dernière instance" des fonctions

biologiques.

5. La méthode comparative a joué et joue encore un rôle important dans un grand nombre de sciences: on explique un phénomène en analysant les ressemblances, différences ou analogies qu'il peut présenter avec des phéno­mènes de même nature ou de nature différente. Cette méthode est parfois intégrée dans divers structuralismes (comparaison des formes, des structures etc.)

6. Dans la perspective structuraliste, on cherche à expliquer un phénomè­

ne en analysant sa structure, c'est à dire, la forme et la nature de liens qui

unissent les éléments d'un ensemble et plus spécialement en essayant de dé-

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couvrir le principe central (ou significatif), qui préside à la constitution et

éventuellement à la transformation (évolution) de cet ensemble. Il est entendu

que tout ensemble structuré peut être envisagé comme élément dans un en­

semble d'un niveau plus compexe ou plus élevé. Ainsi, une cellule vivante

possède sa structure propre, mais elle est un élément, - disons,- dans la struc­

ture du foie, qui lui-même, est structuré, mais est un élément de l'organisme.

Pour plus de clarté, nous donnerons ci-dessous les cactéristiques de la

structure, telles que nous les concevons. Ce résumé permettra, de

mieux comprendre d'autres conception de la structure, proposées dans

diverses disciplines et par les différentes écoles. Nous parlons ici de la

structure telle qu'on peut l'analyser dans les sciences humaines et en

biologie.

7. Caractéristiques de la structure. - Toute structure possède en premier

lieu, trois cractéristiques fondamentales: I. Une différenciation des éléments

et (ou) des fonctions, plus ou moins interdépendantes; dans certains cas, en

psychologie par exemple, il y a différenciation des fonctions, sans qu'on puisse

parler d'éléments. On voit par là qu'il n 'y a pas d'incompatibilité entre st-

ructralisme et fonctionnalisme; mais c'est la structure qui impose sa loi aux

tions. C'est ce que disaient déjà avec force, Durkheim (1901, p 138 et passium)

et à sa suite Radcliffe Brown (1969, p. 76, 278, 388 et passium). Mais de nos

jours, bon nombre de sociologues et anthropologus, veulent séparer structure

fonction, ou tout au moins subordonner la structure à la fonction.

2. En second lieu, dans toute structure, il y a hiérarchie des éléments et

des fonctions.

3. En troisième lieu, dans toute structure, on peut découvrir un noyau

central, un nucleus, ou une base, qui confère une signification à l'ensemble.-

Tels sont les trois éléments fondamentaux d'une structure; il en résulte que,

par exemple, on ne peut parler de la structure d'une tas de sable ou d'une foule.

Les autres caractéristiques de la structure peuvent être considérées comme

des corollaires de celles que nous venons de citer.

4. Une strucructure ne vient pas du néant. Elle a un passé, une histoire,

une genèse. Elle possède en elle-même, le principe général de ses transformations

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possibles, de sou évolution. Structuralisme et historicisme, (ou génétusme)

sont nécessairement complémentaires.(I)

5. Les structures sont donc mouvantes, changeantes, et révolution (plus

ou moins lente ou rapide) est inhérente à leur être. Des restructurations sont

nécessaires pour répondre à des exigences externes ou internes. Certaines fonc­

tions deviennent avec le temps plus importantes ou moins importantes; des

fonctions peuvent dépérir ou disparaître et de nouvelles fonctions peuvent

surgir, sans qu'on puisse dire que la structure elle-même ait changé de nature.

Ce n'est qu'à long terme que l'on peut s'apercevoir de ce que des modifications

fondamentales ont eu lieu et, qu'en dernière instance, sous certains aspects,

la nature même de la structure est modifiée. Par ex. : passage de l'enfance à

l'âge adulte, de la société féodale à la société capitaliste. Des modifications

peuvent se produire sous l'influence des circonstances ou des facteurs externes:

une mobilisation, modifie la hiérarchie de la structure sociale, comme elle

forme les fonctions des différents éléments sociaux. L'état de stabilité ou

d'équilibre des structures psychologiques et sociales est toujours précaire;

on peut même affirmer que l 'état d'équilibre, de stabilité, d'homéostasie est

est pratiquement inexistant, tant pour l'indicidu que pour la société (comme

pour l'organisme vivant). Aussi est-il difficile d'admettre la position des fonc-

tionalistes en sociologie (Parsons, 1957, Merton, 1956 etc.) ou celle des beha-

vioristes en psychologie, selon laquelle le but de toute action, de tout compor­

tement individuel ou collectif consiste à poursuivre ou à rétablir, à maintenir,

l'équilibre, l 'adaptation, Phoméostasie, ce qui les amène à défendre diverses

formes du conservatisme, du conformisme (Bertalanffy, 1968, p. 196, 210

Horovitz, 1965, p. 14,19). - En sociologie, le caractère nécessairement mouvant

et changeant des structures sociales est souligné avec une force particilière

par G. Gurvitch dans ses divers ouvrages (1954, p. 100-102, 1957, p. 400-442,

1958, p. 205-216)

1 Cette conception de l'union entre le structuralisme (dénommé parfois constructivisme) et génétisme, constitue l'un des fondements les plus solides de l'oeuvre de J. Piaget. Elle est très bien résumée par la formule suivante de L. Apostel (1963, p. 66) : " . . . toute genèse a une structure et toute structure a une genèse. Nier qu'une structure ait une genèse signifie ou bien la poser comme permanente, ou bien la faire apparaître brusquement, sans que rien ne la prépare ni l'explique." Nier qu'une genèse ait une structure, cela signifierait qu'un ensemble organisé (un embryon, par exeple), serait livré dans son évolution au pur hasard. La structure oriente la genèse (ou l'histoire), elle crée une sorte de déterminisme structural (cf. aussi G. Gurvitch, 1954).

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6. - Un ensemble peut être plus ou moins "structuré", intégré; une faible

intégration, entraîne un fonctionnement médiocre de l'ensemble, et peut con­

duire à sa décomposition; une intégration excessive occasionne une rigidité,

qui aboutir à un résultat analogue par défaut d'adaptabilité. Ainsi, le degré

d'intégration (relative), est une caractéristique des plus importante d'une st­

ructure.

7.- En outre, dans chaque structure, on peut déceler plusieurs niveaux,

qui peuvent être examinés en eux-mêmes, sans toutefois perdre devue leur

interdépendance.

Ces quelques indications, nous permettront de mieux apprécier les con­

fusions créés autour du terme structure.

II. US ET ABUS DU TERME STRUCTURE

Nous avons déjà indiqué que les termes structure et structuralisme, sont

en usage dans presque toutes les sciences. Nous n'insisterons pas ce point et

donnerons seulement en note des indications plus précises (I). Ce qui crée

des confusions, c'est que l'on admet souvent comme équivalents du terme st-

1 a) Cf. J. PIAGET, Le structuralisme, P. U. F. "Que sais-je". 1968. c'est probablement le livre le plus complet sur la question, et le plus explicite. Les domaines suivants sont explorés... le structuralisme en: mathématiques, logique, physique, biologie, psychologie, philosophie, so­ciologie, anthropologie.

b) Les discussions relatives au terme structure, on donné ıieu à de nombreuses réunions interdisciplinaires, nous en citons deux, parmi les plus importantes:

Notion de structure et structure de la connaisance. Albin Michel. 1957. (XX e semaine de synt­hèse). R. Poirier: Logique; G. Bouligand: Mathématiques; A. Koyré: systèmes philosophiques; A. Vandel: Biologie; P. Chauchard: structures cérébrales et conscience; G. Gurvitch: Structures sociales et systèmes de connaissance; R. Mucchielli (et G. Berger): psychologie. Avec la partici­pation de nombreses personnalités, telles que: J. Rueff, M. Caullery, R. Martin, D. Lacombe, O. Costa de Beauregard (Physique); V. Goldschmidt, Ch. Perleman, A. Lalande etc.

c) L'ouvrage publié sous la direction de R. Bastide (1962), concerne également un colloque le terme structure, avec la participation de: E. Wolf (biologie), E. Benveniste (linuistique), Cl. Lévi-Strauss (Ethnologie-anthropologie), P. Francastel (histoire de l'art), M. Goldman (histoire de la culture), P. Vilar, (histoire générale), Ch. Morazé: structure temporelles, H. Lefèbvre: con­cept de structure chez Marx et in concept de structure en sociologie, R. Aron: Science politique. D. Lagache: Structure en psychologie, en psychopathologie, en psychanalyse; R. Pages: psy­chologie sociale. F. Perroux, A. Marchai, J. Weiller trois exposée: économie politique. J. Car-bonnier: droit privé. A. Mathiot: droit publc. Et la participation de nombreuses autres person­nalités, parmi lesquelles: G. Gurvitch, Merleau-Ponty, Braudel, Moulin, Girod, Guilbaud, La-zarsfeld etc.

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ructure, d'autres concepts; ces substitutions sont parfois justifiées, dans

d'autres cas elles le sont moins.

Voici les principaux de ces équivalents: système, réseau, constitution,

construction, champ, organisme, organisation, forme, "gestalt", figure, confi­

guration, morphologie, ensemble, totali té, globalité (Ganzheit), institution

(en sociologie), essence, "mode composition des éléments", intégration (d'un

ensemble)... et il est probable que cette énumération n'est pas complète.

Soulignons que, celui qui est considéré comme le "père" du structuralisme

moderne (F. de Saussure) en linguistique, n'a jamais utilisé le terme structure,

mais celui de système. Il s'agit d'un réseau de relations entre les divers éléments

d'une langue résultant de lois d'équilibre, qui retentissent sur ces éléments, dé­

terminant des distinctions et des significations. Or, un système comporte bien

un ensemble de relations réciproques et solidaires, mais il lui manque d'autres

caractéristiques d'une structure. Autre confusion à propos du mot forme,

qui est satisfaisant dans la théorie de la pereption gestaltiste, mais ne peut être

considéré comme un équivalent de structure: un modèle d'avion en possède

la forme, mais non la structure; inversement, on peut imaginer une machine

qui aurait la structure de l'avion, mais non la forme. Il est possible de pour­

suivre une critique analogue de presque tous les autres termes, considérés

pas certains auteurs comme l'équivalents du mot structure. Cette équivalence

est parfois légitime dans un contexte l imité; elle n'est plus justifiée hors de ce

contexte. Par exemple, G. Gurvitch,-qui trouve que le terme institution est mal

défini, - préfère lui substituer celui de "structure sociale partielle"; on peut

à la rigueur admettre cette convention, mais elle ne saurait être étendue à

d'autres domaines.

Ce qu'on appelle aujourd'hui structuralisme, est amplement inspiré par

la linguistique issue de F. Saussure et singulièrement des études phonétiques,

ou pholonogiques : "La pholonogie, écrit Lévi-Strauss n'a pas seulement re­

nouvelé les perspectives de la linguistique mais encore elle ne peut manquer

de jouer vis-à vis des sciences sociales, le même rôle rénovateur que la physique

nucléaire, par exemple, a joué pour l'ensemble des sciences exactes" (1958, p.

p. 39). Il s'agit ici de la phonologie de l'école de Prague (Troubetzkoy, 1949,

Jacobson, 1935, 1963 etc.). Or, comme nous aurons l'occasion de le montrer,

la linguistique contemporaine est tombée de nos jours dans un état de con­

fusion qu'il est difficile de décrire. Cette science, qui, en principe devrait

apporter des clartés sur les significations profondes du langage, s'est égarée

dans le dédale des sons (phonèmes), et ne parvient plus à en sortir. Voici ce

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qu'en dit Michael Polanyi. l 'un des grands physiciens de notre temps (dé­

couvertes dans le domaine de la structure des métaux, de la cynétique réac-

tionelle etc.), en même temps que médecin, sociologue et philosophe. "L'école

linguistique structuraliste, dit-il, a considérablement amélioré notre compré­

hension sur la manière dont nous utilisons nos voix en prononçant des mots

dans différentes langues. En outre elle a amélioré notre compréhension de la

composition des phrases dans un sens strictement mathématico-grammatical.

Mais elle ne peut rien dire au sujet du sens.(Ital. A. V.). Comment peut-on par­

ler du langage sans parler du sens?" (Polanyi, 1968). Le structuralisme en lin­

guistique, a bien d'autres aspects surprenants.

Notons que dans diverses disciplines, le structuralisme actuel se trouve

en opposition à une variété d'attitudes générales (en "isme"); la confusion

fondamentale, provient en grande partie de la diversité des adversaires que

l'on combat. Voici quelques unes de ces oppositions;

- E n linguistique, opp. à l'explication historique et comparative (Saussure)

—En anthropologie, ethnologie, sociologie, opp. à l'historicisme, au fonc-

tionalisme (Lévi-Strauss).

- En psychologie, contre: l 'atomisme, l 'élémentarisme, la psychologie

moléculaire, le fonctionalisme, le behaviorisme, le génétisme (sauf pour Piaget

et ses collaborateurs et disciples, qui sont nombreaux).

- E n psychanalyse (Lacan) opp. à l'énergétisme de Freud.

- E n philosophie: Opp. à l'existentialisme, à l'irrationalisme, au fonctionna­

lisme, et pour certains, à la dialectique marxiste (pour d'autres les deux ten­

dances peuvent se concilier).

Ce schéma quelque peu simplifié sera probablement contesté par certains

structuralistes; mais il ne saurait en être autrement, car, non seulement il

existe un grand nombre de structuralismes (surtout en linguistique), mais en­

core, leurs tenants et défenseurs, s'expriment dans un langage obscur, ésoté-

rique, qui est dénoncé même par les spécialistes; or le rôle d'un structu­

ralisme fidèle à son programme, serait justement de décrypter nos connais­

sances, dans la mesure ou elles ne paraissent pas claires et de les exprimer dans

un lagage intelligible. On peut se demander, si ceux qui voilent leur pensée

sous des formules et une terminologie obscures, n 'ont pas de fortes raisons pour

procéder ainsi?

Ces réflexions désabusées n'entament en rien la valeur du structuralisme

tel qu'il se définit dans ses principes essentiels, surtout dans l'oeuvre de Jean

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Piaget. Malheureusement, la plupart de ceux qui se proclement structuralistes

ou qui sont déclarés tels, n 'en adoptent que quelques aspects, souvent, né­

gatifs, et s'enferment dans une sorte de dogmatisme sans issue.

Voyons les variations du structuralisme sur quelques grands exemples,

en particilier, en psychologie et en linguistique.

III. EXEMPLES D'INTERPRETATIONS STRUCTURALISTES

Les structuralismes en psychologie. — I. Le structuralisme atomiste de Titch-

ener. - Le terme structuralisme, apparaît pour la première fois dans les

sciences humaines, dans la doctrine psychologique de Titchener (élève améri­

cain de Wundt) , au cours des années 1880. Paradoxalement , il s'agit d'une

doctrine qui se situe à l'opposé de ce qu'on nommera structuralisme par la

suite. Ici, l'on considère que, pour comprendre la vie psychique, nous devons

la décomposer en ses constitutuants élémentaires, qui en forment la structure:

images simples, sensations, sentiments considérés comme fondamentaux,

et sont pour ainsi dire les briques de cette structure. Durant plusieurs décades,

cette doctrine s'est opposée au fonctionnalisme de Dewey, Angell, H. Mead,

E. Claparède, parmi d'autres. (Cf. E. Claparède, 1946, t. I I . p. 202-213). Ce

fonctionnalisme, apparenté au pragmatisme, à l'instrumentalisme, à l'expéri-

mentalisme (James, Dewey) voyait, comme nous l'avons déjà indiqué, dans les

divers processus de la vie mentale, - perception, émotion, volition, pensée, -

une sorte de prolongation de la vie biologique (darwinisme). Mais les deux ten­

dances "ennemies" étaient au fond apparentées, en ce sens qu'elles étaient

toutes deux réductionnistes; à part ir de 1912, elle furent absorbées progres­

sivement par le behaviorisme. Le fonctionnalisme est par contre très vivace

de nos jours, aux Etats-Unis, en sociologie en et anthropologie (Nadel,

1951, Parsons etc.) (I).

2. -La "Ganzheitspsychologie'''' de Dilthey.- Vers 1894, Dilthey introduit

la notion de globalité (Ganzheit), en philosophie, dans les sciences humaines

en général, et en psychologie. Nous ne pouvons rien comprendre à la vie

mentale, dit-il, si nous la décomposons en ses éléments car ce qui es; vraiment

primitif dans les données (perçues, vécues), ce sont les ensembles, les totalités,

articulées, qui revêtent une caractère finaliste, têlêologique intentionnel. Le

1 T. Parsons est parfois rangé parmi les structuralistes, parce qu'il cherche à concilier st­ructure et fonction. Mais, pour l'essentiel, il donne la prééminence à la notion de fonction.

136 ALEXANDRE VEXLIARD

mouvement créé par Dilthey a été résorbé par la psychologie de la Forme (Ges-

taltpsychologie) et la phénoménologie à partir de 1912. Mais certains psy­

chologues allemands demeurent fidèles à Dilthey (W. Metzger, H. Thomae

etc.).

3. La Gestaltthêorie.-A partir de 1912, la psychologie de la forme, née en

Allemagne, a eu un développement considérable. L'essentiel de ses thèses

est très proche de celles de Dilthey. La structure d'un ensemble est une "synt­

hèse créatrice", qui ne peut être expliquée par une analyse des constituants.

D'une part, le monde extérieur nous apparaît comme un ensemble de structures,

dont la perception est antérieure à celle des éléments; d'autre part , notre ap­

pareil psychique fonctionne comme un champ global d'autodéterminations.

(Cf. P. Guillaume, 1936, D. Lagache, 1962, p. 81-88 et 146-147, R. Pages, 1962,

p. 89-99). Le gestaltisme, transposé aux Etats-Unis s'est engagé dans une sé­

rie de compromis avec le behaviorisme et les explications par des equilibrations

mécaniques. Mais la psychologie de la Forme a ouvert la voie à l 'étape sui­

vante, celle d'un structuralisme dynamique.

4. Le structuralisme dynamique. — Pour les gestaltistes, la structure se

présentait comme un principe d'organisation, d'intégration, qui supposait

une sorte de connaisance tacite, par intuition. A l 'étape suivante, la structure

apparaît comme structurante; dans le cas de la personnalité, elle est "une unité

dynamique, organisante, déterminante" ... elle définit "la manière qu'a chacun

de nous de percevoir une situation et d'y répondre" (R. Mucchielli, 1957,

p. 345). Ou encore, les différents mécanismes décrits par Freud, doivent être

interprétés, non pas en termes de "forces" ou "causes" fixées au cours du dé­

veloppement, mais en termes de structurations progressives (K. Goldstein,

1951, p. 213) Merleau-Ponty, 1953, p. 192, 237, N. Mouloud, 1965, p. 46-51,

R. Mucchielli, 1966, p. 11). N. Mouloud, montre en particulier, comment on

peut interpréter les expériences des behavioristes dans le cadre d'une psy­

chologie des "structures régulatrices" ou dynamiques.

5. Structures des significations. — Plus récente est la notion de structure

des significations, qui parvient à la psychologie par le canal de la linguistique,

de l'anthropologie et de la psychanalyse de Lacan. La structure des signifi­

cations, c'est "ce par quoi un élément du monde prend un sens pour un sujet"

(R. Mucchielli, 1966, p. 12 et suiv.). Il s'agit bien d'un facteur dynamisant,

mais qui n'est pas objectif, ni même conscient pour le sujet. C'est ainsi que,

-pour prendre un exemple très simple,-un individu qui serait particulièrement

méfiant, et à cause de cela, saurait camoufler sa méfiance, agirait toujours d'une

LES STRUCTURALISMES ET LEVES CONFLITS 137

certaine manière, qui, dans une analyse approfondie décelarait cette orienta­

tion structurale: la méfiance, et la constante préoccupation de la dissimuler.

Avec la notion de "structure des significations", nous pénétrons dans

la zone quelque peu obscure des structuralismes actuels. Car, cette structure,

qui joue un rôle si déterminant, ne peut être découverte que par le savant.

Or, on peut craindre là pas mal d'arbitraire dans son diagnostic et ses déduc­

tions. Nous tenterons de donner quelques indications sur la théorie très

complexe du psychanalyste Jacques Lacan.

6.- Le structuralisme de J. Lacan. - J. Lacan, s'inspire visiblement du

structuralisme linguistique, et singulièrement de celui de F. de Saussure.

Pour Freud l'essentiel de la vie psychique se forme au cours de l'histoire

individuelle, ou histoire d'un enchaînement de conflits entre les pulsi­

ons ou forces instinctives qui se heurtent aux impératifs du réel, en particu­

lier à ceux de la réalité sociale. - Pour J. Lacan, cette explication par l'histoi­

re et le jeu des forces n'est pas satisfaisante; l'essentiel est de retrouver dans

le langage du névrosé, "la structure première de l'inconscient" (1966, p. 151

et suiv.) Le symptôme de la névrose est le "signifiant d'un signifié" (ibid., p.

499). Le but de la psychanalyse est de retrouver les structures inconscientes

à travers les structures du discours conscient. Le signifiant, c'est donc le lan­

gage, le signifié, c'est ce qui est refoulé, censuré, le non-exprimé, l'omis, ou

encore, le lapsus. Car, le névrosé utilise un langage symbolique, qui abonde en

"métonymies" (ou hyllopages), consistant à désigner un objet par un terme

signifant un autre objet, qui est uni au premier par une relation de cause à

effet; ou bien on prend la partie pour le tout, le contenant pour le contenu etc.

C'est en recherchant des relations de ce genre, que Lacan s'effore de découvrir

le cheminement de la pensée inconsciente.

Avec Lacan, il semble que nous nous éloignons du rationalisme, qui

caractérise en dernière instance lo structuralisme (cf. A. et R. Mucchielli,

1969, p. 183). Le structuralisme de J. Lacan, comme bon nombre d'autres

structuralismes contemporains, apparaît surtout, comme une critique de ten­

dances dominantes dans telle ou telle discipline. Mais les intentions critiques

des auteurs sont très diverses, même à l'intérieur d'une discipline.

7.- Le structuralisme "constructiviste" de J. Piaget. - Il est particuliè­

rement difficile de résumer le structuralisme tel qu'il est exposé par Jean

Piaget (cf. en particulier, 1967 et 1968), car il s'agit d'une vaste synthèse qui

touche non seulement la psychologie, mais englobe l'ensemble des sciences

138 ALEXANDRE VEXLIARD

allant des mathématiques et de la logique à la philosophie, en passant par la

biologie, la physique et les sciences humaines. Heureusement, J. Piaget,

sait présenter ses thèses en les résumant par quelques concepts-clefs, a) Dans

tout ensemble structuré, la totalité, impose ses lois aux parties constituantes;

b) mais les totalités renferment le principe de leur propre transformation:

les structures, sont aussi structurantes, transformationnelles c) Elles sont

caractérisées aussi par l'autoréglage, qui assure leur conservation et une cer­

taine fermeture. Dans le domaine particulier de la genèse de l'intelligence,

aux divers stades de son développement , on assiste à une construction prog­

ressive par assimilation et accommodation des éléments de la structure glo­

bale, dans le jeu constant d'interactions entre la maturation interne et l'ex­

périence. On voit s'établier ainsi des schèmes et des liaisons entre les schèmes,

allant du plan sensori-moteur aux abstractions de plus en plus complexes,

C'est ainsi que structure et fonction, sont des notions inséparables, de même

que la structure est liée à sa genèse, à son histoire. Ces quelques lignes, ne don­

nent qu'une faible idée de la pensée positive, constructive de J. Piaget. A

l'opposé, bon nombre de structuralistes contemporains, ne retiennent de la

notion de structure que quelques uns de ses aspects négatifs, en refusant de

voir les conséquences de leur propre critique.

C'est ce qui apparaît à notre sens tout particulièrement, dans le grand

chaos de la linguistique structurale.

La linguistique structurale.- Nous avons déjà indiqué que la linguistique

structurale contemporaine, se rattache à la théorie de F. de Saussure (1916).

La linguistique classique, comportait quatre grandes subdivisions: la phoné­

tique (étude des sons), la morphologie (étude des formes des mots: conjugai­

sons, déclinaisons etc.), la syntaxe (étude des règles de combinaisons des

mots formant des phrases etc.), la sémantique (étude du sens des mots et des

changements des sens). On utilisait là surtout la méthode historique et com­

parative.

I. F. de Saussure affirme que l'histoire, qu'il appelle diachronie, ne nous

enseigne rien sur l 'état actuel d'une langue; par exemple, l'histoire d'un mot

ne rend pas compte de sa signification actuelle. Les faits linguistiques actuels,

sont enfermés dans un ensemble, un système, qui impose sa loi aux éléments

dont il est formé. Une langue est définie par un système d'oppositions, qui

se manifestent dans différents domaines: phonétique, sémantique e t c . . Ces op­

positions sont binaires ou trinaires. Par ex.: les syllabes sont atones ou accen­

tuées, les sons ouverts ou fermés, implosifs / explosifs; systèmes d'oppositions

LES STRUCTURALISMES ET LEVRS CONFLITS 139

trinaires: i - ü - ou; e - ö - o; ou en grammaire: moi - toi - il; présent - futur-

passé. Remarquons que la plupart des "grandes découvertes" de ce genre ont

été faites en phonétique. On affirme que les différentes structures phoniques

d'une langue forment un tout structuré en interaction. C'est ce qu'on appelle,

l'explication synchronique (synchronie), par opposition aux explications diach-

roniques (historiques). En principe il devrait y avoir une relation structurelle

entre la phonétique d'une langue, sa morphologie, sa sémantique, sa syntaxe.

Mais on attend encore cette démonstration. L'opposition fondamentale chez

de Saussure, entre le signifiant et le signifié , dont on parle tan t , "était entiè­

rement reprise de la théorie stoïcienne vieille de deux mille ans (2)" ( Jacobson,

1965, p. 22). - Ayant établi cette distinction, de Saussure se fit l 'avocat d'une

discipline nouvelle, la sémiologie ou étude de la vie des signes et des lois qui

les régissent. Il pensait que cette nouvelle branche du savoir serait d'une telle

généralité que la linguistique ne constituerait plus qu'un chapitre de cette

dernière. Faut-il penser que de Saussure ignorait les t ravaux de Ch. S. Peirce

(1867), qui posait les bases d'une discipline analogue, sous le nom de sémio-

tique? A partir de ce moment, la porte était ouverte à l 'émiettement de la

linguistique, en une série de disciplines, chacune poursuivant son chemin,

sans s'occuper des réalisations des autres. Chacune d'entre elles (ou presque),

se disant structuraliste, et presque toutes prétendant à la suprématie de la nou­

velle discipline sur l'ensemble de la linguistique.

Nous ne pouvons que faire ici une brève énumération de ces disciplins,

parmi lesquelle, la sémiologie ou sémiotique a le No I.

2. - La phonologie de l'école de Prague (Troubetzkoy, 1949, Jacobson,

etc.) s'est détachée (vers 1926), de la phonétique; schématiquement, cette der­

nière est l 'étude de l'évolution des sons dans la "parole", tandis que la pho-

phonologie est l 'étude des sons dans la "langue"; la distinction langue / pa­

role est de de Saussure. La recherche porte ici sur les lois qui déterminent les

rapports entre les sons et leur rapartition dans une langue, en particulier

des voyelles et des consonnes. Notons que d'autres auteurs on établi d'autres

distinctions entre la phonétique et la phonologie. Bien plus, presque toutes les

autres écoles, sous d'autres noms (ou sans nom spécifique), se préoccupent à

d'autres points de vue des sons. En principe on tente de relier les sons aux

significations. Mais les hypothèses que l'on échaffaude à ce sujet n'ont rien

de solide ni de valable (E. Bach, 1965, p. 128).

Examinons à présent quelques autres orientations (théories, disciplines

ou doctrines) de la linguistique structurale qui se veulent autonomes.

140 ALEXANDRE VEXLIARD

3 . - Toujours dans le cadre de la sémantique, nous trouvons la sémasio-

logie (H. Kronasser, K. Baldinger), ou étude des mots et du changement de

sens, au pont de vue de la forme signifiante

4 . - La sémantique panchronique, de S. Ullmann, qui cherche à déterminer

ce qui est commun à toutes les langues et à toutes les époques. - L'expression

est de Saussure.

5. La Lexicologie: étude du vocabulaire en tant que forme-fonction (mor­

phologie liée à la sémantique); la lexicographie en est l 'étape descriptive.

6.- L'onomasiologie ou onomatiologie (orthographe ancienne) science

des mots au point de vue de la chose signifiée; tentative de classification des

mots. L'onomastique, se préoccupe particulièrement des noms propres.

7 . - La syntagmatique de Fr. Mikus, repose sur l'analyse des énoncés

que l'on découpe de façon plus ou moins arbitraire en vue d'obtenir des st­

ructures binaires (M. Leroy, 1967, p. 92). Notons que l'on parle aujourd'hui,

beaucoup moins de la syntaxe proprement dite: il s'agit en effet d'un

domaine beaucoup trop complexe, pour qu'on puisse y découvrir des "struc­

tures binaires".

8. La stylistique: étude du langage en tant que moyen d'expression. A

force de chercher ailleurs, on a fini par découvrir que l'ancienne rhétorique

n'étai t pas "si bête que ça", dans ses analyses des moyens d'expression.

9.- La noologie: science de la pensée, de l'esprit (L. Prieto, 1964), terme

déjà utillisé par Ampère et plus tard par H. Gomperz (1908).

10.— La grammaire génerative ou transformationelle de N. Chomsky, qui

cherche à démontrer le caractère créateur de la langue, en mettant à jour les

règles du dynamisme des phrases; l'un des buts essentiels ici est d'établier un

rapport entre la syntaxe et la sémantique.

11.— La glossématique et la phonematique du danois Louis Hjelmslev. Le

terme glossématique est une transposition grecque du mot linguistique. On

cherche ici à donner à la théorie linguistique une formalisation abstraite de

caractère algébrique. La langue est conçue comme un réseau de fonctions.

Une métalangue serait créée comme langue des linguistes.

12.- Dans ce contexte, J. B. Carroll (1953), a proposé de créer une mé-

talinguistique ou exolinguistique qui, abandonnant la phonétique et la sé­

mantique, ne s'occuperait que des relations. (On est en droit de se demander

quelles relations?).

LES STRUCTURALISMES ET LEVRS CONFLITS 141

13 . - La psycho-systématique de G. Guillaume (Canada) : étude des sys­

tèmes ou intégration des sèmes (éléments de signification) et des morphèmes

(éléments des formes). On mettrait entre parenthèses les phonèmes. Ce projet

est à peu près l'inverse du précédent (Carroll).

14.- La grammatologie de J. Derrida (1967): une grammaire structurale de

caractère philosophique axée sur le signe. (cf. F. Wahl . 1968, p. 402 et suiv.)

15 . - Il convient de mentionner le structuralisme de L. Bloomfield, - qui

a quelque peu varié dans le temps, mais pour l'essentiel il est inspiré par le

behaviorisme et l'opérationnisme. Il s'agit d'un structuralisme atomiste, qu'on

peut mettre en parallèle avec la théorie de Titchener en psychologie: ce qui

est essentiel pour la connaissance d'une langue, ce sont ses éléments

(et non le tout et la forme, comme pour la plupart des structuralistes).

16.- Ajoutons à cela diverses orientations fonctionnalistes en linguistique

qui ne sont pas toutes contraires au structuralisme; disons qu'ils s'y opposent

moins que certains structuralismes linguistiques entre eux. (A. Martinet,

M. Halliday, et dans une certaine mesure, Jacobson, devenu le chef de

"école de Harvard", après avoir été l'un des fondateurs de l'"école de Prague").

17- Il existe aussi en linguistique un structuralisme mathématico- statis­

tique ou computationnel (Zipf, Bar-Hillel).

18.- Il ne faut pas oublier le mouvement créé par E. Sapir (1967), appelé

aussi distributionaliste. — Sapir a commencé à écrire avant 1914. Il a exercé

sur la linguistique américaine une influence comparable à celle de de Saussure

en Europe.

On pourrait contineur cette liste déjà longue, de disciplines de la linguis­

tique générale, d'écoles, de théories, de tendances, d'orientations (on ne sait

pas toujours quel terme choisir). Chomsky et ses disciples considèrent que

toute linguistique postérieure à Saussure est structuraliste (O. Ducrot, 1968,

p. 15). Assertion contre laquelle s'élèvent quelques voix, dont celle de A. Mar­

tinet (fonctionnaliste).

Il aurait été intéressant certes de compléter cet exposé en résumant

l'influence du structuralisme sur d'autres disciplines: l'anthropologie (si im­

portante dans ce domaine), la critique littéraire, la philosophie, la poétique

(Todorov, 1968), sans parler des sciences de la nature, des mathématiques

et de la logique. Mais nous devons limiter notre exposé. Au surplus, les deux

exemples évoquées, celui de la psychologie et de la linguistique, peuvent suf­

fire à notre propos: montrer d'une part, l'inestimable valeur du structuralisme,

142 ALEXANDRE VEXLIARD

en tant que "revendication de l'intelligibilité" dans la pensée scientifique

(P. Gréco, 1967, p. 986) et dénoncer d'autre part , ses déviations, notamment

dans le domaine de la linguistique.

IV. CRITIQUE ET EVALUATION DES STRUCTURALISMES.

Evolutions et divergences.— La notion de structure est évidemment au

centre de tous les structuralismes. Nous avons pu voir qu'en psychologie,

comme en linguistique, dans diverses écoles ou disciplines, on donne à la

structure des définitions différents. Mais en psychologie il y a une

sorte d'évolution, de contunuité de progrès dans la définition de ce

concept: on passe d'une conception statique ou sémi-statisque, à une

compréhension de plus en plus dynamique de la structure. En linguis­

tique par contre, on assiste à une diversification des définitions, sans

qu'on puisse parler d'évolution, ou même d'un lien véritable entre les

différents structuralismes. Bien plus, les défenseurs des différents structu­

ralismes en linguistique se critiquent mutuellement d'une manière souvent

véhémente, comme le montre en particulier B. Malmberg (1968, p. 267-268

et passim). Il est particulièrement curieux, que certains auteurs esti­

ment que le structuralisme est en parfait accord avec la dialectique mar­

xiste, "qui est un structuralisme génétique généralisé" (L. Goldmann 1966,

1967, p. 1015), tandis que d'autres voient une incompatibilité totale (ou plus

ou moins atténuée) entre les deux attitudes. C'est ainsi que H. Lefebvre

qualifie le structuralisme, de "nouvel éléatisme" (1966 a, et 1966 b), à cause

de son allure résolument "formelle". Le philosophe soviétique V. G. Afanas-

siev rappelle que, dans la conception marxiste, " la composition d'un tout,

ses particularité, ses propriétés dépendent en premier lieu de sa composition

(contenu), de la nature interne des parties qui le composent (...)" Certes la

structure dépend en outre "des liens objectifs réciproques et des interactions

qui existent entre les objets et les phénomènes inhérents à toute matière".

(Afanassiev, 1964, p. 20, 21). Mais l'expression "liens objectifs" ne convien­

drait guère à la plupart des structuralistes occidentaux, - plutôt enclins à

un formalisme plus ou moins abstrait. De même ils ne peuvent admettre le rôle

dominant attiribué ici au "contenu" de la structure. Aussi s'étonne-t-on qu'un

marxiste orthodoxe ait pu donner une interprétation structuraliste du marxis­

me: L. Althusser (1965, a et b). Mais n'a-t-on pas assisté aussi à un compromis,-

inconcevable à notre sens, - entre le marxisme et l'existentialisme (irrationa-

LES STRUCTURALISMES ET LEVRS CONFLITS 143

liste, individualiste, spiritualiste, (cf. Cuvillier, 1947, F.-L. Mueller, 1970, p.

123-140).

Malgré les divergences et les dissensions, on peut trouver quelques traits

communs à toutes les formes du structuralisme: I. La connaissance de la st­

ructure d'un ensemble, est plus importante que l'analyse des parties, pour,

comprendre la manière dont l'ensemble fonctionne, agit ou réagit , selon sa

nature; 2. L'accent est toujours mis sur l'importance des liaisons internes

(objectives ou théoriques, selon la nature du tout) , sur la solidarité des par­

ties.

Les divergences proviennent de la façon dont on définit et conçoit la

structure. En linguistique on appelle structure des "réseaux d'opposition"

binaires ou ternaires, -oppositions dont les principes sont variables à l'extrême.

par exemple quel rapport y a-t-il entre les oppositions: langue / parole, diach-

ronie / synchronie, signifiant / signifié et l'opposition consonne sourde (p) / et

consonne sonore (b) ?

Quel rapport ces oppositions ont-elles avec la notion de structure? En

vertu de quel critère change-t-on le principe déterminant les oppositions?

En outre, la plupart des structuralistes, en linguistique surtout, insistent

sur cette idée "qu'une modification quelconque de l'un (des éléments) entraîne

une modification de tous les aut res" (Lévi-Strauss, 1958, p. 305). Il y a là

une part de véri té , mais encore faut-il s'entendre. Faut-il croire que l'int­

roduction d'un néologisme scientifique, ou d'un mot étranger peut modifier

la structure de la langue française? Et dans la négrative, que signifie cette

affirmation ? - Il y a du vrai dans cette affirmation, avons-nous dit, mais cette

vérité dépend de la nature de la structure et du degré de son intégration. A

cet égard, il conviendrait de distinguer au moins trois types de structures.

Types de structures.- Le mode de pensée et d'interprétation structura­

liste s'impose aujourd'hui, dans les sciences en général et tout particulièr-

ment, dans les sciences humaines. L'auteur de ces lignes en est convaincu.

Mais le but de la science est de clarifier les idées et non pas de les obscurcir.

Or, ce n'est un secret pour personne, que la plupart des auteurs qui se disent

structuralistes, -ou qulon classe dans cette catégorie, - sont plutôt obscurs;

il existe certes là des exceptions notoires, mais elles sont rares. Il y a des struc­

turalistes qui appellent structure, quelque entité qui n'a qu'un rapport indirect

avec notre concept: réseau, forme, système sont quelques exemples parmi

144 ALEXANDRE VEXLIARD

d'autres.(I) Il existe même des structuralismes "sans structures", expression que

Piaget (1968, p. 108-115) applique à la théorie de Michel Foucault (1966).

Nous nous trouvons là en plein chaos. Pour y voir clair, nous tenterons de

distinguer trois types de structures; en fait il faudrait quelques autres subdivi­

sions, mais ce schéma permet de déblayer le terrain.

Il faudrait commencer par enfoncer quelques portes ouvertes. Il y avait

des langues avant que les linguistes s'en soient occupés (depuis plus de trois

mille ans) et les mots avaient un sens, avant que les structuralistes n'aient

cherché à l'approfondir.

I . - Le ternie structure, a d'abord un sens en architecture; c'est là ce qu'­

aucun structuraliste n'a l'air de savoir. - Une structure, est d'abord "la manière

dont un édifice est bâ t i " ; ensuite: "la manière dont les parties d'un tout

sont arrangées entre elles" et au figuré: "disposition, agencement" (structure

d'un poème). Telles sont les définitions d'un vieux "Larousse". Les structura­

listes parlent donc de structure, surtout au figuré. Mais déjà dans la structure

d'un bâtiment, d'un édifice, nous trouvons quelques unes des caractéristiques

essentielles de la structure qui nous intéresse: a) différenciation des parties

d'un tout ; b) hiérarchie des dites parties, qui, c) remplissent différentes fonc­

tions; d) Il y a également ici, une certaine interaction entre les fonctions, mais

elle est encore peu apparente. e) Enfin, même en architecture on peut dire que la

"loi de l 'ensemble" s'impose aux parties. Cet aspect n'est pas toujours fortement

marqué, il l'est surtout, dans les édifices qui ont un "style", On voit que dans

cette decription, manquent les aspects: dynamique, génétique, historique,

auto-régulateur des structures.

2 . - Structures mécaniques: dont le prototype serait par exemple un mo­

teur d'automobile. A la structure arhicturale s'ajoutent des caractéristiques

telles que: une dynamique (de caractère mécanique), l 'autorégulation (limitée),

l 'interaction et une solidarité accurues entre les parties.

3.— Structures "organiques" (ce terme au sens large) catégorie dans la­quelle on peut embrasser, non seulement les structures biologiques, mais aussi les structures psychologiques et sociales. C'est ici que nous trouvons particu­lièrement, les caractéristiques autorégulatrices, génétiques ou historiques des structuras. Certes, en dernière instance, il faudrait distinguer les trois derniers types de structures; mais il existe entre elles, un grand nombre d'éléments

1 Un système peut être dépourvu de hiérarchie. Un réseau, comme un système peut être un élément d'une structure mais il peut n'être pas structuré lui-même.

LES STRUCTURALISMES ET LEVRS CONFLITS 145

communs, si bien, qu'on peut considérer qu'elles forment un ensemble rela­

tivement homogène.

On peut se demander: "Où peut-on caser dans cette classification,

les structures dont on parle le plus ces derniers temps: celles de la linguistique,

de la "nouvelle critique", et des diverses disciplines qui s'y rattachent d'une

manière explicite ou implicite —Il est possible que dans ces domaines on puisse

introduire un jour une véritable méthode ou analyse structurale. Pour

l 'instant, ce dont il est question ici, devrait être appelé, par exemple, "anaylse

formelle", ou quelque chose d'approchant. Rappelons que ceux qu'on con­

sidère comme les initiateurs de ce mouvement, n'utilisaient pas le terme

"structure": de Saussure (on l'a déjà dit), parlait de "système", V. Propp

(1928, 1970), — de morphologie (du récit). Le seul point commun, — qui est

certes important, mais insuffisant, — que nous rencontrons avec le concept de

structure, est qu'un élément (d'un récit, d'une langue etc. . ) se définit par ses

relations avec les autres éléments et non par ce qu'il est lui-même. Cette att i­

tude relationniste nous rapproche du structuralisme, mais ne se confond pas

avec lui. Pour qu'on puisse parler de structure, il faut que les relations soient

d'ordre fonctionnel et hiérarchique (sans parler des autres caractéristiques

des structures,qui peuvent n'être pas toutes présentes dans un cas donné).

La nature des liaisons en linguistique et les domaines apparentés, sont ext­

rêmement variées, et leurs déterminations le plus souvent arbitraires (d'où les

fréquentes querelles entre les protagonistes). On parle surtout de relations

d'opposition. Mais ce qui est désigné comme opposition par l'un peut apparaître

comme une consonnance pour un autre et absence de toute relation pour un

troisième. Les critères objectifs sont rares ce domaine, et presque toujours

contestés. (Cf. les articles de H. Lefèbvre, dans l' Homme et la Société).

Notons que dans l'usage du terme structure, on trouve pas mal d'oppor­

tunisme momentané, concept, que l'on rejette par la suite, lorsque cela paraît

inopportun. Témoin, G. P. Murdock, qui avait intitulé son pricncipal ouv­

rage Social Structure (1949, 1966), qui "décroche" en 1955 d'une manière

bruyante, comme le souligne Lévi-Strauss (1962, p. 40-41), et affirme que la

notion de structure est "stérile", "stat ique", et que l'on devrait dorénavent

se consacrer à l 'étude des "process".

... Cet exposé concernant la notion de structure, est certes très incomplet.

Il permet néanmoins de soumettre à la réflexion du lecteur, quelques con­

clusions.

146 ALEXANDRE VEXLIARD

INTERROGATIONS ET CONCLUSIONS

1. - La notion de structure et les méthodes dites d'analyse structurale,

sont de plus en plus employées dans les sciences humaines. On retrouve ces

concepts et des méthodes analogues, dans les sciences de la nature et en ma­

thématiques.

2. — Cependant, dans les différentes disciplines on présente des concep­

tions et définitions assez disparates de la structure. Nous pensons avoir

montré ci-dessus, qu'il y a deux sources à ces divergences: a) Dans chacune des

disciplines, on ne retient que certaines caractéristiques de la notion de structure,

parce que les autres caractéristiques n'entrent pas en ligne de compte ou

jouent un rôle mineur dans tel on tel champ d'investigations. Cette sélection

est les plus souvent légitime. b) Par contre, ce qui se justifie moins, c'est que

dans certains domaines, on donne le nom de structure à des entités ou des cons­

tructions plus ou moins fictives, qui n'ont qu'un rapport lointain avec la no­

tion de structure.

3. - Ces constructions fictives, hypothétiques, ont été critiquées, par­

fois, avec beaucoup de verve, en particulier par R. Picard (1966) et R. Boudon

(1968), parmi d'autrs. C'est une critique de cet ordre que nous avons esquis­

sé ici, en nous plaçant dans une autre perspective.

4. - Malgré tous les avatars, il nous semble que le méthode ou l'analyse

structurale, est appelée à jouer un rôle des plus importants dans les sciences

humaines. a) Il s'agit d'une perspective qui permet de dégager avec clarté

les éléments d'un ensemble, leurs rôles leurs fonctions, en tant que parties

intégrées dans le tout et soumises à des lois ou règles communes. b) D'autre

part et surtout, la méthode structurale permet de déceler des liaisons et des

interdépendances, là ou l'on voyait différence et éloignement. Il convient ce­

pendant de vérifier si l'on dispose de moyens objectifs permettant de cont­

rôler ces liaisons . c) Outre le domaine de la recherche, la méthode structurale

renferme aussi une valeur didactique: elle peut rendre d'insignes services

à l'enseignement (H. Laborit, 1968, p. 98-111); ce qu'en dit H. Laborit dev­

rait être complété, mais il ouvre une voie qui est encore peu explorée.

5. - Ajoutons que la notion de structure ne représente nullement une

mode passagère, un engouement sans durée; le structuralisme correspond

à une exigence profonde de la pensée scientifique actuelle, et l'on doit ajouter,

c'est aussi un impératif de la pédagogie contemporaine. Il s'agit d'une réac­

tion vigoureuse contre la pensée atomiste, mécaniste, réductionniste, qui avait

LES STRUCTURALISMES ET LEVRS CONFLITS 147

dominé, non sans succès d'ailleurs, la science du X I X e siècle; mais cette sci­

ence s'est dépassée par le développement de sa propre... structure.

A. V.

25. 6. 1970

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LES STRUCTURALISMES ET LEVRS CONFLITS 151

Dans presque tous les chapitres est abordé le problème du structuralisme,

que l'on retrouve dans de nombreux autres ouvrages de J. Piaget.

——Le structuralisme. P. U. F. "Q. S. J.", 1968. Ce petit livre, est le plus

complet sur la question, et à notre avis, le meilleur.

—— L' êpist êmologie génétique, P. U. F., "Q. S. J ." , 1970.

Peterfalvi, J.-M. Introduction à la psychologuistique. P. U. F. 1970.

Picard, R. Nouvelle critique ou nouvelle imposture. Pauvert, 1966. (Sévère

attaque contre le structuralisme de Barthes et de ses disciples, dans la

critique littéraire).

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version entièrement refondue par rapport â celle de 1928).

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Ed. de Minuit. 1969, Trad. et importante "présentation" par Louis

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Diogène, No 51. p. 191-196 (Brève mais importante critique des thèses de

Lévy-Strauss, dont l 'auteur rappelle les traits essentiels).

"Structure sociale et histoire", -"Science du langage et sciences humaines"

Débats sur ces thèmes, avec participation de nombreuses personnalités,

rapportés in Raison Présente.: No 7, Sept. 1968, p. 41-72. et No 8, Dec.

Dec. 1968, p. 24-81.

152 ALEXANDRE VEXLIARD

Tardits C. et L. Bernot, "La parenté" , L'Aventure humaine (6 vol), Vol. IV,

L'Homme et les autres. Ed. Kister, Genève, 1967. cf. p. 84.

Todorov, T. Théorie de la littérature, Le Seuil, 1965.

——Littérature et signification. Larousse, 1967. ef aussi: Wahl.

Touraine, A. Sociologie de l'action. Le Seuil, 1965. (Importante confrontation

entre les points de vue: fonctionaliste, structuraliste et actionaliste). cf. en

en particulier, p. 22, 359, 457 et passium.)

Troubetzkoy, N. S. Principes de phonologie. Trad. fr. J. Cantineau. Paris.

1949.

Viet, J. Les méthodes structurales dans les sciences sociales. Mouton, La Haye-

Paris. 1967.

Wahl, Fr. et collab. Qu'est-ce-que le structuralisme ? Ed. du Seul. 1968. 0. Duc-

rot: Linguistique. T. Todorov: Poétique. D. Sperber: Anthropologie.

M. Safouan: Psychanalyse. Fr. Wahl: Philosophie. Cet ouvrage de

445 p. est rédigé par d'éminents spécialistes. On constatera, néanmoins,

que bon nombre de domaines du structuralisme sont ici omis

Note concernant la bibliographie:

On trouvera dans la présente bibliographie, un certain nombre de titres

qui ne sont pas mentionnés dans le texte , mais dont nous nous sommes inspiré.

Nous avons pensé en outre, que la connaissance de ces titres, pourrait être

utile, pour orienter les lectures futures, selon les intérêts particuliers du

lecteur.

Parmi les exposés d'ensemble concernant les structuralisme, signalons;

Piaget, 1968 (à notre sens, de beaucoup le meilleur et le plus complet).

Auzias, 1967 (Assez complet; ouvrage dit de vulgarisation, niais assez diffi­

cile à lire).

Fages (2 vol, 1968) Mêmes remarques que pour le précédent. Le second volume

est plus nettement orienté vers la linguistique et la l i t térature.

Boudon, 1968. : La structure en général, et particulièrment, dans les sciences

humaines; la psychologie, quoique présente, est plutot négligée.

Laborit: 1968, Dépasse le cadre de son titre (biologie). Ouvrage particulière­

ment vivant, clair, orienté vers l'action (pédagigie, pratique scientifique,

etc.)